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Full text of "Oeuvres complètes d'Ambroise Paré, revues et collationnées sur toutes les éditions, avec les variantes ; ornées de 217 planches et du portrait de l'auteur ; accompagnées de notes historiques et critiques et précédées d'une introduction sur l'origine et les progrès de la chirurgie en Occident du sixième siècle au seizième siècle et sur la vie et les ouvrages d'Ambroise Paré par J.-F. Malgaigne"

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ŒUVRES 

♦ 

COMPLÈTES 

d’âmbroise  paré. 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  DE  BOURGOGNE  ET  MAUTfNET, 


OEUVRES 

(  COMPLÈTES 

D’AMBROISE  PARÉ 

REVUES  ET  COLLATIONNÉES  SUR  TOUTES  LES  ÉDITIONS, 

AVEC  LES  VARIANTES; 


ORNÉES  DE  217  PLANCHES  ET  DU  PORTRAIT  DE  L’AUTEUR  ^ 

ACCOMPAGNÉES  DE  NOTES  HISTORIQUES  ET  CRITIQUES  , 


PRÉCÉDÉES  D’ÜME  INTRODUCTION 

SUR  l’origine  et  les  progrès 

DE  LA  CHIRURGIE  EN  OCCIDENT  DU  SIXIÈME  AU  SEIZIÈME  SIÈCLE, 
ET  SUR  LA  VIE  ET  LES  OUVRAGES  d’ AMBROISE  PARÉ, 

PAR 

J.-F.  MALGATGNE. 


Labor  improbus  omnia  vincit. 
A.  Paré. 


TOME  TROISIEME. 


V?' 


3062  1 


A  PARIS, 

CHEZ  J.-B.  BAILLIÈRE, 


libraire  de  L’ACADEMIE  ROYALE  DE  MEDECINE, 

RUE  DE  L’ÉCOLE-DE-MÉDECINE  ,  17. 

A  LONDRES  CHEZ  H.  RAILLIÈRE,  219,  REGENT  STREET. 


1841. 


PRÉFACE 

DU  TROISIÈME  VOLUM 


Voici  le  dernier  volume  de  cette  nouvelle  édition ,  et ,  si  cette 
expression  m’était  permise ,  la  dernière  pierre  du  monument 
littéraire  que  j’ai  voulu  élever  à  la  mémoire  et  au  génie  d’Am¬ 
broise  Paré.  Le  piédestal  aurait  pu  être  plus  digne  de  la  statue  ; 
le  seul  témoignage  que  je  veuille  me  rendre,  c’est  que  pendant 
deux  années  d’un  travail  assidu  et  opiniâtre,  je  n’y  ai  point  épar¬ 
gné  mes  efforts.  J’ai  tâché  autant  qu’il  était  en  moi,  et  dans  mon 
introduction,  et  dans  mes  notes,  de  peindre  ce  grand  homme  au 
milieu  de  son  époque  ,  de  mettre  ses  doctrines  en  regard  des 
doctrines  rivales  ,  afin  que  les  lecteurs ,  embrassant  d’un  coup 
d’œil  le  point  de  départ  et  le  point  d’arrivée,  pussent  mieux 
mesurer  le  chemin  qu’il  avait  fait.  A  l’égard  du  texte ,  je  n’ai 
rien  négligé  pour  le  rendre  complet,  exact,  purgé  des  additions 
et  des  altérations  étrangères  ;  et  j’ose  le  dire  avec  confiance,  c’est 
par  là  surtout  que  cette  édition  l’emportera  sur  toutes  les  autres. 
Il  n’est  pas  inutile  de  rappeler  que  la  quatrième  édition,  publiée 
encore  par  Ambroise  Paré  lui-même,  offre  des  lacunes  notables  ; 
in.  a 


.12X5 


It 


PRlîFACE. 


que  la  cinquième ,  plus  complète ,  présente  déjà  quelques  alté¬ 
rations  provenant  des  éditeurs  posthumes  ;  que  ces  altérations 
ont  été  tonjours  en  augmentant  jusqu’à  la  huitième,  plus  com¬ 
plète  que  les  précédentes ,  et  bien  moins  complète  encore  que 
la  nôtre.  Quant  aux  éditions  de  Lyon,  qui  avaient,  je  ne  sais 
comment,  usurpé  une  certaine  réputation  dans  la  librairie,  elles 
peuvent  être  mises  sur  le  môme  rang  que  les  plus  honteuses 
contrefaçons. 

J’ajouterai  pour  les  chirurgiens  qui  citent  Paré  sur  la  foi 
des  traductions  étrangères ,  que  ces  traductions  ne  méritent 
qu’une  médiocre  confiance.  Elles  ont  toutes  été  calquées  sur  la 
version  latine,  faite  elle-même  d’après  la  deuxième  édition  fran¬ 
çaise,  et  ne  contiennent  en  conséquence  que  vingt-huit  livres,  y 
compris  l’introduction  ;  quelques  unes  seul^ent  y  ont  ajouté 
l’apologie  et  les  voyages.  Mais  ce  qui  est  plus  grave,  la  compa¬ 
raison  habituelle  du  texte  français  et  du  texte  latin  m’a  fait  voir 
qu’en  un  très  grand  nombre  d’endroits,  le  traducteur  avait  pris 
des  licences  hors  de  toute  mesure,  sautant  des  phrases ,  des  pa¬ 
ragraphes  et  jusqu’à  des  chapitres  entiers,  et  glissant  en  revanche 
de  temps  à  autre’de  petites  intercalations  de  sa  fabrique  ;  j’en  ai 
cité  dans  mes  notes  de  nombreux  exemples. 

Le  texte  de  Paré  paraît  donc  véritablement  ici  pur  et  complet 
l^our  la  première  fois  ;  complet  dans  sa  rédaction  définitive , 
pl^us  complet  encore  par  l’addition  des  variantes  fournies  par  les 
quatorze  éditions  originales.  Ces  variantes  ont  offert  quelquefois 
tànt  d’intérêt  et  d’étendue,  qu’elles  ne  pouvaient  rester  dans  les 
notes  ;  c’est  ainsi  qu’on  trouvera  insérés  dans  le  cours  de  l’ou¬ 
vrage,  la  dédicace  du  discours  de  la  mumie,  le  fameux  chapitre 
de  V Antimoine,  et  surtout  Za  maniéré  de  extraire  les  enfans  tant 
mors  que  viuans  hors  le  ventre  de  la  mere,  qui  ne  tient  pas  moins 
de  dix  pages  dans  le  second  volume. 

S’il  m’est  permis  cependant  de  dire  un  mot  sur  mes  propres 
additions ,  sans  parler  de  mon  introduction  ,  qui  prend  à  elle 
seule  près  d’un  demi-volume,  un  exemple  mettra  à  même  d’en 


PREFACE. 


in 


apprécier  l’étendue.  Les  livres  huitième ,  neuvième  et  dixième, 
qui  commencent  le  second  volume,  occupent  289  pages,  sur  les¬ 
quelles  les  notes  ont  pris  environ  io5  colonnes.  En  faisant  la 
juste  part  de  la  différence  apportée  par  le  caractère  employé 
pour  les  notes ,  on  trouvera  qu’elles  équivalent  en  réalité  aux 
deux  cinquièmes  du  texte  qu’ elles  accompagnent.  Je  n’ai  assuré¬ 
ment  déployé  un  pareil  luxe  d’annotations  que  pour  les  livres 
consacrés  aux  matières  chirurgicales;  et  si  j’ai  fait  ce  calcul, 
c’est  bien  moins  par  une  vaine  ostentation  que  pour  me  préparer 
une  excuse  contre  ce  reproche  d’ailleurs  mérité,  de  n’avoir  point 
épuisé  la  matière,  et  d’avoir  laissé  en  arrière  des  faits  et  des 
idées  qui  auraient  pu  aussi  être  cités  avec  avantage  dans  celte 
revue  générale  d^a  chirurgie  du  xvi®  siècle. 

Du  reste ,  si  fHKîn  d’amasser  et  de  mettre  en  ordre  les  ma¬ 
tériaux  nécessaires  à  une  telle  entreprise  avait  un  peu  retardé 
l’apparition  du  premier  volume ,  le  second  et  le  troisième  ont 
suivi  avec  assez  de  rapidité  pour  que  le  premier  seulement  ait 
pu  jusqu’à  présent  passer  à  l’examen  de  la  presse  médicale. 
Comme  il  ne  renferme  que  très  peu  des  livres  chirurgicaux,  c’est 
mon  introduction  surtout  qui  a  attiré  les  regards  ;  et  je  ne  sau¬ 
rais  témoigner  ici  assez  de  reconnaissance  pour  la  bienveillance 
unanime  et  les  encouragements  dont  on  m’a  comblé.  On  n’a 
voulu  voir  en  quelque  sorte  que  le  but  que  je  m’étais  proposé, 
et  l’on  a  épargné  les  critiques  à  l’exécution.  Quelques  remarques 
utiles  m’ont  cependant  été  adressées.  J’avais  moi-même  quelques 
faits  notables  à  ajouter  à  mon  premier  travail  ;  et  afin  de  mettre 
quelque  ordre  dans  ces  additions,  je  les  diviserai  en  quatre  par¬ 
ties,  qui  se  rattachent,  suivant  la  marche  de  l’introduction  même, 
1  “  à  l’histoire  de  la  chirurgie  au  moyen-âge  ;  2“  à  la  biographie 
de  Paré  ;  3“  à  ses  écrits  ;  4“  et  enfin  je  consacrerai  le  dernier  ar¬ 
ticle  au  récit  de  l’inauguration  de  sa  statue  sur  l’une  des  places 
publiques  de  Laval. 


§  I.  —  Additions  à  l’histoire  de  la  chirurgie  au  moyen  âgé. 


M.  Bôzelmeris  a  relevé  d’abord  doux  assertions  émises  dans 
mon  introduction ,  pages  xxiv  et  xxv,  au  sujet  de  Constantin 
l’Africain.  Suivant  lui,  le  Pantegni,  qui  est  en  vingt  livres  au 
lieu  de  dix,  ne  serait  point  un  extrait  de  l’ouvrage  d’Ali-Abbas , 
mais  une  traduction  très  complète  et  même  plus  longue  que  l’o¬ 
riginal.  N’ayant  pu  me  procurer  alors  le  Pantegni,  j’avais  copié 
ces  deux  assertions ,  sous  toutes  réserves,  dans  le  Dictionnaire 
historique  de  M.  Dezeimeris  lui-même.  Aujourd’hui  qu’il  re¬ 
vient  sur  ce  qu’il  avait  écrit ,  je  m’en  fie  volontiers  encore  à  sa 
rectification;  cependant  il  y  a  une  difficulté  que  je  lui  ai  sou¬ 
mise  et  qu’il  n’a  point  résolue  ;  c’est  que  dans  le  supplément  de 
Grimer  à  X  Aphrodisiacus  de  Luisini,  le  texte  du  Pantegni  qui 
a  rapport  aux  affections  vénériennes  non  seulement  diffère  de 
celui  d’Ali-Abbas ,  mais  est  notablement  plus  court ,  attendu 
qu’il  n’occupe  que  trente-six  lignes  là  où  l’autre  en  absorbe 
soixante-une.  La  question  a  donc  besoin  de  nouveaux  éclaircis¬ 
sements. 

A  la  page  xxii ,  d’après  Reinesius ,  j’avais  rapporté  à  Gario- 
pontus  le  premier  emploi  de  ces  mots  nouveaux  adoptés  plus 
tard  par  la  langue  médicale  ,  cauterizare ,  gargarizare  ,  etc.  ; 
M.  Dezeimeris  les  a  retrouvés  dans  Théodore  Priscien,  queGario- 
pontus  a  copié  en  ceci  comme  en  bien  d’autres  choses,  ainsi 
qu’il  a  été  dit. 

Une  discussion  plus  intéressante  est  celle  qui  concerne  la 
personne  et  les  ouvrages  d’Albucasis.  J’avais  dit,  pagecix,  que 
l’auteur  du  Liber  Seivitoris,  id  est  liber  xxviij  Bidcasim  Bena- 
benazerim,  était  Espagnol,  et  n’avait  rien  de  commun  avec  le 
chirurgien  Albucasis,  dont  nous  possédons  une  Chirurgie  en 
trois  livres  ,  plus  une  Médecine  en  quarante-huit  traités  fet  non 
en  trente  ou  trente-deux  livres),  altendu  que  le  vingt-huitième 
livre  en  question  n’a  rien  de  commun  avec  le  vingt-huitième 


PRKFACE. 


traité  de  ce  dernier  ouvrage.  M.  Dezeimeris  m’a  fait  observer 
d’abord  que,  depuis  les  recherches  deCasiri,  on  savait  qu’Al- 
bucasis  était  né  à  Alzahara,  près  de  Cordoue ,  ce  que  je  ne  sau¬ 
rais  accorder  ;  car  j’avais  lu  fort  attentivement  Casiri ,  et  n’y 
avais  pas  même  trouvé  l’apparence  d’une  démonstration.  Mais 
M.  Dezeimeris  ajoute  que  mes  deux  Albucasis  n'en  font  qu’un  ; 
que  ce  vingt-huitième  livre  du  Ser^iteu?'  est  la  dernière  partie 
d’un  grand  ouvrage  comprenant  ainsi  tout  l’art  de  guérir,  méde¬ 
cine  ,  chirurgie ,  pharmacie  ;  et  il  a  montré  par  un  certain 
nombre  de  citations  un  rapport  réel  entre  cette  troisième  partie 
et  les  deux  précédentes.  Bien  qu’il  reste  à  résoudre  plusieurs 
difficultés,  il  faut  avouer  que  cette  hypothèse,  si  c’est  une  hy¬ 
pothèse  ,  a  quelque  chose  de  séduisant  ;  et ,  sans  être  acceptée 
encore  d’une  façon  définitive ,  elle  appelle  certainement  toute 
l’attention  des  érudits. 

A  la  page  lviii  ,  à  propos  de  Richard  et  de  Gilbert  l’Anglais , 
j’avais  dit  qu’il  y  a  moins  de  chirurgie  dans  ce  qui  nous  reste  de 
ces  deux  auteurs  que  dans  le  fJliiim  de  Bernard  de  Gordon,  qui 
n’était  certes  pas  un  chirurgien.  M.  Dezeimeris  assure  au  con¬ 
traire  que  l’ouvrage  de  Gilbert  Jiest  rien  moins  qiiun  traité 
complet  de  médecine  et  de  chirurgie,  et  même  le  plus  complet 
que  nous  ait  légué  ce  siècle.  Je  crains  que  M.  Dezeimeris  ne  se 
soit  ici  laissé  emporter  un  peu  trop  loin  par  un  enthousiasme , 
d’ailleurs  assez  naturel,  pour  un  auteur  dont  il  a  fait  ur.e 
étude  approfondie.  Il  a  montré  que  Gilbert  avait  parlé  des  her¬ 
nies  delà  ligne  blanche  et  des  carnosités  de  l’urètre,  ce  qui  fait 
remonter  au  xiii®  siècle  les  premières  notions  do  ces  affections, 
auxquelles  j’avais  assigné  une  date  bien  postérieure^.  Gilbert, 
d’après  les  mêmes  recherches ,  aurait  pratiqué  de  sa^  main  le 
cathétérisme ,  le  taxis  et  l’incision  des  hernies ,  la  suture  des 
plaies,  etc.  Malgré  cela  je  n’ai  pu  me  ranger  cette  fois  de  l’avis 

‘  J’ai  retrouvé  depuis  la  mention  des  carnosités  urétrales  dans  les  Arabes 
et  jusrpie  dans  Rhasès. 


VI  PREFACE. 

de  M.  Dezeimeris.  Je  n’ai  pii  en  aucune  manière  retrouver  dans 
Gilbert  un  traité  complet  de  chirurgie.  J’ai  accordé  facilement 
que  Gilbert  avait  abordé  plusieurs  questions  chirurgicales, 
comme  Gordon ,  comme  Arculanus ,  et  bien  d’autre*i  ;  mais , 
comme  ces  deux  écrivains  par  exemple  ,  il  ne  saurait  être 
classé  que  parmi  les  médecins  do  son  temps. 

Je  ne  veux  pas  omettre  de  dire  que  M.  Dezeimeris  a  fixé  l’é¬ 
poque  où  avait  vécu  Gilbert ,  et  sur  laquelle  on  n  avait  aucune 
certitude.  Gilbert  avait  entendu,  à  Salerne,  au  plus  tard  vers  le 
milieu  du  xiii®  siècle,  les  leçons  de  Platearius  (le  jeune),  de 
Jean  de  Saint-Paul,  de  Ferrari  et  de  Maurus  ;  et  c’est  lui-même 
qui  nous  l’apprend. 

Au  xy"  siècle ,  M.  Dezeimeris  m’a  averti  que  j’avais  donné  à 
Arculanus  deux  procédés  pour  l’ectropion  qui  ne  lui  apparte¬ 
naient  pas  (voyez  page  lxxxviii).  Cette  critique  est  parfaitement 
juste  pour  le  deuxième  procédé,  qui  remonte  à  Celse;  mais  pour 
le  premier,  qu’ Arculanus  donne  comme  sien ,  il  lui  appartient 
en  réalité,  bien  que  se  rattachant  à  une  méthode  générale  indi¬ 
quée  également  dans  Celse. 

Nous  arrivons  à  Jean  de  Vigo,  sur  qui  M.  Dezeimeris  avait 
donné ,  dans  son  Dictionnaire  historique ,  des  détails  dont  il 
n’avait  pas  indiqué  la  source.  Il  nous  la  donne  aujourd’hui ,  et 
je  ne  saurais  mieux  faire  que  de  transcrire  tout  ce  passage. — ^ 
a  Ils  sont  pris  d’une  histoire  du  siège  de  Saluces,  écrite  par  un 
témoin  oculaire.  Bernardine  Orsello,  l’ami  intime  de  Battista  de 
Bapallo,  dans  laquelle  se  trouvent  des  détails  sur  l’organisation 
du  service  médical  et  chirurgical  de  la  ville  assiégée.  On  y  voit 
que  Battista  de  Bapallo,  chef  du  service  chirurgical,  avait  sous 
ses  ordres^quatre  chirurgiens,  dont  un  était  son  propre  fils,  Jean 
de  Vigo.»  Voilà  pour  la  paternité  de  Battista  et  pour  la  date 
de  i485.  Quant  à  celle  de  c’est  l’époque  où  écrivait  Or¬ 
sello  ;  or,  dans  le  passage  qui  vient  d’être  cité ,  rendant  hom¬ 
mage  à  l’habileté  incomparable  de  Battista  de  Bapallo,  il  ajoute 
entre  parenthèses  :  «  La  ville  de  Saluces  regrette  aujourd’hui 


PRÉràCi. 


VII 


l’absence  de  ce  grand  homme ,  bien  qu’elle  ait  le  bonheur  de 
posséder  son  fils,  praticien  aussi  supérieur  à  ses  contemporains 
par  son  habileté  qu’il  l’est  par  l’étendue  et  la  variété  de  ses 
connaissances.» 

M.  Dezeimeris  a  fait  voir  aussi  que  le  mode  d’extirpation  du 
cancer  avec  l’instrument  tranchant  et  le  fer  rouge,  dont  j’avais 
fait  honneur  à  de  Vigo,  se  retrouvait  très  exactement  dans  Gil¬ 
bert,  au  XIII®  siècle. 

Ici  se  terminent  les  remarques  dont  je  suis  redevable  à  M.  De¬ 
zeimeris  ;  il  y  avait  joint  quelques  autres  critiques, mais  qui,  ne 
me  paraissant  pas  aussi  bien  justifiées  ,  seraient  inutilement 
rappelées  ici.  On  pourra  consulter  à  cet  égard  ses  Remarques  sur 
quelques  points  de  l’histoire  de  la  chirurgie  au  moyen  âge,  dans 
l’Expérience,  numéro  du  20  février  1840,  et  ma  réponse  dans 
le  numéro  suivant  du  même  journal. 

Mon  excellent  maître,  M.  Gama,  a  bien  voulu  me  communiquer 
une  note  sur  Gersdorf,  insérée,  avec  un  discours  prononcé  en 
1 81 7  à  l’hôpital  militaire  de  Strasbourg,  dans  le  troisième  volume 
du  Journal  de  Médecine  militaire  ;  on  la  lira  avec  un  grand 
intérêt. 

«  Je  m’arrête  avec  plaisir  un  moment  sur  Gersdorf,  disait 
M.  Gama,  pour  lui  rendre,  devant  ses  compatriotes ,  l’hommage 
qu’il  a  mérité  de  la  part  des  chirurgiens  militaires.  Il  nous  ap¬ 
prend  lui-même  qu’il  fut  d’abord  élève  de  Maître  Nicolas,  sur¬ 
nommé  le  Dentiste,  chirurgien  du  duc  Sigismond  d’Autriche,  et 
avec  lequel  il  s’est  trouvé  à  trois  batailles  pendant  les  guerres  de 
Bourgogne.  Il  se  fixa  à  Strasbourg  à  son  retour  de  l’armée.  Son 
livre  renferme  plusieurs  bons  préceptes  sur  l’extraction  des  balles 
et  autres  corps  étrangers  engagés  dans  les  plaies  ;  on  y  trouve  des 
tire-balles  fort  ingénieux  et  bien  faits.  Une  chose  assez  remar¬ 
quable,  c’est  que,  au  lieu  de  la  suture  alors  en  usage  après  les 
amputations ,  il  avait  déjà  indiqué  la  réunion  immédiate ,  sur 
laquelle  on  a  tant  disserté  depuis  quelques  années.  Je  ne  puis 
m’empêcher  de  relever  ici  une  erreur  dans  laquelle  Haller  est 


Vllï 


Ï^uh-’ACK. 

tombé  âii  sujet  de  ce  chirurgien  ;  il  le  dit  élève  de  Mulliart,  et 
n’a  pas  vu  cpie  le  terme  allemand  c’est-à-dire  dentiste, 

est  un  surnom  qu’on  donnait  communément  dans  ce  temps  aux 
chirurgiens  qui  excellaient  dans  leur  profession,  comme  d’autres 
surnoms  étaient  donnés  aux  individus  de  toute  autre  classe  qui  se 
faisaient  remarquerpar  quelque  chose  de  particulier  ;  par  exem¬ 
ple,  Gersdorf  avait  le  sobriquet  de  Schylhans,  ou  Schiel  hans^ 
c’est-à-dire  le  louche.  » 

Moi-méme  aussi ,  comme  on  peut  le  présumer ,  je  pourrais 
ajouter  ici  d’autres  remarques  ;  car  c’est  à  la  fois  le  regret  et  la 
joie  des  hommes  qui  s’adonnent  aux  études  sérieuses,  d’appren¬ 
dre  toujours  quelque  chose,  et,  par  une  inévitable  conséquence, 
de  trouver  toujours  quelque  chose  à  reprendre  dans  leurs  travaux 
antérieurs.  D’ailleurs,  même  à  l’instant  où  je  tenais  la  plume, 
j’étais  obligé  de  faire  un  choix  parmi  mes  documents  ;  et  bien 
vain  serait  celui  qui,  avec  plus  d’espace  que  je  n’en  avais  à  ma 
disposition,  faisant  l’inventaire  scientifique  de  cette  époque  en 
apparence  si  déshéritée  du  moyen  âge,  s’imaginerait  n’avoir  rien 
laissé  en  arrière,  et  croirait  sa  moisson  si  complète,  qu’il  ne 
resterait  plus  à  glaner.  Toutefois,  sauf  quelques  rectifications  de 
détails  semées  à  l’occasion  dans  ces  trois  volumes,  et  qui  portent 
essentiellement  sur  des  questions  de  priorité,  je  n’ai  rien  vu 
jusqu’ici  qui  vînt  contrarier  les  faits  historiques  qui  ont  servi  de 
matériaux  à  cette  oeuvre,  et  les  conséquences  que  j’en  ai  fait 
découler.. 

J’avais  dessein  de  rectifier  quelques  fautes  échappées  à  l’im¬ 
pression  ;  ainsi  à  la  page  lx,  ligne  4,  il  faut  lire  Armengimdus 
Blasius  ;  page  lxxiii,  ligne  4,  au  lieu  de  les  mesures,  corriger 
les  menaces  ;  mais  ce  sont  là  les  plus  essentielles,  et  les  autres 
seront  faciles  à  rectifier  par  le  lecteur. 

Il  est  cependant  une  partie  de  mon  Introduction  où  les  moin¬ 
dres  détails  demandaient  à  trouver  place,  et  pour  laquelle  il  est 
urgent  de  mettre  en  lumière  ceux  qui  m’avaient  alors  échappé  ; 
je  veux  parler  de  la  biographie  d’A.  Paré. 


PRÉFACE, 


IX 


§  IX.  —  Additions  &  l'histoire  d’Ambroise  Paré. 

J’ai  dit  qu’il  était  né  à  Laval  en  1517.  Le  hasard  m’avait  fait 
tomber  depuis  sur  une  traduction  de  la  Jérusalem  délivrée^ 
publiée  à  Paris  en  iSSg,  par  M.  Bourlier.  L’auteur  signait  ainsi 
sa  Préface  : 

«  Loms  Bourlier  , 

de  Laval ,  Déparlement  de  la  Mayenne , 
un  des  descendans  d’Ambroise  Paré ,  à 
qui  la  science  médicale  est  redevable  de  la 
découverte  de  la  circulation  du  sang,  j) 

Ceci,  et  quelques  détails  ajoutés  plus  bas  sur  la  vie  de  Paré, 
témoignaient  suffisamment  que  M.  Louis  Bourlier  n’avait  pas 
beaucoup  ouvert  les  œuvres  de  son  illustre  aïeul  ;  mais  il  ajoutait 
enfin  : 

«  Il  était  né  au  commencement  du  xvi®  siècle ,  dans  le  bourg  Hersent,  com 
ligu  au  bourg  d’Avenières,  où  je  suis  né,  moi . » 

Ce  renseignement  curieux  était  exact  :  je  l’ai  trouvé  confirmé 
dans  ce  passage  d’une  lettre  adressée  à  M.  David  par  les  notables 
de  la  ville  de  Laval,  réunis  en  commission  centrale  pour  l’érection 
d’un  monument  à  la  mémoire  du  grand  chirurgien 

«  Vous  serez  curieux  d’apprendre  que  la  reconnaissance  populaire  a  élevé 
depuis  long-temps  sa  statue  à  Ambroise  Paré  au  lieu  même  où  il  naquit , 
dans  le  petit  village  du  Bourg -Hersent ,  qui  forme  presque  un  des  faubourgs 
de  Laval.  Nous  avons  tous  le  souvenir  d’avoir  vu  long-temps,  dans  l’âtre  de 
la  cheminée  du  premier  étage  d’une  maison  en  ruine ,  un  buste  placé  en  la 
mémoire  d’Ambroise  Paré  ;  et  on  voit  encore  aujourd’hui  dans  ce  village , 
sur  la  façade  d’une  maison  construite  sur  l’emplacement  de  la  maison  du 
seigneur  au  service  duquel  paraît  avoir  été  attaché  le  père  d’Ambroise  Paré, 

‘  Notice  sur  le  monument  élevé  à  la  mémoire  d’Ambroise  Paré,  en  la  ville  de 
Laval,  publiée  par  les  soins  de  la  Commission.  —  Laval,  1840. 


X  PRÉFACE. 

on  voit  encore ,  disons-nous ,  un  portrait  qui  paraît  l’œuvre  d’un  peintre 
d’enseignes ,  et  au  bas  duquel  on  lit  cette  inscription  : 

DANS  CETTE  MAISON  EST  NÉ  AMBROISE  PARÉ. 

Quant  à  la  date  de  sa  naissance,  il  ne  paraît  pas  qu’on  ait  dans 
le  pays  même  aucun  moyen  de  la  fixer  ;  mais  il  y  a  une  tradition 
perpétuée,  dit  M.  le  docteur  Hubert,  par  de  vieux  manuscrits , 
qui  à  la  vérité  n’ont  pas  une  authenticité  bien  constatée.  Il  eût 
été  à  désirer  peut-être  que  la  commission  de  Laval  s’expliquât 
mieux  sur  ces  manuscrits  ;  mais  elle  sp  borne  à  la  simple  mention 
qu’on  vient  de  lire,  et  s’en  tient  ensuite  à  la  tradition. 

«  Suivant  cette  tradition ,  poursuit  M.  Hubert ,  Ambroise  Paré  serait  né 
vers  l’année  1509  au  petit  village  du  Bourg-Hersent ,  près  Laval ,  dans  une 
dépendance  de  la  maison  seigneuriale  du  comte  de  Laval ,  et  dans  la  domes¬ 
ticité  de  ce  seigneur,  dont  son  père  aurait  été  le  valet  de  chambre-barbier.  » 

Le  narrateur  passe  sous  silence  les  autres  détails  donnés  par 
Percy;  mais  il  conjecture  que  ce  fut  sans  doute  quand  le  comte 
de  Laval,  remarié  en  troisièmes  noces  en  lûaô,  conduisit,  dans 
une  des  années  suivantes,  sa  femme  à  la  cour,  que  la  famille  de 
Paré  suivit  ce  seigneur  à  Paris-  J’ai  dit,  et  ne  veux  pas  y  revenir, 
ce  qui  paraissait  le  plus  certain.  Une  fois  Paré  loin  de  Laval,  ses 
compatriotes  le  perdent  de  vue  et  n’ajoutent  rien  à  ce  que  nous 
en  savons;  je  ne  veux  pas  omettre  cependant  une  note  curieuse 
de  la  notice  déj  à  citée . 

«  La  Commission  avait  espéré  un  moment  pouvoir  publier  des  renseigne¬ 
ments  inédits  sur  la  famille  d’Ambroise  Paré,  et  sur  les  premières  années  de 
sa  vie  ;  elle  avait  découvert  à  Amsterdam  un  sieur  Paré ,  ferblantier,  qui  se 
dit  descendant  direct  d’Ambroise  Paré  ,  et  possesseur  de  tous  les  papiers  de 
famille  ;  mais  comme  il  a  refusé  d’y  laisser  fouiller  sans  recevoir  par  avance 
une  somme  d’argent,  nous  n’avons  pas  cru  pouvoir  engager  les  fonds  de  la 
souscription  sans  savoir  ce  que  pourraient  amener  ces  recherches ,  et  nous 
n’avons  pas  donné  de  suites  à  sa  proposition.  » 

De  ce  peu  de  détails  nouvellement  recueillis ,  on  ne  saurait 


PRÉFACE. 


XI 


tirer  grande  lumière.  On  voit  pourtant  qu’en  réalité  des  membres 
de  la  famille  de  Paré  ont  émigré  en  Hollande  ;  mais  est-il  bien 
vrai  de  dire  que  la  révocation  de  l’cdit  de  Nantes  fut  la  cause  de 
cet  exil  ?  Dans  tous  les  cas,  l’exil  n’aurait  point  frappé  la  famille 
entière;  car  outre  M.  Louis  Bourlier,  que  nous  avons  vu  tout-à- 
l’heure  réclamer  cette  parenté  glorieuse,  Je  trouve  inscrit  sur  la 
liste  des  souscripteurs,  le  nom  de  mademoiselle  Bourlier  d’Aves- 
nières,  sans  doute  de  la  môme  famille,  et  celui  d’une  dame  de 
Laval  qui  porte  encore  ce  beau  nom  de  Paré.  M.  le  docteur 
Hubert,  dans  la  notice  déjà  citée,  nous  apprend  qu’on  retrouve  à 
Laval,  depuis  174O)  une  famille  du  même  nom  dont  les  descen¬ 
dants  portent  pour  prénom  habituel  le  nom  d’Ambroise,  sans 
pouvoir  établir  aujourd’hui  une  filiation  plus  directe  ;  et  que  cette 
famille  J  avant  la  révolution  de  1789  ^  était  exempte  décapitation 
et  de  l’impôt  de  gabelle,  comme  issue  de  notre  grand  chirurgien. 
Gomment  donc  M.  Villaume,  en  parlant  de  la  mission  donnée  à 
Lassus  (et  non  à  M.  de  LasuSe,  comme  il  l’avait  imprimé  par  er¬ 
reur)  de  rechercher  à  Laval  les  descendants  de  Paré,  ajoute-t-il 
qu’il  ne  s’y  en  trouva  point?  M.  Hubert  rapporte  à  cet  égard 
«  qu’en  i8o4»  lorsque  le  professeur  Lassus  vint  présider  le  jury 
de  médecine  à  Laval,  il  était  porteur  d’une  lettre  du  cabinet  de 
l’Empereur  qui  lui  enjoignait  de  rechercher  à  Laval  les  descen¬ 
dants  de  Paré,  qu’il  voulait  honorer  de  ses  bienfaits  ;  »  mais  il  ne 
dit  rien  des  résultats  de  cette  recherche. 

Avant  d’abandonner  ce  qui  regarde  la  famille,  je  dois  dire  que 
Claude  Viart,  beau-frère  de  Paré  suivant  M.  E.  Bégin  (voir  mon 
Introd. ,  page  ccxxvii),  est  cité  à  plusieurs  reprises  dans  les  œuvres 
de  Paré,  notamment  dans  la  grande  Apologie,  à  la  date  de  i585, 
et  toujours  sans  aucun  titre  de  parenté* 

Nous  avons  vu  que  Paré  avait  d’abord  été  reçu  maître  barbier 
chirurgien  ;  et  aux  documents  que  nous  avons  réunis  sur  l’état  des 
barbiers  à  cette  époque  est  venue  s’ajouter  depuis  une  curieuse 
planche  ,  insérée  par  M.  Dusommerard  dans  sa  grande  et  belle 
publication,  ÏAlhum  des  Arts  au  moyen  dge,  et  calquée  sur  un 


XII  PftIÎFACI’. 

vitrage  colorié  du  xyi*"  siècle ,  représentant  la  boutique  d’un 
barbier.  Nous  avons  pu,  grâce  à  l’obligeance  de  M.  Dusommerard, 
étudier  à  la  fois  la  planche  et  le  vitrage  ;  en  voici  une  description 
succincte. 

Le  sujet  principal  représente  l’intérieur  de  la  boutique;  sur 
une  chaise  est  assis  un  patient  que  l’on  vient  de  saigner.  La 
manche  gauche  de  la  chemise  est  retroussée  jusqu’au  coude,  et 
repliée  là  de  façon  à  faire  office  de  ligature  ;  d’autre  ligature  il 
n’y  en  a  point.  La  piqûre  a  été  faite  vers  le  milieu  de  l’avant- 
bras;  le  sang  sort  en  un  jet  magnifique  ;  mais,  par  un  singulier 
oubli,  le  peintre  a  oublié  de  le  colorier.  Le  malade  embrasse  de 
la  main  gauche  un  long  bâton,  dont  le  bout  pose  à  terre  ;  procédé 
qui  remplace  avantageusement  la  bande  ou  lelancetier  que  l’on 
fait  aujourd’hui  tourner  dans  la  main  ;  du  reste,  le  procédé  était 
déjà  indiqué  par  Guy  de  Chauliac  au  xiv®  siècle  ;  on  le  retrouve 
figuré  par  Scultet  au  xvif  ;  et  enfin  je  l’ai  encore  vu  mettre  en 
usage  par  les  barbiers  de  Pologne  durant  la  campagne  de  1 83 1 . 
Le  barbier,  debout  à  droite,  reçoit  le  sang  dans  un  bassin  de  cui¬ 
vre;  la  barbière,  à  gauche,  tient  un  gobelet  probablement  rempli 
d’eau,  pour  donner  à  boire  ou  pour  asperger  la  figure  en  cas  de 
syncope.  Du  reste,  barbier  et  barbière  sont  en  grande  toilette , 
la  tête  coitîée  du  béret  noir  avec  double  panache  de  plumes 
blanches. 

La  salle  est  éclairée  par  une  fenêtre  cintrée  à  six  comparti¬ 
ments,  garnie  de  carreaux  arrondis  maintenus  par  des  bandes 
de  plomb.  Au-dessus  de  la  fenêtre  ,  pendent  à  la  muraille  cinq 
bassins  de  cuivre  de  différentes  grandeurs  ;  au-dessus  des  bassins, 
dix  poëlettes  beaucoup  plus  petites  et  d’une  grandeur  uniforme. 
Sur  un  pan  de  la  muraille  à  droite,  tout-à-fait  en  haut,  un  bassin 
et  une  aiguière  ;  au-dessous,  retenues  par  une  bande  de  cuivre 
horizontale,  trois  paires  de  ciseaux  et  deux  paires  de  rasoirs  à 
lame  pointue ,  à  dos  de  cimeterre ,  comme  ils  étaient  au  moyen 
âge,  servant  à  la  fois  à  faire  le  poil  et  les  incisions  ;  au-dessous, 
trois  ustensiles  peinls  en  noir,  qui  me  paraissent  être  des  boites 


XIII 


OU  pennaroles  suivant  le  terme  de  Guy,  destinés  à  recevoir  les 
instruments.  Seulement,  tandis  que  dans  la  trousse  moderne  les 
instruments  ont  leurs  cases  disposées  sur  le  même  plan,  l’une  à 
côté  de  l’autre,  ici  les  cases  sont  superposées  l’une  à  l’autre,  de 
manière  à  donnera  la  boîte  une  notable  épaisseur,  et  une  forme 
comparable  à  celle  des  fontes  où  les  cavaliers  plongent  leurs 
pistolets.  Du  reste  je  me  hâte  d’ajouter  que  ce  que  je  viens  de 
dire  de  ces  boîtes  est  pure  conjecture  ;  car  toutes  les  trois  sont 
vides  ;  et  Guy  en  parlant  du pennarole  n’a  rien  dit  qui  pût  servir 
à  en  déterminer  la  forme.  Enfin,  toul-à-fait  au-dessous,  trois 
peignes  également  fixés  à  la  muraille. 

Sur  le  pan  de  mur  de  gauche  se  voient  en  haut  cinq  bocaux 
rangés  côte  à  côte,  et  certainement  destinés  à  contenir  les  on¬ 
guents.  Au-dessous,  et  comme  pour  faire  pendant  à  ceux  de  l’autre 
côté,  cinq  rasoirs  entr’ouverts.  Madame  la  barbiôre  nous  cache 
le  reste. 

Le  compartiment  supérieur  représente  une  autre  salle  éclairée 
par  deux  fenêtres  à  carreaux  arrondis,  et  tout  autour  de  laquelle 
règne  une  large  banquette  adossée  aux  trois  murailles  visibles. 
A  droite  sur  une  chaise ,  est  assis  un  client  auquel  on  vient  de 
faire  la  barbe,  car  le  rasoir  est  encore  sur  la  banquette  ;  le  gar¬ 
çon  barbier  est  occupé  maintenant  à  lui  couper  les  cheveux.  A 
gauche  est  un  autre  client  qui  a  subi,  à  ce  qu’il  paraît,  la  double 
cérémonie;  car  j’aperçois  sur  la  banquette  le  rasoir,  les  ciseaux, 
un  peigne  simple  et  un  peigne  double  ;  je  ne  sais  donc  quel  reste 
de  toilette  lui  fait  le  garçon  encore  occupé  à  sa  tête  ;  peut-être 
la  lui  lave-t-il  avec  une  éponge.  Ce  qui  me  suggère  cette  conjec¬ 
ture,  c’est  quoie  client  est  à  genoux  sur  un  espèce  de  prie-dieu, 
la  tête  au-dessous  d’un  vase  suspendu  au  plafond,  d’où  pourrait 
bien  suinter  quelque  liqueur  odoriférante  ;  et  le  garçon  a  les  bras 
nus  jusqu’aux  coudes,  tandis  que  son  camarade  a  gardé  son  haut- 
de-chausses.  Tous  deux  ont  le  béret  noir  ,  mais  sans  panache  ; 
et  enfin  celui  de  droite,  chose  assez  curieuse,  a  une  poëlette  pen- 


XIV 


PRÉfACE. 


due  au  côté  gauche  de  la  ceinture,  comme  une  arme  qui  ne 
devait  pas  le  quitter. 

Le  vitrage  porte  on  bas  la  date  de  1 669  ;  et  en  caractères  go¬ 
thiques,  la  signature  de  3o0e  Eid)U)iUfr. 

Je  reviens  maintenant  à  Paré. 

En  i636  il  partit  pour  l’Italie,  et  j’avais  avancé,  malgré  les 
assertions  hasardeuses  de  Devaux ,  que  Thierry  de  Héry  avait  fait 
les  mêmes  campagnes.  J’en  ai  trouvé  depuis  la  preuve  directe 
dans  un  passage  du  livre  publié  par  Thierry  en  i55a  ,  page  i85. 
Thierry  raconte  qu’il  passa  les  monts  en  1637,  et  parle  des  ge¬ 
lures  des  soldats  à  peu  près  dans  les  mômes  termes  que  Paré. 

Rien  à  ajouter  à  l’histoire  de  Paré  jusqu’au  siège  de  Rouen , 
en  i562.  Mais  là  vient  se  placer  un  fait  d’une  haute  importance, 
resté  en  oubli  jusqu’à  ce  jour ,  et  pour  lequel  nous  avons  le 
témoignage  de  Paré  lui-même.  Après  la  prise  de  Rouen ,  il  faillit 
être  empoisonné  dans  un  dîner,  quelque  compaignie ^  dit-il, 
où  en  auoit  quelques  vus  qui  me  hayoyent  a  mort  pour  la  reli¬ 
gion  ;  et  il  n’échappa  que  par  une  présence  d’esprit  remarquable. 
Il  avait  raconté  assez  longuement  cette  histoire  dans  le  livre  des 
Rapports  ào,  l’édition  de  1576 ,  mais  il  l’avait  effacée  de  toutes  les 
autres  éditions  postérieures  ;  nous  avons  soigneusement  repro¬ 
duit  cette  précieuse  variante,  tome  III ,  page  662.  Quels  étaient 
ces  fanatiques  qui  faisaient  venir  ainsi  le  poison  en  aide  à  leurs 
opinions  religieuses  ?  Paré  ne  les  nomme  point.  Toutefois ,  le 
mot  unique  qu’il  a  laissé  tomber  de  sa  plume  sur  la  religion ,  en 
prenant  ce  mot  dans  l’acception  du  xvT  siècle,  semble  indiquer 
que  les  empoisonneurs  étaient  catholiques,  et  que  Paré,  alors  du 
moins,  était  passé  au  calvinisme.  Mais  ceci  admis,  il  faut  donc 
qu’il  soit  retourné  plus  tard  à  ses  croyances  primitives,  et  je 
répéterai  ce  que  je  disais  à  la  page  cclxxxi  :  Il  me  parait 
incontestable  que ^  du  moins  après  la  Saint-Barlhélemj ^  A,  Paré 
faisait  profession  de  la  foi  catholique. 

Ici  se  terminerait  ce  que  j’avais  à  dire  de  celte  partie  de  TIn- 


PRÉFACE. 


XV 


troduction,  si  je  n’avais  à  rectifier  un  lapsus  plumæ  à  peine 
concevable.  A  la  page  gclxiii  ,  on  lit  que  François  II  était  le 
deuxième  fils  de  Catherine;  c’est  fils  aîné  qu’il  fallait  dire. 

§  IIX.  —  Additions  relatives  aux  écrits  de  Varé. 

Je  n’ai  rien  à  ajouter  à  la  bibliographie  que  j’ai  donnée  de  ses 
ouvrages  et  de  leurs  éditions.  J’ai  bien  vu  indiquée  dans  \ Histoire 
de  V anatomie  de  Portai,  tome  VI,  page  817,  une  édition  du 
Traité  des  playes  d’ hacquebiites  ,  qui  aurait  paru  à  Lyon  ,  in-4'’, 
en  1572;  j’ignore  où  Portai  a  retrouvé  cette  date,  mais  il  ne 
paraît  pas  avoir  vu  cette  édition  par  lui-méme  ;  et  très  probable¬ 
ment  il  s’agit  des  Cinq  livres  de  chirurgie  publiés  à  la  même  date , 
mais  à  Paris  et  in-8"  suivant  Haller,  édition  sur  laquelle  je  n’ai 
encore  pu  mettre  la  main ,  malgré  toutes  mes  recherches. 

J’ai  oublié  de  dire  que  l’édition  de  i552,  de  la  Maniéré  de 
traiter  les  playes  di hacquebiites ,  se  trouve  à  la  Bibliothèque 
royale  ,  à  celle  de  l’Arsenal  et  à  la  Faculté  de  médecine. 

Pour  le  Traité  de  la  peste  de  i568,  je  n’en  connais  qu’un 
exemplaire  unique  fort  bien  conservé  ;  il  est  à  la  bibliothèque 
Sainte-Geneviève ,  T . ,  940 . 

Relativement  au  texte  de  Paré  ,  je  commencerai  par  relever 
quatre  fautes  d’impression  un  peu  plus  graves  que  celles  qui  ne 
consistent  que  dans  une  lettre  soustraite  ou  surajoutée ,  ou  mise 
en  la  place  d’une  autre. 

Dans  le  tome  II ,  page  2 1 9,  on  lit  à  plusieurs  reprises  :  le  ca¬ 
pital  des  cautères;  le  mot  propre  est  capitel,  du  latin  capitellum. 

Page  deuxième  colonne,  ligne  29  :  Hure  troisième ,  des 
maladies  traitant;  lisez  :  liure  troisième  des  maladies,  trai¬ 
tant ,  etc. 

Au  tome  III,  page  54 1  ,  deuxième  colonne,  sixième  ligne, 
quatre  lettres  ont  sauté  ;  lisez  :  sont  tousiours  chancreux. 

Accident  semblable  à  la  page  710,  première  colonne ,  der¬ 
nière  ligne  ;  lisez  :  beaucoup  de  soldats. 


XVl 


l' R  K  F  A  Ci;. 


Mais  la  plus  grave  do  toutes  ces  fautes ,  celle  que  j’ai  gardée  à 
dessein  pour  la  dernière ,  parce  qu’elle  donnerait  lieu  à  un  f⬠
cheux  anachronisme  dans  l’histoire  de  la  chirurgie ,  se  trouve  ii 
la  page  280  du  tome  II.  On  y  lit  l’iiistoire  de  Pirou  Garbier,  au¬ 
quel  fut  coupée  la  iamhe  dextre  quatre  doigts  au-dessus  du  ge- 
noüil;  c’est  quatre  doigts  au-dessous  qu’il  faut  lire.  A  la  vérité, 
l’erreur  aurait  été  rectifiée  par  ceux  qui  auraient  lu ,  deux  pages 
plus  loin ,  la  grande  note  où  je  montre  qu’au  xvi®  siècle  on  n’osait 
faire  l’amputation  de  la  cuisse ,  ni  môme  peut-être  celle  du  bras- 
La  première  mention  que  je  connaisse  de  l’amputation  de  la 
cuisse  ne  remonte  qu’à  Fabrice  de  Hilden. 

Quelques  autres  rectifications  m’ont  été  imposées  par  une  cir¬ 
constance  dont  je  n’ai  pas  été  le  maître.  En  commençant  mon 
édition ,  j’avais  trouvé  dans  la  bibliothèque  de  feu  M.  Richerand 
un  exemplaire  assez  mal  en  ordre  de  la  quatrième  édition  des 
couvres  complètes;  mais  quand  j’eus  appris  à  M.  Richerand  la 
rareté  et  le  prix  de  cette  édition,  comme  dernière  édition  ori¬ 
ginale  ,  il  se  sentit  pris  tout  d  un  coup  d’une  telle  tendresse  pour 
son  volume  ,  qu’il  ne  voulut  plus  me  le  confier.  Il  en  est  résulté 
que ,  pour  mon  premier  tome  et  le  commencement  du  deuxième 
jusqu’au  livre  des  Playes  d’harquebiises ,  je  n’ai  pu  indiquer  que 
rarement  si  tel  passage  manquant  dans  la  deuxième  édition  fran¬ 
çaise  ,  datait  de  la  quatrième  ou  de  la  cinquième.  Je  vais  rec¬ 
tifier  à  cet  égard  les  notes  qui  en  ont  besoin. 

NOTES  DÜ  TOME  fREMlËR. 

Page  26,  corrigez  ainsi  la  note  ;  Tout  ce  qui  suit  manque  dans  les  deux  pre¬ 
mières  éditions. 

Page  28,  lisez  ;  Ici.  dans  la  quatrième  édition  et  les  suivantes. 

Page  30,  première  note  ;  On  lit  dans  toutes  les  éditions  originales. 

Page  36  :  Dans  la  quatrième  édition  et  les  éditions  posthumes. 

Page  46  :  même  correction  à  la  note. 

Page  53  ;  m  le  onzième  de  la  quatrième  édition  et  des  éditions  posthumes. 

Page  55,  ajoutez  à  la  note  :  Ce  paragraphe  en  question  est  de  1585. 

Page  76  :  Dans  les  deux  premières  éditions  et  l’édition  latine. 

Même  correction  à  la  page  suivante,  et  en  général ,  excepté  dans  les  notes 


i'RÉFA.CE. 


XVfl 

que  je  rectifie  ici,  les  premières  éditions  doivent  toujours's* entendre  des  deux 
premières  éditions  françaises  et  de  l’édition  latine. 

Page  266,  j'ai  signalé  en  note  une  amplification  ajoutée  au  texte  dans  les 
éditions  postérieures  à  la  cinquième.  Il  faut  dire  de  plus  que  ces  mots  mêmes, 
comme  vue  lozange  à  quatre  cornes^  ne  se  lisent  pas  encore  dans  la  quatrième 
édition. 

Page  391,  notes  2  et  3  :  le  paragraphe  en  question  date  de  la  quatrième 
édition  ;  et  alors,  comme  plus  tard,  on  y  lisait  le  mot  inferieure^  que  je  regarde 
comme  une  faute  d’impression. 

Page  400,  première  colonne  :  Cette  citation  se  lit  pour  la  première  fois  dans 
la  cinquième  édition. 

Page  419,  ajoutez  à  la  dernière  note  :  Le  titre  du  chapitre  en  1585  portait 
seulement  :  de  la  Tumeur  du  fondement. 

Page  446,  note  de  la  première  colonne  :  Il  n’est  fait  mention  des  sangsues 
qu’à  la  cinquième  édition. 

NOTES  DU  DEUXIÈME  VOLUME. 

Page  5,  dernière  note  :  Ce  paragraphe  manque  jusqu’à  la  quatrième  édition. 

Page  9  :  Ce  paragraphe  date  de  1585. 

Page  10,  note  3  :  les  dix  figures  se  voient  également  dans  la  quatrième 
édition. 

Page  11,  première  colonne  :  Ce  paragraphe  date  de  1585. 

Page  60,  ajoutez  :  Elle  date  de  1585. 

Page  70,  deuxième  colonne,  note  2  :  la  phrase  en  question  se  lisait  encore 
dans  la  quatrième  édition. 

Page  80:  le  paragraphe  sur  l’épilepsie  a  été  ajouté  en  1585. 

Page  81,  deuxième  colonne  ;  Ce  paragraphe  date  de  1585. 

Page  91  :  Ces  deux  histoires  ont  été  ajoutées  à  la  quatrième  édition. 

Page  108,  note  l  :  La  date  exacte  de  ce  paragraphe  est  de  1585. 

Page  129  :  Ces  mots  :  Ce  qu’on  n’auoit  encores  fait,  n’ont  été  ajoutés  qu’à  la 
première  édition  posthume. 

Page  138,  première  colonne  :  Cette  histoire  a  été  ajoutée  en  1585, 

Plus  loin  les  notes  sont  exactes  ;  j’avais  alors  plusieurs  exem¬ 
plaires  de  la  quatrième  édition  entre  mes  mains. 

J’ai  un  mot  à  dire  de  l’ordre  que  j’ai  suivi  dans  l’arrangement 
des  livres  de  la  collection.  Et  d’abord  il  convient  d’avertir  le  lec¬ 
teur  que  l’article  consacré  à  cette  question  et  à  plusieurs  autres , 
dans  mon  Introduction,  a  été  sauté  dans  la  table  des  ma¬ 
tières  du  premier  volume.  Il  forme  le  §  XX  et  commence  à  la 
iir.  b 


xvin 


PRÉFACE. 


page  cccxxx.  Or ,  on  fera  bien ,  pour  compléter  cet  article ,  de 
recourir  aux  notes  que  j’ai  placées  au  commencement  de  chacun 
des  livres  de  la  collection ,  et  qui  exposent  avec  plus  de  détail 
et  les  sources  où  Paré  a  puisé,  et  les  motifs  de  l’arrangement 
que  j’ai  adopté. 

Il  y  avait  cependant  un  travail  général  à  faire  sur  les  auteurs 
cités  dans  tout  l’ouvrage  ;  au-devant  de  chacune  de  ses  grandes 
éditions ,  Paré  n’avait  pas  manqué  d’en  donner  la  liste ,  et  elle 
comprenait  176  noms  en  ]585.  Ces  noms  étant  jetés  au  hasard 
les  uns  à  côté  des  autres ,  il  n’en  ressortait  rien  pour  l’intelli¬ 
gence  du  lecteur ,  et  j’ai  cru  qu’on  pouvait  faire  mieux.  Laurent 
Joubert,  dans  sa  traduction  de  Guy  de  Chauliac,  rechercha  et 
fit  rechercher  par  plusieurs  élèves  et  docteurs  de  Montpellier 
toutes  les  citations  alléguées  par  son  auteur ,  et  en  dressa  une 
table  merveilleusement  significative  pour  ceux  qui  la  savent  lire. 
On  voit  en  effet  que  pour  édifier  son  œuvre ,  Guy  a  eu  recours  à 
cent  autorités,  citées  ensemble  jusqu’au  chiffre  de  3,299  fois.  Cela 
suffit  certes  pour  démontrer  que  l’autorité  étaiialors  la  base  prin¬ 
cipale  de  la  philosophie  chirurgicale  ;  que  si  vous  voulez  savoir 
quelle  était  l’autorité  dominante ,  réunissez  les  citations  des  an¬ 
ciens,  elles  s’élèvent  à  1 1 17,  tandis  que  celles  des  Arabes  vont  à 
i4o4-  Ainsi,  malgré  la  prépondérance  de  Galien,  le  plus  sou¬ 
vent  cité  de  tous ,  c’étaient  les  Arabes  qui  faisaient  loi ,  et  c’est  à 
juste  raison  que  les  chirurgiens  d’alors  étaient  nommés  ara- 
bistes. 

Or,  ce  que  Joubert  avait  fait  pour  Guy,  j’ai  voulu  l’imiter  pour 
Paré ,  et  je  ne  m’en  suis  rapporté  qu’à  moi  seul.  J’ai  donc  parcouru 
ligne  par  ligne  toute  cette  vaste  collection,  notant  avec  soin  chaque 
auteur  cité  en  témoignage,  et  le  nombre  de  fois  qu’il  se  trouvait 
cité.  Le  résultat  donne  au  total  266  noms  d’auteurs  et  2,168  ci¬ 
tations  ;  démonstration  suffisante  de  l’influence  encore  puissante 
de  l’autorité ,  mais  qui  laisse  entrevoir  cependant  sa  décadence 
prochaine  et  déjà  commencée.  De  plus ,  le  règne  des  Arabes  et 
des  arabistes  est  passé;  ils  n’obtiennent  pas  tous  ensemble 


PRÉFACE. 


XIX 


200  citations ,  tandis  qu’Hippocrate  seul  en  a  près  de4oo  et  Galien 
encore  davantage.  Galien  même  a  perdu  de  son  pouvoir  ;  si  on 
lui  ôte  le  chiffre  juste  de  loo  citations  parsemées  dans  les  deux 
livres  des  médicaments  et  des  fièvres ,  qui  ne  touchent  pas  à  la 
chirurgie,  et  plus  de  160  pour  les  livres  d’anatomie,  parties  de 
l’art  à  peine  touchées  par  Hippocrate ,  celui-ci  reprend  le  dessus , 
et  c’est  avec  juste  raison  que  la  chirurgie  de  cet  âge  peut  être 
appelée  hippocratique.  J’ai  supputé  séparément  pour  Hippocrate 
et  Galien  les  citations  du  deuxième  volume  ,  uniquement  consa¬ 
cré  à  des  matières  chirurgicales;  il  y  en  a  228  pour  le  premier, 
218  seulement  pour  le  second.  Rappelez-vous  ,  pour  mieux  ap¬ 
précier  encore  ce  résultat,  la  masse  immense  des  écrits  de  Ga¬ 
lien  ;  et  enfin ,  si  vous  ouvrez  le  volume  au  hasard  ,  vous  serez 
frappé  de  cette  circonstance ,  que  Galien  est  surtout  cité  pour  les 
définitions  et  les  théories ,  Hippocrate  presque  uniquement  pour 
les  doctrines  d’application. 

Pour  rendre  l’étude  de  cette  table  plus  facile,  j’ai  séparé  les 
auteurs  en  cinq  grandes  catégories ,  en  suivant  généralement  les 
époques  auxquelles  ils  appartiennent.  Dans  chaque  époque  j’ai 
essayé  aussi  de  rapprocher  ou  par  les  dates  ou  d’après  le  caractère 
de  leurs  écrits ,  les  chirurgiens  ,  les  médecins ,  les  philosophes , 
les  poètes ,  mais  sans  m’attacher  à  une  exactitude  qui  eût  exigé 
trop  de  travail  pour  trop  peu  de  fruit. 


PllKl'ACE. 


LISTE  DES  AUTEURS  CITÉS  PAR  A.  PARÉ. 


Nicanrlre. . . . 

Iléropliilc . 

Erasistralc. ...... 

jAsclépiadea  .... 

Antonius  Musa. . . 

Rufus . . 

l’iiiloxène . 

Soranus . 

Archigène . . 

’Cœlius  Aurelianui 
AlArélée.  , 


Écriture  Sainte  ,  auteurs 
juifs,  et  pères  de  l’Église. 

Nombre  de  fois. 

Ecriture  saillie  en  géné¬ 
ral .  8 

Moïse  et  les  livres  du 

Peiilalenfjne .  23 

.Tosué. .  . . .  1 

Jub .  4 

Sairmel .  l 

f. ivre  des  Rois 

David  ,  Psaumes .  i4^Alexandrc  de 

.•Salomon . . .  al  (Trallian) 

Jésus,  fils  de  Sirach,  et  jOribase... 

l’Ecclésiaste .  5  Léonides.. 

Jérémie .  3  ^  Apollonius. 

Jsaïo . .  üPhilotinns. 

Ezécbiel . 

Amos . 

Estlras . 

Piouveau-Tcslament  en 

général . .  . 

.Saint  Maltbieu . 

S.aint  Marc . .  4  Socrafe. 

Saint  Luc .  2  'piaion 

Saint  Jean .  4'cicéro 

Actes  des  Apôtres 


Hérodote . 

Ctésias . 

DioJorc  de  Sicile.. 

j.Tuslin . . 

Tite-Live . . 

Elien  (Æli.an).... 
Valèro  l’iiislorien. . 
llérodien . . 


1  Mitbridates. . 
1  ]  Aeluarius  . . . 
î  Serenus . 


‘  iErapédocle. 
]  l’ylhagore. . 


Saint  Paul . . .  8  Marc  Aurèlc. 

Livre  des  Epbèscs  (pro¬ 
bablement  Epîlrc  aux 

Epliésicns) . 

Epîlrc  de  saint  Jacques. 

Josèpbe . 

Eusèbo . 

J.aclancc  . 


Sénèque .  3 


ILcs  Stoïques . 

ISexlus  de  Cbéronée  . . . 

^  jPausanias . 

^  |piiiloslrale- . 

^  .Mare  Varron . 

^  Slrabon . 

‘  Ploloinéo.. 


Homère . 

Hésiode . 

Euripide . 

Lucrèce . 

Horace . 

Catulle . 

Ovide . 

Lucain . 

Perse . 

Claudien . 

Oppieu . . 

Total. . 


.  iSgi 


Saint  Augustin . Aulugelle . 

Total .  109  La  loi  des  12  tables.. 

lAristomacbus . . 


Auteurs  anciens. 


Glirysippus. 
Crinilus. . 


Hippocrate  .  390  lAdrianus. , 

Gelse .  6i  Stobée. . . , 


Auteurs  arabes. 

Les  Arabes  en  général 
par  opposition  aux 
Grecs ,  dans  le  livre 

des  Fièvres .  7 

Rhasès .  3 

^  Jdem  à  Almansor . . . .  2 

Ati-Abbas .  2 

Isaac. .  1 

Mesué .  10 

Sérapion .  1 

Avicenne... .  5i 

Averrhoès .  3 

Avenzoar .  1 

Albucasis .  ï\ 

Abdanalarach .  1 

Total.. 


Galien .  .353  Vitruve  . 

Aétius....  . .  66  Feslus . 

j’aul  d'Eginc .  5i  .Héliodore,, 

Aristote .  67  Solînus . . .  . 

Pline . 58  Macrobe  ... , 

Dioscoride .  17  OEphadius.. 

Tliéophrasle. ........  4  .Gassianus,, . 

Plutarque . . .  19  | 


96 

Auteurs  ardbistes  ou  du 
moyen  âge. 

Constantin .  1 

Plalearius . .  1 

Tlieodoric . .  2 

Lanfranc. . . I 

Arnaud . 


Nombro  de  foie. 

Gilbert  l’Auglais .  i 

Gourclon . ic 

Guido  ou  Guy  de  Chau- 

liac .  2( 

Nicolas  de  Florence. . .  î 

Valescus  de  Tarenle. . .  J 

Pierre  d’Apono  ,  ou  le 

Conciliateur .  i( 

Pliilonius  (probable¬ 
ment  le  Philonium  de 

Valescus  ) . . 

Pierre  d’Argelata . 

Arculanus . 


Total. . 


66 


i5l 


Auteurs  de  la  Renaissance. 

Jean  de  Vigo .  25 

Marianus  Sanctus . 

Antonius  Benivenius.. . 
AlesLaiuler  Benediclus. 

Symphorianus . 

Nicolas  Godin . 

Paracelse . 

Trgaut . 

Fuclisius . 

Langius .  4 

Maggius . 

Cornarius. . . . .  .. 

Vidus  Vidius . 

Nicolas  Massa  .... 

Ainalus  Lusilauus, 

Cardan  . 

i‘  ernel .  1 5 

Jacques  Sylvius .  iSj 

Coluuabus 

Vésale . 

Fallopius .  i4 

Rondelet .  25 

Ingrassius . . . 

Houlier . 

Duret . 

Manardus . . 

Montanus . 

Delacorde . 

Gorrobus . . . 

Léonellus  Faventinus. 

Valleriola .  4' 

Estienne  de  la  Rivière.. 

Gesnerus .  7 

Lecoq  . 

Thierry  de  Iléry . 

Franco . 

Botal . 

Calmethèe  (Gbauuictle). 

Joubert . 

Dalechamps .  . . 

Andréas  dclla  Cruce.. . 


PREFACJ-. 

Nombre  de  foie 

Rousset .  ( 

Jean  Wier  ou  Vierus. .  l 

Philippe  Foreslus .  i 

RembertDodoeus  (qu’il 
appelle  Dodonay  et  de 

Doufly) .  I 

Cornélius  Gemma .  i 

Savonarola .  ] 

Jordanus .  i 

Vassée .  ; 

Caslellan .  ! 

Gourmelin  (sans  le  nom¬ 
mer,  dans  l’Apologie),  i 

Courtin .  ! 

Fier-à-Bras . . 

Christophe  Landré. ...  ( 

Lepaulmier  (  sans  le 

nommer  ) . 

[Simon  de  Valembert. ..  : 

’Wolff  (  Liber  gynœcio- 

rum  ) . . 

Jacques  Rueff .  ■ 

Nicole  du  Haut-Pas. ..  .  ■ 

Simon  de  Provanchie- 


Liébaut . . . 

Jacques  Grcvin . 

Belon . 

André  Baccy . 

André  Marin . 

Albert.  . .  . . 

Sébastien  Munster  .  .. 

Nicole  Naucel . 

Volatcrran . 

Antoine  Mizault . 

Claude  Tesserant . 

Lycoslhènes . 

Cœlius  Rhodiginus  . . . 
Jovianus  Pontanus. .  . . 
Loys  Lavater. .  .  ..... 
Jean  de  Marconîille.. . 

Duhaillan . '. .  . . . 

Lopez ,  Espagnol . 

Benzo,  Milanais . 

[Mariinus  Cromerus. . . 
Franciscus  PicusMiran- 

dula . 

üamascène) . 

Diphile.  . . 

Mathias  Coruax . 

Egidius  Hertages . 

Paul  Gi’illant . 

Pierre  de  la  Palude .... 

Martin  d’Arles . 

Facellus . . 

Abraham  Orlelius..  .  .  . 
Mclchior  Guillaudin  Be- 


-  ,  Nombre  de  foie 

Jean  de  Léry .  s 

Lucio  Maggio .  , 

Julius  Obsequens..  ..  i 

Miliehius .  i 

Egnatius . . . 

Baptiste  Léon . 

Loys  Celléc . 

Levimis  [jcvinius .  1 

Matt.  Sylvius . 

Jean  Léon  ou  Leon  l’A¬ 
fricain .  < 

Jean  Papou . 

Jacques  de  Fouilloux. . 

Pierre  Boaistuau .  ï 

Alexander  ab  Alexan- 

dro . . . 

Pierre  Gilic . 

P.  Rhodicn . 

Bodin . . 

Julius  Poilus . 

J. -B.  Théodose . 

Pierre  Messie . 

George  Agricola . 

Lapopelinière . 

Apollonius  Menabeniis. 

Olaus  Magnus . 

^  ndré  Thével .  2 

Mathiole .  5 

Massurius . 

Nonus . 

ibriel  du  Préau . 

Philippe  de  Mornay. . . 

Erasme . 

Claude  Paradin . 

Philippe  Ulstade . 

and  Pouzet. . 
Loys  de  Berth  irae. . . . 
Garcias  ab  llortoou  du 

Jardin . 

Metrius . . 

Aloysius  Cadamustus. . 
Ænéas  Sylvius  Piccolo- 

nimi . 

Polydore  Virgile . 

Otho . 

Hector  Boétius . 

[Marc  Pau! . . 

Vloustrclet . 

Philippe  de  Coinines. 

Saxon  l’hûtorien . 

Fulgose . 

Alvarez . 

Dubartas . 

Bonsard . 


Tottil . 

Total  général, 


5o5 

2iG8 


XXII  PRÉFACE. 

Enfin ,  je  terminerai  cet  article  par  le  sonnet  que  Paré  avait 
placé  lui-même  en  avant  de  ses  éditions  complètes  ;  le  texte  actuel 
est  de  IÔ79  et  n’a  pas  été  changé  depuis;  mais  je  donnerai  en 
note  les  variantes  de  l’édition  de  i575, 

SONNET  DE  L'AVTEVR. 

Ce  liure  maintenant  que  ie  îmets  en  lumière , 

De  mon  art  Theritier,  contient  tous  les  secrets 
Que  iadis  bien  au  long  les  Arabes  et  Grecs 
Ont  laissé  par  escrit  à  la  race  derniere 

Plein  d’exemples  il  est  de  diuerse  maniéré, 

Ainsi  que  nous  voyons  de  mille  beaux  portraits 
Les  prez  se  bigarrer,  eschauffés  par  les  rais 
Du  Soleil,  lorsqu’il  fait  sa  course  printanière*. 

Or  sus  donc  maintenant,  va-t’en,  mon  fils  tres-cher 
Que  depuis  quarante  ans  n’ay  cessé  de  lecber  : 

Va  ,  priant  vn  chacun  qu’il  leur  plaise  (fensuiure 

Lysippe ,  qui  reprint  Appelles  doucement. 

Mais  arriéré ,  enuieux  ;  car  éternellement 
Oû  verra  maugré  vous  ce  mien  ouurage  vitire. 

§  IV.  —  Inauguration  de  la  statue  d’Ambroise  Paré. 

Nous  avions  annoncé  en  terminant  qu’une  statue  en  bronze 
allait  être  érigée  en  l’honneur  de  Paré  sur  l’une  des  places  pu¬ 
bliques  de  Laval ,  dernier  hommage  de  la  reconnaissance  popu¬ 
laire.  Paré  avait  été  oublié  dans  cette  large  hospitalité  que  la 
munificence  royale  offrait  à  Versailles  à  toutes  les  gloires  de  la 

‘  Variante  de  1575  î  ànostre  aage  derniere. 

2  Ces  trois  vers  se  lisaient  ainsi  en  1775  : 

Ainsi  que  nous  voyons  de  mille  et  mille  raiz 
Reluire  le  paon ,  quand  par  vn  grand  progrez 
Sa  plume  va  monstrant  plein  d’arrogance  fiere. 

*  Variante  :  Va4’en ,  mon  fruict  très  cher. 


PREFACE, 


XXIII 


France  ;  et  non  pas  lui  seulement ,  mais  avec  lui  plus  d’une  autre 
grande  gloire  scientifique.  Il  aura  désormais,  dans  un  plus  large 
espace ,  en  face  du  ciel  et  du  soleil ,  un  piédestal  et  une  statue 
dignes  de  lui. 

Dès  i835  ,  le  conseil-général  de  la  Mayenne  avait  exprimé  le 
vœu  qu’un  monument  fût  érigé  à  A.  Paré  dans  sa  ville  natale.  Le 
préfet  répondit  à  ce  vœu,  en  i836 ,  en  proposant  de  faire  les 
premiers  frais  par  une  allocation  de  9,000  francs  au  budget  dé¬ 
partemental  ;  le  gouvernement  et  les  souscripteurs  devaient  faire 
le  reste.  Une  commission  s’organisa  immédiatement  sous  la  pré¬ 
sidence  de  M.  Queruau  Lamerie ,  maire  de  Laval  *,  elle  se  com¬ 
posait  de  MM.  Guédon,  Lelièvre,  Meslay,  et’de  deux  de  nos 
honorables  confrères ,  MM.  Bucquet  et  Hubert ,  tous  deux  cor¬ 
respondants  de  l’Académie  royale  de  médecine.  Déjà,  dès  le 
29  mars  i836 ,  M.  David  avait  proposé ,  dans  le  même  but,  une 
souscription  où  seraient  reçus  les  dons  même  les  plus  modiques , 
s’engageant,  pour  sa  part,  à  faire  gratis  le  modèle  de  la  statue. 
Cette  offre  magnifique  fut  acceptée  avec  reconnaissance,  et  un 
programme  de  souscription  ayant  été  arrêté ,  le  roi ,  le  ministre 
de  l’intérieur ,  le  conseil  municipal  de  Laval ,  l’Académie  et  la 
Faculté  de  médecine  de  Paris  ,  plusieurs  sociétés  savantes  et  un 
grand  nombre  de  souscripteurs  y  répondirent ,  et  le  succès  du 
projet  fut  assuré.  Nous  vîmes  s’élever  dans  l’atelier  de  M.  David 
le  modèle  de  la  statue  ,  achevé  dès  le  1®"  novembre  1889  ;  nous  la 
vîmes  couler  en  bronze,  le  12  mars  i84o,  par  les  soins  de 
MM.  Soyer  et  Ingé ,  et  dès  le  9  juillet  elle  était  arrivée  à  Laval. 

Alors  s’élevèrent  avec  rapidité  de  magnifiques  blocs  de  granit 
bleu ,  préparés  pour  le  piédestal  d’après  les  dessins  de  M.  Moll , 
inspecteur  des  travaux  du  gouvernement,  qui ,  lui  aussi ,  refusa  de 
mettre  à  prix  d’argent  son  concours  pour  cette  œuvre  patrio¬ 
tique;  et  enfin  le  29  juillet  fut  fixé  pour  la  solennité. 

Un  ciel  sans  nuages  semblait  avoir  voulu  favoriser  la  fête  ;  des 
villes  et  des  communes  voisines  était  accourue  une  foule  inouïe 
de  spectateurs.  Sur  la  place  de  la  mairie,  autour  de  la_statue 


XXiV  PRÉFACE. 

encore  voilée ,  la  garde  nationale  et  la  troupe  de  ligne ,  auxquelles 
s’étaient  jointes  des  députations  de  tous  les  corps  de  métiers  de 
Laval,  musique  en  tête  et  enseignes  déployées,  formaient  un 
carré  immense.  A  toutes  les  croisées  et  jusque  sur  les  combles 
de  rHôtel-de- Aille,  des  dames  élégamment  parées -,  le  peuple 
dans  toutes  les  rues  adjacentes  ;  au  centre  de  la  place,  sur  une 
estrade  élevée  en  face  de  la  statue  ,  les  autorités  civiles  et  mili¬ 
taires  ,  les  chefs  des  administrations  publiques  ,  les  députés  des 
sociétés  savantes  ;  et  au  milieu  de  ce  grand  cortège  d’hommes , 
une  seule  femme ,  mademoiselle  Renée  Ambroise  Paré ,  des¬ 
cendante  de  notre  grand  chirurgien  et  la  dernière  héritière  de  son 
nom.  A  quatre  heures  et  demie ,  un  coup  de  canon  donna  le  si¬ 
gnal,  et  la  statue  fut  découverte  au  bruit  des  tambours  battant  aux 
champs ,  des  troupes  présentant  les  armes ,  et  des  applaudisse¬ 
ments  et  des  acclamations  de  la  multitude. 

Après  que  ces  puissantes  manifestations  eurent  fait  silence , 
un  chœur  de  musiciens  salua  l’image  triomphante;  puis 
M.  le  docteur  Hubert,  au  nom  de  la  commission  de  Laval, 
M.  Pariset,  au  nom  de  l’Académie  royale  de  médecine,  M.  le 
docteur  Perdrix ,  délégué  de  l’association  des  médecins  de  Paris , 
M.  Leterrier,  principal  du  collège  du  Mans,  prononcèrent  des 
discours  où  se  répétait,  mais  toujours  sous  un  aspect  différent, 
l’éloge  du  grand  homme  que  Laval  a  donné  à  la  France. 
M.  Naudet  lut  un  dithyrambe  dans  lequel  Paré  se  trouve  mer¬ 
veilleusement  peint  d’un  seul  trait  par  ce  vers  : 

Humble  de  cœur,  grand  de  génie. 

Et  enfin  une  salve  d’artillerie  annonça  que  la  cérémonie  de 
•  l’inauguration  était  terminée.  Ce  n’était  point  encore  la  fin  de  la 
fête;  un  magnifique  banquet,  présidé  par  les  autorités ,  réunit 
dans  la  salle  d’honneur  de  la  mairie  toutes  les  députations  des 
sociétés  savantes ,  et  dans  la  soirée  la  ville  tout  entière  couronna 
dignement  cette  belle  journée  par  une  illumination  générale. 


PRÉFACE. 


ÎCXV 


La  statue  s’élève  sur  la  place  de  la  mairie  -,  elle  est  en  deux 
morceaux ,  le  corps  et  la  tête ,  en  outre  des  accessoires  qui  ont 
été  fondus  à  part  ;  elle  a  2  mètres  60  centimètres  de  haut ,  et  pèse 
1 ,200  kilogrammes.  La  figure  que  nous  en  avons  donnée  au  fron¬ 
tispice  du  premier  volume,  nous  dispense  de  la  décrire  en  dé¬ 
tail;  disons  seulement  qu’en  arrière  des  volumes  placés  à  la 
droite ,  et  dont  les  titres  annoncent  les  éditions  françaises  et  les 
versions  étrangères ,  se  déroulent  quelques  feuilles  manuscrites 
sur  lesquelles  sont  gravés  les  canons  suivants  de  Paré  : 

Vn  remede  expérimenté 

Vaut  mieux  qu’vu  nouveau  inuenté. 

Le  nauré  doit  faire  abstinence , 

S’il  veut  auoir  prompte  allégeance. 

Celui  qui  pour  auoir,  et  non  pas  pour  sçauoir, 

Se  fait  Chirurgien ,  manquera  de  pouuoir. 

La  gangrené  qui  est  ja  grande , 

Rien  que  le  Cousteau  ne  demande. 

Le  Chirurgien  à  la  face  piteuse 
Rend  à  son  malade  la  playe  venimeuse. 

Le  piédestal  sur  lequel  la  statue  repose  est  composé  de  9  blocs 
de  granit  bleu  du  pays,  pesant  ensemble  82,900  kilogrammes, 
et  offrant  3  mètres  60  centimètres  de  hauteur.  Il  est  élevé  sur 
deux  marches  en  granit  et  asphalte ,  dont  la  plus  élevée  supporte 
une  grille  de  fer  formée  de  1 44  barreaux. 

Sur  le  premier  socle  en  granit,  dans  une  cavité  creusée  au  mi¬ 
lieu  de  la  pierre ,  a  été  placée  et  soudée  une  boîte  en  plomb  con- 
.  tenant  :  r  une  notice  sur  la  statue  même;  2“  le  programme  de 
la  commission  ;  3“  la  liste  des  souscripteurs  ;  4“  une  lithographie 
représentant  A.  Paré  d’après  le  portrait  de  l’édition  de  1628; 
5“  six  pièces  de  monnaie  à  l’effigie  de  Louis-Philippe  ;  6“  et  enfin 
une  plaque  en  cuivre  sur  laquelle  a  été  gravée  cette  inscription  ; 


XXVI 


PRÉFACE. 


Monument  élevé  en  la  ville  de  Laval,  dans  l’année  1840, 

A  la  mémoire  d’Ambroise  Paré ,  créateur  de  la  Chirurgie , 

Conseiller  et  premier  Chirurgien  des  rois  de  France  Henri  II, 
François  II,  Charles  IX  et  Henri  III ,  né  au  village  du 
Bourg  Hersent,  près  Laval ,  vers  l’année  1509,  décédé  à 
Paris  le  20  décembre  1590,  et  inhumé  le  22  dans  l’église 
Saint"  André“des-Arcs. 

La  statue  en  bronze  qui  couronne  ce  monument  est  l’œuvre 
du  célèbre  statuaire  David  d’Angers. 

Et  enfin ,  sous  la  plinthe  en  bronze  de  la  statue  ,  il  a  été  dé¬ 
posé  une  autre  boîte  en  plomb  contenant  la  notice  sur  A.  Paré , 
par  M.  Villaume ,  et  la  copie  sur  parchemin  du  procès-verbal  de 
la  pose  de  la  première  boîte. 

Je  regrette  de  ne  pouvoir  reproduire  tous  les  discours  pro¬ 
noncés  dans  cette  solennité  imposante,  mais  je  ne  saurais  passer 
sous  silence  celui  de  M.  Pariset. 


«  Messieurs, 

»  Quelle  noble  émulation  s’allume  entre  les  villes  de  France  ! 
Je  vois  partout ,  au  milieu  d’elles,  s’élever  des  monuments  aux 
gloires  contemporaines  et  aux  gloires  des  temps  passés.  Voltaire 
et  Buffon  ont  eu  des  statues  et  ces  statues  sont,  avec  celles  des 
conquérants  et  des  rois,  l’ornement  de  la  capitale.  Aujourd’hui 
Montbéliard,  Rouen,  Strasbourg,  en  consacrent  à  la  mémoire  de 
Gutenberg,  au  prodigieux  savoir  de  Cuvier  ,  au  mâle  génie  de 
Corneille,  à  l’aimable  muse  de  Boyeldieu;  et  Boyeldieu  et  Cor¬ 
neille  attendent  Fontenelle,  comme  Voltaire  et  Buffon  attendent 
l’inimitable  Molière.  Grenoble  a  son  héroïque  Bayard  ;  La  Ferté- 
Milon,  son  sublime  et  harmonieux  Racine  ;  Château-Thierry , 
son  naïf  et  profond  La  Fontaine.  Bientôt  sans  doute  l’auguste 
image  de  Bossuet  couvrira  Dijon  de  sa  lumière.  Bordeaux  ne 
sera  plus  veuve  de  son  Montaigne  et  de  son  Montesquieu  ;  ni 


PREFACE. 


XXV  11 


Marseille  de  son  Pythéas  et  de  son  Belzunce  ;  ni  Angers  de  son 
Bodin,  et  de  tant  d’autres  que  je  ne  puis  nommer  ;  ni  Agen  de  son 
Bernard  de  Palissy  ;  ni  Dunkerque  de  son  Jean  Bart;  ni  même 
l’humble  hameau  de  Poy  de  son  Vincent  de  Paul.  Massillon  re¬ 
viendra  émouvoir  et  charmer  sa  ville  natale,  comme  il  a  charmé 
toute  la  France  ;  et  reçu  dans  le  château  modeste  de  la  Motte, 
comme  dans  un  sanctuaire,  le  divin  Fénelon  y  appellera  les  ado¬ 
rateurs  de  son  talent  et  de  ses  vertus.  Quels  noms,  quelles  vertus, 
en  effet  !  quels  talents  et  quelles  gloires  1  En  est-il  une  seule  que 
ne  voie  fleurir  l’heureuse  terre  que  nous  habitons?  Que  si  toutes 
nos  villes  suivaient  un  si  bel  exemple  ;  si  chacune  d’elles  s’epi- 
pressait  de  tirer  de  l’oubli  les  hommes  qui  l’ont  honorée;  si,  par 
des  récits  et  des  tableaux,  elle  rendait  encore  une  fois  vivantes, 
pour  ainsi  dire,  leurs  actions  et  leurs  personnes  ;  quelle  merveil¬ 
leuse  géographie.  Messieurs!  ou  plutôt  quel  unanime  concert  de 
voix  éloquentes  pour  réchauffer  dans  nos  âmes  l’amour  du  beau, 
la  passion  dubien,  deux  sentiments  qui  se  produisent,  se  nour¬ 
rissent,  se  fortifient  l’un  par  l’autre,  et  font  le  ciment  et  le  bon¬ 
heur  de  la  société  parmi  les  hommes!  N’est-ce  point  par  là  que  l’an¬ 
cienne  Grèce  jetait  comme  un  enchantement  dans  les  étrangers 
qui  la  visitaient  ?  Et  n’est-ce  point  par  là  que  notre  nation  devien¬ 
drait  elle-même  le  modèle  de  toutes  les  autres  ? 

Cet  exemple.  Messieurs ,  c’est  le  donner  que  de  l’imiter 
comme  vous  le  faites.  Un  homme  est  venu  parmi  vous,  qui  par  la 
puissance  de  son  esprit,  par  l’habileté  de  ses  mains,  par  la  géné¬ 
rosité  de  son  cœur,  par  l’élévation  de  ses  principes,  et  j’ajouterai 
par  sa  constante  pitié  pour  les  malheureux,  peut  soutenir  le  pa¬ 
rallèle  avec  les  plus  grands  et  les  meilleurs  hommes  qu’ait  portés 
la  terre  :  Ambroise  Paré,  qu’un  souvenir  aussi  vif  que  le  souve¬ 
nir  attaché  au  nom  de  Henri  IV  rend  encore,  après  trois  siècles, 
aussi  présent  au  milieu  de  nous  que  l’est  lui-même  cet  excellent 
roi.  Et  ce  souvenir  empreint  dans  vos  esprits ,  vous  avez  voulu 
qu’il  prît  un  corps  ;  vous  avez  voulu  qu’Ambroise  Paré  fût  en 


XXVIII 


PHIîFAClf. 

réalité  sous  vos  yeux  :  le  voilà.  Il  respire  dans  ce  bronze  que 
David  a  vivifié  de  son  génie. 

»  Parlerai-je  ici  de  ses  premières  années  ?  Ce  qui  résulte  des 
contradictions  de  ses  historiens,  c’est  que,  né  pauvre,  ne  sachant 
que  lire,  ne  sachant  qu’écrire,  et  dépourvu  de  toute  littérature, 
il  vint  à  Paris ,  fut  reçu  dans  l’officine  d’un  barbier  ,  entra  à 
l’Hôtel-Dieu  et  y  étudia  trois  années,  n’ayant  pour  guides  que 
quelques  livres,  la  nature  et  lui-méme  ;  lui,  dis-je,  car,  de  même 
que  le  potier  de  Saintonge ,  il  avait  cette  trempe  d'intelligence 
qui ,  saisissant  les  faits  et  les  multipliant  par  l’étendue  et  la 
sûreté  des  inductions,  sait  tirer,  comme  Scarpa,  d’une  expérience 
bornée  une  expérience  sans  limites ,  et  crée  elle-même  l’art 
qu’elle  veut  connaître.  La  guerre  était  alors  partout,  fomentée 
par  la  politique  et  la  religion;  source  intarissable  de  calamités 
pour  les  peuples,  et  d’enseignements  pour  Ambroise  Paré.  A  dix- 
neuf  ans,  il  court  sur  les  champs  de  bataille  ;  il  y  rencontre  des 
préjugés  bizarres ,  et  des  pratiques  plus  meurtrières  que  la 
guerre  elle-même.  Une  seule  observation  lui  ouvre  les  yeux  sur 
tant  d’absurdités  et  de  barbarie.  Sur-le-champ  sa  raison  les  re¬ 
jette,  pour  y  substituer  des  idées  plus  saines ,  et  des  pratiques 
plus  faciles  et  plus  simples,  et  tout  ensemble  plus  humaines  et 
plus  sûres  ;  car  c’est  épargner  la  vie  des  hommes  que  de  leur  épar¬ 
gner  la  douleur.  Ses  heureuses  innovations  deviennent  le  texte 
de  son  premier  ouvrage  ;  et  cet  ouvrage,  bien  que  très  court, 
commence  en  Europe  et  achève  sa  renommée.  L’Allemagne  et 
l’Italie  adoptent  sans  hésiter  une  doctrine  à  laquelle  le  temps 
n’a  rien  changé.  A  vingt  ans.  Paré  avait  donné  des  lois  à  la 
chirurgie. 

»  Suivez-le  aux  sièges  de  Boulogne,  aux  sièges  deDamvilliers, 
de  Metz ,  de  Hesdin  ;  suivez-le  dans  dix  autres  expéditions 
militaires,  au  cœur  de  la  France,  et  jusqu’aux  confins  de  l’Espa¬ 
gne  et  de  la  Flandre  ;  partout  môme  courage,  même  activité  d’es¬ 
prit,  même  soin  de  recueillir  des  faits  et  d’agrandir  ses  connais- 


PHÈFA-CE. 


XXIX 


sances  ;  partout  môme  justesse  de  vues,  même  sagacité,  mêmes 
succès  ;  à  ce  poiut  qu’il  est  l’idole  de  l’armée,  et  que,  raffermi  par 
sa  présence,  le  soldat  se  seut  plus  intrépide ,  et  ne  craint  ni  les 
dangers  ni  la  mort.  Une  foi  si  vive.  Paré  l’inspirait  par  ses  décou¬ 
vertes,  par  son  habileté,  par  l’ardeur  de  son  zèle  à  servir  les 
hommes.  Dans  les  grandes  amputations,  où  l’ouverture  des  ar¬ 
tères  rend  les  hémorrhagies  si  dangereuses ,  quelle  soudaine 
inspiration  le  porte  à  fermer  les  vaisseaux  par  la  ligature,  au  lieu 
de  les  fermer,  comme  on  le  faisait,  par  la  cruelle  application  du 
feu  !  D’un  trait  de  sa  lumière,  il  change  encore  sur  ce  point  toute 
la  face  de  la  chirurgie.  Dans  le  traitement  du  Balafré,  que  de 
hardiesse,  de  prudence  et  de  fermeté  !  et  dans  le  traitement  de 
ce  soldat  blessé  de  douze  grands  coups  d’épée,  que  Paré  prend 
moribond  sous  sa  garde,  et  qu’il  rend  à  la  vie  en  se  faisant  son 
médecin,  son  chirurgien,  son  apothicaire  et  son  cuisinier  :  quelle 
patience,  quel  dévouement  et  quelle  humanité  !  Personne,  dans 
nos  temps  modernes,  si  j’en  excepte  l’illustre  Larrey,  qui  l’avait 
pris  pour  modèle,  personne  n’a  porté  plus  loin  l’oubli,  l’abnéga¬ 
tion,  le  sacrifice  de  soi-même,  et  lés  nobles  et  touchantes  vertus 
du  chirurgien. 

»  Dans  le  tumulte  d’une  vie  si  agitée,  au  milieu  des  déplace¬ 
ments  qu’exigent  la  guerre  et  les  fonctions  qui  l’attachaient  à  ses 
rois,  une  belle  et  noble  pensée  préoccupait  ce  grand  homme. 
Frappé  du  vide  de  la  chirurgie  française  ,  il  voulait  qu’après  lui 
un  corps  de  doctrine  rendît  plus  facile  aux  hommes  de  sa  nation, 
l’étude  d’un  art  si  nécessaire.  Il  voulait  que  ce  corps  de  doctrine 
fût  son  ouvrage,  parce  qu’il  se  sentait  seul  en  état  de  l’exécuter  ;  et 
de  là  sont  nés  tant  d’écrits  si  divers,  qui,  accrus  d’année  en  année, 
et  perfectionnés  parle  travail  le  plus  opiniâtre,  composent  la  ri¬ 
che  collection  qu’il  a  léguée  à  la  postérité.  Tout  n’est  pas  de  lui 
dans  ce  grand  ouviftge,  mais  le  nombre  et  l’excellence  de  ses 
propres  vues  et  de  ses  découvertes  en  sont  l’âme,  pour  ainsi  dire  ; 
elles  en  forment  la  partie  essentielle,  capitale  et  dominante  ;  elles 
seront  la  leçon  de  tous  les  siècles. 


XXX 


pr:éface. 


»  A  l’égard  de  ses  rivaux  et  de  ses  envieux  critiques,  l’intérêt 
de  sa  propre  gloire,  je  me  trompe,  l’intérêt  de  la  vérité  seule  fit 
qu’il  prévint  les  uns  par  sa  diligence,  et  qu’il  soumit  les  autres 
par  la  seule  autorité  do  sa  raison.  Il  eut  surtout  contre  lui  les 
ombrages  de  la  Faculté  ;  la  Faculté  ne  souffrait  pas  qu’il  entrât 
dans  des  matières  dont  elle  s’était  fait  comme  un  domaine  exclusif. 
Singulier  temps,  où,  faute  de  vains  titres,  faute  de  grec  et  de  latin, 
l’homme  qui  pouvait  le  mieux  écrire  sur  la  médecine,  n’en  avait 
pas  le  droit  I  N’est-ce  pas  renverser  tous  les  termes,  mettre  les 
mots  au-dessus  des  choses,  et  préférer  l’accessoire  au  principal? 
Le  génie,  en  quoi  que  ce  soit,  ne  saurait  dépendre  d’un  idiome 
éteint  et  muet.  Bessarion,  avec  tout  son  savoir,  n’était  qu’un  pé¬ 
dant  ridicule;  et,  pour  prendre  un  exemple  plus  élevé,  lorsque 
le  plus  sage  et  le  plus  brave  roi  qu’ait  eu  la  France,  songeait,  en 
faveur  des  peuples,  à  établir  en  Europe  un  équilibre  d’indépen¬ 
dance  et  de  liberté,  il  n’avait  pour  appui  dans  ce  grand  dessein 
que  les  conseils  d’un  chancelier  sans  lettres,  et  l’épée  d’un  con¬ 
nétable  qui  ne  savait  pas  lire.  Tels  étaient  les  auxiliaires  ;  mais  il 
y  avait  là  un  sens  si  parfait,  une  raison  si  droite  et  si  ferme,  que 
le  roi  n’en  voulait  pas  d’autres.  Avec  toutes  ses  lumières,  la  Fa¬ 
culté  ne  voyait  pas  qu’uniquement  formé  par  lui-même,  disciple 
et  maître  tout  ensemble.  Paré  n’en  était  que  plus  admirable  et 
plus  digne  de  respects. 

»  J’ai  parlé  de  guerre.  Messieurs,  et  mes  paroles  ont  pu  réveil¬ 
ler  dans  vos  esprits  ces  dissensions  funestes  qui,  au  nom  d’une 
religion  de  paix  et  de  charité,  ont  si  long-temps  déchiré  la  France. 
Placé  par  sa  profession  même  entre  deux  partis  acharnés  l’un 
contre  l’autre,  Ambroise  Paré,  plus  sage  que  ne  l’avait  été  le 
Milanais  Lanfranc,  plus  sage  que  les  Italiens  fugitifs  qui  venaient 
peupler  Paris  du  temps  de  Pitard,  et  qui  tous  avaient  trempé 
dans  les  guerres  civiles,  Ambroise  Paré,  environné  des  mêmes 
excès,  des  mômes  périls  et  des  mômes  séductions,  sut  maintenir 
son  indépendance  et  sa  liberté.  Comme  il  ne  se  livrait  à  aucune 
faction,  sa  réserve  rendit  sa  foi  suspecte.  On  le  crut,  on  le  dit  en- 


PRÉFACE, 


XXXI 


gagé  dans  la  réforme,  et  c’est  là  l’opinion  qui  a  prévalu  jusqu’ici. 
Mais,  ainsi  que  l’a  démontré  en  dernier  lieu  M.  Malgaigne,  cette 
présomption  s’accorderait  mal  avec  les  dates  que  fournit  l’histoire. 
Elle  serait  même  démentie  par  quelques  actes  publics  de  la  vie 
de  Paré,  par  son  second  mariage ,  et  par  sa  sépulture  dans  une 
église  catholique.  Mais  quoi  !  il  est  des  temps  d’aveuglement  et 
de  fureur  où  la  modération ,  ce  frein  ou  plutôt  cette  règle  de  tous 
nos  sentiments,  est  comme  la  perle  de  l’Evangile  ;  c’est  elle  sur¬ 
tout  qui  aigrit  les  caractères  violents  et  passionnés  ;  et  le  fanatisme 
s’irrite  moins  de  ce  qui  lui  résiste,  que  de  ce  qui  le  condamne. 

»  Quels  qu’aient  été,  du  reste,  sur  des  questions  si  délicates, 
les  secrets  sentiments  de  Paré,  il  est  certain  qu’il  avait  l’âme  pé¬ 
nétrée  d’une  piété  profonde.  Il  reconnaissait,  il  admirait ,  il  ado¬ 
rait  partout  l’intelligente,  la  bienfaisante  main  du  Créateur.  Il 
osait  se  réserver  l’humble  mérite  de  panser  les  malades,  mais 
c’est  à  Dieu  qu’il  rapportait  la  gloire  de  la  guérison.  Tout  le 
monde  connaît  sa  maxime  favorite:  le  le  pansaj^  Dieu  le  guarist; 
sainte  maxime  qui  renferme  Paré  tout  entier,  son  âme,  son  esprit, 
sa  simplicité,  sa  modestie,  et  l’invariable  principe  de  ses  volontés 
et  de  ses  actions,  je  veux  dire  l’amour  de  Dieu  et  des  hommes. 
Il  le  savait  en  effet  mieux  que  personne  :  un  art  tout  divin 
préexiste  en  nous,  un  art  tout  divin  nous  anime  et  conduit  nos 
mouvements  intérieurs  avec  une  sagesse  à  laquelle  doit  toujours 
se  subordonner  la  faible  sagesse  du  médecin,  de  l’homme  qui 
ose  intervenir  dans  cette  combinaison  de  merveilles.  Ambroise 
Paré  était  donc  souverainement  religieux  ;  mais  il  l’était  à  sa 
manière,  à  la  manière  de  Fénelon,  à  la  manière  des  plus  rares 
esprits  qui  aient  honoré  notre  espèce.  Il  pensait  comme  eux  ,  ou 
plutôt  il  sentait  qu’une  religion  n’est  toute  divine  qu’ autant  qu’elle 
est  tout  humaine,  et  que  nous  n’adorons  Dieu, qu’en  servant  nos 
semblables.  Si  l’âme  de  l’homme  est  immortelle,  et  s’il  était  pos¬ 
sible  que  l’âme  de  Paré  m’entendît,  ou  que  ce  bronze  prît  pour 
lui  la  parole,  une  secrète  voix  m’avertit  qu’il  applaudirait  à  la 
mienne,  et  que,  peu  touché  des  éloges  qu’on  donne  à  son  talent. 


xxxn 


PRÉFACE. 

il  accepterait  du  moins  ce  dernier  hommage  que  je  rends  à  sa 
mémoire. 

»  C’est  au  nom  de  l’Académie  royale  de  médecine  que  j’ai  osé 
paraître  en  cette  solennité.  Puisse  cette  compagnie,  et  puissiez- 
vous,  comme  elle,  ne  pas  désavouer  le  langage  que  je  vous  ai 
fait  entendre  !  Souffrez  maintenant  que  je  vous  félicite  en  mon 
propre  nom  du  triple  choix  que  vous  avez  fait,  et  de  l’homme 
que  vous  avez  voulu  célébrer,  et  de  l’artiste  qui  vous  a  secondés  de 
son  talent,  et  du  lieu  charmant  où  vous  élevez  son  chef-d’œuvre  ; 
lieu  découvert,  accessible,  où  les  aimables  pompes  d’une  riante 
nature  viennent  se  marier  comme  d’elles-mêmes  aux  pompes  de 
l’art  et  aux  embellissements  que  vous  leur  préparez.  Appelé,  re¬ 
tenu  aux  pieds  de  l’image  d’Ambroise  Paré,  par  l’attrait  de  ce 
nouvel  Élysée,  le  voyageur  ému  contemplera  ce  bronze;  et  pour 
peu  qu’il  ait  un  cœur  d’homme,  il  en  entendra  sortir  ces  paroles  : 
«  Tu  vois  qu’il  est  des  hommes  qui  savent  faire  le  bien,  et  qu’il 
»  en  est  qui  savent  le  reconnaître.  Que  les  uns  et  les  autres  soient 
»  toute  ta  vie  tes  modèles!  »  Ces  paroles,  je  les  entends.  Mes¬ 
sieurs  ;  et  c’est  l’âme  remplie  d’un  si  beau  précepte,  que  je  vais 
me  séparer  de  vous,  avec  le  regret  de  ne  pas  être  un  des  vôtres, 
de  ne  pas  vous  appartenir,  à  vous  qui  montrez  des  sentiments  si 
humains,  et  qui  m’avez  comblé  de  vos  bontés.  Puissiez-vous,  du 
moins,  ne  pas  me  refuser  la  seule  grâce  à  laquelle  il  me  soit  per¬ 
mis  d’aspirer  !  puissiez-vous  me  donner  dans  vos  souvenirs  une 
place ,  quelque  petite  qu’elle  soit ,  à  côté  de  votre  glorieux 
compatriote ,  l’immortel  fondateur  de  la  chirurgie  française  !  » 


LE  DIX-NEVFIÉME  LIVRE 

TRAITANT 

DES  MONSTRES  ET  PRODIGES 


PREFACE. 

Monstres  sont  choses  qui  apparois- 
sent  outre  le  cours  de  Nature  (  et 
sont  leplussouuent  signes  de  quelque 
malheur  à  aduenir  )  comme  vn  en- 

’  Voici ,  de  toute  la  collection  de  Paré  , 
le  livre  dont  ses  admirateurs  ont  cru  avoir 
le  plus  à  rougir,  et  Percy  entre  autres  s’é¬ 
criait  :  Plût  à  Dieu  qu’il  n'eûl  jamais  vu  le 
jour!  Ces  jugements  un  peu  précipiîés  vien¬ 
nent  d’une  étude  très  superficielle  de  l’œu¬ 
vre  et  de  l’époque;  peut-être  aussi  certains 
esprits  se  sont-ils  laissés  effaroucher  par  la 
forme,  sans  pénétrer  jusqu’au  fond;  et  je 
suis  si  loin  de  partager  une  pareille  opinion, 
que  je  n’hésite  pas  à  donner  ce  livre  comme 
un  des  plus  curieux  et  des  plus  intéressants 
du  xvr  siècle.  Peut-être  la  forme  sous  la¬ 
quelle  je  l’ai  présenté  ralliera-t-elle  plus 
d’un  lecteur  à  mon  avis. 

Il  avait  paru  pour  ta  première  fois  en  1673, 
dans  les  Deux  Hures  dechirurgie,  à  la  suite 
du  Livre  de  la  génération,  dont  il  peut,  en 
eflet,  en  bonne  parlie  passer  pour  le  com¬ 
plément.  Il  se  composait  alors  de  31  chapi¬ 
tres  traitant  des  monstruosités  naturelles  et 
des  cas  rares  de  chirurgie,  avec  une  digres¬ 
sion  assez  malheureuse  sur  les  démons  et 
III. 


fant  qui  naist  auec  vn  seul  bras ,  vu 
autre  qui  aura  deux  testes ,  et  autres 
membres  outre  l’ordinaire. 

Prodiges ,  ce  sont  choses  qui  vien¬ 
nent  du  tout  contre  Nature,  comme 
vne  femme  qui  enfantera  vn  serpent, 

l’art  magique,  mais  jusque  là  sans  sortir  de 
la  pathologie;  et  il  se  terminait  par  unf 
32'  chapitre,  sans  liaison  aucune  avec  les 
précédents  ni  avec  le  plan  du  livre,  intitulé  : 
Des  monstres  marins.  En  1679,  à  l’époque 
même  où  la  lecture  de  Thévet  avait  inspiré 
à  Paré  son  livre  des  animaux,  il  compléta 
celui  des  monstres  par  trois  chapitres  consa¬ 
crés  aux  monstres  volatiles,  aux  monstres  ter¬ 
restres  et  aux  monstres  célestes.  Or  je  le  ré¬ 
pète  ,  et  on  s’en  assurera  pat  la  préface  de 
Paré  même,  tout  cela  était  hors  du  plan  du 
livre,  plan  régulier,  logique,  et  qui  créait 
dans  la  pathologie  chirurgicale  une  bran¬ 
che  toute  nouvelle,  ainsi  qu’avait  fait  le  li¬ 
vre  de  la  prothèse.  Long-temps  balancé  en¬ 
tre  le  respect  que  je  devais  au  texte  et  à 
l’arrangement  de  l’auteur,  et  le  désir  de 
restaurer  son  ouvrage  suivant  le  plan  qu’il 
avait  tracé  lui-même,  enfin  je  me  suis  dé¬ 
cidé  pour  ce  qui  m’a  paru  le  plus  favorable 
à  l’illustration  de  son  livre;  j’ai  retranché 
hardiment  tout  ce  qui  concerne  l’histoire 


LE  LIX-NEVFIEME  LtVRE 


OU  Vil  chien ,  ou  autre  chose  du  tout 
contre  Nature  ,  comme  nous  mons- 
trerons  cy  apres  par  plusieurs  exem¬ 
ples  d’iceux  monstres  et  prodiges: 
lesquels  i’ay  recueillis  auec  les  fleu¬ 
res  de  plusieurs  qutltieurs  :  comme 
des  Histoires  prodigihuses  de  Pierre 
Boistuau  ,  et  de  Claude  Tesserand , 
desainct  Paul,  sainct  Augustin,  Esdras 
le  Prophète  :  et  des  anciens  philo¬ 
sophes  ,  à  sçauoir  d’Hippocrates ,  Ga¬ 
lien  ,  Empedpcles ,  Aristote  ,  Pline , 
Eycosthene  ,  et  autres  qui  serpnt 
cottés  selon  qu’il  viendra  à  propos. 

des  animaux  et  des  prodiges  météoriques , 
que  j’ai  reportée  à  la  fin  de  la  collection,  im¬ 
médiatement  après  le  livre  des  animaux,  où 
était  vraiment  sa  place  naturelle.  Ce  n’é- 
tai't  pas  assez,  et  dans' ce  restait  se  trod- 
vaieiit  des  figures  de  m?onstres  tellement 
hors  de  nature,  qu’il  ne  faùt  pas  s’étonner  si 
leur  simple  aspect  a  suffi  pour  frapper  beau¬ 
coup  de  lecteurs  de  nausée  et  de  dégoût.  J’ai 
d’autant  moins  hésité  à  effqc|r  ces  figures 
que  pas  une  seule  n’appartient  à  Paré,  et 
qu’il  les  a  copiées  dans  des  recueils  dç  pro¬ 
diges  publiés- de  son  temps,  et  o^  l’on  est 
bien  loin  de  trouver  le  boq  sens,  la  saine 
observation  et  la  science  qui  frappent  daqs 
son  lîYre.  Dp  reste ,  j’ai  respecté  scrupuleu¬ 
sement  celles  qui  lui  uppqrtenaient  à  lui- 
même;  et  j’en  ai  même  conseryé  beaucoup 
d’autres  qui  ont  encore  aujourd’hui  leur 
intérêt  pour  la  tératologie ,  ou  même  qui, 
mal  faites  et  défigurées,  sont  essentielles 
cependant  à  rintelligence  des  doctrines  du 
ïYi'  siècle. 

On  voit  par  la  liste  des  auteurs  que  Paré 
a  consultés  et  qu’il  énumère  dans  sa  préface, 
qu’il  ne  checche  pas  à  s’attribuer  plus  qu’il 
ne  lui  revient,  dans  la  composition  de  son 
œuvre;  et'  l’on  peut  dire  qu’il  y  a  excès  de 
modestie  dans  ses  aveux.  Fercy  a  prétepdu 
que  Grévin  l’avait  aidé  dans  1®  rédaction  ; 
cela  n’a  pas  l’ombre  de  fondement.  Ij  est 
probable  toutefois  qu’il  a  eu  un  collabora¬ 
teur,  ne  fût-ce  que  pour  lui  traduire  les  en¬ 
droits  des  auteurs  latins  qu’il  cite;  et  il  y  n 
quelque^probabilité  que  ce  fut  son  ami  Hau- 


Les  mutilés  ‘ ,  ce  sont  aueugles , 
borgnes ,  bossus ,  boiteux  ,  ou  ayans 
six  doigts  à  la  main  ou  aux  pieds,  ou 
moins  de  cinq ,  ou  ioints  ensemble: 
ou  les  bras  trop  courts,  ou  le  nez 
trojp  enfpncé,  copinie  ont  les  camus  : 
ou  auoîr  les  léures  grosses  et  ren- 
ucrsées,  ou  closture  de  la  partie  gé¬ 
nitale  des  filles  pour  cause  de  l’hy- 
meh ,  ou  chair  supernaturelle ,  ou 
qu’elles  soient  hermaphrodites  :  ou 
ayans  (quelques  taches  ou  verrues, 
ou  loupes ,  ou  autre  chose  contre 
Nature. 

lin.  D’ailleurs,  l’auteur  dans  lequel  il  fouille 
ié  plus  communément  est  Lycosthènes,  qu’il 
a  mis  par.iii  les  anciens  philosophes ,  sans 
doute  à  cause  de  son  nom  grec,  et  qui  est 
tout  simplement  un  écrivain  du  xvi®  siècle. 
L’ouvrage  de  Lycosthènes  que  Paré  a  mis  à 
cqp^l-jpution  avijit  parp  ^  B^le,  eq  1^7,  spus 
ce  t^tre  :  Prodîgifirurn  ac  ost_eiHo,rurri.çhroHi- 
con,  ejtc.,  per.  Conradum  Lycosthenem  Jiubea- 
quertsem  ;  c’est  üh  petit  ih-folîo  dé  C78  pages, 
coûtenant  par  ordre  de  dates  tous  les  prodi¬ 
ges  que  l’auteur  a  pu  recueillir  dans  les  au¬ 
teurs  depuis  le  commencement  du  monde 
juSf(ù’à 'Pan  1564 ,  avec"  une  innômbrable 
quantité  de  figures;  livre  indigeste,  mais 
d’uttè  éfuditioù  étonnante ,  et  source  pré- 
cieûS'e  où  l’ori  peül  eû'coré'puiser  après  Paré 
po'ür  l’histoire  clé  la  tératologie.  Vieniient 
è'nsùîte  les  fiîsldires  prodigieuses  de  Pierre 
Boaistuau,  qu’il  écrit  AoishtaM,  publiées' en 
1560,  réimprimées  avec  des  augmentations 
cii  1575;  c’est  cette  dernière  édition  que  j’ai 
suivie;  et  enfin  un  livré  du  même  titre  de 
Claude  de  Tesserand ,  qu’il  appelait  par  er¬ 
reur  'Ç/aude  Desserand,  dans  ses  premières 
éditions;  mais  je  n’ai  pu  me  procurer  ce 
dernier  ouvrage, 

i  Çe  paragraphe  ne  date  que  do  1579 ,  et 
on  lisait  aloys  'par  une  faute  d’ImpresSion 
facile  A  compreiidl-e  :  les  inutiles. 

On  voit  par  là  que  l’auteur  se  propose  de 
traiter  de  trois  sortes  de  monstruosités  ;  tan¬ 
dis  qu’en  1573  il  se  bornait  aux  deux  premiè* 
res,  savoir,  aux 'monsu-es  et  aux  prodiges, 
dont  lé  nom  est  resté  dans  le  titre  du  livre. 


Des  E!:ç  P^ppipçs.  3. 


CHAPITRE  II. 


CHAPITRE  L 

DES  CAYSES.  DES  IMOMSTSES. 

Les  çftpses  iponstrps  sont  plu- 

■  LaprpTOipr^,  est  }a  glopç  Je  Dipp, 
L^  Se,ÇRpcle,  §pn  ii^p. 

La  Rpisiémp  ,  ^  tfpp,  g^an^e  qpap- 
Pté  fie  septepcp, 

quatrième,  la trpp  pelitç  qqan- 

Ulé. . 

La  çipquiéme , 

La  slpépie,  l’apgustie  pu  petitesse 
de  la  matrice. 

La  septième»  l’a^ÿetp  indecente 

ta  meve ,  epninie  ^  estapt  grosse , 

g’est  te«ue  trop  Iqngqomept  asjse 
\%  eupes  pi^pjsti^s.,  PU  servées  p.qptre 
Ip  yeptre.  • 

LaLuitié^^Uî  PftI  Çtieute ,  pu  çppps 
i^onqès  ÇeUtVe  le  centre  ^P  la  pierp 
esiapt  gçpsse  d’epfant. 

La  neuftéme  ,  par  ipalapies  Lere: 

PUeiies,  PU  apçiueutjes- 

LafIwme,parppuevit,wepU  ÇpÇr 
ryptionje  la  sepiepçe. 

L’PP^iéme ,  pay  mixtlpn ,  pp  tpe^- 
lange  de  semence. 

La  dppiîÂéme,  par  Vo.nJiee  des 
mescb.ans  Lelistres  de  rosliere  f. 

La  treiziéme,  par  les  Démons  ou 
Diables  2. 

1  Des  mendiants.  La  traduction  latjne  a  pris 
d’étranges  licences  dans  tout  ce  livre  j  et  par 
exemple ,  elle  4  laissé  de  côté  toute  cette 
énumération  des  causes.  Mais  au  chapitre  18, 
répondant  au  chapitre  21  du  texte  français , 
elle  donne  poyr  équivalent  mendicanies, 
Yoyez  ce  chapitre  21. 

^  L'édition  de  1578  ajoutait  ici  le  para¬ 
graphe  suivant,  qui  a  été  retranché  en  1579  : 

«  Il  y  a  d’autres  causes  que  ie  laisse  pour 
le  présent,  parce  qu’outre  toutes  les  raisons 
hurpaines,  l’on  n’en  peut  donner  de  suffi¬ 
santes  et  probables  :  comme,  [)Qurquoy  soqt 


EXEMPLE  DE  LA  GLOIRE  DE  DIEV. 

Il  pst  escrit  ep  S.  ïean  f  d’vn  homme 
qqi  estoit  pày  apeugle ,  Ipquel  ayant 
ypopupert  la  veup.  par  la  graep  pp 
Îp^qs-LLrist,  fut  interrogqéppses  dis¬ 
ciples  ,  si  le  peçlié  de  luy  ou  de  ses 
parens  estoit  çause  qull  eust  esté 
ainsi  produit  aueqgle  dés  le  iotir  de 
sa  patlpité.  Et  lesys-Christ  leur  res- 
ppnd.it  :  Que  luy,  ne  son  pere ,  ne  sa 
mpre  n’auoient  péché ,  mais  que 
p’estoit  4  lin  qpe  les  œuures  de  Dieu 
fussent  magnifiées  en  luy. 


CHAPITRE  III. 

EXEMPLE  DE  l’ire  PE  DIEV. 

P  y  a  d’autres  causes  qui  nous  es- 
tonnent  dOuLlement,  parce  qu’ils  np 
proepdept  des  causes  susdites ,  mais 
yne  confusion  d’estyanges  pspeces, 
qui  pepdP.4t  I4  erpatnre  nqn  spule- 
rpent  mopstrueusp,  mais  prodigieuse , 
p’pst-à-dire  qui  esf  dut  tout  abbOf- 
renfe  et  contre  nature  :  çomipe  pQdr- 
quoy  sont  faits  ceux  qui  ont  la  fîgurp 
d’yn  ebien,  ef  la  teste  d’vne  volaille, 
vp  aufre  ayant  quatre  pprpes  4  la 
teste ,  yn  aqtre  ayant  quatre  pieds  de 
bfçbf,  ef  les  çuissps  decbiquctées  : 
yp  autre  qyaut  fa  teste  d’vn  perro¬ 
quet  ,  et  deux  papaches  spr  la  teste,, 

faicts  ceux  qui  n’ont  qu’vu  seul  œil  au  mi¬ 
lieu  du  front,  ou  le  nombril,  ou  vne  corne 
à  la  teste,  ou  le  fôye  s’eii  dessus  dessous  : 
Autres  naissent  aians  pieds  de  griffon , 
comme  les  oiseaux,  et  certains  monstres  qui 
s’engendrent  dans  la  mer;  bref,  une  infinité 
d’autres  qui  seroient  trop  long?  à  d’es- 
cripre.  » 

1  Cap.  9. -A.  P. -*1073- 


LE  DlX-WÈVFllblE  LIVRE  , 


4 

et  quatre  griffes  :  autres  d’autres  for¬ 
mes  et  figures ,  que  tu  pourras  voir 
par  plusieurs  et  diuerses  figures ,  cy- 
apres  dépeintes  sur  leur  ligure 

Il  est  certain  qua  le  plus  souuent 
ces  créatures  monstrueuses  et  prodi¬ 
gieuses  procèdent  du  iugement  de 
Dieu  ,  lequel  permet  que  les  peres  et 
meres  produisent  telles  abominations 
au  desordre  qu’ils  font  en  la  copula¬ 
tion  comme  besles  brutes,  où  leur 
appétit  les  guide,  sans  respecter  le 
temps  ,  ou  autres  lois  ordonnées  de 
Dieu  et  de  Nature  :  comme  il  est  es- 
crit  en  Esdras  le  Prophète ,  que  les 
femmes  souillées  de  sang  menstruel 
engendreront  des  monstres 

Pareillement  Moyse  defend  telle 
conionction  au  Leuitique ,  chap.  16. 
Aussi  les  anciens  ont  obseruépar  lon¬ 
gues  expériences  ,  que  la  femme  qui 
aura  conceu  durant  ses  fleurs ,  en¬ 
gendrera  enfans  lepreux ,  ligneux  , 
goutteux ,  escrouëlleurs ,  et  autres , 
ou  sujets  à  mille  maladies  :  d’autant 
que  l’enfant  conceu  durant  le  flux 
menstrual  prend  nourriture  et  ac¬ 
croissement,  estant  au  ventre  de  la 
mere,  d’vn  sang  vicieux ,  sale  et  cor¬ 
rompu  ,  lequel  auec  le  temps  ayant 
enraciné  son  infection ,  se  manifeste 
et  fait  apparoistre  sa  malignité  :  au¬ 
cuns  seront  ligneux,  autres  goutteux, 
autres  lepreux ,  autres  auront  la  pe¬ 
tite  verolle  ou  rougeolle ,  et  autres 
infinités  de  maladies.  Conclusion , 
c’est  vne  chose  salle  et  brutale  d’a- 
uoir  affaire  à  vne  femme  pendant 
qu’elle  se  purge  s. 

‘  Ce  paragraphe  a  été  ajouté  en  1579. 

s  Esdras,  ch.  5.  liv.  4.  —  A.  P.  —  Ici  Unis¬ 
sait  le  chapitre  dans  les  deux  éditions  de 
1673  et  1575,  d’où  l’on  voit  qu’il  était  fort 
court,  ne  consistant  qu'en  cet  unique  para¬ 
graphe.  Le  reste  a  été  ajouté  à  diverses  dates. 

3  Ce  paragraphe  est  de  1585. 


Lesdits  anciens  eslimoient  tels  pro¬ 
diges  venir  souuent  de  la  pure  vo¬ 
lonté  de  Dieu  ,  pour  nous  aduertir 
des  malheurs  dont  nous  sommes 
menacés,  de  quelque  grand  desordre, 
ainsi  que  le  cours  ordinaire  de 
Nature  sembloit  estre  peruerti  en 
vne  si  malheureuse  engeance.  L’I¬ 
talie  en  fit  prenne  assez  suffisante , 
pour  les  travaux  qu’elle  endura  en 
la  guerre  qui  fut  entre  les  Florentins 
et  les  Pisans ,  apres  auoir  veu  à  Ve- 
ronne,  l’an  1254,  vne  iumenlqui pou¬ 
lina  vn  poulain  qui  auoit  vne  teste 
d’homme  bien  formée,  et  le  reste 
d’vn  chenal  *. 

Autre  preuue.  Du  temps  que ^e 
Pape  Iules  second  suscita  tant  de 
malheurs  en  Italie ,  et  qu’il  eut  la 
guerre  contre  le  Roy  Louys  douzième 
(1512), laquelle  fut  suiuied’vne  san¬ 
glante  bataille  donnée  prés  de  Ra- 
uenne  :  peu  de  temps  après  on  veit 
naistre  en  la  mesme  ville  vn  monstre 
ayant  vne  corne  à  la  teste,  deux  ai¬ 
les,  et  vn  seul  pied  semblable  à  celuy 
d’vn  oiseau  de  proye  :  à  la  iointure 
du  genoüil  vn  œil  :  et  participant  de 
la  nature  de  masle  et  de  femelle 

1  Toutes  les  éditions,  à  partir  de  celle 
de  1579,  ajoutent  ici  :  comme  tu  vois  par  cesic 
figure;  après  quoi  vient  une  figure  parfaite¬ 
ment  caractérisée  par  son  titre  :  Figure  d’vn 
poulain  ayant  la  teste  d’homme.  C’est  une  de 
ces  imaginations  absurdes  qu’admettait  la 
crédulité  du  xvi'  siècle,  et  qui  a  même  trou¬ 
vé  des  partisans  beaucoup  plus  tard.  Paré  a 
emprunté  cette  histoire  et  cette  figure  à  Ly- 
costhènes,  ouvr.  cité,  page  438. 

2  Ce  paragraphe  a  été  ajouté  en  cet  en¬ 
droit  en  1579,  mais  il  existait  déjà  en  1573, 
du  moins  en  substance,  à  la  lin  du  chapi¬ 
tre  G.  Là,  comme  ici,  il  était  suivi  du  Por¬ 
trait  d’vn  monstre  merueilleux,  de  tout  point 
en  accord  avec  la  description  fantastique 
qu’on  vient  de  lire.  Si  à  toute  force  on  peiit 
présumer  que  l’histoire  précédente  aurait 


DES  MONSTRES  ET  PRODIGES. 


CHAPITRE  IV. 

EXEMPLE  DE  LA  TROP  GRANDE  QUANTITÉ 
DE  SEMENCE. 

Hippocrates  sus  la  génération  des 
monstres  dit,  que  s’il  y  a  trop  grande 
abondance  de  matière ,  il  se  fera 
grand  nombre  de  portées ,  ou  vn  en¬ 
fant  monstrueux  ayant  des  parties 
superflues  et  inutiles ,  comme  deux 
testes ,  quatre  bras ,  quatre  iambes , 
six  doigts  és  mains  et  pieds ,  ou  au¬ 
tres  choses  :  au  contraire  si  la  se¬ 
mence  defaut  en  quantité ,  quelque 
membre  defaudra ,  comme  n’auoir 
qu’vne  main ,  point  de  bras,  ou  de 
pieds ,  ou  de  teste ,  ou  autre  partie 
defaillante. 

Sainct  Augustin  ‘  dit  que  de  son 
temps  il  nasquit  en  Orient  vn  enfant 
qui  auoit  le  ventre  en  haut ,  toutes 
les  parties  supérieures  doubles ,  et 
les  infeiieures  simples  ;  car  il  auoit 
deux  testes  et  quatre  yeux,  deux  poi¬ 
trines  et  quatre  mains ,  et  la  teste 
comme  vn  autre  homme ,  lequel  ves- 
quit  assez  long-temps. 

Cælius  Rhodiginus  a  escrit  au  liure 
de  ses  antiques  leçons  ^ ,  auoir  veu 
en  Italie  deux  monstres ,  l’vn  masle 
et  l’autre  femelle,  leurs  corps  bien 
parfaits  et  proportionnés  ,  reste  la 
duplication  de  la  teste  ;  le  masle  mou¬ 
rut  peu  de  iours  apres  sa  natiuité ,  et 

pris  son  origine  dans  un  fait  réel  de  quel¬ 
que  monstruosité  mal  observée ,  il  est  cer¬ 
tain,  au  contraire,  que  celle-ci  est  une  pure 
fable  et  n’a  jamais  eu  le  moindre  fonde¬ 
ment.  L’histoire  et  la  figure  sont  égale¬ 
ment  copiées  de  Lycosthénes,  ouvrage  cité , 
page  517,  qui  lui-même  l’avait  pris  de  Rueff, 
De  conceplu  et  generaiione,  1654,  fol.  51. 

1  Chap.  8  de  la  Cité  de  Dieu.  —  A.  P. 

2  Cil.  3,  241iu.  — A.  P. 


5 

la  femelle ,  de  laquelle  tu  vois  ici  le 
pourtrait ,  vesquit  vingt  -  cinq  ans 
apres  :  qui  est  contre  le  naturel  des 
monstres ,  lesquels  ordinairement  ne 
viuent  gueres ,  pource  qu’ils  se  des¬ 
plaisent  et  melancholient  de  se  voir 
ainsi  en  opprobre  de  tout  le  monde , 
si  bien  que  leur  vie  est  briefue. 

Figure  d’vne fille  ayant  deux  testes  i. 


1  Nous  sortonsjcette  fois  du  domaine  de 
l’imagination  pour  entrer  dans  celui  de  la 
réalité;  aussi  ai-je  fait  soigneusement  co¬ 
pier  les  figures  qui  suivent.  Celle  que  l’on 
voit  ici  se  rapproche  beaucoup  de  la  fameuse 
Rita  Christina ,  si  bien  étudiée  par  M.  Geof¬ 
froy  Saint-Hilaire.  [Uist.  des  anomalies  de 
l’organisation,  Paris,  1836,  t.  III  ,  p.  166.) 
J’ai  rétabli  le  titre  de  la  planche  d’après  l’é¬ 
dition  de  1573. 

Du  reste,  Paré  a  probablement  emprunté 


0 


dril  Nnt  îcyhnt’ci’iibcstycosthend 
dsicrit  vhb  ciîbsd  méhièilleüsb  db  fed 
liiriti^trc»  fomoile  :  c<1r  résct-ùb  Id  d’u- 
plioîiildd  de  id  teste,  îlaiurc  ri^y  kdott 
rleh  ôttiiâ  :  ceà  deui  testes  (  dit-il) 
auoîe'nt  iÜeslne  désir  de  boire ,  idan- 
gél*,  bt  dormir ,  et  la  barblle  sembiablë , 
comme  ostbibht  mesmés  toutes  lëtih 
affections.  Cesle  fille  alloit  d’huis  en 
huis  chercher  sa  vie,  et  luy  don- 
noit-on  volontiers  pour  la  nouueauté 
d’vnsiestrangé  et  nouueau  spectacle  : 
toutcsfois  elle  fut  dechassée  à  la  lon¬ 
gue  de  la  duché  de  Bauiere,  parce 
(  disoit  -  on  )  qU’elle  pourroit  gaster 
le  fruict  des  femmes  grosses,  pour 
l’apprehension  et  idées  qui  poür- 
roient  demeurer  en  la  vertu  imagi- 
natiue ,  de  la  figure  de  ceste  créature 
ainsi  monstrueuse  2, 

L’aii  de  grâce  1475  ,  furent  engen^ 
dréës  pareillement  en  Italie,  en  la 
ville  de  Veronne,  deux  filles  conioth- 
tes  par  les  reins ,  depuis  les  espauleS 
iusques  aux  fesses  :  et  parce  que  leurs 
parens  estoieqt  panures ,  elles  furent 
portées  par  plusieurs  villes  d’Italie , 
pour  amasser  argent  du  peuple,  qui 
estoit  fort  ardent  de  voir  ce  nouueau 
spectacle  dë  nature. 

rhistoire  et  lalîgure  de  ce  monstre  à  Boais- 
tuau.ouv.  cité;  folio  128,  verso,;  lequel  avait 
à  soti  tbürcdbié  LycosthèneS,  oùv.  cité,  page 
566. 

1  En  16T3,  Paré  écrivait  :  que  Licosthene , 
g'rànd  philosbphh ,  été.  Il  effaça  cet  éloge  dès 
lS75i 

2  Jl  n’est  bon  que  les  monstres  cohabitent 
entre  noMs,  —  A.  P.  —  Cette  remarque  est 
de  1579. 


Figure  de  deux  filles  gemelles ,  ioiûtes  et  unies 
par  les  parties  postérieures  *. 


L’an  1530,  on  à  vëù  Vh  Ijbrnihe  eti 
ceste  ville  de  paris ,  dii  ventre  duquel 
sorloit  vn  autre  homme  bien  fbrnié 
de  tous  ses  inembres,  reseruéla  testé, 
et  cest  homme  estoit  aagé  de  qhâ- 

1  Cette  figure  jippartient  çncoiçë  a  tÿpô- 
sthènes,  p.4  90,  et  se  trouve  reproduite  à  di¬ 
vers  endroits  de  son  livre  ;  du  reste,  comme 
la  |)têcêdehtè,  éilè  r’ëtlrèsénté  urié  môhstrllo- 
sité  éxactetaé’nt  ôfôetvte.  bh  peill  réHiîii'qtiél' 
qiië  lés  dèÜk  sûjlîtfe  sont  dcbollia  ^dr  leiirs 
partiel  sèbibiRBles,  èüivànt  là  lél  établie 
par  M.  Sétrès.  fôÿezëbn  ouvtaglpi  Éehherchès 
d’gnatoŸniè  irtinse'enàani'e  et  p'àïhôïo’gtiiïè,  Pa¬ 
rts  ,  1832,  111-4“  ët  Ülaé  ih-folio;  et  ihén 
Anatomie  chtriirgicdlc,  Paris,  1838, 1. 1,  p.  54. 
—  On  trouve  une  figure  piirclllc  dans  Rüeff, 
De  concept,  et  gene)iiio‘lte,  155^,  îot.  4fi. 


DE8  MbNSTRÈS 

rante  ans  dü  enüiipbn,  el  pbrtbit  àilasi 
CG  corjis  ehtfe  Sdsbl-asjâuecsi^ràhdie 
merueillë;  que  le  nidilldbs’asSenibloit  à 
grandes  troüpëâ  bbUir  le  tWI-  :  la  figuré 
duquel  t’est  iby  repfc^ntéô  ail  vif. 

Figurt  d’vfi  hommè,  ïïu  ventile  âuqUel  sohôii 
m  aüt're  h'o'fMne  1. 


En  Pîedmont  en  la  ville  de  Quiers, 
distante  de  Thurin  enuiron  de  cinq 
lieues,  vne  honneste  dame  accoucha 
d’Vn  monstre  lé  dix-septiéme  iour  de 
iàniiier  à  huit  heuires  dh  Sdir ,  cteSte 
priésëhté  iapiiéé  1578  ,  Jâ  face  èfetaüt 

1  Par^  ^'é  'dit  pàs  qu’il  ait  vil  lui'-Wenié 
ce  monstre  J  il  1’^  mà^féstemcnt  çonié  Üé 
hoaistuaü ,  qui  dit  l’avoir  vu  à  vàlçncç  ei| 
1530 ,  et  qui  conséquemtpèht  lè  dëcnVïiit  idé 
tnéinôiré  après  üh  long  teni'ps  èfcoûfèj  oüv. 


ET  PHODIGES.  ^ 

bitett  héopdrliohnée  én  tnhte'i^  ’^pShRT- 
tiek.  11  a  esté  ttibhslruédk  Üh  îéstia  dé 
la  teste,  en  c,e  qu’il  en  sor toit  cinq 
cornes  approchantes  à  cëlles  d’un  bé¬ 
lier,  rengées  les  'Vnes  çdntré  les  au¬ 
tres  aii  haut  du  front  ;  et  au  dérriere 
vne  longue  piecO  de  chair  pen\iante 
le  long  du  dos ,  en  maniéré  d’vn  cha¬ 
peron  de  damoiselle.  Il  auoit  ai^tour 
de  sdn  col  vue  piece  4e  chair  double 
couci]|ée  en  la  maniéré  d’vn  collet  de 
chemise  tout  vni,  les  extrémités  des 
doigts  rçssembians  aux  griffes  ^e  quel¬ 
que  oiseau  de  proye,  lek  genoux  aux 
iarrets.  Le  pied  et  la  jambe  droite  es- 
toient  d’vn  rouge  fort  haut  en  cou¬ 
leur  :  le  reste  du  corps  estoit  de  la 
couleur  d’vn  gris  enfumé.  .dit  qu,’à 
la  naissance  de  cç  mpnstre  qu,’il.|ettf 
yn  grand  cry,  qui  estonna  ,tellem.ent 
la,  sage-femme  et  toute  la  compagnie, 
que  l'effroy  qu’i|s  en  eurent  leur,  fli 
iquiîter  le  log|s.  Dont  la  nonuelle  e|.-j 
tapt  venue  ipstjnes  à  naonsiery;  le 
ppnce  de  Piedmont,  pour  1^  de^ic 
qu’il  auoif  de  le  voir  ,  l’enuoya.  ijucT 
rir,  en  ia  presence  duquel  plusieurs 
en  firent  diuers  iugemens  L 

Ce  présent  monslr.e  que  .yçÿe?.  py 
dépeint  a  ,esté  trpnué  dedans, pp 
qyant.  la  face  et  yisàge  J’vn  hpujlùé  > 
tous  les  cheueüx  de  petits  serpeh- 

citè,  fol.  sb,  baps  fous  les  cas  11  è4  inèni- 
ment  probable  duè  réhiarit  pàrksité,  l’îl 
émergeait  du  ventre  ,  p’ayait  que  l’jibdoroen 
et  les  membres  îüfèri'éûrs.  Le  mon|tré  '4ç 
henais,  que  M.  Lisfrane  avait  eil  Tid^p  4’‘0- 
pérer,  i^tait  *prës;(]|U,‘6  eh  tout  semblable  à  cé- 
iüi-ci. 'V'ôféz  mon  \Èmi6mie  î.  ï,  fo  'S-* 

tyCpsthènés,  ouV.  cité,  fo  ^24,  dûbhe  uhh 
iégur'e  toüle  pareille,  jcomhiè  là  réprésen- 
tÀlion  d’un  bofonié  qui  fut  vu  èn  Savoie 
kn  15lé. 

1  Céifo  Histoire,  coihinë  oh  àürait  hh  le 
présumer  d’âprés  sa  dhte,  à  étié  ajoutée  par 
ràütéur  dans  'son  ^ditioni  de  l^O.  Ü  est  pro» 


LE  1)IX“NEVFIEME  LIVRE, 


feaux  tous  vifs,  et  la  barbe  à  la  mode 
et  façon  de  trois  serpcns  qui  luy  sor- 


toîent  hors  du  menton  :  et  fut  trouué 
le  quinziéme  iour  du  mois  de  mars 
dernier  passé,  1569,  chez  vn  aduocat 
nommé  Baucberon ,  à  Authun  en 
Bourgongne ,  par  vne  chambrière  qui 
cassoit  des  œufs  pour  les  mettre  au 
beurre ,  entre  lesquels  cesluy-ci  es¬ 
tait  :  lequel  estant  cassé  par  elle,  veit 
sortir  ledit  monstre ,  ayant  face  hu¬ 
maine,  les  cheueux  et  barbe  de  ser- 
pens,  dont  elle  fut  merueilleusement 
espouuentée.  Et  fut  baillé  de  la  glaire 
dudit  œuf  à  vn  chat,  qui  en  mourut 
subitement.  De  quoy  estant  aduerti 
monsieur  le  baron  deSenecey  cheua- 
lier  de  l’ordre,  a  esté  de  sa  part  en- 
uoyé  ledit  monstre  au  roi  Charles , 
qui  pour  lors  estait  à  Metz 

bable  qu’il  s’agissait  d’une  encéphalocèle  pos¬ 
térieure  ;  pour  les  autres  phénomènes ,  ils 
ont  été  certainement  grossis  ou  défigurés 
par  la  peur  ou  la  crédulité.  Paré  ajoutait  : 
La  figure  l'est  icij  représentée  apres  le  naturel  ; 
mais,  malgré  cette  annonce  fastueuse,  la  pré¬ 
tendue  ligure  d’après  nature  était  si  mani¬ 
festement  imaginaire  et  ridicule  que  je  n’ai 
pas  hésité  à  la  supprimer.  J’ignore  du  reste 
à  quel  auteur  il  a  pu  l’emprunter. 

1  Malgré  la  date  de  cette  histoire ,  elle  ne 


L’an  1546,  à  Paris  vne  femme  grosse 
de  six  mois  enfanta  vn  enfant  ayant 
deux  testes,  deux  bras,  et  quatre 
iambes,  lequel  i’ouuris,  et  n’y  trou- 
vay  qu’vn  cœur  (lequel  monstre  est 
en  ma  maison ,  et  le  garde  comme 
chose  monstrueuse  *)  :  partant  l’on 
peut  dire  n’estre  qu’vn  enfant. 

Figure  d’un  enfant  ayant  deux  testes ,  deux 
bras  et  quatre  iambes. 


se  trouve  pas  dans  l’édition  de  1573,  et  a 
été  ajoutée  seulement  en  1679.  Elle  est  fon¬ 
dée  sur  quelque  chose  de  réel ,  sans  doute  , 
et  l’on  a  trouvé  quelquefois  dans  des  œufs 
des  figures  bizarres.  Mais  évidemment  l’ima¬ 
gination  la  plus  crédule  a  pu  seule  inventer 
cette  tête  d’homme  avec  des  cheveux  et  une 
barbe  de  serpents. 

‘  Cette  parenthèse  manque  dans  toutes 


DES  MONSTRES 

Aristote  dit qu’vn  monstre  ayant  ] 
deux  corps  ioints  ensemble ,  s’il  est 
trouud  auoir  deux  coeurs,  on  peut  vé¬ 
ritablement  dire  estre  deux  hommes 
ou  femmes  ;  autrement  s’il  est  trouué 
n’auoir  qu’vn  cœur  auec  deux  corps, 
ce  n’est  qu’vn.  La  cause  de  ce  mons¬ 
tre  pouuoit  estre  famé  de  matière  en 
quantité,  ou  vice  de  la  matrice  qui 
estoit  trop  petite ,  parce  que  nature 
voulant  créer  deux  enfans  ,  la  trou- 
uant  trop  estroilte,se  trouue  man¬ 
que,  de  façon  que  la  semence  estant 
contrainte  et  serrée ,  se  vient  lors  à 
coaguler  en  vn  globe,  dont  se  forme¬ 
ront  deux  enfans  ainsi  ioints  et  vnis 
ensemble. 

L’an  1569,  vne  femme  de  Tours  en¬ 
fanta  deux  enfans  gemeaux ,  n’ayans 
qu’vne  teste,  lesquels  s’en tre-embr as¬ 
soient  :  et  me  furent  donnés  secs  et 
anatomisés  par  maistre  René  Ciret , 
maistre  barbier  et  chirurgien,  duquel 
le  renom  est  assez  célébré  par  tout  le 
pays  de  Touraine ,  sans  que  je  luy 
donne  autre  loüange*. 

les  éditions  du  vivant  de  Paré,  et  se  lit  pour 
la  première  fois  en  1598.  Toutefois  on  peut 
la  regarder  comme  authentique,  d’après  la 
note  marginale  que  nous  reproduisons  plus 
bas. 

'  Aristote  en  ses  probl. ,  et  4  chap.  du 
liu.  4,  de  Gener.  animal.  — A.  P. 

2  Ces  deux  monstres  derniers  sont  en  la  pos¬ 
session  de  l’aiuheur.  —  A.  P.  —  Celte  note 
existe  déjà  dans  l’édition  de  1573. 

On  peut  remarquer,  à  l’occasion  de  cette 
figure  et  de  la  précédente,  que  quand 
A.  Paré  a  lui-même  observé  les  sujets,  ses 
descriptions  n’accordent  rien  à  l’imagina¬ 
tion,  et  que  ses  figures  pourraient  encore 
être  reproduites  parmi  les  plus  exactes  dans 
les  ouvrages  les  plus  modernes. 


ET  PRODIGES.  9 

Figure  de  deux  gemeaux  n'ayant  qu’une  seule 
teste. 


Sebastien  Munster  escrit  auoir  veu 
deux  filles  l’an  1495,  au  mois  de  sep¬ 
tembre,  prés  de  Wormes ,  au  village 
nommé  Bristant ,  lesquelles  auoient 
les  corps  entiers  et  bien  formés,  mais 
leurs  fronts  s'entretenoient  ensemble, 
sans  que  par  artifice  humain  on  les 
peust  séparer,  et  s’entre-touchoient 
presque  du  nez  :  et  vesquirent  iusques 
à  dix  ans,  et  lors  en  mourut  vne ,  la¬ 
quelle  fut  ostée  et  séparée  de  l’au  tre  : 
et  celle  qui  demoura  viue  mourut 
tost  après ,  quand  on  sépara  sa  sœur 
morte  d’auec  elle  ,  pour  la  playe 


io  ’tÈ  ibîk-NEVFii^Miî 

qu’elle  axioit  receuë  rte  la  séparation  : 


la  figure  desquelles  t’est  icy  représen¬ 
tée 

Figure  dedeuxfiHÛqemlles,  l^equelles  s’en- 
treleno^ent  pür  le  frà'ni\ 


deux  cnWns  ainsi  figurée  ,  reïnait|üés 
pai‘  les  chirurgiens  pour  maslc  ot  fe- 
mfelle,  et  furent  baptisés  à  S.  Nico¬ 
las  des  Chamois,  et  noinihxîs  Loys  et 
Ldÿse.  Leur  pere  auoit  nom  Pierre 
Germain  i  dit  Petit-Dieu,  de  soit  raes- 
tier  aide  à  maçon,  et  leur  mere 
Matthéé  Perrielle. 

Figure  dedevx  enfans  monstrueux,  rfagueres 
nés  à  Paris. 


L’ati  l57b ,  le  20.  ïour  de  iüillelt,  à 
i^dHs,  rue  dës  Graufelliers,  à  l’ehsei- 
|tle  4e  la  Clocîxë,  nasquirent  Ces 

. .1  foutes  les  éditions  complètes,  à  partir 
de  celle  delS79',  pprlenf;  :  t’pst  icy  [dessus  rq- 
preseniee  -,  et  en  effet  la^  figure  est  avant  le 
texte  coinme  la  plupart  des  précédentes.  J’ai 
préféré  la  réduction  et  l’arrangement  des 
figiirèS  dél’éilitiok  {)rimitivé  4é  iWS.  Dii 
reste ,  malgré  la  citation  ambitieuse  de  Sé¬ 
bastien  Munster,  l’histoire  et  la  figure  sont 
prises  de  Lycosthènes,  ouvr.  cité  ,  p.  5,04. 


Le  lundÿ  dixiéirië  loùr  4e  iuîllët 
ipil  cipq  cens  soixante  et  doixze,  en  la 
ville  du  Pont  de  S,ée ,  prés  d’Angers , 
nasquirent  deux  enfgns  femelles,  les¬ 
quels  vesquirent  demie  heure  et  re- 
ceurent  haptesme  :  et  estolen’t  bien 
formés,  fors  qu’vhe  main  senestro 
h  auoi  seulement  que  quatre  doigts  t 
et  estoient  codioiht.^  ensemble  én  leurs 
parties  anterieures,  â  SëàÜoir,  depxü^ 
le  menton  iusques  à  l’ombilic,  et  n’a- 
uoient  qu’un  seul  nombril,  et  un  seul 
cœur,  le  foye  diuisé  en  quatre  lobes. 


DES  MôîvstftkS 

Figure  de  deux  filles  iointes  ensemble  j  h’a-  i 
gueres  nées  en  la  Ville  du  Pont  de  Sée,  prés 
Angers  i,  1 


Csfelitls  lihb'di^inus  ;  bhapître  tifbî- 
éiértie  >  liüt-e  tiri^t-quatriiéhie  dë 

l^àhà^  ësfcrft  ijlfll  Alt  jjrë- 
duit  un  monstre  â  Fétrarë  eii  Italie  { 
l’an  de  grâce  mil  cinq  cens  quarante, 
le  dix-peuqiéme  ipur  de  Mars,  lequel 
lors ,  qu’il  fut  enfanté ,  estçit  aussi 
grand  et  bien  formé  que  s’il  eust  eq 
duatfê  mois  accothplîfe,  ayant  le  sexe^ 
féihinih  ët  Imdsbüliri ,  (et  deüx  testes  ; 
rihe  dé  iüMe ,  et  raütfé  dë  feniellë. 

1  Ryetr,  ouvragé  cité,  folio  44  et  45,  dénué 
deux  ligures  presque  semblables ,  coinme  la 
représentatioh  de  mbnstt-es  observés  à  Scimf-* 
fouso  et  à  Einsidleu  en  1543  et  1653; 


fe'i'  i*kODTt’ES.  il 

l^oriraït  'à’vn  rn'onstre  ayant  deux  ieàes 
l’vne  de  masle  et  Vautre  àe  femelle  i. 


loüîanus  Pontaiiüs.  escrit  que  l’an 
mîlciiiqbensyingt-nëüf,  lë  neufléihe 
deianuier,  il  fut  veu  en  Allemagne 
un  enfant,  masle  ayant  quatre  bras 
et  (Quatre  iàmbës ,  duquel  tu  vois  iby 
le  pôrtrak. 

1  Véifi  certainement  une  de  ces  mons¬ 
truosités  réellement  observées ,  mais  défi¬ 
gurées  par  l’ignorance.  On  sait  que  la  plu¬ 
part  des  monstres  sont  du  sexe  féminin  :  on 
sait  aussi  que  cheî;  les  foetus  peu  avancés , 
avec  ou  sans  monstruosité,  je  clitoris  proé- 
mine  de  manière  à  simuler  assez,  bien  la 
verge.  Un  observateur  superficiel  aura  cru 
voir  une  verge  et  une, vulve,  à  la  fois.,  consé¬ 
quemment  wn  bermapbroditqj  et  plus  tard 


LK  DIX-NEVFI^ME  LIVRE, 


Figure  d’vn  enfant  masle  ayant,  quatre  bras  et 
quatre  iambes. 


La  mesme  année  que  le  grand  roy  i 
François  fit  la  paix  auec  les  Soüis-  | 
ses,  nasquit  en  Allemagne  vn  mons¬ 
tre  ayant  vne  teste  au  milieu  du  ven¬ 
tre  :  iceluy  vesquit  iusques  en  Faage 
d’iiomme  :  icelle  teste  prenoit  aliment 
comme  l’autre  1. 

le  dessinateur,  faisant  son  esquisse  d’après 
le  texte ,  n’a  trouvé  rien  de  mieux  que  de 
figurer  la  vulve  d’un  côté,  la  verge  et  les 
testicules  de  l’autre.  J’ai  dû  cependant  me 
conformer  à  la  figure  de  Paré,  et  j’en  ai  tou¬ 
jours  agi  ainsi  à  l’égard  des  figures  que  j’ai 
conservées. 

1  Cette  histoire  est  empruntée  à  Lycosthê- 
nes,  qui  la  rapporte  à  l’année  i51G  (ouvr. 
cité  ,  page  521  ),  et  il  l’avait  probablement 
copiée  d’après  Rueff,  De  conceptu  et  generu- 
tione,  etc.,  1554,  page  44.  La  seule  différence 
est  que  dans  Rueff  la  face  de  l’individu  en¬ 
tier  est  celle  d’un  enfant,  tandis  que  dans 


Figure  d’vn  homme  ayant  vne  teste  au  milieu 
du  ventre. 


Le  dernier  iourde  Feburier  1572, en 
la  paroisse  de  Viaban ,  sur  le  chemin 
de  Paris  à  Chartres,  au  lieu  des  peti¬ 
tes  Bordes,  une  femme  nommée  Cy- 
priane  Girande ,  femme  de  Jacques 
Marchant  laboureur,  accoucha  de  ce 
monstre ,  lequel  vesquit  iusques  au 
dimanche  ensuiuant  ^ 

Lycosthènes  et  Paré  elle  est  d’un  homme. 
Du  reste ,  l’histoire  et  la  figure  sont  très 
probablement  imaginaires.  Il  n’existe  pas 
d’observation  authentique  d’une  pareille 
monstruosité,  et  l’on  peut  tout  au  plus  pré¬ 
sumer  qu’il  s’agissait  d’un  monstre  analo¬ 
gue  à  celui  de  la  page  7. 

1  Rueff  a  une  figure  presque  absolument 
semblable ,  ouv.  cité,  fol.  47 ,  qu’il  rapporte 
à  un  individu  observé  en  Angleterre  en  1552. 
Lycosthène  a  copié  l’histoire  et  la  figure  de 
1  Rueff  à  la  p.  G 19  de  son  livre. 


des  monstres  et  prodiges. 


i3 


Porlrail  de  deux  enfam  bien  monstrueux,  ausquets  vn  seul  sexe  féminin  se  manifeste. 


L’an  1572,  le  lendemain  de  Pas-  costé  :  leurs  sexes  estoient  mal  distin- 
ques ,  à  Mets  efl  Lorraine ,  dans  l’hos-  gués,  de  façon  qu’on  ne  pouuoit  con- 

tellerie  du  Sainct-Esprit,  vne  Iruye  noistre  s’ils  estoient  masles  ou  fe- 

cochonna  vn  cochon  ayant  huict  iam-  melles  :  ils  n’auoient  chacun  qu’vn 

bes,  quatre  oreilles,  la  teste  d’yn  conduit  sous  la  queue  :  la  figure  du- 

vray  chien,  les  derrières  des  corps  quel  t’est  demonstrée  par  ce  portrait, 
séparés  iusques  à  l’estomac ,  et  depuis  lequel  puis  n’agueres  m’a  esté  enuoyé 
ioints  en  vn,  ayant  deux  langues  si-  par  monsieur  Bourgeois,  Docteur 
tuées  au^ rauers de  la  gueule,  et auoit  en  Medecine,  homme  de  bon  sça- 
quatre  grandes  dents,  sçauoir  est  au-  uoir  et  bien  expérimenté  en  icelle, 
tant  dessus  que  dessous ,  de  chacun  demeurant  en  ladite  ville  de  Mets. 


Figure  d’un  cochon  monstrueux,  nay  à  Mets  en  Lorraine, 


J  4  PI^-NEY 

A  çQsj^  endfp.H 

hors  de  propos  d’escrire  des  femmes 
qui  portent  plusieurs  enfans  d’vne 
-ventrée 


CHAPITRE  V. 

DUS  FEMI«ES  QVI  PORTENT  PLVSIEVRS 
ENFANS  d’vne  VENTREE. 

Le  commun  accouchement  des  fem¬ 
mes  est  vn  enfapt,  toutesfois  on  voit 
(comme  le  nomîbrç  des  femmes  est 
grand  )  qu’elles  accouchent  de  deux , 
que  l’on  appelle  gémeaux,  ou  bessons  : 
il  y  en  a  qui  en  accouchent  de  trois, 
qpatre^  cinq,  six,  Çt  plus,. 

Einpedo'cles  dît  <ï,ue  lors  qu’il  y  a 
grande  quanti|é  #d^ence ,  il  sérail 
p,%alitd  d’dqfdd^^  AdRes,  cujqme 
les  Stoijdues,  disent  qu’ils  s’engen¬ 
drent  pour  ce  qù’éd  la  matriçpii  y  g 
plusieurs  cellules  ,  sÇRdïdÜous.  et 
cauités,  et  quand  la  sèjneqçe  eft  es- 
panduq  en  icelles ,  il  se  fait  plusieurs 
enfâus.  TouWsfàia  ÇPid 
en  la  patrice  de  Iq  fepiU.®  d,  M.  ^ 
trouue  qu’vne  seule  cauité  :  mais  aux 
bestes ,  comme  chiennes,  pourceaux, 
et  autres,  il  y  a  plüsieürs  cellules,  qui 
est  cause]  qu’elles  portent  plusieurs 
petits. 

Aristote  a  escrit  que  la  femme  ne 
pouuôit  enfanter  d’vne  portée  plus  de 

1  Cette  phrase  se  lit  dans  l’édition  de  1573  ; 
dans  telle  de  elle  devint  le  titre  du 
chapitre  suivant,  bien  que  le  titre  actuel 
existât  déjà  dès  1573;  et  enfin  elle  a  été  effa¬ 
cée  dans  toutes  les  autres.  Je  l’ai  rétablie  ici, 
parce  qu’elle  fournit  au  moins  une  appa¬ 
rence  de  transition  entre  ce  chapitre  et  le 
suivant.  La  succession  est  d’ailleurs  assez  lo¬ 
gique,  puisque  la  plupart  des  monstruosités 
décrites  dans  ce  thapitre  gont  des  fusions  de 
deux  jumeaux. 


îdYRl?, 

cinq  enfant  :  toulesfois  cola  est  ad- 
uenu  en  la  semante  d’Auguste  César, 
que  d’une  portée  elle  accoucha  de 
cinq  enfans,  lesquels  (non  plus  que 
la  mere  )  ne  vesquirent  que  bien  peu 
de  temps. 

L’an  1554,  à  Berne  en  Soüisse,la 
femme  de  lean  Gislinger,  Docteur, 
enfanta  pareillement  d’vne  portée 
cinq  enfans,  trois  maslés  et  deux  fe¬ 
melles  C 

Albucrasis  dit  estre  certain  d’vne 
dame  qui  en  auoit  fai[t  sept  :  et  d’une 
autre,  laquelle  s’estant  blessée,  auorta 
de  quinze  bien  formés.  Pline,  ch.  ii, 
liv.  7,  fait  mention  d’une  qui  en  auorta 
de  douze.  Le  mesme  autheur  dit  que 
l’on  a  veu  à  Peloponnese  vne  femme 
qui  accôücha  quaitrefois,età  chaque 
portée  de  cirttf  erifarfs ,  desquels  la 
pluspart  vesquirent. 

Dalechanàps,  en  sa  Chirurgie  Fran¬ 
çoise,  ch.  Lxxiv,  feuil.  448  ,  dit  qu’vn  , 
gentilhomme  nommé  Bonauenture 
Sauelli,  Siènriois,  luy  a  affermé  qu’une 
sienne  esclaue,  (^u’il  entre(,|noit,  fit 
sept  enfans  d’une  portée ,  desquels 
quatre  furent  baptisés.  Et  de  notre 
temps,  entre Sarteét  Maine,  parroisse 
de  Seaux,  près  Chambellay,  il  y  a  une 
mqisqn  dp  genlilho(nme  appellée  la 
Maldemeure,  duquel  la  femme  eut  la 
première  année  qu’elle  fut  mariée, 
deux  enfans ,  la  seconde  année  trois , 
la  troisième  quatre,  la  quatrième  cinq, 
la  cinquième  six,  dont  elle  mourut  : 
il  y  a  vn  desdits  six  epfans  viuant , 
qui  est  auiourd’huy  sieur  dudit  lieu  de 
Maldemeure. 

ABeaufort  en  vallée,  pays  d’Anjou, 
vne  ieune  femme  ,  fille  de  feu  Macé 
Chauniere,  accoucha  d’un  enfaqt ,  et 

1  Cette  histoire  est  empruntée  à  Lyco- 
sthènes,  p.  644,  d’après  lequel  j’ai  recplié  le 
nom  de  Gislinger  dont  leg  imprimeurs  de 
Paré  avaient  fait  Gdinger. 


DES  ]\pNST;iES 
huict  tliîf  ioui  s  apres  d’vn  autre,  ■ 
qu’il  luy  fallut  tirer  hors  lë  ventre, 
ciont  clip  en  mourut. 

Mavtinus  Cromejrus  au  iiure  9.  de 
l’iiistoqe  de  l’pulpngne,  esprit  p^u’en 
la  prpvincè  de  Çracouie,  ü^arguerite, 
dafïip  fort  Ycrtueüse  et  de  grande  et 
ancienne  maison  ,  femme  d’vn  comte 
di^  Vipbps.laüs ,  accoucba  Ip  xx.  iour 
c|e  lanuîer  1269,  d’vne  ventrée  de 
tpente  ^ix:  ppfans  vift. 

Fraqciscus  Ficus  ^irantlula  esprit 
p[u’Yne femige  en  Italie,  nommée  1)0- 
rpih^,  accoucha  ep  deux  fois  4é 
vingt  enfans ,  à  sçauoir,  de  neuf  en 
vne  fois,  et  (l’onze  à  l’autre  :  laquelle 
pprtapt  vp  si  grancl  fardeau ,  estoi't  si 
grosse  qu’elle  sousienoit  sppî  ventre,' 
qui  îuy  descendoit  iüsgpés  aux  ge- 
noüils ,  auec  vne  grande  bandé , 
qui  luy  prenoif  au  col  et  aux  espau- 
Ips*.  ‘  ' 

Or  quppt  à  la  raison  tl6  la  multi¬ 
tude  des  enfans,  quelques -vps  du 
tout  ignares  de  l’apatoniie  ont  voulu 
persuader  qu’en  la  mptriçe  de  la 
femme  il  y  auoit  plusieurs  cellules 
et  sinus,  à  sçauoir  sept  :  trpis  pu  cpsté 
(froit  pour  les  masles,  trois  au  gauçlie 
pour  les  femelles,  et  le  septiépie 

1  Toutes  les  éditions  ajoutent  :  comme  tu 
vois  pa-f  ce  portrait;  et  elles  donnent  en  ètTét 
la  figure  d’une  femme  avec  un  ventre  énor¬ 
mément  grossi  et  soutenu  par  la  bande  in¬ 
diquée.  Paré  a  copié  cette  figure  dans  Ly- 
côsthèaes ,  où  elle  est  reproduite  au  moins 
cinq  ou  six  fois  ;  je  t’ai  retranchée  comme 
étant  de  pure  fantaisie  et  d’ailleurs  inutile 
pour  l’intelligence  du  texte.  C’est  aqssi  (i’a- 
près  Lycosthènes,  p.  G44,  qu’il  rapporte  l’his¬ 
toire  de  Dorothea.  J’ajouterai  qu’immédiate- 
ment  après  cette  figure,  dans  tes  éditions 
de  1573  i't  1575,  venait  l’histoire  de  l’épita¬ 
phe  fie  Yolande  Bailly,  rèponée  depuis  au 
chapitre  44  du  livre  de  la  Génération,  Voy. 
t.  u,p.  736. 


E'T  PRODIGES.  y  5 

droit  au  piilieu  pour  les  hermafro- 
dités  :  mesme  que  ce  mensonge  a  esté 
aulhorisé  iusqueslà,  que  qdelques- 
j  Vps  par  après  ont  affermé  vne  cha¬ 
cune  de  ces  sept  caultés  estre  derechef 
diuisée  en  dix  autres  :  et  de  là  ils  ont 
;  tiré  la  multitude  des  enfans  d’vnë 
Yentrée ,  dé  ce  que  diuerses  portions 
(le  la  semence  estoient  escartées  et 
receuës  en  plusieurs  cellules  K  Mai^ 

:  telle  chose  n’est  appuyée  d’aucune 
j  raison  et  authorité,  aîns  est  côntraire 
I  au  seps  et  à  la  véuë,  hien  qùé  Hip- 
,  pôcrates  semble  auoir  esté  de  céste 
i  opinioh  au  Iiure  De  natùra  puéfil 
i  mais  Aristote,  Iiure  i ,  chapitre  4,  De 
I  genéràtiàne  ammai.,pense  qu’il  se  fait 
]  des  îumeaux,  ou  plusieurs  enfâhy 
i  d’une  ventrée ,  de  mesme  sorte  qu’ vn 
!  sixième  doigt  en  la  main ,  à  sçaüëif, 
i  pour  la  redondance  de  la  matière , 
j  laquelle  estant  éh  grande  abondance, 
j  si  elle  vient  à  se  diuiser  en  deux, 
j  il  sè  fait  des  iupieaux. 

Il  ih’a  semblé  bon  qu’à  cest  en- 
I  droit  îé  descriüé  des  herniafrodites , 
à  causé  qu’ils  viennent'aussi  de  süpér- 
abondance  de  matière.  ' 


CHAPITRE  VL 

DES  HERMAFRODITES  OU  ANDROGYNES  , 
C’ESt-A-DIRE,  QUI  EN  VN  MESME  CORPS 
ONT  DEUX  SEXES. 

Les  hermafrodites  ou  androgynes 
sont  des  enfans  qui  naissent  auec 
double  membre  génital ,  Pvn  niascu- 
lin,  l’autre  féminin,  et  partant  sont 

1  II  a  'déjà  parlé  de  celte  opinion ,  mais 
avec  moins  de  détails  au  commencement  du 
chapitre  ;  du  reste ,  ce  paragraphe  a  été 
ajouté  en  1575. 


le  DIX-NEVFIÉME  LIVRE, 


x6 

appelés  en  notre  langue  françoiso, 
hommes  et  femmes  K 
Or  quant  à  la  cause  ,  c’est  que  la 
femme  fournit  autant  de  semence 
que  l’homme  proportionnément ,  et 
pour-ce  la  vertu  formatrice,  qui  tous- 
iours  tasche  à  faire  son  semblable,  à 
sçauoir  de  la  matière  masculine  vn 
masle ,  et  de  la  féminine  vne  femelle, 
fait  qu’en  vn  mesme  corps  est  trouué 
quelquesfois  deux  sexes,  nommés 
hermafrodites.  Desquels  il  y  a  quatre 
différences,  à  sçauoir,  hermafrodite 
masle ,  qui  est  celuy  qui  a  le  sexe  de 
l’homme  parfait ,  et  qui  peut  engen¬ 
drer  ,  et  a  au  perinæum  (  qui  est  le 
lieu  entre  le  scrotum  et  le  siégé  ^  )  vn 
trou  en  forme  de  vulue ,  toutesfois 
non  pénétrant  au  dedans  du  corps,  et 
d'iceluy  ne  sort  vrine  ne  semence. 
La  femme  hermafrodite,  outre  sa 
vulue  qui  est  bien  composée ,  par  la¬ 
quelle  iette  la  semence  et  ses  mois, 
a  vn  membre  viril,  silué  au-dessus 
de  ladite  vulue  ,  près  le  penil ,  sans 
prepuce  :  mais  vne  peau  delièe ,  la¬ 
quelle  ne  se  peut  renuerser  ne  retour¬ 
ner  ,  et  sans  aucune  érection  ,  et  d’i- 
celuy  n’en  sort  vrine  ny  semence ,  et 
ne  s’y  trouue  vestige  de  scrotum  ne 
testicules.  Les  hermafrodites  qui  ne 
sont  ne  l’vn  ne  l’autre ,  sont  ceux  qui 
sont  du  tout  forclos  et  exempts  de 
génération ,  et  leurs  sexes  du  tout  im¬ 
parfaits,  et  sont  situés  à  costé  l’vn 
de  l’autre ,  et  quelquesfois  l’vn  des¬ 
sus  et  l’autre  dessous ,  et  ne  s’en  peu- 
uent  seruir  que  pour  ietter  l’ vrine. 
Hermafrodites  masles  et  femelles ,  ce 
sont  ceux  qui  ont  les  deux  sexes  bien 


formés ,  et  s’en  peuuent  aider  et  ser¬ 
uir  à  la  génération  :  et  à  ceux-cy  les 
lois  anciennes  et  modernes  ont  fait  et 
font  encore  eslire  duquel  sexe  ils 
veulent  vser,  auec  defense,  sur  peine 
de  perdre  la  vie,  de  ne  se  seruir  que 
de  celuy  duquel  ils  auront  fait  élec¬ 
tion  ,  pour  les  inconueniens  qui  en 
pourroient  aduenir.  Car  aucuns  en 
ont  abusé  de  telle  sorte ,  que  par  vn 
vsage  mutuel  et  réciproque ,  paillar- 
d  ient  de  l’vn  et  de  l’autre  sexe  :  tan- 
tost  d’homme ,  tantost  de  femme  ,  à 
cause  qu’ils  auoient  nature  d’homme 
et  femme  ,  proportionnée  à  tel  acte , 
voire  comme  descrit  Aristote,  leur 
tetin  droit  est  ainsi  comme  celuy  d’vn 
homme,  et  le  gauche  comme  celuy 
d’vne  femme  L 

Les  médecins  et  chirurgiens  bien 
experts  et  auisés  peuuent  connoistre 
si  les  hermafrodites  sont  plus  aptes  à 
tenir  et  vser  de  l’vn  que  de  l’autre 
sexe,  ou  des  deux ,  ou  du  tout  rien. 
Et  telle  chose  se  connoistra  aux  par¬ 
ties  génitales  ,  à  sçauoir  si  le  soa;  fé¬ 
minin  est  propre  en  ses  dimensions 
pourreceuoirla  verge  virile,  et  si  par 
iceluyfluent  les  menstrues  ;  pareille¬ 
ment  par  le  visage  ,  et  si  les  cheueux 
sont  délies  ou  gros  :  si  la  parole  est 
virile  ou  gresle,  si  les  tetins  sont  sem¬ 
blables  à  ceux  des  hommes  ou  des 
femmes  :  semblablement  si  toutel’ha- 
bitude  du  corps  est  robuste  ou  effé¬ 
minée  ,  s’ils  sont  hardis  ou  craintifs 
et  autres  actions  semblables  aux 
masles  ou  aux  femelles.  El  quant 
aux  parties  génitales  qui  appartien¬ 
nent  à  l’homme ,  faut  examiner  et 


1  Androgyne  en  grec  signifie  homme  et 
femme,  et  femme  et  homme,  —  A.  P. 

2  Cette  définition  est  exacte  j  malheureu¬ 
sement  Paré  en  a  ajouté  en  marge  une  autre 
qui  l’est  moins  et  que  voici  ;  Perinæum , 
c’eut -à-dire  l’enlrefesson. 


du..  pro.a  et4  -  Paul,  liure  G,  chap  fit). 
-  Plin  hu.  7,  chap.  2.  -  a.  P.  _  1579 
J  ai  fait  voir  ci-devant,  page  H  com¬ 
menta  pu  venir  celte  idée  absurde  d’bcrma- 

Phrodites  ayant  la  vulve  à  côté  de  la  verge 


DES  MONSTRES 

voir  s’il  y  a  grande  quantité  de  poil 
au  penil  et  autour  du  siégé  ;  car  com¬ 
munément  et  quasi  tousiours  ,  les 
femmes  n’en  ont  point  au  siégé  :  Sem¬ 
blablement  faut  bien  examiner  si  la 
verge  virile  est  bien  proportionnée 
en  grosseur  et  longueur,  et  si  elle  se 
dresse .  et  d’icelle  sort  semence  :  qui 
se  fera  par  la  confession  de  l’herma- 
frodite  ,  lorsqu’il  aura  eu  la  compa¬ 
gnie  de  femme  ;  et  par  cest  examen 
on  pourra  véritablement  discerner 
et  connoistae  l’hermafrodite  masle 
ou  femelle ,  ou  qu’ils  seront  l’vn  et 
l'autre ,  ou  qu’ils  ne  seront  ny  l’vn  ny 
l’autre.  Et  si  le  sexe  de  l’hermafrodite 
tient  plus  de  l’homme  que  de  la 
femme  ,  doit  estre  appelé  homme  : 
et  ainsi  sera-il  de  la  femme.  Et  si 
l’hermafrodite  tient  autant  de  l’vn 
que  de  l’autre,  il  sera  appelé  herma- 
frodite  homme  et  femme  *. 

L’an  mil  quatre  cens  quatre  vingts 
et  six,  on  veit  naistre  au  Palatinat, 
assez  près  de  Heidelberg,  en  vn  bourg 
nommé  Rorbarchie,  deux  enfans  gé¬ 
meaux  s’entretenans ,  et  ioints  en¬ 
semble  dos  à  dos,  qui  estoient  her- 
mafrodiles,  comme  on  les  peut  voir 
par  ce  portrait 

‘  Toutes  les  éditions  ajoutent  :  comme  lu 
peux  voir  par  ce  portrait  ;  et  en  effet ,  on  voit 
une  figure  humaine  portant  une  vulve  du 
côté  droit,  une  verge  et  des  testicules  au 
côté  gauche  ,  avec  ce  titre  :  Pouriraici  d’vn 
hermafrbdile  homme  et  femme.  C’est  là  une 
de  ces  figures  qui  déshonoraient  ce  livre, 
et  j’ai  d’autant  moins  hésité  à  la  supprimer, 
qu’on  n’en  retrouve  que  trop  fidèlement  le 
trait  principal  dans  la  figure  de  la  page  11 
empruntée  à  Cælius  Rhodiginus,  et  dans 
celle  qui  va  suivre. 

®  Il  s’agit  ici  tout  simplement  de  deux  fœ¬ 
tus  femelles  joints  ensemble ,  jugés  herma¬ 
phrodites  à  raison  de  la  longueur  du  clito¬ 
ris,  et  défigurés  par  l’ignorance  des  compi- 

III. 


ET  PRODIGES.  l'7 

Figure  de  deux  enfans  gemeaux  hermafrodi- 
tes,  eslans  ioints  dos  à  dos  l’vn  auec  l’autre. 


Le  iour  que  les  Vénitiens  et  Gene- 
uois  furent  reconciliés,  nasquit  en  Ita¬ 
lie  (comme  raconte  Boistuau)  un 
monstre  qui  auoit  quatre  bras  et  qua¬ 
tre  iambes ,  et  n’auoit  qu’vne  teste , 
auec  la  proportion  gardée  en  tout  le 
reste  du  corps ,  et  fut  baptisé ,  et  ves- 
quit  quelque  temps  apres. 

Jacques  Rueff,  chirurgien  de  Surich , 
escrit  en  avoir  veu  vn  semblable ,  le¬ 
quel  auoit  deux  natures  de  femme , 
comme  tu  peux  voir  par  ce  portrait. 

lateurs.  Voyez  la  note  2  de  la  page  1 1 . — Celte 
histoire  et  cette  figure  sont  prises  de  Lyco- 
sthènes,  ouvrage  cité,  page  496.  Lycosthènrs 
dit,  in  Rorbachio,  qu’on  pourrait  traduiic 
tout  au  plus  par  Rorbach  ;  mais  toutes  les 
éditions  de  Paré  portent  Rorbarchie. 

2 


l8  tt  DlX-NEVFliME  LIVRE, 


t'igun  d’vn  monstre  ayant  quatre  bras  et  qua¬ 
tre  pieds,  et  déitx  haiurés  de  femme  i. 


1  Ce  monstre  e^t  en  effet  fidèlement  copié 
d’après  la  figure  de  Rueff,  édit,  citée,  fol.  — 
Quant  aux  deux  vulves,  stupidement  placées 
dans  cette  figure  à  côté  l’une  de  l’autre,  il 
est  probable  qu’elles  appartenaient,  l’une  au 
bassin  antérieur,  l’autre  au  bassin  posté¬ 
rieur. 

Le  chapitre  ne  se  terminait  point  là  dans 
les  premières  éditions. 

D’abord  l’édition  de  157-3  offrait  ici  le  pa¬ 
ragraphe  relatif  au  monstre  imaginaire  qui 
a  été  ajouté  depuis  au  chapitre  3  (  voy.  ci- 
devant  la  dernière  note  de  la  page  4  )  5  ce 
changement  de  place  a  eu  lieu  en  15  J5. 

Après  quoi  la  même  édition  de  1573  con¬ 
tenait  un  assez  long  passage  sur  les  nymphes, 
augmenté  encore  en  1575  ,  réduit  en  1679  , 
et  enfin  tout-à-fait  supprimé  en  1586  ,  o?u. 


CHAPITRE  VII. 

HISTOIHES  MEMOBABLE9  DE  CEltTAlNÈâ 
FEMMES  QVl  SONT  DÉGÉNÉRÉES  EN 
■  HOMMES. 

Amatus  Lusitanus  recite  qu’il  ÿ 
eut  en  vu  bourg  nommé  Esguetra, 
yne  fille  appelée  Marie  Pacheca ,  la- 


pour  parler  plus  exactement ,  reporté  alors 
à  la  fin  du  chapitre  34  du  l'r  Hvre  de  VAna'^ 
tpmie.  On  peut  lire  tout  ce  passage  aux  pages 
168  et  169  du  tome  I"  de  notre  édition;  il 
commence  par  ces  mots  :  D’abondant  au  com¬ 
mencement  du  col  de  la  matrice,  elç.,  au  haut 
dé  la  2®  colonne  de  la  page  168  ;  et  toqte 
cette  colonne  jusqu’aux  mots  goutte  à  goutte 
représente  exactement  le  passage  de  l’édir 
tion  de  1573  ;  le  reste  du  paragraphe ,  jus¬ 
qu’aux  mots  :  aux  operations  de  chirurgie,  re¬ 
présente  la  fin  du  passage  dans  l’édition  de 
1579  ;  et  c’est  en  ce  sens  qu’il  convient  de 
rectifier  la  première  note  de  la  page  169. 

Mais  pour  revenir  au  texte  bien  plus 
étendu  de  l’édition  de  1575,  Paré  y  citait 
toùt  au  long  le  texte  de  Léon  l’Africain , 
qu’il  a  jugé  â  propos  de  supprimer  depuis. 

0  Entre  les  deuineurs  qui  sont  à  Fez,  ville 
principale  de  Mauritanie  en  Afrique,  il  y  a 
certaines  femmes  (dit-il  liure  3.)  qui  faisans 
entendre  au  peuple  qu’elles  ont  familiarité 
aux  démons ,  se  parfument  auec  quelques 
odeurs ,  feignants  l’esprit  leur  entrer  au 
corps,  et  par  le  changement  de  leur  voix 
donnent  à  entendre  que  ce  soit  l’esprit  qui 
parle  par  leur  gorge  :  lors  on  leur  laisse  en 
grande  reuerence  vn  don  pour  le  démon. 
Les  doctes  africains  appellent  telles  femmes 
Sahacat,  qui  Vaut  en  latin  Fricalrices,  par¬ 
ce  qu’elles  se  frottent  l’vné  l’autre  par  plai¬ 
sir,  et  véritablement  elles  sont  atteintes  de 
ce  meschant  vice  d’vser  charnellement  les 
vnes  auec  les  autres.  Parquoy  si  quelque 
femme  belle  les  va  interroguer,  pour  paye¬ 
ment  au  nom  de  l’esprit,  luy  demandent  les 
copulations  charnelles.  Or  il  s’en  trouue 


DES  Mo^^Stt^ÈS  ET  PRbDlGÈS. 


qliellé  efetàlit  SÜS  Ife  tëiüiis  qüe  lës  fii- 
lë^  fcottlnlëticeht  a  aüoir  lëiirs  fleurs , 
au  lieu  flèSdites  fléUrs  iuy  sortit  uii 
rtiëtiibre  Viril,  lë^tiel  estoit  caché  de¬ 
dans  autyat’àiiatit ,  et  ainsi  de  férnëiië 
dëüihtfnasle  :  pdi-qtioÿ  ëlte  fût  vestüë 
de  r'ëbhë  d’hënimë,  ët  Son  nôhi  dë 
]ytài*ie  fût  ëhangë  ëti  Manilet.  Icëlüÿ 
Itafiquâ  tëng  tëtüflS  és  iiideS ,  Ou 
ayant  acquis  gî'ancl  in-üit  et  gfànctës 
flChëéSës,  a  Sëü  l'ëibüt  se  rnafia  :  tou- 
tësfels  cëst  authëtii*  ne  Sçait  s’il  eut  | 
èfifans  :  Ÿray  ëSt  (dit-il)  qu’îi  dë- 
meüëà  tousieürs  Saris  büfhe  K 

quelques  ynes  qui ,  ayants  pris  guust  à  ce 
ieu,  allechees  par  le  doux  plaisir  qu’elles  en 
reçoyuent ,  feignent  ëstre  malades ,  et  en- 
tiôye'flt  qüèrîr  çes  dîuinéréSsés ,  et  te  plus 
souuent  font  fjifé  Ifc'  fhesèage  pat  leur  rtiaty 
mesme:  mais  pour  mieux  couurir  leur  mes- 
chanceté ,  font  accroire  au  mary  qu’vn  es¬ 
prit  est  entré  dedans  le  corps  de  leur  femme  : 
la  santé  de  laquelle  ayant  en  recommanda¬ 
tion,  il  faut  qu’il  luy  donne  congé  de  se 
pouuoir  mettre  au  rang  des  diuineresses  : 
pàfqdôy  tè  bô'n  tè'ari  y  èônSentànt ,  {jtégdrë 
vn  somptueui  fëstift  k  toàte  èéste  venerable 
bande,  à  la  fin  duquel  on  se  met  au  bal, 
puis  la  femme  a  congé  de  s’en  aller  où  bon 
luy  semble.  Mais  il  s’en  trouue  quelques  vns, 
lesquels  finement  s’apperceuants  de  ceste 
ruse ,  font  sortir  l’esprit  du  corps  de  leurs 
femmes  à  beaux  coups  dé  bastonnades.  D’au¬ 
tres  aussi  donnants  à  entendre  aux  diuine- 
fessès  qu’ils  sont  détenus  par  les  esprits,  les 
dèçoyuèrtt  par  Wesme  moyen  qu’elles  ôiit 
fait  leùrs  fèntmes  ;  Voyla  ce  qu’en  escrit 
Leon  l’Africain.  Assenrant  en  autre  lien  qu’il 
y  a  gens  en  Afrique  qui  vont  par  la  ville  à 
la  mode  de  nos  Ghastreux ,  et  font  mestier 
de  couper  telles  caruncules ,  comme  auons 
monstré  cy  deuant  aux  operations  de  Chi¬ 
rurgie.  » 

On  voit  aussi  par  ce  texte  que  la  citation 
de  YArrest  de  lean  Papou  est  une  addition 
de  157y. 

•  1  C’est  la  trente-neuvième  histoire  de  la 

centurie  deuxième  d’Amatus  Lusitanus.  J’ai 

. 


Aiitbîhë  LoquenëUx ,  recëuéür  des 
tdilies  pour  le  roy  à  sainct  Quentin , 
ti’agüéres  m’a  affirmé  i  auoir  veü  vn 
homme  au  logis  dit  Cygne  à  Rhëims , 
l’aii  soixante  ,  ïeqiiël  semblablement 
oii  aübit  ëstimé  estfë  fille  iüsqüës  en 
l’ààge  dé  quatbfze  ans  :  mais  se  ibüànt 
ët  fblàstfànt,  èstant  cbüché  auec  vne 
ckàtiibfiere ,  ses  partiès  génitales 
d’hbmmë  se  vindrerit  à  deüëlbpper  : 
le  perë  et  la  nierë  lë  connbissarit  estrè 
tel, luy  firent  par  aûthbrité  dé  l’È- 
glisë  changer  le  nom  de  léfinne  à 
lèan ,  et  lüy  furent  baillés  habillé-' 
inëns  d’homme. 

Aussi  estant  à  la  süitë  du  foÿ  2,  à 
Vitrÿ  le  François  en  Champagne ,  i’ÿ 
vis  vn  certain  personnage  *  noinmé 
Germain  Garnier  :  aüctins  le  nbm- 
inoiènt  Germain  Maine ,  ^àf-ce  qu’es¬ 
tant  fille  estoit  appellé  Alarie  :  jeûné 
homme  de  taille  moyenne,  trappë, 
et  bien  amassé ,  portant  barbe  rousse 
assez  espaisse ,  lequel  iusqu’au  quin¬ 
ziéme  an  de  son  aiage  auoit  esté  tenu 
pour  fille,  atiendû  qu’en  luy  ne  se 
nionstroit  aucune  marque  de  virilité , 
ët  inesme  qu’il  se  tenoit  auec  les  Allés 
en  habit  de  femme.  Or  ayant  atteint 
i’aage  susdit,  comme  il  estoit  aux 
champs,  et  poursuiuoit  assez  viuë- 

rectifié  d’après  l’auteur  le  nom  du  bourg 
Ésgueira  ,  dont  les  imprimeurs  de  Par^ 
avaient  fait  Esgücinai  le  nôffi  de  Pdchecd, 
qu’ils  avàîent  changé  èil  Patècd  ■  et  eiïfifi  le 
nom  de  Manuel,  deTeritt  sous  leurs  liidins 
Emanuel. 

1  N’agueres  ;  Paré  écrivait  cecî  en  1573< 

a  L’édition  de  1573  porte  :  Auesi  estant  dei'- 
rmrement  à  la  suite  du  Roy,  avec  cette  note 
marginale  :  le  Roy  à  présent  régnant.  Dès 
1575 ,  Paré  avait  mis  en  marge  :  Le  Roy 
Charles  régnant  ;  et  le  mot  dernièrement  a  été 
retranché  en  1579. 

3  Editions  de  1575  et  1575  ;  vn  certain 
pastre. 


20 


LE  DIX-NEVFi:^ME  LIVRE, 


ment  ses  pourceaux  qui  alloient  de¬ 
dans  vn  blé,  trouuant  vn  fossé  le 
voulut  affranchir:  et  l’ayant  sauté, 
à  l’instant  se  viennent  à  luy  deuelop- 
per  les  genitoires  et  la  verge  virile , 
s’estans  rompus  les  ligamens  par  les¬ 
quels  au-parauant  estoient  tenus  clos 
et  enserrés  (ce  qui  ne  luy  aduint  sans 
douleur  )  et  s’en  retourna  larmoyant 
en  la  maison  de  sa  mere ,  disant  que 
ses  trippes  luy  estoient  sorties  hors 
du  ventre  :  laquelle  fut  fort  estonnée 
de  ce  spectacle.  Et  ayant  assemblé  des 
Médecins  et  Chirurgiens,  pour  là  des 
sus  auoif  aduis,  on  trouua  qu’elle 
estoit  homme ,  et  non  plus  fille  :  et 
tantost  apres  auoir  rapporté  à  l’Eues- 
que  ,  qui  estoit  le  défunt  Cardinal  de 
Lenoncourt ,  par  son  autorité  et  as¬ 
semblée  du  peuple,  il  receut  le  nom 
d’homme  :  et  au  lieu  de  Marie  (  car  il 
estoit  ainsi  nommé  au-parauant)  il  fut 
appellé  Germain,  et  luy  fut  baillé  ha¬ 
bit  d’homme  :  et  croy  que  luy  et  sa 
mere  sont  encore  viuans. 

Pline ,  liu.  7  ch,  4.,  dit  semblable¬ 
ment  qu’vne  fille  deuint  garçon,  et 
fut  confiné  pour  ceste  cause  en  vne 
isle  deserte  et  inhabitée ,  par  arrest  des 
Aruspices  K  II  me  sembl  '  que  ces 
deuineurs  n’auoient  occasion  de  ce 
faire  ,  pour  les  raisons  cy  dessus  allé¬ 
guées  :  toutesfois  ils  estimoient  que 
telle  monstrueuse  chose  leur  estoit 
mauuais  augure  et  présagé,  qui  estoit 
la  cause  de  les  chasser  et  exiler 

La  raison  pourquoy  les  femmes  se 
peuuent  dégénérée  en  hommes ,  c’est 
que  les  femmes  ont  autant  de  caché 
dedans  le  corps,  que  les  hommes  des- 
couurent  dehors  :  reste  seulement 
qu’elles  n’ont  pas  tant  de  chaleur,  ny 
suffisance  pour  pousser  dehors  ce 

1  Aruspices  ou  deuineurs.  —  A,  P, 

*  Le  chapitre  se  terminait  ici  en  1673;  le 
reste  est  de  1676. 


que  par  la  froidure  de  leur  tempéra¬ 
ture  est  tenu  comme  lié  au  dedans. 
Parquoy  si  auec  le  temps,  l’humidité 
de  l’enfance  qui  empeschoit  la  cha¬ 
leur  de  faire  son  plein  deuoir  estant 
pour  la  plus  part  exhalée ,  la  chaleur 
est  rendue  plus  robuste,  acre  et  ac- 
tiue ,  ce  n’est  chose  incredible  qu'i¬ 
celle,  principalement  aidée  de  quel¬ 
que  mouvement  violent,  ne  puisse 
pousser  dehors  ce  qui  estoit  caché  de¬ 
dans.  Or  comme  telle  métamorphosé 
a  lieu  en  nature  par  les  raisons  et 
exemples  alléguées  :  aussi  nous  ne 
trouuons  iamais  en  histoire  véritable 
que  d’homme  aucun  soit  deuenu  fem¬ 
me,  pour-ce  que  Nature  tend  tous- 
iours  à  ce  qui  est  le  plus  parfait ,  et 
non  au  contraire  faire  que  ce  qui  est 
parfait  deuienne  imparfait. 


CHAPITRE  VIII. 

EXEMPLE  DV  DEFAVT  DE  LA  QVANTITÉ 
DE  LA  SEMENCE. 

Si  la  quantité  de  la  semence  (comme 
nous  auons  par  cy  deuant  dit)  man¬ 
que,  pareillement  quelque  membre 
defaudra  aussi ,  plus  ou  moins.  De  là 
aduiendra  que  l’enfant  aura  deux  tes¬ 
tes  et  vn  bras,  l’autre  n’aura  point  de 
bras  ;  vn  autre  n’aura  ny  bras  ny 
iambes,  ou  autres  parties  defaillan¬ 
tes  ,  comme  nous  auons  dit  cy  des¬ 
sus  :  l’autre  aura  deux  testes  et  vn 
seul  bras ,  et  le  reste  du  corps  bien 
accompli ,  comme  tu  vois  par  cette 
figure 


éditions  complètes,  à  partir  de  celle  de  IJ 

ont  omis  ces  mots  ;  comme  lu  vois  par  c 
figure,  et  rejeté  la  figure  après  les  deux  s 
vantes  :  changement  qui  n’était  d’accorc 


DES  MONSTRES 
Figure  d’vn  monstre  ayant  deux  testes ,  deux  i 
iambes,  et  vn  seul  bras 


L’an  1573.  ie  veis  à  Paris,  à  la  porte 
de  sainct  André  des  Arts ,  vn  enfant 
aagé  de  neuf  ans,  natif  de  Parpeuille, 
village  trois  lieues  près  de  Guise  :  son 
pere  se  nommait  Pierre  Renard,  et  sa 
mere  qui  le  portoit.  Marquette.  Ce 
monstre  n’auoit  que  deux  doigts  à  la 
main  dextre ,  et  le  bras  esloit  assez 
bien  formé  depuis  l’espaule  iusqu’au 
coude,  mais  depuis  le  coude  ius- 

avec  le  texte,  ni  avec  la  logique.  Seulement 
j’ai  gardé  à  la  figure  son  titre  de  1575,  le  pri¬ 
mitif  ayant  été  alors  transporté  à  la  figure 
suivante. 

>  On  trouve  une  figure  presque  semblable 
dans  RuelT,  ouvr.  cité  fol.  49,  verso,  et  dans 
Lycosthènes ,  qui  parait  l’avoir  copiée  de 
Rueff. 


ET  PRODIGES.  QI 

qu’aux  deux  doigts  estoit  fort  dif 
forme.  Il  estoit  sans  iambes  ;  toutes- 
fois  luy  sortoit  hors  de  la  fesse  dextre 
vne  figure  incomplète  d’vn  pied ,  ap¬ 
parence  de  quatre  orteils  :  de  l’autre 
fesse  senestre  en  sortoit  du  milieu 
deux  doigts,  l’vn  desquels  ressem- 
bloit  presque  à  la  verge  virile.  Le¬ 
quel  t’est  demonstré  au  vray  par 
ceste  présente  figure  L 

Figure  d’vn  enfant  monstrueux ,  du  defaut 
de  la  semence  en  deuë  quantité. 


L’an  1562,  premier  iour  de  Nouem- 
bre  ,  nasquit  à  Ville-franche  de  Bey- 
ran  en  Gascongne,  ce  présent  monstre 
sans  teste,  lequel  m’a  esté  donné  par 
monsieur  Hautin ,  docteur  regent  en 
la  faculté  de  medecine  à  Paris ,  duquel 
monstre  as  icy  la  figure  tant  ante¬ 
rieure  que  postérieure,  et  m’a  affirmé 
l’auoir  veu. 

1  Ce  paragraphe  et  la  figure  qui  le  suit  ont 
été  ajoutés  en  1575.  L’auteur  transporta 
alors  à  cette  figure  le  titre  qu’il  avait  d’a¬ 
bord  attribué  à  la  précédente  j  voyez  la  der¬ 
nière  note  de  la  page  20. 


Lip  DIX-NEVFtÉME  tlVRE, 


as 

Figm  d'n  «este  i. 


On  a  veu  depuis  quelque  temps 

I  Cette  pgure,  avec  le  texte  qui  s’y  rap¬ 
porte,  a  été  ajoutée  eu  1575,  et  l’auteur 
avait  mis  en  marge  cetlç  naïve  exclamation  ; 
Chose  fort  m6ns,trueme,  voir  vue  femme  sans 
teste  ! 

II  est  à  remarquer  que  le  texte  français 
semble  dire  d’abord  que  le  monstre  lui- 
même  a  été  donné  à  Paré  par  Hautin ,  et 
qulensuite  il  est  manifeste  que  c’était  seu¬ 
lement  la  figure.  De  plus,  Paré  dit  nettement 
que  Hautin  avait  vu  le,  naenstre,  et  cela 
n’était  pas ,  ain^i  que  nous  allons  le  voir. 

On  lit  en  effet  dans  la  traduction  latine  : 

Amo  Domini  1562  calendis  navembvis ,  j 
Fillœ-Frmcm  in  Fqseoniâ ,  namm  est  qwd 
appictuvi  hh  vides  mçnstnum ,  fœmm  «ce-, 
phalon,  cujus  imaginem  A  Fontaho  A-G^hçnsi 
MEDICO  QUI  SE  ID  VIDISSE  SANCTK  AFFIRMABAT 

ciçceptam,  mihi  hanç  de  mqnsUàs  comrnerttqtio- 
nem  pqrattli  obtqlit  Joanuçs  AWm.s  dficlpr 
medicqs- 

Or,  ce  texte,  fait  paître  plq?  d’un.e  ré-. 
flexion,  Qu’était-ce  don.c,  quacq  traducteqç» 


en  çà  à  Paris  vn  homme  sans  bras, 
aagé  de  quarante  ans  ou  enuiron , 
fort  et  robuste,  lequel  faisoit  presque 
toutes  les  actions  qu’vn  autre  pou- 
uoit  faire  de  scs  mains  :  à  sçauoir, 
auec  son  moignon  d’espaule  et  la 
teste,  ruoit  vne  coigpée  contre  vne 
pièce  de  bois  aussi  ferme  qu’vn  au¬ 
tre  homme  eust  sceu  faire  auec  ses 
bras.  Pareillement  faisoit  cliqueter 
vn  foüet  de  chartier ,  et  faisoit  plu¬ 
sieurs  autres  actions  :  et  quec  ses  pieds 
mangeoit,  beuuoit,  et  iouoit  aux  car¬ 
tes  et  aux  dez,  ce  qui  t’est  demonstré 
par  ce  portrait;  A  la  fin  ftit  larron , 
voleur  et  meurtrier,  et  exécuté  en 
Gueldre ,  à  sçauoir  pendu ,  puis  mis 
sus  la  roué, 

si  bien  instruit  de  l’affaire,  qu’il  rectifie  com¬ 
plètement  soq  auteur,  apporte  une  autre  au¬ 
torité,  et  rejette  soigneusement  loin  de  Hau¬ 
tin  l’idée  que  celui-ci  ait  vn  le  prétendu 
monstre?  Il  est  presque  impossible  que  ce 
soit  un  autre  que  Hautiq  lui-méme  ;  et  c’est 
là  une  preuve  à  peu  prè^  décisive  de  l’opi¬ 
nion  que  nous  avions  avancée  comme  pro¬ 
bable  touchant  le  traducteur  latin  de  Paré. 
Voyez  mon  Introduction ,  pages  cccxxvij  et 
ccexxxü. 

Qq  voit,  qussi  queçette  figure ,  venue  à 
Paré  de  tfoiâème  m?m,  certifiée  seule¬ 
ment  par  un  médecin  de  province ,  ne  nié- 
rite  pas  confiance  pour  tous  ses  détails.  11 
faut  dire  que  Paré  avait  donné  deux  figures 
de  ce  monstre;  Fune,  qiie  j’ai  retranchée  , 
le  représentait  par  derrière  avec  une  espèce 
de  trompe  au  milieu  du  dos,  et  sur  les  omo¬ 
plates  deux  spirales  situées  à  l’égard  de  U 
tropape  eppime  les  yçux  le  sont  au-dessus 
du  nez.  Enfin  ,  les  deux  saillies  que  l’on 
aperçoit  sur  les  épaules,  comparées  dans 
l’une  Qt  l’aulrq  fi,§,ur.e  ,  avaient,  quelque  res-. 
semblancè  éloignée  ayec  lés  Oi'eil|le.s,  Assu¬ 
rément  le  médecin  d’Agen  a  pu  observer  un 
acéphale ,  et  cette  monstruosité  n’est  pps 
bien  r,are;  mais,  le  dçssin  qu’il  eq  a  tracé 
fait  phis  d’honnçur  à  son  imagipatlon  qb'à, 
;  son  esprit  observàtèür.  ^ 


DES  MONSTRES 


Fîgur'e  d'vii  homme  sans  bras 


Semblablement ,  de  recente  mé¬ 
moire  ,  on  a  veu  à  Paris  vne  femme 
sans  bras,  qui  tailloit  et  cou  soit,  et 
faisoit  plusieurs  autres  actions. 

1  Rueff  donne  exactement  Va  figure  de 
l’homme ,  mais  sans  les  instruments  dont  H 
se  servait ,  ouvr.  cité,  fol.  43  ;  et  il  dit  l’a¬ 
voir  vu  se  servir  des  pieds  comme  il  aurait 
pu  faire  des  mains.  Lycostfiènes  a  copié  la 
figure,  en  y  ajoutant  le  fouet ,  la  hocbe ,  les 
dés.etç.  (ouvr.  cité,  p.  636);  en  consé¬ 
quence  l’histoire  est  un  peu  amplifiée  ;  il 
la  rapporte  à  l’an  1528.  On  peut  conjecturer 
que  Paré  en  copiant  la  figure  a  cependant 
voulu  parler  d’un  autre  individu  ;  disait 
dans  son  édition  de  1573  :  on  a  veii.rt’oÿiieves 
à  Paris.,  etc,;  il  a  remis ,  depuis  quelque,  temps 
«U  ça,  dé»  l’édition  de  léio» 


ET  PRODIGES. 

Hippocrates  au  liure  2  des  Epidé¬ 
mies  escrit ,  que  la  femme  d’ Anti¬ 
genes  accoucha  d’vn  enfarit  tout  dô 
chair,  n’ayant  aucuns  os ,  neantmoins 
auoit  toutes  les  parties  bien  formées, 


CHAPITRE  IX. 

EXEMPLE  DES  MONSTRES  QUI  9E  FONT 
PAR  IMAGINATION. 

Les  anciens  qui  ont  recherché  les 
secrets  de  Nature  ‘,  ont  enseigné  d’au¬ 
tres  causes  des  enfans  monstrueux  ^ 
et  les  ont  référés  à  vne  ardente  et 
obstinée  imagination  que  peut  auoir 
la  femme  ce  pendant  qu’elle  conçoit, 
par  quelque  obiet,  ou  songe  fantasti¬ 
que  ,  de  quelques  visions  nocturnes, 
que  l’homme  ou  la  femme  ont  sus 
l’heure  de  la  conception.  Cecy  mespie 
est  vérifié  par  t’authorité  de  Moyse , 
où  il  monstre  couime  lacob  deceut  son 
beau-pere  Laban,  et  s’enrichit  de  son 
bestial ,  ayant  fait  peler  des  verges  , 
les  mettant  à  l’abreuuoir,  à  fin  que 
les  chéures  et  brebis  regardans  cçs 
verges  de  couleurs  diuerses ,  formas¬ 
sent  leurs  petits  marquetés  de  diuer¬ 
ses  taches  2  :  par-ce  que  l’imagination 
a  tant  de  puissance  sus  la  semence  et 
géniture,  que  le  rayon  et  charac- 
tere  en  demeure  sus  la  chose  enfan¬ 
tée. 

Qu’il  soit  vray ,  Heliodore  escrit 
que  Persina ,  royne  d’Ethiopie ,  coti- 
ceut  du  roy  Hydustes,  tous  deui 
Ethiopiens ,  vne  fille  qui  estoît  blan¬ 
che  ,  et  ce  par  l’imàginatioii  qu’elle 
attira  de  la  semblance  de  la  belle 
Andromeda ,  dont  elle  auoit  la  pein- 

1  Aristote ,  Hippocrates  et  Empedocle^ 

A.P.^ 

•  Moyse,  30  cAap»—  Ai  P» 


le  dix-nevfi:éme  livre 


a4 

tare  deuant  ses  yeux  pendant  les 
embrassemens  desquels  elle  deuint 
grosse  K 

Damascene ,  auteur  graue  ,  at¬ 
teste  auoir  veu  vne  fille  velue  comme 
vn  ours ,  laquelle  la  mere  auoit  en¬ 
fantée  ainsi  difforme  et  hideuse,  pour 
auoir  trop  ententiuement  regardé  la 
figure  d’vn  sainct  lean  vestu  de  peau 
auec  son  poil ,  laquelle  estoit  atta¬ 
chée  au  pied  de  son  lit ,  pendant 
qu’elle  conceuoit. 

Par  semblable  raison  Hippocrates 
sauua  vne  princesse  accusée  d’ adul¬ 
téré  ,  par-ce  qu’elle  auoit  enfanté  vn 
enfant  noir  comme  vn  more  ,  son 
mary  et  elle  ayans  la  chair  blanche  : 
laquelle  à  la  suasion  d’Hippocrates 
fat  absoute,  pour  le  portrait  d’vn 
more  semblable  à  l’enfant,  lequel 
coustumierement  estoit  attaché  à  son 
lit  2. 

D’auantage,  on  voit  que  les  connins 
et  paons  qui  sont  enfermés  en  des 
lieux  blancs ,  par  vertu  imaginatiue 
engendrent  leurs  petits  blancs 

Et  partant  faut  que  les  femmes ,  à 
l’heure  de  la  conception,  et  lorsque 
l’enfant  n’est  encore  formé  (  qui  est 
de  trente  ou  trente-cinq  iours  aux 
masles,  et  de  quarante  ou  quarante- 
deux,  comme  dit  Hippocrates  ,  liure 
De  natura  pueri,  aux  femelles)  n’ayent 

1  Heliodore,  liu,  10  de  son  Histoire  Æthio- 
pique.  —  A.  P.  —  1572. 

2  Ces  deux  histoires  ont  été  empruntées  à 
Boaistuau  ,  ouvrage  cité,  fol.  14,  ainsi  que 
deux  figures  qui  suivaient  sous  ce  titre  : 
Figure  d’vne  fille  velue  et  d’vn  enfant  noir 

faits  par  la  vertu  imaginatiue. 

J’ai  retranché  sans  scrupule  ces  figures , 
fort  inutiles  et  d’ailleurs  tout-à-fait  fantasti¬ 
ques.  J’ignore  du  reste  où  Boaistuau  a  été 
chercher  cette  histoire  d’Hippocrate,  qui 
est  absolument  apocryphe. 

î  Cette  phrase  manque  jusqu’à  l’édition 
de  1585. 


à  regarder  ny  imaginer  choses 
monstrueuses  ;  mais  la  formation  de 
l’enfant  estant  faite ,  iaçoit  que  la 
femme  regarde  ou  imagine  attentine- 
mciit  choses  monstrueuses,  toutesfois 
alors  l’imagination  n’aura  aucun  lieu, 
pour-ce qu’il  ne  se  fait  point  de  trans¬ 
formation  depuis  que  l’enfant  est  du 
tout  formé. 

En  Saxe ,  en  vn  village  nommé 
Stecquer  ,  fut  né  vn  monstre  ayant 
quatre  pieds  de  bœuf,  les  yeux  ,  la 
bouche,  et  le  nez  semblables  à  vn 
veau  ,  ayant  dessus  la  teste  vne  chair 
rouge ,  en  façon  ronde  ;  vne  autre 
par  derrière ,  semblable  à  vn  capu¬ 
chon  de  moyne ,  ayant  les  cuisses  dé¬ 
chiquetées*. 

L’an  mil  cinq  cent  dix-sept,  en  la 
paroisse  de  Bois  le  Roy,  dans  la  forest 
de  Biere ,  sur  le  chemin  de  Fontaine- 
Bleau,nasquit  vn  enfant  ayant  la  face 
d’vne  grenoüille,  qui  a  esté  veu  et  vi¬ 
sité  par  maistre  lean  Bellanger,  chi¬ 
rurgien  en  la  suite  de  l’Artillerie  du 
roy ,  és  présences  de  messieurs  de  la 
iustice  de  Harmois  :  à  sçauoir  hono¬ 
rable  homme  lacquesBribon,  procu¬ 
reur  du  roy  dudit  lieu ,  et  Estienne 
Lardot ,  bourgeois  de  Melun ,  et  lean 
de  Vircy,  notaire  royal  à  Melun  ,  et 
autres  :  le  pere  s’appelle  Esme  Petit , 

*  Toutes  les  éditions  ajoutaient  :  comme 
tu  vois  par  ceste  figure;  et  faisaient  suivre  en 
effet  le  texte  d’une  figure  intitulée  : 

Figure  d’vn  monstre  fort  hideux  ayant  les 

mains  et  pieds  de  bœuf,  et  autres  choses 

fort  monstrueuses. 

Cette  figure  monstrueuse ,  qui  a  pu  avoir 
cependant  un  original  réel ,  mais  défiguré 
par  le  dessinateur,  dans  quelque  anencé- 
phale,  a  été  donnée  d’abord  par  Rueff,  ouvr. 
cité,  fol.  46 ,  verso  ,  et  copiée  par  Lycosthè- 
nes,  ouvr.  cité,  p.  530. 

Le  chapitre  se  terminait  ici  en  15735  l’his¬ 
toire  qui  suit  a  été  ajoutée  en  1579, 


DES  MONSTRES  ET  PRODIGES. 


25 


et  la  mere  Magdaleine  Sarboucat, 
Ledit  Bellanger ,  homme  de  bon  es¬ 
prit  ,  désirant  sçauoir  la  cause  de  ce 
monstre,  s’enquit  au  pere  d’où  cela 
pouuoit  procéder:  luy  dist  qu’il  esti  ' 
moit  que  sa  femme  ayant  la  fléure , 
vne  de  ses  voisines  luy  conseilla  pour 
guarir  sa  fléure  ,  qu’elle  print  vne 
grenoüiile  viue  en  sa  main,  et  qu’elle 
la  tint  iusques  à  ce  que  ladite  gre- 
noüille  fust  morte  :  la  nuit  elle  s’en 
alla  coucher  auec  son  mary,  ayant 
tousiours  ladite  grenoüiile  en  sa  main  : 
son  mary  et  elle  s’embrasseront ,  et 
conceut,  et  par  la  vertu  imagina tiue 
ce  monstre  auoit  esté  ainsi  produit*. 


CHAPITRE  X. 

EXEMPLE  DE  l’aNGUSTIE  OU  PETITESSE 
DE  LA  MATRICE. 

Il  se  fait  aussi  des  monstres  pour 
la  detresse  du  corps  de  la  matrice  : 
comme  l’on  voit  que  lors  qu’vne 
poire  attachée  à  l’arbre ,  posée  en  vn 
vaisseau  estroit  deuant  qu’elle  soit 
accreuë,  ne  peut  prendre  croissance 
complette  ;  ce  qui  est  conneu  aussi 
aux  dames  qui  nourrissent  des  ieunes 
chiens  en  petits  paniers,  ou  autres 
vaisseaux  estroils,  pour  garder  de 
croistre.  Pareillement  la  plante  nais- 

*  Toutes  les  éditions  ajoutent  ici  :  comme 
tu  vois  par  cesie  figure-,  et  donnaient  en  effet 
une  Figure  prodigieuse  d’vn  enfant  ayant  la 
face  d’vne  grenouille. 

On  peut  aisément  se  ia  représenter  d’après 
la  description  ;  et  eiie  était  trop  absurde  pour 
être  reproduite.  Il  s’agissait  probablement 
encore  de  quelque  anencéphale;  du  reste 
Paré  avait  copié  ceite  figure  d’après  un  pla¬ 
card  que  l’on  criait  par  les  rues  de  Paris, 
auec  priuilege ,  comme  ii  nous  l’apprend  lui- 
même  au  chapitre  21. 


sant  de  terre ,  trouuant  vne  pierre  ou 
autre  chose  solide  à  l’endroit  où  elle 
vient ,  fait  que  la  plante  sera  tortue  , 
et  engrossie  en  vne  partie,  et  gresle 
en  l’autre  :  semblablemént  les  enfans 
sortent  du  ventre  de  leurs  meres 
monstrueux  et  difformes.  Car  il  dit  > 
qu’il  est  necessaire  qu’vn  corps  qui  se 
meut  en  lieu  estroit,  deuienne  mutile 
et  manque. 

Empedocle  et  Diphile  ont  attribué 
semblablement  cela  à  la  superabon¬ 
dance,  ou  defaut  et  corruption  de  la 
semence,  ou  à  l’indisposition  de  la 
matrice  :  ce  qui  peut  estre  véritable , 
par  la  similitude  des  choses  fusibles , 
esquelles  si  la  matière  qu’on  veut 
fondre  n’est  bien  cuitte ,  purifiée  et 
préparée  ,  ou  que  le  moule  soit  rabo¬ 
teux,  ou  autrement  mal-ordonné ,  la 
médaillé  ou  effigie  qui  en  sort  est 
défectueuse ,  hideuse  et  difforme. 


CHAPITRE  XT. 

EXEMPLE  DES  MONSTRES  QVI  SE  FONT ,  LA 
MERE  S’ESTANT  TENVE  TROP  LONGVE- 
MENT  ASSISE,  AYANT  EV  LES  CVISSES 
CROISÉES,  OV  POVR  S’ESTRE  RANDÉ 
ET  SERRÉ  TROP  LE  VENTRE  DVRANT 
QV’eLLE  ESTOIT  GROSSE. 

Or  quelquesfois  aussi  il  aduient,par 
accident ,  que  la  matrice  est  assez 
ample  naturellement,  toutesfois  la 
femme  estant  grosse  ,pour  s’estre  te¬ 
nue  quasi  tousiours  assise  pendant  sa 
grossesse  ,  et  les  cuisses  croisées , 
comme  volontiers  font  les  cousturie- 
res  ou  celles  qui  besognent  en  tapis¬ 
series  sus  leurs  genoüils ,  ou  s’estre 

‘  Ce  mot  il  dit  se  rapporte  à  Hippocrate 
que  Paré  cite  en  marge.  Hipp.,  lia.  de  lu 
Geniture. 


26 


lÆ  I)lX-NEVPlIïMÊ  LIVRE, 


bandé  et  trop  serré  le  ventre,  les 
enfans  naissent  courbés,  bosstis,  et 
contrefaits,  aucuns  ayans  les  mains 
et  les  pieds  lortus,  comme  tu  vois  par 
cesta  figure. 

Figure  d’vn  enfml  qvi  a  esté  pressé  au  Pentre 
de  samere,  ayant  les  mains  et  pieds  tarfus  i. 


^*ortrait  d’un  prodige  et  enfant 
pptrefié,  leqpel  g  esté  trouué  au  cad,a- 

I  Ruefif  a  une  figure  semblable ,  ouvrage 
cité,,  fol.46,  verso. 

II  s’agit  ici  des  ilfcormités  connues  sous 
les  noms  de  pieds  bâts  êt  de  mains  botes  ;  et 
Ton  voit  que  la  théorie  qui  les' attribue  à 
Une  pressioti  subie  par  fenfant  dans  la  ma¬ 
trice  remonte  assez  haut. 

Le  chapitre  se  termine  ici  dans  les  pre- 
naières  Mitioia^  Ce  n’est  qa’en  l&8à  que 
Paré  y  a  ajouté  tout  ce  qui  luitt 


uer  d’vne  femme  en  la  ville  de  Sens* 
le  seizième  de  May  mil  cinq  cens  oc¬ 
tante  deux,  elle  estant  aagéo  de 
soixante  huit  ans,  et  l’ayant  porté  en 
son  ventre  par  l’espace  de  vingt  huit 
ans.  Ledit  enfant  estoit  quasi  tout  ra¬ 
massé  en  vn  globe  :  mais  il  est  icy 
peint  de  son  long ,  pour  mieux  faire 
voir  l’en tiere figure  de  ses  membres, 
hors  mis  vue  main  qui  estoit  défec¬ 
tueuse. 


se  peur  coniirnter  par  Matthias 
Cornax,  médecin  de  Maximîllan,  roy 
des  Romains,  lequel  recite  queluy- 
mesme  assista  à  la  dissection  du  Ven¬ 
tre  d’vne  femme,  laquelle  auqit  porté 
en  sa  matrice  son  enfant ,  l’espace  de 
quatre  ans.  Aussi  Egidins  Hertages , 
medecm  à  Bruxelles,  Mi  «tentiai; 


DES  MONSTRES  ET  PRODIGES. 


d’une  femme  qui  a  porté  en  ses  flancs, 
treize  ans  reuolus ,  le  seelete  d’vn  en¬ 
fant  mort.  loannesLangius,en  l’epis- 
tre  qu’il  escrit  à  Achilles  Bassarus , 
tesraoigne  aussi  d’vne  femme ,  qui  es- 
toit  d’vn  bourg  appellé  Eberbacb, 
laquelle  rendit  les  os  d’vn  enfant 
qui  estoit  mort  en  sqn  yentye  ans 
au-parayapt. 


CHÆPITR3E  XII, 

EXEMPLE  DES  MONSTRES  QVI  SONT  EN¬ 
GENDRÉS,  LA  MERE  AYANT  REÇV  QVEL- 
QVE  COVP,OVCHEVTE,EST4NT  GROSSE 

d’enfant. 

D’auantage  quand  la  mere  reçoit 
quelque  coup  sus  le  ventre,  ou  qu’èUe 
tombe  de  haut  en  bas ,  les  eufàns  en 
peuuent  auoir  les  os  rompus ,  desboi- 
tés  et  torturés,  ou  reçeupir  autre 
vice ,  conrme  eslre  boiteux ,  bossus  et 
contrefaits  :  ou  pour  cause  que  l’en¬ 
fant  deuient  malade  au  ventre  de  sa 
mere ,  ou  que  le  uourrissement  dont 
il  deuoit  croistre  soit  escoülé  hors  la 
matrice  ‘.  Pareillement  aucuns  ont 
attribué  les  monstres  estre  procréés 
de  la  corruption  des  viandes  ordes  et 
sales  que  les  femmes  mangent ,  ou 


‘  Tçutes  les  éditipqs ,  É  pavUr  dç  la  cin¬ 
quième,  portent,  ici  simplement  :  oa  poH?- 
cause  que  f  enfant  deuient  malade  au  ventre  de 
sa  mere,  ou  que  les  femmes  mangent,  etc. 
C’est  une  laeune  qui  résulte  de  deux  lignes 
sautées  dans  la  cinquième  édition  et  qui 
existent  dans  toutes  les  précédentes;  aussi 
cette  cinqaième  édition  porte  ou,  que  le  les 
femmes  mangent,  ce  qui  accusait  la  lacu»e; 
ce  sont  les.  éditeurs  suivants  qui ,  pour  don¬ 
ner  plus  de  suite  à  la  pht:a,se ,  ont  retraRÇUé 
l’article  «dns  S’inquiéter  du  sensk 


27 

désirent  manger,  ou  qu’elles  abhor¬ 
rent  de  voir  tost  apres  qu’elles  ont 
conceu  :  ou  que  l’on  aura  ietté  quel¬ 
que  chose  entre  leurs  tetins ,  comme 
vne  cerîse ,  prune ,  grenoüille ,  vne 
souris ,  ou  autres  choses  qui  peuuent 
rendre  les  enfans  monstrueux. 


CHAPITRE  XIII. 

EXEMPLE  DES  MOnSTRRS  QVI  SE  FONT 

PAR  LES  MALADIES  HEREDITAIRES. 

Aussi  pour  les  indispositions  ou 
compositions  héréditaires  des  pçres 
et  meres ,  les  enfans  sont  faits  mons¬ 
trueux  et  difformes  :  car  il  est  assez 
manifeste  qu'vn  bossu  fuit  naistre  son 
enfant  bossu ,  voire  teilerneut  bossu , 
que  les  deux  bosses  deuant  et  der¬ 
rière  à  quelques-vns  sont  si  fort  esle- 
uées  que  la  teste  est  à  moitié  cachée 
entre  les  espaules,  ainsi  que  la  teste 
d’vne  tortue  dans  sa  coquille.  Vne 
femme  boiteuse  d’vù  costé  fait  ses 
enfants  boiteux  semblables  à  elle  : 
autres  estans  boiteuses  des  deux 
hanches,  font  enfans  qui  le  sont  sem¬ 
blablement  ,  et  qui  cheminent  cane- 
tant  :  les  camus  font  leurs  enfans 
camus  :  autres  balbutient  :  autres 
parlent  en  bredouillant,  semblable¬ 
ment  leurs  enfans  bredouillent  Et 
où  les  peres  et  meros  sont  petits ,  les 
enfans  en  naissent  le  plus  saunent 
nains ,  sans  nulle  autre  deformité ,  à 
sçauoir  quand  le  corps  du  pere  et 
de  1^  mer©  n’ont  aucun  vice  en  leur 
conformation.  Autres  font  leurs  en- 

1  Balbutier,  c’est-à-dire  begayer,  ne  pou- 
uant  bien  proférer  (a  parole.  — Bredouiller, 
c’est  dire  deux  ou  trois  fois  vne  parole  sans 
estre  bien  proférée^  —  Ai  P» 


le  dix-nevfiéme  livre 


28 

fants  bien  maigres,  à  cause  que  le 
pere  et  la  mere  le  sont  :  autres  sont 
ventrus  et  fort  fessus,  quasi  plus  gros 
que  longs ,  parce  qu’ils  ont  esté  en¬ 
gendrés  du  pere  ou  de  la  mere,  ou  de 
tous  les  deux ,  qui  seront  gros  et 
grands,  ventrus  et  fessus.  Les  gout¬ 
teux  engendrent  leurs  enfans  gout¬ 
teux  ,  et  les  lapidaires ,  suiets  à  la 
pierre  :  aussi  si  le  pere  et  la  mere 
sont  fols  ,  le  plus  souuent  les  enfans 
ne  sont  gueres  sages  :  pareillement 
les  epileptiques  engendrent  des  en¬ 
fans  qui  sont  suiets  à  Tepilepsie  K 
Or,  toutes  ces  maniérés  de  gens  se 
trouuent  ordinairement,  qui  est  chose 
qu’vn  chacun  peut  voir,  et  connoistre 
à  l’œil  la  vérité  de  mon  dire;  partant 
ie  n’ay  que  faire  d’en  parler  d’auan- 
tage.  Aussi  ie  ne  veux  escrire  que  les 
ladres  engendrent  des  enfans  ladres , 
car  tout  le  monde  le  sçait.  Il  y  a  vne 
infinité  d’autres  dispositions  des  pe- 
res  et  meres,  ausquelles  les  enfans 
sont  suiets ,  voire  des  mœurs,  de  la 
parole  de  leurs  mines  et  trongnes , 
contenances  et  gestes,  iusques  au  mar¬ 
cher  et  cracher.  Toutesfois  de  ce  ne 
faut  faire  reigle  certaine  ;  car  nous 
voyons  les  peres  et  meres  auoir  tou¬ 
tes  ces  indispositions ,  et  neanmoins  les 
enfans  n’en  retiennent  rien  ;  parce 
que  la  vertu  formatrice  a  corrigé  ce 
vice. 

‘Cette  dernière  phrase,  relative  à  l’épi¬ 
lepsie,  manque  dans  toutes  les  éditions  du 
vivant  de  l’auteur,  et  n’a  été  ajoutée  qu’à  la 
première  édition  posthume. 

2  L’édition  de  1573  et  toutes  tes  autres 
jusqu’en  1585  finissaient  le  chapitre  plus 
brusquement. Après  ces  mots  :  des  mœurs,  de 
la  parole ,  e'ies  ajoutaient  simplement;  ius- 
qiies  au  marcher  el  cracher,  non  pas  tousiours, 
mais  le  plus  souuent.  La  nouvelle  rédaction 

est  de  1585, 


CHAPITRE  XIV. 

exemple  de  choses  monstrvevses 

QVI  SONT  ADVENVES  EN  MALADIES 
AGCIDENTALES 

Deuant  Sainct  lean  d’Angolic ,  vn 
soldat  nommé  Francisque,  de  la  com¬ 
pagnie  du  capitaine  Muret,  fut  blessé 
d’vn  coup  d’harquebuse  au  ventre , 
entre  l’ombilic  et  les  Isles  :  la  balle 
ne  luy  fut  tirée  ,  parce  que  l’on  ne  la 
pouuoit  trouuer,  au  moyen  de  quoy 
il  eut  de  grandes  et  extremes  dou¬ 
leurs  ;  neuf  iours  apres  sa  blessure, 
ietta  la  balle  par  le  siégé,  et  trois  se¬ 
maines  apres  fut  guari  ;  il  fut  traité 
par  maistre  Simon  Crinay,  chirurgien 
des  bandes  Françoises. 

lacques  Pape ,  seigneur  de  Sainct 
Aubam  aux  Baronniers  en  Dauphiné, 
fut  blessé  à  l’escarmouche  de  Chase- 
nay  de  trois  coups  d’harquebuse  pe- 
netrans  en  son  corps ,  dont  il  y  en 
auoit  vn  au  dessous  du  nœud  de  la 
gorge,  tout  proche  la  canne  du  poul- 
mon ,  passant  près  la  nucque  du  col , 
et  la  balle  y  est  encore  à  présent  :  au 
moyen  dequoy  lui  suruindrent  plu¬ 
sieurs  grands  et  cruels  accidens,  com¬ 
me  fléure  ,  grande  tumeur  à  l’entour 
du  col ,  de  sorte  qu’il  fut  dix  iours  sans 
pouuoir  rien  aualer ,  fors  quelques 
boüillons  liquides;  et  neantmoins  tou¬ 
tes  ces  choses  a  recouuert  santé,  et  est 
à  présent  encore  viuant  :  et  fut  pensé 
par  maistre  lacques  Dalam,  chirur¬ 
gien  fort  expert ,  demeurant  en  la 
ville  de  Monlelimar  en  Dauphiné. 

‘  I.’édition  latine  a  beaucoup  changé  en 
cet  endroit  l’ordre  du  livre,  et  renvoyé  ce 
chapitre  et  les  trois  suivants  après  l’histoire 
des  démons  et  des  magiciens ,  et  immédia¬ 
tement  avant  celle  des  monstres  marins. 


DES  MONSTRES 

Alexandre  Benedict  ‘  escrit  d’vn  | 
villageois  qui  fut  blessé  d’vn  coup  de 
traict  au  dos ,  et  lut  tiré  :  mais  le  fer 
demeura  dedans  le  corps ,  lequel  es- 
toit  long  de  deux  doigts  en  trauers,  et  1 
estoit  barbelé  aux  costés.  Le  chirur¬ 
gien  l’ayant  long  temps  cherché  sans 
le  pouuoir  trouuer,  ferma  la  pi  ye, 
et  deux  mois  apres  ce  fer  sortit  sem¬ 
blablement  par  le  siégé. 

D’auantage  ,  audit  chapitre ,  dit 
qu’à  Venise  vne  fille  aualla  vne  ai¬ 
guille,  laquelle  deux  ans  apres  la  ietta 
en  vrinant ,  couuerte  d’une  matière 
pierreuse,  amassée  à  l’entour  de  quel¬ 
ques  humeurs  gluans. 

Ainsi  que  Catherine  Parlan,  femme 
de  Guillaume  Guerrier ,  marchand 
drapier,  honneste  homme,  demeu¬ 
rant  rue  de  la  luifuerie  à  Paris,  allait 
aux  champs  en  trousse  sus  vn  cheual, 
vne  aiguille  de  son  tabouret  entra 
dedans  sa  fesse  dextre,  de  sorte  que 
l’on  ne  la  peust  tirer  hors.  Ladite 
Parlan  fut  deux  mois  qu’elle  ne  pou- 
uoit  se  tenir  assise,  à  cause  qu’elle 
sentoit  l’aiguille  la  piquer  2.  Quatre 
mois  après  m’enuoya  quérir,  se  plai¬ 
gnant  que  lorsque  son  mary  l’em- 
brassoit ,  sentoit  en  l’aine  dextre  vne 
grande  douleur  piquante ,  à  raison 
qu’il  pressoit  dessus.  Ayant  mis  la 
main  sus  la  douleur,  trouuay  vne 
aspérité  et  dureté ,  et  fis  en  sorte  que 
luy  liray  ladite  aiguille  toute  enroüil- 

1  Liu.  3  (le  son  Histoire  anatom.,ch.  5.  — 

A.  P. 

2  Cette  phrase  tout  entière  manque  au 
texte  dans  toutes  les  éditions,  et  l’on  n’en 
trouve  même  aucune  trace  dans  les  notes 
marginales  à  partir  de  l’édition  de  1575.  Il 
n’y  a  donc  que  la  seule  édition  de  1573  qui 
contienne  cette  phrase  en  marge,  et  comme 
elle  fait  partie  intégrante  de  l’observation  , 
je  n’ai  pas  hésité  à  la  joindre  au  texte,  sauf 
à  en  avertir  le  lecteur. 


ET  PRODIGES.  29 

lée.  Cecy  doit  bien  estre  mis  au  rang 
des  choses  monstrueuses,  veu  que 
l’acier  qui  est  pesant  monta  contre- 
mont  ,  et  passa  au  trauers  des  mus¬ 
cles  de  la  cuisse,  sans  faire  aposteme. 


CHAPITRE  XV. 

DES  PIERRES  QVI  S  ENGENDRENT  AV 
CORPS  HVMAIN. 

L’an  mil  cinq  cens  soixante  et  six, 
les  enfans  de  maistre  Laurens  Collo  \ 
hommes  bien  expérimentés  en  l’ex¬ 
traction  des  pierres ,  en  tirèrent  vne 
de  grosseur  d’vne  noix ,  au  milieu  de 
laquelle  fut  trouuée  une  aiguille  de- 
quoy  coustumierement  les  coustu- 
riers  cousent.  Le  malade  se  nommait 
Pierre  Cocquin ,  demeurant  en  la  rue 
Gallande,  près  la  place  Maubert  à  Pa¬ 
ris,  et  est  encore  à  présent  viuant.  La 
pierre  fut  présentée  au  Roy  en  ma 
presence,  avec  ladite  aiguille  que  les- 

1  Je  respecte  ici  l’orthographe  que  Paré  a 
donnée  à  ce  nom  de  Collo ,  et  qui  est  restée 
la  même  en  cet  endroit  dans  toutes  les  édi¬ 
tions.  Dans  celle  de  1564,  à  l’occasion  de  la 
taille  des  femmes ,  Paré  avait  écrit  Colloi-, 
mais  il  a  ensuite  corrigé  Collo  dans  toutes 
les  éditions  postérieures,  et  l’édition  latine  a 
également  admis  cette  dernière  orthogra¬ 
phe.  Toutefois  ni  l’une  ni  l’autre  n’a  préva¬ 
lu  ,  et  dans  l’ouvrage  posthume  de  François 
Colot,  publié  par  Sénac  en  1725  ,  on  trouve 
le  nom  écrit  avec  un  t  et  une  seule  l.  Peut- 
être  cependant,  si  l’on  considère  l’amitié 
qui  unissait  Paré  à  Laurent  Collo  et  à  ses 
fils,  la  première  manière  dont  il  avait  écrit 
ce  nom ,  corrigée  uniformément  dans  toutes 
les  éditions  suivantes,  et  enfin  le  consente¬ 
ment  du  traducteur  latin  j  peut-être,  dis-je, 
y  aurait-il  quelque  présomption  que  l’or¬ 
thographe  de  Paré  était  la  véritable,  et  c’est 
pourquoi  je  l’ai  conservée ,  au  moins  en  cet 
I  endroit. 


3o 


Ï,B  DIX-NBVFi:éMH  LIVRE, 


dlis  Collos  m’ont  donnée  pour  mettre 
en  mon  cabinet ,  laquelle  le  garde  et 
ay  encores  de  présent  ën  ma  posses¬ 
sion,  pour  mémoire  de  chose  si  mons¬ 
trueuse. 

L’an  mil  cinq  cens  septante,  ma¬ 
dame  la  duchesse  de  Ferrare  enuoya 
quérir  en  ceste  ville  lean  Collo ,  pour 
extraire  vne  pierre  de  la  véssie  d’vn 
pauure  pâtissier,  demeurant  à  Mon- 
targis  <,  laquelle  poise  neuf  onces,  de 
grosseur  d’vn  poing ,  et  de  figure 
comme  tu  vois  icy  le  portrait  :  et  fut 
tirée  en  la  présence  de  monsieur 
inaîstre  François  Rousset ,  et  malstre 
loseph  lauelle ,  hommes  sçauans  et 
bien  expérimentés  en  la  médecine, 
médecins  ordinaires  de  ladite  dame. 
Et  fut  si  heureusement  tirée ,  que  1er. 
dit  pâtissier  guérit  ;  toutesfois  peu  de 
temps  apres  luy  vint  vne  suppres¬ 
sion  d’vrine ,  au  moyen  de  deux  pe-, 
tites  pierres  qui  descendirent  des 
reins,  qui  bouchefent  les  pores  vre- 
teres ,  et  furent  cause  de  sa  mort, 

Pigim  d’vnç  fiem.  extraite,  à  vn,  palmier-  de 
Mdntargis. 


1  Ladite  dame  couslumiere  d’aider  aux  pan¬ 
ures,  fil  loua  les  frais  pour  la  cure  dudil  palis- 
sier.  —  A.  P. 


L’an  mit  cinq  cens  soixante  et  six , 
le  frore  dudit  lean  Collo ,  nommé 
Laurens  *,  fit  pareillement  en  ceste 
ville  de  Paris  extraction  de  trois  pier¬ 
res  estanS  en  la  vessie ,  de  grosseur 
chacune  d’vn  bien  gros  œuf  depoulle, 
de  couleur  blanche ,  pesans  les  trois 
douze  onces  et  plus ,  à  vn  surnommé 
Tire- vit ,  demeurant  à  Marly  *  :  le¬ 
quel  pour-ce  qu’il  auolt  dés  l’aage 
de  dix  ans  quelque  commencement 
desdites  pierres  en  la  vessie  ,  tlroit 
ordinairement  sa  verge  ,  dont  fut 
nommé  Tire-vit  :  car  la  vertu  expul- 
trice  de  la  vessie ,  voire  de  tout  le 
corps ,  s’efforçoit  à  letter  hors  ce  qui 
luy  nuisoit,  et  pour-ce  luy  causoit 
vn  certain  esguillonnement  à  l’extre- 
milé  d’icelle  verge  {  comme  se  fait 
ordinairement  à  ceux  qui  ont  quel¬ 
que  sable ,  ou  pierre  aux  parties  dé¬ 
diées  à  l’vrine  ,  ce  quei’ay  escrit  plus 
amplement  en  mon  liure  des  pierres  *.) 
Icelles  furent  présentées  au  roy  ,  es- 
tantpour  lors  à  Sainct  Maur  des  fos¬ 
sés  ;  on  en  cassa  vne  auec  vu  mar¬ 
teau  de  tapissier,  au  milieu  de  la¬ 
quelle  fut  trouuée  vne  autre ,  res¬ 
semblante  à  vn  noyau  de  pesche  ,  et 
de  couleur  tannée.  Lesdits  Collos 
m’ont  donné  les  susdites  pierres  pour 


1  Lesdils  Collos,  chirurgiens  ordinaires  du 
Roy ,  sonl  très  expers  à  l’exiraciion  des  pier¬ 
res,  et  en  plusieurs  autres  operations  de  la  chi¬ 
rurgie.  —  A.  P.  1673. 


vunsoiiaee  f 

n  retourna  en  sa  maison,  oü  à.  présent  est 
encore  viuant.  —  A.  P. 


produlUi  d’apré,  l-édillon  de  15,3, 
deux  éié  „„ 

dans  l  éditian  suivante. 

^Ceux  qui  ont  vne  pierre  fi  la  vessie  On 
tousiours  vn  prurit  n  ® 

de  ,a  Le  ,  !  V'*"""' 

Hiipil  il  «an  •  ’  des  Pierres  au- 

q»e  11  ,6»,ok  Mt  celui  de  W4.  ,„i 
parue  aujeurtfliui  do  livrer  OpLi«, 


jbES  MONSTRES  BT  PRODIGES.  3l 

mettre  à  mon  cabinet,  comme  choses  1  au  plus  prés  du  vif,  ainsi  que  tu  néux 
monstrueuses,  et  les  ay  fait  portraire  I  voir  par  ces  figures 


Figures  de  trois  pierres  extraites  à  vne  fois  sans  interuaUe  de  temps,  de  la  tessie  d’un 
appelé  Tire-vit,  l’vné  desquelles  est  brisééé 


D'auantage  ie  puis  icy  attester  que 
i’en  ay  trouué  dedans  les  reins  des 

1  On  trouve  dans l’/n/roducdon  d’À.  Paré, 
chapitre  2  (tome  pf  de  cette  édition ,  page 
28) ,  l’histoire  de  ce  Tire-Vii  racoptée  d’une 
manière  toute  différente ,  de  telle  sorte  qu’il 
faut  nécessairement  admettre ,  ou  bien  que 
Collo  opéra  deux  individus  du  nom  de 
Tire-vit,  ce  qui  est  peu  probable, et  ce  qui 
aurait  dû  au  moins  être  noté  -,  ou  bien  que 
Paré  a  pris  un  malade  pour  l’autre ,  et  mis 
sous  le  nom  de  Tire-vit  une  observation  qui 
ne  le  concernait  pas  ;  ou  enfin  que  les  deux 
observations  n’en  constituent  qu’une  seule, 
qui  aurait  été  incomplètement  racontée  dans 
l’un  et  l’autre  endroit.  Ce  qu’il  y  a  de  plus 
certain ,  c’est  que  Paré ,  ici  comme  en  beau¬ 
coup  d’autres  occasions ,  s’en  fiait  à  sa  mé¬ 
moire  pour  se  rappeler  des  faits  écoulés  de¬ 
puis  long-temps  :  et  que  cette  malheureuse 
habitude  est  ce  qui  a  le  plus  encombré  la 
chirurgie  d’observations  douteuses,  vagues, 
sans  certitude  et  presque  sans  valeur. 


corps  ttiorts ,  de  plusieurs  figures , 
comme  de  cochons ,  dé  Chiens ,  et  au*- 
très  diuerses  figures ,  ce  qui  nous  a 
esté  laissé  par  éscrit  des  anciens 

Monsieur  Dalechamps  recite  en  sa 
chirurgie,  qu’il  aveu  vn  homme  auoir 
vne  aposteme  sus  les  lombes,  dont 
apres  la  suppuration  icelle  dégénéra 
en  fistule  ,  par  laquelle  ietta  en  di¬ 
uerses  fois  plusieurs  pierres  venans 
du  rein  :  et  enduroit  le  Irauail  du  ché- 
ual  et  des  chariots. 

Hippocrates  escrit  *  dé  la  châm- 

2  Cette  attestation  si  légèrement  donnée 
d’un  homme  tel  que  Paré  est  bien  propre  à 
nous  faire  connaître  que  les  meilleurs  es¬ 
prits  fléchissent  quelquefois  sous  les  préju¬ 
gés  de  leur  siècle ,  en  même  temps  qu’elle 
explique  l’origine  de  tant  de  monstres  admis 
par  la  crédulité  de  ce  temps. 

3  Liure  6  des  jFpidemies.  —  A.  P. 


3î2  le  DIX-HEVFIÉME  LIVÎIE 


briere  de  Dysere ,  aagée  de  soixante 
ans ,  qui  auoit  des  douleurs  comme 
elle  si  eust  deu  accoucher  :  dont  vne 
femme  luy  tira  de  la  matrice  vne 
pierre  aspre  et  dure,  de  la  grandeur, 
grosseur ,  et  figure  d’vn  peson  de  fu¬ 
seau. 

lacques  Hollier,  Docteur  regent  en 
la  faculté  de  Medecine  à  Paris,  escrit  ' 
qu’ vne  femme,  après  auoir  esté  tour¬ 
mentée  d’vne  difficulté  d’vrine  par 
l’espace  de  quatre  mois  ,  en  fin  mou¬ 
rut  ;  laquelle  ayant  esté  ouuerte,  fu¬ 
rent  trouuées  en  la  substance  du 
cœur  deux  assez  grosses  pierres,  auec 
plusieurs  petites  apostemes  :  estans 
les  reins  et  les  pores  vreteres  et  la 
vessie  sains  et  entiers. 

L’an  mil  cinq  cens  cinquante-huit, 
fus  appelé  de  lean  Bouclier ,  maistre 
tailleurd’habits,demeurantruesainct 
Honoré ,  pour  luy  ouurir  vne  apos- 
teme  aqueuse  qu’il  auoit  au  genoüil  : 
en  laquelle  trouuay  vne  pierre  de  la 
grosseur  d’vne  amende,  fort  blanche, 
dure  ,  et  polie  ,  et  guérit ,  et  encores 
est  à  présent  viuant  \ 

Une  dame  de  nostre  cour  fut  lon¬ 
guement  et  extrêmement  malade  , 
sentant  douleur  au  ventre,  auec  gran¬ 
des  espreintes  :  estant  pensée  par 
plusieurs  médecins ,  lesquels  igno- 
roient  lèJieu  de  la  douleur.  On  m’en- 
uoya  quérir,  pour  sçauoir  si  ie  pour- 
rois  connoistre  la  cause  de  son  mal. 
Par  l’ordonnance  des  médecins ,  luy 
regarday  au  siégé  et  à  la  matrice,  auec 
instrumens  propres  à  ce  faire,  et  pour 
tout  cela  ne  pus  connoistre  son  mal. 
Monsieur  Le  Grand  luy  ordonna  vn 
clystere,  et  en  le  rendant  ietta  vne 

1  Liu.  1,  ch.  de  la  Palpitation  du  Cœur. 
—  A.  P. 

2  C’est  là  le  premier  cas  connu  d’un  corps 
étranger  développé  dans  le  genou,  et  extrait 
heureusemeot  par  l’incision. 


pierre  par  le  siégé  ,  de  la  grosseur 
d’vne  grosse  noix  :  et  tout  subit  ses 
douleurs  et  autres  accidens  cessèrent, 
et  depuis  s’e  t  bien  portée  '. 

Semblable  chose  est  arriuée  à  la 
dame  de  SainctEustachc,  demeurant 
au  carrefour  de  la  rue  de  la  Harpe 

Le  capitaine  Augustin,  Ingénieux 
du  Roy,  m’enuoya  quérir  auec  mon¬ 
sieur  Violaine  ,  docteur  regent  en  la 
faculté  de  Medecine,  et  Claude  Viard, 
Chirurgien  luréà  Paris,  pour  luy  ex¬ 
traire  vne  pierre  qu’il  auoit  sous  la 
langue ,  de  longueur  de  demy  doigt , 
et  grosse  d’vn  tuyau  de  plume.  Il  en 
a  encore  vne ,  qu’on  ne  peut  bien  en¬ 
core  destacher  ®. 

1  Dans  l’édition  de  1573  et  encore  en  1575, 
cette  histoire  était  rapportée  après  celle  de 
Dalechamps ,  et  la  rédaction  en  était  un  peu 
différente  : 

«  Monsieur  le  Grand ,  Docteur  regent  en 
la  faculté  de  Medecine,  et  médecin  ordinaire 
du  Roy ,  homme  sçauant  et  grandement  ex¬ 
périmenté,  lequel  fait  autant  bien  la  mede¬ 
cine  qu’homme  que  i’aye  iamais  cogneu , 
fus  appelé  auec  luy  pour  appliquer  \n  spé¬ 
culum  ani  à  vne  dame  d’honneur  qui  estoit 
tourmentée  d’extremes  douleurs  au  ventre 
et  au  siégé,  toutefois  sans  nulle  apparence 
à  la  veuë  d’aucun  mal  :  il  luy  ordonna  cer¬ 
taines  potions  et  clisteres,  auec  l’vn  desquels 
ietta  vne  pierre  de  grosseur  d’vn  esteuf,  et 
subit  ses  douleurs  furent  cessées,  et  guérit.» 
^  En  1579,  Paré  modifia  la  rédaction  de 
l’observation  ,  qui  était  peu  correcte ,  mais 
en  conservant  à  Legrand  à  peu  près  les  mê¬ 
mes  éloges,  que  l’on  retrouve  encore  dans  la 
traduction  latine.  C’est  en  1585  qu’il  chan¬ 
gea  définitivement  et  le  texte  et  le  plan  de 
l’histoire ,  comme  on  la  lit  aujourd’hui. 

2  Cette  observation  a  été  ajoutée  en  1585. 

8  Cette  observation ,  de  même  que  la  pré¬ 
cédente  ,  a  été  ajoutée  en  1585.  On  trouvera 
une  autre  observation  de  calcul  sous  la 
langue  dans  la  grande  ^po/oy/e,  au  titre  : 
r oyat^e  de  Bayonne,  1564. 


DES  MONSTRES  ET  ERODIGES. 


Or  pour  le  dire  en  vn  mot,  les  pier- 
es  se  peuuent  engendrer  en  toutes 
les  parties  de  nostre  corps  ,  tant  inté¬ 
rieures  qu’exterieures.  Qu’il  soit 
vray ,  on  en  voit  estre  engendrées 
aux  iointures  des  goutteux  ».  Anto- 
nius  Beniuenius  ,  médecin  florentin , 
au  liure  1,  chapitre  24,  dit  qu’vn 
nommé  Henry  Alleman  ietla  vne 
pierre  de  grosseur  d’vue  auelaine  en 
toussant. 


CHAPITRE  XVI. 

DE  CERTAINS  ANIMAVX  MONSTRVEVX 

QVI  NAISSENT  CONTRE  NATVRË  AVX 

CORPS  DES  HOMMES  ,  FEMMES,  ET  PE¬ 
TITS  ENFANS  2. 

Tout  ainsi  qu’au  grand  monde  il 
y  a  deux  g randes lumières,  à  seau oir 
le  soleil  et  la  lune ,  aussi  au  corps  hu- 

1  C’est  par  cette  phrase  que  se  terminait 
le  chapitre  dans  les  trois  éditions  de  1573 , 
1675  et  1579j  la  citation  de  Benivenius  a  été 
ajoutée  en  1585. 

^Ce  chapitre  n’existe  pas  en  cet  endroit 
dans  la  plupart  des  éditions  complètes  ;  il 
est  donc  nécessaire  de  dire  pourquoi  nous 
l’avons  rétabli. 

L’édition  de  1573  avait  un  16=  chapitre 
intitulé  des  Verms,  reproduit  par  celle 
de  1675  sous  ce  titre  plus  correct,  des  Fers. 
Il  était  assez  court,  et  composé  de  quatre 
histoires  que  l’on  retrouve  dans  le  courant 
du  chapitre  actuel.  En  1579,  le  texte  en  fut 
considérablement  amplifié;  l’auteur  y  ajouta 
quelques  histoires  qu’il  détacha  du  chap.  19 
(  voir  les  notes  suivantes  ),  et  il  le  transporta 
dans  son  livre  De  lapeiUe  Ferolle,  entre  le 
chapitre  3  qui  termine  l’histoire  de  la  variole, 
et  le  chapitre  4  qui  commence  l’histoire  des 
vers  intestinaux.  Sans  doute  qu’il  avait  des¬ 
sein  de  réunir  ainsi  tout  ce  qui  concerne 
les  vers  engendrés  dans  le  corps  humain;  et 
cependant  le.  titre  mememontre  bien  qu’il  ne 
III. 


33 

main  il  y  a  deux  yeux  qui  l’illumi¬ 
nent  :  lequel  est  appelé  Microcosme, 
ou  petit  portrait  du  grand  monde 
accourci.  Qui  est  composé  de  quatre 
elemens ,  comme  le  grand  monde  , 
auquel  se  font  des  vents ,  tonnerres  , 
tremblemens  de  terre ,  pluye ,  rosée , 
vapeurs,  exhalations,  gresles ,  éclip¬ 
sés  ,  inondations  d’eaux,  stérilité , 
fertilité ,  pierres ,  montagnes ,  fruits , 
et  plusieurs  et  diuerses  especes  d’a¬ 
nimaux  :  aussi  se  fait-il  le  sembla¬ 
ble  au  petit  monde ,  qui  est  le  corps 
humain.  Exemple  des  vents  ;  ils  se 
voyent  estre  enclos  és  aposlemes 
venteuses,  et  aux  boyaux  de  ceux  qui 
ont  la  colique  venteuse ,  et  pareille¬ 
ment  en  aucunes  femmes,  ausquelles 
on  oit  le  ventre  bruire  de  telle  sorte 
qu’il  semble  y  auoir  vne  grenouillère  : 
lesquels  sortans  par  le  siégé  rendent 
bruits  comme  coups  de  canonnades. 
Et  encore  que  la  piece  soit  braquée 
vers  la  terre  ,  neantmoins  tousiours 

s’agissaitpas  des  vers  proprement  dits,  et  que 
le  chapitre  était  déplacé  dans  le  lieu  nouveau 
qu’on  lui  avait  assigné,  en  même  temps  qu’il 
laissai  t  une  lacune  dans  le  livre  des  Monstres. 
Du  reste ,  ce  changement  de  place  avait  été 
opéré  si  négligemment,  que  dans  toutes  les 
éditions  du  vivant  de  l’auteur  la  table  du 
livre  des  Monstres  accusait  toujours  un  cha¬ 
pitre  16,  des  Fers,  qui  n’existait  plus  à  par¬ 
tir  de  1579,  tandis  que  la  table  du  livre  de 
la  petite  Ferolle  n’indiquait  en  rien  l’ad¬ 
jonction  du  chapitre  nouveau;  et  celui-ci , 
ne  comptant  pas  même  dans  le  livre  comme 
un  chapitre  spécial,  semblait  une  suite  du 
chapitre  troisième  intitulé  ;  Quelles  parties 
jaiit  présenter  de  la  verolle.  En  pesant  toutes 
ces  considérations ,  je  me  suis  détermine  à 
restituer  à  ce  chapitre  la  place  qu’il  avait 
eue  d’abord,  et  qui  est  de  beaucoup  la  plus 
naturelle  et  la  plus  logique. 

Le  texte  général  du  chapitre  est  donc  de 
1579,  sauf  les  parties  qui  seront  signalées 
dans  les  notes  comme  d’une  date  différente. 

*  3 


LE  DIX-NEVFIÉME  LHEE 


34 

la  fumée  du  canon  donne  contre  le  i 
nez  du  canonnier,  et  do  ceux  qui  sont 
proches  de  luy. 

Exemple  des  pluyes  et  inondations 
d’eaux  :  cela  se  voit  aux  apostemes 
aqueuses  et  au  ventre  des  hydropi¬ 
ques.  Exemple  du  tremblement  de 
terre  ;  telle  chose  se  voit  au  commen¬ 
cement  des  accès  des  fléures ,  où  les 
pauures  febricitans  ont  vn  tremble¬ 
ment  vniuersel  du  corps.  Exemple 
de  l’eclipse  :  cela  se  voit  aux  synco¬ 
pes  ou  défaillances  du  cœur,  et  aux 
suffocations  de  la  matrice.  Exemple 
des  pierres  :  on  les  voit  à  ceux  aus- 
quels  on  en  extrait  de  la  vessie ,  et 
autres  parties  du  corps. 

Exemple  des  fruits  :  combien  en 
voit-on  qui  au  visage  ou  autres  par¬ 
ties  extérieures  du  corps  ont  la  figure 
d’vne  cerise ,  d’vne  prune,  d’vne  cor¬ 
me,  d’vne  figue,  d’vne  meure?  la 
cause  de  quoy  a  esté  tousiours  réfé¬ 
rée  à  la  forte  imagination  de  la 
femme  conceuante  ou  enceinte ,  es- 
meuë  de  l’appetit  vehement ,  ou  de 
l’aspect ,  ou  d’vn  attouchement  (Uice- 
luy  à  l’improuiste  ;  comme  mesme  de  ] 
ce  qu’on  en  voit  naistre  d’aucuns 
ayans  en  quelque  endroit  du  corps  la 
figure  et  substance  d’vne  coinne  de 
lard ,  d’autres  d’vne  souris  ,  d’autres 
d’vne  escreuisse,  d’autres  d’vne  solle, 
et  d’autres  semblables,  Ce  qui  n’est 
point  hors  de  raison,  entendu  la  force 
de  l’imagination  se  ioignant  auec  la 
vertu  conformatrice ,  la  mollesse  de 
l’embrion  prompte,  et  comme  vne 
cire  molle ,  à  receuoir  toute  forme  : 
et  que  quand  on  voudra  esplucher 
tous  ceux  qui  sont  ainsi  marqués,  il 
se  trouuera  que  leurs  meres  auront 
esté  esnieuës  durant  leur  grossesse  de 
quelque  tel  appétit  ou  accident.  Où 
nous  remarquerons  en  passant ,  com¬ 
bien  est  dangereux  d’offenser  vne 
femme  grosse ,  de  lui  monstrer  et  ra- 


menteuoir  quelque  viande,  de  la¬ 
quelle  elle  ne  puisse  auoir  lu  ioüis- 
sanee  promptement,  voire  et  de  leur 
faire  voir  des  animaux  ou  portraits 
d’iceux  difformes  et  monstrueux.  En 
quoy  i’attensque  quclqu’vn  m’obiecte 
que  ie  no  deuois  donc  rien  inférer  de 
semblable  on  mon  liure  de  la  géné¬ 
ration.  Mais  ie  luy  respons  en  vn  mot, 
que  ie  n’escris  point  pour  les  femmes. 
Retournons  à  nostre  propos. 

Exemple  des  montagnes;  on  les 
voit  aux  bossus,  et  à  ceux  qui  ont 
des  loupes  grosses  et  énormes.  Exem¬ 
ple  de  stérilité  et  seieberesse  :  on  le 
voit  aux  hectiques ,  qui  ont  la  chair 
de  leur  corps  presque  toute  consom¬ 
mée.  Exemple  de  fertilité  ;  on  la  con- 
noistàceuxqui  sont  fort  gras,  fessus, 
et  ventrus,  tant  qu’ils  creuent  en  leur 
peau,  force  leur  est  de  demeurer 
tousiours  couchés  ou  assis ,  pour  ne 
pouuoir  porter  la  grosse  masse  de 
leur  corps.  Exemple  des  animaux  qui 
se  procréent  en  nos  corps,  à  sçauoir, 
pouls ,  punaises ,  et  morpions,  et  au¬ 
tres  que  descrirons  à  présent  *. 

Monsieur  Houlier  escrit  en  sa  pra¬ 
tique  qu’il  traitoit  vn  Italien  tour¬ 
menté  d’vne  extreme  douleur  de 
teste,  dont  il  mourut.  Et  l’ayant  fait 
ouurir,  luy  fut  trouué  en  la  substance 
du  cerueau  vn  animal  semblable  à 
vn  scorpion 2,  lequel,  comme  pense 
ledit  Houlier,  s’estoit  engendré  pour 

1  Ces  deux  dernières  lignes  sont  de  1585. 

2  L’auteur  ajoutait  :  Comme  tu  vois  pciv 
ceste  figure,  et  on  voyait  ici  une  figure  de 
scorpion,  que  j’ai  retranchée. 

Du  reste,  cette  histoire  se  lisait  déjà  au 
chapitre  IG  du  livre  des  Monstres  de  l’édi¬ 
tion  de  1573,  mais  avec  une  rédaction  un 
peu  différente. 

lacques  Ilollier  escript  en  sa  Practique  des 
Maladies  internes  iju'i/  s'engendra  au  cerueau 
d  m  Italien  vn  scorpion  pour  auoir  continuelle¬ 
ment  senti  du  basilic,  lequel  scorpion  lui  causa 


DES  MONSTRES  ET  PRODIGES. 


auoir  continuellement  senti  du  ba-  j 
silic.  Ce  qui  est  fort  vray-semblable, 
veu  que  Chrysippus  ,  Diopbanes ,  et 
Pline  ont  escrit,  que  si  le  basilic  est 
broyé  entre  deux  pierres  et  exposé 
au  soleil,  d’iceluy  naislra  un  scor¬ 
pion. 

Monsieur  Fernel  escrit  d’vn  soldat, 
lequel  estoit  fort  camus ,  tellement 
qu’il  ne  se pouuoit  moucher  aucune¬ 
ment  :  si  bien  que  de  rexcrement  re¬ 
tenu  et  pourri ,  s’engendrerent  deux 
vers  velus  et  cornus  de  la  grosseur 
d’vn  demy  doigt,  lesquels  le  rendi¬ 
rent  furieux  par  l’espace  de  vingt 
iours ,  et  furent  cause  de  sa  mort  *. 

Depnis  n’agueres  yn  ieupe  bqinnie 
auoit  vn  aposteme  au  milieu  de  la 
cuisse  partie  externe  ,  de  laquelle 
soriit  cest  animal,  lequel  me  fut  ap¬ 
porté  par  lacques  Guillemeau ,  Chi¬ 
rurgien  ordinaire  du  Roy ,  qui  disoit 
l’auoir  tiré  :  et  l’ay  mis  dans  vne 
phiole  de  verre,  et  a  demeuré  vif  plus 
d’vn  mofe  sans  aucun  aliment.  La  fi¬ 
gure  t’est  icy  représentée 


Monsieur  Duret  m’a  affirmé  auoir 
ietté  par  la  verge,  apres  vne  longue 


si  grande  douleur  de  teste  qu’il  en  mourut.  Ce 
qui  est  fort  vraisemblable,  etc. 

La  figure  du  scorpion  n’avait  été  ajoutée 
par  Paré  qu’en  1679. 

‘  Paré  ajoutait:  Tu  envois  la  figure,  0.1  pré¬ 
sentait  en  effet  au  lecteur  la  figure  d’un 
yer  velu  et  cornu.  Je  l’ai  retranchée  sans  hé¬ 
siter.  Du  reste  ,  celte  histoire  se  lisait  déjà 
au  chapitre  16  du  livre  des  Monstres  de  l’é  ¬ 
dition  de  1573;  seulement  la  figure  n’y  a 
été  accolée  qu’en  15^9. 

2  J’ai  gardé  cette  ligure  parce  que  Paré 
dit  l’avoir  vue,  bien  qu’il  fasse  toutes  ré- 


35 

maladie ,  vne  beste  viuante  sembla¬ 
ble  à  un  clouporte ,  que  les  Italiens 
appellent  Porceleti,  qui  estoit  de  cou¬ 
leur  rouge  L 

Monsieur  le  comte  Charles  de  Mans- 
feld ,  n’agueres  estant  malade  d’vne 
grande  fleure  continue  à  l’hostel  de 
Guise ,  a  ietté  par  la  verge  vne  cer¬ 
taine  matière  semblable  à  vn  animal: 
dontla  figure  t’est  icy  représentée 


II  se  fait  pareillement  en  la  ma¬ 
trice  des  femmes  beaucoup  de  for- 

serves  sur  sa  véritable  origine  ;  et  il  faut  as¬ 
surément  que  Guillemeau  ou  Paré  s’en  soient 
laissé  imposer,  et  que  le  dessinateur  ait  beau¬ 
coup  ajouté  à  la  forme  réelle  de  l’objet. 

On  peut  remarquer  que  Guillemeau  est 
appelé  ici  Chirurgien  ordinaire  du  Roy;  mais 
cette  histoire  ne  date  que  de  l’édition  de 
15S5.  Voyez ,  t.  n  ,  la  note  de  la  page  799. 

I II  y  avait  encore  ici  :  comme  tu  vois  par 
ce  portrait;  et  de  plus  une  figure  fort  mal 
faite  de  cloporte.  Je  l’ai  supprimée.  11  n’est 
pas  besoin  de  dire  que  monsieur  Duret  avait 
raconté  là  une  histoire  absurde  ;  mais  on 
voit  par  cette  réunion  des  grands  noms  de 
la  médecine  du  xvi®  siècle,  Houlier,  Fernel , 
Duret ,  tous  si  crédules  en  fait  de  prodiges , 
qu’il  était  bien  difficile  à  un  chirurgien  de 
ne  pas  se  laisser  entraîner  par  le  torrent;  et 
cependant  il  faut  rendre  cette  justice  à  Paré, 
qu’aucune  des  observations  où  il  a  figuré 
comme  témoin  ne  porte  l’empreinte  d\ine 
si  facile  crédulité. 

2  Cette  observation  peut  servir  de  preuve 
à  ce  que  j’ai  dit  dans  la  note  précédente.  SI 
pareille  chose  se  fût  présentée  aux  méde¬ 
cins  éminents  cités  plus  haut,  nul  doute 
qu’ils  n’en  eussent  fait  un  animal  ;  Paré 
dit  seulement  :  vne  certaine  matière  semblable 
àvn  animal;  et  rien  n’empêche,  en  effet, 
qu’un  caillot  sanguin  puisse  offrir  une  forme 
plus  ou  moins  approchant  de  celle-ci,  qui  a 
sans  doute  été  exagérée  par  le  dessinateur. 


36 


LE  DIX-NEVFIÉME  LIVRE, 


mes  d’animaux  (  qui  souuent  se  treu- 
uentauec  les  moles  et  enfans  bien  for¬ 
més)  comme  grenoüilles,  crapaux , 
serpens,lezars,  harpies  ^  Nicole  Flo¬ 
rentin  les  compare  à  chats-huans ,  et 
dit  deuoir  eslre  appelées  bestes  sau¬ 
nages.  Les  harpies  ont  esté  appelées 
des  anciens ,  freres  Lombars ,  par-ce 
que  telles  choses  aduenoient  aux 
femmes  de  Lombardie,  et  qu’elles 
naissoient  en  vne  mesme  matrice 
comme  les  enfans  bien  formés ,  qui  a 
donné  occasion  de  les  nommer  freres 
vterins ,  par  une  mesdisance  d’vne 
personne  que  l’on  hait  2.  Or  les  fem¬ 
mes  du  royaume  de  Naples  y  sont  fort 
suiettes ,  à  cause  de  la  mauuaise 
nourriture  qu’elles  prennent  ,  les¬ 
quelles  de  tous  temps  ont  mieux  aimé 
auoir  le  ventre  de  bureau  que  de  ve- 

1  La  question  traitée  dans  ce  paragraphe 
l’avait  déjà  été  dans  le  livre  des  3'Ionstres , 
édition  de  1573  et  1575,  chapitre  19.  Ce 
texte  primitif  mérite  d’être  reproduit. 

«  11  s’est  veu  des  femmes  auoir  ietté  par 
leurs  matrices  des  serpens  et  autres  bestes, 
ce  qui  peut  aduenir  par  la  corruption  de 
certains  excrements  estans  reteous  en  leur 
matrice,  comme  l’on  voit  se  faire és  intes¬ 
tins,  et  autres  parties  de  notre  corps,  de  gros 
et  longs  vers,  voire  pelus  et  cornus  (comme 
nous  demonstrerons  cy  après)  :  Quelques 
vns  ont  voulu  fredonner  que  telle  chose  peut 
venir  quand  vne  femme  se  baigne,  si  par 
cas  fortuit  quelque  beste  venimeuse  comme 
serpens  et  autres  ont  frayé ,  et  rendu  se¬ 
mence  en  leau,  à  l’endroict  de  laquelle  il  soit 
aduenu  quon  aye  espuisé  auec  leau  vne 
telle  ordure,  et  que  puis  apres  la  femme  se 
soit  baignée  en  icelle,  veu  principalement 
qu’à  cause  de  la  sueur  et  chaleur,  tous  ses 
pores  sont  dauantage  ouuerts  :  mais  telle 
raison  ne  peut  auoir  lieu,  attendu  que  la 
vertu  génératrice  de  ceste  semence  est  suf¬ 
foquée  et  esteinte  par  la  grande  quantité 
deau  chaude,  ioinct  pareillement  que  la 
bouche  de  la  matrice  ne  s’ouiire  point,  si 
ce  n’est  à  l’heure  du  coït ,  ou  que  les  mois 
coulent.  » 

î  Gourdon  ,  liv.  7,  chap  18.  —  A.  P. 


lours  c’est  à  dire  manger  fruits , 
herbages .  et  autres  choses  de  mau- 
uais  suc  qui  engendrent  tels  animaux 
par  putréfaction,  que  manger  viande 
de  bonne  nourriture,  pour  e.spargner, 
estre  braues  et  bien  accoustrées. 

Monsieur  loubert  ^  escrit  de  deux 
Italiennes  :  l’vne  femme  d’vn  frippier, 
et  l’autre  damoiselle,dans  vn  mesme 
mois  accoucheront  chacune  d’vn  part 
monstrueux  :  celuy  de  la  frippiere 
estoit  petit ,  ressemblant  à  vn  rat  sans 
queuë ,  l’autre  de  la  demoiselle  estoit 
gros  comme  un  chat  :  ils  estoient  de 
couleur  noire  :  et  au  partir  de  leurs 
matrices,  tels  monstres  grimperont 
en  haut  contre  la  paroy  de  la  ruelle 
du  lict,  et  s’y  attachèrent  fermement. 


Lycosthenes  escrit,  que  l’an  1494, 
vne  femme  de  Cracouie,  en  vne  place 
nommée  Sainct  Esprit,  enfanta  vn  en¬ 
fant  mort,  qui  auoit  un  serpent  vif 
attaché  à  son  dos,  qui  rongeoit  ceste 
petite  créature  morte  \ 

Leuinus  en  raconte  vne  merveil¬ 
leuse  histoire  en  ceste  façon  *,  Ces 
années  passées  vne  femme  vint  vers 
raoy  pour  me  demander  conseil  ;  la¬ 
quelle  ayant  conceu  d’vn  marinier, 
le  ventre  lui  commença  à  enfler  de 
telle^ sorte,  qu’on  pensoit  qu  elle  ne 


1  f^entre  de  bureau  que  de  velours,  façon  de 
parler  proverbiale  pour  dire  qu'elles  soi¬ 
gnaient  mal  leur  ventre.  Bureau  était  te 
nom  d’une  étoffe  grossière  dont  nous  avons 
fait  bure  ;  on  trouve  encore  ce  mot  dans  Boi¬ 
leau  Despréaux  : 


2  Au  liure  des  Erreurs  populaires.  —  A.  P. 

3  Paré  ajoutait  :  comme  lu  vois  pur  ceste 

figure,  et  donnait  en  effet  une  misérable 
figure  copiée  de  Lycosthenes,  ouv.  cité,  page 
503.  Au  reste,  cette  histoire  et  cette  figure 
f  Monstres 

»  1573  et  1575,  chapitre  19,  mais  après 
1  histoire  qui  va  suivre. 

^  Liu.  1  de  occult,  naïur,,  chap.  8.— A.  P. 


UES  MONSTRES 

(Icust  iamais  porter  à  terme.  Le  neii- 
fléme  mois  passé,  elle  enuoye  qué¬ 
rir  la  sage-femme  :  et  auec  grands 
efforts,  premièrement  accoucha  d’une 
masse  de  chair  sans  forme  ,  ayant  à 
chacun  costé  deux  anses  longues  d’vn 
bras,  qui  remuoit  et  auoit  vie  comme 
les  esponges.  Apres  luy  sortit  de  la 
matrice  vn  monstre  ayant  le  nez 
crochu,  le  col  long,  les  yeux  estin- 
celans,  une  queue  aiguë,  les  pieds 
fort  agiles.  Si  tost  que  ledit  monstre 
fut  sorti ,  il  commença  de  bruire ,  et 
remplir  toute  la  chambre  de  siffle- 
mens ,  courant  çà-et-là  pour  se  ca¬ 
cher  :  sur  lequel  les  femmes  se  iet- 
terent,  et  le  suffoquèrent  auec  des 
oreillers.  A  la  fin  la  pauure  femme 
toute  lasse  et  rompue,  accoucha  d’un 
enfant  masle,  tant  bourrelé  et  tour¬ 
menté  par  ce  monstre ,  qu’il  mourut 
si  tost  qu’il  eusl  recëu  bapfesme.  La¬ 
dite  patiente,  apres  auoir  esté  longue 
espace  de  temps  à  se  r’auoir,  luy  ra¬ 
conta  le  tout  fldelement 

Cornélius  Gemma,  médecin  de  Lou- 
uain,  en  vn  liure  qu’il  a  fait  depuis  peu 
de  temps,  intitulé  De  nalurœ  diuinis 
characterismis ,  raconte  vne  histoire 
admirable  d’vne  ieune  fille  de  ladite 
ville ,  aagée  de  quinze  ans ,  du  corps 
de  laquelle,  apres  douleurs  infinies, 
sortirent  plusieurs  choses  estranges 
par  haut  et  par  bas.  Entre  lesquelles 
elle  rendit  par  le  siégé  auec  les  excre- 
mens,  vn  animal  vif,  long  d’un  pied  et 
demy ,  plus  gros  que  le  pouce ,  repré¬ 
sentant  si  bien  vne  vrayeet  naturelle 
anguille,  qu’il  n’y  auoit  rien  a  redire, 

‘  Cette  histoire  se  lisait  déjà  dans  le  livre 
des  Monstres  de  1673  et  1575,  après  le  long 
passage  reproduit  dans  la  note  de  la  page 
précédente  ,  et  avant  l’histoire  de  Lycosthè- 
nes.  C’est  d’après  le  texte  de  ces  deux  édi¬ 
tions  primitives  que  j’ai  restitué  la  dernière 
phrase,  qui  manque  dans  toutes  les  autres, 


ET  PRODIGES.  3^ 

fors  qu’il  auoit  la  queuë  fort  peluc  *. 

Maistre  Pierre  Barque  ,  chirurgien 
des  bandes  Françoises ,  et  Çlaude  le 
Grand  chirurgien  ,  demeurans  à  Ver¬ 
dun  ,  n’agueres  m’ont  affirmé  auoir 
pensé  la  femme  d’un  nommé  Gras 
bonnet ,  demeurant  audit  Verdun  , 
laquelle  auoit  vne  aposteme  au  ven¬ 
tre  :  de  laquelle  ouuerte  sortit  auec 
le  pus  grand  nombre  de  vers ,  gros 
comme  les  doigts ,  ayans  la  teste  ai¬ 
guë,  lesquels  lui  auoient  rongé  les 
intestins,  en  sorte  qu’elle  fut  long 
temps  qu’elle  iettoit  ses  excremens  fé¬ 
caux  par  l’vlcere,  et  à  présent  est  du 
tout  guerie  2. 

Antonius  Beniuenius ,  médecin  de 
Florence,  escrit  qu’vn  quidam  nommé 
Ieaii,menusier,  aagé  de  quarante  ans, 
auoit  presque  vne  assiduelle  douleur 
de  cœur,  pour  laquelle  auoit  esté  en 
danger  de  mort.  Et  pour  y  obuier, 
eut  l’opinion  de  plusieurs  médecins 
de  son  temps  ,  sans  toutesfois  en 
auoir  receu  aucun  allégement.  Quel¬ 
que  temps  apres  s’adressa  vers  luy  ; 
ayant  considéré  sa  douleur,  luy 
donna  vn  vomitoire ,  par  lequel  ietta 
grande  quantité  de  matière  pourrie 
et  corrompue ,  sans  toutesfois  appai- 
ser  sa  douleur.  Derechef  luy  ordonna 
vn  autre  vomitoire ,  au  moyen  du¬ 
quel  il  vomit  grande  quantité  de  ma¬ 
tière  ,  ensemble  un  ver  de  grandeur 
de  quatre  doigts ,  la  teste  rouge , 
ronde ,  et  de  grosseur  d’vn  gros  pois, 
ayant  le  corps  plein  de  poil  follet, 
la  queuë  fourchue  en  forme  de  crois- 

1  Paré  ajoutait  :  Comme  tu  peux  voir  par  le 
portrait  cy- dessous,  semblable  à  celuy  que 
Gemma  a  mis  en  son  liure.  J’ai  retranché 
cette  absurde  ligure  ,  que  Paré  eût  bien  fait 
de  laisser  à  Gemma 

2  C’est  par  celte  histoire,  reproduite  ici 
textuellement ,  que  commençait  le  chapitre 
16  du  livre  des  Monstres  en  1673. 


LE  DlX-NEVFi:éME  LIVRE, 


38 

sant,  ensemble  quatre  pieds,  deux 
au  douant,  et  deux  au  derrière 
le  dis  encore  qu’aux  apostemes  il 
se  trouue  des  corps  fort  estranges, 
comme  pierre,  croyc,  sablon,  char¬ 
bon,  coquilles  de  limaçon,  espics, 
foin ,  cornes ,  poil ,  et  autres  choses , 
ensemble  plusieurs  et  diuers  ani¬ 
maux  ,  tant  morts  que  viuans  2.  Des¬ 
quelles  choses  la  génération  (faite 
par  corruption  et  diuerse  alteration) 
ne  nous  doit  estonner  beaucoup  ,  si 
nous  considérons  que,  comme  Nature 
fécondé  a  mis  proportionnément  en 
l’excellent  Microcosme  toute  sorte  de 
matière  ,  pour  le  faire  ressembler  et 
estre  comme  image  viue  de  ce  grand 
monde  ;  aussi  elle  s’esbat  à  y  repré¬ 
senter  toutes  ses  actions  et  mouue- 
mens,  n’estant  iamais  oisiue  quand  la 
matière  ne  luy  defaut  point  ^ 

;  1  Ici  encore  revenait  la  phrase  habituelle, 

comme  tu  vois  par  cesle  figure,  suivie  en  effet 
de  la  figure  annoncée,  que  j’ai  supprimée 
comme  les  autres.  Cette  suppression  m’a 
d’autant  moins  coûté  que  Benivieni  n’avait 
pas  donüé  de  figure,  et  que  c’est  Paré  qui 
l’avait  fait  faire  d’après  la  description.  Du 
reste ,  Cette  histoire  avait  été  ajoutée  en 
chapitre  en  1575,  et  la  figure  seulement 
en  1579, 

2  11  a  déjà  dit  quelque  chose  de  semblable  . 
au  livre  des  Tumeurs  en  general,  ch.  4.  — 
Voyez  t.  I,  p.  324. 

3  Dans  l’édition  de  1573,  le  chapitre  se 
terminait  ainsi  ; 

l’ûy  escripi  eh  mon  Traiété  de  la  Peste 
auoir  teu  vne  femme  qui  auoil  ietlé  vnver  par 
le  siège  de  longueur  plus  d’vnè  toise,  de  figure 
d’vn  serpent  ;  qui  voudra  sçauôir  la  génération, 
les  especes  et  différences ,  leurs  diuersités  de 
couleurs ,  figures  d’iceux ,  les  Irouuera  audict 
chapitre. 

Cette  citation  se  rapporte  au  Traité  de 
la  Peste  de  1568,  qui  a  été  depuis  divisé  en 
deux  livres,  celui  de  la  Peste,  et  celui  de  la 
petite  Fcrolle  et  Lepre  ;  c’est  dans  ce,  der¬ 
nier,  chapitre  4,  que  l’on  trouvera  l’histoire 
et  les  détails  annoncés  par  l’auteur. 


CHAPIïRË  XVÏI. 

DE  CERTAINES  CHOSES  ESTRANGES  QVE 
NATVRE  RËPOVSSE  PAR  SON  INCOM¬ 
PREHENSIBLE  PROVIDENCE  '. 

An'toniiis  Beniueniiis,  mcdccln  de 
Florence ,  escrit  qu’vne  certaine  fe¬ 
melle  aualla  vne  aiguille  d’airain, 

1  Ce  chapitre,  qui  est  bien  le  17'  de  l’é¬ 
dition  primitive  et  de  colle  de  1575 ,  est  le 
16'  de  toutes  les  autres  éditions  complètes. 
Voyez  la  note  2  dè  là  pàg^e  â3. 

Éâis  dans  le  principe  il  ne  commençait 
pas  comme  aujoui-d’iml.  L’auteur  débutait 
sans  p'réambülè  par  raconter  l’Lisloire  dè 
monsieur  Sarret,  qu’on  Ht  aujourd’hui  au 
chapitre  52  du  livre  des  Operations  de  Chi¬ 
rurgie  (voyez  tome  U,  page  500,  le  texte  et  la 
note',  et  il  ajoutait:  Ce  que  i’aij  veu  sem¬ 
blablement  aduenir  à  monsieur  le  comte  de 
Mansfelt ,  de  sa  blessure  de  pistole  qu'il  eut 
au  bras  senestre  le  iour  de  la  bataille  de 
Montcontour.  On  trouvera  l’histoire  du  comte 
de  Mansfelt  rapportée  fort  au  long  au  cha¬ 
pitré  14  du  livre  des  pldyes  d'harquebuses 
(tome  n ,  pagé  IGS)  ;  seulement  il  est  bien 
remarquable  qu’eh  1573  Paré  dise  que  la 
blessure  était  au  bras  senestre  ,  et  en  1575 , 
au  bras  dexire  ;  nouvel  exempte  du  danger 
pour  l’observateur  de  s’en  fier  à  sa  mémoire. 
—Ensuite  venait  l'histoire  de  monsieur  de  la 
Croix,  qui  plus  tard  a  suivi  le  sort  de  celle 
de  monsieur  Sarret  (voyez  tome  11, page  SOQ)  ; 
il  faut  dire  pointant  que  l’édition  de  Ï573 
ajoute  CP  documeht  qui  manque  dans  toutes 
les  autres  ,  que  la  blessure  était  à  la  ioinc- 
ticre  du  coude  ;  imiis  quelle'confiance  accor¬ 
der  à  ce  renseignement  donné  de  méHioiré 
plus  de  neuf  ans  après  l’accidentl*  et  ne  so 
peut-il  pas  que  Paré  ait  attribué  à  M.  de  la 
Croix  les  conditions  de  la  blessure  de  M.  de 
Mansfelt,  pour  lequel  nous  venons  de  voir 
qu’il  avait  commis  une  autre  erreur? 

Quoi  qu’il  en  soit,  notre  auteur  ne  man¬ 
quait  pas,  après  ces  histoires,  do  raconter 
.  sa  discussion  sur  le  trajet  de  la  sanie  à  tra¬ 
vers  les  vaisseaux,  appuyée  do  la  comparai- 


DES  MONSTRES  ET  PRODIGES. 


sans  auoir  senti  aucune  douleur 
l’espace  d’vn  an  ;  lequel  estant  passé, 
luy  suruint  grande  douleur  au  ven¬ 
tre,  et  pour-ce  eut  l’opinion  de  plu¬ 
sieurs  médecins  touchant  ceste  dou¬ 
leur,  sans  leur  faire  mention  de  ceste 
aiguille  qu’elle  auoit  auallée  :  tou- 
tesfois  aucun  ne  luy  sceut  donner  al¬ 
légement  :  et  vesquit  ainsi  l’espace  de 
dix  ans  ‘  ;  lors  tout  à  coup  par  vn  pe¬ 
tit  trou  prés  du  nombril ,  ladite  ai¬ 
guille  sort ,  et  fut  guarie  en  peu  de 
temps. 

Vn  escolier  nommé  Chambellant , 
natif  de  Bourges ,  estudiant  à  Paris 
au  college  de  Presle  ,  aualla  vn  espy  ' 
d’herbe  nommé  gramen,  lequel  sortit 
quelque  temps  apres  entre  les  costes 
tout  entier,  dont  il  en  cuida  mourir: 
et  fut  pensé  par  défunt  monsieur  Fer- 
nel ,  et  monsieur  Huguet ,  Docteurs 
en  la  faculté  de  Medecine.  Il  me  sem 
bleque  c’estoit  fort  fait  à  Nature  d’a- 
uoir  expulsé  ledit  espy  de  la  substance 
des  poumons ,  auoir  fait  ouuerture  à 
la  membrane  pleuretique,  et  aux 
muscles  qui  sont  entre  les  costes  :  et 
neantmoins  receut  guérison  :  et  croy 
qu’il  soit  encore  viuant. 

son  des  monte-vins,  de  celle  du  lait  des 
femmes  ilouvellemetlt  accouchées  qui  s’é¬ 
coule  par  la  matrice  ;  eti  alléguant  égale¬ 
ment  l’exemple  du  chyle  attité  par  le  foie , 
de  la  sfemence  parcourant  les  vaisseaux  du 
testicule.  On  peut  retrouver  toute  celte  dis- 
Cussibn,  avéc  des  changements  insignifiants 
de  rédaction,  aux  pages  501  et  502  de  notre 
tome  deuxième. 

Après  tout  cela  venait  ensuite  l’histoire  de 
Vescoliev  Chambellant ,  qui  est  la  seconde  du 
chapitre  actuel.  Quant  à  celle  de  Beni- 
vieni,  elle  a  été  ajoutée  en  1576  ,  en  môme 
temps  que  toutes  les  précédentes  étalent 
supprimées. 

1  Paré  avait  mis  par  erreur,  deux  ans;  le 
texte  de  Benivieni  porte ,  deeem  annU. 


39 

Cabrolle  * ,  chirurgien  de  monsieur 
le  Mareschal  d’Anuille,  n’agueres  m’a 
certifié  que  François  Guillemet ,  chi¬ 
rurgien  de  Sommieres ,  petite  ville 
qui  est  à  quatre  lieues  prés  de  Mont¬ 
pellier,  auoit  pensé  et  guéri  vn  berger 
auquel  des  voleurs  auoientfaitaualler 
vn  Cousteau  de  longueur  d’vn  demy- 
pied,  et  le  manche  estoit  de  corne,  de 
grosseur  d’vn  pouce  :  qui  fut  l’espace 
de  six  mois  en  son  corps,  se  plaignant 
grandement ,  et  deuint  etique ,  sec 
et  émacié  :  en  fin  luy  suruint  vne 
aposteme  au-dessous  de  l’aine,  ieltant 
grande  quantité  de  pus  fort  puant  et 
infect ,  par  laquelle  en  presence  de  la 
iustice  fut  tiré  ledit  Cousteau ,  lequel 
monsieur  loubert ,  médecin  célébré 
à  Montpellier,  gardé  éri  son  cabinet , 
et  l’a  motistré  à  plusieurs,  comme 
vne  chose  admirable,  digne  de  grande 
mémoire  ,  et  monstrueuse.  Ce  que 
pareillement  lacques  GuiÜemeau  , 
Chirurgien  luré  à  Paris,  m’a  affermé 
auoir  véu  au  cabinet  de  monsieur 
loubert,  pour  lors  estant  à  Mont¬ 
pellier  2. 

Monsieur  de  Rohan  aüoit  vn  fol  nom¬ 
mé  Güion,  qüi  aualla  la  pointe  d'Vhe 
espée  tranchante,  de  longueur  de 
trois  doigts  ou  enuiron ,  et  douze  iours 
apres  la  ietta  par  le  siégé  :  et  ne  fut 
sans  luy  adUenir  de  grands  accident, 
tôutesfois  réchappa  :  il  y  a  des  gen- 

1  L’édition  de  1573  disait  monsieur  Ca¬ 
brolle  ;  le  monsieur  a  été  retranché  dès  1579, 
probablement  parce  que  c’était  trop  d’hon¬ 
neur  pour  un  chirurgien.  Cabrol  vivait  en¬ 
core  en  1595. 

2  Cette  dernière  phrase ,  dans  laquelle 
Paré  appelle  Guillemeau  en  témoignage,  a 
été  ajoutée  en  1579  ,  et  n’a  pas  été  changée 
depuis.  On  volt  que  Guillemèau  n’y  est  pas 
ehcoro  nommé  chirurgien  du  roi.  Voyez 
tome  II,  page  799,  la  note  1  de  la  deuxième 
colonne. 


LE  DIX-NEVFIÎÎME  LIVRE 


4o 

tils-hommes  de  Bretagne  encore  vi- 
nans  qui  la  Iny  virent  aualler. 

On  a  veu  aussi  à  certaines  fem¬ 
mes  ,  l’enfant  estant  mort  dans  leur 
matrice ,  les  os  sortir  par  l’ombilic , 
et  la  chair  par  pourriture  estre  iettée 
par  le  col  de  leur  matrice ,  et  par  le 
siégé ,  s’estant  fait  abcès  ;  ce  que  deux 
chirurgiens  célébrés  et  dignes  de  foy 
m’ont  certifié  auoir  veu  à  deux  diuer- 
ses  femmes. 

PareillementmonsieurDalechamps 
en  sa  Chirurgie  Françoise  ,  recite 
qu’Albucrasis  auoit  traité  vne  dame 
de  mesme  chose  ,  dont  l’issue  fut 
bonne,  ayant  recouuert  sa  santé, 
toutesfois  sans  porter  enfans  depuis. 

Semblablement  est  vne  chose  bien 
monstrueuse  de  voir  vne  femme  , 
d’vne  suffocation  de  matrice  estre 
trois  iours  sans  se  mouuoir,  sans  ap¬ 
parence  de  respirer ,  sans  apparente 
pulsation  d’artere  :  dont  quelques 
vues  ont  esté  enterrées  viues,pensans 
leurs  amis  qu’elles  fussent  mortes. 

Monsieur  Fernel  escrit  d’vn  certain 
adolescent,  lequel  apres  auoir  pris 
grand  exercice,  commença  à  toussir 
iusques  à  tant  qu’il  eust  ietté  vne  j 
aposteme  entière  de  la  grosseur  d’vn 
œuf, laquelle  estant  ouuerte  fut  trou- 
uée  pleine  de  boue  blanche ,  enue- 
loppée  en  vne  membrane.  Iceluy 
ayant  craché  le  sang  par  deux  jours , 
auec  vne  grande  fiéure,  toutesfois 
réchappa  C 

L’enfant  d’un  marchand  drapier, 
nommé  de-PIeurs,  demeurant  au  coin 
de  la  rue  neufue  nostre  Dame  de  Pa¬ 
ris,  aagé  de  vingt  deux  mois  ,  aualla 
vne  piece  d’vn  miroir  d’acier,  qui 
descendit  en  la  bourse, et  fut  cause 
de  sa  mort.  Estant  décédé ,  fut  ou- 

1  Le  chapitre  se  terminait  là  en  1673  et 
1576;  le  reste  est  de  diverses  dates. 


uert  en  la  presence  de  monsieur  le 
Gros,  docteur  regent  en  la  faculté  de 
Medecine  à  Paris,  et  l’ouuerture 
faite  par  maistre  Balthazar,  chirur¬ 
gien  pour  lors  de  rilostel-Dieu.  Cu¬ 
rieux  de  la  vérité ,  m’en  allay  parler 
à  la  femme  dudit  de-Pleurs ,  laquelle 
m’affirma  !a  chose  estre  vraye,  et  me 
monstra  la  piece  de  miroir  qu’elle 
portoit  en  sa  bourse  ;  qui  esloit  de 
telle  figure  et  grandeur  >. 

Figure  d’vne  piece  de  miroir,  qu'avalla  vn  en¬ 
fant  aagé  de  vingt  deux  mois,  qui  fut  cause 
de  sa  mort. 


Valescus  de  Tarante  médecin,  en 
ses  Obseruations  médicinales  et  exem¬ 
ples  rares,  dit  qu’vue  ieune  fille  Vé¬ 
nitienne  aualla  vne  aiguille  en  dor¬ 
mant,  de  la  longueur  de  quatre  doigts, 
et  dix  mois  après  la  ielta  par  la  vessie 
auec  l’vrine 

L’an  1578,  au  mois  d’octobre,  Tien- 
nette  Chartier,  demeurant  à  sainct 
Maur  les  Fossés ,  femme  vefue  aagée 
de  quarante  ans,  estant  malade  d’vne 
fiéure  tierce,  vomit  au  commence¬ 
ment  de  son  accès  grande  quantité 
d’humeur  bilieux ,  auec  lequel  elle 

1  Cette  histoire  a  été  ajoutée  en  1685,  de 
même  que  l’observation  suivante  de  Va¬ 
lescus. 

®  Valescus  de  Tarente  n’a  point  écrit 
d’ Observations  médicinales;  Paré  cite  par 
mégarde  le  titre  d’un  livre  deRembert  Do- 
doens ,  Medicinalium  Observationum  Exem- 
pla  rara  ,  àla  suite  duquel  Dodoens  a  publié 
quelques  faits  extraits  du  Philonium  de  Va¬ 
lescus. 


DES  MONSTRES  ET  PRODIGES. 


reietta  trois  vers,  qui  estoient  ve¬ 
lus,  et  du  tout  semblables  en  figure, 
couleur,  longueur  et  grosseur  à  che¬ 
nilles,  sinon  qu’ils  estoient  plus  noirs: 
lesquels  depuis  vesquirent  huit  iours 
et  plus,  sans  aucun  aliment.  Et  furent 
iceux  apportés  par  le  barbier  dudit 
sainct  Maur  à  monsieur  Milot,docleur 
et  lecteur  des  escoles  en  Medecine, 
quipensoit  lorsladite  Chartier,  lequel 
me  les  monstra.  Messieurs  le  Féure, 
le  Gros,  Marescot,  et  Courtin  Docteurs 
en  Medecine,  les  ont  aussi  veus  G 

le  ne  puis  encore  passer  que  ne 
recite  ceste  histoire  prise  aux  Chro¬ 
niques  de  Monstrelet ,  d’vn  franc-ar¬ 
cher  de  Meudon  près  Paris ,  qui  estoit 
prisonnier  au  Chastelet  pour  plu¬ 
sieurs  larcins,  dont  il  fut  condamné 
d’estre  pendu  et  estranglé  :  il  en  ap- 
pella  en  la  cour  de  Parlement,  et  par 
icelle  cour  fut  déclaré  estrebien  iugé 
et  mal  appellé.  En  mesme  iour  fut 
remonstré  au  roy  par  les  médecins 
de  la  ville,  que  plusieurs  estoient  fort 
trauaillés  et  molestés  de  pierre,  coli¬ 
que,  passion  et  maladie  de  costé, 
dont  estoit  fort  molesté  ledit  franc- 
archer,  et  aussi  desdites  maladies  es¬ 
toit  fort  molesté  monseigneur  de 
Boscage ,  et  qu’il  seroit  fort  requis  de 
voir  les  lieux  où  lesdites  maladies 
sont  concreées  dedans  les  corps  hu¬ 
mains,  laquelle  chose  ne  pouuoit  es- 
tre  mieux  sceuë  qu’en  incisant  le 
corps  d’un  homme  viuant  :  ce  qui 

1  Celte  histoire  a  été  ajoutée  en  1.W6  ,  en 
même  temps  que  la  suivante.  La  place 
qu’elles  occupent  est  une  nouvelle  preuve 
du  peu  de  soin  avec  lequel  Paré  faisait  ces 
additions;  car  évidemment  cette  histoire  de 
vers  rejetés  par  le  vomissement  revenait  de 
droit  au  chapitre  qui  précède;  et  l’anecdote 
du  franc  archer  de  Meudon  convenait  beau¬ 
coup  mieux  au  chapitre  des  pierres  qui  s’eu- 
gendreui  au  corps  humain. 


4i 

pouuoit  estre  bien  fait  en  la  personne 
d’iceluy  franc-archer ,  qui  aussi  bien 
estoit  prest  de  souffrir  la  mort  :  la¬ 
quelle  ouuerture  fut  faite  au  corps 
dudit  franc-archer,  et  dedans  iceluy 
quis  et  regardé  le  lieu  desdites  ma¬ 
ladies,  et  après  qu’ils  eurent  esté 
veus,  fut  recousu,  et  ses  entrailles 
remises  de  laus  :  et  par  l’ordonnance 
du  roy  fut  bien  pensé ,  tellement  que 
dedans  quelques  iours  il  fut  bien 
guari  :  et  eut  sa  remission ,  et  luy  fut 
donné  auec  ce  argent*. 


CHAPITRE  XVIII. 

DE  PLVSIEVRS  AVTRES  CHOSES  ES- 
TRANGES. 

Alexandre  Benedict  recite  en  sa 
Pratique,  auoir  veu  vne  femme 
nomi^eVictoire,  laquelle  auoit  perdu 
toute* ses  dents  :  et  estant  deuenue 
chauue,  autres  dents  luy  reuinrent 
toutes  en  l’aage  de  quatre  vingts  ans. 

Antonius  Beniuenius  médecin ,  au 
liure  1.  chap.  83,  fait  mention  d’vn 
nommé  lacques  le  larron  ,  lequel  es¬ 
tant  décodé,  luy  fut  trouué  le  cœur 
tout  couuert  de  poil 

Le  fils  de  Bermon  ,  Baille  demeu¬ 
rant  en  la  ville  de  S.  Didier,  au  pais 
de  Vellay  ,  auoit  vne  loupe  sur  le 
sourcil  de  l’œil  dextre,  laquelle  com- 
mençoit  desia  à  l’offusquer  et  cou- 
urir,  et  partant  voulut  que  i’en  fisse 
amputation  (  ce  que  ie  fis  il  n’y  a  pas 
long-temps,  et  trouuay  la  loupe  pleine 

*  On  peut  comparer  cette  citation  avec  le 
texte  original  de  Jean  de  Troye.s,  que  j’ai 
donné  dans  mon  Introduction,  tome  i,  page 
cv.  C’est  à  Jean  de  Troyes  que  Monstrelet 
avait  emprunté  cette  anecdote. 

2  Cette  citation  de  Benivenius  ne  date  que 
de  1585. 


49  le  DIX-NEVrilÉME  LIVRE  , 


diRpoil,  aiiec  vnemallere  mucllagi- 
nfiiise  :  et  en  huit  iours  la  playe  fut 
totalement  consolidée 
Estietme  Tessier,  maistre  barbier 
ChimrgiendemeUrant  à  Orléans, hom¬ 
me  de  bien ,  et  expérimenté  eh  son 
art,  m'a  recité  que  depuis  peu  de 
temps  auoit  pensé  et  médicamenté 
Charles  Verignel,  sergent  demeurant 
à  Orléans,  d’vne  playe  qu’il  auoit  re- 
ceuë  au  jarret,  partie  dextre,  auec 
incision  totale  des  deux  tendons  qui 
fléchissent  le  jarret  :  et  pour  l’habil¬ 
ler  luy  fit  fléchir  la  iamhe ,  en  sorte 
qu’il  cousit  les  deux  tendons  bout  à 
bout  Tvn  de  Tautre,  et  la  situa  et 
traita  si  bien ,  que  la  playe  fut  con¬ 
solidée  sans  estre  demeuré  boiteux  : 
chose  digne  d’estre  bien  notée  au 
ieune  chirurgien  ,  à  fin  que  lorsqu’il 
lüy  Viendra  entre  ses  mains  telle 
Chose ,  il  en  face  le  semblable. 

Que  diray-ie  d’auantage  ?  C’^t  que 
i’ay  veu  -  plusieurs  guaris,  ayans  des 
coups  d’espées ,  de  fléchés,  d’harque-  | 
htise  au  tt-auérs  du  corps  ;  d’autres  j 
des  playes  à  la  teste,  auec  déperdition 
de  la  substance  du  Cèrueau  :  autres 
auoir  les  bras  et  les  iambes  empor¬ 
tées  de  coups  de  canon ,  neantmoins 
receuoir  guarison  ;  et  d’autres  qui 
n’auoient  que  des  petites  playes  su¬ 
perficielles ,  que  l’on  estimoit  n’es- 
Ire  Hen ,  toutesfois  mouroient  auec 
grands  et  cruels  accidens.  Hippo¬ 
crates  au  cinquième  des  épidémies, 
dit  auoir  arraché  six  ans  apres  vn 

‘  J’ai  rétabli  cette  observation  dans  le 
texte  d’après  l’édition  de  1573.  Elle  avait  été 
retranchée  dès  1575,  et  il  est  difficile  d’en 
comprendre  la  raison,  à  moins  que  l’auteur 
ne  l’ait  effacée  par  erreur  avec  une  phrase 
qui  suivait  concernant  les  corps  étrangers 
dans  les  loupes  et  apostèmes,  et  qu’il  vou¬ 
lait  transporter  au  livre  des  Tumeurs,  ch.  4. 
Voyez  la  note  1  de  la  page  39. 


fer  do  fléché  qui  estoît  demeuré 
plus  profond  do  l’aine ,  et  n’en  rend 
autre  cause  dcceste  longue  demeure, 
sinon  qu’il  estoit  demeuré  entre  les 
nerfs,  veines,  et  artères  sans  en  bles¬ 
ser  vne  seule  ‘.  Et  pour  conclusion 
ie  diray  auec  Hippocrates  (pere  et 
autheur  de  la  médecine)  qu’aux  ma¬ 
ladies  il  y  a  quelque  chose  do  diuin, 
dont  l’homme  n’en  srauroit  donner 
raison.  le  ferois  icy  mention  de  plu¬ 
sieurs  autres  choses  monstrueuses 
qui  se  font  aux  maladies,  n’esloit  que 
ie  crains  d’estre  trop  prolixe,  et  répé¬ 
ter  vne  chose  trop  de  fois. 


CHAPITRE  XIX. 

EXEMPLE  DES  MONSTRES  QVI  SE  FONT 
PÀR  CORRVPTION  ET  POVRRITVRE 


Boistuau  en  ses  Histoires  prodigieu¬ 
ses  escrit,  que  luy  estant  en  Auignon, 
vn  artisan  ouurant  vn  cercueil  de 
plomb  d’vn  mort ,  bien  couuert  et 
soudé,  de  façon  qu’il  n’y  auoit  aucun 
air,  fut  mordu  d’un  serpent  qui  estoit 
enclos  dedans,  la  morsure  duquel  es- 
toit  si  veneneuse,  qu’il  en  cuida  mou¬ 
rir.  L’on  peut  bien  donner  raison  do 
la  naissance  et  de  la  vie  de  cest  ani¬ 
mal  :  c’est  qu’il  fut  engendré  de  la 
pourriture  du  corps  mort. 


1  Celte  histoire,  empruntée  d’ Hippocrate, 
n’a  été  insérée  en  cet  endroit  qu’en  1579. 

2  Ce  chapitre  était  bien  plus  étendu  dans 
les  deux  éditions  de  1573  et  1575.  il  com¬ 
mençait  par  une  discussion  sur  les  serpents 
contenus  dans  la  matrice  des  femmes,  puis 
par  deux  autres  histoires  tirées  de  Levinug 
et  de  Lycoslhènes.  Tout  cela  a  été  reporté 
en  1579  dans  un  appendice  au  chapitre  3  du 
ivre  de  lu  petite  p'erolle ,  que  j’ai  remis  à 
sa  place  naturelle  comme  chap.  ic  du  p,é- 
sen  ivie.  Voyez  les  notes  des  pages  33  et  3(1, 


DES  MONSTRES  ET  PRODIGES. 


Baptiste  Leon  escvit  pareillement.)  i 
que  du  temps  du  Pape  Martin  cin¬ 
quième  ,  fut  trouué  en  vne  grande 
pierre  solide  vn  serpent  vif  enclos , 
n’y  ayant  aucune  apparence  <^6  ves¬ 
tige  par  lequel  il  deust  respirer. 

En  cest  endroit  ie  veux  reciter  vne 
semblable  histoire.  Estant  en  vne 
mienne  vigne  prés  le  village  de  Meu- 
don  S  où  ie  faisois  rompre  de  bien 
grandes  et  grosses  pierres  solides ,  on 
trouua  au  milieu  de  l’vne  d’icelles 
vn  gros  crapaud  vif,  et  n’y  au  oit  au¬ 
cune  apparence  d’ouuerture  :  et  m’es- 
merueillay  comme  cest  animal  auoit 
peu  naistre,  croistre  et  auoir  vie.  Lore 
le  carrier  me  dit  qu’il  ne  s’en  falloit 
esmerueiller ,  par-ce  que  plusieurs 
fois  il  auoit  trouué  de  tels  et  autres 
animaux  au  profond  des  pierres,  sans 
apparence  d’aucune  ouuerlure.  Ôn 
peut  aussi  donner  raison  de  la  nais¬ 
sance  et  vie  de  ces  animaux  :  c’est 
qu’ils  sont  'engendrés  de  quelque  sub¬ 
stance  humide  des  pierres,  laquelle  hu 
midité  putréfiée  produit  telles  bestes. 


CHAPITRË  XX. 

EXEMTLE  de  XA  COÎHivilSTlON  ET  MES- 

XaNge  xe  semence. 

Il  y  a  des  monstres  qui  naissent 
moitié  de  figure  de  bestes,  et  l’autre 
humaine,  ou  du  tout  retenans  des  ani¬ 
maux,  qui  sont  produits  des  sodo¬ 
mites  et  des  atheistes ,  qui  se  ioighent 
et  desbordent  contre  nature  auec  les 
bestes,  et  de  lù  s’engendrent  plu- 

1  Nous  avons  dit  dans  notre  introduction, 
d’après  M.  E.  Bégin  ,  que  Parc  avait  une 
campagne  à  Meudon  ;  lui-meme  nous  donne 
ici'la  preuve  qu’il  y  possédait  en  effet  que  1- 
ques  propriétés. 


43 

sieurs  monstres  hideux  et  grande¬ 
ment  honteux  à  voir  et  à  en  parler. 
Toutesfois  la  deshonnesleté  gist  en 
effet ,  et  non  en  paroles  ;  et  est  lors 
que  cela  Se  fait  vne  chose  fort  mal- 
heureusé  et  abominable,  fet  grande 
horreur  à  l’homme  ou  à  la  femme  se 
mesler  et  accoupler  auec  les  bestes 
brutes  :  et  partant  aucuns  naissent 
dehiy  hommes  et  demy  bestes. 

Le  semblable  sé  fait ,  si  bestes  de 
diuerses  especes  cohabitent  les  vnes 
aiiec  les  autres,  à  cause  que  Na¬ 
ture  tasche  tousiours  h  faire  son  Sem¬ 
blable  :  comme  il  s’est  vu  vn  aigneaU 
ayant  la  teste  d’un  porc,  parce  qu’vn 
verrat  auoit  couuert  la  brebis  ;  car 
nous  voyons  mesme  aux  choses  ina¬ 
nimées,  comme  d’vn  grain  de  fro¬ 
ment  ,  venir  non  l’orge ,  mais  le  fre- 
ment  :  et  du  noyau  d’abricot  venir  vn 
abricotier,  et  non  le  pommier,  par  ce 
que  Nature  garde  tousiours  son  genre 
et  espece. 

L’an  1493,  vn  enfant  fut  conceu  et 
engendré  d’vne  femme  et  d’vn  chien , 
ayant  depuis  'le  nombril  les  parties 
supérieures  semblables  â  la  forme  et 
figure  de  la  mere  ,  et  estoit  bien  ac¬ 
compli,  sans  que  Nature  y  eustrien 
obmis  ;  et  depuis  le  nombril  auoit 
toutes  les  parties  inferieures  sembla¬ 
bles  aussi  à  la  forme  et  figure  de  ra¬ 
nimai  qui  èstoitle  pere  :  lequel  (ainsi 
que  Volateranus  escrit)  fut  enuoyé 
au  pape  qui  regnoit  en  ce  temps-là. 
tCardan  ,  Mure  14.  chap.  64.  de  la  va- 
^rieté  des  choses ,  en  fait  mention  *. 

Cœlius  Ilhodiginus  en  ses  antiques 

1  Ici  Paré  donnait  \a  figure  d’vnenfanldemy- 
chien  que ,  malgré  ses  savantes  citations ,  il 
avait  tout  simplement  copiée  de  Lyeosthè- 
hes,  son  guide  ordinaire,  dav.  cité,  p.  502 
et  656. 


44 


LE  niX-NKVFI^ME  LIVRE  , 


Leçons  dit  qvi’vn  pasteur  nommé 
Cratain  en  Cybare,  ayant  exercé  auec 
vne  de  ses  chéures  son  désir  brutal, 
la  chéure  chéureta  quelque  temps 
apres  un  chéureau  qui  auoit  la  teste 
de  ligure  humaine ,  et  semblable  au 
pasteur  :  mais  le  reste  du  corps  sem- 
bloit  à  la  chéure. 

L’an  onze  cens  et  dix,  vne  truye 
en  vn  bourg  du  Liege  cochonna  vn 
cochon  ayant  la  teste  et  le  visage 
d’homme,  semblablement  les  mains 
et  les  pieds ,  et  le  reste  comme  vn  co¬ 
chon  2, 

L’an  1564  à  Bruxelles,  au  logis  d’un 
nommée  loest  Dickpert ,  demeurant 
rue  Warmoesbroeck,  vne  truye  co¬ 
chonna  six  cochons,  desquels  le  pre¬ 
mier  estoit  vn  monstre  ayant  face 
d’homme, ensèmhle  bras  et  mains, re¬ 
présentant  l’humanité  generalement 
depuis  les  espaules  ;  et  les  deux  iam- 
hes  et  train  de  derrière  de  pourceau  , 
ayant  la  nature  de  truye  :  il  tetoit 
comme  les  autres,  et  vesquit  deux 
iours  :  puis  fut  tué  auec  la  truye , 
pour  l’horreur  qu’en  auoit  le  peuple 

L’an  1571  à  Anuers,  la  femme  d’vn 

1  Lib.  25,  ch.  32.  —  A.  P.  —  1573. 

s  Ici  .se  trouvait  la  figure  d’vn  cochon  ayant 
la  teste ,  pieds  et  mains  d’homme ,  et  le  reste 
d’vn  cochon.  Paré  citait  en  marge  Lycosihe- 
nes;  et  en  effet  on  trouve  cette  flgure  répé¬ 
tée  en  de  nombreux  endroits  de  l’ouvrage 
de  cet  auteur,  pages  124,  136,  371 ,  374, 
etc.,  etc. 

8  Toutes  les  éditions  ajoutent  :  dont  tu  as 
icy  le  portrait  qui  t’est  représenté  le  plus  natu- 
rellemetu  possible;  puis  venait  une  figure  ab¬ 
surde,  dont  on  peut  se  faire  une  idée  d’après 
le  texte.  Je  ne  sais  où  Paré  a  emprunté  cette 
histoire,  non  plus  que  la  suivante,  a  moins 
que  ce  ne  soit  à  Cornélius  Gemma,  déjà  cité 
tJlus  haut,  page  38. 


compagnon  imprimeur  nomme;  Mi¬ 
chel ,  demeurant  au  logis  de  Ican 
Mollir),  tailleur  d’hisloires,  à  l’ensei¬ 
gne  du  pied  d’or,  à  la  Camer.strale  , 
le  propre  iour  sainct  Thomas,  sur  les 
dix  heures  du  matin ,  accoucha  d’vn 
monstre  représentant  la  figure  d’vn 
vray  chien,  excepté  qu’il  auoit  le  col 
fort  court,  et  la  teste  ne  plus  ne 
moins  qii’vne  volaille,  loute.sfois  sans 
poil  :  et  n’eut  point  de  vie,  parce  que 
ladite  femme  accoucha  auant  terme  : 
et  à  l’heure  mesme  de  son  enfante¬ 
ment  ,  ietlant  vn  horrible  cry  (  chose 
esmerueillahle)  la  cheminée  du  logis 
cheut  par  terre,  sans  aucunement  of¬ 
fenser  quatre  petits  enfans  qui  es- 
toient  à  l’entour  du  foyer*. 


L’an  1224,  prés  de  Verone ,  vne  iu- 
ment  poulena  vn  poulain  qui  auoit 
vne  teste  d’homme  bien  formée,  et  le 
reste  d’vn  cheual.  Le  monstre  auoit  la 
voix  d’homme,  au  cry  duquel  vn  vil¬ 
lageois  du  païs  accourut,  et  s’e.ston- 
nant  de  voir  vn  monstre  si  horrible  , 
le  tua  ;  à  raison  de  quoy  estant  mis 
en  iustice ,  et  interrogué  tant  sur  la 
naissance  de  ce  monstre  que  de  la  rai¬ 
son  qui  le  luy  auoit  fait  tuer  ,  dit  que 
l’horreur  et  espouuentement  qu’il  en 
auoit  eu  le  luy  auoit  fait  faire ,  et 
partant  fut  absout  ^ 


*  L’auteur  aj ou  lait  en  1573  :  Et  parceqtie 
c’est  vne  chose  recente ,  il  m’a  semblé  bon  pour 
la  postérité  d’en  donner  icy  le  portrait.  Plus 
tard  il  effaça  ces  mots  ambitieux  :  pour  ta 
postérité,  et  j’ai  supprimé  tout  le  reste. 

8  Cette  histoire  ne  se  lit  ici  que  dans  ies 
éditions  de  1573  et  1575;  plus  tard  elle  fut 
transportée  au  chapitre  3  (voyez  ci-devant 
page  4,  la  note  l  de  la  2' colonne  ).  Mais 
elle  avait  6ié  éirangcment  écourtée,  et  c’est 
pourquoi  j’ai  cru  devoir  la  rétablir  ici  avec 
le  texte  complet  piimiiif. 


DKS  MONSTRES  ET  PRODIGES. 


Loys  Cellée  escrit  auoir  leu  en  vn 
aullieiii’  appi’üuuc  ,  qu’vnc  brebis 
couceut  et  aignela  d’vn  lyon,  chose 
monstrueuse  en  nature 

Le  13.  iour  cl’auril  1573,  vn  aigneau 
nasquit  en  vn  lieu  nommé  Chambe- 
noist,  faux-bourg  de  Sezanne,  en  la 
maison  de  lean  Poulet ,  mesureur  de 
sel  :  et  ne  fut  conneu  en  cest  aigneau 
vie ,  sinon  qu’il  fut  veu  remuer  bien 
peu  :  sous  les  oreilles  y  auoit  vne  em- 
bouclieure  approchant  de  la  forme 
d’vne  laraproye  2. 

Geste  année  présente  mil  cinq  cens 
soixante  et  dix  sept ,  nasquit  vn  ai¬ 
gneau  au  village  nommé  Blandy,  vne 
lieue  et  demie  prés  Melun,  ayant  trois 
testes  en  vne  :  celle  du  milieu  estoit 
plus  grosse  que  les  deux  autres  ,  et 
quand  vne  desdites  testes  belloit ,  les 
autres  faisoient  le  semblable.  Maistre 
lean  Bellanger ,  chirurgien  demeu¬ 
rant  en  la  ville  de  Melun,  affirme  Ta- 
uoir  veu  ,  et  en  a  fait  portraire  la  fi¬ 
gure  ,  laquelle  a  esté  criée  et  vendue 
parceste  villedeParis,  auecpriuilege, 
auec  deux  autres  monstres ,  Fvn  de 
deux  filles  iumelles,  et  vn  autre  ayant 
la  face  d’vne  grenouille,  qui  a  esté  cy 
deuant  figuré®. 

1  Cette  citation  de  Louis  Cellée  a  été  ajou¬ 
tée  en  1585. 

*  La  figure  duquel  est  telle  que  tu  vois  ;  en¬ 
core  une  figure  absurde  que  j’ai  retran¬ 
chée,  et  dont  on  peut  d’ailleurs  se  faire  une 
suffisante  idée  d’après  le  texte.  Cette  his¬ 
toire  a  été  ajoutée  en  1579. 

s  La  date  de  cette  histoire  indique  assez 
qu’ellen’a  pu  êlre  insérée  ici  qu’en  1579.  On 
voit  cependant  par  ces  deux  dates  que  Paré 
n’attendait  ])as  la  réimpression  de  ses  OEu- 
vres  pour  y  ajouter  et  corriger. 

La  figure  à  laquelle  il  renvoie  a  été  sup 
primée  ;  mais  on  peut  en  voir  l’histoire  ci- 
devant,  pages  24  et  25. 


45 

La  figure  d’vn  aigneau  ayant  trois  testes. 


Il  y  a  des  choses  diuines  cachées  et 
admirables  aux  monstres  ,  principa¬ 
lement  à  ceux  qui  aduiennent  du 
tout  contre  nature  :  car  à  iceux  les 
principes  de  philosophie  faillent,  par¬ 
tant  on  n’y  peut  asseoir  certain  iuge- 
ment.  Aristote  en  ses  problèmes  dit 
qu’il  se  fait  des  monstres  en  nature,  à 
cause  de  la  mauuaise  disposition  de 
la  matrice,  et  cours  de  certaines  con¬ 
stellations.  Ce  qui  aduint  du  temps 
d’Albert,  en  vne  métairie,  qu’vne  va¬ 
che  fit  vn  veau  demy-homme  :  de- 
quoy  les  villageois  se  doutans  du 
pasteur ,  l’accuserent  en  iugement , 
pretendans  le  faire  brusler  auec  la¬ 
dite  vache  :  mais  Albert ,  pour  auoir 
fait  plusieurs  expériences  en  astro¬ 
nomie  ,  connoissoit  (  disoit-il)  la  vé¬ 
rité  du  fait ,  et  dit  cela  estre  aeluenu 
par  vne  spéciale  constellalion  :  de 
sorte  que  le  pasteur  fut  deiiuré  et 
purgé  de  l’imposition  de  tel  execrable 
crime.  le  doute  fort  si  le  iugement  du 
seigneur  Albert  estoit  bon  *. 

1  Les  éditions  de  1573  et  1675  ajoutent  : 
parce  que  Dieu  n’est  point  lié  ny  subiect  de 
SLiyure  l’ordre  qu’il  a  esiabli  en  nature,  ny  en 
mouuemenl  des  astres  et  planettes.  En  même 
I  temps  on  lisait  cette  note  marginale  ;  Le  iu- 
gement  des  astrologues  est  fort  douteux,  que  ie 


46  LE  CIX-IVEVFIEME  LIVRE, 


Or  ie  délaissé  icy  à  escrire  plusieurs 
autres  monstres  engendrés  de  ceste 
farine  ,  ensemble  leurs  portraits,  les¬ 
quels  sont  si  hideux  et  abominables, 
non  seulement  à  voir,  mais  aussi  d’en 
ouyr  parler ,  que  pour  leur  grande 
détestation  ne  les  ay  voulu  reciter 
ne  faire  portraire.  Car  (  comme  dit 
Boistuau,  apres  auoir  recité  plusieurs 
histoires  sacrées  et  profanes,  qui  sont 
toutes  remplies  de  griefues  peines  sus 
les  paillards)  que  doiuent  qsperer  les 
atheïstes  et  sodopaites,  qui  se  ioignent 
contre  Dieu  et  Nature  (  comme  i’ay 
dit  cy-dessus)  auec  les  bestes  brutes? 
A  pe  propos  saint  Augustin  dit ,  la 
peine  des  paillards  estre  de  tomber 
en  aueuglement ,  et  deuenir  enragés 
apres  qu’ils  sont  délaissés  de  Dieu ,  et 
ne  voir  point  leur  aueuglement ,  ne 
pouuans  escouter  bon  conseil,  prouo- 
quans  l’ire  de  Dieu  contre  eux. 


naturel  derrière  son  dos ,  couuert  de 
son  manteau,  à  fin  qu’on  estimast  que 
le  bras  du  pendu  estoit  le  sien  propre  : 
et  criüit  à  la  porte  du  temple  qu’on 
lui  donnas!  l’aumosne  en  l’honneur 
de  sainct  Antoine.  Vn  iour  du  Ven- 
dredy  sainct ,  le  monde  voyant  ainsi 
le  bras  pourri ,  luy  faisoit  aumosne, 
pensant  qu’il  fust  vray.  Le  coquin 
ayant  par  long  espace  de  temps  re¬ 
mué  ce  bras ,  en  fin  se  destacha  et 
tomba  en  terre ,  où  tout  subit  le  re¬ 
louant,  fut  apperceu  de  quelques-vns 
auoir  deux  bons  bras,  sans  celuy  du 
pendu  :  alors  fut  mené  prisonnier, 
puis  condamné  à  auoir  le  fouet ,  par 
l’ordonnance  du  magistrat,  ayant  le 
bras  pourri  pendu  à  son  col,  deuant 
son  estomach,  et  banni  à  iamais  hors 
du  pays. 


CHAPITRE  XXL 

EXEMPLE  DE  l’artifice  DES  MESCHAlNS 
6VEVX  DE  L'OSTIERE  C 

l’ay  souuenauce estant  à  Angers, 
mil  cinq  cens  vingt  cinq ,  qu'vu  mes- 
chant  coquin  auoit  coupé  le  bras 
d’vn  pendu ,  epeores  puant  et  infect, 
lequel  il  auoit  attaché  à  SOn  pour¬ 
point,  estant  appuyé  d’vne  fourchette 
contre  son  costé ,  et  cachoit  son  bras 

leur  laisse  à^puter  etkprouuer. lerenne,  10. 
Dieu  n’est  point  subiet  aux  astres,  car  il  est 
autheur  de  toutes  choses.  Liure  des  Epheses. — 
Les  derniers  memljriÆ  de  ces  deux  phrases: 
.que  ie  leur  laisse,  etc.;  car  U  es,t  autheur,  etc. 
furent  retranchés  en  155,8. 

1  Gmcux  de  l’ Ostiere  eu  de  l’hostier.e,  men- 
diapts  ;  le  traducteur  latjn  traduit  ce  mot 
par  men^ica»tes.  Le  JXabelaisiana  donne 


CHAPITRE  XXII. 

l’imposïvre  d’vne  belistresse  fei¬ 
gnant  AVOIR  VN  CHANCRE  A  LA  MAH- 
MEIXE. 


Vn  mien  frere  nommé  lehan  Paré*, 
chirurgien  demeurant  à  Vitré ,  ville 
de  Bretagne ,  vit  vne  grosse  et  po¬ 
telée  cagnardiere  demandant  l’au¬ 
mosne  à  la  porte  d’vn  temple  vn  di¬ 
manche,  laquelle  feignoit  auoir  vn 
chancre  à  la  mammelle,  qui  esloit 
vne  chose  fort  hideuse  à  voir,  à  cause 
d’une  grande  quantité  de  boue  qui 


comme  synonymes:  gueux  de  l’hôpital,  ou 
suivant  d’aubes ,  gueux  de  l’ost,  qui  demande 
a  la  porte  des  maisons, 

‘  Toutes  les  éditions  du  vivant  de  l’auteur 
1-nr  hn  v”’  j’ai  conservé 

r  qai  peut  être  re¬ 

plie  de 

celle  de  1  époque  dont  il  parle. 


des  monstres  RT  PROBICxES. 


semblpit  en  découler  sus  vn  linge 
qu’elle  auoit  deuant  soy.  Mondit 
frere  contemplant  sa  face,  qui  estoit 
d’vne  viue  couleur,  monstrant  estre 
bien  saine,  et  les  parties  d’autour 
son  chancre  vlceré  blanches  et  de 
bonne  couleur,  et  le  reste  de  son 
corps  bien  habitué,  iugea  en  soy- 
mesme  que  ceste  garce  ne  pouuoit 
auoir  vn  chancre  estant  ainsi  grasse, 
potelée  et  goujue ,  s’asseurant  que 
c’estoit  vne  imposture  :  ce  qu’il  dé¬ 
nonça  au  magistrat  (dit  en  ce  pays-là 
l’Aloüé  ‘  ) ,  lequel  permit  à  mondit 
frere  la  faire  mener  en  son  logis  pour 
connoistre  plus  certainement  l’im¬ 
posture.  Laquelle  y  estant  arriuée, 
luy  descouurit  toute  sa  poitrine ,  et 
trouua  qu’elle  auoit  sous  son  aisselle 
vne  esponge  trempée  et  imbue  de 
sang  de  beste  et  de  laict  meslés  en¬ 
semble  ,  et  vn  petit  tuyau  de  sureau 
par  lequel  ceste  mixtion  estoit  con¬ 
duite  par  des  faux  trous  de  son  chan¬ 
cre  vlceré,  découlant  sus  le  linge 
qu’elle  auoit  deuant  soy  ;  et  par  cela 
conneut  pour  certain  que  le  chancre 
estoit  artificiel.  Alors  print  de  l’eau 
chaude ,  et  fomenta  la  mammelle ,  et 
l’ayant  humectée  ,  leu  a  plusieurs 
peaux  de  grenoüilles  noires ,  vertes , 
et  iaunastres ,  mises  les  vnes  sus  les 
autres,  colées  auec  bol  armene  et 
blanc  d’œuf  et  farine,  ce  que  l’on 
sceut  par  sa  confession  :  et  les  ayant 
toutes  leuées,  on  trouua  le  tetin  sain 
et  entier ,  et  en  aussi  bonne  disposi¬ 
tion  que  l’autre.  Ceste  imposture 
descouuerte ,  ledit  Aloüé  la  fit  con¬ 
stituer  prisonnière,  et  estant  inter- 

1  L’édition  de  1573  porte  :  rMloüé,  ce  qui 
est  une  faute,  d’impression ,  puisqu’un  peu 
plus  tard  elle  dit  :  ledict  Alotié. 

Du  reste,  toutes  les  autres  éditions  ont 
corrigé  dans  ce  sens. 


hl 

roguée  ,  confessa  l’imposture ,  et  dit 
que  ç’auoit  esté  son  gueux  qui  l’auoit 
ainsi  accoustrée  :  lequel  semblable¬ 
ment  feignoit  d’auoir  vne  vlcere 
grande  et  enorme  à  la  iambe  ;  ce  qui 
sembloit  estre  vray  par  le  moyen 
d’vne  ratte  de  bœuf  qu’il  posoit  le 
long  et  autour  de  sa  iambe ,  attachée 
et  fenestrée  bien  proprement ,  auec 
vieux  drapeaux  aux  deux  extrémités  : 
de  façon  qu’elle  sembloit  estre  plus 
grosse  deux  fois  que  la  naturelle  :  et 
pour  faire  la  chose  plus  monstrueuse 
et  hideuse  à  voir,  faisoit  plusieurs 
cauités  en  ladite  ratte,  et  par  dessus 
iettoit  de  ceste  mixtion  faite  de  sang 
et  de  lait ,  et  sus  tous  ses  drapeaux. 
Ledit  Aloüé  fit  chercher  ce  maistre 
gueux ,  larron ,  imposteur,  lequel  ne 
put  estre  trouué ,  et  condamna  la 
pute  à  auoir  le  foüet,  et  bannie  hors 
du  pays  :  qui  ne  fut  sans  estre  aupa- 
rauant  bien  estrillée  à  coups  de  foüet 
de  cordes  noüées ,  ainsi  qu’on  faisoit 
en  ce  temps-là. 


CHAPITRE  XXIII. 

l’impostvre  d’vn  certain  maravt  qvi 

CONTREFAISOIT  LE  LADRE, 

Vn  an  après  vint  vn  gros  maraut 
qui  contrefaisoit  le  ladre ,  se  mit  à  la 
porte  du  temple,  desployant  son  Ori- 
flan  » ,  qui  estoit  vn  couurechef ,  sus 
lequel  posa  son  baril  et  plusieurs  es¬ 
peces  de  petite  monnoye,  tenant  en  sa 
main  dextre  des  cliquettes,  les  faisant 
cliqueter  assez  haut  :  la  face  cou- 
uerte  de  gros  boutons ,  faits  de  cer- 

lOriflan,  orijlant,  oriflambe,  pour  on- 
flamme,  bannière,  enseigne.  Il  est  pris  ici 
au  figuré;  le  latin  dit  ;  merces  simcxplicmt. 


LE  DIX*NEVF1ÉME  LIVRE. 


48 

tainc  colle  forte ,  et  peinte  d’vne  fa¬ 
çon  rougeastre  et  linide,  approchant 
à  la  couleur  des  ladres ,  et  estoit  fort 
hideux  à  voir  :  ainsi  par  compassion 
chacun  luy  faisoit  aumosne.  Mondit 
frere  s’approcha  de  luy ,  et  luy  de¬ 
manda  depuis  (piel  temps  il  estoit 
ainsi  malade  :  luy  respondit  d’vne 
voix  cassée  et  rauque ,  qu’il  estoit 
ladre  dés  le  ventre  de  sa  mere,  et  que 
ses  pere  et  mere  en  estoient  morts ,  et 
que  leurs  membres  leur  en  estoient 
tombés  par  pièces.  Ce  ladre  auoit  cer¬ 
taine  lisiere  de  drap  entortillée  au¬ 
tour  de  son  col  :  et  par  dessous  son 
manteau  de  sa  main  senestre  se  ser- 
roit  la  gorge,  à  fin  de  se  faire  monter 
le  sang  à  la  face ,  pour  la  rendre  en¬ 
core  plus  hideuse  et  défigurée ,  et 
aussi  pour  faire  sa  voix  enrouée  ,  qui 
se  faisoit  par  l’anguslie  et  stricture  de 
la  trachée  artere,  serrée  par  la  li¬ 
siere.  Mondit  frere  estant  ainsi  à  de- 
uiser  auec  luy,  le  ladre  ne  put  si 
long  temps  demeurer  qu’il  ne  deser- 
rastsa  lisiere,  pour  reprendre  vn  peu 
son  haleine  ;  ce  que  mondit  frere  ap- 
perceut ,  et  par  ainsi  eut  soupçon 
que  ce  fust  quelque  fausseté  et  im¬ 
posture.  Parquoy  s’en  alla  vers  le 
Magistrat ,  le  priant  lüy  vouloir  tenir 
la  main  pour  en-^:^auoir  la  vérité  : 
ce  que  volontiej%luy  accorda ,  com¬ 
mandant  qu’il  fust  mené  en  sa  mai¬ 
son  pour  esprouuer  s’il  estoit  ladre. 
La  première  chose  qu’il  fit ,  ce  fut  de 
luy  oster  la  ligature  d’autour  du  col, 
puis  luy  l^mr  la  face  auec  de  l’eau 
chaude,  et*r  icelle  tous  ses  boutons 
se  destacherent  et  tombèrent,  et  la 
face  demeura  viue  et  naturelle,  sans 
nul  vice.  Cela  fait ,  le  fit  despouiller 
nud  ,  et  ne  troüua  sus  son  corps  au¬ 
cun  signe  de  lepre,  tant  vniuoque 
qu’equiuoque.  Le  Magistrat  estant 
aducrli  de  ce,  le  fit  congtiluer  pri¬ 


sonnier  ,  et  trois  iours  après  fut  in- 
terrogué  :  où  il  confessa  la  vérité 
(  qu’il  ne  pouuoil  nier  j  après  vne  lon¬ 
gue  remontrance  que  luy  fit  le  ma¬ 
gistrat,  luy  mettant  deuantles  yeux 
qu’il  estoit  vn  larron  du  peuple,  es¬ 
tant  sain  et  entier  pour  trauailler. 
Ce  ladre  luy  dit  qu’il  nesçauoit  mes- 
tier  autre  que  de  contrefaire  ceux  qui 
sont  trauaillés  du  mal  S.  lean  , 
S.  Fiacre,  S.  Main:  bref  qu'il  sçanoit 
contrefaire  plusieurs  maladies  ,  et 
qu’il  n’en  auoit  iamais  trouué  de  plus 
grand  reuenu  que  de  contrefaire  le 
ladre  :  alors  fut  condamné  d’auoir  le 
foüet  par  trois  diuers  samedis,  ayant 
son  baril  pendu  au  col  douant  sa  poi¬ 
trine,  et  ses  cliquettes  derrière  son 
dos,  et  banni  à  iamais  hors  du  pays  sus 
peine  de  la  hart.  Quand  ce  vint  au 
dernier  samedy,  le  peuple  crioit  à 
haute  voix  au  bourreau  ;  fiowte,  boute, 
monsieur  l’officier,  ü  n’en  sent  rien, 
c’est  vn  ladre  :  dont  à  la  voix  du  peu¬ 
ple  monsieur  le  bourreau  s’acharna 
tellement  à  le  fouetter,  que  peu  do 
temps  après  il  mourut,  tant  pour  le 
foüet  dernier,  que  pour  luy  auoir  re- 
nouuellé  ses  play  es  par  trois  diuerses 
fois  ;  chose  qui  ne  fut  grandement 
dommageable  pour  le  pays  ». 

Les  vus  demandent  à  loger ,  et  es- 
tre  à  couuert  au  soir  :  et  les  ayant 
par  pitié  mis  au  dedans ,  ouurent  les 
portes ,  et  donnent  entrée  à  leurs  com¬ 
pagnons,  lesquels  pillent,  et  souuent 
tuent  ceux  qui  les  auront  hébergés  : 
ainsi  vn  homme  de  bien  sous  bonne 
foy  souuent  sera  tué  et  pillé  de  tels 
meschans ,  ce  qu’on  a  veu  plusieurs 
fois. 

Autres  s’enueloppent  la  teste  de 
quelque  meschant  drapeau,  et  se 

Uci  SC  terminait  ce  chapitre  en  1573  et 
1575j  le  reste  est  de  1679. 


DES  MONSTBES 

couchent  dedans  le  fient  en  certains 
lieux  où  le  monde  passe,  demandons 
faumosne  auec  vue  voix  basse  et 
tremblante ,  comme  ceux  qui  ont  vn 
commencement  de  üéure  :  et  ainsi 
contrefaisons  estre  bien  malades,  le 
monde  en  ayant  pitié  leur  donne ,  et 
cependant  n’ont  aucun  mal. 

Ils  ont  vn  certain  iargon  par  lequel 
ils  se  connoissent  et  entendent  les 
vns  les  autres,  pour  mieux  deceuoir 
le  monde ,  et  sous  ombre  de  compas¬ 
sion  on  leur  donne  faumosne,  qui  les 
entretient  en  leur  mesçhanceté  et  im¬ 
posture. 

Les  femmes  feignent  estre  grosses, 
voire  prestes  d’accoucher ,  posons  vn 
oreiller  de  plume  sus  le  ventre ,  de¬ 
mandant  du  linge  et  autres  choses 
necessaires  pour  leurs  couches  :  ce 
qu’encores  nagueres  i’ay  descouuert 
en  ceste  ville  de  Paris. 

Autres  se  disent  icteriques  et  auoir 
la  iaunisse,  se  barbouillant  tout  le  vi¬ 
sage,  bras,  iambes  et  poitrine ,  auec  de 
la  suye  delayée  en  eau  :  mais  telle  im¬ 
posture  est  aisée  à  descouurir,  regar¬ 
dant  seulement  le  blanc  de  leurs  i 
yeux  :  car  c’est  la  partie  du  corps  où 
ladite  iaunisse  se  monstre  première¬ 
ment  :  autrement  leur  frottant  le  vi¬ 
sage  auec  vn  linge  trempé  en  eau , 
leur  fallace  est  descouuerte.  Cerles , 
tels  larrons,  belistres,  et  imposteurs, 
pour  viure  en  oysiueté,  ne  veulent 
iamais  apprendre  autre  art  que  telle 
mendicité ,  qui  à  la  vérité  est  vne 
escole  de  toute  mescbanceté  :  car 
quels  personnages  sçauroit-on  trou- 
uer  plus  propres  pour  exercer  mac- 
querellages ,  semer  poisons  par  les 
villages  et  villes ,  pour  estre  boute¬ 
feux,  pour  faire  trahisons ,  et  seruir 
d’espions ,  pour  desrobcr,  brigander, 
et  toute  autre  mescbanceté  pratique? 
Car  outre  ceux  qui  ont  esté  meur- 


ET  PRODIGES. 

triers  d’eux-mesmes ,  et  qui  ont  cau¬ 
térisé  et  stigmatisé  leurs  corps ,  ou 
qui  ont  vsé  d’herbes  et  drogues  pour 
rendre  les  playes  et  corps  plus  hi¬ 
deux  ,  il  s’en  est  trouué  qui  ont  des- 
robé  des  petits  enfans,  et  leur  ont 
rompu  les  bras  et  iambes  ,  creué  les 
yeux ,  coupé  la  langue ,  pressé  et  en¬ 
foncé  la  poitrine,  disans  que  la  foudre 
les  auoit  ainsi  meurtris ,  pour  (  les 
portant  parmy  le  monde  )  auoir  cou¬ 
leur  de  mendier  et  attrapper  deniers. 

Autres  prennent  deux  petits  en- 
fans  ,  et  les  mettent  en  deux  panniers 
sur  vn  asne,  crians  qu’ils  ont  esté 
expoliés ,  et  leur  maison  bruslée.  Au¬ 
tres  prennent  vne  pance  de  mouton  , 
l’approprians  sur  le  bas  du  ventre  , 
disans  estre  rompus  et  greués,  et 
qu’il  les  conuient  tailler,  et  ampu¬ 
ter  leurs  testicules.  Autres  chemi¬ 
nent  sur  deux  petites  tablettes,  qui 
peuuent  voltiger  et  faire  soubresauts 
autant  bien  qu’vn  basteleur.  Autres 
feignent  venir  de  lerusalem ,  rappor- 
tans  quelques  bagatelles  pour  reli¬ 
ques,  et  les  vendent  aux  bonnes 
gens  de  village.  Autres  ont  vne  iambe 
pendue  à  leur  col  ;  autres  contrefont 
estre  aueugles ,  sourds  ,  impotens , 
cheminans  à  deux  potences  ‘ ,  au  de¬ 
meurant  bons  compagnons. 

Que  diray-je  plus?  C’est  qu’ils  dr- 
partenllesprouinces,pouren  certain 
temps  rapporter  tout  au  commun 
butin ,  feignans  faire  voyage  à  sainct 
Claude ,  sainct  Main,  sainct  Maturin, 
sainct  Hubert ,  à  nostre  dame  de  Lo- 
rette,  en  lerusalem ,  et  sont  ainsi  en- 
uoyés  pour  voir  le  monde  ,  et  ap¬ 
prendre  :  par  lesquels  mandent  de 
ville  en  ville  aux  gueux  leurs  compa¬ 
gnons,  en  leur  iargon,  ce  qu’ils  sça- 

1 A  deux  béquilles;  voyez  la  figure  des 
potences  auliv.  17,  ch.  13,  t.  ii,  page62i. 

4 


III. 


00 


LE  DlX-NEVriÉME  LIVRE, 


uent  de  nqnueau  et  qui  cuncenie 
leur  fait,  comme  de  quelque  maniéré 
de  faire  nounollement  înuenléo  poqr 
allrapper  monnoyo. 

Puis  n’agueres  vu  gros  maraut  fei- 
gnoit  estre  sourd ,  muet ,  et  boiteux  : 
toutesfois  par  le  moyen  d’vn  instru¬ 
ment  d’argent  qu’il  disoit  auoir  eu  en 
Barbarie  (marqué  toutesfois  de  la 
marque  de  Paris)  ilparloit  de  façon 
qu’on  le  pouuoit  entendre,  jl  fut  ap- 
perpeu estre  imposteur,  et  fut  mis  és 
prisons  de  sainct  Benoist,  et  par  la 
prière  de  monsieur  le  Baillif  des  pau- 
ures ,  i’allay  ausdites  prisons  pour  vi¬ 
siter  ledit  maraut  auec  pompaguie,  et 
feismes,  rapport  à  messieurs  du  Bureau 
des  panures  de  Paris,  comme  s’ensuit. 

Nous  Ambroise  Paré,  Conseiller,  et 
premier  Chirurgien  du  Roy,  Pierre  Pi- 
gray,  Chirurgien  ordinaire  de  sa  Ma¬ 
jesté,  et  Claude  Viard,  Chirurgien  à 
Paris  1 ,  certifions  ce  iourd’huy,  par 
la  priere  du  Procureur  des  pauures , 
auoir  veu  et  visité  és  prisons  de 
S.  Benoist  vn  quidam  lequel  n’a 
voulu  dire  son  nom,  aagé  de  qua¬ 
rante  ans  ou  enuiroû  :  sur  lequel 
auons  trouué  vne  tierce  partie  de  l’o¬ 
reille  dextre  perdue  ,  qui  luy  a  esté 
coupée.  Semblablement  vne  marque 
sus  l’espaule  dextre,  qu’estimons 
auoir  esté  faite  par  vn  fer  chaud. 
B’auantage  contrefaisait  vn  grand 
tremblement  de  iambe ,  iceluy  disant 
prouenir  par  vne  déperdition  de  Pos 
de  la  cuisse,  qui  est  chose  fausse, 
d’autant  que  ledit  os  y  est  tout  en¬ 
tier  :  et  ne  paroist  aucun  signe  par- 
quoy  puissions  dire  iceluy  tremhle- 

iJ’ai  dit  dans  mon  introduction,  page 
ccx,vvii ,  qqe  je  n’avais  trouvé  qu’une  seule 
fois  le  nom  de  Claude  F'ianoxx  Viard  àié  par 
Paré,  àia  tfidp  de  1585  .;  le  voici  en  1579, 
et  j’ai  depui^  retrouvé  çjeuv  ou  trois  endroits 

où  ii  est  également  nommé.Yoyez  l’Apologie. 


ment  venir  d’aucune  maladie  qui 
auroit  précédé ,  mais  prouenir  d’vn 
mouuemcnt  volontaire.  Item  auons 
visité  sa  bouche  (à  raison  qu’U  nous 
voulait  suader  sa  langue  luy  auqir 
esté  tirée  par  la  nucque  du  cul,  Im¬ 
posture  grande  et  qui  no  se  peut 
faire) ,  mais  auons  trouué  sa  langue 
enliere  sans  aucune  lésion  d’icclle,ny 
des  inslrumens  scruans  à  son  mouue- 
ment  :  toutesfois  quand  il  veut  parler, 
il  vse  d’vn  instrument  d’argent ,  le¬ 
quel  ne  peut  en  rien  y  seruir,  ains 
plustost  nuire  à  la  prolatiou,  Hem  dit 
estre  sourd,  ce  que  n’est  pas ,  à  raison 
que  l’auons  inlerrogué  sçauoir  qui 
luy  auoit  coupé  l’oreille  :  U  nous  a 
respondupar  signes,  qu’op  Iqy  auoit 
coupé  auec  les  dents. 

4prés  que  lesdits  seigneurs  du  Bu¬ 
reau  eurent  receu  ledit  rapport  par 
vnerocheteur,  feirent  apporter  le  ve- 
nerahle  imposteur  à  l’hospital  sainct 
Germain  dps  Prés,  et  luy  fut  osté  son 
instrument  d’avgçut.  La  nuict  passa 
par  dessus  la  muraille  qui  est  assez 
haute ,  et  de  là,  s’en  alla  à  Rouan,  qù 
il  voulut  vser  de  son  imposture  :  la¬ 
quelle  fut  descouuerte,  et  estant  ap¬ 
préhendé  ,  fut  fouetté,  et  banni  hors 
de  la  duché  de  Normandie ,  sur  peine 
de  la  hart  :  et  de  ce  m’en  a  asseuré 
monsieur  le  Bailly  des  pauures  de 
ceste  dite  ville. 


CHAPITRE  XXIV. 

D’VNE  CAGNARDIERE  FEIGNANT  ESTRE 
MARADE  DV  MAL  SAINCT  FIACRE  ,  ET 
LVY  SORTOIT  DV  CVL  VN  LONG  ET 
GROS  BOVAV  ,  FAIT  FAR  ARTIFICE. 

Monsieur  Flecelle  ,  nocteur  en  la 
faculté  de  Medcciue,  homme  sçauuut 


DES  MONSTRES  ET  PRODIGES. 


et  bien  expérimenté  »,  me  pria  vn  iour 
l’accompagner  au  village  de  Champi- 
gny,  deux  lieuës  près  do  Paris,  où  il 
auoit  vne  petite  maison.  Où  estant 
arriué,  ce  pondant  qu’il  sepromenoit 
en  sa  cour,  vint  vne  grosse  garoe ,  en 
bon  poinct,  luy  demandant  l’aumosne 
en  l’honneur  de  monsieur  sainct  Fia¬ 
cre,  louant  sa  cotte  et  chemise,  mons- 
trant  vn  gros  boyau  de  longueur 
d’vn  demy  pied  et  plus  qui  luy  sor- 
toit  du  cul ,  duquel  docouloit  vne  li^ 
queur  semblable  à  de  la  boue  d’apos- 
t§ine,  qui  lui  auoit  teint  et  barbouillé 
toutes  ses  cuisses ,  ensemble  sa  che¬ 
mise  deuant  et  derrière,  de  façon  que 
cela  estftit  fort  vilain  et  deshonneste 
à  voir,  t’ayant  interroguée  combien 
il  y  nùoit  de  temps  qu  elle  auoit  ce 
mal ,  luy  fit  responae  qu’U  y  auoit 
enuiron  quatre  ans  :  alors  ledit  Fle- 
celle  contemplant  le  visage  et  rhabi- 
tude  de  tout  æn  corps ,  conneut  qu’il 
estait  impossible  (  estant  ainsi  grasse 
et  tessuo  )  qn’il  peust  sortir  telle 
quantité  d’excremeas ,  qu’elle  ne  de- 
uint  emaciée,  seiche  et  bedique  :  et 
alors  d’vn  plein  saut  se  iettade  grande 
cbolere  su:s  ceste  garee ,  luy  donnant 
plusieurs  coups  de  pied  sous  le  ven¬ 
tre  ,  tellement  qu’il  l’atterra ,  et  luy 
fit  sortir  le  boyau  hors  de  son 
siégé,  auee  son  et  bruit,  et  autre 
chose  ;  et  la  contraignit  luy  déclarer 
l’imposture  :  ce  qu’elle  fit ,  disant 
que  c’esîtdt  ù«  boyau  de  bœuf  noué 
en  deux  lieux ,  dont  l’vn  des  nœuds 
estoit  dans  le  cul ,  et  ledit  boyau  es¬ 
tait  rempli  de  sang  et  de  laict  meslés 

t  fi  s’agit  de  l’auteur  de  l’Introduction 
àla  Çhb'urgie,  4  quiPard  a  fait  denotables 
emmunts  poqr  saïuogK  lolroducüoa, 


5i 

ensemble,  auquel  auoit  fait  plu¬ 
sieurs  trous ,  à  fin  que  ceste  mixtion 
decoulast.  Et  de  rechef  connoissant 
ceste  imposture ,  luy  donna  plusieurs 
autres  coups  de  pied  dessus  le  ventre, 
de  sorte  qu’elle  feignoit  estre  morte. 
Lors  estant  entré  en  sa  maison  pour 
appeller  quelqu’vn  de  ses  gens ,  fei¬ 
gnant  enuoyer  quérir  des  sergens 
pour  la  constituer  prisonnière  :  elle 
voyant  la  porte  de  la  cour  ouuerte , 
se  leua  subit  en  sursaut ,  ainsi  que  si 
elle  n’eiist  point  esté  battue ,  et  se 
print  à  courir ,  et  iamais  plus  ne  fut 
veuë  audit  Champigny. 

Et  encore  de  fraische  mémoire  vint 
vne  vilaine  cagnardiere,  priant  mes¬ 
sieurs  du  Bureau  des  panures  de  Pa¬ 
ris  qu’elle  fust  mise  à  l’aumosne, 
disant  que  par  vn  mauuais  enfante¬ 
ment  sa  matrice  luy  estoit  tombée, 
qui  estoit  cause  qu’elle  ne  pouuoit 
gaigner  sa  vie.  Alors  messieurs  la  fei- 
rent  visiter  par  les  Chirurgiens  com¬ 
mis  à  ceste  charge,  ettrouuerent  que 
c’estoit  vne  vessie  de  bœuf,  qui  estoit 
demie  pleine  de  vent ,  et  barbouillée 
de  sang ,  ayant  attaché  le  col  d’icelle 
vessie  profondément  au  conduit  de  sa 
matrice  bien  proprement,  par  le 
moyen  d’une  esponge  qu’elle  auoit 
mise  à  l’extremité  d’ieelle  vessie ,  la¬ 
quelle  estant  imbue  s’enfle  et  grossit, 
qui  estoit  cause  de  la  faire  tenir ,  de 
façon  qu’on  ne  luy  pouuoit  tirer  que 
par  force  ;  et  ainsi  marchoit  sans  que 
ladite  vessie  peust  tomber.  Ayant  des- 
couuert  l’imposture,  messieurs  la 
feirent  constituer  prisonnière  :  et  ne 
sortit  des  prisons  que  premièrement  le 
bourreau  n’eusl  bien  carillonné  sus 
son  dos ,  et  apres  fut  bannie  à  iamais 
hors  de  la  ville  de  Paris». 


LE  DIX-NEVFIÉME  LIVRÉ, 


5q 


CHAPITRE  XXV. 

d’VNE  grosse  garce  de  NORMANDIE  , 

QVI  FEIGNOIT  AVOIR  VN  SERPENT 
DANS  LE  VENTRE. 

L’an  1561,  vint  en  ceste  ville  vne 
grosse  garce  fessue,  potelée  et  en  bon 
poinct ,  aagée  de  trente  ans  ou  emii- 
ron,  laquelle  disoit  estre  de  Norman¬ 
die,  qui  s’en  alloit  par  les  bonnes 
maisons  des  dames  et  damoiselles, 
leur  demandant  l’aumosne,  disant 
qu’elle  auoit  un  serpent  dans  le  ven¬ 
tre,  qui  luy  estoit  entré  estant  endor¬ 
mie  en  vne  cheneuiere  ;  et  leur  faisoit 
mettre  la  main  sus  son  ventre  pour 
leur  faire  sentir  le  mouuement  du 
serpent,  qui  la  rongeoit  et  tourmen- 
toit  iour  et  nuict,  comme  elle  disoit  : 
ainsi  tout  le  monde  luy  faisoit  au- 
mosne  par  vne  grande  compassion 
qu’on  auoit  de  la  voir,  ioinct  qu’elle 
faisoit  bonne  pipée.  Or  il  y  eut  vne 
damoiselle  honorable  et  grande  au- 
mosniere,  qui  la  print  en  son  logis,  et 
me  fit  appeler  (ensemble  monsieur 
Hollier  Docteur  Regent  en  la  faculté 
de  Medecine,  et  Germain  Cheual,  Chi¬ 
rurgien  iuré  à  Paris)  pour  sçauoir  s’il 
y  auroit  moyen  de  chasser  ce  dragon 
hors  le  corps  de  ceste  pauure  femme  : 
et  l’ayant  veuë,  monsieur  Hollier  luy 
ordonna  vne  medecine  qui  estoit  as¬ 
sez  gaillarde  (laquelle  luy  fit  faire 
plusieurs  selles)  tendant  à  fin  de  faire 
sortir  ceste  beste  :  neantmoins  ne  sor¬ 
tit  point.  Estans  derechef  r’assemblés, 
conclu  smes  que  ie  luy  meltrois  vn 
spéculum  au  col  de  la  matrice  :  et 
partant  fut  posée  sur  vne  table,  où 
son  enseigne  fut  desployée ,  pour  luy 
appliquer  le  spéculum ,  par  lequel  ie 
feis  assez  bonne  et  ample  dilatation  » 


pour  sçauoir  si  on  pourroit  appcrcc* 
uoir  queue  ou  teste  de  ceste  beste  : 
mais  il  ne  fut  rien  apperceu  ,  excepté 
vn  mouuement  volontaire  que  faisoit 
ladite  garce ,  par  le  moyen  des  mus¬ 
cles  de  l’epigastre  :  et  ayant  conneu 
son  imposture,  nous  retirasmes  à  part, 
où  il  fut  résolu  que  ce  mouuement  ne 
venoit  d’aucune  beste,  mais  qu’elle  le 
faisoit  par  l’action  desdits  muscles. 

Et  pour  l’espouuanter  et  connoistre 
plus  amplement  la  vérité,  on  luy  dist 
qu’on  reïtereroit  à  luy  donner  encore 
vne  autre  medecine  beaucoup  plus 
forte ,  à  fin  de  lui  faire  confesser  la 
vérité  du  fait  :  et  elle  craignant  re¬ 
prendre  vne  si  forte  medecine,  estant 
asseurée  qu’elle  n’auoit  point  de  ser¬ 
pent,  le  soir  mesme  s’en  alla  sans  dire 
adieu  à  sa  damoiselle,  n’oubliant  à 
serrer  ses  hardes ,  et  quelques  vues  de 
ladite  damoiselle  :  et  voila  comme 
l’imposture  fut  descouuerte.  Six  iours 
après  ie  la  trouuay  hors  la  porte  de 
Montmartre,  sus  vn  cheual  de  bast, 
iambe  deçà  ,  iambe  delà ,  qui  rioit  à 
gorge  desployée ,  et  s’en  alloit  auec 
les  chassemarées ,  pour  auec  eux 
(  comme  ie  croy)  faire  voler  son  dra¬ 
gon  et  retourner  en  son  pays. 

Ceux  qui  contrefont  les  muets ,  re¬ 
plient  et  retirent  leur  langue'  en  la 
bouche  :  aussi  ceux  qui  contrefont  le 
mal  sainct  lean  se  font  mettre  des  me¬ 
nottes  aux  mains, se  veautrent  et  pion  - 
gent  en  la  fange,  et  mettentidu  sang  de 
quelques  bestes  sus  leur  leste ,  disans 
qu’en  leur  débattant  se  sont  ainsi  bles¬ 
sés  et  meurtris  ;  estans  tombés  par 

*  Faire  voler  son  dragon;  c’est  probable¬ 
ment  une  expression  proverbiale  de  l’épo¬ 
que  pour  gazer  quelque  chose  de  plus  cru  ; 
toutefois  je  ne  l’ai  point  trouvée  dans  les  di- 
j  vers  glossaires  de  Rabelais.  Le  traducteur 
I  latin  l’a  passée  sous  silence. 


DES  MONSTRES  ET  PRODIGES. 


terre,  remuent  les  bras  et  les  iambes, 
et  débattent  tout  le  corps ,  et  mettent 
du  sauon  en  leur  bouche  pour  se  faire 
escumer ,  ainsi  que  font  les  épilepti¬ 
ques  en  leur  accès.  Autres  font  vne 
certaine  colle  auec  farine  delayée ,  et 
la  posent  sus  tout  leur  corps ,  crians 
qu’ils  sont  malades  du  mal  sainct 
Main.  Or  long  temps  y  a  que  ces  lar¬ 
rons  imposteurs  ont  commencé  le 
train  d’abuser  le  peuple,  car  ils  es- 
tolent  jà  dés  le  temps  d’Hippocrates 
en  l’Asie ,  comme  il  est  escrit  au  liure 
de  l’Air  et  des  eaux  ‘  :  partant  il  les 
faut  descouurir  tant  qu’il  sera  possi¬ 
ble  ,  et  les  deferer  au  magistrat ,  à  ce 
que  punition  en  soit  faite  ainsi  que 
l’enormité  du  cas  le  requiert. 


CHAPITRE  XXVI. 

EXEMPLE  DES  CHOSES  MONSTRVEVSES 

FAITES  PAR  LES  DÉMONS  ET  SOR¬ 
CIERS  2. 

Il  y  a  dessorciers  et  en  chanteurs ,  em¬ 
poisonneurs, venefiques,mescbans, ru¬ 
sés,  trompeurs,  lesquels  font  leur  sort 
par  la  paclion  qu’ils  ont  faite  aux  Dé¬ 
mons,  qui  leurs  sont  esclaues  et  vas¬ 
saux.  Et  nul  ne  peut  estre  sorcier  que 
premièrement  n’aye  renoncé  Dieu  son 
créateur  et  sauueur,  et  prins  volon¬ 
tairement  l’alliance  et  amitié  du  dia¬ 
ble,  pour  le  reconnoistre  et  aduouër, 
au  lieu  duDieu  viuant,  et  s’estredon 
né  à  luy.  Et  ces  maniérés  de  gens  qui 
deuiennent  sorciers,  c’est  par  vne 

*  Ici  se  terminait  la  phrase  et  le  chapitre 
dans  les  premières  éditions  ;  le  reste  a  été 
ajouté  en  1579. 

»  Dans  les  éditions  de  1573  et  1575,  le  titre 
de  ce  chapitre  ne  fait  pas  mention  des  sor¬ 
ciers;  aussi  le  chapitre  ne  parlait  que  des 
démons  ;  et  les  deux  premiers  paragraphes 
n’ont  été  ajoutés  qu’en  1579. 


53 


infidélité  et  défiance  des  promesses  et 
assistance  de  Dieu  ,  ou  par  mespris , 
ou  par  vne  curiosité  de  sçauoir  cho¬ 
ses  secrettes  et  futures  :  ou  estans 
pressés  d’vne  grande  pauureté,  aspi- 
rans  d’estre  riches. 

Or  nul  ne  peut  nier,  et  n’en  faut 
douter,  qu’il  n’y  ait  des  sorciers  :  car 
cela  se  prenne  par  autborité  de  plu¬ 
sieurs  Docteurs  et  expositeurs  tant 
vieux  que  modernes ,  lesquels  tien¬ 
nent  pour  chose  résolue  qu’il  y  a 
des  sorciers  et  enchanteurs ,  qui  par 
moyens  subtils,  diaboliques  et  incon- 
neus,  corrompent  le  corps,  l’enten¬ 
dement  ,  la  vie ,  et  la  santé  des  hom¬ 
mes,  et  autres  créatures,  comme 
animaux,  arbres,  herbes,  l’air,  la 
terre  et  les  eaux.  D’auantage  l’expe- 
rience  et  la  raison  nous  contraignent 
le  confesser,  par  ce  que  les  loix  ont 
establi  des  peines  contre  telles  maniè¬ 
res  de  gens.  Or  on  ne  fait  point  de  loy 
d’vne  chose  qui  iamais  ne  fut  veuë, 
ny  conneuë  :  car  les  droits  tiennent 
les  cas  et  crimes  qui  ne  furent  iamais 
veus  ny  apperçeus  pour  choses  impos  • 
sibles,  et  q^ui  ne  sont  point  du  tout. 
Deuant  la  natiuité  de  lesus  Christ  il 
s’en  est  trouué ,  et  bien  long  temps 
auparauant ,  tesmoin  Moyse ,  qui  les 
a  condamnés  par  le  commandement 
exprès  de  Dieu ,  en  Exode  chap.  22. 
au  Leuilique  19.  Ochosias  receut  sen¬ 
tence  de  mort  par  le  Prophète,  pour 
auoir  eu  recours  aux  sorciers  et  en¬ 
chanteurs. 

'  Les  diables  troublent  l’entendement 
aux  sorciers  par  diuerses  et  estranges 
illusions  *,  de  sorte  qu’ils  cuident 
auoir  veu,  ouy,  dit  et  fait  ce  que  le 

diable  leur  représenté  en  leur  fanta- 


1  Bodin  en  sa  République.  —  A.  P- 
Tout  ce  paragraphe ,  qui  est  à  la  ois  re 
atif  aux  sorciers  et  aux  diables,  ne 
jue  de  1585. 


LE  dix-mevfii!me  livre  , 

t 

lesus  Christ.  Les  diables  qui  estoien 


S4 

sie ,  et  qu’ils  seront  allés  à  cent  lieuës 
loin,  voire  mcsme  autres  choses  qui 
sont  du  tout  impossibles ,  non  seule¬ 
ment  aux  hommes ,  mais  aussi  aux 
diables  ;  ce  neantmoins  ils  ne  seront 
bougés  de  leur  lict  ou  autre  place; 
Mais  le  diable ,  puis  qu’il  a  puissance 
sur  eux ,  leur  imprime  tellement  en 
la  fantasie  les  images  des  choses  qu’il 
leur  représente,  et  qu’il  leur  veut 
faire  accroire  comme  vrayes ,  qu’ils 
ne  peuuent  penser  autrement  qu’il 
ne  soit  ainsi ,  et  ne  les  ayent  faites , 
et n’ayent veillé  cependant  qu’ils dor- 
moient.  Telle  chose  se  fait  aux  sor¬ 
ciers  pour  leur  infidélité  et  meschan- 
ceté ,  qu’ils  se  sont  donnés  au  diable, 
et  ont  renoncé  Dieu  leur  créateur. 

Nous  sommes  enseignés  par  TEs- 
critüre  sainte  ‘ ,  qu’il  y  a  des  esprits 
bons  et  naauuais  :  les  bons  sont  appel- 
lés  Anges,  et  les  mauuais,  Démons 
ou  Diables.  Qu’il  soit  vray,  la  loy  est 
baillée  par  le  ministère  des  Anges. 
D’auantage  il  est  escrit  :  Nos  corps 
ressusciteront  au  son  de  la  trompette 
et  à  la  voix  de  l’Archange.  Christ  dit, 
que  tlieu  enuoyera  ses  anges  qui 
recueilleront  les  esleus  des  bouts  du 
ciel.  Il  se  peut  pareillement  prouuer 
qu’il  y  à  des  esprits  malins  appellés 
Diables.  Qu’il  soit  ainsi ,  en  l’histoire 
de  iob  2,  le  diable  fit  descendre  le  feu 
du  ciel,  tua  le  bestial,  suscita  les  vents 
qui  esbranlerent  les  quatre  coins 
de  la  maison  ,  et  accablèrent  les  en- 
fans  de  lob.  En  l’histoire  d’Achab  il 
y  auoit  vn  esprit  de  mensonge  en  la 
bouche  des  faux  prophètes  3,  Le  dia¬ 
ble  rtiit  au  cœur  de  ludas  de  trahir 

1  S.  Paul  aux  Hebr.  1, 14.  —  Gai.,  3 ,  19, 
i,—Thess.i  1,  16.  —  A.  P. 

C’est  par  ce  paragraphe  que  commençait 
le  chapitre  en  1573  et  1575. 

^lobi  1,  6. —  A,  P. 

6  1  .RoîV»  28.  —  A.  P» 


en  grand  nombre  dedân*  le  cOépS 
d’vn  seul  homme ,  S’appelloient  Lé¬ 
gion  ,  et  oblindrenl  permission  de 
Dieu  d’entrer  és  pourceaux ,  lesquels 
ils  precipilerertl  en  la  mdr  Il  Ta 
plusieurs  autres  tcsmoignnges  de  la 
sainte  Escrilure  ,  qU’il  y  a  des  anges 
et  des  diables.  Dés  le  commencement 
Dieu  créa  vne  grande  multitude 
d’anges  pour  citoyens  du  ciel ,  qui 
sont  appellés  Esprits  diuins ,  et  sarts 
corps  demeurent  /  et  sont  messagers 
à  executer  la  volonté  de  Dieu  leur 
créateur,  soit  en  iustice  ou  miséri¬ 
corde,  toutesfois  ils  s’estudient  au 
salut  des  hommes  ;  au  contraire  des 
malins  anges,  appellés  Démons  ou 
diables,  qui  de  leur  nature  taschent 
tousiours  à  nuire  au  genre  humain 
par  machinations ,  fausses  illusions  , 
tromperies  et  mensonges  ;  et  s’il  leur 
estoit  permis  d’exercer  leur  cruauté 
à  leur  volonté  et  plaisir,  véritable¬ 
ment  en  bref  le  genre  humain  seroit 
perdu  et  ruiné  :  mais  ils  ne  peuuent 
faire  qu’erttant  qu’il  plaist  à  Dieu  leur 
lascher  la  main.  Lesquels  pour  leur 
grand  orgueil  furent  chassés  et  de- 
ietlés  hors  de  Paradis  et  de  la  pré¬ 
sence  de  Dieu  ;  dont  les  vns  sont  en 
l’air^  lès  autres  en  l’eau ,  qui  appa¬ 
raissent  dessus  et  aux  riues ,  les  au¬ 
tres  sus  la  terre ,  les  autres  au  pro¬ 
fond  d’icelle,  et  demeureront  iusques 
à  ce  que  Dieu  vienne  iuger  Ife  monde  : 
aucuns  habitent  aux  maisohs  ruinées 
et  se  transforment  en  tout  ce  qui  leur 
plaist.  Ainsi  qu’on  voit  aux  nuées  se 
former  plusieurs  et  diuers  animaux , 
et  autres  choses  diUerses^  à  sçauoir 
centaures,  serpens,  rochers,  chas- 
teaux ,  hommes  et  femmés ,  oiséàuX  ^ 
poissons  et  autres  choses  :  ainsi  lés 

i  /enii,  13,  --  Maroi  i,  30, 34.  -  A,.  P. 


»ES  MONSTRES  ET  PRODIGES. 


65 


démons  se  forment  tout  subit  en  ce 
qui  leur  plaist>  et  souuent  on  les  voit 
transformer  en  bestes,  comme  ser- 
pens,  crapaux,  chats-huants,  hup¬ 
pes,  corbeaux,  boucs ,  asnes,  chiens, 
chats»  loups,  toreaux  et  autres  :  voire 
ils  prennent  des  corps  humains  vifs 
ou  morts,  les  manient j  tourmentent, 
et  empeschent  leurs  œuures  naturel¬ 
les  ;  non  seulement  ils  se  transmuent 
en  hommes ,  mais  aussi  en  Anges  de 
lumière  :  ils  font  semblant  d’estre 
contraints ,  et  qu’on  les  tient  attachés 
à  des  anneaux ,  mais  vne  telle  con¬ 
trainte  est  volontaire  et  pleine  de 
trahison.  Iceux  démons  désirent  et 
craignent ,  aiment  et  desdaignent  ;  ils 
ont  charge  et  office  de  Dieu  pour 
exiger  les  peines  des  maléfices  et  pé¬ 
chés  des  meschans  ,  comme  il  se  peut 
prouuer  que  Dieu  enuoya  en  Egypte 
exploit  par  mauuais  anges  ils  hur¬ 
lent  la  nuit ,  et  font  bruit  comme  s’ils 
estoient  enchaisnés  ;  ils  remuent 
bancs ,  tables ,  traiteaux ,  bercent  les 
enfans ,  ioüent  au  tablier,  fueillettent 
liures ,  comptent  argent,  et  les  oit-on 
promener  par  la  chambre ,  ouurent 
portes  et  fenestres ,  iettent  vaisselle 
par  terre,  cassent  pots  et  verres,  et 
font  autre  tintamarre  :  neantmoins 
on  ne  voit  rien  au  matin  hors  de  sa 
place ,  ny  rien  cassé ,  ny  portes  ou  fe¬ 
nestres  ouuertes.  Ils  ont  plusieurs 
noms ,  comme  démons  ,  eacodemons  , 
incubes^  succubes^  coquemdres ,  gohè- 
lins,luUns,  mauuais  anges,  Satan, 
Lucifer ,  pere  de  mensonge^  prince  des 
tenebres  ^legion'^,  et  vne  infinité  d’au¬ 
tres  noms ,  qui  sont  escrils  au  liure 
de  l’imposture  des  diables  ,  selon  les 
différences  des  maux  qu’ils  font,  et 
és  lieux  où  ils  sont  le  plus  souuent. 

1  Nomb.,  22,  28.  —  A.  P. 

*  Piblm,  79 ,  —  Pierre  de  Ronrard  en  seS 
üytnnes,  «-  A.  P» 


CHAPITRE  XXVtt. 

DE  CEVX  QVt  SONT  POSSEDES  DÉS  DE¬ 
MONS,  QVI  PABLENT  EN  DIVEKSES  PAR¬ 
TIES  DE  LEVES  CORPS 

Ceüx  qui  sOiit  tibssédés  déé  dehlons, 
parlent  la  langue  tirée  hofs  là  bou¬ 
che,  par  lë  vetitré  ,  par  leé  bàrlies 
naturelles,  et  parlent  diüCrs  langages 
inconueus.  ils  font  trembler  là  terre, 
tohner,  esclairèr,  venter  ;  desracihent 
et  arrachent  les  arbres ,  tant  groS  et 
forts  soiént-ils  :  ils  ftint  marcher  ttlé 
montagne  d’Vn  lieu  en  autre ,  soUS- 
leUenl  eh  l’air  vn  chasteau  ,  et  lé  re¬ 
mettent  en  sâ  place  :  fascinent  les 
yeux  et  lés  esbloüisséht ,  en  sorte 
qu'ils  font  toir  soüueht  ce  qui  n’est 
point.  Ce  que  i’atteste  audîr  teu  faire 
à  vn  sorcier,  ëti  là  présertce  dü  de- 
funct  Roy  Châties  neufiéme ,  et  au¬ 
tres  grands  Seigneurs. 

Paul  Grillant  escrit  de  son  temps 
aUoir  vëü  à  Rome  briislér  vnë  fémnië 
sorcière,  qui  faisoit  parler  vn  chien. 
Ils  font  encores  autres  choses  que  di¬ 
rons  cy  apres.  Satan  pour  enseigner 
aux  plus  grands  sorciers  la  sorcelle¬ 
rie  ,  entremesle  propos  de  la  saincte 
Escriture  et  des  saincts  Docteurs,  pour 
faire  du  poison  auec  du  miel ,  qui  a 
tousiours  esté  et  sera  l’astuce  de  Sa¬ 
tan.  Les  sorciers  de  Pharaon  contre- 
faisoient  les  œuures  de  Dieu. 

Les  actions  de  Satan  sont  super¬ 
naturelles  et  incompréhensibles, pas- 
sans  l’esprit  humain ,  n’en  pouuant 
rendre  raison  non  plus  que  de  1  ai¬ 
mant  qui  attire  le  fer  et  fait  tou  mer 
l’aiguille.  Et  no  se  faut  opiniastrer 
contre  la  vérité,  quand  on  voit  les 

ice  chapitre  a  été  ojodté  *n  entier  dani 

l’édition  de  168Ô» 


56  LE  DIX-NEVFI^ME  LIVRE 


effets ,  et  qu’on  ne  sçait  la  cause  ;  et 
confessons  la  faiblesse  denostre  es¬ 
prit  ,  sans  nous  arrester  aux  principes 
et  raisons  des  choses  naturelles ,  qui 
nous  manquent,  lors  que  nous  vou¬ 
lons  examiner  les  actions  des  démons 
et  enchanteurs.  Les  malins  esprits 
sont  les  exécuteurs  et  bourreaux  de 
la  haute  iustice  de  Dieu ,  et  ne  font 
rien  que  par  sa  permission.  Parquoy 
il  nous  faut  prier  Dieu ,  qu’il  ne  per¬ 
mette  point  que  soyons  induits  aux 
tentations  de  Satan.  Dieu  a  menacé 
par  sa  loy  d’exterminer  les  peuples 
qui  souffroient  viure  les  sorciers  et 
enchanteurs*.  C’est pourquoy  sainct 
Augustin  au  liure  de  la  cité  deDieu"^ 
dit  que  toutes  les  sectes  qui  iamais 
ont  esté ,  ont  décerné  peine  contre  les 
sorciers ,  excepté  les  Epicuriens.  La 
royne  lesabel ,  pour-ce  qu’elle  estoit 
sorcière ,  lehu  la  fit  ietter  par  les  fe- 
nestres  de  son  chasteau,  et  la  fit  man¬ 
ger  aux  chiens. 


CHAPITRE  XXVIII. 

COMME  LES  DEMONS  HABITENT  ÉS 
CARRIERES. 

Loys  Lauater  escrit  que  les  Metal- 
liers  affirment  que  l’on  voit  en  cer- 
aines  mines  des  esprits  vestus  comme 
ceux  qui  besongnent  aux  mines,  cou¬ 
rons  çà  et  là,  et  semble  qu’ils  trauail- 
lent,  encores  qu’ils  ne  bougent  :  aussi 
dient  qu’ils  ne  font  mal  à  personne  , 
si  on  ne  se  mocque  d’eux  ;  ce  qu’adue- 
nant,  ils  ietleront  quelque  chose 
contre  le  mocqueur,  ou  l’endomma¬ 
geront  de  quelque  autre  chose. 

Aussi  n’agueres  que  i’estois  en  la 

1  Leidt,  2.  —  A.  P. 

s  Qiav.  20.  —  A.  P. 


maison  du  duc  d’Ascot,  vn  sien  gentil¬ 
homme  nommé  l’Hcister*,  homme 
d’honneur,  et  qui  a  la  plus  grande 
part  de  la  charge  de  sa  maison ,  m’as- 
seura  qu’en  certaines  mines  d  Alle¬ 
magne  (ioint  aussi  que  d’autres  1  ont 
escrit)  on  oyoit  des  cris  fort  estranges 
et  espouuentables ,  comme  vne  per¬ 
sonne  qui  parleroit  dedans  vn  pot, 
trainant  chaisne  aux  pieds,  toussant  et 
souspirant,  tantost  lamentant  comme 
vn  homme  que  l’on  gesne  :  autresfois 
vn  bruit  d’vn  grand  feu  qui  claquette-, 
autresfois  coups  d’artilleries  laschées 
de  bien  loing,  tabouiins,  cleronset 
trompettes,  bruit  de  chariots  et  che- 
uaux,  cliquets  de  foüets,  cliquetis  de 
harnois,  piques,  espées  ,  hallebardes, 
et  autres  bruits  comme  il  se  fait 
aux  grands  combats  ;  aussi  vn  bruit 
comme  lorsqu’on  veut  bastir  vne  mai¬ 
son,  oyant  esbaucher  le  bois,  bruire 
le  cordeau ,  tailler  la  pierre ,  faire  les 
murailles  et  autres  manœuures,  et  ce¬ 
pendant  l’on  ne  voit  rien  de  tout  cela. 

Ledit  Lauater  escrit  qu’en  Dauans, 
païs  des  Grisons,  il  y  a  vne  mine  d’ar¬ 
gent  ,  en  laquelle  Pierre  Briot , 
homme  notable  et  consul  de  ce  lieu  là, 
a  fait  trauailler  ces  années  passées , 
et  en  a  tiré  de  grandes  richesses  II 
y  au  oit  en  icelles  vn  esprit ,  lequel 
principalement  le  iour  du  vendredy , 
et  souuent  lors  que  les  metalliers  ver- 
soient  ce  qu’ils  auoient  tiré  dedans 
des  cuues ,  faisoit  fort  de  l’empesché, 
changeant  à  sa  fantasie  les  métaux 
des  cuues  en  autres.  Ce  consul  ne 
s’en  soucioit  pas  autrement ,  quand 
il  vouloit  descendre  à  sa  mine ,  se 
fiant  que  cest  esprit  ne  luy  pouuoit 
faire  aucun  mal ,  si  ce  n’estoit  par  la 
volonté  de  Dieu.  Or  aduint  vn  iour 

*  Ces  deux  mots ,  nommé  l’üeuter,  n’ont 
été  ajoutés  qu’en  1579. 


DES  MONSTRES  ET  PRODIGES. 


que  cest  esprit  fît  beaucoup  plus  de 
bruit  que  de  coustume,  tellement 
qu’vn  metalller  commença  à  l’iniu- 
rier,  et  luy  commander  d’aller  au 
gibet  et  en  son  enfer,  auec  maudis¬ 
sons  :  lors  cest  esprit  print  ce  metal- 
licr  par  la  teste  ,  laquelle  il  luy  tordit 
en  telle  sorle,  que  le  douant  estoit 
droitement  derrière  ;  et  n’en  mourut 
pas  loutesfois,  mais  vesquit  longue¬ 
ment  depuis,  ayant  le  col  tors,  conneu 
familièrement  de  plusieurs  qui  viuent 
encore,  et  quelques  années  après 
mourut. 

Il  escrit  beaucoup  d’autres  choses 
des  esprits ,  que  chacun  peut  lire  en 
son  liure. 

Ledit  Loys  Lauater  au  liure  susdit, 
dit  auoir  ouy  dire  à  vn  homme  pru¬ 
dent  et  honorable ,  baillif  d’vne  sei¬ 
gneurie  dépendante  de  Surich,  qui  af- 
firmoit  qu’vn  iour  d’esté  ,  de  grand 
matin ,  allant  se  promener  par  les 
prés,  accompagné  de  son  seruiteur, 
il  vit  vn  homme  qu’il  connoissoit 
bien  se  meslant  mescbamment  auec 
vne  iument ,  dequoy  il  fut  grande¬ 
ment  estonné  :  retourna  soudaine¬ 
ment  ,  et  vint  frapper  à  la  porte  de 
celuy  qu’il  pensoit  auoir  veu.  Or  il 
trouua  pour  certain  que  l’autre  n’a- 
uoit  bougé  de  son  lit  ;  et  si  ce  baillif 
n’eust  diligemment  sceu  la  vérité ,  vn 
bon  et  honneste  personnage  eust  esté 
emprisonné  et  gesné  II  recite  ceste 
histoire,  à  fin  que  les  iuges  soient 
bien  aduisés  en  tel  cas. 


57 

nostre  terrienne  lourdesse ,  à  raison 
de  la  subtilité  de  leur  essence,  et  ma¬ 
lice  de  leur  volonté  :  car  ils  obscur¬ 
cissent  les  yeux  des  hommes ,  auec 
espaisses  nuées  qui  broüillent  nostre 
esprit  fantastiquement,  et  nous  trom¬ 
pent  par  impostures  sataniques ,  cor- 
rompans  nostre  imagination  parleurs 
bouffonneries  et  impiétés.  Ils  sont  doc¬ 
teurs  de  mensonges,  racines  de  ma¬ 
lice,  et  de  toutes  meschancelés  à  nous 
seduireet  tromper,  et  preuaricateurs 
de  la  vérité  ;  et  pour  le  dire  en  vn 
mot ,  ils  ont  vn  incomparable  artifice 
de  tromperies  ,  car  ils  se  transmuent 
en  mille  façons,  et  entassent  aux 
corps  des  personnes  viuantes  mille 
choses  estranges ,  comme  vieux  pan¬ 
neaux,  des  os,  des  ferremens,  des 
clous ,  des  espines ,  du  fil ,  des  che- 
ueux  entortillés  ,  des  morceaux  de 
bois,  des  serpens,  et  autres  choses 
monstrueuses,  lesquelles  ils  font  sou- 
uentesfois  sortir  par  le  conduit  de  la 
matrice  des  femmes  :  ce  qui  se  fait 
apres  auoir  esbloüi  et  altéré  nostre 
imagination ,  comme  nous  auons  dit. 

D’aucuns  sont  nommés  Incubes  et 
Succubes  :  Incubes ,  ce  sont  démons 
qui  se  transforment  en  guise  d’hom¬ 
mes,  et  ont  copulation  auec  les  fem¬ 
mes  sorcières  :  Succubes ,  ce  sont  dé¬ 
mons  qui  se  transmuent  en  guise  de 
femmes.  Et  telle  habitation  ne  se  fait 
pas  seulement  en  dormant,  mais  aussi 
en  veillant  :  ce  que  les  sorciers  et 
sorcières  ont  confessé  et  maintenu 
plusieurs  fois,  quand  on  les  executoit 


CHAPITRE  XXIX. 

COMME  EES  DEMONS  NOVS  EEWENT 
ÜECEVOin. 

Or  iceux  démons  peuuent  en  beau¬ 
coup  de  maniérés  et  façons  tromper 


nort  ‘. 

Ce  paragraphe  a  été  modifié  et  amplifié 
1585.  Les  éditions  précédentes  portaient 
iplement  : 

,  D'aucuns  sont  nommés  incubes  et  succu- 
,  comme  nous  auons  dict;  iceux  *0”' 

,  J„cubes 

Il  les  femmes  en  dormant ,  et  su 
deçoiuent  les  hommes.  » 


LE  DIX'-NEVFI^ME  LÏVhE 


58 

Sainct  Auguâtin  h’a  pâs  du  tout 
nié  que  les  diables  ttansfortnés  en 
forme  d’hOmme  ou  dé  femme  puis¬ 
sent  exercer  les  ϟures  de  Nature  , 
et  auoir  affaire  aücc  les  hommes  et 
femmes  pour  les  allécher  à  luxure , 
tromper  et  deceuoir  ‘  ;  ce  que  les  an¬ 
ciens  n’ont  point  seulement  expert 
mente  :  mesme  de  nostre  temps»  cecy 
est  arriué  en  plusieurs  prouinces ,  à 
diuerses  personnes  auec  lesquelles  les 
diables  ont  eu  affaire,  transfigurés  en 
homme  et  femme. 

lacobus  Rueff  en  ses  liures  De  con- 
ceptu  et  generatione  hominis  tes- 
moigne  que  de  son  temps  vne  femme 
perdue  eut  affaire  auec  vn  esprit  ma¬ 
lin  la  nuit ,  ayant  face  d’homme ,  et 
que  subit  le  xentre  luy  enfla,  et  pen¬ 
sant  estre  grosse,  tomba  en  vne  si 
estrange  maladie ,  que  toutes  ses  en¬ 
trailles  tombèrent,  sans  que  par  au¬ 
cun  artifice  de  médecin  ny  de  chirur¬ 
gien  peusl  estre  secourue. 

Il  est  escrit  le  semblable  d’vn  ser- 
uiteur  boucher,  lequel  estant  pro¬ 
fondément  plongé  en  vaines  cogita¬ 
tions  de  luxure  ^  fut  estonné  qu’il  ap- 
perceut  subit  deuant  luy  vn  diable  en 
figure  de  belle  femme ,  auec  lequel 
ayant  eu  affaire,  ses  parties  génitales 
commencèrent  à  s'enflamber ,  de  fa¬ 
çon  qu’il  luy  sembloit  auoir  le  feu 
ardent  dedans  le  corps ,  et  mourut 
misérablement  *. 

Or  c’est  vne  chose  absurde  à  Pierre 
de  la  Pallude,  et  Martin  d’Arles,  sous- 
tenir  qu’au  giron  de  la  femme  les 

1  En  la  Cité  de  Dieu,  au  22 ,  23.  chapitre, 
15.  Hure.  —  A.  P. 

2  Chap.  dernier,  liu.  6.  ---  A.  P. 

3  Ici  se  terminait  le  chapitre  dans  les  édi¬ 
tions  de  1573  et  1575.  Le  long  paragraphe 
quisuitet  quia  été  placé  ici  en  1579,  faisait 
auparavant  lafin  du  chapitre  31  ;  et  en  effet 
sa  place  est  bien  plus  logique  ici  qu’à  l’au¬ 
tre  endroit) 


diâbleS  laissent  coulét’  do  Id  Séhténce 
d’vn  homme  mort,  dont  vn  enfant 
peut  estre  engendré  ,  ce  qui  est  ma¬ 
nifestement  faux  :  et  pour  reproutier 
ceste  vaine  opinion ,  ie  diray  seule¬ 
ment  que  la  semence  qui  est  faite  de 
sang  et  esprit ,  laquelle  est  apte  pour 
la  génération ,  estant  peu  ou  rien 
transportée ,  est  inconlîncnt  corrom¬ 
pue  et  altérée  ,  et  par  conséquent  sa 
vertu  du  tout  esteinte,  par-ce  que  la 
chaleur  et  esprit  du  cœur  et  de  tout 
le  corps  en  est  absente,  si  bien  qu’elle 
n’est  plustemperée,  ny  en  qualité,  ny 
en  quantité.  Pour  ceste  raison ,  les 
médecins  ont  îugé  l’homme  qui  au- 
roit  la  verge  virile  trop  longue,  estre 
stérile,  à  cause  que  la  semence  estant 
escoülée  par  vn  si  long  chemin ,  est 
ja  refroidie  auant  qU’elle  soit  receuë 
en  la  matrice.  Aussi  quand  l’homme 
se  desioint  de  sa  compagne  trop  su¬ 
bit,  ayant  iétlé  sa  semence,  elle  peut 
estre  altérée  en  l’air  qui  entre  en  la 
matrice,  qui  cause  qu’elle  ne  produit 
aucun  fruit-  Ainsi  donc  l’on  peut  con- 
noistre  combien  Albert  le  Scollaste  a 
lourdement  failli,  lequel  a  escrit,  que 
si  la  semence  tombée  en  terre  estoit 
remise  en  la  matrice ,  il  serOit  possi¬ 
ble  qu’elle  conceuroit.  Autant  en 
peut-on  dire  de  la  voisine  d’ AUerroïs, 
laquelle  (  comme  il  dit  )  l’auoît  as- 
seuré  par  serment,  qu’elle  auolt  con- 
ceu  vn  enfant  de  la  semence  d’vn 
homme  qu’il  auolt  iettée  dans  vrt 
baing ,  et  s’estant  baignée  ën  iceluy 
elle  en  deuint  grosse.  Aussi  il  ne  vous 
faut  nullement  croire  que  les  démons 
ou  diables  qui  sont  de  nature  spiri¬ 
tuelle,  puissent  conudistte  charnelle¬ 
ment  les  femmes  :  car  à  l’execution 
de  cet  acte ,  la  chair  et  le  süng  sont 
requis  ,  ce  que  les  esprits  n’ont  pas. 
D’auantage,  comme  seroit-il  possible 
que  les  esprits  qui  n’ont  point  de 


DES  MONSTRES  ET  PRODIGES. 


corps,  puissent  estre  espris  de  l’a¬ 
mour  des  femmes,  et  qu’ils  puissent 
engendrer  en  icelles?  et  aussi  où  il 
n’y  a  point  de  parties  générantes ,  il 
n’y  a  aussi  point  de  conionelion  :  et 
où  il  n’y  a  viande  no  breuuage ,  il  n’y 
a  point  de  semence  :  aussi  là  où  il  n’a 
esté  necessaire  auoir  succession  et 
repeuplement,  la  Nature  n’a  point 
baillé  le  désir  d’engendrer.  D’auan- 
tage  ,  les  démons  sont  immortels  et 
éternels  :  qu’ont-ils  donc  nécessité  de 
caste  génération ,  puis  qu’ils  n’ont  af¬ 
faire  de  successeurs,  d’autant  qu’ils 
seront  tousiours?  Encore  n’est-il  en 
la  puissance  de  Satan,  ny  à  ses  anges, 
d’en  creer  de  nouuelles  :  et  si  ainsi 
estoit,  depuis  que  les  démons  sont 
créés ,  qu’ils  eussent  peu  en  engen¬ 
drer  d’autres ,  il  y  auroit  bien  de  la 
diablerie  sus  les  champs. 

Or  quant  à  moy,  ie  croy  que  ceste 
prétendue  cohabitation  est  imagi¬ 
naire,  procédante  d’vne  impression 
illusoire  de  Satan  ‘  < 


CHAPITRE  XXX. 

EXEMPLE  DE  PLVSIEVRS  ILLVSIONS 
DIADOLIQVES. 

Et  àfln  qu’on  ne  pense  que  l’artifice 
du  Diable  soit  ancienj  il  a  encores  pra¬ 
tiqué  de  nostre  temps  en  semblables 
sortes ,  comme  plusieurs  ont  veu ,  et 
beaucoup  d’hommes  doctes  ont  es- 
crit ,  d’vne  fort  belle  ieune  fille  à 

*  Cette  dernière  phrase  est  de  1585  ;  on 
peut  remarquer  qu’elle  insiste  sur  ce  que 
l’auteur  avait  déjà  dit  dariS  le  paragraphe 
prééêdérit,  hiais  qüè  Céttë  cdhclusiotl  ëét 
tout-à-l'ait  en  désaccord  avec  ce  qu’il  sem¬ 
blait  avoir  eu  intention  d’établir  au  com- 
luencemetit  du  chapllrèt 


^9 

Constancë,  laquelle  aùoit  nom  Mag- 
daleine ,  seruante  d’vn  fort  riche  ci¬ 
toyen  de  ladite  ville,  laquelle publioit 
par  tout  que  le  diable  vfie  nuit  l’a- 
uoit  engrossie  :  et  pour  ce  regard  les 
Potestats  de  la  ville  la  firent  mettre 
en  prison  ,  pour  entendre  l’issue  de 
cest  enfantement.  L’heure  venue  de 
ses  couchés  ,  elle  séntil  des  tranchées 
et  douleurs  accoutumées  des  femmes 
qui  veulent  accoucher  :  et  quand  les 
matrones  furent  prestes  de  receuoir 
le  fruit,  et  qu’elles  pensolent  que  la 
matrice  se  deustouurir,il  commença 
à  sortir  du  corps  d’icelle  tille,  des 
clous  de  fer ,  des  petits  tronçons  de 
bois,  de  voire,  des  os,  pierres,  et  che- 
ueux ,  des  estoupes,  et  plusieurs  au¬ 
tres  choses  fantastiques  et  estrauges, 
lescjuelles  le  diable  par  son  artifice 
y  auoit  appliquées ,  pour  deceuoir  et 
enibaboüiner  le  vulgaire  populace , 
qui  adiouste  legerement  foy  en  pres¬ 
tiges  et  trùmperies. 

Boistuau  affirme  quMl  produiroit 
plusieurs  autres  histoires  semblables, 
recitées  non  seulement  des  philo¬ 
sophes, mais  aùssi  des  ecclesiastiques , 
lesquels  confessent  que  les  diables 
par  la  permission  de  Dieu ,  ou  pour 
punition  de  nos  péchés  ,  peuuent 
ainsi  abuser  des  hommes  et  des  fem¬ 
mes  ;  mais  que  de  telle  conionction  il 
se  puisse  engendrer  quelque  creatùre 
humaine ,  cela  n’est  pas  seulement 
faux,  mais  contraire  à  noslre  religion, 
laquelle  croit  qu’il  eut  oneques 
homme  engendré  sans  semence  hu¬ 
maine  ,  reserué  le  fils  de  Dieu.  Mes- 
mes,  comme  disoit  Cassianus,  quelle 
absurdité ,  répugnance  ,  et  confusion 
seroit-ce  en  Nature,  s’il  estoit  licite 
aux  diables  de  coriceuoir  d’hommes , 
et  les  femmes  d’eux  :  combien,  de  la 
crëàtioü  dli  môndë^iüsqués  à  P*’®®®";’ 

les  diables  ëüSSéfit  produit  de  mOh» 


bO  LE  DIX-NEVFIIÉME  LIVRE 


très  par  tout  le  genre  humain , 
iettans  leur  semence  dans  Jes  ma¬ 
trices  des  besles  ,  creans  ainsi  par  les 
perturbations  de  semence  vue  infinité 
de  monstres  et  prodiges  ? 


CHAPITRE  XXXI. 

DE  l’art  MAGIQVE. 

D’auantage  l’art  magkjue  se  fait 
par  le  meschant  artiOce  des  diables. 
Or  il  y  a  de  plusieurs  sortes  de  magi¬ 
ciens  :  aucuns  font  venir  à  eux  les 
diables,  et  interroguent  les  morts, 
lesquels  sont  nommés  nécromanciens: 
autres  cheiromanciens  ,  parce  qu’ils 
deuinent  par  certains  lineamens  qui 
sont  és  mains  :  autres  hydroman- 
cicns,  par-ce  qu’ils  deuinent  par  l’eau  : 
autres  geomanciens ,  par-ce  qu’ils  de¬ 
uinent  par  la  terre  :  autres  pyroman- 
ciens,  qui  deuinent  par  le  feu  :  autres 
aëromanciens ,  ou  augures ,  ou  pro- 
gnostiqueurs  de  la  disposition  future, 
par-ce  qu’ils  deuinent  par  l’air,  sça- 
uoir  est  par  le  vol  des  oiseaux ,  ou 
par  tourmentes ,  orages  ,  tempestes 
et  vents.  Tous  lesquels  ne  font  que 
tromper  et  abuser  les  incrédules,  qui 
vont  au  recours  à  ces  deuins,  prophè¬ 
tes  ,  maléfiques ,  enchanteurs  :  les¬ 
quels  sus  fous  autres  sont  coustu- 
mierement  opprimés  de  perpétuelle 
pauureté  et  disette,  par-ce  que  les 
diables  les  engouffrent  en  vn  abysme 
d’obscurité  ,  leur  faisans  accroire 
mensonge  estre  vérité,  par  illusions 
et  fausses  promesses  interturbées  et 
insensées,  qui  est  vne  folie  et  insup¬ 
portable  bourbier  d’erreur  ,  et  facé¬ 
tie.  Il  faut  du  tout  fuir  ces  hommes, 
et  les  chasser  loin  par  ceux  qui  con- 
noissent  la  vraye  religion ,  comme 


fist  anciennement  Moyse  par  com¬ 
mandement  de  Dieu. 

lean  de  Marconuille  en  son  liure , 
Du  recueil  mémorable  d’aucuns  cas 
merueilleux  aduenusde  nos  ans,  escrit 
d’ vne  deuineresse,  sorcière  de  Boulon- 
gne  la  Grasse  en  Italie,  laquelle  après 
auoir  long  temps  exercé  son  art  dia¬ 
bolique,  tomba  en  vne  griefue  mala¬ 
die,  dont  elle  flna  ses  iours.  Quoy 
voyant  vn  magicien,  qui  ne  l’auoit 
iamais  voulu  desaccompagner  pour 
le  profit  qu’il  tiroit  du  vivant  d’elle  de 
son  art  ;  il  luy  mit  vn  certain  poison 
venefique  sous  les  aiscelles  ,  telle¬ 
ment  que  par  la  vertu  de  ce  poison  , 
elle  sembloit  estre  viuante,  et  se 
trouuoit  aux  compagnies  comme  elle 
au  oit  accoustumé,  ne  semblant  en 
rien  différer  d’vne  personne  en  vie , 
fors  la  couleur  qui  esioit  excessiue- 
ment  pâlie  et  blesme.  Quelque  temps 
apres  il  se  trouua  vn  autre  magicien 
à  Boulongne ,  auquel  il  prit  fantasie 
d’aller  voir  ceste  femme ,  pource 
qu’elle  auoit  grand  bruit,  à  raison  de 
son  art  :  lequel  estant  arriué  à  ce 
spectacle  comme  les  autres  pour  la 
voir  ioüer,  tout  subit  s’escria  disant  : 
Que  faites- vous  icy,  messieurs?  ceste 
femme  que  vous  estimez  qui  face  ces 
beaux  soubre-sauts  et  ieux  de  pas¬ 
se-passe  deuant  vous,  c’est  vnepuante 
et  orde  charongne  morte  :  et  tout 
soudain  elle  tomba  en  terre  morte,  de 
sorte  que  le  prestige  de  Satan  et  l’a¬ 
bus  de  l’enchanteur  fut  manifesté  à 
tous  les  assistans. 

Langius  en  ses  Epistres  Médicina¬ 
les  »,  raconte  d’vne  femme  possédée 
d’vn  mauuais  esprit,  laquelle  après 
auoir  esté  affligée  d’vne  cruelle  dou¬ 
leur  d’estomach,  estant  délaissée  par 

»  Epislre  41.  —  a.  P. 


DÈS  MONSTEES 

les  Médecins,  subitement  vomit  des 
clous  fort  longs  et  courbés,  et  des  ai¬ 
guilles  d'airain  empaquetées  auec  de 
la  cire,  et  des  cheueux.  Et  en  la 
mesme  Epistre  escrit ,  que  l’an  mil 
cinq  cens  trente  neuf,  au  village 
nommé  Tuguestag,  vn  certain  labou¬ 
reur  nommé  Vlrich  Nenzesser,  après 
auoir  enduré  vne  cruelle  douleur  au 
flanc ,  luy  ayant  esté  faite  ouuerture 
d’vn  rasoir ,  sortit  vn  clou  d’airain  : 
toutesfois  les  douleurs  s’augmentè¬ 
rent  de  plus  en  plus ,  et  d’impatience 
se  coupa  la  gorge  :  et  ayant  esté  ou- 
uert ,  on  luy  trouua  dans  l’estomach 
vn  morceau  de  bois ,  long  et  rond  , 
quatre  cousteaux  d’acier ,  desquels 
aucuns  estoient  aigus ,  les  autres  den¬ 
telés  en  maniéré  de  scie,  et  ensemble 
deux  ferremens  aspres ,  lesquels  sur- 
montoient  la  longueur  d’vne  demie 
coudée,  auec  vne  grosse  pelote  de 
cheueux.  Il  est  vray-semblable  que 
toutes  ces  choses  se  sont  faites  par 
l’astuce  du  diable,  qui  deceuoit  les 
assistans  par  leur  veuë. 

Encor  depuis  n'agueres  i’ay  veu 
faire  à  vn  imposteur  et  enchanteur, 
en  la  presence  du  Roy  Charles  IX,  et 
de  Messeigneurs  les  Mareschaux  de 
Montmorency,  de  Rets ,  et  le  seigneur 
de  Lansac,  et  de  monsieur  de  Mazille 
premier  Médecin  du  Roy,  et  de  mon¬ 
sieur  de  sainct  Pris,  valet  de  chambre 
ordinaire  du  Roy,  plusieurs  autres 
choses  qui  sont  impossibles  aux  hom¬ 
mes  de  faire  sans  l’astuce  du  diable , 
qui  déçoit  nostre  veuë  ,  et  nous  fait 
apparoistre  chose  fausse  et  fantasti¬ 
que  :  ce  que  librement  ledit  impos¬ 
teur  confessa  au  Roy,  que  ce  qu’il 
faisoit  estoit  par  l’astuce  d’vn  esprit, 
lequel  auoit  encor  temps  de  trois  ans 
à  estre  en  ses  liens ,  et  qu’il  le  tour- 
mentoit  fort  :  et  promit  au  Roy,  son 
temps  venu  et  accompli,  qu’il  seroit 


ET  PEODKiES.  5} 

homme  de  bien.  Dieu  luy  en  veuille 
donner  la  grâce  :  car  il  est  escrit  ;  Tu 
n’endureras  point  mure  la  sorcière.  Le 
Roy  Saül  fut  cruellement  puni ,  pour 
s’estre  addressé  à  la  femme  enchante¬ 
resse.  Moyse  pareillement  a  com¬ 
mandé  à  ses  Hebrieux  ,  qu’ils  missent 
toute  peine  d’exterminer  d’autour 
d’eux  les  enchanteurs  L 


CHAPITRE  XXXII. 

DE  CERTAINES  MALADIES  ESTRANGES^. 

Or  pour  encore  contenter  l’esprit 
du  liseur,  de  l’imposture  des  diables 
et  de  leurs  esclaues  magiciens ,  malé¬ 
fiques  ,  enchanteurs  et  sorciers ,  i’ay 
recueilli  ces  histoires  de  Fernel,  telles 
qu’il  s’ensuit 

‘  Exode  20,  ch.  — Leuil.  19. —  1  des  Rois , 
28.  — Deuteron.  —  A.  P. 

Le  chapitre  ne  se  terminait  pas  là  en  1573 
et  1575.  —  On  lisait  d’abord  l’histoire  sui¬ 
vante: 

«  En  la  ville  Charanti,  les  hommes  ayants 
appelé  les  femmes  à  coucher  auec  eux , 
auoient  coustume  de  s’attacher  auec  elles  en 
la  maniéré  des  chiens ,  et  ne  s’en  pouuoient 
de  longtemps  détacher  -.  et  les  ayants  quel- 
quesfois  trouuez,  ont  esté  condamnez  par 
iustice  d’estre  penduz  en  vne  perche  au  re¬ 
bours,  et  attachez  par  vn  lien  inaceoustu- 
mé,  et  seruoient  au  peuple  d’vn  spectacle 
ridicule  :  et  telle  chose  se  faisoit  par  l’astuce 
du  diable  satanique,  qui  estoit  vne  détesta¬ 
ble  risee.  » 

Cette  histoire  absurde  a  été  retranchée 
dès  1579  ;  elle  était  suivie  d’un  très  long  pa¬ 
ragraphe  qui  a  été  transporté  depuis  au 
chapitre  28.  Voyez  la  note  3  de  la  page  58. 

2  Ce  chapitre  tout  entier  est  une  addition 
de  1579. 

*  Ex  cap.  16,  liu.  2,  De  abditis  rerum  cou¬ 
sis,  Fernel.  —  A.  P. 


,  LM  PIXrNEVFIGM?  UVRE, 


IJ  y  a  des  iiiialadios  lesquelles  ^qqt 
euuoyées  aujj:  hommes  par  la  permis¬ 
sion  de  Dieu ,  et  ne  peuuent  estre 
gpories  pftr  les  vempdes  ordinaires  > 
lesquelles  pour  «este  raison  sont  di¬ 
tes  outre-passer  le  cours  ordinaire 
des  maladies  desquelles  les  liotnmes 
ont  acGpustnmé  d’estre  lourmcntés. 
Ce  qui  se  peut  aisément  pi'ouiier  par 
l’Escriture  saincte  mesme,  laquelle 
nous  fait  fPJ»  flue  pour  le  péché  de 
Dauid  il  suruint  vne  telle  corrup¬ 
tion  d’air,  que  Iq  peste  trenpha  le 
filet  de  la  vie  à  plus  de  soixante  mille 
personnes.  Nous  lisons  aussi  en  la 
mesme  Escriture,  qu’Ezechias  fut 
tourmenté  d’une  tres-grande  et  tres- 
griefue  maladie.  lop.  receut  tant  d’vl- 
ceres  sur  son  corps ,  qu’il  eu  estait 
tout  couuert  :  ce  qui  leur  aduint  par 
la  pernaission  de  ce  grand  pieu,  lequel 
gouuerne  à  son  vueil  ce  monde  infe¬ 
rieur,  et  tout  ce  qui  est  contenu  en 
iceluy. 

Or  tout  ainsi  que  le  Diable ,  capital 
et  iuré  ennemy  de  l’homuie,  souuent 
(  par  la  permission  dé  Pieu  toutes- 
fois  )  nous  afflige  de  grandes  et  di- 
uerses  maladies  :  ainsi  les  sorciers , 
trompeurs  et  meschans  ,  par  ruses  et 
finesses  diaboliques  ,  tourmentent  et 
abusent  vne  infinité  d’hommes  :  les 
vns  inuoquent  et  adiurent  ie  ne  sçay 
quels  esprits  par  murmures,  exor¬ 
cismes  ,  imprécations ,  eucbantemens 
et  sorcelleries  ;  les  antres  lient  à  l’en¬ 
tour  du  col ,  QU  bien  portent  sur  eux 
par  autre  façon  quelques  escritures  , 
quelques  cbaracteres ,  quelques  an¬ 
neaux,  quelques  images,  et  autres 
tels  fatras  :  les  autres  vsent  de  quel¬ 
ques  chants  harmonieux ,  et  dan¬ 
ses.  Quelquesfois  ijs  vsent  de  cer¬ 
taines  potions  ,  ou  plustost  poisons , 
suffumigations  ,  senteurs ,  fascina¬ 
tions,  etenchantemeas.  Us’eatyouun 


lesquels  ayans  brassé  l’image  et  re¬ 
présentation  de  quelqu’vn  absent ,  la 
trauspercept  auccques  certains  ins- 
trumens,  et  se  vantent  d’affliger  de 
telle  maladie  qu’d  leur  plaira ,  celuy 
doïit  ils  transpercent  la  représenta¬ 
tion  ,  encore  qu’il  soit  bien  eslongné 
d’eux ,  et  disent  que  cola  se  fait  par 
la  verlu  des  estpiles.,  et  de  certaines 
paroles  qu'ils  bourdonnent  en  per¬ 
çant  telle  image  on  représentation 
faite  de  cire.  H  y  a  enpore  vne  infinité 
de  telles  forfanteries  qui  ont  estéip- 
upntées  par  les  forfantes,  pour  affli¬ 
ger  et  tourmenter  les  hommes ,  mais 
il  me  fasche  d’en  parler  d  avantage. 

Il  y  en  a  qui  ysent  de  tels  sortilè¬ 
ges  qui  emneschent  Vbomme  et  la 
femme  de  consommer  le  mariage  ,  çe 
qu’on  appelle  vulgairement  naüer 
Il  y  en  a  qui  empesebent 
que  l’homme  n’a  rendu  son  vrine, 
ce  qu’ils  appellent  chemller.  H  y  en  a 
aussi  qui  rendent  par  leurs  sorcelle¬ 
ries  les  hommes  si  mal-habiles  à  sa¬ 
crifier  à  madame  Venus,  que  les  pau- 
urps  femmes  qui  ep  ont  bien  affaire 
pensent  qu’ils  soyentebastrés,  et  plus 
que  chastrés. 

Telle  quanaiile  p’afflige  pas  seule¬ 
ment  les  hommes  de  plusieurs  et  di- 
uerses  sortes  de  maladies  :  mais  aussi 
tels  pendars  pi  sorciers  qu’ils  sont 
lancent  des  diables  dedans  les  corps 
des  hommes  pt  des  femmes.  Çeux  qui 
sont  ainsi  tourmentés  des  diables  par 
les  sorcelleries  de  ces  forfantes,  ne  dif 
ferept  en  rien  des  simples  maniaques, 
sinon  qu’ils  disent  des  choses  mer- 
ueiUeusenaent  grandes.  Ils  raponteut 
tout  ce  qui  s’est  passé  parapant ,  en¬ 
core  qu’il  fust  bien  fort  caché  et  ip- 
conneu ,  fors  qu’à  bien  peu  de  gens. 
Ils  descouurent  le  speret  de  ceu)^  qui 
sont  presens,  lesipiurians  et  blasop- 
mm  ^iuement,,  qu’ils  seroiept  plus 


DES  MONSTRES 
que  ladres  s’ils  ne  le  scntoient  :  mais 
incontinent  qu’on  parle  de  la  saincte 
Escriture ,  ils  sont  tous  espouuentés  , 

Us  tremblent,  et  sont  fort  fàschés. 

N’agueres  vn  quidam, par  les  gran¬ 
des  chaleurs  de  l’esté,  se  leua  de 
nuit  pour  boire ,  lequel  ne  trouuant 
aucune  liqueur  pour  estancher  sa 
soif,  prend  vne  pomme  qu’il  aduise  : 
lequel  incontinent  qu’il  eust  mordu 
dedans,  il  luy  sembla  qu’on  l’estran- 
gloit  :  et  desia  comme  assiégé  d’vn 
malin  esprit  caché  en  ceste  pomme , 
il  luy  semhloit  au  milieu  des  tene- 
hres  voir  vn  grand  chien  fort  noir 
qui  le  deuoroit  :  lequel  estant  puis 
après  guari ,  nous  conta  de  fil  en  ai  ’ 
guille  tout  ce  qui  luy  esloit  arriué. 
Plusieurs  médecins  luy  ayans  touché 
le  pouls ,  ayans  reconneu  la  chaleur 
extraordinaire  quiestoit  en  luy,  auee 
vne  seicheresse  et  noirceur,  de  la¬ 
quelle  iugerent  qu’il  auoit  la  fiéure , 
et  d’autant  qu’il  ne  reposoit  aucune¬ 
ment  et  qu’il  ne  cessoit  de  resuer  ,  le 
iugerent  hors  du  sens. 

Il  y  a  quelques  années  qu’vn  ieune 
Gentil-homme  par  interuallede  temps 
tomboit  en  certaine  conuulsion  ,  tan- 
tost  ayant  le  bras  gauche  seulement , 
tantost  le  droit,  tantost  un  seul  doigt, 
tantost  vne  cuisse,  tantost  toutes 
deux ,  tantost  l’espine  du  dos  et  tout 
le  corps  si  soudainement  remué  et 
tourmenté  par  ceste  conuulsion,  qu’à 
grande  difficulté  quatre  valets  le 
pouuoient  tenir  au  lict.  Or  est-il  qu’il 
n’auoit  aucunement  le  cerueau  agité 
ni  tourmenté  :  il  auoit  la  parole  libre, 
l’esprit  nullement  troublé ,  et  tous  les 
sens  entiers ,  mesmes  au  plus  fort  de 
telle  conuulsion.  Il  estoit  tr  au  aillé 
deux  fois  par  iour  pour  le  moins  de 
telle  conuulsion  ,  de  laquelle  estant 
sorti  il  se  porloit  bien ,  hors-mis  qu’il 
se  Irouuoit  fort  làs  et,  corrompu ,  à 


ET  PRODIGES.  ^3 

cause  du  tourment  qu’il  auoit  souf¬ 
fert.  Tout  Médecin  bien  aduisé  eust 
peu  iuger  que  c’ estoit  une  vraye  epi- 
lepsie ,  si  auec  cela  les  sens  et  l’esprit 
eussent  esté  troublés.  Tous  les  plus 
braues  Médecins  y  estons  appellés , 
iugerent  que  c’estoit  vne  conuulsion 
de  fort  près  approchante  à  l’epilepsie, 
qui  estoit  excitéeM’vne  vapeur  mali¬ 
gne  ,  enclose  dedans  l’espine  du  dps , 
d’où  telle  vapeur  s’espanchoit  seule¬ 
ment  aux  nerfs  qui  ont  leur  origine 
d’icelle  espine ,  sans  en  rien  offenser 
le  cerueau.  Tel  iugement  ayant  esté 
assis  de  la  cause  de  ceste  maladie  -,  ü 
ne  fut  rien  oublié  de  tout  ce  que  copa- 
mande  l’art,  pour  soulager  ce  pauure 
malade.  Mais  en  vain  nous  fiscaes  tous 
nos  efforts,  estans  plus  de  cent  Ueuës 
eslongnés  de  la  cause  de  telle  mala¬ 
die.  Car  le  troisième  mois  suiuant,  pp 
descouqrit  que  ç’estoit  vn  diable  qui 
estoit  autheur  de  ce  mal ,  lequel  se 
déclara  luy-mesme,  parlant  par  la 
bouche  du  malade  du  Grec  et  du  Ea- 
tin  à  foison,  encores  que  ledit  ipalade 
ne  sceust  rien  en  Grec.  Il  descouurpit 
le  secret  de  ceux  quiestoient^reseps, 
et  principalement  des  Médecins ,  se 
mocquant  d’eux,  pource  qu’auec 
grand  danger  il  les  auoit  pircouue- 
nus,  et  qu’auecques  des  médecines 
inutiles  ils  auoient  presque  fait  piou- 
rir  le  malade.  Toutes  et  quanfes  fois 
que  son  pere  le  veuoit  voir,  inconti¬ 
nent  que  de  loin  il  l’apperceuoit , 
il  crioit ,  Faites  le  retirer,  empeschez 
qu’il  n’entre,  ou  bien  luy  ostez  la 
chaisne  a  au  col  :  car  comme 
Cheuallier  qu’il  estoit,  suiuant  la 
coustume  des  Cheualiers  françois ,  U 
portoit  le  collier  de  l’ordre ,  au  bout 
duquelestoit  l’image  de  sainct  Michel. 
Quand  on  lisoit  quelque  chose  de  ta 
saincte  Escriture  deuant  luy,  il  se  he- 
rissonnoit,  se  souslcuoil ,  et  se  tour- 


64  LE  tlX-NÉVFn^MË  LIVRE, 


mentoit  bien  plus  qu’auparauant. 
Quand  le  paroxysme  estoit  passé  ,  il 
se  souuenoit  de  tout  ce  qu’il  auoitdit 
ou  fait ,  s’en  repentant,  et  disant  que 
contre  son  vueil  il  auoit  ou  fait  ou 
dit  cela.  Ce  démon  contraint  par  les 
ceremonies  et  exorcismes  ,  disoit  qu  il 
estoit  un  esprit,  et  qu’il  n’estoit  point 
damné  pour  aucun  forfait.  Estant  in- 
terrogué  quel  il  estoit ,  ou  par  quel 
moyen  et  par  la  puissance  de  qui  il 
tourmentoit  ainsi  ce  gentilhomme,  il 
respondit  qu’il  y  auoit  beaucoup  de 
domiciles  au  dedans  où  il  se  cachoit, 
et  qu’au  temps  qu’il  laissoit  reposer 
le  malade,  il  en  alloit  tourmenter 
d’autres.  Au  reste  qu’il  auoit  esté 
ietté  au  corps  de  ce  gentilhomme  par 
vn  quidam  qu’il  ne  vouloit  nommer, 
et  qu’il  y  auoit  entré  par  les  pieds ,  se 
rampant  iusques  au  cerueau ,  et  qu’il 
sortiroit  par  les  pieds  quand  le  iour 
pactionné  entre  eux  seroit  venu.  Il 
discouroit  de  beaucoup  d’autrfes  cho¬ 
ses,  selon  la  couslume  des  demonia- 
cles ,  vous  asseurant  que  ie  ne  mets 
cecy  en  ieu  comme  vne  chose  nou- 
uelle  ;  tbais  afin  qu’on  connoisse  que 
quelquesfois  les  diables  entrent  de¬ 
dans  nos  corps ,  et  qu’ils  les  bourel- 
lent  par  tourmens  inaudits. 

Quelquesfois  aussi  ils  n’entrent 
point  dedans,  mais  agitent  les  bonnes 
humeurs  du  corps ,  ou  bien  enuoyent 
les  meschantes  aux  principales  par¬ 
ties,  ou  bien  remplissent  les  veines  de 
ces  meschantes  humeurs ,  ou  en  bou¬ 
chent  les  conduits  du  corps,  ou  bien 
changentle  bastiment  des  instruraens, 
d’où  il  arriue  vne  infinité  de  maladies. 
Les  diables  sont  cause  de  toutes  ces 
choses  ,  mais  les  sorciers  et  meschans 
hommes  sont  serfs  et  ministres  des 
diables.  Pline  escrit  que  Néron  de  son 
temps  a  trouué  les  plus  fausses  ma¬ 
gies  et  sorcelleries  qui  ayent  point  es¬ 


té.  Mais  qu’est-il  de  besoin  mettre  en 
atiant  les  Ethniques,  attendu  quel’Es 
criture  tesmoigne,  comme  il  appert 
de  ce  qui  est  escrit  de  la  Pylhonisse  , 
de  la  femme  ventriloque ,  de  Nabu- 
chodonosor  roy,  des  sorciers  et  en¬ 
chanteurs  de  Pharaon  ,  et  mesme  de 
Simon  Magus  du  temps  des  Apostres  ? 
Le  mesme  Pline  escrit  qu’vn  nommé 
Demarchus  se  changea  en  vn  loup  , 
ayant  mangé  les  entrailles  d’vn  en¬ 
fant  sacrifié.  Homere  escrit  que  Circé 
changea  les  compagnons  d’Vlysse  en 
pourceaux.  Plusieurs  poètes  anciens 
escriuent  que  tels  sorciers  faisoient 
passer  les  fruits  de  champ  en  champ 
et  de  iardin  en  iardin.  Ce  qui  ne  sem¬ 
ble  estre  fabuleux  ,  d’autant  que  la 
loy  des  douze  tables  conslitue  et  or¬ 
donne  certains  supplices  à  tels  char¬ 
latans  et  forfantes 
Or  tout  ainsi  que  le  diable  ne  peut 
bailler  les  choses  vrayes,  lesquelles 
il  ne  pourroit  nullement  creer ,  ains 
baille  seulement  quelques  vaines  es¬ 
peces  d’icelles ,  par  lesquelles  il  offus¬ 
que  l’esprit  des  hommes  ;  ainsi  aux 
maladies  ne  peut-il  donner  vne  v  raye 
et  entière  guérison ,  ains  vse  seule¬ 
ment  d’vne  fausse  et  palliatiue  cure. 

l’ai  veu  aussi  la  iaunisse  disparoir 
de  la  superficie  du  corps  en  vne  seule 
nuit,  par  le  moyen  d’vn  certain  petit 
breuet  qui  fut  pendu  au  col  de  l’icte- 
rique.  l’ai  veu  pareillement  les  fié- 
ures  estre  guaries  par  oraisons ,  et 
certaines  ceremonies ,  mais  elles  re¬ 
tournoient  après  bien  plus  mauuaises. 

11  y  en  a  encore  bien  d’vn  autre 
tonneau  :  car  il  y  a  des  façons  de 
faire  que  nous  appelions  supersti¬ 
tions,  d’autant  qu’elle  ne  sont  fon¬ 
dées  sur  aucune  raison  ou  aulhorilé, 
soit  diuine  ou  humaine  ;  ains  sur 
quelque  resuerie  des  vieilles.  le  vous 
prie, n’est-ce  pas  vne  vraye  supersti- 


DES  MONSTRES 

tion  de  dire  que  celuy  qui  porte  le 
nom  des  trois  roys  qui  vindrent  ado¬ 
rer  nostre  Dieu ,  à  sçauoir,  Gaspar, 
Melchior  et  Balthasar ,  est  guari  de 
l’epilepsie  ?  Ce  que  loutesfois  les  re- 
medes  bien  approuués  ne  font  pas 
ordinairement ,  comme  peut  estre 
l'essence  de  succinum  ou  ambre 
meslé  auec  conserue  de  piuoine,  don¬ 
née  au  malade  tous  les  matins  la 
grosseur  d’vne  noisette.  Que  les  dents 
sont  guaries,  si  ce  pendant  qu’on  dit 
la  messe ,  on  proféré  ces  paroles  :  Os 
non  comminuetis  Qu’on  appaise 
les  vomisseraens  par  certaines  cere¬ 
monies,  sçacbant  seulement  le  nom 
du  patient? 

l’ay  veu  quelqu’vn  qui  arrestolt  le 
sang  de  quelque  partie  du  corps  que 
ce  fust,  bourdonnant  ie  ne  sçay  quel¬ 
les  paroles.  Il  y  eii  a  qui  disent  ces 
mots  :  De  lalere  eius  exiuit  sanguis  et 
aqua. 

Combien  y  a-il  de  telles  maniérés 
de  guarir  les  fiéures?  Les  vns  tenans 
la  main  du  fébricitant  disent  :  Àequè 
facüis  tibi  febris  hœc  sit,  atque  Mariœ 
virgini  Christi  partus.  Les  autres  di¬ 
sent  en  secret  ce  beau  psaume  :  Eœal- 
tabo  te  Deus  meus  rex.  Si  quelqu’vn 
(dit  Pline)  a  esté  mordu  d’vn  scor¬ 
pion,  et  qu’en  passant  il  le  die  en  Fo- 
reille  d’vn  asne ,  il  est  incontinent 
guari.  Voila  de  belles  maniérés  de 
guarir.  Or  tout  ainsi  que  par  telles 
paroles  ils  guarissent ,  aussi  par  de 
semblables  et  superstitieux  escrits 
guarissent-ils.  Comme  pour  guarir 
le  mal  des  yeux ,  il  y  en  a  qui  escri- 
uent  ces  deux  lettres  grecques ,  «• 

et  les  enueloppent  en  vn  linge, 
puis  les  pendent  au  col.  Pour  le  mal 
des  dents  ils  escriuent  :  Slrigües  fa\- 
cesque  dentatœ ,  denlium  dolorem  per- 
sanate. 

Il  se  trouue  aussi  de  grandes  su- 
III. 


ET  PRODIGES.  gfj 

perstitions  aux  applications  externes. 
Comme  cestuy-cy  d'Apollonius ,  à 
sçauoir  se  scarifier  les  genciues  auec- 
ques  la  dent  d’un  homme  qui  a  esté 
tué ,  pour  guarir  le  mal  des  dents  : 
comme  faire  des  pillules  du  crâne 
d’vn  homme  pendu ,  contre  la  mor¬ 
sure  d’vn  chien  enragé.  Comme  ils 
disent  que  Fepilepsie  est  guariepour 
manger  de  la  chair  d’vne  beste  sau- 
uage  qui  aura  esté  tuée  du  mesme 
fer  qu’aura  esté  tué  vn  homme.  Com¬ 
me  ils  disent  aussi  que  la  fiéure 
quarte  est  guarie,  si  on  boit  du  vin 
où  aura  trempé  vne  espée  de  laquelle 
on  a  coupé  le  col  d’vn  homme.  Si 
cela  estoit  vray,  l’estât  du  bourreau 
de  Paris  luy  vaudrait  mieux  qu’il  ne 
fait.  Ils  disent  aus.si,  que  pour  guarir 
la  mesme  fiéure  quarte,  il  ne  faut  que 
mettre  les  rogneures  de  ses  ongles 
dedans  vn  linge ,  les  lier  au  col  d’vn 
anguille  viue,  et  la  ietter  incontinent 
en  l’eau.  Pour  guarir  la  râtelle  (  di¬ 
sent-ils)  il  ne  faut  que  mettre  dessus 
icelle  la  ratte  d’vne  beste ,  et  que  le 
médecin  dise  qu’il  fait  la  medecine  à 
la  ratte.  Pour  guarir  delà  toux,  il  ne 
faut  que  cracher  dedans  le  bec  d’vne 
grenoüille  rouge,  et  la  laisser  inconti¬ 
nent  aller.  La  corde  de  quoy  on  a 
pendu  quelqu’vn ,  liée  à  l’entour  des 
temples  ,  guarit  le  mal  de  teste. 
C’est  vn  plaisir  que  d’entendre  telle 
maniéré  de  faire  la  medecine:  mais  en 
Ire  autres  ceste-cy  est  gentille,  qui  est 
de  mettre  ce  beau  mot,  Abracadabra 
en  vne  certaine  figure  qu’escritSere- 
nus,pour  guarir  de  la  fiéure.  C’est  vn 
autre  beau  trait  de  dire  que  la  feuille 
deCataputia,  tirée  par  haut,  fait  vo¬ 
mir,  et  tirée  par  bas,  fait  descharger 
le  ventre.  Et  qui  plus  est ,  ils  ont  esté 
si  impudens  que  de  feindre  qu’il  y 
auoit  quelques  herbes  dediées  et  con¬ 
sacrées  aux  diables,  comme  recite 

5 


66 


DIX-NÎÎVFIÉMË 


Galien  d'vn  certain  André  ^  et  Pam¬ 
phile*. 

le  n’aurois  iamais  fait  si  le  Yonlois 
m’amuser  à  rapsodler  vne  milliace 
de  telles  superstitieuses  sornettes, 
et  n’en  eusse  tant  mis  en  auant ,  si¬ 
non  pour  donner  aduis  à  beaucoup 
qui  s’y  abusent  de  plus  n’y  croire, 
et  les  prier  de  reietter  toutes  telles 
sotteries  ^  et  s’arrester  à  ce  qui  est 
asseuré  j  et  par  tant  d’habiles  et  gal- 
lans  hommes  approuué  et  receu  en 
la  medecine ,  ce  que  faisant ,  il  en 
reüssira  vn  bien  infini  au  public  : 
d’autant  qu’aprés  l’honneur  de  Dieu , 
il  n’y  a  rien  qui  doiüe  estre  plus  pré¬ 
cieux  à  l’homme  que  sa  santé.  Et  ne 
se  faut  aucunement  fier  aux  hommes 
qui  ont  laissé  les  naturels  moyens  et 
vertus  données  que  Dieu  à  mises  aux 
plantes ,  animaux  et  minéraux,  pour 
la  curation  des  maladies ,  et  se  sont 
iettés  dans  les  filets  des  esprits  malins, 
qui  les  attendent  au  passage  :  car  il 
ne  faut  point  douter  que ,  puisqu’ils 
ne  se  fient  aux  moyens  qne  Dieü  a 
ordonné,  et  qu’ils  abandonnent  ceste 
reigle  vniuersellement  establie  dés  la 
création  du  monde,  il  ne  faut  ignorer 
que  les  esprits  malins  ne  Së  soyent 
mis  en  peine  de  les  y  tenir,  leur  don¬ 
nant  entre  deux  vertes  vne  meure , 
et  se  fier  par  ce  moyen  à  la  vertu  des 
paroles  et  characteres,  et  autres  ba¬ 
dinages  et  piperies,  ainsi  que  les 
sorciers  en  sont  venus  iüsques  à  dire 
qu’ils  ne  se  soucient  qui  les  guarisse, 
et  fust  le  diable  d’enferj  qui  est  vn 
prouerbe  indigne  d’vn  chrestien  :  car 
l’Escriture  saincte  le  defend  expressé¬ 
ment.  Il  est  certain  que  les  sorciers 
ne  peuuent  güarir  les  maladies  natu¬ 
relles  ,  ny  les  médecins  les  maladies 
venues  par  sortilèges.  Et  quant  à 

i  Galien,  au  6.  liure  des  Simples.  —  A;  P; 


quelques  empiriques  qui  curent  les 
playes  simples  par  seule  application 
delingës  secs  ou  trempés  en  eau  pure, 
et  quelquesfois  les  gtiarissent,  pour 
cela  ne  faut  croire  que  ce  soit  en¬ 
chantement  ny  miracle,  comme  pen¬ 
sent  les  idiots  et  populace ,  mais  par 
le  seul  bénéfice  de  Nature  ,  laquelle 
guarit  les  playes ,  vlceres^  fractures, 
et  autres  maladies  :  car  le  chirurgien 
ne  fait  que  hiy  aider  en  quelque 
chose  i  et  oster  ce  qui  empescheroit , 
comme  douleur ,  fluxion ,  inflamma¬ 
tion ,  aposteme  ,  gangrené,  et  autres 
choses  qu’elle  ne  peut  faire ,  comme 
réduire  les  os  fracturés  et  luxés, 
boucher  vn  grand  vaisseau  pour  es- 
tancher  un  flux  de  sang,  extirper 
vne  loupe,  extraire  vne  grosse  pierre 
en  la  vessie  ,  oster  une  chair  Super¬ 
flue,  abattre  vne  cataracte ,  et  vne  in¬ 
finité  d’autres  choses  que  Nature  de 
soy  ne  peut  faire. 


CHAPITRE  XXXIII. 


DES  IINCVBES  ET  SVCCVBES  SELON 
LES  MEDECINS. 

Les  médecins  tiennent  que  Incu- 
bus  est  vn  mal  où  la  personne  pense 
estre  opprimée  et  suffoquée  de  quel¬ 
que  pesante  charge  sur  son  corps ,  et 
vient  principalement  la  nuit  :  le  vul¬ 
gaire  dit  que  c’est  vne  vieille  qui 
charge  et  comprime  le  corps,  le  vul¬ 
gaire  1  appelle  Chauche-poulet  *. 

La  cause  est  le  plus  souuent  pour 

auoir  beu  et  mangé  viandes  par  trop 
vaporeuses,  qui  ont  causé  vne  crudité, 
desquelles  se  sont  esleuées  au  cer- 

*Ces  derniers  mois,  k  vulgaire  l’anoelle 
chauche-poulet,  manquent  en  15T3.  ^ 


DES  MONStniîS  ET  PRODIGES. 


Uftaü  fei*tisscs  vajléilt’s  qui  remplis- 
SCrtl  ses  ŸculiTbules,  à  raisou  de  quoy 
la  fadtllté  anltnale  qui  fait  sentir  et 
Itiouuoir,  est  elftpcscliée  de  reluire 
par  lés  tierfs  <  dont  s’ensuit  vue  suffo¬ 
cation  imaf^inâire,  parla  lésion  qui  se 
fait  tant  aü  Uiapbragtne  qu’aux  poül- 
tnons  èt  antres  parties  qui  seruént  à 
la  respiration.  Et  alors  la  voix  est 
empesfchéc,  tellement  que  si  péu 
qui  leur  en  demeure;  c’est  e.h  inu- 
giattt  èt  balbutiant  ;  et  requérant 
aide  et  secours,  s’ils  ponuoient  par¬ 
ler.  Polir  la  èuralion  ,  faut  eüiler  les 
yiandes  taporenses  et  vins  forts ,  et 
getieralettient  toutes  choses  qui  sont 
eause  de  faire  cSleuer  les  fumées  au 
èèruèaü  *. 


CHAPITRE  XXXIV. 

DES  N0VEVR3  D’ESGVlLLEtTE 


67 

et  paillardises  qui  s’en  ensuiuent: 
car  ceux  qui  sont  liés  brnslent  de  cu¬ 
pidité  Tvn  auprès  de  l’autre.  D’abon¬ 
dant  il  en  aduient  sonuent  plusieurs 
meurtres ,  commis  aux  personnes  de 
ceux  qu’on  soupçonne  auoir  noüé 
resguillette ,  qui  bien  souuent  n’y 
auoient  pas  pensé.  Aussi  comme 
aüons  dit  cy-dessus ,  les  sorciers  et 
empoisonneurs ,  par  moyens  subtils , 
diaboliques  et  inconneus  corrompent 
le  corps ,  la  vie ,  la  santé  et  le  bon 
entendement  des  hommes.  Parquoy 
il  n’y  a  peine  si  cruelle  qui  peust  suf¬ 
fire  à  punir  les  sorciers:  d’autant  que 
toute  leur  meschanceté  et  tous  leurs 
desseins  se  dressent  contre  la  maiesté 
de  Dieu ,  pour  le  despiter,  et  offenser 
le  genre  humain  par  mille  moyens. 


CHAPITRE  XXXV. 


Noüeri’esguillette,  et  les  paroles  ne 
font  rien ,  mais  c’est  l’astuce  du 
diable  :  et  ceux  qui  la  noüent  ne  le 
peuuent  faire  sans  auoir  eu  conuen- 
tion  auec  le  diable ,  qui  est  vne  mes¬ 
chanceté  damnable.  Car  celuy  qui  en 
vse  ne  peut  nier  qu’il  ne  soit  violateur 
de  la  loy  de  Dieu  et  de  nature ,  d’em- 
pescher  la  loy  de  mariage  ordonné  de 
Dieu.  De  cela  il  aduient  qu’ils  font 
rompre  les  mariages,  ou  pour  le 
moins  les  tenir  en  stérilité ,  qui  est 
vn  sacrilege  D’auantage,  ils  estent 
l’amitié  mutuelle  du  mariage  et  la 
société  humaine,  et  mettent  vne  haine 
capitale  entre  les  deux  conioints;  pa¬ 
reillement  sont  cause  des  adultérés 

^Ce  chapitre  est  suivi  en  1575  des  autres 
histoires  non  hors  de  propos. 

*  Ce  chapitre  a  été  ajouté  en  1585. 

®  Bodin  en  son  liur.  des  sorciers.  —  A.  P. 


AVTRES  HISTOIRES  NON  HORS  DE 
PROPOS  ‘. 


Aucuns  estiment  que  ce  soit  vne 
chose  monstrueuse  de  se  lauer  les 
mains  de  plomb  fondu  :  mesme  Bois- 
tuau  en  ses  Histoires  prodigieuses  , 
chapitre  huitième ,  recite  que  Hie- 
rosme  Cardan ,  liure  sixième  De  sub- 
tilitate,enesctit  ceste  histoire  comme 
prodigieuse. 

Lors,  dit-il,  que  i’escriuois  mon 
liure  des  subtiles  inuentions,  ie  vis 
un  quidam  à  Milan  lequel  lauoit  ses 
mains  de  plomb  fondu ,  et  prenoit  un 


Ce  chapitre  existait  déjà  en  1573,  non 
,mc  chapitre  j  mais  comme  appendice  a 
li  des  incubes  et  succubes.  En  1585  il  mt 
arté  après  celui  des  noileurs  d’aiguillettes; 
îomme  il  avait  un  titre  spécial ,  h  m  a 
U  plus  naturel  d’en  faire  un  chapitre 


68  LF.  DIX'NEVFIEME  LIVRE, 


escu  do  chacun  spectateur.  Cardan 
taschant  à  rechercher  ce  secret  en 
nature,  dit  que  par  nécessité  il  falloit 
que  l’eau  de  laquelle  il  se  lauoit  pre¬ 
mièrement  les  mains ,  fust  extrême¬ 
ment  froide,  et  qu’elle  eustune  vertu 
obscure  et  crasse  :  toulesfois  ne  la 
descrit  point. 

Or  depuis  n’agueresi’ay  sceu  quelle 
elle  estoit ,  d’vn  gentil-homme  qui  la 
lenoit  pour  vn  grand  secret,  et  laua 
ses  mains  de  plomb  fondu  en  ma  pré¬ 
sence  et  de  plusieurs  autres, dontie  fus 
fort  esmerueillé,  et  luy  priay  affec¬ 
tueusement  de  me  dire  le  secret  :  ce 
que  volontiers  m'accorda,  pour  quel¬ 
que  seruice  que  luy  auois  fait  :  ladite 
eau  n’estoit  autre  chose  que  sonvrine, 
de  laquelle  se  lauoit  premièrement 
les  mains,  ce  que  i’ay  trouué  estre 
véritable ,  pour  en  auoir  fait  l’expe- 
rience  depuis.  Ledit  gentil-homme  en 
lieu  de  son  vrine  se  froüoit  les  mains 
d'vnguentum  aureum  ,  ou  d’vn  autre 
semblable  ,  ce  que  i’ay  pareillement 


expérimenté  :  et  en  peut-on  donner 
raison,  par-ce  que  leur  substance 
crasse  empesche  que  le  plomb  n’ad- 
here  aux  mains,  et  le  chasse  de  costé 
et  d’autres  en  petites  papillotes.  Et 
pour  l’amour  de  moy  fît  d’auantage; 
il  print  vne  pelle  de  fer  toute  rouge , 
et  ietta  dessus  des  trenches  de  lard 
et  le  fît  fondre ,  et  tout  flambant  du 
degoust  s’en  laua  les  mains  :  ce  qu’il 
me  dit  faire  au  moyen  de  ius  d’oignon 
duquel  auparauant  s’estoit  laué  les 
mains. 

l’ay  bien  voulu  reciter  ces  deux 
histoires  (encore  qu’elles  ne  soyent 
du  tout  à  propos  )  à  fîn  que  quelque 
bon  compagnon  par  ce  moyen  puisse 
gaigner  la  passade  entre  ceux  qui  ne 
sçauroient  ce  secret  L 

1  Ce  chapitre  est  suivi ,  dans  les  éditions 
anciennes ,  des  histoires  des  Monstres  ma¬ 
rins  et  autres  ;  j’ai  expliqué  dans  la  pre¬ 
mière  note  de  ce  livre  pour  quelles  raisons 
j’ai  cru  devoir  les  rejeter  après  le  livre  de* 
Animaux.  Voyez  ci-devant,  page  1. 


LE  VINGTIÈME  LIVRE, 

TRAITANT 

DES  FIÈVRES  EN  GENERAL 

ET  EN  PARTICVLIER 


PREFACE  AU  LECTEUR. 

Amy  lecteur ,  i’auois  bien  preueu 
que  le  traité  des  Fiéures  dont  i’auois 

‘  La  chirurgie  proprement  dite  est  termi¬ 
née;  nous  entrons  dans  la  médecine,  et  je 
n’ai  pas  cru  pouvoir  mieux  commencer  que 
par  le  livre  des  Fiéttre«,qui ,  composé  pour 
les  chirurgiens  et  pour  servir  en  quelque 
sorte  de  complément  à  leurs  études ,  forme 
une  transition  naturelle  aux  autres  livres 
purement  médicaux. 

Paré  avait  inséré  un  premier  traité  sur  ce 
sujet  dans  la  première  édition  de  ses  OEuvres 
complètes;  il  l’avait  mis  entre  l’Anatomie  et 
le  livre  des  Tumeurs  en  general;  et  nous 
avons  vu  dans  notre  Introduction,  et  il  va 
rappeler  tout-à-l’heure  dans  sa  Préface  les 
démêlés  que  cette  hardiesse  lui  fit  avoir  avec 
la  Faculté  de  Paris.  Je  dis  hardiesse ,  et  c’é¬ 
tait  en  efl'et  une  innovation  bien  remar¬ 
quable  alors  et  trop  peu  remarquée  depuis, 
que  cette  première  tentative  pour  rallier  la 
chirurgie  et  la  médecine. 

Dès  l’édition  de  1679,  ce  premier  livre  des 
fièvres  avait  disparu  ;  il  n’en  restait  que 
quelques  chapitres  rattachés  tant  bien  que 
mal  à  d’autres  Livres;  etcette  fausse  indica- 


autresfois  fait  voir  quelque  eschan- 
tillon,  donneroit  occasion  à  plusieurs 
de  reprendre  etblasmer  mon  dessein; 
en  ce  que  ie  taschois  d’instruire  les 

tion  du  catalogue,  qu’on  retrouve  même 
encore  dans  la  huitième  édition  : 

Quant  au  Hure  des  Fiéures,  il  a  esté  trans¬ 
porté  et  accommodé  au  Hure  des  Tumeurs  con¬ 
tre  nature ,  pour  mieux  instruire  le  ieune  chi¬ 
rurgien. 

Et  enfin  ce  ne  fut  que  dans  la  huitième 
édition,  en  1628,  que  parut  pour  la  première 
fois  le  Traicté  de  toutes  sortes  de  Fiebures  , 
tant  en  general  qu’en  particulier,  auec  les  re- 
medes  et  curations  d’icelles,  treuué  dans  les 
manuscrits  de  l’autheur  par  ses  en  fans.  Ceci 
est  le  titre  du  catalogue  ;  le  titre  placé  en 
tête  du  livre  même  est  celui-ci  :  Letrenties- 
me  Hure  traictant  des  fiebures  en  general  et  en 
particulier  :  par  Ambroise  Paré  de  Laual , 
conseiller  et  premier  chirurgien  du  Roy , 
treuué  dans  les  manuscrits  de  l’autheur,  et 
adiousté  en  ceste  nouuelle  édition. 

C’est  ce  livre  que  nous  allons  reproduire. 

Le  premier,  ou  celui  de  1676,  était  beau¬ 
coup  plus  court  et  ne  traitait  pas  non  plus 
de  tant  de  matières.  J’avais  pensé  d’abord  à 
le  réimprimer  en  entier,  comme  j’avais  fait 


LE  VINGTIEME  L!VKE 


70 

Chirurgiens  en  vne  maladie  qui  n’est 
point  de  leur  gibier,  qui  ne  touche  en 
aucune  façon  Fobiet  de  la  Chirurgie, 
qui  est  hors  l’estendue  d’icelle,  et 
qui  appartient  proprement  au  Méde¬ 
cin.  On  sçait  assez  ce  qui  est  arriué 
sur  ce  suiet,  sans  que  ie  m’estende 
dauantage ,  ou  à  respondre  à  leurs 
raisons ,  ou  à  m’excuser  de  mon  des- 

pour  Lamaniere  de  extraire  les  enfans  ;  mais, 
outre  l’intérêt  beaucoup  moindre  de  cette 
reproduction ,  j’ai  bien  vite  reconnu  qu’elle 
ferait  double  emploi ,  presque  tout  le  texte 
primitif  ayant  passé  dans  le  livre  nouveau. 
Là  où  la  rédaction  différera  sensiblement , 
je  donnerai  les  variantes  dans  mes  notes; 
pour  le  reste,  j’indiquerai  exactement  les 
passages  correspondants  du  texte  actuel  ;  en 
sorte  qu’au  besoin  on  pourrait  reconstruire 
en  entier  ce  premier  livre.  Il  convient  seu¬ 
lement  ici  d’en  iqdiqqer  la  distribution  gé¬ 
nérale.  Il  avait  pour  titre  : 

LIVRE  DES  FIEVRES 

recueilli  de  Galien,  Fernel,et  autres  autheurs, 

et  il  se  composait  de  15  chapitres  dont  voici 
les  titres  : 

Ch.  l'r. —  Que  c’est  que  fleure,  et  de  ses  causes. 
Ce  chapitre  a  été  disséminé  par  morceaux 
dans  la  préface  et  les  chapitres  et  2  de 
la  première  partie  du  livre  actuel. 

Ch.  II.  —  De  la  fleure  ephemere.-~-l\  répond 
au  ch.  7  de  la  première  partie  du  livre  ac¬ 
tuel. 

Ch.  III. — Des  fleures  putrides,  premièrement 
de  leurs  causes  et  especes  en  general,  —  Ré¬ 
pond  aux  chapitres  12  et  13  du  livre  actuel. 
Ch.  IV.  —  Les  signes  des  fleures  putrides  en 
general.  —  Se  retrouve  tout  entier  dans 
un  paragraphe  du  ch.  13  du  livre  actuel. 
Ch.  V.  —  La  curation  des  fieures  putrides  en 
general.  —  Correspond  au  ch.  14. 

Ch.  VI.  —  Des  fleures  d’accez,  et  première¬ 
ment  de  la  quotidiane  intermittente. _ On 

en  retrouve  un  court  fragment  au  ch.  17 
et  le  reste  au  ch.  25. 

Cii.  Vil.  —  Des  fieures  tierces  d'accès  ou  in¬ 
termittentes.  —  Disséminé  dans  les  chapi¬ 
tres  19,  20  et  21  du  livre  actuel. 


sein.  l’ai  trouué  bon  ‘  la  censure  de 
l’escole  de  Médecine  de  Paris,  comme 
estant  celle  qui  nourrit  et  esleue  les 
plus  beaux  pspfits  qui  soient  en  la 
medecine,  qui  distribue  la  pure  et 
la  vraye  doctrine  d’Hippocrates  et  de 
Galien ,  et  pour  mon  particulier,  qui 


Ch.  VIII.  —  Des  fleures  quartes.  —  Corres¬ 
pond  aq  chapitre  28. 

Cn.  IX.  —  Des  fieures  continues,  de  leurs  es¬ 
peces  et  de  leurs  signes.  —  Correspond  au 
chapitre  17. 

Cn.  X.  —  Cure  de  la  fleure  synoche  putride. 
—  Correspond  au  chapitre  IG. 

Ch.  XI.  —  De  la  fleure  ardente ,  espece  de 
tierce  continue.  —  Correspo:id  au  cha¬ 
pitre  23. 

Cn.  XII.  —  Cure  de  la  fleure  quotidiane  conti¬ 
nue.  —  Correspond  au  chap.  26. 

Cn.  Xllf.  —  Curp  de  la  fleure  qugrlç  conti¬ 
nue.  —  Correspond  au  chap.  31. 

Ch.  XIV.  —  De  la  fleure  hectique,  et  de  ses 
différences ,  causes ,  signes  et  cure.  —  Cor¬ 
respond  au  chap.  35. 

Ch.  XV.  —  Pourquoy  les  accez  des  fleures  in¬ 
termittentes  retournent  à  certains  iours. 


sçauoir  aes  ^uotidianes  tous  les  iours,  des 
tierces  de  trois  en  trois,  des  quartes  de  quatre 
en  quatre  iours.  —  Fait  actuellement  le 
chap.  18. 

De  eps  quinze  chapitres,  sept  seulement 
avaient  été  conservés  en  tout  pq  en  partie 
dans  l’édition  de  1579  et  le?  suivantes;  sa¬ 
voir,  le  2s  le  3«  et  le  ip'  fondus  dans  le 
chapitre  II  du  livre  des  Tumpursen  general; 
les  7« ,  6»  et  8®  constituant  les  15'  24'  et  35*' 
du  même  livre  (Voyez  f.  I",  pages  33C,  341, 
360  et  371  )  ;  et  enün  le  14'  avait  passé  dans 
le  livre  des  Plages  en  particulier,  ou  il  faisait 
le  chapitre  34.  (Voyez  f.  Il,  page  103.  )  Mais 
dans  cette  édition  de  1.579,  il  y  ayait  eu  dans 
ces  chapitres  conservés  des  modifications  et 
des  additions  souvent  importantes,  dont 
Paré  ne  s  est  plus  souvenu  en  composant  le 

irpAT,':- 


celtes  qui  viennent  aptes  ont  mis: 

ué  bonne. 


DES  FIEVRES. 


m’3  enseigné  et  donné  ce  peu  de 
sçaiiqir  que  ie  desire  pQmpiuniqner 
aux  autres.'Mais  ie  n’ay  peu  jamais 
gouster  la  réprimandé  de  quplques- 
yns,  qui  pour  aiioir  plus  d’enuip  à  ma 
réputation  que  de  bonne  volonté  de 
seruir  au  public,  m’ppt  chargé  de 
calpninie,  accusé  deplqgiaire,ctsans 
oüjr  mps  raisons  et  prendre  en  bonne 
papl  ipes  desseins,  condamné  d’igno- 
rqpcp  et  de  témérité,  Ppur  la  pre- 
ipiere,iene  suispointsi  apiateur  de 
mpy-mesipe  et  si  esejaue  dp  mps  per¬ 
fections  ,  que  ie  pe  confesse  ignorer 
beaucoup  de  choses  en  Iq  mpdecine , 
que  pour  beaucoup  de  difficultés  ie 
n’pyepris  l’aduis  dp  quelques  méde¬ 
cins  plus  sçauans  que  ie  ne  suis,  que 
ie  ne  pie  sois  serpi  dp  leur  conseil  ej 
de  leur  labeur,  et  que  ie  n’aye  profité 
beaucoup  en  leup  cpnference  et  com- 
mupicatipn.  Mais  pour  la  teiperité, 
ie  leur  prie  de  croire  que  ie  n’en  suis 
non  plus  coupable  ,  qu’eux  ne  le 
crqyent  estre  en  la  censure  qu’ils 
font  de  mes  intentions. 

Car  pour  dire  la  vérité,  ce  n’est  ny 
l’ambition  de  paroistre  docte  ,  ny 
l’enuie  que  i’ay  de  ietter  de  la  pous¬ 
sière  aux  yeux  des  médecins,  que  j’ay 
entrepris  ce  disequrs  des  fiéures.  Ç’a 
eslé  seulement  le  desjr  de  profiter  au 
public,  de  déraciner  Ijeaucqup  d’a¬ 
bus  qui  se  sqntglissés  danslapratjque 
des  chirurgiens  qui  sopt  hqrs  des 
grandes  villes ,  et  de  rendre  vniuer- 
sellpment  le  chirurgien  plus  prqpre 
et  plus  instruit  de  serujr  et  soùlagpr 
les  médecins  presens ,  et  d’aduertir 
les  absens  plus  soigneusement  et 
exactement  des  accidens  qui  arriuent 
aux  malades.  Car  il  est  très  asseuré 
que  le  chirurgien  ayant  quelque  Ip- 
gere  et  superflcjplle  çonnoissancp  des 
fiéures,  peut  plus  conimodpment  que 
no  le  s(;auroient  faire  Ips  gardes  et 


assistans  des  malades  ,  aduertir  le 
médecin  de  l’espece  dp  la  fiéure,  et 
dps  accidens  qui  peupept  supuenir. 
Mpsme  en  rabspnpe  du  médecin, et 
en  cas  dp  nécessité  pressante  pt  vrr 
gente,  ij  peut  doUUPr  quelque  aller 
gemept,  empescher  les  iuflammaUPUS 
dps  parties  notdes,  Pt  dpstoun^pr  par 
quelque  l’empde  fait  à  propos  pt  tirp 
par  l’indication  des  effets  et  des  cau¬ 
ses  des  fiéures,  les  symptômes  qui 
iptlept  bien  sopuent  Ips  malades  dans 
le  péril  de  la  mert.  El  yeritabiement 
les  fiéures  estans  des  accidens  qui  acr 
compagnent  ordinairement  pu  le  plus 
squuent  les  dispositions  contre  na^ 
tpre  qnc  la  phirurgip  entreprend  dp 
guérir,  comine  sont  les  tumeurs,  leg 
playes ,  les  vlceres ,  les  fractures  et 
les  luxations  :  yoire  rnesme  qUC  les  • 
fiéures  entretiennent  Ipsdlte^  mala¬ 
dies  et  les  empesebent  de  guérir,  et 
que  pareillement  le  plu§  sQunent  lesr 
dites  fiéures  ne  suruipnnent  gup  par 
la  dopleur  et  autres  aPCidens  desdi¬ 
tes  maladies  qui  entretiennent  les 
fiéures  tandis  qu’elles  subsistent  :  on 
peut  par  là  recpnnoistre  qup  la  cqn- 
noissance  des  fiéures  et  de  leurs  cau¬ 
ses  est  très  necessaire  au  chirurgien*. 

1  Ce  débat  a  remplacé  pejui  du  premierfivre 
des  Fièvres ,  dont  on  peut  cependant  recon¬ 
naître  aisément  les  idées.  En  voici  le  texte  : 
Ch.  I.  —  Que  c’est  que  Fleure  et  de  ses  causes. 

a  Apres  auoir  discouru  des  indications  que 
doit  tousiours  auoir  le  chirurgien  méthodi¬ 
que  et  rationel  deuant  les  yeux ,  eiiscmhle 
de  l’anatomie,  il  m’a  semblé  estre  necessaire 
faire  vn  petit  discours  des  Fleures  :  tant  à  fin 
qu’il  ne  manquast  rjen  en  ce  nostre  liure , 
dont  le  chirurgien  peust  receuoir  instruc¬ 
tion  ,  tant  aussi  qu’ayant  quelque  legiere  et 
superficielle  cognoissancc  d’icelles ,  il  peust 
plus  conuapdément  que  ne  sçauroient  faiic 
les  gardes  et  autres  assistans  ignares  de  i  art, 
aduertir  le  médecin  de  l’cspec.;  de  la  fieurc 


LF>  VINGTIÈME  LIVRE  , 


7*2 

le  (lemanderois  volontiers  à  ceux 
quiblasment  si  opiniastrement  mon 
dessein,  que  de iiiendra  vu  chirurgien, 
lequel  sera  appellé  à  vn  malade  fe* 
bricitant  qui  aura  esté  blessé  à  la 
teste ,  et  qu’il  trouuera  en  de  grands 
vomissemens  et  en  vn  saignement  de 
nez  ?  Comment  connoistra-il  que  le¬ 
dit  vomissement  et  saignement  de 
nez  viennent  de  la  fleure  et  non  de  la 
playe,  s’il  ignore  tout  à  fait  la  nature 
de  la  fléure,  et  qu’il  ne  sache  que  ces 
accidens  peuuent  aussi  bien  venir  de 
la  fléure  que  de  la  blesseure  ?  Il  ne 
sçauroit  iamais  s’esclaircir  de  ceste 
difficulté  sans  ceste  connoissance,  et 
ne  pourra  en  asseurance  traiter  la 
playe  et  en  faire  son  prognoslic  sans 
ceste  lumière. 

C’est  ce  qui  m’a  induit  à  reuoir  de 
nouueau  mon  premier  traité  des  fié-  ! 
ures,  et  à  l’accommoder  à  la  capacité 
des  chirurgiens.  le  ne  pretens  pas  par 
iceluy  de  les  rendre  capables  d’en¬ 
treprendre  leur  curation  :  elle  doit 

et  des  accidens  qui  seroient  suruenus  au 
malade  :  et  mesmes  à  iceux  en  son  absence, 
en  cas  qui  requist  prompt  secours  et  sans 
delay ,  donner  quelque  allégement ,  contra¬ 
riant  tousiours  tant  qu’il  sera  possible ,  non 
seulement  aux  effects,  mais  aussi  aux  causes 
desdites  fleures.  Et  véritablement  les  fleures 
sont  accidens  qui  accompagnent  ordinaire¬ 
ment,  ou  le  plus  souuent,  les  dispositions 
qui  seront  cy  apres  traictees  :  et  les  entre¬ 
tiennent  et  gardent  qu’elles  ne  se  peuuent 
guarir  :  semblablement  souuent  sont  causes 
que  les  fleures  interuiennent,  pour  la  dou¬ 
leur  et  autres  accidens ,  lesquels  conuient 
corriger  par  leurs  contraires ,  premièrement 
que  pouuoir  osier  la  fleure.  Par  quoy  il  est 
bien  necessaire  au  chirurgien  cognoistre  les 
fleures  et  leurs  causes,  qui  seront  icy  som¬ 
mairement  traictees.  » 

C’était  là  alors  tout  le  préambule,  après 
quoi  l’autcurenlrait  immédiatement  en  ma¬ 
tière.  Voyez  ci-après  la  note  de  la  page  74. 


estre  entièrement  reseruée  aux  Mé¬ 
decins  nos  Maistres  :  mais  ie  desire 
faire  en  sorte  qu’vn  chirurgien  ne 
soit  point  surpris  pour  les  accidens 
qu'elles  apportent ,  et  qu’il  puisse 
estre  capable  de  seruir  le  médecin 
qui  ne  peut  estre  présent  à  la  cura¬ 
tion.  Et  de  fait,  que  l’on  remarquera 
que  iene  donne  icy  aucuns  préceptes 
ny  enseignemens  du  pouls  ou  batte¬ 
ment  des  arteres ,  des  signes  et  indi¬ 
cations  qui  sont  prises  des  vrines  et 
des  excremens  du  ventre,  des  vomis¬ 
semens  ,  rigueurs ,  frissons  ,  tremble- 
mens,  et  autres  changemens  qui  ac¬ 
compagnent  les  fléures ,  sans  la  con¬ 
noissance  desquels  il  est  impossible 
de  les  guérir  seurement ,  promptement 
et  doucement.  Mais  ie  laisse  cela  aux 
médecins,  me  reseruant  simplement  à 
traiter  ce  qui  est  de  la  Nature,  Diffé¬ 
rence,  Signes,  Curation,  et  Mitigation 
des  symptômes  des  fléures ,  ce  que 
i’estendray  vn  peu  plus  au  long  que 
ie  n’ay  fait  par  cy-deuant ,  ma  brief- 
ueté  ayant  esté  cause  que  les  nouices 
en  la  chirurgie  n’ont  peu  receuoir  le 
proflt  de  mon  œuure  tel  qu’ils  se  le 
proposoient. 

Or  àfln  que  nous  gardions  quelque 
méthode  en  ce  discours ,  qui  oste 
l’obscurité  et  la  difficulté  du  suiet 
que  nous  traitons,  nous  le  diuiserons 
en  deux  parties  :  dont  la  première 
parlera  de  la  nature  ,  différence , 
causes,  signes,  et  curation  des  fléures, 
tant  en  general  qu’en  particulier: 
l’autre  donnera  quelques  aduis  sur 
les  symptômes  et  accidens  d’icelles , 
tant  à  fin  d’adoucir  leur  fascherie  et 
importunité,  que  pour  en  soulager  le 
malade  qui  se  trouue  quelquesfois 
plus  incommodé  des  symptômes  que 
des  fléures  mesmes.  Mais  deuant  que 
passer  outre,  ie  veux  que  l’on  voye 
tout  mon  dessein  racourci  dans  la 


DES  FIÈVRES. 


73 


figure  suiuante,  pour  seruir  non  seu-  le  iugement  de  ceux  qui  voudront 
lement  d’indice  à  tout  l’ouurage  ,  lire  mon  discours, 
mais  aussy  pour  aider  la  mémoire  et 


TABLE 

OV  INDICE 

DE  TOUT  CE  DISCOYRS  DES  FIÈVRES. 


(  Définition,  ch.  1. 
l  Causes,  chap.  2. 
j  Signes,  chap.  3. 

!  En  general  touchant  leurj  duration  en  gene- 
l  I  rai.  chap.  4. 


/  Li  première  parle  | 


1  Moyens  pour  les 
\  guérir,  chap.  5. 


Ce  discours  des  fiéures) 
a  deux  parties 


[  En  particulier  [  Des  différences,  chap.  6. 


f  La  seconde  parle  des  symptômes  des  liéures.  Voy.  le  second 
^  Discours. 


PREMIÈRE  PARTIE 


DES  FIÈVRES  EN  GENERAL  ET  EN  PARTICULIER. 


CHAPÎTRE  I. 

LA  DEFINITION  DE  FIEVRE. 

C’est  chose  1res  -  asseurée  qu’en¬ 
tre  toutes  les  maladies  les  fiéures 
sont  les  plus  communes  et  les  plus 
fascheuses.  Il  n’y  a  si  petit  mal,  pour 
peu  de  temps  qu’il  dure ,  qui  ne  soit 
accompagné  de  la  fleure,  et  si  nous 
voulons  croire  à  quelques- vns,  per¬ 
sonne  ne  meu^t  sans  fléure ,  non  pas 
ipespie  ceux  qui  meurent  de  mort 
violente.  Elle  est  quelquesfois  si  na¬ 
turelle  qu’elle  accompagne  quelques- 
vns  toute  leur  vie,  comme  qu’il  on  dit 
arriue  aux  lions  :  les  autres  vue  fois 
tous  les  ans ,  et  ce  au  iour  de  leur 
naissance,  comme  on  raconte  d’ vn  cer¬ 
tain  poëte  nommé  Antipater ,  et  d’vn 
autre  appellé  lean  l’Architecte.  C’est 
vn  mal  Ires-importun ,  pource  que 
par  iceluy  toutes  les  parties  de  nostre 
corps  extérieures  et  intérieures  sont 
affligées ,  d’où  s’ensuit  lésion  et  de- 
prauation  de  toutes  les  operations.  Ou¬ 
tre  que  par  la  vehemence  d’iceluy  les 
esprits  qui  sont  communs  instrumens 
de  toutes  nos  actions  sont  manifeste¬ 
ment  offensés,  ou  en  leur  qualité 
pour  estre  trop  eschauffés  et  subti- 
liés,  ou  en  leur  quantité  pour  estre 
promptement  dissipés  par  l’ardeur 
de  la  fléure,  ou  en  leur  substance 


pour  estre  corrompus  par  l’infection 
des  vapeurs  pourries  qui  sortent  des 
humeurs  que  font  les  fleures  putri¬ 
des  L  En  sorte  que  c’est  vn  mal  tres- 
pernicieux,  veu  mesme  qu’il  a  son 
siégé  en  la  partie  la  plus  noble  que 
nous  ayons,  qui  est  le  cœur.  le  diray 
toutesfois  que  ,  comme  la  nature  n’a 
point  donné  à  la  vipere  de  venin 
qu’elle  neluy  ait  donné  pareillement 
son  antidote  ,  aussi  que  la  fléure  n’a 
point  tant  eu  d’incommodité  qu’elle 
n’aye  eu  aussi  auec  soy  quelque fruict 

1  Ce  début  du  chapitre  premier  est  imité 
et  amplifié  du  deuxième  paragraphe  du  pre¬ 
mier  chapitre  de  l’ancien  livre. 

«  C’est  chose  toute  asseuree ,  qu’entre 
toutes  les  maladies  les  Fieures  sont  tes  plus 
fascheuses ,  pource  que  par  icelles  toutes  les 
parties  tant  internes  qu’externes  sont  affli¬ 
gées  :  dont  S  ensuit  lésion  et  dépréciation  de 
toutes  les  operations  :  entendu  en  outre  que 
par  la  vehemence  d’icelles  les  esprits,  qui 
sont  communs  instruments  de  toutes  nos  ac¬ 
tions  ,  sont  manifestement  olfensez  ,  ou  en 
leur  qualité,  pour  estre  trop  eschaulfcz  et 
subtiliez,  et  aussi  corrompus  par  l’infection 
des  vapeurs  suscitez  des  humeurs  putréfiez 
és  fleures  putrides  :  ou  en  leur  quantité, 
pour  estre  promptement  dissipez  en  l’ardeur 
d  icelles,  dont  s’ensuit  que  de  tant  que  le 
mal  est  grand  et  pernicieux,  de  tant  faut-il 
trauailler  a  le  cognoistre  :  pour  k  quoy  par- 
uemC’  il  sera  bon  de  commencer  par  la  dé¬ 
finition.  » 


DES  FrEVRES, 


et  quelque  douceur.  Car  nous  obser- 
uons  apres  Hippocrates  et  Galien  , 
qu’il  est  quelquesfois  à  souhaiter  d’a- 
uoir  la  fiéurc ,  qu’elle  guérit  de  plu¬ 
sieurs  maladies, qu’elle  vient  par  voye 
de  crise  et  de  soulagement ,  et  qu’elle 
oste  les  incommodités  que  peut-estre 
l’art  de  la  medecine  ne  pourroit  des- 
raciner.  Mais  certes  ce  bien  icy  est  si 
rare  et  si  peu  ordinaire ,  que  quand  il 
arriue  il  donne  mesme  de  l'apprehen- 
Slon ,  et  ferpit-on  volontiers  des  sa¬ 
crifices  comme  anciennement  à  Rome 
à  la  fleure,  à  fin  qu  elle  n’eust  point 
à  venir ,  ou  à  s’en  retourner  promp- 
lepacnt. 

Or  en  quelque  façon  que  la  fiéure 
arriue ,  sa  connoissance  est  tres-ne- 
cessaire  :  c’est  ppurquoy  nous  deuons 
trauailler  diligemment  en  ceste  eslu- 
de,  et  nous  efforcer  à  son  esi  laircisse- 
ment,  à  fin  queleieune  chirurgien  en 
tire  profit.  Nous  auons  dit  que  ceste 
doctrine  a  deu3^  parties ,  l’vne  qui  ex¬ 
plique  l’essence  et  la  nature  de  la  fié¬ 
ure, et  l’autre  qui  regardeles  apcidens. 
La  première  est  double ,  generale  et 
particulière.  Pour  la  generale,  elle 
consiste  à  expliquer  la  définition  de 
la  fiéure ,  ses  causes,  ses  signes  et  sa 
curation.  Pour  la  particulière ,  e|}e 
sera  expliquée  cy-aprés.  C’est  vne 
maxime  des  iibilosophes  ,  que  les 
choses  generales  et  vniuerselles  vont 
lousiours  douant  les  particulières ,  et 
que  la  connoissance  de  cplles-cy  dé¬ 
pend  immédiatement  de  celles-là  :  ne 
plus  ne  moins  que  les  iodiuidus  dé¬ 
pendent  des  especes ,  et  cellcs-cy  des 
genres.  C'est  poufquoy  il  est  très  à 
propos,  pour  esclaircir  ce'fraité ,  de 
commencer  au  general  destiéures ,  et 
voir  auant  que  passer  outre  quelle 
est  sa  définition. 

le  ne  veux  point  ici  rechercher  cu¬ 
rieusement  les  noms  do  la  fiéure  grecs 


7^ 

et  latins,  veu  qu’ils  seruent  fort  peu 
à  l’intelligence  de  la  fiéure ,  et  point 
du  tout  à  l’instruction  du  chirurgien, 
le  me  contenteray  d’apporter  sa  défi¬ 
nition  ou  description  la  plus  propre 
et  exacte  que  i’ay  peu  tirer  des  meil¬ 
leurs  auteurs.  La  fièvre  donc  n’est 
au  tre  chose  qu’ vpe  intemperiecbaude 
et  seiche ,  excitée  et  enflammée  au 
cœur,  et  du  cœur  communiquée  à 
tout  le  corps  par  les  veines  et  artè¬ 
res  C  En  ceste  définition  le  mot  û’in- 

‘  Cette  définition  n,e  difTèr,epjas  de  cplle  de 
l’ancien  livre,-  cependant  la  disposition  du 
texte  n’est  pas  tout-à-fait  la  même.  Voici 
donc  ia  suite  du  passage  cité  dans  la  note 
précédente. 

«  Fieurp  esf;  pne  intemperfitute  efiande  et 
seiche,  excitep  pt  epflarnmpp  cueur,  Pt 
d’iceluy  comniuniqpee  partout  je  corps  par 
tes  conduits  des  arteres  Ep  ceste  définition 
le  genre  est  (intemperature)  dont  nous  en¬ 
tendons  que  fleure  est  maladie  des  parties 
similaires,  et  non  des  organiques.  Les  diffé¬ 
rences  sont  (chaude  et  seiche)  pour  distin¬ 
guer  la  fleure  des  autres  intemperatures 
froides  et  humides,  dont  nous  apprenons 
la  ptianiere  dp  vipre  des  fleurps  en  geperaj 
deuoir  tendrp  à  réfrigération  et  humectjai- 
tion,  L’aufre  différence  (excitee  au  cueur) 
pour  mpnstrerlesubiet  pt  sjege  de  telle  ma¬ 
ladie.  Et  de  vray,  si  la  fleure  (comme  nous 
auons  touché  par  cy-deuant,  et  comme  aussi 
cognoissent  par  expérience  ceux  qui  sont  at¬ 
teints  de  tel  mal)  est  vne  maladie  non  par¬ 
ticulière  et  resserree  en  vne  partie,  comme 
l’ophthalmie,  ains  generale  et  vniuerselle  à 
tout  le  corps  ,  il  est  bien  raisonnable  que  le 
siégé  d’icelle  soit  en  partie  noble,  principale, 
et  qui  ait  sympathieet  intelligence  manifeste 
auec  tout  le  corps. 

»  La  définition  de  fleure  ainsi  expliquée, 
nous  viendrons  maintenant  ù  la  diuision. 
Galien  au  commencement  du  premier  hure 
des  différences  des  fleures  fait  plusieurs  di- 
uisions  d’icelles,  prises  tant  de  leurs  acci- 
dens  que  de  leur  essence.  Or  d’icelles  nous 
choisirons  et  poursuiurons  seulement  celles 


LE  V^^GTIÉME  LIVRE, 


76 

temperie  est  mis  pour  le  genre ,  à  fin 
que  nous  conceuions  que  la  fléure 
estant  vne  intempérie,  par  conse 
quent  que  c’est  vne  maladie  des  par¬ 
ties  similaires ,  et  non  point  des  orga¬ 
niques  :  outre  aussi  que  par  ce  mot 
d’intemperie  on  distingue  la  üéuredes 
maladies  qui  sont  appellées  commu¬ 
nes,  pour  être  propres  des  parties  simi¬ 
laires  et  organiques.  Pour  la  premiè¬ 
re  différence,  nous  auons  dit  que  c’est 
vne  intempérie  chaude  et  seiche ,  afin 
de  distinguer  la  fléure  des  autres  in- 
temperatures ,  soit  simples ,  soit  com¬ 
posées  ,  qui  ont  leur  nature  diuerse 
de  celle  de  la  fléure.  le  sçay  que  quel- 
ques-vns  ont  estimé  que  l’intempera- 
ture  qui  fait  la  fléure ,  est  seulement 
chaude  et  non  seiche,  fondés  sur  quel¬ 
ques  passages  d’Hippocrates  etde  Ga¬ 
lien  mal  entendus.  Mais  il  n’y  a  point  j 
d’apparence  de  les  croire ,  veu  que 
ces  deux  grands  personnages  ont  es- 
cril  le  contraire ,  et  qu’il  est  impossi¬ 
ble  qu’vne  notable  chaleur,  telle  que 
l’on  voit  aux  fiéures ,  soit  sans  sei- 
cheresse.  L’autre  différence  est  com¬ 
prise  en  ces  mots,  excitée  au  cœur^  par 
lesquels  on  donne  à  entendre  quel  est 
le  siégé  et  le  lieu  de  la  fléure.  Il  est  très 
certain  que  l’idée  ou  espece  du  mal 
consiste  en  la  partie  affectée,  et  en  la 

qui  sont  prises  des  causes  essentieles,  pource- 
que  les  autres  n’estant  d’aucun  prouffît  pour 
la  pratique  et  vsage  de  medecine  :  de  celles 
cy  pouuons  tirer  quelques  indications  pro¬ 
pres  pour  la  guarison  des  fleures ,  comme 
nous  monstrons  par  le  discours  d’vne  cha¬ 
cune  espece  en  particulier.  » 

Ce  dernier  paragraphe  a  été  laissé  de  côté 
dans  le  nouveau  livre,  où  Paré  s’est  beau¬ 
coup  plus  étendu  sur  les  différences  des  liè¬ 
vres.  Voyez  ci-après  le  chap.  C. 


disposition  qui  est  contre  nature  : 
mais  c’est  la  partie  affectée  principa¬ 
lement  qui  fait  distinguer  les  maladies 
les  vnes  des  autres  Par  exemple ,  par 
où  pensons-nous  que  la  phrenesie ,  la 
pleuresie  et  l’ophthalmie  soient  dis¬ 
tinguées  les  vnes  des  autres?  Ce  n’est 
pas  par  l’inflammation ,  car  toutes  ces 
trois  sont  inflammations,  mais  par  la 
partie  malade  :  car  la  phrenesie  est 
vne  inflammation  des  membranes  du 
cerueau,la  pleuresie  est  aussi  vne  in¬ 
flammation  de  la  membrane  qui  en- 
ueloppe  les  costes  :  et  l’ophthalmie 
pareillement  est  vne  inflammation , 
mais  de  la  membrane  de  l’œil  qui 
s’appelle  conionctiue.  La  fléure  donc 
est  bien  une  intempérie  chaude  et 
seiche,  mais  qui  n’est  pas  resserrée  et 
attachée  à  une  seule  partie ,  ains  qui 
est  excitée  premièrement  au  cœur  , 
et  de  là  communique  à  tout  le  reste  du 
corps.  Par  où  nous  apprenons  pre¬ 
mièrement,  que  la  fléure  n’est  pas  vne 
maladie  particulière  et  propre  d’vne 
seule  partie ,  mais  generale  et  vniuer- 
selle  à  tout  le  corps  ;  et  en  second  lieu , 
qu’elle  ne  pourroit  estre  communi¬ 
quée  à  tout  le  corps ,  si  elle  n’estoit 
allumée  en  vne  partie  noble  et  prin¬ 
cipale  ,  comme  est  le  cœur,  qui  a  vne 
sympathie  et  communication  mani¬ 
feste  auec  tout  le  corps ,  tant  par  les 
arleres  qui  naissent  de  luy,  que  par  les 
veines  qui  luy  sont  enuoyées  du  foye. 

Voila  ce  qu’on  peut  briefuement 
dire  pour  l’explication  et  intelligence 
de  la  définition  de  la  fléure ,  n’estant 
point  besoin  de  s’amuser  à  une  quan¬ 
tité  de  questions  que  l’on  fait  sur  ce 
suiet,  lesquelles  sont  bonnes  pour 
l’escole  ,  mais  ne  seruent  de  rien  en 
la  pratique- 


DES  FIÈVRES. 


CHAPITRE  II. 

des  cavses  generales  de  la  fièvre. 

Bien  que  l’on  ait  accouslumé  de 
mettre  quatre  genres  de  causes  lors 
qu'il  est  question  d’examiner  l’essence 
des  choses  :  si  est-ce  qu’en  l’exposi¬ 
tion  des  maladies,  on  obmet  tous- 
iours  la  cause  formelle  et  la  finale , 
d’autant  qu’elles  seruentde  peu  à  leur 
connoissance.  On  se  contente  donc 
de  parler  de  l’efficiente ,  et  de  la  ma¬ 
terielle. 

Pour  l’efficiente,  c’est  celle  qui  a 
presque  tout  pouuoir,  et  par  la¬ 
quelle  l’interaperie  chaude  et  sei¬ 
che  ,  qui  est  le  genre  de  la  fiéure ,  est 
engendrée.  Or  on  peut  dire  générale¬ 
ment  que  tout  ce  qui  augmente  la 
chaleur  de  nostre corps,  iusquesàce 
point  qu’elle  puisse  empescher  les 
operations  d’iceluy ,  est  la  cause  effi¬ 
ciente  de  la  fleure.  Galien  auliure 
premier  Des  différences  des  fiéures 
chapitre  troisième,  rapporte  ceste 
cause  à  cinq  chefs  principaux,  au 
mouuement ,  à  la  pourriture,  à  la  ré¬ 
tention  et  suppression  des  excremens, 
à  l'attouchement  et  voisinage  d’vne 
chaleur  externe  et  estfangere,  au 
meslange  de  quelquesubstancechau- 
deparmylq  nostre  intérieure 

‘  Nous  retrouvons  ici  le  texte  de  l’ancien 
livre ,  faisant  suite  au  passage  reproduit 
dans  la  note  précédente. 

«  Doiicques  les  causes  des  fleures  en  pre¬ 
mière  diuision  sont  de  deux  sortes,  sçauoir 
efficientes ,  ou  materielles.  Les  causes  effi¬ 
cientes  sont  do  cinq  especes. 

»  La  première  est  le  mouuement  excessif 
ou  violent,  tant  du  corps  que  de  l’esprit.  Ce- 
luy  du  corps  est  ou  actif  volontaire,  etc.  » 

En  cet  endroit  l’auteur  suit  tellement  son 


77 

[  Par  le  mouuement, on  entend  celuy 

qui  est  violent  et  excessif,  tant  de 

ancien  texte,  qu’à  peine  trouve-t-on  çà  et  là 
un  mot  de  changé,  sans  que  rien  soit  changé 
au  sens ,  et  que  ce  serait  véritablement  faire 
un  double  emploi  que  de  le  reproduire.  Il 
expose  donc  ainsi  les  cinq  causes  efficientes; 
seulement,  dans  les  exemples  qu’il  donne  de 
la  cinquième,  après  les  autres  choses  aroma¬ 
tiques,  ameres,  acres  ou  salees,  il  avait  omis 
les  vins  forts  etpuissans.  A  partir  de  là  aussi 
la  rédaction  devient  assez  différente  pour 
qu’il  devienne  utile  de  la  mettre  en  regard; 
la  voici  donc  : 

«  Telles  sont  les  cinq  choses  efficientes , 
desquelles  toutes  sortes  de  fleures  sont  exci¬ 
tées  :  faut  maintenant  parler  des  mate¬ 
rielles. 

»  Les  causes  materielles  des  fleures  sont 
celles  esquelles  consiste,  est  placée  et  fondée 
comme  en  son  propre  subiet ,  l’essence  de  la 
fleure,  sçauoir,  l’intempérie  chaude,  ou 
chaleur  contre  nature.  Icelles  causes  mate¬ 
rielles  sont  de  (rois  sortes,  comme  ainsi  soit 
que  la  substance  de  nostre  corps  soit  triple, 
la  spiritueuse  ou  aëree ,  l’humide  et  la  so¬ 
lide  :  en  l’vne  desquelles  la  chaleur  contre 
nature  estant  vne  fois  allumée,  sont  exci¬ 
tées  ces  trois  especes  de  fleures  tant  renom¬ 
mées  entre  les  médecins,  esquelles  toutes  les 
autres  se  peuuent  reuoquer.  La  première  est 
la  Diaire  ou  Ephemere,  de  laquelle  la  cha¬ 
leur  est  àllumee  és  seuls  esprits  ou  substan¬ 
ces  spiritueuses.  La  seconde  est  la  pulride , 
de  laquelle  la  chaleur  est  allumée  és  hu¬ 
meurs.  La  troisième  est  hectique,  de  la¬ 
quelle  la  chaleur  est  allumée  és  parties  so¬ 
lides  de  notre  corps.  De  chacune  d’icelles 
nous  parlerons  par  ordre ,  de  telle  sorte  que 
premièrement  nous  expliquerons  leurs  cau¬ 
ses,  puis  leurs  signes,  enfin  toucherons  en 
bref  la  curation.  » 

Là  finit  le  premier  chapitre  du  livre  pri¬ 
mitif.  Il  serait  curieux  de  comparer  ces  doc¬ 
trines  du  seizième  siècle  à  celles  qui  tendent 
à  reprendre  vie  parmi  nous  ;  mais  je  laisse 
cela  aux  médecins  qui ,  par  hasard  ou  au¬ 
trement,  en  viendront  enfin  à  Jeter  un 
coup  d’œil  sur  ce  livre  trop  dédaigné. 


78 


LE  VINGTIÈME  LIVRE, 


l’esprit  que  du  corps.  Celuy  du  corps  1 
est  ou  actif  ,  volontaire  etprouenant 
de  nous,  comme  luitter,  courir,  ioüér 
à  la  paume:  ou  passif,  et  qui  nous  est 
donné  par  vne  cause  externe,  comme 
pour  auoir  esté  en  carrosse,  ou  auoir 
pifitlê  tti  Chéuül  faschëux  et  violent. 
Célüÿ  de  l’efeljrit  efet  soin,  veliemente 
appréhension,  faschérie,  cOurroux,  et 
autres  semblables  passions  de  l’ame  , 
lorsqu’elies  nous  tiennent  fort  sou- 
uent  et  fort  long  temps.  Mais  il  ne 
faut  pas  icy  s’ abuser,  et  penser  que  le 
seul  mouuement  excite  la  fleure  : 
car  nous  voyons  par  expérience  que 
le  repos,  qui  est  son  contraire,  ap¬ 
porte  souuent  la  fléure  :  car  ceux  qui 
auoient  de  coustume  de  s’exercer, 
s’ils  viennent  à  s’adonner  à  l’oisiueté, 
par  accident  tombent  en  fléure ,  tant 
parce  que  les  excremens  qu’ils  sbu- 
loient  dissiper  par  l’exercice,  retenus 
dansle  corps, se  pourrissans  aisément, 
reschauffent  outre  mesure  :  qu’aussi 
pource  que  leur  chaleur  naturelle  se 
fait  contre  nature ,  pour  n’estre  plus 
esuentée  par  l’exercice  modéré,  ainsi 
qu’ellé  souloit  âuparauant. 

La  seconde  cause  efficiente  des  flé- 
ures  est  la  pourriture  ou  putréfaction, 
qui  n’est  autre  chose  qu  vne  corrup¬ 
tion  causée  par  vne  chaleur  estrange 
et  externe  en  vn  humeur  enfermé  et 
non  esuenté  ,  comme  nous  voyons 
souuent  aduenir  aux  phlegmons  et 
erysipeles ,  ausquels  par  conséquent 
les  fléures  sont  annexées  et  con- 
iointes.  Cette  cause  est  propre  des 
fléures  putrides  ;  c’est  pourquoy  nous 
remettons  en  ce  lieu  là  à  en  parler, 
plus  particulièrement  et  amplement. 

La  troisième  est  la  rétention  et  sup¬ 
pression  dés  excremens  ,  qui  ont  de 
coustume  d’eslrë  vuidés  et  poussés 
hors  de  nos  corps,  non  seulement  par 
vne  euacuation  manifeste  et  sensible  à 


la  veuë,  comme  sont  les  mois  des  fem¬ 
mes  et  les  hemorrhoïdes  des  hommes, 
mais  aussi  par  vne  euacuation  qui  ne 
se  voit  point,  et  que  nous  appelions 
insensible  transpiration  ,  qui  se  fait 
par  les  pores  du  cuir  ;  car  tel  excre- 
ment ,  principalement  s’il  est  acre  et 
fuligineux  ,  comme  des  hommes  bi¬ 
lieux,  retenu  et  entassé  dans  le  corps, 
ne  pouuant  expirer  pour  la  densité 
du  cuir,  ou  pour  la  constipation  des 
pores  d’iceluy ,  excite  promptement 
des  fléures  ou  ephemeres  ou  putrides. 

Laqitatriéme  est  l’attouchement  ou 
voisinage  d’vne  chaleur  externe  , 
comme  du  feu,  des  medicamens  caus¬ 
tiques^  des  rayons  du  soleil,  d’vn 
corps  fébricitant  auec  lequel  nous 
auons  couché ,  et  principalement  s’il 
est  d’vn  tempérament  picrochole  ou 
atrabilaire. 


La  cinquième  cause  des  fléures 
est  la  prise  ou  meslange  de  quelque 
substance  chaude  parray  la  nostre 
intérieure,  soit  qu’icelle  substance 
chaude  soit  médicamenteuse,  soit 
qu’elle  soit  alimenteuse.  Ainsi  voyons- 
nous  souuent  qu’vne  medecine  de 
scamonée  ou  de  rhêubarbe  donne  la 
fléure,  à  celuy  principalement  qui  a 
le  foyc  chaud.  Le  semblable  fait  l’v- 
sage  du  miel  et  du  sucre  és  corps  des 
ieunes  hommes,  d’autant  qu’en  iceux 
les  choses  douces  s’enflamment  aisé- 


meiu  ei  se  tournent  en  bile  :  ce  que 
plus  euidemment  font  les  espices,  et 
autres  choses  aromatiques  ,  amefes, 
acres  ,  ou  salées  :  comme  aussi  les 
vins  qui  sont  forts  et  puissans. 

Voila  les  cinij  causes  emclentes  des 
Mores  qui  ont  esté  tres-doclement 
expl.queeset  traUdes  par  Galien ,  et 
du  depuis  conllrnldcs  par  tous  les 
médecins  qui  l’„„t  sui„i. 
parler  des  causes  nialeilelles.esquel- 
es  consiste  la  nature  de  la  lldure ,  et 


OES  FlÉVllES. 


sur  k'sslucllcs  elle  est  placée  et  l'on¬ 
dée  ,  comme  en  son  propre  suiet.  Ces 
causes  icy  sont  de  trois  sortes,  comme 
estant  rapportées  à  nostre  corps ,  qui 
est  basli  et  constitué  de  trois  diuer- 
ses  substances ,  de  la  spiritueuse  ou 
aëree ,  de  la  liquide  ou  humoralk\  et 
de  la  solide.  Car  l’intemperie  chaude 
et  seiche  qui  fait  la  fleure ,  venant 
à  s’attacher  àl’vne  de  ces  trois  subs¬ 
tances  ,  fait  vne  fléure  diflerenle  et 
conforme  à  la  nature  de  la  subs¬ 
tance  qui  reçoit  cette  intempérie,  et 
à  laquelle  elle  sert  comme  de  ma¬ 
tière  et  de  propre  suiet.  Par  exem¬ 
ple,  si  l’intemperie  s’attache  à  la 
substance  spirituelle  ou  aérée,  il  s’en¬ 
gendre  une  fléure  vrayement  spiri¬ 
tuelle.,  c’est-à-dire,  qui  est  propre  des 
esprits  de  notre  corps,  et  qui,  pour 
ne  durer  qu’un  iour  naturel,  est  ap- 
pellée  Ephemere  ou  Diaire.  Si  le  feu 
s’enflamme  en  la  substance  humoralle 
la  fléure  sera  vrayement  humoralle, 
comme  ayant  pour  matière  et  suiet 
les  humeurs  du  corps.  Que  si  la  cha¬ 
leur  s’allume  en  la  substance  solide 
du  corps ,  il  se  fera  vne  fléure  hecti¬ 
que,  ainsi  nommée  pource  qu’elle  est 
stable  et  difûcile  à  guérir,  comme  les 
choses  qui  ont  pris  leurs  habitudes. 
C’est  pourquoy  nous  concluons ,  que 
comme  il  y  a  cinq  causes  effleientes  des 
fleures  cy-dessus  speciflées ,  aussi  y  a- 
il  trois  causes  materielles,  à  sçauoir, 
les  esprits ,  les  humeurs,  et  les  parties 
solides  de  nostre  corps. 


CHAPITRE  HL 

DES  SIGNES  DES  FIÉVHES  EN  GENEKAL 

Encore  que  la  coimoissance  des  flé- 
ures  apparlienne  au  seul  médecin  , 


79 

et  qu’il  n’y  ait  rien  de  plus  difficile 
en  la  medecine  que  le  traité  des 
signes  ,  si  est-ce  que  ie  ne  laisseray 
pas  d’en  parler  vn  polit  mol  en  pas¬ 
sant  :  et  tascheray  d’en  dire  quelque 
chose  si  vulgairement  et  grossière¬ 
ment  ,  que  le  chirurgien  pourra  s’en 
informer  médiocrement ,  et  en  tant 
qu’il  en  a  besoin,  pour  le  soulage¬ 
ment  des  malades  qui  se  trouueront 
pressés  en  l’absence  du  médecin. 

Or  le  signe  n’estant  rien  qu’vne 
marque  euidente  et  manifeste ,  qui 
nous  conduit  en  la  connoissance 
d’vne  chose  obscure  et  cachée  ,  il  est 
à  croire  qu’en  la  recherche  des  signes 
nous  deuons  trouuer  quelque  chose 
qui  soit  plus  euidente  et  plus  mani¬ 
feste  que  la  fléure  :  autrement  nous 
ne  pourrions  pas  bien  nous  instruire 
en  sa  connoissance.  Donnons  donc 
quelques  marques  qui  soient  plus  ai¬ 
sées  à  descouurir  que  la  fléure,  et  qui 
nous  puissent  donner  certitude,  les 
ayant  apperceuës  en  quelque  corps, 
que  la  fléure  y  est  par  nécessité. 
Mais  deuant  que  ce  faire  ,  il  faut  se 
ressouuénir  qu’il  y  a  deux  sortes  de 
signes,  les  vus  appellés  Diagnostiques i 
qui  seruent  à  reconnoislre  la  fléure 
présente,  les  autres  Drognosiiques,c\u\ 
déclarent  l’euenement  de  fléure , 
quelle  elle  doit  estre,  mortelle  ou  sa¬ 
lutaire,  longue  oubriefue,etquandet 
comment  elle  doit  et  se  peut  terminer. 

Quant  aux  diagnostiques,  il  y  en  a 
de  certains  propres  et  inséparables  : 
il  y  en  a  d’autres  qui  sont  trompeurs, 
douteux ,  equiuoques  et  moins  asseu- 
rés.  A  ceux-cy  nous  ne  deuons  pas 
beaucoup  nous  arrester  :  si  fait  bien 
aux  autres,qui  ne  trompent  gueres  le 
iugemenl  du  médecin  docte  et  expé¬ 
rimenté.  Quand  ie  dis  qu’il  y  a  en  la 
fléure  et  aux  maladies  des  signes  dia¬ 
gnostiques  certains,  asseurés,  propres 


8o 


LE  VINGTIÈME  LIVRE, 


et  inséparables ,  ie  n’entens  pas  dire 
que  chaque  maladie  ait  vn  tel  signe 
qui  soit  seul,  ainsi  que  l’on  dit  en  phi¬ 
losophie  que  le  rire  est  vn  signe  seul 
propre  et  asseuré  de  l’homme  :  mais 
ie  veux  dire  que  toute  maladie  a  vn 
amas  de  quatre  ou  cinq  signes  ,  plus 
ou  moins ,  qui  se  rencontrans  ensem¬ 
ble  valent  vn  signe  propre ,  tel  qu’on 
r  appelle  en  philosop  h  ie .  Par  exem  pie , 
si  ie  vois  vn  malade  qui  ait  vne  dou¬ 
leur  poignante  au  costé,  difficulté  de 
respirer,  auec la  toux:  et  la  fiéure,  ie 
puis  dire  en  asseurance  qu’il  a  le  signe 
propre  et  inséparable  de  la  pleuresie, 
’et  par  conséquent  qu’il  en  est  malade. 
De  mesme  est-il  de  la  fiéure,  laquelle 
n’a  pas  vn  seul  signe  pour  sa  connois- 
sance,mais  plusieurs  qui  concourans 
ensemble  nous  la  font  asseurément 
reconnoistre. 

Le  premier  de  ces  signes ,  c’est  la 
chaleur:  car  comme  enseigne  Galien 
au  premier  commentaire  qu’il  a  fait 
sur  le  sixième  liure  des  Epidémies , 
article  28.  si  le  goust  est  l’indice  des 
saueurs,  de  mesme  la  chaleur  receuë 
par  le  toucher  est  indice  et  .signe  de 
la  fiéure,  puisque  la  fiéure  n’est 
qu’ vne  chaleur.  Or  ceste  chaleur  n’est 
pas  simple ,  naturelle  et  douce ,  mais 
acre,  piquante,  et  surpassant  la  nalu 
relie  :  et  au  reste  diffuse  et  estendue 
par  tout  le  corps ,  si  ce  n’est  qu’elle 
soit  empeschée  de  s’espandre  par  tout. 
Ce  qui  arriue  en  trois  maniérés.  Pre¬ 
mièrement  ,  au  commencement  des 
accès  des  fiéures  qui  ont  des  frissons, 
par  le  reflux  et  concours  du  sang  et 
des  esprits  aux  parties  intérieures: 
car  en  ce  faisant  les  parties  extérieu¬ 
res  demeurent  comme  priuées  de 
chaleur.  Secondement,  és  fiéures  que 
l’on  appelle  epiales,  esquelles  à  cause 
de  la  multitude  des  humeurs  crues 


amassées  dans  le  corps ,  les  parties 
qui  ont  les  humeurs  plus  subtiles  et 
ténues  s’eschauffent,  cependant  que 
celles  qui  sont  les  plus  grossières  de¬ 
meurent  froides  et  sans  chaleur.  Tier- 
cement  és  fiéures  nommées  lypiries , 
esquelles  quelque  partie  noble  inté¬ 
rieure  estant  assiégée  de  quelque  in¬ 
flammation  ou  erysipele,  il  arriue 
que  le  sang  et  les  esprits  sont  arriués 
des  parties  externes  aux  internes , 
comme  par  vne  ventouse ,  en  sorte 
que  la  partie  intérieure  affectée 
brusle ,  tandis  que  celles  de  dehors 
demeurent  sans  chaleur.  Mais  quoy 
que  ce  soit,  la  chaleur  surpassant 
l’ordinaire,  soit  qu’elle  soit  espandue 
par  tout  le  corps,  soit  qu’elle  soit  at¬ 
tachée  à  quelques  parties  principales, 
est  vn  des  signes  de  la  fiéure.  le  dis 
vn  des  signes ,  car  il  y  a  des  fiéures 
qui  ont,  comme  enseigne  Hippocrates 
aux  Epidémies,  vne  chaleur  qui  pa- 
roist  douce  au  toucher;  et  c’est  pour- 
quoy  Galien  a  adiousté  d’autres  si- 
gnespour  la  connoissance  de  la  fiéure, 
c  est  à  sçauoir  le  pouls,  les  vrines,  la 
soif ,  et  les  veilles. 


Pour  le  pouls  il  est  tousiours  fre¬ 
quent  en  la  fiéure ,  et  plus  la  fiéure 
est  grande ,  et  plus  le  pouls  est  viste 
et  frequent.  Mais  pour  scauoir  ce 

que  c’est  qu’vn  pouls  frequent,  il  fau- 

droit  prendre  ce  discours  de  plus 
loing,  ce  qui  n’est  point  necessaire 


r,  V.  '^msiruire  seule- 

ment  le  chirurgien ,  qui  n’a  que  voir 
eu  ce  traite.  Non  plus  qu’en  celuy  des 
mines ,  qui  seruent  quelquesfois  à  la 
connoissance  delà  fleure  :  mais  si  peu 

senrement  que  les  médecins  les  plus 

expérimentés  sont  contraints  de  con- 

Snx  ‘«s  ftlla- 

cieux.Ioutesfoissiauec  vne  chaleur 

aere,vn  pouls  freqneut,  on  apperçoit 


DES  F]i5:VRES. 


des  vHnes  crues ,  ou  grandement 
teintes  de  bile,  on  peut  comme  en  as- 
seurance  prononcer  qu’il  y  a  de  la 
fiéure.  Et  encore  bien  d’auantage,  si 
auec  les  signes  susdits  le  malade  est 
trauaillë  de  quelque  soif  extraordi¬ 
naire,  et  de  veilles  desreglées  et  non 
accoustumées,  et  dont  on  ne  sçauroit 
en  reietter  la  cause  sur  quelque  ehose 
euidente  et  manifeste.  Voila  les  cinq 
signes  comme  propres  et  insépara¬ 
bles  de  la  fleure,  du  premier  desquels 
Galien  parle  au  commentaire  cité  du 
sixième  des  Epidémies  ,  du  second  et 
troisième  au  liure  second  à  Glau- 
con ,  au  premier  liure  des  Vresages 
des  pouls ,  chapitre  premier ,  et  au 
troisième  des  Crises  cbap.  troisième  : 
du  quatrième  et  cinquième  au  Com¬ 
mentaire  troisième  du  troisième  des 
Epidémies^  art.  34. 

le  viens  aux  signes  prognostiques, 
qui  sont  ceux  qui  font  plus  paroistre 
le  iugement  et  l’experieiice  du  Méde¬ 
cin.  Car  par  iceux  non  seulement  il 
se  conflrme  ès  remedes  qu’il  faut 
faire  au  malade  :  mais  aussi  il  s’ac¬ 
quiert  vne  telle  authoritè  sur  luy,  et 
prend  vn  crédit  si  grand ,  que  quoy 
qu’il  puisse  proposer ,  il  y  trouue  le 
malade  très  obéissant  Mais  ces  signes 
icy  estans  en  très  grand  nombre ,  et 
de  très  difficile  intelligence  à  ceux 
qui  ne  sont  consommés  en  l’art  de 
Medeeine,  ils  m’obligent  de  les  passer 
sous  silence ,  et  d’aduertir  le  chirur¬ 
gien  de  n’entreprendre  iamais  le  pro- 
gnostic  des  fièures,  estant  choses  au 
de  là  de  sa  eapaeitè  et  de  son  art. 
Qu’il  en  laisse  la  charge  au  prudent 
médecin,  n’estant  pas  petite  louange 
à  vn  homme  de  seauoir  se  taire  en 
temps  et  lieu. 


8i 


CHAPITRE  IV. 


de  la  cvration  des  fièvres 

EN  GENERAL. 

Il  n’y  a  maladie  plus  commune 
que  la  flèure,  mais  il  n’y  en  a  point  de 
plus  diffieile  à  guérir.  Anciennement 
autant  qu’il  y  auoit  de  médecins,  au¬ 
tant  y  auoit-il  de  sortes  de  remedes 
pour  la  traiter.  Prodicus  et  Erodicus 
auoient  leur  façon  ,  Herophilus  et 
Erasistratus  la  leur,  Asclepiades  vne 
autre  ,  Themison  vne  autre  :  bref, 
autant  de  testes,  autant  d’opinions. 
Et  en  ce  siecle  icy  où  nous  sommes , 
nous  voyons  que  les  alchymistes  tien¬ 
nent  vne  autre  forme  de  traiter  les 
fléures,  que  ne  font  pas  les  médecins 
qui  suiuent  la  doctrine  de  Galien,  qui 
a  esté  celuy  lequel  a  plus  diligem¬ 
ment  recherché  les  remedes  propres 
et  essentiels  à  la  flèure ,  et  a  si  bien 
parlé  de  toutes  les  indications ,  qu’il 
nous  a  osté  les  difficultés  où  ont 
accouslumé  de  nous  précipiter  les 
diuérses  opinions  et  iugemens  des 
autheurs. 

Nous  auons  dit  au  chapitre  3.  et  22. 
de  nostre  Introduction  à  la  Chirurgie, 
qu’il  y  auoit  des  indications  neces¬ 
saires  au  chirurgien  méthodique  et 
rationnel  qui  veut  entreprendre  la 
guérison  de  quelque  maladie  :  là  i’ay 
discouru  amplement  de  la  nature  des 
indications ,  combien  de  sortes  il  y 
en  auoit ,  d’où  elles  estoient  prises  et 
puisées  ,  et  que  par  icelles  seules  on 
distinguoit  le  chirurgien  qui  trauaille 
par  méthode  et  raison ,  d’auec  celuy 
qui  trauaille  par  hazard  à  l’aduen- 
ture,  tels  que  sont  les  empiriques, 
charlatans,  et  autres  imposteurs.  Cela 
mis  et  posé  pour  fondement,  nous  di- 
6 


iii. 


LE  VINGTIEME  LIVRE  , 


82 

sons  que  pour  guérir  la  fléurepar  rai¬ 
son,  puisque  c’est  vne  maladie,  que  le 
chirurgien  le  doit  faire  par  les  indica¬ 
tions  prises  des  choses  naturelles,  non 
naturelles  et  contrç  nature.  Lesquelles 
choses  toutesfqis,  (1  Un  de  les  racour- 
cir,  se  peuuent  et  se  doiuent  rapporter 
à  trois  indications  principales,  sça- 
uoir  à  celle  qui  est  prise  de  la  uiala- 
(lie,  à  celle  qui  est  puisée  de  sa  cause, 
et  à  celle  qui  est  prise  des  forces  Au 
malade, 

Par  la  première,  nous  apprenons  que 
la  fiéure  ainsi  que  les  autres  maladies, 
se  doit  guérir  par  son  contraire,  es¬ 
tant  vn  axiome  très  certain  en  la  doc¬ 
trine  d’Hippocrates  et  de  Galien,  que 
tout  contraire  se  guérit  par  son  con¬ 
traire.  Or  est-il  que  nous  auons  escrit 
cy-dessu.s  que  la  fiéure  estoit  vne  in- 
tcniperie  chaude  et  seiche,  par  çonse-  j 
quent  il  faut  pour  guérir  fa  fiéure 
vser  de  remedes  rafraichissans  et  hu- 
mectans-  Donc  la  prerniere  indica¬ 
tion  nous  apprend,  que  le  cl^irurgien 
qui  voudra  entreprendre  à  guérir  la 
fiéure,  généralement  parlant,  ne  doit 
se  sernir  que  des  remedes  qui  rafrai- 
chissent  et  qui  huniectent,  estant  im¬ 
possible  d’oster  la  chaleur  que  par 
les  choses  rafraîchissantes ,  et  de  cor¬ 
riger  la  seicheresse  que  par  celles  qui 
mouillent  et  humectent. 

Pour  la  seconde  indication,  efie  est 
prise  des  causes  du  mal ,  lequel  ne 
peut  estre  guéri  si  ce  n’est  en  retran¬ 
chant  la  cause ,  estant  très  véritable 
raxiome  des  philosophes ,  que  l’effet 
cesse ,  sa  cause  estant  ostée.  H  faut 
toutesfois  icy  obseruer  qu’il  y  a  des 
fléures,  telle  qu’est  fephemere  et 
diaire ,  qui  persistent  ençores  que 
leurs  causes,  soient  ostées  :  ef  c’e%t 
pourquoy  ceste  indication  n’a  fieu 
qu’aux  fiéures  qui  ont  leurs  causes 
présentes,  et  qui  sont  en  mouuement, 


qui  fomentent  et  entretiennent  le  mal 
par  leur  prosence  et  par  leur  action , 
et  qui  donnent  commencement,  pro¬ 
grès  et  entretien  par  leur  effet  reel  et 
actuel  ausdites  fiéures.  Lors  que  telles 
causes  se  présentent ,  alors  le  chirur¬ 
gien  par  ceste  seconde  indication  doit 
recourir  à  leur  retranchement ,  à  fin 
de  couper  le  mal  en  sa  racine  ;  veu 
que  ce  seroit  vn  abus  de  le  vouloir 
oster  tandis  qu’on  laisseroit  en  force 
et  en  vigueur  le  principe  et  l’agent 
de  sa  génération.  Partant  toutesfois 
et  quantes  qu’il  y  aura  vne  cause 
présente,  faut  commencer  la  curation 
de  la  fiéure  par  le  retranchement  de 
ceste  cause ,  quoy  faisant  on  ostera 
tout  ensemble  et  la  cause  de  la  fiéure, 
et  la  fiéure  mesme ,  sans  autre  plus 
grand  appareil.  Que  s’il  n’y  a  point 
de  cause  présente  en  la  fiéure,  comme 
il  arriue  à  l’epfiemere  causée  par 
l’ardeur  du  soleil ,  laquelle  persiste 
fiors  la  presepee  d’iceluy,  alors  il  ne 
faut  point  s’amuser  à  ceste  indication, 
mais  il  faudra  seulement  combattre 
par  remedes  rafraichissans  et  hu- 
meçtans  l’intemperie  chaude  et  seiche 
de  la  fiéure.  Mais  s’il  arriue  qu’en 
partie  la  fiéure  soit  faite ,  en  partie 
qu’elle  se  fasse ,  c’est  à  dire  que  si  la 
cause  de  la  fiéure  n’y  est  plus ,  mais 
qu’vne  autre  pareille  cause  vienne  à 
entretenir  la  mesme  fiéure ,  il  faut 
premièrement  ester  ceste  derniere 
cause ,  et  puis  il  faudra  combattre 
la  fiéure  faite  de  la  première  cause 
absente  par  la  voye  de  la  première 
indication,  ie  veux  dire  par  les  ro- 
medes  qui  rafraichissent  et  humec¬ 
tent. 

Passons  à  la  troisième  indication ,  la¬ 
quelle  se  prend  des  forces  du  malade: 
icelle  n’estant  rien  que  le  dessein  qu’a 
le  chirurgien  de  maintenir  la  vertu 
du  fébricitant,  et  luy  donner  la  force 


uiîs  riÉvRiîs. 


do  résister  au  mal  iusqiies  à  la  fin , 
par  le  moyen  de  la  bonne  nourriture. 
Par  ceste  indication  on  ordonne  vn 
régime  de  viuro  contraire  à  la  fleure 
et  à  ses  causes,  mais  qui  est  conforme 
et  proportionné  au  tempérament,  à 
l’aage ,  et  à  l  a  cousin  me  du  fébrici¬ 
tant  ;  et  souuent  nous  faisons  tel  es¬ 
tât  de  celte  indication ,  que  nous  lais¬ 
sons  là  les  deux  autres  pour  embrasser 
ceste-cy  ;  car  comme  nous  auons  dît 
ailleurs,  le  plus  souuent  nous  laissons 
la  propre  cure  et  principale  de  la  fle¬ 
ure  ,  qui  est  le  retranchement  de  la 
cause ,  pour  suiure  ceste  indication , 
et  nous  employer  à  la  conseruation 
de  la  force  et  vertu  du  fébricitant. 
Par  exemple,  aü  commencement  des 
accès  de  la  fleure,  en  prenant  indica¬ 
tion  de  la  maladie ,  il  n’y  a  rien  si 
contraire  que  le  manger ,  veu  qu’il 
augmente  la  matière  de  la  fiéure  ; 
tdutesfois  s’il  aduenoit  que  les  forces 
du  malade  fussent  si  debiles ,  que  le 
malade  ne  peust  résister  à  l’effort  de 
l’accès  ,  alors  pi’enant  indication  dés 
forces ,  et  non  d’autre  chose ,  il  fau- 
droit  nourrir  le  malade  et  luy  donner 
à  manger,  encore  bien  que  la  matière 
de  la  fléure  s’en  deust  augmenter. 

Douant  que  finir  ce  chapitre,  il  faut 
obseruer  deux  choses  :  la  première, 
que  les  deux  premières  indications 
quelquesfois  s’accordent  ensemble, 
quelquesfois  elles  sont  contraires  en- 
tr’elles  :  si  bien  que  l’indication  qui 
oste  la  cause  de  la  fléure ,  augmente 
l’intemperie  de  la  fléure.  Au  premier 
cas  la  chose  est  bien  aisée,  car  il  ne 
faut  rien  faire  que  rafraîchir  et  hu¬ 
mecter  ,  comme  il  arriue  aux  fiéures 
bilieuses  :  car  eu  esgard  à  l’inlempe- 
rie  de  la  fléure  qui  est  chaude  et  sei¬ 


83 

che ,  il  faut  rafraîchir  et  humecter  : 
eu  pareillement  esgard  à  la  cause 
materielle  de  la  fléure,  qui  est  la  bile 
aussi  chaude  et  seiche,  il  ne  faut  faire 
autre  chose  que  rafraîchir  et  humec¬ 
ter.  Mais  lorsque  deux  indications 
ne  s’accordent  pas ,  comme  és  fléures 
pituiteuses  et  melancholiques ,  alors 
il  faut  prendre  indication  de  la  chose 
qui  presse  le  plus  et  qui  apporte  plus 
de  peine  ou  de  péril  au  malade  ,  ne 
négligeant  pas  tout  à  fait  neantmoins 
l’autre  indication.  En  vn  mot ,  il  faut 
s’adresser  premièrement  et  principa¬ 
lement  au  plus  necessaire  et  plus  vr- 
gent ,  et  puis  après  à  ce  qui  presse  le 
moins.  L’autre  chose  à  obseruer  est 
pour  la  seconde  indication ,  que  nous 
auons  dit  estre  prise  du  retranche¬ 
ment  de  la  cause.  Or  ce  retranchement 
ne  se  peut  faire  par  vn  seul  remede, 
mais  par  diuers  moyens ,  à  cause 
qu’il  n’est  pas  question  d’vne  seule 
cause  en  la  fléure,  mais  de  plusieurs, 
comme  nous  auons  donné  à  entendre 
cy-dessus.  Par  exemple  l’estouperaent 
des  pores  et  conduits  du  cuir,  et  la 
suppression  de  l’excrement  acre  et 
fuligineux  qui  se  fait  par  ces  pores , 
sont  ostés  par  les  medicamens  relas- 
chans,  résolutifs  et  digestifs  :  la  pourri¬ 
ture  par  ceux  qui  euacuent ,  cuisent, 
contemperent ,  atténuent,  incisent  et 
ouurenl  :  l’obstruclion  des  vaisseaux, 
si  elle  est  faite  par  humeurs  crasses , 
lentes  et  froides,  par  ceux  quieschauf- 
fent  puissamment  et  qui  incisent  et 
atténuent  :  si  elle  est  causée  d’hu¬ 
meurs  bilieuses,  par  ceux  qui  rafraî¬ 
chissent  :  et  ainsi  des  autres ,  comme 
nous  dirons  au  progrès  de  ce  Traité , 
en  la  cure  de  chaque  fiéure  en  parti¬ 
culier. 


LE  VINGTIEME  LIVRE, 


H 


CHAPITRE  V. 

DES  MOYENS  DESQVELS  ON  SE  SERT 
A  GVERIR  LES  FIEVRES. 

Il  faut  parler  en  ce  chapitre  des 
instrumens  ou  remedes  qui  peuuent 
seruir  à  obtenir  la  fin  des  trois  indica¬ 
tions  que  nous  auons  expliquées  au 
chapitre  precedent.  Car  ce  n’est  pas 
tout  de  dire  qu’il  faut  se  seruir  de  re¬ 
medes  froids  pour  esteindre  la  fiéure, 
qu’il  faut  couper  la  cause  de  la  fiéure 
par  son  contraire  ,  et  qu’il  est  neces¬ 
saire  de  restablir  et  conseruer  les 
forces  du  malade  :  il  faut  sçauoir  par 
quels  insl rumens  ou  moyens  nous 
pouuons  venir  à  la  fin  de  cesdesseins. 
Or  ces  inslrumens  sont  trois ,  autant 
qu’il  y  a  de  sortes  de  remedes  en  la 
partie  de  medecine  qu’on  appelle 
thérapeutique  ,  sçauoir  la  diele^  la 
chirurgie,  et  la  pharmacie. 

La  diete  n’est  autre  chose  que  l’or¬ 
dre  et  la  reigle  qu’on  doit  garder,  non 
seulement  au  boire  et  manger ,  mais 
aussi  en  l’vsage  des  six  cfioses  que  les 
médecins  appellent  non  nalurellés , 
qui  sont  Voir  ,  le  boire  et  le  manger^ 
le  dormir  et  le  veiller,  l’exercice  et  le 
repos ,  la  modération  aux  affections  et 
passions  de  i’ame,  et  l’excretion  et  ré¬ 
tention,  ou  repletion  et  inanition.  Par 
la  chirurgie,  nous  entendons  les  ope¬ 
rations  de  la  main  qui  seruent  à  la 
guérison  des  fiéures.  Et  par  la  phar¬ 
macie  l’vsage  des  medicamens,  soit 
purgatifs,  soit  alteratifs,  qui  doiuent 
estre  employés  à  la  cure  des  mesmes 
fiéures. 

Pour  ce  qui  est  de  la  d'ete  des  fié¬ 
ures,  nous  pouuons  définir  en  general 
qu’elle  doit  estre  rafraichissante  et 
humectante  tant  que  faire  se  pourra, 


ayant  esgard  à  la  nature  du  malade, 
à  son  aage,  à  sa  coustume,  et  au 
pais  où  il  est.  Et  à  fin  de  particulari¬ 
ser  ceste  réglé  ,  et  rendre  nostre  doc¬ 
trine  plus  claire  et  intelligible,  nous 
disons  que  l’air  que  hument  les  ma¬ 
lades  doit  estre  froid  et  humide  :  que 
si  la  saison  ne  le  permet ,  il  faut  le 
préparer  par  l’art  de  medecine ,  ar- 
rousant  la  chambre  du  malade  d’eau 
fraîche,  semant  par  icelle  des  fueilles 
de  violiers  de  Mars,  de  vigne,  de  laic- 
tues,  des  fleurs  de  nénuphar  et  de  ro¬ 
ses,  et  choses  semblables  :  d’autant 
que  par  ce  moyen  l’air  estant  rendu 
froid  et  humide ,  imprime  à  tout  le 
corps  les  mesmes  qualités,  et  bien 
d’auantage  au  poulmon  et  au  cœur , 
ausquels  il  est  porté  directement  par 
la  respiration  :  ce  faisant  on  modéré 
l’intemperie  chaude  et  seiche  de  la 
fiéure  par  la  première  indication ,  qui 
est  de  guérir  le  mal  par  son  contraire. 
Pareillement  la  qualité  des  viandes 
doit  estre  froide  et  humide,  pour  les 
mesmes  raisons ,  prenant  garde  que 
telles  viandes  soient  aisées  à  cuire ,  et 
de  bon  suc ,  et  qu’on  en  donne  en 
telle  quantité  qu’elle  suffise  à  entre¬ 
tenir  les  forces  et  la  vertu  du  malade, 
et  en  temps  où  elles  puissent  tous- 
iours  profiter,  et  ne  nuire  iamais.  Les 
meilleures  viandes  et  plus  communes 
des  febricitans  sont  bouillons, iauncs 
d’œufs ,  gelées,  pruneaux  cuits, pom¬ 
mes  cuittes ,  orges  mondés ,  et  autres 
viandes  legeres  faciles  à  digerer,  et 
qui  ne  charpnt  point  l’estomach.’Le 
boire  des  febricitans  doit  estre  de 
l’eau  bouillie  ,  de  la  ptisane  faite 
auec  reglisse,  orge  et  choses  sembla¬ 
bles,  et  quelquesfois  de  l’eau  meslée 
auec  quelque  syrop  rafraichissanl  et 
humectant,  comme  est  le  violât,  et 
de  nénuphar.  Galien ,  au  neufiéme  de 
la  Méthode,  recommande  l’eau  froide 


DKS  FIKVI^ES. 


pour  la  fiéure ,  mais  auec  certains 
(liorismes  et  précautions  qu’on  peut 
aller  voir  à  loisir  dans  le  mesme  au¬ 
teur.  Pour  le  vin,  il  leur  doit  eslre  dé¬ 
fendu  ,  sur  tout  s’il  est  puissant ,  gé¬ 
néreux,  fort,  fumeux  et  grossier. 
Pour  ce  qui  est  des  veilles  et  du  som¬ 
meil  ,  elles  doiuent  estre  modérées,  en 
sorte  toulesfois  que  le  sommeil  soit 
plus  long  que  les  veilles  :  car  combien 
que  les  veilles  rafraicbissent  d’auan- 
tage  les  parties  intérieures,  et  le  som¬ 
meil  les  extérieures ,  à  cause  que  par 
les  veilles  la  chaleur  s’espand  au  de¬ 
hors  ,  et  par  le  sommeil  se  relire  au  ] 
dedans  :  si  est-ce  toutesfois  qu  à  cause 
de  beaucoup  de  biens  et  commodités 
que  le  sommeil  apporte  à  l’esprit  et 
au  corps ,  comme  d’aider  la  coction  , 
reslablir  les  esprits,  fortifier  les  puis¬ 
sances  de  l’ameet  du  corps, esleindre 
la  soif ,  arrester  les  vomissemens ,  la 
toux  et  le  flux  de  ventre,  humecter  le 
cerueau  et  tout  le  corps  ;  à  cause,  dis- 
ie  ,  d’vn  plus  grand  bien  ,  le  sommeil 
des  febriritans  doit  estre  plus  long 
que  les  veilles.  Quant  à  ce  qui  est  de 
l’exercice  du  corps  ou  du  repos,  il  est 
tres-asseuré  que  l’exercice  eschauf- 
fant  et  les  humeurs  et  les  esprits,  que 
le  repos  est  à  préférer ,  et  qu’il  doit 
estre  recommandé  aux  febricilans, 
puis  qu’il  rafraischit  et  humecte , 
blasrnant  la  façon  de  faire  de  Prodi- 
cus  et  Herodicus  et  de  leurs  secta¬ 
teurs,  lesquels  par  l’exercice  de  luiter 
et  de  courir,  qu’ils  faisoienl  faire  aux 
febricilans  ,  les  tuoient  pluslosl  que 
de  les  guérir. 

Les  passions  et  perturbations  de 
l’ame  ne  sont  aucunement  vliles  aux 
febricilans au  contraire  le  repos  et 
la  tranquillité  de  l’esprit  leur  est  ne¬ 
cessaire,  estant  par  ce  moyen  le 
trouble  des  humeurs  et  des  esprils, 
qui  suruient  par  l’excès  des  passions, 


85 

telles  que  sont  la  cholere,  la  ialousie? 
le  chagrin,  la  tristesse  et  le  desespoir  : 
la  ioye  modérée  par  accident,  car  par 
icelle  le  sang  se  retirant  du  coeur , 
qui  est  le  siégé  de  la  fiéure,  és  autres 
parties  du  corps,  et  principalement 
aux  extérieures ,  elle  est  cause  que 
le  cœur  se  rafraichit  aucunement, 
et  par  conséquent  diminue  l’intempe- 
rie  chaude  de  la  fiéure.  Il  n’y  a  point 
de  passion  qui  fust  plus  propre  aux 
fiéures  que  la  crainte,  laquelle  ra¬ 
fraichit  les  humeurs  et  les  esprits , 
si  ce  n’est  qu’elle  apporte  beaucoup 
déplus  grands  accidens  auec  elle  ;  et 
de  fait  nous  lisons  que  plusieurs  per¬ 
sonnes  ,  par  crainte  et  frayeur  subite 
et  non  preueuë,  ont  perdu  tout  à  fait 
la  fiéure,  par  vn  extraordinaire  ra- 
fraichissement  du  cœur  et  des  parties 
contenues  en  iceluy,  causé  de  l’excès 
de  reste  frayeur.  Ce  que  i’adiousle 
pour  donner  à  entendre  qu’il  ne  faut 
pas  pour  esfeindre  la  fiéure  vue  pe¬ 
tite  crainte,  et  telle  qu’elle  arriue 
communément  :  mais  qu’il  faut  vne 
frayeur  extraordinaire  et  excessiue  , 
qui  ait  non  seulement  le  pouuoir  de 
faire  retirer  le  sang ,  les  esprits  et  la 
chaleur  des  parties  extérieures  vers 
le  cœur,  mais  aussi  de  rafraichir  la 
chaleur  du  cœur  sans  l’esleindre 
neantmoins  tout  à  fait:  en  quoy  on 
descouure  la  difficulté  et  le  péril  de 
ce  remede. 

Le  dernier  article  des  choses  non 
naturelles  qu’on  doit  obseruer  pour  la 
fiéure  est  la  rétention  cl  euacuation , 
la  rétention  des  choses  vtiles  et  profi¬ 
tables  au  corps,  et  l’euacualion  des 
excremens  et  superfluités  nuisibles, 
le  ne  m’eslens  point  d’auantage  au 
dénombrement  de  telles  choses:  ie 
diray  seulement  que  si  les  excremens 
du  ventre,  lesvrines,  lessueurs,  etc., 
sont  retenus  trop  longtemps  au  corps 


86 


LE  VINGTIEME  LIVRE 


(lu  fébricitant,  qu’ils  augmentent  la 
tiéure ,  et  la  diminuent  quand  ils  sont 
euacués  en  temps  et  lieu  et  en  quan¬ 
tité  suffisante  :  comme  au  contraire  , 
s’il  suruient  au  fébricitant  vne  eua- 
cuation  d’bumeurs  froides  au  lieu  des 
chaudes,  il  sent  la  tiéure  s’en  aug¬ 
menter  :  et  trouue  que  ses  forces  s'ab- 
battent ,  s’il  luy  arriue  vne  euacua- 
tion  des  choses  qui  doiuent  estre 
retenues  au  corps ,  et  qui  luy  sont 
vtiles  et  necessaires.  l’ay  rapporté 
en  mon  Introduction  de  chirurgie , 
chap.  17.  ce  sixième  chef  des  choses 
naturelles  à  la  repletion  et  à  l’inani¬ 
tion  ,  et  ay  particularisé  les  especes 
et  différences ,  lesquelles  peuuent  es¬ 
tre  rapportées  en  ce  lieu  ,  et  accom¬ 
modées  à  nostre  intention.  C’est  pour- 
quoy  ien’en  diray  rien  d’auantage,  et 
passeray  à  l’autre  instrument  de  la 
thérapeutique ,  qui  est  la  chirurgie. 

Quand  nous  parlons  icy  de  la  chi¬ 
rurgie  ,  nous  n’entendons  pas  parler 
de  toutes  les  operations  de  la  main 
qui  luy  appartiennent ,  mais  de  celles 
seulement  qui  peuuent  seruir  à  com¬ 
battre  et  guérir  la  tiéure,  telle  qu’est 
principalement  la  saignée.  Non  pas 
que  la  saignée  conuienne  directe¬ 
ment  et  proprement  à  la  tiéure ,  mais 
indirectement  seulement ,  par  acci¬ 
dent.  Le  propre  de  la  saignée  n’est 
pas  de  rafraichir  et  d’humecter,  mais 
de  vuider  le  corps  et  d’euacuer  le 
sang ,  à  quoy  à  la  vérité  succédé  le 
rafraicbissement ,  par  la  diminution 
qu’on  fait  du  sang  et  de  la  chaleur 
qui  l’accompagne.  Elle  peuttoutes- 
fois  conuenir  à  la  fiéure  ,  par  le 
moyen  d’vne  de  ses  causes ,  qui  est  la 
plénitude ,  laquelle  ne  peut  estre  os- 
tée  plus  promptement  et  seurement 
que  par  la  saignée.  Pour  toutes  ces 
raisons,  et  pour  destourner  quel- 
quesfois  les  fluxions  qui  se  font  sur 


les  parties  nobles  en  la  pluspart  des 
fiéures  ,  et  aussi  pour  donner  air  et 
vent  à  la  chaleur  qui  est  csloufTée 
dans  le  corps,  comme  pareillement 
pour  desgager  les  obstructions  ,  et 
pour  beaucoup  d’autres  commodités 
qu’apporte  la  saignée  au  corps,  elle 
est  fres-propre  et  tres-necessaire  aux 
fiéures,  en  sorte  qu’il  serait  presque 
impossible  de  les  guérir,  si  ce  n’estoit 
par  son  moyen.  Et  voila  principale¬ 
ment  l’operation  pour  laquelle  la 
chirurgie  est  vtile  aux  fiéures  :  bien 
qu’on  se  serue  encore  de  quelques 
autres ,  mais  moins  puissantes  et 
moins  profitables,  comme  sont  l’ap¬ 
plication  des  sangsues ,  les  scarifica¬ 
tions  faites  aux  iambes,  vsuelle  en 
Egypte ,  Espagne ,  et  quelques  lieux 
d’Italie  :  les  ventouses  et  les  cornets 
appliqués  sur  les  espaules,  et  presque 
sur  tout  le  corps,  auec  ou  sans  scari¬ 
fications  et  mouchetures  :  les  sinapis¬ 
mes,  vésicatoires  et  cautères,  et 
autres  choses  semblables ,  lesquelles 
sont  employées  à  la  guérison  des  fié¬ 
ures  ,  mais  auec  bien  peu  de  succès. 

l’aurois  beaucoup  à  discourir  sur 
le  troisième  instrument  qui  conuient 
aux  fiéures,  qui  est  la  Pharmacie,  sinon 
que  ie  me  reserue  au  particulier  des 
fiéures.  Nous  dirons  toutesfois  en  ge¬ 
neral  que  la  Pharmacie  abeaucoup  de 

moyens  à  employer  pour  la  guérison, 
qu’elle  prend  des  medicamens  tant 
purgatifs  qu’alteratifs,  qu’elle  donne 
ou  intérieurement  ou  extérieurement, 
soit  pour  tout  le  corps,  soit  pour  (luel- 
qu’vne  de  ses  parties.  Les  lauemens 
ou  clysteres,  les  brcuuages  purgatifs 
les  emelic[ues  ou  vomitoires,  les  bo- 
lus,les  pillules,  seruept  h  osUu-la 
cacochymie,  et  à  purger  le  corps  de 
beaucoup  de  superfluités  qui  nour¬ 
rissent  et  entretiennent  la  fiéure.  Les 
juleps  et  apozemes  rafraichissans  et 


DES  FIÈVRES. 


hutnectans ,  les  epitliemes ,  fomenta¬ 
tions,  liiilmens,  bains,  onguens, 
combattent  directement  les  causes 
de  la  fléure  et  intempérie  chaude  et 
seiche.  Les  alexiphatmaques  et  cor¬ 
diaux  corrigent  la  malignité  des  hu¬ 
meurs  ,  donnent  de  la  force  et  de  la 
vigueur  au  cœur  et  pal  lies  nobles,  et 
résistent  à  la  pourriture  qui  se  mesle 
d’ordinaire  parmy  lesfléures.  Bref,  il 
n’y  à  rien  en  la  pharmacie  qUi  ne 
puisse  aider  à  la  guérison  des  fleures, 
s’il  est  bien  mesnagé  par  un  docte  et 
iudicieux  médecin ,  qui  sait  mesme 
tirer  profit  des  poisons  et  venins  pour 
rvtilité  et  salut  des  malades. 


CHAPITRE  TL  j 

LA  DlFFEEENCE  DES  FIEVRES. 

Encore  bien  que  les  philosophes 
ayent  accousluraé  de  faire  suiure  la 
diuision  des  choses  après  leur  défini¬ 
tion  :  si  est-ce  toulesfois  que  ie  me 
suis  reserué  à  parler  de  la  différence 
des  fléures  en  ce  lieu  ,  et  en  apporter 
toutes  les  especes ,  à  fin  d’auoir  l’oc¬ 
casion  et  le  moyen  de  parler  de  cha¬ 
que  espece  de  fléure  tout  d’vne  suite, 
et  sans  interruption  d’autre  matière. 
Or  les  médecins  n’ont  pas  tousiours 
esté^  bien  d’accord  lors  qu’il  a  fallu 
assigner  les  especes  et  différences  des 
fléures  :  c’est  pourquoy  Galien  re¬ 
prend  les  anciens  pour  auoir  gran¬ 
dement  erré  en  ce  suiet  :  les  vns  pour 
auoir  mis  moins  de  différences  de 
fléures  qu’il  y  en  a ,  les  autres  pour 
auoir  rapporté  celles  qui  sont  acci¬ 
dentelles  au  lieu  des  essentielles  :  et 
les  autres  pour  auoir  supposé,  au  lieu 
des  différences  vtiles  et  necessaires, 
celles  qui  sont  purement  inutiles  et 


87 

sans  profit.  De  fait,  que  nous  appre¬ 
nons  que  les  vnsontprisla  différence 
des  fléures  de  leur  inuasion  ,  disans 
que  les  vues  prennent  sans  frisson , 
les  autres  auec  frisson  :  quelques-vns 
les  ont  prises  en  l’essence  ou  condi¬ 
tion  de  la  nature  de  la  fléure ,  asseu- 
rant  que  des  fléures  les  vnes  ont  vne 
chaleur  aiguë  et  mordante  au  toucher, 
les  autres  vne  chaleur  douce  ;  quel- 
ques-vnes  qui  paroissent  douces ,  et 
qui  se  font  sentir  peu  après  aigres  et 
mordantes  :  et  quelques  autres  enfin 
qui  semblent  aigres  et  aiguës ,  et  qui 
deuiennent  douces  à  la  main.  Il  y 
en  a  qui  prennent  la  différence  des 
fléures  de  l’intension  de  leur  chaleur, 
appellant  les  vnes  brmlantes ,  et  les 
autres  tiedes  et  debiles  :  ou  bien  les 
diuisent  selon  les  accidens  et  qualités 
qui  accompagnent  ladite  chaleur.  Par 
exemple,  ils  appellent  les  vnes  sei¬ 
ches  et  salées ,  les  autres  venteuses  et 
horribles  à  voir,  ils  en  nomment  quel¬ 
ques  autres  humideé ,  rouges ,  pasles , 
liuides  ,  malignes,  veneneuses ,  pesïi- 
léûtes^pop'tilaiHs,  lentes,  aiguës,  conta¬ 
gieuses  ,  et  ainsi  des  autres.  Bref,  plu¬ 
sieurs  croyent  que  la  distinction  des 
fléures  doit  estre  prise  des  humeurs 
dentelles  sont  faites,  et  par  consé¬ 
quent  que  les  vnes  sont  sanguines , 
les  autres  bilieuses,  les  autres  pitui¬ 
teuses  ou  phlegmaiiques ,  et  quelques 
autres  melancholiques.  Mais  pour  dire 
la  vérité  de  toutes  ces  différences ,  il 
n’y  en  a  pas  vne  qui  soit  sans  repre- 
hension ,  veu  qu’elles  sont  en  partie 
ou  superflues  ^  ou  défectueuses ,  ou 
inutiles ,  ou  de  peu  de  considération. 

Nous  auons  dit  cy-dessus  que  la 
différence  des  fléures ,  selon  Galien  , 
doit  estre  prise  du  suiet  ou  matière 
où  elles  s’allument  dans  noslre  corps, 
qui  sont  les  esprits,  les  humeurs,  et 
les  parties  solides,  d’où  il  résulté 


88 


LE  VINGTIjJjVIE  LIVRE 


trois  genres  de  fleures,  que  l’on  ap¬ 
pelle  spirikielle  ou  ephmere,  humo- 
rale,et  hectique;  la  première  desquel¬ 
les  s’allume  aux  esprits ,  la  seconde 
aux  humeurs ,  la  troisième  aux  par¬ 
ties  solides  :  et  il  n’y  a  aucune  autre  dif¬ 
férence  de  fleures  qui  ne  puisse  estre 
rapportée  à  l’vne  de  ces  trois,  comme 
nousverronsen  la  suite  de  ce  discours. 

l’adiousteray  toutesfois  pour  plus 
grand  esclaircissement  de  ceste  doc¬ 
trine  ,  et  pour  nous  accommoder  à  la 
capacité  des  ieunes  chirurgiens,  pour 
l’instruction  desquels  nous  auons  ra¬ 
massé  ces  préceptes  des  œuures  des 
meilleurs  autheurs  de  la  medecine , 
que  toutes  les  fléures  sont  ordinaires 
ou  extraordinaires.  l’appelle  ordinai¬ 
res  celles  qui  sont  communes  et  vul¬ 
gaires  ,  et  n’ont  rien  que  les  accidens 
communs  qui  les  accompagnent  sou- 
uent  et  fréquemment ,  sans  soupçon 


d’vne  cause  plus  cachée,  ou  d’effets 
prodigieux  et  estranges.  Les  extraor¬ 
dinaires  sont  celles  qui  ont  quelque 
chose  par  de-là  les  communes ,  soit 
en  leur  cause ,  ou  en  leurs  effets ,  ou 
en  leurs  accidens ,  ou  en  quelque  au 
fre  chose  qui  les  accompagne,  comme 
sont  les  fléures  pestilentes ,  les  epi- 
demiques,  la  sueur  d’Angleterre,  etc. 
Pour  les  ordinaires  elles  sont  essen¬ 
tielles  ou  symptomatiques  :  les  es  en- 
tielles  sont  ainsi  appellées  à  cause  de 
leur  origine  qui  vient  d’elles  mesmes, 
et  non  en  suite  d’vn  autre  mal,  com¬ 
me  d’vne  inflammation  de  quelque 
partie ,  ainsi  que  font  les  symptoma¬ 
tiques.  Or  ces  fléures  essentielles  sont 
de  trois  especes,  ephemeres,  humorales.^ 
et  hectiques ,  desquelles  nous  allons 
I  parler  particulièrement,  commençant 
aux  ephemeres. 


Les  fléures  sont,  ou) 


t  Ordinaires,  et  c’est  ou  <  ^ 


,  /  Ephemeres,  chap.  7. 

\  Essentielles,  et  sont  trois.  <  Humorales,  chap.  8. 
I  NÆ'ecaques.  chap.  3'». 

■\  \Sympiomaliques.  chap.  35. 

\  Extraordinaires,  chap.  36. 


CHAPITRE  VIL 

■DES  FIEVRES  EN  PARTICVLTER,  ET  PRE¬ 
MIEREMENT  DE  LA  FIEVRE  EPHEMERE 

Après  auoir  parlé  des  fléures  en  ge¬ 
neral  ,  il  faut  descendre  au  particu- 

‘  Ce  chapitre  répond  au  chapitre  deuxième 
du  livre  primitif,  et  ce  chapitre  deuxième 
avait  lui-même  passé  en  très  grande  partie 
dans  le  onzième  chapitre  du  livre  des  Tu¬ 
meurs  en  general  dès  l’édition  de  1579.  Nous 
aurons  donc  à  instituer  dans  ces  notes  une 
double  collation ,  pour  indiquer  tes  portions 
du  texte  qui  ont  varié  ou  qui  sont  restées  les 
mêmes  dans  ces  diverses  publications. 


lier  d’icelles,  et  commencer  à  celle  qui 
est  la  moins  périlleuse  et  de  moindre 
durée.  C’est  Vephemere,  ou  iourna- 
liere,  ainsi  appellée  poureequede  sa 
nature  elle  parfait  son  cours  et  son 
temps  en  vn  seul  accès ,  qui  ne  dure 


O- Heu¬ 
res,  qui  est  l’espace  d’vn  iour  naturel 
ce  qui  a  pareillement  fait  qu’elle  à 
esté  nommée  diaire,  qui  vaut  autant  à 
dire  chez  les  Latins  qu'ephemerechez 
lesGrecs,  etiournaliere  aux  François. 
Cy-deuant  nous  l’auons  appellée  sp/- 
ritue  le  ou  spxritueuse,  d’autant  qu’elle 
s  allume  aux  esprits  du  cœur,  qui 

On  peut  doncladcfinir,  m.  mlempe- 


DIS  FIEVRES. 


rature  chaude  et  seiche  allumée  aux  es¬ 
prits  vitaux,  par  l’espace  de  vingt-qua¬ 
tre  heures  seulement.  Son  temps  est 
fort  court,  parce  qu’estant  allumée 
aux  esprits,  comme  en  \ne  matière 
ténue,  subtile  et  fort  aisée  à  dissiper, 
elle  ne  peut  subsister  d'auantage  :  ne 
plus  ne  moins  que  nous  voyons  que  le 
feu  qui  se  prend  à  la  paille,  ou  à  quel¬ 
que  autre  matière  deliée  et  sublile, 
s'tsteint  incontinent  et  est  de  fort  peu 
de  durée. 

Sa  cause  est  tousiours  externe ,  et 
vient  de  dehors  ,  appelée  pour  ce  su- 
iet  des  médecins  Prvcalhartique  :  c’est 
pourquoy  elle  est  fort  diuerse ,  bien 
qu’elle  se  puisse  rapporter  à  quatre 
chefs  principaux ,  sçauoir  ;  première¬ 
ment  aux  choses  de  dehors  qui  tou¬ 
chent  le  coi-ps  extérieurement  :  secon¬ 
dement  aux  choses  qui  entrent  dans 
le  corps  :  tiercement  aux  choses  qui 
apportent  passion  et  alteration  à  l’es¬ 
prit  ou  au  corps ,  ou  ensemble  à  l’vn 
et  à  l’autre  :  en  quatrième  lieu  aux 
symptômes  et  accidens  contre  na¬ 
ture.  Au  premier  point  se  rapporte 
l’air  chaud  et  estouffant ,  l’air  trop 
froid  et  trop  sec,  les  bains  d’eau 
froide  ou  alumineuse,  qui  poures- 
touper  ies  pores  du  cuir  eschauffent 
les  esprits  par  accident.  Au  second 
appartiennent  les  alimens  et  les  me- 
dicaraens  chauds  et  acres ,  le  vin ,  les 
espices  et  choses  semblables ,  mesme 
les  alimens  bien  tempérés,  mais  pris 
en  trop  grande  quantité  et  sans  me¬ 
sure.  Le  troisième  comprend  tous  les 
mouuemens  et  changemens  naturels, 
comme  la  faim ,  la  soif,  la  lassitude , 
ire ,  fureur  ,  tristesse ,  longues  veil¬ 
les,  etc.  Le  quatrième  regarde  prin¬ 
cipalement  la  douleur,  qui  pour  estre 
vu  symplome  Ires-ordinaire,  ne  laisse 
pas  pour  cela  d’eschauffer  grande- 
metït  les  esprits,  et  introduire  en 


iceux  une  intempérie  chaude  et  sei¬ 
che.  En  vn  mol ,  toutes  les  causes 
nommées  cy-deuant ,  communes  à 
toutes  les  especes  de  fiéures,  peuuent 
exciter  la  fiéure  ephemere ,  excepté 
la  pourriture  ou  putréfaction  qui  est 
reseruée  seulement  pour  la  généra 
tion  des  fiéures  putrides  Le  bubon 

1  Tout  ce  début  ressemble  pour  les  idées 
au  début  du  chapitre  2  du  livre  primitif; 
mais  le  texte  en  est  un  peu  différent,  ainsi 
qu’on  va  en  juger. 

«  Cn.  II.  —  De  la  fieiire  ephemere. 

»  Fieure  ephemere  ou  diaire,  est  vne  in- 
temperature  chaude  et  seiche  allumée  és  es¬ 
prits  vitaux,  ainsi  nommee  quasi  comme 
iournaliere,  du  vocable  latin  dies,  qui  signi¬ 
fie  iour  :  parce  que  de  sa  nature  elle  parfait 
son  cours  en  vn  accez,  qui  ne  dure  pas  d’a- 
uantage  que  vingt  quatre  heures,  qui  est 
l’espace  d’un  iour  naturel,  et  ce  à  cause 
qu’elle  est  allumée  en  un  subiet  ténu ,  aisé¬ 
ment  et  en  peu  de  temps  dissipable ,  sça¬ 
uoir,  és  esprits. 

»  Les  causes  des  fieures  ephemeres  sont, 
lassitude,  ebrieté,  ire,  fureur,  tristesse, 
longues  veilles,  grande  refrigeralion ,  adus- 
tion,  baings,  mutation  de  vie  déclinant  à 
chaleur  par  application  ou  prise  dé  médica¬ 
ments  acres ,  comme  venins  ou  alimens 
chauds  :  bref  toutes  les  causes  nommées  cy 
deuant  causes  efficientes,  communes  à  toutes 
les  autres  especes  de  fieures,  peuuent  exci¬ 
ter  la  fieure  diaire,  excepté  la  seconde  appe¬ 
lée  pourriture  ou  putréfaction  :  car  icelle 
nous  auons  dit  estre  propre  seulement  pour 
la  génération  des  fieures  putrides.  » 

Le  texte  est  ensuite  presque  absolument 
le  même  jusqu'aux  endroits  signalés  dans 
les  notes  suivantes. 

Dans  le  livre  des  Tumeurs ,  il  avait  bien 
fallu  raitacher  au  phlegmon  l’histoire  de  ces 
fièvres  ;  en  conséquence  le  chapitre  commen¬ 
çait  ainsi  : 

«  Ch.  Xr.  —  Del  especes  des  fiéures  qui  sur- 

uiennent  au  phlegmon,  et  curntion  d’icelles. 

»  Entre  les  accidens  qui  plus  corn  mimé- 


LE  VINGTIEME  LIVRE 


mesmc ,  c’est-à-dire  l’inflammation  et 
phlegmon  des  glandules ,  ioint  auec 
vne  vlcere  manifeste,  et  prouenant 
d’vne  cause  manifeste ,  excite  ceste 
fleure  diaire  :  comme  au  contraire  , 
s’il  est  sans  vlcere,  prouenant  de  cause 
latente  et  intérieure  ,  comme  inflam¬ 
mation  et  auti-e  vice  de  partie  noble, 
cerueau  ,  cœur  et  foye ,  excite  vne 
autre  espece  de  fldure  ,  et  pire  que 
la  diaire ,  comme  escrit  Hippocrate 
en  l’Aphorisme  55.  du  liure  4.  où 
il -dit  ;  Les  fiéures  qui  suruiennent 
aux  tumeurs  des  glandules  sont  toutes 
müUgneê,  excepté  les  diaires.  Lequel 
aphorisme  toutesfois  n’est  pas  vray 
en  tout  et  par  tout  :  comme  il  est 
aisé  à  connoistre  par  les  bubons  qui 
suruiennent  aux  enfans ,  et  par  les 
bubons  veneriens,  lesquels,  bien 
qu’ils  soient  sans  vlcere  manifeste  , 

ment  accompagnent  les  phlegmons ,  et  plus 
generalement  affligent  les  malades,  sont  les 
fléures ,  c’est  à  dire,  inlemperatures  chau¬ 
des  et  seiches ,  excitees  et  allumées  au 
cœur,  et  d’iceluy  départies  à  tout  le  corps , 
par  les  conduits  des  arteres,  Icelles  au  phleg¬ 
mon  sont  ou  diaires,  ou  synoches  non  pu¬ 
trides,  ou  synoches  putrides.  Fiéure  est  vne 
ébullition  de  ferueur  et  d’inflammation , 
que  les  Grecs  appellent  Feu:  carde  quelque 
espece  que  ce  soit,  est  tousiours  fondée  en 
chaleur  contre  nature.  De  la  nature  et  cuj 
ration  desquelles  ie  diray  icy  briefuement 
ce  que  i’en  ay  apprins  de  messieurs  nos 
maistres  les  Docteurs  en  medecine,  auec  les¬ 
quels  i’ay  hanté  et  pratiqué. 

«  Fieure  ephemere  ou  diaire,  etc.  » 

A  partir  de  cet  endroit,  le  texte  suivait  à 
très  peu  près  celui  de  l’édition  primitive; 
seulement,  à  la  fin  du  premier  paragraphe, 
après  ces  mots,  és  esprits,  l’auteur  ajoutait  : 
et  ne  gisl  point  en  pourriture ,  mais  en  vn  es¬ 
prit  exhalatif  embrasé.  De  même  au  deuxième 
paragraphe,  parmi  les  causes  de  ces  fièvres , 
il  ajoutait  :  la  faim,  densalion  ou  aslriclion  de 
cuir.  Et  enfin  ,  là  même  où  le  texte  primitif 


sont  toutesfois  ordinaifement  sans 
fleure  dangereuse:  aduertissement 
que  doit  bien  noter  le  ieune  chirur¬ 
gien. 

Les  signes  communs  de  la  fiéure 
ephemere  sont ,  chaleur  douce ,  haü- 
teuse  et  suaue  à  rattouchement  :  le 
pouls  viste  et  frequent ,  quelquesfois 
grand  et  fort,  quand  la  diaire  est 
causée  de  courroux  et  de  fureur ,  au¬ 
tres  fois  petit  lors  qu’elle  est  causée 
de  fascherie,  tristesse,  faim,  froid, 
crudité ,  au  reste  égal  et  bien  réglé. 
Les  signes  Ires-certains  et  pathogno¬ 
moniques  sont ,  si  la  fiéure  est  sur- 
uenue  non  lentement  et  peu  à  peu , 
mais  subitement  et  inopinément  de 
quelque  cause  externe  et  euidente , 
sans  que  le  malade  aye  esté  premiè¬ 
rement  degousté  ,  sans  auoir  senti 
vne  lassitude  spontanée,  sans  pro- 

et  le  texte  posthume  se  rejoignent ,  à  l’occa¬ 
sion  du  bubon,  lè  texte  intermédiaire  était 
un  peu  différent  : 

«  Le  bubon  mesme ,  c’est  a  dire  l’inflam¬ 
mation  et  phlegmon  des  glandules ,  excite 
cette  fiéure,  selon  l’aphorisme  qui  dit ,  que 
les  fiéures  qui  suruiennent  aux  tumeurs  des 
glandules  sont  toutes  malignes ,  excepté  les 
diaires.  Lequel  aphorisme  doit  estre  bien 
entendu,  et  pris  auec  la  distinction  de  Ga¬ 
lien  ,  disant  cela  s’entendre  seulement  des 
tumeurs  qui  viennent  aux  glahdules  sarts 
cause  manifeste.  Car  autrement,  les  fiéures 
qui  en  suruiennent  ne  sont  tousiours  dan¬ 
gereuses  :  comme  nous  voyons  par  les  bu¬ 
bons  qui  suruiennent  souuent  aux  enfans, 
et  par  les  bubons  veneriens  ,  qui  sont  sans 
inflammation  ,  ou  corruption  de  foye  :  car 
tels  sont  ordinairement  sans  fiéure  dange¬ 
reuse  ;  aduertissement  que  duit  bien  nuter 
le  leune  chirurgien.  » 

Et  enfin  un  peu  plus  loin,  cette  phrase  du 
texte  actuel  qui  se  retrouve  aussi  dans  le 
texte  primitif  :  ie  ne  fais  mention  des  vrines, 
se  trouvait  supprimée. 


DES  Ï'IÉVBES. 


fond  soîümeil,  oscitation  et  bâille¬ 
ment  ,  sans  grande  douleur ,  sans 
lactation  du  corps  et  inquiétude,  sans 
horreur  et  grand  frisson ,  bref  sans 
aucun  autre  fascbeux  symptôme.  le 
ne  fais  point  icy  mention  des  vrines, 
pour  les  causes  que  i^ay  dites  cy-de- 
uant ,  et  aussi  à  raison  que  le  plus 
souuent  en  ces  fleures  icy  les  vrines 
sont  semblables  à  celles  des  sains  :  ou¬ 
tre  qu’en  si  peu  de  temps  quelesdites 
fleures  durent,  il  ne  se  peut  faire 
gratid  changement  de  la  masse  du 
sang  ,  de  laquelle  l’vrine  donne  con- 
noissance ,  et  non  des  esprits  qui  sont 
lès  propres  suiets  des  fléures  epheme- 
res.  Cy-dessus  i’ay  dit  qUe  ceste  flé- 
ure  n’a  qu’vn  accès ,  lequel  dure  vn 
iour  de  sa  propre  nature,  combien 
qu’il  s’estende  quelquesfois  iusques  à 
trois  ou  quatre  lours  :  et  alors  elle  se 
change  facilement  et  dégénéré  eu 
fléure  putride,  si  quelque  erreur 
suruient,  ou  par  le  defaut  du  malade, 
ou  par  quelque  autre  chose  exté¬ 
rieure.  Elle  desîne  et  Se  termine  ou 
par  insensible  transpiration ,  ou  par 
vue  moiteur  etsueUr  naturelle,  douce 
et  non  fetide  ou  puahte  *  :  en  sorte 
qu’elle  ne  laisse  après  elle  aucun 
symptotne  ny  accident  de  ceux  qui 
ont  accoustumé  d’accompagner  les 
fléures ,  ou  de  leur  suruiure. 

L’ordre  de  la  cure  de  ces  fiéureS  est 
double,  general  ou  commun,  et  par¬ 
ticulier  à  chaque  fléüre.  La  cure  ge¬ 
nerale  consiste  és  six  choses  non  na- 

1  Le  paragraphe  s’arrêtait  ici  à  la  fois  dans 
l’édition  de  1575  et  dans  celle  de  1579  j  et  de 
même  aussi  le  suivant  reprenait  directement 
par  ces  mots  ;  La  mre  generqle ,  etc.  Mais  il 
faut  ajouter  que  dans  te  chapitre  de  1570  ces 
deux  paragraphes  se  trouvaient  séparés  par 
une  descriptiort  do  la  lièvre  synoque  norr  pu¬ 
tride  ,  que  nous  retrouverons  plus  loin  au 
chapitre  0. 


91 

turelles ,  qu’on  doit  ordonne!’  par  là 
voye  de  contrariété  à  la  cause  desdi¬ 
tes  fléures.  En  premier  lieu,  les  bains 
d’eau  tiede  et  naturelle  sont  très- 
vtiles,  pourueu  que  le  malade  ne  soit 
point  pléthorique,  plein  d’excremens, 
ou  autrement  suiet  à  catarrhes  et 
defluxions  :  pource  qu’eU  fondant  et 
liqueflant  les  humeurs ,  et  en  relas- 
chant  les  parties,  on  serOit  cause 
d’exciter  ou  augmenter  le  catarrhe  : 
c’est  aussi  pourquoy  en  tel  accident 
on  doit  euiler  les  frictions  et  onctions 
faites  auec  les  hiiiles  tiedes,  qui  d’ail¬ 
leurs  sont  fort  vtilês  à  ces  fléures , 
principalement  quand  elles  sont  cau¬ 
sées  par  trauâil  excessif ,  par  adstric- 
lion  des  pores,  et  par  lès  bubons  ‘.Que 
la  nourriture  soit  rafraîchissante  et 
humectante,  faite  de  viandes  legeres, 
de  bon  suc ,  et  aisées  à  cuire  et  à  dis¬ 
tribuer,  Pour  le  boire  oîi  peut  donner 
de  petit  vin ,  et  bien  trempé ,  d’autant 
qu’il  rafraîchit ,  prouoque  les  vrines 
et  les  sueurs ,  humecte  èt  fortifie  l’es- 
tomach  ,  et  recrée  les  esprits.  Qu’on 
se  donne  loütesfois  bien  garde  de  le 
donner  lorsqu’il  y  aura  douleur  de 
teste  ,  et  quand  la  fléure  sera  excitée 

1  Le  texte  variait  ici  en  1575  et  en  1579. 
On  lisait  : 

«  Au  rèste  que  cesté  règle  té  Soit  genètalé, 
d’opposer  à  chaque  cause  dont  ceste  fleure 
aura  esté  excitee ,  son  contraire  pour  re- 
mede,  comme  au  trauail  le  repos,  aux  veilles 
le  dormir,  à  la  colore  etfascherie  toutes  cho¬ 
ses  plaisantes  ,  propos  ioyeux  et  récréatifs  : 
au  bubon  la  curation  de  l’vlcere  dont  il  aura 
esté  excité ,  en  apres  celle  du  bqbon ,  enfin 
de  la  fleure.  Le  vin  médiocrement  trempé , 
selon  la  coûstume  du  malade ,  est  vtile  en 
toutes  les  causes  de  la  fleure  diaire,  excepté 
quand  il  y  aura  douleur  de  teste ,  quand  elle 
est  excitee  de  courroux ,  et  d’vn  bubon,  etCi  » 

Dans  son  nouveau  traité,  il  a  réservé  cette 
règle  générale  pour  la  conclusion  du  cha* 
pitre. 


9*-^  I-E  VlNGTi: 

de  courroux  el  d’vji  bubon:  car, 
principalomenl  en  ces  derniers  cas  , 
il  faut  retrancher  tout  à  fait  le  vin  , 
iusques  à  tant  que  l’inflammalion 
ayant  passé  son  estât  vienne  en  sa 
déclinaison 

Pour  la  cure  particulière ,  il  faiit 
tenir  pour  réglé  asseurée  qu'à  chaque 
cause  qui  aura  excité  la  fiéure ,  il  est 
necessaire  d’opposer  son  contraire 
pour  remede ,  comme  au  trauail  le 
repos,  aux  veilles  le  dormir,  à  la 
cholere  et  fascherie,  toutes  choses 
plaisantes  et  agréables, propos  ioyeux 
et  récréatifs  ;  au  bubon  la  curation  de 
l’vlcere  dont  il  aura  esié  excité  ,  en 
après  celle  du  bubon,  et  enfin  celle  de 
la  fiéure.  le  ne  parle  point  icy  ny  de 
la  saignée,  ny  de  la  purgation ,  d’au¬ 
tant  que  la  fiéure  estant  courte ,  sans 
péril,  et  sans  l’impuretédu  sang  et  des 
humeurs  ,  tels  remedes  genereux  se- 
roient  icy  hors  de  saison. 


CHAPITRE  VIII. 

DE  LA  FIÉVBE  HVIVIORALE,  ET  DE  SES 
DIFFEEENCES. 

Pour  esclaircir  les  différences  des 
fiéiires ,  il  est  besoin  de  s’arrester  au 

1  Ici  se  lerminaitle  chapitres  du  livre  pri¬ 
mitif.  Lecliapitre  11  du  livre  des  Tumeurseii 
ÿe//era/ n’étant  pas-uniquement  consacré  aux 
fièvres  diaires,  se  terminait  par  un  long  ar¬ 
ticle  sur  \esfiéuressynoches  putrides  ;maL\s‘dn- 
paravant  il  contenait  ce  court  paragraphe 
qui  a  encore  rapport  à  la  fièvre  diaire,  et 
qui  n’a  pas  été  reproduit  dans  le  livre  pos¬ 
thume  : 

«  Geste  sorte  de  fiéure  trauaille  assez  sou- 
uent  les  petits  enfans.  (.ors  donc  leurs  nour¬ 
rices  doiuent  estre  pensees  comme  si  elles 


blE  LIVIIE, 

précepte  de  Galien ,  qui  nous  aduer- 
tit  que  la  fiéure  ayant  son  siégé  dans 
le  cœur,  elle  ne  peut  auoir  plus  de 
différences  qu’il  y  a  de  parties  dans 
iceluy.  Or  est-il  que  dans  le  cœur 
nous  n’y  considérons  que  trois  parties, 
scauoir  le  corps  et  la  substance  du 
cœur,  les  humeurs  qui  sont  conte¬ 
nus  dans  iceluy,  et  qui  seruent  à  le 
nourrir  ;  et  enfin  les  esprits  vitaux , 
qui  sont  continuellement  engendrés 
en  iceluy.  Partant  il  ne  peut  y  auoir 
plus  de  trois  genres  de  fiéures ,  dont 
la  première  est  allumée  comme  il  a 
esté  dit  dans  la  propre  substance  du 
cœur  ;  la  seconde  aux  humeurs  d’i- 
celuy  :  et  la  troisième  aux  esprits. 
Nous  auons  parlé  decestederniere  en 
premier  lieu  ,  comme  la  moins  péril¬ 
leuse  et  la  plus  seure.  Il  faut  parler 
maintenant  de  celle  qui  s’allume  aux 
humeurs ,  et  qui  pour  ce  suiet  est 
nommée  humorale  :  qui  à  vray  dire 
n’est  autre  chose  qu’vne  intempérie 
chaude  et  seiche  introduite  dans  les 
humeurs  du  cœur.  Or  nous  ne  par¬ 
lons  point  du  moyen  que  ceste  intem¬ 
périe  s’introduit ,  sçauoir  si  c’est  par 
simple  alteration ,  ou  par  putréfac¬ 
tion  et  pourriture.  Car  lors  que  nous 
viendrons  à  parler  des  causes  de  cha¬ 
que  espece  de  fiéure  humorale,  ceste 
difficulté  sera  esclaircie.  Il  faut  donc 
parler  de  toutes  les  especes  de  ceste 
fiéure  ,  et  en  faire  vn  dénombrement 
le  plus  méthodique  que  faire  se  pour¬ 
ra,  estant  vne  chose  tellement  obs¬ 
cure  et  embroüillée  dans  les  au- 
theurs,  que  si  ie  n’y  apporte  de 
l’ordre ,  il  sera  impossible  au  ieune 

mesmes  auoyent  la  fiéure,  à  fin  de  rendre 
leur  laict  médicamenteux.  Il  sera  aussi  bon 
de  baigner  l’enfant ,  et  apres  le  bain  ,  l’oin¬ 
dre  d  huile  violât  le  long  de  l’espinc  du  dos 
et  poiclrine.  » 


Des  î'iévrès. 


fihirargien  d’entrer  en  la  connois- 
sance  d’vn  si  grand  nombre  de  fié- 
ures  qui  sont  rapportées  à  cette  es¬ 
pece. 

Or  i’estime  que  ceste  fiéure  estant 
nommée  du  nom  des  humeurs,  elle 
peut  estre  premièrement  diuisée  en 
autant  de  différences  qu’ii  y  a  d’hu¬ 
meurs.  C’est  pourquoy  ayant  quatre 
humeurs  en  nostre  corps ,  le  sang,  la 
bile ,  la  pituite  et  la  melancholie ,  il 
y  aura  par  conséquent  quatre  genres 
de  fiéures  humorales,  la  sanguine ,  la 
bilieuse  ,  la  pituiteuse,  et  la  melancho- 
lique.  Que  si  ladite  fiéure  est  seule  et 
simple,  sans  estre  meslée  auec  vne 
autre  fiéure ,  alors  ceste  fiéùre  s’ap¬ 
pellera  simple  humorale  généralement 
parlant,  et  en  particulier  se  fera 
nommer  d’vn  nom  propre  et  conue- 
nable  à  sa  nature.  Que  si  elle  se  raes- 
le  auec  deux  ou  plusieurs  fiéures  en¬ 
semble,  pour  lors  elle  sera  compliquée 
ou  composée^  et  sera  appellée  des  noms 
qui  seront  rapportés  cy-dessous. 

Voila  en  general  la  diuision  des 
fiéures  humorales.  Pour  le  parti¬ 
culier  ,  la  fiéure  qui  vient  du  sang 
est  appellée  synoque ,  et  est  tous- 
iours  continue ,  n’ayant  qu’vn  accès 
depuis  son  commencement  iusques 
à  sa  fin  :  mais  quelques  fois  elle  a 
des  exacerbations ,  c’est  à  dire  que 
sa  violence  redouble  par  certains 
périodes ,  et  se  fait  sentir  auec  plus 
de  vehemence  et  de  chaleur.  Que  si 
le  sang  dont  elle  se  fait  est  seulement 
eschauffé  contre  nature ,  sans  qu’il  se 
pourrisse ,  alors  ceste  fiéure  est  nom¬ 
mée  simple  synoque:  mais  si  elle  se 
fait  par  pourriture  et  putréfaction , 
pour  lors  elle  s’appelle  synoque  pour¬ 
rie  ,  laquelle  toutesfois  et  quantes 


93 

qu’elle  a  des  ex-acerbations  qui  vont 
en  croissant  et  deuançant,  .s'appelle 
Epacmastique  et  Ânauatique ,  c’est  à 
dire  croissante  et  deuançante.  Que  si 
elle  en  a  qui  aillent  en  diminuant, 
elle  est  nommée  Paracmasiique.  Que 
si  elle  garde  vn  mesme  degré  de  cha¬ 
leur  et  de  vehemence  depuis  le  com¬ 
mencement  iusques  à  la  fin  ,  elle  est 
appellée  Homotone  et  Acmastique. 
Voila  pour  la  fiéure  du  sang 

La  bilieuse  est  continue  ou  inter¬ 
mittente,  c’est  à  dire ,  ou  qu’elle  n’a 
iamais  interruption  depuis  le  com¬ 
mencement  iusques  à  la  fin ,  ou  bien 
qu’ell-e  cesse  tout  à  fait  par  certains 
interualles.  La  continue  est  double  , 
l’ardente  ou  causonide,  et  la  tierce  con¬ 
tinue.  L’intermittente  pareillement 
est  double ,  la  tierce  vraye  et  la  tierce 
baslarde. 

La  fiéure  pituiteuse  a  trois  especes, 
la  quotidiane,  l'epiale  et  la  lypirie. 
La  quotidiane  est  intermittente  ou  con¬ 
tinue  :  celle-là  est  la  quotidiane  vraye, 
ou  la  quotidiane  has'arde  :  celle-cy 
est  appellée  quotidiane  continue. 

La  melancholique  est  continue  ou  in¬ 
termittente  :  celle-là  se  nomme  quarte 
continue  :  celle-cy  est  ou  quartaine , 
ou  quint  aine  on  seætaine ,  etc.,  des- 
tpielles  la  quai  taine  est  ou  vraye  ou 
bastarde. 

Voila  pour  ce  qui  est  des  fiéures 
humorales  simples.  Les  composées 
sont  plusieurs ,  la  detny  tierce ,  ou  he- 
mitritée,  les  doubles  tierces,  les  dou¬ 
bles  et  triples  quartes,  et  les  fiéures 
appelées  confuses,  desquelles  nous 
parlerons  amplement,  après  que  nous 
aurons  expliqué  par  le  menu  chaque 
espece  de  fiéure  humorale ,  que  nous 
I  auons  racourcies  en  ce  tableau. 


^4 


LE  VINGTIEME  LIVRE, 

/Sang,  d’où  vient  la  / Synoqm  simple.  )  §■ 

I  j  chap.  9.  _  )jr,>acmastfqtie.}.S 

)  Svnoque  pourrie.  1  Paracmaslique  ) 

\  chap.  15.  V  P 

i,  .\Vraye.  chap.  19. 

//UeraideiUÊlieweetest  çh.  22. 

.J  ,  j  Causonide.  ch.  23. 
Commue  et  est  double  ^  j'iercecontimec,2i 

Çuoti-  j  Mermirnnte  |  '  1  chap.  25. 

Continue  (  Quolidiane  continue)  c.  26. 


/Simple  et.  .  . 
/sè  fait  de\ Pituite 
'  let  est 


diane. 

Epiale. 

Lypirie. 


chap. 27. 


La  fiéure  humorale\ 


j  Intermil- 
Melancholie  ,  et  .est(  tente. 


\  . 


,  Demi  tierce.  1 

1  Double  tierce,  | 

1  Composée  < 

i  Double  et  triple  t 

quarte.  1 

\  ' 

k  Confuse.  } 

Quar-  !  F raye,  j  50 
tmme.  t  Bastarde  ‘ 

>  Qtiinlaine. 
iSextaine.  V 

1  Cktaine ,  etc.  ) 

Continue  (  Quarte  continue.  )  c.  30. 


,ch.  29. 


]  chap.  31 . 


}  chap.  33. 


CHAPITRE  IX.  j 

DB  LA  FIÈVRE  SVNOQUE  SIMPLE  K 

Entre  les  fiéures  qui  se  font  de  la 
masse  du  sang,  ou  du  sang  le  plus  pur 
qui  soit  dans  les  humeurs ,  est  la  flé- 
ure  synoque  simple ,  ainsi  appellée  à 
la  différence  de  la  synoque  pourrie  : 
celle-là  se  faisgint  seulement  par  l’in- 

1  Le  livre  primitif  ne  parlait  pas  de  cette 
fièvre,  sinon  dans  une  courte  parenthèse  pla¬ 
cée  à  la  fin  du  chapitre  3  (voyez  ci-après  la 
note  1  delà  page  102);  mais  l’auteur  y  avait 
consacré  un  paragraphe  spécial  dans  le  cha¬ 
pitre  11  du  livre  des  'Fumeurs. 

«  Les  fiéures  synoches  non  putrides,  s’en¬ 
gendrent  de  sang  non  corrompu,  mais  seu¬ 
lement  eschauffé  outre  mesure  ,  faisant 
grande  euaporation  par  tout  le  corps.  D’où 
vient  que  les  veines  se  monstrent  enüees,  la 


tlammation  eteschauffementdu  sang, 
et  celle-cy  par  la  putréfaction  qui 
s’introduit  en  iceluy-  Quelques-vns 
confondent  la  première  auec  l’ephe- 
mere  qui  dure  plusieurs  jours ,  et  qui 
pour  ce  suiet  est  improprement  ap¬ 
pellée  diaire.  Or  se  faisant  du  plus 
pur  sang  du  corps,  qui  est  grande¬ 
ment  vaporeux,  elle  fait  paroistre 

face  enflambee,  les  yeuï  rouges  et  ardans, 
l’expiration  chaude  ,  toute  l’habitude  du 
corps  humide  :  le  tout  à  raison  de  l’ebulU- 
tion  du  sang  et  desdites  vapeurs ,  qui  est 
cause  que  telle  fiéure  quetquesfois  est  appel- 
tee  humorale.  Les  petits  enfans  y  sont  sub- 
iets,  comme  aussi  toute  personne  sanguine 
sans  cacochymie.  La  façon  de  guarir  telle 
fiéure  est  semblable  à  la  euro  de  la  fiéure 
diaire.  Parquoy  ce  que  nous  dirons  de  l’vnc 
se  pourra  accommoder  à  l’autre ,  sinon  que 
la  saignee  est  icy  bien  requise.  » 

Ce  paragraphe  était  placé  avant  celui  qui 
traitait  de  la  curation  de  la  fièvre  diaire. 
Voyez  la  note  1  do  la  page  91. 


DES  FIÈVRES. 


les  veines  et  tout  le  corps  comme 
bouffi  et  enflé ,  ce  qui  a  donné  occa¬ 
sion  à  quelques  médecins  arabes  de 
l’appeller  sinocus  inflatiua  ,  synoque 
enflante  et  bouffante.  Ce  genre  de 
fiéure,  pour  n’auoir  qu’vn  accès  de¬ 
puis  Je  commencement  iusques  à  sa 
fin ,  et  pour  auoir  vn  mesme  degré  de 
chaleur  en  tout  le  temps  qu’elle  dure, 
sans  accroissement,  sans  diminution, 
est  mis  au  rang  des  tîéures  que  l’on 
appelle  continues ,  c’est  à  dire ,  qui 
durent  sans  cesser,  depuis  le  premier 
point  de  leur  inuasion  iusques  au 
dernier  point  qu’elles  finissent ,  sans 
aucune  interruption  ou  relasche,  ainsi 
qu’il  arriue  aux  fiéures  que  l’on 
nomme  intermittentes.  le  ne  m’ar- 
reste  point  à  expliquer  les  différences 
que  l’on  apporte  entre  les  fiéures 
continues  et  continentes  ,  que  l’on  dit 
continuas  et  continentes.^  et  par  les 
Grecs  CTVVgXVÇ  et  Œvvtxsf?.  le  me  conten- 
teray  d’aduertir  le  ieune  chirurgien 
qu’il  y  a  deux  sortes  de  continues, 
l’vne  qui  garde  iousiours  vn  mesme 
estât  et  degré  de  chaleur  depuis  son 
commencement  iusques  à  sa  fin,  telle 
que  l’on  peut  dire  estre  la  fiéure  sy¬ 
noque  simple  :  et  l’autre  qui  ne  garde 
pas  tousiours  vn  mesme  estât ,  mais  | 
quelqu’esfois  augmente  de  chaleur, 
autresfois  diminue ,  par  fois  a  des 
exacerbations  et  redoublemens ,  et 
par  fois  a  des  remissions  et  diminu¬ 
tions  :  et  telles  sont  toutes  les  fiéures 
putrides. 

De  tout  ce  discours,  nous  tirons 
ceste  conclusion  pour  l’intelligence 
de  la  fiéure  synoque  simple,  que 
c’est  vne  fiéure  continue  d’vn  seul  ac¬ 
cès  ,  allumée  dans  les  esprits  et  dans  la 
partie  la  plus  ténue  et  subtile  du  sang. 
Elle  est  continue,  à  cause  que  le  sang 
allumé  dans  toutes  les  veines  et  ar¬ 
tères  du  corps ,  ou  à  tout  le  moins 


95 

dans  les  plus  grandes ,  communique 
continuellement  la  ferueur  au  sang 
du  cœur  :  ce  qui  ne  se  ferolt  pas  si  ce 
sang  n’estoit  contenu  que  dans  les  pe¬ 
tites  veines,  ou  en  celles  qui  sont  gran¬ 
dement  esloignées  du  cœur.  Fay  dit 
qu’elle  n’auoit  qu’rjn  accès,  d’au¬ 
tant  qu’elle  est  tousiours  en  mesme 
estât  depuis  son  commencement 
iusques  à  sa  fin ,  encore  bien  que 
quelqùes-vns  la  diulsent  en  Homo- 
tone  ou  Acmastique ,  Epacmastique 
ou  Anabatique,  et  en  Paracmastique , 
que  les  Latins  disent  Æquales ,  Cres- 
centes,  Decrescentes.  Car  si  la  chaleur 
demeure  tousiours  égalé  du  com¬ 
mencement  iusques  à  la  fin ,  c’est  à 
dire  si  ce  qui  transpire  et  sort  par  les 
pores  du  corps ,  qui  sont  vapeurs  et 
fumées  esleuées  du  sang  eschauffé 
et  bouillant  dans  les  veines ,  est  pro¬ 
portionné  iustement  à  ce  qui  est  al¬ 
lumé  dans  les  vaisseaux  du  sang,  elle 
sera  homotone  ou  égalé  :  ie  veux 
dire  qu’elle  demeurera  tousiours  en 
mesme  et  pareil  estât  tandis  qu’elle 
durera.  Mais  si  les  fumées  qui  s’eua- 
porent  sont  en  moindre  quantité  et 
proportion  que  ce  qui  est  allumé  dans 
les  vaisseaux,  alors  elle  sera  epacmas¬ 
tique  ou  croissante:  i’enlens  que  sa 
chaleur  ne  sera  pas  tousiours  égalé  , 
mais  redoublera  et  augmentera  con¬ 
tinuellement  iusques  à  sa  fin.  Que  si 
enfin  les  vapeurs  s’exhalent  en  plus 
grande  quantité  qu’il  ne  s’allume  de 
sang  dans  les  vaisseaux ,  pour  lors 
elle  sera  paracmastique  ou  décroissante, 
et  reconnoistra-on  que  sa  chaleur  ira 
tousiours  en  s’abaissant  et  diminuant 
du  commencement  iusques  à  sa  fin. 
Et  de  là  aussi  on  remarquera  en  quels 
corps  et  en  quel  estât  elle  sera  moins 
ou  plus  périlleuse.  Car  aux  corps  ra¬ 
res,  poreux  et  maigres  quis’euapo- 
rent  aisément ,  elle  est  moins  dange- 


LE  VI!NGTi:ÉME  LIVRE) 


96 

reuse  et  beaucoup  plus  courte  :  aux 
gras ,  pleins ,  charneux  et  espais ,  qui 
n’ont  que  peu  ou  point  de  transpira¬ 
tion  ,  elle  est  plus  longue  et  dange¬ 
reuse.  Aussi  si  elle  est  paracmastique, 
elle  est  plus  courte  et  plus  douce  :  si 
elle  est  hoinolone ,  elle  l’est  moins 
que  la  première,  mais  plus  que  l’epac- 
mastique ,  laquelle  est  la  plus  longue 
de  toutes  et  la  plus  dangereuse,  d’au¬ 
tant  qu’elle  dégénéré  souuent  en 
la  synoque  putride,  qui  n’est  gueres 
sans  péril. 


CHAPITRE  X. 

DES  CAVSE8  ET  SIGNES  DE  LA  SYNOQVE 
'  SIMPLE. 

La  cause  de  ceste  fleure  que  l’on 
appelle  co.dûnU  et  inséparable^  qui  est 
celle  laquelle  par  sa  presence  fait  et 
conserue  la  fiéure ,  et  par  son  absence 
ro.4e  et  fait  cesser  :  telle  cause,  dis-ie, 
de  ceste  fiéure  n’est  autre  chose  que 
la  ferueur  des  esprits  etdu  sang  retenu 
dans  tous  les  vaisseaux,  ou  à  tout  le 
moins  dans  les  plus  grands  qui  sont 
contenus  entre  les  aisselles  et  les  ais- 

nes ,  laquelle  venant  à  se  communi¬ 
quer  au  cœur,  luy  imprime  ses  pro¬ 
pres  qualités ,  qui  sont  la  chaleur  et, 
la  seicheresse  :  ou  pour  le  dire  en  vu 

mot,  vne  intempérie  chaude  et  seiche. 
Ceste  ferueur  est  introduite  au  corps, 
comme  veulent  quelques- vns,  par  les 
mesmes  causes  qui  font  la  fiéure 
Ephemere;  ou  pour  mieux  dire  parla 
constipation  et  obstruction  des  pores 
qui  sont  au  cuir,  et  ensuite  par  l’es- 
louftément  de  la  chaleur  naturelle, 
lors  que  la  transpiration  est  einpes- 
chée,  en  sorte  qu’elle  ne  reçoit  pas  de 
l’air  qui  nous  enuironne  le  rafrai- 


chissement  accoustumé  que  nous  eu 
relirons.  Ce  rafraichissemcnt  icy 
defaillant ,  les  fumées  qui  s’exhalent 
continuellement  du  sang  demeurimt 
enfermées ,  par  conséquent  remplis¬ 
sent  les  vaisseaux ,  rendent  le  sang 
pesant,  lourd  et  moins  fluide ,  estou- 
pent  pareillement  les  petits  trous 
dont  le  cuir  est  plein  :  et  enfin  à  la 
longue  apportent  la  pourriture  au 
sang  ,  comme  il  arriue  aux  synoques 
putrides.  Mais  en  ceste  fiéure  icy  l’es- 
toupement  vient  particulièrement  de 
la  trop  grande  abondance  du  sang  , 
que  l’on  appelle  pléthore ,  qui  auec 
la  cacochymie  fait  les  deux  causes 
antécédentes  de  toutes  les  maladies.  Il 
est  donc  necessaire,  pour  produire 
ceste  fiéure,  que  le  sang  surabonde 
dans  les  veines  ;  car  cela  estant  il  s’es- 
leue  d’iceluy  vne  grande  quantité  de 
vapeurs  chaudes  et  boüillan les  ,  les¬ 
quelles  ne  pouuant  aisément  ny  suf¬ 
fisamment  s'euaporer  (  car  elles  ne 
sont  iamais  supprimées  tout  à  fait) 
s’eschauffent  peu  à  peu  et  si  bien  , 
qu’elles  eschauffenl  les  humeurs  et 
introduisent  la  fiéure.  D’icy  nous  re¬ 
marquerons  que  ceux  qui  abondent 
en  sang  ,  et  qui  ont  le  corps  bien 
charnu  et  nourri,  dense  et  espais,  smit 
plus  suiets  à  cette  fiéure  que  les 
autres.  Pareillement  elle  arriue  d’or¬ 
dinaire  au  printemps,  aux  ieunes 
hommes,  à  ceux  qui  se  remplissent 
de  bonnes  viandes,  et  boiuent  bien  du 
vin  ;  comme  aussi  à  ceux  qui  souloient 
auoir  quelque  descharge  de  sang  par 
le  nez ,  hemorrhoïdes,  ou  autres  va  s- 
seaux.  Là  où  ceux  qui  sont  d’vn  tem¬ 
pérament  froid ,  qui  ont  peu  de  sang , 
qui  ont  le  corps  rare ,  maigre  et  per- 
spirable,  qui  se  nourrissent  peu  et  qui 
boiuent  de  l’eau  ,  y  sont  fort  peu  su¬ 
iets. 

Il  semble  que  ceste  fiéure  doiue 


DES  FIEVRES. 


auoir  les  mesmes  signes  que  la  diaire. 
Elle  les  a  toutesfois  plus  clairs  et  plus 
euidens.  Car  bien  que  la  chaleur  soit 
douce,  si  est- ce  qu’elle  est  plus  grande 
et  vn  peu  plus  acre  qu’en  la  diaire. 
Le  cuir  est  comme  moite  :  l’vrine  vn 
peu  plus  espaisse  et  rouge  que  la  na¬ 
turelle  :  le  pouls  est  vehement,  leger, 
frequent ,  plein ,  grand  et  égal.  Tout 
le  corps  et  le  visage  principalement 
est  comme  bouffi  et  plein  de  rou¬ 
geur.  Les  veines  sont  grosses  et  en¬ 
flées  de  sang  :  on  a  par  tout  le  corps 
tension  et  lassitude ,  la  teste  pesante, 
la  respiration  vn  peu  empescbée ,  des 
enuies  de  dormir,  et  en  dormant  des 
illusions  toutes  rouges  et  de  sang.  Au 
reste,  ceste  fiéure  n’est  point  péril¬ 
leuse,  et  se  termine  ordinairement 
ou  par  sueur  ou  par  flux  de  sang  vers 
le  quatrième  ou  le  septième  iour. 
Que  si  toutesfois  elle  estoit  négligée 
ou  mal  traitée,  principalement  en 
ceux  qui  abondent  en  sang,  il  y  au- 
roit  à,  craindre  qu’elle  ne  dégénéras! 
en  phrenesie,  squinance ,  pleuresie, 
ou  autre  maladie  qui  vient  de  la  plé¬ 
thore,  ou  bien  enfin  qu’elle  ne  se  con- 
uertit  en  vne synoque  putride,  ou  alors 
elle  ne  seroitsans  danger  de  la  vie. 


CHAPITRE  XL 

DE  LA  CVRE  DE  LA  SYNOQVE  SIMPLE. 

La  thérapeutique  ayant  trois  par¬ 
ties,  la  diete,  la  Chirurgie  et  la  Phar¬ 
macie  ,  il  faut  qu’en  la  guérison  de 
toutes  les  maladies  on  ait  recours  à 
vn  ou  à  plusieurs  de  ces  chefs  : 
comme  nous  ferons  d’ores-en-auant 
en  la  cure  de  toutes  les  fiéures,  les  re- 
medes  desquels  seront  pris  de  ces  trois 
chefs  ensemble. 

III. 


9V 

Et  pour  commencer  à  la  Synoque 
simple ,  ie  dis  que  le  genre  de  viure 
doit  estre  rafraichissant  et  humec¬ 
tant,  ténu  et  leger,  à  fin  de  ne  sur¬ 
charger  les  malades  qui  ont  plus  de 
sang  qu’il  n’en  faut.  C’est  pourquoy 
on  doit  se  contenter  de  bouillons  faits 
au  veau  et  à  la  volaille,  assaisonnés 
d’herbes  rafraichissantes,  comme  laic- 
tue,  pourpié,  ozeille,  buglosse,  con¬ 
combre  en  la  saison.  On  peut  aussi 
donner  des  œufs  frais  bien  mollets, 
des  ius  de  pruneaux,  de  la  gelée 
faite  auec  le  ius  de  citron,  et  non 
auec  le  vin,  sans  beaucoup  de  canelle. 
Pour  le  boire ,  on  ne  donnera  point 
de  vin,  mais  de  laptisane  seulement, 
ou  de  l’eau  boüillie  auec  orge  et 
chiendent.  Galien  au  neufiéme  de  la 
Méthode ,  chap.  4  ,  conseille  de  don¬ 
ner  de  l’eau  froide  et  crue  tant  que 
les  malades  en  voudront  et  pourront 
boire.  A  laquelle  opinion  plusieurs 
médecins  ne  s’accordent  pas,  pour  les 
accidens  qu’on  en  a  veu  arriuer.  Car 
on  a  reconneu  que  l’eau  froide  estoit 
grandement  contraire  à  ceux  qui  ont 
peu  de  sang  et  de  chair,  qui  ont  les 
viscères  bouffis  ou  enflés,  ou  pleins 
d’obstructions  causées  par  des  hu¬ 
meurs  crasses ,  visqueuses  ou  pitui¬ 
teuses  ,  et  qui  ont  l’estomach  et  les 
parties  nerueuses  grandement  foibles 
et  délicates.  A  ces  personnes  icy  l’eau 
froide  donnée  sans  mesure  et  sans 
réglé  apporte  l’hydropisie ,  difficulté 
de  respirer,  tremblement  des  mem¬ 
bres,  conuulsions  ,  léthargies,  et  au¬ 
tres  violens  accidens  ,  surtout  quand 
telles  gens  ne  sont  pas  accoustumés  à 
boire  de  l’eau.  Que  s’il  s’en  trouue 
qui  ayent  accoustumé  ce  breuuage , 
et  qui  ayent  les  entrailles  bonnes  et 
vigoureuses ,  l’estomach  bon  et  fort, 
et  grande  quantité  de  sang  dans  les 
veines,  à  ceux-cy  on  peut  leur  laisser 

7 


LE  VINGTIÈME  LIVRE, 


98 

boire  de  l’eau  froide ,  pourueu  que 
ce  ne  soit  point  au  commencement  ny 
en  l’accroissement  de  la  fleure ,  mais 
en  sa  vigueur,  et  lors  que  les  signes  de 
coction  apparoissent.  Car  pour  lors 
l’eau  froide  fortifie  tellement  les  par¬ 
ties  solides,  et  recrée  tellement  la 
chaleur  naturelle,  qu’elle  en  cuit 
mieux  les  humeurs,  retenant  les  bon  ¬ 
nes  et  chassant  les  mauuaises  et  su¬ 
perflues  ,  soit  par  le  vomissement , 
soit  par  les  selles,  soit  par  les  sueurs. 

Pour  les  remedes  pris  de  la  Chirur¬ 
gie  ,  la  saignée  tient  le  premier  lieu , 
sur  tout  en  ceste  fleure  où  il  est  ques¬ 
tion  de  plénitude.  Or  est-il  que  par  la 
voye  des  contraires ,  la  plénitude  du 
sang  ne  se  peut  mieux  guérir  que 
par  l’euacuation  d’iceluy,  à  quoy  la 
saignée  a  esté  inuentée  par  l’art  de 
medecine;  outre  que  par  accident 
elle  profite  grandement  à  rafraichir 
le  sang  et  les  esprits ,  et  à  rendre  la 
liberté  aux  conduits  qui  sont  estou- 
pés  ou  bouchés.  Voila  pourquoy  le 
but  principal  en  ceste  fleure  estant 
destiné  à  ester  premièrement  la  plé¬ 
nitude  du  corps  et  à  diminuer  le  sang, 
et  puis  après  à  ouurir  les  passages ,  à 
atténuer  les  choses  espaisses,  à  inciser 
les  gluantes ,  à  prouoquer  la  transpi¬ 
ration  ,  à  esteindre  la  ferueur  de  la 
fléure,  et  à  fortifier  les  parties  du 
corps  foibles  et  abbattues  par  l’op¬ 
pression  des  humeurs  :  on  a  recon- 
neu  qu’il  n’y  auoit  rien  de  plus  ex¬ 
cellent  à  tous  ces  effets  que  de  tirer 
promptement  du  sang  en  ceste  mala¬ 
die,  non  vne  fois  seulement,  mais 
deux  ou  trois  fois,  selon  lavehemence 
du  mal,  la  force  du  malade,  et  le  degré 
de  la  plénitude  que  l’on  observe  en 
luy.  Galien,  au  lieu  cy-dessus  allé¬ 
gué  ,  ordonne  la  .saignée  iusques  à 
défaillance  de  cœur,  et  presque 
iusques  à  l’esuanoüisseraent ,  pour 


quelque  nombre  de  raisons  qu’il  pro¬ 
pose  trcs-iudicieusement.  Toutesfois 
cela  est  si  périlleux  et  apporte  telle 
espouuante  au  malade  et  aux  assis- 
tans ,  outre  beaucoup  d’accidens  qui 
en  peuuent  suruenir,  et  desquels  Ga¬ 
lien  mesme  fait  mention,  que  le  plus 
seur  est  de  conseruer  tousiours  les 
forces  du  malade ,  et  tirer  plustot  du 
sang  cinq  et  six  fois  par  inter ualle 
que  d’en  oster  vne  seule  fois  si  profu¬ 
sement.  L’opa  obserué  en  ceste  fléure 
que  ceux  qui  n’ont  pas  tiré  du  sang 
hardiment  ont  précipité  quelquesfois 
les  malades  à  des  flux  de  sang  par  le 
nez  si  desmesurés  et  excessifs,  qu'ils  en 
ont  pensé  perdre  la  vie.  Car  la  nature 
se  trouuant  par  fois  grandement  irri¬ 
tée,  soit  par  l’abondanee,  soit  par  l’a¬ 
crimonie  des  humeurs,  ou  autrement, 
s'oublie  tellement,  qu’au  lieu  d’vne 
crise  elle  fait  vne  hypercrisie,  et  au 
lieu  d’vne  euacuation  iuste  et  modé¬ 
rée,  fait  vn  desbordement  desreglé  et 
pernicieux. 

Quant  aux  remedes  Pharmaceuti¬ 
ques,  il  est  de  besoin,  premier  que  de 
saigner ,  si  le  ventre  estoit  serré ,  de 
donner  vn  lauement  emollient, lequel 
on  pourra  continuer  tous  les  iours, 
à  fin  de  rabattre  beaucoup  de  fumées, 
rafraiL-hir  le  dedans,  et  vuider  beau¬ 
coup  d’ordures  qui  s’amassent  tous 
les  iours  de  la  nourriture  que  l’on 
prend.Plusieurs  prescriuent  des  juleps 
et  apozemes  rafraîchissants  et  apéri¬ 
tifs,  préparés  auec  vne  décoction  de 
chiendent ,  de  cichorée  saunage ,  d’o- 
zeille ,  endiue ,  laictue,  pimpernelle , 
buglosse ,  bourache ,  capillaire ,  orge , 
semences  froides,  fleurs  cordiales,  et 
de  nenupar ,  en  y  adioustant  les  sy- 
rops  violât,  de  nénuphar,  de  limons, 
de  cichorée  simple  ,  aceteux  simple, 
de  pommes  simple,  et  autres  de  pa¬ 
reille  qualité. 


DES  EIÉYRES. 


Qn  Ordonne  aussi  des  epilhemes, 
partie  sur  lecœur, partie  sur  les  hypo- 
chondres,  à  fin  d’esteindre  laferueur 
du  sang,  et  empescUer  que  pareille 
intempérie  ne  s’attache  trop  fixement 
au  cœur ,  et  autres  viscères. 

On  se  doit  donner  garde  de  purger 
au  commencement  de  ceste  fiéure  : 
mais  on  doit  attendre  que  les  signes 
de  Goction  apparoissent  aux  vrines  et 
aux  excremens ,  et  pour  lors  on  peut 
donner  des  medicamen s  doux  et  bé¬ 
nins,  comme  est'la  casse,  les  tamarins, 
et  le  séné  de  Leuant ,  auec  les  syrops 
de  cichorée  ou  de  pommes  compo¬ 
sés  ;  ou  bien  on  donnera  le  lenitif,  ou 
le  catholicon  double  de  rbeubarbe , 
fuyant  tant  qu’il  sera  possible  les  pur¬ 
gatifs  où  il  y  entre  du  diagrede  et 
scammonée.  le  n’approuue  point  les 
vomitifs  en  ceste  fiéure,  et  n’en  ay  ia- 
mais  veu  aucun  bon  effet  ‘  :  ils  ne 
seruent  qu’à  troubler  la  nature  et 
tourmenter  le  malade ,  et  ne  vuident 
rien  de  la  cause  coniointe. 

le  ne  mets  point  icy  en  ligne  de 
compte  beaucoup  d’autres  medica- 
mens ,  comme  les  orges  mondés ,  les 
iuleps  pour  dormir ,  les  opiates,  ta¬ 
blettes  et  poudres  cordiales ,  les  lini- 
mens  ^  frontaux ,  et  pastes  conforta- 
tiues ,  auec  vn  nombre  infiny  d’alexi- 
teres  et  alexipharmaques ,  desquels 
on  a  de  coustume  d’amuser  les  mala¬ 
des  :  car  la  fiéure  n’estant  pas  péril¬ 
leuse  cfelle-mesme ,  elle  n’a  pas  be¬ 
soin  de  tant  d’appareils ,  qui  en  outre 
ont  quelquesfois  plus  de  monstre  que 
d’effet. 

Il  y  a  quelques  recensé,  qui  après 
Nicolas  de  Florence  constituent  vne 

* 

1  Voici  un  des  endroits  où  l’auteur  parle 
en  son  nom  et  d’après  son  expérience;  j’au¬ 
rai  toujours  soin  de  les  signaler. 

*  Il  entend  parler  de  Fernel.  —  Celle  note 
est  des  éditeurs  de  1628# 


99 

fiéure  synoque  simple  ,  engendrée  de 
la  bile  et  de  fagitation  des  plus  chau¬ 
des  humeurs  du  corps ,  sans  toutesfois 
aucune  pourriture.  Ce  que  ie  ne  crois 
pas  neantmoins  trop  aisément ,  veu 
que  si  ceste  fiéure  se  fait  de  la  bile,  il 
est  necessaire  qu’elle  ait  pareils  re- 
doublemens  qu’ont  les  autres  qui  en 
sont  faites ,  et  qu’elle  ait  des  périodes 
de  trois  en  trois  iours.  Il  est  plus  vray- 
semblable  que  telle  fiéure  se  fait  du 
sang  le  plus  subtil ,  qui  quelquesfois 
est  appellé  de  quelques-vns  bile ,  à 
cause  de  sa  subtilité ,  et  de  son  es- 
cume  :  mais  à  n’en  mentir  point  ce 
n’est  que  pur  sang ,  et  qui  partant  ne 
peut  faire  de  fiéure  autre  que  sy¬ 
noque  simple  sanguine. 


CHAPITRE  XII. 

DES  FIEVRES  PVTKIDES  EN  GENERAL, 
ET  DE  LEVRS  DIFFERENCES. 

Avant  que  de  parler  des  Synoques 
putrides,  il  nous  faut  esclaircir  quel¬ 
ques  difficultés,  sans  lesquelles  on  ne 
sauroit  comprendre  ce  que  c’est  que 
fiéure  putride  ,  ny  comment  elle  se 
fait ,  ny  mesme  en  quelle  façon  elle 
différé  des  autres.  Voila  pourquoy 
nous  dirons  quelque  chose  d’elles  en 
general ,  de  leurs  causes ,  signes  et 
curation ,  à  fin  puis  après  de  l’appli¬ 
quer  au  particulier  de  la  synoque  pu¬ 
tride. 

Il  y  a  eu  grand  débat  entre  quel¬ 
ques  autheurs  anciens  et  modernes, 
touchant  l’existence  de  ces  heures  : 
les  vns  asseurans  qu’il  n’y  auoit  au¬ 
cunes  fiéures  putrides,  les  autres  te- 
nans  le  contraire  :  et  ceux  cy  ont  tel¬ 
lement  fortifié  leur  parly  de  fortes 
raisons  et  de  bonnes  expériences,  que 


100 


LE  VINGTIÈME  LIVRE, 


pour  maintenant  on  ne  reuoqueplus 
en  doute  ceste  vérité  ;  si  bien  que 
Ton  lient  pour  constant  et  asseuré 
qu’il  y  a  des  fleures  putrides,  soit 
continues  ,  soit  intermittentes.  Mais 
s’il  y  a  eu  du  débat  louchant  cest  ar¬ 
ticle  ,  il  y  en  a  bien  vn  plus  grand 
touchant  la  nature  de  la  pourriture, 
pour  sçauoir  si  la  définition  qu’en 
donne  Aristote  s’accorde  à  celle  de 
Galien,  et  s’il  y  en  a  vne  naturelle, 
vne  autre  contre  nature  :  vne  gene¬ 
rale  et  vne  particulière  :  vne  du  tout, 
et  vne  de  partie  ;  et  finalement  s’il  y  a 
différence  entre  pourriture  et  putré¬ 
faction.  le  renuoye  l’esciaircissement 
de  toutes  ces  ditflcullés  aux  philo¬ 
sophes  et  aux  médecins,  mereseruant 
à  expliquer  aux  chirurgiens  ce  que 
c’est  que  fléure  putride ,  et  les  causes 
pourquoy  les  humeurs  se  pourrissent 


au  COI  ps. 

Fiéure  putride  n’est  autre  chose 
qu’me  inlemperie  chaude  et  seiche ,  al¬ 
lumée  dans  le  cœur  par  le  moyen  de 
quelque  humeur  qui  se  pourrit  dans 
le  corps.  Or  l’humeur  qui  se  pour¬ 
rit,  ou  immédiatement  elle  est  con¬ 
tenue  dans  le  cœur,  ou  hors  du 
cœur  :  si  c’est  au  cœur,  c’est  l’hu¬ 
meur  mesme  qui  excite  la  fléure  :  si 
elle  est  hors  du  cœur,  ce  n’est  que  sa 
vapeur  et  sa  fumée.  D’auanlage,  si 
ceste  humeur  est  contenue  au  cœur, 
ou  dans  les  grands  vaisseaux  qui  sont 
entre  les  aisnes  et  les  aisselles ,  la 
fléure  est  rendue  continue  à  cause 
que  sa  vapeur  est  portée  au  cœur 
sansaucune  interraission,  iusquesà  ce 
que  l’humeur  cesse  de  se  pourrir. 
Mais  si  l’humeur  est  hors  des  gi  andes 
veines,  reléguée  aux  parties  eslon- 
gnées  du  cœur,  la  fléure  ne  se  fait 
qu’intermittente ,  à  cause  que  sa  va¬ 
peur  ne  peut  pas  estre  contiiiuelle- 
mentuqrtée  au  cœur,  pour  les  rai- 
t  ^  A, 


sons  que  nous  dirons  cy-apres.  Si  bien 
que  par  ce  discours  nous  apprenons 
qu’il  y  a  deux  sortes  de  fiéures  :  l’vne 
qui  est  continue ,  qui  n’a  qu’vn  accès 
depuis  le  commencement  iusques  à  la 
flu ,  encore  bien  qu’il  dure  quelques- 
fois  non  seulement  plusieurs  iours , 
mais  aussi  plusieurs  semaines  et  plu¬ 
sieurs  mois ,  selon  que  la  fléure  est 
courte  ou  longue ,  et  qu’elle  se  ren¬ 
contre  en  vn  corps  bien  ou  mal  fait , 
chargé  de  peu  ou  de  beaucoup  d’hu¬ 
meurs  ,  et  vsant  de  bon  ou  de  mau- 
uais  régime  de  vie  :  et  l’autre  sorte  de 
fléure  est  intermittente. 

Que  si  l’on  veut  vne  particulière 
distinction  desfléures  putrides,  disons 
que  ses  especes  et  ses  différences  sont 
prises,  ou  bien  des  lieux  où  les  hu¬ 
meurs  se  pourrissent ,  ou  bien  de  la 
variété  des  humeurs  qui  reçoiuent  et 
endurent  pourriture  f  Pour  le  regard 
et  la  variété  des  lieux,  i’ay  dit  qu’elles 
esloient  distinguées  en  continues  cl 
intermittentes,  et  que  les  continues 
estoient  celles  desquelles  la  matière  et 
l’humeur  putride  est  contenue  et  en¬ 
fermée  és  grands  vaisseaux  qui  sont 
entre  les  aisnes  et  les  aisselles.  Carde 

*  Toute  la  fin  de  ce  paragraphe  et  même 
du  chapitre  se  retrouve  au  chapitre  3  du 
livre  primitif  de  1675.  Celui-ci  commençait 
par  exposer  les  causes  des  lièvres  putrides 
(voyez  les  deux  premières  notes  du  chapiire 
suivant) ,  après  quoi  il  continuait: 

«  Les  causes  de  pourriture  et  des  fleures 
putrides  aind  expliquées,  faut  maintenant 
passer  à  la  diuision  d’icelles.  La  diuision  des 
fleures  pulrides  en  certaines  et  differentes 
especes ,  est  prise  de  la  différence  et  diuer- 
sUé  des  lieux  oùjes  humeurs  se  pourrissent, 
ou  de  la  distinction  et  variété  des  humeurs 
qui  reçoiuent  et  endurent  pourriture.  Pour 
le  regard  et  variété  des  lieux ,  etc.  » 

Le  texte  se  suit  alors  presque  mot  pour 
in»t  jusqu’à  la  lin  iju  paragraphe. 


101 


DES  FIEVRES. 


ces  lieux  là ,  tant  à  cause  de  l’abon¬ 
dance  de  riiumeur  pourri  destiné  à 
la  nourriture  de  tout  le  corps,  que 
pour  le  voisinage  qu’ils  ont  auec  le 
cœur,  qu’aussi  à  cause  de  l’amplitude 
et  capacité  des  conduits  et  canaux,  il 
arriue  continuellement  et  sans  inter¬ 
mission  que  quelque  portion  de  la 
substance  de  l’humeur  qui  se  pourrit, 
ou  à  tout  le  moins  sa  vapeur  et  exha¬ 
laison  putride  est  portée  au  cœur,  seul 
et  vray  siégé  de  la  fiéure ,  et  où  elle 
l’entretient  tant  et  si  long  temps,  que 
par  la  force  et  action  de  la  chaleur 
tout  cest  humeur  pourri  soit  en  vn 
coup  résout  et  digéré  ,  ou  cuit ,  eua- 
cué  et  chassé  hors  du  corps.  C’est 
pourquoy  les  fléures  continues,  dés 
leur  commencement  iusques  à  la  fin, 
n’ont  qu’vn  accès  sans  aucune  inter¬ 
mission  franche  et  absolue  :  ie  dis 
franche  et  absolue  ,  parce  que  ceux 
qui  sont  tourmentés  de  fiéures  con¬ 
tinues  peuuent  bien  auoir  quelque 
relasche  de  l’ardeur  de  leur  fiéure,  de 
sorte  qu’ils  ne  la  sentent  si  faschcuse 
qu’auparauant,  mais  non  pas  qu’ils  en 
soient  tellement  quittes  comme  ceux 
qui,  ayans  enduré  vn  accès  de  fiéure 
quarte  intermittente,  peuuent  chemi¬ 
ner  et  faire  leurs  affaires ,  comme 
s’ils  estoient  sains,  iusques  à  ce  qu’ils 
soient  assaillis  d’vn  autre  nouueau 
accès  ;  par  conséquent  telle  relasche 
se  doit  plustost  appeler  remission 
qu' intermission.  Les  fiéures  intermit¬ 
tentes  au  contraire,  sont  celles  des¬ 
quelles  la  matière  hors  des  veines  est 
contenue  et  reserrée  en  la  première 
région  du  corps  enuiron  les  entrailles, 
sçaiioir  le  ventricule,  le  diaphragme, 
la  cauité  du  foye ,  la  ratte ,  le  pan¬ 
créas  ,  l’omenlum  et  mesentere,  par¬ 
ties  qui  sont  quasi  comme  vn  esgout 
commun  de  tout  lé  corps,  dans  lequel 
toute  l’ordure  et  senline  des  humeurs 


flue  et  s’arreste.  Telle  matière  n’es¬ 
tant  contenue  és  veines,  n’est  point 
humeur  alimentaire  ou  suc  propre  de 
sa  nature  à  la  nourriture  du  corps  , 
mais  plustost  vne  humeur  superflue 
et  excrementeuse,  qui  deuant  que  de 
passer  de  la  vouste  du  foye  en  sa  par¬ 
tie  gibbeuse,  est  retirée  et  séquestrée 
par  la  prouidence  de  Nature  en  ses 
propres  réceptacles ,  à  fin  de  rendre 
plus  pur  le  reste  du  bon  sang  et  ali¬ 
mentaire  ;  mais  ceste  humeur  icy 
superflue,  venant  enfin  par  quelque 
accident,  et  par  quelque  vne  des  cinq 
causes  efficientes  des  fiéures  cy  de¬ 
uant  déclarées ,  à  se  corrompre  et 
pourrir,  elle  fait  la  fiéure  intermit¬ 
tente  ,  c’est  à  dire  qui  a  remission 
franche  et  absolue,  que  les  Grecs  ap¬ 
pellent  apyrexie  ,  et  les  Latins  infe- 
bricitation ,  quittant  et  reprenant 
le  patient  par  interualles  et  secousses 
manifestes,  tant  pource  que  la  matière 
et  humeur  qui  fait  telle  fiéure  est 
plus  eslongnée  du  cœur  qu’elle  puisse 
trafiquer  auec  iceluy  par  les  con¬ 
duits  manifestes  des  vaisseaux  hors 
desquels  elle  est  arrestée;  et  aussi 
parce  qu’elle  est  enfermée  et  cachée 
dans  la  cauité  des  parties  cy  dessus 
nommées ,  lesquelles  estans  de  sub¬ 
stance  membraneuse,  dense,  et  es- 
paisse,  ne  donnent  libre  issue  à  quel¬ 
que  portion  ou  vapeur  de  ladite 
humeur  pour  estre  portée  continuel¬ 
lement  au  cœur,  et  par  ce  moyen  en¬ 
tretenir  tousiours  la  fiéure  ;  laquelle 
ne  peut  estre  sans  que  le  cœur  soit 
eschauffé  et  affecté ,  comme  nous 
auons  montré  au  commencement  de 
la  définition  d’icelle. 

Voilà  la  diuision  des  fiéures  prise 
des  lieux  où  les  humeurs  se  pourris¬ 
sent:  l’autre  diuision  est  prise  de  la 
diuersité  des  humeurs  qui  reçoiuent 
pourriture.  Or  n’y  ayant  point  au- 


102 


LE  VINGTIEME  LIVRE 


cuno  humeur  qui  ne  se  puisse  pour¬ 
rir  ,  il  faut  qu’il  y  ait  autant  d’especes 
de  fleures  putrides  qu’il  y  a  d’hu¬ 
meurs,  Par  cy  deuant  nous  auons 
arresté  qu’il  y  auoit  quatre  humeurs, 
le  sang ,  la  bile ,  la  pituite ,  la  melan- 
cholïe:  par  conséquent  il  y  aura  quatre 
différences  de  fiéures  putrides ,  la 
sanguine  que  nous  appelions  syiioque 
putride ,  la  bilieuse ,  la  pituiteuse  et 
melanchoHque ,  lesquelles  trois  der¬ 
nières  sont  ou  continues,  ou  intermit¬ 
tentes,  selon  que  les  humeurs  qui  les 
font  se  pourrissent  dans  les  veines  ou 
hors  des  veines 

ï  Ce  dernier  paragraphe  se  retrouve  bien 
en  idée  dans  le  dernier  paragraphe  du  cha- 
titre  3  de  1575  j  mais  le  texte  diffère  assez 
pour  mériter  d’être  reproduit. 

«  Maintenant  pour  le  regard  de  la  diuer- 
sité  des  humeurs,  desquels  vn  chacun  en  soy 
est  capable  de  pourriture ,  les  fleures  putri¬ 
des  sont  distinguées  en  bilieuses  (ausquelles 
si  elles  sont  continues,  est  rapportée  l’es¬ 
pece  de  fleure  qu’on  appelé  synoche ,  c’est 
à  dire  continente,  causée  de  la  pourriture 
de  toute  la  masse  du  sang  egalement  tem¬ 
péré  de  la  meslange  des  quatre  humeurs  : 
comme  l’autre  espece  de  synoche,  causée 
par  vne  simple  ébullition  d’icelle  masse  san¬ 
guinaire  ,  sans  aucune  pourriture,  est  rap¬ 
portée  aux  fleures  diaires ,  comme  enseigne 
Galien  au  liure  neufleme  et  onzième  de  la 
Méthode ,  et  au  deuxieme  des  fleures  cha¬ 
pitre  douzième) ,  pituiteuses  et  melancho- 
liques  :  et  icelles  ou  continues,  ou  intermit¬ 
tentes,  selon  que  la  bile  ou  melancholie  qui 
pourrist  est  contenue  dans  les  veines  ou  hors 
des  veines.  » 

J’ai  déjà  dit  que  cette  parenthèse  est 
la  seule  mention  qui  soit  faite  dans  te  livre 
de  1575  des  flèvres  synoches  simples,  men¬ 
tionnées  avec  un  peu  plus  de  détails  au 
chapitre  2  du  livre  des  Tumeurs  de  1579 , 
et  qui  ont  enfin  été  traitées  au  chapitre  9  du 
livre  actuel.  Voyez  ci-devant  la  note  de  la 
page  94. 


CHAPITRE  XIII. 

DES  CAVSES  ET  SIGNES  DES  FIÉVEES 
PVTRIDES  ‘ 

Apres  auoir  donné  la  définition  et 
diuision  des  fiéures  putrides,  il  faut 
venir  à  leurs  causes  et  siirnes ,  expli¬ 
quant  la  façon  que  les  humeurs  se 
pourrissent  au  corps. 

Et  desia  nous  auons  enseigné  que 
la  cause  materielle  des  fiéures  putri¬ 
des  ,  est  la  pourriture  de  l'vn  des 
humeurs  desquels  nostre  corps  est 
composé,  ou  de  plusieurs  d’iceux,  ou 
de  tous  ensemble.  La  cause  efficiente 
est  l’vne  des  cinq  cy  deuant  expli¬ 
quées  ,  mais  principalement  celle  que 

Le  début  de  ce  chapitre  répond  presque 
exactement  au  début  du  ch.  3  du  livre  pri¬ 
mitif.  Il  n’y  a  guere  que  les  premières  lignes 
qui  diffèrent. 

«  Ch.  III.  —  Des  fleures  putrides,  première¬ 
ment  de  leurs  causes  et  especes  en  general. 

«  La  causé  materielle  des  fleures  putri¬ 
des  est  la  pourriture  de  l’vn  des  humeurs , 
desquels  est  cohaposé  notre  corps,  ou  de 
plusieurs  d’iceux,  ou  de  tous  ensemble.  La 
cause  efficiente  est  l’vne  des  cinq  cy  deuant 
expliquées ,  mais  principalement  la  seconde 
appelée  putréfaction ,  de  laquelle  pour  ce  il 
faut  maintenant  parler  vn  peu  plus  ample¬ 
ment. 

»  La  putréfaction  est  excitee  en  nos  corps, 
et  tous  autres  qui  sont  mixtes  et  composez 
des  quatre  éléments,  quand  la  chaleur  qui 
deust  régir  les  humeurs  est  au  contraire 
maîstrisee  par  iceux,  par  faute  de  compe¬ 
tente  euenlîlation.  Ainsi  Voyons-nous  iour- 
nellenient  les  chairs  gardées ,  etc,  » 

A  partir  de  cet  endroit,  le  texte  se  suit 
presque  mot  poür  mot  Jusqu’à  la  fin  du  pa- 
1  ragraphe. 


DES  FÎÉVftÈS. 


nous  aüons  appelée  putréfaction,  qui 
n’est  autre  qu’me  corruption  qui  ar~ 
riue  aux  corps  mixtes  composés  des 
quatre  elemens,  par  le  moyen  de  la 
chaleur,  laquelle  au  lieu  de  régir  les 
humeurs  sé  laisse  maistriser  par 
iceux ,  à  faute  d’vne  suffisante  euenti- 
lalion  et  euüporation.  Ainsi  voyons- 
nOus  iournellement  les  chairs  gardées 
pour  rvtilité  du  mesnage ,  se  pourrir 
tant  en  hyuer  qu’en  esté  ,  lorsque 
l’air  est  chaud  et  humide ,  espais  et 
non  euentilé  :  ou  bien  lors  qu’elles 
sont  enfermées  en  vn  lieu  remugle  ‘ 
et  estroit.  De  là  vient  que  les  hommes 
sanguins ,  pour  l'abondance  du  sang 
qui  est  chaud  et  humide,  sont  plus 
suiets  à  pourriture  que  le  reste  des 
hommes ,  si  pour  la  moindre  occasion 
du  monde  ils  sont  priués  du  béné¬ 
fice  de  l’euentilation ,  tant  insensible 
qui  se  fait  par  les  pores  du  cuir ,  que 
sensible  et  manifeste  qui  se  fait  par  la 
contraction  et  dilatation  des  arteres 
semées  par  tout  le  corps  ,  et  par  f  in¬ 
spiration  et  expiration  instituée  pour 
le  cœur ,  principalement  à  celle  fin 
d’attirer  vn  air  frais  et  nouueau  en 
nous,  et  chasser  de  nous  celuy  qui  est 
fuligineux.  C’est  pourquoy  nous  pou- 
uons  à  bon  droit  dire  que  la  mere  de 
pourriture  ,  s’il  faut  ainsi  parler ,  est 
l’humidité,  et  le  pere  la  chaleur,  non 
pas  toute  sorte  de  chaleur,  mais  celle 
qui  est  infectée  des  vapeurs  fuligi¬ 
neuses  retenues  dans  le  corps  par 
faute  de  leur  euentilation.  De  là  nous 
apprenons  que  toutes  Choses  qui  em- 
peschentla  liberté  delà  transpiration 
peuuent  exciter  en  nousla  pourriture, 
et  par  conséquent  engendrer  les  fié- 
ures  putrides. 

Or  ces  causes  sont  ou  internes  ou  ex¬ 
ternes.  Externes,  •  comme  densité  et 

*  Remugle,  humide. 


io3 

constrictiorï  du  cuir  causée  par  Vap- 
plication  dd  choses  astringentes ,  re¬ 
froidissantes,  desseichantes  et  emplas- 
tiques ,  laquelle  cause  proprement  et 
en  vn  mot  est  appelée  constipation.  Les 
internes  sont  plusieurs,  premièrement 
la  pléthore ,  c’ést  à  dire  plénitude  et 
excessiue  abondance  d’humeurs,  tant 
à  l’esgard  des  vaisseaux,  qui  est  nom¬ 
mée  plenitudo  ad  vasa  ,  que  pour  le 
regard  des  forces,  laquelle  est  appelée 
plenitudo  ad  tire^.  En  second  lieu ,  la 
lenteur,  crassitie,  viscosité  et  gïutino- 
sité  des  humeurs,  lesquelles  ou  occu¬ 
pent  et  empeschent  toute  la  capacité 
des  vaisseaux ,  ou  bouchent  et  estou- 
pentles  orifices  d’iceux,  en  sorte  que 
l’entrée  de  l’air  qui  nous  enuironne 
est  défendue,  et  l’issue  des  vapeurs 
fuligineuses  empeschée,  d’où  s’ensuit 
que  la  transpiration  n’estant  pas  li¬ 
bre  ,  mais  fort  contrainte ,  amcine  là 
pourriture  dans  les  humeurs,  et  ceste 
cause  en  vn  mot  est  nommée  obstruc¬ 
tion  K 

Après  auoir  ainsi  succinctement 
expliqué  les  causes  principales  des 
fiéures  putrides ,  il  faut  venir  à  leurs 
signes  K  Entre  lesquels  premièrement 

1  Après  l’étude  des  causes,  le  reste  du  cha¬ 
pitre  de  l’édition  de  1673  était  consacré  à 
celle  des  différences  5  celles-ci  aU  contraire 
ont  été  traitées  dans  le  texte  posthume  au 
chapitre  qui  précède  celui-ci.  "Vôyex  la  note 
de  la  page  101. 

2  Ce  paragraphe  est  constitué  en  grande 
partie  par  le  chapitre  4  tout  entier  du  livre 
primitif.  Yoici  comment  débutait  ce  cha¬ 
pitre  : 

«  Ch.  un— Les  signes  desfieures  putrides  en 
general. 

«  Les  fleures  putrides  sont  distinguées  et 
cogneues  en  cecy  d'aucc  les  ephemeres,  c’est 
qu’elles  ne  suruiennent  point.',  etc.  » 

Et  le  texte  suivait  à  peu  près  motfpour 
mot  jusqu’à  la  fin  du  paragraphe,  à  l’ex- 


loA  LÈ  VINGTIEME  LIVRE, 


nous  mettrons  cestuy-cy  :  c’est  que 
ces  tiéures  sont  distinguées  des  cphe- 
meres,  en  ce  qu’elles  ne  suruiennent 
point  subitement  d’vne  cause  externe 
et  euidente,  comme  font  les  cpheme- 
res,  mais  viennent  peu  à  peu,  ayans 
pour  auant-coureur  vne  inégalité  et 
lassitude  spontanée  (  c’est  à  dire  qui 
nous  tient  sans  auoir  trauaillé  )  vne 
paresse  et  pesanteur  de  tout  le  corps, 
vn  sommeil  turbulent,  et  souuent 
vne  inquiétude  du  corps  et  de  l’es¬ 
prit  qui  empesche  de  dormir ,  vne 
distension  et  boufement  des  hypo- 
chondres,  vne  respiration  pénible, 
repletion,  tension  et  tumeur  des  vei¬ 
nes  ,  douleur  pesante  de  la  teste  et 
des  tempes,  accompagnée quelques- 
fois  d’vne  forte  pulsation ,  degoust , 
alteration,  nausée,  vomissement.  Mais 
quand  la  fléure  est  tout  à  fait  formée, 
elle  se  reconnoist  à  ce  qu’elle  donne 
vne  chaleur  bien  plus  acre,  piquante 
et  mordante  que  l’ephemere  ou  la 
synoque  simple,  principalement  en 
l’augmentation  et  estât  de  ses  accès. 
Elle  est  accompagnée  d’inégalité  de 
pouls  et  de  respiration ,  car  la  con¬ 
traction  de  l’artere  quifait  le  pouls  se 
sent  bien  plus  legere  que  la  dilata¬ 
tion.  Car  comme  ainsi  soit  que  plu¬ 
sieurs  fumées  et  vapeurs  s’excitent 
et  s’esleuent  de  l’humeur  enflammé 
par  putréfaction  ou  chaleur  pourris¬ 
sante,  Nature  par  la  contraction  du 
pouls  déprimant  l’artere ,  se  haste  à 
les  chasser  dehors ,  n’estant  au  reste 
si  pressée  d’attirer  l’air  froid  par  la 
dilatation.  le  dis  le  mesme  de  la  res¬ 
piration  ,  dont  l’expiration  est  bien 
plus  courte  que  l’inspiration ,  à  cause 
de  la  nécessité  qu’a  le  cœur  et  le 
poulmon  de  mettre  hors  l’air  fuligi- 

ceplion  de  l’avant-dernière  phrase  du  texte 
actuel  :  le  dis  le  mesme  de  la  respiration,  etc., 
qui  manquait  en  1S75. 


neux  ,  acre  et  piquant  qui  est  à  l’en¬ 
tour  d’eux.  L’vrine  n'est  pas  sembla¬ 
ble  à  celle  des  sains  ;  mais  ou  bien  elle 
est  crue ,  ou  elte  est  trouble ,  ou  bien 
acre,  ou  accompagnée  des  signes  de 
pourriture  d’humeurs,  ou  d’vne  odeur 
puante  et  fefide. 

Ces  fiéures-cy  sont  tousiours  pires 
que  les  ephemeres  et  les  synoques 
simples  :  il  est  vray  qu’entre  icelles  , 
celles  qui  sont  intermittentes  ne  sont 
pas  si  mauuaises  que  les  continues, 
lesquelles  ne  sont  iamais  exemptes  de 
péril,  estans  presque  tousioursaccom- 
pagnées  de  très  sinistres  et  mauuais 
accidens ,  lesquels  plus  ils  sont  fas- 
cheux ,  plus  ils  demonstrent  que  la 
fléure  est  périlleuse.  Elles  sont  pa¬ 
reillement  bien  plus  dangereuses  és 
corps  cacochymes  qu’aux  autres , 
comme  aussi  à  ceux  qui  se  nourris¬ 
sent  de  mauuaises  viandes  et  mal  sai¬ 
nes  ,  et  qui  vsent  de  quelque  grand 
desreglement  en  leur  façon  de  viure. 
Enfin  ceux  qui  ont  les  entrailles  mal 
faites  et  mal  habituées ,  ou  qui  ont 
quelque  partie  noble  intéressée  et 
vicieuse,  c’est  à  dire  mal  constituée  et 
disposée ,  sont  bien  en  plus  grand 
danger  lors  qu’ils  tombent  en  ceste 
fléure  que  ne  sont  ceux  qui  ont  les 
viscères  bien  sains,  forts,  robustes,  et 
doüé>  d’vn  bon  tempérament. 

Il  y  a  finalement  des  signes  pour 
connoistre  les  fléures  putrides  les  vnes 
d’auec  les  autres  :  par  exemple  si  l’on 
obserue  vne  chaleur  ardente ,  et  vne 
soif  insupportable,  non  seulement  on 
colligera  que  c’est  vne  fléure  putride, 
mais  que  c’est  celle  quenous  appelions 
fiiéure  chaude  :  de  mesme  si  elle  ne 
prend  que  de  deux  iours  l’vn  ,  ou  de 
trois  l’vn  ,  on  s’asseure  que  la  pre¬ 
mière  est  faite  de  bile ,  et  l’autre  de 
melancholie,  et  ainsi  dos  autres  des¬ 
quelles  nous  parlerons  en  leur  lieu. 


DES  FIÈVRES. 


CHAPITRE  XIV. 

DE  L\  CVRE  DES  FIEVRES  PVTRIDES 
EN  GENERAL. 

Comme  ainsi  soit  qu’il  y  a  beaucoup 
de  causes  concurrentes  en  la  fiéure 
putride,  aussi  y  a-il  en  sa  cure  beau¬ 
coup  d'indications  à  prendre,  veu  que 
chaque  cause  doit  estre  ostée  par  la 
deuë  administration  de  son  contraire. 
C’est  pourquoy  nous  disons  qu’en  ge¬ 
neral  ,  il  n’est  pas  seulement  besoin 
d’alteration  par  les  choses  rafrai- 
chissantes,  à  fin  de  corriger  l’in tem 
perie  chaude  de  tout  le  corps,  comme 
aux  ephemeres  :  mais  qu’il  faut  en 
oulre  vser  de  coction  et  euacuation 
de  l’humeur  pourri,  qui  est  la  ma¬ 
tière  de  la  fiéure  C  En  vn  mot ,  quel- 
quesfois  il  est  besoin  de  tirer  du  sang, 
vne  autre  fois  de  purger  les  humeurs 
vicieuses  et  peccantes  :  tantost  il  faut 
esuentiler  la  matière  qui  se  pourrit 
et  qui  fait  les  obstructions,  aussi  faut- 
il  par  fois  rafraichir,  desseicher,  in¬ 
ciser,  deterger,  fortifier.  Mais  comine 
toutes  ces  choses  ne  peuuent  estre 

>  Ce  début  répond  presque  exactement  à 
celui  du  chap.  5  du  livre  primitif.  Le  lecteur 
peut  en  juger. 

«  Ch.  V.  —  La  curation  des  fleures  ‘putrides  en 
general. 

»  Les  fleures  putrides,  pour  leur  curation 
en  general ,  n’ont  besoing  de  simple  altera¬ 
tion  par  choses  réfrigérantes ,  pour  corriger 
l’intemperie  chaude  de  tout  le  corps,  comme 
és  diaires  :  mais  en  oultre  de  concoction  et 
euacuation  de  l’humeur  pourry,  qui  est  ma¬ 
tière  de  fleure.  » 

Mais  après  ceci  le  texte  posthume  a  ajouté 
des  détails  assez  longs,  et  nous  ne  retrouve¬ 
rons  la  fin  du  chapitre  primitif  qu’au  3»  pa¬ 
ragraphe  du  chapitre  actuel. 


io5 

faites  toutes  à  la  fois,  11  faut  suiure 
le  conseil  que  Galien  donne  à  l’on¬ 
zième  de  la  Méthode  chap.  16  ,  qui  est 
qu’en  la  resolution  et  analyse*  des 
causes,  ce  qui  est  le  dernier  trouué 
doit  estre  mis  le  premier  en  execution, 
lors  qu’il  est  question  de  la  cure  des 
maladies.  C’est  donc  ce  qu’il  faut  faire 
en  la  cure  des  fleures  putrides;  il  faut 
commencer  à  oster  la  cause  qui  a  esté 
trouuée  la  derniere  en  ordre  de  la  gé¬ 
nération  d’icelles  :  par  exemple ,  il 
faut  euacuer  la  matière  qui  fait  ob¬ 
struction.  Car  si  la  fiéure  ne  peut  es¬ 
tre  ostée  tandis  que  la  pourriture  de¬ 
meure,  qui  est  la  vraye  et  propre 
cause,  et  si  la  pourriture  ne  peut  ces- 
.ser  tandis  que  l’esuentilation  est  em- 
peschée ,  et  si  l’esuenlilation  ne  peut 
estre  libre  tandis  que  l’obstruction  per- 
seuere,  il  faut  conclure  qu’auant  tou¬ 
tes  choses,  il  faut  osier  les  causes  qui 
empeschent  la  transpiration ,  qui  est 
l’obstruction  ou  constipation.  Or  l’ob¬ 
struction  estant  en  partie  faite,  çn 
partie  se  faisant  tous  les  iours ,  ce  se- 
roit  trauailler  en  vain  qui  voudroit 
oster  l’obstruction  qui  est  desia  faite, 
deuant  que  d’empescher  celle  qui  se 
doit  faire  tous  les  iours.  Car  encore 
bien  qu’on  tasche  de  vuider  les  hu¬ 
meurs  qui  font  l’obstruction ,  mesme 
quand  on  osteroit  tout  à  fait  l’ob¬ 
struction  ,  ce  n’est  toutesfois  rien  d’a- 
uant'é,  puis  que  l’on  n’empesche  pas 
que  les  humeurs  n’affluent  derechef 
pour  continuer  l’obstruction.  C’est 
pourquoy  il  faut  s’arrester  à  ceste 
maxime,  que  pour  commencer  la  gué¬ 
rison  des  fiéures  putrides,  il  faut  de¬ 
uant  toutes  choses  oster  l’humeur 
superflue  qui  est  propre  à  faire  l’ob¬ 
struction  ;  car  ce  faisant  on  empesche 
qu’il  ne  se  face  aucune  obstruction 
dans  le  corps. 

Voicy  donc  .six  ou  sept  chefs  qu’il 


LE  VINGTIEME  LIVRE 


106 

fdut  obseruer  en  la  cure  des  fleures 
putrides.  Le  premier,  est  qu’il  faut 
ester  les  causes  euidentes  et  manifes¬ 
tes  ,  s’il  s’en  tfouue  quelqu’vne  qui 
puisse  augmenter  le  mal.  En  second 
lieu  ,  il  faut  prescrire  vu  régime  de 
viure  propre  et  conuenable,  suffisant 
d’entretenir  les  forces,  et  ne  fomenter 
pas  le  mal.  ïiercement,  il  faut  retran¬ 
cher  la  cause  antecedente  en  euacuant 
les  humeurs  superflues  et  vicieuses 
parles  voyes  conuenables,  sçauoirpar 
la  saignée,  ou  par  la  purgation,  ou  pâl¬ 
ies  deux  ensemble.  Quatrièmement , 
il  faut  dégager  les  obstructions  s’il 
y  en  a ,  et  procurer  par  toutes  sor¬ 
tes  de  remedes  propres  et  conuena¬ 
bles,  la  transpiration  et  l’euentilation 
des  humeurs.  En  cinquième  lieü ,  il 
faut  corriger  les  indispositions  du 
corps  et  des  parties  nobles,  qui  engen¬ 
drent  tous  les  iours  de  nouuelles  hu¬ 
meurs  vicieuses ,  ou  qui  corrompent 
les  bonnes.  En  sixième  lieu ,  si  la  ma¬ 
tière  d’elle-raesme  ne  chasse  les  mau- 
uaises  humeurs ,  il  faut  les  euacuer , 
ou  bien ,  si  faire  se  peut ,  les  corriger 
et  les  ramener  à  quelque  meilleure 
trempe.  Enfin,  il  faut  corriger  l’intem- 
perie  du  corps  et  des  humeurs ,  ester 
la  pourriture ,  restablir  les  parties  en 
leur  premier  estât ,  et  rendre  à  celles 
qui  sont  débilitées  et  afifoiblies  leur 
première  force  et  vigueur. 

Mais  il  faut  icy  obseruer,  deuant 
que  venir  à  l’eiiacuation  des  humeurs 
vitieüses ,  qu’il  faut  préparer  tant  le 
corps  que  les  humeurs  1.  La  prepara- 

<  Nous  revenons  ici  au  texte  de  1575, 
cfaap.  5  : 

«  Deuant  que  procéder  à  l^euacUation ,  il 
faut  préparer  le  cotpà  et  les  humeurs.  » 

C’est  bien  là  le  début  de  notre  paragraphe 
actuel.  Le  reste  suit  jusqu’à  là  lin ,  sauf  quel¬ 
ques  rrtodiûcalions,  èt  nous  Signalerons  dans 


tion  des  humeurs  se  fait  en  atténuant 
et  subtiliant  ceux  qui  sont  espais, 
detergeant  ceux  qui  sont  lents,  et 
incisant  ceux  qui  sont  viscides  et 
gluans.  le  ne  mets  point  icy  en  con- 
trouerse ,  s’il  faut  espaissir  ceux  qui 
sont  trop  liquides  et  ténus  :  i’en  laisse 
la  decision  à  ceux  qui  en  ont  fait  des 
liures  entiers  1.  La  préparation  du 
corps  se  fait  en  estant  et  ouurant  les 
obstructions,  et  rendant  tous  les  con¬ 
duits  du  corps,  tant  manifestes  qu’in¬ 
sensibles  ,  tant  internes  qu’externes  , 
ouuerts,  libres  et  transpirables.  C’est 
pourquoy  en  vain  en  vne  fléUre  cau¬ 
sée  d’obstruction  interne,  ordonne- 
t-on  choses  qui  esmeuuent  les  sueurs 
et  les  vrines.  Car  par  ce  moyen  on 
euacue  l’humeur  crud  de  la  cauité 
des  veines  et  entrailles  en  l’habitude 
et  superficie  du  corps,  auquel  lieu, 
par  defaut  de  chaleur  suffisante,  il  ne 
se  peut  iamais  cuire  qu’à  tres-grando 
peine  et  en  fort  longtemps  ;  là  où  si 
on  l’eust  laissé  à  l’entour  des  entrailles 
il  eut  peu  se  cuire  aisément,  facile¬ 
ment  et  en  peu  de  temps  ,  à  cause  de 
la  chaleur  puissante  qui  résidé  en  ces 
lieux-là  :  qui  est  l’occasion  pour  la¬ 
quelle  Galien  au  liure  quatrième  de 
la  conseruation  de  la  santé ,  et  au  li- 
üre  premier  à  G/aucou,  defend  fort  sa¬ 
gement  de  tirer  du  sang  à  ceux  qui 
ont  des  crudités  au  ventricule  et  vei¬ 
nes  de  la  première  région  du  corps  2, 
d’autant  que  par  telle  euacuation  le 
sang  qui  souuent  est  bon  et  louable 
tant  en  quantité  qu’en  qualité,  des 
grandes  veines  est  euacué  et  tiré,  et 
iceluy  qui  est  crud,  corrompu  et 
pourri,  est  attiré  du  ventricule  dans 

les  notes  suivantes  celles  qui  ont  quelque 
peu  d’importance. 

^  Cette  phrase  manque  en  1575. 

2  L  édition  de  1575  ajoute  !  comme  és  vei¬ 
nes  mesaraïques. 


t)ES  FIÈVRES. 


les  gràndes  veines  et  vers  les  pàrties 
nobles.  Qbe  si  la  fléure  putride  estoit 
causée ,  non  d’obstruction  interne , 
mais  de  la  constipation  du  cuir,  pour 
lors  les  medicamens  qui  purgent  sont 
inutiles ,  d’autant  qu’ils  attirent  l’hu 
meur  peccante  de  la  superficie  au  de¬ 
dans  et  centre  du  corps  :  en  ce  cas-là 
il  faut  donc  se  Seruir  des  sudorifiques 
et  diurétiques  Toütesfois  il  faut  no- 
teE  que  si  l’euacuàtion  que  nous  tas- 
cbohs  faire  par  digerens  ét  sudorifi¬ 
ques  ii’èst  suffisante  pour  euâcüer 
toute  rbuineur ,  qu’én  tel  cas  il  sera 
Vlilé  d’Vser  de  medicamens  purgatifs 
et  diurétiques  ;  comme  au  contrâire 
lors  que  la  crudité  dés  humeurs  qüi 
sent  en  la  première  région  du  corps , 
sera  Cüilte,  digeCée  et  mitiflée,  il  sera 
tres-necessaire  non  seulement  de  pur¬ 
ger  par  en  bas,  auec  potions  et  clÿs- 
teres,  mais  aussi  de  prouoqüer  les 
sueurs  et  les  vrinës 

Quiconque  voudroit  icy  spécifier 
par  le  menu  tous  les  remedes  qui  sont 
necessaires  et  vliies  aux  fiéures  putri¬ 
des,  àüroit  besoin  dë  fâire  vn  discours 
plus  long  que  Celuy  que  nuus  auUUs 
entrepris  pour  toüles  les  fiéures  : 
d’autant  qu'il  n’y  a  sorte  de  médica¬ 
ment  qui  ne  puisse  y  estre  approprié , 
à  cause  de  là  grande  diuersité  d’indi¬ 
cations  que  nous  auons  dit  dcuoir 
estre  prises  en  la  cure  de  ces  fiéures. 
Il  eUst  esté  aussi  bien  à  propos  de 
mettre  icy  en  question  si  la  saignée 

1  Cette  fin  de  phrase  :  en  ce  cai  là  il  faut 
donc  se  seruir  des  sudorifiques  et  diurétiques, 
manque  dans  le  texte  de  1575. 

*  Ici  se  terminait  en  réalité  le  chapitre  5 
de  l’édition  de  1575;  toutefois ,  elle  ajoutait 
une  phrase  finale  pour  servir  de  transition 
au  chapitre  suivant  : 

«  Apres  auoir  ainsi  dcscrit  les  causes  et 
especes  en  general ,  reste  maintenant  de 
parler  de  chacune  en  particulier.  » 


10^ 

est  necessaire  à  toutes  les  fiéures 
pourries  :  car  comme  il  est  tres-cer- 
tain  qu’elle  conuient  à  celles  qui  se 
font  du  sang  pourri ,  et  aussi  à  celles 
qui  se  font  des  autres  humeurs,  et 
qui  sont  continues  :  de  mesme  peut- 
on  douter  si  elle  est  vtile  aux  fiéures 
intermittentes,  qüi  ont  leur  siégé  non 
dans  le  sang  hy  dans  les  grands  vais¬ 
seaux  ,  mais  dans  les  autres  humeurs 
non  alimenteuses,  et  dans  les  petites 
veines  espar  ses  P  ar  la  premier  e  région . 
Mais  ie  remets  cette  difficulté  lors 
que  nous  parlerons  dë  la  cure  des  fié- 
ures  intermittentes  OU  particulier. 


CHAPITRE  XV. 

DE  LA  FlÉVhE  SŸNOQVE. 

Cy  dessus  rtous  auons  rapporté  là 
différence  qu’il  y  âubit  éntre  la  sÿtto- 
que  simple  et  la  Synoque  putride ,  et 
auons  dit  quô  celle  *cÿ  estoit  vne 
fiéuï-e  continue,  excitée  de  là  pourriture 
du  sang  qui  est  contenu  dans  les  grands 
vaisseaux  Situés  entré  les  aisnes  et  les 
aisselles.  Or  cë  sang  qüi  Se  pourrit  est 
modéré,  temperé,  et  composé  d’Vne 
égale  permistion  et  meslange  deS  qua¬ 
tre  humeurs  ;  ce  que  ie  dis  à  flü  qü’Oh 
la  reconnoisse  des  autres  fiéüres  con¬ 
tinues,  lesquelles  ont  cela  de  propre, 
que  si  le  sang  n’est  modéré  et  egale¬ 
ment  meslé  des  autres  humeurs ,  ont 
des  sensibles  redoüblemens  et  exa¬ 
cerbations  ,  ou  tous  les  iours ,  ou  de 
deux  l’vUjOudetroisi’vn,  selonqü’ily 
a  en  la  masse  du  sang  vne  humeur  qui 
excede  et  surabonde ,  ainsi  que  nous 
dirons  cy  après.  Mais  lors  que  le  sang 
est  proportionné  d’vne  égalé  partie 
des  autres  humeurs,  ppür  lors  ceste 
fléure  n’a  aucuns  redoublemefis  seU- 


1  o8  LK  VINGTIEME  LIVRE 


Sibles  ,  si  ce  n’est  lors  que  les  vapeurs 
putrides  qui  s’esleuent  de  ce  sang 
s’euaporent  plus  ou  moins  :  ce  qui  fait 
et  produit  trois  degrés  de  tiéure ,  qui 
sont  comme  autant  de  différences 
d’icelle,  sçauoir,  Vliomotone  ou  acmas- 
tique^  Vepacmastique,  et  la  paracmas- 
iique,  desquels  nous  auons  parlé  cy- 
dessus  au  chapitre  de  là  synoque 
simple.  Quelques  autheurs  ont  voulu 
nier  qu’il  y  ait  aucune  fiéure  synoque 
putride,  d’autant  (disent-ils)  que  le 
sang  ne  se  peut  enflammer  et  pourrir 
qu’il  ne  se  tourne  incontinent  et  dé¬ 
généré  ou  en  bile,  ou  en  atrabile,  ce 
qui  fait  indubitablement  changer  l’es¬ 
pece  de  la  fiéure.  Mais  pour  toute  res- 
ponse,  ie  les  renuoye  à  Galien  au 
huitième  de  laMelhode,  chap.  3,  au 
second  den  Différences  des  fiéures,  cha¬ 
pitre  2  et  11,  et  au  troisième  des  Cri¬ 
ses  chap.  4,  ausquels  lieux  ils  pour¬ 
ront  voir  que  Galien  admet  ceste 
fiéure  pour  deux  ou  trois  raisons  qui 
n’ont  point  de  repartie. 

I.es  causes  de  ceste  fleure  ont  esté 
expliquées cy-dessus  au  chapitre  13,  là 
où  nous  auons  dit  que  c’estoit  ou  la 
constipation  ,  ou  l’obstruction  ,  les 
quelles  estoient  cause  que  la  pourri¬ 
ture  se  meltoit  dans  le  sang,  principa¬ 
lement  en  iceluy  qui  est  moins  pur  et 
net.  On  pourroit  icy  s’enquérir  s’il  est 
possible  de  subsister  auec  la  pourri¬ 
ture  du  sang,  qui  nous  sert  de  nourri¬ 
ture,  etcomment  il  se  peut  fairequ’es- 
tant  vne  fois  pourri,  il  puisse  se 
corriger  et  reuenir  en  grâce  et  en 
faneur  auec  la  nature.  A  cecy  ie  res- 
pons  que  iamais  tout  le  sang  ne  se 
pourrit,  si  ce  n’est  par  vne  extreme 
ou  insigne  pourriture,  de  laquelle  il 
n’y  a  point  d’appel ,  pour  estre  icelle 
tout  à  fait  ennemie  de  nostre  vie  :  mais 
toutesfois  et  quand  que  la  pourriture 
se  met  dans  les  veines,  elle  pourrit  à 


la  vérité  tout  le  sang ,  mais  non  pa 
toutes  les  parties  du  sang.  Car  iceluy 
estant  composé  de  trois  autres  hu¬ 
meurs,  et  en  outre  d’vne  certaine  sé¬ 
rosité:  en  premier  lieu,  la  partie  plus 
prompte  et  plus  preste  à  se  pourrir 
reçoit  la  pourriture ,  et  puis  ensuite 
les  autres  parties  les  vues  après  les 
autres,  selon  qu’elles  ont  plus  ou 
moins  de  disposition  :  et  ainsi  la  pour¬ 
riture  s’introduit  au  sang  et  y  de¬ 
meure,  iusques  à  ce  que  toutes  les 
parties  du  sang  plus  disposées  à  pour¬ 
rir  ayent  esté  consommées  et  dissipées, 
et  la  fiéure  entièrement  esteinte  :  ce¬ 
pendant  la  partie  du  sang  la  meil¬ 
leure,  et  qui  pour  n’auoir  pas  eu  dis¬ 
position  à  la  pourriture  ne  s’est  point 
infectée  auec  les  autres ,  demeure  et 
perseuere  en  son  entier  pour  la  con- 
seruation  et  entretien  de  la  vie  *.  C’est 
pourquoy  nousrespondrons  aux  diffi¬ 
cultés  proposées ,  que  toutes  les  par¬ 
ties  du  sang  ne  se  pourrissant  pas,  il 
en  reste  quelqu’vne  saine  et  entière 
qui  sert  de  nourriture  à  nostre  corps. 

Pour  les  signes  de  celte  fiéure,  ce 
sont  les  mesmes  qui  se  trouuent  en  la 
synoque  simple,  mais  en  vn  degré  plus 
eminent  et  excellent.  La  chaleur  est 
plus  acre,  le  pouls  plus  grand,  vehe- 
ment ,  viste  et  frequent  qu’en  la  simple 
synoque ,  outre  qu’il  est  inégal  et  de 
réglé,  à  cause,  comme  nous  auons  dit 
au  chapitre  13,  que  sa  contraction  est 
plus  legere  que  sa  dilatation.  Les 
vrines  en  ceste  fiéure  sont  rouges , 
espaisses ,  troubles,  sans  sédiment,  et 
puantes.  Bref  tous  les  accidens  et 
symptômes  sont  plus  violons  qu’en  la 
simple  synoque.  Aus.si  est  elle  bien 
plus  périlleuse,  sur  tout  lors  que  dés 
le  commencementil  .suruienlvn  cours 
de  ventre,  car  il  abbat  tellement  les 


DES  FIEVRES. 


forces,  que  la  nature  ne  se  peut  ren¬ 
dre  la  maistresss  du  mal.  Il  est  vray 
que  si  ce  cours  de  ventre  venoit  à 
cause  d’vn  grand  amas  d’humeurs,  il 
pourroit  accourcir  la  fiéure,  pourueu 
qu’il  ne  fust  de  longue  durée  :  mais 
s’il  vient  de  la  malignité  des  humeurs, 
pour  l’ordinaire  il  apporte  la  mort 

Au  reste  ceste  fleure  quelquesfois 
se  termine  au  quatrième  iour ,  bien 
que  rarement  ;  le  plus  souuent  c’est 
au  septième ,  et  ce  ,  ou  par  cours  de 

1  L’édition  de  1576  ne  conûent  aucune 
description  de  la  fieure  synoche  putride,  chose 
d’autant  plus  singulière,  qu’elle  a  un  cha¬ 
pitre  exprès  consacré  à  la  cure  de  cette  fiè¬ 
vre,  comme  nous  le  verrons  au  chapitre 
suivant.  Tout  au  plus  rencontre-t-on  au  cha¬ 
pitre  9  quelques  mots  qui  y  ont  rapport ,  et 
qui  se  retrouvent  d’ailleurs  dans  ce  livre 
nouveau  au  chapitre  17.  Mais  dans  l’édition 
de  1679,  au  chapitre  déjà  cité  du  livre  des 
2'umeurs,  Paré  avait  essayé  de  donner  une 
idée  de  la  synoche  putride  qu’il  rattachait 
alors  au  phlegmon  ;  voici  ce  texte  : 

«  Que  si  le  phlegmon  est  en  vne  partie  in¬ 
terne,  ou  fort  grand ,  ou  voisin  de  quelque 
partie  noble  ,  de  sorte  qu’il  puisse  enuoyer 
de  soy  continuellement  au  cœur  quelque 
portion  et  vapeur  île  sa  substance  pourrie, 
et  non  par  la  seule  qualité  de  chaleur  contre 
nature,  par  continuation  des  parties  de  l’vne 
l’autre  ,  il  fera  l'espece  de  fieure  que  nous 
disons  Synoche  putride,  si  le  sang,  qui  par 
contagion  se  pourrit  dans  les  grands  vais¬ 
seaux  ,  est  composé  d’egale  meslange  et  per- 
mistion  des  quatre  humeurs. 

»  Ceste  fieure  se  connoist  à  ce  qu’elle  n’a 
aucune  remission  ou  exacerbation,  encores 
moins  d’intermission.  Elle  tient  le  fébrici¬ 
tant  oultie  les  vingt-quatre  heures,  ne  finis¬ 
sant  point  lors  à  la  mode  des  intermittentes 
par  vomissemens ,  sueurs,  ou  moiteurs,  ou 
peu  à  peu  insensiblement,  mais  perseuerant 
dure  iusques  à  ce  qu’elle  se  termine  et  quite 
du  tout  le  malade.  Elle  ne  surprend  sinon 
ceux  qui  sont  de  bonne  nature  ,  en  tempe- 


109 

ventre ,  ou  par  flux  d’vrlnes ,  ou  par 
sueurs ,  ou  par  vomissemens ,  ou  par 
flux  de  sang  :  mais  cela  n’arriue  point 
que  dés  le  quatrième  iour  on  n’ait 
apperceu  des  signes  de  coction  dans 
les  selles  et  dans  les  vrines.  Que  si 
après  auoir  veu  les  signes  de  coction 
au  quatriémeiour,  il  suruenoit  quel¬ 
que  crise  au  sixième ,  il  faut  la  tenir 
pour  suspecte  et  pour  imparfaite,  qui 
ameine  apres  elle,  ou  la  recidiue ,  ou 
la  mort  ». 


rament  et  complexion  ,  abondans  en  beau¬ 
coup  de  sang .  et  icelny  iustement  meslé  des 
quatre  humeurs.  Ceste  fieure  est  de  peu  de 
duree  :  d’autant  que  le  sang  par  sa  pourri¬ 
ture  dégénérant  en  bile  ou  melancholie , 
fait  incontinent  vne  autre  espece  de  fieure, 
sçauoir  tierce  ou  quarte  continues.  » 

Cette  description  diffère  beaucoup  de 
celle  du  livre  actuel  ;  mais  on  en  retrouvera 
les  principaux  traits  au  chapitre  17,  lequel, 
ainsi  qu’il  a  été  dit,  correspond  au  chapi¬ 
tre  9  de  l’édition  de  1676. 

1  Ce  paragraphe  semble  correspondre  à  un 
passage  du  chapitre  10  du  livre  primitif; 
toutefois  la  doctrine  n’en  est  pas  exactement 
la  même.  Voici  le  texte  de  1676  : 

«  Sur  tout  il  faudra  espier  le  quatrième 
iour  :  car  si  lors  apparaissent  quelques  si¬ 
gnes  de  concoction  ,  la  ciise  se  fera  le  sej  - 
tierne  iour,  et  ce  par  flux  de  ventre,  ou  vo¬ 
missement,  ou  vrines,  ou  sueurs,  et  prin¬ 
cipalement  par  hæmorrhagie  :  et  lors  ne  fau¬ 
dra  rien  remuer  d’auantage,  ains  laisser 
faire  Nature  son  deuoir,  selon  son  chemin 
qu’elle  aura  pris.  Que  si  au  contraire  il  n’ap. 
paroist  aucun  signe  de  concoction  ny  de 
crise,  il  ne  faut  rien  entreprendre  dauan- 
tage ,  de  tant  que  tel  malade  est  déploré  : 
quelle  maniéré  de  gens  Galien  defend  d’at- 
loucher.  » 

La  première  de  ces  deux  phrases  avait  été 
reproduite  dans  le  chapitre  11  du  livre  des 
Tumeurs-,  mais  la  deuxième  y  est  supprimée; 
et  on  voit  enfin  comme  s’explique  le  texte 
définitif. 


1  10 


LE  VINGTII^ME  HVRE, 


Nous  voyons  quelqucsfois  que  ceste 
fleure  se  termine  par  vne  quantité  de 
macules  et  de  taches  rouges  qui  appa- 
roissent  par  tout  le  corps,  et  sont 
cause  que  l’on  l’appelle  pour  lors 
pemphygodcs  ^  purpurée,  ou  fiéure  de 
pourpre,  qui  est  ordinairement  fort 
périlleuse,  et  qui  ne  se  termine  gueres 
que  dans  la  seconde  ou  troisième 
sepmuine.  Auxenfans  ceste  fléure  est 
souuent  accompagnée  de  rougeolles 
et  verolles. 


CHAPITRE  XVl. 


DE  LA.  CVKE  DE  LA  SYNOQVE  PUTRIDE 

Nous  auons  dit  vne  partie  de  ce 
qu’il  faut  faire  pour  la  cure  de  ceste 
fiéure  en  celle  de  la  synoque  simple, 
et  au  chap.  14  :  qui  est  que  la  princi¬ 
pale  intention  consiste  à  ester  la  cause, 
et  à  modérer  l’excès  de  la  chaleur. 

Premièrement  donc ,  à  cause  que 
c’est  le  sang  qui  peche  icy,  il  faut  l’eua- 
cuer  et  le  diminuer,  et  en  suite  combat¬ 
tre  les  causes  par  leurs  contraires.  Par 
exemple,  la  constipation  des  pores  du 
cuir  doit  estre  dégagée  par  les  me- 
dicamens  qui  ouurent,  qui  débou¬ 
chent  et  qui  raréfient  :  semblable¬ 
ment  on  doit  oster  l’obstruction, 
sçauoir  celle  qui  se  fait  de  l’abondance 
des  humeurs  par  leur  euacuation ,  et 
celle  qui  se  fait  par  la  crassitie  d’iceux 
par  les  remedes  qui  atténuent. 

En  somme  le  viure  doit  estre  toutjà 

‘  Ce  chapitre  est  en  grande  partie  la  re¬ 
production  du  chapitre  10  du  livre  primitif, 
mais  avec  des  cUaugemens  tels  que  la  fln  de 
celui-ci  se  retrouve  au  commencement  de 
l’autre; et  la  doctrine  même  a  notablement 
varié.  Le  lecteur  en  fera  aisément  la  com¬ 
paraison  à  l’aide  des  notes  suivantes. 


fait  réfrigérant  et  humectant, au  reste 
fort  ténu  ,  et  qui  pour  la  plus  part 
consiste  en  boüillons  de  poulets  et  de 
chair  de  veau,  que  mesme  nous  alté¬ 
rerons  auec  herbes  d’ozeillc,  de  laic- 
tue  et  de  pourpié  :  caria  chaleur  natu¬ 
relle  estant  atTolblie,  et  par  la  violence 
de  la  fiéure  ,  et  par  les  remedes  qu’il 
conuient  faire,  ne  pourroit  cuire  beau¬ 
coup  de  viandes.  La  boisson  sera  d’eau 
d’orge,  de  sirop  violât  trempé  de 
beaucoup  d’eau,  deiulep  alexandrin, 
si  principalement  il  suruient  quelque 
grand  flux  de  ventre ,  comme  il  ad¬ 
ulent  souuent  en  ceste  fléure  >  :  fuyant 

1  Ce  paragraphe  répond  à  la  fin  du  cha¬ 
pitre  10  de  1575  ;  et  le  texte  est  le  même  jus¬ 
qu’en  cet  endroit  ;  mais  alors  l’édition  pri¬ 
mitive  intercalait  un  court  paragraphe  sur 
l’observation  du  quatrième  jour,  que  nous 
avons  reproduit  dans  la  dernière  note  du 
chapitre  précédent.  Puis  le  chapitre  se  ter¬ 
minait  par  cette  phrase  sur  l’usage  de  l’eau 
fraîche  et  du  vin  : 

«  Quant  à  l’eau  fraische  de  laquelle  Galien 
fait  si  grand  cas  en  ceste  maladie, il  ne  fau¬ 
dra  en  donner  à  boire,  qu’il  n’apparoisse 
premièrement  signes  de  concoction  :  mesmes 
sur  la  déclinaison  sera  bon  donner  du  vin 
pour  esmouuoir  les  sueurs.  » 

Cette  phrase  avait  d’abord  été  copiée  dans 
le  livre  des  Tumeurs  en  1579;  mais  en  1585 
elle  fut  modifiée  ainsi  qu’il  suit  : 

«  Gai.  llu.  9.  de  la  Méthode,  chap.  5.  or¬ 
donne  de  boire  grande  quantité  d’eau  froide 
au  plus  fort  de  la  fiéure  ardante,  et  des  fié- 
ures  synoches  :  telle  chose  profite  ,  et  amol- 
list  la  chaleur  febrile ,  comme  quand  on 
iette  force  eau  au  feu  pour  l’cstelndre  : 
toutesfois  il  n’en  faudra  donner  au  malade, 
que  premièrement  on  ne  voye  les  signes  de 
concoction  :  mesme  sur  la  déclinaison ,  ne 
sera  hors  de  propos  donner  du  vin  pour 
esmouuoir  les  sueurs.  » 

Et  enfin  dans  le  livre  actuel,  mieux  in¬ 
struit  par  l’expérience,  Paré  rejette  absolu- 
I  ment  l’usage  du  vin,  qu’il  avait  d’uhojd 


DES  FIEVRES. 


tant  que  faire  se  pourra  le  vin,  que  ie  | 
ne  conseille  mesnies  pas  de  boire  au 
déclin  de  la  Heure,  de  peur  de  res- 
chauffer  le  foye  et  le  sang ,  qui  n’est 
pas  encore  bien  remis  de  la  première 
chaleur.  Quelques-vns  trouuent  bon 
d’en  donner  sur  le  déclin,  à  fin  d’emou- 
uoir  les  sueurs  :  mais  ie  le  trouue  vn 
peu  dangereux,  à  cause  qu’en  ces  vio¬ 
lentes  fléures  continues ,  on  n’est  pas 
sans  soupçon  d’inflammation  aux  par¬ 
ties  nobles.  le  trouue  meilleur  auec 
Galien  de  donner  l’eau  froide  libre¬ 
ment  et  libéralement,  mais  auec  les 
cautions  cy-deuant  obseruées. 

Mais  la  curation  principale  de  ceste 
fléure ,  selon  l’opinion  de  Galien  en 
Fonziéme  de  lo,  Melhode ,  consiste  en 
la  phlébotomie  :  car  le  sang  estant  tiré, 
la  plénitude  est  ostée,  d’où  il  s’en  suit 
que  l’obstruction  est  dégagée,  et  par 
conséquent  la  pourriture  ' .  Or  comme 
ainsi  soit  qu’en  ceste  fléure ,  il  n’y  a 
pas  seulement  vice  de  la  matière  par 
la  pourriture  du  sang,  mais  aussi  ex¬ 
cès  en  la  température  par  la  vehe- 

donné  comme  bon,  puis  comme  non  hors  de 
propos.  Nous  trouverons  par  la  suite  plus 
d’une  rétractation  de  ce  genre,  qu’il  me  pa¬ 
raît  fort  intéressant  de  signaler. 

1  Le  commencement  de  ce  long  paragra¬ 
phe  répond  exactement  au  début  du  chapi¬ 
tre  10  de  l’édition  de  1675,  et  on  le  retrouve 
également  au  chapitre  2  du  livre  des  Tu¬ 
meurs  des  éditions  postérieures.  Seulement 
ce  dernier  texte  porte  :  la  curation  de  ceste 
fléure  {selon  ce  que  i’ay  appris  des  bons  méde¬ 
cins),  etc.;  tandis  que  le  livre  primitif  et  le 
livre  posthume  portent  également  ;  selon 
l’apiniop  de  Galien.  De  même  tous  deux 
s’accordent  à  dire  un  peu  plus  bas  :  ce  qui 
a  esmeu  Galien  «  dire  qu’il  fallait  icy  saigner 
iusques  à  lipothymie  ;  tandis  que  le  livre  des 
Tumeurs  corrige  :  ce  qui  a  esmeu  quelques 
vns,  etc.  Mais  à  partir  de  cette  dernière 
phrase,  le  texte  a  beaucoup  changé;  j’y  re¬ 
viendrai  dans  la  note  suivante. 


mence  de  la  chaleur  :  de  là  vient  que 
la  phlébotomie  ne  remedie  pas  seule¬ 
ment  à  la  pourriture,  comme  nous 
auoris  dit ,  mais  aussi  à  l’intemperie 
chaude  ;  car  le  sang  (auquel  consiste 
toute  nostre  chaleur)  estant  euacué, 
fait  exhaler  auec  luy  les  excremens 
acres  et  fuligineux ,  qui  pour  estre 
supprimés  et  retenus  au  corps,  aug- 
mentoient  fort  l'ardeur  de  la  fléure. 
En  outre  en  la  place  du  sang  euacué, 
les  veines  attirent  beaucoup  d’air  froid 
pour  euiter  le  vuide  que  la  nature 
abhorre  :  d’où  vient  le  rafraichisse- 
menf  de  toute  l’habitude  du  corps  : 
mesme  à  plusieurs  par  le  moyen  de 
la  phlébotomie  il  suruient  vn  bene- 
flce  de  ventre,  ou  bieri  les  sueurs  sor¬ 
tent  en  abondance,  choses  fort  sou¬ 
haitables  en  ceste  espece  de  fléure.  Ce 
qui  a  esmeu  Galien  à  dire  qu’il  falloit 
icy  saigner  iusques  à  lipothymie  *,  ce 
que  nous  n’auons  pas  toutesfois  ap- 
prouué  cy-dessus ,  louant  d’auantage 
l’opinion  de  ceux  qui,  aduenantlecas 
que  le  malade  eust  besoin  de  grande 
euacuation  de  sang,  départent  par 
epaphœrese  icelle  vacuafion,  estant 
du  sang  par  interualles ,  tant  de  fois 

‘  Là  finit  la  ressemblance  entre  le  com¬ 
mencement  du  chapitre  10  de  1575  et  le 
texte  posthume;  je  reproduis  ici  le  premier, 
qui  est  fort  court,  et  qui  avait  été  reproduit 
à  peu  près  littéralement  au  livré  des  Tu¬ 
meurs  : 

«  Toutesfois  d’autant  que  plusieurs  par  ce 
moyen  ontauec  le  sang  rendu  l’ame  entre  les 
mains  des  Médecins,  ie  serois  plustost  d’auis, 
aduenant  le  cas  que  le  malade  eust  besoing 
de  grande  euacuation  de  sang,  de  partir  par 
epicrase  icelle  euacuation ,  répétant  icelle , 
et  estant  du  sang  par  interualles ,  tant  que 
les  forces  du  malade  le  pourront  aisément 
porter.  » 

Voilà  ce  qui ,  dans  le  livre  primitif,  cor¬ 
respond  à  toute  la  ûn  du  paragraphe  actuel. 


1  12 


LE  VINGTIEME  LIVRE 


que  les  forces  du  malade  le  peuuent 
souffrir  aisément,  et  que  la  grandeur 
du  mal  le  desire.  Il  est  à  la  vérité  im¬ 
possible  de  dire  la  quantité  du  sang 
qu’il  faut  tirer,  et  le  nombre  de 
fois  qu’il  faut  saigner  :  il  faut  toutes 
fois  bien  s’empescher  de  suiure  l’opi¬ 
nion  de  ceux  qui ,  après  auoir  saigné 
deux  ou  trois  fois,  et  quatre  ou  cinq 
au  plus,  laissent  plustosl  mourir  le 
malade  que  de  le  saigner  d’auantage. 

Il  faut  tousiours  s’arrester  à  ces  deux 
maximes,  qui  sont  d’auoir  esgardà  la 
grandeur  et  violence  du  mal,  et  aux 
forces  du  malade.  Tant  que  les  forces 
le  permettent,  il  faut  saigner  si  la 
violence  du  mal  vous  y  conuie,  ne 
regardant  point  si  c’est  de  iour  ou  de 
nuit,  si  c’est  le  matin  ou  le  soir,  si 
c’est  l’hyuer  ou  l’esté,  si  c’est  en  plaine 
ou  nonuelle  lune,  en  quelque  con- 
ionction  que  se  puissent  trouuer  les 
astres,  n’espargnantmesmepas  ny  les 
enfans ,  ny  les  vieillards ,  ny  les 
femmes  grosses,  ny  les  femmes  accou¬ 
chées  ;  brefn’ayantaucuneexception, 
ny  des  lieux,  ny  du  temps,  ny  des 
personnes.  C’est  pourquoy  cette  reigle 
doit  estre  obseruée  ailleurs  comme  à 
Paris,  en  Italie,  Espagne,  Allemagne, 
Poloigne ,  Angleterre ,  comme  en 
France  :  en  l’Afrique  et  Amérique, 
comme  en  l’Europe  :  estant  toutesfois 
de  la  prudence  du  Médecin  de  modé¬ 
rer  l’euacuation  du  sang  selon  les 
circonstances,  lesquelles  ne  peuuent 
pas  empescher  tout  à  fait  les  remedes 
indiqués  par  le  mal,  mais  les  modérer  | 
seulement  et  les  modifier  :  ne  plus  ne 
moins  que  pour  la  vie,»il  est  necessaire 
de  prendre  de  la  nourriture,  estant 
toutesfois  besoin  de  la  changer,  aug¬ 
menter,  diminuer,  aduancer,  retarder 
selon  les  circonstances  de  l’aage,  du 
sexe,  du  tempérament,  du  lieu,  du 
temps  et  de  la  saison.  le  me  suis  icy 


voulu  estendre  sur  la  saignée,  pour 
desraciner  l’opinion  de  ceux  qui  la 
blasment,  et  pour  encourager  ceux 
qui  sont  trop  craintifs  à  la  faire.  Cecy 
en  outre  seruira  non  seulement  . pour 
la  cure  de  la  fiéure  synoque  putride, 
mais  aussi  pour  la  cure  des  autres 
fleures,  et  de  toutes  les  maladies  qui 
ont  besoin  de  la  phlébotomie. 

Auantque  faire  la  saignée,  ou  après 
la  première  saignée  faite ,  si  le  ventre 
est  dur  et  paresseux ,  il  faudroit  le 
lascher  auec  un  clyslere  remoliient 
et  rafraîchissant,  de  peur  que  les 
veines  espuisées  et  vuidées  par  la 
phlébotomie  n’attirent  à  elles  l’impu¬ 
reté  des  humeurs  qui  croupissent 
dans  les  intestins.  Mais  il  faut  que  le 
clystere  soit  modérément  rafraichis- 
sant  ;  car  ceux  qui  rafraîchissent 
trop  adstreignent  et  serrent  plustost 
le  ventre  que  de  le  lascher.  En  la 
première  impression  de  ce  discours  , 
ie  conseillois  après  la  première  sai¬ 
gnée  de  donner  vn  leger  médicament, 
comme  le  bol  de  casse,  ou  de  calho  • 
licon,  pourfaire  minoration  delà  ma¬ 
tière.  Mais  i’en  ay  veu  de  si  mauuais 
effets,  et  des redoublemens  de  fiéure 
si  furieux ,  et  autres  accidens  si  es- 
tranges ,  que  i’ay  esté  contraint  de 
changer  d’aduis,  et  remettre  la  pur¬ 
gation  après  le  septième  iour.  C’est 
pourquoy  à  mon  exemple,  ie  conuie 
ceux  qui  ont  la  mesrae  pratique  que 
i’auois  d’estre  plus  circonspects  à  don¬ 
ner  les  purgatifs,  et  peser  deux  ou 
rois  fois,  auparauant  que  de  les  bail¬ 
ler,  si  la  violence  de  la  chaleur  et  la 
grandeur  de  la  pourriture  contenue 
dedans  le  sang  le  peuuent  permet¬ 
tre  1.  Il  faut  à  la  vérité  minorer  la 

‘  Voici  une  nouvelle  rétractation  de  Paré, 

ou  on  voit  qu’après  avoir  suivi  une  pra¬ 
tique  qui  se  rapprochait  du  brownisiue  ino- 


DES  FlléVRES. 


maliere,  et  nettoyer  la  première  ré¬ 
gion  du  corps  :  mais  cela  se  peut  bien 
faire  plus  commodément  et  seure- 
ment  par  les  clysleres  qui  ne  trou¬ 
blent  point  la  nature,  que  par  les 
purgatifs  qui  remuent ,  troublent , 
esbranlent  et  agitent  toutes  les  hu¬ 
meurs  ,  et  ne  vuident  rien  de  ce 
qui  fait  le  mal,  d’autant  qu’au  com¬ 
mencement  des  maladies ,  il  n’y  a  en¬ 
core  rien  de  cuit  ny  de  préparé.  At- 

derne,  il  en  était  revenu  presque  au  régime 
antiphlogistique;  il  est  curieux  de  repro¬ 
duire  à  eette  occasion  ses  diverses  rédactions. 
Dans  son  premier  livre,  en  1575,  il  s’expli¬ 
quait  ainsi: 

«  La  phlébotomie  ainsi  deuëmentcelebree, 
il  faudra  incontinent  donner  vn  clystere  qui 
soit  remolliens,  et  modérément  refraischis- 
sant  :  car  ceux  qui  reCraischissent  trop,  ad- 
streignent  plustost  le  ventre  qu’ils  ne  le  las- 
chent.  Or  Inccntinent  apres  la  saignee ,  ou 
peu  deuant,  il  faut  lascher  le  ventre,  de 
peur  que  les  veines  inaniees  parla  phlébo¬ 
tomie  n’attirent  en  leur  capacité  l’impurité 
des  intestins.  Le  lendemain  faudra  par  vn 
legier  médicament,  comme  de  bol  de  Casse 
ou  de  Gatholicurn ,  faire  minoration  de  ta 
matière  :  et  apres  ordonnerez  syrops  qui  non 
seulement  ayent  force  de  refraischir,  mais 
aussi  d’empescher  la  pourriture,  quels  sont 
les  syrops  de  limons ,  de  berberis,  Vaceteus, 
de  acelodtate  citri ,  de  gremlis  ;  oxysaccara 
simples,  ausquelsil  faudra  rnesler  des  eaux 
de  pareille  vertu ,  comme  l’eau  d’aceteuse, 
de  roses,  et  autres  semblables.  » 

Après  quoi  il  passait  à  la  prescription  du 
viure,  que  nous  avons  retrouvée  au  commen¬ 
cement  de  ce  chapitre.  En  1579  ,  il  s’était  à 
peu  près  borné  à  copier  ce  passage ,  sauf  la 
phrase  si  remarquable  relative  à  L’absorp¬ 
tion  des  veines,  qu’il  a  d’ailleurs  reproduite 
dans  le  texte  actuel.  Je  ne  sais  d’ailleurs  par 
quel  fâcheux  oubli,  ayant  ainsi  changé  tout- 
à-fait  de  pratique ,  il  laissait  subsister  dans 
son  livre  des  Tumeurs  des  préceptes  recon¬ 
nus  mauvais  par  lui-même,  et  auxquels  il 
avait  renoncé. 


n3 

tendant  donc  le  huitième  îour  à 
purger  le  corps,  on  se  seruira  cepen¬ 
dant  des  clysteres ,  tant  pour  rafraî¬ 
chir  que  pour  nettoyer  les  impuretés 
des  intestins  ,  et  fera-on  vser  aux  ma¬ 
lades  de  iuleps,  apozemes  et  syrops, 
qui  non  seulement  ayent  la  force  de 
rafraîchir,  mais  aussi  d’empescher 
la  pourriture,  tels  que  sont  les  syrops 
de  limons,  de  berberis,  l’aceteux , 
de  acetositate  citri ,  de  grenade,  oxy- 
mel ,  oxysacchara  simple,  ausquels  il 
faudra  rnesler  les  eaux  ou  les  décoc¬ 
tions  des  herbes  de  pareille  vertu. 
Ayant  ainsi  préparé  les  humeurs  et 
adouci  la  chaleur  de  la  fiéure  ,  vers 
le  huitième  iour  on  pourra  purger 
le  corps  auec  infusion  de  casse,  de 
tamarins,  de  séné  de  Leuant ,  et  le 
syrop  de  cichorée  composé  auec 
riieubarbe,  ou  auec  tels  autres  pur¬ 
gatifs  que  le  médecin  iugera  estre 
propres,  tant  au  naturel  du  maladeet 
à  la  condition  de  l’humeur  qui  do¬ 
mine  plus  en  son  corps,  qu’à  la  partie 
du  corps  qui  est  plus  chargée  d’hu¬ 
meurs. 


CHAPITRE  XVII 

DES  FIÈVRES  INTERMITTENTES,  DE  lÆVRS 
ESPECES,  ET  COMMENT  ELLES  SONT 
DISTINGVÉES  DES  CONTINVES. 

Après  auoir  parlé  de  la  fléure  pu¬ 
tride  qui  se  fait  du  sang,,  il  faut  pas¬ 
ser  à  celle  qui  s’engendre  de  la  bile 
jaune,  laquelle  nous  auons  dit  estre  in¬ 
termittente  ou  continue.  Nous  auons 
ditdesia  ce  que  c’estoit  que  la  fiéure 
continue ,  et  comme  elle  differoit  de 
l’intermittente  *.  Il  est  neantmoins  à 

'  Il  en  a  déjà  parlé  en  effet  en  divers  en¬ 
droits  ,  notamment  aux  chapitres  8  et  I2 
8 


III. 


LE  VINGTIEME  LIVRE 


i«4 

propos  deuanl  que  de  passer  outre  j 
d’expliquer  encôre  cela  plus  ample¬ 
ment,  à  lin  d’en  informer  le  foible  es¬ 
prit  du  ieune  chirurgien  ,  et  qu’il  ap¬ 
prenne  par  quéls  signes  il  connoistra 
vne  fleure'  intermittente  d’auec  vne 
continue. 

Il  a  donc  esté  dit  cy-deuant  i  que  la 
matierè'  deS  fléurés  Continués  venant 
à  sè  pourrir  aux  grands  vaisseaux,  en- 

mais  nulle  part  peut-être  si  nettement  qu’au 
commencement  du  chapitre  G  de  1675,  intî- 
tulé  :'2?es  fieures  d'accez,  et  •premièrement  de 
la  quotidiàne  ihtér'miitèhte,  y oici  ce  premier 
texte  :  - 

«  Ayant  parlé  de  la  cure  des  fleures  putri¬ 
des  en  general,  faut  maintenant  en  parler 
en  particulier  ,  commençant  par  les  inter¬ 
mittentes,  ou  d’accez.  Doncques  fleure  d’ac¬ 
cez  e't  celle:  qui  à  certaines  heures  déter¬ 
minées  en  certains  iours,  comme  tous  les 
iours ,  si  elle  est  quotidiane  :  ou  de  trois 
iours  Vvn ,  si  elle  est  tierce  :  ou  de  quatre 
iours  rvri,  si  elle  est  quarte,  surprend  le  ma¬ 
lade.  » 

On  retrouvera  la  suite  de  ce  texte  au  cha¬ 
pitre  25  du  livre  actuel. 

‘  Cydeuant  :  voyez  au  chapitre  12.  Du 
reste  le  chapitre  12  n’en  avait  parlé  qu’en 
passant,  car  l’auteur  avait  traité  ce  sujet 
dans  le  chapitre  9  de  son  premier  livre  de 
1575 ,  et  il  ne  voulait  pas  perdre  sa  rédac¬ 
tion,  Ce  chapitre  9  est  intitulé  :  Des  fleures 
cohiinues,  de  leurs  especes,  et  de  leurs  signes, 
et  il  peut  paraître  assèz  étrange  dé  le  voir 
fondu  tout  entier  dans  un  autre  qui  a  pour 
titré  :  Des  fiéures  inter\niàenies.  l\  en  est  ce¬ 
pendant  ainsi,  et  Paré  nous  a  accoutumés  à 
tien  d’aulrés'disparates.  Ainsi  tout  le  para¬ 
graphe  actuel  h’est  que  la  reproduction  du 
commencement  du  chapitre  9de  1575,  à  pari 
les  premiers  naots  qui  se  lisaient  ainsi  : 

«  La  matière  des  fleures  continues  est  placée 
és  grands  vaisseaux',  oâ  veiiant  à  pourrir,  en-r 
uoye  de  soy  continuellement  au  cœur,  etc.  » 

Nous  retrouverons  le  reste  de  ce  chapitre 
dans  les  notes  suivantes. 


uoye  de  soy  continuellemenf  aucœur, 
ou  quelque  portion  de  la  substance 
pourTie ,  ou  bien  quelque  vapeur ,  ce 
qui  fait  que  le  cœur  estant  ainsi  con¬ 
tinuellement  combattu  et  eschauffé, 
enuoye  par  tout  le  corps  vne  chaleur 
immodérée  et  contre  nature,  que  nous 
appelions  fleure  continue.  Que  si  ceste 
matière  est  enfermée  en  l’aine  ou 
en  autre  lieuplus  eslongné,  alors  pour 
la  distance  des  lieux ,  pour  l'angustie 
des  vaisseaux ,  pour  la  petite  quan¬ 
tité  de  la  matière ,  elle  ne  peut  en- 
uoyer  au  cœur  aucune  substance  pu¬ 
tride  ny  aucune  exhalaison ,  mais  la 
seule  quantité  de  chaleur  contre  na¬ 
ture,  par  continuation  des  parties 
Fvne  à  l’autre,  comme  nous  enseigne 
Galien;  au  premier  des  fiéures,,  dont  est 
excitée  simplement  ou  la  fleure  diaire, 
ou  ja  Symptomatiqué. 

Mais  lors'  que  la  matière  est  reser¬ 
rée  dans  les  veinés  et  conduits  de  la 
première  regiop  du  corps  ,  laquelle 
pour  parler  nettement  est  comme  sa 
sentine  et  son  esgout,  pour  receuoir 
les  élcreméns  de  la  première  et  se¬ 
conde  coction  :  et  après  qu’elle  y  a 
deméubé  et  croupi  fort  long-temps, 
si  élleviènt  à  s’y  pourrir,  paï  sonebul- 
lition  elle  enüoyé  des  vapeurs  au 
cœur  par  les  veines  et  arteres,  qui  se 
communiquent  les  vues  aux  autres 
par  les  rameaux  de  la  veine  porte  qui 
sont  insérés  en  la  vouste  du  foye,  et 
par  ceux  de  la  veine  caue  qui  sortent 
de  la  partie  gibbe  d’iceluy.  Ces  ra¬ 
meaux  icy  seioignans  ensemble  dans 
la  substance  du  foye  par  leurs  embou- 
chèuresou  anastomoses,  font  que  les 
vapeurs  putrides  sont  facilement  por¬ 
tées  iusques  au  cœur  :  mesme  que  les 
rameaux  de  la  grande  artere,  qui 
sont  enuoyés  àl’estomach,  auxintes- 
tins,  àlarateet  au  mesentere,  por¬ 
tent  aussi  lesdites  vapeurs  qui  sortent 


BES  FIÈVRES. 


des  humeurs  pourries  de  la  première 
région  du  corps  iusques  au  cœ'ür  où 
la  fiéüre  est  àlluméô,  taht  et  si  long¬ 
temps  que  la  maliere  qui  se  pourrit 
duré  et  s’entretient.  Ladite  fiéure 
cessé  aussi  IdM  'que'  ladite  matière  Se 
dissipé  et  Sé  résout,' Soit’ insensible- 
nient  pat  ta  chaleur'  de  la  fiéure,  ou 
iù'Sëiisiblerneht  par  les  vomissemensj 
flüi  de  f  entré",  flùx  d’vrine,'  Où  siiëurs. 
Ôr  d’autaùt  qüé  ladite  nàatieré,  pour 
eStre  dans  des  conduits  estroits  et 
petits,  ne  peut  pas  estte  arnassée  en 
grâride  quantité  :  de  là  Viénl  queles 
accès  de  la  fleure,  qui ’éSt  excitée  pàr 
Cette  matière,  né  péüùent  pas  estre 
longs  ùÿ  dé  düréb  :  et  par  cè  moyen  il 
arriue'què  céste  fleure  a  dé  l'intermiis- 
sii>n  et  disparôisf  toùt  à  fait ,  iü  Sqüès 
à  cé  qiiè  pareille  màtiete  soit  ren  geù- 
drée  et  ramassée  de  nouueau  par 
rindisposilioii  de^  parties,  et  (jumelle 
Ÿiéiiné  dé  reciiefà  sè  pourrir  :  car  pour 
lors  f  accès  aussi  de  la  fléure  retourne 
de  nouueau,  et  dure  iusques  à  ce  que 
ladite  matière  soit  dissipée  et  resoute: 
et  ainsi  par  périodes  la  fleure  a  des 
r(?prises  et  des  intermissions,  qui  font 
que  pour  ce  suiet  elle  est  nommée 
fiëüreîniermitiénté.  '  '  ' 

Par  ce  discoursnous  apprenons  que 
les  fièurés  continues  doiuent  estre 
distinguées  des  intermitleules  par 
deux  ou  trois  signes.  Premièrement 
en  ce  que  depuis  leur  commencement 
iusques  à  la  fin  et  guérison  entière, 
elle  tiennent  constamment  le  malade 
sans  aucun  relasche  :  là  où  les  inter¬ 
mittentes,  après  auoir  fait  vn  accès 
de  douze  ou  de  quinze  heures,  plus  ou 
moins,  donnent  vrte  intermission  ma¬ 
nifeste  de  quelques  heures  sans  tenir 
aucunement  le  malade. Secondement, 
la  continue  est  disliriguée  de  l’inter¬ 
mittente  par  la  diuerse  façon  de  sur¬ 
prendre  le  malade.  Car  la  continue 


1 15 

surprend  subitement  le  fébricitant, 
sans  enuoyer  deuant  ny  frisson,  ny 
horreur,  ny  rigueur,  sinon  peut  estre 
qu’au  premier  commencement  il  peut 
y  auoir  quelque  inégalité  au  corps. 
Mais rintermiltente  vient  peu  à  peu, 
et  enùoÿe  tousioùrs  pour  messagers 
et  aùaht-coureurs,  ou  vn  frisson  ou 
vn  tremblement,  auec  des  pandicula¬ 
tions,  baaillemens,  restrecissemens 
des  parties,  pasleur  au  visage,  fluidité 
où  ternisseure  aux  onglés,  et  autres 
tels  àcCidens.  Bref,  la  continue  presse 
et  tient  son  homme  outre  les  vingt- 
quatre  heures,  et  perseuere  iusqués  à 
Ce  quelle  se  termine  et  quitte  du  tout 
le  malade,  làoùrintermittente  après 
quelques  heures  comme  i’ay  dit,  flnit 
soh  accès  ou  insensiblement,  ou  sensi¬ 
blement  et  manifestement  par  vomis- 
sëmehs,  sueurs  ou  autres  euacua- 
lions  ‘. 

1  Ce  paragraphe  se  retrouve  en  germe 
dans  le  chapitre  9  de  1675.Voicile  passage, 
qui  se  lit ,  non  point  après  celui  de  la  note 
précédente ,  mais  immédiatement  après  ce¬ 
lui  de  la  note  suivante  : 

«  Venons  maintenant  aux  signes.  Il  te  sera 
aisé  de  distinguer  vne  continue  d’auec  vne 
intermittente  par  ces  marques.  La  continue 
subitement  surprend  le  fébricitant  sans 
qii'aucttn  ft'isson ,  horreur  ou  rigueur  mar¬ 
che  et  le  tienne  deuant,  sinon  peut  estre 
pour  le  premier  commencement  il  y  a  ine- 
qualité  :  le  pouls  plus  grand  que  la  vehe- 
mence  de  la  chaleur  ne  porte  :  elle  pousse 
et  tient  son  homme  outre  les  vingt-quatre 
heures,  ne  finissant  point  lors  à  la  mode  des 
intermittentes  par  vomissements ,  sueurs 
manifestes ,  ou  par  moiteurs,  ou  peu  à  peu 
insensiblement,  mais  pefseuerant  dure  ius¬ 
ques  à  ce  qu’elle  se  termine  ,  et  quitte  du 
tout  le  malade.  Tellement  sont  distinguées 
les  continues  d’auec  les  intermittentes...» 

Voyez  la  suite  à  la  dernière  note  de  ce 
chapitre. 


Le  VmGTI^ME  LIVRE, 


116 

Allant  que  finir  ce  chapitre,  ie  veux  1 
donner  les  especes  de  s  fiéures  conti-  ! 
nues  et  des  intermittentes ,  et  dire  les 
marques  par  lesquelles  on  les  peut 
distinguer  les  vnes  d’auec  les  autres.  , 
Pour  les  continues  nous  en  auons  de 
quatre  especes,  la  synoque,  la  tierce 
continue,  laquotidiane  continue,  et  la 
qunrie  continue.  La  synoque  se  fait 
quand  le  sang  se  pourrit ,  comme 
nous  auons  démontré  cy-dessus.  La 
tierce  continue  se  fait  quand  la  masse 
du  sang  qui  se  pourrit  a  en  soy  plus  de 
bile  que  des  autres  humeurs.  La  quo- 
tidiane  continue  s’engendre  quand 
il  y  a  en  la  masse  du  sang  plus  de 
pituite  que  des  autres  humeurs.  La 
quarte  continue  vient  quand  en  la 
masse  du  sang  la  melancholie  sur¬ 
monte.  Mais,  me  direz-vous,  si  telles 
fiéures  sont  continues,  pourquoy  les 
nommez-vous  tierce,  quolidiane  , 
quarte,  à  la  mode  des  intermittentes  ? 
Elles  sont  appellées  continues,  parce 
que  pour  le  voisinage  et  commerce 
qu’a  la  matière  dont  elles  sont  exci¬ 
tées  auec  le  cœur,  elles  continuent 
tousiours  sans  aucune  intermission , 
iusques  àla  fin  et  terminaison  generale 
de  toute  la  maladie.  Mais  elles  sont 
aussi  appelées  l’vne  tierce  ,  l’autre 
quarte,  l’autre  quotidiane,  pource 
qu’estant  excitées  d’vn  sang  ou  plus 
bilieux,  ou  plus  melancholique,  ou 
plus  pituiteux,  ellesdonnent  quelques 
redoublemens  et  exacerbations,  et  se 
montrent  plus  violentes  et  ardentes, 
ou  de  trois  en  trois,  ou  de  quatre  en 
quatre  iours,  ou  de  iour  en  autre, 
donnant  au  reste  quelque  relasche 
et  remission  ,  mais  non  pas  inter¬ 
mission  absolue  ,  és  iours  et  heures 
d’entre-deux.  En  quoy  elles  sem¬ 
blent  retenir  quelque  chose  du  mou- 
ueraent  des  intermittentes ,  selon 
qu’en  la  matière  pourrie  qui  les  fait, 


il  y  a  plus  de  bile,  ou  melancholie,  ou 
pituite*. 

Or  à  fin  que  tu  reconnoisses  ces  qua¬ 
tre  sortes  de  fiéures  continues  les  vues 
d’auec  les  autres,  tuteressouuiendras 
que  la  synoque  ne  surprend  sinon 
ceux  qui  sont  de  bonne  nature  et  d’vn 
tempérament  bien  reiglé  et  modéré, 
quiont  abondance  de  bon  sang,  et  qui 
ont  vne  bonne  habitude  de  corps.  Au 
reste,  elle  tient  tousiours  egalement 
son  homme,  non  seulement  sans  in¬ 
termission,  mais  aussi  sans  remission 
et  exacerbation  manifeste.Les  tierces, 
quartes,  et  quotidianes  continues,  se 
connoissent  parles  causes  qui  peuuent 
accumuler  et  engendrer  bile,  melan¬ 
cholie,  ou  pituite  en  la  masse  du  sang, 
ou  bien  par  les  effets  de  telles  hu¬ 
meurs  et  par  leurs  exacerbations  2, 

*  Tout  ce  paragraphe  est  copié  presque 
littéralement  du  chapitre 9  de  1575,  qui  pré¬ 
sente  même  quelque  chose  de  plus  au  com¬ 
mencement  et  à  la  fin.  Ainsi  immédiate¬ 
ment  après  le  passage  noté  dans  la  première 
note,  on  lisait  : 

«Or  pour  retourner  aux  fleures  continués, 
leur  matière  contenue  és  grands  vaisseaux, 
veines  et  aiteres,  qui  sont  entre  les  aissel¬ 
les  et  les  aisnes ,  est  le  sang,  ou  masse  san¬ 
guinaire  :  lequel  venant  à  se  pourrir  par 
quelqu’vne  des  cinq  causes  efficientes  para- 
uant  mentionnées,  nous  fait  quatre  especes 
de  fleures  continués,  synoche,  etc.  » 

Et  après  les  derniers  mots  du  paragra¬ 
phe  actuel  :  ily  a  plus  de  bile,  ou  melancho¬ 
lie,  ou  pituite,  l’édition  de  1575  ajoutait  : 

«  Gomme  ainsi  soit  que  le  propre  de  la 
bile  soit  de  se  mouuoir  de  trois  en  trois,  de 
la  melancholie  de  quatre  en  quatre  iours , 
et  de  la  pituite  tous  les  iours  :  de  quoy  Dieu 
aidant  nous  tascherons  à  rendre  raison  àla 
fin  de  ce  liure.  » 

Il  renvoyait  ainsi  à  son  chapitre  15,  qui 
va  faire  tout  à  l’heure  le  chapitre  18  du  li¬ 
vre  actuel. 

’  Ce  paragraphe  faisait  la  fin  du  chapitre  9 


DES  FIÉVKES. 


qui  sont  que  les  tierces  continues  les 
ont  de  deux  iours  l’vn ,  les  quartes  de 
trois l’vn,  et  les  quotidianes  tous  les 
iours.  ♦ 

Quant  aux  fiéures  intermittentes, 
il  y  en  a  de  trois  especes,  la  tierce  qui 
se  fait  de  la  bile,  la  quarte  qui  vient 
de  l’huraeur  melancholique  ou  atra¬ 
bilaire,  et  la  quotidiane  de  la  pituite. 
Elles  sont  distinguées  enlr’elles,  en  ce 
que  la  tierce  ne  prend  que  de  deux 
iours  l’vn,  la  quarte  de  trois  l’vn,  et 
la  quotlHane  tous  les  iours.  Nous 
allons  tascher  d’apporter  les  raisons 
de  ces  intermissions  périodiques  au 
chapitre  suiuant. 


CHAPITRE  XVIIL 

POVRQVOY  LES  ACCES  DES  FIEVRES  IN¬ 
TERMITTENTES  RETOVRNENT  A  CER¬ 
TAINS  lOVRS  ,  SÇAVOIR  DES  QVOTI- 
DIANES  TOVS  LES lOVRS,  DES  TIERCES 
DE  TROIS  EN  TROIS,  DES  QVARTES  DE 
QVATRE  EN  QVATRE  lOVRS 

l’cntreprens  en  ce  chapitre  l’expli¬ 
cation  d’vne  question  non  moins  pro¬ 
fitable  que  plaisante  ;  ce  que  ie  fais 
d’autant  plus  volontiers  que  ie  con- 

en  1595;  seulement,  à  l’endroit  de  cette 
note,  le  texte  primitil  portait:  «...ei  par 
leurs  exacerbations  et  remissions  ;  toutes  les¬ 
quelles  choses  ont  esté  cy  deunnt  expliquées  assez 
au  long.  » 

1  Ce  chapitre  porte  le  même  titre  que  le 
chapitre  15  et  dernier  du  livre  de.î  Fleures 
de  1575;  et  à  part  la  courte  phrase  qui  le 
termine  et  quelques  mots  au  commence¬ 
ment,  il  en  est  presque  littéralement  copié. 
Il  sulTira  donc  de  rétahlir  le  début  du  texte 
primitif. 

«  Ayant  exposé  assez  amplement ,  non , 


'^7 

nois  la  cause  d’icelle  n’estre  moins 
obscure  et  controuersée  en  l’esprit 
des  Médecins,  que  son  effet  est  mani¬ 
feste  et  sensible  es  corps  des  panures 
febricitans  qui  en  endurent  les  accès. 
Car  à  commencer  par  Galien  le  pre¬ 
mier  de  tous,  luy-mesme  a  confessé 
plainement  etapertement,  qu’il  igno- 
roit  la  cause  de  la  certitude  des  accès 
des  fiéures  intermittentes.  Ses  paroles 
sont  couchées  à  ce  propos  au  chap.  8 
du  liure  3  des  iours  Critiques,  v  Quelle 
»  est  la  cause  (dit-il)  que  des  maladies 
»  aiguës  les  accès  se  font  de  trois  eu 
»  trois  iours,  et  des  longues  de  quatre 
»  en  quatre,  où  tous  les  iours, il  n’est 
»  pas  aisé  à  trouiier ,  et  n’est  pas 
»  maintenant  necessaire  de  le  dire.  » 
Quelques-vns  qui  sont  venus  depuis 
Galien  ont  dit  que  cela  procedoit  d’vne 
certaine  qualité  inconneuë  et  pro¬ 
priété  occulte  qui  est  en  chaque  hu¬ 
meur,  et  qui  la  fait  mouuoir  en  tel  et 
en  tel  iour,  ny  plustost,  ny  plus  tard. 
Mais  de  recourir  à  vne  propriété  oc¬ 
culte,  c’est  plustot  fuyr  le  trauail 
d’vne  curieuse  industrie ,  que  de  re¬ 
chercher  la  vérité  du  fait.  Car  qui 
est-ce  qui  ne  pourra  par  ce  moyen 
soudre  toutes  sortes  de  questions  les 
plus  difficiles  ?  mais  pour  cela  nous  ne 
serons  pas  éclaircis,  ny  resouts  de  ce 

peut  estre,  comme  la  dignité  de  la  chose  le 
requeroit,  mais  tant  que  besoin  estoit  pour 
l’instruction  d’vri  Chirurgien,  les  différences 
et  especes  des  fleures ,  les  causes  dont  elles 
dépendent  et  viennent,  les  signes  par  les¬ 
quels  on  les  cognoist  quand  elles  sont  ve¬ 
nues,  et  les  moyens  de  les  curer  et  guarir, 
i’ay  bien  voulu  adiousteretreseruer  pour  le 
dernier  mets  l’explication  de  ceste  ques¬ 
tion  ,  non  moins  profitable  que  de  plaisant 
discours  :  et  que  i’ay  entrepris  de  tant  plus 
volontiers  que  ie  cognoissois  la  cause  d’i¬ 
celle  n’estre  moins  obscure  et  controuersée 
en  l'esprit  des  Médecins,  etc.,,  » 


LE  VINGTIEME  LIVRE, 


I  l8 

que  nous  auons  à  tenir  de  telles  pro¬ 
positions.  C’est  pourquoy  pour  parue- 
nir  à  la  resolution  de  celle  qui  se  pré¬ 
senté,  prenons  vn autre  chemin.  Nous 
dirons  premièrement  que  c’est  qu’ ac¬ 
cès,  et  quelles  causes  font  l’accès, 
pour  de  là  tirer  des  principes  propres 
pour  l’intelligeUce  et  conclusion  de  ce 
que  nous  prétendons. 

Accès  donc  n’ek  autre  chose  sinon 
vn  effort  dénaturé  irritée  pour  se  dé¬ 
faire  et  despestrer  de  l’humeur  qui  luy 
est  fascheuxet  moleste.  Car  l’humeur 
chaud  etpourri,  reclus  en  quelquelieu 
que  ce  soit  hors  des  veines,  tant  qu’il 
est  à  recoy  et  de  repos  n’agite  et  ne 
trouble  le  corps  aucunement  :  mais 
lors  que  quasi  comme  forcené ,  il  vient 
às’esmouuoir  de  làpar  impétuosité  de 
nature  irritée,  il  l’esbranle  diuerse- 
ment.  Car  pour  accommoder  cecy  aux 
fiéures  intermittentes,  posons  le  càs, 
comme  il  peut  aduenir,  que  le  mesen- 
tere  soit  le  foyer  de  la  fiéure  :  l’hu¬ 
meur  bilieux  là  enuoyé  ou  accumulé 
peu  à  peu,  se  pourrit  au  bout  de  quel¬ 
que  temps,  tant  à  cause  de  l’obstruc¬ 
tion  que  de  l’impression  de  la  pourri¬ 
ture  laissée  en  Ce  lieu  par  le  premier 
et  precedent  accès  :  dont  eschauffé  et 
comme  fomenté  par  la  chaleur  pu- 
tredineuse,  se  gonfle  et  enfle,  de  sorte 
que  ne  pouuant  plus  tenir  en  son  lieu 
et  tas  accoustumé,  il  s’espand  par  les 
parties  membraneuses  et  sensibles  du 
mesentere,  donnant  vn  effroy  et  hor¬ 
reur  à  tout  le  corps,  pour  le  consen¬ 
tement  et  sympathie  qu’ont  toutes 
les  membranes  les  vnes  auec  les  au¬ 
tres.  De  cest  humeur  ainsi  enflammé 
en  cesle  sentine  et  foyer  du  mesen¬ 
tere  ,  s’esleue  vne  fumée  chaude  et 
caligineuse,  qui  portée  au  cœur  vient 
de  là  à  se  répandre  par  tout  le  eprps, 
premièrement  auec  vn  sentiment  de 
froideur,  puis  de  chaleur ,  faisant  en 


vn  mot  ce  que  nous  appelions  accès. 
Donc  deuant  qu’vn  accès  se  fasse, 
trois  choses  sônt  requises  :  le  foyer 
ou  le  lieu  où  s’amasse  et  se  pourrit 
l’humeur  :  la  faculté  excreti  ice  irri¬ 
tée  par  cest  humeur  puis  l’humeur 
Ju’oporlionné  en  quantité  et  qualité 
pour  irriter  la  faculté  excrétrice;  du 
mesentere  ,  ou  de  quelque  autre  j^ar- 
tie  hors  des  veines,  qui  sera  le  siege 
et  foyer  de  la  fjéure  intermittente,  il 
faut  donc.,  premier  que  Fhumeur 
puisse  irriter  Nature  à  en  faire  excré¬ 
tion  par  la  violence  d’vn  accès, 
qu’iceluyhumeur  excedeen  quantité, 
autreihent  il  ne  la  chargera  point 
de  son  faix  :  et  qu’il  pesche  aussi  en 
qualité  putredineuse,  autrement  U  ne 
l’esguillonnera  point ,  et  ne  fera  rien 
en  icelle  d’auantage  qu’vne  seule 
pléthore  et  répétition  :  qui  sont  les 
deux  points  en  somme  desquels  dé¬ 
pendent  les  principes  de  la  certitude 
de  la  répétition  des  accès,  et  qui  liés 
et  conçurrens  ensemble  envn  mesme 
humeur,  sont  cause  que  la  pituite  en 
la  fiéure  quotidiane  répété  son  accès 
tous  les  iours ,  que  la  bile  ou  cholere 
ameine  la  tierce  de  trois  en  trois,  et 
que  l’humeur  melancholique  fait, la 
quarte  intermittente  de  quatre  en 
quatre  iours. 

Car  pour  commencer  par  le  premier 
de  tous  les  humeurs  que  nous  auons, 
il  n’y  en  a  ppint  qui  soit  en  plus  grande 
quantité  après  le  sang  que  là  pituite, 
il  n’y  en  a  point  aussi  qui  prenne 
pourriture  après  ledit  sang  plus  aisé- 
ment,  d’autant  qu’estant  espaisse  et 
visqueuse,  elle  reçoit  aisément  ob¬ 
struction  par  faute  de  libre  transpi¬ 
ration  :  et  en  outre  elle  conuient  par 
vnede  sesqualités  auec  la  pourriture, 
c  est  à  sçauoir  par  l’humidité ,  qui  est 
la  mere  de  putréfaction.  Parquoÿ  fai¬ 
sant  son  accès  de  la  longueur  de  dix- 


DES  FIEVRES. 


huit  heures,  elle  peut  en  l’espace  de 
six  heures  qui  restent  du  iour,  s’ac¬ 
cumuler  et  s’amasser  en  iuste quantité 
dans  la  parüe  qui  sera  le  siégé  et 
foyer  de  la  fiéure  quolidiane,  etpourra 
pareillement  receuoir  promptement 
pourriture  en  icelle,  fin  que  pour  les 
raisons  cy-dessus  alléguées,  elle  irrite 
par  sa  quantité  et  qualité  ladite  partie 
à  faire  excrétion  de  ceste  humeur, 
commeinutile  et  ennuyeuse,  etqu’elle 
donne  par  ce  moyen  vn  nouueau  ac¬ 
cès  pour  la  tournée  suiuante.  Ce  qui 
se  continuera  tpusiQurs  par  vnereigle 
et  ordre  asseuré,  tant  que  par  l’effort 
et  violence  deplusieurs  accès  s’entre- 
suiuans  de  iour  en  autre,  toute  la  pi¬ 
tuite  qui  estoit  propre  à  conceuoir 
pourriture  dedans  le  corps,  soit  eua- 
cuée  et  vuidée  hors  d’iceluy  par  les 
vrines,  sueurs,  vomissemens,  et  au¬ 
tres  euacuations  qniaccompagnent  et 
terminent  les  accès  :  en  outre  que 
l’intemperature  de  la  partie  où  estoit 
le  foyer  definflammaiipn,par  le  bé¬ 
néfice  de  nature,  ou  des  medicamens 
refrigeralifs,  soit  tellement  corrigée 
et'esteinte,  que  la  cause  efficiente  et 
m  aterielle  des  accés'cessan  te ,  jia  îfiéure 
ensemble  cesse  de  tout  en  tout. 

Pour  pareille .  et  semblable  raispn 
on  cp.nclud  et  inféré  pour  la  certitude 
de  raccés  de  la  fleure  tierce  de  trois 
en  trois  iours.  Car  après  le  sang  et  la 
pituite,  ii  y  a  plus  d’hqmeur  choléri¬ 
que  et  bilieyx  en  nous  que  d’autre 
humeur  que  ce  soit,  tant  pour  remplir 
la  capacité  du  cystis  fellis  qui  eisl  la 
flole  du  fiel,  que  pour  procüi'er  les 
excrétions  iournalieres  qui  se  font  par 
en  bas,  lors  que  le  fiel  vi -nt  à  regor¬ 
ger  de  sa  fiole  ou  vessiedansreephysis 
etieiunurn  intcstiniim.îl  n’y  en, ^  poin,t 
aussi  après  le  sang  et  pituite,  qui  plus 
aisément  reçoiue  l’impression  de  la 
pourriture  que  l’humeur  bilieux,  tant 


119 

pour  sa  tenuité,  estant  ce  principe  et 
maxime receu  en  Medecine  ;  Que  toute 
substance, ténue  estplus  facilement  et 
promptement  altérée  qu’vne  dense  et 
espaisse  ;  qu’aussi  pour  c.p  qu’il  est 
enclin  et  disposé  à  pourriture  par 
vne  de  ses  qualités,  qui  est  la  chaleur. 
C’est  pourguoy  faisant  son  accès  dp 
la  longueur  de  douze  heures,,  U  luy 
est  requis  plus  de  temps  qu’àlapituite 
pour  s’amasser  en  iuste  quantité  d.ans 
le  foyer  de  la  fiéure,  et  pour  aqqiîérir 
la  qualité  de  pourriture  competente 
pour  donner  les  eslancemens  et  as¬ 
sauts  d’vn  nouueau  accès  ce  temps 
donc  naturellement  et  par  raispp  est 
d’vn  iour  et  demy,  c’est  à  dire  trente- 
six  heures,  temps  qui  est  plus  long  que 
celuy  delà  fleure  quotidiane,  d’autant 
que  rhumeur  bilieux  cède  et  en  quan¬ 
tité,  et  en  promptitude  ,  dp ,  receuoir 
pourriture  à  la  pituite,  , et  stirpa,s?p,la 
raelancholie.  Cpr  la  melapchoiip  p’es- 
taut  presque  d’aucun  ysage  ennostre 
corps ,  est  en  quantité  beàucpup 
moindre  que  toutes  les  autres  hu¬ 
meurs,  et  sid’auantage  elle  résisté  de 
toutes  ses  deux  qualités,  froideur, et 
siccité,  à  la  pourriture  :  estant  au  reste 
difficile  à  s’enflammer  et  alterpr,  pour 
la  densité  et  terrestreté  de  . sa.,  sub¬ 
stance,  Voila  pourquoy  N  ature  faisant 
dissipation  de  la  matière  accumulée 
en  son  foyer,,  par  l’impétuosité  de 
son  accès ,  qui  est  de  la  longueijir  de 
flouze  ou  dix-huit  heures  au  plus, 
a  besoin  de  l’espace  d’yn  Iour  entier 
Pt  vn  quart,  deuant  qu’elle  puisse 
ramasser  en  iuste  quantité  ladite  hu¬ 
meur,  et  quücellp,  puisse  receuoir 
l’inflammation  et  pourriture ,  comme 
il  est  requis  pour  l’appareil  d’vn  se¬ 
cond  accès  ;  lequel  derechef  s’estant 
expédié  et  libéré  de  l’humeur  nuisible 
et  amassée,  retournera  d’vn  pas  réglé 
à  certain  iour  »  tant  que  les  causes  > 


20 


LE  VINGTIEME  LIVRE 


sçaiioir  la  quantité  et  la  qualité  de 
riiumeur  qui  effectuent  ceste  con- 
slance  de  retour,  demeureront  en 
leur  entier  et  perfection.  Mais  si  par 
vne  maniéré  de  viure  dereglée  vous  le 
corrompez,  comme  si  vous  remplis¬ 
sez  vn  quartenaire  de  viandes  melan- 
choliques  ,  telles  que  sont  les  chairs 
des  oiseaux  de  riuiere,  de  cerf  vieil , 
et  de  bœuf,  et  en  outre  de  salines, 
espiceries  et  moustardes  ,  l’accès  an¬ 
ticipera  et  viendra  deuant  le  iour 
nommé,  d’autant  que  vous  aurez 
augmenté  la  quantité  et  aiguisé  la 
qualité  de  l’humeur,  à  ce  qu’il  s’es- 
meust  plustost  qu’il  ne  deuoit  faire 
naturellement  :  qui  est  bien  signe  que 
la  certitude  de  ces  accès  ne  dépend 
que  de  la  variété  de  la  quantité  et 
qualité  des  humeurs ,  puis  qu’icelles 
estant  changées,  l’effet  pareillement 
se  change ,  anticipant  ou  retardant. 

Pour  plus  ample  preuue  de  cecy, 
considérons,  ie  vous  prie, le  cours  de 
fiéure  synoque  putride  :  icelle  dure 
continuant  depuis  le  commencement 
iusques  à  la  fin  et  issue  totale,  ne  fai¬ 
sant  qu’vn  accès  sans  interruption. 
D’où  vient  .cela?  de  ce  qu’elle  est  exci¬ 
tée  d’vn  sang  pourri,  duquel  la  quan¬ 
tité  estant  plus  grande  en  nous  que 
celle  de  toutes  les  autres  humeurs  ,  et 
en  outre  iccluy  sang  estant  plus 
prompt  à  receuoir  pourriture ,  à  rai¬ 
son  qu’il  est  chaud  et  humide  en  ses 
qualités*naturelles,  que  toutes  les  au¬ 
tres  humeurs  :  de  là  vientque  le  sang 
fournit  continuité  de  matière  deuë- 
ment  qualifiée  de  pourriture ,  pour 
faire  pareillement  continuité  de  fié¬ 
ure.  C'est  pourquoy,  telle  qu’est  la 
cause  de  la  continuité  de  la  fiéure  sy¬ 
noque  pourrie,  telle  est  aussi  la  cause 


de  la  certitude  de  la  répétition  des 
accès  des  fléures  intermittentes. 
Voire  mais,  dira  quelqu’vn,  l’on  voit 
quelquesfois  des  fiéures  quintaines  et 
septaines.  Mais  ne  voit-on  pas  aussi 
des  monstres  et  hommes  à  deux  testes? 
et  pour  cela  la  proposition  ne  sera 
pas  fausse ,  qui  dit  que  l’homme  n’a 
naturellement  qu’vne  teste.  Ce  sont 
choses  rares,  et  esquelles,  d’autant 
qu’elles  se  voyent  rarement ,  il  est 
aisé  au  médecin  moins  rusé  de  s’y 
abuser,  estimant  que  ce  ne  soit  qu’vne 
fiéure,  ce  qui  est  compliqué  de  trois 
tierces ,  quatre  ephemeres,  ou  autre 
confusion  ou  complication  de  plu¬ 
sieurs  fiéures. 

Voila  mon  aduis  touchant  la  certi¬ 
tude  des  accès  des  fiéures  intermit¬ 
tentes  ;  desquelles  le  lecteur  doüé  de 
tant  soit  peu  de  iugement ,  pourra 
colliger  les  causes  de  toutes  les  ques¬ 
tions  qui  se  peuuent  former  sur  l’ac¬ 
cès  des  fiéures,  comme  d’où  vientque 
les  vns  anticipent,  les  autres  retardent , 
les  vns  sont  plus  longs,  les  autres  plus 
courts  ;  les  vns  viennent  auec  frissons, 
les  autres  auec  horreur,  autres  auec 
rigueur ,  les  autres  viennent  confusé¬ 
ment  et  sans  ordre.  Car  tous  les  effets 
ne  dépendent  d’autres  causes  que  de 
la  diuersité  de  la  quantité  et  qualité 
en  tenuité ,  crassitie ,  viscosité ,  habi¬ 
lité  et  difficulté  à  receuoir  pourriture 
de  ces  trois  humeurs*.  Et  cecy  suffise 
pour  le  general  des  fiéures  intermit¬ 
tentes  ,  le  particulier  estant  reserué 
és  chapitres  suiuans. 

‘  Ici  finissaient  à  la  fois  le  chapitre  15  et 
le  livre  des  Fièvres  de  1676  ;  la  phrase  qui 
suit  sert  seulement  de  transition  aux  chapi¬ 
tres  suivants. 


DES  FIEVRES. 


121 


CHAPITRE  XIX. 

DES  FIÈVRES  FAITES  DE  LA  BILE,  ET 
PREMIEREMENT  DE  LA  TIERCE  INTER¬ 
MITTENTE,  VRAYE  ET  LEGITIME. 

Selon  noslre  diuision  cy-dessus  rap¬ 
portée  ,  après  les  fiéures  pourries  qui 
se  font  du  sang,  viennent  celles  qui 
s’engendrent  de  la  bile  ou  de  la  cho- 
lere ,  desquelles  nous  auons  dit  que 
les  vnes  estoient  intermittentes ,  et 
les  autres  continues.  Entre  les  inter¬ 
mittentes  sont  la  vraye  tierce ,  et  la 
tierce  bastarde  :  entre  les  continues, 
la  causonide  et  la  tierce  continue. 
Partant  selon  cet  ordre,  il  faut  parler 
en  ce  chapitre  de  la  tierce  qu’ils  ap¬ 
pellent  veratn  et  eccquisilam ,  non  pas 
à  cause  qu’elle  prend  de  trois  iours 
l’vn ,  car  la  bastarde  fait  le  mesme , 
mais  à  cause  qu’elle  est  faite  de  l’hu¬ 
mour  bilieuse  pure  et  simple,  sans 
mixtion  ou  meslaoge  d’aucun  autre. 

D^jnc  la  fléure  tierce  vraye  légi¬ 
timé  est  celle  qui  se  fait  de  deux 
iours  l’vn,  h  cause  d'vn  amas  de  bile 
qui  se  pourrit  hors  des  grands  vais¬ 
seaux En  quoy  nous  remarquerons 

1  Dans  l’édition  de  1575,  Paré  traitait  de 
cette  fièvre  au  chapitre  7,  intitulé  :  Des  fle¬ 
ures  tierces  d’accez,  ouinlermiitenles.Laidéll- 
nition  était  brève,  et  consistait  simplement 
en  cette  phrase  : 

«  Fleure  tierce  d’accez ,  est  celle  qui  a  son 
aecez  vn  iour,  et  l’autre  non.  » 

Après  quoi  il  passait  immédiatement  à 
l’exposition  des  causes.  Ce  chapitre  7  de 
1575  avait  été  reproduit  en  entier  au  livre 
des  Tumeurs  en  1579,  chapitre  15,  avec  ce 
titre  : 

Des  fiéures  qui  suruienneni  aux  tumeurs  ery- 
sipelateuses. 

Le  commencement  avait  dù  être  mis  né- 


premierement ,  que  ceste  fléure  est 
intermittente  ;  secondement,  qu’elle 
vient  de  deux  iours  l’vn  ;  tiercement , 
qu’elle  se  fait  d’vne  bile  pourrie  :  et 
finalement ,  que  la  cause  materielle 
de  ceste  humeur  est  hors  des  grands 
vaisseaux. 

Or  elle  se  fait  intermittente  pour 
trois  raisons, parle  synathrisme^  ainsi 
que  parlent  les  Grecs ,  par  la  pour¬ 
riture,  et  par  le  mouuementde  la  ma¬ 
tière.  Le  synathrisme  est  vn  amas 
d’humeurs  contre  nature  qui  se  fait 
en  la  partie ,  laquelle  est  le  foyer  de 
la  pourriture  ;  et  cest  amas  ne  vient 
qu’à  cause  que  ladite  partie  se  rem¬ 
plit  ,  ou  en  receuant  des  autres  par¬ 
ties  ce  qui  leur  est  nuisible  par  sa  dé¬ 
bilité,  ou  en  attirant  à  elle  par 
quelque  douleur  ou  chaleur  estran- 
gerequiluy  suruient.Cesl  amas  estant 
ainsi  fait,  il  vient  à  se  pourrir  les¬ 
tant  pourri ,  la  nature  vient  à  le  mou- 
uoir,  pour  eslre  excitée  et  esguillon- 
née  à  le  chasser ,  soit  par  sa  quantité, 
soit  par  sa  qualité  ;  de  sorte  qu’vne 

cessalrcment  d’accord  avec  ce  litre.  On  lisait 
donc  : 

«Comme  aux  tumeurs  phlegmoneuses , 
aussi  aux  erysipelateuses  suruiennent  fié- 
ures  quelquesfois,  qui  retiennent  et  se  res¬ 
sentent  de  l’humeur  duquel  elles  sont  exci¬ 
tées,  sçauoir  de  la  bile  ou  cholere.  Laquelle 
pource  qu’elle  a  cela  de  propre  d’auoir  des 
mouuemens  de  trois  en  trois  iours  :  pour 
cela  aussi  aux  grands  eryslpeles  excite  sou¬ 
vent  fiéures  tierces ,  qui  ont  leurs  accès  de 
deux  iours  l’vn.  » 

Je  ne  dirai  rien  de  cette  bizarre  idée  de 
rattacher  la  fièvre  tierce  aux  tumeurs 
érysipélateuses,  sinon  que  Paré  voulant  abso¬ 
lument  parler  des  fièvres  et  n’osant  conserver 
un  livre  spécial  sur  ce  sujet,  s’était  efforcé 
d’en  rattacher  les  principaux  chapitres  à 
un  autre  livre  comme  il  avait  pu,  et  qu’il 
n’avait  pas  rencontré  le  meilleur  rroy en  à 
beaucoup  prés. 


125  LE  VINGTIEME  LIVRE 


de  ces  conditions  manquant ,  iamais 
la  fidure  ne  se  fait  intermittente. 
Quand  donc  la  bile  s’amasse  en  quel¬ 
que  partie ,  qu’elle  s’y  pourrit,  et  que 
la  nature  vient  à  s’efforcer  à  l’expul¬ 
ser  hors  de  là  Comme  vne chose  nui¬ 
sible  ,  la  fiéure  intermittente  s’en¬ 
gendre,  laquelle  ne  prend  que  de  deux 
iours  l’vn ,  à  cause  que  comme  nous 
auons  dit  cy-dessus,  il  n’y  ,  a  pas  si 
grande  quantité  de  bile  en  nostre 
corps  que  de  sang  et  de  pituite.  La¬ 
quelle  raison  doit  suffire,  si  ce  n’est 
qu’on  Yueille  recourir  aux  propriétés 
occultes ,  et  dire  que  le  propre  de  la 
bile  est  de  se  mouuoir  de  deux  iours 
l’vn,  comme  le  propre  de  l’aymant 
est  d’attirer  le  fer  ;  et  que  de  ce  moü- 
uement  l’on  n’en  peut  pas  rendre 
raison  non  plus  que  du  flux  et  reflux 
de  la  mer,  du  mouuement  de  l’es- 
guille  marine  vers  le  Nord,  et  de  la 
vertu  des  médicaments  purgatifs, 
qui  purgent  par  élection  certaines  hu¬ 
meurs  plustost  que  les  autres  :  ou 
bien  de  la  propriété  de  quelques  ve¬ 
nins  qui  blessent  certaines  parties ,  et 
non  pas  d’autres ,  comme  le  liéure 
marin  le  poulmon ,  et  les  cantharides 
la  vessie,  selon  que  discourt  l’au¬ 
teur  de  la  Theriaque.  Soit  donc  que 
nous  referions  la  cause  du  mouue¬ 
ment  de  la  bile ,  qui  se  fait  de  deux 
iours  Lvn ,  à  vne  propriété  occulte  et 
inconneuë,  soit  que  nous  la  rappor¬ 
tions  à  la  quantité  de  l’humeur,  il  est 
certain  que  lorsque  nous  voyons  vne 
fiéure  intermittente  qui  prend  de 
deux  ioursl’vn,  que  nous  pouuons  as- 
seurer  qu’elle  se  fait  de  la  bile.  Mais 
comme  ainsi  soit  qu’il  y  a  deux  sortes 
de  bile,  l’vne  naturelle  et  l’autre 
Contre  nature  ,  il  faut  examiner  la- 
quejle  des  deux  fait  la  vraye  fiéure 
tierce  intermittente.  , 

Nous  appelions  la  bile  naturelle , 


non  le  sang  bilieux,  mais  ceste  qua“ 
triéme  humeur  de  la  masse  du  sang , 
qui  pour  sa  tenuité,  chaleur  et  sei- 
cheresse ,  et  pour  la  ressemblance 
qu’elle  a  auec  la  bile  excrementeuse, 
s’appelle  vulgairement  bile  ou  hu¬ 
meur  bilieuse,  laquelle  s’engendre 
dans  le  foye  de  la  partie  du  chyle  la 
plus  chaude  et  la  plus  subtile,  es¬ 
tant  de  sa  nature  amere ,  et  iaune  en 
couleur  :  c’est  pourquoy  on  l’appelle 
bile  iaune.  La  meilleure  portion  et  la 
plus  vtile  de  ceste  humeur  se  mesle 
auec  le  sang  dans  les  grandes  et  pe¬ 
tites  veines;  l’autreportion  est  portée 
dans  la  vessie  du  fiel,  et  de  là  en- 
uoyée  dans  l’intestin  duodénum  par 
les  conduits  cholédoques,  pour  aider 
à  chasser  les  gros  excremens  des  in¬ 
testins.  iPour  ce  qui  est  de  la  bile  non 
naturelle  ,  il  y  en  a  de  quatre  sortes, 
lesquelles  ie  passe  sous  silence ,  pour 
n’estre  pas  celles  qui  font  la  fiéure 
tierce  légitimé,  mais  seulement  celle 
que  nous  auons  appellée  non  natu¬ 
relle.  Ceste  bile  icy  venant  à  s’amas¬ 
ser  en  quantité  à  l’entour  du  foye,  du 
mesentéré ,  pancréas,  et  autres  par¬ 
ties  voisines  qui  sont  dans  la  première 
région  du  corps ,  par  trait  de  temps 
elle  vient  à  s’eschauffer  et  à  se  pour¬ 
rir,  et  enfin  à  exciter  la  fiéure  tierce 
intermittente. -Que  si  ladite  bile  n’es- 
toit  pas  seulement  contenue  dans  les 
petites  veines  de  la  première  région, 
mais  aussi  dans  les  grandes  vçinps  de 
la  seconde  région  du  corps ,  alors  la 
fiéure  qu’elle  exciteroit  ne  seroif;  pas 
intermittente,  mais  continue ,  pour 
les  raisons  que  nous  auons  rapportées 
cy-dessus  au  chap.  17.  Il  est  vray  que 
Galien  n  a  pas  esté  de  nostre  aduis 
touchant  le  siégé  de  ceste  fleure  inter¬ 
mittente,  ne  voulant,  pas  ,quo  l’hu¬ 
meur  fust  amassée  dans  les  petites 
veines  do  la  première  région,  mais 


123 


DES  FIEVRES. 


danf  leç  petits  vaisseaux  de  la  troi¬ 
sième  région ,  op  habitude  du  corps  : 
pour  quelques  raisons  qu’il  en  ap¬ 
porte,  lesquelles  toutesfois  se  trou- 
uent  legeres ,  mises  en  comparaison 
auec  celles  qui  combattent  pour  mon 
opinion,  que  l’on  peut  voire  déduites 
dans  les  œuures  des  bons  médecins  de 
nostre  temps  y  -,  n’estant  pas  à  propos 
que  ie  les.transcriue  icy,  d’autant  que 
nous  n’auons  que  des  chirurgiens  à 
enseigner,  pour  lesquels  ce  que  i’ay 
rapporté  peqt  suffire. 

Ppur  les  causes  efficientes  de  ceste 
fléure ,  nous  disons  br  general  que 
ce  sont  toutes;,  celles  qui  peuuent  en¬ 
gendrer,  augmenter,,  ou  eschauffer 
l’humeur  bilieuse  :  comme  sont  la 
ieunesse ,  resté  chaud  etboüillant ,  la 
constitution  de  l’air  chaude  et  seiche, 
les.  veilles,  les  grandi^  exercices,  le 
long  ysage  des  choses  calefactiues  et 
desiccatmes,,  soit  dp  medicamens, 
soit  d’alimens  ;  excessiue  abstinence 
de  manger,  auec  trauail,  soin,  et  fas- 
clieries  :  lesquelles  causes  proprement 
sont  dites  primitiues.  Les  antécéden¬ 
tes  sont  grande  abondance  de  bile  ou 
cholere  ,  la  température  de  tout  le 
corps  ou  du  foye  seulement  tendant  à 
chaud  et  sec.  Les  coniointes  sont  le 
synathrisme ,  çonculcation  ou  amas, 
et  putréfaction  d’humpurs  choléri¬ 
ques  dans  les  petits,  vaisseaux  de  la 
première  région  du  corps,  et  aussi  se¬ 
lon  Galien  hors  des  grands  vaisseaux 
en  toute  l’habitude  du  corps  2. 

1  Voyez  Fermi  et  Boulier.,  —  A.  P*  :  ; 

2  Cette  exposition  des  causes  se  retrouve 
presque  exactement  dans  le  chapitre  7  de 
1575.  Voici  ce  texte  primitif. 

«  Les  causes  primitiues  sont  grands 
exercices,  principalement  en  temps  chaud, 
long  vsage  des  choses  calefactiues  et  dc’- 
siiccaliues,  soient  des  medicamens,  soient 
d’alimens  1  excessiue  abstinence  do  raan- 


CHAPITRE  XX. 

DES  SIGKES  DE  LA  FIEVRE  TIERCE  ,  OV 

IL  s’agit  de  la  RIGVEVR  et  DE  l’HOR- 

REVR. 

Entre  les  signes  des  fiéures  inter¬ 
mittentes,  l’horreur,  la  rigueur  ou  le 
frissonnement,  auec  la  froideur  ou 
refroidissement,  tiennent  le  premier 
lieu.  C’est  pourquoy  il  est  bon  auant 
que  de  passer  outre ,  de  dire  vn  petit 
mot  de  ces  signes  icy,  afin  d’instruire 
le  chirurgien  à  ne  se  troubler  point 
de  ces  accidens,  qui  le  plus  soutient 
suruiennent  aux  playes  dangereuses 
et  mortelles.  Comme  les  fiéures  inter¬ 
mittentes  ne  se  font  point  sans  la 
pourriture  des  humeurs,  aussi  n’at¬ 
taquent  elles  point  sans  que  les  hu¬ 
meurs  pourries  s’esmeuuent,  et  se  iet- 
tent  sur  les  parties  sensibles  du  corps , 
comme  sont  les  membraneuses  et  ner- 
ueuses  :  ce  mouuement  icy  se  faisant 
sur  des  parties  grandement  sensibles, 
et  par  vne  humeur  acre ,  piquante,  et 
eschautr^e,'  donne  le  ressentiment,  ou 
de  l’horreur ,  ou  de  la  rigueur,  ou  du 
simple  refroidissement, estant  très- vé¬ 
ritable  que  ces  trois  choses  ne  diffe¬ 
rent  entr’elles  que  selon  le  plus  et  le 

ger,  anec  trauail,  soiug,  Veilles,  et  fasche- 
ries.  Lès  causes  antécédentes  sont  grande 
abondance  do  cholere  :  la  température  de 
tout  le  corps,  ou  du  foye  seulement.,  tendant 
à  chaud  et- sec.  Les  causes  coniointes  sont 
conculcalion  ou  amas,  et  putréfaction  d’hu¬ 
meurs  çholeriques,  hors  des  grands  vais¬ 
seaux  en  toute  l’habitude  du  corps.  » 

Le  chaplfre  15  du  livre  des  Tumeurs  s’ex¬ 
prime  à  peu  près  de  la  tnêine  manière;  seu¬ 
lement  il  ajoutait  à  la  dernière,  phrase  ces 
mots,  qui  ne  se  retrouvent  pas  dans  le  texte 
actuel  :  eotnmüniquee  et  [epandue  iusques^au 
tosurt 


LK  VINGTIÉMK  LtVRK  , 


lû4 

moins.  Car  le  refroidissement  se  fait 
lors  que  l’humeur  est  en  moindre 
quantité,  qu’elle  est  moins  acre  et 
mordante,  et  qu’elle  se  meut  assez 
legerement.  L’horreur  au  contraire  est 
excitée  par  yne  grande  abondance 
d’humeurs  assez  acres  et  piquantes, et 
agitées  ou  esmeuës  assez  fermement. 
Pour  la  rigueur,  elle  suruient  par  vne 
grande  quantité  d'humeurs  grande¬ 
ment  eschautféeset  poignantes, etvio- 
lemment  esmeuës.  La  rigueur  n'est 
donc  autre  chose  qu’vne  concussion 
ou  esbranlement  inégal  de  tout  le 
corps,  et  principalement  de  tous  les 
muscles,  avec  vn  ressentiment  de 
froid  douloureux,  qui  est  excité  par  la 
vertu  expultrice ,  laquelle  tascheà  se 
dégager  d’vne  quantité  de  matière 
acre,mordanteet  violemment  esmeuë 
par  les  parties  du  corps  les  plus 
sensibles,  cependant  que  la  chaleur 
naturelle  fait  vn  reflux  des  parties 
extérieures  et  intérieures.  L’horreur 
est  moindre  que  la  rigueur  :  aussi  elle 
n’esbranle  que  la  peau  et  le  cuir, 
et  ne  donne  qu’vn  ressentiment  de 
froid  sans  douleur,  pour  eslre  excitée 
par  vne  humeur  moins  piquante  et 
plus  legerement  agitée.  En  vn  mot, 
la  rigueur  semble  estre  propre  des  flé- 
ures  bilieuses,  pour  ce  que  la  bile 
pour  estre  acre ,  piquante  et  aisée  à 
esmouuoir,  irrite  la  nature  plus  vio¬ 
lemment  que  les  autres  humeurs. 
L’horreur  est  propre  des  fléures  me- 
lancholiques  :  et  le  refroidissement 
des  pituiteuses,  h  cause  que  c’est  vne 
humeur  plus  douce,  et  plus  pesante 
ou  difficile  à  esmouuoir.  Par  ce  dis¬ 
cours  on  remarquera  que ,  selon  la 
quantité,  la  qualité  et  le  mouuement 
de  l’humeur  qui  fait  la  fiéure,  on  a 
les  ressentimens  differens,  longs  ou 
courts ,  doux  ou  violens ,  encore  que 
quelques- vns  ne  rapportent  pas  cela 


aux  humeurs ,  mais  aux  fumées  et 
vapeurs  qui  s’esleuent  des  humeurs 
pourries  et  qui  vont  frapper  et  atta¬ 
quer  le  cœur. 

Cecy  présupposé,  disons  que  les  si¬ 
gnes  de  la  fiéure  tierce  intermittente 
vraye  et  légitimé  son  t  horreur,  comme 
quand  en  hyuer  après  auoir  vriné  on 
tressant*  :  rigueur  forte  et  poignante, 
comme  si  l’on  sentoit  quelque  chose 
aiguë  qui  poignist  par  tout  le  corps, 
à  cause  de  l’acrimonie  de  la  bile 
poussée  et  portée  violemment  au  com¬ 
mencement  de  l’accès  p  ar  les  membra¬ 
nes  et  corps  sensibles  :  la  chaleur  dé¬ 
nient  acre  dés  le  commencement  , 
pour  estre  le  feu  allumé  comme  en 
bois  sec.  Le  pouls  est  grand,  subit  et 
égal  :  la  langue  est  seiche ,  l’vrine 
rouge,  enflammée,  ténue  ou  subtile. 
Les  accidenssont  veilles  continuelles, 
soif  démesurée,  fureur  ou  déliré, 
promptitude  à  se  cholerer  pour  la 
moindre  occasion ,  comme  pour  oüyr 
parler,  ou  autre  petit  bruit  :  iactation 
et  agitation  de  tout  le  corps ,  que  les 
Grecs  appellent  Alisme  :  inquiétudes, 
maux  de  cœur  et  d’estomach, nausées, 
vomissemens  d’humeurs  iaunes  et 
ameres,  tranchées  par  fois  dans  le  ven¬ 
tre  et  douleurs  importunes ,  à  cause 
du  mouuement  de  la  bile.  Telles  flé¬ 
ures  se  terminent  auec  grandessueurs. 
Elles  viennent  à  gens  cholériques  et  bi- 

1  Tout  ce  long  paragraphe  est  copié ,  à 
part  quelques  modifications  de  pure  rédac¬ 
tion  ,  du  chapitre  7  du  livre  de  1575  ,  où  il 
venait  immédiatement  après  le  paragraphe 
signalé  dans  la  dernière  note  du  chapitre  pré¬ 
cédent.  Déjà  il  avait  été  reproduit  au  livre 
des  Tumeurs  en  1679;  seulement,  dans  le 
livrer  Tumeurs,  l’auteur  rappelait  deux 
aphorismes  d’Hippocrate  dont  il  n’avait  pas 
fait  mention  en  1575 ,  et  qu’il  a  depuis  cités 
tout  au  iong  dans  le  paragraphe  suivant  du 
[  texte  actuel. 


DES  FIÈVRES. 


lieux,  aux  ieunes,  aux  maigres ,  et  en 
Esté.  L’intermission  d’icelles  est  pure, 
et  sans  aucun  reliquat  de  fleure,  ius- 
ques  à  lantque  l’accès  suiuant  repren¬ 
ne,  à  cause  que  la  matière  bilieuse  qui 
donnoit  l’accès  a  esté  par  la  vehe- 
mence  et  concussion  d’iceluy  toute 
dissipée,  à  cause  de  sa  tenuité  et  sub¬ 
tilité:  ce  qui  n’aduient  aux  f  ê  tres 
quotidianes,  d’autant  qu’elles  laissent 
après  l’accès  tousiours  quelque  inéga¬ 
lité,  molestie  et  pesanteur  du  corps, 
à  cause  de  la  pesanteur  et  tardiueté 
de  la  pituite ,  qui  n’a  peu  estre  tout  à 
fait  resoulte  et  euaporée.  Les  accès 
de  ceste  fléure  durent  quatre,  cinq, 
six  ,  huit ,  onze ,  douze,  quinze,  dix- 
buit  heures,  et  prennent  en  sorte  que 
le  premier  et  le  second  accéssontplus 
doux ,  le  trois  et  le  quatre  très-  violens, 
et  les  autres  qui  suiuent  vont  tous¬ 
iours  en  diminuant,  soit  de  violence, 
soit  de  durée.  Le  septième  accès  est 
la  fin  de  ceste  fléure,  laquelle  est  sans 
péril  et  danger,  pourueu  qu’il  ne  soit 
commis  aucun  erreur,  ny  du  costé  du 
Médecin,  ny  de  la  part  du  malade. 
Celle  qui  suruient  en  esté  est  tres- 
courte:  celle  qui  vient  en  hyuer  est 
plus  longue,  d’autant  qu’en  ceste  sai¬ 
son  la  bile  ne  peut  point  estre  si  pure 
.  qu’elle  n’ait  quelque  meslange  d’vne 
autre  humeur  ;  outre  que  la  transpi¬ 
ration  ne  se  fait  pas  si  bien  en  hyuer 
qu’en  esté,  à  cause  que  les  pores  du 
cuir  sont  reserrés  par  la  rigueur  du 
froid.  Le  commencement  de  ceste  flé¬ 
ure  est  auec  rigueur,  l’estât  auec 
sueur.  Que  s’il  suruient  des  vlceres 
au  nez,  à  la  bouche,  ou  aux  léures, 
c’est  signe  que  la  fléure  se  termine  : 
car  par  cet  accident  on  descouure  et 
onappcrçoit  la  force  de  la  nature,  qui 
peut  ietter  la  matière  morbifique  du 
centre  et  intérieur  du  corps  à  Texte- 
rieur  et  à  la  superficie  ;  outre  qu’en 


125 

cest  effort  il  se  fait  euacuation  de  la 
cause  coniointe.  Or  telles  vlceres 
n’apparoissent  pas  en  la  déclinaison 
de  toute  fléure  tierce,  mais  seulement 
en  celles  esquellesla  bile,  cause  de 
ceste  fléure,  est  contenue  ou  pous¬ 
sée  de  quelqiTautre  partie  de  la  pre¬ 
mière  région  du  corps  dans  le  ventri¬ 
cule  :  car  delà  laplus  ténue  etsereuse 
portion  d’icelle ,  portée  par  la  conti¬ 
nuité  de  la  tunique  intérieure  à  la 
bouche  et  aux  léures,  excite  aisément 
des  vlceres  en  ces  parties  là. 

Bref,  nous  auons  deux  aphorismes 
d’Hippocrates,  qui seruenl  au  prognos¬ 
tique  de  ceste  fléure.  Le  premier  est 
le  43  du  4.  liure,  où  il  dit  que  les  fié- 
ures  qui  ne  sont  pas  intermittentes,  et 
qui  ont  des  redoublemens  de  trois  en 
trois  iours,  sont  dangereuses  :  mais 
celles  qui  sont  intermittentes,  sont 
sans  péril.  L’autre  aphorismeest  le  59. 
de  la  mesme  section,  où  il  asseure  que 
les  fiéures  tierces  exquises  cessent 
pour  le  plus  au  septième  accès.  Il 
dit  pour  le  plus ,  d’autant  que  selon 
que  la  matière  est  plus  subtile  et 
en  moindre  quantité,  il  arriue  que 
ceste  fléure  se  termine  au  troisième 
ou  au  quatrième  accès.  Au  reste 
il  faut  prendre  ces  deux  aphorismes 
d’Hippocrates  auec  vn  grain  de  sel, 
c’est  à  dire  auec  ceste  distinction,  que 
ce  qu’il  dit  est  vray,  pourueu,  comme 
nous  auons  dit  cy-deuant,  qu’il  ne  se 
face  aucune  faute,  ny  de  la  part  du 
malade,  ny  de  la  part  de  ceux  qui  le 
traitent  et  le  sollicitent. 

le  diray  vn  mot  en  passant  contre 
les  Apothicaires,  lesquels  ne  se  lassent 
iamais  de  donner  des  remedes  aux 
malades,  qu’ils  traitent  en  tout  temps 
et  à  toutes  les  heures,  sans  se  soucier 
de  ce  que  dit  ou  ordonne  le  Médecin. 
Pourueu  qu’ils  débitent  leurs  dro¬ 
gues,  et  qu’ils  fassent  aualler  force  iu- 


126 


LE  VINGTIEME  LIVRE  , 


leps  aux  malades,  et  qu’ils  leur  trem 
peut  bien  les  hypochondres  auec  leurs 
epilhemes,  cela  leur  suffit,  sans  se 
soucier  si  c’est  en  temps  et  en  saison  : 
mais  que  tels  Apothicaires  apprennent 
la  leçon  que  leur  fait  Galien ,  qui  les 
appelle  au  premier  liure  des  iburs 
Critiques  chap.  11,  et  ennemis  delà 
nature,  et  ennemis  du  malade  :  Galien 
ayant  obserué  au  premier  ad  Glauco- 
wmchap.  9,  qu’vn  malade  de  la  fiéure 
tierce  estoit  mort  tabide ,  pour  auoir 
vsé  du  bain  hors  de  saison,  par  Faduis 
de  quelqu’vn  qui  se  seruoit  d’vh  mes- 
tier  qu’il  ne  sçauoit  pas.  Ce  queie  dis, 
à  fin  que  les  Chirurgiens  que  ie  tasche 
d’instruire  ne  fassent  iamais  rien  à 
Festourdie  et  sans  raison,  et  qu’aux 
choses  douteuses  et  de  conséquence, 
ils  prennent  tpusiours  Faduis  dés  Mé¬ 
decins. 


CHAPITRE  XXL 

DE  LA  CVRE  DE  LA  FIEVRE  TIERCE 
LEGITIME. 

le  ne  veux  point  icy  m’embroüiller 
d’vn  nombre  infiny  de  remedes,  tant 
externes  qu’internes,  qui  ont  esté  mis 
en  allant  par  les  Médecins  qui  ont 
suiui  la  méthode  des  Arabes,  estant 
chose  si  confuse  et  si  difficile  à  prati¬ 
quer,  qu’il  y  a  plus  de  péril  en  eeste 
grande  variété  de  remedes  qu’en  la 
grandeur  du  mal.  C’est  pourquoy  ie 
traiteray  de  la  guérison  de  cesle  fié- 
ure  et  des  autres  le  plus  simplement 
qu’il  me  sera  possible,  afin  de  ne  trou¬ 
bler  point  le  iugement  du  ieune  Chi¬ 
rurgien,  et  de  ne  fatiguer  point  les 
malades  d’vn  nombre  presque  infiny 
de  remedes,  que  l’on  leur  ordonne 
communément  au  grand  détriment 
de  leur  corps  et  de  leur  bourse. 


Il  faut  en  premier  lieu  ordonner  le 
régime  deviure  sur  les  six  choses  non 
naturelles  *,  qni  seront  establies  pour 
rafraîchir  et  humecter  le  plus  qu’il 
sera  possible,  à  cause  que  l’humeur 
bilieuse  qui  fait  ceste  fiéure,  est  la  plus 
chaude  et  seiche  de  tout  ce,  qui  est  en 
nostre  corps.  C’est  pourquoyil  faudra 
faire  que  le  malade  respire  un  air 
froid  et  humide  :  ce  qui  se  fera  en  esté 
arrosant  la  chambre  d’eàu  fraîche, 
et  la  parsemant  d’herbes  et  de  fleurs 
rafraîchissantes  2.  Il  faut  luy  donner 
pour  nourriture  toutes  choses  réfri¬ 
gérantes  et  humectantes,  en  tant  qu’il 
les  pourra  cuire ,  Comme  lalctue , 
ozeille,  courge,  concombre,  poirée, 
m^iulue ,  orges  mondés,  boüillons 
clairs,  et  non  pressés,  assaisonnés  de 
verjus  ou  dejus  de  citron.  Il  vserade 
vin  bien  trempé,  petit,  ténu  et  en  petite 
quantité,  et  ce  lors  seulement  que 
l’humeur  aura  commencé  d’estre 
cuite  :  car  au  commencement  il  n’en 
faut  aucunement  vser,  mais  en  la  de-, 
clinaison  il  sera  permis  d’en  vser 
plus  libéralement,  pourueu  toutes- 
fois  qu’il  ne  soit  ny  fort  ny  vieil  ».  En 
quoy  on  peut  reprendre  l’erreur  de 
ceux  qui  croyent  que  le  vin  vieil  est 

1  Nous  rentrons  ici  dans  fe  texte  de  1575; 
et  à  partir  de  cet  endroit  jusqu’à  la  fin  du 
chapitre,  l’auteur  suit  presque  pas  à  pas  la  fin 
du  chapitre  7  de  cette  édition.  Ce  n’est  pas 
cependant  qu’il  n’y  ait  de  notables  change¬ 
ments;  ils  seront  signalés  dans  les  notes 
suivantes. 

®  Cette  phrase  :  ce  qui  se  fera  en  esté ,  etc., 
constitue  un  précepte  nouveau  qui  ne  se  li¬ 
sait  ni  dans  le  livre  de  1575,  ni  dans  le  cha¬ 
pitre  15  du  livre  des  Tumeurs  des  éditions 
suivantes.  * 

»  Jusqu’ici  le  texte  est  à  peu  près  le  même 
que  celui  de  1575  et  1579  ;  mais  la  lin  du 
paragraphe  est  une  addition  qui  appartlertt 
tout  entière  au  livre  posthume.  ■ 


DES  FIÉVHES. 


pins  sain ,  et  qui  pour  ce  suiet  le 
recommandent  aux  malades  febri- 
citans.  Mais  ils  deuroient  se  mettre 
deuant  les  yeux  que  le  vin  vieil  est 
tout  vineux ,  qu’il  a  fort  peu  de  par¬ 
ties  aqueuses  et  sereuses,  qu’il  est  pe¬ 
sant,  de  parties  crasses  et  difOciles  à 
distribuer,  et  qui  par  conséquent  peut 
faire  plus  de  sang,  peut  eschauffer 
d’ auantage  les  entrailles  parla  longue 
demeure  qu’il  y  fait,  et  a  de  coustume 
de  reserrer  le  ventre  et  le  rendre 
paresseux.  Mais  pour  le  dire  saine¬ 
ment,  il  serait  très  à  propos  de  défen¬ 
dre  toutes  sortes  de  vins  tandis  que 
ceste  fleure  continue,  de  peur  d’en¬ 
tretenir  son  foyer  :  et  cependant  faire 
vser  au  malade  de  quelque  boisson 
rafraichissante  et  aperiliue,  préparée 
auec quelque  racine,  ou  syrops  violât, 
de  limons,  de  pommes  simples,  de  ca¬ 
pillaires,  de  cerises,  et  autres  de  sem¬ 
blables  effets. 

Quant  au  temps  propre  pour  nour¬ 
rir  le  malade,  il  se  faut  donner  garde, 
le  lourde  l’accès,  de  luy  bailler  à  man¬ 
ger  plus  tard  que  trois  ou  quatre  heu¬ 
res  auparauant  ledit  accès  ‘  ;  de  peur 
que  la  chaleur  de  la  fleure  (le  propre 
de  laquelle  est  de  corrompre  toutes 
choses,  comme  le  propre  de  la  chaleur 
naturelle  est  de  cuire  et  conseruer) 
rencontrant  les  viandes  encore  crues 
en  l’estomach ,  ne.les  corrorhpe ,  pu¬ 
tréfié,  et  tourne  en  suc  bilieux  :  aug¬ 
mentant  par  ce  moyen  la  matière  de 
la  fleure,  prolongeant  l’accès,  et  en 
outre reuoquantlanature,  qui  est  oc¬ 
cupée  à  la  concoction  et  expulsion  de 
l’humeur  mdrbiflque ,  pour  s’em¬ 
ployer  à  la  concoction  des  viandespri- 
ses.  Pour  lesquelles  raisons  on  s’abs- 

1  En  1575  et  dans  toutes  les  éditions  de 
son  vivant,  Paré  disait  :  plus  tard  que  trois 
heures  auparauant  ledit  accez. 


127 

tiendra  aussi  de  donner  aucune  nour¬ 
riture  audit  fébricitant  durant  tout 
son  accès,  et  attendra-on  à  le  nourrir 
qu’il  soit  tout  à  fait  hors  de  fleure, 
Toutesfois,  ceste  réglé  se  doit  enten¬ 
dre  lors  que  la  vertu  du  malade  est 
forte  et  vigoureuse  :  autrement  si  la 
nature estoit  debile,  et  qu’il  prist  des 
foiblesses  au  malade,  il  faut  non  seu¬ 
lement  le  nourrir  deuant  l’accès,  mais 
aussi  en  l’accès  :  mais  il  faudroit  que  ce 
fusl  legerement ,  et  que  ce  qu’on  luy 
donneroit  fust  en  petite  quantité  1, 
Pour  le  breuuage,  il  faut  luy  défen¬ 
dre  tandis  que  dure  le  frisson  :  en  la 
chaleur  on  ne  luy  doit  point  defendre  : 
au  contraire,  il  faut  inuiter  ceux  qui 
boiuentpeü  à  prendre  quelque  grand 
traict  de  ce  qui  luy  aura  esté  ordonné 
potir  son  breuuage. 

Pour  ce  qui  est  des  remedes  pris 
tant  de  la  Pharmacie  que  de  là  Chirur¬ 
gie,  il  est  bon  à  la  sortie  de  chaque 
accès  de  donner  quelque  lauement  en 
partie  rafraîchissant,  en  partié  laxa¬ 
tif,  à  fin  d’esteindre  les  restes  de  la 
chaleur  allumée  dans  les  reins  et  dans 
le  ventre ,  et  aussi  à  fin  d’euacuer 
l’humeur  qui  aura  esté  esbranlée  par 
la  violence  de  l’accès  :  ayant  obserué 
plusieürà  fois  qu’il  sort  par  le  moyen 
de  tels  lauemens,  des  bassinées  entiè¬ 
res  de  bile  iaune  et  escuUiante  dés 
les  seconds  et  troisiémès  accès,  ce  qui 
adoucit  grandement  la  furie  de  Ceste 
fleure,  et  accourcit  ses  accès.  On  fait 
vn  lauement  auec  décoction  de  maul 
ues,  guymauues,  violiers  de  Mars, 
apparitoire,  laictues,  pourpié,  con¬ 
combres  mis  par  tranches  et  ruelles, 
fueilles  de  vignes  en  la  Saison,  fleurs 

‘  Tous  ces  préceptes  se  retrouvent  dans 
les  éditions  du  vivant  de  l’auteur  ;  seulement 
ce  qu’il  va  ajouter  pour  le  breuuage ,  ne  se 
lit  que  dans  le  livre  posthume. 


LE  VINGTIE 

de  nénuphar, vn  peu  de  fenouil  verd: 
on  délayé  dedans  vne  liure  trois  on¬ 
ces  de  miel  violât,  et  autant  d’huile 
violât  ou  de  beurre  frais,  vne  once 
de  sucre  rouge  et  de  lenitif  :  et  don- 
ne-on  ce  clystere  à  la  sortie  de  l’accès, 
comme  dit  est.  Que  si  les  malades  se 
trouuoient  trop  lasches  et  fatigués 
apres  leur  fléure ,  on  peut  remettre 
ledit  lauement  gu  iour  de  l’intermis¬ 
sion,  ou  le  matin  si  la  saignée  ne  l’em- 
pesche,  ou  surl’aprcs-dinée.  Souuent 
on  fait  les  clysteres  auec  vne  décoc¬ 
tion  de  prunes,  iuiubes,  violes,  orge, 
son,  et  choses  semblables,  quelques- 
fois  auec  le  petit  laict  seulement  L 

1  II  est  curieux  de  suivre  dans  les  trois 
rédactions  de  Paré  la  marche  de  ses  idées 
relativernei  t  au  traitement.  Pour  ne  parler 
d’abord  que  des  médicaments  à  administrer, 
voici  comme  il  s'exprimait  en  1575  : 

«  Quant  aux  médicaments, faut  preuoir  si 
la  vertu  du  malade  est  suflisanle,  et  si  les 
humeurs  sont  furieux  et  mobiles ,  alors  faut 
ordonner  du  diprunis  simple ,  casse  fistu- 
laire  mondee,  décoctions  de  vielles,  mira- 
bolans  citrins,  syrops  violât,  rosat,  de  gre¬ 
nades  ,  oxyzaccara.  Semblablemenl  soit  fait 
ciistere  de  décoction  de  prunes,  iuiubes, 
violles ,  son  ,  orge.  Si  le  malade  par  siccité 
de  teste  deuient  en  phrenesie ,  soit  procurée 
sternutation  auec  huille  viollat,  ou  rosat,  et 
laict  de  femme.  Les  pieds  et  cuisses  soient 
mis  en  eau  tiede ,  et  douce.  La  plante  des 
pieds  soit  oincte  auec  huille  viollat  ou  sem¬ 
blable.  En  la  déclinaison  est  bon  faire  bain 
d’eau  douce  auec  fueilles  de  vigne  ,  de  sauls, 
de  laictues,  et  semblables  refrigerans.  Et 
mesme  apres  les  purgations  generales  pro- 
uoquer  les  sueurs  par  l’vsage  de  vin  blanc 
et  tenu ,  bien  trempé  :  et  les  vrines  par  dé¬ 
coction  d’acheet  d’aneth.  » 

Le  reste  est  relatif  à  la  saignée  ;  nous  y  re¬ 
viendrons  dans  la  note  suivante.  En  1579, 
dans  le  chapitre  cité  du  livre  des  Tumeurs, 
Paré  commençait  également  par  les  laxatifs; 
mais  il  ajoutait  aussitôt  : 

«  Autrement  si  les  forces  du  malade  sont 


lE  LIVRE, 

Il  y  a  vne  grande conlrmierSeenlrô 

les  auteurs,  sçauoir  s’il  faut  saigner 
ou  purger  dés  le  commencement  : 
pour moyi’ay  veiien  monieune  aage, 

petites,  ne  faut  purger  ni  saigner  que  bien 
petitement  :  de  peur  que  la  dissipation  des 
esprits  {  à  laquelle  les  bilieux  sont  subiels  ) 
n’induise  syncope.  » 

Puis  venait  l’indication  des  clystères  ;  puis 
cette  phrase,  calquée  sur  la  première  édi¬ 
tion  ,  et  dont  le  sens  est  cependant  tout  dif¬ 
férent  : 

«  Si  le  malade  par  resiccation  du  cer- 
ueau  tomboit  en  déliré,  qu’on  luy  rafrcs- 
chisse  la  teste  avec  huile  violât,  rosat,  et 
autres  semblables.  » 

Ainsi  dans  le  texte  primitif  il  s’agit  de 
Sternuiation,  dai;s  le  second  de  fomentations 
rafraîchissantes.  Toutefois  il  est  probable 
que  le  mol  de  slernulaiion  provient  d’une 
faute  d’impression,  car  une  note  marginale 
porte:  Fomentation.  Les  autres  prescriptions 
sont  les  mêmes  ;  mais  à  l’occasion  des  sueurs, 
la  rédaction  de  1579  offre  un  long  passage 
qui  ne  se  retrouve  ni  dans  le  texte  primitif 
ni  dans  le  livre  posthume.  Voici  tout  ce  qui 
a  trait  à  cet  objet. 

«  Mesme  l’humeur  ja  cuit  et  initiüé,  les 
purgations  generales  ayant  procédé,  sera 
bon  prouoquer  les  sueurs  par  l’vsage  de  vin 
blanc ,  bien  tenu  et  trampé.  Vrayement  les 
sueurs  en  toute  fleure  putride  sont  bonnes, 
quand  elles  viennent  en  temps  et  lieu  : 
pource  qu’elles  euacuent  les  matières  con- 
ioinctes  de  la  maladie.  Mais  surtout  en  la 
fleure  tierce  :  d’autant  que  tel  humeur  se 
resoult  aisément  en  sueurs  pour  sa  tenuité. 
Pour  aider  à  la  sueur,  sera  bon  auecques  le 
vin  blanc  mentionné ,  prendre  décoction  de 
figues,  raisins  de  damas  mondés,  chiendent, 
et  autres  racines  aperitiues.  Par  dehors  on 
prend  esponges  imbues  en  la  décoction 
d’herbes  chaudes ,  comme  romarin ,  thym  , 
lauande  ,  marjolaine  et  autres,  cspreintes  et 
appliquées  chaudement  aux  ainnes,  aisselles, 
entr’espaulc  du  malade,  tenu  couuerl  en  son 
lit.  Autres  remplissent  à  dcmy  des  vessies 
de  porc  de  cesto  décoction  ,  les  appliquent 
aux  coslez  et  entre  les  iambes ,  comme  aux 


DES  ErÉVRKS. 


et  î’ay  remarqué  en  mon  premier 
traité  des  fiéures  que  dés  le  com- 

pieds  des  bouteilles  de  terre  remplies  de 
mesme.  On  doit  cesser  de  faire  suer  lorsque 
la  sueur  commence  à  se  refroidir  sur  le  ma¬ 
lade.  » 

Dans  le  texte  actuel ,  il  s’occupe  d’abord 
des  lavements,  et  précise  mieux  l’époque  de 
leur  administration.  Tout-à-l’heure,  quand 
il  aura  parlé  de  la  saignée,  il  établira  aussi 
une  plus  grande  réserve,  appuyée  sur  sa 
propre  expérience,  touchant  l’emploi  des 
purgatifs.  Les  bains,  le  vin  blanc  et  les  diu¬ 
rétiques  demeurent  recommandés;  mais 
plus  de  fomentations  à  la  tête,  plus  de  bains 
ni  d’onctions  aux  pieds,  et  enfin  plus  de  ces 
moyens  sudorifiques  que  l’on  trouvait  signa¬ 
lés  dans  toutes  les  éditions  à  partir  de  1679. 

‘  Je  reproduirai  ici  comme  terme  de  com¬ 
paraison  le  texte  exact  du  premier  traité. 

«  La  saignee  doit  estre  faite  non  apres  le 
tiers  accez,  comme  commande  Galien,  mais 
dés  le  commencement  de  la  fieure.  Car 
comme  ainsi  soit  que  ceste  fleure  au  plus 
tard  se  termine  en  sept  accez,  certes  si  vous 
attendez  que  le  tiers  accez  soit  passé,  la 
fieure  sera  en  son  estât.  Or  Hippocrates  dé¬ 
fend  de  rien  mouuoir  en  l’estât  par  l’apho¬ 
risme  29  de  la  2.  section,  de  crainte  que 
Nature,  qui  lors  seulement  trauaille  à  la 
concoction  de  la  maladie,  ne  soit  retirée 
et  desbauchee  de  son  entreprise.  Or  cela  se 
doit  entendre  s’il  y  a  pléthore  au  corps  et 
plénitude  des  vaisseaux,  pour  euentiler  et 
refraichir  la  masse  des  humeurs  :  car  au¬ 
trement  ne  sera  bon  de  faire  vacuation  de 
sang ,  de  tant  qu’iceluy  est  le  frain  de  la 
cholere  :  c’est-à  -dire  ce  qui  l’adoucit,  et  qui 
meslée  auec  icelle  par  sa  douceur  et  va¬ 
poreuse  bénignité  et  humidité  empesche 
qu’elle  ne  se  monstre  si  furieuse  etviolente.» 

Ainsi  se  termine  le  chapitre  7.  Au  livre 
des  Tumeurs  de  1679,  on  lit  à  peu  près  la 
même  chose ,  sauf  la  dernière  phrase ,  qui 
est  supprimée.  La  première  phrase  avait  été 
aussi  singulièrement  changée  :  «  La  saignee 
doit  estre  faicte,  non  apres  le  tiers  accès, 
mais  dés  le  commencement,  comme  le  com¬ 
mande  Galien.  » 


i‘i9 

mencement  de  la  fléure  ,  après  auoir 
considéré  si  les  forces  du  malade  le 
permettoient,  qu’on  le  purgeoit, prin¬ 
cipalement  quand  les  humeurs  es- 
loient  furieux  et  mobiles,  et  ce  auec 
diaprunis  simple ,  casse  fistulaire 
mondée,  décoctions  de  violes ,  mira- 
bolanscitrins,syrops  violât,  rosat,  de 
grenades,  oxysaccara  :  et  on  ne  sai- 
gnoit ,  selon  le  precepte  de  Galien , 
qu’ après  le  troisième  accès.  Et  encore 
n’esloit-ce  que  ceux  où  il  y  auoit  plé¬ 
thore  au  corps  et  plénitude  des  vais¬ 
seaux,  pour  euenliller  et  rafraichir  la 
masse  des  humeurs  :  autrement  il 
n’estoit  loisible  de  faire  vacuation 
de  sang,  d’autant  qu’on  croyoit  que 
c’est  luy  qui  est  le  frein  de  la  cholere, 
c’est  à  dire,  ce  qui  l’adoucit,  et  qui 
meslé  auec  icelle  ,  par  sa  douceur 
et  vaporeuse  bénignité ,  empesche 
qu’elle  ne  se  monstre  si  furieuse  et 
violente.  Mais  maintenant  ie  voy  que 
les  plus  célébrés  Médecins,  soit  qu’ils 
ayent  esté  faits  sages  par  l’erreur  des 
autres,  soit  par  leur  propre  expé¬ 
rience,  et  par  les  beaux  effets  qu’ils 
ont  veu  reüssir  de  la  saignée,  saignent 
dés  le  commencement,  non  vne  seule 
fois,  mais  après  les  trois  premiers  ac¬ 
cès  aux  trois  iours  de  l’intermission, 
et  ne  purgent  leurs  malades  qu’aprés 
le  quatrième. accès:  et  de  fait,  que 
c’estoitmal  ordonné  que  de  différer  la 
première  saignée  après  le  troisième 
accès.  Car  comme  ainsi  soit  que  ceste 
fiéure  au  plus  tard  se  termine  en  sept 
accès  :  certes  si  on  attend  que  le  troi¬ 
sième  accès  soit  passé,  la  fiéure  sera 
en  son  estât.  Or  Hippocrates  defend 
de  rien  mouuoir  en  l’estât  par  l’Aphor. 
29.  de  la  2.  sect.,  de  crainte  que  la  na¬ 
ture,  qui  lors  seulement  trauaille  à  la 
concoction  de  la  maladie,  ne  soit  l’eli- 
rée  et  desbauchée  de  son  entreprise. 

Donc  selon  la  violence  du  mal  et  le 

9 


111. 


l3o  LE  VINGTIEME  LIVRE  , 


tempérament  du  malade,  on  pourra 
saigner  deux  ou  trois  fois  dés  les  pre¬ 
miers  accès  aux  iours  d’inlel  mission, 
et  après  le  quatrième  on  purgera 
doucement  et  benignement  auec 
casse,  tamarins  ^  rheubarbe,  séné  de 
Leuant,  mirabolans  citrins,  et  syrops 
violât ,  de  pommes  composé ,  et  de 
cichorée  aussi  composé,  réitérant  le 
mesme  médicament  après  le  cinq  on 
sixième  accès,  à  fln  d’espuiser  le  ventre 
d’vne  quantité  d’bumeurs  qui  y  re¬ 
gorgent.  Fay  obserué  que  ceux  qui 
purgeoient  auant  le  quatrième  accès, 
on  qui  vsoient  de  remedesvnpeuforts 
et  violens  ,  d’vne  fiéure  tierce  simple 
faispient  vne  double  tierce  :  c’est 
pourquoyil  se  faut  faire  sage,  et  estre 
vn  peu  plus  retenu  àla  purgation  que 
n’estoient  pas  nos  anciens. 

Sur  le  déclin  de  la  fleure,  il  estbon 
de  faire  vn  bain  d’eau  douce  auec 
fueilles  de  vigne,  de  sauls,  de  laitues, 
et  semblables  refrigerans»  Et  mesme 
après  les  purgations  generales ,  pro- 
uoquer  les  sueurs  par  rvsage  du  vin 
blanc  et  ténu  bien  trempé  :  et  les 
vrinespar  décoction  d’acbe  et  d’anet. 


CHAPITRÉ  XXII. 

de  la  fièvre  tierce  bastarde,  de 

SES  CAVSES,  SIGNES  ET  CVRE. 

L’autre  fléure  intermittente  qui  se 
fait  de  bile  est  la  tierce  bastarde, 
ainsi  appellée  à  cause  qu’elle  ne  se 
fait  pas  comme  la  precedente  de  bile 
pure  et  simple,  mais  de  bile  meslée 
auec  quelque  autre  humeur  :  et  aussi 
à  cause  qii’elle  ne  garde  pas  toutes 
les  qualités,  représentation  et  idée 
de  la  tierce  légitimé.  Elle  en  a  bien 
quelque  chose,  en  ce  que  l’vne  et 
l’autre  ont  leurs  redoublemens  de 


deux  iours  l’vn  :  mais  chacune  d'ellès 
a  certains  signes ,  par  lesquels  elles 
semblent  constituer  diuerses  especes 
do  fléure,  de  sorte  qu’elles  ne  diffe¬ 
rent  pas  entre  elles  par  l’ordrè  el  par 
le  temps  de  leurs  accès  et  périodes , 
mais  par  quelques  autres  accidens 
qui  viennent  de  la  condition  de  la 
matière  qui  fait  ces  deux  sortes  de 
fléures.  Or  ayant  discouru  de  la  con¬ 
dition  de  la  tierce  légitimé ,  il  faut 
parler  icy  de  la  bastarde,  à  fln  d’ap¬ 
prendre  quelle  sera  leur  différence, 
et  comme,  selon  icelle  il  faudra  trai¬ 
ter  les  malades  qui  seront  atteints  de 
cestè  tierce  bastarde. 

L’vne  et  l’autre  fiéure  à  la  vérité 
se  font  de  bile,  mais  la  légitimé  se  fait 
de  bile  pure  et  simple  :  et  la  bastarde 
se  fait  de  bile  meslée  auec  quelque 
aptre  humeur,  en  sorte  toutesfois 
qu’elle  excede  et  surmonte  l’humeur 
auec  laquelle  elle  est  meslée  :  autre¬ 
ment  la  fléure  ne  seroit  pas  tierce, 
mais  garderoit  le  mouuement  de  l’hu¬ 
meur  qui  y  predomineroit.  Or  ceste 
mixtion  se  fait  ou  de  la  bile  auec  la 
pituite  ténue  ou  crasse ,  ou  duec  là 
melànChbliè  ;  si  C’eSt  avec  la  pituite,  il 
se  fait  vne  fléure  que  les  Arabes  ap- 
pelient  c/ioleram  mmom  ffirnw  ,  çho- 
lere  plus  ordinaire  et  plus  remarqua¬ 
ble  :  si  c’est  auec  la  melancholie ,  il 
s’en  fait  vne  autre  que  les  mesmes 
Arabes  nomment  choleram  minoris  fa- 
mœ,  cholere  moins  ordinaire  et  moins 
remarquable,  d’autant  que  la  pre¬ 
mière  arriue  fort  soüuent,  et  la  der- 
nierè  fort  rarement.  Les  susdits  mé¬ 
decins  arabes  enseignent  que  ceste 
première  fléure  bastarde  maioris 
famœ,  comme  ils  appellent,  se  fait  ou 
lors  que  la  bile  citrinejou  pasle  est  mes¬ 
lée  auec  la  pituite  aqueuse  et  ténue, 
ou  lorsque  la  bile  vitelline  est  meslée 
auec  la  pituite  crasse  ;  semblable- 


i)ÈS  FIEVRES. 


liieiti  ils  disent  que  la  derniere  liéüre 
bastarde  s’engendfe,  ou  quand  la  bile 
est  nieslée  auec  l’Humeur  tnelancbo- 
Hqüe  naturelle,  ou  quand  elle  est 
tneslée  auec  l’hutneur  melancboliqüe 
atrabilaire  ;  et  selon  toutes  ces  ditii- 
sions,  ils  lugent  de  la  longueur  oü 
briefueté ,  de  la  violence  dU  de  la 
douceur  de  la  liétire.  Mais  certes 
cCste  doctrine  est  tellement  em- 
broüillée ,  et  il  est  si  difficile  de  iuger 
de  toutes  tes  différences  dé  ces  cau- 
sè§ ,  que  ie  ne  veux  ÿ  engager  l’es¬ 
prit  du  ieune  chirurgien ,  de  peur  de 
luy  donner  plus  de  trouble  que  de 
lumière.  C’est  poürquoy  ie  me  con- 
tenteray  de  parler  de  la  fléure  tierce 
bastarde,  a|)peHée  tnaioris  fdfïiæ, 
eomiiie  plus  ordirtaire  ,  et  qui  se  fait 
du  meslange  de  rhumeur  bilieuse 
auec  la  pituiteuse;  et  qui  pour  ce 
suiet  peut  esire  definie  ;  fiéure  qui  a 
des  accès  et  intermissiom  de  deux 
iours  Vvn ,  pour  estre  engendrée  d’hU- 
meur  Miteuse  meslée  avec  la  pituite , 
qui:  se  pourrit  hôrs  des  grands  Vais¬ 
seaux. 

Il  n’est  point  question  de  sçaüoir 
siceste  bile  est  citrine,  vitelimCj  por- 
racée,  ou  ærugineuse,  et  en  quelle 
partie  du  corps  ces  diuerses  sortes  de 
bile  se  peuuent  engendrer.Il  faut  tenir 
pour  constant  que  c’est  bile  contre 
nature,  laquelle  plus  elle  acquiert 
de  degrés  de  chaleur  ,  plus  elle  se 
rend  maligne,  et  apporte  de  plus  si¬ 
nistres  âccidens  :  si  bien  que  si  la 
fiéure  a  vue  médiocre  vehemence  et 
violence ,  ce  sera  vn  signe  que  l’hu¬ 
meur  bilieuse  qui  la  fait  a  acquis  vn 
degré  de  chaleur  contre  nature  mé¬ 
diocre  ;  que  si  les  symptômes  sont 
violenS,  ce  sera  la  marque  d’vu 
degré  de  chaleur  excessif.  Pour  ce 
qui  est  de  la  pituite  qui  est  meslée 
auec  la  bile ,  on  la  reconnoistra  si  le 


fébricitant,  aoec  vn  tempérament 
chaud  et  sec,  et  en  son  ieune  aage, 
aura  demeuré  en  oysiueté ,  se  sera 
rempli  de  beaucoup  de  viandes,  de 
fruits  crüds,  et  eh  vn  mot  aura 
amassé  beaucoup  d’excremens  èt  de 
crudités.  Et  par  la  longueur  de  la 
fléure,  on  remarquera  aisément  si  la¬ 
dite  pituite  est  en  grande  Ou  petite 
quantité ,  et  aussi  par  la  longueur  et 
lenteur  des  frissons.  Car  si  là  fîéüfe 
n’a  ses  accès  que  seize  ou  dix-huit 
heures ,  et  que  les  frissons  soient  vio- 
lens  et  aigus  ,  c’est  sans  doute  qü’il  y 
aura  peu  dë  pituite,  d’autant  que  là 
fléure  approche  fort  prés  de  la  condi¬ 
tion  de  la  tierce  légitimé  ;  mais  si  les 
accès  sont  de  vingt-quatre,  trente  ou 
trente- six  heures,  et  que  le  frisson 
soit  long  et  lent ,  c’est  signe  qu’il  y  a 
beaucoup  de  pituite,  d’autant  que  là 
fléure  s’eslongne  fort  de  la  nature  de 
la  tierce  légitimé. 

Enquoy  nous  remarquerons  que  la 
fiéure  bastarde  qui  à  ses  accès  plus 
longs  que  dix-huit  heures  s’appelle 
Tertiana  extensa ,  tierce  estendue  , 
plus  ou  moins  selon  que  l’accès  s’ès- 
tend  ou  à  vingt,  ou  à  vingt-cinq,  OU 
à  trente ,  ou  à  trente-six  heures.  Car 
il  est  très  asseuré  que  ceste  fléuré  à 
des  accès  quelquesfois  de  trente ,  de 
trente-six,  ou  de  quarante,  mesme 
de  d’auantage ,  selon  la  quantité  et  la 
crassitie  de  la  pituite  qui  y  est  meslée. 
Or  ceste  fléure  commence  plustost 
auec  horreur  qu’auec  vn  frisson  Vio¬ 
lent  ;  sa  chaleur  est  plus  douce  et 
moins  mordicante,  et  qui  s’espand 
plus  difficilement  par  tout  le  corps 
qu’en  la  tierce  légitimé;  le  malade 
n’est  point  tant  altéré ,  ny  ne  vomit 
point  des  matières  si  araeres.  Il  sent 
vue  pesanteur  de  corps,  douleur  à 
l’espine  du  dos ,  bouffement  à  l’esto- 
mach  auec  degoust.  L’accès  passe 


LE  VINGTIÉMK  livre, 


182 

douze  heures ,  et  s’estend  quelques- 
fois  iusques  à  trente,  et  d’aiiantage, 
comme  enseigne  Galien  au  commen¬ 
taire  troisième  du  premier  des  Epidé¬ 
mies,  et  au  commentaire  2,  du  sixième 
liure.  Les  accès  se  terminent  non  par 
de  grandes  sueurs  ,  mais  par  des 
moiteurs.  Elle  est  plus  frequente  en 
automne  qu’en  autre  saison ,  et  atta¬ 
que  les  ieunes  hommes  qui ,  par  vne 
vie  desreglèe,  amassent  grande  quan¬ 
tité  d’excremens  et  de  crudités  :  elle 
surprend  aussi  ceux  qui  viuent  en 
oysiueté ,  les  hommes  gras  et  replets, 
ceux  qui  crapulent  et  qui  vsent  des 
bains  mal  à  propos.  Rarement  se 
termine-elle  au  septième  accès ,  mais 
va  iusques  au  quatorzième,  voire 
mesme  dure  quarante  iours ,  tantost 
deux  mois,  tantost  trois  mois,  quel- 
quesfois  six  mois  :  et  lorsqu’elle  dure 
si  long-temps,  elle  apporte  enfin  ou 
vne  dureté  de  ratte  ,  ou  vne  hydro- 
pisie,  ou  quelque  vice  notable  des 
entrailles.  Souuent  elle  ameine  des 
«oliques  furieuses,  lesquelles  dege- 
nerent  en  quelque  paralysie  impar¬ 
faite  ,  ou  des  bras  ou  des  cuisses , 
mal  à  ce  que  l’on  dit  familier  et  com¬ 
mun  à  quelques  prouinces  de  ce 
royaume. 

Geste  fièure  est  de  difficile  guérison, 
mais  toutesfois  sans  péril,  puis  qu’elle 
est  intermittente,  s’il  n’arriue  quelque 
faute  en  la  traitant,  ’foutesfois  elle 
est  plus  dangereuse  que  la  tierce  lé¬ 
gitimé,  à  cause  de  la  diuersité  des 
humeurs  qui  la  font,  lesquels  rendent 
les  maladies  fascheuses  et  contuma¬ 
ces,  comme  enseigne  Hippocrates,  et 
Galien  au  premier  des  Epidémies  , 
Comment.  3.  article  21. 

Pour  la  cure  de  ceste  fièure,  elle 
n’est  point  autre  que  celle  quicon- 
uient  à  la  tierce  légitimé,  sinon  qu’il 
ne  faut  pas  tant  rafraîchir,  mais  au 


contraire  eschauffer  doucement  et 
modérément ,  inciser  puissamment 
l’humeur  peccante ,  atténuer,  cuire, 
vuideret  fortifier  les  entrailles.  Les 
clysteres  detersifs  tous  les  iours  sont 
tres-vtiles,  dans  lesquels  on  doit  mes- 
1er  les  simples  qui  dissipent  les  vents 
et  flatuosités  qui  remplissent  les  in¬ 
testins  de  ceux  qui  sont  trauaillés  de 
ceste  fièure,  s’engendransde  la  pituite 
qui  est  atténuée  par  l’ardeur  de  la 
fièure.  Dés  le  commencement  il  faut 
aussi  saigner  pour  esteindre  l’empi- 
reume  des  entrailles,  et  ce  plusieurs 
fois  pour  aller  au  deuant  de  la  pour¬ 
riture,  et  empescher  la  continuelle 
génération  des  mauuaises  humeurs. 
Il  ne  faut  pas  se  persuader  que  la  pi¬ 
tuite  empescbe  ce  remede  :  elle  le 
modéré  bien,  mais  de  l’empescher 
tout  à  fait,  nullement ,  veu  que  le 
feu  qui  est  en  la  pituite  est  aussi 
bien  feu  que  celuy  qui  est  en  la  bile. 
En  quelque  suiet  que  se  met  la  pour¬ 
riture,  l’intemperie  chaude  l’accom¬ 
pagne,  laquelle  s’esteint  par  l’euapo- 
ration,  qui  se  fait  fort  commodément 
parla  saignée.  Ayant  osté  tout  soup¬ 
çon  d’inflammation  aux  parties  no¬ 
bles,  on  viendra  à  purger  le  corps  dou¬ 
cement  et  souuent,  auec  apozemes 
apéritifs  et  relaxatifs  de  séné,  agaric, 
rheubarbe,  electuairelenitif,  etautres 
medicamens  bénins. 

H  y  en  a  qui  trouuent  bon  de  don¬ 
ner  des  vomitifs  au  commencement 
des  accès  :  mais  il  faut  premièrement 
que  ce  soient  vomitifs  doux  et  bénins, 
et  non  violens  tels  que  sont  les  mé¬ 
talliques  :  et  en  second  lieu  il  les  faut 
donner  lors  que  la  coction  paroist 
dans  les  vrines,  autrement  i’ay  lous- 
lourslrouué  qu’ils  ne  profitoient  de 

rien,  et  qu’ils  debiliioient  grandement 

1  estomach,  qui  après  cuisoit  moins 
bien  les  viandes,  et  par  conséquent 


DES  FIÈVRES. 


engendroit  quantité  de  mauuaises 
humeurs ,  et  donnoit  occasion  au  foye 
d’en  faire  de  mesme  :  puis  que  c’est 
vne  maxime  en  Medecine  que  la  se¬ 
conde  coction  ne  corrige  iamais  la 
première. 

le  donnerais  icy  des  formules  d’a- 
pozemes  apéritifs,  incisifs  et  laxatifs, 
desquels  il  faut  entretenir  le  malade 
durant  vne  si  grande  longueur  de 
temps  :  mais  d’autant  que  cette  lon¬ 
gueur  de  temps  donne  assez  de  loisir 
au  Chirurgien  de  consulter  les  Méde¬ 
cins  sur  les  diuers  incidens  de  ceste 
fiéure,ie  les  remets  ausdits  Médecins: 
aussi  qu’il  est  impossible  qu’vn  Chi¬ 
rurgien  puisse  auoir  la  connoissance 
et  la  science  d’vne  si  grande  diuersité 
de  remedes,  telle  qu’elle  est  necessaire 
d’estre  pratiquée  en  ce  mal,  à  fin  de 
n’ennuyer  point  le  malade  d’vn  .seul 
genre  de  médicament.  Que  le  Chirur¬ 
gien  ait  soin  seulement  de  bien  nour¬ 
rir  le  fébricitant ,  et  vn  peu  plus 
largement  qu’en  la  tierce  légitimé  : 
à  fin  qu’il  ait  des  forces  de  resisterius- 
quesàlafindu  mal.  Après  donc  les 
premiers  accès  (durant  lesquels  on  ne 
nourrira  les  malades  que  de.  viandes 
legereset  liquides)  on  pourra  donner 
les  iours  de  l’intermission  quelque 
viande  solide,  aisée  à  digerer,  vne  fois 
leiour  seulement,  comme  sont  les 
poulets,  chapons,  perdris,  veau,  mou¬ 
ton  :  ayant  tousiours  pour  maxime  de 
ne  nourrir  point  le  malade  durant 
l’accès  (s’il  n’auoit  quelque  foiblesse 
extraordinaire),  mais  trois  ou  quatre 
heures  auant  l’accès,  et  à  la  fin  de 
l’accès. 

Les  anciens  donnoient  pour  breu- 
uage  l’eau  miellée,  qu’ils  appelloient 
mulsarn,  qu’ils  aromatisoient  d’hy- 
sope  ou  de  spicnar  :  les  recens  se  ser- 
uent  de  l’eau  sucrée  ou  de  l’oxysac- 
eara  ,  quelquesfois  d’eau  d’orge 


i33 

assaisonnée  de  racine  de  fenoüil  et  de 
semence  d’anis.  Les  plus  délicats  se 
seruent  d’hippocras  d’eau,  les  autres 
de  décoction  de  reglisse,  racine  d’o- 
zeille  et  de  cichorée  saunage  :  bref  on 
peut  s’accommoder  aucunement  au 
goust  des  malades,  et  leur  fairechan- 
gerde  boisson  lorsqu’ils  seront  en¬ 
nuyés  de  quelque  vne.  Il  ne  faut  pas 
leur  permettre  toutesfois  de  boire  du 
vin  iusques  au  déclin  de  lafiéure,  et 
quelessignes  de  coction  apparoissent. 
Après  les  purgations,  on  n’oubliera 
pas  ny  les  sudorifiques  ny  les  diuréti¬ 
ques,  et  à  la  fin  de  tout  le  bain  d’eau 
douce. 


CHAPITRE  XXIIL 

DE  LA  FIÈVRE  ARDENTE,  ESPECE  DE 
FIÈVRE  TIERCE  CONTINVE  *. 

Après  les  fiéuresde  bile  intermit¬ 
tentes  viennent  les  continues,  entre 
lesquelles  est  l'ardente  bilieuse,  que 
les  Grecs  appellent  Causon'^,  excitée 
de  bile,  mais  bien  plus  ardente  que 
celle  qui  fait  la  tierce  continue  com¬ 
mune,  de  laquelle  nous  parlerons  au 
chapitre  suiuant.  Parquoysilamasse 
sanguinaire  bilieuse,  c’est  à  dire  qui 
a  en  soy  plus  de  bile  que  d’autre 
humeur,  conçoit  en  soy  si  grande  in¬ 
flammation  qu’elle  tienne  tousiours  le 

1  Ce  chapitre  porte  le  même  titre  que  le 
chapitre  11  de  l’édition  de  1676,  auquel  il 
répond  d’ailleurs  exactement  et  presque  mot 
pour  mot,  sauf  quelques  changements  que 
nous  signalerons  en  leur  lieu. 

2  Le  chapitre  11  de  1676  commence  autre¬ 
ment  : 

«  Ceste  fiéure  est  vne  sorte  de  continué 
ardente  bilieuse,  que  les  Grecs  appellent 
Cmsus ,  etc, 


l34  LE  VINGTIEME  LIVRE, 


cœur  assiégé,  elle  fait  la  vrayeCanso-  ' 
nide  i,  c’est  à  dire  fleure  ardente,  qui 
différé  en  cecy  seulement  de  la  fleure 
tierce  continue  commxine,  qu’elle  n’a 
point  de  trois  en  trois  iours  d’exacer¬ 
bation  manifesté,  ains  marche  tous- 
iours  d’vne  perpétuelle  constance  et 
égalé  ardeur.  Au  reste  elle  est  aussi 
quelquesfois  excitée  dephlegme  salé, 
et  fait  vne  espece  de  causus  moins 
propre,  qu’on  appelle  caususbastard, 
ou  non  légitimé,  qui  n’est  pas  si  vehe- 
metit  que  le  premier. 

Geste  fléure  suruient  aux  ieunes  en 
esté,  et  à  ceux  qui  sont  de  tempéra¬ 
ment  chaud  et  sec,  et  qui  font  mes- 
tier  de  trauailler  excessiuement. 

Les  signes  du  causus  pathognomo¬ 
niques,  c’est  à  dire  propres  et  perpé¬ 
tuels,  sont  fléure  vehemente  (à  cause 
qu’il  est  excité  de  l’humeur  bilieuse , 
qui  d’ordinaire  s’enflamme  le  plus  ai¬ 
sément  et  furieusement)  et  lassitude 
vlcereüse,  comme  Si  on  estoit  piqué 
d’aiguillons  partout  le  corps  :  ce  qui 
vient  à  cause  de  l’acrimonie  de  l’hu¬ 
meur  bilieuse  et  ténue,  qui  pique  les 
parties  sensibles  de  nostre  corps.  Les 
signes  accompagnans  ceste  maladie 
que  l'on  appelle  assidens  et  non  per¬ 
pétuels  ,  sont  la  langue  seiche ,  et 
pour  ce  fort  aspre,  noire  à  raison  de 
l’adustion  ,  douleur  de  ventre  mordi- 
cante  et  tormineuse ,  prouenante 
d’vne  fluxion  de  bile  ténue,  sanieuse 
et  ichoreuse ,  deiection  souuent  pasle 
et  liquide  pour  l’abondance  delà  ma¬ 
tière  crue  ,  acre  et  ténue ,  là  poussée 
par  la  vehemence  de  la  maladie.  Lors 
que  le  siégé  du  causus  est  le  foye  ou 
le  ventricule,  alors  la  soif  est  grande 
et  excessiue,  à  cause  de  l’ardeur  et 
siccité  de  tout  le  corps,  si  principale¬ 
ment  la  bile  qui  fait  le  causus  est 

‘  Edition  de  1575  i  fait  le  vray  causite, 


amassée  en  lieu  et  partie  d’où  se  peut 
proprement  exciter  la  soif,  comme  eu 
la  bbuche  et  drifice  sulierîcùr  du 
ventricule ,  au  venlliculc  mesme,  ou 
aux  poulinons,  quclquosfois  au  pi- 
lore  bu  orifice  inferieiir  de  l’esto  • 
mach,  et  dans  l’intestin  appellé  ieiu- 
nütn.  Les  veilles  sont  grandes,  par  le 
defaut  d’hümidité  benigne  et  vapo¬ 
reuse  qui  cause  le  Sommeil  :  délires 
à  cause  du  mouuement  de  là  bile 
vers  le  chef,  si  principalement  ie 
siégé  d’icelle  est  au  poülitnort  et  Ibl’S 
sans  doute  la  langue  est  asiJl-e  et 
noire,  ils  ne  resliirent  iqU’à  peine,  et 
halénent  Vn  esprit  chaud  et  bruslant, 
halètans  tousiburs  à  bouche  ouuerte. 
La  boUclie  est  incessamment  amère, 
pour  la  continuité  de  la  tiihique  in¬ 
térieure  du  ventricule  qui  èst  cohi- 
mune  à  la  langue. 

Cette  maladie  est  fort  aiguë,  et  qui 
tue  en  peu  de  temps ,  d’où  vient  qu’à 
bon  droit  elle  est  appellée  à  Môntpel- 
lier  Trousse-galand  :  parlant  dés  le 
commenceméht  il  faut  que  le  Chirur¬ 
gien,  pour  Son  honneur,  et  pour 
s’exempter  de  caloninie,  eXpose  auX 
assistons  le  danger  où  est  le  malade  : 
car  si  les  accidens  susnommés  se  mohs- 
trent  grands  dés  le  cbUinièrlcement  dé 
ceste  maladie,  s’il  süiruient  vne  petite 
stibür  au  front  où  aux  clauicules,  si 
lé  malade  amasse  les  flobcons  de  sa 
coiiùerturevers  luy,  s’il  iotië  foH  des 
doigts,  si  les  extrémités  luy  dCuien- 
neht  froides,  si  la  maladie  à  ses  exa¬ 
cerbations  et  redoublemens  à  iohrs 
pairs,  si  les  vrinCs  sont  ténues,  noires, 
crues  et  en  petite  quantité,  si  le  ven¬ 
tre  esl  retenu ,  ou  bien  si  és  délec¬ 
tions  il  y  a  indice  de  colliquation,  si 
la  soif  n’est  si  gCande  qu’elle  doit 
estre,  eu  esgard  à  l’ardeur  dé  la 
fléure ,  si  goutté  à  goutte  il  lüy  flue 
vu  peu  de  sang  par  le  nez ,  ort  peut 


DES  FIEVRES. 


asseurément  prédire  la  mort ,  sans 
autrement  entreprendre  à  g[uerir  tel 
malade. 

Toutesfois  s’il  y  a  esperance  de 
santé ,  il  faut  que  la  Curation  consiste 
en  deux  choses,  sçaiioir  est  en  la 
diele ,  et  és  medicamens. 

Pour  la  diele  faut  considérer  trois 
choses ,  c’est  à  sçàUoîr,  la  quantité 
des  alimens  et  la  vCrtu  du  malade, 
le  temps  de  la  maladie,  et  la  qualité 
de  la  fiéure.  Il  faut  connoistre  la 
vertu  du  malade  pour  la  garder  et 
conseruer ,  car  c’est  elle  qui  chasse 
la  maladie  :  partant  il  ne  conuient 
donqer  si  grande  quantité  d’alimens 
qu’elle  ne  les  puisse  cuire ,  ny  pareil¬ 
lement  en  donner  si  peu  qu’elle  dé¬ 
faille  ,  et  qu’elle  ne  soit  assez  forte, 
El  (iuânt  au  temps  de  Iq  maladie  ,  si 
elle  est  eh  sa  vigueur  bu  prés  d’icelle, 
il  faut  donner  peu  d’alimens  pu  rien 
dü  tbul,  pourcje  que  c’est  diuertir 
Natili-e  de  sop  intention  :  car  elle  pe 
peut  cuire  les  alipieps,  et  ensemble 
contrarier  à  la  maladie.  Outre  plus 
fapt  considérer  la  qualité  de  la  lua- 
ladie:  car  la  fitîure,  yeu  que  c’est  vpe 
maladie  chaude  et  seiche,  requiert  ali¬ 
mens  froids  et  humides,  non  enclins  à 
putréfaction,  comme  lajctue,  poûrpié, 
(izéille,  orge  mondé,  et  autres  sem¬ 
blables.  Le  hoire  dpit  estre  d’ean* 
d’orge  mondé,  auec  syrop  violât 
ou  de  limons,  eau  boüillie,  d’hippo- 
cràs  d’éaü,  bii  eau  pannée,  donnant  à 
boire  au  nialade  tout  son  sapul  et  à 
sbK  plaisir  :  el  qtiànd  à  là  chair  et 
viandes  solides,  ie  ne  suis  pas  d’aduis 
qü’on  èn  donne,  bu  bien  que  ce  soit 
en  tres-petite quantité,  et  que  la  chair 
soit  cuite  auec  herbes  réfrigérantes 
cy- dessus  mentionnées,  et  prise  auec 
ius  d’oranges,  limons,  citrons,  gre¬ 
nades,  pu  verjus  de  grain.  Que  si  pour 
le  soustehir  on  est  contraint  de  luy 


i35 

donner  de  la  gelée,  qu’elle  soit  faite 
sans  expression  et  distillation,  et  ou¬ 
tre  sans  canelle  et  vin,  euitantles  sa¬ 
lines  et  espiceriès,  et  autres  choses 
contraires.  Il  faut  faire  en  sorte  que 
le  malade  respire  l’air  le  plus  frais 
qu’il  sera  possible,  si  ce  n'çst  en  lig¬ 
uer,  brassant  et  versant  de  l’eau  de 
puits  d’vn  verre  eri  autre  :  car, de  là 
il  sera  rafraichi,  et  en  outre  endormi 
par  le  doux  murmure  de  l’eau  :  que 
le  paué  de  là  chambre  soit  semé  de 
roses,  de  fueilles  de  vignes,  de  laictue, 
de  nénuphar,  pourpié,  et  autres  trem¬ 
pées  en  eau  rose,  vinaigre,  bu  eau  de 
puits  tres-froide  ;  arrangeant  d’auàn- 
tage  par  la  chàmbre  des  hrançhesde 
sâulés  verds  qu’il  faudra  changer 
soutient  :  qu’il  aye  tousiours  en  sa 
màin  des  fueilles  de  laiclues  bu  de 
vigne ,  pu  des  pièces  de  courge  ou 
ePheoinbre,  mesme  à  là  piànte  de§ 
pieds;  qii’oh  luy  plonge  les  pieds  et 
les  mains  dans  de  l’eau  froide  en  la¬ 
quelle  u  y  àitvn  peu  de  vin  pour  laire 
pénétrer  l’eau  :  qü’oh  te  remue  de  lit 
et  de  draps,  d’heüre  en  heure,  pbür- 
ueii  toutésfois  (jue  la  crise  ne  soit  pro¬ 
che  ;  câr  lors  on  luÿ  nuirbit  grande- 
iriertt  en  le  rafraichissahl  et  remuant. 

Là  saignée  dPit  estre  faite  spüüent 
et  eri  borine  quantité ,  non  seuleriient 
des  bras,  iriais  aussi  des  pieds  qüariq 
le  malade  est  en  déliré ,  ou  qu’il  est 
proche  d’y  tomber  :  comme  aussi  és 
feriimes  qüin’ontpas  leurs  reglemens 
ordinaires,  ou  qui  ne  les  ont  pas  sufii- 
sarhinéiit;  et  aux  homiries  pareiHé- 
inent  qui  ont  hemorrhoïdes  arrestees, 
pourueu  que  la  vertu,  l’aagé,  et  autres 
circonstances  desquelles  nous  arions 
parlé  en  la  phlébotoiriie  le  pCrhiet- 
teht 

1  L’édition  de  1575  dit  seulement  : 

<(  La  saignée  doit  estre  faite  en  bonne 


i36 


LE  VINGTIIÎME  LlVllE  , 


Les  epîthemes  sur  la  région  du  foye 
seront  faits  auec  huile  rosat,  de 
coings,  de  nénuphar ,  et  autres refri- 
gerans,  et  ce  en  la  vigueur  ou  décli¬ 
naison  de  la  maladie.  On  n’obmellra 
pas  les  fronteaux,  faits  d’oxyrhodi- 
num  ,  huile  de  nénuphar ,  aubins 
d’œufs  et  oxycrat.et  leurs  semblables  ; 
et  que  le  malade  tienne  souuent  en  la 
bouche  eau  froide,  ou  eau  d’orge,  ou 
des  fueilles  d’ozeille  trempées  en  eau 
froide,  ou  bien  des  cerises  seiches  ai¬ 
grettes  aussi  trempées  en  eau.  Il  enn¬ 
uient  aussi  euacuer  la  matière  auec 
clysteres  emolliens  et  rafraichissans, 
tels  que  sont  ceux  que  l’on  préparé 
auec  le  sérum  laclis,  auec  décoction 
de  violes  ,  maulues  et  autres  sembla¬ 
bles.  En  tels  clysteres  dissoudras  plus- 
tost  du  sucre  que  du  miel,  et  de 
l’huile  violât  plustost  que  du  com¬ 
mun  ,  pour  tousiours  euiter  la  cha¬ 
leur. 

Pour  les  purgatifs,  on  donnera 
casse  nouuellement  mondée  ,  tama¬ 
rins,  diaprunis  simple,  décoction 
de  roses  et  violes ,  syrops  de  capilli 
veneris,  de  violes  ,  de  nénuphar,  de 
cichorée,  d’endiues ,  et  leurs  sem¬ 
blables  (ayant  esgard  aux  obstruc¬ 
tions  du  foye)  :  les  autres  purgations 
faites  de  rheubarbe  infusée  en  décoc¬ 
tion  de  tamarins,  endiue,  laictue,  sca- 
riole,  et  autres  quirafraichissent  sans 
adstriclion  sont  fort  vtiles  :  combien 
qu’il  faille  prescrire  le  moins  de  medi- 
camens  purgatifs  qu’on  pourra,  à 
cause  qu’ils  sont  tous  chauds  et  acres, 

quantité,  si  la  vertu,  l’aage,  et  autres  efr- 
constances  que  dirons  cy  apres  en  la  phlé¬ 
botomie  le  permettent.  » 

Ce  renvoi  à  la  phleboiomie  s’explique  fa¬ 
cilement,  parce  que  le  livre  desFiéures  était 
placé  alors  avant  tous  les  autres.  La  phlébo¬ 
tomie  est  traitée,  comme  on  sait,  au  livre 
des  Operations, 


et  par  conséquent  contraires  à  la  fléure 
ardentc.Parquoy  en  lieu  d’iceux,il  se- 
roit  fort  bon  de  purger  le  malade  auec 
laict  d’anesse  cuit ,  ou  pour  le  mieux 
auec  le  sérum  de  laict  :  car  l’vn  et  l’au¬ 
tre  a  propriété  de  purger  les  sérosités 
bilieu.ses,  et  est  fort  humide,  sans  au¬ 
cune  acrimonie ,  et  sans  flatuosité  par 
le  bénéfice  de  la  cuisson  L 


CHAPITRE  XXIV. 

DE  LA  FIÈVRE  TIERCE  CONTINVE. 


V oicy  la  derniere  des  fléures  qui  se 
font  de  la  bile,  de  laquelle  nous  auons 
peu  de  choses  à  dire ,  à  cause  de  ce 
qui  a  esté  dit  de  la  nature  et  curation 
du  causus  :  on  peut  comprendre  ce 
qui  est  de  l’essence  et  de  la  curation 
deceste  fléure  tierce  continue,  y  ayant 
peu  de  différence  entre  l’vne  et  l’au¬ 
tre,  en  sorte  que  Galien  mesme  à  peine 
les  distingue-il  au  liure  second  des 
Crises,  chapitre  6.  Geste  fléure  donc 
n  est  autre  chose ,  qu'me  fiéure  con  • 
tinue  qui  a  des  redouhlemens  manifes¬ 
tes  et  des  sensibles  remissions  de  deux 
iours  Vvn,  produite  d’vne  bile  pure  qui 
se  pourrit  dans  les  vaisseaux  eslongnés 
du  cœur. 


Lors  donc  que  labile  contenue  dans 

‘  L’édition  de  1576  ajoutait  ici  cette 
phrase,  par  laquelle  se  terrninaitlechapitre; 

«  Au  reste  de  ce  qui  est  Icy  dit  de  la  cura- 
ton  du  causus,  tu  peux  comprendre  les 
choses  requises  à  la  curation  de  la  fleure 

II  0  '^ehemente  ar¬ 

deur  et  inflammation.  » 

Dans  le  livre  actuel,  l’auteur  a  Jugé  à  pro¬ 
pos  de  parler  plus  au  long  delà  fléure  tierce 
continue,  et  c  est  l’objet  du  chapitre  suivant. 


DES  FIEVRES. 


ces  vaisseaux  vient  à  se  pourrir,  si  la 
Nature  ne  peut  la  chasser  en  l’habi¬ 
tude  du  corps ,  elle  la  vomit  et  dans 
les  grands  vaisseaux  ,  et  au  cœur 
mesme  :  d’où  il  arriue  qu’il  se  fait  vne 
fleure  continue  périodique ,  laquelle 
a  deux  accès  ou  redoublemens  d’au¬ 
tant  plus  sensibles  ,  comme  aussi  des 
remissions  d’autant  plus  aisées  à  re¬ 
marquer,  que  l’humeur  qui  se  pourrit 
est  eslongnédu  cœur.  Lors  donc  que 
ceste  bile,  de  deux  iours  l’vn,  accourt 
au  foyer  où  la  pou rr iture  s’attache, elle 
s’eschauffe  aisément ,  et  allume  vne 
chaleur  remarquable ,  laquelle  vient 
à  se  diminuer  vu  peu  à  mesure  que 
ceste  bile  qui  accourt  se  consomme, 
mais  elle  ne  cesse  point  tout  à  fait 
que  ladite  bile  ne  soit  tout  à  fait  con¬ 
sommée  :  c’est  pourquoy  la  fiéure  est 
continue  ;  et  à  cause  du  lieu  où  labile 
se  pourrit  eslongnée  du  cœur,  ladite 
fiéure  a  des  redoublemens  et  des  re¬ 
missions  manifestes.  Pour  la  bile  qui 
fait  ceste  fiéure,  elle  est  moins  acre  et 
en  moindre  quantité  que  celle  qui 
fait  la  fiéure  ardente ,  et  au  reste 
n’est  pas  si  proche  du  cœur  ,  estant 
très  véritable  que  tant  plus  l’humeur 
qui  se  pourrit  est  proche  du  cœur, 
plus  donne-il  de  chaleur  et  de  vio¬ 
lence  de  fiéure. 

Que  si  l’on  me  demande  comment 
ie  reconnoistray  vpe  fiéure  ardente 
d’auec  la  fiéure  continue,  ie  respons 
que  la  fiéure  ardente  brusie  assiduel- 
lement  les  febricitans  d’vne  pareille 
chaleur,  sans  auoir  de  sensibles  re¬ 
doublemens  ou  remissions  de  deux 
iours  l’vn  ;  là  où  la  tierce  continue  a 
des  remises  bien  douces,  et  a  des  re¬ 
doublemens  remarquables  de  iour  à 
autre,  par  conséquent  ne  garde  pas 
vne  pareille  chaleur  de  son  commen- 
cemeiil  iusques  à  la  fin.  Au  reste  tous 
les  accidens  et  symptômes  sont  moins 


13? 

violons  en  la  tierce  continue  qu’en 
la  fiéure  ardente ,  la  soif  et  les  veilles 
moindres  :  elle  est  plus  longue  et 
moins  périlleuse,  et  ne  se  termine  que 
vers  le  14.  iour. 

Elle  s’attache  à  ceux  mesmes  qui 
sont  suiets  au  causus ,  sçauoir  aux 
ieunes  ,  bilieux  ,  d’vn  tempérament 
chaud  et  sec ,  en  l’esté  plustost  qu’en 
autre  temps,  à  ceux  qui  trauaillent 
beaucoup,  qui  veillent,  qui  ont  beau¬ 
coup  de  soin,  qui  se  laissent  transpor¬ 
ter  à  la  cholere,  qui  s’exposent  à  l’ar¬ 
deur  du  soleil,  et  qui  vsent  de  viandes 
chaudes  et  acres,  boiuent  des  vins 
forts ,  ieusnent  beaucoup,  ou  ont 
amassé  de  la  bile  de  longue  main 
qu’ils  auoient  accoustumé  de  vuider 
en  certaines  saisons. 

La  cure  de  ceste  fiéure  est  presque 
mesme  qu’au  causus  ;le  viure  ne  doit 
pas  estre  si  rafraichissant  et  humec¬ 
tant  :  l’on  peut  nourrir  le  malade  plus 
libéralement  aux  iours  de  rémission. 
Les  remedes  doiuent  estre  mesurés  à 
proportion  que  ce  mal  approche  plus 
ou  moins  de  la  fiéure  ardente.  Il  ne 
faut  point  espargner  la  saignée,  les 
lauemens,  les  purgatifs,  les  alteratifs, 
les  corroborans,  les  épithemes,  fron¬ 
taux,  et  autres  remedes  se  rapportans 
à  ceux  que  nous  auons  spécifiés  au 
chapitre  precedent.  Bref,  le  causus  et 
la  tierce  continue  differans  seulement 
du  plus  et  du  moins ,  doiuent  aussi 
estre  traités  par  remedes  qui  soient 
differens  du  plus  et  du  moins  seule¬ 
ment. 

le  diray  pour  conclusion,  que  la 
fiéure  que  les  autheurs  appellent  sy- 
notiue  bilieuse  se  rapporte  à  ceste 
fiéure  icy  continue,  d’autant  qu’elle 
se  fait  du  sang  qui  se  change  et  se 
tourne  en  bile  :  elle  a  neanlmoins  vne 
chaleur  vn  peu  plus  douce  que  les 
fiéuresqui  sont  faites  de  la  bile  pure 


l38  LE  VINGTIEME  LIVRE, 


qui  se  pourrit.  Et  voila  cç  que  nous 
allons  à  dire  des  fléures  bilieuses. 


ciLiPrrRE  XXV. 

DES  FIÈVRES  PITVITEVSES,  ET  PREMIÈ- 
REHENT  DE  I.A  QVOTIDIANE  INTEtî- 
MITTENÏE  ,  LEGITIME  ET  ILLEGITIME*. 

Ndusparlerons  icydesfîéures  faites 
de  pituite ,  qüi  semblent  estre  Oppo¬ 
sées  aux  precedentes,  en  tant  que  la 
pituite  est  froide  ethiirhide,  et  la  bile 
chaude  et  seiche.  Or  dé  ces  fiétires ,  il 
y  eh  a  quatre  especès ,  la  quotidiane 
irilerlfhittente,  la  quotidiane  continue, 
V épia  le,  et  la  lypirie.  Pour  là  qüo  ti- 
diane  intermittente ,  élle  a  esté  ainsi 
appellée,  non  de  l’humeur  qui  la  fait, 
mais  du  tehips  et  qiie  l’humeur  qui 

*  Gè  chapitre  répond  d’une  part  au  cha- 
pitie  6  de  l’édition  de  IStâ,  et  d’autre  part 
aii  chapitre  24  du  livre  des  Tumeurs  de  1579 
et  dés  éditions  suivantes ,  intitulé  :  De  la 
Mare  qui  suruietu  aux  mineurs  œdemûleuses. 
Copiment  Paré  avait-il  eu  l’idée  bizarre  de 
rattacher  la  fièvre  quotidienne  à  l’oedème, 
c’est  ce  qu’il  explique  lui-même  au  début 
de  ce  dernier  chapitre  : 

«  toutes  les  especes  et  différences  des  tu¬ 
meurs  œdémateuses  expliquées,  reste  à  par¬ 
ler  briefuemeht  dé  la  fiéure  accideniaire, 
qüi  tissez  sbuuerit  leur  suruient.  Icelle  rete¬ 
nant  du  inoüüement  de  l’humeur  pituiteux 
dont  elle  est  excitee,  est  ordinairement  de 
l’espece  de  celles  que  les  Médecins  appel¬ 
lent  quotidiennes  intermittentes.  » 

Le  chapitre  de  1575  a  lui-même  un  autre 
commencement,  que  nous  avons  reproduit 
ci-dessus  à  foccasipn  du  chapitre  17  ;  et  de 
même  aussi  le  premier  paragraphe  du  texte 
actuel  ne  ressemble  à  rien  de  ce  qu’on  lit 
dans  les  autres  éditions.  C’est  au  deuxième 
paragraphe  que  lés  rédactions  se  rappro- 
ctieiiti 


la  fait  a  ses  mouuemens ,  et  que  la¬ 
dite  fiéure  a  ses  accès  ou  exacerba¬ 
tions,  qui  est  tous  les  iours  :  c’est 
pourquoy  elle  est  appelée  des  Grecs 
Amphimerinos ,  et  est  definie  fiéu  e 
pourrie,  qui  a  tous  les  iours  des  accès 
et  intermis  siens ,  faite  d’vne  pituite 
douce  ou  insipide  qui  se  pourrit  hors 
des  grands  vaisseaux. 

Élle  fait  donc  tous  les  iours  son  ac¬ 
cès  de  la  longueur  de  dix-huit  heures, 
donnant  intermis.sion  et  relasche  ma¬ 
nifeste  le  reste  du  iour  *.  C’est  vne  fié- 
ure  qui  arriue  fort  rarement,  à  cause 
que  la  pituite  se  pourrit  fort  difficile¬ 
ment,  d’autant  qu’estant  familière  à 
la  Nature ,  elle  se  la  reserué  pour  la 
tourner  en  aliment  et  nourriture,  en 
cas  qu’elle  ait  faute  de  sang  :  comme 
enseigne  Galien  au  commentaire 
deuxième  dU  liiire  d’Hippocràte  du  ré¬ 
gime  de  viure  és  maladies  aiguës,  par¬ 
tie  44. 

Les  causes  primitiùes  d’icelle  sont, 
froideur  et  humidité  de  l’air  qui  nous 
enuirohne ,  long  vsage  des  choses 
froides  et  humides  qui  aisément  sé 
corrompent  et  pourrissent ,  comme 
fruicts  nouueaux  et  poissons  :  inter¬ 
mission  d’exercice  accoustumé.  Les 
causes  antécédentes  sont  grande  re- 
pletion  d’humeurs ,  principalement 
phlegmatiques  et  pituiteuses.  Les  cau¬ 
ses  dispositiües  sont  la  froideur  èt  dé¬ 
bilité  de  féstomach  et  du  foye,  qui  aü 
lieu  d’humeurs  cuites  en  font  de  crues 
et  mal  digérées  2.  La  pàü^e  coindihlé 
est  le  phlegme  putréfié  Hors  des 

iLe  texte  de  1575  et  celui  de  1579  se 
bornent  à  donner  cette  dôflnllion  ;  le  reste 
du  paragraphe  est  une  addition  propre  au 
ivre  posthume. 

2  L  édition  de  151'5  ne  parle  pas  de  cescaii- 
sesdi,?po«i</uM,  etelleseliorne  aussi  4  rimji- 
cationdelacause  conioime  ;  le  reste  du  para¬ 
graphe,  depuis  ces  mois  I  cjccepldep»iÉ!,etCi  J 


DES  FIEVRES. 


grands  vaisseaux,  ou  en  l’habitude  et 
espacé  de  tout  le  corps,  ou  pour 
inieüx  diré  en  la  première  région  d’i- 
celiiy.  Ôi’  ce  phlegme  ou  pituite  est 
doux  ou  insipide,  et  non  salé  ny  acide, 
estant  vray  (jue  ce  premier  là  fait  la 
fleure  qubtidiahe  lntermiltenleea;gu^- 
siïe  ou  légitimé,  là  où  ies  autres  espe- 
cés  de  piiuîte  font  l’intermittente  àas- 
tarde.  C’est  pôurquoÿ  l’on  peut  auec 
raison  appeler  ceste  icy  légitimé,  à 
caiise  de  l’humeur  qui  la  fait  :  qui 
est  la  yraye  et  naturelle  pituite  pure 
ét  simple,  et  non  eSlràngere  ou  meslée 
auec  dùetqùe  autre  humeur,  d’où  sé 
font  les  iquotidianes  intermittentes 
bâstardés. 

Les  signes  de  ceste  fleure  quoti- 
diane  intérmititértté  sont  pris  de  trois 
choses .  Sçauôif  des  natureiles,  des 
non  naturelles,  et  dé  pelles  qui  sont 
contre  nature.  Des  choses  naturelles, 
càr  le  ptùs  souuent  ceste  fiéürp  prend 
céüx  qui  sont  de  nature  oii  tempéra¬ 
ment  froids  et  humides ,  comme  gens 
vleiis,  femmes,  petits  éhfans,  et  hpin- 
mes  ëdttuqueS,  pour  t’aflondance  du 
phlegnié  qui  est  en  çüx.  Ladite  fiéure 
prend  les  vieils  naturellément,  poürce 
qu’en  icéux  la  chaleur  nàturefle  est 
tbibie,  debiié,  ëtne  peut  cuire  les  aii- 
mens  en  qüelque  petite  quantité  qu’ils 
puissent  estfe  pris  :  mais  elle  prend  les 
enfans  par  accident,  et  non  naturelle¬ 
ment,  car  ils  sont  chauds  et  humides: 
mais  pour  la  quanlilé  des  alimens 
qu’ils  prennent ,  et  l’inconstance  et 
mouuemént  desordonné,  ils  engen¬ 
drent  grande  abondance  d’humeurs 
crues,  qui  est  la  cause  materielle  de 
la  fiéuré  quolidiane.  bes  choses  non 
natureiles  :  cap  telle  fleure  prend 
plus  soudent  en  liyuer  qu’au  prin- 

est  une  addition  du  iivre  posthume.  Le  texte 
dé  1^70  suit  céliil  dé  1575. 


i39 

temps,  aux  pays  froids  et  humides, 
parvne  mapiere  de  viure  oiseuse  et 
sédentaire  :  par  l’vsage  des  viandes 
non  seulement  froides  et  humides , 
mais  aussi  chaudes  et  seiches,  si  elles 
sont  prises  en  telle  pt  si  excessiue 
quantité  qu’elles  débilitent  et  suffo¬ 
quent  la  chaleur  naturelle  :  car  le  vin, 
bien  qu’il  soit  de  facuUé  chaude,  et 
seiche, toutesfois,  pris  trop  abondam¬ 
ment,  il  engendre  de  la  pituite  et  des 
maladies  froides  ;  ainsi  l’ebrieté  et 
yurongnerie  :  la  crapule  ,.la  crudité  ^ 
le  bain  ,  l’exercice  et  trauail  pris  in¬ 
continent  après  le  repas,  rapissant 
les  viandes  deuant  qu’elles  ayent  eu 
le  loisir  d’estre  cuites  pour  estre  dis¬ 
tribuées  à  l’habitude  dp  coyps  :  bref 
toutes  les  autres  causes  qui  peuuent 
engendrer  en  nous  abondance  de  pi¬ 
tuite,  peppent  exciter  la  fleure  qpoli- 
diape.  Le  troisième  chef  d’où  sont  pris 
les  signes  de  ceste  fléure,  sont  les 
choses  contre  nature,  popree  que 
ceste  fiépre  suit  le  froid  ,  ep  tant  que 
tout  le  corps  est  refroidi,  et  pripcipa- 
lepiept  les  extrémités  L 

Les  accideps  de  telle  fiéure  sont 
douleur  d’estomach ,  pource  que  le 
phlegme  pour  la  plus  part  s’engendre 
ep  icelpy,  d’où  s’ensuit  vomissement 
pituiteux  :  ep  outre  la  face  apparoist 
toute  pasie,  mesme  durant  l’estât  de 
l’accès  ;  et  la  bouche  est  humide  sans 
soif,  à  cause  que  l’estomach  estant 
rempli  de  pituite,  la  bouche  et  la 
larigue  s’en  résenlént,  pour  la  conti¬ 
nuité  de  la  tunique  intérieure  qui  leur 
est  commune  auec  le  ventricule.  La 
fléure  donc  quolidiane  faite  de 
phlegme  doux,  commence  par  le  froid 

1  Ce  paragraphe  est  pre.sque  textuellement 
t  copié  sur  le  texte  de  1.575  ;  celui  dé  i57£)  ri’en 
j  dilï'ère  que  parce  qu’il  a  siibi  plusieurs  sup- 
I  préssidns. 


LE  VINGTll^ME  LIVRE 


i4o 

aux  extrémités,  par  pouls  petit  et 
profond,  qui  toutesfois  en  l’estât  de 
l’accès semonstre  plus  fort,  plusgrand 
et  humide,  et  plus  leger,  pour  mesme 
raison  que  la  chaleur  de  ceste  fléure  i 
semble  au  premier  attouchement 
douce,  vaporeuse  et  humide ,  mais 
enfin  y  tenant pluslong-tempsla  main 
elle  se  sent  acre,  tout  ainsi  que  le  feu 
allumé  en  bois  verd  se  monstre  du 
commencement  petit,  languide  et 
fumeux  ;  mais  enfin  ardent  et  violent, 
lors  que  le  bois  estant  eschauffé  et 
reseiché,  l’action  et  Tardeur  du  feu 
n’est  plus  empeschée  par  la  presence 
de  l’humidité  contraire.  L’accès  se 
termine  par  petites  sueurs,  lesquelles 
aucunes  fois  ne  se  montrent  point  du 
commencement,  mais  approchant  la 
crise  elles  suruiennent  en  plus  grande 
abondance.  L’vrine  est  pasle  du  com¬ 
mencement  et  espaisse,  et  aucunes 
fois  ténue  là  où  il  y  a  obstruction  ; 
mais  là  où  lamatiere  est  cuite  comme 
elle  est  en  Testât  de  la  fléure,  Tvrine  ! 
se  monstre  rousse.  Si  au  commence¬ 
ment  de  la  fléure  il  suruient  vn  vo¬ 
missement  pituiteux,  cela  signifle 
qu’elle  sera  en  peu  de  temps  terminée, 
tant  pour  la  tenuité  de  sa  matière, 
que  pour  ce  que  par  telle  euacuation 
est  faite  excrétion  de  la  cause  con- 
iointe  de  la  fléure '. 

La  fléure  quotidiane  le  plus  souuent 

1  Tout  ce  paragraphe  se  lit  de  même  dans 
toutes  les  éditions  ;  c’est  ce  qui  m’a  autorisé 
à  corriger  ces  derniers  mots ,  la  cause  con- 
iointe  de  la  maiiere ,  qui  se  lisent  dans  le  li¬ 
vre  posthume  ,  par  eeux-ci  :  la  cause\  con- 
ioinie  de  la  fléure,  qu’on  trouve  dans  toutes 
les  éditions  du  vivant  de  l’auteur. 

Au  reste,  tout  ce  qui  suit  jusqu’au  der¬ 
nier  paragraphe ,  à  part  des  modifications 
insignifiantes  de  rédaction,  est  copié  sur  le 
texte  de  1575,  suivi  lui-même  par  celui  de 
1579. 


est  longue,  pour  ce  que  l’humeur  pi¬ 
tuiteux  estant  de  sa  nature  froid  et 
humide,  est  lourd,  pesant  et  tardif  à 
semouuoiriet  outre  non  sans  dan¬ 
ger  de  plus  grande  maladie,  pour  ce 
que  le  plus  souuent  elle  se  change  en 
fléure  ardente  ou  en  quarte,  par  ainsi 
il  se  fait  complication  de  maladies.  Car 
comme  ainsi  soit  que  la  saueur  salée 
soit  propre  entre  toutes  les  humeurs 
à  la  seule  pituite,  et  que  telle  saueur 
est  fort  proche  de  la  saueur  amere,  en 
laquelle  mesme  aisément  elle  se 
change  et  dégénéré  par  adustion,  il 
ne  faut  s’esmerueiller  si  la  pitùite  par 
telle  adustion  se  change  en  bile  rousse 
et  noire. 

Tous  ceux  qui  releuent  de  fléure 
quotidiane,  ont  la  faculté  concoctrice 
fort  debile  ,  et  partant  ne  leur  enn¬ 
uient  bailler  abondance  d’alimens  et 
difficiles  à  cuire.  En  la  fléure  quoti 
diane,  tout  le  corps  est  plein  d’hu¬ 
meurs  cruds. 

Toute  ceste  fléure  dure  le  plus  sou¬ 
uent  soixante  iours.  Si  dés  le  com¬ 
mencement  de  l’accès  on  vient  à  vo¬ 
mir,  et  si  à  la  fin  il  suruient  de  gran¬ 
des  sueurs,  ce  sont  signes  qu’icelle 
sera  tost  terminée ,  pource  que  la 
matière  est  obéissante ,  et  la  vertu 
naturelle  forte,  au  moyen  que  la 
vertu  expullrice  iette  hors  la  ma¬ 
tière  d’icelle  fléure. 

Au  reste ,  donne-toy  garde  d’estre 
trompé ,  prenant  vne  fléure  double 
tierce  pour  vne  quotidiane ,  pource 
qu’elle  répété  et  donne  lous  les  iours 
vn  accès  comme  la  quotidiane.  Or  il 
sera  aisé  de  les  distinguer,  si  tu  con¬ 
sidérés  Tespece  et  forme  essentielle 
de  1  vne  et  de  Taulre.  Les  causes  sont 
contraires ,  et  pareillement  les  symp¬ 
tômes.  D’auantage  les  quotidianes 
piennent.tousiours  après  midy,  sur  le 
soir  cl  commencement  de  la  nuict , 


DES  I'i:ÉVRÈS. 


lors  que  par  l’absence  du  Soleil  l’air 
estant  refroidi,  tout  nostre  corps  est 
pareillement  refroidi  :  d’où  vient  que 
les  humeurs  froides  ont  leur  mouue- 
ment  en  iceluy,  lesquelles  auparauant 
estoient  aucunement  retenues  par  la 
chaleur  :  les  doubles  tierces  au  con¬ 
traire  commencent  et  surprennent  le 
matin ,  et  deuant  midy. 

La  brieueté  et  douceur  de  l’accès  et 
grande  sueur,  sont  signes  que  la  fiéure 
est  briefue  et  salutaire,  si  cela  ad¬ 
ulent  l’humeur  estant  ja  cuit. 

La  curation  consiste  en  deux  cho¬ 
ses  ,  sçauoir  est ,  en  régime  et  medica- 
mens.  Le  régime  doit  estre  ténu  et 
incisif,  l’air  clair,  chaud  et  sec  modé¬ 
rément.  Les  alimens  soient  pain  bien 
cuit,  chaudeaux  faits  de  poulailles 
cuites  auec  racines  de  persil ,  ozeille , 
petit  houx,  semences  froides,  et  autres 
semblables.  On  peut  manger  poulets, 
mouton,  perdris,  et  petits  o y selets , 
poissons  d’eau  douce  rostis,  œufs 
mollets.  Les  fruits  soient  raisins,  pru¬ 
neaux,  amandes,  dactes.  Le  breuuage 
soit  petit  vin  blanc ,  trempé  auec  eau 
cuite  :  l’exercice  modéré  est  Ires- 
bon,  comme  aussi  les  frictions  de 
tout  le  corps  :  le  dormir  est  commode 
s’il  est  fait  aux  heures  deuës ,  et  qu’il 
soit  proportionné  aux  veilles.  Quant 
aux  affections  de  l  ame ,  il  faut  que 
le  malade  se  resioüisse,  et  qu’il 
prenne  tousiours  bonne  esperancede  | 
sa  santé. 

A  l’heure  de  l’accès  les  pieds  et  les 
iambes  du  malade  soient  mises  en  eau  1 
tiede,  en  laquelle  aura  cuit  camomille, 
anet ,  melilot,  marjolaine,  sauge,  ros- 
marin.  Les  medicamens  alteratifs  sont 
syrops  digestifs,  apéritifs,  oxymel  :  tels 
que  son  t  les  syrops  d’absinthe,  de  men¬ 
the,  des  deux  et  cinq  racines,  auec  dé¬ 
coctions  de  camomille,  calamente, 
melilot,  anet,  et  leurs  semblables,  ou 


l4l 

auec  décoctions  communes.  Les  me¬ 
dicamens  purgatifs  soient  diaphœni- 
cum  ,  electuaire  diacarthami ,  hiera 
picra,  pillules  aurées,  agaric,  tur- 
bith,  desquels  on  fera  potion  auec 
eau  de  menthe  ,  melisse ,  hyssope , 
sauge,  fenouil,  scariole:  aucuns  se¬ 
ront  donnés  en  forme  de  bolus  auec 
sucre,  selon  que  le  docte  Médecin 
considérera  estre  moins  moleste  et 
fascheux  au  malade.  Enuiron  l’estât 
de  la  maladie,  il  faudra  auoir  esgard 
au  ventricule,  et  principalement  à 
l’orifice  d’iceluy,  d’autant  qu’il  est  le 
siégé  principal  de  la  pituite,  qui  fait 
ceste  fleure  quotidiane.  Parquoy  de 
deuxiours  rvn,il  sera  bon  de  l’oindre 
d’hnile  de  camomille  auec  vn  peu  de 
vin  blanc.  Il  sera  bon  aussi  de  le  dé¬ 
charger  par  vomissement,  auec  le  suc 
de  raue,  et  force  oxymel,  ou  anec 
décoction  de  semence  ou  racine  d’a- 
zarum ,  ou  de  camomille ,  auec  syrop 
aceteux ,  et  sur  le  commencement  de 
l’accès,  lors  que  Nature  commence  à 
s’esmouuoir.  Pour  vne  quotidiane 
inueterée,  que  l’on  n’aura  peu  guérir 
■  par  remedes  communs  et  vsités,  il  n’y 
a  rien  si  propre  que  de  donner  demie 
drachme,  ou  vne  drachme  entière  de 
theriaque  vieille,  auec  sucre  en  forme 
de  bolus,  ou  bien  dissoute  auec  vn 
peu  d’eau  de  vie  L 

Que  dirons- nous  delà  saignée?  est- 
elle  necessaire  en  la  cure  des  quoti- 
dianes?  Les  autheurs  grecs  n’en  font 
aucune  mention,  ne  semblant  pas 
estre  à  propos  de  rafraîchir  vn  corps 
par  la  saignée,  qui  tombe  malade 
pour  estre  trop  rafraîchi.  Les  Arabes 
sont  d’vn  autre  aduis,  et  estiment 

1  Ici  se  termine  le  chapitre  dans  l’édition 
de  1575,  et  de  même  aussi  celui  du  livre  des 
2'umeurs  de  1579.  Le  reste  est  donc  une  ad¬ 
dition  propre  au  livre  posthume. 


le  vingtième  livre 


qu’il  est  à  propos  qqelquesfois ,  lors¬ 
qu’on  s’apperçoit  quelque  plénitude , 
de  tirer  vn  peu  de  sang,  tantost  du  bras 
droit,  lors  que  le  temps  et  la  saison 
est  chaude  et  bouillante ,  tantost  du 
bras  gauche  quand  le  temps  est  troid. 
I*oür  riioy  i  gy  appris  des  meilleurs 
médecins  de  Paris ,  qu’à  cause  de  la 
pouri'ilùre,  et  de  ceste  chaleur  es- 
trangere  qui  s’introduit  dans  les  hu¬ 
meurs,  que  ce  n’est  pns  mal  fait  d’es- 
penter  par  fois  la  veine ,  principale¬ 
ment  lors  que  nous  obseruons  que  les 
urines  sont  espaisses  et  rouges ,  que 
pous  voyons  que  la  fléüre  s’augmente 
et  s’aigrit ,  et  que  nous  craignons 
quelques  grands  et  violens  symptô¬ 
mes  qui  peuuent  estre  çause  de  quel¬ 
que  sipistre  accident  à  la  vie  du  ma¬ 
lade.  En  çecy  il  faut  s’en  rapporter  à 
la  prudence  du  sage  médecin,  qui 
apres  auoir  bien  pesé  et  balancé  tou¬ 
tes  les  circonstances  qui  se  trouuejpt 
ei  au  tempérament  naturel  du  mala¬ 
de,  et  aux  conditions  de  la  fleure, 
peut  ou, prescrire,  ou  obmettre  cere- 
mede. 

Pource  qui  est  de  la  quotidiane  bas- 
ta,rde,  nous  en  dirons  vn  mot  au 
Çtiapitre  vingt-sept. 


CHAPITRE  XXAI. 

DE  LA  FIÈVRE  QVOTIDIANE  CONTINVE  ‘. 

La  fleure  quotidiane  continue  est 
vn  peu  plus  frequente  que  n’est  pas 

'  Ce  chapitre  répond  essentiellement  au 
chapitre  12  de  1675,  intitulé:  Cure  de  la 
fleure  quotidiane  continué:  Toutefois  il  y  a 
quclquès  différences,  que  j’aurai  soin  de  si¬ 
gnaler. 


rintcrmittente  :  et  quant  au  reste  elle 
ne  différé  point  d’auec  elle,  soit  en  sa 
connoissanco,  soit  en  sa  curation. 
Toute  la  différence  qu’il  y  a  entre  ceS 
deux  fleures ,  c’est  en  leur  foyer ,  ce- 
luy  de  la  continue  estant  dans  les 
grands  vaisseaux,  et  celiiy  de  Flnter- 
mittente  dans  les  petits  vaisseaux ,  au 
fond  du  ventricule,  aux  intestins, 
mesentere ,  et  autres  parties  adjacen¬ 
tes  de  l’abdomen  :  d’où  il  arriue  que 
la  chaleur  de  l’intermittente  est  moin¬ 
dre  que  celle  de  la  continue  ‘. 

Au  reste  tu  connoistras  la  continue 
par  les  mesmes  Indices  que  l’intermit¬ 
tente, te  resouuenant  tousioUrs  qu’elle 
n’a  ny  accès,  ny  frissoiij  ny  intermis¬ 
sion  ^  et  qu’entre  toutes  les  fiéures 
continues,  il  n’y  eu  a  point  qui  ait 
plus  de  ressemblance  auec  son  inter¬ 
mittente  que  ceste-cy  :  d’autant  que 
l’intermittente  a  si  peu  d’interualle  et 
d’intermission ,  qüe  durant  ce  repos 
mesme  il  semble  que  la  fleure  perse- 
uere  tousiours ,  si  bien  que  Galien 
mesme  auec  tous  les  anciens  Grecs 
ont  douté  si  ceste  fléure  intermittente 
n’estoit  point  continue,  comme  tu 
pourras  apprendre  du  Chap.  i  du 

1  Le  premier  paragraphe  du  chapitre  de 
1575  est  fort  différent  quant  à  ia  rédaction, 
et  plus  encore  peut-être  relativement  à  l’une 
des  idées  principales.  Tandis  que  le  texte 
actuel  déclare  la  fièvre  quotidienne  conli 
nue  plus  fréquente  que  l’intermittente ,  le 
texte  primitif  dit  : 

«  Geste  beure  est  fort  rare ,  de  tant  que 
bieii  difficilement  adüient-il  que  la  pHuito 
pourrisse  dans  les  veines  ,  et  grands  vais¬ 
seaux,  comme  ainsi  soit  que  nature  la  garde 
comme  sang  à  demy  cuit,  pour  la  tourner 
en  vray  sang  en  cas  de  nécessité.  » 

2  Là  s’arrête  tout  Ce  que  l’édition  de  1575 
contient  sur  le  diagnostic;  le  reste  du  )ara- 
graphe  appartient  en  entier  au  livre  pos- 
thume. 


DES  FIÈVRES. 


lia.  2  çics  Différences  des  fdures  cl  e 
Galien. 

La  façon  de  guérir  ceste  fiéure  con¬ 
tinue  est  (iiuerse,  selon  la  diuersitédes 
temps  de  la  maladie.  C’est  pourquoy 
au  commencement  il  sera  très  à  pro¬ 
pos  de  lasçlier  le  ventre  auec  vn  clys- 
tçre,  ou  quelque  medecine  douce, 
bien  que  ie  voye  la  pluspart  des  Mé¬ 
decins  d’à  présent  reculer  la  purga¬ 
tion  iusques  après  la  saignée  C  Donc- 
ques  après,  le  clystere ,  il  faut  penser 
à  la  saignée ,  s’il  y  a  iuste  occasion  de 
ce  faire,  çomme  si  la  fiéure  est  grande, 
si  le  pouls  est  haut  et  esleué  ,  si  les 
vrines  sont  espaisses  et  rouges ,  s’il  y 
a  quelque  estoulfement ,  si  les  forces 
le  peuuent  porter  :  toutesfois.  quoy 
que  ce  soit ,  il  ne  faut  pas  beaucoup 
tirer  de  sang  à  la  fois ,  mais  partir  et 
diuiser  l’euacuation  à  deux  ou  à  trois 
fois  2,  Deux  iours  après  la  saignée  ,  il 
faut  donner  vn  minoratif  pour  tous- 
iours  soulager  la  nature ,  la  descbar- 
geant  d’vpe  partie  de  son  faix  :  ce  qui 
se  fait  à  commandenient  apeç  vne  dé¬ 
coction  propre  contre  la  pituite,  en  la¬ 
quelle  on  dissoudra  du  catbolicon 
(  et  non  de  la  casse  ,  qui  est  ennemie 
du  ventricule  et  de  ceste  maladie ,  à 
cause  de  son  humidité  )  et  quelque  peu 
de  diaphoenicum.  Car  le  catbolicon , 
bien  qu’il  soit  propre  à  purger  la  bile, 
si  est-ce  que  dissout  en  quelque  décoc¬ 
tion  atténuante  et  incidente ,  purge 
aussi  la  pituite.  En  après  il  faudra 
cuire  la  masse  de  l’humeur  pituiteux 
par  detersifs ,  incidens  et  apéritifs  :  le 

1  Ceci  est  le  texte  presque  pur  de  1575; 
seulement  cette  fin  de  phrase  :  bien  que  ie 
voye  la  pluspart  des  Médecins,  etc.,  est  une 
addition  du  livre  posthume. 

®  Ces  mots  :  mais  partir  et  diuiser  Veua- 
cuation,  etc. ,  sont  encore  une  addition  du 
livre  posthume. 


i43 

miel  rosat  coulé  et  l’hydromel  déter¬ 
gent,  incisent  et  ouurent  :  l’oxymel 
tant  simple  que  composé,  le  syrop 
aceteux ,  de  byzantiis ,  capilli  veneris, 
de  duabus  et  quinque  radicibus.  En  fin 
faut  donner  vne  bonne  et  passable¬ 
ment  forte  purgation  pour  purger  la 
matière ,  ainsi  comme  dit  est  prépa¬ 
rée  C  On  obseruera  toutesfois ,  que  si 
la  chaleur  de  la  fiéure  est  vehemente 
et  acre ,  on  doit  eontemperer  les  sy- 
rops  cy-dessus  nommés  auec  de  plus 
bénins  et  moins  eschauffans ,  tels  que 
sont  les  syrops  d'endiue  simple  et 
composé,  l’eau  d’endiue,  de  borra- 
che ,  des  capillaires ,  et  autres  de 
mesme  faculté. 

Au  reste,  soumenne-toy  en  ceste 
fiépre  tousiours  de  roborer  le  ventri¬ 
cule  ,  ce  qui  se  fera  commodément 
auec  le  mithridat.  En  ceste  fiéure  il 
fautfuyr  rvsage  immodéré  des  pota¬ 
ges,  coullis,  et  choses  semblables  , 
d’autant  qu’elles  humectent  trop  le 
ventricule ,  et  emplissent  la  teste  de 
vapeurs  :  pour  laquelle  mesme  raison 
il  faut  nourrir  le  malade  de  chair 
solide ,  de  bestes  de  moyen  aage  :  car 
j  celle  des  ieunes  est  pleine  d’humi- 
I  dité  muqueuse  et  excrementitielle. 


CHAPITRE  XXVII. 

DE  LA  FIEVRE  EPIALE,  ET  DE  LA  LYPIRIE. 

Nous  ;auons  remarqué  cy-deuant, 
ce  me  semble ,  que  la  pituite  natu- 

1  Là  s’arrête  le  paragraphe  dans  le  texte 
primitif;  la  phrase  qui  suit  appartient  au 
livre  posthume  :  après  quoi  le  dernier  para¬ 
graphe  est  copié  presque  exactement  sur 
l’édition  de  1575,  où,  comme  dans  celle-ci, 
il  termine  le  chapitre. 


LE  VINGTIÈME  LtVRE, 


l44 

relie,  douce  ou  insipide,  estoit  cause 
de  la  fleure  quotidiane  intermittente 
exquisiteet  légitimé,  laquelle  nous 
axions  expliquée  au  Chapitre  25  :  il 
reste  maintenant  à  deraonstrer  que 
les  autres  especes  de  pituite  non  na¬ 
turelle  ,  telles  que  sont  la  salée ,  l’a¬ 
cide  et  la  vitrée,  font  l’autre  espece  de 
fleure  quotidiane  illégitime  ou  bas- 
tarde.  Mais  nous  auons  deux  sortes 
de  cesle  fléure  bastarde  :  l’vne  plus 
douce  et  moins  fascheuse,  qui  est 
engendrée  de  la  pituite  salée  ou 
acide,  l’autre  plus  importune  et 
fascheuse ,  qui  se  fait  de  la  pituite 
vitrée.  Pour  la  première  qui*  se  fait 
de  la  salée  ou  acide  ,  nous  n’en  di¬ 
rons  autre  chose  ,  à  cause  qu’icelle 
approche  fort  de  la  condition  et  na¬ 
ture  de  la  quotidiane  légitimé,  c’est 
pourquoy  il  faut  fort  peu  d’indications 
et  de  remedes.  Qu’on  se  remette  seu¬ 
lement  deuant  les  yeux  que  la  pituite 
acide  se  fait  par  vne  vehemente  froi¬ 
deur,  la  salée  par  vne  chaleur  estran- 
gere,  la  douce  et  insipide  par  vne 
froideur  médiocre  :  que  l’acide  excite 
la  faim ,  la  salée  la  soif ,  et  la  douce  le 
sommeil  :  et  que  l’acide  demande  des 
medicamens  qui  la  puissent  cuire  et 
adoucir ,  et  la  salée  des  purgatifs  qui 
la  chassent  hors  du  corps.  Ce  faisant, 
il  sera  aisé  d’appliquer  les  remedes 
de  la  quotidiane  légitimé  à  la  quoti¬ 
diane  bastarde ,  qui  sera  faite  ou  de  la 
pituite  acide,  ou  de  la  salée. 

Pour  l'autre  fléure  bastarde  qui  se 
fait  de  la  pituite  vitrée,  elle  est  nom¬ 
mée  Epiale  d’vn  nom  grec  qui  signifle 
chez  les  Latins  Algorem ,  c’est  à  dire 
froideur  vehemente ,  telle  qu’on  la 
ressent  en  ceste  fléure.  Or  elle  est  de- 
finie  fléure  quotidiane  bastarde  ,  la¬ 
quelle  apporte  au  corps  vn  ressenti¬ 
ment  de  grande  froideur ,  et  de  peu 
de  chaleur ,  engendrée  de  la  pituite 


vitrée  qui  se  pourrit  en  partie.  Par 
ceste  définition  nous  apprenons  pre¬ 
mièrement,  qu’il  y  a  en  ceste  fléure  vn 
inégal  sentiment,  d’autant  que  tes 
parties  tout  ensemble  ont  froid  et 
chaud  :  mais  ce  froid  est  violent ,  et 
la  chaleur  est  douce  et  modei'ée.  Car 
ceste  fléure  e.stant  engendrée  de  la  pi¬ 
tuite  vitrée ,  laquelle  est  l’humeur  la 
plus  froide  et  la  plus  humide  de  tout 
le  corps,  il  adulent  qu’à  cause  de 
ceste  grande  froideur  les  parties  du 
corps  ressentent  le  froid  ;  et  à  cause 
que  ladite  humeur  se  pourrit,  les 
mesmes  parties  ressentent  du  chaud  : 
mais  le  chaud  est  moindre  que  le 
froid ,  à  cause  qu’il  n’y  a  qu'vne  pe¬ 
tite  portion  de  l’humeur  vitrée  qui  se 
pourrit  :  le  reste  estant  sans  pourri¬ 
ture  demeure  froid  et  humide ,  d’où 
vient  ce  grand  ressentiment  de  froid. 
Nous  dirons  en  second  lieu  ,  que  l’hu¬ 
meur  vitrée  s’engendre  en  nostre 
corps ,  ou  à  cause  des  alimens  qui  sont 
grandement  froids  et  pituiteux ,  ou  à 
cause  de  la  chaleur  naturelle  qui  est 
foible  et  languide  :  mais  ceste  humeur 
ne  peut  s’y  engendrer  en  grande 
quantité,  pource  qu’vnefroideur  telle 
qu’il  en  faudroit  jÿour  amasser  vne 
grande  quantité  de  ceste  humeur  vi¬ 
trée  ,  esteindroit  tout  à  fait  la  chaleur 
naturelle.  Or  tandis  que  ceste  humeur 
ainsi  amassée  dans  le  corps  ne  se  re¬ 
mue  point ,  et  ne  s’esmeut  point ,  elle 
n’apporte  point  de  grande  froideur 
aux  parties ,  d’autant  que  les  parties 
sont  accoustumées  à  la  sentir  :  mais 
lors  qu’elle  vient  à  se  porter  et  à 
se  mouuoir  par  les  parties  sensibles , 
c’est  lors  qu’elle  apporte  le  ressenti¬ 
ment  de  froideur  insupportable ,  sans 
aucune  fléure,  si  cela  adulent  sans 
qu’elle  se  pourrisse  :  mais  si  elle  se 
vient  à  pourrir,  alors  elle  excite  la 
fléure.  Finalement  nous  pouuons  ap- 


Des  Fîjîvres, 


prendre  par  la  définition  susdite, que 
cesle  humeur  se  peut  pourrir  ou  en 
partie ,  ou  totalement  et  entièrement. 
Que  si  elle  se  pourrit  entièrement,  elle 
apporte  vne  fiéure  vrayment  quoti- 
diane,  dont  la  guérison  est  fort  peu 
differente  de  celle  que  nous  auons  ap¬ 
portée  cy-deuant.  Si  elle  se  pourrit  en 
partie,  elle  engendre  la  fiéure  Epiale^ 
et  voila  la  cause  du  sentiment  inégal 
qui  est  au  corps  durant  l’accès  de 
ceste  fiéure  :  car  la  portion  d’humeur 
qui  n’est  pas  pourrie  cause  le  froid , 
la  portion  qui  est  pourrie  enuoye  des 
vapeurs  chaudes  par  tout  le  corps , 
qui  donnent  la  connoissance  de  la 
fiéure.  Elle  arriue  à  la  vérité  tres-ra- 
rement ,  et  le  commencement  de  son 
accès  est  par  des  baaillemens ,  frisson 
violent,  petit  pouls  et  tardif,  vrines 
crues  et  aqueuses  ;  l’accès  arriue  tous 
les  iours,  s’ estend  quelquesfois  iusques 
à  vingt  quatre  heures ,  quelquesfois 
moins  ;  mais  tousiours  il  est  plus  rude 
que  celuy  des  quotidianes  légitimés , 
et  apporte  des  symptômes  et  aeeidens 
plus  violens. 

Pour  la  cure ,  il  faut  mesme  régime 
de  viure  qu'aux  légitimés,  sinon  qu'il 
faut  qu’il  soit  vn  peu  plus  eschauf- 
fant ,  atténuatif  et  incisif  II  ne  faut 
nullement  parler  icy  de  la  saignée,  de 
peur  que  la  pituite  se  rendant  plus 
tenace  et  visqueuse ,  n’apporte  vne 
fiéure  tres-longue  et  tres-difficile  à 
guérir.  Il  se  faut  seruir  de  medica- 
mens  qui  eschauffent  et  qui  incisent, 
commençant  toutesfois  par  les  plus  lé¬ 
gers  ,  pour  puis  après  venir  aux  plus 
forts.  Du  commencement  donc  on 
donnera  le  syrop  aceteux,  l’oxymel, 
auec  les  décoctions  de  bourrache, 
buglosse ,  beloine ,  les  cinq  racines 
aperitiues ,  calament ,  origan  ,  et  au¬ 
tres.  En  après  on  donnera  l’oxymel 
composé  et  scillitique,  le  syrop  d’hys- 


145 

sope,  de  bîzance,  des  deux  et  des  cinq 
racines,  qu’on  dissoudra  dans  vn  apo 
zeme  préparé  auec  hyssope,  calament, 
origan,  thym,  stœchas,  absinthe,  ra¬ 
cines  d’enula  campana,  d’ireos,  et  au¬ 
tres  de  pareille  vertu.  Ayant  ainsi 
préparé  les  matières ,  il  faudra  venir 
à  la  purgation,  à  fin  de  vuider  ce  qui 
aura  esté  bien  cuit,  et  préparé  ,  et  ce 
auec  diaphœnic,  diacarthami,  les  deux 
hieres,  ou  pillules  conuenables.  Cela 
fait ,  derechef  il  faut  recourir  aux  al- 
teratifs,  à  fin  d’eschauffer  et  d’inciser, 
et  puis  après  aux  purgatifs,  n’obmet- 
tant  pas  par  interualle  l’vsage  des 
clysteres  ou  suppositoires  vn  peu 
acres.  Bref  on  recommande  les  estu- 
ues  seiches,  lors  que  les  signes  de  coc- 
tion  apparoissent ,  lesquelles  on  peut 
préparer  auec  menthe,  origan,  rosma- 
rin,  calament,  sarriette,  thym  ,  stœ¬ 
chas  et  autres,  qu’on  fera  boüillir 
dans  quatre  portions  d’eaude  riuierc, 
et  vne  de  vin  bhinc.  Par  le  moyen  de 
ce  remede,  la  pituite  crasse  et  espaisse 
est  atténuée  ,  et  puis  après  euacuée 
par  les  sueurs,  mais  que  le  malade  no 
s’en  serue  qu’à  ieun ,  et  après  auoir 
purgé  le  ventre,  ou  auec  vn  purgatif 
le  iour  precedent,  ou  auec  quelque 
clystere.  Il  sera  bon  sortant  des  es- 
tuues  de  frotter  le  corps  assez  douce¬ 
ment  ,  et  principalement  le  long  de 
l’espine  du  dos,  que  l’on  frottera  auec 
huile^  de  iasmin,  de  camomille ,  d’a- 
neth,  de  nard  ,  de  noix  muscade  ,  et 
autres  semblables.  Après  cela  qu’on 
donne  au  malade  vne  dragme  de 
trium  piperum,  ou  diacalamenthe  , 
ou  mithridat ,  ou  theriaque ,  ou  de 
quelque  opiate  vsuelle  qu’il  prendra 
en  bol ,  ou  bien  delayée  auec  vn  peu 
de  vin  blanc. 

Deuant  que  de  finir  ce  Chapitre ,  ie 
diray  vn  mot  de  la  fiéure  que  les  Grecs 
ont  appellée  Lypirie ,  pource  qu’jl 
10 


111. 


LE  VINGTIEME  LIVRE, 


l46 

sômblé  (jiiô  là  clVàlciVr  (défaille  en 
icelle.  A  là  vcnt'é  le  nie  tt^onué  bien 
empcscbé  â  (jfü'elic  sbi'té  de  fiéurés  xé 
la  dois  fapDorter,  voyant  les  Arabes 
estre  côiilraix’es  tout  à'  fait  aux  au- 
theürs  grecs,  céux-cy  l'a  rapportant'  ^ 
vue  grandé  inflammation,  ceux  là' à 
vne  pituite  cra^sé  et  visqueu'se.  Pour 
mby ,  a^rés  àuoir  bien  esplucbé  les  rài- 
Sôhi^  des  vris  et  dés  àüfres,  ie  ti^oüue 
qu’il  y  à  deiix  sortes  de  Ixéuré  Lypirié, 
Fvne  prôprèniénl'  ainsi  appéllée,  ét 
rauti'é'àppeliée  improprement  ét  par 
ressëmblance.  tiétie  qui  ést*  propré- 
tnént'  atipellée  Lypirie ,  est  cétie  des 
Grecs ,  qui  est  vrië  flëuré  contîriué , 
causée  tiàr  nUflammàtion  véheménté 
dé  quelque  partie  îUtériéüré  ,  oii  par 
vne  féruéur  désUiesuréé  d'Uümeufs 
chaudes,  boüiilan tes  ét  malighës  ,  éii 
laquelle  lés  parties  intérieures  lirus- 
lént,  cèpéndant  que  les' extérieures 
demeurent  toütes  froides  :  cé  qui 
arriüé  poUfcé  qUe  la  cUaléur  du  de¬ 
dans  attife  à'soy  comihë  vne  ventouse 
là  chaleur  dés  itaf ties  éxternes.  Ôr 
telle  fîéure  tfapparlienf  nullement 
aux  fiëufes  pituitéüsës  :  c’est  pour- 
qüoy  il  ri’ést’point'besbin  d’enùonnéf 
iéy  la  güef ison  :  il’  faut  les  reséfuer 
prùuf  lés  symiitbmàliqües,  qui  smüënt 
l’iUflàmmatioü  de  quelque  partie  no¬ 
ble.  irfàüt  seuléinént’ parler  de  celié 
que  nous  aübns  dîf  estré  impropTe- 
menf  appellée  Gypirié,  et  ce  pour 
resseiiihlancé  qu’elle  à  àUècla  prece¬ 
dente  ,  qui  est  en  ce  qüé  lé  dèhofs  dè- 
meuré  fibid,  tàiidis  qüe  le  dédaris' 
bruslé.  Car  ëstàiit  eh'^èndrée  d’vne' 
pituite  esp'àîésè  et  viSqUèusé,  la  cha¬ 
leur  ét'lè's  vapeurs  sont  tellement  re¬ 
tenues  et'sùffbqüées,  qü’ellès  ne  peu- 
uent  s’estendre  à  l’exterieur  ;  d’où  il' 
arriue  qU’oU  seüt  de  la  chaleur  au' 
dedans  du  corps,  mais  au  dehbrfe  bii  y 
sent  dü’  froid.  L'es  aütfés'-  veulent* 


qu’etic  se  flfsse  d’vne  pituite  moins 
è^paisse,  qui  pourrissait  ay  centpe 
du  coi^ps  y  alluipe  le  feu ,  piais  qui 
enuoyè  à  rexterjeur  si  peu  de  fumées 
et  de  yapeprs,  qu’elles  n’ont  p^s  la 
Ibrée  dlèsch^autfer  heauçoup  ni  loqg- 
témps  les  purties;  c’est  pourquoy  elles 
demeureiit  tousiours  froides. 

A  ceste  fléui’e  icy  ie  ne  connois 
point  d’autre  cui^ation  que  celle  qe 
l’Epiaïeet  des  autres  quotidianes.  Le 
régime  de  viure  est  de  mesme  façon , 
les  purgations  pareilles,  les  altera- 
tïfs  de  mesme  yertii.,  Les  autheurs  qui 
en  ont  traité  ordonnent  le  syrop 
aceleux  et  l’oxymel ,  pour  préparer 
la  matière  J  y  meslant  toutpsfois  les 
choses  qui  fortifient  et  corroborent 
[  restomach,  comipe  le  syrop  de  rose$ 
seiches  et  de  berberis.  Après  cela  ils 
purgent  le  corps  aueç  l’aloé ,  la  hiere 
et  la  rheubarbe.  i^ar  fois  ils  ordon¬ 
nent  le  vpxnissement ,  vne  autre  fois 
les  diurétiques ,  je  plus  sopuent  des 
clysteres  acr.es  et  forts.  Bref,  ils  gar¬ 
dent  le  mesme  ordre  qu’en  l’epiale , 
et  font  prendre  au  malade  les  estuues 
séichés,  lés  sueurs  ,lés  frictions,  onc- 
fiqris,  opiâtes  et  antidotes  qui  oiit 
esté  spécifiés  çy  dessus. 

de  qui  doit  suffire  pour  la  cohclid- 
sïoh  dés  fléures  pituiteuses! 


CH'APifRE  XXYÜI. 

DÈS  FIE VRES  FAITES  DE  l’hVmÈvK  ME- 
l'aNCHOLIQVÈ  ,  ET  PnEMIEREMENï  DE 
LA  QVARTE  INTERMITTENTE  VRAYÈ  L 

Les  dérnieres  fiéurés  humorales 
sont  celles  qiii  së  font  de  f humeur 

'  Ce  chapitre  répond  au  chapitre  8  de  l’é¬ 
dition  dé  1675;  intitulé  :  lies  jùureï  qïiar- 


lÿES  FIEVRES. 


Bjelancbolique,  lesquelles  sont  diüer- 
ses  selon  que  ladite-humeuF  est  di^ 
tteise  ,^estnnt.  vra-y*  qu’il  y>  en  a  vne 
qui  est  naturelle  ,  fooide  et-seicbe,  et 
Üaulre  contre  -nalure  ,.-eliaude"  -et 
seiche  il appellée  coinmunénient  atre-- 
hile-  tjuoy  queeesoit,  les  fiéures  «le- 
laqchpliques«ant ,<  ou  intermittentes, 
op.oonlinuesK.lesin  terminent  es'vien'- 
n^nt  :de  .quatre  en  qualF©  iôurs,-£m 
deiGinq.eacinqi<de'.siv«n  six, «de  se^ 
e»-sepl  i  ou  .autre» tel  iaterualle.*  Cei- 
UîS.qni  viennent- de  quatre  en-  quatre 
iOMiJS  sont  appeilées  ^uaries'intermii^ 
tmtÿs  ;  celles4jui  vienn^t  de’cinq  en 
einq,de6ixenjsiXj  ete.,.  swit  appeilées 
du  ,«om  dutiour .  qu’elles  ■  arriuent , 
sçauoir  quintmaei  ,-seætaim»i  mtmneÿ, 
mmmiSjj  qu’0û.dit  en  Id^inqmntetfms-, 
^ætams  .,  septmas-i-  octana^^,.  nona- 
nia&,.etc.^  desquelles  nous  dirons  vn 
n[iûtEy.ap»és.;Pari0n8  des  vrayes  fié^ 
ujres  imelancholiques-  intermittentes 
qm  Ifop  .appelle  I  quartes  ^  et  en  pre- 
mipiilieuide  celle  qulest  vraye  et  lé¬ 
gitimé  yRb  -puis.  au  -chapitre -suiuant 
nousiparlerons  de  la  baslarde  ou  il- 
legilbne-.v;.  -  ■-  '  • 

(  :  La  fiéuj-fi  quarteintermktenteiegi- 
lime  a  son  accès  le  quatrième  iour,  et 

et  ap  ch^pitr*.  32  du  H-yre  Tumeuts 
de,,l,5’I^,  ayant  pour  titre  la  fiiure  qui 
suruiifntaux  a  schù;reit$fia.  Le  début  de 
ce  dernier  chapitre  a  pour  objet  de  justifier 
ce  singulier  rapport 

«  Telle  fiépre  ordinairepient  est  quarte, 
ou  retirant  à  la  nature  de  quarte  :  à  raison 
de  rtiumeur  mejancholic  d’où  elle  est 
excitée;  qui  enfermé  en  certain  lieu  ou  il 
fait  tumeur,  par  communication  de  vapeurs 
putrides,  .eschaufle  le  coeur  et  altéré  les  hu- 
nreufâ,  contenus  en  iceluy ,  dont  se  fait  fié- 
ure,.», , . . . .  .  . . 

H  fautajoutepquele  -premier  paragraphe 
da-chapltreaotuel-appartient  exclusivement 
au  livre  posthume. 


a  deux  iours  de  remission ,  ou  plus- 
tost  d’intermission  ‘  ;  et  s’engendre 
de  l’humeur  melancholique  naturel 
qui  se  pourrit  dans  tes  petites  xfeines, 
où  il  s’ainasse  peu  à  peu  et  de  longue 
main.  Chacun  sçait  que  la  masse  du 
sang  est  composée  de  quatre  diuers 
humeurs,  qui  se  rapportent  attx  con¬ 
ditions  et  qualités  des  quatreEteraens, 
sçauoir  de  la  biie,  qui  pour  estre 
chaude  et  seiche  représente  le  feu  : 
du  sang ,  qui  se  rapporte*  à  l’air  pour 
estre  chaud  et  humide  :  de  la  pituite , 
quh  eonuient  à  l’eau  par  sa  froideur 
et  humidité"  et  de  l’humeur  melan¬ 
cholique,  qui  par  sa  seicheresse  et 
froideur  représenté  la  terre.  Or 
comme  de  ces  quatre  humeurs  il  n’y 
a  que  le  sang  qui  soit  grandement 
famüiei'  à  nostre  nature,  et  tres- 
propre  à  la  nourrir  et  fo  menter ,  aussi 
il  semble  que  les  veines  ayent  esté 
faites  exprès  pour  le  reeeuoir  et  le 
retenir  :  et  qu’il  y  a  eu  des  récepta¬ 
cles  pour  retirer  les  autres  humeurs, 
de  peur  qudlsne  se  rendissent  les  plus 
puissans  dans  les  veines.  Et  de  fait 
que  quelques'VDS  ont  voulu  dire  que 
l’estomach  estoit  le  réceptacle  de  la 
pituite  :  mais  passant  celle-cy  sous  si¬ 
lence  ,  à  cause  qu^elle  ne  s’eslongne 
pas  beaucoup  de  la  douceur  et  de  la 
trempe  du  sang ,  nous  dirons  que  la 
vessie  du  fiel  a  esté  faite  pour  rece^ 
uoir  la  bile  et  en  desebarger  les  veines, 
comme  nous  auons  discouru  cy-de- 
uant  parlant  des  fiéures  bilieuses  :  et 
que  la  ratte  a  esté  mise  au  corps  pour 
retirer  l’humeur  melancholique,  pour 
en  purger,  nettoyer  et  purifier  le 
saug  ,  et  pour  empescher  en  fin  qu’il 

■  Le  texte  de  1575  et  celui  de  1579  don¬ 
nent  cette  définition  ,  mais  ils  s’arrêtent  là  ; 
etle  resle  du  paragraphe  actuel  appartient 
exclusivement  au  livre  posthume. 


l4S  tË  vmGtiéME  LIVRÉ, 


tie  vînt  trop  à  s’augmenter  dans  les 
veines.  Cest  humeur  donc  ainsi  at¬ 
tiré  à  la  ralte ,  par  la  foiblesse  de  la 
chaleur  naturelle  ,  ou  par  la  quan¬ 
tité  des  viandes  propres  à  engendrer 
vn  tel  suc  ,  vient  quelquesfois  à  s’a¬ 
masser  et  croupir  à  l’entour  de  ladite 
partie,  dans  les  petites  veines  raesa- 
raïques,  dans  le  pancréas,  l’omen- 
tum,  et  autres  parties  voisines  :  où 
en  fin  se  pourrissant  il  vient  à  exciter 
ceste  fiéure  icy  de  quatre  en  quatre 
iours ,  soit  par  vne  propriété  occulte 
ou  secrette ,  soit  pour  les  causes  et 
raisons  que  nous  en  auons  rappor¬ 
tées  cy-deuant ,  parlant  des  accès  et 
périodes  des  fléures  intermittentes. 

Doncques  la  cause  coniointe  de 
ceste  fiéure  est  l’humeur  melancho- 
lique  naturel ,  qui  se  pourrit  hors 
des  grands  vaisseaux ,  dans  les  petits 
qui  sont  ou  en  la  première  egion  du 
corps,  comme  dit  est,  ou  en  l'habi¬ 
tude  d’iceluy  comme  a  voulu  Galien. 
Les  causes  antécédentes  sont  abon¬ 
dance  d’humeurs  melancholiques , 
regorgeantes  et  redondantes  par  tout 
le  corps.  Pour  les  priraitiues,  ce  sont 
les  choses  qui  multiplient  et  engen¬ 
drent  le  suc  melancholique,  comme 
le  long  vsage  des  legumes,  pain  bis  et 
bruslé,  chairs  salées  ,  comme  de 
bœuf,  chéure  ,  cerfs,  vieils  liéures  , 
vieil  fromage ,  choux  ,  gros  vins  , 
bref  les  viandes  terrestres  et  de  gros 
suc,  froides  et  seiches,  comme  pro¬ 
pres  à  engendrer  l’humeur  melan¬ 
cholique*. 

Les  signes  de  la  vraye  quarte  sont 
pris  de  trois  choses ,  sçauoir  est ,  des 
naturelles,  non  naturelles,  et  contre 
nature.  Des  naturelles  ,  pource  que 
la  température  froide  et  seiche,  l’aage 

1  Cette  exposition  des  causes  est  à  peu  de 
chose  près  la  même  dans  le  livre  primitif. 


de  la  vieillesse ,  ceux  aussi  qui  sont 
froids  et  grassets,  ayans  les  veines 
petites  et  cachées,  et  ta  ratte  imbe- 
cille  et  enflée,  sont  affligés  de  telle 
fiénre.  Des  choses  non  naturelles, 
pource  qu’en  temps  d’automne  ceste 
espece  de  fiéure  est  fort  frequente,  non 
senlement  pource  que  l’automne  est 
froid  et  sec,  et  par  conséquent  propre 
à  faire  amas  de  l’humeur  melancho¬ 
lique  :  mais  aussi  à  cause  que  par  l’a- 
dustion  de  l’esté  passé ,  les  humeurs 
les  plus  ténues  et  liquides  ayans  esté 
consommées,  le  reste  demeure  espais- 
si,  desseiché ,.  et  réduit  à  vne  consis¬ 
tance  terrestre,  bref ,  en  tout  temps 
froid  et  sec,  aux  régions  froides  et 
seiches,  aux  corps  froids  et  secs  or¬ 
dinairement,  ceste  fiéure  s’engendre, 
si  principalement  à  cela  est  coniointe 
vne  façon  et  condition  de  viure  triste, 
pénible  et  fasebeuse,  pleine  de  crainte 
et  anxiété  *.  Et  véritablement  entre 
les  passions  de  l’ame,  la  tristesse  et  la 
crainte  sont  tres-propres  à  engendrer 
ceste  fiéure,  veu  mesme  qu’Hippo- 
crates  nous  a  laissé  par  escrit  en  l’a¬ 
phorisme  23.  du  6.  liure,  que  la  tris¬ 
tesse  et  la  crainte  estaient  signes 
asseurés  des  maladies  melancholi¬ 
ques.  Quant  aux  signes  pris  des  choses 
contre  nature,  premièrement,  c’est 
qu’au  commencement  de  l’accès, 
quand  la  matière  se  putréfié ,  il  sur- 
uient  horreur  ou  rigueur  tres-labo- 
rieuse,  tout  ainsi  que  si  l’on  auoit  les 
os  froissés  :  secondement,  c’est  que  la 
maladie  se  fait  reconnoistre  par  son 
inuasion ,  qui  reuient  le  quatrième 
iour,  et  que  le  mal  est  chaud  et  sec  «  : 

‘  Tout  ce  paragraphe  est  copié  presque 
littéralement  sur  l’édition  primitive.  Toute¬ 
fois  la  phrase  qui  suit:  ventablemenl,  etc., 
est  une  intercalation  du  livre  posthume. 

®  L’édition  de  1628,  et  toutes  les  autres 


DES  FjivRES. 


car  combien  que  la  matière  dont  il 
est  fait  et  excité  soit  de  sa  nature 
froide  et  seiche ,  si  est-ce  que  par 
accident  elle  est  chaude  et  seiche ,  à 
raison  de  la  pourriture  et  putréfac¬ 
tion  qui  s’est  introduite  dedans.  D’â- 
uantage,  on  ressent  le  pouls  au 
commencement  petit,  tardif,  profond, 
comme  retiré  au  dedans,  ainsi  que 
celuy  des  vieilles  gens  ‘  :  en  après  il 
s’explique  et  se  dilate  à  mesure  que  la 
chaleur  de  l’accès  s’augmente.  L’vrine 
est  blanche  et  aqueuse  au  commen¬ 
cement,  inclinante  à  liuidité  et  noir¬ 
ceur.  En  la  déclinaison,  estant  la  ma¬ 
tière  cuite,  l’vrine  deuient  noire,  non 
point  par  la  su  menue  de  quelque 
mauuais  accident,  non  point  par 
l’excès  de  la  chaleur  naturelle ,  ou 
par  son  extinction ,  car  par  ce  moyen 
elle  seroit  funeste  et  mortelle  :  mais 
par  l’euacuation  de  la  matière  con- 
iointe,  sçauoir  est  le  suc  melancholi- 
que,  qui  de  sa  nature  tend  sur  le 
noir.  L’accès  des  fléures  quartes  peut 
durer  vingt-quatre  heures ,  et  alors 
donne  quarante-huit  heures  d’inter¬ 
mission. 

Le  plus  souuent  telle  fiéure  pro- 
uient  de  l’obstruction,  douleur  et 
dureté  de  la  ratte ,  et  rétention  des 
menstrues  et  hemorrhoïdes 

après  elle ,  portent  :  froid  et  sec,  ce  qui  est 
en  contradiction  avec  la  suite  de  la  phrase. 
J’ai  suivi  le  texte  du  livre  primitif,  qui  est 
également  celui  du  livre  des  Tumeurs  de 
1S79. 

1  La  phrase  s’arrête  ici  dans  les  éditions 
primitives  ;  le  reste, e«  après  il  s’explique,  etc., 
est  une  addition  du  livre  posthume. 

*  Ce  paragraphe  précède  immédiatement 
le  suivant  dans  le  texte  primitif  de  I67ô,  et 
même  encore  dans  le  livre  des  Tumeurs  de 
1579.  Mais  en  1585  Paré  en  avait  intercalé 
un  autre,  qui  est  resté  dans  toutes  les  édi¬ 
tions  suivante» ,  et  dont  cependant  il  n’a 


Les  fléures  quartes  en  esté  sont 
briefueset  courtes,  selon  l’aphorisme 
d’Hippocrates  25.  de  la  seconde  sec¬ 
tion  :  mais  en  automne  elles  sont  bien 
longues ,  principalement  si  elles  pren¬ 
nent  sur  la  fin  d’iceluy,  vers  le  com¬ 
mencement  de  l’hyuer.  Celle  qui 
prouient  par  les  mauuaises  disposi¬ 
tions  et  par  les  maladies  du  foye,  de 
la  ratte ,  ou  par  autre  maladie  prece- 

pas  fait  usage  pour  son  livre  posthume  des 
Fléures.  Le  voici  : 

«  Esdites  fléures  suruiennent  au  com¬ 
mencement  des  accès,  rigueurs,  horripila¬ 
tion,  baaillement ,  grande  froideur  et  trem¬ 
blement  ,iusques  à  claqueter  les  dents,  qui 
sont  les  precur.'^eurs  ou  trompettes  qui  an¬ 
noncent  la  venue  de  la  fiéure.  Telles  choses 
se  font  à  cause  de  la  qualité  et  matière  he¬ 
ureuse  qui  altéré  et  corrompt  les  humeurs 
contenus  dedans  les  veines  et  arteres  :  de 
façon  que  Nature  les  a  en  horreur,  et  les 
veines  et  arteres  les  iettent  hors  d’vne 
grande  secousse ,  et  les  respandent  parmy 
la  ehair,  nerfs  et  membranes  iusques  au 
pannicule  charneux.  Geste  qualité  febrile  est 
si  cuisante  et  se  meut  si  rudement ,  que  les 
parties  par  où  elle  passe  en  ont  telle  douleur 
qu’il  semble  qu’on  les  pique  et  deschire. 
Parquoy  il  ne  faut  trouver  estrange  si  ceste 
matière  fléureuse,  soit  froide  ou  chaude, 
cause  frisson  :  car  l’eau  bouillante  iettée  a 
l’improueu  sur  vn  corps  nud,  le  fait  trem¬ 
bler  aussi  bien  que  la  froide:  toutesfois  la 
fiéure,  de  quelque  espece  que  ce  soit,  est 
tousiours  fondée  en  chaleur.  Ainsi  les  par¬ 
ties  sensibles  irritées  d’humeur  febrile  se¬ 
couent  toute  la  personne  ,  lors  que  la  vertu 
expulsiue  tasche  à  ietter  ce  qui  luy  nuist. 
De  là  vient  le  tremblement ,  qui  demonstre 
l’accès,  lequel  dure  iusques  à  ce  que  la  ma¬ 
tière  febrile  soit  consommée  et  dissipée  sen¬ 
siblement  et  insensiblement.  Sensiblement, 
comme  parsueurs,Yümisscmens,llux  de  ^  en¬ 
tre,  flux  de  sang,  flux  d’vrine  et  autres.  In¬ 
sensiblement  ,  pur  résolution,  qui  se  fait  par 
insensible  transpiration,  parle  Lencfice  des 
forces  et  chaleur  natuie  le  de  noire  corj  s.  « 


i5o 


LE  VINGTliME  LIVRE 


dente  est  pire,  et  sonnent  se  termine 
eh  liydropisie*.  Si  elle  pronient  sans 
auctine  maunaise  habiltide  Ün  foye, 
ôü  d’antires'  ttialadiës','  ponrnerf  que 
le  malade  se  gouuerïic  bien ,  elle  h’a- 
iheine  phint  d^iutresdangers  :  an  con¬ 
traire  elle  empesched’aütres  maladies 
plus  mannaises,  et  garantit  de  melan- 
cbelie,  epilepsie,  Spasme,  mahie  :  rf’aiï- 
fant  qhe’  ia  matière  melancbolique 
dont  télle^  maladies  pourroieht  estre 
excitées;  est' de 'quatre  en  quatre  ionrs 
euacuée  par  l’effort  de  l’accès. 

La  fléure  qualité ,  pouruen  qu’il  n’y 
ait  faute  du  malade,  ny  du  médecin, 
ne  dure  qu’  vnan.  Car  ainsi  que  les  n>a- 
ladies  aiguës  sont  iugées'  faisans  leur 
crise  pah  le  moUoemeht  de  la  luiio: 
ainsi  les  maladies  l’ohgües,  comuie  fié- 
üi*eS  quartes  et  autres/sontiu  gées  fai¬ 
sans  crises  selon  lé  cours  du  soleil, le¬ 
quel  est  fait  par  l’espace  d’ vn  an  entier: 
toutesfois,  selon  Auicenne,  quelques- 
foiselle  dure  douze  ans  ^;  on  en  voit 
assez  qui  d’ordinaire  durent  dix-btril 
mois ,  deux  ans,  et  trois  ans  •  celles 
qui  durent  quatre  ans  et  d’auantâge 
sont  plus  tares ,  et  sont  ainsi  prolon¬ 
gées  pour:  la  plüspart ,  partie  pour 
ië  mauiiaîs ‘régime  de  viure  que  l’on 
garde  /  partie  pour  se  seruir  de  quel¬ 
ques  remedes  mal  à  propos  et  hors 
de  saison,  lesquels  on  prend  par 
l’aduis  du  premier  venu ,  et  non  des 
médecins,  n’y  ayant  maladie  pour 
laquelle  le  peuple  sçaebe  plus  de  re- 
modes,  et  pour  laquelle  on  en  fasse 

1  Tout  ceci  est  repris  du  livre  primitif  de 
.  1575  ;  déjà  Paré  avait  reproduit  ce  paragra¬ 
phe  avecTcs  autres  au  livre  de^  TurneuYs  de 
1579;  mais,  je  he  sais  pourquoi,  llavait  alors 
supprimé  la  phrase  quisuit  :si  eliepi'oniem 
sans  aucune  mauuaise  habitude  duYmje ,  etc. 

s  Là  s’arrête  ce  paragraphe  dans  le  texte 
do  1676  et  de  1679  ;  le  reste  appartient  donc 
tUi  livre  postbume,  ■  •  .< 


aussi  d’auantage,  à  cause  de  sa  grande 
longueur.  ■  . , 

Là'  quarte  qui  commence  en  an- 
toiiihe ,  d’ordinaire  se  termine  au 
printemps  süiüànt.  Celle  qui  est  faite 
par  Làdù'stiôn'dü'sahg,  ou  de  la  chô- 
îere;  où'pblég'me  salé ,  est  plus  facile 
èt  brïefu'e'  à  cü'rer  que  celle  qui  est 
faite  ‘dë  -  rbuméur  melaucboliqué 
adUSte  ‘i  pour  cë  que  tel  liumour  me- 
lanfchOïïque  éstànt  de  sa  nature  ter- 
feSti^e'j’et  difficile  à  ésmôiiuoir  et  dis- 
èüt'ëù  QU  Vésbudre  plus  que  mil  autre 
bütoetm,  il  ést  -’éneofe  rendu  d’auan- 
tagè  tel  pàr  raduslîon ,  par  laquelle 
plus’ tériùés  parties  d’icéliiÿ. estant 
di^sipée^,”ët  les  autres  féstantes  plus 
è'râssëSët  lèrrestres,  il  ést  rendu  plus 
OpînidstreVrebëilé  et  malin.  ‘ 

La  duré  consisté  en  là  diete ,  et  aux 
rnédicamëhs.  La‘  dietq  doit  estre  or- 
flo'ntiée  sur  le^  siit  choses  non  natu- 
fiellés  contrariantes  à  la  cause.  Le 
mâl'adé  li’t'serà  de  cbàir  de  pourceau  ; 
hÿ  'dé'  choses  flatüeiiseS ,  visquéuses , 
gluàhteS  '.  fuyt*â  la  chair  des  Oiseaux 
àquatiques,  lés'  p'ôissons'  salés,  la 
grosse  venaishn,  et  autres  viandes 
grossières'  et  de  difficile ‘éoheoCtion. 
L’vsage  du  vin  blanc  medioCremeht 

r  Ce  paragraphe  est  encore  emprunté  à  la 
rédaclâQfl 'primitive;  mais;  dans  ie  livre-dw 
Tumeurs  de  4579  ;  le  texte  était  Un  peu  diP 
férent.  On  y  lisait  seulement  : 

«  Celle  qui  est  faite  par  adustion  du  sang 
ou  phiegme  saléiest  de,plus  facile  et  briefue 
curation ,  que-ceile  quLest  taito-  par  adus- 
lion  d’hum,eur  meknchoiic  ou  bifieux.  b’vn 
est  plus  furieux  et  pénétrant,  l’autre  est:plui 
pesant  et.diflieile  à  discuter.  »  .  ,  i 
En  1586,  Pa'réy  ajouta  Cette  autre  phrase, 
qui  n’a  poii«  passé  dans  le  llvre  actucl.^ 

•<t  Fernel/'Miïre  quatriesmerfe*  jiéum,  cha¬ 
pitre  neufiesme,  dit  que  les  fléures  se  gua- 
rissent  plus  souuontpar  nature  que  par  let 
remedesi  pnuîe  <l«e!a"oat«e  en-est  Ignorcen* 


DES  FIEVRES. 


chaud  et  ténu  luy  est  bon ,  et  mesme 
pris  au  commenc.eipent  de  ji-’^ccés  éje¬ 
cté  le  yomissenjent,  iG.^uel  a  tant  de 
vertu  en  la  fleure  quarte,  qup  d’iceluy 
seul  plusieurs  ont  esté  guéris*.  Ce 
n’^st  pc|s  que  ie  vueille  que  l’on  pr- 
donnp  au  cpuinienceniept  de  ceste 
fleure  les  vppiilifs ,  Iprsque  toutes 
choses  sont  crues  •  car  pn  ce  l.emps  là 
ilsne  seruept  ^  proprement  parjer  qu’à 
irriter  la  uatupe ,  flpsflaucfler  l’esto- 
rpach,  ei,  attirer  flans  jeeluy  ynp  quan- 
tilé  fle  maunaises  ijufpeurs  :  et  si 
ils  ne  tlrept  rjen  fle  Jfl  cause  cpnipinte. 
Il  fau}.  ^onc  attenflfe  la  mUificatipp 
fleshupieurs,  et  ebserper  sur  tout, 
lors  que  l’on  les  orflopne,  qu’il  n’y  ait 
point  de  flupplé  sensijïie  aux  fleux 
yisceres  nourripiprs,  Ip  fpye  ej  la 
ratte  ;  profitent  nul- 

ieînept,  si  çe  u’esp  aprps  ppip  ysp  flp 
ren^ede^  apéritifs  qpf  ayept  dégagé 
guaptilp  d’pbsfructipns  qui  se  fpnt 
flans  le^  ptîiiféS  yeipes ,  et  qui  entre- 
tipnnen(  le  leuaip  de  la  fleure.  Çela 
estç^pt ,  Pt  ne  restant  que  les  humeurs 
melpnchotiques  quf  s’anaass.pnt  iouy- 
nefiepient  pn  fa  ratte,  si  l’on  vient 
a  flopner  quelque  yomilfl  ü  profite 
granfleuient.  d  aubant  qu  fi  irrfie  la 
rattp  a  se  desgorger  fie  sps  flpmeurs 
melancfiohques  fiâtes  1  estoipacfi ,  par 
le  conduit  que  ipp  appelle  vas  brenq. 
qn;  va  fle  la  ratte  afifiit  estoxnacb. 

*  Jusqu'ici  ce  çaragraphç  est  calqué  sur  le 
texte  rie 'i 576;  je  dois  dire  cepend.aîn.t  qu’en 
1579  il  y  avait  eu  un  petit  changement  qu’il 
est  bon  dc  reproduire  :  ' 

«  L’vsage  du  vin  blanq  ténu,  et  ipedjoqre- 
ineqt  çhjaudj,  est  h^on  poifr.  affptuer  ei, inciser 
l’humeur  melancholic  ,  proifpc^jfer  les  v,rii}es  et 
sueurs.  Et  niesmes  i)i:ls_  au  cqfnriien,çern.ent 
(te  l’açcés,  etc,  » 

Quant  au,  reste  d,u  paragraphe  :  Ce.  n’est 
p<is:qt^e,ie  vueille,  etc.,  ij, apparUent  exclu- 

fi,>:cm^n,t  tjq  Ijyr.e  DP8tii»,utnf!t 


Outre  tout  cecy,  les  exercices ,  les 
frictions  auant  le  repas,  et  autre; 
choses  accoustumées  prises  et  faites 
auec  médiocrité,  sont  louables  et  vil¬ 
les  au  fébricitant.  Les  actions  de 
l’ame  contraires  à  la  cause  dont  ceste 
fiéure  aura  esté  excitée ,  luy  floiucnt 
estre  permises ,  comme  tous  ieux  , 
sons  d’inslrumens  de  musique ,  dis¬ 
cours  agréables  et  récréatifs,  et  autres 
choses  resioüissantes.  Dés  le  commen¬ 
cement  il  faut  doucement  traiter  le 
malade ,  et  ne  faut  vser  d’aucun  fort 
et  violent  médicament ,  si  ce  n’est 
quelque  temps  après  :  car  flii  com¬ 
mencement  ceste  humeur  opipiaslre 
est  rendue  plus  rebelle  et  reseichee 
par  la  chaleur  des  violons  medica- 
mens.  lit  si  le  sang  est  abondant ,  ü  en 
faut  tirer  de  la  médiane  ou  basilique 
du  bras  senestre  ou  de  la  veine  splé¬ 
nique  *  :  auec  ceste  caution,  que  s’il  sp 
monstre  noirastre  et  espais ,  il  le  faut 
laisser  couler  :  et  au  contraire ,  s’il  se 
monstre  ténu  et  bfen  coloré,  il  faudra 
promptement  l’arrester^. 

Quelquesfois  le  sang  n’esit  pas  seu¬ 
lement  noirastre,  mais  aussi  corr 
rompu  et  pourri  :  poqr  lors  il  faut  en 
tirer  vn  peu  plus  largement ,  et  plqs 
d’vnefais.  On  a  obserué  que  saignant 
deux  heures  deuant  l’accès ,  cela  non 
seulemen,t  adoucit  les  accès ,  mais  re¬ 
tranche  tout  d’vn  coup  la  fleure  : 
bien  qu’à  vray  dire  cela  arriue  fort 
rarement.  L’ouuerture  des  veines  he- 
morrhoïdes ,  soit  par  la  lancette , 

1,  F'eipe.splpnique,  spjletiilifiife  vyv  splenelir 
que ,  c’est  la  salyalelle  de  la  inain  gauche  ; 
voyez  rome  I,  pkge  274.  Xe  iraduclclii;  latin ' 
ne  parle  pas  de  la  saignée  de  çeüe  veine;  et 
l’on  va  voir  Paré  lui -même  en  faire  une  cri¬ 
tique  vigoureuse. 

»  Ce  paragraphe  se  lisait  déjà  dans  les 
édition*  dfl  làtô  et  mais,  le  Bifivant  est 


i52  le  VlNGTli 

soit  par  les  sangsues ,  à  ceux  qui  en 
sont  trauaillés  et  ausquels  elles  pa- 
roissent ,  est  fort  souueraine  :  et  ce 
remede  est  non  seulement  vacualif, 
mais  deriuatif,  estant  la  cause  con- 
iointe  que  la  nature  souuent  déposé 
et  met  dans  ces  veines ,  qui  ont  grande 
communication  auec  la  ratte,  comme 
nous  allons  enseigné  en  l’anatomie, 
le  diray  encore  vn  mot  de  la  saignée 
faite  en  la  veine  splenique  ou  salua- 
telle:  c’est  qu’il  y  a  quelques-vns  si 
scrupuleux  et  si  superstitieux ,  qu’ils 
croyent  qu’il  ne  faut  ouurir  autre 
veine  que  celle  là  en  ceste  fleure ,  et 
qu’indubitablement  elle  la  guérit, 
quand  bien  même  on  n’en  tireroit 
que  peu  de  sang.  Mais  il  faut  que  ces 
gens  desracinent  ceste  mauuaise  opi¬ 
nion  de  leur  esprit,  et  qu’ils  croyent 
que  la  saignée  faite  de  la  médiane  ou 
basilique  est  mille  fois  meilleure  sans 
comparaison  que  de  la  saluatelle.  Il 
est  vray  qu’elle  se  peut  faire  de  ceste 
veine  icy  loutesfois  et  quand  que 
nous  craignons  quelque  foiblesse  au 
malade,  et  que  nous  redoutons  en 
V  ne  longue  et  pénible  maladie,  telle 
qu'est  la  fléure  quarte,  vne  trop 
grande  dissipation  d’esprits  :  mais  au¬ 
trement  la  saignée  de  ceste  veine  me 
semble  inutile.  Car  à  quel  propos,  si 
nous  voulons  vuider  et  euacuer  le 
sang  grossier  et  noirastre,  prendrons- 
nous  vn  filet  de  veine  telle  qu’est  la 
saluatelle,  et  laisserons-nous  vn  gros 
tuyau  ,  duquel  en  faisant  bonne  ou- 
uerture  nous  pouuons  tirer  le  sang 
terrestre  et  grossier ,  qui  pour  sa  pe¬ 
santeur  et  sa  consistance  ne  sçauroit 
iamais  sortir  d’vne  petite  veine  ,  qui 
ne  peut  souffrir  qu’vne  bien  petite 
ouuerture?  Que  l’on  pese  vn  peu  ces 
raisons,  et  que  l’on  ne  s’aheurte  point 
tant  à  certaines  opinions  préoccupées, 
qui  n’ont  point  d’autre  fondement 


lË  LIVRE  , 

que  la  fantasie  de  quelques  Ignorans 
empiriques  ,  qui  iiigent  par  vn  eue- 
nement  particulier  de  tout  en  ge¬ 
neral. 

Pour  les  medicamens  pharmaceu¬ 
tiques  ,  il  faut  digerer  et  diminuer  la 
matière  par  syrops  d'epithyme,  de 
scolopendre  ,  de  capüli  veneris  ,  de 
eupatorio,  auec  eaux  ou  décoctions 
de  houblon  ,  bourrache  ,  buglosse , 
et  leurs  semblables*.  On  peut  faire 
quelque  syrop  magistral  de  pommes 
de  reinette ,  ou  court-pendu ,  de  bu¬ 
glosse  ,  bourrache ,  capillaires ,  et 
autres,  et  le  rendre  purgatif  auec  bon 
séné  de  LeuanI,  qui  est  comme  l’alexi- 
pharmaque  de  l’humeur  melancho- 
lique,  et  en  purger  le  malade  deux 
fois  la  sepmaine  ;  ce  qu’il  faut  conti¬ 
nuer  opiniastrement ,  pour  auoir  rai¬ 
son  de  ce  mal  opiniastre.  le  proteste 
auoir  esté  cause  de  la  guérison  de 
plusieurs^,  qui  auoient  esté  long¬ 
temps  vexés  et  trauaillés  de  ladite 
fléure,  donnant  à  boire  au  commen¬ 
cement  de  leur  accès,  et  à  la  décli¬ 
naison  de  la  maladie  trois  doigts 
d’eau  de  vie,  auec  vn  peu  de  théria¬ 
que  dissoute  en  icelle®:  lesquels reme- 
des  estoient  baillés  selon  les  forces  du 
malade,  et  les  indications  cy  dessus 
mentionnées ,  le  tout  après  auoir  vsé 
des  remedes  generaux  et  particuliers, 

*  Ce  paragraphe  se  lit  déjà  dans  le  texte 
primitif  de  1575  et  au  livre  des  Tumeurs  de 
1579,  mais  avec  quelques  changements  qu’il 
importe  de  noter.  Ainsi  toute  la  phrase  qui 
suit  :  On  peut  faire  quelque  syrop  rnagis~ 
irai,  etc.,  se  lit  pour  la  première  fois  dans 
le  livre  posthume. 

®  ceci  est  le  texte  pur  de  i575  ;  celui  de 
1579  porte  :  le  proteste  auoir  esté  cause,  auec 
l  aide  de  Dieu,  de  la  guarison  de  plusieurs,  e,ie. 

»  Paré  suit  encore  ici  son  texte  primitif; 
en  1579  il  avait  ajouté  :  ou  deux  et  trois 
grains  de  musc,  dissouls  en  maluoisie, 


i53 


DES  Fièvres. 


pour  la  préparation  de  l’humeur  me- 
lancholique.  Car  pour  en  parler  à  la 
vérité,  1  fiéure  quarte  inueterée  ne 
peut  estre  guerie,  si  le  corps  n’est 
grandement  eschauffé  par  alimens  et 
medicamens.  Parquoy  en  tel  cas ,  ie 
trouue  bon  i  ce  que  plusieurs  disent 
auoir  heureusement  pratiqué  :  sça- 
uoir  de  donner  au  matin  du  vin  blanc 
à  boire ,  dans  lequel  par  l’espace 
d’vne  nuit  auront  trempé  fueilles  de 
sauge. 

C’est  aussi  chose  vtile ,  sur  le  com¬ 
mencement  de  l’accès,  d’oindre  toute 
l’espine  du  dos  d’huiles  propres  à  es- 
chauffer  les  nerfs,  telles  que  sont 
l’huile  de  rue,  de  noix  muscade,  de 
poiure,  de  vers  ,  y  mettant  quelque 
peu  d’eau  de  vie  :  car  telles  onctions 
valent  non  seulement  à  mitiger  la 
vehemence  de  l’horreur,  mais  aussi 
à  esmounoir  les  sueurs  2. 

*  Correction  de  1 679  :  ie  ne  trouue  hors 
de  raison. 

*  Ce  dernier  paragraphe  appartient  en¬ 
core  au  texte  de  1576;  il  ne  terminait  ce¬ 
pendant  pas  alors  le  chapitre,  et  l’auteur 
ajoutait  : 

«  Telle  est  la  curation  des  fléures  inter¬ 
mittentes  vrayes  et  légitimés,  c’est-à-dire 
de  celles  qui  sont  d’vn  seul,  pur  et  légitimé 
humeur,  de  laquelle  se  pourra  aisément 
comprendre  la  curation  de  celles  qu’on  ap¬ 
pelle  intermittentes  bastardes,  de  tant  qu’es¬ 
tants  excitees  d’vn  humeur  non  pur  et  sim¬ 
ple,  mais  adultéré  et  mesié  de  deux  (comme 
pour  exemple  la  fleure  intermittente  bas- 
tarde  de  l’humeur  bilieux ,  qui  a  en  soy 
quelque  meslange  etadmixion  de  l’humeur 
pituiteux),  il  faudra  pour  la  curation  d’icel¬ 
les,  mesler  les  médicaments  propres  à  la 
tierce  et  à  la  quotidiane,  de  tant  que  les 
causes  de  telles  fleures  sont  meslees,  faisant 
vne  sorte  de  fleure  confuse  de  toutes  les 
deux.  Faut  maintenant  parler  des  fleures  con¬ 
tinués.  » 

On  comprend  que  dans  son  nouveau 


CHAPITRE  XXIX. 

DE  LA  FIÈVRE  QVARTE  INTERMITTENTE 
BASTARDE. 

Entre  les  flétiros  de  l’Inimeur  me- 
lancholiqvie,  est  la  fiéure  quarte  in¬ 
termittente  illégitime  et  bastarde, 
ainsi  appellée  à  cause  qu’elle  ne  se 
fait  pas  comme  la  precedente  de  l’hu¬ 
meur  melancholique  naturelle,  pure 
et  simple  ;  mais  bien  ou  d’icelle  hu¬ 
meur  meslée  et  adultérée  de  quelque 
autre  humeur,  telle  qu’est  la  pituite 
ou  la  bile,  ou  de  l’humeur  melancho¬ 
lique  contre  nature  ,  qui  s’appelle 
T  frebtlc.  De  quelque  façon  qu’on  la 
prenne,  elle  a  ses  accès  comme  la 
precedente  de  quatre  iours  l’vn ,  c’est 
à  sçauoir,  après  deux  iours  d’inter- 

Tralté,  Paré  voulant  parler  des  fièvres  inter¬ 
mittentes  bâtardes,  ce  qu’il  va  faire  dans  le 
chapitre  suivant,  tout  ce  paragraphe  deve¬ 
nait  inutile.  Il  ne  l’était  pas  moins  au  cha¬ 
pitre  30  du  livre  des  Tumeurs ,  où  il  s’agis¬ 
sait  seulement  de  la  fiéure  qui  suruient  aux 
tumeurs  schirrheuses  ;  mais  là,  le  dernier  pa¬ 
ragraphe  s’était  beaucoup  étendu ,  et  c’est 
par  oubli  sans  doute  que  Paré  n’a  pas  trans¬ 
porté  dans  son  Traité  posthume  cette  rédac¬ 
tion  nouvelle.  Ce  qu’on  va  lire  est  entière¬ 
ment  de  la  date  de  1679. 

«  C’est  aussi  chose  vtile,  vn  peu  deuant 
l’accès,  oindre  toute  l’espine  du  dos  d’huil- 
les  propres  à  eschauffer  les  nerfs,  comme 
sont  l’huille  de  rue,  de  poiure,  auec  vn  peu 
d’eau-de-vie ,  ou  huile  de  castoree  qui  aura 
cuit  sur  les  charbons  dans  vne  pomme  de 
colocynthe  vuidee  de  ses  grains  ,  auec  poi¬ 
ure,  pyreihre  et  euphorbe  puluerisez  ,  et  ce 
iusques  à  la  consomption  de  la  moitié  de 
l’huile:  le  tout  en  apres  exprimé.  Telles 
onctions  valent  non  seulement  à  mitiguer 
la  vehemence  de  l’horreur  ou  fri.'^son  :  mais 
aussi  à  esmouuoir  les  sueurs.  Car  tels  me- 


l54  LE  VINGTIEME  LIVRE, 


mission  vn  iour  d’accès  :  et  ce  d’au¬ 
tant  que  quelque  mixtion  qu’il  y 
puisse  auoir,riuimeur  melancholique 
y  prédominé  tousionrs. 

Or  on  obseruera  diligemment  que 
la  liéure  quarte  légitimé  est  lous- 
iours  plus  longue  que  la  bastarde, 
d’autant  qu’entre  toutes  les  liumeurs, 
il  n’y  en  a  point  de  plus  rebelle,  de 
plus  difficile  à  préparer  et  mitiger 
que  l’humeur  melancholique  :  si  bien 
que  là  où  ceste  humeur  se  trouue 
puCe  et  simple  ,  et  sans  meslange 
d’aucune  autre  humeur,  il  y  a  plus 
de  peine  à  ]a  dompter  et  à  la  prépa¬ 
rer-:  lù  où  s’il  y  a  quelque  autre  hu¬ 
meur  meslée  parmy,  ceste  humeur  là 
l’adoucit  et  l’empesche  d’estre  si  re¬ 
belle.  Doneques  si  la  pituite  se  trouue 
meslée  parmy"  l’humeur  melancho- 
liquef  la  fleure  n’en  sera  pas  si  lon¬ 
gue  :  mais  elle  sera  aussi  plus  longue 
que  si  ladite  humeur  melancholique 

dicamens  par  leur  chaleur  et  humidité  es- 
meuuentel  eshranlent  cest  humeur  pesant, 
etnon  obéissant  à  la  faculté  expultrice  :  n’es¬ 
tant  l’humeur  melanchoHc  autre  chose  que 
comme  la  lie  de  toute  la  masse  du  sang. 
Mais  si  au  contraire  la  liéure  quarte  estoit 
excitee  d’adustion  d’humeur  bilieux,  il  la 
faudroit  traiter  par  remedes  refrigerans  et 
bumectans,  vsant  de  potages,  d’oseilles,  le- 
tue,  pourpié,  concombres ,  citrouilles,  mê¬ 
lons,  et  semblables.  Autrement  qui  voudroit 
vser  de  remedes  eschauffans,  il  rendroit  tel 
humeur  plus  rebelle  par  dissipation  de  ce 
qui  luy'restèroit  d’humidité.  Ainsi  Trallian 
(liu.  12,  chap.  8.)  ràconte  auoir  ’güary  plu- 
sîéurs  qui  auoient  telles  fiéurés,  pour  auoir 
\sé  en  temps  commode  et  au  paràuant  l’ac¬ 
cès,  d’épithemes  médiocrement  refrigerans. 
Quant  aui  riiédicàrnèiis  purgatifs  qu’il  fau¬ 
dra  vsurper  déliant  que  vèhif  àses'pai-ti'cu- 
lîérs,  le  sérié,  'l’agàric,'  rbàhàrbe^  diaphoeni- 
(!{iin,  sont  recomiharidez  pardessusïesautres. 
AÜSsi  ésïiè  ,  duquel  Rondelet  se 

dU'ttttoîf  guary  plusleuriflétiréi  (Quartés*  » 


estoit  adultérée  de  l’humeur  bilieuse: 
à  raison  que  la  piluite  est  bien  plus 
diffleile  à  cuire ,  mitiger  et  adoucir 
que  la  bile,  laquelle  fait  des  maladies 
bien  plus  courtes  que  ne  fait  pas  la 
pituite. 

On  peut  en  outre  reconnoistre  la 
qualité  etconflilion  de  l’humeur  qui 
est  meslée  auec  la  melancholique, 
par  les  signes  que  nous  auons  rappor¬ 
tés  en  la  fléure  tierce  et  en  la  fleure 
quotidiane.  Car  si  partny  les  signes 
de  la  fléure  quarte ,  nous  en  recon- 
noissons  quelques  vns  qui  soient 
propres,  ou  de  la  fléure  tierce,  ou 
de  la  fléure  quotidiane,  nous  pou- 
uons^diré  en  asseurance  que  c’est 
la  bile  ou  la  pUuite  qui  est  ines- 
lée  auec  la  melancholie:  outre  qu’a- 
uec  cela  nous  pouuons  reconnoistre , 
et  par  le  tempérament  dn  malade , 
et  pair  son  genre  de  viure,  et  par 
la  saison ,  et  par  la  constitution  dq 
l’air,  et  par  l’aage  mesme  du  ma¬ 
lade  ,  si  c’est  bile  ou  pituite  qui  se 
mesle  auec  la  melancholie.  Certes 
quand  ie  songe  qu’Hippocrates  dit  au 
liure2.  des  Aphorismes,  aphor.  25, 
que  lès  fléu res  quartes  qui  arriuent 
l’esté  sont  courtes,  que  celles  qiii 
viennent  l’automne  sont  longues  , 
ef  celles  qui  viennent  proche  de 
rhyuëi-  sont  encore  plus  ■  longues  : 
ie  hië  persuade  difii  à  voulu  don¬ 
ner ’à  èritélid,rè'  qué  les  fléurds  quar¬ 
tes  qui  sè'  font  de  ta  mixtion  d.ç 
la  foie  qui  régné  en  esté ,  sont  pl,us 
courtes  que  les  autres  :,  que  celles  qqi 
se  font  en  automne  tiennent  du 
meslange  de  la  pituite ,  et  par  consé¬ 
quent  qü’ elles  sont  plus  longues  que 
celles  qui  se  font  en  esté ,  mais  aussi 
plus  courtes  que  celles  qui  se  font  en 
^ÿüer,  àÜqùèl'tenlps  le  suc  melancho- 
d<>fofo.è  d’auaiifoge,  Ce  qui  soit 
flU  ilotir  pluïcfoir'e  Intèl'llgendfâ 


DES  FIEVRES. 


ce  que  nous  au ons  apporté  cy-dessus 
desfléuresquartes  basiardes  intra^mU- 
tentes ,  qui-s’engeudrent  -de  la  ■  mix¬ 
tion  de  ^quelques  humeurs  -auec  la 
melancholique.  - 
Reste  à  parler  de  celle  qui  se  fait 
de  i’atrebile  ou  humeur  melancholi- 
que  contre  nature.  Onceste  humeur 
se  fait  doublement,  premièrement 
du  suc  melancholique  qui  se  bruslant 
et  pourrissant  outre  mesure,  deuient 
mordant,  acre ,  rnarlih  et  grandement 
noirastre  •.  secondement .  de  la  bile 
iaune  ou  vitelline ,  qui  venant  à  se 
brusler^  se  conuertit  premièrement 
en  bile  porraeée,  puis  après  en  eru- 
gineuse,  et  enfin  en  bile  acre  etnoire. 
Gestè  -humeur  ainsi  bruslée  acquiert 
vue  grande  et  insigne  acrnnonie  ,  et 
vne  vertu  .corrosiue  si  remarquable-, 
que  versée  et  espanRue  sur  terre,  elle 
la  fermente  et  la  fait  comme  bouillir 
et  ésleuer.  Galien  compare  ©este  hu¬ 
meur  à  la  lie  de  vin  bruslée ,  ou  à  vn 
fer  rouge  et  ardent  de  feu  :  et  le  suc 
melanoJiolique  au  fer  qui  n’est  chaud 
ny  ardent ,  çt  à  la  lie  de  vin  qui  n’cst 
point  bruslée.  Toutesfois  et  quantes 
donc  que  ceste  humeuc  atrabilaire 
s’amasse  '  en -trop  grande  quantité 
hors  des  grands  vaisseaux ,  et  qu’elle 
vient  à  se  pourrir,  elle  excite  vne 
fleure  quarte  intermittente  bastarde 
bien  plus  violente  et  aixlente,-  bien 
plus  maligne  et  périlleuse  que  toutes 
celles  quenousauonsescrit  cy-dessus. 
Tous  les  accidens  qu’elles  apportent 
sont  plus  violons  ,  et  ses  accès  appro¬ 
chent  fort  en  vehemence  de  ta  fléure 
caosonide;  la  langue  est  seiche,  aride 
et  noire,  Talteration  grande  et  déme¬ 
surée,  l’esprit  extrauague  ordinaire¬ 
ment  ,  le  ventre  est  bouffi;  el  doulou¬ 
reux  ,  les  veilles  sont  impo-r lunes  ,  et 
le  peu  de  sommeil  qui  vient  est  ac- 
oompagné  de  grande»  resueries  et  de 


i55 

songes  cspouuantables  :  les  entrailles 
sont  eschauffées  -outre  mesure  ,  le 
foye  et  la  ratte  bruslans  et  ardens  : 
bref,  tous  les  symptômes  sont  grands 
et  considérables,  et  donnent  appré¬ 
hension  o  u  que  qu  elqü  e  Inflàmm  atîon 
intérieure  se  face,  ou  que  le  foye  et 
la  ratte  se  desseichent  ou  s’endurcis¬ 
sent,  en  sorte  qu’ils  causent  vne  hy- 
dropisieou  dysenterie  mortelle. 

Pour  ce  qui  est  de  la  cure  de  la 
fléure  quarte  bastarde,'  si  elle  se  fait 
du  meslange  du  suc  melanchoiiqvfe 
auec  l’humeur  bilieuse  ou -pituiteuse  , 
il  faudra  la  traiter  comme  la  vraye  et 
légitimé,  ayant  toutesfois  esgard  à 
l’humeur  quisera  mesiéeaueclame-* 
lancholique,  y  appropriant  -les  reme- 
de.s  propres  etcoftuenables:  sçauoirà 
la  bile,  ceux  que  nous  auons  spécifiés 
en  la  cure  delà  tierce,  età  la  i(C.tuite 
ceux  dont  nous  auons  parlé  en  la  cu  re 
de  la  fléure  quotidienae.-  Mais  quant 
à  ce  qui  est  de  la  quarte  faite  de*Phu* 
meur  atrabilaire,  il  faut  presque  vne 
contraire  curation,  s’empeschanttant 
qu’il  est  possible  d’vser  ny  d’alimené 
ny  de  medicamens  chauds.  Toutes 
choses  doiuent  estre  rafraîchissantes 
et  humectantes  :  la  saignée  doit  estre 
frequente  et  des  bras  et  des  pieds  :  les 
purgatifs  doiuent  estre  doux  et  bé¬ 
nins  :  les  iuleps  et  apozemes  apéritifs 
doiuent  estre  sans  chaleur  manifeste  : 
les  epithemes  sont  grandement  vtiles 
pour  rafraîchir  et  humecter,  et  dé¬ 
tremper  ceste  mauuaise  humeur,  et 
la  rendre  plus  souple  et  obéissante 
aux  medicamens  purgatifs  :  ïes  demy 
bains  d’eau  tiede  aux  iours  d’inter¬ 
mission  sont  tres-excellens  :  le  petit 
laict  pris  en  grande  quantité  est  vn 
remede  souuerain,  principalement  si 
on  fait  bouillir  dedans  vn  peu  de  fu- 
mcterre.  Bref,  il  faut  vne  grande  pru¬ 
dence  à  traiter*  les  malades  de  ceste 


tE  VINGTIEME  LIVUE, 


l56 

fiéure,  laquelle,  de  mesme  que  les 
carcinomes,  demande  plustost  à  estre 
flattée  qu’irritée. 


CHAPITRE  XXX. 

DKS  FIÉVBES  QVINTAINE,  SEXTAINE  , 
OCTAmE,  ETC. 

le  me  trouue  bien  empesché  tou¬ 
chant  la  connoissance  de  ces  fiéures 
icy  intermittentes,  pour  ne  sçauoir 
presque  à  quel  genre  de  fiéure  ie  les 
dois  rapporter  :  estans  au  reste  si  ra¬ 
res  et  si  peu  vsitées  que  peu  de  Méde¬ 
cins  les  rencontrent.  Le  premier  tou- 
tesfois  qui  les  a  obseruées,  et  qui  nous 
en  a  laissé  quelque  chose  par  escrit , 
c’est  <i:ippocrates  au  liure  des  Epidé¬ 
mies  :  et  en  suite  quelques  Médecins 
sont  venus,  dont  les  vns  ont  dit  qu’ils 
auoient  veu  des  fléures  quintaines, 
les  autres  dessextaines,lesautresdes 
septaines,octaines,  nonaines,  et  ainsi  ' 
de  quelques  autres  pareilles ,  dont 
toutesfois  ils  ont  parlé  si  legerement, 
qu’ils  ne  nous  ont  rien  laissé  d’asseuré 
par  escrit,  soit  de  leurs  causes,  soit  de 
leur  curation.  Quelques  vns  d’eux 
se  sont  persuadésquece  n’estoit  point 
vn  genre  de  fiéure  distinct  et  séparé, 
des  autres,  mais  que  c’estoient  fiéures 
erratiques,  lantost  ephemeres,  tan- 
tostquotidianes,  tantost  tierces,  selon 
la  condition  de  l’humeur  qui  les  fai- 
soil ,  et  qui  estant  amassé  en  petite 
quantité  n’apportoit  que  peu  d’accès. 
D’autres  ont  voulu  dire  que  c’esloient 
fiéures  compliquées ,  tantost  d’vne 
ephemere  auec  vne  quarte,  lantost 
d’vne  tierceauecvnequotidiane,  dont 
l’on  n’obseruoil  pas  bien  les  accès  ni 
les  périodes.  Bref,  il  y  en  a  qui  ont  creu 
que  tout  ainsi  qu’aux  choses  natu¬ 
relles  il  y  a  des  monstres  et  des 


prodiges,  aussi  parmy  les  maladies  et 
les  fiéures  il  y  en  a  de  monstrueuses 
et  prodigieuses  ,  desquelles  on  ne 
sçauroit  rendreraison,  si  ce  n’est  qu’on 
recourust  aux  causes  vniuerselles,  et 
aux  constellations  du  Ciel,  qui  selon 
ses  diuerses  influences,  produit  diuer- 
sités  d’effets,  lesquels  les  hommes  ad¬ 
mirent  sans  en  connoistre  ta  raison. 

Pour  moy  i’ay  trouué  bon  de  rap¬ 
porter  ces  fiéures  icy  aux  melancho- 
liques,à  cause  des  esiranges  effets 
que  produit  ceste  humeur ,  laquelle 
comme  vn  Protée  se  change  en  mille 
et  mille  façons,  et  produit  des  accidens 
sidiuerset  si  prodigieux,  que  quel¬ 
ques  vus  n’ont  point  fait  de  difficulté 
de  dire  qu’il  y  auoit  quelque  chose  de 
diuin  en  icelles  ;  mesme  qu’Aristote 
en  ses  problèmes^  et  au  liure  de  la  di- 
uinalion par  les  songes,  asseure  que 
tous  les  grands  personnages  qui  ont 
paru  et  esclaté,  soit  en  la  guerre, 
soit  en  la  poésie, soit  aux  sciences,  soit 
aux  diuinations,  ont  esté  touchés  de 
ceste  humeur  melancholique.  Et  véri¬ 
tablement  nous  voyons  vne  si  grande 
différence  et  variété  entre  ceux  que 
nous  appelions  hypochondriaques , 
bien  qu’ils  soient  affligés  d’ vne  mesme 
maladie  de  melancholie,  qu’il  faut 
croire  et  confesser  qu’il  y  a  quel¬ 
que  chose  d’extraordinaire  en  ceste 
humeur.  le  me  suis  mille  fois  estonné 
comment  vn  melancholique  s’estime 
roy,  empereur,  riche,  heureux,  sça- 
uant,  qui  ne  l’est  pas,  etvn  autre  qui 
l’est  s’estime  ignorant ,  pauure,  mal¬ 
heureux  ,  et  de  basse  condition  Tel 
croit  auoir  les  forces  de  soustenir  le 
Ciel  auec  le  doigt,  et  vn  autre  se  per¬ 
suadera  qu’il  n’aura  pas  la  force  de  se 
inouuoir.  Toutes  ces  merueilles  font 
que  i’ay  creupouuoir  rapporter  toutes 
ces  fiéures  périodiques  extraordi¬ 
naires  au  mouuentenl  do  l’humour 


UËS  FIIÉVBÈS. 


tnelanchoHque  ou  atrabilaire ,  qui  ne 
s’amassant  pas  tousiours  en  suffisante 
quantité,  etn’acquerant  pas  pareille¬ 
ment  vne  suffisante  qualité  putredi- 
dinale  pour  exciter  la  fiéiire  de  qua¬ 
tre  en  quatre iours,  quelquesfois  elle 
le  fait  de  cinq  en  cinq,  tantost  de  six 
en  six,  tantost  de  sept  en  sept,  plus 
ou  moins,  selon  que  le  corps  se  trouue 
disposé  à  engendrer  peu  ou  point  de 
ceste  humeur,  et  selon  que  l’humeur 
se  trouue  disposée  et  preste  à  receuoir 
pourriture.  Que  s’il  y  a  quelqu’vn  qui 
n’approuue  mes  raisops,  il  luy  sera 
loisible  de  remettre  ces  fiéures  icy  au 
rang  des  erratiques  et  inconstantes, 
desquelles  Galien  a  tres-doctement  et 
tres-iudicieusement  parlé  à  la  fin 
du  second  iiure  des  différences  des 
fiéures,  les  paroles  duquel  ie  veux  rap¬ 
porter  pour  esclaircissement  de  ceste 
matière. 

«  Les  fiéures ,  dit-il ,  qui  n’ont  point 
»  d’ordre,  acquièrent  ce  desreglement 
»  par  l’erreur  qu’on  commet  au  regi- 
»  me  de  viure.  Aussi  le  SdUg  quand  il 
«  se  pourrit,  se  change  grandement 
»  et  passe  en  vne  autre  nature  :  car, 

»  comme  nous  auons  expliqué  cy-de- 
»  uant,  vne  portion  du  sangse change 
»  en  bile  iaune,  vne  autre  en  la  bile 
»  noire.  Or  est-il  que  selon  que  les  hu- 
«  meurs  se  changent  dans  le  corps 
»  des  malades ,  à  mesme  temps  aussi 
»  les  accès  et  les  périodes  des  fiéures 
»  se  changent,  comme  pareillement  à 
»  cause  des  fautes  que  l'on  commet  au 
»  boire  et  au  manger,  lesquelles  fautes 
»  changentles  accès.  Parlant  à  tous  les 
j>  changemens  et  fautes  notables  que 
«  le  malade  fait ,  il  est  necessaire  ou 
«  que  les  accès  anticipent,  ou  qu’il  s’en 
»  fasse  de  nouueauxtous  differens  des 
»  autres,  d’où  vient  la  variété  des 
»  périodes.  Voicy  encore  vne  autre 
*  raison  de  ce  changement,  c’est  qu’à 


167 

»  mesme  temps  qu’il  y  a  vne  humeu  r 
»  en  quelque  partie  du  corps  qui 
»  commence  à  se  pourrir,  à  mesme 
»  temps  il  y  a  vue  autre  humeur  dif- 
«  ferente  qui  regorge  ou  en  quelque 
»  autre  partie  du  corps ,  ou  bien 
»  mesme  en  tout  le  corps  ;  d’où  le 
»  plus  souuent  à  cause  de  la  compli  - 
»  cation  ou  confusion  des  accès  et  re- 
»  doublemens  inconneus  au  Médecin, 

»  il  semble  que  les  périodes  sont  sans 
»  ordre  et  reglement  :  ce  qui  n’est  pas 
«  toutesfois,  l’ordre  ne  se  changeant 
»  iamais  que  lors  que  les  humeurs 
»  qui  font  la  fiéure  changent  de  na- 
»  ture  ét  sont  conuertis  en  d’autres 
»  humeurs,  ou  bien  lors  qu’il  arriue 
»  que  l’on  commet  des  fautes  au  re- 
»  gime  de  viure.  « 

Voila  à  peu  prés  ce  qu’a  dit  Galien 
pour  le  changement  des  accès,  que 
nous  pouuons  approprier  à  ces  fiéures 
cy-dessus  nommées.  Bien  qu’à  vray 
dire,  il  n’est  besoin  de  se  mettre  tant 
en  peine  pour  leur  intelligence  , 
veu  qu’elles  arriuent  si  rarement,  et 
qu’elles  donnent  en  outre  le  loisir 
de  consulter  les  médecins  sur  leur 
guérison. 

Or  pour  l’ordre  qu’il  faut  y  appor¬ 
ter  lors  qu’elles  arriuent,  ie  desire 
que  l’on  considéré  seulement  si  elles 
se  font  ou  de  suc  melancholique  na¬ 
turel,  ou  de  l’humeur  atrabilaire  :  si 
c’est  du  premier ,  il  faudra  les  traiter 
comme  les  fiéures  quartes  intermit¬ 
tentes  légitimés  :  si  c’est  du  dernier , 
elles  seront  traitées  comme  la  quarte 
intermittente  qui  se  fait  de  l’atrebi- 
le  :  c’est  pourquoy  il  leur  faudra  des 
remedes  rafraichissans  et  hurnec- 
tans.  Au  reste,  Hippocrates  dit  qu’en¬ 
tre  les  fiéures  qui  auoient  cours  en 
Thasos,  durant  la  troisième  consti¬ 
tution  de  l’air  qu’il  raconte  au  pre¬ 
mier  des  Epidémies ,  il  n’y  en  auoit 


i58 


LE  VINGTIEME  LIVEE 


point  de  pire  quçles  quin laines  ;  car 
soit  qu’elles  arriuassent  auant  la  phti¬ 
sie,  soit  qu’elles  vinssent  après  ,  eljes 
appqrtqient  la  mort.  Ceux  qui  vo.u- 
drOjUt  sçauoir  quelje  opinion  a  eue 
(^aliep  de  ces  fiéures,^  aillent 
voir  son  cpinmenlaire  Iroisiérnesyr  le 
prepiiey  des  Epidémies ,  article  deux , 
neuf,  et  dix-sepl. 

CHAPITRE  XXXI. 

DE  LA  FIÈVRE  QVARTE  CONTINVE 

uAfi.fés  les  Apures  auaeteç  iuterp?itr 
tejqtef  ,  vient  4  fluajrte  .cppll^uue  jla^r 
quelle  est  fort  rare.  ppuT  Iq.peu  d,e 
melancAQlie  quj  s  auji^sse  dau§  .les 
veines  au  regardites  autres  Aupieue,^. 
E/lesecoonoi^par  Icçuie  me^si^gpes 
que  1  ipternulieritLj  mep  queRe^q 
spn  exa.çefpaUjiap„qç  .quaifUeU  quulrp 

iou;;s,  ^§pps  /risseany  b.QFreu^-,  et 

repîjssjpn  ,§ans,  sue-M-  .peut  #ÇP 

rpn^çirqqer  ep ^ce^te,  fléqyeuPliiP.ldW 
sjgpe^Je.pouFjitpre,,  m^}ç,  tçFt  oAr 
scurèment  :  ny  le  pouls  mesjae  u’est 
si  teger,  frequent  et.ipegal  qu’és  au¬ 
tres, fiépf  es  :  uy  l’ vrqîe  n’^t ^4 jrouge 
ny  enflammée,  bien  qu’elle  se  monstre 
plus. espais^e,  <  : 

,  La  pause  d’icelle  est  t  ubunAanee  du 
suc  naelancholi,que  en  la  qip^e^.du 
s^pg,  laquelle  prpuiepi  de  l’infirtotté 
de  la  ratte,  qui  pe,  fait  pas  deueiPenit 
spn  deupir  d’attb'Çr  .suffisamment . 1a- 
dlt  suç  melanchplique,  deuant  que  le 
sang  passe  dansla  y, eipApaue.  , 
jTI  taut  Içy  saigner.cojmme  és  UutFqs 
tipur  es,. après  anpif  dpnné  vn  clystere 
aupaFapant.  Eppr  la,quelte  pbose  ar¬ 
tificiellement  executer,  il  faut  choisir 

AQe  jliapitjre  rst,  en,  mn4.e partie  copié 
du  chapitre  13  du  livre  primitif, 


et  Quurir  la  veipe.  du  bras  gauche,  qui 
a  plus  de  .UQmmvuiipîition  aupc  la 
ratte, à  ücntpur  de,  laquelle. la  plus- 
part  dp  la  maliepe  de,  çpste  fièip'C  est 
sppuent  arnassèp.  Qpoy  lait.lrQis.ou 
quatre ,  ipurSj  apr.çSv  sp  hasler 
d’auantage  (d’aulapt  ppe  ppste  ddurn 
est  longisq,  ,et  bon  sLa|guë  que  les  au¬ 
tres  cpnünues)  il  taudr.dtiobneF  quel¬ 
que,,  doux  médicament  et  .lenUif  , 
çprnmg  de  casse  ,pt-  db  ..patlî,oUc,9n , 
auec  deçpctipn.  de  pjer.çuriale,  0U,,d,9 
laict  çlairg,  ou  de  pass.ules ,  polyptode 

et  sepè.  .Que  si.  t’jardè.Wniest  grande, 
après  .aupjir,,ebeo,r,..saigbd  yue  Iqîs» 

nous  yserpns  des  sirops  dç  fpmb.terrQ, 
de  «ci?4^f4te.cî<r/'^ja.o^niOfbfiU?:y  o,fi- 
iopstpro.us  des  eaux., de  P»?reille  fçp- 
9diRv.ç.9b}bîede.yiPi^??^  .fie.  Pdurpié, 
.dp  pourges ,  de  bqgJos^e ,  JiourracJtrej 
et  en  ceux  qui  ont  vn  tempérament 
bilieux,  de  .çichqrée.et  d’.ebdiue  *• 
il.Tabl  bpter  q.dd  fî.c- 
ure,  cpmjrpe  .plie  est  rare,  aussi,  est- 
eltedres-dangereuse  ay  contraire  pe 
t^.Æ^brie  intermittente  :  si  bien  que 

Eeu  eo  ,.reçhappebl.v  prificipaî®' 

ment, les yjeiljes  geps-  Ç’pst  pqurqu.oy 
il  faut  .par  tpus,  mpyeps  regarder  à 
cûîretepir  les  tpjrçes  dp.  maladej  ce 
flWi  |e  fpr.a  ep  pprpjettapt  l’vsage  du 
Mb  yi.b  ténu  et  .odçrJfprapt,  .pqpipie 
yib  dAUialuQlsle,  ysant  ,de  restabrbbS 

ci.çppfiit.s,  qui  se.fppt,df;.,con.s,er.ue,dP 

bbglpÂ^e . ,  de  ,b,9urr.a,c.he ,  dp’  yiolès , 
de  capillaires,  de  cichorée,  auec  pou- 

'  Après.  , ce  paragraphe  ,  l’é|i|lion  de  1575 
en  contenait  un  autre  que  voici  : 

«  (^ue  si  ceste  , fleure  es,t  e,ngçndrée ,  qon 
de  melancholie  simple,  mais  adusle  et  brus- 
Ice,  le  syrop  d’endlue  simple  et  composé)  le 
sj'fop  composé  de  fumeterre,  d’epitliymo y 
sera  propre  j  toutc.sfois  il  ne  faut  point  vser 
de.  .syrops  compesfiz  prcraiomueal  la 
ni.alier.e  ne  soit  aucunement  cuilto  etpre- 
1  parce.  » 


DES  FIÈVRES. 


iSg 


façon  de  viure  soit  bien  exquisit^ 
et  téjiue  qu’és  intermittentes,  ej;  prin¬ 
cipal, ement  si  au ec  ce  qu’elles  sont 


dres  de  diamargaritum  frigidum,,j^t 
dp  gemmis.  Qp  peut  aussi  donner  des 
potions  cordiales,  qui  se  feront  de  ; 
confection  d’alkermes,  aueç  eau  de 
violes,  dp  bourrache,  sirop  de  vio¬ 
le^,  ou  bien  sirop  de  nenupliar  et  dp 
pauot,  si  le  malade  ne  peut  dormir,  ^ 
Les  confitures  de  cerises,  de  pescbes,  : 
pt  autres  fruits  ç[ue  nous  aupns  gç- 
cpustumé  (le  confire  pn  esté,  sorit  fqj-f 
propres  ^  telle  maladie.  Au  reste  sur 
l’estât  et  déclinaison  ^e  ce  mal,  plu¬ 
sieurs  louent  l’vsage  |^és  cbose§  fiçrps, 
conirne  nroustarde,  poiure  et  yian^es 
s,qilées,  d’autapt  que  Je§ei  ipcisp.Pjt  at¬ 
ténué  les  excrpipens,  qu’il  .deseiçbe, 
ramasse  et  fortifie  les  facultés  :  ce  que 
toutesfois  ie  n’approuue  pas  beau¬ 
coup  1. 

Geste  fléure  fort  heureusement, 
peut  terminer  par  yoniissenient  d’hu¬ 
meurs  noires,  non  en  toutes  person¬ 
nes,  mais  eU  ceux  ausquels  le  vais¬ 
seau  appellé  vas  ireup  ,(,^ui  va  de  la 
cauité  de  la  ratte  à  rorifiçp,dè  l’esto- 
mach,  pour  en  repur^ea^nt  Ig  ratte  ex¬ 
citer  rappelii:,  et  robbrer  fe  ventri¬ 
cule  par  le  moyen  de  raçidilé.du  Suç 
in^lancboiique)  est  fort  grpnd  et  apa- 
ple'  Auirement  la  i^îte  se .  purfe 
mieux  par  embas  ,  la  mnijére  estant 
pprtée  (le  la  vefoe  splpnique  au  tronc 
de  la  yeine  porte,  et  dç  iù  incontinent 
en  la  veine  mesenteyi(iue*  Elle  se 
piarge  aussi  par  fes  yeines  hernorrhoï- 
des,  qui  paissent  de  la  veine  spléni¬ 
que,  et  aussi  par  les  reins  et  vrinès 
par  le  moyeu  de  l’artere  mésenté¬ 
rique.  .  . 

J’ay  oublié  vn  point  qu’il  faut  tou- 
tesfoïs  bien  noter  pour  la  curation 
generale  de  toutes  les  fièures  contL 
nues  :  c’est  qu’en  icelles,  il  faut  (jue  la 

‘  Ces  mots  :  ce  que  louLcsfois.ie  u’approuue 
pas  i/mwoup  >  sont  une  addition  du  traité 
posthume. 


centinues  ,  elles  sonjt  aiguë^,  c’est  à 
dire  qu’elles ,  doiuent  auoir  leur  e^,tat 
et  crise  au  septième  iour  ' 

Id  que  sur  le  point  de  l’estât  et  de  la 
Crisçj  il  ne  faut  que  très  peu  pp  point 
nourrir  le  mala,de,  de  peur,  dejÇUUri 
quer  la  Natnre  dp.suu  niOuu.ejnen,t  et 
exçfetion  d,es  hupieurç  inorbifiques,^ 
punr.  roepuper  et  l’empescher  en  la 
CUisspn  4es  ,yiandeç.  Siqne  peu.  à  peu 
du.fipmjriçiencenîent  iusques  à  l’esjtaj , 
npus  diminuions  tousiours  i’çrdinaire 
,  dç  la  nourriture  ;  et  au  contraire  l’es¬ 
tât  passé  ,  nous  l’augmentions  tou- 
sipurs  peu  à  peu  comfoe  UPUSl’dUfo.h,^ 

auparapaut  diniinué.  Souüienne-tpy 
aussi  de  ne  donner  eau  froide  aux  4é- 
ures  continues ,  si  la  fiéure  nfost  fpr| 
ardente,  et  si  les  signes  ,(le  cpncoc,tion 
n’ont  précédé ,  çt  si  ley  parties  ne 
spnt  .exeniptes jie  phiegmpn  pu ,  in- 
flammaüon  :. autrement  tu  permet.tras 
au  malade  d’en  prendre  tant  qu’il  en 
pourra  porter.  Voila  ce  que  i’auois 
oublié  pour  le  general  des  fiéures  con¬ 
tinues  G 

lereuieus  à  la  (juartp  continue ,  et 
dis  qu’outre  celle  que  nous  venons 
d’expliquer ,  il  y  pn  a,  vne,  autre  qui 
se  fait  de  ratrebile^  laquelle  est  tres- 
perilleusé  et  très- dangereuse ,  estant 

1  Le  chapitre  de  1575  se  terminait  avec 
ce  paragraphe  ;  seulement  .on  ç’y  .trouvait 
pas  ces  derniers  mp.ts  :  rpi/a  ce  que^i’,ay.p^ 
oublié,  etc. ,  et  en  leur  place  on  lisait  cette 
phrase  :  ,  .  , 

«  Telle  est  la  curation  des  fléu.res  çontlr 
nuës  en  geperal  et  en  particulier ,  i’eptens 
de  celles  qui  ne  sont  accompagnées  dÇ  fa?r 
cheux  i  pçstilens  et  pernicieux  symptom,^ 
car' des  fieures  pestilentcs  et  de  leur  cura¬ 
tion,  nous  en  auons  amplement  traltté  en 

iiostre  iiure  de  la  Peste.  » 


Lt  VINGTIEME  LiVftE  , 


i6o 

presque  impossible  qu’vue  humeur  si 
chaude  et  maligne  puisse  s’amasser 
au  corps  sans  l’inflammation  de  la 
ratte  ou  de  quelque  autre  partie.  A 
ceste  fiéure  icy,  il  faut  saigner  hardi¬ 
ment  des  bras  et  des  pieds,  pour  em- 
pescher  qu’il  ne  se  face  quelque 
phlegmon  :  faut  fuir  la  purgation  au 
commencement  comme  vn  poison, 
mais  la  faudra  remettre  au  temps  que 
la  matière  sera  cuite  et  préparée. 
Qu’on  se  donne  garde  d’ vser  de  reme- 
des  chauds,  mais  de  toutes  choses 
réfrigérantes  et  humectantes.  Le  laict 
clair,  les  epithemes  et  fomentations, 
les  bains  et  demy  bains  d’eau  tiede 
sont  excellens.  Bref,  on  traite  les 
malades  de  ce  mal  comme  ceux  qui 
sont  affligés  d’vne  maladie  grande¬ 
ment  chaude ,  et  qui  est  produite  par 
deshumeurs  grandement  acres  etvio- 
lens. 

Et  cecy  suffise  pour  la  curation 
des  fiéures  melancholiques,  ensemble 
de  toutes  les  fiéures  humoralles  sim¬ 
ples  ,  tant  intermittentes  que  conti¬ 
nues. 


CHAPITRE  XXXII. 

DES  FIÈVRES  HVMORALLES  COMPOSÉES, 

ET  PREMIEREMENT  DE  l’hEMITRITÉE. 

Nous  auons  cy  deuant  diuisé  les 
fiéures  humoralles  en  simples  et  com¬ 
posées  :  pour  les  simples,  elles  ont 
esté  expliquées  assez  copieusement 
et  prolixement  :  il  reste  donc  à  parler 
des  composées. 

Or  par  les  composées  ie  n’entens 
pas  seulement  celles  qui  sont  compo¬ 
sées,  mais  aussi  les  confuses.  l’appelle 
composées,  celles  qui  concourent  tel¬ 
lement  ensemble,  et  sont  en  sorte  as¬ 


semblées  1  que  la  nature  de  chaque 
fiéure,  les  signes  et  les  symptômes 
peuuent  estre  aisément  distingués  et 
reconneus.  Mais  les  confuses  sont  tel¬ 
lement  meslées  ensemble ,  qu’elles 
commencent  à  mesme  temps,  finis¬ 
sent  à  mesme  temps,  et  ont  leurs  si¬ 
gnes  si  confus  qu’on  ne  les  peut  pres¬ 
que  reconnoislre.  Or  la  complication 
(car  il  faut  parler  de  celle-là,  deuant 
que  parler  de  la  confusion)  se  fait  en 
diuerses  façons  ;  premièrement  lors 
qu’vne  fiéure  putride  se  mesle  auec 
vne  fiéure  non  putride,  comme  quand 
l’ephemere  se  mesle  auec  la  synoque 
pourrie,  ou  vne  fiéure  pourrie  auec 
l’heclique  :  secondement,  lors  qu’vne 
fiéure  pourrie  se  mesle  auec  vne  au¬ 
tre  pourrie,  et  ce  auec  des  fiéures 
qui  soient  de  mesme  espece  ,  ou  qui 
soient  de  diuerses  especes.  Quand  vne 
fiéure  tierce  intermittente  se  mesle 
auec  vne  autre  tierce  intermittente, 
ou  une  quarte  intermittente,  auec 
vne  autre  quarte  aussi  intermittente, 
pour  lors  il  se  fait  complication  de  deux 
fiéures  de  mesme  genre  et  espece.  Mais 
quand  vne  tierce  vient  à  se  ioindre  et  à 
se  mesler  auec  vne  quotidiane  ou  auec 
vne  quarte,  alors  il  se  fait  vne  compo¬ 
sition  de  fiéures  de  diuerses  especes  : 
d’autant  que  la  tierce  estant  faite  de 
bile,  est  d’vne  autre  espece  que  n’est 
pas  la  quotidiane  qui  se  fait  de  pituite, 
ou  la  quarte  qui  se  fait  de  l’humeur 
melancholique.  Qui  voudroit  icy  re¬ 
chercher  exactement  toutes  les  com¬ 
plications  des  fiéures  qui  se  peuuent 
former  et  figurer  par  l’entendement, 
et  qui  voudroit  s’estendre  sur  cha¬ 
que  complication,  auroit  vn  grand 
chemin  à  faire,  et  trouueroit  assez  do 
matière  pour  faire  vn  grand  discours  : 
mais  pour  moy  i’ay  délibéré  de  me  re¬ 
trancher  et  de  demeurer  dans  les 
termes  des  fiéures  compliquées  qui 


des  FlivRES. 


se  rencontrent  plus  ordinairement,  et 
qui  sont  delà  praliquede  la  Medecine, 
entre  lesquelles  le  n’en  trouue  point 
de  plus  grande  importance  et  déplus 
difficile  à  traiter  que  celle  que  l’on 
nomme  hemitritée.  C’est  pourquoy 
nous  parlerons  d’elle  en  ce  chapitre 
icy ,  et  reseruerons  les  autres  au  sui- 
uant. 

Ce  que  les  Grecs  appellent  hemilri- 
ieum,\Qs>  Latins  l’appellent  semitertia- 
nam,  par  vne  forme  de  parler  fort 
impropre,  veu  que  ces  mots  là  signi¬ 
fient  vne  fiéure  qui  retient  la  na¬ 
ture  d’vne  demie  tierce  seulement  :  et 
toutesfois  c’est  vne  fiéure  qui  a  la  na¬ 
ture  et  les  accidens  beaucoup  pires 
qu’vne  fiéure  lierce,  et  dé  la  moitié 
plus  dangereux.  Aussi  n’est-ce  pas  ce 
que  les  aut  heurs  grecs  et  latins  ont 
voulu  entendre  par  ces  appellations, 
mais  ils  nous  ont  voulu  donner  à  con- 
noistre  que  ceste  tierce  tient  en  partie 
de  la  nature  de  la  fiéure  tierce ,  et  en 
partie  de  la  quotidiane ,  d’autant 
qu’elle  est  composée  de  ces  deux  fié- 
ures  là.  Ils  ont  dit  semitertianam  ^ 
comme  qui  diroit  qu’vn  mulet  est  se- 
miasinus^  et  le  minolaure  $emiuir , 
à  cause  que  le  mulet  est- en  partie 
engendré  d’vne  asnesse ,  et  en  partie 
d’vn  cheval ,  et  que  le  minotaure  est 
partie  homme ,  partie  taureau ,  pour 
auoir  esté  engendré  d’vne  femme  et 
d’vn  taureau.  Pour  autant  donc  que 
la  demie  tierce  est  composée  d’vne 
fiéure  tierce  et  d’vne  quotidiane , 
elle  a  obtenu  sa  dénomination  des 
Grecs  et  des  Latins ,  et  nous  n’auons 
point  en  françois  de  plus  propre  nom 
pour  l’appeller. 

Or  nous  la  pouuons  de^nir  fiéure 
continue  qui  a  des  exacerbations  de 
tierce  et  de  quotidiane  tous  les  iours, 
engendrée  partie  de  la  bile,  partie  de  la 
piluile  qui  se  pourrit  en  diuers  foyers. 

III. 


i6i 

le  dis  qu’elle  est  continue:  car  l’accès 
de  la  fiéure  tierce  suruenant  deuant 
que  l’accès  de  la  quotidiane  soit  passé, 
ou  bien  l’accès  de  la  quotidiane  sur¬ 
prenant  deuant  que  celuy  de  la  tierce 
soit  tout  à  fait  esteint,  le  malade  ne 
se  trouue  iamais  sans  accès  :  c’est  pour¬ 
quoy  ceste  fiéure  est  continue.  Quel¬ 
ques  vns  demandent  icy  si  elle  se  fait 
continue,  à  cause  que  l’humeur  pour¬ 
rie  est  contenue  dans  les  grands  vais¬ 
seaux,  ce  qui  est  cause  des  fiéures 
continues,  ou  à  cause  de  sa  compli¬ 
cation.  A  quoy  ie  respons  ,  que  c’est 
quelquesfois  à  cause  de  i’vnet  de  l’au¬ 
tre.  Car  bien  souuent  il  y  a  telempy- 
reume,  chaleur,  et  disposition  inflam¬ 
matoire  aux  parties  nobles ,  que  pour 
ce  suiet  la  fiéure  s’en  rend  continue  : 
autresfois  c’est  seulement  à  cause 
de  sa  complicalion ,  ses  deux  foyers 
estans  hors  des  grands  vaisseaux  dans 
les  petites  veines  du  mesentere.  Or 
quoy  que  c’en  soit,  elle  a  des  exacer¬ 
bations  et  desredoublemens  de  tierce 
et  de  quotidiane  ,  à  cause  que  la  ma¬ 
tière  de  sa  génération  est  partie  la 
bile,  partie  la  pituite.  Quand  ie  dis  la 
bile ,  ie  n’entens  pas  la  naturelle  et 
celle  quifaitlafiéure  tierce  et  légitimé, 
mais  i’entens  celle  qui  est  contre 
nature ,  et  qui  fait  la  tierce  bastarde  : 
autrement  ceste  fiéure  ne  serait  pas 
longue  comme  elle  est ,  et  ses  accès 
ne  seroient  pas  de  si  longue  durée. 
Au  reste,  il  est  necessaire  qu’il  se 
trouue  en  ceste  fiéure  diuers  foyers 
et  sieges  de  sa  génération.  Car  s’il  n’y 
auoit  qu’vn  foyer ,  il  faudroit  de  né¬ 
cessité  que  labile  et  la  pituite  fussent 
meslées  ensemble  :  ce  qu’estant  il  n’y 
auroit  qu’vne  sorte  de  fiéure.  Car  ou 
la  bile  predomineroit,  et  lors  ce  seroit 
vne  fiéure  tierce  :  ou  la  pituite  seroit 
en  plus  grande  abondance,  et  pour 
lors  il  se  produiroit  vne  fiéure  quoti- 


102  LE  VINGTIÈME  LIVRE 


diane.  Mais  d’autant  que  la  bile  se 
pourrit  en  vu  lieu  ,  par  exemple ,  à 
l’entqur  du  foye ,  et  que  la  pituite  §e 
pourrit  en  vu  autre ,  comme  qui  di- 
roit  à  l’enlQur  de  l’estomach,  de  là  U 
arriue  qu’il  y  a  deux  sortes  et  especes 
de  fiéures,  qui  ont  séparément  et  dis¬ 
tinctement  leurs  accès  et  redouble- 
mens ,  leurs  accidens  et  symptômes, 
leur  déclin  et  leur  remission ,  leurs 
effets  et  leurs  propriétés  :  dont  l’vne 
est  tierce,  à  cause  de  la  bile,  et  l’autre 
quotidiane,  à  cause  de  la  pituite.  Mais 
iè  veux  bien  que  l’on  se  resouuienne 
que  le  plus  soùuent  la  fiéure  tierce  est 
intermittente ,  et  que  la  quotidiane 
est  continue,  de  sorte  qu’il  faut  ad¬ 
mettre  que  le  foyer  de  la  tierce  est 
hors  des  grands  vaisseaux  ,  et  celuy 
de  la  quotidiane  est  dans  iceux.  Tou- 
tesfois  tout  cecy  s’entendra  mieux 
après  que  nous  aurons  apporté  toutes 
les  différences  et  especes  de  la  demie 
tierce. 

Galien  au  chap.  4  du  liure  de  Ty- 
pis,  met  deux  sortes  de  demie  tierce, 
l’vne  continue ,  et  l’autre  intermit¬ 
tente  :  pour  i’interraittente,  il  en  fait 
de  trois  façons,  l’vne  qu’il  appelle  pe¬ 
tite  ,  qui  a  les  accès  de  vingt-quatre 
heures,  l’autre  médiocre,  qui  dure 
enuiron  de  trente-six  heures,  et  la 
troisième  grande,  quia  grande  affinité 
auec  la  continue,  qui  a  ses  accès d’en- 
uiron  de  quarante-huit  heures.  Mais 
à  vray  dire  ie  ne  sçay  comme  il  se  peut 
faire  qu’vne  fiéure  qui  a  48  heures 
d’accès,  peut  estre  intermittente  : 
c’est  pourquoy  il  faut  dire  que  Galien 
appèl'le  improprement  telles  hemitri- 
téès intermittentes,  et  que  telles  inter¬ 
mittentes  sont  ainsi  nommées  à  cause 
qu’elles  prennent  presque  à  la  façon 
des  hemitritées.  Les  Arabes  qui  ont 
calculé  plus  par  le  inenu  toutes  les, 
différences  des  fliéures ,  font  trois  sor¬ 


tes  et  especes  de  demi-tierces  :  l’vne 
moindre,  Pautre  moyenne ,  et  la  troi¬ 
sième  grande  et  excessiue.  Pour  la 
première,  ils  veulent  qu’elle  se  fasse 
d-vne  quotidiane  continue  et  d’vne 
tierce  intermittente,  à  cause  de  la 
pituite  qui  se  pourrit  dans  les  grands 
vaisseaux,  et  de  la  bile  qui  sé  pour¬ 
rit  hors  d’iceux  dans  les  petits,  si  bien 
que  son  accès  et  redoublement  est  de 
dix-huit  heures,  et  sa  fausse  inter¬ 
mission  ,  ou  pour  mieux  dire  sa  rémis¬ 
sion,  de  six  heures.  La  seconde  se  pro¬ 
duit  et  se  compose  d’vne  tierce  conti¬ 
nue  et  d’vne  quotidiane  intermit¬ 
tente  ,  à  cause  de  la  bile  qui  prend  et 
reçoit  pourriture  dans  les  grands  vais¬ 
seaux  ,  et  de  la  pituite  qui  ne  se  pour¬ 
rit  que  dans  les  petits  :  au  reste  son 
redoublement  est  de  trente-six  heu¬ 
res,  et  son  repos  ou  remission  mani¬ 
feste  de  douze.  La  derniere  est  com¬ 
posée,  ou  d’vne  quarte  continue  auec 
vne  tierce  intermittente,  ou  d'vue 
quarte  intermittente  auec  vne  tierce 
continue  :  et  ce  à  cause ,  ou  bien  que 
l’atrebile  se  pourrit  dans  les  grands 
vaisseaux ,  et  la  bile  dans  les  petits , 
ou  bien  au  contraire  à  cause  que 
Patrebile  se  pourrit  dans  les  petits,  et 
ia  bile  dans  les  grands ,  d’où  il  arriue 
que  les  redoublemens  sont  de  plus  de 
60  heures,  et  sa  remission  de  10  ou 
12.  Or  de  toutes  ces  différences ,  il 
n’y  a  qiie  la  première  qui  soit  pro¬ 
prement  appellée  demie  tierce  :  les  au¬ 
tres  le  sont  improprement,  à  cause, 
comme  dit  Galien ,  qu’elles  ont  leurs 
redoublemens  à  la  façon  et  à  la  ma¬ 
niéré  des  hemitritées. 

Quant  aux  signes  de  ceste  fiéure,  il 
est  assez  aisé  à  les  connoistre,  veu 
qu’elle  a  ceux  qui  apparoissent  et  en 
la  quotidiane  continue,  et  en  la  tierce 
intermittente ,  desquelles  elle  est  com¬ 
posée.  De  fait  que  nous  oJbseruons 


DES  FIÈVRES. 


que  l’humeur  pituiteuse,  ayant  ses 
aepés  tous  les  Jours ,  et  la  bile  de  deux 
ioups  l’vn ,  il  arriue  qu’en  oeste  fiéure 
à  certain  leur ,  il  n’y  a  qu’vn  aeeés 
causé  de  la  pituite ,  mais  au  iaur  sui- 
uant  il  y  a  deux  redoublemens ,  l’vn 
fait  par  la  pituite ,  et  l’autre  par  la 
bile.  Par  exemple  qu’auiourd’huy 
vera  les  quatre  heures  d’après  midy , 
quelqu’un  tombe  en  fleuré ,  auee  vn 
grand  refroidissement  de  tout  le  corps 
meslé  de  ie  neseay  quellehorreur  qui 
face  connoistre  que  c’est  vn  accès 
d’vne  fleure  pituiteuse,  lequel  doit 
durer  en  sa  violence  iusques  à  dix 
heures  du  matin  du  iour  suiuant , 
qu’il  oommeneera  à  entrer  eu  son  de- 
clin  5  qu’à  mesme  heure  du  lendemain 
dix  heures,  il  suruienne  vn  frisson 
vehement  aueo  Ycmissemens,  qui  se 
face  sentir  comme  auant- coureur 
d’yn  accès  de  tierce  qui  doiue  durer 
15  ou  16.  heures  :  sansdoute  le  mesme 
iour  vers  lesquatre  heures  l’accès  de  la 
quolidiane  reuiendra  ,  et  par  ainsi  ce 
iour  là  le  malade  aura  deux  redou- 
bjeinens  ;  Pvn  de  tierce  sur  le  matin, 
Fautre  de  quotidiane  sur  le  soir  : 
mais  aussi  le  iour  suiuant  il  n’aura 
sur  le  soir  que  l’accès  de  la  quolidia- 
ne,  à  cause  que  la  tierce  donne  trefue 
d’vn  iour,  et  que  son  aeeés  ne  doit 
rouenir  que  le  4.  iour  de  la  maladie 
de  ce  malade,  auquel  sur  le  matin  il 
aur-a  ledit  accès  de  tierce ,  et  sur  le 
soir  celuy  de  quotidiane ,  le  propre 
de  laquelle  est  de  reuenir  tous  les 
iours.  Et  voila  l’ordre  que  tient  ceste 
fiéure  hemilritée  ,  si  ce  n’est  que  les 
aeoèspeuuent  anticiper  ou  retarderde 
quelques  heures,  comme  nous  auons 
dit  que  font  les  accès  des  flèures  in¬ 
termittentes  :  voire  mesme  que  les 
redoublemens  de  ces  deux  flèures 
peuuent  tellement  l’vii  anticiper  et 
Fautre  retarder,  qu’ils  se  rencontrent 


t63 

en  mesme  temps  et  en  mesme  heure , 
oe  qu’arriuant ,  à  cause  de  ceste  con¬ 
fusion  il  est  difficile  de  les  bien  dis¬ 
tinguer  Fvne  d’auec  Fautre,  ce  que  tu 
peux  voir  ingénieusement  expliqué 
dans  Galien  au  liu.  2,  des  Différences 
des  ftéures ,  chap.  7. 

Au  demeurant,  tu  remarqueras 
qu’Hippocrates  et  Galien  ont  appellé 
oeste  fiéure  horrifique,  à  cause  des 
rigueurs  et  horreurs  qu'elle  apporte 
en  ses  redoublemens ,  ce  qui  aduient 
d’autant  qu’elle  n’est  pas  composée 
de  deux  flèures  continues:  car  si 
elle  en  estoit  composée,  elle  n’auroit 
pas  de  si  sensibles  exacerbations  :  elle 
n’est  pas  aussi  meslée  de  deux  inter¬ 
mittentes,  veu  que  si  cela  estoit,  elle 
ne  seroit  pas  continue,  mais  auroit 
nécessairement  quelque  sensible  et 
manifeste  intermission.  Le  iour  que 
la  seule  quotidiane  apparoist ,  il  ne 
suruient  en  ceste  fiéure  aucune  hor¬ 
reur,  mais  seulement  au  iour  que  la 
tierce  et  quotidiane  viennent  :  auquel 
iour  le  malade  est  grandement  tra- 
uaillé,  tant  à  cause  de  ce  double  ac¬ 
cès,  que  de  ce  que  la  nature  est  desia 
lassée  et  fatiguée  de  l’accès  prece¬ 
dent. 

le  n’oublieray  pas  à  remarquer  que 
la  demie  tierce,  proprement  appellée, 
est  double ,  Fvne  vraye  et  légitimé , 
Fautre  illégitime  et  bastarde^  En  la 
légitimé  il  y  a  égalé  portion  des  hu¬ 
meurs  qui  se  pourrissent,  à  sçauoir, 
bilieuse  et  pituiteuse.  En  la  bastarde, 
la  portion  de  ces  deux  hurneurs  est 
inégalé ,  car  ou  la  bile  est  en  plus 
grande  quantité ,  ce  qui  fait  que  les 
accidens  et  signes  de  la  tierce  sont 
plus  apparens  et  sensibles  :  ou  bien 
elle  est  la  moindre  et  en  plus  petite 
dose,  et  pour  lors  la  fiéure  quotidiane 
se  fait  bien  mieux  remarquer  que  ne 
fait  pas  la  tierce. 


LE  VINGTIÈME  LIVRE 


i64 

Par  ce  discours  nous  apprenons  que 
la  cause  materielle  de  cesle  fiéure  est 
en  partie  la  pituite  qui  se  pourrit  dans 
les  grands  vaisseaux,  et  en  partie  la 
bile  qui  se  pourrit  dans  les  petits  ; 
l’vne  et  l’autre  humeur ,  au  reste,  à 
cause  qu’elles  ont  des  qualités  con¬ 
traires  ,  s’amassent  dans  le  corps  par 
des  causes  contraires;  la  bile, par  ce 
qui  est  chaud  et  sec,  et  la  pituite,  par 
ce  qui  est  froid  et  humide.  Partant 
cesteûéure  arriue  principalement  du¬ 
rant  l’automne,  et  aux  hommes  qui 
viuent  en  oisiueté,  et  qui  vsent  d’ali- 
mens  pituiteux,  comme  aussi  à  ceux 
qui  sont  d’vn  tempérament  froid  et 
humide,  et  qui  vsent  de  nourriture 
grandement  chaude  et  seiche.  Elle 
arriue  ordinairement  aux  régions  qui  ' 
sont  chaudes  et  humides,  et  dit-on 
qu’elle  est  fort  commune  et  ordinaire 
à  Rome  et  en  la  coste  d’Afrique. 

Elle  s’accompagne  tousiours  de 
tres-mauuais  et  sinistres  accidens,  car 
outre  ces  mouuemens  horrifiques  et 
inégaux ,  elle  apporte  de  grandes  in 
commodités  à  l’estomach  et  aux  par¬ 
ties  nerueuses  ;  souuent  elle  iette  les 
malades  dans  de  profonds  assoupisse- 
mens ,  qui  sont  comme  léthargiques  : 
vne  autre  fois  elle  donne  des  veilles 
importunes ,  des  resueries ,  des  nau¬ 
sées,  des  vofnissemens ,  des  foiblesses 
de  cœur,  vne  langue  seiche  et  aride, 
vne  soif  desmesurée. 

L’on  reconnoist  ceste  fiéure  d’auec 
les  autres,  en  ce  qu’elle  est  continue, 
pleine  d’horreurs,  de  diuersredouble- 
mens,  et  de  tres-violens  symptômes  : 
vn  iour  elle  est  sans  horreur,  auec  le 
seul  refroidissement  des  extrémités, 
l’autre  iour  elle  est  auec  horreur  et 
autres  mauuais  acccidens,  si  bien 
qu’elle  a  vn  iour  meilleur  l’vn  que 
l’autre.  Quand  il  arriue  des  sueurs  en 
ceste  liéure,  d’ordinaire  elles  n’ap¬ 


portent  rien  de  bon ,  soit  à  cause  que 
les  forces  sont  débilitées  et  abbatues, 
soit  à  cause  de  la  quantité  d’humeurs 
crues  qui  se  rencontrent  au  fébrici¬ 
tant.  Les  vrines  sont  crues ,  ténues , 
vne  fois  sans  couleur,  vne  autre  fois 
fort  troubles ,  et  tousiours  sans  sédi¬ 
ment,  ou  auec  vn  sédiment  mauuais  : 
le  pouls  est  frequent  et  inégal  :  bref 
elle  n’est  point  sans  donner  ou  de  la 
douleur ,  ou  vne  pesanteur  de  teste , 
ou  vn  assoupissement ,  ou  autres  ac¬ 
cidens  dangereux. 

Hippocrates  met  ceste  fiéure  entre 
les  maladies  aiguës  et  longues  ;  entre 
les  longues ,  â  cause  ou  qu’elle  ap¬ 
porte  bien  tost  la  mort ,  ou  que  la 
tierce  dont  elle  est  composée  se  finit 
bien  tost,  si  bien  qu’il  ne  demeure 
plus  que  la  fiéure  continue  quoti- 
diane,  qui  dure  encore  quelque 
temps  :  après  il  la  met  pareillement 
entre  les  maladies  longues  et  chroni¬ 
ques,  d’autant  qu’elle  dure  iusques  à 
vn  mois,  voiremesme  iusques  à  deux 
et  à  trois;  si  elle  passe  outre,  elle  ap¬ 
porte  d’ordinaire  la  fiéure  hectique , 
qui  est  sans  remede  et  sans  espoir  de 
salut.  Il  est  vray  que  pour  l’ordinaire 
elle  est  plus  longue  que  la  tierce ,  et 
plus  courte  que  la  quotidiane,  de 
laquelle  toutesfois  elle  approche  fort 
lors  qu’elle  est  produite  par  vne 
grande  quantité  de  pituite  ;  car  selon 
qu’elle  a  plus  ou  moins  de  ceste  hu¬ 
meur,  aussi  elle  est  plus  ou  moins 
longue. 

Tu  obserueras  que  quand  il  y  a 
égalé  portion  en  ceste  fiéure  de  bile 
et  de  pituite,  elle  saisit  auec  peu 
d’horreur,  qui  semble  estre  moyenne 
entre  la  rigueur  et  le  refroidissement  ; 
mais  lors  qu’il  y  a  plus  de  bile  que 
de  pituite  ,  alors  l’horreur  est  vio¬ 
lente  ,  non  sans  estre  mesléo  de  ri- 
I  gueur,  laquelle  est  incontinent  suiuie 


DES  FIEVRES. 


d’vue  chaleur  ardente,  de  soif,  de 
veilles,  de  vomissemcns  bilieux,  de 
cours  de  ventre,  et  autres  signes  qui 
accompagnent  les  fiéures  tierces.  Que 
si  la  pituite  est  en  plus  grande  quan¬ 
tité  que  la  bile  ,  l’horreur  est  douce, 
le  refroidissement  des  extrémités  sen¬ 
sible,  la  chaleur  tarde  à  venir,  les 
accès  sont  longs,  et  accompagnés  des 
signes  des  fiéures  quotidianes  ;  finale¬ 
ment,  quoy  que  c’en  soit,  c’est  vne 
fiéure  tres-perilleuse,  et  pour  la  plus 
part  du  temps  mortelle,  tant  à  cause 
de  la  violence  de  la  maladie  et  des 
symptômes  qui  abbattent  les  forces  du 
fébricitant ,  qu’à  cause  que  ces  fiéures 
cy  ne  sont  presque  iamais  exemptes 
de  quelque  inflammation  des  par¬ 
ties  nobles,  ou  à  tout  le  moins  de 
quelque  disposition  inflammatoire, 
comme  remarque  Galien  aux  Epidé¬ 
mies. 

La  cure  de  ceste  fiéure  semble  estre 
double ,  pour  estre  composée  de  celle 
quiconuient  à  la  quotidiane ,  et  de 
celle  qui  est  propre  à  la  tierce.  A 
celle-cy  l’vsage  des  medicamens  ra- 
fraichissans  et  humectans  est  plus 
profitable  que  des  atténuatifs,  inci¬ 
sifs  ,  et  apéritifs  :  tout  au  contraire 
à  l’autre  en  laquelle  il  faut  plustot 
atténuer,  inciser,  ouurir,  deterger  et 
euacuer  les  raauuaises  humeurs ,  que 
rafraîchir  et  humecter.  En  sorte  que 
selon  ceste  réglé,  lors  qu’il  y  a  autant 
de  bile  que  de  pituite,  il  faut  auoir 
esgard  esgalement  et  à  la  tierce ,  et 
à  la  quotidiane,  par  des  medicamens 
qui  ayent  la  force  et  la  vertu  de  re¬ 
médier  à  l’vne  et  à  l’autre  :  mais  si  la 
bile  surpasse ,  il  faut  auoir  plus  d’es- 
gard  à  la  tierce  qu’à  la  quotidiane  : 
au  contraire  s’il  y  a  plus  de  pituite 
que  de  bile,  il  faut  songer  plustost  à 
la  quotidiane  qu'à  la  tierce.  Partant 
pour  ce  qui  concerne  le  régime  de  vi- 


i65 

ure,  il  faut  qu’il  soit  réfrigérant’ 
humectant,  detersif,  atténuatif,  par 
alimens  de  bon  suc  et  de  bonne  nour¬ 
riture,  prenant  garde  que  le  iour  que 
la  seule  quotidiane  arriue,  on  peut 
nourrir  vn  peu  plus  libéralement, 
mais  plus  escharcement  le  iour  que 
la  tierce  et  la  quotidiane  suruiennent. 
Il  faut  aussi  bien  prendre  garde  que 
l’on  ne  donne  pas  la  nourriture  sur 
l’heure  de  l’accès,  pour  les  raisons  que 
nous  auons  dites  cy  deuant.  Il  n’est 
pas  à  propos  que  ces  alimens  soient 
solides ,  mais  liquides ,  à  fin  qu’ils  en 
soient  plus  aisément  cuits ,  digérés  et 
distribués.  Toutesfois  sur  le  déclin  de 
la  fiéure,  on  pourra  un  peu  se  licen- 
tier,  et  donner  quelque  chose  de  so¬ 
lide  au  fébricitant.  Il  ne  faut  point  icy 
parler  de  donner  de  vin ,  à  cause  qu’il 
aide  à  augmenter  la  ferueur  des  en¬ 
trailles  ,  et  donne  à  bon  escient  à  la 
teste,  qui  n’est  que  trop  chargée  d’ex- 
cremens  en  ceste  maladie.  On  fera 
donc  vser  au  malade  de  quelque  dé¬ 
coction  de  racines  pour  son  boire  or¬ 
dinaire,  en  y  meslant  le  syrop  aceteux 
simple ,  le  iulep  rosat ,  le  suc  de  li¬ 
mons,  syrop  d’escorce  de  citron,  de 
cerises  aigrettes ,  de  berberis,  et  au¬ 
tres. 

Quant  aux  medicamens,  les  clyste- 
res  sont  tres-vtiles,  qu’on  préparera 
auec  maulues,  mercuriale,  laictue, 
apparitoire,  espinars,  lleursde  chamo- 
mille ,  melilot ,  semence  de  fenoüil  et 
de  cumin,  et  dissoudra-on  dedans 
miel,  sucre  rouge,  lenitif,  catholi- 
cum,  et  choses  semblables  ;  selon  la 
chaleur  que  le  fébricitant  sentira  aux 
lombes  et  aux  reins,  on  pourra  faire 
plus  ou  moins  rafraichlssans  lesdits 
clysteres.  Ayant  ainsfpreparé  le  corps, 
il  faudra  venir  à  la  saignée,  laquelle 
quoy  qu’on  en  die,  ne  doit  point  estre 
icy  espargnée,  à  fin  d’empescher  l’in^ 


LE  vmGtiliMfe  LivhE, 


lôB 

flaHimailiioti  deé  pâHlës  hbbles  ët 
dimlntiW  Id  pbürfUüfè.  n’ësl:  pôÜlr- 
qtiby  elle  sera  faitë  plüsicüi's  fois 
dës  deux  bras  et  des  deüx  pieds ,  pdr 
reuiises  loüiesfois  et  irilerualles,  afin 
de  rt’abbatre  les  forces  du  ihdladfe  et 
esteihdre  là  chaleur  ttàtürelle.  ÜÜ- 
ratit  ces  iolerüaÜes  iâ,  il  faudra 
pürgéi-  lé  corps,  Càr  C’est  sàUs 
doute  quil  y  a  grdude  quaiitilé  d’ex- 
cretuetis  dahs  la  première  région  du 
corps,  qui  a  besoin  qii’on  les  chàsse 
par  purgatifs  benirts  et  soüueht  réité¬ 
rés.  iifàudrà  dohc,  tarttost  recourir  à 
là  sàiguëe  pour  esieindre  le  feu  et  la 
flâtumé  de  là  fiéure,tàniost  a  là  pur- 
gàtioii  pour  expulser  les  ciiàtbotis  qui 
etitrcîHenUétil  ce  feu.  Mais  qu’on  se 
souuieuhe  de  donner  les  purgatlfe  ès 
iours  ou  il  y  a  moins  d^accés ,  et  àUx 
autres  tours  on  doUnerâ  des  alteràtifê, 
comme  iulëps ,  apozêmes,et  potüs,  ' 
sans  oublier  les  fomentations ,  epitbfe- 
mes,  ohgUetis^  linimeiis,  bulles,  et 
cataplasmes. 

Il  y  en  a  qui  approüuent  les  vomi¬ 
tifs  en  cesle  fleure,  mais  fl  faut  y  ap¬ 
porter  vne  grande  précaution  ;  càr 
s’il  y  à  quelque  disposition  inflamma¬ 
toire  aux  entrailles ,  iis  ne  peuuént 

eslre  que  tres-pernicieux.  Que  s’il  tt’y 
a  aucun  sbupbott  d’inflammatioU ,  on 
eh  peut  bailler  quelque  bénin ,  prin¬ 
cipalement  a  ceüi  qui  vomissent ,  OU 
qui  ont  sans  ceSse  deS  ehuies  de  vo¬ 
mir  :  et  ce  le  ioUr  bü  lé  malade  est  tra- 
ualllé  de  l’accès  de  la  tierce.  Ët  cecy 
suffise  pour  ce  qni  ést  des  fléüres  be- 
mitrilées; 


ClTÀPItRE  XXXilT. 

DE  la  boVftt.fe  ET  TaifLE  TlEttcC,  Pov- 
CLK  OVOTiDtASfe,  bOvnlE  et  Triple 
pyAhTfè. 

jtolis  allons  expliquer  eii  ce  Cbàpi- 
trëleâlieUrës  composées  de  fletiresdU 
me'sme.nalürë  et  espece  ,  qiii  suiüent 
celles  ddi  Sdrit  composées  de  fléüres 
dë  diUerSésësb6cës,  telle  qll’esl  f  beniî- 

trifee.  ôr  en  la  cOmposiiion  de  ces  fle¬ 
ures  de  ffie'sihe  ëspëcë,'qüélqüesfoiS  il 
nh  S^y  en  renCbülrë  qüê  déüx ,  quol- 
qUeSiOiS  il  y  en  a  trois  :  parexëmple  ert 
là  double  tierc'ë  11  n’y  en  a  que  deux , 
ed  la  Irîpie  tierce  il  y  en  a  trbls  :  comme 
parelilèment  en  lâ  double  et  triplé 
quarte,  i^ous  auohs  donc  icy  a  expli¬ 
quer  trois  fléüres  doubles,  sçauoir  : 
la  'ébühlê  ïleHé  \  là  ÏÏoûïle  quôtidîàne , 
et  la  ‘dôûbîê  ‘4Mfle ,  ët  puis  aplés  deux 
fléurës  iriplës^  qui  sont  ia  îripleiîerce, 
et  lâ  triple  ’qüarîè.  Nous  appelions 
double  iîer'ce  vue  fléUrë  composée  de 
deüi  tierces,  qui  se  font  d’vnè  bile  qui 
se  pourrit  ën  dèüx  diuefS  lieux  hors 
dès  grands  vaissëàüx.  tbüfesfois  et 
quand  dOncques  qu’il  y  a  deux  foyers 
d‘e  bile  au  me'sërttére  qUi  prénnëhlfeü 
l’vh  après  f  autre ,  pOüf  lors  il  arriiié 
deux  fiêures,  iesquëtlès,  â  cause 

qü’ëllës  flrërtheht  dé  flëüx  ioürs  Pvii , 
on  appelle  double  tierce  •  par  exem¬ 
ple,  qlf  aiiiOUrd’buÿ  vii  tlëS  fOyérS  de 
là  bllë  éiCite  vhe  èélirë  sur  lëS  dix 
heures  du  malin,  iàqüëllë  ne  doiiië 
flfllr  que  sur  les  dix  fleures  du  soir,  si 
le  mesiné  iOur  l’àütrë  fdyer  s’aliUrtie 
sur  ië§  trois  ou  quatre  bëürës  du  soir, 
oü  bien  lé  lëndémaih  d  quëiqüè  fléürè 
qtie  cé  Soit ,  Satis  doute  bu  ObserUera 
vhé  dêüre  cOUiposëé  dé  deux  liërcés, 
là'qimllè  pbtil  Kbolr  detii  fêdotiblë- 


DES  FIEVRES. 


mens  en  vn  îonr,par  exemple;  si 
l’vne  prend  le  matin  à  dix  heures,  et 
l’autre  le  soir  à  quatre  heures:  pu 
bien  vii  seul  redoublement  tous  les 
iours ,  si  la  seconde  Oéure  par  exem¬ 
ple  ne  prend  pas  le  mesme  iour  que 
l’autre,  mais  seulement  îë  lendemain, 
li  est  vray  qii’il  y  a  quelques  au- 
theurs  qui  apporten  t  en  cecy  quelque 
distinction ,  et  disent  que  si  ces  deux 
fiéures  tierces  prennent  à  mesme  ioùr, 
on  ne  les  doit  pas  appeüer  double 
tierce ,  mais  deux  tierces  simplement, 
que  si  elles  prennent  à  diuers  iours, 
c’est  alors  que  l’on  les  doit  nommer 
double  tierce.  Combien  au  reste  que 
la  double  tierce  prenne  tous  les  iours, 
à  la  façon  de  la  quotidiane,  si  y  a  il 
bien  de  la  différence,  d’autant  qu’elle 
a  tous  les  signes  qui  accompagnent 
vne  fiéure  bilieuse  :  elle  vient  auec 
rigueur,  elle  se  termine  par  sueur, 
les  aecidens  qu’ellë  apporte  sont  sei- 
cheresse  et  amertume  de  bouche  * 
grande  alteration ,  veilles ,  vomisse- 
mens  de  matières  bilieuses  et  ameres, 
agitations,  inquiétudes,  et  les  autres 
que  nous  auons  spécifiés  en  la  fiéure 
tierce  intermittente.  le  ne  m’estens 
pas  d'auantage  à  rapporter  les  signes 
delà  double  tierce,  jeu  que  celuy 
qui  reconnoistra  là  simple  tierce  in¬ 
termittente,  connoistra  incoiitinent 
la  nature  de  ceste-cy.  le  diray  seule¬ 
ment  que  la  double  tierce  qui  afflige 
deux  fois  tous  les  iours  est  fort  rare, 
et  que  celle  qui  vient  tous  les  iours 
est  assez  l’requente  et  commune,  bien 
que  les  accès  n’arriuent  pas  tousiours, 
ny  à  mesme  temps,  ny  à  mesme  heure. 

Pour  la  double  quotidiane  elle  ar- 
riue  tres-rarement  ^  et  ne  l’ay  peu  en¬ 
core  iamais  obseruer  ;  elle  se  fait  au 
reste  de  la  pituite  qui  se  pourrit  en 
deux  diuers  foyers  s  qui  fait  qu’elle 
prend  deux  fols  en  vingt-quatre  heu- 


/ 

res.  Car  si  par  exemple  la  première 
fleure  s’allume  à  quatre  heures  du 
soir,  et  l’autre  à  quatre  heures  du 
matin,  on  a  deux  accès  en  yingt- 
quatreheures  :  et  si  il  arriue  ce  faisant 
que  le  malade  ne  se  trouùe  point  sans 
fiéure,  la  seconde  surprenant deuant 
que  la  première  quitté,  et  la  première 
reuenant  pour  la  seconde  fois  deuapt 
que  la  seconde  ait  quitté.  Ce  que  ie 
desire  qu’on  entende  de  la  fiéure  quo¬ 
tidiane  qui  a  ses  accès  estendus  et 
prolongés  iusques  à  dix-huit  heures, 
comme  il  arriue  le  plus  souuent,  non 
de  celle  qui  auroit  tant  seulement 
sept  ou  huit  heures  d’accé's.  Quant 
aux  signes  de  la  double  quotidiane , 
ils  sont  les  mesmes  que  ceux  de  la 
quotidiane  intermittente ,  c’est  pour- 
quoy  ie  n’en  diray  rien  d’àuantage. 

Reste  la  double  quarte,  qui  se  f^it 
de  l’humeur  melancholique ,  laquelle 
se  pourrit  dans  deux  diuers  endroils 
du  corps  hors  de  grands  vaisseaux: 
Ceste  fiéure  icy  est  assez  ordinaire,  et 
trauaiile  le  malade  deux  iours  conse¬ 
cutifs, ne  lui  en  laissant  qu’vn  de  bon. 
Car  si  la  première  quarte  prend  ce 
iourd’huy  à  six  heures  du  soir,  la  sè- 
conie  prendra  lé  lendemain  peu! 
estre  à  mesme  heure ,  si  bien  qu  pn 
aura  deux  iours  consecutifs  mauüais  : 
le  troisième  suiuant  sera  bon ,  ei  sans 
fiéure,  et  puis  en  suite  il  en  viendra 
deux  mauuais.  Ces  signes  àü  reste  iië 
sont  point  autres  ç^ue  ceux  dé  la  sini- 
plé  quarte  intermiitente. 

Voila  pour  les  fiéures  composées 
douilles  de  mesme  espece.  Èiitrc  les 
triples  est  prèmierément  là  triplé 
tierce ,  laquellé  est  produite  et  en¬ 
gendrée  de  labile  quÿse  pourrit  éii 
trois  fpyérs  aux  lieux  dltiers  du  corps, 
hors  des  grands  vaisseaux  toütesfoîs. 
Ôr  ceste  fiéure  icy  »  fi  ois  redophle- 
mens  en  l’espace  dé  deux  ioür&i  c’est  à 


LE  VINGTIEME  LIVRE, 


fiçauoir  vn  seul  redoublement  en  vn 
iour,  et  deux  redoubleraens  l’autre 
iour.  Galien  au  liure  2.  des  Crises 
chapitre  9.  fait  mention  d’vn  ieune 
adolescent  qui  estoit  trauaiüé  de 
ceste  sorte  de  fiéure  : 

«Il  commença,  dit-il,  à  auoir  la 
»  fiéure  vers  les  cinq  heures  du  ma- 
»  tin  auec  un  frisson  fort  court,  sur 
»  le  vespre  il  sua  vn  peu  :  vers  les  sept 
»  heures  de  nuit,  deuant  que  la  pre- 
»  miere  fiéure  fust  tout  à  faitesteinte, 

»  vne  autre  fiéure  le  reprit ,  auec  vn 
»  frisson  aussi  fort  court ,  en  après  il 
»  sua  vn  peu;  le  lendemain  vers  les 
»  dix  heures  il  eut  vn  nouueau  redou- 
»  blement ,  et  puis  sua  la  nuit  sui- 
»  uante.  Derechef  le  troisième  iour  la 
»  fiéure  le  prit  par  anticipation  à 
»  deux  heures  du  matin ,  auec  vn 
J)  frisson,  deuant  que  l’accès  du  iour 
»  precedent  fust  tout  à  fait  esteint.» 

Voila  ce  qu’en  dit  Galien ,  lequel 
s’estend  bien  au  long  pour  desmon¬ 
trer  que  c’estoit  vne  fiéure  composée 
de  trois  tierces,  et  que  ce  n’estoit 
point  vne  hemitritée,  comme  quel¬ 
ques- vns  pensoient.  Ce  qu’il  remar¬ 
qua  si  exactement,  qu’il  prit  garde  que 
tous  les  accès  de  ceste  triple  tierce 
anticipoient  iusques  au  septième 
période,  et  que  de  là  en  auant  ils 
commencèrent  à  retarder,  et  puis  à 
diminuer  grandement  ;  si  bien  que  le 
malade  quin’auoit  point  esté  iusques 
à  ce  temps  là  sans  fiéure ,  commença 
à  auoir  deux  heures  entières  d’inter¬ 
mission.  Tu  peux  voir  ce  chapitre  là 
de  Galien  pour  plus  grande  intelli¬ 
gence  des  fiéures  composées  et  com¬ 
pliquées,  par  lequel  aussi  lu  ap¬ 
prendras  par  quels  signes  on  peut  ve¬ 
nir  à  la  connoissance  de  la  triple 
tierce ,  et  laquelle  des  trois  fiéures 
doit  finir  la  première. 

Reste  la  triple  quarte ,  laquelle  se 


fait  toutesfois  et  quànd  que  l'humeur 
melancholique  se  pourrit  en  trois  di- 
uers  endroits  du  corps  hors  des  grands 
vaisseaux.  Les  signes  de  ceste  fiéure 
sont  de  prendre  tous  les  iours,  mais 
auec  les  marques  qui  sont  propres  de 
la  fiéure  quarte  simple,  par  lesquelles 
elle  est  aisément  distinguée  et  de  la 
quotidiane,  et  de  la  double  tierce.  Or 
ce  qui  est  cause  que  ceste  fiéure  se 
multiplie  ainsi,  c’estquelquesfoisaussi 
l’vsage  desreiglé  des  choses  qui  aug¬ 
mentent  l’humeur  melancholique  : 
quelquefois  aussi  l’vsage  des  medica- 
mens  trop  chauds .  comme  de  la  thé¬ 
riaque,  que  Ton  donne  au  commence¬ 
ment  des  fiéures  quartes.  Car  ces 
medicamens  icy  n'ayant  pas  faculté 
de  cuire  ou  d’euacuer  l’humeur  mor¬ 
bifique,  ils  Tagitent  seulement  et  la 
iettent  d’vn  lieu  en  Tautre,  d’où  vien¬ 
nent  les  diuers  foyers.  Ainsi  Galien 
remarque  au  liure  des  Prédictions 
ch.  2.  qu’vn  certain  philosophe  peri- 
pateticien ,  nommé  Eudemus,  estant 
trauaillé  d’vne  simple  quarte  inter¬ 
mittente  ,  par  Taduis  de  quelque  mé¬ 
decin  prit  de  la  theriaque  auant  que 
la  matière  fust  cuite  et  préparée ,  la¬ 
quelle  fit  qu’il  tomba  en  vne  triple 
quarte  :  laquelle  par  après  Galien 
guérit  par  Tvsage  mesme  de  la  thé¬ 
riaque,  qu’il  donna  à  propos  lors  que 
la  matière  fut  préparée.  Lors  donc 
que  toutes  choses ^sont  crues,  si  on 
donne  des  medicamens  qui  eschauf 
fenl  beaucoup,  d’autant  qu’ils  ne 
peuuent  résoudre  les  humeurs  par  les 
sueurs,  ils  l’agitent  simplement  et  en 
transportent  vne  partie  qui  çà  qui  là, 
si  bien  qu’il  arriue  qu’au  lieu  d’vn 
seul  foyer  qu’il  y  auoit,  il  s’en  fait  et 
deux  et  trois ,  d’où  puis  après  il  s’en¬ 
gendre  autant  de  fiéures. 

Si  nous  n’auions  parlé  de  la  cura¬ 
tion  des  fiéures  eu  particulier,  il  fau- 


des  FIEVRES. 


droit  icy  faire  vn  grand  discours  pour 
la  cure  de  ces  fiéures  composées.  Mais 
qui  entendra  bien  ce  que  nous  auons 
dit  iusques  icy ,  il  n'aura  pas  beau¬ 
coup  de  peine  de  trouuer  les  indica¬ 
tions  necessaires  à  la  guérison  de  celles 
que  nous  traitons  en  ce  Chapitre,  veu 
que  la  composition  ne  change  ny  les 
indications  ni  les  remedes ,  mais  les 
modifie  seulement  ;  en  tant  qu’il  faut 
auoir  plus  d’esgard  à  conseruer  les 
forces  du  malade  en  ces  fiéures  com¬ 
posées,  que  non  pas  aux  simples, 
d’autant  qu’il  n’a  pas  esté  relasché, 
et  qu’il  est  plus  aigrement  et  violem¬ 
ment  trauaillé.  Quiconque  donc  vou¬ 
dra  guérir  les  doubles  et  les  triples 
tierces ,  qu’il  recoure  aux  remedes 
prescrits  à  la  simple  tierce  intermit¬ 
tente:  qui  voudra  guérir  les  doubles 
quotidianes,aiile  chercher  les  remedes 
ordonnés  à  la  simple  quotidiane  in¬ 
termittente  :  bref,  qu’on  ait  recours 
aux  remedes  de  la  simple  quarte  in¬ 
termittente,  si  on  veut  guérir  les  dou¬ 
bles  et  les  triples  quartes.  Néant- 
moins  ie  donneray  cest  aduerlisse- 
ment,  qu’il  faut  auant  que  de  songer 
auxremedes,  connoistre  si  la  double 
et  la  triple  tierce,  si  la  double  quoti¬ 
diane,  si  la  double  et  triple  quarte  se 
font  de  la  bile  naturelle  ou  contre 
nature,  de  la  pituite  naturelle  ou 
contre  nature,  du  suc  melancbolique 
nalurelou  de  l’humeur  atrabilaire: 
car  selon  cestediuersité,  il  l’audra  re¬ 
courir  aux  remedes  de  la  tierce  vraye 
ou  baslarde,  de  la  quotidiane  vraye  ou 
bastarde,  delà  quarte  vraye  ou  bas- 
tarde:  veu  que  nous  auons  appi  is  par 
cy-deuant  que  la  curation  des  fiéures 
vrayes  est  grandement eslongnée en 
quelques-vnes  de  la  curation  des  bas- 
lardes. 


•9 


CHAPITRE  XXXIV. 


des  fièvres  confvses. 

le  n’ay  que  trois  mots  à  dire  en  ce 
Chapitre,  veu  que  la  doctrine  des  fié¬ 
ures  confuses  dépend  de  celle  des 
composées ,  que  nous  auons  expli¬ 
quées  a.ssez  copieusement  au  Chapi¬ 
tre  precedent. 

Nous  appelons  fiéure  confuse,  celle 
qui  est  engendrée  de  la  pourriture 
de  diuerses  humeurs  ensemble  pesle- 
meslées  et  confuses  en  vn  mesme 
lieu,  mais  qui  ne  laissent  pas  de  gar¬ 
der  leur  propre  nature.  Les  composées 
se  font  bien  de  la  pourriture  de  di¬ 
uerses  humeurs  :  mais  ny  ces  hu¬ 
meurs  là  ne  sont  point  confuses  et 
pesle  meslées  ensemble ,  ny  ne  se 
pourrissent  point  en  vn  seul  lieu, 
mais  en  diuers  foyers:  d’où  il  arriue 
aussi  que  les  signes  et  les  symptômes 
des  composées  sont  aisément  conneus 
et  distingués,  là  où  ceux  des  con¬ 
fuses  sont  confus ,  et  tellement  ioints 
et  liés  par  ensemble ,  qu’on  ne  les 
sçauroit  ny  reconnoistre  ny  distin¬ 
guer.  l’ay  dit  au  reste,  que  telles  hu¬ 
meurs,  encore  bien  qu’elles  soient  re¬ 
tenues  en  vn  mesme  lieu,  ne  laissent 
pas  que  de  conseruer  leur  propre  na¬ 
ture,  qui  est  par  exemple,  de  la  pi¬ 
tuite.  de  s’esmouuoir  tous  les  iours, 
et  de  donner  des  refroidissemens  au 
commencement  de  la  fiéure  qu’elle 
produit  :  de  la  bile,  de  s’esmouuoir 
tous  les  trois  iours,  et  de  donner  des 
frissons:  de  la  raelaficholie,dc  semou- 
uoir  le  quatrième  iour ,  et  d’apporter 
des  horreurs.  Ce  que  i’ay  bien  voulu 
adiouster,  à  fin  de  donner  la  diffé¬ 
rence  qu’il  y  a  entre  les  fiéures  con¬ 
fuses  et  les  fiéures  intermittentes 


LE  VINGTIÈME  LIVRE, 


170 

bastardes,  que  quelques  vus  ont  vou¬ 
lu  mettre  au  rang  des  confuses,  veu 
qu’elles  s’ehgertdr(!rit  de  deux  di- 
ueises  bumeurs  qui  se  pourrissent 
et  en  mesme  temps  et  en  mestne  lieu. . 
Mais  comme  i’ay  dit,  les  bumeurs  qui 
font  les  confuses  gardënl  cbacuné  leur 
naturel-,  d’autant  qu’elles  ne  sont  pas 
si  bien  meslëes  qu’élles  nb  facent 
qu’vue  nature,  ains  seulement  sont 
confusément  mises  en  mesme  lieii  : 
de  sorte  que  cela  n’empesche  pas 
qu’elles  né  gardent  tousiburs  et  lelir 
nature  et  leurs  propriétés  :  mais  lés 
bumeurs  qui  font  les  fléutes  bastàr- 
des  î  sont  si  exacterrtent  nleslées  et 
mixlionnées  entr’éllesi  qu’élles  ne 
font  qu’vne  nature  j  et  ne  reeoiuènt 
qu’vne  forme  :  c’est  poürquby  aussi 
elles  ne  font  qii’vne  seule  fléure: 

Quelques  autres  Veulent  (jue  les  ] 
fiéures  confuséS  soient  produites  de  i 
deux  Occasions ,  cortirne  dé  l’inflam¬ 
mation  dé  deux  diuerSes  parties,  la¬ 
quelle  fait  deüx  fiéures  continues; 
Que  si  pareillement  le  poûlmon  par 
exemple  est  Irauaillé  Ü’vii  erysipelej 
et  le  foye  d’vn  phlegmon  ,  ils  disent 
qu’ alors  il  Suruient  deux  fiéures  con¬ 
fuses,  l’vne  bilieuse  causée  par  l’ery- 
sipele  du  poulmon^ et  l’autre  sanguine 
engendrée  par  le  phlegmon  du  foye-. 
Mais  tout  cela  est  de  peu  d’impor¬ 
tance  pour  la  pratique  :  car  soit  que 
ce  soient  fiéures  confusesj  oli  fiéures 
composées  poutueu  qu’On  recon- 
noisse  la  qualité  de  l’humeur  qui  se 
pourrit,  il  est  aisé  d’ihuenter  et  de 
trouuer  les  relnedés  propres  à  les 
guérir; 


CriÀPÎTRE  XXXV. 

DE  LA  FIÉViiE  IIECTIQVEi  DE  SES  DIFFE- 
lîENCES,  CAVSES,  SIGNES  ET  CVRE  *. 

Ennostre  dluision  déS  fiéures,  nbus 
auons  dit  qu’il  y  en  auoit  de  trois  sdr- 
tesjl’epbemere;  l’humorale,  et  l’hecti¬ 
que.  Nous  auons  expliqué  iUsqües 
icy  l’ephemere  et  les  humorales  :  par¬ 
tant  il  ne  nous  reste  plus  que  la  flé¬ 
ure  hectique  -,  laquelle  est  ainsi  ap- 
pelléo  j  ou  pource  qU’ellé  est  Slablé 
et  difficile  à  guérir  et  oster  ^  comme 
les  choses  qui  ont  pris  leur  habitude  : 
car  le  mot  Grec  signifie  habitude  : 
ou  pource  qu’elle  occupe  les  parties 
solides  de  nostre  corps;  lesquelles  les 
Grecs  appellent  IVtç,  mesme  que  le 
mot  Latin  habitus  se  prend  en  l’vne 
et  l’autre  signification; 

L’on  fait  trois  sortes  de  fiéures  hec¬ 
tiques;  qui  pour  en  parler  à  la  vetité; 

1  Ce  chapitre  porte  le  même  titre  et  a 
gardé  presque  absolument  ia  même  rédac- 
tioti  qiië  lé  chapitré  il  du  Traité  de  1576. 
Là  Sèdië  diiîérênce  liti  peu  hotablé  consisté 
dahé  là  hiàhièrè  dbnt  celui-ci  débutait  :  Là  ' 
fi'buY'e  héclï^dè  ksi  aiiisi  àppcfiefe ,  bit  parcé 
qtC'ell'e  esi  slàtle;  ët'c.  5  àinSi  lé  hoùteâu  testé 
a  ajouté  deux  lignes  fort  insigtiiflantes;  après 
quoi  il  n’y  a  plus  aucun  changement. 

1  C’est  le  dernier  chapitre  dont  le  Traité 
nouveau  ait  hérité  de  l’ancien  ;  mais  ii  faut 
ajouter  que  ce  chapitre  tout  entier,  à  partir 
dé  rëditibh  dë  I6'i9,  avait  passé  avec  le 
mêrhe  litre  ail  livré  des  Pî'àyes  en  particulier, 
où  il  constituait  le  chapitré  34.  tonie  lî, 
pàgé  11)3,  là  dérniêrë  hdlë.  Cétte  hble  à  bè- 
soin  d’être  réctifléé  ëti  cé  séiil ,  tjti’ëh  effet 
e  texte  actuel  contient  Un  très  Idtig  passage 
qui  avait  été  retranché  au  livre  des  Ptuyes, 
mais  en  revanche  celui-ci  en  contenait 
d’autres  qui  manquent  au  livre  des  Fiéures, 
et  que  nous  aurons  soin  de  rcproduirCt 


bfes  ttfeVËES. 


sôht  t)ltlstdsi  deèt'dé  tîü’éspiBcfes  ü’i- 
cdiiiî.  te  prèhiiér  dëgbiî  doHic,  ëfet 
qiiciirtd  ià  ëhaiëui'  hëcliqde  cdHsomriië 
Ihilrtiiclilë  des.  parties  solidéS;  Lé  Se- 
cdhd,  quatid  il  Üëlibt-é  là  sbbrtàiicë 
charneuse  d’icëlles.  Le  Irbisiehie  et 
dérti ier  düi  fert  ihfcUHblè,  dd^nd  il 
s’âltacllë  àük  pàrliëé  MlÜe§ ,  ët  lës 
dëStrtlit  et  cohsoitiilie  :  tôüt  àitlsi  pUe 
là  liatPftié  d’Vne  laiPpé  ëbbsbmiiJë 
pfehiierfelliePt  l’hüilë  ;  eri  apirts  là 
prbpëë  liüttiidilë  dû  Idrhigribn,  et  ëil 
fin  lé  bdrp§  du  llitliiî^dbli  më§tné  ;  bé 
qÜ’ertàht,  il  h’y  à  plïis  de  nibÿéli  ilÿ 
d'éfepëranbêÜë  le  pôuüdir  FàllUHi'ér; 
bien  dÜë  VbüS  lüy  dbhhiëz  l’büllë  â 
régorgfër. 

Cëste  dëürê  né  prëtid  que  biétibà- 
réiPëlît,  èt  à  péiHê  cbrürhëtibé-ëirë 
d’ëlië-meSnie  :  b’ërt  pbübiqdoÿ  ëllë 
siiit  toUsibUrs  duëldUe  alltVë  flëlirë. 

te§  càusés  dbhbddës  Üé  la  flêUrë 
hëcliduë  Sotlt  iléliteS  àigUë§  et  àb- 
dëhléS  îïialpetiséëB,  ét  principàlétiiëtit 
ausqüëltés  bb  h’a  dohiië  bélVig'él’àtibil 
compëtèntëpal'  ëpithërbé§  sur  le  cëeUb 
et  Hÿpbé'bhdi’ês,  Hÿ  éàü  frôidë  à  Bbibë 
ett  temps  ët  salsotl  requise.  Ëlle  pëüt 
aiiSsi  csli-ê  causée  ti’yiie  fiêure  diàibë, 
qui  àüi'à  ëü  Sdn  cbitilhèilbéibéftt  dé 
qliëlqüë  grande  ët  Ibngüé  fâfecbêrië 
oli  chbiérê;  là  càüSe  ët  iriiprëSsibti 
dicellë  pérsëüëràtil  long  téinps  ëri 
ribüs  ;  ëllë  pëilt  àtlssl  vértië  de  dtiél- 
qué  tràti  ail  excessif  ériliëü  élën  temps 
chaud  ëiàrdënt,  ët  ëti  Thëbrpsllbüet, 
qui  a  pëu  desàug  ët  d’humiflité.  Pa- 
reilleitieiit  elle  est  sbilüëtit  càüsëë 
d’^iie  vicérë  èt  iniiammàtioti  des 
pbülmoris,  empÿëtne  dü  llibràx^  Ü’vri 
grand  et  Ibhg  phlëgHibil  dé  foye, 
vërltricüie.lnesehteré,  màtricë,  rëiiis, 
vessie,  intéstiris  ieiunum  ët  bbl'oh  : 
Vbiré  lUeslne  des  autres^  Fils  sont 
enttamniés d’vnelongueet  vehemëtlte 
dlarthéè,  UdhteHë;  liü  dÿsëtlféHè, 


dbht  aussi  S’ensuit  inflammatlbn  * 
réslrbàtioii  j  emacialioh  de  toüt  lô 
corps^  et  par  Cdnsequeut  flëute  hec¬ 
tique.  car  l’humidltë  estant  cnnsoni- 
méë  et  ëspuisëe,  là  chaleur  se  fait  plus 
acre  et  ardente. 

Geste  fiéüre  de  tant  èst-elle  plus 
aisée  à  bbnnoistre,  qu’ellé  est  difîlbile 
à  guérir.  Le  pbuls  donc  en  icelle  ëst 
dur,  à  causé  de  la  siccité  dé  l’artere 
qui  est  partie  SolidCi  ët  debile  pour 
rinflrmitédeiafaculté  vitale,  lëbOBUr 
estant  en  toute  sà  sUbSlaucé  assailli  : 
au  resté  petit  et  freqUeüt,  à  Caüse  de 
l’intemperàture  et  abdéiir  du  cœur; 
qüi  ne  pouüant  faire  grand  pouls 
pour  se  refrigcrerj  à  cause  de  son  ira- 
bebillitéj  taSche  à  së  rëuàngër  et  ra¬ 
fraîchir  (mais  en  tain)  pàf  sa  fré¬ 
quence  èt  vitesse  d’ibeluy.  Le  propre 
signe  de  telle  fleure;  pour  lé  respect 
du  pouls,  est  qu’vue  heüre  bu  déüx 
après  lé  repas  le  pouls  se  monstre  plüs 
grand  et  ieger^  et  hiesme  la  chaleur 
qui  est  aü  corps  du  ihaladë  pour  lors 
se  nlbnstrë  plus  grande  :  ce  qui  dUre 
tant  que  la  distribution  de  l’aliment 
se  fait;  et  iusques  à  tant  que  la  siccité 
du  cœur  soit  aucunement  ebrrigée  èt 
sa  substance  humectée  par  la  surué- 
nue  de  faliment;  qui  est  cause  que  la 
chaleur  S’augmente  :  në  plusne  moins 
que  la  chaux  auparàuant  froide  à 
f attbticheméntj  s’eschauffë  iusqubs  à 
fumer  et  boüiliir  quand  elle  ëst  ar- 
rbusée  d’eaü.  Au  réstë;  la  Chaleur  et 
le  pouls  demeürent  tousiours  égaux 
eh  leur  petitesse, langueur ^  obscurité, 
dureté^  frequeheé,  sans  aucune  exa¬ 
cerbation  r  si  bien  que  le  malade 
mesme  ne  pense  pas  auoir  la  fleure,  et 
ne  sent  aucun  mal  et  douleur ,  qui  est 
vu  autre  signe  propre  de  la  fiéure 
héctique.  La  raison  vient  de  ce  que  la 
chaleur  ne  se  monstre  point;  n’estant 
placée  en  la  siqperflcie  des  esprits 


LE  VINGTIEME  LIVRE 


et  humeurs,  comme  en  la  diaire 
et  putride  ,  ains  est  comme  cachée 
et  plongée  au  plus  profond  de  la 
substance  des  parties  solides  :  com¬ 
bien  que  toutesfois  si  vous  tenez  long 
temps  vostre  main  sur  son  corps,  la 
chaleur  en  fin  se  fait  sentir  acre  et 
mordicante,  le  passage  luy  estant  ou- 
uert  par  le  cuir  raréfié  par  l’attou- 
chement  doux  et  bénin  d’vne  main 
bien  temperée.  Que  si  le  malade  en 
ceste  fiéure  sent  quelque  douleur,  et 
que  par  l’inégalité  et  exacerbations 
de  la  chaleur,  il  se  iuge  et  sente  liiy- 
mesme  auoir  la  fiéure,  c’est  signe  que 
telle  hectique  n’est  pas  simple,  mais 
compliquée  auec  vne  fiéure  putride, 
qui  apporte  telle  inégalité.  Au  reste 
si  la  face  Hippocra  tique  a  lieu  en  quel¬ 
que  maladie  ,  certes  elle  paroisi  clai¬ 
rement  és  hectiques,  à  cause  de  la 
colliquationde  tout  le  corps. 

Pour  la  cure  de  ceste  fiéure,  il  faut 
curieusement  considérer  auec  quelles 
maladies  elle  est  compliquée  ,  et  de 
quelle  cause  elle  aura  esté  excitée. 
Premièrement,  il  faut  sçauoir  si  elle 
est  maladie  ou  symptôme  :  car  si  elle 
est  symptomatique,  elle  ne  pourra 
estre  guerie  tandis  que  la  maladie 
persistera  et  perseuerera  :  comme,  si 
elle  est  causéed’vne  fistule  au  thorax, 
à  raison  d’vne  playereceuëen  ce  lieu, 
ou  d’vne  vlcere  dysentérique  d’intes¬ 
tins,  elle  ne  pourra  guérir  que  pre¬ 
mièrement  la  fistule  ou  vlcere  ne  soit 
guerie,  d’autant  que  la  maladie  en¬ 
tretient  tel  symptôme,  comme  la 
cause  son  effet.  Mais  si  elle  est 
maladie  simple  première  ;  d’autant 
que  son  essence  consiste  en  vne  in¬ 
tempérie  chaude  et  seiche,  qui  est 
placée  non  és  humeurs,  mais  ésparties 
solides,  toute  l’intention  et  conseil 
du  Médecin  se  doit  rapporter  à  alté¬ 
rer  et  corriger ,  et  non  à  purger  :  car 


les  seuls  humeurs  sont  capables  de 
purgation  ,  et  non  les  parties  solides. 
Reste  donc  maintenant  de  rafraîchir 
et  humecter  les  parties  solides  :  ce 
qui  se  fait  par  choses  prises  au  dedans, 
et  apposées  par  dehors. 

Les  choses  qui  se  peuuent  fort  heu¬ 
reusement  prendre  au  dedans  du 
corps ,  sont  les  alimens  médicamen¬ 
teux  ,  qui  profitent  sans  comparaison 
plus  que  les  choses  qui  peuuent  sim¬ 
plement  altérer ,  c’est-à-dire  rafraî¬ 
chir  et  humecter  sans  donner  nour¬ 
riture  :  car  par  le  respect  de  la  portion 
alimenteuse  qui  est  en  eux,  estans 
attirés  et  apposés  à  la  partie ,  et 
tournés  en  la  substance  d’icelle ,  ils 
viennent  à  l’bumecter  et  rafraîchir, 
non  superficiellement  comme  les  cho¬ 
ses  qui  altèrent  simplement,  mais 
intérieurement.  Nous  auons  de  ces 
choses  icy  entre  les  herbes  ,  entre  les 
fruits,  entre  les  racines,  entre  les 
semences ,  entre  les  choses  que  nous 
prenons  ordinairement  pour  la  nour¬ 
riture  de  nostre  corps  ;  l’on  recom¬ 
mande  fort  entre  les  herbes  pour  cest 
effet  la  viole,  le  pourpié,labuglosse, 
l’endiue  et  la  lentille  pallustre,  la 
maulue  aussi  quand  il  y  a  adstriction 
de  ventre.  Les  fruits  sont  de  courge , 
de  concombres ,  pommes ,  pruneaux , 
la  passebille,  amandes  douces  et  ré¬ 
centes,  et  les  pignons  :  des  semences 
nous  auons  les  quatre  semences  froi¬ 
des  ,  grandes  et  petites,  et  icelles  ré¬ 
centes  à  cause  de  leur  humidité ,  les 
semences  de  pauot ,  de  berberis ,  de 
coings ,  les  fleurs  de  buglosse,  de  vio¬ 
les  ,  de  nénuphar  :  desquelles  choses 
l’on  fait  des  condits  auec  vn  poulet 
pour  prendre  au  matin  ,  la  première 
concoction  estant  accomplie,  ce  que 
l’on  continuera  par  l’espace  de  neuf 
iours. 

Quant  aux  viandes ,  pour  le  com- 


Des  fi^vees. 


moncement ,  lors  que  les  facultés  ne 
sont  encore  fort  debiles,  que  le  fébri¬ 
citant  prenne  alimens  qui  à  la  vérité 
soient  difficiles  à  cuire,  mais  qui 
nourrissent  fort  et  longtemps ,  telles 
que  sont  les  extrémités  des  animaux, 
comme  pieds  de  veau  et  de  pourceau, 
non  salés,  chair  de  tortue  qui  pre¬ 
mièrement  aura  cslé  nourrie  en 
quelque  jardin,  pour  se  gourmer  et 
purger  de  ses  humidités  excremen- 
titielles ,  la  chair  de  limaçons ,  la 
semoule ,  et  autres  semblables  ‘  :  car 
telles  choses  ayant  vn  suc  visqueux 
s’agglutinent  aisément  aux  parties  de 
notre  corps ,  et  ne  peuuent  estre  dis¬ 
sipées  si  aisément  par  l’ardeur  de  la 
chaleur.  Mais  lorsque  la  fiéure  hec¬ 
tique  aura  ja  longtemps  traisné  dans 
le  corps,  d.e  sorte  que  les  facultés 
semblent  fort  affoiblies ,  il  faudra 
donner  viandes  aisées  à  cuire,  et  ce 
icelles  plustost  bouillies  que  rôties: 
d’autant  que  les  bouillies  humectent 
d’auantage,  et  que  les  rosties  se  tour¬ 
nent  plus  aisément  en  bile  2. 

1  Ceci  est  le  texte  de  i67:);  mais  en  1579 
au  chapitre  34  du  livre  dus  flayes  en  par  - 
liculier,  après  la  chair  de  Utrliie,  on  lisait  : 

«  ...  La  chair  de  limaçons  blancs  pris  és 
vignes,  les  grenouilles,  escreulces  de  ri- 
uiere,  anguilles  prises  en  eau  pure  et  bien 
assaisonnées,  œufs  durs  mangez  auec  jus 
d’ozeille  sans  espice  ,  le  stocphis  et  merlu 
bien  detrampez  et  dessalez,  des  anons  et 
poncepieds,  la  semoule,  et  autres  sembla¬ 
bles.  » 

On  retrouvera  une  partie  de  ces  aliments» 
mais  non  pas  tous,  indiqués  plus  bas  dans 
le  texte  actuel,  comme  déjà  en  1576. 

2  Le  chapitre  35  du  livre  des  Playes  de 
1579,  avait  intercalé  en  cet  endroit  un  para¬ 
graphe  que  l’auteuraoublié  de  reporter  dans 
son  nouveau  Traité  : 

«  Les  viandes  seront  veau  ,  chéureau  , 
chappons,  poulets,  cuittes  en  herbes,  et  se¬ 
mences  qui  rafraîchissent  et  humectent,  les 


173 

Que  si  toutesfois  le  malade  est  de- 
gousté  des  viandes  boüillies,  que  la 
chair  qu’on  luy  donnera  ne  soit  guè¬ 
re  rostie,  et  qu’on  luy  donne  non  de 
la  superficie  de  la  chair  qui  est  plus 
seiche  et  bruslée,  mais  de  l’interieure 
qui  est  plus  humide ,  et  qu’elle  soit 
j  en  outre  temperée  encore  d’eau  rose, 
:  de  suc  de  citrons,  d’orenges,  ou  de  gre- 
■  nades.  Qu’il  s’abstienne  de  poissons 
sallés  et  durs  :  les  meilleurs  sont  les 
saxatiles ,  pour  l’exercice  qu’ils  font 
estans  continuellement  heurtés  entre 
Iss  rochers  ;  ceux  aussi  qui  ont  la  chair 
glutineuse  ‘  et  visqueuse ,  comme  les 
anguilles  prises  en  eau  pure  et  bien 
assaisonnées,  les  tortues,  les  escre- 
uisses,  les  limaçons  et  grenoüilles.  Le 
laict  d’asnesse  pris  chaudement,  et 
corrigé  auec  vn  peu  de  sel,  de  sucre 
rosat,  miel,  fenoüil,  ou  anis,  de  peur 
qu’il  se  corrompe  ou  aigrisse  en  l’es- 
tomach,  ou  bien  le  laict  de  femme 
succé  de  la  mamelle,  sont  fort  re¬ 
commandés  en  ceste  maladie,  le  tout 
pris  iusques  à  demie  liure^.  Qu’il 

orges  mondez,  les  amendes  leur  sont  pro¬ 
pres  :  comme  aussi  la  panaile  faite  de  mie 
de  pain  blanc  arrousee  d’eau  de  rose,  puis 
cuitte  en  la  de  coction  desquatres  semences 
froides,  auec  du  sucre  rosat  en  forme  de 
boulie  :  telle  panade  refraichit  le  foye  et 
l’habitude  de  tout  le  corps,  et  nourrit  gran¬ 
dement,  comme  aussi  les  testicules,  les 
foyes,  aillerons,  de  ieunes  coqs,  les  figues  et 
raisins  de  Damas.  » 

1  Le  livre  des  Places  en  pariicalier  disait 
ici  :  comme  ceux  que  nous  auons  cy  deuanl 
nommez, 

2  II  y  avait  encore  ici  une  intercalation 
assez  étendue  dans  le  chapitre  35  du  livre 
des  Playes  de  1579;  la  voici: 

«  Mais  celuy  de  la  femme  est  plus  vtile, 
parce  qu’il  est  plus  doux  et  nourrissant ,  et 
approchant  de  plus  près  de  nostre  naturel, 
moyennant  qu’il  soit  pris  d’ vne  nourrice  bien 
tempcrec  et  habituée ,  mesme  qu’il  est  sia- 


174  LE  ^.IVRE, 


trcin.Rp  son  viR  giieç  quelqne  çeu 
d’oRR  do  \aiclne ,  «io  poiR-pié ,  qr  d.e 
RPRupJia^,  et  aueq  peRRCoRp  de  celle 
de  tiRglQsse,  tJlpt  poVR-cp  qu’elle  hu- 
ipeple  gropdoipopt,  qn’apssi  gu’elle  p 
yçrln  specijilo,  dp'resîpiiyy  et  re- 
çi;“eef  lo  cçeqr ,  la  splislnpçe  duquel 
0§t  fort  qffligée  pn  ços.to  inalartie.  Et 
toUos  sont  Ips  clio^es,  qn’ij  copplept 
pVOnqrp  RU  (iedqns. 

Colles  qui  so  tlpipont  appliquer  çor 
dçbofs  sont  les  onctions,  les,  Ipiip.s, 
les,  epithomçis ,  les,  ç^^stoi’es.  l-es  çrp- 
tions  sont  dinersos ,  solo^i  la  nipevsité 
de  VlndiORtion,  prise  (les  parues  sar 
lesquelles  il  les  faut  applique^.  Car 
surleclos  et  sur  toute  l’espine.  Ualiep 
y  fait  des  onctions  4?  choses  froides 
et  astvingentes  mo40i’éRient,  c’est  à 
dire  qpi  puissent  eoboree  les  parties 
et  eçnpesçber  la  colliquation  d’iceUes, 
et  non  boucher  le  passade  à  l’insen¬ 
sible  transpiration,  ce  gni  rendront  la 
chaleur  beaucoup  plus  açre.q’els  sopt 
les,  lipirpens  qu’oa  peut  felfe  4’hu.Ue 
ro,s,at ,  4e  pennphar,  de  coings  apec 
vn  peu  de  cire,  s’il  vient  à  propos. 

les  parties  peetoivales  m  eontraire 

doiuent  estre  cuntes  de  choses 
mojennanient  rafraîchissantes  et  re- 
laschantes:  ie  dis  moyennement  ra- 

guliçr  aux  érosions  de  restoçnAcb  et  \lceres 
des  poultnons ,  dont  s.’ensuit  ernaciation  et 
phtisie,  tenant  au  laiçt  d’asnesse.il  Iç  faudra 
choj,sir  qu’elle  soit  nourrie  d’orge  et  auoine, 
fueilles  de  chesne,  à  fin  qire  par  le  bénéfice 
de  telle  nourriture,  il  soit  plus  profitable  et 
moins  subiet  à  corruption.  Et  où  le  malade 
auroit  le  ventre  trop  lasche,  on  fera  vn 
peu  bouillir  le  laict,  et  y  esteindre  des  cail- 
lous  tous  rouges  et  ardens.  Et  noteras  que 
si  ledit  larct  pris  ,  le  malade  auoit  rots  ai¬ 
gres,  difficulté d’allatnc,  chaleur  non  accous- 
tumee,  enflure  et  fluctuation  du  ventre, 
douleur  de  leste,  comme  il  adulent  à  plu¬ 
sieurs,  il  faudra  désister  à  prendre  ledit 
laict.  » 


fraichissaptes ,  d’autant  que  le  froid 
est  toni  ù  fait  ietp-  ennemy  :  ie  dis 
Russi  relasçhanlos  ,  4  raison  (lue  les 
astringenles  apRorlerolcnt  vue  diffl- 
cpUd  de  respirer,  et  dp  mouuoir  li¬ 
brement  les  muscles  du  thorax.  Telles 
sont  les  onctions  qui  se  peuuent  faire 
d’huiie  violât,  de  saules,  d’huile  de 
semence  de  iRictue,  de  pauot,  de  né¬ 
nuphar,  y  meslant  de  l’huile  d’a¬ 
mendes  douces,  pour  teraperer  l’ad- 
^Iriclion  et  frigi4ité  qu’ils  pourroient 
auoiç.  Sur  tqutque  l’on  se  garde  que 
l’Apothicaire  par  auarice,  au  lieu  de 
ces  bdlles  recentement  tirtîes ,  ne 
vous  en  suppose  de  vieilles ,  rancides 
et  sallées  :  car  au  lieu  de  rafraichir 
vous  eschaufferiez  ,  çonaine  ainsi  soit 
que  le  vin  1  le  miq!  >  et  l’huile  par 
l’RRge  acqpierent  yne  chaleur  exces- 
sjue.  Ap  defaut  4e  bonnes  huiles , 
noqs  les  oindrons  de  beurre  premie- 
çCRient  laué  diligemment  en  eaq  de 
Ylnles  çt  de  morclle.  L’vsage  de 
telles  onctions  est  de  rafraichir ,  hu¬ 
mecter  et  confori.er  les  parties  :  et 
se  doiuent  faire  matin  et  soir,  quand 
le  uiRlRde  s’ira  coneber,  dpuRnt  et 
api-és  le  bain. 

Quant  aux  bains ,  npqs  les  pr4on- 
npn^,  ou  poijr  siinplement  humecter, 
et  lors  suffira  le  bain  4’eRu  tiçde., 
dans  laquelle  on  pourfR  ietter  Peurs 
de  violes  ,  de  nénuphar,  fueilles  de 
saules,  et  orge  mondé:  ou  pour  non 
seulement  humecter,  mais  aussi  re- 
lascher  les  parties  qui  sont  tendues 
d.e  siccité  et  aridité  hectique,  et  outre 
leur  apporter  quelque  meilleure  ha¬ 
bitude,  à  çe  qu’elles  4cuiennen,t 
mieux  refaites  et  no.urrms ,  et  lors  on 
y  pourra  aussi  mesler  ia  4ecoclion 
d’vne  teste  et  tripes  do  mouton, 
et  ensemble  quelque  quantité  de 
beurre. 

Au  reste,  l’appareil  d’vu  bAin  pour 


DES  ÇISYRBS. 

hpçt^^^îs  ^oil  pslrç  tle  rHis  grîiRd 
^l’iifiçp  qv*e  Ip  Yulga^e  des  praU- 


pieps  ne  pppse.  L’ar^[|cp  est  ïl 
faut  auqir  trois  bajgaqires  :  la  pre- 
miçre  spr^)^  d’eap  douce  piodepémept 
phau(te,  Pt  ce  pour  puurir  les  pores 
(tp  ppip  :  seppnde  sera  d’eau  tiede, 
pppr  sipïplerpent  t^up^eçter ,  l’ppu 
pepptrpnt  pisémept  Ppr  (es  ppres 
(ip  çpi^*  :  la  troisiépie  d’ppu  froiite , 
pour  ppfrpipb.ir ,  fortifier  et  açlslrpip- 
drp  les  ppflies ,  et  Ippp  faire  gpi’dpr 
rhpmidité  repepë  ,  de  peur  qu’elle 
p’pxhple  :  tt  fapt  (Ippieprei-  qpelqpe 
pep  qp  temps  fipps  le  secpnq ,  pt  lort 
peu  dans  t?  troisiépie,  Tpptesfpts 
ceux  qpi  p’ppront  les  pipyeps pp  qui 
se  fascberopt  de  trpnspprlpr  tppçs 
corps,  ainsi  sqççes,s,mepippt  de  l)pi- 
gnpire  ep  autpe,  pourrpnt  açcppiplir 
toutes  cps  trois  ipteptiops  ep  vp  | 
mesine  baip ,  luy  qpppant  l’eau  plps 
chaude  pu  çompiepçepiÇi\t ,  ppis  y 
pietlant  tapt  d’eqp  frptçte  qu’il  y  en 
ait  suffisamment  pouf  repère  le  tept 
tiede  :  en  fin  vuipant  Rpr  vpe  fpptpine 
qu’il  y  apra  au  dehors,  de  ta  haignpire, 
tant  de  çestç  eap  tiede,  qp’empli^ppt 
le  reste  d’epu  tfoide  le  tout  soit 
rendu  entièrement  f^oid-  JetV9hpe- 
rois  hon  que  deuant  de  plonger  le 
malade  dans  le  piemier  hain ,  qu’on 
luy  fist  receuoir,  non  par  la  houche , 
mais  par  le  r^este  de  tout  le  corps,  la 
vapeur  de  l’eau  chaude.  Le  moyen 
seroit  que ,  tenu  sur  la  gueule  de  la 
baignoire  par  trois  ou  quatre  hom¬ 
mes  ,  et  au  dessus  enueloppé  et  çou- 
uertde  toutes  parts  d’vn  linge  hprspiis 
la  leste,  il  recéut  ladite  vapeur,  pour 
estre  plus  pleinement  par  après  dans 
le  bain  humecté ,  le  corps  estant  es¬ 
tant  ainsi  raréfié  et  laxé 

■  Ce  curieux  paragraphe  sur  radiftipislrft- 
tion  pes  bains  est  copié  liçxlaçllement  de 


175 

Pr  U  faut  qu’il  ait  pris  et  cuit  quel¬ 
ques  viandes  deuant  que  d’entrer 
dans  ce  bain,  h  tin  que  par  là  cha¬ 
leur  dudit  hain  l’aliment  ia  cuit  soit 
attiré  aux  parties  et  on  toute  l'habi¬ 
tude  (lu  corps  ;  car  d’y  entrer  l’esto- 
mach  vuide  et  à  jeun,  il  se  feroit  trop 
grande  dissolution  des  forces  du 
corps.'  Le  régime  donc  qu’il  conuien- 
drq  tenir  deuant  que  d’entrer  dedans, 
doit  estre  tel  ;  que  le  iour  de  deuant 
sur  le  matin  on  lui  donne  vn  clystere 
remollieut ,  à  fin  que  les  excremens 
qui  ont  cftustume  d’estre  retenus  dans 
ies  intestins  par.  l’intemperie  seiche 
soient  euacués  :  qu’on  le  fasse  disner 
par  après  sur  les  neuf  heures ,  luy 
donnant  viande  de  solide  nourriture  : 
qu’il  Sftuppe  sur  les  quatre  heures, 
(nuis  moins,  et  de  viandes  aisées  à 
cuire  :  vue  heure  après  minuicl  qufil 
prenne  la  deçoction  d’vn  poulet,'  ou 
YU  orge  mondé ,  ou  deux  œufs  mol¬ 
lets  ,  dens  lesquels  on  mettra  vin  peu 
d’eau  rose  et  de  sucre  au  lieu  de  sel  : 
quatre  ou  cinq  heures  après  qu’il 
entre  dans  le  bain.,  à  la  façon  que  dit 
est.  En  uprés  qu  sortir  du  hain,  qu’on 
le  nettoyé  et  fçoUe  doucement  auec 
linges  ptols  et  déliés  1  après  qu’il  soit 
oinct  à  la  mode  cy-deuant  descrite  : 
puis  qu’il  repose  et  dorme  dans  le  Met 
deux  on  trois  heures,  si  possible  est  : 
à  son  resueil  qu’il  boiuede  Iq  plisane, 
et  qu’il  prenne  des  potages  de  facile 
digestion  ;  à  son  souper  qu’il  boiue 
du  Yiu,  et  qu’il  se  nourrisse  de 
Yiandes  plus  solides.  Le  matin  qu’on 
luy  donne  vn  orge  mondé ,  ou  autre 
yiande  de  pareille  estoffe  i  en  après 
qu’il  r’ entre  dans  le  hain  à  la  mode 
susdite.  Ce  luy  sera  chose  Ites-pruM- 

Védilion  de,  1675;  U  est  assez  singulier  que 
le  livre  des  Playes  de  I67a  l’ait  passé  sous 
lilençe, 


170  LE  VINGTIEME  LIVRE, 


table  qu’il  vse  ainsi  artiflciellement 
du  bain  de  dix  en  dix  iours ,  et  ce  par 
l’espace  de  trois  iours  continus.  Que 
si  le  malade  est  suiet  à  quelque 
crudité  d’es  omach,  de  sorte  qu’il  ne 
puisse  endurer  le  bain  sans  danger 
-'t  de  syncope  et  d’autres  accidens ,  il 
luy  conuiendra  roborer  et  fortifier  le 
ventricule  auec  linimens  d’huile  de 
coings,  d’absinthe  et  de  mastic,  ou 
bien  luy  apposer  vne  crouste  de  pain 
aspergée  de  poudre  de  roses ,  de  san- 
dal ,  et  de  girofle ,  et  de  vin  odorifé¬ 
rant,  sur  la  région  du  ventricule,  et 
par  derrière  enuiron  la  treiziéme 
vertebre  du  dos ,  où  par  l’intelligence 
de  l’Anatomie  nous  entendons  res- 
pondre  la  bouche  de  l’estomach. 

Les  epithemes  luy  doiuent  estre 
apposés  sur  le  foye  et  sur  le  cœur, 
à  fin  de  temperer  l’ardeur  acre  d’i¬ 
celles  parties,  et  corriger  leur  siccité 
par  vne  humidité  raisonnable  :  c’est 
pourquoy  tels  epithemes  se  prépa¬ 
rent  auec  choses  froides  et  humec¬ 
tantes,  mais  plus  humectantes  que 
froides ,  d’autant  que  ce  qui  est  fort 
froid  coupe  et  ferme  passage  à  l’hu¬ 
midité  :  à  cela  sont  propres  les  eaux 
de  buglosse  et  de  vielles  iusques  à  vn 
quarteron ,  auec  quelques  gouttes  de 
vin  blanc.  Mais  ceux  qui  se  font 
d’orge  mondé,  de  semence  de  courge, 
de  pompons,  ou  de  concombres ,  ius¬ 
ques  à  trois  drachmes  de  chacune  en 
la  décoction ,  en  y  meslant  par  forte 
agitation  de  l’huile  de  violles  ou 
d’amendes  douces ,  sont  plus  excel- 
lens  que  tous  les  autres.  Le  moyen 
d’appliquer  ces  epithemes,  est  de 
plonger  des  drapeaux  dedans,  et  les 
appliquer  sur  le  cœur  et  sur  les  hy- 
pochondres ,  les  changeant  d’heure  à 
autre  à  mesure  qu’ils  s’eschaufferont 
sur  la  partie. 

Quant  aux  clysteres ,  d’autant  que 


pour  l’imbécillité  de  la  faculté  con- 
coctrice  ,  plusieurs  excremens  s’a¬ 
massent  es  corps  des  hectiques,  il 
sera  vtile  d’en  vser  sonnent  tout  le 
long  de  la  maladie  ;  on  les  préparera 
de  la  décoction  d’herbes,  fleurs ^t  se¬ 
mences  réfrigérantes  et  humectantes, 
sans  y  dissoudre  autre  médicament 
que  la  casse  auec  le  sucre,  huile 
violai,  ou  de  nénuphar,  et  autres 
semblables.  Mais  aussi  de  tant  qu’à  la 
fleure  hectique,  quand  elle  est  fort 
aduancée,  suruiennent  des  flux  de 
ventre  fort  pernicieux,  qui  sont  signes 
et  marques  de  l’imbécillité  de  toutes 
les  facultés  ,  et  de  la  colliquation  de 
toute  la  substance  du  corps,  il  faudra 
remedierpar  choses  réfrigérantes  et 
adstringentes ,  par  alimens  de  grosse 
substance,  comme  de  riz,  de  pois 
chiches,  appliquant  par  dehors  cho¬ 
ses  qui  adstreignent  et  roborent , 
donnant  en  outre  à  boire  au  malade 
eau  en  laquelle  de  l’auoine  ou  de 
l’orge  rosti  auront  cuit. 

Quant- au  reste,  il  faudra  traiter 
le  fébricitant  le  plus  doucement  que 
l’on  pourra ,  le  tenant  en  perpétuel 
repos ,  et  le  faisant  le  plus  dormir 
qu’il  sera  possible  L 


CHAPITRE  XXXVI. 

DES  FIÈVRES  SYMPTOMATIQVES  ,  DE 
LEVE  DIFFERENCE  ET  CVRATION. 

Aux  fiéures  essentielles  sont  oppo¬ 
sées  les  symptomatiques ,  qui  ne  sont 

*  Là  finissait  aussi  le  chapitre  de  1575  ; 
mais  le  livre  des  Playes  de  1579  ajoutait  les 
trois  paragraphes  suivants,  qui  peut-être 
ne  méritaient  pas  l’oubli  où  ensuite  l’auteur 
les  a  laissés  : 

«  L  on  dit  que  la  liqueur  des  limaces 


DES  FI 

pas  des  maladies  premières ,  mais  des 
accidens  qui  suruiennenl  à  cause  de 
quelque  maladie  qui  les  précédé  et 
deuance.  Car  encore  bien  que  la  fié- 
ure  telle  qu’elle  soit,  soit  vnemaladie, 
c’est  à  sçauoir  vne  intempérie  chaude 
et  seiche ,  si  est-ce  loulesfois  qu’on  a 
accoustumé  de  diuiser  la  fiéure  en 
celle  qui  est  maladie,  et  en  celle  qui 
est  syinploine.  ha  fleure  maladie,  ou 
comme nousauons  dit,  la  fleure  essen¬ 
tielle  suruient  sans  qu’vne  autre  ma¬ 
ladie  l’ameine  et  l’excite:  maislaflé- 
ure  qui  est  symptôme  est  excitée  par 
vne  autre  maladie ,  ne  plus  ne  moins 
que  les  autres  accidens,  tels  que  sont 
la  douleur,  les  veilles,  la  soif,  et  cho¬ 
ses  semblables.  Doneques,  tout  ainsi 
que  quelque  symptôme  ou  accident 
de  maladie  suit  ladite  maladie  tant 
qu’elle  dure,  et  s’esuanoüit  à  mesme 
temps  que  la  maladie  cesse  :  tout  de 

blanches ,  prises  et  nourries  és  vignes,  des 
tortues  nourries  à  la  façon  parauant  expli¬ 
quée,  au  reste  pillees  et  distillées  en  l’allam- 
bic  de  verre  in  balneo  Mariœ ,  baillee  auec 
syrop  de  pauot.de  nénuphar  ou  eau  de  dé¬ 
coction  de  laictues  et  de  poullet,  est  singu¬ 
lièrement  bonne  en  la  üéure  hectique. 

»  Telle  fiéure  peut  assaillir  les  petits  en- 
fans,  ou  pour  quelque  despit  ou  longue 
crainte  en  laquelle  ils  auroient  esté  tenus, 
ou  auoir  vne  nourrice  cholérique  de  nature 
et  de  façon  de  viure,  de  laquelle  pértant  le 
laict  est  trop  chault  et  ardent  :  ou  pour 
(.stre  nourris  de  vin  ,  ou  pour  estre  tenus 
continuellement  au  soleil  ;  en  ce  cas  il  leur 
faudra  changer  de  laict  de  nourrice  et  fa¬ 
çon  de  viure  en  autre  toute  contraire  ,  les 
tenant  en  air  chaud  et  humide  temperé- 
ment  :  les  oindre  d’huille  violât,  et  faire  à 
peu  près  les  choses  cy  douant  expliquées 
pour  les  refroidir  et  humecter. 

»  Que  si  la  ficurc  est  compliquée  d’hecti¬ 
que  et  putride,  il  faudra  pareillement  com¬ 
pliquer  et  accoupler  les  remedes  pour  l’vne 
et  l’autre  intention ,  par  bonne  méthode.  » 


VRES. 

mesme  la  fiéure  symptomatique  ne 
vient  qu’en  suite  de  quelque  maladie, 
et  s’en  va  aussi  à  mesme  heure  que 
ladite  maladie.  C’est  pourquoy  ceste, 
fiéure  icy  n’a  point  de  propres  indica¬ 
tions  ,  comme  a  l’essentielle,  les  indi¬ 
cations  de  laquelle  sont  prises  de 
sa  nature  et  de  ses  causes.  Mais 
celles  de  la  symptomatique  sont  prises 
de  la  maladie  qui  la  produit,  et  de 
là  vient  aussi  que  l’on  nomme  ceste 
fiéure  du  nom  de  sa  maladie,  et  non 
de  son  nom  propre,  comme  enseigne 
Galien  sur  l’aphorisme  septante-deux 
de  la  quatrième  section. 

«  Les  anciens ,  dit-il,  disoient  que 
«  ceux  estoienl  malades  de  la  fleure, 

»  qui  sans  aucune  inflammation,  sans 
»  abcès,  sans  douleur,  sans  erysipele, 

»  et  pour  le  dire  en  vn  mot ,  qui  sans 
))  aucune  autre  maladie  remarquable 
»  se  trouuoient  affligés  de  fleure. 

»  Mais  s’ils  se  trouuoient  auoir  la  flé- 
»  ure ,  ou  à  cause  de  la  douleur  de 
»  costé,  ou  de  poulmon,  ou  à  cause  de 
»  l’inflammation  de  quelqueautrepar- 
»  tie,  ils  ne  les  appeloient  pas  febrici- 
»  tans,  mais  pleuretiques,  peripneu- 
»  moniques,  hépatiques ,  et  de  pareil- 
»  les  et  semblables  appellations.  » 

Ce  n’est  pas  toutesfois  que  toutes 
les  fleures  symptomatiques  viennent 
de  nécessité  de  quelque  inflammation  : 
il  y  en  a  encore  d’autres  :  c’est  pour¬ 
quoy  ie  m’en  vais  apporter  toutes 
leurs  différences  et  especes.  Les  fié- 
uresdonc  symptomatiques  sont  prises 
de  trois  chefs ,  ou  de  l’inflammation 
de  quelque  partie,  ou  de  l’obstruction , 
ou  de  la  pourriture  et  corruption  de 
quelque  partie  noble. 

Celle  qui  vient  de  l’inflammation 
est  double  :  car  ou  elle  vient  de  l’in¬ 
flammation  de  quelque  partie  noble, 
et  voisine  du  edeur,  ou  dequelque  par¬ 
tie  ignoble  ,  et  qui  est  eslonguée  du 
12 


111. 


LE  VINGTIEME  LIVRE 


178 

cœur.  Celle-cy  est  ephemere  et  ne 
dure  qu’vn  iour,  d’autant  que  la  par¬ 
tie  pour  eslre  eslongnée  du  cœur  ne 
peut  rien  eschauffer  en  luy,  si  ce  n’est 
les  esprits  qui  se  portent  plus  aisément 
par  les  conduits  destournés  que  ne 
font  pas  les  humeurs.  L’autre  fléure 
qui  vient  de  l’inflammation  des  parties 
nobles  et  voisines  du  cœur  est  aussi 
double  ;  car  elle  est  ou  pblegmoneuse, 
queles  Grecs  disent  ouery- 

sipelateuse,  que  les  mesmes  Grecs  ap¬ 
pellent  EpuçiTttXaTuJyjî  OU  Celle 

là  se  fait  par  vn  vray  phlegmon  de 
quelque  partie,  et  celle-cy  par  l’ery- 
sipele  de  la  mesme  partie.  Par  exem¬ 
ple,  si  les  membranes  du  cerueau 
s’enflamment  par  la  corruption  du 
sang  qui  est  au  cerueau ,  il  se  fera 
vne  fléure  symptomatique  phlegmo- 
neuse  ;  mais  s’il  se  fait  vne  inflamma¬ 
tion  ausdites  membranes  par  la 
corruption  de  la  bile,  la  fléure  symp¬ 
tomatique  qui  en  sera  excitée  sera 
appellée  ou  tÿphodes  ou  erysipelateuse. 
Au  reste  ces  fléures  icy  d’autant  plus 
sont-elles  grandes,  violentes,  dange¬ 
reuses  et  périlleuses,  que  la  partie  qui 
reçoit  inflammation  est  noble  et  voi¬ 
sine  du  cœur  ;  car  le  cœur  en  reçoit 
plus  aisément  et  promptement  les 
mauuaises  fumées  et  vapeurs  qui  s’en 
esleuent  continuellement. 

La  seconde  fléure  symptomatique 
vient  de  l’obstruction  qui  est  viue- 
ment  attachée  à  quelqu’vne  des  en¬ 
trailles,  et  telle  fléure  d’ordinaire  est 
lente  :  car  c’est  vn  feu  caché,  et  vne 
pourriture  secrette  qui  se  glisse  len¬ 
tement  dans  les  veines,  et  à  peine  se 
peut  elle  communiquer  au  cœur  : 
c’est  pourquoy  ceste  fléure  est  si 
douce  et  a  des  accidens  si  légers  qu’à 
peine  le  malade  se  persuade-il  auoir 
de  la  fléure  ;  bien  qu’il  soit  assez  aisé 
au  médecin  prudent  et  aduisé  de  la 


reconnoistre,  par  quelques  signes  de 
pourriture  qui  apparoissent,  et  aux 
vrines  et  au  pouls.  Quelques-vns 
rapportent  à  ce  genre  de  fléure  celles 
dont  les  cachectiques  et  les  filles  qui 
ont  les  pasles  couleurs  sont  trauail- 
lées,  lesquelles  sont  engendrées  et 
produites  d’vne  certaine  pituite  sé¬ 
reuse,  qui  se  pourrit  lentement  dans 
toutes  les  parties  du  corps  où  elle  est 
diffuse  et  espandue.  D’autres  aussi 
mettent  entre  ces  fléures  icy ,  celles 
qui  sont  produites  parles  vers,  bien 
qu’elles  ayent  des  symptômes  beau¬ 
coup  plus  violens  que  les  fléures 
lentes. 

La  troisième  et  derniere  espece  de 
fléures  symptomatiques,  est  prise  de 
la  pourriture  et  corruption  de  quel¬ 
que  partie  de  nostre  corps  qui  est 
noble  et  necessaire  à  la  vie.  Par  exem¬ 
ple,  toutesfois  et  quantes  que  le  poul- 
mon,le  foye,la  ratte  se  pourrissent  et 
se  corrompent  en  leur  substance , 
par  la  continuité  des  vaisseaux  qui 
sont  insérés  en  ces  parties  là,  il  y  a  de 
mauuaises  vapeurs  qui  sont  portées 
au  cœur,  où  ils  allument  vne  fléure 
lente  continue,  qui  consomme  peu 
à  peu  le  malade  et  le  débilité  de  iour 
en  iour,  et  l’extenue  tellement  qu’il 
en  meurt  à  la  fln  :  et  ceste  fléure  icy 
n’est  point  autre  que  symptomatique, 
encore  bien  que  quelques  vns  la  vueil- 
lent  appeller  hectique  :  mais  en  l’hec¬ 
tique,  il  n’y  a  point  de  pourriture ,  si 
a  bien  en  celle-cy  ;  c’estpourquoy  elle 
constitue  la  troisième  espece  des 
symptomatiques. 

Or  la  connoissance  des  fléures  symp¬ 
tomatiques  despend  de  leurs  propres 
signes.  Celles  qui  se  font  à  cause  de 
l’inflammation  de  quelque  partie , 

Ise  reconnoissent  par  l’inflammation 
mesme,  qui  se  donne  assez  à  connois- 
tre,  tant  par  la  douleur  que  par  la 


DES  FIÏ^VRES. 


lésion  et  affliction  qu’elle  donne  à  la 
partie  malade  ;  d’auantage  ces  fleures 
n’ont  aucuns  accès  périodiques,  et  ne 
donnent  aucune  signiflcationde  pour¬ 
riture  dans  les  vrines,  si  ce  n’est  qu’il 
suinte  de  la  partie  enflammée  quelque 
petite  portion  de  pourriture  qui  se 
mesle  parmy  le  sang,  et  qui  le  cor¬ 
rompe.  Bref  telles  fléures  ne  reçoi- 
uent  point  de  crises,  ny  au  septième 
iour,ny  au  quatorzième,  mais  se  gué¬ 
rissent  peu  à  peu  à  mesure  que  l’in¬ 
flammation  se  diminue. 

Pour  la  fléure  lente  qui  se  fait  de 
l’obstruction,  elle  se  reconnoist  par 
la  tumeur  ou  dureté  de  viscères  qui 
sont  estouppés  :  elle  n’apporte  au¬ 
cun  grief  accident,  si  ce  n’est  que  peu 
à  peu  elle  oste  les  forces  du  malade, 
luy  fond  le  corps,  et  le  rend  maigre 
encore  qu’il  se  nourrisse  bien.  Elle 
dure  quelquesfois  bien  longtemps, 
vu  mois,  deux  mois,  plus  ou  moins, 
selon  que  l’obstruction  est  plus  ou 
moins  opiniastre  :  le  pouls  du  malade 
est  petit,  foible,  frequent,  leger  et 
inégal. 

Reste  la  fléure  qui  suit  la  corruption 
des  parties  :  celle-cy  se  reconnoist , 
parce  qu’elle  ne  diminue  nullement , 
ny  par  aucune  purgation,  ny  par  au¬ 
cune  saignée  :  ains  au  contraire  elle 
s’aigrit  et  augmente  à  veuë  d’œil.  Elle 
donne  des  défaillances  de  cœur,  et 
peu  à  peu  elle  amaigrit  tellement  le 
malade  et  le  débilité,  qu’elle  Poste 
hors  de  ce  monde.  Il  faut  au  reste 
prendre  garde  quelle  est  la  partie  qui 
se  corrompt,  si  c’est  le  poulmon,  le 
foye,  la  ratte,  l’estomachjles  reins,  le 
mesentere,  la  matrice  :  car  par  ce 
moyen  vous  entrez  en  sa  connoissance. 

Cecy  eslabli,  venons  à  la  cure  de 
ces  fléures  symptomatiques.  Celle  qui 
suit  les  inflammations  se  doit  trai¬ 
ter  comme  l’inflammation  mesmo , 


‘79 

et  comme  les  autres  fléures  que  nous 
auons  dit  estre  des  intempéries  chau¬ 
des  et  seiches.  C’est  pourquoy  le  re  - 
gime  de  viure  doit  estre  rafraichis- 
sant  et  humectant ,  en  s’abstenant 
tout  à  fait  de  vin  et  des  choses  qui 
peuuent  augmenter  l’inflammation. 
Il  faut  commencer  les  remedes  par 
la  saignée,  laquelle  est  si  necessaire 
en  ce  mal  icy,  que  si  elle  n’est  faite  et 
promptement  et  competemment,  ou 
le  malade  meurt  bien  tost ,  ou  il  se 
fait  vn  abcès,  qui  quelquesfois  est 
mortel,  quelquesfois  est  de  tres-lon- 
gue  durée.  Cependant  on  fera  vser  au 
malade  dejuleps  et  apozemes  refri- 
gerans,  qui  ont  la  force  et  la  vertu  de 
reprimer  la  ferueur  de  la  bile,  et  au¬ 
tres  humeurs  ardentes  et  boüillantes 
qui  fomentent  le  mal.  Use  faut  bien 
donner  de  garde  de  purger  le  malade 
du  commencement,  voire  mesme  tant 
qu’il  y  aura  soupçon  d’inflammation  : 
car  il  faut  craindre  d’irriter  la  partie 
malade  ,  de  l’eschauffer,  et  de  luy 
transporter  de  nouueau  demauuaises 
humeurs.  Lors  mesme  qu’il  sera  temps 
de  purger,  il  faut  se  seruir  de  purga¬ 
tifs  doux  et  bénins,  et  fuir  les  violens, 
et  ceux  qui  reçoiuent  la  scammonée. 
Il  ne  faut  nullement  parler  de  vomi¬ 
tifs,  d’autant  qu’ils  sont  tres-perni- 
cieux  aux  inflammations.  En  vn  mot  on 
se  doit  con  tenter  presque  durant  toute 
la  maladie  de  clysteres,  de  la  saignée, 
et  remedes  alteratifs  rafraichissans 
et  humectans  :  ayant  toutesfois  tous- 
iours  esgard  à  la  partie  enflammée 
pour  luy  appliquer  les  remedes  pro¬ 
pres  ,  comme  les  bechiques  au  poul¬ 
mon,  les  epithemes  au  foye  et  à  la 
ratte,  et  ainsi  des  autres. 

Pour  les  fléures  lentes  symptonaa- 
tiques  qui  viennent  de  l’obstruction 
ou  du  foye,  de  la  ratte,  il  faut  se  ser¬ 
uir  d’vn  régime  de  viure  qui  soit  in- 


LE  VINGTIEME  LIVRE 


180 

cis'if  et  altenualif ,  préparant  des 
bouillons  de  poullets  auec  racines  de 
persi!,defonoüil,de  câpres,  d’orge, et 
autres  diurétiques  :  il  faut  euiter  les 
alimens  visqueux  et  grossiers ,  toutes 
sortes  de  legumes,  et  autres  viandes 
flatulentes  et  lerreslres.  La  boisson 
ordinaire  doit  cstre  préparée  auec 
orge,  chiendent,  racines  d’ozeille  et 
de  cichorée  saunage,  de  dent  de  lion, 
meslant  quelquesfois  vu  peu  de  vin 
blanc  qui  est  apéritif  et  diurétique. 
Entre  les  remedes  la  saignée  lient  le 
premier  lieu,  qui  oste  et  desgagepuis  • 
saniment  les  obstructions,  et  en  outre 
descharge  la  nature  d’vne  portion 
des  humeurs  qui  Faffoiblissent,  et  qui 
diminuent  la  chaleur  naturelle.  Les 
clysteres  delersifs  doiuent  eslre  sou- 
uent  vsités,  cependant  que  l’on  pré¬ 
paré  les  humeurs  auec  juleps  et  apo- 
zemes  qui  ouurent,  desbouchent, 
incisent  et  atténuent  sans  excessiue 
chaleur,  et  que  par  inlerualle  on  cor¬ 
robore  les  entrailles,  lantosl  auec  l’e- 
iecluairede  (riasantali,  tantosl  auec 
les  trochisques  d’aigremoine,  ou  bien 
auec  poudres,  condits,  tablettes,  et 
opiates  conuenables.  Après  cela  il  fau¬ 
dra  purger  doucement  et  fréquem¬ 
ment  le  corps,  ayant  tousiours  esgard 
la  partie  qui  est  estouppée,  comme 
au  foye  ou  à  la  ralte  :  pour  selon  ceste 
indication  mesler  les  medicamens  qui 
ont  plus  de  familiarité  auec  la  partie 
affectée.  Bref  ilne  faut  rien  obmettre 
des  choses  qui  ont  la  force  de  des¬ 
boucher,  d’ouurir,  d’inciser,  d’alte- 
nuer,  et  de  desgager  les  obstructions. 

En  fin  les  fiéures  symptomatiques 
qui  viennent  de  la  corruption  des  par¬ 
ties  nobles  reçoiiient  assez  de  reme- 
despallialifs,  mais  elles  n’en  peuuent 
auoir  qui  les  puissent  entièrement 
guérir.  H  en  faut  mourir  tost  ou  lard, 
veu  qu’jl  est  impossible  de  restituer 


vne  partie  noble  qui  aura  esté  vne 
fois  corrompue  :  l’axiome  du  philoso¬ 
phe  estant  tres-vray,  qui  dit  qu’il  n’y 
a  point  de  retour  de  la  priualion  à 
l’habitude.  Il  faudra  donc  se  conten¬ 
ter  du  prognoslic,  et  prescrire  au  ma¬ 
lade  le  meilleur  régime  de  viure  que 
faire  se  pourra  :  que  s’il  estoit  tra- 
uaillé  de  quelques  violens  symptô¬ 
mes,  il  faut  tascher  à  les  adoucir  les 
mieux  qu’il  sera  possible,  et  du  reste 
n’esperer  autre  issue  de  la  maladie 
que  la  mort. 


CHAPITRE  XXXVII. 

DES  FIEVRES  EXTRAORDINAIRES. 

N ostre  première  diuision  des  fiéures 
a  esté  en  ordinaires  et  extraordinai¬ 
res,  dont  les  premières  ont  esté  expo¬ 
sées  iusques  icy.  Restent  donc  les 
extraordinaires  seulement,  qui  pour 
le  dire  sainement,  ne  sont  point  nou- 
ueiles  différences  et  especes  de  flé- 
ures,  ains  sont  les  mesmes  que  nous 
allons  expliquées,  mais  qui  ne  sont 
pas  seulement  accompagnées  de  leurs 
symptômes  et  accidens  ordinaires , 
mais  aussi  d’autres  qui  sont  plus 
estranges  et  plus  extraordinaires ,  et 
pour  la  pluspart  tous  dangereux  et 
mortels.  A  ces  fiéures  icy  ie  rapporte 
toutes  celles  que  l’on  appelle  mali¬ 
gnes,  pestilentielles,  contagieuses,  pur- 
purées,  les  tierces  quolidianes  et  quar¬ 
tes  pestilentielles,  ïephemere  des  An¬ 
glais,  que  l’on  appelle  i’<îpovoî;<rov,  les 
fiéures  epidemiques  accompagnées  de 
coqueluche,  de  pleuresie,  péripneu¬ 
monie,  dysenterie  pestilentielles  et 
contagieuses  :  bref  toutes  celles  qui 
ont  quelque  malignité  extraordinaire, 
desquelles  toutesfois  ie  ne  pretens 


point  en  ce  discours  parler  plus  am¬ 
plement,  d’autant  qu’icelles  fiéures 
se  peuuent  commodément  rapporter 
à  la  peste,  de  laquelle  nous  auons  fait 
vnliure  particulier  ».  C’est  pourquoy 

1  II  renvoyait  déjà  pour  le  même  objet  à 
son  livre  de  la  Pesie  dans  le  traité  des  Fié¬ 
ures  de  1575.  Voyez  ci-devant  la  dernière 
note  du  chapitre  13. 


ce  seroit  chose  superflue  que  de  vou‘ 
loir  derechef  ra’eslendre  sur  ce  suiet  : 
qu’on  ait  recours  à  mon  discours  par¬ 
ticulier,  et  on  trouuera  dedans  assez 
de  matière  pour  contenter  l’esprit 
curieux  du  chirurgien.  Et  que  cecy 
suffise  pourla  première  partie  du  dis¬ 
cours  des  fiéures,  l’ordre  nous  appel- 
lant  à  la  seconde  partie. 


SECONDE  PARTIE 


DV  DISCOVRS  DES  FIEVRES 

TOVCHANT  LEVRS  SYMPTOMES. 


CHAPITRE  I. 

DE  LA  DIVLSION  DES  SYMPTOMES, 

ET  SVITE  DE  CE  DISCOVRS. 

Il  n’y  a  point  de  maladies  qui  ne 
soient  suiuies  et  accompagnées  de 
quelques  symptômes,  tout  ainsi  que  le 
corps  est  suiui  de  son  ombre.  Mais 
entre  toutes  les  maladies ,  il  n'y  en  a 
point  qui  en  ayent  de  plus  frequens,  de 
plus  violens  et  de  moins  supportables 
que  les  fléures,  d’autant  qu’estant 
maladies  vniuerselles  et  communes 
à  tout  le  corps,  elles  peuuent  en  tous 
endroits  d’iceluy  produire  de  mau- 
uais  accidens.  C'est  pourquoy  ce  n'a 
pas  esté  sans  raison  que  nous  auons 
diuisé  le  traité  des  fléures  en  deux 
parties,  la  seconde  desquelles  nous 
auons  destinée  à  l’explication  de  leurs 
symptômes.  Car  encore  bienqu’iceux 
n’ayent  aucune  propre  indication,  et 
qu’ils  se  dissipent  et  s’esuanoüissent 
à  mesure  que  les  fléures  cessent  et 
finissent,  ce  qui  semble  nous  persua¬ 
der  qu’il  ne  leur  faut  autres  remedes 
que  ceux  qui  sont  ordonnés  aux  flé- 

I  Toute  cette  deuxième  partie  est  neuve, 
c’est-à-dire  qu’il  n’en  avait  rien  paru  dans 
les  œuvres  publiées  par  l’auteur  lui-même. 
Nous  n’aurons  donc  qu’à  suivre  scrupuleu- 
sementle  texte  de  l’édition  posthume  de  1628. 


ures.  si  est-ce  toutesfois  qu’ils  sont 
quelquesfois  si  violens ,  si  fascheux  et 
insupportables  auxfebricitans,  qu’ils 
obligent  les  .  malades  à  demander 
quelque  soulagement,  et  forcent  le 
médecin  de  leur  trouuer  et  appliquer 
des  remedes.  Outre  qu’il  est  Ires-cons- 
tant  et  asseuré  que  les  symptômes 
quelquesfois  sont  causes  de  nouuelles 
maladies,  bien  qu’ils  ne  soient  que 
les  effets  d’icelles  :  mais  ils  sont 
effets  des  premières  maladies,  et  sont 
causes  de  quelques  maladies  secon¬ 
des  qu’ils  excitent  :  par  exemple ,  le 
déliré  n’est  qu’vn  effet  de  l’intempe- 
rie  chaude  et  seiche  de  tout  le  corps  : 
mais  si  ce  déliré  perseuere,  il  apporte 
la  phrenesie ,  et  est  cause  d’une  in- 
flamihation  qui  se  fait  au  cerueau , 
qui  est  vne  nouuelle  maladie.  D’au¬ 
tant  doncques  que  les  febricitans  se 
plaignent  plusiost  des  symptômes 
que  de  la  maladie,  et  aussi  à  fin  d’em- 
pescher  leurs  mauuais  effets,  i’ay 
trouué  à  propos  de  donner  quel¬ 
ques  remedes  pour  leur  soulage¬ 
ment,  que  toutesfois  ie  modereray  tel¬ 
lement  ,  qu’ayant  esgaid  aux  symp¬ 
tômes,  ie  ne  laisseray  pas  tousiours 
de  bulei;  premièrement  et  principa¬ 
lement  à  la  cure  et  guérison  des  flé¬ 
ures  dont  ils  sont  accidens  et  effest. 

Or  à  fin  de  garder  quelque  ordre  en 
ce  discours,  nous  prendrons  celuy  des 


DES  FIEVRES. 


symptômes ,  que  les  médecins  appor-  i 
tent  en  la  pathologie ,  qui  est  qu’ils  I 
diuisent  les  symptômes  en  trois  chefs, 
sçauoir  : 

1.  En  ceux  qui  appartiennent  à 
l’action  lesée: 

2.  En  ceux  qui  dépendent  de  l’a- 
metric  des  excremens  : 

3.  En  ceux  qui  suiuentla  simple  af¬ 
fection  du  corps. 

N  ous  pareillement ,  et  à  leur  exem¬ 
ple,  parlerons  des  symptômes  des 
fleures  qui  appartiennent  à  l’action 
lesée,  tels  que  sont  la  douleur,  les 
veilles,  l’assoupissement  et  sommeil 
profond ,  le  déliré ,  la  conuulsion ,  la 
paralysie,  resbloüissementde  la  veuë, 
la  surdité ,  la  difficulté  de  respirer,  la 
toux ,  la  difficulté  d’aualler ,  le  de- 


i83 

goust ,  la  nausée ,  le  sanglot ,  le  vo¬ 
missement,  la  soif  desreglée ,  la  lipo¬ 
thymie  et  syncope.  En  second  lieu 
nous  ferons  mention  des  symptômes 
qui  suiuent  l’ametrie  des  excremens  ; 
comme  sont,  le  flux  de  vcnire ,  la  du¬ 
reté  de  ventre,  la  suppression  d’vrine, 
le  flux  excessif  d’vrine,  les  sueurs 
immodérées ,  et  le  flux  de  sang.  En 
troisième  lieu  nous  rencontrerons  les 
symptômes  qui  appartiennent  à  la 
simple  affection  du  corps,  telle  qu’est 
la  iaunisse,  la  seicheresse  et  noirceur 
de  la  langue,  la  froideur  des  extré¬ 
mités  du  corps, l’excessiue  chaleur,  la 
tension  des  hypochondres.  Voila  l’or¬ 
dre  que  nous  tiendrons,  duquel  tu 
vois  le  racourcissement  en  la  table 
suiuante. 


Les  symptô¬ 
mes  des  fléures'N 
sont  pris  ou 


La  douleur. 

Les  veilles. 

L’assoupissement  et  sommeil  profond. 

Le  déliré. 

La  conuulsion. 

La  paralysie. 

L’csblouissement  de  la  veuë. 

De  l’action  le-  La  surdité, 
sée,  tels  que/ La  difficulté  de  respirer, 
sont  La  toux, 

La  difficulté  d’aualler. 

Le  degoust. 

La  nausée. 

Le  sanglot. 

Le  vomissement. 

\  La  soif  desreglée. 

'La  lipothymie  et  syncope. 

!Le  flux  de  ventre. 

La  dureté  de  ventre. 

La  suppression  d’vrine. 

Le  flux  excessif  d’vrine. 

Les  sueurs  immodérées. 

^  Le  flux  de  sang. 

,  La  iaunisse. 

De  la  simple/  j  geicheresse  et  noirceur  de  lâ  langue,  chap. 

I  affection  dut  ^  ^  ivoideur  des  extrémités.  cl'“P- 

^  corps,  tels  quej  L’excessiue  chaleur. 

(  La  tension  des  hypochondres.  chap. 


chap.  5 
chap.  ; 
chap.  ^ 
chap.  1 
chap.  I 
chap.  ' 
chap. 
chap.  ' 
chap.  1 
chap.  1 
chap.  1 
chap.  1 
chap.  1 
chap.  1 
chap.  1 
chap.  1 
chap.  ] 

chap.  1 
chap.  5 
chap.  i 
chap. 
chap. 
chap. 


23. 

24. 

chap.  25. 


i84 


LË  VlNGTllÉME  LIVRE, 


CHAPITRE  II. 

DES  SYMPTOMES  DE  l’ ACTION  LESEE  : 
ET  PREMIEREMENT  DE  LA  DOVLEVU. 

Entre  tous  les  symptômes  des  flé- 
ures,  il  n’y  a  point  de  si  frequent  et 
de  plus  importun  que  la  douleur  : 
c’est  pourquoy  nous  la  mettons  icy 
au  premier  rang.  Or  ladouleur  qu’ap¬ 
porte  la  fiéure  est  principalement,  ou 
à  la  teste,  ou  à  l’estomach  ,  ou  au 
yentre ,  ou  aux  lombes ,  ou  aux  cuis¬ 
ses  et  aux  iambes. 

Pour  la  douleur  de  teste,  peu  de  fe- 
bricitans  en  sont  exempts,  et  s'atta¬ 
che  particulièrement  aux  temples,  au 
front ,  et  au  deuant  de  la  teste;  celle 
qui  vient  au  sommet  et  derrière  de  la 
teste  ou  à  l’entour  des  oreilles  venant 
plutost  d’autre  cause  que  non  pas  de 
la  fiéure.  Au  reste,  la  fiéure  donne  la 
douleur  de  teste ,  par  le  moyen  des 
fumées  et  vapeurs  qui  sortans  du 
foyer  delà  fiéure  contenu  dans  la  pre¬ 
mière  ou  deuxième  jegion  du  corps, 
sont  portées  au  cerueau  par  les  vei¬ 
nes  et  arteres  et  autres  conduits. 
Quand  ceste  douleur  est  legere,  elle 
ne  mérité  pas  que  l’on  fasse  autres  re- 
medes  que  ceux  que  l’on  donne  pour 
la  fiéure  ;  mais  si  elle  est  importune 
et  violente,  après  les  clysteres  et  les 
saignées,  on  pourra  faire  quelques  re- 
raedes  topiques,  frottant  les  tempes  et 
le  front  d’oxyrhodinum  préparé  auec 
huile  rosat,  et  la  7.  ou  8.  partie  de 
vinaigre:  ou  bien  on  prendra  quatre 
onces  d’eau  rose,  vue  once  de  fueilles 
de  saule  ou  de  fleurs  de  violles  et  de 
nénuphar,  six  drachmes  de  vinaigre 
rosat, le  blanc  d’vn  œuf,  qu’on  agite¬ 
ra  et  meslera  ensemble,  pourfaire vn 
frontal  à  mettre  sur  lesdites  parties. 


Que  si  ces  choses  ne  suffisent  à  ap- 
paiser  la  douleur,  on  peut  raser  la 
teste  et  la  frotter  souuent  dudit  oxy- 
rhodinum,  ou  mettre  dessus  vn  linge 
trempé  en  eau  de  rose,  de  plantain,  de 
betoine ,  de  morelle,  et  autres  de  pa¬ 
reilles  vertus.  Quelques  vus  aiment 
mieux  se  seruir  de  cest  onguent,  pré¬ 
paré  auec  deux  onces  d’huile  vio¬ 
lât  et  de  nénuphar ,  vne  once  et  de¬ 
mie  d’huile  tirée  de  la  semence  de 
courge,  vne  once  de  suc  de  laictue  et 
de  morelle,  auec  vn  peu  de  cire  pour 
luy  donner  corps.  Que  si  le  malade 
ne  peut  endurer  les  choses  liquides  ny 
mouillées ,  on  luy  fera  ce  frontal  sec , 
prenant  : 

“if.  Fleurs  de  nénuphar  et  violles,  de  chacune 
deux  drachmes  : 

Vne  drachme  et  demie  de  fleurs  de  cha- 
momille  et  de  melilot: 
Vnedrachmeetdemie  degraine  d’ozeille, 
de  pourpié  et  de  laictues  : 

Deux  scrupules  de  graine  de  pauot  hlanc 
et  de  psjUium  : 

Fleurs  de  roses  de  Prouins  3.  drachmes. 

Qu’on  mesle  le  tout  en  poudre  pour 
enfermer  en  vn  sachet  de  tafetas  de 
iuste  grandeur  bien  piqué ,  à  mettre 
sur  le  front  et  sur  les  temples,  après 
qu’on  l’aura  arrousé  du  costé  qu’il 
doit  toucher  la  chair  d’eaux  de  pour¬ 
pié,  de  laictues ,  d’ozeille ,  de  violles, 
de  nénuphar ,  de  morelles  et  autres 
semblables,  le  liant  fermement ,  à  fin 
d’empescher  d’autant  plus  les  fumées 
démonter  au  cerueau. 

D’autres  prennent  : 

Fueilles  seichées  de  marjolaine  ,  de 
sauge,  de  melisse,  et  de  betoine,  de  cha¬ 
cune  2.  ou  3.  drachmes. 

Du  calamiis  aromatique,  souchet  et  ga- 
langa  menu,  de  chacun  vne  drachme. 
Noix  muscade,  macis,  schœnanthe,  graine 
d'alkermes,  et  roses  rouges,  de  chacune 
demie  drachme. 


DES  FlivRES. 


Ils  réduisent  le  tout  en  poudre, dont  ' 
ils  font  vn  frontal;  qui  sert  à  digérer 
et  résoudre  les  fumées  qui  ne  vien¬ 
nent  pas  d’humeurs  si  boüillantes  et 
eschauffées. 

La  douleur  est  quelquesfois  si  opi- 
niastre  qu’il  faut  venir  aux  ventou¬ 
ses  scarifiées  et  sans  scarification , 
qu’on  applique  sur  les  espaules ,  et 
qu'on  réitéré  plusieurs  fois:  ou  bien 
aux  vésicatoires,  qui  par  l’attraction 
qu  ils  font,  donnent  air  aux  fumées 
enfermées  dans  le  cerueau  ,  et  en  ti¬ 
rent  en  outre  bonne  quantité  de  sé¬ 
rosités.  Si  cela  n’y  fait  rien ,  les  iuleps 
somnifères  sont  excellons ,  veu  que 
par  le  sommeil  qu’ils  apportent  ils  ra¬ 
fraîchissent  puissamment  le  cerueau  , 
et  hebetent  ia  chaleur  et  furie  des  va¬ 
peurs  les  plus  bouillantes  :  de  ces  iu¬ 
leps  icy  nous  en  parlerons  cy  après,  au 
chapitre  des  veilles  immodérées, 

le  viens  à  la  douleur  d’estomacb  , 
que  les  Grecs  appellent  Cardialgiam , 
qui  est  excitée  de  quelque  humeur 
acre  et  piquante ,  laquelle  blesse  et 
offense  l’orifice  supperieur  de  l’esto- 
mach,  que  les  Médecins  appellent 
xapcîtav.  Cette  douleur  est  grandement 
sensible ,  et  apporte  quelquesfois  auec 
elle  la  nausée ,  le  sanglot ,  le  vomisse¬ 
ment,  à  cause  que  la  partie  affligée  est 
grandement  nerueuse:  c’est  pourquoy 
les  febricitans  se  plaignent  souuent 
au  médecin  de  cesle  douleur.  Il  faut 
à  cest  accident  icy  les  choses  qui  peu- 
uent  hebeter  l'acrimonie  de  l’hu  meu  r , 
et  qui  peuuent  la  rafraicliir ,  tels  que 
sont  les  syrops  violât,  de  limons ,  de 
grenades,  de  berberis,  de  agresta , 
qu’on  prendra  seuls  ou  délayés  en 
eau  ou  décoction  d’endiue,  de  sca- 
riole ,  d’ozeille  ,  de  cichorée  sau¬ 
nage,  de  pourpié,  de  laictue:  ou  bien 
dans  l’eau  de  décoction  d’orge  ,  des 
quatre  semences  froides ,  grandes  ou 


i85 

petites,  de  fleurs  de  vielles,  de  bu- 
glosse ,  de  bourrache  ,  de  nénuphar. 
On  peut  aussi  ordonner  les  conserues 
de  nénuphar,  de  violles,  de  roses,  de 
buglosse  :  comme  pareillement  quel¬ 
ques  poudres  qui  puissent  boire  les 
sérosités  bilieuses  qui  sont  dans  le 
ventricule, sans  toulesfois  eschauffer, 
comme  sont  la  poudre  des  coraux,  do 
perles  préparées,  de  racleure  de  corne 
de  cerf  et  d’yuoire,  de  coriandre,  de 
spodium ,  et  autres  de  pareilles  ver¬ 
tus,  desquelles  on  pourra  mesme  pré¬ 
parer  des  tablettes  auec  sucre  dissout 
en  eau  de  buglosse  et  de  laictue ,  ou 
des  opiates  stomachales.  Nous  en  di¬ 
rons  d’auantage  aux  chapitres  du  vo¬ 
missement  et  de  la  syncope. 

Souuent  il  suruient  aux  febricitans 
des  douleurs  de  coliques,  qui  sont 
excitées  ou  par  humeurs  acres  et  es- 
chauffées,  ou  bien  de  quelques  vents 
et  flatuosités  qui  errent  et  vaguent 
par  les  intestins.  A  ces  premiers,  il 
faut  toutes  choses  réfrigérantes  , 
comme  clysteres,  iuleps,  apozemes  , 
epithemes ,  linimens.  On  préparé  les 
clysteres  auec  le  lait  clair,  fueilles  de 
vignes,  de  laictue,  de  pourpié,  de 
fleurs  de  nénuphar,  de  concombre 
coupé  par  tranches,  de  semence, 
froides  :  on  délayé  dedans  le  miel  vio¬ 
lât,  l’huile  violât,  casse  mondée: 
quelquesfois  quand  les  douleurs  sont 
violentes ,  syrop  de  pauot ,  pilules  de. 
cynoglosse,  theriaque  recente,  cam¬ 
phre,  et  autres.  Les  iuleps  et  apozemes 
sont  faits  d’herbes ,  de  fleurs  et  de  se¬ 
mences  rafraîchissantes;  on  délayé 
dedans  les  syrops  de  limons  ,  de  viol¬ 
les  ,  de  nénuphar,  de  pauot  appellé 
diacodion.  On  donne  aussi  par  fois  le 
petit  laict  en  grande  quantité  cuit  et 
clarifié,  ou  bien  quelques  émulsions 
rafraichissantes.  Les  epithemes  doi- 
uenl  continuellement  estre  appliqués 


l86  LE  VINGTIÈME  LIVRE, 


sur  Ig  ventre,  faits  d’eaux  de  morelle, 
d’ozeille.de  buglosse,  de  plantain, 
de  roses  ,  meslées  auec  vinaigre  rosat 
et  quelques  poudres  astringentes , 
pour  conseruer  les  forces  du  foye  et 
delà  ralte.  Les linimens  se  font  d’hui¬ 
les  de  nénuphar ,  rosat,  violât,  om- 
phacin,  cerat  santalin,  onguent  ro¬ 
sat  de  Mesué ,  auec  vn  peu  de  vinai¬ 
gre  rosat.  Que  si  cela  ne  profite  ,  on 
donne  le  demy-bain  malin  et  soir,  qui 
est  vn  excellent  rernede  contre  ces 
coliques  d’humeurs  bilieuses. 

Que  si  ces  douleurs  sont  excitées 
par  des  ventosités ,  on  fera  des  clys- 
teres  detersifs  et  résolutifs  préparés 
auec  maulues ,  aigremoine ,  son ,  or¬ 
ge  ,  betoine ,  fleurs  de  chamomille  et 
de  meiilot ,  semence  de  lin ,  de  fœnu- 
grec ,  de  fenoüil ,  d’anis ,  de  figues 
grasses  :  délayant  dedans  miel  mer- 
curial  ou  d’anthos ,  electuaire  lenitif, 
diaphœnic ,  sucre  rouge ,  auec  huiles 
de  chamomille,  de  noix,  de  rue  et  au¬ 
tres.  On  applique  aussi  sur  le  ventre 
fomentations  faites  de  décoction  des 
qu  atre  emollien  tes,  de  betoine,  de  mar¬ 
jolaine,  de  calament,  de  fleurs  de  cha¬ 
momille  et  meiilot ,  de  semence  d’a- 
neth  et  de  fenoüil ,  qu’on  fait  cuire 
dans  moitié  eau  et  moitié  vin  blanc. 
On  fait  aussi  des  sachets  de  millet , 
d’auoine  fricassée, de  son,  de  paritoire 
aussi  fricassée  auec  beurre  frais.  Les 
huiles  de  rué ,  de  iasmin,  de  chamo¬ 
mille  ,  de  lin ,  de  noix  muscade  ser- 
uent  à  faire  les  linimens.  On  fait  aussi 
des  poudres  à  prendre  par  la  bouche 
auec  coriandre ,  fenoüil ,  perles  pré¬ 
parées  ,  canelle ,  poudres  de  l’elec- 
tuaire  de  gemmis  et  diarhodon  abba- 
tis,  que  le  malade  prend  à  certaines 
heures  du  iour. 

Les  douleurs  des  lombes  et  de  la 
région  renale  prouiennent  de  la 
grande  chaleur  qui  est  contenue  dans 


la  grande  artere,  et  la  veine  eau® 
descendante,  à  cause  du  sang  qui 
bout  dedans  :  à  ces  douleurs  on  or¬ 
donne  l’oxyrhodinum  pour  frotter  les 
lombes,  l’oxycrat  appliqué  auec  des 
linges,  les  linimens  de  suc  de  laiclue  et 
de  blanc  d’œuf,  de  populeum ,  et  do 
cerat  de  Galien,  auec  les  sucs  de  mo¬ 
relle,  de  ioubarbe,  et  vn  peu  de 
camphre.  On  fait  fomentations  auec 
eaux  de  laictue,  plantain,  morelle,  ro¬ 
ses  ,  pourpié ,  vinaigre  rosat ,  et  cam¬ 
phre.  On  met  sous  le  malade  vnepiece 
ou  de  marroquin,  ou  de  camelot,  ou  de 
bougranj  estofifes  qui  ne  retiennent 
que  bien  peu  la  chaleur.  Autres  font 
mettre  sur  les  lombes,  ou  fueilles  de 
vigne ,  ou  tranches  de  melons  et  de 
concombres.  On  donne  des  iuleps  ou 
émulsions  rafraîchissantes,  et  des  or¬ 
ges  mondés,  Vn  grand  rernede,  ce  sont 
les  clysteres  emollieris  et  rafraichis- 
sans  et  doucement  purgatifs,  à  fin 
d’oster  d’alentour  des  reins  vne  quan¬ 
tité  d'ordures  qui  croupissent  ordi¬ 
nairement  dans  le  ventre,  et  qui  es¬ 
tant  Ame  fois  eschauffées  apportent 
ces  importunes  douleurs  de  reins. 

La  douleur  de  cuisses  et  de  iam- 
bes  est  souuent  bien  importune  aux 
febricitans,  qui  se  sentent  auoir  les 
os  comme  brisés  ;  à  peine  peuuent-ils 
se  remuer ,  et  mesme  endurer  que  la 
couuerture  du  lit  les  louche  :  autres- 
fois  ils  ont  des  lactations  et  agitations 
fascheuses ,  pour  ne  pouuoir  trouuer 
aucune  bonne  place.  Or  ces  douleurs 
viennent  quelquesfois  de  l’ardeur  de 
la  fiéure ,  qui  enflamme  les  esprits  et 
les  humeurs  qui  sont  esparses  parmy 
les  parties  cutanées  et  musculeuses  ; 
autresfois  elles  arriuent  par  l’etTusion 
d’ vue  humeu  r  sereu  se,  acre  et  bilieuse, 
qui  se  iette  ou  dans  les  espaces  vuides 
des  muscles ,  ou  sur  le  périoste ,  qui 
est  la  membrane  qui  enueloppe  les 


DES  Fi:ÉVRES, 


OS.  Pour  les  agitations,  iactatioiis  et 
alysme  ,  elles  prouiennent  ou  des  es¬ 
prits  enllammds  qui  se  iettent  çà  et  là, 
selon  qu’ils  sont  poussés  et  chassés 
par  l’ardeur  de  la  fléure,  ou  bien 
d’vne  quantité  d’humeurs  bilieuses , 
chaudes  et  acres ,  qui  pour  estre  dans 
les  veines  ou  à  l’entour  des  entrailles 
toutes  bouillantes  et  furieuses ,  cher¬ 
chent  vn  plus  grand  lieu  que  celuy  où 
elles  sont  enfermées  et  trop  serrées , 
d’où  vient  qu’elles  pressent  le  dia¬ 
phragme  ,  le  cœur  et  les  poulmons , 
ce  qui  fait  que  le  malade  estoutfe  et 
ne  peut  trouuer  de  place  à  son  aise, 

A  ces  lactations ,  ie  ne  trouue  point 
meilleurs  remedes  que  ceux  qui  sont 
ordonnés  à  la  fiéure,  les  saignées  fre¬ 
quentes,  les  clysteres  réitérés,  les  fo¬ 
mentations,  les  iuleps:  et  quand  le 
mal  le  permet,  les  purgations ,  vomi¬ 
tifs  et  aulres. 

Aux  douleurs  de  membres,  prin¬ 
cipalement  des  cuisses  et  des  iambes, 
on  fait  des  frictions  douces ,  des  lini- 
mens  auec  huile  d’amandes  douces , 
de  nénuphar ,  rosat ,  violât,  y  adioiis- 
tant  tant  soit  peu  de  celle  de  lis  et  de 
chamomille,  pour  résoudre  et  ouurir. 
On  fait  des  décoctions  partie  réfrigé¬ 
rantes,  partie  resolutiues,  pour  fo¬ 
menter  auec  bons  linges  les  parties 
dolentes.  On  fait  des  lauemens  de 
pieds  et  de  iambes  auec  eau  tiede 
simplement,  ou  auec  décoctions  de 
chamomille,  de  melilot  et  nénuphar, 
de  fueilles  de  vignes,  de  lalctue,  et  au¬ 
lres  semblables.  On  descharge  aussi 
les  iambes  par  l’application  d’vne 
quantité  de  sangsues  :  bref  on  fait  sa¬ 
chets,  linimens,  bains,  onguens,  fo¬ 
mentations,  lesquels  n’ont  pas  quel- 
quesfois  tant  de  force  qu’aura  quel¬ 
que  iulep  somnifère ,  qui  par  le  som¬ 
meil  qu’il  apportera,  appaisera  tout 
d’vn  coup  telles  douleurs. 


187 


CHAPITRE  lir. 

des  veilles  IMMODEREES. 

S’il  y  a  chose  qui  après  la  douleur 
abbalte  les  forces  d’vn  fébricitant ,  ce 
sont  les  longues  veilles  et  immode 
rées ,  qui  quelquesfois  viennent  de  la 
violence  des  douleurs,  quelquesfois 
d’vne  grande  seicheresse  du  cerueau, 
qui  est  causée  par  des  humeurs  ou  va¬ 
peurs  chaudes  et  seiches. 

Les  veilles  que  la  douleur  apporte 
sont  ostées  par  les  mesmes  remedes 
qui  assoupissent  la  douleur  ;  celles 
qui  viennent  de  seicheresse  du  cer¬ 
ueau  doiuent  estre  empeschées  par 
remedes  contraires ,  c’est  à  dire  par 
ceux  qui  rafraichissent  et  humectent. 
On  fera  donc  des  frontaux  auec  huile 
rosat ,  eau  rose,  vinaigre  rosat,  et  vn 
blanc  d’œuf  meslés  ensemble  :  ou  bien 
auec  conserue  de  betoine ,  de  nénu¬ 
phar  ,  de  violes  ,  de  roses ,  et  l’on¬ 
guent  populeum.^Il  faudra  rafraîchir 
la  chambre  du  malade  auec  herbes 
rafraîchissantes ,  et  l’arroser  d’eau 
froide  :  il  faudra  faire  tomber  de  l’eau 
de  haut  en  vn  bassin,  à  fin  que  le  petit 
bruit  et  murmure  qu’elle  fera  induise 
le  malade  à  dormir.  Que  les  iuleps  et 
apozemes  soient  rafraichissans  et  hii- 
mectans ,  et  pour  ce  on  les  préparera 
auec  décoction  de  laictue,  pourpié  , 
ozeilIe,buglosse,  bourrache,  semences 
froides  grandes  et  petites,  fleurs  de  viol- 
lesel  denenuphar,  délayant  dedans  les 
syrops  de  nymphéa ,  de  pauot ,  pour¬ 
pié  ,  de  courge  :  dans  trois  ou  quatre 
onces  de  décoction  on  pourra  mettre 
vno  once,  dix  drachmes,  ou  vne  once 
et  demie  de  diacodion,  pour  chaque 
dose  qu’on  donnera  sur  les  dix  heures 
du  soir. 


LE  VINGTliME  LIVRE 


Lors  qu’on  donnera  des  iuleps 
hypnotiques ,  on  ne  mettra  pas  des 
topiques  à  l’entour  de  la  teste  :  U  se 
faut  contenter  des  vns  ou  des  autres , 
de  peur  de  trop  assoupir  le  malade. 
Les  topiques  plus  doux  sont  huile 
violât,  de  nénuphar,  de  courge, les 
sucs delaictue,  decichorée,  d’ombilic 
de  Venus ,  de  morelle.  L’huile  de  pa- 
uot,  le  suc  deiusquiame  ou  de  man¬ 
dragore  l’opium, sont  plusdaugereux. 
On  préparé  des  boüillons  somnifères 
auec  force  laictues  qu’on  fait  bouillir 
dedans,  et  quatre,  cinq,  six,  huit  testes 
de  pauot  blanc ,  plus  ou  moins  selon 
les  forces  du  malade  et  la  continuité 
des  veilles  :  et  tels  boüillons  sont  ex¬ 
cellons  et  de  grand  profit.  Galien  con¬ 
fesse  que  l’usage  des  laictues  luy  os- 
toit  les  douleurs  de  teste  et  luy 
apportoit  le  sommeil. 

Quelques  vns  préparent  vne  es- 
ponge  hypnotique  ,  comme  reraede 
tres-aisé  et  souuerain  :  ils  font  bouil¬ 
lir  jdes  fueilles  de  laictues,  de  pour- 
pié,  de  morelle,  de  lentille  aquatique, 
d’ombilic  de  Venus,  de  chacune  deux 
poignées  ;  fueilles  de  saule  et  de  vi¬ 
gne,  de  iusquiame,  de  mandragore,  et 
de  pauot  blanc ,  vne  poignée  de  cha¬ 
cune.  Ils  prennent  vne  liure  de  ladite 
décoction,  etyadiouslent  dix  onces  de 
suc  de  laictue,  et  vne  drachme  d’o¬ 
pium.  Cela  fait,  ils  font  tremper  et  ma¬ 
cérer  deux  ou  trois  fois  vne  esponge 
qu’ils  font  seicher  à  l’ombre.  Quant  ils 
s’en  veulent  seruir,  ils  la  trempent 
dans  ladite  décoction,  et  la  font  sentir 
toute  tiedeau  fébricitant,  ou  bien  luy 
appliquent  aux  temples  et  sur  le  de- 
uant  de  la  teste. 

Ils  font  aussi  grand  estât  d’vne 
emplastre  hypnotique,  qu’ils  font 
auec  : 

Vne  once  et  demie  de  racine  de  man¬ 
dragore  : 


Vne  demie  once  de  graine  de  psyllium 
et  de  coriandre  préparée  : 

Deux  drachmes  de  testes  de  pauot  blanc  : 

Demie  drachme  d’opium  : 

Et  meslent  et  amollissent  le  tout  auec 
huile  de  nénuphar,  et  de  pauot,  et  en 
font  vne  emplastre.  Mais  pour  dire  la 
vérité,  ie  ne  trouue  pas  beaucoup  de 
seureté  à  ces  remedes  extérieurs ,  et 
ne  les  voudrois  ordonner  qu’à  ceux 
qui  abhorrent  les  iuleps,  lesquels  ie 
préféré  aux  autres  remedes  pour  con¬ 
trarier  non  seulement  aux  veilles , 
mais  aussi  à  la  fléure  qui  excite  les 
veilles.  Mais  d’autant  qu’il  n’est  pas 
à  propos  de  donner  tousiours  des  hyp¬ 
notiques  ,  il  faut  recourir  souuent 
aux  bains  des  pieds  et  des  iambes, 
qu’on  peut  faire  ou  auec  l’eau  tiede 
seulement ,  ou  auec  la  décoction  de 
fueilles  de  saule,  laictue,  nénu¬ 
phar,  maulues,  violes,  testes  de  pauot 
blanc,  pourpié,  morelle,  chair  et  se¬ 
mence  de  courge,  dans  laquelle  quel- 
quesfois  on  peut  adiou  ster  vn  peu  de 
vinaigre  blanc. 


CHAPITRE  IV. 

DE  l’aSSOVPISSEMENT  ET  SOMMEIL 
PROFOND. 

L’assoupissement  est  contraire  aux 
grandes  veilles,  et  tous  deux  sont 
contre  nature  :  voire  mesme  que  l’as- 
so’upissement  quelquesfois  suruient 
aux  febricitans  en  suite  des  grandes 
veilles ,  après  leur  auoir  ordonné 
trop  inconsidérément  les  narcotiques 
et  somnifères  :  mais  nous  ne  parlons 
point  de  cest  assoupissement  là ,  ne 
croyant  pas  qu’il  y  ait  aucun  sage  et 
prudent  médecin  qui  face  ceste  faute  : 
il  n’y  a  que  les  empiriques  et  igno- 


BES  FIlIVRES. 


rans  qui,  pour  n’auoir  aucune  con- 
noissance,  ny  delà  maladie,  ny  du 
tempérament  et  des  forces  du  malade, 
peuuent  ielter  les  febricitans  en  ce 
danger.  Nous  parlerons  donc  de  l’as¬ 
soupissement  qui  suruient  aux  fleures, 
qui  se  reconnoist  en  ce  que  les  mala¬ 
des  se  resueillent  à  peine,  et  estans 
resueillés  retombent  au  sommeil  tout 
incontinent. 

Tel  sommeil  contre  nature  est  exci¬ 
té  de  quelques  mauuaises  et  malignes 
vapeurs  qui  se  congèlent  aucunement 
dans  le  cerueau,  et  s’y  espaississent 
en  partie  :  cependant  que  celles  qui 
sont  les  plus  ténues,  desliées  et  lé¬ 
gères  se  dissipent  tout  à  fait.  Il  y  a 
des  liéures  qu’on  appelle  soporeuses , 
à  cause  qu’elles  apportent  tousiours 
auec  elles  de  grands  assoupissemens: 
et  cela  vient  de  ce  que  y  ayant  quan¬ 
tité  de  pituite  à  l’entour  des  entrailles, 
l’ardeu  r  de  la  liéure  venant  à  la  fondre 
et  liquefler,  enuoye  grande  abon¬ 
dance  de  vapeurs  crasses  et  espaisses 
au  cerueau ,  lesquelles  par  après  se 
resoudent  et  conuertissent  en  humeurs 
qui  apportent  l’assoupissement. 

Quand  on  voit  ces  grands  assou¬ 
pissemens,  il  faut  resueiller  le  fébri¬ 
citant,  tanlost  auec  les  choses  qui 
puissent  eschauffer  les  esprits  ani¬ 
maux  engourdiset  gelés,  tantost  auec 
celles  qui  resueillent  la  paresse  de  la 
vertu  expultrice ,  tantost  auec  celles 
qui  atténuent ,  incisent  et  euacuent 
la  pituite  qui  abreuue  le  cerueau. 
C’est  pourquoy  on  agitera  le  malade 
çà  et  là ,  on  luy  fera  des  frictions  for¬ 
tes  et  dures,  que  l’on  continuera 
longtemps ,  on  parlera  souuent  à 
luy  ,  on  luy  fera  des  ligatures  dou¬ 
loureuses  aux  bras  et  au  dessus  des 
genoüils,  on  le  pincera,  on  luy  tirera 
les  che)ieux  ,  on  le  vcntousera  auec 
scarifications  profondes ,  on  luy  met- 


189 

tra  des  vésicatoires  en  diuers  endroits, 

entreIesespaules,derrierelesoreilles’ 

et  au  sommet  de  la  teste.  On  luy  don¬ 
nera  des  clysteres  acres  et  piquans. 
On  luy  mettra  du  castoreum  dissout 
auec  fort  vinaigre  dans  les  narines , 
sans  oublier  les  sternutatoires  et  mas¬ 
ticatoires.  L’on  loué  fort  en  ceste 
extrémité  la  confection  dite  anacar- 
dina,  dissoute  auec  vinaigre  scilli- 
tique.  Si  tout  cela  ne  profite,  à  peine 
trouuera-on  d’autres  remedes. 


CHAPITRE  V. 

DV  DELIRE  OV  RESVERIE. 

Il  y  a  deux  sortes  de  déliré  et  de 
resuerie  ;  l’vne  qui  est  essentielle ,  et 
qui  vient  de  l’inflammation  des  mem¬ 
branes  du  cerueau ,  et  l’autre  n’est 
que  symptomatique.  Nous  n’enten- 
tendons  point  parler  de  la  première , 
mais  seulement  de  la  seconde,  qui  est 
excitée  par  des  vapeurs  et  fumées 
chaudes  et  acres,  qui  sont  enuoyées 
au  cerueau  des  parties  inferieures  où 
est  allumée  la  fiéure.  Ce  déliré  icy 
quelquesfois  n’est  que  passager,  et 
paroist  durant  la  vigueur  des  accès 
des  liéures  intermittentes  :  autresfois 
il  est  fixe  et  permanent ,  et  pour  lors 
il  est  à  craindre  qu’il  n’ameine  la 
phrenesie.  Au  reste,  il  est  parfois 
gay  et  ioyeux  :  quelquesfois  serieux  et 
seuere ,  et  pour  lors  il  est  plus  à 
craindre  :  car  c’est  signe  qu’il  se  fait 
de  vapeurs  beaucoup  plus  noires  et 
plus  acres. 

Quand  nous  voyons  la  resuerie 
des  febricitans  perseucrer ,  il  faut 
promptement  recourir  aux  remedes. 
On  aura  donc  recours  aux  clysteres 
acres,  aux  frictions,  aux  ligatures 


LE  VmGTÏiéME  LIVRE  , 


190 

des  cuisses,  aux  bains  des  pieds  et  des 
iambes ,  à  la  saignée  le  pied  en  l’eau , 
que  les  Arabes  recommandent  comme 
vn  remede  tres-propre  à  ce  mal.  Ce¬ 
pendant  on  ne  négligera  point  les  to¬ 
piques,  comme  frontaux  rafraichis- 
sans  et  humectans,  embrocations  auec 
oxyrhddinum  sur  toute  la  teste  qu’on 
rasera  auparauant,  les  ventouses 
sur  les  lombes  et  sur  les  espaules  auec 
scarification,  les  sangsues,  la  saignée 
des  veines  des  temples ,  l’ouuerture 
de  l’artere  qui  est  tout  contre  les 
oreilles ,  les  cochets  ou  ieunes  coqs 
blancs  fendus  en  deux  par  le  dos,  et 
appliqués  tous  chauds  sur  la  teste 
trois  heures  durant  :  les  poulmons 
tous  chauds  des  ieunes  aigneaux  ou 
chéureaux  tués  sur  l’heure,  pareille¬ 
ment  appliqués  sur  la  teste,  et  infinité 
d’autres  remedes.  le  loué  grande¬ 
ment  enlre  les  principaux  les  choses 
qui  font  dormir,  tant  à  cause  que 
d’ordinaire  les  veilles  accompagnent 
le  déliré,  que  pour  autant  que  le 
sommeil  est  souuerain  refrigeratif  du 
cerneau. 


CHAPITRE  TI. 

DE  LA  CONVVLSION  ET  lECTIGATlON. 

La  iectigation  qui  vient  aux  fiéures 
est  vn  tremblement  et  tressaillement 
que  l’on  sent  au  pouls  du  malade , 
qui  monstre  que  le  cerueau  qui  est 
l’origine  des  nerfs  est  attaqué ,  et  en 
outre  menacé  de  quelque  conuulsion. 
Or  cest  accident,  aussi  bien  que  la  con¬ 
uulsion  qui  suruient  aux  fiéures,  ne 
vient  pas  à  cause  de  quelques  ventosi¬ 
tés  ou  humeurs  crues  et  pituiteuses 
qui  occupent  les  parties  nerueuses, 
mais  de  l’ardeur  et  trop  grande  sei- 


cheresse  desdites  parties ,  qui  est  in¬ 
troduite  par  la  fiéure  et  les  humeurs 
mesmes  acres  et  mordantes  qui  sont 
cause  de  la  fiéure.  Mais  il  faut  remar¬ 
quer  qu’à  proprement  parler,  ceste 
conuulsion  icy  n’est  qu’vne  image  de 
la  vraye  conuulsion,  autrement  nous 
y  chercherions  des  remedes  en  vain  : 
veu  que  la  vraye  convulsion  qui  vient 
de  la  desiccation  des  parties  nerueu¬ 
ses  est  tout  à  fait  mortelle.  Cest  acci¬ 
dent  icy  donc,  parlant  proprement , 
n’est  qu’vn  tressaillement  et  trem- 
blottement  des  parties  nerueuses, 
causé  et  excité  par  la  seicheresse  que 
la  fiéure  apporte. 

C’est  pourquoy  premièrement  il 
faut  tascher  à  vuider  vne  partie  des 
humeurs  morbifiques  qui  entretien¬ 
nent  la  fiéure ,  et  empescher  qu’elles 
ne  soient  transportées  au  cerueau  : 
or  cela  se  fait  commodément  auec 
clysteres  vn  peu  acres ,  tels  que  nous 
en  auons  ordonné  au  déliré,  ensemble 
la  saignée  des  pieds ,  après  celle  des 
bras  qu’on  aura  faite  à  raison  de  la 
fiéure  En  second  lieu ,  il  faut  rafraî¬ 
chir  et  humecter  le  cerueau ,  qui  est 
la  source  et  l’origine  des  parties  ner¬ 
ueuses  :  à  cela  conuiennent  les  from 
taux  ,  les  embrocations  ,  les  lini- 
mens  et  onguens  sur  la  teste  après 
estre  rasée,  les  iuleps  rafraichissans 
et  humectans ,  les  orges  mondés ,  les 
hypnotiques ,  mais  doux  et  non  vio- 
lens,  de  peur  de  quelque  sinistre  ac¬ 
cident.  Bref,  il  faudra  venir  aux  re¬ 
medes  qui  destourneut  et  seruent  de 
reuulsion,  et  qui  peuuent  fortifier  le 
cerueau.  A  ceux-cy  se  rapportent  les 
frictions ,  les  ligatures ,  les  ventouses 
et  scarifications ,  les  vésicatoires,  les 
poulets  et  les  poulmons  des  ani¬ 
maux  frais  tués  appliqués  sur  la  teste. 
Quelquesfois  ces  conuulsions  icy  re¬ 
présentent  les  epileptiques ,  et  pour 


DES  FIEVRES. 


lors  OU  elles  sont  mortelles  pour  la 
pluspart,  Quelles  durent  tout  du  long 
de  la  vie.  l’ay  veu  des  malades  qui 
pour  auoir  eu  des  conuulsions  dans 
les  fleures  pestilcnles,  ont  esté  suiets 
tou  te  leur  vie  aux  conuulsions  epilep- 
liques ,  nonobstant  toute  sorte  de  re- 
medes  internes  et  externes ,  iusques 
aux  cautères  des  bras,  et  à  la  nuque 
du  col. 


CHAPITRE  VIL 

DE  LA  PARALYSIE, 

Cest  accident  icy  est  rare,  mais 
qui  arriue  toutesfois  comme  i’ay  ouy 
dire  en  quelques  prouinces  de  la 
,  France  et  de  l’Allemagne ,  où  il  est 
assez  familier.  Il  ne  suruient  pas  aux 
fîéures  violentes  et  aiguës ,  mais  aux 
longues  et  chroniques  :  et  si  il  ne  vient 
pas  directement  de  la  fleure ,  mais  de 
la  colique  qui  suruient  ausdites  flé- 
ures  longues.  Car  vne  quantité  de 
bile  eschauffée  et  ardente  s’amassant 
dans  les  veines  dumesentere,  et  à 
l’entour  de  la  vessie  du  fiel,  si  elle 
n’est  euacuée  par  le  bénéfice  de  la 
nature  ou  des  medicamens ,  et  qu’elle 
ne  puisse  estre  consommée  par  la  lon¬ 
gueur  de  la  fiéure,  elle  croupit  dans 
les  petites  veines ,  où  peu  à  peu  s’es- 
chauffant  et  se  bruslant ,  elle  tasche 
à  trouuer  quelque  issue ,  ce  que  ne 
pouuant  faire  par  les  veines  du  me- 
sentere,  à  cause  des  grandes  obstruc¬ 
tions  qui  y  sont ,  elle  se  iette  de  furie 
sur  les  membranes  de  l’abdomen,  qui 
sont  parties  grandement  sensibles ,  là 
où  elle  excite  des  douleurs  intoléra¬ 
bles  qui  respondeiit  au  bas  ventre ,  et 
qui  apportent  par  interualles  tantost 
des  vomissemens  bilieux ,  tantost  des 
descharges  de  veplre  porracées  et 


erugineuses.'En  fin  par  trait  de  temps, 
après  plusieurs  remedes  alteratifs  et 
purgatifs  ces  douleurs  s’appaisent: 
mais  il  arriue  qu’vne  portion  de  l’hu¬ 
meur  est  portée  par  la  continuité  des 
membranes  iusques  à  l’espine  du  dos, 
laquelle  doucement  et  peu  à  peu  se 
coule  et  s’insinue  iusques  à  la  moelle 
par  les  petits  trous  des  vertèbres,  où 
elle  bouche  les  nerfs  et  les  estoupe, 
empeschant  que  les  esprits  animaux 
n’y  puissent  auoir  accès,  d’où  il  s’en¬ 
suit  vne  paralysie,  imparfaite  toutes¬ 
fois,  d’autant  qu’il  n’y  a  que  le  seul 
mouuement  qui  est  empesché,  le  senti¬ 
ment  demeurant  en  son  entier. 

A  cest  accident  icy,  il  ne  faut  des  re¬ 
medes  qui  soient  grandement  eschauf- 
fans  :  il  faut  doucement  et  benigne- 
ment  purger  le  corps,  et  auec  clyste- 
res  et  auec  purgatifs.  On  peutfaire  des 
linimens  le  long  de  l’espine  du  dos , 
auec  huiles  qui  raréfient  et  dissipent 
sans  beaucoup  de  chaleur,  de  peur  de 
faire  fondre  quelque  humeur  crasse 
et  pituiteuse ,  ou  l’attirer  en  ces  par¬ 
ties  là  des  lieux  plus  eslongnés,  qui 
feroit  une  vraye  et  parfaite  paralysie. 
En  se  contentant  de  ces  petits  re¬ 
medes  là,  on  trouue  que  quelque 
temps  après  la  nature  trouue  moyen 
de  se  deffaire  de  ses  mauuaises  hu¬ 
meurs  ,  et  redonne  le  mouuement  au 
malade. 


CHAPITRE  VIII. 

DE  l’eSBLOVISSEMENT  DES  YEVX. 

II  y  a  trois  symptômes  de  la  veuë , 
l’osbloüissement ,  que  les  Grecs  ap¬ 
pellent  à/;./3lvoj7riav ,  l’aucuglcment  ou 
cécité  qu’ils  nomment  :  et  la 

tromperie  delà  veuë,  quand  elle  prend 


102 


LE  VINGTIÈME  LIVRE, 


vn  obiet  pour  vn  autre ,  qu’ils  appel¬ 
lent  napépaaiv  :  la  première  diminue 
la  veuë ,  la  seconde  l’osle  tout  ù  fait, 
et  la  troisième  la  depraue  et  rend  au¬ 
tre  qu’elle  ne  deuroit.  Or  l’esbloüisse- 
mentest  assez  familier  durante!  après 
les  fièures.  11  en  suruient  quelque¬ 
fois  \  n  critique  durant  la  fiéure,  qu’ils 
appellent  axoro^ivca,  et  est  auant-cou- 
reur  d’vn  vomissement  ou  d’vne  hé¬ 
morrhagie  critique.  Après  les  fleures, 
la  veuë  demeure  quelquesfois  trouble, 
particulièrement  lors  que  le  fébrici¬ 
tant  a  esté  atteint  au  cerueau  ou  de 
resuerie,ou  de  veilles  importunes,  ou 
de  grande  douleur  de  teste  :  soutient 
aussi  cela  arriue  à  cause  des  grandes 
euacuations  de  sang  ou  d’autres  ma¬ 
tières. 

Quoy  que  ce  soit ,  le  plus  souue- 
rain  remede  en  cecy  est  le  bon  régime 
de  viure  et  les  bonnes  viandes  que 
l’on  donne  aux  febricilans  ;  car  c’est 
le  moyen  de  faire  bons  esprits,  de  les 
augmenter,  et  de  fortifier  mesme  les 
yeux  ainsi  que  les  autres  parties.  Le 
bon  vin  repare  les  esprits ,  et  les  res- 
ueille  et  clarifie  quand  ils  sont  assou¬ 
pis,  paresseux  ou  obscurcis:  il  faut 
donc  attendre  que  le  temps,  aidé  de 
ces  bonnes  viandes ,  fortifie  le  cer¬ 
ueau  et  reslablisse  les  esprits  ani¬ 
maux.  Il  ne  sera  pas  cependant  hors 
de  propos  de  faire  quelques  collyres 
pour  les  yeux ,  auec  décoction  ou  les 
eaux  distillées  de  fenoüil ,  de  rue , 
de  chelidoine,  d’euphraise,  de  ver’ 
ueine  ,  d’asperges,  de  beloine,  de  ra- 
ues,  de  pimprenelle,  d’ache.  de  mar¬ 
jolaine  ,  de  pariloire ,  de  rosmarin,  de 
canelle ,  de  bois  d’aloës ,  de  santaux 
y  adioustant  vu  peu  de  miel ,  d’aloës  ’ 
de  tulie,  desaffran,  et  choses  sem¬ 
blables. 


CHAPITRE  IX. 

DE  LA  SVRDiTÉ. 


Des  (rois  symptômes  qui  suruien- 
nenl  à  l’oüye,  il  n'y  en  a  point  qui 
vienne  plus  ordinairement  durant  les 
fièures  que  la  surdité  imparfaite,  que 
les  Greesnomment  Sxpuyixoi-(a,les  Latins 
surdiislritalem^  qui  est  proprement 
entendre  dur.  Or  cela  vient  d’vne  va¬ 
peur  bilieuse ,  qui  estant  portée  au 
cerueau  se  iette  souuent  sur  les  or¬ 
ganes  de  l’oüye,  par  lesquelles  la 
bile  a  accoustumé  de  se  descharger, 
comme  tesmoignent  les  saletés  qui 
viennent  aux  oreilles.  Cest  accident 
icy  quelquesfois  est  passager,  quel¬ 
quesfois  il  est  permanent:  et  souuent  il» 

est  accompagné  de  quelque  tintoüin 
des  oreilles  qui  incommode  fort  les 
malades. 


- ..J,  ,,  y  a 

leur  que  prouoquer,  s’il  y  a  moyen,  le 
cours  de  ventre,  puis  qu’Hippocrates 
a  dit  aux  Aphorismes,  que  les  flux  de 
ventre  bilieux  esfoient  arrestés  par 
la  surdité  qui  suruient,  et  qu’au  con¬ 
traire  la  surdité  est  ostèe  toutesfois 
et  quand  qu’il  suruient  vn  flux  de 
ventre  bilieux.  Ce  qui  nous  donne 
assez  a  connoistre  que  quand  l’hu- 
meur  bilieuse  est  arrestée  ,  il  s’en  fait 
vn  transport  au  cerueau  :  ce  qui  n’ar- 
nue  pas  quand  ladite  humeur  prend 

son  cours  par  le  ventre. 

Au  reste,  si.  auec  la  surdité  il  y  a 
doule,u.„-„,eiUe  grande  elviole/te 

1  an  sonuenl  attendre  quelque  anp: 
ptralion  :  par  foi,i 

S  et  f''“  ,  comme  sa¬ 
li  erbes  '■“il'P'icc 

mot  aner  “''“"'“"mil.  me- 
lot,oneth,  semence  tie  fenoüil, qn'oB 


DES  FIÈVRES. 


fait  bouillir  dans  le  laict.  On  se  con¬ 
tente  aussi  de  mettre  dans  l’oreille 
vn  peu  d’huile  d’amandes  douces  ou 
ameres,  vn  peu  de  laict ,  vne  décoc¬ 
tion  de  peu  de  coloquinte ,  du  coton 
musqué ,  et  autres  telles  choses  qui 
en  partie  sont  anodynes,  en  partie 
resolutiues. 


CHAPITRE  X. 

DE  LA  DIFFICVLTÉ  DE  RESPIIIER. 

Ce  n’est  pas  de  la  dispnœe  ou  diffi- 
cullé  de  respirer  que  nous  parlerons , 
qui  est  excitée  ou  par  vne  humeur 
crasse  et  visqueuse  qui  occupe  la 
trachée  artere  et  le  poulmon ,  ou  qui 
vient  de  l’inflammation  des  parties 
qui  seruent  à  la  respiration  :  mais  de 
celle  qui  arriue  ordinairement  de 
quelque  matière  qui  pétillé  à  l’entour 
du  foye  et  de  la  ratte,  et  qui  par  ce 
moyen  presse  le  diaphragme  et  les 
poulmons  :  ou  bien  de  celle  qui  vient 
de  la  chaleur  du  cœur ,  que  les  poul¬ 
mons  ne  peuuent  suffisamment  es- 
uenter  ny  rafraîchir,  tant  il  y  a  de 
fumées  enfermées  et  reserrées  à  l’en¬ 
tour  de  luy. 

En  cesle  première  ,  il  faut  recourir 
aux  clysteres  emolliens ,  refrigerans , 
et  vn  peu  laxatifs,  à  fin  de  rafraîchir 
les  humeurs  qui  bouillent ,  et  en  vui- 
der  tousiours  quelque  partie ,  l’atti¬ 
rant  vers  les  parties  basses  :  il  se  faut 
aussi  seruir  d’epilhemes  et  linimens 
refrigeratifs  sur  les  deux  Lypochon- 
dres.  On  se  seruira  pareillement  de 
iuleps  et  apozemes  refrigerans  et  hu- 
mectans ,  à  fin  par  toutes  sortes  de 
moyens  d’oster  la  ferueur  de  ces  hu¬ 
meurs,  et  brider  leur  furie. 

A  la  dispnœe  qui  vient  do  la  cha- 
III. 


193 

leur  du  cœur  des  parties  thorachiques, 
il  faut  mettre  des  epithemes  sur  le 
cœur  auec  eaux  de  morelle,  de  roses, 
d’endiue ,  de  charbon  benist ,  de  sca- 
bieuse,  d’ozeille,  deplantin,  et  pareil¬ 
les  autres.  On  fera  des  linimens  sur 
toute  la  poitrine  auec  huile  de  nénu¬ 
phar,  violât,  de  pauot  ;  ou  de  peur 
que  ces  huiles  ne  s’enflamment  si  on 
les  mettoit  toutes  seules ,  on  pourra 
les  mesler  auec  les  sucs  dépurés  de 
pourpié,  de  laictue ,  d’ombilic  de  Ve¬ 
nus  ,  et  vn  peu  de  camphre.  Il  est  be¬ 
soin  que  le  malade  respire  vn  air 
froid  :  pourquoy  s’il  n’est  tel ,  on  le 
préparera  auec  aspersion  d’eau  froide, 
ou  de  roses ,  d’herbes  et  fleurs  réfrigé¬ 
rantes  et  de  bonne  odeur  :  nourris¬ 
sant  cependant  le  malade  de  viandes 
legeres,  et  luy  donnant  à  boire  frais. 
Au  reste ,  c’est  tousiours  vn  tres- 
mauuais  accident  des  fleures ,  quand 
la  respiration  est  empeschée  et  que  le 
fébricitant  se  sent  estouffer,  surtout 
quand  ce  symptôme  vient  de  l’imbé¬ 
cillité  des  forces  ;  car  c’est  signe  que 
la  vertu  animale  ne  peutmouuoir  et 
esleuer  les  muscles  du  thorax,  à 
cause  de  la  pénurie  et  paucité  de  la 
chaleur  naturelle  et  des  esprits:  aussi 
ne  suruient-il  qu’à  ceux  qui  sont  pro¬ 
ches  de  la  mort. 


CHAPITRE  XI. 

DE  LA  TOVX. 

Il  y  a  vne  sorte  de  toux  qui  arriue 
vn  peu  deuant  les  accès  des  fiéures 
intermittentes,  qui  prouient  des  va¬ 
peurs  de  la  matière  morbifique  qui 
commence  à  s’esmouuoir,  mais  qui  se 
passe  à  mesure  que  par  l’ardeur  de 
l’accès  lesdiles  vapeurs  sont  consom- 

i3 


le  vingtième  livre, 


19^ 

mées  ;  c’est  pourquoy  il  ne  faut  point 
s’arresler  à  ceste  toux  là ,  mais  seu¬ 
lement  à  celle  qui  dure  après  les  ac¬ 
cès  ,  et  qui  trauaille  ceux  qui  ont 
des  fiéures  continues.  Or  ceste  toux 
icy  est  fort  fascheuse  et  incommode, 
pource  qu’elle  apporte  la  douleur  de 
teste  telle  qu’il  semble  qu’on  la  fende, 
qu’elle  empesche  le  sommeil,  qu’elle 
trauaille  le  poulmon  et  apporte  op¬ 
pression  et  difficulté  de  respirer,  et 
d’auantage  qu’elle  fait  redoubler  la 
fléure,  aiguisant  la  chaleur  des  poul¬ 
inons  par  l'effort  continuel  qu’elle  ap¬ 
porte.  ' 

La  cause  de  ceste  toux  icy,  ou  c’est 
l’intemperie  chaude  et  seiche  des  or¬ 
ganes  qui  sentent  à  la  respiration,  ou 
quelque  refroidissement  qu’a  ressenti 
le  malade,  soit  à  la  teste,  soit  à  la  poi¬ 
trine,  qu’il  decouure  quelquesfois 
mal  à  propos.  C’est  pourquoy  ceste 
toux  icy  est  aride  et  fascheuse ,  sur 
tout  quand  elle  est  frequente  :  car 
si  elle  ne  vient  que  par  interualle ,  et 
qu’elle  ne  soit  pas  si  aigre ,  elle  peut 
seruir  à  quelque  chose ,  comme  dit 
Hippocrates  à  l’aphorisme  54.  du 
quatrième  liure  ;  c’est  à  sçauoir,  à  la 
soif  des  malades  qu’elle  adoucit  :  car 
comme  dit  Galien,  par  l’effort  et  le 
mouuement  qu’elle  apporte,  elle  at¬ 
tire  l’humidité  des  parties  voisines, 
qui  sert  à  arrouser  et  la  bouche  et  les  j 
parties  qui  sont  à  l’entour  de  la  tra¬ 
chée  artere. 

Mais  si  la  toux  est  aigre,  il  faut  y 
pouruoir  par  quelques  remedes,  c’est 
à  sçauoir  par  ceux  qui  humectent  et 
rafraichissent,  soit  qu’on  les  tienne  à 
la  bouche ,  soit  qu’on  les  aualle  dou¬ 
cement  et  lentement ,  soit  qu’on  les 
prenne  en  forme  de  breuuage.  On  se 
peut  donc  seruir  des  syrops  violât,  de 
pauot,  nénuphar,  de  pommes  simples, 
de  réglisse,  de  iuiubes,  ou  pris  à  part. 


oq  meslés  ensemble,  ou  délayés  dans 
quelque  décoction  de  violes,  de  laic- 
tue ,  de  pourpié,  semences  froides 
grandes  et  petites ,  reglisse ,  orge  et 
autres.  On  fait  aussi  des  tablettes  de 
sucre  rosat,  de  tragacanlhe,  déra¬ 
cinés  de  guymauues.  On  donne  des 
conserues  de  roses ,  de  violettes ,  de 
nénuphar,  de  pas  d’asne,  de  pauot 
rouge ,  et  semblables.  Il  y  a  quantité 
d’autres  remedes  à  la  toux,  mais  c’est 
à  celle  qui  est  excitée  de  la  pituite  du 
I  cerueau  qui  distille  dans  la  poitrine  ; 
de  laquelle  nous  ne  faisons  point  icy 
mention. 


CHAPITRE  XII. 

DE  LA.  DIFFICVLTÉ  d’aVALLER. 

V oicy  vn  accident  qui  estonne  gran¬ 
dement  les  malades,  quand  ils  sentent 
que  les  viures  ne  peuuent  presque 
passer ,  et  qu’ils  se  persuadent  qu’il  y 
a  quelque  chose  en  l’œsophage  qui  les 
veut  suffoquer  etestouffer.  C’est  pour¬ 
quoy  il  faut  auoir  quelques  remedes 
pour  les  soulager  promptement. 

Ce  symptôme  icy  arriue  par  vne  va¬ 
peur  espaisse  ou  humeur  pituiteuse, 
qui  tombant  du  cerueau,  ou  esleuèe 
del’estomach,  s’attache  à  l’œsophage, 
et  peu  à  peu  par  l’ardeur  de  la  fiéure 
s’y  endurcit  ;  si  bien  que  partie  à 
cause  de  sa  viscosité  ,  partie  à  cause 
de  sa  grande  seicheresse,  elle  estoupe 
et  estrecit  en  sorte  le  passage,  que  le 
fébricitant  a  peine  d’aualler. 

Il  faut  donc  à  ce  mal  partie  deter- 
ger  et  nettoyer ,  partie  humecter  et 
amollir.  Ce  qui  se  fait  auec  les  syrops 
violât,  de  iuiube,  sucre  candi,  suc  de 
réglisse,  vinaigre,  verjus;  on  peut 
faire  vn  gargarisme  auec  reglisse  re- 


DES  FIÈVRES. 


cente,  orge,  betoine,  sauge,  hyssope, 
marjolaine,  figues  grasses,  semence 
d'anis,  dans  lequel  on  délayé  vne  once 
de  syrop  aceteux  simple  pour  quatre 
ou  cinq  onces  do  décoction.  Quel¬ 
ques  vns  en  font  vn  plus  aisé ,  auec 
décoction  d’orge  seulement,  et  syrop 
de  grenade,  miel  rosat,  ou  oxymel. 

Au  reste  il  y  a  vne  difficulté  de  res¬ 
pirer  qui  suruient  aux  fiéures,  où  il 
n’y  a  point  de  remede  ;  elle  vient  de 
la  luxation  des  vertebres  du  col  ex¬ 
citée  par  la  conuulsion  des  nerfs  des¬ 
dites  vertebres ,  ou  d’vne  grande  foi- 
blesse  et  imbécillité  du  malade  ;  en 
ce  cas  il  ne  faut  esperer  que  la  mort, 
veu  que  la  conuulsion  qui  vient  de 
la  seicheresse  est  mortelle  ;  et  lors  que 
les  forces  du  malade  manquent,  les 
remedes  n’ont  plus  de  lieu. 


CHAPITRE  XîII. 

DV  DEGOVST  ET  APPETIT  PERDV. 

Il  y  a  deux  accidens  touchant  le 
goust;  l’vn  est  le  goust  depraué,  lors 
que  la  langue  iuge  autrement  des  sa- 
ueurs  qu’elle  ne  deuroit  ;  l’autre  est 
l’appetit  perdu  ou  inappétence ,  par 
laquelle  le  malade  perd  tout  à  fait 
la  volonté  de  manger. 

Pour  le  premier  ,  quand  il  n’est 
point  accompagné  du  degoust ,  c’est 
vn  vice  de  la  langue  seulement,  ou 
de  sa  tunique  qui  l’enueloppe ,  pour 
estre  imbeuë  et  arrosée  ou  de  quelque 
mauuaise  vapeur,  ou  de  quelque  hu¬ 
meur  corrompue. Geste  humeur  icy  es- 
tan  t  esmeuëpar  fini  midité  des  viandes 
et  du  breuuago,  pénétré  iusquos  au 
nerf  qui  est  espandu  par  la  chair  et  par 
la  membrane  de  la  langue,  et  commu¬ 
nique  sa  qualité  et  sa  saucur  à  la 


195 

viande  :  sçauoir,  l’amertume  quand 
l’humeur  est  bilieuse,  la  fadeur  et  sa- 
üeurinsipidequandelle  est  pituiteuse, 
la  saline  quand  c’est  vne  pituite  sallée, 
et  ainsi  des  autres  :  ce  qui  trompe  le 
malade ,  d’autant  qu’il  pense  que  telles 
saueurs  viennent  des  viandes,  et  non 
pas  des  humeurs  dont  sa  langue  est 
abbreuuée.  A  cest  accident  icy,  il  faut 
souuent  lauer  la  bouche  auec  eau 
et  vin ,  ou  auec  du  vinaigre  ou  ver¬ 
jus  ,  suc  de  limon ,  d’orange ,  décoc¬ 
tion  d’orge,  et  autres  semblables. 

Mais  quand  le  goust  est  depraué 
auec  vn  grand  degoust  et  inappé¬ 
tence,  alors  le  vice  n’est  pas  seulement 
à  la  langue  et  au  palais  de  la  bouche, 
mais  aussi  s’estend  iusques  au  ven¬ 
tricule,  qui  estabbreuué  de  quelque 
humeur  peccante  laquelle  assoupit 
tout  à  fait  l’appetit ,  ou  est  altéré  de 
quelque  chaleur  estrangere  et  extra¬ 
ordinaire.  A  ceux  cy  on  doit  permet¬ 
tre  l’vsage  des  choses  qu’ils  deman¬ 
deront  à  manger ,  pourueu  qu’elles 
ne  leur  soient  point  tout  à  fait  con¬ 
traires  ,  suiuant  en  cela  le  conseil 
d’Hippocrate,  qui  en  l’aphorisme  38. 
du  2.  liure  dit  que  les  aliraens  désirés, 
bien  que  pires  à  la  santé ,  sont  à  pré¬ 
férer  à  ceux  qui  sont  meilleurs,  mais 
qui  sont  en  degoust  au  malade. 

Au  reste,  si  ceste  inappétence  vient 
de  quelques  mauuaises  humeurs  con¬ 
tenues  au  ventricule ,  il  faut  les  pur¬ 
ger  doucement  et  nettoyer  l’estomach 
de  telles  ordures  :  autrement  il  ne 
fautpasespererquel’appetitreuienne. 
Mais  si  ce  n’est  qu’à  cause  de  la  cha¬ 
leur  estrangere  du  ventricule,  il  faut 
se  seruir  de  remedes  rafraichissans 
et  qui  soient  acides,  à  fin  que  lesdils 
mcdicamens  pénétrent  mieux  :  tels 
sont  le  jus  de  citron  ,  d’orange  et  de 
grenades,  le  verjus,  les  cerises  ai¬ 
grettes,  le  vinaigre  rosat,  et  autres. 


ig6  lÆ  VINGTIl 

Cependant  attendant  que  l’appetit 
vienne,  il  faudra  nourrir  le  malade  de 
viandes  liquides  et  aisées  à  prendre  et 
à  aualler,  comme  iaunes  d’œufs  mol¬ 
lets,  boüillons,  jus  de  chair  de  perdris, 
de  veau,  et  de  volaille,  et  de  la  gelée. 


CHAnTRE  XIV. 

DES  NAVSÉES  ET  ENVIES  DE  VOMIR. 

L’enuie  de  vomir  quelquesfois  suit 
le  grand  degoust,  c’est  à  sçauoir 
quand  le  malade  a  telle  horreur  des 
viandes,  que  si  lost  qu’il  les  sent  le 
cœur  luy  sousleue  :  quelquesfois  elle 
est  sans  grand  degoust  :  seulement 
après  auoir  pris  quelque  chose,  il 
suruient  des  efforts  de  vomir,  sans 
toutesfois  rien  vuider  et  reietter.  Cest 
accident  est  excité  par  quelque  hu¬ 
meur  vitieuse,  qui  pour  sa  quantité 
ou  qualité  picole  reslomach,  l’irrite, 
et  le  force  à  se  descharger  de  ce  qui 
lui  est  nuisible.  Geste  humeur  vitieuse 
quelquesfois  nage  dans  la  cauité  du 
ventricule  :  quelquesfois  elle  est  fixe¬ 
ment  attachée  à  ses  tuniques,  et  c’est 
pour  lors  que  l’estomach  s’efforce  si 
souuent  sans  aucun  effet  delà  mettre 
Lors.  La  pourriture  est  quelquesfois 
si  grande  dans  le  corps,  comme  par 
les  fiéures  pestilentielles  et  malignes, 
qu’il  arriue  des  nausées  perpétuelles, 
à  cause  des  vapeurs  putrides  qui 
vont  frapper  l’orifice  supérieur  de 
l’estomach. 

A  cesle  nausée  icy  maligne,  il  faut 
les  choses  acides  rafraichissantes , 
qui  puissent  empescher  ou  corriger  la 
pourriture.  Quelques-vus  recourent 
à  la  Theriaque,  et  autres  medicamens 
chauds  ,  que  ie  n’approuue  point, 
d’autant  qu’ils  augmentent  la  fiéurc, 
et  par  conséquent  entretiennent  la 


L1V11J2  , 

pourriture.  Pour  l’autre  nausée  qui 
vient  des  humeurs  attachées  au  ven¬ 
tricule,  il  faut  les  nettoyer  et  les  eua- 
cuer,  ou  bien  par  vomitifs,  ou  bien 
par  purgatifs.  Que  si  l’estât  de  la 
fiéure  ne  le  permet,  on  peut  donner 
quelques  poudres,  tablettes  ou  opia- 
tes,  pour  ebiber,  absorber  et  con¬ 
sommer  les  humidités  superflues  du 
ventricule.  On  prend  : 

De  la  coriandre  maccrée  plusieurs  fois 
dans  le  vinaigre,  vne  once  et  demie  : 
Vneonce  de  semence  d’anis  et  de  fenoüil  .- 
De  l’escorce  de  citron  confit,  trois  drachmes  : 
Deux  drachmes  de  coral  rouge  bruslé  et 
laué  neuf  fois  auec  eau  rose  ; 

Vn  scrupule  de  canelle  et  de  mastich  : 
Perles  préparées  demie  drachme  : 

Crousle  de  pain  bruslé  vne  once  : 

Auec  quantité  suffisante  de  sucre 
rosat,  on  fait  vne  poudre  dont  le  ma¬ 
lade  prend  vne  bonne  cuillerée  auant 
le  repas.  Que  si  le  malade  l’aime 
mieux  en  tablettes  qu’en  poudre,  il 
sera  aisé  de  le  contenter,  ou  luy  en 
faisant  exprès,  ou  luy  faisant  vser  de 
celles  de  senlaux,  ou  diarhodon. 


CHAPITRE  XV. 

DV  SANGLOT  ET  HOCQVET. 

Il  n’y  a  pas  grande  différence  entre 
la  nausée  et  le  sanglot,  veu  que  c’est 
aussi  vn  effort  sans  effet  de  l’expul- 
trice  du  ventricule  :  mais  le  sanglot  est 
vn  mouuement  conuulsif,  et  qui  tra- 
uaille  bien  plus  le  ventricule  que  ne 
lait  la  nausée  :  d’auantage  par  le  san¬ 
glot  et  hocquet  le  ventricule  seresserre 

en  soy-mesme,  et  tire  en  bas  l’œsopha¬ 
ge  :  au  contraire  en  la  nausée  le  ven- 
tiiculescrelasche  et  sc  renuerse,  com¬ 
me  pour  monter  vers  l’œsophage. 

La  cause  du  hocquet  est  double,  la 


DES  FIÈVRES. 


repletion  et  l’inanition.  La  repletion,  | 
quand  il  y  a  vn  humeur  acre  et  mor¬ 
dant  attaché  fixement  aux  tuniques 
du  ventricule,  que  la  nature  tasche 
dcchasseret  mettre  hors.  L’inanition, 
lors  que  les  tuniques  du  ventricule 
toutes  desseichées  par  l’ardeur  de  la 
fléure,  se  retirent  et  font  ce  mouue- 
ment  de  commision. 

Silehocquet  vient  de  la  première 
cause,  il  faut  premièrement  hebeter 
l’acrimonie  de  ces  humeurs  auec  iu- 
leps  et  apozemes  rafraichissans ,  pré¬ 
parés  auec  décoction  de  nénuphar, 
de  buglosse,  de  violettes,  de  roses,  de 
pourpié,  ou  auec  émulsions  faites  des 
quatre  semences  froides  grandes  et 
petites,  dissoudant  dedans  syrops 
violât,  de  nénuphar,  de  grenade,  de 
agresta,  de  pourpié  et  de  pauot ,  fai¬ 
sant  cependant  des  fomentations 
auec  herbes,  fleurs  et  semences  de 
pareille  vertu.  En  second  lieu,  il  faut 
tascher  de  vuider  ces  mauuaises  hu¬ 
meurs,  ou  auec  vomitifs,  ou  auec  pur 
gatifs.  Quelquesfois  il  n’est  pas  hors 
de  propos,  si  le  hocquet  perseuere, 
d’appliquer  vne  ventouse  sur  la  ré¬ 
gion  de  l’estomach,  ou  bien  antérieu¬ 
rement ,  ou  posterieurement  vers  l’on¬ 
zième,  douzième,  ou  treiziéme  vertè¬ 
bre.  Quant  au  hocquet  qui  vient  de 
l’inanition,  encore  bien  qu’il  soit  incu¬ 
rable,  si  ne  faut-il  pas  laisser  de  don¬ 
ner  au  malade  des  remedes  humec- 
tans,  et  des  alimens  de  pareille  vertu. 

Les  fiéures  malignes  et  pestilentiel¬ 
les,  par  les  vapeurs  putrides  qu’elles 
enuoyent  à  l’orifice  supérieur  de 
l’estomach,  apportent  aussi  le  san¬ 
glot,  auquel  pour  remedes  conuien- 
nent  ceux  que  nous  auons  rapportés 
à  la  nausée  qui  vient  pareillement 
des  fiéures  malignes. 

Il  y  a  vne  autre  espece  de  sanglot  qui 
vient  de  l’inflammation  du  cerueau, 


197 

ou  du  foye,  et  ce  par  le  consentement 
et  sympathie  qu'il  y  a  entre  toutes 
ces  parties  par  le  bénéfice  des  nerfs  : 
et  pour  lors  il  ne  faut  pas  tant  auoir 
esgard  à  l’estomach,  qu’au  cerueau  et 
au  foye,  leur  ordonnant  des  remedes 
quiseruent  à  guérir  l’inflammation 
desdites  parties. 


CHAPITRE  XVI. 

DV  VOMISSEMENT. 

La  nausée  et  le  vomissement  ne  dif¬ 
ferent  que  du  plus  ou  du  moins,  se¬ 
lon  leur  cause,  et  non  pas  selon  leur 
eflfet ,  veu  qu’vn  petit  vomissement 
n’est  pas  vne  grande  nausée.  Il  est 
certain  qu’il  y  a  telle  cause  qui  peut 
faire  la  nausée ,  qui  ne  peut  faire  le 
vomissement,  parce  qu’elle  n’est  pas 
assez  forte  ;  c’est  pourquoy  la  nausée 
est  moindre  que  le  vomissement.  le  no 
veux  point  m’estendre  à  expliquer  les 
causes  du  vomissement,  veu  qu’elles 
se  peuuent  assez  entendre  par  ce  qui 
a  esté  dit  au  Chapitre  de  la  nausée  ;  ie 
diray  seulement  que  les  humeurs  qui 
causent  le  vomissement,  quelques¬ 
fois  sont  chaudes  et  fluides,  quel¬ 
quesfois  froides,  lentes  et  pituiteuses. 

Pour  les  chaudes,  elles  peuuent  es- 
tre  aisément  euacuées  par  le  vomisse¬ 
ment,  qu’il  n’est  pas  besoin  d’arrester 
dés  son  commencement ,  de  peur  de 
faire  ietter  l’humeur  sur  quelque 
partie  noble  :  mais  s’il  perseuere  trop 
long  temps,  de  peur  qu’il  n’affoiblisse 
trop  le  malade,  et  n’empesche  qu’il 
ne  puisse  prendre  nourriture,  et  par 
ainsi  qu’il  ne  le  précipité  à  la  mort , 
il  faut  apporter  tous  les  artifices 
qu’on  pourra  à  fin  de  l’arrester.  Les 
syrops  propres  à  cest  effet  sont  de  ber-r 


igB  LE  VINGTIÈME  LIVRE, 

beris,  de  grenade,  de  coings,  de  ace-  fueilles  de  menthe  et  d’absinthe ,  de 
tositate  citri ,  décorai,  de  agresta;  fleursdcchamomille,mclilot  et  roses, 
on  fera  des  poudres  auec  les  perles  d’aneth,  de  racines  de  souchct,  de 
préparées,  le  spodion,  les  coraux,  les  doux  de  girofle ,  de  zedoaria ,  et  des 
cinq  fragmens  précieux,  le  bol  ar-  bayes  de  geniéure.  Il  ne  faut  pas  ne- 
mene ,  la  terre  sigillée ,  l’escorce  de  gliger,  ny  de  faire  flairer  au  febrici- 
citron,  le  mastich,  le  sang  de  dragon,  citant  du  vin,  du  vinaigre,  de  l’eau 
et  autres.  Le  suc  de  ribes  et  de  ber-  rose,  du  pain  rosti ,  ny  de  luy  trem- 
beris ,  le  suc  de  grenade ,  la  chair  de  per  les  mains  en  eau  froide,  et  luy 
coings  et  de  nefles,  la  conserue  de  ro-  appliquer  par  interualle  quelque  ven- 
ses  rouges  sont  de  grand  effet.  Exte-  touse  seiche  sur  l’estomach. 
rieurement  les  linimens  d’huile  ro- 

sat,  de  cerat  santalin ,  d’huile  de  mas  -  '  ■:== 

tich,  de  coings,  sont  vtiles.  Quelques 

vns  font  des  sachets  de  poudres  as-  CHAPITRE  XVII. 

Iringentes  qu’ils  appliquent  sur  l’es- 

tomach,  d’autres  se  contentent  d’vne  de  la  soif  desreglée. 

rostie  de  pain ,  ou  d’vne  esponge  ar¬ 
rosée  de  vin  ou  de  vinaigre.  Vn  des  propres  signes  et  indiuiduels 

Si  le  vomissement  est  excité  par  des  fléures,  c’est  la  soif  inextinguible, 
des  humeurs  pituiteuses ,  il  faut  pre-  laquelle  ne  s’en  va  point  à  force  de 
mierement  les  inciser  et  atténuer,  boire,  mais perseuere  tousiours  auec 
que  de  tascher  à  les  euactler  par  si  grande  seicheresse  de  bouche,  qu’à 
vomitifs  ou  purgatifs.  Cependant  in-  peine  le  fébricitant  peut-il  parler  ou 
terieurement  on  donnera  oxymel  et  aualler.  Ce  symptôme  arriue  principa¬ 
le  syrop  aceteux ,  auec  décoction  de  lement  pour  deux  raisons  ;  l’vne  pour 
menthe,  d’absinthe,  de  roses,  d’aneth,  l’ardeur  de  la  fléure  qui  desseiche  la 
d’escorce  de  citron  et  de  semence  de  tunique  intex'ieure  du  ventricule  ; 
coriandre.  Extérieurement  on  fera  l’autre  pour  quelque  humeur  chaude, 
vne  fomentation  auec  sachets  garnis  acre ,  bilieuse ,  qui  est  enfermée  long 
defleurs  de  rosmarin,de  stœchas,de  temps  entre  les  tuniques  de  ladite 
fueilles  de  menthe ,  d’absinthe  ,  de  partie. 

clous  de  girofle,  de  noix  muscade,  d’es-  Quand  la  soif  vient  de  la  chaleur 

corce  de  citron  sec.  On  frottera  l’esto-  de  la  fléure  seulement,  il  ne  faut  que 
mach  d’huile  rosat ,  d’absinthe ,  et  de  rafraichir  et  humecter  :  mais  quand 
myrtilles  :  on  mettra  dessus  en  forme  elle  vient  des  humeurs ,  il  les  faut 
d’emplastre  de  la  conserue  de  roses  euacuer,  autrement  la  soif  ne  cesse 
meslée  auec  du  vieil  cotignat ,  et  de  la  point,  quelque  rafraichissement  que 
poudre  de  mastich  et  d’absinthe  :  ou  vous  puissiez  donner  :  c’est  pourquoy 
bien  on  se  seruira  de  l’emplastre  de  il  faut  recourir  et  aux  clysteres  et 
leuain,  qui  se  préparé  auec  vne  li-  aux  vomitifs,  et  aux  purgations,  si  la 
ure  de  leuain,  deux  manipules  de  fléure  le  peut  permettre, 
fueilles  de  menthe  desseichées,  vne  Or  ce  qu’il  faut  en  premier  lieu 
once  de  mastich,  incorporés  ensemble  obseruer  en  la  cure  de  la  soif,  c’est  le 

auec  huile  de  mastich.  Quelques  vns  temps  qu’il  faut  donner  à  boire  •  qui 
font  estât  d’vn  cataplasme  fait  de  [  n’est  pas  le  commencement  du  froid 


DES  FIÈVRES, 


et  de  l’accès,  car  ce  serait  faire  comme 
les  forgerons ,  qui  voiilans  allumer 
leurs  fournaises  y  iettent  de  l’eau  : 
mais  c'est  principalement  vers  le  de- 
clin  de  la  fiéure,  auquel  temps  il  ne 
faut  pas  craindre  de  donner  à  boire 
.  librement,  tant  à  fin  d’esteindre  la 
chaleur,  que  pour  prouoquer  la  sueur 
quisuruient  pour  lors.  Cependant  en 
r augmentation  de  l’accès,  onlaschera 
de  tromper  la  soif,  tanlost  auec  des 
fueilles  de  pourpié  ou  d’ozeille  trem¬ 
pées  en  eau  ou  vinaigre,  et  mises  sur 
la  langue,  tantost  auec  des  cerises 
seiches  et  aigrettes,  pareillement 
trempées  dans  l’eau:  vne  autre  fois 
en  gargarisant  la  bouche ,  soit  d’eau 
fraîche  auec  vn  peu  de  vin  ou  de  vi¬ 
naigre,  soit  auec  vn  gargarisme  fait 
expies  dereglisse,  de  raisinsde  Damas, 
de  sebestes,  de  fleurs  de  nénuphar  et 
de  violettes,  d’orge,  auec  les  syrops 
violât  et  de  grenades.  Ce  n’est  pas 
toutesfois  que  durant  la  force  et  la 
vigueur  de  la  fiéure,  il  ne  faille  don¬ 
ner  à  boire  au  fébricitant  :  mais  il  faut 
modérer  la  quantité.  Qu’on  luy 
donne  à  boire  de  la  ptisane  vulgaire 
faite  auec  reglisse,  ou  de  l’eau  battue 
auec  quelque  syrop ,  comme  seroit 
l’aceteux  simple,  de  limons,  de 
agresta,  le  violât,  celuy  oe  grenades, 
ou  le  potus  diuin  fait  de  lus  de  limons 
et  d’oranges,  de  sucre  et  d’eau. 

Il  y  en  a  qui  pour  tromper  la  soif 
préparent  ce  linctus  :  ils  prennent, 

Deux  onces  de  conserue  de  roses  ou  de 
viollettes  : 

Fleurs  de  casse,  demie  once  : 

De  mucilage  de  semence ^ de  psyllium, 
deux  drachmes  : 

et  en  font  vn  linctus.  D’autres  pren¬ 
nent, 

Demie  once  de  mucilage  de  semence  de 
psillium: 


19g 

Deux  drachmes  de  mucilage  de  semence 
de  coings  : 

Elect.  de  tragacanthe  vne  drachme  : 

Et  sucre  candi  suffisante  quantité, 
et  en  font  vn  linctus.  Quelques  vns  ai¬ 
ment  mieux  faire  des  pillules  à  mettre 
sous  la  langue ,  faites  auec  semence 
de  concombre  et  gomme  adragant  dis¬ 
soute  auec  vn  blanc  d'œuf.  Mais  le 
plus  souuerain  remede  contre  toute 
sorte  de  soit,  est  le  sommeil,  lequel  de 
sa  propre  nature  esleint  la  soifet  cor¬ 
rige  la  seicheresse:  s’il  ne  vient  donc 
de  luy  mesme,  il  faudra  le  prouoquer 
ou  par  lauemens  de  pieds  et  de  iambes, 
ou  par  frontaux ,  ou  par  iuleps  hyp¬ 
notiques,  desquels  nous  auons  parlé 
au  chapitre  des  veilles.  On  peut  voir 
aussi  au  traité  des  fiéures  ce  que  nous 
auons  dit  de  l’eau  froide,  et  quand  et 
à  qui  il  la  conuient  donner  largement. 
Au  reste,  il  faut  obseruer  que  les  fe- 
bricitans'  quelquesfois  ne  sont  point 
altérés ,  ou  à  cause  qu’il  tombe  quel¬ 
que  humeur  du  cerueau  dans  l’œso¬ 
phage  et  dans  l’estomach ,  ou  quand 
le  iugement  du  fébricitant  est  telle¬ 
ment  peruerti  qu’il  ne  connoist  pas 
qu’il  a  soif,  ou  en  fin  à  cause  que  le 
sentiment  de  Festomach  est  perdu: 
laquelle  cause  est  tres-pernicieuse  aux 
fiéures  ardentes. 


CHAPITRE  XVIII. 

DE  LA  LIPOTHYMIE^ ET  SYNCOPE. 

Il  suruient  trois  symptômes  aux 
fiéures  qui  ont  grande  affinité  les  vns 
auec  les  autres,  et  qui  ne 'different 
presque  que  du  [plus  ou  du  moins  : 
sçauoirje.  mal  de  cœur,j|que  les  Grecs 
appellent  fxluaiv ,  la  défaillance  qu’ils 
nomme  nt  ou  itiirovf.ux'*'' , 


200 


LE  VINGTIEME  LIVRE  , 


et  l’esuanoiiissement  qu’ils  appellent 
cryvxoTTt'v,  qul  est  le  plus  grand  de  tous, 
et  qui  estonne  grandement,  quand  il 
suruient,  le  malade  et  le  Médecin. 

La  cause  deresuanoüissement  (car 
de  l’explication  de  celuy-cy,  on  enten¬ 
dra  facilement  la  nature  des  autres) 
c’est  tout  ce  qui  peut  altérer  les  esprits 
vitaux ,  les  corrompre  et  les  dissiper, 
comme  sont  les  longues  veilles,  les 
douleurs  externes,  toutes  les  grandes 
et  subites  euacuations,  les  douleurs 
d’estomacli  excitées  par  quelques  hu¬ 
meurs  malignes  et  veneneuses,  les  va¬ 
peurs  mauuaises  et  putrides  qui  sor¬ 
tent  de  quelque  abcès  formé  aux 
parties  nobles  :  bref  la  corruption  de 
quelque  partie. 

Pour  apporter  les  remedes  conue- 
nables,  11  faut  auoir  esgard  aux  cau¬ 
ses,  pour  leur  opposer  remedes  con¬ 
traires  si  faire  se  peut  :  comme  aux 
veilles ,  il  faut  ordonner  le  dormir  : 
aux  douleurs,  il  faut  les  anodins  ;  aux 
esprits  dissipés ,  il  faut  ce  qui  les  re  - 
uoque  et  les  engendre  :  aux  vapeurs 
malignes ,  les  cardiaques  :  à  la  ca¬ 
cochymie,  la  purgation.  Or  de  quel¬ 
que  cause  que  puisse  estre  excitée  la 
syncope,  elle  fait  quitter  au  Médecin 
le  dessein  de  guérir  la  fléure,  pour  luy 
trouuer  des  remedes,  à  cause  que 
c’est  vn  mal  si  pressant  et  si  vrgent, 
que  si  l’on  laissoit  longuement  le  ma¬ 
lade  en  défaillance,  il  y  auroit  crainte 
qu’il  ne  mourust  subitement.  C’est 
pourquoy  dés  qu’on  apperçoit  la  syn¬ 
cope,  il  faut  tascher  à  reuoquer  les 
esprits  et  à  faire  reuenir  le  malade 
en  luy  iettant  de  l’eau  froide  sur  le 
visage,  luy  mettant  les  mains  dans  de 
l’eau  fraische ,  luy  frappant  dans  les 
mains;  luy  frottant  le  nez,  les  tem¬ 
ples,  et  le  pouls  auec  bon  vinaigre: 
lui  faisant  aualler  du  vin,  lequel  est 
vn  tres-souuerain  cardiaque.  Ceux 


qui  voudront  voir  Galien ,  et  comme 
il  reinedie  à  ce  mal ,  qu’ils  lisent  le 
premier  liure  ad  Glauconem.  Pour 
moy  ie  n’en  veux  pas  dire  d’auan  tage  : 
d’autant  que  la  syncope  est  traitée 
tres-amplement  par  tous  les  prati¬ 
ciens  qui  ont  escrit  des  maladies  en 
particulier. 


CHAPITRE  XIX. 

DES  SYMPTOMES  QVI  SVIVENT  l’aME- 

TRIE  DES  EXCREMENS  :  ET  PREMIERE¬ 
MENT  DV  FLVX  DE  VENTRE. 

Après  les  symptômes  de  l’action  lé¬ 
sée,  viennent  ceux  qxii  appartiennent 
à  l’ametrie  des  excremens.  Entre  les¬ 
quels  est  le  flux  de  ventre,  qui  est  vn 
accident  fort  commun  des  fiéures, 
quelquesfois vtile  et  profitable,  quel- 
quesfois  tres-mauuais  et  pernicieux. 
Celuy  qui  est  tousiours  mauuais  est 
le  lienterique,  qui  vient  de  boire  trop, 
ou  de  quelque  malignité  qui  par  les 
fiéures  pestilentielles  et  malignes  dis¬ 
sout  les  forces  de  l’estomach  et  des 
intestins 

A  ce  flux  de  ventre  icy,  il  faut  tant 
qu’on  peut  fortifier  l’estomach  et  les 
intestins  ,  tant  par  les  remedes  inté¬ 
rieurs  qu’exterieurs.  On  fait  des  pou¬ 
dres  auec  les  choses  qui  astreignent 
et  fortifient,  comme  spodiurn,  san- 
taux,  bol  armene,  sang  de  dragon, 
perles  préparées,  coraux,  et  autres! 
On  donne  des  opiates  auec  la  conserue 
de  roses,  le  mastich ,  la  chair  de  coings, 
le  rhapontic,  les  mirabolans;  exté¬ 
rieurement  on  fait  des  linimens  auec 
huiles  de  myrtilles,  de  mastich,  de 
coings  :  on  applique  des  emplastres  de 
mastich  et  de  cotignac  à  l’estomach: 
on  fait  des  sachets  et  fomentations  de 


DES  FIÈVRES. 


201 


choses  adstringentes  et  corrobovati- 
ues.  Que  si  tout  cela  ne  profite,  on 
recourt  aux  choses  qui  prouoquent  le 
sommeil ,  lequel,  comme  dit  Hippo¬ 
crates  au  liure  de  Victu  in  acutis ,  ar- 
reste  toutes  sortes  de  fluxions. 

L’autre  flux  de  ventre  qui  est  vtile 
est  humoral ,  ou  diarrhoïque ,  par  le¬ 
quel  les  mauuaises  humeurs  sont 
euacuées.  Mais  à  fin  qu’il  soit  profita¬ 
ble,  premièrement ,  il  faut  qu’il  sur- 
uienne  à  la  fin  des  fiéures ,  lors  que 
les  humeurs  sont  cuites  et  domptées 
par  la  nature  :  secondement,  il  faut 
qu’il  soit  modéré,  veu  que  toutes  cho¬ 
ses  qui  sontsans  mesuresont  ennemies 
de  la  Nature.  De  là  nous  apprenons 
qu’il  ne  faut  pas  tousiours  arrester  le 
cours  de  ventre  :  car  ce  seroit  bien 
souuent  enfermer  le  loup  dans  la  ber¬ 
gerie,  comme  l’on  dit.  En  outre  nous 
apprenons  que  le  cours  de  ventre  mo¬ 
déré  nous  montre  le  dessein  de  la 
nature,  qui  est  de  chasser  hors  les  hu¬ 
meurs  nuisibles.  C’est  pourquoy  il  ne 
faut  point  faire  de  difficulté,  lorsqu’on 
voit  tel  flux  de  ventre,  de  donner  quel¬ 
que  doux  purgatif,  à  fin  d’aider  à  la 
nature,  qui  bien  souuent  ne  vuide 
que  le  plus  clair  ;  le  terrestre  ou  limon- 
neux  demeurant  au  corps,  qui  est  bien 
souuent  cause  de  recidiues.  C’est  pour¬ 
quoy  il  est  bon  de  donner  les  purga¬ 
tifs  qui  puissent  entraisner,  auec  ce 
qui  sort  volontairement,  les  humeurs 
plus  grossières  et  limonneuses.  Que  si 
le  flux  deuient  immodéré,  alors  il 
faudra  temperer  les  humeurs  chaudes 
auec  medicamens  rafraichissans,  for¬ 
tifier  l’estomach  auec  des  corrobora¬ 
tifs  ,  adoucir  les  boyaux  auec  quel¬ 
ques  clysteres  detersifs  et  anodins  : 
purger  doucement  les  humeurs  auec 
le  catholicum  doublé  de  rheubarbe, 
ou  auec  la  rheubarbe  en  infusion,  ou 
bien  meslée  en  tablettes  ou  opiates. 


On  peut  pareillement  prouoquer  le 
sommeil ,  qui  arresto  les  fluxions , 
comme  dit  est,  contempere  les  hu¬ 
meurs,  et  fortifie  les  parties. 

Il  y  a  deux  autres  sortes  de  flux  de 
ventre ,  l’vn  qui  vient  de  l’imbécillité 
ou  corruption  des  parties  nobles,  qui 
est  tout  à  fait  mortel  :  et  l’autre  qui 
est  colliquatif ,  à  cause  du  grand  feu 
qui  fond  la  substance  propre  du  corps, 
et  celuy-cy  n’est  gueres  moins  péril¬ 
leux.  Toutesfois  il  fautlascher  à  modé¬ 
rer  ceste  grande  chaleur  par  toutes 
sortes  d’artifices,  ce  qui  reüssit  quel- 
quesfois  assez  heureusement. 


CTUPITRE  XX. 

DE  LA  DVRETÉ  DV  VENTRE. 

Au  commencement  des  fléures,  le 
ventre  deuient  paresseux,  à  cause  du 
repos  que  l’on  prend  dans  le  lict,  et 
aussi  à  cause  que  le  fébricitant  de- 
meurantlong  tempscouché  sur  le  dos, 
D  s’eschauffe  le  ventre ,  qui  par  après 
endurcit  les  humeurs  qui  sont  con¬ 
tenues  dans  les  intestins.  Car  la  cause 
ordinaire  de  la  dureté  du  ventre  vient 
de  la  chaleur ,  qui  desseiche  les  ex- 
cremens,  qui  pourestre  ainsi  espuisés 
de  toute  humidité  résistent  à  la  vertu 
expultrice  des  intestins. 

En  cestaccident,  il  faut  recourir  aux 
clysteres  emolliens  et  refrigeralifs ,  et 
aux  suppositoires.  Il  faut  donner  quan¬ 
tité  de  bouillons  au  veau,  et  assaison¬ 
nés  de  bourrache,  buglosse,  cichorée, 
laictue,  ozeille,  endiue,  sommités 
de  maulues,  au  fébricitant  ;  on  luy 
fera  vser  de  pommes  cuites,  et  de  pru 
neaux  auec  leur  ius,  en  attendant 
qu’on  le  puisse  purger  auec  quelque 
bol  de  casse  et  autres  doux  purgatifs. 


Q02 


LE  VINGTI] 

Il  y  a  vne  au  tre  eau  se  de  la  dureté  du 
Yentre ,  c’est  à  sçauoir  l’estoupement 
et  obstruction  du  conduit  cholédoque 
qui  porte  la  bile  dans  les  intestins,  la¬ 
quelle  sert  à  irriter  la  vertu  expul- 
trice.  Quand  donc  labile  ne  coule  pas 
aux  intestins,  ladite  vertu  expultrice 
deuient  paresseuse,  et  par  conséquent 
le  ventre  deuient  dur.  A  cesle  cause 
icy  il  faut  des  remedes  particuliers, 
lesquels  nous  particulariserons  au 
chapitre  de  la  iaunisse. 


CHAPITRE  XXL 

DE  LA  SVPPRESSION  d’vEINE. 

Des  trois  empeschemens  qu’il  y  a  à 
l’vrine,  sçauoir  de  la  dysurie,  quand 
on  a  douleur  en  pissant,  de  la  strangu- 
rie,  quand  on  pisse  goutte  à  goutte,  et 
de  rischurie ,  quand  l’vrine  est  sup¬ 
primée  et  arreslée ,  la  derniere  est  la 
pire ,  et  celle  aussi  qui  vient  plus  or¬ 
dinairement  aux  febricitans.  Or  telle 
suppression  est  ou  crilitiue,  ou  symp¬ 
tomatique.  La  critique,  comme  en¬ 
seigne  Galien,  vient  deuant  les  ri¬ 
gueurs,  et  est  comme  vn  auant-cou- 
reur  d’vne  crise  qui  se  doit  faire  par 
les  sueurs  :  les  sueurs  et  les  vrines 
ayans  vne  mesme  matière.  Pour  la 
symptomatique,  elle  arriue  ou  la  ves¬ 
sie  estant  vuide,  ou  la  vessie  estant 
pleine. 

Quand  on  reconnoist  en  la  suppres¬ 
sion  de  rvrineque  la  vessie  est  pleine, 
s’il  n’y  a  tres-grande  inflammation  au 
col  de  la  vessie,  il  n’y  a  rien  de  plus 
prompt  pour  soulager  le  fébricitant 
que  la  sçnde  creuse,  laquelle  si  tost 
qu’elle  est  introduite,  vuide  l’vrine 
qui  est  retenue  en  la  vessie.  Que  s’il 
y  a  inflammation  et  obstruction,  ou  à 


ME  LIVRE, 

la*  vessie ,  ou  aux  vreteres,  ou  aüx 
reins,  il  faut  recourir  aux  remedes 
particuliers  de  ces  maladies,  desquel¬ 
les  tous  les  praticiens  ont  parlé  fort 
amplement;  c’est  pourquoy  il  faut 
auoir  recours  à  leurs  liures. 


CHAPITRE  XXII. 

DV  FLVX  EXCESSIF  D’VRINE. 

La  Nature  cherche  quelquesfois  di- 
uerses  descharges  pour  guérir  les  ma¬ 
ladies,  tantost  par  le  ventre,  par  les 
diarrhées,  tantost  par  les  sueurs,  tan¬ 
tost  par  vn  flux  d’urines  que  les  Grecs 
appellent  perirrhée  :  et  ce  flux  icy  est 
critique,  d'autant  qu’il  se  fait  par  le 
bénéfice  de  la  Nature  au  soulagement 
du  malade.  Quelquesfois  on  prouoque 
l’vrine  auec  des  medicamens  diuréti¬ 
ques  si  puissamment,  qu’il  sort  vne 
grande  quantité  d’eaux  du  corps: 
mais  tel  flux  est  plustost  nuisible  que 
profitable,  d’autant  que  cela  vient  de 
la  malignité  de  tels  medicamens  ,  qui 
pour  estre  grandement  chauds,  et  de 
parties  ténues,  fondent  le  sang  et  le 
font  tourner  en  eau  et  sérosité.  A 
cest  accident  icy,  il  faut  donner  les 
medicamens  rafraichissans ,  qui  puis- 
sen  t  pareillemen  t  esp  aissi  r  et  incr  asser 
le  sang,  et  arrester  les  fluxions, 
comme  sont  les  décoctions  deplantin , 
depourpié,  laictue,  bource  de  pasteur, 
ioubarbe,  auec  les  syrops  de  pauot  et 
de  pourpié. 

Il  y  a  vn  autre  flux  d’vrine  excessif, 
que  l’on  appelle  diahetes ,  lorsque  les 
febricitans  pissent  beaucoup  et  sou¬ 
rient,  et  rendent  leur  vririe  aqueuse 
et  ténue  si  tost  qu’ils  ont  beu. La  cause 
de  ce  symptôme  est  triple,  sçauoir 
l’intemperie  chaude  et  seiche  des 


DES  FIEVRES.  qo3 


reins,  l’humeur  bilieuse  acre  et  salléé 
dont  les  reins  sont  abbreuués  et  in¬ 
cessamment  irrités,  et  quelque  venin 
pernicieux.  On  obserue  qu’aux  üé- 
ures  ardentes  le  diabètes  suruient  par 
la  colliquation  des  reins  et  dissolu¬ 
tion  de  tout  le  corps,  ce  qui  fait 
qu’ordinairement  il  est  mortel.  Ces 
accidens  sont  de  telle  importance 
qu’ils  méritent  bien  qu’on  aille  fueil- 
leter  les  liures  des  bons  autheurs, 
pour  leur  trouuer  des  remedes  :  c’est 
pourquoy  ie  n’en  diray  rien  autre 
chose.  Il  me  suffit  d’indiquer  ces 
symptômes,  comme  effets  pernicieux 
des  fiéures. 


CHAPITRE  XXIII. 

DES  SVEVES  IMMODEREES. 

le  ne  m’estens  point  icy  sur  la 
différence  des  sueurs  et  leur  signifi¬ 
cation  ,  veu  que  cela  appartient  à 
la  sémiotique  :  ie  m'arreste  seulement 
à  la  sueur  immodérée  :  laquelle,  soit 
qu’elle  vienne  par  voye  de  crise  ou 
autrement,  précipité  le  malade  en  de 
grandes  faiblesses ,  et  en  suite ,  si  on 
n’y  remedie,  à  la  mort. 

C’est  pourquoy  lors  qu’on  voit  telle 
sueur  immodérée,  il  faut  recourir 
aux  medicaraens  qui  repercutent  et 
qui  bouchent  les  pores  du  cuir.  On 
fera  donc  des  fomentations  d’eau  de 
rose,  de  plantain,  de  morelle,  y  ad- 
ioustant  la  sixième  partie  de  vinai¬ 
gre  rosat:  ou  bien  on  fera  vne  décoc¬ 
tion  dans  l’eau  des  marescbaux ,  de 
roses  rouges ,  de  balaustes ,  de  noix 
de  cyprès,  d’escorce  de  grenade,  do 
morelle ,  de  plantain ,  de  ioubarbe , 
d’absinthe,  de  pentaphyllum,  de  cen- 
tinode ,  de  tapsus  barbatus  et  autres. 


On  aura  aussi  recours  à  ces  medica- 
mens  que  les  Grecs  appellent  diapas- 
mata  et  alispasmata,  faits  de  poudres 
de  roses  rouges ,  de  bol  armene ,  de 
terre  sigillée ,  de  croye ,  d’alun ,  de 
plomb  bruslé ,  de  piastre  laué ,  les¬ 
quels  on  seme  sur  le  corps  du  malade, 
à  fin  que  par  leur  vertu  emplastique 
iis  empeschent  la  sueur  de  sortir.  On 
donnera  aussi  cependant  au  malade 
des  iuleps  et  apozemes  adstringens 
et  incrassans  pour  le  mesme  effet , 
les  nourrissant  bien  au  reste  de  vian¬ 
des  aisées  à  cuire ,  mais  qui  ne  puis¬ 
sent  nullement  eschauffer. 


CHAPITRE  XXIV. 

DV  FLVX  DE  SANG  IMMODERE. 

Encore  bien  qu’il  se  puisse  faire 
durant  les  fiéures  des  flüx  de  sang  im¬ 
modérés  ,  tant  par  les  veines  bemor- 
rhoïdales,  que  par  celles  de  la  matrice 
aux  femmes  :  bien  qu’il  suruienne 
des  dysenteries ,  et  que  quelquesfois 
on  pisse  le  sang  aux  fiéures  malignes, 
si  est-ce  qu’en  ce  chapitre  icy  nous 
ne  délibérons  parler  que  du  flux  de 
sang  qui  vient  par  le  nez,  estant  vn 
accident  assez  commun  presque  à 
toutes  les  fiéures,  principalement 
aux  synoques. 

Or  ce  flux  de  sang  est  ou  critique  ou 
symptomatique  :  le  symptomatique 
doit  tousiours  estre  arresté ,  puisqu’il 
ne  fait  qu’affoiblir  le  malade  sans  di¬ 
minuer  la  maladie.  Pour  le  critique, 
il  est  ou  petit,  ou  médiocre,  ou  exces¬ 
sif.  Le  petit  ne  doit  point  estre  ar¬ 
resté  :  au  contraire  il  doit  estre  excité, 
si  faire  se  peut,  en  grattant  et  frot¬ 
tant  le  nez,  et  en  y  mettant  dedans 
quelque  paille  ou  quelque  plume,  à 


LE  VINGTIÈME  LIVRE, 


204 

fin  d’irriter  les  veines  et  les  ouurir. 
Au  médiocre,  il  ne  faut  rien  faire. 
L’excessif  et  immodéré ,  pour  em- 
pescher  qu’il  n’oste  les  forces  et  la 
vie  tout  ensemble,  doit  estre  promp¬ 
tement  arresté  :  veu  qu’il  prend  la 
qualité  et  la  condition  du  symptoma¬ 
tique. 

Il  faut  donc  en  premier  lieu  tirer 
vn  peu  de  sang  et  à  diuerses  fois 
des  bras  pour  seruir  de  reuulsion.En 
après  il  faut  se  seruir  de  remedes  ad- 
stringens  et  glutinatifs  pour  appliquer 
sur  le  front  et  sur  les  temples,  dé¬ 
layant  auec  de  l’eau  rose  et  vinaigre 
et  vn  blanc  d’œuf,  du  piastre ,  du 
poil  de  Heure  et  du  bol  armene  :  on 
met  dans  les  narines  quelques  poudres 
adstringentes,  ou  du  cotton  trempé 
en  quelque  décoction  adstringente. 
On  met  alentour  du  malade  des  linges 
trempés  en  oxycrdt  :  mesme  si  le  flux 
est  grandement  excessif,  on  liiy  en- 
ueloppe  tout  le  corps  en  pareils  lin¬ 
ges,  on  en  met  pareillement  sur  la 
bource  des  testicules.  On  oste  le  ma¬ 
lade  de  dessus  la  plume ,  et  le  met -on 
sur  la  paille.  On  luy  applique  des 
ventouses  sur  la  région  du  foye  :  on 
lui  frotte  l’espine  et  les  lombes  de  ce- 
rat  de  Galien  rafraîchissant,  d’oxyrho- 
dinum,  ou  de  mucilage  de  semence  de 
psyllium  tirée  auec  l’eau  de  pourpié. 
On  luy  donne  à  boire  de  l’oxycrat 
auec  le  bol  armene  et  la  terre  sigillée. 
On  luy  pend  au  col  du  coral  rouge 
et  du  iaspe ,  que  l’on  croit  auoir  la 
force  d’arrester  toutes  sortes  de  flux 
de  sang. 


CHAPITRE  XXV. 

DES  SYMPTOMES  DES  FIEVRES  QVI  AP¬ 
PARTIENNENT  A  l.A  SIMPLE  AFFECTION 

DV  CORPS  :  ET  PREMIEREMENT  DE  LA 

lAVNISSE. 

La  iaunisse  qui  apparoist  aux  tié- 
ures  aiguës  vient,  ou  de  l’inflammation 
et  scirrhe  du  foye,  ou  de  l’obstruc¬ 
tion  du  conduit  cholidoque ,  par  le¬ 
quel  la  bile  a  accoiistumé  de  se  des¬ 
charger  dans  les  boyaux  pour  les  irri¬ 
ter  à  l’excretion  des  excremens.  Lors 
donc  que  ce  conduit  et  passage  est  es- 
touppé,  la  bile  au  lieu  d’aller  aux 
intestins  se  porte  dans  les  grandes 
veines,  et  des  grandes  aux  petites,  et 
des  petites  dans  toute  la  superficie  et 
habitude  du  corps,  ce  qui  le  fait  pa- 
roislre  tout  iaune. 

Or  il  y  a  grande  difficulté  de  recon- 
noistresi  cest  accident,  quand  il  sur- 
uient  aux  tîéures  aiguës,  est  critique 
ou  symptomatique.  Hippocrates  a  des 
exemples  si  contraires  entre  eux, 
qu’il  est  difficile  d’en  tirer  quelque 
reigle  assurée.  Au  reste,  si  la  iaunisse 
vient  de  l’inflammation  du  foye ,  elle 
n’a  point  d’autres  remedes  que  ceux 
que  l’on  fait  à  l’inflammation.  Quand 
elle  vient  d’obstruction,  il  faut  se  ser¬ 
uir  des  medicamens  qui  destouppent 

et  qui  ouurent ,  desquels  nous  avons 
rapporté  grand  nombre  cy-deuan  t.  On 
se  seruira  pareillement  de  purgations 
frequentes,  d’epithemes,  de  clysteres, 
iuleps,  apozemes ,  et  autres.  Le  corps 
ayant  esté  ainsi  préparé,  lors  qu’il  ne 
reste  plus  que  l’hurnéur  qui  est  es- 
parse  par  la  superficie  du  corps ,  on 
mettra  le  malade  dans  le  bain  d’eau 
tiede,  à  fin  de  résoudre  le  tout ,  et  re¬ 
mettre  le  corps  à  sa  propre  couleur. 


DES  FIEVRES. 


CHAPITRE  XXVL  ‘ 

DE  LA,  SEICHERESSE  ,  NOIRCEVR,  ET  AV- 

TRES  ACCIDENS  DE  LA  LANGVE. 

D’autantque  la  langue  a  sa  tunique 
commune  qui  l’enueloppe  auec  toute 
la  bouche,  l’œsophage  et  le  ventri¬ 
cule,  et  qu’elle  a  de  petites  veines 
par  lesquelles  elle  a  communication 
auec  les  viscères ,  il  arriue  de  là  que 
de  la  couleur  de  la  langue  nous  iu- 
geons  de  la  disposition  des  entrailles, 
et  des  humeurs  qui  sont  contenues 
dans  les  veines.  Aussi  voyons-nous  du-  j 
rant  les  fléures  que  la  langue  prend 
diuerses  qualités  et  affections,  selon 
la  condition,  Violence,  et  malignité 
de  la  fiéure.  Cela  arriue  volontiers 
à  la  langue ,  pource  que  les  vapeurs 
qui  s’esleüent  de  bas  en  haut,  lors 
qu’elles  sont  paruenues  iusques  à  la 
langue,  pour  ne  pouuoir  passer  outre 
et  pour  trouuer  la  langue  molle  et 
spongieuse,  elles  s’y  attachent  et  la 
rendent  telle  qu’elles  sont,  tantost 
aspre  et  rude,  tantost  noire,  tantost 
fendue ,  tantost  seiche,  et  ainsi  des 
autres.  Doncques  tous  ces  accidens 
icy  sont  produits  parles  fupaées  brus- 
lées  qui  s’esleuent  de  tout  le  corps , 
et  font  le  mesme  effet  que  les  fumées 
qui  s’esleuent  du  bois  qui  brusle ,  les¬ 
quelles  noircissent  la  cheminée,  et  y 
font  croistre  vne  suye  qui  la  couure 
comme  vne  grosse  crousle. 

Or  l’asprcté  de  la  langue  venant 
d’vne  grande  seicheresse  doit  estre 
corrigée  par  les  remedes  qui  humec¬ 
tent,  lenissent  et  adoucissent,  comme 
par  le  syrop  violât,  de  iuiubes,  de 
sucre  candi,  sucre  de  réglisse  tenu  en 
la  bouche.  A  mesme  effet  on  prépare 
vn  gargarisme  de  décoction  d’orge , 


2o5 

de  racine  et  semence  de  guimauues, 
de  semence  de  lin ,  de  fueilles  de  laic- 
tue  et  de  pourpié,  de  fleurs  de  violet¬ 
tes,  auec  quelque  syrop  conuenable. 
Les  mesmes  medicamens  sont  bons  à 
la  noirceur  de  la  langue,  ensemble 
les  frictions  que  l’on  y  fait  auec  vn 
linge  rude  ou  auec  vne  cuilliere  d’ar¬ 
gent,  lauant  aussi  la  bouche  auec 
verjus,  vinaigre,  vin  blanc,  syrop 
aceteux ,  miel  rosat ,  suc  de  limons , 
d’orange  et  autres. 

Quand  la  langue  est  fendue  et 
comme  découpée  en  diuers  lieux, 
pour  l’adoucir  on  préparé  le  mucila-' 
ge  de  semence  de  coings  et  de  psyl¬ 
lium  :  on  la  laue  auec  le  laict  clair,  ou 
mesme  auec  le  laict  ;  on  fait  vn  gar¬ 
garisme  de  feuilles  de  laictue,depour- 
pier,  de  plantin ,  de  langue  de  chien , 
semence  de  coings  et  de  psyllium, 
auec  le  miel  rosat  ou  violât,  et  le 
syrop  violât.  Pour  les  ordures  qui 
s’attachent  à  la  langue,  aux  dents 
et  au  palais  de  la  bouche,  on  les  gratte 
auec  vne  cuilliere  d’argent,  et  on  laue 
la  bouche  auec  les  mesmes  remedes 
cy  dessus  spécifiés. 


CHAPITRE  XXVIL 

DE  LA  EROIDEVR  DES  EXTREMITES 
DV  CORPS. 

Quand  les  frissons  et  les  horreurs 
des  fléures  intermittentes  arriuent, 
ils  sont  quelquestois  tellement  vio- 
lens,  qu’on  est  contraint  d’y  apporter 
quelques  remedes.  Le  plus  ordinaire 
est  d’eschauffer  bien  le  Uct  des  febri- 
citans,  les  enuelopper  de  bonnes  alai¬ 
ses  chaudes,  mettre  des  linges  chauds 
sur  la  poitrine,  à  l’entour  du  col,  sur 
le  ventre,  sur  les  genoux,  et  autres 


200  LE  VINGTIEME  LIVRE 


parties.  Qiielquesfois  on  leur  fait 
prendre  quelque  chose  par  la  bouche, 
comme  deux  doigts  d'eau  de  vie, 
d’eau  rose,  de  cannelle  et  de  sucre 
meslés  ensemble ,  et  infusés  par  l’es¬ 
pace  de  vingt-quatre  heures.  D’autres 
donnent  simplement  de  l’hippocras  ou 
du  vin  d’Espagne ,  ou  de  la  theriaque 
dissoute  dans  de  bon  vin. 

Il  y  a  des  fléures  continues  où  les 
malades  ont  presque  tousiours  les  ex¬ 
trémités  froides  :  à  ceux  cy,  outre  les 
linges  chauds,  on  fait  des  douces 
frictions  auec linges  mollets,  on  frotte 
les  cuisses  et  les  iambes  auec  huiles 
d’amendes  douces,  de  cbamomille,  de 
lis ,  de  iasmin ,  à  fin  de  rappeller  la 
chaleur.  On  met  dans  le  lict  des  bou¬ 
teilles  d’eau  tiede  à  l’entour  du  fébri¬ 
citant  ,  on  lui  met  des  grés  chauds  aux 
pieds,  et  à  Eentour  de  luy.  Quel- 
ques-vns  les  enueloppent  auec  des 
fourrures  bien  douces  et  mollettes, 
qui  peu  à  peu  font  reuenir  la  cha¬ 
leur. 


CHAPITRE  XXVIII. 

DE  l’excessive  CHALEVR. 

Ce  n’est  pas  la  moindre  incommo¬ 
dité  des  febricitans  que  la  grande 
chaleur  et  ardeur  de  tout  le  corps  : 
c’est  vn  symptôme  qui  leur  apporte 
de  grandes  impatiences.  C’est  pour- 
quoy  il  faut  donner  au  malade  quel¬ 
que  consolation.  Ce  qui  se  fera  pre¬ 
mièrement  rafraichissantle  plus  qu’on 
pourra  l’air  de  la  chambre,  changeant 
le  fébricitant  de  lict  en  autre,  lui 
donnant  à  boire  frais,  mettant  sur 
ses  mains  et  bras  des  fueilles  de  vigne 
rafraichies  en  l’eau,  luy  donnant  à 
tenir  dans  les  mains  des  boules  de 


marbre  et  de  iaspe,  des  laictues  pom" 
mées ,  des  citrons  trempés  en  l’eau  , 
et  autres  telles  choses.  On  luy  mettra 
sous  les  reins  vne  peau  de  marroquin, 
ou  vne  piece  de  camelot ,  ou  de  bou- 
gran,  mettant  en  son  lict  des  linceux 
neufs ,  et  vn  peu  rudes.  Quelques- vns 
trempent  des  linges  en  oxycrat,  dont 
on  enueloppe  les  parties  honteuses. 
Le  reste  gist  à  donner  au  malade  des 
iuleps  et  apozemes  que  nous  auons 
ordonnés  à  la  soif. 


CHAPITRE  XXIX. 

DE  LA  TENSION  DES  HVP0CH0NDRES. 

La  tension,  esleuation  et  meteo- 
risme  des  hypochondres  vient,  ou  de 
l’inflammation  des  entrailles,  ou  de 
quelques  humeurs  bouillantes  et  qui 
sont  comme  en  leuain,  lesquelles 
sont  contenues  à  l’entour  des  viscères, 
ou  bien  de  quelques  flatuosités  qui 
sont  dans  l’abdomen.  A  celle  qui 
vient  de  l’inflammation ,  il  faut  mes- 
mesremedes  qu’à  l’inflammation.  Aux 
humeurs  boüillantes,  il  faut  donner 
quantité  dç  lauemens  emolliens,  re- 
frigerans  et  laxatifs;  il  faut  faire  vser 
de  iuleps  et  apozemes  refrigerans  et 
humectans.  Il  faut  faire  des  linimens 
et  fomentations  de  pareille  vertu  :  at¬ 
tendant  qu’on  puisse  auec  de  doux 
purgatifs  euacuer  lesdites  humeurs. 
Quand  le  meteorisrae  vient  des  vents 
et  flatuosités  enfermées,  on  recourt 
pareillement  aux  clysteres  detersifs , 
ou,  comme  l’on  dit ,  carminatifs.  On 
fait  des  fomentations  aussi  résolu  li- 
ues  auec  fleurs  de  chamomillo,  meli- 
lot,  sauge,  marjolaine,  maulues,  pa- 
ritoires  boüillies  en  eau  et  vin  :  on 


DES  ElÉVRES. 


fait  sachets  auec  mesmes  herbes,  ou 
auec  le  son ,  l’auoine  ou  millet  fri- 
cassé.  Bref  on  purge  le  corps,  à  fin  de 
vuider  les  humeurs  crasses  et  pitui¬ 
teuses,  d’où  se  forment  les  vents. 

Voila  tout  ce  que  nous  auions  à 
dire  touchant  les  symptômes  des  fle¬ 
ures,  qui  seruira  grandement  à  l’in¬ 
struction  du  ieune  chirurgien ,  que  ie 
prie  de  prendre  en  bonne  part,  comme 
n’ayant  esté  dressé  qu’à  sa  seule  oc¬ 


207 

casion ,  et  au  soulagement  des  mala¬ 
des. 

le  proteste  icy  que  ce  n’a  point 
esté  par  ambition  de  paroistre  docte 
ny  sçauant,  sçachant  tres-bien  que 
tout  ce  qu’il  y  a  de  bon  dans  tout  ce 
Traité  des  fléures  a  esté  compilé  par 
moy  des  bons  médecins,  ausquels, 
après  Dieu ,  ie  suis  tenu  de  ce  peu  de 
connoissance  que  i’ay  en  la  medecine 
et  en  la  chirurgie. 


LE  YINGT-VNIEME  LIYRE, 


TRAITANT 

DE  LA  MALADIE  ARTHRITIQYE, 

VVLGAIREMENÏ  APPELÉE  GOVTEL 


CHAPITRE  I. 

DESCRIPTION  DE  LA  MALADIE  ARTICV- 

LAIRE,  DITE  VVLGAIREMENT  GOVTE. 

Arlhrilis,  on  Goûte,  est  vne  mala¬ 
die  qui  afflige  et  gaste  principalement 

1  Je  ne  connais  pas  d’édition  séparée  de 
ce  livre,  qui  a  paru  pour  la  première  fois 
dans  la  grande  édition  de  1576.  Il  formait 
alors  le  dix-septième  livre,  et  se  trouvait 
placé  entre  celui  des  Operations  et  celui  de 
la  grosse  Verolle,  place  qu'il  a  toujours  con¬ 
servée,  bien  qu’en  1585  il  ait  pris  le  titre  de 
dix-huüiesme  Liure.  Après  le  livre  des  Fié- 
ures,  c’est  le  premier  dans  l’ordre  de  la  col¬ 
lection  qui  soit  à  peu  près  purement  médi¬ 
cal,  et  je  n’ai  pas  vu  de  raisons  suffisantes 
pour  changer  cet  ordre.  11  se  composait  en 
1675  de  25  chapitres;  on  en  compte  aujour¬ 
d’hui  29;  mais  cette  augmentation  est  plus 
apparente  que  réelle.  En  effet,  elle  résulte 
seulement  de  la  division  des  chapitres  2  et 
9  chacun  en  deux,  et  du  chapitre  il  en  trois 
chapitres. 

J’ai  à  ajouter  un  mot  touchant  l’orthogra¬ 
phe  du  mot  goule  :  bien  que  dans  quelques 
endroits  des  livres  de  Paré  on  trouve  écrit 
goutte,  cependant  toutes  les  éditions  de  ce 
livre  n’y  mettant  qu’un  seul  t,  je  m’en  suis 
tenu  à  cette  orthographe. 


la  substance  des  articles  d’vne  ma¬ 
tière  virulente,  accompagnée  de  qua¬ 
tre  humeurs  :  et  pour  ceste  cause  est 
nommée  des  Grecs  Arlhrilis ,  et  des 
Latins,  Morbus  articularis  .'et  ce  nom 
est  general  pour  toutes  les  iointures. 
Mais  le  vocable  de  Goûte,  qui  est 
françois,  luy  peut  auoir  esté  attribué 
par-ce  que  les  humeurs  distillent 
goule  à  goûte  sur  les  iointures  :  ou 
pour-ce  que  quelquesfois  vne  seule 
goûte  de  cest  humeur  fait  douleur 
tres-grande.  Et  peut  venir  à  toutes 
les  iointures  du  corps,  et  selon  les 
lieux  où  la  fluxion  se  fait,  prend  di- 
uers  noms. 

Parquoy  nous  dirons  qu’elle  a  au¬ 
tant  d’especes  et  différences  qu’il  y  a 
de  iointures.  Comme  si  la  fluxion  se 
fait  sur  la  iointure  des  mandibules, 
elle  pourra  estre  nommée  Siagona- 
gra ,  par-ce  que  les  Grecs  appellent 
la  mandibule  Siagon.  Si  elle  vient  au 
col ,  se  peut  appeller  Trachelagra , 
pour-ce  que  les  Grecs  nomment  le 
col  Trachelos.  Si  elle  vient  sur  l’es- 
pine  du  dos,  on  la  pourra  nommer 
Rachisagra,  par-ce  que  les  Grecs 
nomment  l’cspine  Rachis.  Aux  es- 


DES  GOVTES. 


paules,  Omagra ,  à  cause  que  la  ioin- 
ture  de  l’espaule  et  du  bras  est  dite 
des  Grecs  Omos.  Aux  iointures  des 
clauicules,  Cleisagra,  par-ce  que  la 
clauicule  est  appellée  en  grec  Cleis, 
Au  coude,  se  peut  nommer  Pechya- 
gra,  du  nom  grec  Pechys,  qui  signifie 
le  coude.  Si  elle  vient  aux  mains,  elle 
est  communément  appellée  Chiragra , 
à  cause  du  nom  grec  Cheir,  qui  signi¬ 
fie  la  main.  Et  à  la  hanche  Ischias^ 
pour  ce  qu’elle  est  appellée  en  grec 
Ischion.  Au  genoüil,  Gonagra,  du  nom 
grec  Gony,  qui  signifie  le  genoüil.  Aux 
pieds  Podagra,  du  grec  Vous,  c’est  à 
dire,  le  pied. 

Lors  qu’il  y  a  trop  grande  quantité 
d’humeur,  et  que  le  malade  vit  en  oi  i- 
ueté,  quelquesfois  le  mal  occupe  tou¬ 
tes  les  iointures  vniuersellementL 

AucunsTappellent  descente,  rheume, 
ou  catarre ,  par-ce  que  le  nom  de 
goûte  est  odieux,  principalement  aux 
ieuncs  gens.  Autres  le  nomment  goûte 
naturelle ,  à  la  différence  des  goûtes 
de  la  grosse  verole. 


CHAPITRE  II. 

DES  CAVSES  OCCVLTES  DES  GOVTES. 

L’humeur  qui  cause  les  goules  ne 
se  peut  bien  expliquer,  non  plus  que 
celuy  qui  fait  la  peste,  ou  qui  est  cause 
de  la  verole  ou  de  l’epilepsie  ;  et  est 
totalement  d’autre  nature  que  celuy 
qui  fait  vn  phlegmon ,  ou  vn  œdème, 
ou  erysipele,  ou  scirrhe  ;  et  iamais 
ne  se  suppure  (comme  dit  Acce,  cha¬ 
pitre  12.  du  12.  liure^)  commefonlles 

1  Le  chapitre  se  terminait  ici  en  1575;  le 
reste  est  de  1585. 

*  Cette  citation  a  été  ajoutée  en  1579. 

III. 


209 

autres  humeurs  :  ioint  aussi  que  les 
iointures  qui  en  sont  affligées  sont 
desnuées  de  chair,  et  de  température 
froide  et  seiche  :  et  lors  que  lesdits 
humeurs  defluent  en  quelque  partie 
iusques  à  s’aposlumer,  ne  causent 
telles  douleurs  que  celuy  qui  fait  la 
goûte,  ny  mesme  vn  chancre  apostu- 
meux.  Outre  plus,  lesdits  humeurs  ne 
font  des  nœuds  aux  iointures  comme 
fait  celuy  qui  cause  la  goûte ,  lequel 
laisse  vne  matière  gypsée  incurable, 
ainsi  que  nous  déclarerons  cy  après. 

Sur  ce  fau  t  noter,  que  cest  humeur 
fluant  ne  fait  pas  nuisance  parla  voye 
où  il  passe  (non  plus  que  celuy  qui 
cause  l’epilepsie,  montant  des  par¬ 
ties  inferieures  iusqu’au  cerueau  sans 
leur  faire  aucune  nuisance),  mais  su¬ 
bit  qu’il  est  tombé  aux  iointures, 
cause  extremes  douleurs,  et  autres 
diuers  accidens,  en  eschauffant  ou 
refroidissant.  Car  on  voit  aucuns 
malades  qui  se  disent  brusler,  et  ne 
leur  peut-on  appliquer  remedes  assez 
froids  :  autres  disent  sentir  vne  froi¬ 
dure  glacée,  lesquels  on  ne  peut 
assez  aussi  eschauffer  :  et  mesme- 
ment  en  vn  mesme  corps  se  voit  que 
la  partie  dextre  est  intemperée  de 
chaleur,  et  la  seneslre  de  froidure. 
Aussi  on  voit  des  gouteux,  lesquels 
ont  la  goûte  chaude  au  genoüil,  et 
au  mesme  pied  froide  :  ou  aux  pieds 
chaude,  et  au  genoüil  froide.  le  diray 
plus  :  on  voit  souuent  vne  Ires-grande 
chaleur  eslre  vn  iour  en  vne  partie, 
et  l’autre  vne  froideur  :  et  partant  en 
vn  mesme  membre  faut  vser  (le  re¬ 
medes  contraires.  Et  quelquesfois 
ceste  matière  virulente  estsiperuerse 
et  maligne,  qu’elle  répugné  ,  et  ne 
cede  ü  nuis  remedes  :  et  disent  les 
malades  sentir  plus  de  mal  y  appli¬ 
quant  quelque  chose,  que  lors  qu’ils 
n’y  font  rien.  El  bon  gré  mal  gré  de 

14 


aïo 


LE  TINGT-VNIÉME  LIVRE 


toutes  choses  faites  par  raison  et  mé¬ 
thode,  ceste  matière  a  son  période  et 
paroxysme  :  qui  demonstie  aperte- 
ment  la  mesconnoissance  et  malice 
de  la  cause. 

Pareillement  on  voit  que  les  goûtes 
ne  se  peuuent  iamais  parfaitement 
guarir  (principalement  cellesquisont 
héréditaires)  quelque  diligence  qu’on 
y  puisse  faire  :  dont  cela  est  venu  en 
prouerbe,  mesmes  aux  poètes  latins, 
entre  lesquels  Horace  dit  : 

Qui  cupit ,  aul  meluil ,  iuual  ilium  sic  domus , 
aiU  res, 

Üt  lippum  pictæ  tabulas,  fomenta  podagram. 

Voulant  dire,  que  les  medicamens 
et  fomentations  donnent  autant  d’al- 
legemens  aux  podagres,  que  font 
les  richesses  à  celuy  qui  est  vexé 
d’auarice  infatigable,  désirant  tous- 
iours  d’amasser  :  ou  comme  les  pein¬ 
tures  et  tableaux  donnent  récréation 
à  vn  homme  qui  a  mal  aux  yeux.  Sur 
quoy  aussi  Guide  dit; 

Soluere  nodosam  nescii  medicina  podagram  ; 

Qui  signifie  que  la  medecine  ne 
peut  guarir  la  goûte  des  pieds  estant 
noueuse*.  Donc  en  ce  on  ne  doit  accu¬ 
ser  les  Médecins  et  Chirurgiens ,  ny 
aussi  les  Apoticaires  et  leurs  drogues. 
Cari’ose  affermer,  qu’aux  goûtes  il  y  a 
vn  certain  virus  inconneu  et  indici¬ 
ble  :  ce  qu’Auicenne  semble  confes¬ 
ser  ,  liure  troisième ,  fen.  22.  traité  2. 
chapitre  5.  et  7.  quand  il  dit  qu’il  y  a 
vne  espece  de  goule  qui  est  d’vue 
matière  si  aiguë  et  maligne,  que  si 
elle  vient  à  s’esmouuoir  par  quelque 
courroux  d’esprit,  elle  cause  vne 
mort  subite.  Aussi  Galien  au  liure  de 

»  L’édition  de  1575  ajoutait:  si  ce  n'est 
pour  pallier^Ceci  a  été  effacé  en  1579. 


Theriaca  ad  Pisonem,  chap.  15.  dit 
que  le  theriaque  profite  aux  poda¬ 
gres  ,  et  à  toutes  maladies  articulai¬ 
res,  parce-qu’il  obtond,  consomme  et 
seiche  la  matière  virulente  des  goû¬ 
tes.  D’auanlage,  Gourdon  au  chapi¬ 
tre  des  goûtes ,  semble  auoir  entendu 
qu’en  icelles  y  a  quelque  vénénosité, 
quand  il  dit  qu’en  telle  maladie  l’v- 
sage  du  theriaque  est  fort  à  louer ,  et 
principalement  après  que  le  corps  est 
mondifié  et  purgé.  Or  pour  le  dire  en 
vn  mot,  les  goûtes  participent  de 
quelque  matière  virulente,  Ires-sub- 
tile  et  veneneuse ,  non  toulesfois  con¬ 
tagieuse  ,  laquelle peche  plus  en  qua¬ 
lité  qu’en  quantité  :  qui  cause  vne 
douleur  extreme  en  la  partie  où  elle 
tombe ,  et  est  cause  d’y  faire  fluer  les 
humeurs,  principalement  ceux  qui 
sont  aptes  et  préparés  à  descendre  : 
et  non  seulement  les  humeurs ,  mais 
aussi  les  esprits  flatueux  :  ainsi  qu’on 
voit  és  morsures  et  piqueures  de  bestes 
venimeuses,  comme  des  mousches  à 
miel,  fVeslons ,  et  autres ,  qui  par  leur 
venin  causent  douleur  aiguë,  auec 
chaleur,  enfleure  et  vessies:  qui  se  fait 
par  l’ebullition  des  humeurs  causée 
par  le  venin.  Le  virus  arthritique 
fait  pareils  accidens,  lesquels  ne  ces¬ 
sent  iusques  a  ce  qu’il  soit  resou  U  et 
consommé,  soit  par  Nature,  ou  par 
medicamens,  ou  par  les  deux  en¬ 
semble. 

Or  il  faut  icy  entendre  que  les  ac¬ 
cidens  des  morsures  et  piqueures 
des  bestes  venimeuses  ne  viennent 
pas  seulement  pour  la  solution  de 
continuité  :  car  on  voit  souuent  les 
cousturiers,  et  autres  artisans,  se  pi¬ 
quer  profondément  de  leurs  aiguilles 
aux  extrémités  des  doigts ,  mesmes 
entre  l’ongle  et  la  chair  :  neanlmoins 
ne  sentent  pareille  douleur,  et  n’y 
voit -on  suruenir  le  plus  souuent 


DES  GOVTES. 


211 


aucun  mauuais  accident.  Parquoy  ie 
conclus  que  les  accidens  prouenans  à 
cause  de  la  morsure  d’vne  vipere ,  ou 
piqueure  d’vn  scorpion,  ieltant  vne 
bien  petite  quantité  de  venin  ,  et  qui 
est  cause  en  peu  de  temps  de  faire 
vne  intemperature  à  la  partie  et 
grande  mutation  au  corps ,  se  doiuent 
attribuer  non  à  la  playe,  mais  à  la 
qualité  du  venin  principalement. 
Aussi  la  cause  de  la  douleur  et  des 
autres  acciJens  qui  aduiennent  aux 
goûtes,  est  vne  virulence  et  véné¬ 
nosité,  laquelle  (comme  nous  auons 
dit  )  peche  plus  en  qualité  qu’en  quan¬ 
tité  :  ce  qu’on  connoisten  ce  qu’au¬ 
cuns  ont  des  douleurs  aux  iointures 
sans  aucune  apparence  de  defluxion 
d’humeurs ,  mais  par  vne  seule  in¬ 
temperature  indicible  :  laquelle  chose 
peut  estrfeencores  illustrée  et  enten¬ 
due  par  ceste  histoire. 


CHAPITRE  IlL 

HISTOIRES  MEMORABLES 

Le  Roy  estant  à  Bordeaux,  ie  fus  ap¬ 
pelé  auec  messieurs  Chapelain,  Con¬ 
seiller  et  premier  Médecin  du  Roy, 
Caslellan ,  Conseiller  et  Médecin  du 
Roy,  et  premier  de  la  Royne,  auec 
monsieur  de  la  ïaste.  Médecin  de¬ 
meurant  à  Bordeaux,  et  maistre  Ni¬ 
cole  Lambert,  Chirurgien  ordinaire 
du  Roy,  pour  visiter  et  donner  con¬ 
seil  à  vne  damoiselle,  aagée  de  qua¬ 
rante  ans  ou  enuiron ,  malade  d’une 
tumeur  de  la  grosseur  d’vn  petit 
pois,  située  au  dessous  de  la  ioin- 

1  Ce  chapitre  existait  déjà  en  1575,  mais 
confondu  avec  le  précédent;  il  en  a  été  sé¬ 
paré  en  1579. 


ture  de  la  hanche  senestre,  partie  ex¬ 
terne  :  et  sur  ladite  tumeur  et  par¬ 
ties  voisines,  sentoit  par  interualle  de 
temps  vne  extreme  douleur,  comme 
ie  declareray  cy  après  :  et  pour  l’ap- 
paiser  on  auoit  cherché  tous  moyens, 
appellant  pour  ce  faire  plusieurs  Mé¬ 
decins  et  Chirurgiens ,  voire  mesme 
des  sorciers  et  sorcières  :  tous  lesquels 
ne  luy  sceurent  donner  aucun  allé¬ 
gement  de  sa  douleur.  Or  ayans  tous 
entendu  ceste  histoire,  ie  desiray  fort 
sçauoir  quels  accidens  suiuoient  en 
l’accès  de  sa  douleur  :  dont  ie  m’en  al- 
lay  au  logis  de  ladite  damoiselle ,  ac¬ 
compagné  dudit  de  la  Taste  :  où  bien 
tosl  après  estans  arriués,  sa  douleur 
luy  print:  et  alors  elle  commença  à 
crier,  se  iettant  çà  et  là,  faisant  des 
mouuemensincroyables.  Car  elle  met- 
toit  sa  teste  entre  ses  iambes,  et  les 
[  pieds  surles  espaules,  auec  plusieurs 
autres  mouueùiens  merueilleux.  Cest 
accès  luy  dura  prés  d’vn  quart  d’heure; 
pendant  lequel  ie  m’efforçay  à  pren¬ 
dre  garde  s’il  suruenoit  tumeur,  ou 
quelque  inflammation  au  lieu  de  la 
douleur  :  maisie  puis  acertener  qu’il 
n’en  y  auoit  aucune,  ny  au  sens  du 
tact ,  ny  de  la  veuë.  Vray  est  que  lors 
que  i’y  touchois ,  elle  crioit  d’auan- 
tage.  L’accès  passé,  elle  demeuroit 
en  vne  grande  chaleur  et  sueur  vni- 
uerselle,  et  lassitude  de  tous  ses  mem¬ 
bres,  ne  se  pouuant  aucunement  re¬ 
muer.  Or  après  auoir  veu  telle  chose, 
ie  demeuray  grandement  esmerueillé, 
comme  aussi  ledit  de  la  Taste  :  au¬ 
quel  ie  demanday  ce  qui  luy  en  sem- 
bloil  ;  il  me  fit  response,  qu’il estimoit 
que  c’estoit  vn  démon  qui  tourmen- 
tüit  ceste  panure  créature.  En  quoy 
ie  ne  luy  voulus  contredire  pour 
l’heure,  attendu  que  iamais  n’auois 
véu  ny  ouy  parler  de  tel  accident. 
Car  si  c’eust  esté  vue  maladie  epilep- 


212 


LE  VINGT-VNlliME  LIVRE, 


tique,  il  se  fust  ensuiui  perdition  de 
tous  les  sens,  anec  commision  :  niais 
ceste  demoiselle  ratiocinoit  bien,  et 
parloit  encores  mieux.  Apres  qu’eus- 
mes  fait  rapport  de  ce  spectacle  à 
messieurs  Chapelain  et  Castellan  , 
ils  furent  grandement  estonnés  :  et 
fut  conclu  de  nous  tous  (attendu 
qu’on  auoit  procédé  auparauant  par 
plusieurs  moyens  ,  lesquels  ne  luy 
auoient  aucunement  osté  sa  douleur) 
qu’on  luy  appliqueroit  sur  la  tumeur 
Yn  cautere  potentiel,  lequel  i’appli- 
quay  ;  et  l’escarre  cheute,  tomba  vne 
sanie  virulente  de  couleur  fort  noire  ; 
et  fut  veuë  depuis  n’auoir  aucune 
douleur. 

Parquoy  ie  veux  conclure  par  ceste 
histoire,  que  la  cause  de  sa  douleur 
estoit  vn  virus  venimeux ,  lequel 
pechoit  plus  en  qualité  qu’en  quan¬ 
tité  ,  qui  eut  issue  par  le  moyen  de 
l’ouuerlure  faite  parle  cautere. 

Vn  semblable  fait  est  aduenu  à  la 
femme  du  cocher  de  la  Royne ,  de¬ 
meurant  à  Amboise,  au  milieu  du 
bras  droit,  ayant  par  certains  iours 
semblables  douleurs  que  la  susdite 
damoiselle  :  laquelle  nous  vint  trou- 
uer,  messieurs  Chapelain,  Castellan 
et  moy,  à  Orléans,  nous  suppliant  que 
nous  eussions  à  luy  vouloir  donner 
secours  à  sa  douleur  qui  estoit  si 
vehemente  qu’elle  se  vouloit  ietter 
parles  fenestres ,  ayant  pour  ceste 
occasion  garde  auec  elle.  Nous  con- 
clusmes  qu’on  luy  appliqueroit  vn 
cautere  potentiel  surlapartiemesme, 
ainsi  qu’auions  fait  à  la  susdite  da¬ 
moiselle,  ce  que  iefis  :  et  l’ouuerture 
faite,  sa  douleur  cessa,  et  l’a  depuis 
du  tout  perdue. 

<  La  phrase  s’arrêtait  là  en  1575;  le  reste 
a  été  ajouté  en  1579. 


Or  pour  retourner  à  nostre  propos, 
le  vice  des  humeurs  n’est  pas  seule¬ 
ment  cause  des  goules,  par-ce  que  le 
mal  ne  seroit  pas  seulement  aux  ioin- 
tures ,  mais  aussi  aux  parties  muscu¬ 
leuses  ;  et  ne  causeroit  telles  dou¬ 
leurs,  comme  i’ay  dit.  Aussi  on  peut 
dire  à  la  vérité  que  le  mal  ne  vient 
pas  de  l’imbécillité  des  iointures 
(comme  plusieurs  estiment)  laquelle 
seule  aussi  ne  peut  causer  telles  dou¬ 
leurs.  Car  s’il  estoit  ainsi ,  les  douleurs 
ne  cesseroient  iamais  pendant  que 
l’homme  vit ,  d’autant  que  l’imbecil- 
lité  est  tousiours  aux  articles  :  ains 
les  deux  ensemble ,  c’est  à  sçauoir,  la 
redondance  vicieuse  de  l’humeur ,  et 
l’imbecillilé  des  articles. 

Que  diray-ie  plus  pour  demonstrer 
l’incertitude  de  la  cause  des  goûtes? 
C’est  qu’elles  sont  comme  vne  rente 
consti  tuée  :  pource  qu’elles  reuiennen t 
tous  les  ans  à  certains  termes,  princ  ipa- 
lement  en  automne  et  au  printemps  », 
quelque  diligence  que  l’on  y  sçache 
faire  :  de  quoy  l’experience  fait  foy .  Et 
qui  plus  est,  celles  mesmement  qui 
viennent  de  naissance,  c’est  à  dire, 
par  héritage  du  pere  et  de  la  mere, 
ne  peuuent  iamais  guarir  vrayement, 
comme  i’ay  dit  :  ains  seulement  re- 
çoiuent  curepalliatiue.  Et  pour  y  pro¬ 
céder  ,  les  Médecins  et  Chirurgiens 
doiuent  auoir  bon  pied ,  bon  œil ,  et 
qu’ils  soient  munis  de  bon  iugement, 
et  de  plusieurs  et  diuers  remedes  , 
à  fin  qu’on  en  puisse  choisir  selon 
qu’on  verra  les  accidens  aduenir, 
pour  seder  les  douleurs  tant  chaudes 
que  froides,  ou  mistionnées  ensem¬ 
ble  ,  tant  qu’il  sera  possible. 

’  SeZon  Hippocrates  Aph.  55.  li.  6.  —A.  P. 
Celte  citation  date  seulement  do  l’édition 
posthume  de  1508. 


DES  GOVTES. 


CHAPITRE  IV. 

DES  CAVSES  ACQVISES  ET  MANIFESTES 
DES  GOVTES. 

Combien  que  nous  ayons  demonstré 
la  cause  des  goûtes  estre  inconneuë, 
toulesfois  communément  on  luy  assi¬ 
gne  des  causes  dont  le  Médecin  peut 
donner  quelques  raisons.  Or  tout  ainsi 
qu’il  y  a  trois  causes  aux  autres  mala¬ 
dies,  à  sçauoir,  primitiue,  antecedente 
et  coniointe,  aussi  y  a-il  aux  goûtes. 

Quant  à  la  primitiue,  elle  est  dou¬ 
ble  :  l’vne  vient  de  la  première  géné¬ 
ration,  comme  celuy  qui  aura  esté 
procréé  de  pere  et  mere  goûteux  : 
principalement  quand  la  matière  vi  • 
rulente  est  en  rut,  c’est  à  dire  en 
mouuement ,  et  que  l’homme  se  ioint 
auec  sa  compagne ,  et  qu’il  engendre, 
il  est  bien  difficile  que  les  enfans  ne 
soient  gouteux ,  à  cause  que  ceste  ma¬ 
tière  virulente  se  mesle  auec  la  se¬ 
mence  ;  d’autant  que  la  matière  de  la 
semence  vient  de  tout  le  corps  , 
comme  monstre  Aristote  au  liure  De 
generationeanimalium  *  :  pareillement 
Hippocrates  au  liure  deVair,  des  ré¬ 
gions  et  des  eaux.  L’autre  prouient 
par  intemperature,  tant  de  la  maniéré 
de  viure  que  de  trop  frequent  exercice, 
de  l’acte  venerien ,  et  autres  choses 
que  déclarerons  cy  après. 

Celle  qui  prouient  des  parens  gou¬ 
teux  peut  estre  appellée  maladie  hé¬ 
réditaire,  pour-ce  qu’elle  vient  de 
pere  en  fils  :  ce  que  toutesfois  n’ad- 
uient  pas  tousiours, comme  l’experien- 
ce  le  monstre.  Car  on  voit  plusieurs 
estre  vexés  des  goûtes,  desquels  les 
pere  et  mere  iamais  n’en  auoient  esté 

‘  Aul.  liure,  chap.  17.  —-A.  P. 


!2i3 

malades  :  et  d’autres  n’en  estre  aucu¬ 
nement  affligés  ,et  toutesfois  leurs  pere 
et  mere  en  estoient  grandement  tour¬ 
mentés  ;  laquelle  chose  se  fait  par  la 
bonté  de  la  semence  de  la  femme ,  et 
par  la  bonne  température  de  la  ma¬ 
trice  d’icelle ,  corrigeant  l’intempera- 
ture  de  la  semence  virile  :  tout  ainsi 
que  celle  de  l’homme  peut  corriger 
celle  de  la  femme  :  comme  on  voit 
souuent  par  expérience  des  enfans 
n’estre  point  gouteux,  lepreux ,  tei¬ 
gneux  ,  epileptiques ,  encore  que  leurs 
pere  ou  mere  fussent  suiets  à  telles 
maladies.  Laquelle  correction  si  elle 
defaut  au  pere  ou  à  la  mere ,  les  en¬ 
fans  ne  péuuent  eschapper  qu’ils  ne 
soient  suiets  ausdites  maladies  :  les¬ 
quelles  ne  se  peuuent  parfaitement 
curer ,  quelque  diligence  qu’on  y 
puisse  faire.  Parquoy  on  ne  doit 
(  comme  nous  auons  dit  )  calomnier 
la  Medecine  ny  la  Chirurgie,  ny 
moins  les  drogues  de  l’Apoticaire  : 
pour-ce  que  la  semence  suit  la  com- 
plexion  et  tempérament  de  celuy  qui 
engendre  :  en  sorte  qu’vn  homme  et 
vne  femme  bien  tempérés  produiront 
vne  semence  bien  complexionnée  :  au 
contraire ,  s’ils  sont  intemperés ,  pro¬ 
duiront  vne  semence  mal  complexion¬ 
née,  et  non  propre  pour  engendrer 
vn  enfant  bien  complexionné,  comme 
le  dit  Auicenne  C  Parquoy  celuy  qui 
sera  gouteux,  s’il  fait  vn  enfant,  à 
grande  peine  pourra-il  euader  qu’il 
ne  soit  gouteux ,  si  ce  n’est  par  la 
rectification  de  la  semence  de  la  mere 
ou  du  pere  ,  ainsi  qu’auons  déclaré. 

La  seconde  cause  vient  des  super¬ 
fluités  de  nostre  corps ,  qui  s’altèrent 
et  se  conuertissent  en  cest  humeur 
virulent.  Or  ces  superfluités  produites 

1  Auicenne  liu.  3.  fen.  22.  traité  2.  chup,  5. 
—  A.  P.  Cette  citation  est  de  1579. 


Ql/i  LE  VINGT-VNIEME  LIVRE 


par  vne  grande  plénitude  ou  obstruc¬ 
tion  des  vaisseaux  (  qui  se  fait  prin¬ 
cipalement  par  la  mauuaise  maniéré 
de  viure,  et  pour  auoir  crapule  et 
beu  des  vins  forts)  font  esleuer  au 
cerueau  plusieurs  vapeurs ,  qui  rem¬ 
plissent  la  teste':  puis  les  membranes, 
nerfs  et  tendons  en  sont  rendus  laxes 
et  imbecilles,  et  par  conséquent  les 
iointures.  Aussi  cela  adulent  pour 
auoir  mangé  plusieurs  et  diuerses 
viandes  à  chacun  repas  ,  en  trop 
grande  quantité  :  lesquelles  engen¬ 
drent  vne  cacochymie.  Aussi  dormir 
tost  après  le  repas  et  longuement ,  et 
prendre  peu  d’exercice,  telles  choses 
corrompent  la  faculté  digestiue.  Car 
lors  qu’elle  defaut ,  s’ensuiuent  cru¬ 
dités,  obstructions  et  sérosités,  qui 
tombent  sur  les  iointures  :  lesquelles, 
sur  toutes  autres  parties ,  sont  debiles 
naturellement ,  ou  par  accident  :  na¬ 
turellement,  comme  en  ceux  qui  les 
ont  dés  leur  première  génération 
laxes  et  foibles  :  par  accident,  comme 
en  ceux  qui  ont  beaucoup  cheminé  à 
pied ,  ou  se  sont  tenus  debout ,  ou 
ont  enduré  le  froid  :  pour-ce  que  par 
la  longue  intemperature ,  les  iointu¬ 
res  sont  rendues  imbecilles.  Aussi 
cela  peut  aduenir  par  cheute,  ou 
coups,  ou  pour  auoir  esté  estendu 
sur  la  gesne ,  ou  auoir  enduré  l’astra- 
pade  :  pareillement  à  ceux  qui  sont 
excessifs  au  coït ,  et  principalement 
tost  après  le  repas,  d’autant  que  tout 
le  corps  est  réfrigéré  :  par-ce  que  la 
chaleur  naturelle  s’amoindrit ,  pour 
la  grande  quantité  d’esprits  qui  sont 
iettés  au  coït,  et  que  la  faculté  diges¬ 
tiue  en  est  alToiblie  »  :  et  partant  s’en¬ 
suiuent  crudités  sereuses  qui  de- 
fluent  sur  les  iointures ,  à  cause  des¬ 


quelles  ,  et  aussi  de  ladite  réfrigéra¬ 
tion,  lesdites  iointures  sont  debilitée.s, 
qui  est  cause  des  goûtes.  Or  veu  que 
ladite  faculté  digestiue  defaut  aux 
vieilles  gens,  il  ne  se  faut  esmerueil- 
1er  s’ils  sont  gouteux. 

Outre-plus,  les  euacuations  accous- 
tumées  retenues ,  comme  le  vomisse¬ 
ment,  flux  menstruel,  hemorrhoïdal, 
flux  de  ventre  et  autres,  souuent  sont 
cause  de  la  goûte  ;  partant  les  fem¬ 
mes  ne  sont  suiettes  aux  goûtes  pen¬ 
dant  qu’elles  ont  leur  flux,  mais  bien 
après  l’auoir  perdu.  Ce  que  dit  Hip¬ 
pocrates  ‘  :  par-ce  que  les  superflui¬ 
tés  sont  retenues ,  lesquelles  auoient 
accoustumé  de  se  purger.  D’auan- 
tage ,  ceux  à  qui  vieilles  vlceres  ou 
fistules  auront  coulé  par  longues 
années,  et  puis  sont  closes  et  con¬ 
solidées  ,  s’ils  ne  tiennent  après  bon 
régime,  et  ne  se  purgent  par  fois, 
sont  en  danger  d’estre  gouteux  : 
comme  au  contraire ,  les  varices  des 
cuisses  etiambes,  et  les  hemorrhoïdes^ 
flux  dysentérique .  et  vieilles  vlceres, 
empeschent  la  génération  des  goûtes. 
Plus ,  ceux  qui  releuent  de  quelque 
grande  maladie ,  lesquels  n’ont  point 
bien  esté  purgés  par  medecine,  ou 
par  Nature,  souuent  deuiennent  gou-^ 
leux.  Ceux  qui  ont  le  cerueau  fort 
froid  et  humide,  sont  pareillement 
suiets  aux  goûtes. 

Or  pour  conclure  en  peu  de  paro¬ 
les,  les  causes  manifestes  de  ceste 
maladie  sont ,  mauuaise  maniéré  de 
viure ,  qui  engendre  crudités  et  séro¬ 
sités:  le  coït  superflu ,  cheminer  trop 
hasliuement  ou  plus  longuement  que 
Nature  ne  le  peut  porter,  demeu¬ 
rer  trop  longuement  debout,  équita¬ 
tions  de  trop  longue  durée,  euacua- 


‘  Galienaa  1.  liii.De  semine.  —  A.  P. 


Àpho.  29.  Hure  6.—  A.  P. 


DES  GOVTES. 


tions  accoustumées  retenues ,  le  vice 
des  parens,  lequel  les  enfans  sont 
contraints  de  sentir ,  quasi  par  droit 
héréditaire. 

Quant  aux  causes  internes,  entre 
les  principales  sont,  redondance  des 
humeurs  crus,  et  l’amplitude  des  vais¬ 
seaux  :  la  force  des  principales  parties 
mandantes,  et  l’imbécillité  des  rece- 
uantes ,  auec  laxe  capacité  des  con¬ 
duits  et  inanités  d’icelles,  et  la  situa¬ 
tion  inferieure  de  la  partie  affligée 

Or  le  ieune  Chirurgien  doit  sça- 
uoir  qu’il  y  a  quatre  facultés  natu¬ 
relles,  par  lesquelles  les  plantes  et 
animaux  se  gouuernent.  La  première 
est  qui  attire  l’aliment  ;  la  seconde , 
qui  le  retient  :  la  tierce ,  qui  le  chan¬ 
ge  et  digéré  :  la  quarte,  qui  reiette  le 
superflu ,  par-ce  qu’il  peche  en  quan¬ 
tité  ou  en  qualité ,  ou  tous  les  deux 
ensemble  :  aussi  le  virus  et  les  hu¬ 
meurs  sont  iettés  par  la  vértu  expul- 
trice  aux  ioinlures.  Quant  à  ce  que 
ledit  humeur  s’arreste  plustost  aux 
ioinlures  qu’aux  parties  musculeuses, 
cela  se  fait  pour-ce  que  les  ioinlures 
sont  exangues  et  froides,  c’est  à  dire 
auec  vn  peu  de  sang,  et  de  substance 
dense  et  serrée ,  et  que  les  parties  qui 
sont  entre  icelles  sont  charneuses, 
laxes  et  molles ,  et  la  grande  astric- 
tion  du  cuir  (qui  est  ordinairement 
aux  vieux  pour  la  siccité  )  fait  que  la 
transpiration  est  empeschée  et  les 
superfluités  retenues  :  dont  souuent 
s’ensuit  la  goûte,  ou  quelque  grand 
prurit  par  tout  le  corps,  ou  gralelles, 
ou  rongnes ,  et  leurs  vrines  acres. 

Or  la  douleur  qui  se  fait  en  cesle 
maladie  vient  pour  l’acrimonie  de  la 
qualité  virulente,  quelquesfois  toute 
seule  sans  nul  autre  humeur  ;  et 
aussi  le  plus  souuent  la  douleur  faite 

^Voy.  Guidon  au  chap,  des  'goutes.  — A,  P. 


aiÔ 

du  virus  est  cause  d’attirer  des  esprit® 
flatueux  et  humeurs  ja  préparés  à 
fluer  :  comme  le  sang ,  et  alors  la 
fluxion  sera  phlegmoneuse  :  si  c’est  la 
cholere,  erysipelateuse  :  si  c’est  le 
phlegme ,  œdémateuse  :  si  c'est  l’hu¬ 
meur  melancholique ,  scirrheuse.  Et 
s’il  y  a  deux  humeurs  meslés  ensemble, 
celuy  qui  sera  en  plus  grande  quan¬ 
tité  prendra  la  dénomination  ;  comme 
si  le  sang  domine  la  cholere,  on 
pourra  dire  phlegmon  erysipelateuoc  : 
au  contraire  si  c’est  la  cholere ,  sera 
nommé  erysîpelas  phlegmoneux  :  et 
ainsi  des  autres  humeurs.  Et  ceste 
matière  virulente  accompagnée  des 
humeurs  et  esprits  flatueux ,  estant 
aux  ioinlures ,  les  remplit  et  fait 
distension  aux  parties ,  comme  mem¬ 
branes,  aponeuroses,  tendons,  et  au* 
très  parties  qui  lient  les  ioinlures. 


CHAPITRE  V. 

DE  l’origine  de  LA  DEFLVXION 
DES  GOVTES. 

L’origine  de  la  defluxion  et  matière 
des  goûtes  vient  du  cerueau,  ou  du 
foye  L  Lors  qu’elle  vient  du  cerueau, 
on  peut  dire  que  c’est  la  pituite  se- 
reuse,  claire  et  subtile ,  telle  qu’on 
voit  le  plus  souuent  distiller  et  cou¬ 
ler  par  le  nez  et  par  la  bouche,  ac¬ 
compagnée  du  virusindicible,laquelle 
difflue  par  les  tuniques  des  nerfs  et 
tendons  par  dessous  le  cuir  muscu¬ 
leux  qui  couure  le  crâne ,  et  par  de¬ 
dans  le  grand  trou  par  lequel  la  nu¬ 
que  passe  :  et  telle  fluxion  est  tous- 
iours  froide.  Lors  qu’elle  vient  du 
foye,  elle  court  et  flue  par  les  veines 

1  Fernel.  —  A,  P. 


216 

et  arteres  chargées  d’abondance  d  hu¬ 
meurs  qu’elles  ne  peuuent  contenir 
pour  la  quantité,  ou  pour  la  qualité 
vicieuse.  Et  peut-on  lors  dire  que  ce 
sont  les  quatre  humeurs  contenus  en 
la  masse  sanguinaire,  simples  ou  com¬ 
posés,  accompagnés  pareillement  du 
virus  arthritique  ;  et  sont  plustost 
chauds  que  froids,  au  contraire  de  ce 
qui  âduient  lors  que  la  fluxion  se  fait 
du  cerueau. 

.  Or  ceste  matière  de  laquelle  sont 
faites  les  goûtes,  que  nous  auons 
maintenant  déclarée ,  est  la  fluxion 
qui  se  fait  des  autres  parties  :  outre 
laquelle  il  y  a  vne  autre  cause,  ap- 
pellée  congestion  :  à  sçauoir,  quand 
quelque  partie  ne  peut  faire  concoc¬ 
tion  de  ce  qui  luy  est  baillé  par  Na¬ 
ture  pour  sa  nourriture.  Et  quant  à 
moy,  il  me  semble  (sauf  meilleur  iu- 
gement  que  le  mien  )  que  la  matière 
virulente  des  goûtes  est  en  la  masse 
sanguinaire,  voire  en  toutel’habitude 
du  corps  :  et  que  ceste  sérosité  viru¬ 
lente  se  meut  par  certaines  causes 
qu’auons  cy  dessus  mentionnées  ». 

Encore  outre  ces  raisons  naturelles, 
il  y  a  quelque  chose  qu’on  ne  peut 
expliquer,  ainsi  qu’à  l’epilepsie ,  flé- 
ure  quarte ,  et  à  vne  infinité  d’autres 
maladies,  ce  qu’ Hippocrates  a  dit 
au  liure  premier  des  Prognostiques  , 

1  Le  chapitre  se  termine  ici  dans  les  édi¬ 
tions  de  1579  et  1585.  Dans  la  première  édi¬ 
tion  posthume,  Paré,  ou  son  éditeur,  a  réta¬ 
bli  la  dernière  phrase  qui  se  lisait  déjà  dans 
l’édition  de  1575;  mais  cette  première  édi¬ 
tion  ajoutait  en  outre  cette  autre  phrase,  qui 
est  demeurée  absolument  supprimée  : 

«  Ce  qui  est  venu  en  proverbe , 

Qu’en  la  fiéure  quarte  et  la  goule 

Le  médecin  n’y  roil  goule  : 

principalement  en  celle  qui  est  héréditaire 
ou  Inueteréc.  » 


LIVRE, 

qu’aux  maladies  il  y  a  quelque  chose 
de  diuin. 


CHAPITRE  VI. 

SIGNES  QVE  LA  FLVXION  VIENT 
DV  CERVEAV. 

Les  malades ,  lorsque  la  fluxion  se 
veut  faire,  se  sentent  appesantis,  en¬ 
dormis,  et  hébétés,  auec  grand  senti¬ 
ment  de  douleur  aux  parties  externes 
de  la  teste,  et  principalement  quand 
on  leur  renuerse  leurs  cheueux  ;  et 
souuentesfois  on  leur  trouue  vne  tu¬ 
meur  œdémateuse  au  cuir  qui  cou- 
ure  le  crâne  :  et  leur  semble  qu’ils 
ayent  changé  leur  nature  à  vne  autre 
presque  toute  estrange,  de  sorte  qu’il 
leur  est  aduis  qu’ils  ne  sont  plus  eux 
mesmes ,  pource  que  la  virulence  de 
la  matière  a  renuersé  et  changé  les 
fonctions  et  toute  l’œconomie  du 
corps.  Aussi  ils  sentent  grandes  cru¬ 
dités  en  l’eslomach,  et  routemens 
aigres.  Et  mesme  l’humeur  qui  cause 
la  migraine  a  similitude,  pour  sa  ma¬ 
lice  et  virulence,  à  celuy  qui  cause 
les  goûtes  ;  laquelle  pource  qu’alors 
elle  communique  sa  douleur  à  toute 
la  moitié  de  la  teste,  a  esté  appellée 
des  anciens  Hemicrania.  A  aucuns  la 
fluxion  descend  du  cerueau  entre  cuir 
et  chair  aux  iointures,  voire  iusques 
à  celles  des  doigts  des  pieds  :  et  telle 
defluxion  procédé  lentement,  au  con¬ 
traire  de  l’humeur  qui  est  chaud,  du¬ 
quel  la  fluxion  se  fait  promptement 
et  auec  sentiment  de  douleur. 


lÆ  VINGT-VNIÉME 


DES  GOVTES. 


CHAPITRE  VIL 

LES  SIGNES  QVE  LA  FLVXION  VIENT 

DV  FOYE  ET  DE  LA  MASSE  SANGVI- 

NAIRE. 

Les  malades  sentent  chaleur  au 
foye,  et  aux  parties  intérieures  de 
leur  corps ,  et  sont  communément  de 
température  sanguine  et  cholérique, 
ayans  les  veines  larges  et  grosses, 
ioint  que  la  fluxion  se  fait  prompte¬ 
ment  :  dont  se  fait  fluxion  de  sang 
et  de  la  cholere  auec  les  autres  hu¬ 
meurs.  Mais  quelquesfois  le  sang  peut 
degenerer  de  sa  qualité  chaude,  et 
deuenir  pituiteux  et  sereux  par  mul¬ 
tiplication  de  crudités,  et  autres  cho¬ 
ses  qui  causent  et  engendrent  la  pi¬ 
tuite  ;  et  alors  peut  aduenir  que  de 
la  masse  sanguinaire,  comme  du  cer- 
ueau,  tombe  et  découlé  sur  les  ioin- 
tures  vn  humeur  pituiteux  auecques 
le  virus  :  tout  ainsi  que  si  l’humeur 
melancholique  est  en  grande  abon¬ 
dance  ,  il  y  peut  aussi  découler  :  ce 
que  tou tesfois  est  rare,  comme  nous 
demonstrerons  en  son  lieu.  Partant 
pour  mieux  distinguer  la  différence 
desdits  humeurs,  nous  les  descrirons 
particulièrement. 


CHAPITRE  VUE 

LES  SIGNES  POVR  CONNOISTRE  QVEL  IIV- 
MEVR  ACCOMPAGNE  LE  VIRVS  AR- 
THRITIQVE. 

Premièrement  pour  connoistre  si  le 
sang  domine,  faut  considérer  l’aage, 
comme  la  ieunesse  du  malade ,  sa 
température  sanguine ,  le  temps  de 


217 

l’année  ,  qui  est  le  printemps,  la  ré¬ 
gion  temperée  :  aussi  s  il  a  vsé  de  ma¬ 
niéré  de  viure  chaude  et  humide, 
multipliante  le  sang  :  et  qu’au  matin 
la  douleur  est  plus  grande  et  plus  pul¬ 
satile  et  tensiue,  auec  vne  pesanteur, 
et  la  couleur  de  la  partie  rouge  et 
vermeille  :  ioint  qu’il  y  a  grande  tu¬ 
meur  ,  non  seulement  des  veines , 
mais  aussi  de  toute  la  partie  malade  : 
et  y  a  grande  distension  en  la  partie, 
tellement  qu’il  semble  qu’elle  se 
rompt.  Les  vrines  sont  rouges  et  es- 
paisses  :  d’auantage,  ils  ne  peuuent 
endurer  l’application  des  remedes 
chauds,  ains  par  l’application  d’iceux 
la  douleur  s’aigrit  d’auantage.  Plus , 
les  exacerbations,  ou  accès,  se  font  et 
repetent  tous  les  iours,  et  principale¬ 
ment  au  matin.  De  toutes  ces  choses 
tu  peux  conclure  que  le  sang  domine. 


CHAPITRE  IX.' 

LES  SIGNÉS  DE  LA  CHOLERE. 

Aussi  les  signes  de  la  cholere  sont, 
que  la  couleur  de  la  partie  sera  trou- 
uée  blaffarde  ,  auec  grande  chaleur 
ignée  et  peu  de  tumeur,  douleur 
poignante  et  extrêmement  aiguë  :  et 
le  malade  sent  plustost  chaleur  que 
distension  et  pesanteur  ;  et  (îombien 
que  la  partie  apparoisse  rouge,  tou- 
tesfois  elle  tend  plus  à  citrinité,  c’est 
à  dire  couleur  iaunastre,  qu’à  la  cou¬ 
leur  sanguine  ;  et  si  elle  est  pressée 
du  doigt,  le  sang  cholérique  (  à  cause 
qu’il  est  fort  subtil  )  fuit  facilement, 
puis  subit  retourne ,  et  renient  plus 
rougeastre  qu’auparauant.  Car  de- 
uant  qu’on  comprimast  la  partie,  l’hu¬ 
meur  plus  vicieux  et  flaue  occupoit 
I  la  superficie  du  cuir,  et  par  la  com- 


LE  VINGT-VNIÉME  LIVRE, 


ai8 

pression  du  doigt,  le  sang  qui  estoit 
caché  sous  le  cuir  fait  monstre  et  pa¬ 
rade  de  soy,  iusques  à  ce  que  l’effet 
de  la  compression  cesse,  l’humeur  bi¬ 
lieux  retourne  en  son  premier  lieu 
dont  iceluy  apparoist  plus  blaffard 
qu’en  vn  phlegmon  fait  de  sang  pur, 
comme  nous  auons  dit  :  ioint  que 
la  partie  est  plus  aidée  par  medica- 
mens  refrigerans  et  humectatifs ,  que 
par  ceux  qui  eschaiiffent  et  seichent. 
Le  patient  a  le  pouls  fort  viste  ët  fre¬ 
quent,  et  est  de  tempérament  cholé¬ 
rique.  Aussi  la  douleur  sera  trouuée 
plus  grande  sur  le  midy,  iusques  à 
quatre  heures  du  iour,  qu’à  autres 
heures,  parce  que  la  cholere  se  meut 
en  tel  temps.  D’auanlage  les  patiens 
ont  des  exacerbations ,  c’est  à  dire 
reuouuellemens  de  douleur,  de  trois 
iours  en  trois  iours,  comme  on  voit 
aux  fléures  tierces.  Aussi  la  chaleur 
du  temps  donne  indice,  comme  l’esté. 
Outre-plus  la  qualité  des  viandes  est 
à  considérer,  comme  si  le  malade  a 
vsé  de  viandes  qui  multiplient  et  en¬ 
gendrent  la  cholere.  Ses  vrines  seront 
trou  nées  fort  subtiles  et  de  couleur  ci- 
trine,  et  quelquesfois  tellement  acres, 
qu’elles  offensent  le  conduit  vrinal. 


CHAPITRE  X. 

SIGNES  DE  L’hVMEVR  PITVITEVX. 

L’humeur  pituiteux ,  qui  cause  les 
goûtes ,  est  sereux,  et  quasi  tousiours 
semblable  à  celuy  qu’on  voit  distiller 

*  Ceci  est  le  texte  tel  qu’il  a  été  corrigé 
en  1579;  l’édition  de  1575  portait: 

«  Et  par  la  compression  du  doigt  le  sang 
qui  estoit  caché  sous  le  cuir  s’enfuit,  puis 
cessant  de  comprimer  retourne  auec  l’hu¬ 
meur  flaue.  » 


du  cerueau  en  temps  froid  par  le  nez, 
comme  auons  dit.  Lors  qu’il  dcflue 
sur  quelque  iointure,  il  faut  qu’elle 
apparoisse  enflée,  et  de  la  couleur  du 
cuir  :  et  ne  différé  pas  grandement 
en  couleur  de  la  partie  saine,  c’est  à 
dire  qu’elle  n’est  ny  rouge  ny  chaude, 
mais  on  sent  froideur  au  sens  du 
tact  :  et  l’application  des  choses  froi¬ 
des  nuit  grandement  au  patient , 
mais  les  chaudes  luy  sont  profitables. 

Or  pour  engendrer  tel  humeur, 
là  vieillesse  y  fait  beaucoup,  et  aussi 
le  tempérament  froid  et  humide,  et 
Tair  ambiens  de  mesme  :  pareille¬ 
ment  le  temps  d’Hyuer,  l’oisiueté, 
les  viandes  froides  et  humides,  fruits, 
legumes,  et  generalement  toutes  cho¬ 
ses  qui  engendrent  la  pituite  :  et  la 
douleur  est  en  temps  d’hyuer  plus 
grande  la  nuict  que  le  iour,  pour  ce 
que  la  pituite  a  ses  exacerbations  ou 
mouuemens  tous  les  iours ,  et  prin¬ 
cipalement  la  nuict.  La  tumeur  sera 
trouuée  molle,  en  laquelle  après 
auoir  pressé  du  doigt  dessus ,  la  fosse 
y  demeure  quelque  temps  après, 
comme  on  voit  aux  œdemes.  Les 
vrines  seront  trouuées  crues  et  es- 
paisses,  et  de  couleur  blanchastre, 
comme  toutes  les  autres  superfluités 
phlegmatiques,  muqueuses,  et  glai¬ 
reuses.  Si  la  pituite  est  salée ,  le  pa¬ 
tient  sentira  vn  grand  prurit  et  mor- 
dacitéà  lapartie.  Le  pouls  au  toucher 
sera  trouué  mol,  lent,  et  diuers. 
Aussi  on  prend  garde  que  le  malade 
n  a  fait  exercice.  Et  cest  humeur  cause 
le  plus  souuent  les  goules,  principa¬ 
lement  quand  il  est  cru  :  et  pour 
abroger,  d’autant  que  les  susdits  hu¬ 
meurs  seront  esloignés  de  leurs  tem- 
peramens ,  et  auront  acquis  vne  qua¬ 
lité  acre  et  virulente,  d’autant  aussi 
en  seront  les  douleurs  et  accidens 
plus  grands. 


DES  GOVTES. 


CHAPITRE  XL 

SIGNES  DE  l’hVMEVR  MELANCHOLIQVE 

En  la  partie  y  aura  peu  de  tumeur 
et  douleur,  et  sera  comme  endormie 
en  vn  sentiment  de  pesanteur.  La 
couleur  sera  aucunement  liuide  et 
plombine  :  et  le  plus  souuent  on  sent 
la  partie  froide  quand  on  la  touche. 
Aussi  peut  estre  que  le  malade  est  de 
température  melancholique ,  et  at¬ 
ténué  :  pareillement  qu’il  aura  vsé 
de  viandes  qui  multiplient  l’humeur 
melancholique.  La  cause  aussi  de  tel 
humeur  est  la  région  froide  et  seiche, 
et  les  alimens  qui  engendrent  suc 
melancholique  :  aussi  la  tristesse ,  le 
temps  d’automne,  oul’hyuer,  etl’aage 
qui  est  vers  la  vieillesse.  Le  pouls  sera 
trouué  dur,  tensif  et  petit.  Le  patient 
aura  peu  d’appetit  de  boire  et  man  ger . 
Les  vrinesleplus  souuent  au  commen¬ 
cement  sont  ténues  et  aqueuses,  à 
cause  des  obstructions,  et  après  plus 
noires  qu’elles  ne  doiuent  estre  selon 
nature ,  et  moyennement  crasses.  La 
résidence  2  est  quelquesfois  meslée  de 
matière  cruente  et  fusque.  Les  exa¬ 
cerbations  seront  de  quatre  iours  en 
quatre  iours  :  et  la  douleur  sera  trou- 
uée  plus  grande  après  midy  vers  le 
soir,  qu’à  autre  heure  du  iour,  à  cause 
que  le  mouuement  de  l’humeur  me¬ 
lancholique  est  tel:  ce  qu’on  voit 
aux  fiéures  quartes,  qui  sont  faites 
de  tel  humeur. 

Or  plusieurs  estiment  que  les  gou- 

1  Ce  chapitre  était  confondu  avec  le  pré¬ 
cédent  dans  l’édition  de  1575  ;  il  en  a  été  sé¬ 
paré  en  1579. 

*  L’édition  de  1576  portait  :  la  subsidence; 
ce  qui  a  été  corrigé  en  1579. 


aig 

tes  ne  s’engendrent  d’humeur  melan¬ 
cholique,  à  cause  de  sa  substance 
grosse  et  terrestre ,  qui  à  peine  peut 
fluer  aux  iointures  :  ce  que  ie  concédé, 
s’il  estoit  seul  :  mais  estant  accompa¬ 
gné  du  vfrus  prédit ,  peut  fluer  aux 
iointures  L 


CHAPITRE  XII. 

PROGNOSTIC  DE  LA  GOVTE. 

Les  anciens  médecins  nous  ont 
laissé  par  escrit ,  que  les  maladies  des 
iointures  sont  trouuées  entre  les  plus 
griefs  maux  et  tourmens  presque  in¬ 
supportables  ;  tellement  que  quel¬ 
quesfois  les  malades  perdent  le  sens 
et  entendement ,  et  désirent  plus  la 
mort  que  la  vie. 

Les  goûtes  tiennent  leur  période 
et  paroxysme  du  virus  et  des  hu¬ 
meurs  dont  elles  sont  faites  :  elles 
viennent  volontiers  au  printemps  et 
en  automne,  comme  nous  auons  par  cy 
deuant  déclaré  2.  Et  ceux  qui  sont  ve¬ 
xés  de  goûtes  naturelles ,  c’est  à  dire 
qui  les  ont  héréditaires,  ne  guarissent 
iamais  parfaitement,  ou  bien  rare¬ 
ment.  Lors  aussi  que  les  nœuds,  ou 
nodosités  sont  aux  iointures ,  ils  ne  se 
peuuent  parfaitement  curer,  princi¬ 
palement  si  la  matière  est  gypsée, 
parce  qu'elle  ne  se  peut  résoudre ,  et 
encore  moins  suppurer. 

Les  goûtes  faites  de  matière  pitui¬ 
teuse  et  froide  ne  sont  pas  tant  dou¬ 
loureuses  que  celles  qui  sont  faites  de 

*  L’édition  de  1575  ajoutait  :  combien  que 
plus  rarement  ;  ces  mots  ont  été  supprimés  à 
l’édition  suivante. 

2  Hippocrates  liu.  6.  apho.  55.  —  A.  P. 
Cette  citation  est  de  1598. 


T20 


LE  VINGT-VNIEME  LIVRE, 


matière  chaude,  comme  de  sang  ou 
de  cholere  :  aussi  elles  ne  sont  si  tost 
curées,  parce  que  les  chaudes  sont 
plustost  digérées  et  resolües ,  à  cause 
de  leur  chaleur  et  subtilité.  Caries 
froides  durent  le  plus  souuent  qua¬ 
rante  iours  ou  plus ,  à  cause  que  la 
matière  est  grosse  et  espaisse  ‘  :  quel- 
qiiesfois  plus  tost ,  et  quelquesfois 
plus  tard ,  selon  que  le  malade  tien¬ 
dra  bon  régime,  et  qu’il  sera  bien 
pensé  du  Médecin  et  Chirurgien. 
Aussi  d’autant  plus  que  la  partie  où 
s’est  faite  la  fluxion  est  espaisse, 

-  comme  la  iointure  du  genoüil ,  ou 
sous  le  talon,  ou  en  lieu  profond, 
comme  à  la  hanche,  et  qu’elle  a  la 
vertu  expultrice  imbecille,  le  mal 
est  plus  long  à  guarir  que  quand 
le  contraire  se  fait. 

Celles  qui  sont  chaudes  durent  qua¬ 
torze  iours,  et  bien  souuent  vingt  ou 
plus,  quelque  diligence  qu’on  y  sça- 
che  faire. 

Les  goûtes  qui  sont  causées  d’hu¬ 
meurs  gros  et  visqueux  ne  font  pa¬ 
reillement  grande  douleur,  et  ne 
sont  aussi  tost  guaries. 

Celles  qui  sont  faites  d’humeurs 
chauds  et  cholériques  sont  tres-dou- 
loureuses ,  et  mettent  quelquesfois  le 
patient  en  desespoir,  et  causent  à  au 
cuns  paralysie,  difficulté  de  respi¬ 
rer,  perturbation  d’esprit,  gangrené 
et  mortification  en  la  partie ,  et  par 
conséquent  la  mort. 

Entre  toutes  les  douleurs  arthriti¬ 
ques,  la  sciatique  emporte  le  prix , 
pour  estre  plus  douloureuse ,  et  cau¬ 
ser  plus  grands  accidens,  comme  fié- 
ure,  inquiétude,  luxation,  et  clau¬ 
dication  perpétuelle ,  émaciation ,  ou 
amaigrissement  de  toute  la  cuisse 

I  Galien  au  com.  ctu49.  Ayh,  de  la  6.  sect. 

—  A.  P. 


et  de  la  iambc ,  et  quelquesfois  de 
tout  le  corps.  La  cause  de  la  claudi¬ 
cation  et  de  l’emaciation  est,  que 
l’humeur  aura  ietté  l’os  femoris  hors 
de  sa  boëtte  et  lieu  naturel  ;  lequel 
estant  hors ,  presse  les  muscles ,  vei¬ 
nes,  arteres,  et  le  gros  nerf  qui  descend 
le  long  de  la  cuisse  iusqu’à  l’extre- 
milé  des  orteils,  pour  se  distribuer 
aux  muscles  :  au  moyen  de  quoy  les 
esprits  ne  peuuent  reluire  aux  par¬ 
ties  inferieures ,  et  par  conséquent  se 
tabefient,  et  deuiennent  consommées 
et  amaigries  :  dont  le  panure  gouleux 
demeure  après  claudicant  tout  le 
long  de  sa  vie. 

Or  plusieurs  demeurent  claudicans, 
combien  qu’ils  n’ayent  luxation  ;  qui 
se  fait  à  cause  que  l’humeur  glaireux, 
propre  tant  pour  la  nourriture  des 
iointures  que  pour  les  lubrifier  et 
les  rendre  plus  faciles  h  mouuoir, 
s’endurcit  par  la  chaleur  estrange  : 

.  et  pareillement  parce  qu’il  n’est 
subtilié  par  le  mouuement  qui  auoit 
accoustumé  d’estre  fait  :  et  les  autres 
humeurs,  qui  sont  deflués  en  plus 
grande  quantité  que  la  partie  n’a 
peu  digerer  et  assimiler  en  sa  sub¬ 
stance,  par  congestion  sont  demeu¬ 
rés  impactes  et  endurcis,  qui  fait  que 
le  mouuement  ne  peut  estre  fait  et 
accompli. 

D’auantage,  la  goutte  causée  de  ma¬ 
tière  grosse  et  visqueuse  defluant  sur 
vne  partie ,  souuent  rend  les  mem¬ 
bres  courbés  et  tortus ,  iusques  à  iet- 
ter  les  os  hors  de  leurs  propres  ioin¬ 
tures  ;  ce  que  l’on  voit  non  seulement 
és  grandes  iointures ,  mais  és  doigts 
des  mains  et  des  pieds,  lesquels  par 
vne  goûte  noüée  sont  quelquesfois 
iettés  de  leurs  iointures,  au  moyen 
dequoy  ils  deuiennent  tout  crochus  : 
et  principalement  quand  l’humeur 
tombe  en  grande  abondance ,  rend  la 


DES  GOVTES. 


221 


partie  languide  et  atrophiée,  c’est  à 
dire  consumée,  aride  et  seiche,  et 
son  action  dpprauée,et  souuent  du 
tout  perdue.  Car  toute  intemperalure 
qui  demeure  longuement  sur  vne  par¬ 
tie  ,  diminue  la  force  et  vertu  d’icelle, 
et  par  conséquent  son  action,  comme 
nous  auons  dit  cy  dessus.  Lors  que 
le  virus  causant  les  goûtes  n’est ,  se¬ 
lon  son  cours  ordinaire  et  paroxysme 
accoustumé ,  ietté  aux  iointures  (  par 
l’imbécillité  de  la  vertu  expulsiue) 
il  cause  maladies  cruelles,  grandes  et 
mortelles.  Car  quand  il  arriue  en  la 
substance  du  foye,  il  excite  inflam¬ 
mation  d’iceluy  :  s’il  demeure  aux 
grandes  veines,  il  engendre  vne  fléure 
continue  :  et  s’il  tombe  sur  la  mem¬ 
brane  qui  couure  les  costes ,  il  cau¬ 
sera  vne  pleuresie  :  s’il  demeure  et 
s’attache  aux  intestins ,  sera  cause  de 
faire  vne  colique,  ou  iliaque  passion, 
auec  tres-grande  douleur  :  et  ainsi 
sur  les  autres  parties  fait  accidens 
diucrs.  Ce  qu’on  voit  en  ce  qu’aucuns 
gouteux  deuiennent  paralytiques  ,  à 
cause  que  la  matière  des  goûtes  bou¬ 
che  les  porosités  des  nerfs ,  de  sorte 
que  l’esprit  animal  n’y  peut  reluire  : 
parquoy  la  partie  demeure  immobile 
et  résolue. 

Les  vieillards  ne  peuuent  iamais 
estre  deliurés  de  leurs  goûtes,  parce 
que  leur  sang  et  toute  leur  masse 
sanguinaire  est  altérée  et  ne  peut 
estre  rectifiée,  non  plus  qu’vn  vin 
bas  et  deuenu  aigre. 

Les  goûtes  qui  viennent  prompte¬ 
ment  ,  precedent  d’intemperature 
chaude  et  souuent  sans  matière  :  qui 
se  connoist ,  parce  qu’il  n’y  a  aucune 
tumeur  apparente  à  la  partie ,  ny  au 
dehors  ny  au  dedans  des  iointures:  et 
sent-on  apertement  par  le  toucher  la 
partie  fort  chaude ,  et  le  patient  se 
sent  allégé  par  remèdes  froids,  ainsi 


que  nous  auons  dit.  Au  contraire,  la 
fluxion  faite  de  matière  froide  découlé 
lentement,  et  la  partie  sera  froide,  et 
allégée  par  remedes  chauds. 

Les  goûtes  viennent  quelquesfois 
au  fort  de  l’hyuer,  pour  la  grande 
froidure  qui  blesse  les  parties  ner- 
ueuses,  et  comprime  les  humeurs, 
les  chassant  aux  iointures.  Pareille¬ 
ment  aucuns  en  sont  vexés  au  fort  de 
l’esté ,  pour  la  grande  chaleur,  qui 
liquéfié  et  fond  les  humeurs,  dilate 
les  conduits  et  parties  nerueuses  et 
membraneuses  Or  elles  peuuent  ve¬ 
nir  en  tout  temps  de  l’année  ,  pource 
que  les  gouteux  se  desbauchent ,  et 
ne  tiennent  reigle  en  leur  maniéré  de 
viure  :  toutesfois  elles  reuiennent 
plustost  au  printemps  et  en  automne, 
comme  nous  demonstrerons  cy  après. 

D’auantage,  les  gou ieuxprognosti- 
quent  ordinairement  le  changement 
de  temps ,  comme  pluye ,  neige  ,  ou 
quelque  autre  temps  nubileux  :  telle¬ 
ment  qu’ils  portent  auec  eux  vn  al¬ 
manach  qui  leur  sert  toute  leur  vie , 
à  cause  de  l’air  gros  et  vaporeux 
que  le  vent  austral  ou  de  midy 
ameine  et  conduit,  qui  remplit  les 
corps  d’humidités,  ei  esmeut  inté¬ 
rieurement  les  humeurs  et  les  agite  : 
et  lors  qu’ils  sont  ainsi  esmeus ,  se 
fait  nouuelle  fluxion  sur  les  parties 
imbecilles ,  et  principalement  sur  les 
iointures,  qui  sont  peu  charneuses,  et 
exangues  ou  priuées  de  sang ,  et  par 
conséquent  de  chaleur  naturelle  :  et 
parce  aussi  qu’elles  ont  esté  malades, 
affligées  et  débilitées  de  longtemps , 
non  seulement  en  leur  harmonie , 
mais  aussi  en  leur  propre  substance  : 
et  parlant  les  panures  gouteux  au 
changement  du  temps  ,  et  lorsqu’il 
veut  pleuuoir,  leurs  douleurs  leur 
viennent  et  les  tourmentent  plus  ai¬ 
grement. 


222 


LE  VINGT- VN lÉME  LIVRE, 


II  y  a  aucuns  gouteux  qui  désirent 
grandement  le  coït  pendant  leurs 
douleurs,  parce  qu’ils  sentent  vne 
grande  chaleur  estrange  au  dedans 
du  corps ,  laquelle  ne  se  résout  et 
dissipe  point  en  exhalations  comme 
l’ardeur  febrile,  mais  fait  fondre  l’hu¬ 
midité  séminale,  qui  courant  aual 
vers  les  parties  génitales ,  les  fait  en¬ 
fler  et  enorgueillir.  Ce  que  nous 
voyons  mesme  tous  les  iours  aduenir 
aux  mulets  deschargés ,  et  aux  che- 
uaux  de  poste  rendus  en  Testable , 
après  auoir  couru  vn  long  chemin. 
Toutesfois  tel  acte  aux  gouteux  est 
bien  contraire ,  à  cause  que  par  le 
coït  (comme  nous  auons  dit)  les  es¬ 
prits  et  chaleur  naturelle  se  resol- 
uent,  dont  la  chaleur  estrange  s’aug¬ 
mente  ,  et  quant-et-quant  leurs  dou¬ 
leurs.  Parquoy  ie  leur  conseille  qu’ils 
s’en  gardent  s’ils  le  peuuent  faire  ,  et 
s’ils  sont  sages  ,  et  principalement 
ceux  qui  ne  sont  pas  mariés. 

Les  anciens  médecins  et  ceux  de 
nostre  temps  ont  tenu  que  ceste  ma¬ 
ladie  estoit  incurable  :  toutesfois  on 
en  a  veu  guarir,  principalement  celle 
qui  n’est  pas  héréditaire  ou  inuete- 
rée ,  si  le  malade  veut  tenir  bon  ré¬ 
gime  ,  et  n’estre  suiet  à  ses  plai¬ 
sirs. 

Les  riches  sont  plus  sonnent  tour¬ 
mentés  de  goûte  que  les  panures, 
parce  qu’ils  ne  trauaillent  pas  et 
qu’ils  mangent  beaucoup ,  et  de  di- 
uerses  viandes  en  tous  leurs  repas , 
et  boiuent  d’autant  et  immodéré¬ 
ment  ,  et  trop  souuent  ioüent  aux 
dames  rabbatues.  Aussi  on  a  veu  des 
riches  (leurs  biens  confisqués)  re¬ 
tourner  à  la  table  des  panures,  et  fai¬ 
sans  exercice,  auûresté  guaris  d’i¬ 
celles  qui  auparauant  les  vexoienl 
beaucoup.  Et  de  fait ,  on  voit  rare¬ 
ment  les  panures  laboureurs  et  arti¬ 


sans  auoir  les  goûtes.  Parquoy  ceux 
qui  se  veulent  deliurer  des  goûtes , 
faut  qu’ils  mangent  peu,  et  vsent  de 
viandes  qui  engendrent  bon  suc  : 
qu’ils  s’exercent  modérément,  et  lais¬ 
sent  Tvsage  du  vin  et  des  femmes, 
ou  pour  le  moins  qu’ils  en  vsent  mo¬ 
dérément  :  et  aussi  qu’ils  vomissent 
et  se  purgent  par  l’ordonnance  du 
docte  médecin. 

Hippocrates  dit  que  les  enfans  ne 
sont  gouteux  auant  qu’ils  vsent  du 
coït  1  :  toutesfois  on  voit  aucuns 
chastrés  estre  gouteux ,  principale¬ 
ment  ceux  qui  viuent  en  oisiueté  et 
ne  trauaillent  point,  comme  les  sé¬ 
dentaires  et  crapuleux,  qui  est  cause 
qu’ils  amassent  crudités  en  leurs  corps 
et  humeurs  malins  et  superflus  qui 
causent  les  goûtes.  Semblablement 
les  femmes  ne  sont  point  goûteuses 
pendant  qu’elles  ont  leurs  mois  ,  car 
pariceux  tout  leur  corps  se  purge  :  au 
contraire  lorsqu’ils  sont  trop  tost  re¬ 
tenus,  beaucoup  de  matière  et  hu¬ 
meurs  s’amassent  en  leurs  corps, 
qui  le  plus  souuent  leur  causent  les 
goûtes. 


CHAPITRE  XIII. 

CVKE  PRESERVATRICE  ET  CVRATIVE 
BES  GOVTES. 

Deuant  toutes  choses,  il  faut  de 
rechef  distinguer  toutes  les  causes  et 
la  diuersité  de  leur  origine ,  à  fin  de 
diuersifier  les  medicamens  selon  la 
nature  de  l’humeur  péchant  en  quan¬ 
tité  ou  en  qualité,  à  fin  de  les  guarir 

‘  Hippocrate  A(>h.  30.  liu.  6.  —  A.  P. 

*  Aphor.  29.  secl.  6.  —  A.  P. 


DES  GOVTES. 


par  leur  contraire.  Or  il  y  a  trois  cau¬ 
ses  en  general ,  comme  nous  auons 
dit,  qui  font  les  goûtes.  La  première 
qui  vient  par  héritage  de  pere  en  fils. 
La  seconde  ,  par  le  vice  et  alteration 
des  humeurs.  La  tierce,  de  la  foiblesse 
et  imbécillité  des  ioinlures.  Et  pour 
contrarier  à  telles  choses,  il  faut  auoir 
double  indication,  à  sçauoir,euacua- 
tion  et  alteration  des  humeurs  supera- 
bondans,  et  la  fortification  et  robora- 
tion  desiointures  debiles. Or  telles  cho¬ 
ses  se  feront  par  bon  régime ,  purga¬ 
tion  ,  saignée,  et  en  prouoquant  les 
hemorrhoïdes ,  vomissemens  ,  sueurs 
et  vrines,  et  autres,  selon  qu’on  verra 
estre  necessaire,  et  par  application  des 
remedes  locaux.  Lesremedes  qui  ser- 
uent  àlapreseruationdes  goûtes,  ser- 
uentaossi  à  la  curation,  tanS  curatiue 
que  palliatiue.  11  est  donc  necessaire 
de  contrarier  aux  causes  qui  font  les 
goûtes  ,  comme  à  l’vsage  immodéré 
du  vin,  et  de  l’acte  venerien,etroisi- 
ueté,  au  dormir  tost  après  le  repas,  et 
autres  choses  qu’auons  esc  rit  aux 
causes. 

'  Lorsque  le  malade  connoistra  le 
temps  approcher  auquel  les  goûtes  le 
doiuent  prendre,  il  tiendra  bon  ré¬ 
gime  et  se  purgera  :  et  si  la  douleur 
prouient  du  sang ,  il  se  fera  saigner 
(  s’il  n’y  a  chose  qui  l’empesche  )  de 
la  partie  contraire ,  pour  faire  vacua- 
tion  et  l’euulsion.  Exemple  :  si  les  par¬ 
ties  supérieures  sont  enflammées,  on 
tirera  du  sang  des  parties  inferieures  : 
au  contraire  si  les  parties  inferieures 
sont  enflammées,  on  saignera  les  su¬ 
périeures,  en  gardantla  rectitude  des 
filamens  :  comme  si  c’est  le  bras  droit, 
on  ouurira  la  veine  de  la  iambe 
droite  :  et  si  c’est  le  bras  senestre,  on 
saignera  la  iambe  senestre  :  et  sera  tiré 
du  sang  telle  quantité  qu’il  sera  be¬ 
soin.  Et  après  auoir  ainsi  fait  la  sai¬ 


gnée  vniuerselle,  et  que  pour  cela  la 
douleur  et  inflammation  continuas¬ 
sent,  alors  on  fera  apertion  de  la  veine 
la  plus  proche  de  la  douleur  :  cé  que 
i’aypar  plusieurs  fois  fait,  auec  bonne 
et  heureuse  issue.  Ce  que  commande 
Hippocrates  en  la  sentence  5.  de  la 
6.  section  sur  leliure  6.  des  Eptrfemfes, 
qui  dit  qu’aux  douleurs  il  faut  eua- 
cuer  et  tirer  de  la  partie  prochaine  et 
malade  par  section  et  vslion  ,  qui  est 
vn  souuerain  remede  C 
Or  ie  seray  tousiours  d’aduis,  que 
pour  saigner  et  purger,  qu’on  prenne 
le  conseil  du  docte  Médecin ,  parce 
qu  il  ne  faut  pas  tousiours  tirer  du 
sang  tous  les  ans  aux  gouteux ,  s’il 
n’est  bien  necessaire.  Car  auecques  le 
sang ,  l’e.sprit  vital  se  perd ,  les  forces 
s’affoiblissent,  et  le  corps  se  refroidit  : 
par  ainsi  on  abbregeroit  la  vie  du 
pauure  gouteux.  b’auantage  la  sai¬ 
gnée  ne  profite  à  ceux  qui  sont  con¬ 
tinuellement  affligés  de  goûtes,  et  qui 
ont  le  corps  imbeciile  et  froid ,  et  à 
qui  la  pituite  seule  domine.  Aussi  les 
purgations  sont  quelquesfois  necessai¬ 
res  ;  mais  où  elles  seroient  frequen¬ 
tes,  sont  dangereuses.  Parquoyil  vaut 
mieux  corriger  le  vice  des  humeurs 
par  bon  régime  de  viure ,  que  d’vser 
tant  souuent  de  saignée  et  de  purga¬ 
tions.  D’auantage  ,  ceux  qui  sont  ex¬ 
cessifs  au  manger  et  boire  et  à  l’exer¬ 
cice  venerien,  et  qui  ont  beaucoup 
de  crudités,  trouuent  peu  d’aide  de  la 
saignée  et  purgation ,  pource  que  les 
humeurs  crus  n’obeïssent  aux  méde¬ 
cines.  Et  pour  ceste  cause  le  plus  sou¬ 
uent  plusieurs  gouteux  ne  peuuent 
guarir  ny  estre  aidés  par  aucun  re- 
mede,  pour  la  grande  intemperature 

1  Cette  citation  d’Hippocrate  manque  dans 
les  premières  éditions,  et  n’a  été  ajoutée 
qu’en  1585. 


224  LIÎ  VINGT-VNilblE  LIVRE, 


et  crudité  qu’ils  ont  en  toute  l’habi¬ 
tude  de  leurs  corps ,  et  de  l’altera¬ 
tion  de  la  substance  des  parties  af¬ 
fligées. 

Or  pour  retourner  à  nostre  propos, 
le  malade  vsera  de  choses  .réfrigé¬ 
rantes  et  euitera  le  vin ,  principalement 
s’il  a  les  goûtes  chaudes,  ou  pour  le 
moins  y  mettra  beaucoup  d’eau  ,  se¬ 
lon  que  son  estomach  le  pourra  souf  ¬ 
frir.  Le  temps  principal  auquel  on  se 
doit  purger  est  le  commencement  du 
printemps  et  d’automne  ;  parce  que 
les  goûtes  sont  communément  eS' 
meuës  en  ces  temps  là,  selon  l’autho- 
rité  d’Hippocrates  et  l’experience. 
Car  en  automne  elles  sont  excitées , 
parce  qu’en  esté  la  faculté concoctrice 
a  esté  fort  débilitée  ,  à  cause  de  l’air 
ambiens  qui  attire  hors  nostre  cha¬ 
leur  naturelle  :  ioint  qu’en  ce  temps 
d’esté,  nous  vsons  volontiers  de  fruits 
crus,  qui  engendrent  grande  quan¬ 
tité  de  crudités  et  corruption  en  la 
masse  sanguinaire:  lesquelles  en  au¬ 
tomne  (à  cause  de  la  froidure  exté¬ 
rieure)  s’assemblent  au  dedans,  puis 
montent  à  la  teste,  et  après  par  leur 
grauité  et  pesanteur  retombent  aux 
iointures ,  lesquelles  alors  reçoiuent 
plus  facilement  la  fluxion,  pource  que 
par  la  chaleur  de  l’esté  s’est  fait  di¬ 
latation  des  conduits ,  et  par  l’intem- 
perature  inégalé  d’automne  les  arti¬ 
cles  sont  fort  débilités.  Au  printemps 
les  humeurs  s’esmeuuent,  pource  que 
par  la  froidure  d’hyuer  ils  ont  esté 
serrés  et  comprimés  au  dedans  du 
corps  :  et  estans  subtiliés  et  eschauf- 
fés,  au  pi’in temps  ils  sortent  hors  du 
centre,  et  courent  aux  iointures.  Par- 
quoy  il  est  besoin  en  ce  temps-là  pur¬ 
ger  et  saigner  les  gouteux,  si  on  voit 
qu’il  soit  necessaire,  comme  auons  dit, 
à  fin  de  vacuer  les  humeurs  qui  cau¬ 
sent  les  goûtes.  Car  en  ce  temps  les 


humeurs  s'espandent,  et  sont  esmeus 
et  préparés  à  euacuation  ,  par  la¬ 
quelle  si  on  ne  cure  et  garde  de  ve¬ 
nir  les  douleurs  arthritiques ,  pour  le 
moins  elles  en  seront  beaucoup  moin¬ 
dres. 


CHAPITRE  XIV. 

DV  VOMISSEMENT  ‘. 

Tous  les  anciens  ont  fort  approuué 
le  vomissement  sur  toutes  autres  pur¬ 
gations,  lorsque  principalement  la 
cause  des  goûtes  prouient  du  cerueau 
etdel’estomach.Carpariceluyilsefait 
euacuation  et  diuersion  des  humeurs 
pituiteux ,  sereux  et  cholériques ,  qui 
defluent  plus  communément  que  les 
autres  humeurs  aux  iointures.  Pa¬ 
reillement  le  vomissement  atténué  le 
phlegme  gros  et  visqueux  contenu  en 
l’estomach,  et  partant  il  est  loüé, 
tant  au  commencement  qu’à  l’ac¬ 
croissement,  estât  et  déclinaison ,  et 
aussi  tant  à  la  preseruation  qu’à  la 
curation  des  goûtes ,  et  deliure  de 
plusieurs  autres  maladies,  et  purge 
l’humeur  virulent, comme  nousmons- 
trerons  au  traité  de  la  Peste.  Tu  pren¬ 
dras  toutesfois  garde  que  le  patient 
n’ait  le  thoiax  et  le  cerueau  debiles  : 
car  en  ce  cas  le  vomissement  seroit 
suspect. 

î  Et  pour  le  regard  de  l’ordre  et 
temps  qu’il  conuient  vomir,  ceux-là 
doiuent  vomir  auant  le  past,  ausquels 
pour  quelque  exercice  que  ce  soit,  ou 
autre  mouuement,  les  excremens 
fluent  en  l’estomach  :  au  contraire 

J  Ce  chapitre  était  confondu  avec  le  pré¬ 
cédent  en  1575  J  il  en  a  été  séparé  en  1679. 


1)ES  GOVTES. 


doiuenl  vomir  après  le  pasl,  ceux  qui 
ont  amassé  grande  quantité  d’hu¬ 
meurs  pituiteuses.  le  loue  plus  le  vo¬ 
missement  après  la  prise  des  viandes, 
qu’à  ieun,  parce  qu’il  faut  plus  grand 
effort  à  ietter  la  pituite  qui  est  contre 
les  parois  de  l’estomach  estant  vuide, 
que  lors  qu’il  est  plein  de  viande  :  et 
par  le  vomissement  qui  est  fait  par 
force ,  y  a  danger  qu’il  ne  se  rompe 
quelque  veine  ou  artere  de  la  poi¬ 
trine  ou  des  poulmons.  D’auantage, 
à  ceux  qui  ont  la  poitrine  estroitte  et 
le  col  long,  en  temps  d’hyuer  le  vo¬ 
missement  est  contraire,  s’ils  ne  l’ont 
accoustumé,  et  que  nature  ne  tendist 
à  se  descharger  par  telle  voye.  Et  faut 
que  le  patient  vomisse  de  quinze 
iours  en  quinze  iours,  plus  ou  moins, 
selon  la  répétition  et  vexation  de  la 
goûte. 

Or  il  me  souuient  auoir  pensé  en 
ceste  ville  vn  gentil-homme  geneuois, 
lequel  auoit  vne  extreme  douleur  à  la 
iointure  de  l’espaule  senestre,  auec 
impotence  de  tout  le  bras,  et  auoit  ja 
esté  traité  par  plusieurs  médecins  et 
chirurgiens ,  tant  de  Lyon  que  de 
ceste  ville  :  et  me  recita  que  pour  luy 
oster  sa  douleur ,  il  auoit  esté  purgé, 
saigné,  et  auoit  fait  diete,  tant  par  le 
gaiac  que  par  l’esquine ,  et  qu’on  luy 
auoit  fait  plusieurs  applications  sur 
le  lieu  de  sa  douleur  :  neantmoins  ne 
luy  auoient  toutes  ces  choses  rien  ou 
peu  profité.  Sur  quoy  ie  luy  deman- 
day  s’il  n’auoit  point  eu  la  grosse  vé¬ 
role  ,  à  cause  de  sa  douleur  qui  esloit 
plus  grande  la  nuit  que  le  iour ,  par¬ 
ce  que  la  cause  esloit  vne  pituite  et 
matière  froide  :  il  m’afferma  que  non  : 
et  ayant  entendu  tous  les  remedes 
qui  luy  auoient  esté  faits  ,  et  ce  par 
gens  doctes,  ne  luy  sçauois  qu’ordon¬ 
ner,  fors  que  le  vomissement.  Et 
m’ayant  dit  qu’il  estoit  difficile  à  vo- 
111. 


2^25 

niîr,  ie  luy  conseillay  qu’il  crapulast, 
et  mangeast  plusieurs  et  diuerses 
viandes  au  souper,  auec  oignons,  po- 
reaux,  et  semblables  :  puis  qu’il  beust 
d’autant,  et  de  diuers  vins ,  à  sçauoir 
doux  et  aigres  :  pource  que  la  grande 
quantité  etdiuersité  de  viandes  et  de 
breuuage  est  cause  du  vomissement, 
é  raison  qu’aucunes  sont  cuites  et 
pourries  les  vues  deuant  les  autres , 
et  la  grande  quantité  ne  permet  icel¬ 
les  eslre  digérées  en  l’estomach,  dont 
s’ensuit  qu’on  vomit  plus  aisément. 
Aussi  luy  ordonnay  qu’aprés  cela  il 
se  couchast  assez  tost ,  nt  qu’à  son 
premier  resueil  il  se  prouoquast  à  vo¬ 
mir  ,  mettant  vne  plume  ou  le  doigt 
en  la  gorge,  à  fin  que  plus  aisément 
il  iettast  auec  sa  viande  le  phlegme 
gros,  visqueux  et  sereux,  et  qu’il  fist 
cest  excès  par  deux  ou  trois  iours  sui- 
uans  :  pource  qu’en  ce  faisant  (comme 
dit  Hippocrates  ‘)  le  second  et  le  fiers 
iour  peuuent  pousser  ce  qui  reste  du 
premier.  Et  luy  dis  qu’il  continuas! 
ce  vomissement  vne  fois  ou  deux  le 
mois ,  et  qu’il  prist  en  sa  bouche  et 
maschast  par  fois  du  mastic  à  ieun,  à 
fin  qu’il  fist  par  ce  moyen  euacuation 
et  diuersion  de  l’humeur  qu’il  sentoit, 
disoit-il,  couler  de  la  teste  sur  son  es- 
paule.  Semblablement  qu’il  frottast 
sa  nucque  et  son  espaule  d’eau  de  vie, 
en  laquelle  on  auroit  infusé  rosma- 
rin,  lauande,  doux  de  girofle,  vn  peu 
concassés  :  pareillement  qu’il  fist  exer¬ 
cice  médiocre  de  son  bras.  Quelque 
temps  après  ie  le  trouuay ,  et  me  dit 
qu’il  auoit  fait  ce  que  ie  luy  auois 
conseillé,  et  n’auoit  iamais  trouué 
meilleur  moyen  pour  appaiser  sa  dou¬ 
leur  et  la  perdre:  et  par  ainsi  fut 
du  tout  guari ,  s’aidant  autant  bien 

1  Hippocrates  au  Hure  De  railone  rictus. 


226 


LE  VINGT-VNIÉME  LIVRE, 


de  son  bras  que  iamais  auoit  fait. 

Ceux  qui  ne  veulent  crapuler  pour 
leur  prouoquer  le  vomir,  boiront 
bonne  quantité  d’eau  i  en  laquelle 
aura  bouilli  des  raues,  auecques  de^ 
mie  once  d’oxymel  :  toutesfois  ne  faut 
en  faire  coustume  ^  mais  suffira  deux 
ou  trois  fois  le  mois,  et  quand  le  ma¬ 
lade  sentira  son  estomach  chargé,  et 
que  Nature  le  stimule  à  ce  faire. 

Or  maintenant  il  nous  faut  pour- 
suiure  nostre  propos  de  la  curation 
preseruatiue. 


CHAÎ>lTtlE  XV. 

DIVERS  REMEDES  POVR  LES  GOVTÈVX  »• 

Le  malade  goûteux ,  pour  garder 
que  les  humeurs  sereux  et  pituiteux 
ne  courent  aux  iointlires,  vsera  quel- 
quesfois  de  choses  diüreliques ,  pour 
les  faire  Vüider  par  les  Vrines,  comme 
sont  racines  d’ozeille  ^  persil ,  fenoüil , 
bruschus,  asperges,  gramen  (autre¬ 
ment  dit  dent  dé  chien)  et  leurs  sem¬ 
blables  :  lesquels  seront  faits  bouillir 
aux  potages,  et  seront  donnés  au  ma¬ 
lade.  Sur  quoy  faut  sçauoir  que  quand 
le  patient  a  grand  flux  d’vrines ,  et 
qu’elles  sont  espaisses  ,  ses  douleurs 
cessent. 

Aussi  aucuns  des  anciens  comman¬ 
dent  (  ce  que  i’ay  fait  plusieurs  fois  ) 
faire  des  vlceres  auec  cautères  poten¬ 
tiels  ,  et  les  tenir  ouuertes ,  à  fin  de 
donner  issue  à  euacuer  le  virus  qui 
fait  les  goûtes  :  pour  ce  que  par  telles 
ouuertures  le  virus  s’escoule.  Ainsi 
que  vojnons  aux  verollés ,  lorsqu’ils 
ont  vlcert s  qui  coulent ,  ils  ne  sentent 

1  Ce  chapitre  était  confondu  avec  les 
deux  précédents  en  1575^  il  en  a  été  séparé  en 
1679. 


sans  comparaison  tant  de  douleur 
que  lorsqu’ils  n’en  ont  point  :  ou  au¬ 
ront  esté  consolidés  sans  auoir  osté 
ledit  virus  par  son  alexitere ,  qui  est 
le  vif-argent ,  par-ce  que  par  icelles 
ouuertures  découlé  et  s’euacue  por¬ 
tion  du  virus  verolique  :  tout  ainsi 
aduient  aux  goûtes ,  lorsqu’on  leur 
aura  fait  des  ouuertures  :  lesquelles 
seront  diuersiflées  selon  la  diuersité 
des  lieux  par  où  se  fait  la  fluxion. 
Exemple  :  si  la  fluxion  se  fait  du  cer- 
ueau  tombant  sur  les  os  clauiculaires, 
l’ouuerture  se  fera  par  derrière  le 
col  :  et  si  elles  tombent  sur  les  ioin- 
tures  des  espaules  et  aux  coudes ,  ou 
sur  les  mains ,  ou  appliquera  les  cau¬ 
tères  au  dessous  des  muscles  epomis  : 
et  si  elle  tombe  à  la  hanche  ou  aux 
genoüils  et  aux  pieds  ,  ils  seront  ap¬ 
pliqués  trois  doigts  au  dessous  des  ge¬ 
noüils  partie  intérieure,  pourueu  que 
le  patient  n’ait  pas  à  faire  grand 
exercice  :  pource  qu’estant  faite  l’ou- 
uerture  en  ce  lieu,  il  se  fera  plus 
grande  euacuation ,  à  cause  de  la 
veine  saphene  qui  est  en  telle  partie. 
Au  contraire,  si  c’est  vn  ieune  homme 


~  ^  vucuai,  1  uu- 

uerlure  se  fera  en  la  partie  extérieure 
entre  les  deuxfociles,  à  fin  que  l’es- 
triuiere  et  la  selle  du  cheual  ne  luy 
soit  trop  moleste  et  douloureux. 

Or  telles  ouuertures  se  feront  par 
cautères  actuels  ou  potentiels ,  selon 
qu  on  verra  estre  necessaire,  et  la  vo¬ 
lonté  du  malade.  Si  on  veut  vserde 
1  actuel,  Usera  de  figure  triangle, 
tranchant  et  aigu,  à  fin  que  plus 
promptement  il  face  son  operation, 
et  à  moins  de  douleur.  D’auanlage, 
ü  se  peut  mettre  vne  pièce  de  fe^ 
trouée  sur  l’endroit  où  l’on  veut  ap¬ 
pliquer  le  cautere,  laquelle  seruira 
qu  il  ne  touche  sinon  qu’au  lieu  où 


DES  (ÎOVTES. 


l'on  veut  qu’il  soit  appliqué  ,  comme 
nous  allons  dit  au  chapitre  de  VÆgi- 
lops  *  :  et  sera  tenue  l’vlcere  ouuerte, 
y  mettant  dedans  vne  petite  ballotte 
faite  d’or  ou  d’argent  ou  de  racine 
d’iris,  ou  d’hermodactes,  ou  de  liege, 
ou  de  gentiane  ^  ou  de  cire,  auec  la* 
quelle  on  incorporera  poudre  de  vi¬ 
triol  ,  mercure,  ou  alun ,  de  peur  que 
l’vlcere  ne  se  consolide ,  iusques  â  la 
volonté  du  malade,  et  conseil  du  mé¬ 
decin  et  chirurgien 

D’auantage,  il  faut  purger  le  cer¬ 
neau  (qui  est  le  plus  souuent  la  fon¬ 
taine  de  ce  mal  )  vne  fois  le  mois , 
auec  pilules  cochées,  et  d’assajeret  en 
hy  uer  :  et  en  esté  de  pilules  quihus, 

ou  impériales,  desquelles  la  dose  sera 
vne  drachme  deuant  la  pleine  lune  : 
et  le  lendemain  on  prendra  vn  bouil¬ 
lon  de  pois  chiches  auec  racines 

1  C’est  le  chapitre  16  du  livre  des  Opera¬ 
tions.  Voyez  tome  II,  page  432. 

2  On  ne  soupçonnerait  guère  qu’il  fallût 
chercher  dans  le  livre  des  Goûtes  la  descrip¬ 
tion  d’üh  procédé  pour  établir  un  cautère. 
J’ajouterai  ici  que  Paré  semble  avoir  ima¬ 
giné  quelques  uns  des  pois  artificiels  qu’il, 
recommande  ;  du  moins  on  trouve  dans  les 
Dix  Hures  de  chirurgie  de  1564,  fol.  222,  v., 
la  figure  suivante,  que  l’auteur  a  complè¬ 
tement  oubliée  dans  ses  œuvres  complètes. 


Il  y  avait  quatre  de  ces  boulleues,  comme 
il  les  appelle,  mais  qui  ne  différaient  abso¬ 
lument  que  de  volume.  On  lisait  au-dessous  : 

Bonnettes  faittes  d’or  ou  d’argent  pour  tenir 
vn  vlcere  ouuert  en  quelque  partie  de  nostre 
corps,  auec  vn  petit  lien,  pour  les  tirer  dehors 
Je  n’ai  pas  trouvé  d’endroit  plus  convena¬ 
ble  pour  cette  figure  que  celui-ci. 


1227 

aperitiues  Ct  diiirctlques.  L’vsage  des 
diurétiques  esl  bon,  pour  ce  qu’ils 
purgent  les  superfluités  sereuses  de 
la  seconde  et  tierce  digestion.  On 
peut  semblablement  vser  d’autres  pi¬ 
lules,  qui  ont  vertu  de  purger  l'hu¬ 
meur  pituiteux  et  sereux,  comme 
celles- cy. 

-if,  Pilularum  fœtidarura  et  de  hermodact. 
ana  5.  û. 

MUce,  et  Cum  sücco  vel  syrupo  ïosarum  so- 
lutiuo  formentur  pilulæ. 

Autres. 

If.  Aloës  3.  iij. 

Agarici  trochisc.  rhabarb.  ana  3.  j. 

Massæ  pilularum  arthriticarum ,  et  de 
hermo.  ana  0.;ij. 

Diagredij  9  j. 

Cum  melle  rosato,  fiat  massa. 

Desquelles  en  sera  donné  au  malade 
vnedragme,  plus  ou  moins,  selon  la 
force  et  vertu. 

Les  remedes  purgatifs  seront  chan  - 
gés  selon  que  le  docte  Médecin  verra 
estre  besoin  à  purger  les  humeurs  su¬ 
perflus  qui  causent  les  goûtes  :  comme 
si  la  cholere  en  esl  cause,  on  vsera  de 
remedes  cholagogues  :  et  entre  tous, 
le  catholicum  est  loué ,  et  les  pilules 
communes.  Et  après  pour  roborer  les 
parties  intérieures,  on  donnera  demie 
dragmede  theriaque,  trois  heures  de¬ 
uant  le  past. 

Or  il  faut  icy  entendre  que  pour 
purger  le  cerueau,  les  pilules  ont  esté 
plus  loüées  des  anciens  que  les  autres 
médecines  liquides ,  à  cause  qu’elles 
demeurent  plus  longuement  en  l’es- 
tomach  à  faire  leur  operation  ;  et 
par  ce  moyen  elles  attirent  mieux 
du  cerueau  et  des  parties  lointaines 
l’humeur  qui  doit  estre  deriué  et  eua- 
cué  par  le  siégé.  l’ay  conneu  aucuns 
qui  ont  vsé  des  pilules ,  ausquclles  y 


Q5|8  le  vingt-vni^me  livre 


entroit  bonne  quantité  de  scammonée, 
à  sçauoir ,  sept  ou  huit  grains  pour 
vne  prise ,  lesquels  après  iettoient 
grande  quantité  d’eau  et  sérosités  : 
et  pareillement  ausdiles  pilules  y  en¬ 
troit  du  gingembre ,  de  peur  qu’elles 
ne  fissent  mal  h  l’estomach.  Or  en  tel 
cas,  après  la  prise  et  operation,  on 
baillera  à  manger  au  malade  vn  peu 
d’orge  mondé ,  pource  qu’il  adoucit 
et  lenit  les  parois  de  l’estomach,  qui 
pourroit  auoir  esté  blessé  desdites  pi¬ 
lules.  Et  le  lendemain  on  pourra  pa¬ 
reillement  bailler  du  lheriaque  la 
grosseur  d’vne  féue  :  laquelle  ne  con¬ 
forte  pas  seulement  la  débilité  de  l’es- 
tomach,  procedente  des  purgations, 
maisaussi  corrige  le  virus  arthritique. 
Il  ne  faut  pareillement  omettre  qu’a- 
prés  le  past  faut  vser  de  dragée  de 
fenoüil,  anis  et  coriandre,  ou  cotignac, 
ou  conserue  de  roses,  à  fin  de  rabbat- 
tre  les  fumées  qui  montent  de  l’esto- 
mach  au  cerueau.  Semblablement  on 
vsera  de  parfums  en  temps  humide, 
lesquels  seront  ainsi  faits: 

•Jf.  Thuris,  vernicis  et  mast.  ana  3.  j. 

Granorum  iunip.  bacc.  lauri  ana  §  .  fi. 

Ligni  aloës  3.  ij. 

Assæodoratæ  3.  j.  fi  . 

Conquassentur  grosso  modo . 

Et  en  soient  parfumées  estouppes 
de  chanure ,  ou  cotton  cardé,  et  soient 
posées  chaudement  sur  la  teste.  D’a- 
uantage,  on  pourra  frotter  la  teste 
du  patient  de  ceste  poudre  par  l’es¬ 
pace  de  quinze  iours,  plus  ou  moins, 
à  fin  de  tousiours  desseicher  les  humi¬ 
dités  superflues  : 

:2f.  Rosarum  rubr.  folior.  senæ,  stœchados 
utriusque  ana  m.  fi. 

Milij  §  .  iiij. 

Furfuris  loti  in  vino  albo  5 .  îij. 

Flor.  camom.  inelil.  ana  p.  j. 


Sem.  anisi  j. 

Salis  comm.  §.  ij. 

'^Soit  faite  poudrequ’on  mettra  en  pe¬ 
tits  sachets  de  toile ,  et  les  fera-on  es- 
chauffer  dedans  vne  poésie,  etd’iceux 
on  frottera  la  leste  au  matin.  On  peut 
aussi  vser  des  pilules  qui  ensuiuent  : 

Pulu.  hieræ  simplicîs  3.  j, 

Agarici  recentertrochiscali  et  rhabarbari. 
electi  ana  3.  ij . 

Mirabalanorum,  cbebularum  5.  fi. 
Tamarindorum  9.j. 

Cum  infusione  senæ  fiat  massa,  et  ex  ea  for- 
mentur  pilulæ  vj.  pro  draebma. 
Capiatduasante  cœnam  octauo  quoquedie. 

On  peutd’auantage  prendre  au  ma¬ 
tin,  au  temps  de  la  fluxion,  vne  pilule 
de  la  composition  suiuante,  la  tenant 
vn  quart  d’heure  en  la  bouche,  la 
maschant ,  et  crachant  continuelle¬ 
ment  ce  qui  aura  esté  attiré  et  deriué 
en  la  bouche: 

Of.  Cubebarum  ,  nucis  moscatæ  ,  glycyr- 
rbizæ,  anisi  ana  3 
Pyretbri3.  j. 

Mastiebes ,  radicis  stapbisagriæ  ,  eryn- 
gij  ana  3.ij. 

Toutes  ces  choses  soient  puluerisées 
et  meslées  ensemble ,  et  en  soit  fait 
des  petits  noüets  entre  deux  linges  ou 
taffetas,  et  soient  formées  petites  pi¬ 
lules  de  la  grosseur  d’vne  auelaine. 

Et  pour  ob tondre  la  virulence  de 
l’humeur  qui  cause  les  goûtes,  on 
doit  prendre  quelque  peu  de  theriaque 
par  interualle ,  auec  de  la  conserue 
de  roses ,  ou  de  fleurs  de  rosmarin , 
parce  qu’il  consomme  vne  partie  des 
humeurs  superflus,  et  rectifie  et  ob- 
tond  l’intemperature  du  virus  arthri¬ 
tique  ,  comme  nous  auons  dit  cy  des¬ 
sus. 


DES  GOVTES. 


CHAPITRE  X7I. 

DE  LA  MANIERE  DE  VIVRE  DES  GOVTEVX. 

Il  ne  faut  manger  viandes  sur 
viandes,  c’est  à  dire  que  la  digestion 
ne  soit  faite  en  l’estomach ,  de  peur 
que  le  foye  n’attire  les  crudités  par 
les  veines  mezaraïques,  dont  le  nour-  | 
rissement  du  corps  demeure, cru  et 
insalubre.  Et  faut  icy  noter  que  la 
seconde  digestion  ne  corrige  point  la 
première,  ny  la  tierce  la  seconde 
Les  viandes  doiuent  estre  de  bon  suc 
et  de  facile  digestion,  et  doiuent  estre 
rosties  pour  les  pituiteux  :  mais  pour 
les  sanguins,  cholériques ,  et  melan- 
choliques,  plustost  boüillies  que  ros¬ 
ties.  Il  faut  euiter  la  variété  des  vian¬ 
des  en  vn  repas  ;  aussi  tous  legumes , 
le  laict  et  le  fromage ,  et  toutes  cho¬ 
ses  acides,  comme  verjus ,  vinaigre , 
orenges ,  citrons  et  leurs  semblables , 
si  ce  n’est  en  petite  quantité.  Le  ma¬ 
lade  ne  doit  manger  s’il  n’a  appétit  ; 
aussi  il  ne  mangera  iusques  à  satiété, 
mais  se  leuera  de  table  auec  appétit. 
Il  euilera  de  manger  grands  oiseaux, 
comme  cygnes,  grues,  paons,  et  leurs 
semblables  :  car  ils  sont  de  difficile 
digestion,  et  engendrent  mauuais  suc. 
Les  anciens  défendent  l’vsage  ordi¬ 
naire  de  chapons,  et  autres poulailles, 
parce  qu’elles  sont  souuent  vexées  de 
podagre  :  de  quoy  l’ expérience  fait 
foy.  i.es  poissons  ne  leur  sont  bons, 
parce  qu’ils  engendrent  beaucoup  de 
superfluités,  et  aussi  se  corrompent 
facilement ,  et  engendrent  phlegmes, 
et  amollissent  et  relaxent  l  estomach. 
Les  moins  nuisibles  sont  ceux  que 
déclarerons  au  chapitre  du  régime  de 

1  Axiome  enmedecine,  —  A,.  P. 


Q29 

la  peste.  Or  entre  les  bestes  à  quatre 
pieds,  le  veau  est  recommandé,  parce 
qu’il  engendre  bon  suc  et  vn  sang 
bien  tempéré,  ioint  qu'il  est  de  facile 
digestion.  Le  mouton  pareillement 
est  bon. 

Or  il  faut  icy  noter  que  les  gouteux 
doiuent  lenir  grand  régime,  tant  au 
manger  qu’au  boire  ;  toutesfoisilfaut 
auoir  esgard  au  tempérament  d’vn 
chacun,  diuersifiant  les  alimens ,  tant 
en  quantité  qu’en  qualité.  Car  les 
cholériques  et  sanguins  (pource  qu’ils 
ont  la  chaleur  forte,  et  qu’ils  con¬ 
somment  beaucoup)  ont  besoin  de 
manger  d’auantage ,  parce  que  le 
ieusner  rend  la  chôlere  plus  acre ,  et 
par  conséquent  augmente  les  dou¬ 
leurs.  D’autre  part,  il  ne  faut  pas 
qu’ils  vsent  de  viandes  trop  humides  : 
car  leur  humidité  aggrandit  la 
fluxion ,  et  pourrit  les  humeurs ,  et 
les  fait  couler  aux  iointures.  On  doit 
espaissir  la  cholere,  tant  par  medica- 
mens  pris  par  dedans  que  par  dehors, 
de  peur  que  par  sa  tenuité  elle  ne 
coule  plus  facilement  aux  iointures. 
Les  phlegmatiques,  qui  ont  la  chaleur 
debile,  portent  presque  leur  aliment 
auec  eux,  et  endurent  mieux  le  ieusne: 
aussi  le  régime  humide  leur  nuit 
beaucoup ,  d’autant  qu’il  augmente 
les  defluxions.  Neantmoins  aux  uns 
et  aux  autres  on  aura  esgard  qu’on 
ne  leur  baille  rien  qui  soit  de  difficile 
concoction  et  de  facille  corruption. 
Car  à  raison  de  la  douleur ,  ils  ont  le 
plus  souuent  vne  fléure  lente,  laquelle 
diminue  leur  chaleur  naturelle,  et  est 
cause  de  conuertir  leurs  alimens  à 
pourriture.  D’abondant ,  il  se  faut 
bien  garder  de  leur  donner  trop  d’ali- 
mens,  où  la  chaleur  naturelle  estant 
occupée  à  la  digestion  d’iccux ,  fait 
moindre  concoction  des  humeurs  qui 
causent  les  goûtes,  et  ne  les  peut  sur- 


23o 


LE  VINGT-YNIEME  LIVRE, 


monlcr.  Par  quoy  les  cholériques  et 
sanguins  vseront  de  viandes  de  bon 
suc  et  de  facile  digestion ,  lesquelles 
seront  froides  d’elles-mesmes ,  c’est  à 
dire  de  leur  faculté,  ou  seront  altérées 
par  herbes  froideset  humides,  comme 
laictuc,  pourpier ,  ozeille ,  et  leurs 
semblables  :  aussi  les  semences  froi¬ 
des  concassées  seront  mises  en  leurs 
potages.  Ils  pourront  vser  d’orge 
mondé,  dans  lequel  on  mettra  pareil¬ 
lement  semences  froides. 

Ceux  qui  ont  perdu  vne  partie  de 
leur  corps,  comme  vn  bras  ou  vne 
iambe,  ou  si  elle  est  atrophiée,  ne 
doiuent  tant  manger  ny  boire  qu’ils 
faisoient  lors  que  leur  corps  estoit 
entier  :  car  la  nourriture  qui  auoit 
cousturae  d’aller  à  telle  partie ,  coule 
souuent  sur  les  iointures ,  et  cause  la 
goûte.  Et  pour  abbreger,  ceux  qui 
sont  de  bonne  habitude,  et  qui  viuent 
sobrement,  tenans  bon  régime,  sont 
peu  vexés  de  goûte  :  mais  ceux  qui 
sont  fort  replets  et  bien  nourris  sans 
exercice,  et  excessifs  en  bonnes  et 
diuerses  viandes,  ou  qui  se  nourris¬ 
sent  de  mauuaises,  sont  volontiers 
gouteux. 


CHAPITRE  XVIL 

DV  BOIRE  DES  GOVTEVX. 

Ceux  qui  sont  suiets  aux  goûtes 
se  doiuent  bien  garder  de  boire  trop, 
non  seulement  de  vin ,  mais  aussi  de 
tout  breuuage  :  car  cela  fait  nager  la 
viande  en  l’estomach,  et  empesche  et 
esteint  la  chaleur  naturelle  ,  à  cause 
dequoy  la  concoction  est  plus  diffi¬ 
cile  :  et  de  là  s’cnsuiuent  grandes 
crudités ,  dont  sont  engendrés  beau¬ 
coup  d’humeurs  sereux  et  subtils,  les¬ 


quels  facilement  coulent  aux  loin- 
turcs.  Aucuns  médecins  ordonnent 
boire  du  vin  blanc,  pourcc  qu’il  ex¬ 
cite  les  vrines,  ce  qui  n’est  à  reietter, 
moyennant  que  le  corps  soit  pur  et 
net  :  mais  s’il  y  a  plusieurs  excre- 
mens  et  crudités  (et  que  ce  soit  à  vn 
corps  de  température  chaude)  par  tel 
vin  seront  parlées  aux  iointures ,  et 
exciteront  les  goûtes.  Parquoy  en  tel 
cas  il  le  faut  du  tout  euiter,  s’il  n’es- 
toit  clairet,  petit,  debile  et  astringent, 
à  fin  qu’il  bouche  les  orifices  des 
veines  et  artères,  de  peur  que  les  hu¬ 
meurs  cholériques  et  sereux  ne  dif- 
fluent  facilement  aux  iointures.  Et  si 
le  patient  veut  du  tout  s’en  abstenir , 
ce  sera  le  meilleur  :  et  en  lieu  d’ice- 
luy,il  vsera  d’hydromel  fait  ainsi  : 

Aquæ  îb.  iiij, 

Mellis  optimi  q,  s. 

Bulliant  ad  consumpiionem  libræ  vnius , 
bene  despumando ,  adde  saluia^  p.  (h. 

Et  où  le  patient  seroit  de  tempéra¬ 
ture  phlegmatique ,  on  y  adioustera 
de  la  canelle,  et  vn  peu  de  muguette, 
et  clou  de  girofle.  Ét  pour  les  cholé¬ 
riques  ,  on  fera  hippocras  d’eau  en 
ceste  maniéré  : 

Aquæ  fontîa  ft.  iiij. 

Sacchari  ft,  fi. 

Golentur  per  manicam  hippocratis  sine 
ebulliiione,  addendo  in  fine  cinna- 
momi  3.  ij. 

Et  luy  seruira  aussi  grandement  à 
roborer  l’estomach.  On  peutaussilour 
faire  vser  de  pthane ,  en  laquelle  on 
la  fin  de  la  cuisson,  on  mettra  vn  peu 
de  roses  seiches,  ou  de  syrop  de  gre¬ 
nades,  de  peur  qu’elle  ne  soit  rendue 
bilieuse  au  ventricule  :  et  subit  qu’elle 
sera  tirée  hors  du  feu,  la  faut  laisser 
reposer ,  et  puis  la  couler  par  vne 


DES  GOVTES, 


manche  de  drap ,  ou  seruiette  blan¬ 
che.  Les  phlegmatiques  doiuent  pa¬ 
reillement  Yser  de  viandes  de  bon 
suc  et  de  bonne  digestion  ;  mais  faut 
qu’elles  soient  chaudes  de  leur  na¬ 
ture  ,  ou  altérées  de  choses  chaudes, 
pourueu  qu’ils  n’ayent  fleure  ou 
grande  chaleur,  à  raison  de  la  grande 
douleur  :  car  alors  il  se  faut  garder 
d’alimens  chauds.  Et  pour  ces  causes, 
la  maniéré  de  viure  sera  diuersiflée 
selon  l’aduis  du  docte  médecin,  et 
laissera-on  la  propre  curation  pour 
subuenir  à  l’accident.  Et  aussi  il  fau¬ 
dra  par  coniecture  artiflcielle  chan¬ 
ger  tous  les  reraedes ,  tant  ceux  qui 
sont  pris  par  dedans  qu’appliqués 
par  dehors ,  selon  que  la  disposition , 
le  tempérament  et  les  accidens  le  re^ 
querront  :  et  à  la  fin  de  table ,  vse- 
ront  de  chair  de  coings,  parce  qu’elle 
a  puissance  de  defendre  que  les  va¬ 
peurs  ne  montent  de  l’estomach  au 
cerueau.  Et  combien  que  de  sa  na¬ 
ture  elle  estreigne ,  touteafois  estant 
prise  après  le  past,  elle  lasche  le  ven¬ 
tre  ,  pource  qu’en  resserrant  l’estO- 
mach  par  haut,  elle  aide  à  faire  bonne 
digestion,  et  fait  aller  à  la  selle. 

L’exercice  est  fort  profitable  contre 
les  gontes,  et  l’oisiueté  est  mere  d’i¬ 
celles.  Car  comme  le  fer  qui  est  laissé 
sans  estre  manié,  bien  tost  se  roüille  : 
aussi  noslre  corps  estant  sans  s’exerr 
cer,  se  remplit  d’humeurs  superflus , 
qui  est  souuent  cause  des  goûtes.  Ce 
qu’on  voit  par  expérience ,  qu’entre 
mille  laboureurs ,  et  autres  hommes 
de  grand  trauail  de  corps,  il  s’en 
trouue  peu  de  goûteux,  Et  partant  il 
faut  faire  exercice  au  matin ,  après 
qu’on  aura  rendu  ses  excremens.  Et 
ceux  qui  sont  suiets  à  auoir  la  goûte 
aux  pieds,  exerceront  les  bras.  Car  par 
ce  moyen  ne  se  fait  seulement  réso¬ 
lution  et  consomption  des  excremens 


23  1 

qui  sont  aux  parties  du  corps ,  mais 
aussi  se  fait  reuulsion  d’iceux,  Il  faut 
aussi  euiter  les  passions  de  l’ame, 
comme  cholere  ,  tristesse ,  et  autres, 
L’acte  venerien  doit  estre  du  tout  dé¬ 
laissé  ,  pour  les  causes  qn’auons  ex¬ 
posées  par  cy  douant  ;  mais  ceux  qui 
à  cause  du  mariage  ne  s’ep  peuucnt 
exempter,  en  yseront  après  que  la  di¬ 
gestion  sera  faite  en  l’estomach,  et  s’y 
gouuerneront  si  bien,  qu’il  ne  leur 
fera  qu’vn  peu  de  mal. 


CHAPITRE  XVHI. 

POVR  ROBORER  UES  lOMÎVRES. 

Il  reste  pour  la  cure  preseruatiue 
parler  delà  roboration  des  iointures, 
à  fin  qu’elles  puissent  résister  aux 
humeurs  qui  tombent  sur  icelles.  Et 
pour  ce  faire,  il  est  bon  de  les  frotter 
soir  et  matin  d’huUe  d’olipes  non 
meures,  appellée  oleum  ompfiacinum, 
ou  d’huile  rosat ,  ausquelles  on  in¬ 
corporera  sel  commun  broyé  subtile¬ 
ment  :  on  le  pourra  aussi  meslep  auec 
huile  commune,  et  y  adiouster  de  la 
limature  de  corne  de  cerf,  parce 
qu’elle  desseiche  et  astreint.  Aussi 
est  bon  de  lauer  les  iointures  de 
lexiue  faite  en  ceste  maniéré  ; 

Tf,  Cortlcum  granatorum ,  nucum  cupressi, 
gallarum  ,  sumach ,  corticis  quercini , 
ana  § .  ij. 

Salis  communis,  aluminis  rochæ  ana  §  .j. 
Saluiæ ,  rorismarini ,  lauandulæ ,  lauri , 
iuæ  arthriticæ  ana  m.  j. 
nosarum  rubrarum  m.  C>. 

Toutes  ces  choses  soyent  boüillies 
ensemble ,  en  six  liures  de  gros  vin 
astringent,  et  lexiue  faite  d’eau  ferrée, 


LE  VmGT-VNiéME  LIVRE, 


Q3a 

auec  cendre  de  chesne:  et  de  ceste 
décoction,  on  fera  fomentation  auec 
feutres  ou  esponges.  Et  icelle  faite, 
faut  bien  essuyer  les  parties  auec 
linges  chauds ,  et  se  garder  du  froid. 

Le  suc  de  senelles  vertes  délayé 
en  oxycrat,  est  vn  remede  singulier. 
Aussi  pour  roborer  vne  partie  débi¬ 
litée  de  cause  froide ,  on  prendra  de 
l’eau  de  vie ,  et  vin  vermeil  fort  as¬ 
tringent,  ausquels  on  fera  infuser  et 
tremper ,  ou  faire  bouillir  in  ialneo 
Mariœ , 

Of.  Sauge,  rosmai'in,  thym  ,  lauande ,  lau¬ 
rier,  absinthe,  ana.  m.  j. 
doux  de  girofle,  gingembre,  poiure, 
tout  concassé  ana.  §  j. 

Et  seront  lesiointures  fomentées  de 
ceste  mixture  chaude,  soir  et  matin,  à 
fin  d’eschautT;  r  et  rectifier  l’intem- 
perature  délaissée  par  le  froid.  On 
trouue  aussi  par  expérience, que  fou¬ 
ler  la  vendange  conforte  fort  les  ioin- 
tures  :  et  qui  ne  le  peut  faire ,  on  fo¬ 
mentera  les  pieds  de  vin  recent  pris 
en  la  cuue.  On  peut  semblablement 
faire  des  petits  sachets,  dans  lesquels 
on  mettra  ce  qui  s’ensuit  : 

Salis  communis ,  aluminis  rochæ,  corti- 
cum  granatorura  ,  sumach ,  berb.  nu- 
cum  cup.  ana  §  .  iiij. 

Foliorum  saluiæ  ,  rorlsm.  rosar.  rubrar. 
anam.  ft. 

Bulliant  omnia  simul  cum  lixiuio  ,  fiat  de- 
coctio,  pro  fotu. 

Et  d’icelle  on  fomentera  les  ioin- 
lures  auec  esponges  ou  feutre ,  assez 
longuement.  Voila  ce  qu’il  me  semble 
pour  la  roboration  des  iointures,  à  fin 
qu’elles  soient  fortifiées  contre  les 
fluxicns. 


CHAPITRE  XIX. 

DE  LA  CVRE  PALLIATIVE  DES  GOVTES. 

Pour  bien  procéder  à  la  curation 
de  ceste  maladie,  il  faut  considérer  la 
diuersité  des  causes  d’icelle,  et  les 
temperamens  du  corps,  et  autres  cho¬ 
ses,  lesquelles  ne  sont  tousiours  sem¬ 
blables  ,  et  partant  ne  peuuent  estre 
curées  par  vn  seul  remede,  comme 
estiment  les  vulgaires  et  empiriques 
qui  veulent  d’vn  seul  remede  guarir 
toutes  especes  de  goûtes  ;  ne  consi- 
derans  pas  que  celles  qui  sont  faites 
de  matière  froide  accompagnant  le 
virus ,  demandent  autre  maniéré  de 
curer  que  celles  qui  viennent  de 
matière  chaude  :  aussi  celles  qui  sont 
faites  d’vn  humeur  simple,  que  celles 
qui  sont  faites  de  composé.  Car  celles 
qui  sont  faites  de  cbolere  pure ,  cau¬ 
sent  douleurs  grandes  et  extremes  ; 
mais  lors  qu’elle  est  mixtionnée  auec 
phlegme,  elle  n’est  tant  douloureuse. 
Plus  il  faut  autre  femede  au  com¬ 
mencement  qu’à:  l’accroissement ,  et 
ainsi  des  autres  temps.  Semblable¬ 
ment  selon  les  parties  où  sont  les 
goûtes  :  car  en  la  schiatique  n’est  be¬ 
soin  d’vser  de  medicamens  repercus- 
sifs ,  s’il  n’y  auoit  grande  inflamma¬ 
tion  :  ce  qu’on  peut  bien  faire  aux 
autres  parties.  Finalement  si  la  goûte 
vient  du  cerueau ,  il  faut  vser  d’au¬ 
tres  remedes  que  lors  qu’elle  vient 
du  foye  et  de  la  masse  du  sang. 

Ces  choses  ainsi  promises  nous  com¬ 
mencerons  la  cure,  non  proprement 
curatiue,  mais  pluslost  palliatiue 
(principalement de  celle  qui  vient  par 
héritage)  laquelle  consiste  en  quatre 
choses  :  la  première ,  à  ordonner  le 


DES  GOVTES. 


régime  sur  les  six  choses  non  naturel¬ 
les  ,  selon  la  diuersité  des  causes  :  la 
seconde,  à  euacuer  et  diuertir  la  ma¬ 
tière  antécédente,  tant  par  médecines 
laxaliues,  que  par  saignées  ,  s’il  est 
besoin  :  la  tierce  ,  par  deuëment  ap¬ 
pliquer  les  remedes  locaux  et  parti¬ 
culiers,  lesdiuersiQantselonrhumeur  ' 
qui  cause  les  goules  ,  à  sçauoir,  par 
remedes  chauds  aux  humeurs  froids, 
et  par  froids  remedes  aux  humeurs 
chauds ,  en  les  changeant  aussi  selon 
les  quatre  temps  ;  à  sçauoir,  commen¬ 
cement  ,  accroissement ,  estât ,  et  dé¬ 
clinaison  ,  comme  a  esté  dit.  Et  s’il 
y  a  vne  intemperature  simple  sans 
matière,  on  appliquera  remedes  alte- 
ratifs,  sans  qu’ils  soient  vacuatifs.  La 
quarte  est  corriger  les  accidens,et 
principalement  la  douleur ,  qui  en 
telle  affection  tourmente  extrême¬ 
ment  les  panures  gouleux,  voire  leur 
cause  quelquesfois  vne  mort  subite , 
si  le  virus  est  grand ,  comme  nous 
auons  ditcy  dessus. 

Or  il  faut  icy  noter,  que  souuent  le 
chirurgien  est  deceu  à  connoistre  la 
cause  de  la  douleur  :  car  en  appli¬ 
quant  remedes  froids  et  narcotiques 
aux  goûtes  froides,  si  la  douleur 
s’appaise,  on  estime  que  tel  humeur 
soit  chaud  ;  ce  qui  adulent  toutesfois 
à  cause  que  tels  remedes  stupéfient, 
endorment  et  estent  le  sentiment  de 
la  partie ,  encore  que  la  cause  de  la 
goule  soit  froide.  Au  contraire  quel¬ 
quesfois  nous  estimons  que  la  matière 
soit  chaude,  combien  qu’elle  soit  froi¬ 
de,  pource  que  quand  nous  appli- 
.quons  medicamens  chauds,  ils  appai- 
sent  la  douleur,  en  rareflant,  atté¬ 
nuant  ,  resoluant,  et  dissipant  portion 
delà  matière  par  insensible  transpira¬ 
tion  ;  et  partant  à  cause  de  l’aide  qui 
s’ensuit  de  ces  remedes  cliauds,  on 
pourroit  penser  que  la  matière  seroit 


233 

froide ,  à  cause  de  ce  qu’on  dit  com¬ 
munément  ,  Contraria  contrariis  cu- 
rantur  :  et  au  contraire ,  Similta 
similibus  conseruantur.  Donc  pour  le 
dire  en  vn  mot,  l’indice  pris  des  cho¬ 
ses  qui  aident  ou  nuisent,  est  souuent 
fallacieux  :  d’abondant  il  découlé 
quelquesfois  vne  grande  quantité  de 
matière  froide,  laquelle  cause  grande 
douleur  :  mais  c’est  à  cause  du  virus, 
et  de  quelque  humeur  cholérique, 
qui  subtilie  et  conduit  l’humeur 
froid  et  visqueux  aux  iointures  :  le¬ 
quel  humeur  virulent  et  cholérique 
induit  la  douleur,  et  non  la  pituite  : 
et  à  cause  delà  douleur,  la  partie  est 
chaude  et  enflammée,  et  bien  sou¬ 
uent  cause  fiéure  ,  et  grande  altera¬ 
tion  :  et  alors  nous  croyons  que  la 
cause  principale  soit  chaude ,  et  tou¬ 
tesfois  elle  est  froide  :  partant  nous 
sommes  souuentesfois  deceus  :  et  ce 
qui  en  est  cause,  est  que  la  fluxion  des¬ 
cend  par  les  nerfs  et  tendons,  ce  qui 
ne  nous  appert  par  dehors.  D’auan- 
tage  quand  les  humeurs  sont  meslés 
ensemble,  quelquesfois  la  couleur 
de  la  partie  nous  déçoit  :  car  combien 
qu’elle  nous  apparoisse  cilrine,  ou 
blaflfarde  (ce  que  véritablement  ad¬ 
ulent  de  l’humeur  cholérique ,  lequel 
aisément ,  à  cause  qu’il  est  de  subtile 
et  ténue  substance,- est  ietté  du  pro¬ 
fond  du  corps  à  la  superficie  du  cuir  ) 
toutesfois  il  se  peut  faire  que  le 
phlegme  sereux  découlé  aux  iointu¬ 
res  ,  et  soit  la  principale  cause  de  la 
goûte,  à  raison  qu’il  induit  vne 
grande  et  extreme  douleur,  princi¬ 
palement  la  nuict,  et  communément 
lors  qu’il  est  accompagné  d’vne  por¬ 
tion  de  l’humeur  cholérique  :  dont  le 
sang  et  les  esprits  s’esmouueront,  et 
se  monslreront  à  la  superficie  du  cuir 
de  la  partie  affectée ,  qui  la  feront 
apparoistre  rouge  et  chaude.  D’auan- 


LE  VINGT-VNIJÎME  LIVRE  , 


234 

tage,  au  moyen  de  la  douleur,  il  sur- 
uicndra  au  malade,  par  le  defaut  du 
repos  et  pour  la  grande  inquiétude, 
vne  fléure ,  laquelle  liquéfié  et  subti- 
lie  rhumeur,  et  l’eschauffe ,  et  le  fait 
fluer  d’auantage  aux  iointures  :  ioint 
aussi  que  l’vrine  sera  teinte,  et  le 
pouls  fort  esmeu,  et  toutesfois  la 
cause  du  mal  sera  froide  :  et  partant 
en  tout  cas  ce  seroit  grande  erreur  de 
vouloir  procéder  à  la  cure,  comme 
si  la  cause  de  la  goûte  estoit  chaude. 
Vray  est  qu’il  faut  souuent  laisser  la 
propre  cure  pour  suruenir  aux  acci- 
dens.  Au  contraire,  il  se  peut  faire 
que  la  cholere  soit  cause  du  mal, 
sans  toutesfois  que  la  couleur  de  la 
partie  affectée  demonstre  apertement 
icelle  :  mais  plustost  la  couleur  sera 
blanche,  ou  plombine ,  et  la  partie 
froide ,  à  cause  du  froid  de  l’air  am- 
biens ,  ou  de  quelque  application  de 
remede  froid,  qui  aura  fait  qu’elle 
représente  plustost  la  qualité  du 
phlegme  que  de  la  cholere.  Dont 
nous  concluons ,  qu’il  ne  se  faut  ar- 
rester  tousiours  à  la  couleur  et  froi¬ 
dure  de  la  partie ,  pource  que  les  hu¬ 
meurs  qui  sont  profonds  au  dedans  I 
d’icelle ,  ne  changent  pas  tousiours 
en  couleur  le  dehors ,  si  ce  n’ estoit 
qu’ils  perseuerasseut  longtemps. 

Outre  plus,  il  adulent  souuentes- 
fois  que  le  corps  est  tant  rempli 
d’humeurs  gros,  espais,  visqueux, 
que  Nature  en  iette  vne  partie  aux 
iointures ,  et  en  laisse  vne  portion  au 
profond  du  corps ,  à  cause  de  l’imbé¬ 
cillité  de  la  vertu  expultrice  :  laquelle 
portion  estant  arrestée  en  quelque 
partie  intérieure ,  fait  obstruction  et 
pourriture ,  dont  est  engendrée  vne 
fléure  intermittente,  c’est  à  dire  qui 
a  relasche  quelque  espace  de  temps 
entre  les  accès,  sçauoir  est,  si  elle  se 
fait  aux  petites  veines  :  mais  elle  sera 


continue  si  cela  adulent  aux  gran¬ 
des  veines.  Et  telle  chose  aduenant,  le 
médecin  et  chirurgien  ne  doiuent  pas 
considérer  la  maladie  arliculaire,mais 
seulement  beaucoup  plus  la  fléure  ;  la¬ 
quelle  si  elle  est  continue  ,  apporte 
tousiours  danger  au  malade,  et  des¬ 
honneur  au  Médecin  ;  si  elle  est  inter¬ 
mittente,  elle  passe  facilement  en  con¬ 
tinue,  si  on  n’y  donne medicamens  pro¬ 
pres.  Car  il  faut  alors  doucement  pur¬ 
ger  le  ventre,  et  ouurir  la  veine,  si  le 
Médecin  connoist  qu’il  en  soit  besoin  ; 
puis  après  auoir  préparé  et  cuit  les 
humeurs,  on  donnera  au  patient  vue 
bonne  et  forte  purgation,  si  on  voit 
qu’il  en  soit  besoin.  le  dis  bonne  ,  de 
peur  que  la  maladie  articulaire  ne 
s’augmente  :  ce  qui  adulent  souuent 
quand  on  ne  fait  qu’esmouuoir  les. 
humeurs  sans  les  purger  ;  car  estans 
esmeus ,  ils  se  iettent  tousiours  sur  la 
partie  affligée.  Partant  tout  cecy  gist 
en  la  contemplation  du  Médecin  et , 
Chirurgien  ,  lesquels  par  coniecture 
artificielle  connoistront  la  matière 
des  goûtes  :  à  sçauoir ,  par  la  couleur, 
par  le  toucher ,  par  l’aide  ou  nuisan¬ 
ce  des  remedes  ,  par  le  régime  que  le 
patient  aura  auparauant  tenu ,  par 
son  tempérament ,  aage ,  région,  par 
la  considération  du  temps  de  l’année, 
la  maniéré  de  la  douleur ,  et  auquel 
temps  du  iour  elle  s’esmeut  et  est 
plus  grande ,  et  quel  est  son  période 
et  paroxysme  :  aussi  par  ,1e  iugement 
des  vrines  et  autres  superfluités  qui 
sortent  du  corps  du  malade  ,  ce  que 
nous  auons  par  cy  deuant  déclaré 
plus  particulièrement. 

Or  aucuns  disent  qu’il  ne  faut  pur¬ 
ger  ny  saigner  les  goûteux  pendant 
leurs  grandes  douleurs,  toutesfois 
il  est  aisé  de  prouuer  le  contraire. 
Car  veu  que  la  loy  de  Medecine  gist 
en  addition  et  detraction  :  et  que  la 


DES  CtOVTES, 


235 


goûta  vient  d’addition  et  d’augmen^ 
lation  d’humeurs  superflus  qui  ac¬ 
compagnent  le  virus  arthritique , 
ioint  que  les  douleurs  ne  se  penuent 
appaiser  sinon  quand  la  cause  en  est 
hors,  il  s’ensuit  nécessairement  que 
la  saignée  et  purgation  sont  grande¬ 
ment  vtiles.  Metrius,  en  son  Traité  de 
la  goûte ,  dit  qu’il  faut  tousiours  vser 
de  purgations  pour  vuider  et  euacuer 
l’humeur  superflu ,  et  non  seulement 
en  la  déclination ,  mais  aussi  en  la 
force  et  vigueur  de  la  maladie  ;  ce 
que  nous  auons  troqué  par  expérien¬ 
ce  estre  grandement  profitable,  et  pris 
d’IIippocrates ,  disant  ;  Quand  il  y  a 
douleur ,  il  faut  donner  medecine  par 
bas  *.  Aussi  cela  se  peut  prouuer  par 
authorité  d’Hippocrates ,  au  liure  De 
Àffectionibus ^  parlant  de  Arthritide^. 
Et  semblablement  par  Galien  ,  au 
Comment,  sur  le  23-  Aphorisme  delà 
section  première ,  qui  commande 
qu’on  saigne  aux  grandes  inflamma¬ 
tions  et  fléures  ardantes  et  grandissi¬ 
mes  douleurs ,  disant  qu’il  n’y  a  point 
de  meilleur  remede.  Et  s’ils  ne  peu- 
uent  estre  aidés  par  la  saignée  et 
purgation  deuëment  faite,  cela  ad¬ 
ulent  (comme  dit  Galien  au  liure  De 
curatione  per  sanguinis  missionem) 
que  les  intemperans ,  gourmands  et 
yurongnes  ne  sont  guaris  par  purga¬ 
tions  ny  par  saignées,  pour-ce  que 
l’in  tempérance  assemble  abondance 
d’humeurs  crus ,  lesquels  ne  cedent 
aux  remedes.  Partant  les  gouteux 
goulus  et  intemperans  ne  peuuent 
estre  aidés  par  aucuns  remedes,  com¬ 
bien  qu’ils  soient  administrés  par 
vraye  et  bonne  méthode. 

1  Cette  citation  de  Metrius  est  de  1579, 

2  L’édition  de  1576  citait  Hippocrate,  au 
lin,  de  Morbia,  9,  çlwpilre  de  ArOirilide. 


CHAPITRE  XX. 

DES  REMEDES  TOPIQVES  OV  PARTICV- 
LIERS  POVR-  MATIERE  FROIDE. 

Maintenant  il  nous  faut  descrire 
les  remedes  locaux,  ou  particuliers, 
pour  contrarier  à  chacun  humeur. 
Et  premièrement  noteras ,  que  les  re¬ 
medes  topiques  apportent  peu  de 
proflt,  si  le  corps  du  gouteux  n’est 
pur  et  net  des  excremens  :  ioint  qu’il 
y  a  danger  de  renuoyer  la  fluxion  et 
le  virus  aux  parties  nobles  par  les 
forts  repercussifs ,  dont  s’ensuit  mort 
subite  ,  comme  on  ^  l’a  veu  aduenir 
plusieurs  fois,  Parquoy  il  faut  que  les 
choses  vniuerselles  precedent  les  par¬ 
ticulières.  Or  nous  traiterons  pre¬ 
mièrement  de  la  douleur  causée  de 
pituite ,  ou  phlegroe ,  par  ce  qu’elle 
adulent  plus  souuent  que  de  matière 
chaude.  Au  commencement  faut  v^er 
de  remedes  repercussifs  domestiques, 
ayans  faculté  d’astreindre  et  seicher, 
non  toutesfois  en  la  sciatique. 

Cataplasme  reperçussif, 

Of.  Foliorum  sabinæ  m.fi. 

Nucis  cupressi  § .  iij. 

Aluminis  rochæ  § .  j, 

Gurnmi  Uagacanthi  | .  iiij 

Mucilagipis  psyllij,  et  cydPmPfuin  quan. 
tnm  suflicit. 

Fiat  catapiaaina. 

Autre. 

Stercoris  bubuli  recentis  îb.J. 

Mellis  rosati  §  .  lüj. 

Olei  rosati  et  aceti  ana  5  •  fl- 
Bulllant  simul  parum,  fiat  cataplasma. 

Autre, 

Of..  Olci  rosati^et  myrthini  ana  o  ■ 

Pulueris myrrhæ,  alods ana  §.j. 

Acaciæ  § .  ij.  ft. 


236  LE  vingt-vni^me  livre, 

Incorporenturcum  aqua  gallarum  coctarum,  |  sont  solides,  et  non  aisées  à  résolution 
et  fiatvnguentum.  comme  sont  les  parties  charneuses. 


Autre  remede. 

Aceti  quantum  sutficit,  in  quo  coques 
saluiam,  flores  camomillæ,  meliloti,  ab- 
synlhij  et  ebuli  ana  m.  j. 

Faut  tremper  la  partie  en  icelle  dé¬ 
coction  chaude,  et  l’y  laisser  assez 
longuement  :  ce  que  i’ay  expérimenté 
plusieurs  fois  auec  bonne  issue.  Ce  re¬ 
mede  repousse  l'humeur  et  le  con¬ 
somme  ,  et  si  fortifie  la  partie  :  et  le 
faut  faire  plusieurs  fois,  encor  qu’il 
y  eust  chaleur. 

Le  marc  desoliues  recent  appliqué 
dessus,  sede  la  douleur  :  aussi  font 
les  orenges  seiches  et  boüillies  en 
vinaigre,  et  puis  broyées. 

Autre. 

"if,  Medij  corticis  vlmi  tt>.  fi. 

Caudæ  equinæ,  stæch.  consolidæ  maio- 
ris  ana  m.  fi . 

Aluminis  rochæ,  thu.  ana  5  • 

Far.  bord.  §  .  v. 

Lixiuij  comm.  quantum  suflicit. 

Fiat  cataplas.  ad  formam  pullis  salis  liquidæ 
secundum  artem. 

Lors  que  la  partie  est  enflée,  la  dou¬ 
leur  cesse  le  plus  souuent ,  à  cause 
que  la  vertu  expulsiue  a  ietlé  l’hu¬ 
meur  du  centre  à  la  circonférence, 
c’est  à  dire  du  dedans  au  dehors  :  ce 
qui  nous  appert  en  ceux  qui  ont  vne 
extreme,  douleur  aux  dents  :  lors 
que  le  visage  s’enfle,  on  voit  subit  la 
douleur  cesser.  Après  auoir  ainsi  vsé 
de  repercussifs,  il  faut  venir  aux  réso¬ 
lutifs  et  euacuatifs  :  car  toute  fluxion 
arrestée  sur  vne  partie  demande 
vacuation.  Et  ne  se  faut  esrnerueiller 
si  on  ne  resoult  tost  la  matière  conte¬ 
nue  aux  ligamens  ,  membranes  ,  et 
parties  nerueuses,  par-ce  qu’elles 


Exemple  des  résolutifs. 

%.  Radicis  bryonioe,  sigilli  beatæ  Mariæ 
ana  §.iiij. 

But.  in  lixiuio,  postea  terantur  et  coten- 
tur  per  cetaceum,  addendo  : 

Far.  bord,  et  fabarum  ana  § .  j. 

Olei  camomill.  § .  üj. 

Fiat  cataplasma. 

Autre. 

Of.  Farinæ  bord,  et  lupinorum  ana  5  •  'h. 
Sulphur.  viui  et  salis  comm.  ana  3  j. 
Mellis  communis  § .  v. 

Pulu.  aloës  et  myrrbæ  ana  5  •  ^  • 

Aquæ  vitæ  §  .  j. 

Et  cumlixiuio  fiat  cataplasma. 

Autre. 

%.  Succi  caulium  rubrorum ,  acetl  boni 
ana§.iiij. 

Far.  bord.  § .  j.  fi. 

Pulueris bermodactylorum  §  fi. 
Vitellos  Quorum  numéro  iij. 

Olei  camomill.  § .  iij. 

CrociS.  ij. 

Autre. 

"if..  Radices  et  caules  brassicæ ,  vre,  et  misce 
cinerem  cum  axungia  suilla  et  puluere 
ireos,  et  fiat  medicamenlum. 

Autre. 

“if.  Lactis  vaccini  H),  ij. 

Micæ  panis  albi  quantum  suflicit. 
Bulliant  simul  addendo  : 

Pulueris  subtilis  florum  camomillæ  me- 
liloti  ana  m.  fi. 

Croci  9.j. 

Vitellos  Quorum  numéro  iiij. 

Olei  rosarum  §  .  iij. 

Butyri  recenti  s  §  . 

Terebentbinæ  § .  ij. 

Fiat  calaplas.  ad  formam  pultis  satis  liquidæ. 

Or  il  faut  noter  que  ce  cataplasme  est 
propre  à  toutes  douleurs  de  goûtes, 
soit  au  commencement,  à  l'accroisse- 


DES  dOVTES. 


ment,  estât,  ou  en  la  fin  et  en  toutes 
températures  :  etdoitestre  renouuellé 
deux  ou  trois  fois  le  iour.  Le  théria¬ 
que  dissoult  en  vin  et  appliqué  sede 
grandemen  t  la  douleur.  On  peut  aussi 
vser  d’empiastres,  onguens,  cerots  et 
linimens. 

Exemple  d’emplastre. 

'if.  Gummi  ammoniac!  ,  bdellij  ,  slyracis 
ana  §  ij. 

Cum  aceto  et  aqua vitæ  dissolue,  et  adde  : 
Far.  fœnug.  § .  fi  . 

Olei  camomill.  et  anethi  ana  § .  ij. 

Ceræ  quantum  suffi. 

Fiat  emplastrum  molle. 

Autre. 

lf>.  Radicis  bryoniæ  et  sigilli  beatæ  Mariæ 
ana  g .  Y. 

Bulliant  in  lixiuio  complété,  et  colentur  per 
cetaceum,  addendo: 

Olei  camomillæ  §  .  llj. 

Seui  hircini  §,  iiij. 

Ceræ  nouæ  quantum  sufficit. 

Fiat  emplastrum  molle. 

Autre. 

"if.  Gummi  ammoniac! ,  opopanacis ,  gal- 
bani  ana  § .  ij. 

Dissoluantur  in  aceto ,  postea  colentur  :  et 
adde: 

Olei  liliorum,  terebenth.  Venet.  ana  §  .  j. 
Picis  naualis  et  ceræ  nouæ  quant,  suff. 
Fiat  emplastrum  molle. 

Autre  pour  résoudre  et  appaiser  les  douleurs , 
et  roborer  les  iointures, 

Of.  Succorum  radicum  enulæ  campanæ  et 
ebuli  ana  §  .  iij. 

Radicis  altheæ  Ib.  fi. 

Coquantur ,  et  colentur  per  setaceum ,  ad¬ 
dendo  : 

Flor.  camomll.  melilot.  sambuci,  roris- 
raarini,  et  hyperici  an.  p.  ij. 

Nuces  cupressi  numéro  iiij. 

Olei  chamæmeli,  aneti,  hyperici ,  lilio¬ 
rum,  et  de  spica  ana  § .  ij. 


2^7 

Pingiiedinis  anatis,  gallinæ,  et  anseris 
ana  §.  fi. 

Ranas  virides  viuas  numéro  vj. 

Catellos  duos  nu  per  natos. 

Bulliant  omnia  simul  in  ib  ij.  fi.  vini  odo- 
riferi  etvnâaquæ  vitæ  ad  consumptio- 
nem  succorum  et  vini ,  ac  ossium 
catellorum  dissolutionem,  et  Tortiter  ex- 
primantur  :  expression!  adde  ; 
Terebenthinæ  §  iij. 

Ceræ  quantum  sufficit. 

Fiat  emplastrum  molle. 

On  peut  vser  pour  mesme  effet  à 
résoudre  des  emplastres  de  Vigo, 
oæycroceum,'Ue  mucilaginibus,  de  meli- 
loto ,  et  autres  semblables  ;  lesmeslant 
ensemble,  et  les  liquéfiant  auec  huiles 
et  axonges  resolutiues,  diminuant  ou 
augmentant  leurs  forces,  comme  on 
verra  eslre  necessaire,  et  que  le  mal  le 
requerra. 

Exemple  d’onguent. 

if.  Anserem  pinguem  ,  et  impie  catellis  ij, 
de  quibus  deme  cutem ,  viscera ,  caput 
et  pedes. 

Item  accipe  ranas  numéro  x. 

Colubros  detracta  cute  in  frustula  dis- 
sectos  numéro  iiij. 

Mithridatij  et  theriacæ  ana  §  fi . 
Foliorum  saluiæ,  rorismarini ,  thymi , 
ruthæ,  ana  m.  fi . 

Baccarum  lauri  et  iuniperl  concassata- 
rum  ana  §  .  j. 

Pulueris  nucis  moscatæ,  zlnziberis,  ca- 
ryophyllorum,  piperis  ana  7.  j. 

Et  dudegoutsoit  faitonguentou  li- 
niment  auec  cire  ou  terebentbine  de 
Venise,  y  adioustant  vn  peu  d’eau  de 
vie.  Tel  onguent  appaise  à  merueilles 
la  douleur  faite  de  cause  froide. 

Autre. 

if.  Gummi  pini  et  ladani,  ana  §  iifi. 

Gummi  elemi  et  picis  naualisana  § .  j.  6 . 
Terebent.  Venetæ  claræ  5 .  vj. 


238 


LE  VINGT-VNIÉME  LIVRE  , 


Olei  chatiiæmell  et  de  lUio  ana  § .  iiij. 

Vini  rubri  Ib  j. 

Setn.  aquæ  vitæ  cl  saluiæ  ana  | .  vj. 
Omnia  simul  dissoluantur  lento  igné  ,  ba- 
culo  semper  agitando.  Deinde  adde  : 
Pulueris  ireos  Florentiæ,  baccaium  lauri 
et  hermodactylorum  ana  §  -  ij. 

Semin.  inastioheg ,  myrrhæ  et  olibani 
ana  § .  ij, 

Farinæ  fabarum  §  •  iiij. 

Omnia  simul  incorporentur,  et  fiat  vnguen- 
tum  molle. 

Autre. 

If.  Muccaginis  seminis  fœnugræci  in  aceto 
extractæ  quantum  volueris. 

Gui  misce  : 

Mellis  quantum  sufficit  :  coquanlur  si¬ 
mul,  donec  spissitudinem  vnguenti  ac- 
quirant. 

Ces  choses  soient  appliquées  à  la 
partie  malade,  et  remuées  si  soudent 
qu’on  verra  estre  besoin.  Et  pour 
mesme  effet,  à  sçauoir,  à  appaiser  la 
douleur  et  résoudre,  on  fera  des  fo-^ 
mentâtiohs. 

Exempki 

:2f.  ÎFol.  fütîë,  saluiæ,  rofismati  ana  m.  j. 
Flor. camomil.  melilot.  àna.  m.  fi. 

Vini  albi  et  lixiuij  sarment,  ana  lib.  iiij. 
Büi.  orhnia  simul ,  fiat  decoctio  pro  folu. 
Autre , 

Jf.  Origani,  satureiæ ,  calamintbæ,  saluiæ, 
rorisraarin.  florum.  camomill.  meliloti, 
lauand.  hyperici,  rosar.  rub.  absinth. 
ana  m.  j. 

Bullianl  cum  aceto  et  vino  :  fiat  decoct.  pro 
fotu. 

Ceste  décoction  est  propre  n  on  seule¬ 
ment  à  la  goûte  froide,  mais  aussi  â 
celle  qui  est  chaude,  pour  ce  qu’elle 
résout,  astreint  et  robore  la  partie,  et 
garde  la  defluxion. 

11  faut  bien  prendre  garde  que  les 


medicamcns  des  goules  soient  sou- 
uent  changés  :  car  Tvn  profite  à  vne 
heure,  et  nuit  à  l’autre.  Que  si  la 
douleur  et  l’humeur  esloicnt  si  opi- 
niastres,  que  par  les  remedes  susdits 
ils  ne  voulussent  débusquer,  alors 
faudra  venir  aux  plus  forts,  suiuant 
la  doctrine  d’Hippocrates qui  dit, 
qu’aux  extremes  et  rebelles  maladies 
il  faut  vser  de  forts  et  violens  reme¬ 
des  ;  comme  ceux  qui  s’ensuiuent. 

-if.  Axung.  gallinæ ,  olci  laurini,  et  euphor- 
bij  ana  S.  j* 

Olei  mastiches,  §  j. 

Pulu.  euphorb.  et  pyretbri  ana  5.  J. 

Ou  plus  ou  moins,  selon  l’intempera- 
ture  qu’on  connoistra  estre  en  la  par¬ 
tie.  Ces  choses  soient  meslées  ensem¬ 
ble,  et  soit  fait  médicament,  duquel 
on  frottera  la  partie  tous  les  iours.  Ce 
remede  est  bon ,  car  l’euphorbe  et 
pyretbre  eschauffent  et  sublilient, 
dissoluent  et  font  résolution  ;  l’huile 
et  axonge  amollissent ,  et  l’buile  de 
mastic  par  son  astriclion  empeschela 
fluxion  nouuelle. 

Ame. 

Prenez  buile  de  regnard ,  en  laquelle  on 
aura  fait  bouillir  des  vers  de  terre ,  et  de 
la  racine  d’enule  et  bryonia  :  et  auec  yn 
peu  de  terebentbine  et  cire  soit  fait  on¬ 
guent. 

Lequel  amollit ,  atténué ,  et  résout 
l’humeur  froide  qui  est  aux  ioin- 
lures. 

Autre  remede  à  ceste  intention. 

if.  Sera,  sinapi  puluerisati  et  acerrimo  aceto 
dissoluli  §.  iij. 

Mellis  anacardini  §.  Ij. 

Aquæ  vilæ  § .  j. 

Salis  corn.  3.  ij. 

1  Hippocrate*,  Apho.  Hu.  1.  —  A.  P. 


DES  GOVTES. 


Le  tout  soit  mcslé,  et  en  soit  appliqué 
sur  la  douleur. 

Autre. 

•Jf,  Picis  nigræ  5  •  *'!• 

Terebenthinæ  Venetæ  5  ,  üj. 

Sulphu.  viui  subtiliter  puluerisati  §  .  ]. 
Euphorbij  et  pyrethri  ana  § .  fi . 

Empla,  oxycrocel  §  .  iij. 

Olei  quant,  suf. 

Liquéfiant  simul,  et  fiat  emplâstrunl ,  ex- 
tendatur  super  alutam. 

Et  soit  laissée  l’espace  de  deux  ou  ! 
trois  iours,  si  le  malade  sent  allége¬ 
ment  de  sa  douleur  :  sinon  soit  osté 
comme  dessus  est  dit. 

Pourceste  mesme intention,  on  peut 
appliquer  sur  la  douleur  des  orties 
griesches,  puis  lauer  le  lieu  d’eau 
sallée  :  pareillement  la  fiente  de  pi¬ 
geons  bouline  assez  longuement  en 
vinaigre,  duquel  en  soit  fomentée  la 
partie.  Aussi  le  vésicatoire  fait  de  le- 
uain  bien  aigre,  cantharides,  staphi- 
sagre,  et  vn  peu  d’eau  de  vie,  est  sou- 
uerain  remedepour  vacuer  la  matière 
coniointe.  Car  par  tels  vésicatoires 
sort  vue  certaine  serositéet  virulence, 
laquelle  estant  hors  ,  s’ensuit  allé¬ 
geance  des  douleurs,  Or  il  ne  se  faut 
esmerueiller  si  ces  remedes  acres , 
corrosifs  et  vesicatifs,  donnent  allé¬ 
geance,  et  appaisent  les  douleurs 
causées  de  matière  froide  et  pitui¬ 
teuse,  non  plus  que  les  bains  froids  et 
humides  à  bonne  et  iuste  raison  pro¬ 
fitent  aux  douleurs  composées  d’hii- 
meurs  chauds  et  acres,  pour  ce  qu^ils 
humectent  et  refroidissent.  Car  il  y  a 
des  douleurs  arthritiques  qui  ne  peu- 
uent  iamais  estre  appaisées  que  par 
remedes  plus  grands  que  n’est  l’in- 
tempcrature  :  partant  lesdits  vésica¬ 
toires  ne  doiuent  estre  deietlés,  veu 
que  les  anciens  ont  commandé  le  fer 


139 

chaud  et  ardent,  comme  nous  dirons 
cy  après. 

Christofle  l’André,  en  son  Oecoïa- 
trie,  recommande  la  fiente  de  bœuf 
ou  de  vache,  enueloppée  de  fueilles 
de  choux  ou  de  vigne,  posée  sus  les 
cendres,  et  puis  chaude  appliquée  sus 
la  douleur  C 


CHAPITRE  XXL 

REMEDES  LOCAVX  POVR  LA  GOVTE  DE 
MATIERE  CHAVDE  ,  PRINCIPALEMENT 
FAITE  DE  SANG. 

Il  faut  vser  de  repercussifs  au  com¬ 
mencement,  qui  sont  froids,  secs  et 
astringens,  à  fin  de  Contrarier  aux 
qualités  du  sang  qui  est  chaud  et  hu¬ 
mide,  et  ce  après  les  choses  univer¬ 
selles. 

Exemple  des  remedes  repercussifs. 

"if.  Albumina  ouor.  numéro  iüj. 

Lueci  lactucæ  et  solani  aiift  § .  j. 

Aquæ  rosarura  g.  ij. 

Incorporentur  simul,  fiat  linimentum. 

Lequel  sera  renoüuelé  souuent. 

Autre. 

Prenez  de  la  farine  d’orge,  de  lentilles,  aca¬ 
cia,  huile  rosat  et  de  myrtilles,  vn  peu  de 
vinaigre  s  et  de  ce  soit  fait  cataplasme. 
Autre. 

Prenez  sumach,  myrtilles,  bol  armeniac,  de 
chacun  demie  dragme. 

Acacia ,  escorce  de  grenades ,  balausles , 
de  chacun  vne  dragme. 

Eau  de  plantain  et  de  roses,  de  chacun 
trois  onces. 

*  Celte  dernière  phrase  a  été  ajoutée  en 
1579. 


24o  VINGT  VNIÏME  LIVRK  , 


Huile  rosal  once  et  demie. 

Vinaigre  vne  once. 

Farine  d’orge  et  de  lentilles ,  de  chacun 
tant  qu’il  en  faudra. 

Et  soit  fait  calaplasme. 

Lequel  est  fort  excellent  pour  ar- 
rester  les  fluxions  phlegmoneuses  et 
erysipelateuses. 

Autre. 

Prenez  mucilage  de  coings  extrait  en  eau 
rose ,  casse  mondée,  huile  rosat  et  vi¬ 
naigre,  et  de  ce  soit  fait  cataplasme. 

Autre  de  semblable  vertu. 

Prenez  deux  ou  trois  poignées  de  fueilles  de 
vignes  pilées  verdes  :  lesquelles  seront 
faites  bouillir  en  oxycrat  d’eau  de  rna- 
reschal,  puis  on  y  adioustera: 

Vne  once  de  sumach  concassé  : 

Huile  rosat,  2  onces: 

Farine  d’orge  tant  qu’il  en  faudra  : 

Et  soit  fait  cataplasme,  et  soit  appliqué  sur 
la  partie. 

Autre. 

"If.  Succi  semperuiui ,  hyoscyami  et  portu- 
tulacæana  § .  iüj. 

Corlicum  mali  granati  §  .  j.  fi. 

Farinæ  hordei  §  .  v. 

Vini  austeri  quantum  sullicit. 

Fiat  cataplasma. 

Tel  cataplasme  est  fort  à  louër,  pour 
cequele  VinetPescorce  de  grenadeas- 
Ireignent,  et  lesius  refroidissent,  et 
la  farine  aussi  d’auantage  esjpaissit  et 
forme  le  cataplasme. 

Autre. 

Tf.  Foliorum  hyoscyami ,  acetosæ  ana  m.  j. 
Lesquelles  seront  enueloppées  dans  du 
papier,  et  cuites  entre  deux  cendres,  et 
puis  pistées  auec  deux  onces  d’vnguen- 
tum  populeum,  ou  rosat  :  et  soient  ap¬ 
pliquées  tiedessur  la  partie. 


Autre. 

■if.  Florum  iusquiami  Ib.  ij. 

Ponantur  in  phiala  \ilreata,  et  reconde 
in  fimo  equino  donec  putruerint  :  accipc 
ex  putrcdineg  .  ij.  in  qua  dissolue  olei 
de  iunipcro  §  .  fi. 

Fiat  linimentum  ad  vsum. 

Autre. 

Prenez  des  citrouilles  pistées ,  et  soient  ap¬ 
pliquées  dessus. 

Antre. 

if.  Mucaginis  psyllij,  cydoniorum,  extrartæ 
in  aqua  rosarum  et  solani  ana  §  .  iüj. 
Olei  rosati  omphacini  §j. 

Vini  granatorum  5  .  j 
Vitellos  ouorum  cum  albumine  nu¬ 
méro  iij. 

Camphoræ  9 .  iij . 

Incorporentur  simul,  fiat  linimentum. 
Autre. 

if.  Olei  rosati  omphacini  §  .  iüj. 

Albumina  ouorum  cum  vitellis  nu¬ 
méro  vj. 

Succi  plantaginis ,  lactucæ ,  et  solani 
ana  §.j. 

Faiinæ  hordei  §.iij. 

Incorporentur  simul,  fiat  cataplasma. 

Autre. 

if.  Farinæ  hordei  et  fabarum  ana  § .  iij. 
Olei  rosati  §  .  ij. 

Oiycrati  quantum  sufficit, 

Goquantur  simul,  fiat  cataplasma. 

Autre. 

if.  Mucaginis  seminis  psyllij  §  .  iüj. 

Olei  rosati  § .  ij. 

Aceti  § .  j. 

Vitellos  ouorum  numéro  iij. 

Croci  9 .  j. 

Misce  :  fiat  medicamentum. 

Pline  au  vingt-deuxième  liurees- 
crit,  qu  vn  iurisconsulte  estant  à  voir 
vanner  son  bled  ayant  les  goûtes  aux 
pieds,  il  se  mit  dans  son  bled  par  des- 


DES  GOVTES, 


SUS  les  genoux ,  et  s’y  tint  quelque  | 
temps,  et  par  ce  moyen  sa  douleur 
cessa 

Or  il  faut  icy  noter  que  quelques- 
fois  la  douleur  ne  se  peut  seder,  à 
cause  de  la  multitude  du  sang  qui  est 
deflué  sur  la  partie,  et  partant  le  faut 
vacuer:  ce  que  véritablement  i’ay 
pratiqué,  faisant  ouuerture  de  la 
veine  plus  apparente  et  proche  delà 
douleur,  et  subit  elle  estoit  cessée. 

Il  faut  aussi  noter  qu’il  ne  faut 
vser  trop  des  remedes  repercussifs, 
de  peur  d'endurcir  la  matière,  qui 
puis  après  à  grande  difficulté  pourroit 
estre  résolue,  et  y  auroit  danger  qu’elle 
ne  fust  conuertie  en  nœuds  et  pierres 
gypsées:  et  partant  on  y  prendra 
garde.  Et  après  l’vsage  des  repercus¬ 
sifs  ,  il  faut  appliquer  des  résolutifs, 
qui  seront  cy  après  déclarés ,  à  fin 
de  résoudre  l’humeur  qui  pourroit 
estre  demeuré  en  la  iointure. 


CHAPITRE  XXII. 

KEMEDES  TOPIQVES  POVR  L’HVMEVR 
CHOLERIQVE. 

Les  remedes  locaux  doiuent  estre 
froids  et  humides ,  à  fin  de  contrarier 
aux  deux  qualités  de  la  cholere  ,  qui 
est  chaude  et  seiche. 

Exemple  des  remedes  repercussifs  pour  la 
cholere. 

Comme  fueilles  de  solanum,  portulaca,  sem- 
peruiuum ,  hyoscyamus  ,  papauer ,  ace- 
tosa,  plantago ,  aqua  frigida  : 

et  autres  semblables,  desquels  on  fait 
plusieurs  compositions. 

1  Telles  goules  esloieni  chaudes,  —  A.  P. 

111. 


241 

Exemple. 

'if.  Succi  hyoscyami ,  semperuiui ,  lactucæ 
ana  §  ij. 

Farinæ  hordei  §  .  j. 

Olei  rosati  §.ij. 

Agilando  simul  fiat  medicamentum. 

Et  soit  renouuellé  souuent  :  tel  remede 
sede  grandement  l’inflammation. 

Autre. 

Le  cerueau  de  porc,  broyé  auec 
am  y  don,  ou  farine  d’orge  et  huile  ro- 
sat,  est  vn  remede  singulier  :  pareil¬ 
lement  les  mauues  cuites  en  eau, 
broyéeset  pilées,  et  appliquées  dessus, 
sedent  grandement  la  douleur. 

Autre. 

if.  Mucaginis  psyllij  extraclæ  în  aqua  so- 
lani  vel  rosarum  § .  ij. 

Farinæ  bord.  5 -J. 

Aceli  quantum  sufiicit. 

Fiat  linimentum. 

Autre. 

if.  Vnguenti  rosati  Mesuæ  et popul. ana  § . iij . 
Succi  melonum  §  .  ij. 

Albumina ouorum  numéro  iij, 
Misceantur  simul  :  et  soit  fait  comme  dessus. 

Pareillement  vne  esponge  imbue  en 
oxycrat ,  et  vn  peu  espreinte  ,  fait  le 
semblable. 

Autre. 

Prenez  fueilles  de  cboux  rouges  deux  poi¬ 
gnées  ,  cuitles  en  eau  et  vinaigre  ,  puis 
broyées,  y  adioustant  trois  moyeu  fs 
d’œufs,  huile  rosat  trois  onces,  farine 
d’orge  tant  qu’il  suffira  :  et  soit  fait  ca¬ 
taplasme. 

On  peut  aussi  prendre  le  suc  cru  des 
choux  et  deshiebles,  roses  pislées, 
huile  rosat,  et  farine  d’orgè  tant  qu’il 
16 


2/12  VINGT-VJV 

suffijl  :  et.soit  fait  cataplasme.  En  hy- 
ucr  qu'on  ne  peut  trouuer  des  herbes 
recentes,  en  lieu  d’.jc(i||eÇiO,p, prendra 
de  l’onguent  de  Galien  réfrigérant, 
auec  du  populeum. 

Onguent  repercussiffoH  excellent. 

Ceræ  albæ.  § .  j. 

Cfoci  9 .  j. 

Opij  9 ,  iiij. 

M  .  Olei  rosati  quant,  suflicih.  . , 

Macerentur  opium  et  crocus  in  aceto,  deinde 
•terantur  et  incorporentur  cum  cera  et 
oJeo  :  fiat  ceratum, 

Lequelser,a  e^tepdu  sur4u  linge, Pt 
appliqué  dessus  le  lieu  dolent  et  aux 
parties  voisines;,  et  renouuellé  son¬ 
nent:.  Qr  véritablement  ce  remede  est 
à  loüer,  à  cquse  ,qn’,il  y  entre  du  vi¬ 
naigre,  lequel  resoultpt  seiche  gran¬ 
dement  ,  et  Qunre, tes.pQrosités.de  la 
partie,  et  fait  penetrerJaKyertp  des 
autres  ingrediens  qui  dissipent  l’acri¬ 
monie  du  virus  arthritique,  et  parlant 
sede  tes  douleurs  :  ce  qu’on  a  veu  à 
plusieurs.  .  :  ,,  . 

Autres  prennent  grenpüiUes  foutes 
viue^j.et  les  fendent  par  le  ventre,,  et 
les  appliquent  sur  le  lieu  doulou- 
reuît-:''--  ■,  ■  i';;.'  ■  ;  Ï  --! 

,  uAutres  ont  trouué  que  l’eau  mu¬ 
queuse  des  limaçons  rouges  isede 
grandement  la  douleur  et  inflamma¬ 
tion.  Il  faut  prendre  cinquante  ou 
soixante  limaçons  xouges,  et  les  met¬ 
tre  dans  vnpot.de  cuiure,  et  les  sau¬ 
poudrer  de  sel  commun,. et  les  laisser 
par  l’espace  d’vn  iour  entier  :  puis  on 
les  coulera  par  vne  estamine ,  et  d’i¬ 
celle  coulature  on  en  trempera  des 
linges,  lesquels  .seront  appliqués  sur 
le  mal^  et.  renouuellés  souuent.  Et 
faut  icy  noter  que  s’U  y  aupit  grande 
inüamiPOtion  ,  on  fera  boüillir  les  li¬ 
maçons  en  vinaigre  et  eau  rose.  Cedit 


ii.düufi'  ('»,î  t  \  ,  ü  (ii'in.  J  ,;ff 

iiemede  .Qst.lbrf  exQeHqnt„vainsi  qpe 
i’ay  plusieurs  fois  expcrimen|:jé-  ,pt 
mcsméuKt’d  confirmé,  monsieur  de 
fongemea,u  gentilhomme  ,  d’hon- 
■nem;,  et  j[ligne,d|0  .foy,  le/iuçl  aypnt 
esté  nmlp,dÇi  et-tourmqntéd’vnc  Sicia- 
fique,  l’espace, ,  dp  Sis^,  mpis ,  poqp  la 
gu.wison)do,lanueUe  ilauoit  fadt  plp- 
sifiurs  :  repiedes ,(  tant  vp juersetsi  Qd® 
particulieii'S:,:  sçins  Ipy  jripn  prodtçr  : 
en  finfeçeut  pm  çedd  rooyen,giiari- 
;Son,  ;en;iysant  par  l’espace  de  sept  ou 
huit,ip,Uii;s,t. 

. ,  :  f ,arçillemenMes  PO.mmes  dp.ciljÇpps 
pUidrenges  cujttP?  en,  v,i,nq|gre,„puis 
jqstéeç  Uiuec  n,peu  de  fpr^ç  jd’orge 
ou  de  feues,  et  appliquées  dessus. 

Autre. 

i^."Pomoram  coctorum  in  lacté  Ib.  J. 

Butiri  §.  j.-  < 

'Vitellos  i).  Quorum. 

Aceti  §.j. 

Fiat  cataplasma. 

Aucuns  prennent, vn  .fromage  frais 
escremé,  battu  auec  huile  rosat  et 
•farine  d'orge  ;  il  reprime  l’inflamma¬ 
tion  et  sede  la -douleur.  Autres  pren¬ 
nent  de  la  casse  recentement  mondée, 
et  la  meslenl  auec.jus.  de  cougourde 
ou  melon.  Autres  prennentdes  fueil- 
leséle  choux  et  d’hiebles,  ou  d’ache, 
ou  les  trois  ensemble  broyées,  auec 
vn  peu  de  vinaigre,  et  les  appliquent 
sur  le  lieu  dolent.  Les  autres  pren¬ 
nent  de  la  semence  de  lin  vne  once, 
■et  en  tirent  mucilage  auec  bierç  puis 
.y.  adioustent  liuile  ,  rosat  et  farine 
d’orge,  et  en  font  cataplasmes,  Autres 
prennent  huile  de  pauot  auec  de  la 
chair  de  citrouille  pilés  ensemble,  et 
l’appliquent  sur  la  partie  dolente. 

^  Cette  histoire  de  M.  de  Longemeau  a 
été  intercalée  ici  en  1679. 


DES  C'OVTES. 


Jlüirer'èke'de',  par  tétlUel  "h  e’^fé un 
'hoitibie  'en  Gascon^nè',  eh  Ih  ville  de  Basas, 
uni  auoü  esté  affligé  de  la  goule  fort  long¬ 
temps,  auec  les  plus  eslranges  douleurs  qu’on 
Sçauroit  excogiter  :  et  n'a  senti  depuis  au¬ 
cune  douleur.  i 

Wétis  vn'e  WÎïè  *fèMërè 
fôrtè  et  espàis'^e,  et  la  ïh'fe  d'taWfôr 
îù'sqües  à  ce  '^liè  '^fle  âeitëtfiiè 
rdüge,  I  kqüerte  âatts  Vffè  ‘ 

autre  tulllè  'flaVeifte  ëh  ÿrkntletfr,  | 
toute  froide,  de  crainte  que  le  linge  ! 
tlulit  où  sérà'lè  maiaëê  nè'sê'Iirus'lè.  : 
Puis  ‘tu  fëfnj^iïirks  %  ‘su^Ülffe  *ftiifte 
chaude  de  fueilles  (i^iiebYeS ,  e'n‘tëlle 
quantiië'qüe  la  pakqië*TiiÉhdè 'y’p'Üisse 
estre  posée,  et  demeurer  dèSahS  sans 
se  brusler.Le  malaidé  en  endurera  la 
chaleur  et  sueiii-  l’espace  d’vne  heure 
ou  plus  s’il  peut ,  r’adioustant  t  ere- 
chef  des  hiebles,  apres  que  les  pre-  j 
mieres  seront  des'sëichées,  changeant 
aussi  de  tuille  reschauffée,  si  la  pre¬ 
mière  ne  te  semblé  asséVchaude.  Cés 
choses  faites,  la  partie  sera  essuyée 
auec  vn linge:  et  contihueras  lesdites 
estuues  douze  ou  quinze  iours  le  ma¬ 
tin,  l’estomach  estant  à  ieun  :  et  après 
‘ik  [iarüe^sefa  dittte'du  Imitaient  sui- 
uant,  estant  vh'peu  chküffé  : 

Succi  ebuli  ft.  j. 

Ôiéi  commutais  11».  j. 

Misceantur  sim’ul  etponanturin  vase  ficüli, 
cuius  oriflcium  sit  strictum  àdmodum,  ét 
çurn  luto  bene  obturatum  :  postéa  bul- 
liant  in  duplici  vase  cum  vino  ad  médias 
■  diluto,  per  spacium  décem'  vèl  duôdècim 
horarum  :  rèrrigefentür  et  seruentur 
vsùi,  addètado  ynctîonis  tèmpoire  giittas 
alîçfùot  aqUae  Vilæ. 

rnurigi'pôterlt'tais  aut' ter  ïn  die,  longe  à 
'pastu. 

Pareillement  les  racines  et  fueilles 
d’^hiébles  ctaites  en  eau,  pistées,  et  ap¬ 
pliquées  sur  la  ‘douleur ,  la  sedent. 


243 

Sémblabîcment  Phiriie  d’hiebles  ex¬ 
traite  éta  quinté-essetace,  est  slngu- 
ÏÏèrè  pour  sèdér lés  do'uleii'rs. 

Or  si  la  ‘dotaïéüta  éstoit  la  ïè'belle 
qu’elle  ne  péust  estrê  sedéè  par  lestae- 
medes  susdits,  et  qu’elle  fust  intoléra¬ 
ble,  auec  vue  tres-grande  chaleur  et 
ferueurenla  partie,  tellement  que  les 
esprits  fussent  resouts  et  les  forces 
abbatues,  et  que  le  malade  tombast 
en  syncope  :  il  fküt  alors  vser  de  re- 
medes  narcotiques  et  stupefactifs  , 
combien  que  par  icèux  la  tempéra¬ 
ture  de  la  partie  soit  dissolue,  'et  la 
chaleur  naturelle  dimiriuéé,  vo'irë  es- 
'tëîhte,sioft'ëh  vStiit'trdplota^üenlent; 
neantmdlhs  ils'Üdiilënt  plüstôst  estfe 
appliqués,  que  de  permettre  que  tout 
le  corps  ilérrs^e  de  Üdüléür  intdlefk- 
^bre.^Eétlr  vertu'eéfüe  gf andeihent  ré¬ 
frigérer  et  seichér,ef4l’hëbéterlesen- 
tîniéht  dé  la  pariie  :‘ét  qüi  liltas  éSt, 
ils  êspàiSsîSSëiit'et  inérasseht  lës  hü- 
iüéurs  sdbtlls,  aérés  -et  taibfdicküs, 
‘éomme  ééf  Phüinëur’ cholérique.  Si'la 
înatieré  estoit  crasse  et  italpkcté  én’la 
partie ,  aiOrs  lés  faüt  éüiter,  Ou  pOur 
le  inoins' éh S'ser  auèc  géaiide*  discré¬ 
tion,  de  peur  d’induite  stupeur. 

Exemple  d’un  rhëàicament  narcotique, 

'if.  Micæ  panis  secâlini'pârdm  côcU  iriîâcte 
§•  ij- 

Vitellos  ouor.  numéro  ij. 

OpijS.  j. 

Succorum  solani,  hyoscyami,  mandra- 
goræ,  portulacæ,  semperuiui,  ana  § .  j. 

Le  tout  soit  meslé  ensemble,  et  en 
soit  appliqué  dessus,  et  renouuellé 
souuerit. 

■Autre. 

Prenez  fueilles.  de  iusquiamc,  ciguë, 
,  ozeille,  de  chacune  vne  poignée. 

Lesquelles  seront  bouillies  en  Oxycrat ,  puis 


244  LE  VIKGT-VNIEME  LIVRE, 


pilées  et  broyées  auec  moyeux  d’œufs 
cruds  :  huile  rosat,  deux  onces:  farine 
d’orge,  tant  qu’il  suffira  :  et  soit  fait  ca¬ 
taplasme,  lequel  sera  appliqué  sur  la  dou¬ 
leur  ,  et  sera  continué  iusques  à  ce  que 
l’inflammation  soit  cessée. 

Ce  remede  est  fort  approuiié ,  et  du¬ 
quel  i’ay  vsé  souuent  auec  bonne 
jissue. 

Autre. 

Tf.  Opij  3.  iij. 

Camphoræ  3.  6 . 

Olei  nenupharis  §  .  j. 

Lactis  §.ij. 

Vnguenti  rosati  descriptioneGaleni  §  iiij. 
Incorporéntur  simul  in  mortario. 

Et  de  ce  en  soit  appliqué  sur  la  partie. 

Outre  plus ,  l’eau  froide  appliquée 
et  iettée  goûte  à  goûte  sur  la  par¬ 
tie,  est  narcotique  et  stupefactiue  i, 
comme  dit  Hippocrates,  Aphoris.  25. 
de  la  sect.  5  ;  adioustant  icelle,  pour 
vne  autre  raison,  estre  fort  propre  en 
toute  espece  de  goûte,  sçauoir,  em- 
peschant  par  sa  vertu  repercussiue 
que  les  humeurs  n’affluent  d’auan- 
tage  sur  la  partie. 

Autre. 

Prenez  pommes  de  mandragore  cuittes  en 
laict,  puis  pilées  et  appliquées  dessus. 

Autre. 

Prenez  fueilles  de  lusquiame,  ciguë,  pour- 
pié,  laictues  cuittes  en  laict,  et  soient 
pistées  et  appliquées  dessus. 

Et  qui  voudra  que  ces  remedes  soient 
plus  froids,  il  ne  les  faudra  cuire, 
mais  les  appliquer  tous  cruds. 

Or  subit  que  la  douleur  et  ferueur 

‘  La  phrase  s’arrêtait  là  en  1576;  le  reste 
est  une  addition  de  1579. 


sera  esteinte  et  cessée,  il  faut  désister 
de  tels  remedes,  et  roborer  et  forti¬ 
fier  la  partie  auec  remedes  chauds  et 
résolutifs.  Car  autrement  y  auroit 
danger  qu’elle  ne  fust  rendue  debile 
et  intemperée  :  ou  que  puis  après  elle 
fust  suiette  à  toutes  fluxions*.  Parquoy 
pour  la  fortifier,  il  faut  vser  de  dé¬ 
coctions  faites  d’herbes  résolu liues, 
et  autres  choses  descrites  cy  deuant, 
ou  autres  qui  s’ensuiuent- 

Gummi ammoniacl,  bdellij  ana  §.j. 
Dissoluantur  in  aceto ,  et  passentur  per  se- 

taceum,  addenda  : 

Styracis  liquidæ,  farinæ  fœnugræci  ana 

§.  fi. 

Pulueris  Ireos  § .  iij. 

Olei  camomillæ  S .  ij. 

Pulueris  pyrethri  5.  ij. 

Cum  cera,  fiat  emplastrum  molle. 

Autre. 

Of.  Radicum  enulæ,  ebuli,  altbeæ  ana  tt.  fi . 

Seminis  fini,  fœnugræci  ana  3.  ij. 

Ficuum  pinguium  numéro  xxij. 
Coquantur  complété ,  et  passentur  per  se- 

taceum,  addenda  : 

Pulueris  euphorbij  3.  ij. 

In  olei  camomill.anet.  rutæ,  ana  §  .  iij. 

Medullæ  cerui  § .  iiij. 

Fiat  cataplasma. 

Nous  auons  par  cy  deuant  fait  men¬ 
tion  de  plusieurs  autres  résolutifs, 
desquels  le  chirurgien  se  pourra  ai¬ 
der  selon  qu’il  connoistra  estre  be¬ 
soin  ;  et  se  gardera  de  trop  résoudre 
et  seicher,  de  peur  de  consumer  l’hu¬ 
meur  subtil,  délaissant  le  gros  en¬ 
durci  et  putréfié  dont  se  pourroient 
faire  des  tophes  et  nœuds ,  ainsi  qu’il 
se  peut  faire  aussi  par  l’indeuë  appli¬ 
cation  des  repercussifs. 

*  Annotation  aux  ieunes  Chirurgiens  digne 
d’ estre  obseruée.  —  A.  P. 


DES  GOVTES. 


le  ne  veux  encore  laisser  en  ar¬ 
riéré  que  les  anciens  ont  fort  loüé 
les  bains  faits  d’eau  douce,  en  laquelle 
on  fera  bouillir  herbes  réfrigérantes: 
et  sont  profitables  estans  administrés 
principalement  trois  heures  apées  vn 
leger  past  ;  car  après  la  viande,  le 
bain  a  plus  grand  pouuoir  de  corri¬ 
ger  les  in  températures  bilieuses,  et 
principalement  à  ceux  qui  sont  gresles 
et  de  rare  texture,  par-ce  qu’ils  hu¬ 
mectent  l’habitude  du  corps ,  et  eua- 
cuent  l’humeur  cholérique  par  insen¬ 
sible  transpiration  :  d’autant  que  les 
conduits  sont  ouuerts  et  dilatés  par 
le  bain,  et  les  humeurs  liquéfiés.  Après 
le  bain,  il  faut  oindre  tout  le  corps 
d’eau  et  d’huile  d’oliue,  à  fin  d’hu- 
mecter  et  gaider  que  la  chaleur  na¬ 
turelle  ne  s’exhale  :  et  les  faut  conti¬ 
nuer  iusques  à  ce  que  le  chirurgien 
verra  estre  necessaire.  Aussi  faut  no¬ 
ter  que  les  viandes  de  gros  suc,  comme 
bœuf,  pieds  de  mouton,  ris,  et  leurs 
semblables,  leur  sont  meilleures  que 
les  délicates  (pourueu  que  le  malade 
les  digéré  bien)  pour-ce  qu’ils  incras- 
sent  le  sang  bilieux,  dont  il  n’est  si 
facile  à  defluer  aux  iointures. 


CHAPITRE  XXill. 

nES  AIDES  DE  LA  DOVLEVR  FAITE 

D’INTEMPERATVRE  sans  MATIERE. 

Il  y  a  des  douleurs  aux  iointures 
qui  se  font  d’intemperature  sans  ma¬ 
tière,  ce  qui  n’aduient  pas  souuent  : 
tou  tesfois  ie  l’ay  expérimenté  sur  moy- 
mesme  il  y  a  enuiron  de  dix  à  douze 
ans‘. 

Estant  en  hyuer  en  mon  estude,  vn 


245 

vent  coulis  me  donna  sur  la  hanche 
senestre,  lequel  ie  ne  sentois  alors ,  à 
cause  que  la  vertu  imagina tiue  estoit 
occupée  à  l’estude  :  puis  me  voulant 
leuer,  il  me  fut  impossible  de  me  pou¬ 
uoir  soustenir  debout  ;  et  auois  vn 
sentiment  de  douleur  si  extreme  et 
intolérable,  qu’il  me  seroit  impossible 
la  descrire ,  sans  aucune  apparence 
d’intemperature ,  ny  de  tumeur  au 
sens  de  laveuë.  Lors  force  me  fut  me 
faire  mettre  dedans  le  lit  ;  et  consi¬ 
dérant  que  le  froid  (qui  est  du  tout 
enneray  des  parties  nerueuses  ‘  )  estoit 
cause  de  ma  douleur,  me  fis  appli¬ 
quer  plusieurs  linges  chauds  dessus  : 
et  neantmoins  qu’ils  fussent  fort 
chauds,  ie  ne  sentois  qu'à  peine  la 
chaleur  sur  l’endroit  de  ma  douleur, 
tant  estoit  l’intemperalure  grande  : 
et  és  autres  parties  voisines  ie  la  sen¬ 
tois  si  bien  qu’elle  me  brusloit,  ius¬ 
ques  à  me  faire  leuer  des  vessies.  D’a- 
uantage  ie  fis  appliquer  des  sachets 
remplis  d’auoine  et  de  mil  fricassés 
ensemble,  et  imbus  de  vin  vermeil  : 
pareillement  autres  fois  y  faisois  ap¬ 
pliquer  vessies  de  bœuf,  dans  lesquel¬ 
les  y  auoit  de  la  décoction  d’herbes 
resoliitiues,  et  n’estoient  qu’à  demy 
pleines,  à  fin  qu’elles  adhérassent 
mièux  sur  le  lieu  de  la  douleur.  Autres 
fois  y  faisois  appliquer  vne  escuelle 
de  bois  creuse,  presque  remplie  de 
cendres  chaudes,  et  par  dessus  de  la 
sauge ,  rosmarin  et  rue  vn  peu  pis¬ 
tés  :  puis  ladite  escuelle  estoit  cou- 
uerte  et  enueloppée  d’vn  linge,  sur 
lequel  on  iettoit  eau  do  vie,  de  la¬ 
quelle  sortoit  vne  vapeur  humide  qui 
donnoit  grand  allégement  à  ma  dou¬ 
leur.  Autres  fois  y  faisois  appliquer  la 
mie  d’vn  gros  pain  tout  recentement 
tiré  du  four,  arrousée  d’eau  de  vie  et 


Je  rappelle  que  ce  texte  est  de  1675. 


1  Hippocrates,  ^pli.  18.  liu.  6.  —  A.  P. 


240  LE  LIVRE, 


pnijeïoppée  dans  vne  spruietfp  :  sp,pi- 
l)la})leipept  me  faisp^s  .‘ippliguer  aux 
pieds  des  i)outei}l,es  de  terre  reippîipq 
d’eau  boüillante,  à  flp  gup  l’intepipp- 
r.ature  fust  plus  ampjleuient  corrigée, 
d’autant  que  la  cbateur  de  ce  re/pede 
peut  se  communiquer  aq  cerueau, 
pour  bl  rectitude  des  nerfs.  Cesle 
exitrenie  douleur  pie  dura  en.qiron 
vingt  .quatre  heures,  et  fut  cessée  par 
les  repiedes  susdits  ‘ . 

U  y  a  encore  vne  aptre  espeee 
.d’ïhumeur  es;cre,nientilieux ,  t.^uel 
-paur.estre  de  substance  fort  deÙée  et 
subtile,  ne  se  peut  voir  àl’œsb,  qui 
s’appelle  ,fuUgif((,eMçc ,  ù  .cause  qu’i,!  est 
seniblable  au  npir  qui  s’ engendre .^e 
lafuuiée.d’vnedampe ,  lequel  .estant 
accompagné  de  sérosité  .yirutepte , 
passe  partout  ,  .faisant  ,des  pxtrqpies 
.douleurs  ,  tantpst  à  ype  parlie  ,ddn- 
.tost  a  i’autre,  ne  detnapdapt  qu’à, sor¬ 
tir  :partantduy  faut.ppurir  lapqjçte 

,  en.  queJqpe.5prte.  gpe.  çe,,soit ,  ’  pu  p^r 
application  de  veptopses  atuproets, 
et.scarifiCiatiQps ,  op  par  Yeaicatoires 
.et  capter  e, s. 


ÇHAPITRE  JMY. 

CE  QV’iL  FA  VT  FAIRE,  LA  DOVLEÜR 
CESSÉE  DES  GOVTES. 

La  douleur  estant  appaisée ,  il  faut 
roborer  et  .fortifier  ^çs  ioip,tures.,  pr 
ce  mot  de  rpborer  se  doit  pon  seple- 
pient  entendre  à  vser  des  aslringens 
et  deslccatifs,  mais  au&si  çpntràrier  à 
rindisposilion  délaissée  à  la.  pàrfie. 
Comme  s’il  y  a  quelque  bunieur' su¬ 
perflu  ,  il  faut  résoudre:  et  s’il  y  a 

‘  Cettehistoire  faisait  tout  le  chapitre  en 
1575;  le  paragraphe  suivant  a  été  ajouté  en 
1679. 


guplqtjo  seicheresse,  il  faut  humecter 
Pt  reîasci[|er:  eVau  'contrairé ,  si  les 
jpijj|i|ccs  estoiépl’  lrop  luïn'iqucs  cl 
felttxées  (çopimé  souuen(:  adulent  aux 
potlagrps',  tjesqueis  la  goule  a'  cslé 
faite  de  màtiere  pituileuse),  alors  faut 
vser  de  rem’ëdosuesiccatifs  et  fort  às- 
tringens  :  et  ainsi  dès  autres  ilniétn- 
peratiires ,  comnie  nous  auons  dit  'cy 
dessus. 

Outre  plus  faut  entendre  que  les 
ppd^gref  après  ailpir  perdit  leûr'dôu- 
^epr  (laquelle  commence  tantpst  sdiis 
le  tqlpn,nt  ^uelqûesifois  sous  la  caiiilé 
jdupjipd), neantmoins  Üemèurent  lôiig 
jto’^s  spns  pouuoir  marcTiér  dü*à 
.gr.jrnd  ippine  à  .cause  que  ïés  nerfs  et 
tî|pdpns  qui  spnt  en  grand  nombre 
,ppx  iPieds,  sont  inibiis  et  arroüsés 
,d’vp  jbupieur  'pituiteux  i  et  ^à'r  "ce 
^piOyen  ont  esté  relaxés, 'cTe  sorte  qu^ils 
‘^Opt  demeurés  amollis  comme  vh  par 
filftîujin  môüillè  ,  qui  fait  que  le  pab- 
,iirp  podagre  ne^jent  chemmef,  ët  luy 
semble  gu’il^mjarç'li'e  sur  espinès. 
^IÇt  pour ;ie  faire  cbemïiier,'  il  Mit’hè  - 
ç.essair.pm.ent  consomniei  ' ' l^huineur 
.  cppioipt  jèt,  délaissé'  aux  '  parfies  ner- 
uèuses  :  qui  se  fera  aube'  fomenta¬ 
tions  ,  cafaplasmes’et  emplastfès  às- 
f‘rip§;ç.us..et..d,çsicca.lifs ,  comme  ceux 

qui  s’ensuiuent.  . .  -  . 

Pourra  fpmçnt^ation ,  on  vsera  de 
celle  qui  est  èscritè  cy  ’  dessus ,  au 
chapitre jdcla„robor|i^ipp  des  iointu- 
l'es  vRopp  la  pj'eséruatiôn',, augmen¬ 
tant  la  quantité  de  i’aïiini  et  du  sel, 
,adiou^lapt,du^^p,plp^hre  vif  en  pareille 
.99 i cèsf  em- 
, Plâtre:  .  ‘  ''  ■' 

.,^i.¥“f^^..Çmillastri  contra  rupturam^  .  iiii. 
terébenth,  §.  ij'.”  ’  ’  '  '■ 

Pulu.  rosarnm  rubr.  nucum  cupres.si, 
gallarum  ;  granbrüm  ririyrthl ,  ét  Tolio- 
rum  eiusdem,  thu.  mastic,  caryophyl. 
ana.  g.  j. 


DES  GOVTES. 


Malaxentur  omnia  simul  manibus  inunct'is' 

,  o]eamy,rthinaet.  mastiohino,.ct  fiaL«m- 
plastrum  oxtensum  supra  aJiutamidcbitæ 
magnitudinis  et  latitudinis. 

Et  soit  apposé  sur  les  pieds  tant  des¬ 
sus  que  dessous  :  p«is  faut  auoir  vue 
chausse  de  cuir  de^chien  conroyé ,  la¬ 
quelle  soit  lassée  bien  proprement 
sur  toute  la  iambe.iOF.  cest  'emplas- 
tre  est  fort  ’vtile  ,  d’autant  qu’il  forti¬ 
fie  les  nerfs  et  consume  rhumeür  im¬ 
bu  en  iceux ,  et  empesche  la  fluxion  ; 
et  la.  chausse  de  cuir  de  chien  con- 
serue  la  chaleur  naturelle  :  et  par-ce 
qu’elle  comprime  et.  serre ,  elle  em- 
p, esche  aussi  la  fluxion  de  se  faire  sur 
les  pieds.  .  < 


CHAPn'RE  XXV. 

DES  TOPHES  OV  NOEVDS  QVI  VIENNENT 
AVX  lOINTVRES  DES  GOVTEVX. 

En  aucuns  gouteux  s’engendrent 
des-  nœuds  aux  iointures,  appellés 
des  anciens  topM,  ounodi,  ou  tubero'si- 
tés:  lesquels  sont  faits  par  congestion 
d’vne  pituite  crasse,  visqueuse,  crue 
et  indigeste-,  accompagnée  d’vn  hu¬ 
meur  bilieux,  acre  et  chaud  :  lesquels 
conioints  et  délaissés  en  la  partie 
(pour  l’imbécillité  d’icelle)  ne  peu- 
uent  estre  résout»:  et  aussi  pour  la 
douleur  du  virus  arthritique,  il  se 
faitvne  autre  augmentation  de  cha> 
leur  estrange  et  adulte,-  qui  coA- 
somme  et  résout  la  partie  la  plus 
subtile  de  l’humeur,  et  le  gros  et 
terrestre  demeure  et  s’endurcit  ;et  se 
conuertit  en  matière  gypseuse  et 
pierreuse  ,-  comme  crayc  :  et  par  con¬ 
séquent  sont  engendriS  des  nopuds  et 
pierres ,  ainsi  qii’on  voit  se  faire  eu  j 


54; 

la  vessie.  Pareillement  les  nœuds  sè 
font  quelquesfois  pour  indeuë  appli¬ 
cation  des  medicamens  repercussifs  et 
résolutifs ,  d’autant  que  par  les  reper¬ 
cussifs  les  humeurs  s’espaississent  et 
congèlent,  et  par  les  résolutifs  le  plus 
subtil  se  résout ,  et  le  reslo  se  tourne 
en  pierre.  Parquoy  le  Chirurgien 
qui  sera  appelé  pour  curer  les  de- 
fluxions  ,  se  "doit  bien  garder  de  trop 
longuement  'Vsër  de  remedes'  reper¬ 
cussifs  ,  résolutifs  et  desiccâlifs. 

Les  medicamens' qui  doiueht  amol¬ 
lir  ont  vue  chaleur  modérée  -et- doi- 
uent  médiocrement  humecter,  pour 
liquéfier  d’humeur  conioint  et  atta-^ 
ché  en  la  partie  comme  l’e'au  tiede. 
Aussi  on  pourra  faire'  boüiltir 'des 
herbes  emollientes ,  ou  en  lieu  d’icel¬ 
les  la  décoction  de  trippes ,  pieds  et 
testes  de  veau  ou  de  mouton  i,-ot  au¬ 
tres  semblables:  Et-aprés  auoir  deuë- 
ment  fomenté,  on  vsëta  de  eeihedi- 
cament;  •  <  ‘  '  ‘  ' 

"if.  Axungiæ  humanæ  ,  anseris  et  gallinæ , 
medallæ  ceruinæ  ana-  §  .  ôj.  '  '  ■  ‘ 

Terebentbinæ- Veaetæ  i§,.  jJi 
Aquæ  vUæ  parum.  t 

Ceræ  quantum  sufficit. 

Fiat  vhguentum  molle. 

Après  auoir  quelque  temps  vsé  de 
ce  médicament,  on  vsera  de  ces- 
tuy-oy:  '  . '  . ' 

“îf.  Rad.  altheæ,  lilio.  bryoniæ,  lapathi  aculi 
ana  §.  iiij. 

Coquant.  complété  et  passentur  per  seta- 
ceum  :iadde'i:>‘  ’’  ^  '  '  ' 

Gunt.  ammdn.  bdellij ,  galba,  opopana. 

in  aceto  diss.  ana  §  .  j.  ' 

Medullæ  ceruinæ  ana  §  .  J.  é>  • 
IncorporCntiir  slrnül,  et  appliccMur  parli 
affectæ.  -  ■ 


2^8  LE  VINGT-VN 

Autre,. 

■if.  Olei  lilio.  et  amygda.  dulcium ,  medul. 
n  uris  cerui  ana  §  .  >]■  C>  • 

Mucaginis  seminis  Uni ,  altheæ ,  et  fœ- 
iiugr.  ana  ^  .  j. 

Ceræ  quant,  suff. 

Fiat  ceratuni. 

Autre. 

■if.  Emplast.  de  Vigo  cum  mercurio  et  cerati 
de  œzipo  humida  descriptione  Phila- 
grij.  ana  §.ij. 

Malaxentur  simul  cum  cleo  lilio, 

Fiat  massa. 

Autre. 

■if.  Gum.  ammon.  opopa.  galb.  bdellij,  dis- 
solutorum  in  acelo  ana  §  .  ij- 
Panno  lineo  coilatis  adde  : 

Pulueris  sulphu.  nitri,  sinapi,  pyrethri 
ana  §  •  fi  • 

Styracis  liqufdæ,  axungiæ  hum.  ana  § .  j. 
Resinæpini,  tereb.  Yene.  ana  §.  fi. 

Ceræ  quantum  suff. 

Fiat  ceratum  molle. 

Et  entre  tous  autres  cestuy-cy  est 
fort  approuué  des  anciens ,  pour  rom¬ 
pre  le  cuir  et  faire  fondre  les  nodosi¬ 
tés  putréfiées  ‘ ,  et  nommément  de 
Gai.  liu.  10.  des  simples  7.  et  d’Aui- 
cennefen.  22.  liu.  3.  traité  2.  chap.  21. 

■if.  Pedes  porcello.  bene  salsos  num.  iij. 

Et  vcterem  petnam  cum  illis  coque,  ad- 
dendo  sub  finem  : 

Bad.  alth.  bryon.  lapalh.  acuti  ana  5  .  iij. 
Axung.taur.etmedullæceruinæana  §  .j. 
Et  cum  caseo  putrefacto,  fiat  emplast.  satis 
molle  ad  vsuni. 

Autre  bien  excellent^. 

if.  Casei  acris  et  putrefacti  §  .  iiij. 

Pul.  sulpli.  viui ,  euphorbij  et  pyrethr. 
ana  5  .iij. 

'  La  phrase  finissait  ici  en  1575;  les  deux 
citations  suivantes  sont  de  1579. 

3  Celle  formule  a  été  également  ajoutée 


lilÆE  LIVRE  , 

Communis  veteris  pernæ  et  pedum  por¬ 
cello.  salilorum  quod  suff. 

Ad  incorporandum  ducantur  in  mortario , 
et  fiat  empla.  ad  vgum. 

Autre. 

■if.  Spumæ  nitri  5  •  ^3- 
Terebcnt.  § .  ij. 

Olei  veleris  §.  vüj. 

Lixiuij  quo  lanæ  pileorum  lauantur,  et 
ceræ  quantum  sulficit. 

Fiat  ceratum  salis  molle, 

Et  après  l’vsage  des  remollitifs,  on 
feravneeuaporation  auecla  pierre  py¬ 
rite,  ou  de  moulin,  ou  d’vne  bricque 
bien  chaude ,  et  sur  icelle  sera,  ietté 
de  bon  vinaigre  et  eau  de  vie  ;  car 
telle  vapeur  dissoult,  subtilie,  incise 
et  rompt  la  matière  grumeuse ,  gyp- 
seuse  et  endurcie,  et  fait  souuent  ou- 
uerture  au  cuir.  Et  ne  se  faut  esmer- 
ueiller  si  tels  remedes  rompent  le 
cuir,  attendu  que  le  plus  souuent  en 
tel  cas  la  peau  s’ouure  d’elle  mesme 
sans  nulle  incision  :  et  pour  le  dire  en 
vn  mot,  les  remedes  qui  sont  propres 
à  curer  les  scirrhes ,  sont  bons  pour 
amollir  les  nodus.  Mais  il  faut  en¬ 
tendre  que  lors  qu’il  y  a  matière 
coniointe  et  ja  conuertie  en  pierre 
par  vne  autre  fluxion ,  quelquesfois 
se  suppure  ,  et  est  necessaire  de  faire 
ouuerture  pour  vacuer  l’humeur  su¬ 
perflu  contenu  en  la  partie,  lequel  hu¬ 
meur  est  laicteux  ;  puis  la  substance 
gypseuse  qui  fait  les  nodosités,  fort 
dure  comme  piastre  :  et  après  estro 
sortie ,  il  faut  curer  l’vlcere  et  mettre 

en  1579,  et  outre  le  titre  fastueux  que  l’au¬ 
teur  lui  donnait  alors,  il  a  appelé  de  nou¬ 
veau  l’attention  sur  son  efficacité  par  celte 
note  marginale  en  1585  : 

Excellent  médicament  sur  tous  pour  les  no¬ 
dosités,  auquel  entre  vieil  iambon  et  vieil  fro- 
mage. 


ftÉS  GOVTES. 


Templastre  de  gratta  dei,  et  autres 
que  le  Chirurgien  verra  eslre  neces¬ 
saires. 


GRÂPltRE  XXVÎ. 

Les  véntosités  qvi  le  plvs  sovvent 

SONT  TROVVÉES  AVEC  LES  GOVTES  , 

ET  DE  LEVES  REMEDES. 

Parmy  les  humeurs  accompagnés 
du  virus  qui  fait  la  goûte ,  souuentes- 
fois  est  trouuée  grande  quantité  de 
ventosités,  principalement  és  gran¬ 
des  iointures ,  comme  à  la  hanche  et 
aux  genoüils ,  qui  l'ont  qtielquesfois 
sortir  les  os  de  leur  propre  lieu.  Et 
sont  conneus  estre  en  la  partie ,  en  ce 
qué  le  malade  sent  grande  douleur 
tensiue ,  sans  pesanteur  :  et  lors  qu’on 
presse  dessus  du  doigt  ,il  n’y  demeure 
pointde  cauité,  comme  auxœdemes: 
mais  l’esprit  flatueux  repousse  et  se 
releue  en  haut ,  comme  qui  presseroit 
vnc  balle  remplie  de  vent  :  ioint  aussi 
que  la  partie  ne  peut  faire  son  action, 
à  cause  que  les  vents  remplissent  les 
espaces  vuides  et  empeschent  le  mou¬ 
vement  de  se  pouuoir  faire.  Or  au¬ 
cuns  ieunes  Chirurgiens  mettans  leurs 
doigts  dessus,  en  esleuant  l’vn  et 
pressant  l’autre,  sentent  la  ventosité 
s’esleuer  entre  leurs  doigts ,  comme 
vne  inondation  de  pus  ja  fait  en  vne 
aposteme ,  et  y  ayant  fait  ouuerture , 
icelle  faite  n’ont  apperceu  sortir  au¬ 
cune  matière  :  et  partant  ont  esté  de- 
ceus ,  et  causes  de  grands  accidens , 
comme  augmentation  de  douleur  et 
fluxion  d’humeurs,  qui  ont  fait  des- 
boëtter  les  os  hors  de  leurs  iointures, 
et  les  malades  sont  demeurés  ù  iamais 
claudicans.  El  pour  ces  causes,  ie 
conseille  aux  gouleux,  en  tel  cas, 


249 

d’appeller  pour  leur  aide  des  Chirur¬ 
giens  expérimentés. 

On  voit  peu  souuent  telles  ventosi¬ 
tés  sans  qu’elles  soient  accompagnées 
de  quelque  humeur  pituiteux, lequel 
ti’est  téop  crli  ny  visqueüx.  D’auan- 
tage  ces  ventosités  demeurent  lon¬ 
guement  sans  pouuoir  eslre  résolues, 
à  cause  de  l’inlemperature  froide 
que  fait  la  matière  venteuse ,  et  des 
membranes  et  ligamens  qui  lient  les 
iointures ,  lesquelles  sont  denses  et 
dures,  et  par  conséquent  leurs  pores 
sont  serrés,  de  façon  qu’à  grande  dif¬ 
ficulté  les  matières  ne  se  peuuent 
euaporer  ny  sortir  hors. 

Or  pour  la  curation ,  il  conuient 
pour  consumer  les  ventosités  vser  de 
fomentations  resolutiues ,  carminali- 
ues,  disculiuesetdessiccatiues  :  aus- 
quelles  auront  bouilli  fenouil ,  anis , 
rue,  camomille,  melilot ,  sauge,  ros- 
marin,  origan,  calaraenthe,  mar- 
rubium ,  et  leurs  semblables ,  cuit  tes 
auec  vin  et  lexiue,  et  \n  peu  de  vi¬ 
naigre,  rosat  et  du  sel  commun.  Et 
après  la  fomentation  on  appliquera 
ce  Uniment  qui  s’ensuit  ; 

Ijf.  Olei  camomillæ,  anethi ,  rutæ ,  laurini, 
ana  §  •  ij- 

Et  cum  cera  alba  fiat  linlmentum ,  addendo 
aquÆ  vitæ  parum. 

B’auantage,  après  ce  Uniment  on 
appliquera  ce  cataplasme  : 

IFloriim  camomillæ,  meliloti,  anethi,  ro- 
sarum  rubrarum  pulueris.  ana  m.  j. 
IFoliorum  maluarum  et  absinthij  ana 
m.  ft. 

Furfurism.j. 

1!  .nlüantomnia  cum  lixiuio  et  vino  rubro  : 
;ileinde  pistentur  cum  meduUa  panis  e 
farina  fabarum  quantum  suflicit  :  fiat 
’calaplasma,  üddendo  olei  rosati  et  myr- 
.tiiii  ana  5  .  ij. 


LE  VINGT- VNIÉME  LIVRE, 


2  00 

Aucuns  ont  loüé  pour  telle  disposi-  ’ 
tion  ce  reinede  pour  tarir  la  ventq- 
site: . 

AXung.  suillæ  ^ .  iiij. 

Calcis  viuæ  § .  j.  fi . 

Ces  choses  soient  battues  en  vn 
mQrticr ,  et  appliquées  dessus. 

Autre.  ‘ 

7f.  Stercoris  caprini  cocti  cum  vino  et  aceto 

ana  Ib .  fi . 

Terebénthlnæ  Venétæ,  et  Ihelliscomïrtu- 

nis  ana  §  .  ij. 

Aqiiæ  vitæ  §.  fi. 

Pulueris  rad.  ireos  Florentiæ,  sabinæ  ana 

,  ,  , 

Olei  rutæ  et  'ahetbi  aha  f  .  j.  '  '  '  ''  "  ' 

Faririæ  fabarum  quantum  suflicit. 

Fiat  çataplasmâ  ad  forriïam  pultjs. 

'  'il  faut  'appliquer  des  Compresses 
trempées  (  et  espreintes  )  en  oxycrat , 
auquei  on  aura  fait  bouillir  absinthe, 
origan  ,  câmomhle,  melilot,  nie,  sel 
côiumun ,  y  àdioûstànt  eau  dé  vie  : 
et  sera  la  parlïé  liée  et  serréè  le  plus 
qu'l!  sera  jiossiblé  ^  d't  qUé’le  malade 
lé  poiirra  'éhdurèr.  Ëtsùr  là  fin  pour 
roborer  la  partie,  on  appliquérâ'des- 
sus  de  la  lexiue  faite  de  cendre  de 
cWésne  ét’ dé  sarment  :'  én’ 'laquelle  bn 
aura  fait  boüillir  sel,  soülphre ,  alum 
dé  roche  en  séCrépt  et  liant  la  par¬ 
tie  ,  comme  dessus,’  aiiëc'  compresses 
trempées  en  icelle  lexiue.  Or  s’il  y 
auoit  grande  douleur,  alors  fàudroit 
laisser  la  propre  cure  pour  surueuir 
,  aux  apcidens ,  en  frottant  la  partie 
de  quelque  huile  carminatiue ,  auéc 
laine  à  tout  le  suif,  et  autres  remedes 
qu’on  verra  estre  necessaires. 


CHAPITRE  XXVII. 


.  RE  LA  SCIATIQVE. 

Maintenant  il  nous  reste  à  traiter 
de  la  goule  ;Sciatique,^  laquelle  sur 
toutes  (comme  i’ay  dit  au  prognoslic) 
enipqrte  le  prix  pour  estre  la  plus 
douloureuse:  et  cause  grands  et  ex¬ 
trêmes  accidens,  à  raison  delà  loin- 
ture  qui  est  plus  profonde  que  les  au¬ 
tres  ,  et  que  le  plus  smiuent  l’humeur 
è's'tânl'  en  grân'dé  abondance  et  pitui¬ 
teux , ‘froid  ,  gros  et  visqueux  ,  diffi¬ 
cilement  le  peut-on  faire  debu^^uer 
de  la  partie.  Et  Vient  le  plus  squuent 
après  vhe  longue  maladie  ,  d’vn  hu- 
nieùr  malin,  léqùerdeliurant  lés  par¬ 
ties  d’où  il  est  venu  ,  cause  vne  ex¬ 
trême  douleur, *  non  seulement  b  la 
iointure  dè  la  hanche ,  niais  encore 
plus  profondément  dédans  les  muscles 
de'  là  ' fesse ,  aux  aisnès ,  genoux ,  et 
iüsqüés  à  Eéxlfërriifé  dés  orteils  ,  et 
quelquésfbis  aux  verlébres  des  lom¬ 
bes,  qui  donné  grand  tourment  au 
malade':  lequel'  pensé  (et  aussi  les 
Medeciiis  et  Chirurgiens)  éstre  vne 
colique  venteuse  oü  pierreuse,  ce  que 
n’ëst  pas.  Mais  la  cause  pourquoy 
‘extremés'douleursV,  est  à 
raison  des  nerfs  qui  viénneni  dés  ver¬ 
tèbres  des  lombes  ,  et  de  ceux  de  l'os 
sàcf lini ,' qui  dèsc'ehdë'nt  èt  sé'disse- 
minënt  aux  mUscles  dè  la  cuisse  pt  dé 
laiambeViusgues  à  l’extrémité  des 
orteils  :  ce  qdë  i’ay  amplémént  mqns- 
tré  ëri  l’anatomie.  .  >  . 

.  Le  plus  ;  soduent'  od  u’y  'adpérço'it 
aucuhe  tumeur  ny  rougeur,  ny  autre 
mteniperaturë  dla  veué  :  par-eequ’au 
cuir  de  ceste  partie  y  a  peu  de  veines 
superricielïes ,  et;  *qde  l’humeuV  ÿ  est 
fiché  fort  profondément’,,  et  pe  se 


DES  GOVTES. 


25i 


monstre  à  la  superficie.  Aussi  au  côn- 
ffaifev  iiMiS'  'voÿnns  quelquesf'ois 
'raison  dé  l’extreme  douleur  ^  il 
sé'fài't  '' si' 'grand'  amas  d’humeurs  et 
téiïtOsilési  quMls  emplissent  la  cauité 
dé  la  béëtle  ,  et  relaxent' si  fort  le  li- 
gamént  intérieur  fet  les  extérieurs, 
tiulîs  'chassent  l’os  du  tout  hors  de  sa 
C'àulté:  Et'  s’il  y  demeure  long'  temps , 
il  hé  faut  esperer- quMl  puisse  estre 
iàih'ais  teduiti,'  et  qu’il  Se  tienne  en  sa 
pldcé  ,  '  &’  éUuse  *  que^d’humeur  a  oe- 
éUpé  le  lieu  et  oauité  de- 1-a  teste  de 
rosfemorisj'et  aussi  que  . les- bords  de 
1^''boëtte  ‘(qai  Sont  cartilagineux)  ^se 
feôht  ëstressis',  et  les  ligamehs  relaxés 
ët  aîlôn^ës': 'dont  s’onsuîuent  plu- 
)sîehrS  '‘àccidens-  pôrnieieuM'^  comme 
éldüdication'  perpétuelle  ',-amaigrfese- 
'méhtdetoute’laîcûisséetdela-iambe; 
pàr-'éêqüe  l’ôs'ïi’ësteh  son lieunatu- 
Vel,  jprèSsé  les  muscles  ,  >  veines  y  - ar¬ 
tères  'et '"nerfs  y  et"  y  manque  -  le 
Dtôhuè'meîit  :  âu  moyen  de' quoy  les 
‘èsiifitsèStahs alhsi'comippimfe' et  ar- 
‘i-éstës hë'peüu’eht  ' rëlurrë'  aux  par- 
Hie^ihfëi-ietireSV  et  par! '«onsequent  se 
tabeflentet  deuiennettleneftiaeialion, 
’c’ést'  à  ' dife' ■  'bWaî'gi-iSsemeæi t-;  n non 
sëtileméhl'de  tOUlé  ia  cufesë'et  de  la 
îdiiiBë'/ Aiüife'iihyiquesfois'  aussi  de 
tëtft'le  b'ôtÎDsyauéf.  vhe-  fiéurè  hëc- 
tique ,  qui  meine  le  mal'ade  à*  la  mort. 
Parquoy  faut  que  les  Médecins  et 
Chirurgiens  qui  'setOnt''appellés  m 
lélie  disposition  ,'àÿëht  grand 'esgard 
à  ne  laisser  aduéhir  tels' aecidens,  et 
qu’ils  Ysent  de  remedes  forts  et  vi¬ 
goureux,  loirs  qu’il  eu  Serà  besoin, 
comme  nous  dirons  cy  après’ 


CHAPITRE  XXVlir. 

CVRE  DE  LA  SCIATIQVE. 

En  la  goûte  sciatique ,  combien 
que  communément  elle  soit  faite  de 
pituite  crasse,  toutcsfois  si- le  corps 
du  malade  abonde-en  sang ,  et  qu’il 
soit  fort  et  de  température  sanguine, 
il  faut  faire  la  saignée  ;  car  par  icelle 
il  se  fait  égalé  vacuation  des'  hu¬ 
meurs  :  et  partant  la  fluxion  ne  sera 
si  prompte  à  courir  sur  la  partie. 

le  vous  puis  asseurer  que  n’ay 
iamais  trouué  plus  présent  remede  à 
seder  la  douleur  causée  d’inOamma- 
tion  phlegmoneuse  que  la  saignée , 
premièrement  faite  de  la  veine  basi¬ 
lique  au  bras  qui  esbdu  costéi3aa]a<ie, 
comme  i’aydit  oy  deuant /(ài:ftn  de 
faire  reuuision  )  :  et!aprés(  pour  des- 
cbarger  et  vacuer  la  matiero  con- 
iointe  )  de  saigner  la  veine  sciatique , 
qui  est  sur  la  malléole  extérieure  du 
pied  ,  sçauoir  est  ,'  siTa  douleur  oc- 
,cupe  plus  ceste  partie  ;'<et.siolle  est 
plus  grande  au  dedans ,  faut  ouurir 
la  veine  saphene ,  qui  est  sur  la  mal¬ 
léole  interne  :  et  faut  tirer  du  sang 
*  selon  qu’on  ^  verra  ostre  necessaire.  . Et 
à  ce  faicei  ie  conseille  ,au  ieuqe.  Chi¬ 
rurgien!  qu’il  appelle  ,1e:  Médecin,,  à 
fm  qu'il  soit  présent  lors  qu’pn  h'rera 
“le  .sang  ;;eti  où  la  cas  aduiçndrpit.qù’il 
'n©‘s’y  peust.trouuerY!  et, qu’il  o^jdom- 
nast  Cirer  trois.palleUes  ,  ,,plns;,,eu 
'•moinst  de  sang' des yeines  sciaUque,et 
saphene ,  âlipour-roit  faillir  à  la.quan- 
tilédu  sang  :  à  cause  que  pour  saigner 
telles  veines  .aux  pieds,  .il  les  faut 
niellre  en  eam chaude.,  et  le  sang  se 
mcslant  en  l’eau  on  ne.'  peut, bien 
übseruer  la 'quantité  :  si  ce  n’est  qu’en 
laisant  mettre  le  pied  du  patient  de- 


LE  V  IKGT-VNIEME  LIVRE, 


dans  le  vaisseau  auquel  sera  l'eau  ,  il 
fera  vue  marque  à  la  hauteur  de 
l’eau,  puis  il  adioustera  deux  ou  Irois 
palleltes  d’autre  eau  ,  plus  ou  moins , 
selon  qu’aura  ordonné  le  médecin, 
et  fera  de  rechef  vne  autre  marque 
audit  vaisseau  :  puis  retirera  la  qu  m- 
tilé  de  l’eau  proportionnée  du  sang- 
qu’il  faudra  tirer,  et  ainsi  il  ne  pourra 
faillir  à  tirer  plus  ou  moins  la  quan¬ 
tité  du  sang  qu’aura  ordonné  le  Mé¬ 
decin 

Pareillement  les  clysteres  forts  et 
aigus  sont  vtiles ,  pourueu  qu’il  n’y 
ait  rien  qui  les  empeschast ,  comme 
seroient  vlceres  aux  intestins  et  he- 
morrhQïdes, 

Exemple  d’vn  clysiere. 

"if  Rad.  acori  § .  ij. 

Centaurij,  rulæ,  saluiæ,  rorismarini,  ca- 
lamenthi,  origani,  pulegij,  ana  m.  fi. 

Stœchados  Arabicæ,  florum  chamæmeli, 
meliloti,  anethi  ana  p.  j. 

Seminis  anisi,  fœniculi  ana  § .  fi . 
Fiatdecoctlo  ad  ïb.j.  in  colatura  dissolue  : 

Hieræ,  diaphœnici  ana  §  .  fi. 

Mellis anthosati,  et sacchari  rubri  an.  §  .  j . 

Olei  liliorum  §  .  iij. 

Fiat  clyster. 

Lequel  il  faudra  accommoder  au 
tempérament,  aage,  et  au  temps,  se¬ 
lon  la  prudence  du  Médecin. 

Aussi  les  purgations  vigoureuses  , 
comme  les  pilules  d’hermodactes ,  fé¬ 
tides  ,  arthritiques ,  assajeret  pour  les 
pituiteux ,  et  autres  cy  dessus  men¬ 
tionnées.  L’elecluaire  de  diacartami 
purge  l’humeur  cholérique  et  pitui- 

1  Subtile  obseriiaiion  de  l’Auiheur,  — A.  P. 

Nous  avons  trouvé  plus  haut ,  dans  ce 
même  livre,  la  manière  d’établir  les  cautè¬ 
res  ;  voici  maintenant  un  procédé  fort  ingé¬ 
nieux  pour  la  saignée  du  pied,  qui  est  resté 
dans  l’oubli ,  sans  doute  parce  que  personne 
n’était  tenté  de  l’aller  chercher  là. 


teux.  Les  vomissemens  frequens^^ 
(  si  le  malade  le  peut  faire  commo¬ 
dément)  font  euacuation  non  seule¬ 
ment  des  humeurs,  mais  aussi  reuul- 
sion  d’iceux ,  comme  nous  auons  dit 
par  cy  deuant.  Les  bains  et  sueurs 
sont  semblablement  bons.  Aussi  la 
décoction  de  gaiac  ou  de  salseparille, 
et  en  vser  tant  et  si  peu  qu’on  verra 
estre  necessaire.  Et  si  on  connoist 
qu’il  y  ait  chaleur,  on  frottera  la  par¬ 
tie  û'oxyrhodinum ,  qui  est  mixtion 
d’huile  rosatet  de  vinaigre,  principa¬ 
lement  quand  la  douleur  est  profonde. 
Car  le  vinaigre,  à  cause  de  sa  tenuité 
pénétrant  iusques  au  profond ,  fait 
voye  à  l’huile .  laquelle  de  son  natu¬ 
rel  appaise  les  douleurs.  Aussi  on 
pourra  vser  d’autres  repercussifs  ,  si 
on  connoist  estre  besoin  :  et  après  on 
appliquera  remedes  qui  attirent  et 
resoluent,  lesquels  ne  seront  nulle¬ 
ment  appliqués  que  premièrement 
on  n’ait  fait  vacuation  vniuerselle,  de 
peur  qu’on  n’attirast  trop  d’humeur 
à  la  partie  ,  et  qu’il  ne  fust  rendu  vis¬ 
queux  et  espais. 

Donc  après  les  choses  vniuerselles , 
pour  attirer  l’humeur  du  profond  à 
la  superficie ,  on  vsera  de  l’emplastre 
fait  de  poix  et  d’euphorbe  et  de  soul- 
phre  ,  fait  ainsi  ‘  : 

Of.  Picis  naualis  tt.  j. 

Sulphuris  viui  sublilitcr  puluerisati  §  .  ij 
Euphorbij  puluerisati  5.  ij. 

Lardi  5  .  fi . 

Fiatemplastrumsecundum  artem,  etexten- 
datur  super  alutam. 

1  Dans  l’édition  de  1575,  on  lisait  :  de 
f  emplasire  de  poix  et  de  souphre  cy  dessus  men¬ 
tionné,  ou  VH  emplustre  d’ammoniac ,  etc. _ 

En  1579,  il  s’aperçut  sans  doute  qu’il  n’avait 
point  donné  la  formule  de  cet  emplâtre,  et 
il  corrigea  r  de  l’emplastre  fait  de  poix  et  de 
souphre  {desquelles  choses  il  faut  vser  auec 


Des  govtes. 


Dont  il  faut  vser  auec  prudence, 
de  peur  qu’il  n’y  suruienne  inflam- 
malion.  Ou  vn  emplastre  d’ammo¬ 
niac,  euphorbe  ,  terebenllune,  pro¬ 
polis,  galbanum,  bdellium,  opopauax, 
et  semblablement  d’huile  de  sauge , 
rosmarin,  de  pyrethre  et  autres 
semblables,  extraite  par  quinte-es¬ 
sence  :  lesquelles  sont  bien  plus  à 
loüer  que  les  autres,  d’autant  que 
d’icelles  les  vertus  sont  plus  pures,  et 
leur  action  plus  prompte  sans  com¬ 
paraison  que  celles  qui  ne  sont  tirées 
par  quinte-essence,  par-ce  que  elles 
sont  de  ténue  et  subtile  substance, 
et  pénétrent  fort  profondément,  et 
resoluent  et  roborent  les  parties  ner- 
ueuses. 

Semblablement  onfera  desfomenta¬ 
tions  d’herbes  discutientes  et  résolu  - 
liues,  comme  racines  et  fueilles  d’hie- 
bles ,  ireos ,  graine  de  laurier,  ge- 
néure,  semence  de  fœnugrec,  anis, 
fenoüil,  sauge,  rosmarin,  camomille, 
melilot,  fueilles  de  sureau,  et  leurs 
semblables  :  et  les  faut  faire  cuire  en 
vin  et  en  huile ,  et  de  ce  soit  faite  fo¬ 
mentation. 

Aussi  ceste  emplastre  est  fort  loüée 
des  anciens  pour  résoudre  et  seder 
la  douleur,  auec  ce  qu’elle  attire  les 
espines  et  os  pourris». 

"if.  Seminis  vrticæ  mundatæ,  spumæ  bora- 
cis ,  salis  ammoniaci ,  radicis  aristolo- 
chiæ  rotundæ ,  colocynthidos,  terebent. 
Yenelæ  ana.  3  X. 

Fœnugr.  piperis  longi,  xylobalsatni,  thu- 
ris,  myrrhæ,  adipis  caprilli,  gummi 
pini  ana  3.  v. 

Ceræ  a. fi. 

Lactis  ficus  siluestris  3.  üj.  fi. 

prudence  de  peur  qu’il  n’y  suruienne  inflam- 
malion)  ;  et  enfin  il  en  donna  la  formule  en 
1685. 

»  Auicenne  loué  cest  emplastre.  —  A.  P. 


a53 

Il  faut  liquéfier  les  choses  seiches 
auec  quantité  suffisante  d’huile  de  lis 
et  bon  vin ,  et  le  tout  incorporé  en¬ 
semble,  soit  fait  emplastre,  et  en  soit 
appliqué  dessus  l’os  ischion. 

Autre. 

If.  Sinapi  aceto  acerrimo  dissoluti  §.  ij. 
Fermenti  acris  §  .  fi . 

Pulueris  hermodactylorum  3.  ij. 

Mellis  communis  §.iij. 

Terebenlhinæ  §.iiij. 

Olei  laur.  et  de  spica  ana  § .  ij. 

Farinæ  fœnugræc.  §.j.  fi. 

Terræ formicarum  cum  ouis  ft.  j. 
Foliorum  lauri ,  saluiæ,  rutæ,  rorisma- 
rini  ana  m.  fi. 

Vermium  terrestrium  præparatorum 

a.  fi. 

La  terre  de  fourmis ,  et  leurs  œufs, 
et  les  vers ,  cuiront  à  part ,  auec  les 
herbes  hachées  auec  vin  blanc  ,  puis 
coulées,  et  en  icelle  coulature  on  ad- 
ioustera  les  autres  choses  selon  l’art  : 
et  de  ce  soit  appliqué  sur  l’os  ischion, 
comme  dessus. 

Autre. 

7f.  Radicis  enulæ  campanæ,  sigilli  Salomo- 
nis,  bryoniæ,  bismaluæ  ana  §.  ij. 
Coquantur  complété  et  pistentur,  et  passen- 
tur  per  setaceum,  addendo  : 

Farinæ  fœnugræci  et  bordei  ana  §  .  j. 
Olei  liliorum  et  camomillæ  ana  § .  iij. 
ïerebenth.  §  .iiij. 

Ceræ  quantum  sufficit. 

Fiat  cataplasma. 

Il  résout  et  appaise  la  douleur ,  et 
attire  la  matière  du  profond  à  la  su¬ 
perficie. 

A  ut  re. 

If.  Radicis  sigilli  beatæ  Mariæ  §  .  vj- 
Emplastri  diachylonis  albi  §  •  üij- 
Croci  dissoluti  in  aqua  \itæ.3.  ij. 


LE  VINGT- VNIÉME  LIVRE 


254 

Tcrcbenlinnæ 
dlci  de  spica  nardi  quantum  sufficit. 

Fiat  cmplaslrum',  ap'plicctur  super  akitam 
calide. 

Fay  appliqué  plusieurs  fois  de  la  ; 
seule  ra.çine  (je  pcqlçç JiTarjœ 

en  rouelles  sur  toute  la  hanche ,  qui 
a  sedé  tost  la  douleur  causée  de  ma¬ 
tière  froide. 

Jlulre.  \ 

If.  Ceræ  citrinæ  et  térebenthinæ  abietis  ana  ' 

. . .  .„o,  .. 

Fup,^n^tur  jSimulj^in  vase  duplici  :  et  vbi 
refrixerint,  adde  : 

Euiuçris,  henjxQdactylpjçum.  . 

Florum  camomillæ,  iridis  Florentiæ  ana 
3.  iij. 

.Spicæ, nardi,, florum  thymi  ana  3.Jj. 
Intexioris  çijgmamomi  electi  et  seminis 
,  nasturtij|ana  3.  ij. 

Cro>:i3.  üij.,  ^ 

Malaxentur  §imul  mapjbijs  axungia,,porci 
yptprq.pon  salita  vnctis,  et  fiat  massa 
emplastri. 

Et  si  par  ces  remedes  on  ne  peut 
seder  la  douleur,  alors  faut  venir  aux 
“prus  forts ,  comme  tippliiquér  dés^iis 
grandes  vèhtbiises  auéc/grahde  flam-  | 
me  pour  attirer  l’hümeûr  du'profohd 
à  la  supérticie  :‘pViis  dppÜq'uër  vési¬ 
catoires  ,  à  fin  'que  Ton  fasse  vacua- 
tioh  manifeste  de  rhumeur  contenue 
à  la  partie. 

Exemple  d’vn  vésicatoire. 

7f,  Cantharidum,  quibus  detractæ  sunt  alæ 

.■S.’ijv,. 

Staphidis  àgriæ  5.  iij. 

Sinapi  3.  j.  fi. 

Fermenti  acerrimi  §• 

Ces  choses  soient  incorporées  en- 
semilë,  et  sbif  fait  vesicâtoiré. 

'"Autre. 

Prenez  l’interieur  de  l’escorce  de  viorne , 


le  poids  de  dcux.escüs,  et  appliquez  aù 
dessous  de  la  douleur. 

Les  vlcëres  faites  par  les  vessies  se¬ 
ront  tenues  longuement  ouuertes,  à 
fin  de  vacuer  et  tirer  l’humeur  con- 
ioint  en  la  partie.  Si  la  cuisse  tombe 
eh  atrophie ,  on  y  procedërà  en  la 
maniéré  4i*’auons  déclaré  ,  traitant 
des  accîdehs  des  fractures  et  luxa¬ 
tions. 

Et  si  pour  tous  ces  repiedes  lepau- 
ure  gouteux  ne  trouue  allégement  de 
son  mal,  il  faut  venir  <à  l’extreme  re- 
medës'par  le  cdmmandement  d’Hip- 
’pocràtes‘,  hui  dit,'que cëiix  qui  sont 
affligés  de  douleur  diüturrie  éh  l’is¬ 
chion,  la  cuisse  se  luxe,  et  deuiërihënt 
tabideS,  et  clochent  à 'perpétuité ,  si 
on  ne  lës  cautérisé.  Aussi  Celse^  cciih- 
mahde  '4u’6n  vlcere  la  peau  aux 
vieilles  douleurs  sciatiques  en  trois 
ou  quatre  lieux,  auec  cautères:  car 
toutes  telles  doüleürs,,  quand  elles 
sdnt  enuieillies',  à  grànde’peine  peü- 
üent  estre'güariés  sans  bruSleiires  ;  et 
on  a  veu  plusieurs  qui  ont  recouüert 
santé  après  l’application  de  c'aüleres. 
Parijuoy  'pour  sëdër  l’exlrerne  dou¬ 
leur,  et  prohiber  les  accidens  prédits, 
on  appliquera  trois  ou  quatre  caute- 
.res  actuels  ou  potentiels .  autour  de 
la  ioînture  de  l’ischion ,  les  faisans 
’profohder  eh’la  chair  l’eSpaisseur  d’vn 
doigt,  (plus  ou  moins,  selon  que  le 
màlâde’sera  "gras  bu’ ni  aigre  )  se  don- 
nantjgarde  de  toucher  lës  nerfs.  Et 
pour  bien  fairë, le  ciîirul-gîen  doit  te¬ 
nir  les  viceres  Ion gùémehjt  ouuertes, 
à  fin  de  donner  issuq  à  la^  matière 
coniointe  qui  a  esté  de  long  tems  re¬ 
tenue  en  la  partie  affectée,  qui  se  fera 
par  le  moyen  de  petites  bo.ulettes 
d’or  ou  d’argent,  gentiane,  ou  de  cire 

1  Hippocrates,  Jtpfi.' 60.'  fiu.'O.  —'A.'  P. 

*  Celse  liu,  4,  —  A.  P. 


DES  GOVTES. 


fondue  auec  poudre  de  vitriol  ou  de 
mercure,  ou  d’autre  matière  cathe- 
relique^. 

Or  le?  paqtqres  profitent  pareill,e- 
ment  à  cause  qu’eschaulîans  la  par¬ 
tie  ,  aussi  ils  eschauffent  et  dissoluent 
les  humeurs  froids,  et  subtilient  les 
gros  et  visqueux ,  et  les  attirent  de¬ 
hors  pour  estre  euacués  par  les  excre- 
mens  que  iettent  les  vlceres  ;  et  ^lussi 
que  les  ligamens  se  resserrent  par  les 
cicatrices,  et  la  partie  affectée  de¬ 
meure  puis  après  fortifiée  K 

Annotation  au  ieune  chirurgien  : 
c’est  qu’il  faut  faire  fléchir  et  es- 
tendre  la  cuisse  malade  de  celuy 
qui  aura  vne  sciatique,  de  quelque 
cause  que  ce  soit,  de  peur  que  le  liga¬ 
ment  cartilagineux,  qui  lie  les  os  en¬ 
semble  ne  s’enfle  au  dedans  de  la  ioin- 
tqre,  et  que  les  os  ne,  se  conioignent 
ensemble,  et  se  face  vn  anchilosis. 


CHAPITRE  XXIX. 

DE  LA  GOYTE  GRAMPE. 

La  goûte  grampe  est  vne  espece  de 
conuulsion,  faite  d’vne  matière  flatu- 
lente,  par  le  moyen  de  laquelle  sou- 
uentesf'ois  le  col , ,  ks  bras  et  iarn- 
bes  sont  par  vne  grande  force  re- 

1  Yoyez  pour  ces  boulettes  la  note  de  la 
page  227. .  ..  ,  .  ,  ,  ^ 

..  .  chapitre  se  terminait  là  en  lô75|et 
en  1579:  V annoiation  qüi  suit  est  une  addi¬ 
tion  de  1585. 


205 

tirées ,  ou  estendues ,  causant  vne 
extreme  douleur ,  non  toutest'ois  de 
longue  durée. 

La  cause  d’vn  tel  mal  est  vne  va¬ 
peur  crasse  et  lente,  qui  est  entre  les 
membranes  dés  muscles  :  qui  vient 
plpstost  de  nuit  que  de  iour,  à  raison 
que  la  chaleur  naturelle  et  esprits  se 
retirent  au  centre  du  corps ,  qui  fait 
que  la  matière, flatulence  s’esleue  et 
fait  tension  aux  parties,  où  s’introduit 
la  goûte  grampe.  Aussi  quelquesfois 
vient  à  ceux  qui  nagent  en  eau  froide, 
qui  les  fait  noyer,  pour  l’impotence 
qu’ils  ont ,  ne  pouuans  nager ,  de- 
meurans  immobiles, parce  que  par  la 
frigidité  de  l’eau  le  cuir  est  espaissi 
et  retrait ,  et  les  pores  clos ,  de  sorte 
qu’il  ne  se  peut  faire  euâporation  de 
ladite  matière  flatulente mais  au 
contraire  elle  s’augmente  'par  Té'au 
froide.  Ceux  qui  sont  addonnés  à 
yurongperie,  oi.siueté  et  paresse,  pour 
les  crudités  qu’ils  amassent ,  spnt  le 
plus  souuent  espris  de  ceste  maladie. 

Pour  la  cure ,  faut  tenir  bon  ré¬ 
gime,  et  trauailler  modérément,  et  ro- 
borer  les  parties  où  tel  mal  adiiient, 
qui  se  fera  par  Mqfions'^loi^ues,  auec 
J?  J^;'ën||a- 

,queCle  op  (aura  ipf'ugéTufiiüç^d^^^^^ 
ge,xos|marip,  thym^^arMlé,  lauande, 
xlous. 4e. girofles,  gingembre,  ou  au¬ 
tres  semblables  discutions  et  résolu¬ 
tifs.  Et  pourseder  la  douleur,  lors 
que  la  goûte  grampe  occupe  quelque 
partie ,  promptement  elle  sera  ap- 
paisée  par  friction,  ou  par  extension, 
ou  flexion,  ou  par  cheminer. 


LE  VINGT-DEVXIÉME  LIVRE, 


TRAITANT 

DE  LA  PETITE  VEROLLE,  ROUGEOLLE, 

ET  VERS  DES  PETITS  ENFANS,  ET  DE  LA  LEPRE 


CHAPITRE  I. 

DES  CAVSES  DE  LA  PETITE  VEBOLLE, 

KT  ROVGEOLLE. 

Pour  ce  que  la  petite  verolle  et  rou- 
geolle  sont  comme  les  postes,  hé¬ 
rauts  ,  et  messagers  de  la  peste ,  pro- 

I  Ce  livre  avait  paru  pour  la  première  fois 
dans  le  Traicté  de  la  peste  ,  petite  verolle  et 
rougeolle,  de  1568  ;  Ehistoire  de  la  petite  vé¬ 
role  ,  de  la  rougeole  et  des  vers  comprenait  j 
au  chapitre  51  au  54  inclusivement,  et  l’his¬ 
toire  de  la  lèpre  du  56  au  62  et  dernier  du 
livre. C’était  donccommeun  simple  appen¬ 
dice  au  traité  tie  la  Pesie;  aussi  l’auteur 
commençait  en  ces  termes  le  premier  cha¬ 
pitre  : 

«  Pource  que  nous  auons  auparauant  déclaré 
que  la  petite  verolle  et  la  rougeolle  sont  comme 
les  postes,  etc.  » 

Et  tout  en  retranchant  quelques  mots, 
l’auteur  a  encore  laissé  subsister  dans  le  pre¬ 
mier  paragraphe  du  livre  actuel  des  traces 
trop  manifestes  de  la  place  qu’il  lui  avait 
primitivement  donnée.  C’est  eu  1575 ,  dans 
la  première  édition  des  OEuvres  complètes, 
que  ce  livre  fut  séparé  de  celui  de  la  peste , 


uenant  aussi  du  vice  de  l’air,  et  de  la 
corruption  des  humeurs  :  outre-plus 
qu’en  la  peste  s’engendrent  des  vers 
à  plusieurs,  il  m’a  semblé  bon  d’en 
escrire  icy  quelque  chose,  afin  que 
par  ce  traité  le  ieune  chirurgien  soit 
plus  amplement  et  parfaitement  in¬ 
struit  en  ceste  maladie  pestilente 

et  placé  avant  lui,  entre  celui  de  la  grosseFe- 
rolle  et  celui  des  Morsures  et  Piqueures  vene- 
neuses.  Il  se  composait  alors  de  il  chapitres, 
qui  en  firent  12  en  1579  par  la  division  du 
deuxième  ;  et  deux  autres  ont  été  ajoutés  en 
1585.  Je  ne  parle  pas  d’un  long  article  sur 
les  vew,  placé  en  1579  à  la  suite  du  troisième 
chapitre,  et  que  j’ai  renvoyé  au  livre  des 
Monstres,  d’où  il  avait  été  en  partie  tiré.  J’ai 
d’ailleurs  exposé  dans  mon  introduction 
quelle  avait  été  pour  Paré  l’occasion  de  ce 
livre,  ou  du  moins  de  la  première  partie. 
Voyez  tome  page  ccxxii. 

2  A  la  suite  de  ce  premier  paragraphe,  on 
lisait  dans  les  éditions  de  1568  et  1575  : 

«  Et  en  ceste  petite  addi  tion  ie  con  fesse  auoir 
imité  en  plusieurs  endroits  ce  que  maistre 
Simon  de  Vallambert,  homme  prudemment 
versé  aux  bonnes  lettres ,  Médecin  de  mon¬ 
seigneur  le  duc  d’Alençon  et  de  madame  la 


DE  LA  PETITE  VEROLLË  ET  LEPRE. 


Donc  pour  commencer  à  la  descrip-  | 
lion  de  la  petite  verolle  et  rougeolle  : 
ce  sont  petites  pustules  et  taches  qui 
apparoissent  à  la  superficie  du  cuir ,  I 
faites  de  sang  impur  et  autres  hu¬ 
meurs  vicieux ,  iettés  par  la  force  de 
la  vertu  expulsiue.  Les  anciens  tien¬ 
nent  qu’elles  sont  engendrées  de  quel¬ 
que  reste  du  sang  menstruel ,  duquel 
l’enfant  ayant  esté  nourri  au  ventre 
de  la  mere,  en  retient  encore  apres 
quelque  portion  et  malignité  :  la¬ 
quelle  en  grand  chaud  ou  saison  aus¬ 
trale  venant  à  s’exciter  et  bouillonner 
auec  tout  le  reste  de  la  masse  sangui¬ 
naire,  s’espand,  et  se  monstre  par 
l’habitude  de  tout  le  corps.  Qu’il  soit 
vray,  on  voit  peu  de  personnes  qui  ne 
rayent  vue  fois  en  leur  vie  :  et  mesme 
elles  peuuent  venir  aux  grands  ainsi 
qu’aux  petits  enfans ,  d’vne  grande 
ferueur  et  ébullition  de  sang,  et  autres 
humeurs  vicieux,  et  aussi  par  conta¬ 
gion  de  l’air  pestiféré  ;  dequoy  l’ex- 
perience  iournelle  nous  fait  foy. 

Or  la  verolle  différé  de  la  rougeolle, 
ainsi  que  la  bosse  du  charbon  :  d’au¬ 
tant  que  la  verolle  est  faite  de  matière 
plus  crasse  et  visqueuse,  sçauoir  san¬ 
guine  et  pituiteuse,  que  la  rougeolle, 
qui  se  fait  d’vne  matière  plus  chaude 
et  plus  subtile  sçauoir  bilieuse  : 
parquoy  là  rougeolle  ne  laisse  pour 
marque  de  soy  sinon  taches  comme 
de  pulces  par  tout  le  corps,  autres 
fois  rouges,  autres  fois  verdes  ou  noi- 

duchesse  de  Sauoje ,  a  cscrit  en  son  liure  de 
la  maniéré  de  nourrir  et  gouuerner  les  en- 
fans,  ce  que  ie  croy  qu’il  ne  trouuera  pas 
mauuais,  attendu  que  ie  l’ay  faict  pour  l’v- 
tilité  publique.  » 

Peut-être  est-il  à  regretter,  pour  la  probité 
scient ilique  de  notre  auteur,  qu’il  ait  effacé 
ce  modeste  aveuà  partirde  l’éditionde  1679. 

1  Le  reste  de  celte  phrase  a  été  ajouté  en 
1675. 


267 

res  :  mais  la  verolle  s’esleue  en  pus¬ 
tule  pointue  et  blanchissante,  argu¬ 
ment  de  meslange  de  pituite  auec 
sang.  D’auantage,  la  verolle  est  plus 
esleuée  en  pointe  :  au  contraire  la 
ipugeolle  ne  sort  gueres  hors  du 
cuir,  mais  est  plus  large  :  toutesfois 
au  commencement  que  l’vne  et  l’autre 
sortent,  comme  du  premier,  second , 
et  tiers  iour,  il  est  difficile  de  les  dis¬ 
tinguer  l’vne  de  l’autre ,  par  ce  qu’el¬ 
les  sont  en  leur  commencement  pres¬ 
que  semblables  :  et  depuis  le  second 
ou  tiers  ou  quart  iour,  la  verolle 
croist  et  se  blanchit  auant  qu’elle 
vienne  en  crouste  :  au  contraire ,  la 
rougeolle  demeui*e  rouge  à  la  super¬ 
ficie  du  cuir ,  et  ne  croist  point  en 
tumeur.  D’auantage  la  verolle  pique 
et  fait  démangeaison ,  et  la  rougeolle 
ne  pique  et  ne  démangé  point  :  parce 
que  l’humeur  n’est  pas  si  acre  ny 
mordicant,  ou  par  ce  qu’estant  plus 
subtil  il  s’exhale  plus  aisément.  Les 
malades  ont  vne  grande  sternutation 
lors  qu’elles  veulent  sortir,  à  cause 
que  les  vapeurs  putrides  montent  des 
parties  inferieures  au  cerueau-  Outre¬ 
plus  ils  ont  fiéure  continue, .  auec 
douleur  très-grand e  au  dos,  prurit 
et  démangeaison  au  nez,  aussi  dou¬ 
leur  et  pesanteur  de  teste  auec  ver- 
ligine ,  comme  si  tout  tournoit ,  dé¬ 
faillance  de  cœur,  nausée  et  vomis- 
semens ,  mal  de  gorge ,  la  voix 
enrobée ,  douleur  de  poitrine,  courte 
haleine,  auec  grand  battement  de 
cœur.  D’auantage,  ils  ont  les  yeux 
flamboyans,  lassitude  de  tout  le 
corps,  vrines  rouges  et  troubles, 
resueries  :  toustes  lequelles  choses , 
ou  la  plus  grande  part  d'icelles ,  ad- 
uiennent  au  commencement  de  la 
verolle  et  rougeolle. 

Quant  au  présagé  que  Ion  peut 
faire  de  ces  deux  maladies  si  sembla- 

17 


111. 


2^8  LE  VINGT-DEV: 

blos  d’on^jlnep^^^  ^sseuréracnt 

dire  q^ie^iÇn  iQeÙes  il,  a  yne  qua¬ 
lité  Jeileitpent  ,P| 

gièuse ,  que  mpsme  a’uec  lès  hu.meurs 
et  parties  charneuses  eUes  rongent 
èi  gastent  les  oSpÇO^mp'faUia  grosse 
yeroile  :  ce  que  ie  p’ay^pas  yeu  seule- 
‘  i^ent  en  Fannée  15(j8  mais  ^plusieurs 
au, tr e^  fqis  ^par.'^^e  ^  dispp  u  rs  dq .  .l’à  âge 
qu’il  a  ;plèu  àDieù  me  donner  îùsques 

à  présent.  .  ^  .  _  ,,  . 

,  Ët.pour  vouàeq,  donner  yn^notable 
exemple,  i’ày  bien  voulu  ,‘descrire 
cesluy-cy  1  qui,  est  iVn  des.'plps  es- 
merueillables  que  l’on  scâuroit  voir  ) 
d’vne  petite  fille  aâgée  ge  quatre  à 
cinq  ans fille  de  Claude  ,  Pique ,  re¬ 
lieur  de  liures  du  roÿ,  depaeuraot  rue 
Saint-Iacques  à  Paris  ^  laquelle  ayapt 
esté nialade  de petiteverplle  enuiron 
vu  mpis,  et  Nature  n’aypnt  peu  sur¬ 
monter  la  ppison ,  luy  sùrqindrènt 
a,pos,teuies,  sur.  le  slernôu  et  aux 
Ipiaïuree  des  e^pàules  dont  Iq  ma- 
tierq  yiruleqtejrongè^  et  sépara  én- 
tiereqi^nt  tops  les  os ,  d'iy  sternop pt 
les  .èpiphy ses  des  os  adiu tqires , ,  auèc 
bonne ,  portion  de  .^la  teste  de  Fômq- 
plate;  ce,  que  n’ay  yeu  seul,  ains 
auec  mpy  monsieur  Myrpn  ,^a  presënt 
Conseiller ,  et  premier  Médecin  du 
Moy,  Dqcteuy,, Régent  delà  Faculté  de 
Medecine  de  baris  %  et  lean  Doreaii, 
chirurgien  de  M.  le  comte  de  Pryane  :  i 
en  la  presence  desquels  i’ay  veu  et 
anatpmis^  la  dite  fille,  en  laquelle 
ay  trouué  ce  que  i’ay  dit  cy  dessus. 

*,  Edition  de  1668  :  cesle année  1568. 

2  Edition  de  1668  :  Monsieur  maistre Marc 
■  Myron,  Medeciii'Ordmaire  du  Roy  et  Docteur  , 
à  Paris  ;  maistre  François  Russe  des  Neux  ,  j 
chirurgien  audit  lieu,  ei.  Jean  Doreau,  etc. 
—  Dans  l’édition  de  li}7  b  ,jnonsieur  M  y  rvn 
était  déjà  déçqré  dja  ses  .titrer  nouveaux ,  et 

cederniWa  été  rayé  du  tèiteèh  1519.  '  ‘ 


‘Roim,,. Marie,  rqarckjand  iùnc,tier 
déipeùrant  près  ,1e,  Palais,,  ^e^ fit  ap- 
poytey  sa  fille  aagée  de  quatre  ans 
dqqx  .mpis,  qui  aqpd  cU|tputlp  corps 
couuert  de, pustules  de  la, petite  ve- 
rplle,  ayant  ie^  qs  de^bras  et  iambes 
ap.ostumés ,  pourris  ej  fracturép ,  ac- 
ponqpagnée  de  fiéure  ardente,  le  pe 
luy  youlus  aucunement  toucher  :  le 
lendemain  décéda  h  ,  ,  ,,  , 

,Ôn  voit  ap^i  , à  plusieurs  grande 
portion  dd gçqçiues  carieuses  et  pour- 
yjjçs,  auQC  grande  feteur  :  ^elle  cpr- 
^pptjpp  Jsq  (ait  de,  vapeurs  putredi- 
pepsps  gui  s’es|eu,çnt,des,,partiea  iq- 
tei^eurqs  à  la  bouçhe:,  et  meurept 
presque  tous,, quelque  diligence  qu’on 
Iqup  s,çaçhe  fairq.,  ,  . 

,,,pn  ,yoit  d’auantage,  par, la  dissec¬ 
tion  des,^cqrp^  qui  en  sont.morts,  que 
ipsdites  maladies  laissent  le  plus,sou- 
p.ént  vpe  meçueilipusqintemperature 
aqx  parties,  du  .dedans  ,,,cpmmp  ,au 
foye,  ,à  îa,jratef,(it  aux  intestins,  ^p,nt 
s’ensuit  àjpl,usieu,rs  hydropisie,  phthi- 
siq ,  ènrpüqure  de  ^yoix ,,  çpurte  ha- 
,lf,ine  J  fiqx,  de^  jvqnitre,  qneç  flceres 
qqy  intestins, ^jPt  par  cpusequent,ia 
pjpjt  ,  ^loq ,  que.  (jès  ’  pustules  ont 
raqagé,  pp, ,çes  parties,  inteneurès 
dq.  înespe  furiq  que  Ton  j^e.s  voit  as- 
.^Seoir  sur  la  peau.  Ét  quant  aux^par- 
t'ies  Cf terqeSj,'  eïlè|  laissent,  nôn'.sèu- 
lement  detprmité  ,  principalement  au 
visage ,  à  cause,  des  pqstules  et  ylcp- 
res,  qui  passant  la  superficie  du  cuir 
ont  .profondé  en  la  chair,  desquelles 
spnt  demeurées  des  laides  cicatrices  : 
mais  aussi  quelquesfois  elles  gastent 
et  font  perdre  le  mouuement  des 

,  de  même  que 
le  paragraphe  qui  vient  après,  sont  des  ad¬ 
ditions  de  158,5,, 

2  La  phrase  s’arrêtait  là  en  1568;  elle  a 
été  complétée  en  1575. 


DF,  VK  PETITE  VEROLLE  ET  LEPRE. 


ïoMtïiï'es ,  eft  ’firiïi'ci'pûîe'rRTiit  dé«  coti- 
d'es ,  ^OTg^etè ,  ‘gètfô’til,  et  thi  «pied. 
A'tfc'u'Aà'dn  ôtît  d'àtètit  p'eTdTi  là  veüë, 
Idttsi  faî*!  lëiSe%WeûT  de  Guinfie- 
pfày;,  ët  vëë  îdTi'n'ilè  d’aotres  ':  ansSi 
i^eïqùes  Vès  ôtit  perdti  roiiye’,  au- 
ïëes  Te  ffet/rer,  p'aV  ‘excrcdssannce  ‘«Te 
ëhaîr  sPitten^e  ‘atix  cotidtilts  tant 
des  'ôVeilWs  qtfe'du’ïierz,ti‘piësfèspus- 
tüTes  ’sôVlfes ,  '«ydiPyne  ëlîes  f«>ftt  'àtrssi 
eh  toûs  Tés  ëffdVcdfô  dfi  c'ôVpè ,  taWt 
ÿar  ‘deTïôVs'qàëpar “deffavs  ('t^Sî'^e 
nous  auons  demonsfiëpâTey’detrant) 
'ïèsq'tfëls  ëftipefeclfeM  les  ëcWj'duitsties 
cfrëilTe^  ët  dti  tie^.  ie  puis  tîh*e 
'^e  td'i^es  lés  ‘àpWétwes^ui  addleti- 
Tffént'àVit  pë^îfS  WfàftS  àfa'tfs  eu  îa 
Véi'ôlîè  éti  ¥ô'<%è^rîe^,  ’tfes^éHes  ils 
ti'àWon’tyias  'esté  pW^és  à  SûffisïU'de 
p’ôiîr  Ih’dëc'h'àV^é  dê  PîâtuTé’,tiéfiïic'fit 
'de  là  riiàTîfPîüé  ët Venértôsîté  de  l’hu¬ 
meur  qui  fàît  le^dîtés  ‘hraiadies’,  ët 
^àit’ânt '^cWt  fôtt  uiàTàiKéeà  à’güàrir. 
‘ïlfpdhr  %'dfre‘énVh  inôt’,  lâ  petite 
vëf  olléët  roirgécrllePëSfaPs  pas  'hién 
']për|ëës,  'c'àuSeët  d’ààssi  dîtrérs  'èt 
'féMléPk  àdcidè’hS  «pie  fôît  ta  '^osse 
Vérolle 


enà^iTOE  IL 

DE  XA  CVRE  DE  LA  PETITE  VEROLLE 
ET  RUVGEOLLX. 

La'cure  dicelles  sera  diùersifiée  se¬ 
lon  que  l’humeur  participera  de  la 
peste',  ou  n’aura  aucune  commu- 
nWatioh  auec  icelle.  Car  si  elles 
sont  pestilentes ,  et  aux  enfans  qui 
encore  tetent ,  on  fera  vser  à  la  nour- 

1  Les  éditions  de  lSé8  et  1575  ajoAitaiient 
ici  :''é<  mei'mes  aifcintés  fois  la  tepre .  (Ma  a 
été  effacé  en  1579. 


269 

rîce  dé  choses  qui  contrarient  au  ve¬ 
nin  ,  comme  nous  dirons  eh  la  cure 
de  rehfahtpestifeTé,  à  fin  d’  émpesdher 
qiie  le  venin  n’aille  saisir  le  cceur.  Et 
faut  tenir  l’enfant  eh  chàTnhre  chau¬ 
de-,  oà  le  vent  n’entre  point,  et l’en- 
üëlopper  de  drap  d’escarlate  1,  oh 
d’autre  drap  rouge,  c’est  à  dire, 
en  faire  les  cuStôdes  et  coëuer- 
ture  de  son  llet;,  auquel  on  le  fera 
tenir,  le  couurant  mèdiocréfnent,ius- 
qttesà  ce  que  là  verolle  ouroügéolle 
soit  sortie  du  tout.  Aus^  fauLqUe  la 
nourrice  mange  en  sespotâgès',  pour- 
pié ,  laictue ,  vinette ,  cîchorée ,  bour¬ 
rache,  et  qu’où  y  mette  vn  nôiîet 
d’orge-mondé.  Elle  euitera  du  tout 
■les  viandes  chaudes,  comme  saleë  res, 
pàstisserîes  ,  espiceries ,  et  le  vin ,  s’il 
n’estoit  hien  trempé  d’eau ,  de  peur 
de  rendre  son  sang  trop  chaud ,  qui 
eschaufferoit  d’auantege  celuy  de 
renfant  :  parquoy  en  lieu  d’iceluy, 
elle  boira  ptisane  cuitte  auec  raisins 
et  racine  devinette.  Et  faut  qüëile 
prenne  lés  medicàmens  en  lieu  de 
lënfant,  comme  siëllemesùïe  audit 
Ceste  maladie  :  et  partant  on  luy  or¬ 
donnera  sôn  régime  et  maniéré  de 
viure,  et  médecines  qui  soient  en 
«piantité  conuenables  et  proportion¬ 
nées  à  elle,  ét  en  qualité  propres  à 
lënfant,  à  fin  de  rendre  le  laict  médi¬ 
camenteux  :  car  il  prend  necéssaire-i 
ment  la  vértü  et  mature  de  ce  que  la 
nourrice  a  pris ,  ainsi  que  nous  auons 
prouué  par  cy  deuant  :  ét  partant  le 
laict  d’icelle  supplée  au  defaut  des  re¬ 
mèdes  qu’il  deuroit  prendre  luy 
mesme  par  dedaùs  :  et  pour  le  dire  en 
Vn  mol ,  elle  tiendra  le  régime  qu’on 

1  Gaddicàdén ,  aii  xiv»  siëéte,  'avait  donné 
un  côiiseil  tout  semblable  pbur  le  fifs  du 
rbi  d’Angletéére.  Voyez  mon  Ihtrbduction, 
-pa^e  Lin. 


LE  VliNGT-DEVXlÉME  LIVRE 


260 

a  accouslumé  de  tenir  aux  fiéures 
pestilentes. 

Il  ne  faut  donner  bouillie  à  l’en  ¬ 
fant,  ou  on  luy  en  donnera  en  bien 
petite  quantité.  Et  s’il  est  sevré  et  ja 
grandelet,  il  n’vsera  pareillement  de 
chair,  iusques  à  ce  que  la  fleure  soit 
passée  et  grandement  diminuée,  et 
que  la  verolle  soit  du  tout  sortie  :  mais 
il  mangera  orge  mondé  fort  liquide, 
ou  laict  d’amandes,  ou  potage  de  pou¬ 
lets  cuits  auec  les  herbes  susdites, 
panade,  gelée,  coulis,  pruneaux  et 
raisins  de  Damas. 

Pour  son  boire,  vsera  de  ptisane 
faite  auec  orge  mondé,  racines  de  dent 
de  chien  et  de  vinette ,  vn  noüet  des 
quatre  semences  froides,  pruneaux 
et  raisins  de  Damas,  auec  poudre 
d’yuoire  et  de  corne  de  cerf  ;  et  auec 
icelle  entre  les  repas  on  pourra  mes- 
1er  du  syrop  violât,  et  non  rosat,  ny 
autre  astringent,  de  peur  d’arrester 
l’humeur,  et  l’empescher  de  sortir 
hors. 

Le  dormir  de  l’enfant  doit  estre  mo¬ 
déré  et  non  trop  profond,  de  peur 
de  retirer  les  matières  au  centre  du 
corps  et  augmenter  la  chaleur  de  la 
fiéure. 

Il  ne  faut  purger  ny  saigner  (  s’il 
n’y  au  oit  grande  plénitude,  ou  quel¬ 
que  complication  de  maladie,  comme 
vne  pleuresie,  ophthalmie,  squinan- 
cie,  et  autres  semblables)  si  ce  n’est 
en  la  déclinaison,  ou  bien  le  premier 
ou  second  iour  au  plus  tard  de  la 
maladie ,  de  peur  d’interrompre  le 
cours  de  nature  :  mais  on  se  conten¬ 
tera  de  donner  quelque  clystere ,  ou 
boüillon  de  maulues,  violettes  de 
Mars,  bourrache,  ou  ius  de  pruneaux , 
et  raisins  au  matin.  Et  aux  enfans 
plus  grandelets,  quelque  bolus  de 
casse,  pour  amollir  le  ventre,  et  aider 
Nature  à  ietter  hors  les  humeurs 


pourris  et  corrompus  qui  causent  la 
verolle  ou  rougeolle  :  ce  qui  se  fait 
volontiers  au  troisième  ou  quatrième 
iour,  plus  ou  moins,  selon  la  disposi¬ 
tion  du  corps  et  l’humeur  préparé  à 
sortir  hors,  ou  selon  l’air  ambiens. 
Et  alors  faut  prouoquer  la  sueur  par 
remedes  qui  ouurent  les  pores,  et 
subtilient  les  humeurs ,  et  les  facent 
sortir  par  sueur,  de  peur  que  la  ma¬ 
tière  virulente  ne  demeure  au  de¬ 
dans  du  corps,  et  soit  cause  de  la 
mort  des  malades. 

Ce  que  i’ay  veu  depuis  peu  de 
temps  en  ça  ‘  auec  maistre  Richard 
Hubert,  Chirurgien  iuré  à  Paris,  en 
deux  Allés,  l’vne  aagée  de  quatre  ans, 
l’autre  de  dix-sepl  :  ausquelles  après 
leur  mort  auons  trouué  les  parties 
intérieures  toutes  couuertes  de  bou¬ 
tons  crousteux,  et  tous  semblables  à 
ceux  qui  sont  au  dehors. 

Or  s’il  aduenoit  que  le  sang  sortis! 
par  le  nez,  ne  faut  penser  que  la 
matière  de  la  petite  verolle  se  puisse 
tousiours  parfaitement  euacuer  par 
iceluy  :  car  i’ay  veu  souuentesfois 
qu’au  quatrième  ou  cinquième  iour 
suruenoit  grand  flux  de  sang  par  le 
nez  aux  malades,  et  toutesfois  pour 
ceste  vacuation  la  verolle  ne  laissoit 
à  sortir  en  grande  abondance,  telle¬ 
ment  que  leur  corps  en  estoit  tout 
couuert.  Et  pour  ce  ne  faut  arrester 
ledit  flux,  s’il  n’estoittrop  impétueux, 
et  qu’on  conneust  les  forces  abbatues, 
à  quoy  alors  on  procédera  comme 
nous  dirons  2. 

Et  pour  retourner  à  la  sueur,  pour 
la  prouoquer  sera  vtile  la  potion  faite 
de  décoction  de  flgues  seiches,  lentil- 

1  Je  rappelle  que  ceci  est  le  texte  de  1568. 

2  L’édition  de  1568  portait  :  comme  mus 
auons  dit  au  chap.  28.  Voyez  oi-devant  la 
note  1  de  la  page  256. 


DE  LA  PETITS  VEROLLE  ET  LEPRE. 


les escorcées,  semence  de  citron,  de 
fenoil,  d’ache,  persil,  et  les  racines  de 
reglisse,  et  leurs  semblables,  auec 
raisins  de  Damas  et  dactes. 

Or  que  telles  choses  soient  bien 
propres  à  faire  sortir  la  verolle  et 
rougeolle,  il  appert  par  ce  que  la  de 
coction  seule  de  figues  prouoque 
grandement  la  sueur,  aussi  elleadou- 
cit  et  absterge  doucement.  Les  se¬ 
mences  de  fenoil  et  autres  mention¬ 
nées,  omirent  les  pores  pour  donner 
issue  aux  humeurs  :  les  lentilles  em- 
peschent  que  la  gorge  et  autres  par¬ 
ties  internes  ne  soient  esprises  de 
boutons  de  la  verolle,  pour  ce  qu’elles 
ont  vne  astriction  benigne,  et  seruent 
aussipourengarderle  flux  de  ventre  : 
on  les  y  met  escorcées,  par  ce  quel’es- 
corce  est  trop  astringente  ;les  dactes  y 
sont  mises  pour  roborer  l’estomach  : 
la  seniencede  citron,  pour  defendre  le 
cœur  ;  et  la  reglisse  pour  adoucir  la 
gorge,  et  empescher  l’enroiieure , 
ioint  aussi  qu’elle  aide  à  prouoquer 
la  sueur.  Et  de  ces  simples  on  fait  des 
doses  grandes  ou  petites,  selon  la 
qualité  et  force  des  malades,  et  la 
vehemence  de  la  maladie  et  ses  acci- 
dens. 

La  sueur  sera  prouoquée  loing  du 
repas,  tant  par  choses  intérieures 
qu’exterieures.  Et  faut  enuelopper 
l’enfant  en  vn  linceul  moüillé  en  la 
susdite  décoction  chaudement ,  et 
exprimé  bien  fort  :  ce  qui  se  peut  bien 
faire  non  seulement  aux  enfans,  mais 
aussi  aux  grands.  D’auantage  la  dé¬ 
coction  de  millet ,  figues  et  raisins 
auec  sucre  ,  prouoque  la  sueur  : 
outre  plus  on  peut  appliquer  aux 
parties  extérieures  vessies,  ou  espon- 
ges,  ou  cailloux  chauds.  Aussi  est  bon 
esuentiller  le  visage  pendant  que  le 
malade  sue,  auec  vn  esuentoir,  à  fin 
de  corroborer  Iq  chaleur  naturelle, 


261 

et  engarder  que  le  malade  ne  tombe 
en  défaillance  de  cœur  par  la  chaleur 
et  sueur  :  ce  faisant  la  vertu  est  mieux 
conseruée,  et  par  conséquent  les  su¬ 
perfluités  sortent  mieux  par  les  pores 
du  cuir,  et  par  le  cracher  et  mou¬ 
cher.  Pareillement  on  fera  sentir  au 
malade  vinaigre  et  eau  rose,  auec  vn 
peu  de  camphre  et  autres  senteurs 
qui  ont  vertu  de  rafraischir  :  ce  qui 
sert  encore  pour  defendre  le  dedans 
du  nez  de  la  verolle. 


CHAPITRE  III. 

QVELLES  PARTIES  FAVT  PRESERVER  DE 
LA  VEROLLE  L 

Entre  les  parties  du  corps  qui  sont 
fort  suiettes  à  estre  gastées  et  per¬ 
dues  de  ladite  verolle,  les  yeux,  le 
nez,  la  gorge,  les  poulmons  et  intes¬ 
tins  y  sont  fort  enclins,  dont  quel- 
quesfois  la  mort  s’ensuit  :  parquoy  il 
y  faut  remedier  ‘K 

Et  premièrement ,  pour  subuenir 
aux  yeux  qu’ils  ne  soient  gastés  ;  au 
commencement  on  doit  mettre  autour 
des  paupières  eau  rose,  verjus,  auec 
vn  peu  de  camphre,  ou  faire  vne  dé¬ 
coction  de  sumacb,  berberis,  escorce 
de  grenades,  aloé  auec  vn  peu  de 
saffran.  Le  jus  de  grenades  aigres  est 
bon  à  ceste  intention  :  aussi  on  peut 
mettre  souuent  dedans  les  yeux,  des 
blancs  d’œufs  et  eau  de  rose  battus 
ensemble  :  pareillement  du  laict  de 
femme  eteau  de  rose  autant  d’vnque 

1  Ce  chapitre  était  contondü  avec  le  pré¬ 
cédent  dans  les  premières  éditions  ;  il  n’en 
a  été  séparé  qu’en  1579. 

s  La  première  édition  posthume  ajoutait 
ici  :  tant  que  possible  sera.  J’ai  cru  devoir 
préférer  le  texte  de  toutes  les  éditions  faites 
du  vivant  de  l’auteur. 


aô.îi  VINGT- p.ÇyXIEM^i  piyRÇ  ? 


(l’autre,  et  les  renouue^ev  spupeot. 
El  pour  le  (lire  en  vn  mot,  les  choses 
froides  et  qui  repoussent,  sont  bon¬ 
nes  :  neanlmoins  si  oq  voit  les  yeux 
fort  tuméfié?  et  rouges,  il  ne  faut 
vser  de  simples  repercussifs,  m.{iis  ils 
seront  mcslésauec  choses  abstersiue.S) 
et  qui  ayent  faculté  de  corroborer  la 
veuë,  comme  l’eau  d’etiphrase,  fe- 
noil,  et  autres  semblables.  Et  lors 
qu’il  y  a  inflammation  ou  rougeur  ,  il 
ne  faut  que  le  malade  ’vpye.  granttU 
clarté  ny  choses  rouges,  de  peur 
d’augmenter  la  douleur  et  inflamma¬ 
tion.  Et  qijand  la  verolle  est  en  son 
estât,  qui  est  son  plus  grand  mal,  et 
qu’il  y  a  grande  chaleur  et  rougeur; 
aux  yeux,  adonc  on  doit  vser  de  re- 
medes  desiccatifs  et  résolutifs  doux  et 
bénins,  et  ayans  vertu  de  roborer  la 
veuë,  comme  sont  âloé,  tuthie,  anti¬ 
moine  laués ,  eau  de  fenoil ,  d’eu- 
phrase  et  (le  roses. 

Pour  défendre  le  nez,  on  doit  faire 
sentir  au  malade  vinaigre  et  eau  rose 
auec  vn  peu  de  camphré,  ou  verjus  et 
vinaigre,'  et  en  mouiller  souuent  le 
nez  auec  vn  mouchoir  :  et  aux  parties 
supérieures  on  doit  appliquer  des 
reinedes  repercussifs  cy  dessus  men¬ 
tionnés. 

Pour  defendre  la  gorge,  et  que  la 
respiration  ne  soit  ’empeschée  ,  on 
fera  des  gargarismes  d’oxycrat  ou  de 
vin  de  grenades  aigres,  et  enconuient 
maschër,  et  tenir  des  grains  soutient 
en  la  bouche  •  ou  des  noüets  faits  dè 
psyllium,  de  coings,  et  autres  choses 
froides  et  astringentes. 

Quant  est  des  poulmons,  pour  les 
(lefen(ire  et  empes.cher  là  côurte  lla- 
ieine,  ie  malade  v^era' souüeht ‘^^fle 
^yrojp.s  de i,\iivi^,es,^9,ù  violât, 'où  rqsat, 
ou  b\finc,,9.u  ,èe  .^rènadés, 

ou  de. nénuphar, et  aqtres  sem|bj\î\L|les. 

Et  quand  la  verolie  et  rougeoyp 


sont  du  tout  sorties  dehors,  il  ne  faut 
tant  tenir  la  chambre  close,  ny  si 
chaude  comme  on  faisoit  :  ains  alors 
quant  à  la  verolle,  la  finit  suppurer, 
puis  rouurir,  la  desseicher,  qt  faire 
tomber  les  croustes  Mais  1 1  rougepllq 
ne  se  suppure  point,  ()n  la  fait  résou¬ 
dre  et  seicher  seulement.  On  suppure 
la  verolle  auec  beurre  frais,  ou  aui'.ç 
vne  fomentation  faite  ^e  figues^  ra¬ 
cines  de  guymauue,  oignons  dé  lis , 
semence  de  jin,  et  leurs  semblables. 
Et  quand  les  grains  dé  vei'Plle  sont 
meufs,  on  les  doit  poupei;  auec  ci¬ 
seaux,  ou  autrement  ouurir  aueç  vne 
aiguillé  d-or  pu  dJargent  de  peur 
que  la  bouë  et  sanie  ne  façe  érosion 
à  la  chair  de  dessous  ,  et  que  puis 
après  n’y  demeurent  déS  pelitcs  fos¬ 
settes  et  cicatrices  caue? ,  qui  est 
chose  laide,  principalement  en  la  face. 
Or  après  qu’elles  sont  Quuertes,  il  les 
conuient  dessejeher  ,  puis  le?  faire 
tomber,  qui  se  fera  auec  ongjient 
rosat,  auquel  on  adioustera  çeruse, 
litharge,  aloës  subtilement  pu)uerisé 
aiiec  vn  p.eu  de  saffran  ;  ce  qui  ppn 
seulement  desseiche,  mais  aussi  aide 
nature  à  engendrer  chair.  JEjt  pour  ce 
on  peut  dissoudre  de  la  farine  d’orgç 
et  (le  lupins  (deslayées  auec  eau  rose, 
et  auec  vn  finge  bien  déhé  pn  en 
oint  les  parties  majades.  Aucuns  fes 
gressepf.dé  coënnede  lard  yn  peu 
bouillie  auec  epp  ejt  vin,  puis  respap- 
depf  déssns  dé  la  farine  ^’orge,  ou  dp 
lupins,  pu  t.ou.tes  les  (jeux  en  sem  e: 
les  autres  prennent  pu  miçl  venant 
de  la  ruch.e,  auec  .farine  d’orgelet 
oignent  Içs  boutons  pour  lês  seich  er 
et  fairetpmjber  :  et  quand  ils  sopt  ,dp 
to.pt  seiebés,  pour  fes  auapçèr  de  se 
separer,,il.s,nieftentdej;tiu,jderp^ 

}  .Ces  mots  :  ouurir  auec  me  aiguille  4’or  pu 
dWÿem,  ont  été  intercalés  ici  en  1,575. . 


DE  LA  PETITE  VEROTXE  ET  LEPRE. 


violât,  OU  d’amandes  douces  tiede  ou 
de  la  cresme: 

Après  que  la  verolle  est  sortie,  il 
suruientvn  grand  prurit  et  déman¬ 
geaison,  et  par  s'e  trop  gratter  quel- 
qiiesfois  aduiennent  grandes  ’  escor- 
cheureset  vlceres,  par  ce  que  le  grat¬ 
ter  est  cause  de  faire  al  traction  à  la 
partie,  et  y  causer  vlceres,  dont  les 
cicatrices  sont  puis  après  laides,  et  la 
face  difforme:  parquoy,  si  c’est  vn 
enfant  qui.soit  malade,  il  luy  faudra 
lier  les  mains,  et  fomenter  les  lieux  du 
prurit  de  la  décoction  de  guymauues, 
orge,  lupins  et  sel,  IJt  quand  le  cuir 
est  escorché,  il,  y  faut  appliquer  de 
ronguentditalbumllhasiscamphré,y 
adioustant  vn  peu  d’aloës  en  poudre 
etde  cinabre,  ou  de  dessiccatif  rouge, 
ou  autres  semblables  remedes. 

Que  si  la  verolle  s’est  iettée  aux 
yeux  ,  nonobstant  quelque  defense 
qu’on  ait  peu  faire,  premièrement  il, 
faut  defebdre  la  grande  clarté  et  la 
veuëdes  choses  rouges,  et  y  appli¬ 
quer  collyres,  les  dluersitjant  selon  la 
diuersité  des  accldens.  l?t  faut  bien 
auoiresgard  à  la  grande  tumeur  et 
inflammation  qui  y  suruient  quel- 
quesfois  :  comme  l’pn  voit  à  plusieurs 
enfansle  maleslre  si  grand.,  qu’ils 
perdent  la  yeuë,  et  mesme  a  aucuns' 
les  yeux  se  creuent  et  sortent  du  tout' 
hors  de  la  teste  :  à  quoy  le  Chirurgien 
pquruoyra,  et,  y  remédiera  tant  'qu’il 
\u)[  sera  possibi|e. 

l^jareillement  s’ilsuruientdes  grains 
d.e  verol,le  dedans  le  nez,  qui  deuién- 
nent  en  croustes  et  vl,ceres ,  on  y 
appliquera  remèdes  propres,  lés  y 
adaptant  auec  des  tentes  de  linge  ou 
de 'èot’ton.' 

Aussi  le  çlus  souuent  en  la  bouche 
et  au  gosier  y  viéhhenl  escdrchures, 
auec  enroUeure  de  voix,  et  grande 
difficulté  d’aualler  les  viandes  :  et 


203 

pour  y  remedier,  il  la  conuient  gar¬ 
gariser  auec  eau  d’orge  et  deplanlain  , 
ou  de  cerfeuil,  ausquelles  on  dissou¬ 
dra  du  syrop  rosat  et  diamorurn  : 
aussi  le  malade  tiendra  souuent  on  ta 
bouche  Sucre  rosat,  ou  dialragacanth 
froid ,  ou  pilules  blanches ,  sucre 
candi,  alphehic^  et  didire’o's.' 

Et  quant  aux  cicatrices  ou  marques 
qui  demeurent  aü  cuir,  pour  les  ôster 
il  faut  auoir  esgard  en  quelle  partie 
elles  sont  :  car  si  c’est  au  visage,  et 
qu’il  y  ait  grande  tubérosité,  il  les 
conuient  coupier  auec  ciseaux,  ce  que 
i’ay  souuentésfois  fait  :  aussi  ôn  y  ap¬ 
pliquera  de  l’onguent  citrin  recente- 
ment  fait,  ou  de  la  pommade,  ou  ce 
Uniment. 

Atnyli  triticei  et  amygdalarum  excorti- 
■  eatarüfti  âhà  3V  j.'C. :  ‘  '  •  ' 

Gumrtiltragslcaiithi  S.  fi. 

Sérhihis'  tn^lohuin ,  fabarum  siccarum 
èXcorUcatar(jm,'far.  bord;  ïttia  5'.  üj.' 

:  Puïuerisehtur  omüia'  sublîlitèr ,  deînde  iri-^ 
'•fc'ôrpotentur'è'urA.  aqna  rosâceâ,  et’fial  li-‘ 
i  nirtientuTa:  '  '■  '  '■  '  ■>  <  *'■  *■ 

Buquefen  faut  oindre  la  face  auec 
vne  plume,  et  le  laisser  toute  la  nuit  : 
et  le  lendemain  la  lauer  auec  eau  de 
sonde  froment,.  Le  laict  virginal  y 
est  pareillement  propre.  La  gresse 
d’oye,  ou  de  canard,  ou  de  poulaille, 
est  propre  pour  lenir  et  adoucir 
l’aspérité  du  cuir,  comme  l’huile  de 
lis.  Le  sang  de  liéure  tout  chaud,  ap¬ 
pliqué  souuent,  est  souuerain  pour 
remplir  les  cauilés  et  faire  le  cuir  égal , 
et  corrige  la  noirceur  qui  dèmeufe 
és  cicatrices  ;  pour  c'est  effet  aussi  vne' 
côëriné  dé  lard  chaude'  est  propre  , 
froilaht  'd  icellë  la  partie.  PaVeillè- 
ment  réaù  distillé'e'dé  fleurs  dé  féües 
et  de  racine  de  lis  est  singulière  pour 
effacer  ét'  polir  '  lés  cicatrices  :  aussi 
l’eau  distillée  (fe  racines  de  cannes  et 


LE  VINGT-DEVXIÉME  LIVRE, 


q64 

de  coques  d’œufs,  et  mesme  l’huile 
d'œuf,  et  plusieurs  autres  remedes 
semblables. 


CHAPITRE  IV. 

DES  VERS  QVI  S'ENGENDRENT  ÉS 
ROYAVX  K 

Les  vers  se  font  d’vne  matière 
grosse,  visqueuse  et  crue,  laquelle  se 
corrompt  en  l’estomach.puis  descend 
és  intestins  :  et  veu  qu’elle  n’est  pas 
bien  cbylifiée ,  c’est  à  dire  façonnée 
par  la  première  concoction  qui  se  fait 
en  l’estomach,  elle  se  pourrit  du  tout 
et  pour  sa  viscosité ,  qui  la  fait  adhé¬ 
rer  à  iceux,  ne  la  peuuent  ietter  hors 
le  ventre,  dont  y  estant  retenue  se  pu¬ 
tréfié  d’auantage  :  de  quoy  sont  pro¬ 
duits  et  engendrés  des  vers  par  l’action 
de  la  chaleur,  qui  puis  après  viuent 
d’icelle  :  laquelle  estant  consumée, 
si  on  ne  leur  baille  promptement  vne 
autre  matière  pour  les  nourrir  et 
saouler,  ils  se  pourmenent  par  les  in¬ 
testins  ,  causons  grandes  douleurs  aux 
malades ,  et  montent  quelquesfois 
iusquesen  restomach,etles  iette  l’on 
par  la  bouche,  et  aucunesfois  passent 
par  les  trous  du  palais,  et  sortent  par 
le  nez,  ce  que  i’ay  veu  plusieurs  fois 

Il  y  a  trois  especes  et  différences  de 
vers,  à  sçauoir,  de  ronds  et  longs, 
larges  et  longs,  et  de  petits  et  gresles. 

1  Ce  chapitre  est  toujours  coté  le  qua¬ 
trième  dans  toutes  les  grandes  éditions  à 
partir  de  celle  de  1579;  mais  alors  même  il 
était  séparé  du  précédent  par  un  assez  long 
article  en  partie  emprunté  au  livre  des 
Monstres  s  auquel  nous  l’avons  en  entier 
restitué.  Voyez  ci-devant  page  33,  note  i. 

2  Ces  derniers  mots  :  ce  que  i’ay  veu  plu¬ 
sieurs  fois,  n’ont  été  ajoutés  que  dans  la 
première  édition  posthume. 


Les  premiers  sont  nommés  des  anciens 
Terctes,  c’est  à  dire  ronds  en  longueur. 
Les  seconds  sont  dits  Teniœ,  parce 
qu’ils  sont  longs  et  larges  en  forme 
d’vne  bande.  Les  tiers  sont  appelés 
Ascarides,  pource  que  tels  communé¬ 
ment  sont  sautelans. 

Il  y  a  d’autres  différences  des  vers 
prises  des  couleurs,  comme  rouges, 
blancs ,  noirs,  gris ,  citrins ,  et  quel¬ 
ques  vns  sont  trouués  cornus  et 
velus,  ayans  la  teste  de  la  figure 
d’vn  chabot.  En  aucuns  malades  s’en 
procrée  grand  nombre,  qu’ils  iet- 
tent  tous  les  iours  par  le  siégé  , 
et  sont  menus  comme  filets  ou  poils, 
et  tels  isont  volontiers  de  couleur 
blanche  ;  ce  sont  ceux  que  nous 
auons  appelés  Ascarides.  Ladiuersilé 
des  couleurs  se  fait  selon  la  cause 
des  humeurs  pourris*,  non  pas  que 
des  vers  les  vns  soient  engendrés  de 
cholere,  autres  de  melancholie,  au¬ 
tres  de  pituite,  comme  les  Médecins 
grecs  ont  estimé  :  car  la  melancholie 
et  cholere  sont  humeurs  pour  le  re¬ 
gard  de  leurs  qualités  du  tout  ineptes 
à  la  génération  des  vers;  mais  parce 
que  parmy  la  substance  chyleuse  ou 
pituiteuse  dont  ils  sont  engendrés,  il 
y  a  quelque  meslange  des  humeurs: 
de  là  vient  la  diuersité  des  couleurs 
és  vers. 

Or  les  longs  et  larges ,  ou  plats, 
tiennent  quelquesfois  tout  le  long  des 
intestins,  et  tels  sont  comme  vne  sub¬ 
stance  mucqueuse  et  glaireuse:  et 
véritablement  i’en  ay  veu  vn  qui  sor- 

*  L’édition  de  1568  ajoutait  :  ainsi  qu’a- 
uons  dicl  du  pourpre  et  des  charbons,  et  arrê¬ 
tait  là  ce  paragraphe.  Celle  de  1575  l’a  com¬ 
plété;  mais  bien  qu’ayant  changé  la  place 
dulivre  de  la  Peste,  elle  avait  conservé,  sans 
dflute  par  inadvertance,  cette  indication  de¬ 
venue  fausse.  Elle  a  été  rayée  en  1579. 


DE  LA.  PETITE  VEROLLE  ET  LEPRE, 


tit  hors  d’vne  femme,  etestoit  sem¬ 
blable  à  vn  serpent ,  de  longueur  de 
plus  d’vne  toise.  Dequoy  ne  se  faut  es- 
merueîller,  veu  que  les  anciens  escri- 
uent  en  auoir  veu  de  toute  la  lon¬ 
gueur  des  intestins,  qui  est  sept  fois 
la  longueur  de  nostre corps,  parce  que 
les  boyaux  de  chacun  homme  ont 
telle  longueur  :  et  le  sçaypourl’auoir 
veu,  et  monstre  quelque.sfois  aux  es- 
coles  de  Medecine  de  ceste  ville,  fai¬ 
sant  dissections  anatomiques  publi-, 
ques. 

D’auantage ,  lean  Wier  ,  Médecin 
tres-docte  du  Duc  de  Cleues ,  escrit 
en  son  liure  de  l’Imposture  des  diables^ 
qu’vn  villageois  ietla  vn  ver  de  huit 
pieds  etvn  doigt  de  long,  lequel  auoit 
la  gueule  presque  semblable  à  vn  bec 
de  cane  L 

Monsieur  Vuleriola,  Médecin  d’Ar¬ 
les,  au  liure  de  ses  Obseruations,  dis¬ 
courant  doctement  sur  les  causes  de 
la  génération  des  vers,  dit  en  auoir 
veu  vn  en  la  ville  d’Arles  ayant  neuf 
pieds  et  plus  de  long  2. 

Et  tout  ainsi  que  les  vers  sont  diffé¬ 
rons  les  vns  des  autres,  aussi  il  y  a 
diuersité  des  lieux  où  ils  se  procréent  : 
car  les  ronds  et  longs  s’engendrent 
volontiers  és  intestins  gresles,  les  au¬ 
tres  aux  gros ,  et  principalement  les 
petits  vers  capillaires ,  et  iamais  en 
l’estomach  :  car  nul  animal  ne  se  fait 
en  la  concoction  de  la  viande  ,  mais 
seulement  en  la  distribution  és 
boyaux,  après  qu’elle  a  commencé  à 
estre  corrompue  en  l'estomach  :  es- 
quels  boyaux  elle  se  corrompt  et  pour- 

1  Paré  avait  ajouté  ici  en  1579  une  mé¬ 
chante  figure  d’wi  vers  ayant  la  teste  comme 
vue  cane.  J'ai  suivi  les  éditions  primitives 
où  la  figure  n’existe  pas. 

*  Cette  citation  de  Valeriola  est  une  addi¬ 
tion  de  1576. 


a65 

rit  d’auantage,  et  de  là  naissent  des 
vers.  Quelquesfois  ils  s’engendrent 
dés  que  l’enfant  est  au  ventre  de  la 
mere,  à  cause  de  la  mauuaise  nour¬ 
riture  qu’il  prend  d’elle  et  aussi  à 
cause  qu’ils  ne  vuident  lors  rien  par 
le  fondement,  dont  ad  nient  que  de  la 
rétention  de  tels  excremens  s’engen¬ 
drent  vers,  comme  quelques-vns  ont 
noté  de  la  sentence  d’Hippocrates  au 
liure  quatrième  de  mqrbis ,  sur  la  fin. 
Et  pour  le  dire  en  vn  mot,  ils  s’en¬ 
gendrent  en  tous  aages,  et  principale¬ 
ment  aux  crapuleux,  goulus,  et  à 
ceux  qui  viuent  de  mauuaise  nourri¬ 
ture,  comme  de  fruicts  crus,  fromage 
et  laictage. 

Or  pour  connoistre  en  quels  en¬ 
droits  du  corps  sont  les  vers ,  il  faut 
entendre  que  lorsqu’ils  sont  aux  in¬ 
testins  supérieurs,  les  malades  ont 
vne  douleur  d’estomach  auec  appétit 
canin  et  depraué  ,  c’est  à  dire  qu’ils 
désirent  à  manger  diuerses  viandes 
et  grande  quantité ,  parce  que  leur 
nourriture  est  consumée  et  mangée 
par  les  vers  :  et  tombent  souuent  en 
défaillance  de  cœur,  à  raison  du  con¬ 
sentement  et  sympathie  de  l’orifice 
du  ventricule  et  estomach  qui  a  sen¬ 
timent  tres-exquis  auec  le  cœur.  D’a¬ 
uantage  ils  sentent  vn  prurit  et  dé¬ 
mangeaison  au  nez  ,  et  ont  l’haleine 
forte  et  puante,  à  cause  de  la  corrup¬ 
tion  des  viandes  en  l’estomach ,  dont 
les  exhalations  montent  en  haut,  qui 
fait  pareillement  qu’ils  sont  fort  as- 
sommeillés,  et  tressaillent  en  dormant. 
Outre-plus  ils  ont  quasi  tousiours  vne 
petite  fiéure  lente,  auec  toux  seiche, 
les  yeux  connillans,  et  souuent  chan¬ 
gement  de  couleur  au  visage. 

On  connoistleslongsetlargesquand 

•  La  phrase  finissait  là  en  1608  ;  le  reste 
a  été  ajouté  en  1575. 


I-E  tlJIlE, 

voit  ap^  exçremens.  l  les  petits.,  les  rpu^e_s  plus  mauuaU 

scmblà^ès  à  semences  de  melons  ou  |  ç^ue  lesb'lànc^sU.esyîfs  cpiêi^^^^ 
ç()ugpurd,es  :  les  aulres,  sçauoir  t(^s  as-  |  et  les  bigarrés  plus  que  ceiix  qui  sont 
carules,  se  connoissent  par  le  pruri^  |  d’vne  seùlé  couleur,  de  lant  qu’ils 
çl  démangeaison  qu'ils  font  au  siege,  |  demonstrènt  jilus  grand,e  pourrifuVe. 
ainsi  que  morsures  de  fourmis  '  :  par  |  El  ïdrs  qu’iî  y  en  a  grand  nombre,  ils 
yn'^tene'smé  '  et  descente  du  gros  J  demonstreni  d’autant  grande  quan- 


bôyau. 

La  raison  de  tous  ces  symptômes  est 
^ellë  ;  le  sommeil  de  ceux  qui  sont  iri- 
^ûiëlés  dès  vers  est  turbulent  j  iusques 
à  çrier  eri  dorrnànt,  quarici'lés  vapeurs 
excitées  par  le  remuement  des  Vers 
çtènuoyëes'au  cerpeau  sont  chaudes, 
sublile^'et  acres  :  'cominé  au  contraire 
[è  sommeil  est  piVlond'ibrs  que  tellès' 
vapeurs  sont  fr'oideVet  grossières.  ïls 
songent  en  dormant  manger  ei  àual-' 
fèr*,  bii  bien  grincent  les  den^S,  à 
cause  que  les  vers  lors  deuorans  lé 
çbÿlus  enuoyé  du  venlré  aux  intes¬ 
tins,  éxcitehi  semblable  sentiment  et 
imagination  en  eux  ïorsquVis  dor- 
mèni':  ils  ont  vne  toux  seiche,  pay  le 
çonsentenie'njt  des  parties  qui  sbnt  de- 
dièès  à  ïa  respiration',  auec  celles 
qu’on  'àpi>elîe  'natiirelles  :  desquelles 
vapeurs  putrides  sont  esleuée^ ,  ^ui 
venans  à  heurter  contre  le  dia¬ 
phragme  ,rirriten  t  à  excrétion  comme 
pour  ietter  quelque  chose  nuisibile  : 
lesquelles  venans  à  monter  à  l’orifice 
de  festomach,  partie  fort  sensible  de 
nostfè  corps,  excitent  vu  sanglot^  ou 
synqbpe,  selon  qu’elles  sont  subtiles, 
grossières,  ou  acres  :  et  venans  à  s'es  • 
leuèr  vers  la  teke,  excitent  vne  de- 
eqangeâisbn  ^e  narines  et  esbloüisse- 

liienialayeue  V . 

'  Ceux'<t^i  sont  grands  sont  pires  que 

1  Encore  une  phrase  qui  s’arrêtai|  |à  tout 
court  en  1568,  et  qui  a  été  coinpiétéeen  1.575! 

'V‘ Ce  paragraphe  tout  entier  date  de  1675. 


îyie  dé  pourrituré.  Ceux  qui  sorlent 
âuec  Ic’sang  signifient  mal,  parce 
qii’iis  demb'nstrént  que  les  intestins 
sont  offensés  d’érosion  :  car  qùelques- 
fbis  iis  les  ron  gen  t,  de  façon  qu’ils  sbr- 
lènt  dors  dès  mieslins  et  se  dispersent 
en  plusieurs  endroits  du  ventre,  èt 
sont  cause  d,e  la  mort  des’  pauures 
malades  2.'  Ainsi  èscril  facqueV  Hôu- 
l^ièr,  cbapitre  54'  des  malaàies  internes, 
et  Mahard  én  ses  Episires  liure  3, 
qu’on  a  Veu  quelque'sfois  des  vers 
sortir  par  lès  amès',  s’estaiis  èüx-mes- 
mes  fait  le  chemin  par  érosion. 

QuandlèseVifahs  ont  des  vers,  et  ne 
peüuen  t  'auoîrleur  haleine  qu’à  peine, 
èt  sont  moites  ,  c’est  sigtiè  que  la 
niort  est*  à  la  porte.  D^'âuahtagè  au 
conimencémènt  dès  fleures  aiguës,  si 
les  vers  ronds  et  longs  sortent  en  vie, 
c’est  signe  que  la  tiéurè  ést'pestilente, 
demon’strant  qu’ils  né  peuu'ent  endü- 
rér  tel  venin’:  et  encô'rés  s4is  sont 
nibrts,  ils  donnent  à  connoistre  d’à- 
uaritage  qu’il  y  à  plus  grande  corrup¬ 
tion  èf  vénénosité!  ‘  ' 

1  La  pu  de  cette  phrase  est  de  1575. 

2  Là  finissait  le  paragraphe  dans  l’édition 

primitive.  La  citation  ^e  boulier  se  pt  déjà 
en  1576;  mais  ie  nom  de  Manarfi  n’,y  a'été 
ajouté  que  dans  la  première  édition  pds- 
tllume.  dette  addition  àvail  élé  faile  avec  k 
peu  de  soin  ,  que  le  ch.  54 ,  Des  maladies 
Internes,  s'enibMt  sè  rapporter  à  Ma'nard; 
j’ai  restitué  à  chaque  aUleur'ce  qui  liii  ap¬ 
partient.  '  :  •  :  i 


DE  LA  PETITE 


CHAPITRE  V. 

CVRE  DES  YERS. 

XoDte  l’intention  de  la  cure  est 
faire  sortir  les  v.ers  vifs  ou  morts  hors 
du  corps  ‘  ;  de  tant  qu’ils  sont  de  ce 
geïjre  des  choses  qu’on  dif  estre  du 
tout  contre  ISature. 

H  faut  euiter  toutes,  viandes  qui 
engendrent  corruption  ,  conime  fruits 
Crug,  fromages,  laictiiges,  et  le  pois¬ 
son,  et  generaletnent  toutes  choses 
de  difficile  digestion  et  de  facfie  cor¬ 
ruption.  ha  bouillie  est  bonne  aux 
enfans ,  ^  cause  quUls  ont  besoin  d’vne 
pourriture  humide,  de  grosseur  con¬ 
forme  au  laict ,  noq  de  trop  difficile 
digestiop  ;  lesquelles  conditions  sont 
frouuées  en  |a  bouillie ,  pourueu  que 
la  farine  de  froment  ne  soit  crue , 
rnais  cuite  auparauant  au  four .  à 
fin  quielle  ne  soit  tant  visqueuse  et 
grpssiere?  Pt  aussi  à  fjn  que  lejaictne 
puise  pas  si  longuement  ;  parce  qulil 
faut  que  PPHr  donner  cuissop  à  la  fa- 
rjne,  le  |aiçt  cuise  semblablement 
longtemps  5  en  quoy  il  perd  sa  bonté, 
parpe  que  le  cuisant  beaucoup,  sa 
substance  aqueuse  se  consume  par  le 
feu  et  engendre  gros  sang ,  comme  il 
se  fait  par  la  boüiUie ,  lors  que  la  fa¬ 
rine  nîest  cuite  auparauapt  :  car  U 
perd  en  ceste  façon  sa  sub, stance  de 
maigue  et  de  beurre ,  y  restant  Seu¬ 
lement  la  fromageuse,  grosse,  vis¬ 
queuse  ét  de  difficile  digestion ,  et  par 
(Conséquent  pesante,  ét  faisant  ob- 
^trùctnjn"  és  ^premières  veines'  et  au 
foye  ;  qui  souuepfesfois  cause  qu’il 
s’engendre  des  vers  à  l’enfant,  et  des 
pjefres  et  auRgS  ipauuqis  aqçictens. 


ROLLE  ET  LÇPRE. 
pour  n’es^re  la.^itç^  farine,  le^ 

laict  trop  cùit.'pàr  qliqy  ceux  9iui  on1| 
des  enfans  y  premiront  gfardé ,  si  pou 
l^eur  semble.  É’t  né  seritle  lÿen  d’aUe- 
guer  (lùe  par  experiençe  quoti- 
fiiane  on  ypit  plusieurs  enfans  (jui 
mangent  boüilUe  sans  que  ^  fad”^' 
soit'  cùite ,  se  péf  ier  bign  :  çar  ie  dis 
(jue  cela  f  ê  tait  p^ustpst  d’^du.enture 
pu  dé*b'ônne  nature»  que  de  la  bopié 
dp  çéste/npurrîfûre. 

Pm  çlpil  ^ 

auy^  m'aladei  dé Tipn'nés  viandes,  ^p 
peiir.  pue  tps  ypr.f  ne  piquent  èf  ron¬ 
gent  les  ipiplfifi?-  =.  p.|  fihé  tels 

aniipàqx  spni  sonuent  engendré  de 
pppitrïtûre ,  fapt  purgep  le  malijdp» 

ei  çorrigep  icelle  par  remeiles.  escrits 
Cy  après  en  1  -  PP®lé-  pppV  ïcs  faire 
jupprir  Pt  for.iif  promptèpiep^  îé  sy' 
rop  dé  Çichorée.  é.u  dg  |iùipus ,  quec 
rhéubai’lîe'  et  vu  peu  de  sucrp ,  et 
therigque  où  mithfidàt ,  pst  vu  sin¬ 
gulier  r(jpipd(t,  ppurpeu  du’il  u’pus.t 
fiédf.e  çoniointp  :  où  en  |ïeu  dp  pétéÙ 
pourra  ysep  la^  rnptjecine  qui  s’ert- 

sùjt  : 

:2f.  Cornu  ceruL.pulue.  ras. ebor.anaS.j.  fi. 

Seminis  tanac.  contra  vérmes  ana  5.  j. 
Fiat  decoctio  pro  parua  dosi  :  in  colatura  in- 
fuiide: 

'  pUabarb.QPtimi?.  j. 

Cinnam.  3.1. 

Piss()lue  syrupi  de  çpfiptp.  §  •  • 

fiatdps.  deturm^nè  tritf.hqr.  ante  partum. 

Outre-plus ,  l’huile  (i’oliue  prise  par 
la  bouché  fait  mourir  les  yéfs,  comVn'e 
aussi  l’eau  de  cérrigiole  i  donnée  à 
boire  auec  du  laict  ;  bref  toutes  cho¬ 
ses  ameres  les  tuent.  Mais  deuant  que 
d’vser  d’icelles,  il  faut  donner  vu 
clysteré  de  laict  auec  niiel  et  sucre, 
auquel  op  ne  doit  nieltre  huilé  ou 

1  Çqrrig^iole,  ç’es\  la  refîçiij^e.  4-  P- 


La  fin  de  cette  phrase  est  de  i575. 


LE  vingt-devxii5me  livre 


a68 

graisse  ny  choses  ameres ,  de  peur  de 
les  renuoyer  contromont, parce  que  les 
choses  douces  les  attirent,  el  les  ame¬ 
res  les  repoussent.  D’auantagc,  tu 
noteras  qu’il  faut  tousiours  donner  et 
mesler  choses  douces  auec  les  ameres, 
à  fin  que  par  la  douceur  les  vers  atti¬ 
rent  ce  qui  les  pourra  faire  mourir. 

Et  partant  faut  donner  l’espace  de 
deux  ou  trois  iours  du  laict  sucré  au 
malade ,  puis  après  y  mesler  choses 
ameres,  comme  semences  de  cen¬ 
taurée,  aloës,  rue,  absinthe,  el  leurs 
semblables.  Aussi  la  corne  de  cerf  a 
grande  vertu  contre  les  vers  ;  et  en 
doit-on  bailler  tant  à  boire  qu’à  man¬ 
ger  ,  à  sçauoir  la  mettant  en  poudre 
et  la  faisant  boüillir  en  eau ,  laquelle 
on  donnera  à  boire  au  malade  ;  aussi 
on  en  mettra  cuire  vn  petit  noüet  auec 
la  viande.  Pareillement  le  theriaque 
donné  à  boire  en  boüillon  tue  les 
vers.  Le  pourpié  est  semblablement 
bon  en  potage  ou  en  décoction  et 
breuuage ,  et  le  faut  faire  boüillir  en 
eau ,  et  en  faire  boire  aux  petits  en- 
fans  :  et  aux  grands  on  le  pourra  ! 
donner  auec  du  vin.  Le  semblable  est 
de  la  cichorée  et  de  la  menthe.  Aussi 
le  aïzoon  minus  et  les  sebestes  sont 
propres,  en  faisant  vne  décoction  d’i- 
ceux ,  et  en  donnant  à  boire  deuant 
le  repas  auec  vn  peu  de  sucre. 

On  donnera  aux  enfans  à  manger 
de  la  poudre  de  la  semence  contre 
les  vers  dedans  leur  boüillie  ,ou  auec 
vne  pomme  bien  cuite.  D’auantage  , 
on  pourra  faire  suppositoires  comme 
cestuy  : 

Prenez  du  coral  qui  tire  sur  le  blanc  ,  des 
racleures  d’yuoire,  de  la  corne  de  cerf 
bruslée,  et  d'iris,  de  chacun  deux  scru¬ 
pules  : 

Du  miel  blanc,  deux  onces  et  demie  : 

Et  de  l’eau  de  corrigiole,  autant  qu’il  en 
faut  pour  incorporer  le  tout  ensemble, 
et  faites  suppositoires. 


Dont  on  en  appliquera  tous  les  iours 
vn  qui  soit  du  poids  de  deux  dragmcs 
aux  enfans,  et  plus  pesant  aux  grands. 

De  tels  suppositoires  faut  principa¬ 
lement  vser  lorsque  ceux  desquels  le 
malade  est  tourmenté  sont  du  genre  de 
ceux  que  l’on  appelle  Ascarides,  parce 
qu’estans  attachés  et  logés  dans  le 
boyau  appelé  droit ,  ils  peuuent  par 
tels  remedes  estre  promptement  tirés  L 
Quant  aux  petits  enfans  qui  ne  peu¬ 
uent  rien  prendre  par  la  bouche  ,  il 
leur  faut  appliquer  sur  le  nombril  ca¬ 
taplasmes  faits  de  poudre  de  cumin  , 
incorporée  auec  fiel  de  bœuf  et  farine 
de  lupins,  absinthe,  aurosne  et  tena- 
sie , fueilles  d’artichaut,  rue,  poudre 
de  colocynthe ,  semence  de  citron  , 
aloés,  persicaria ,  mentastrum ,  fueil¬ 
les  de  perfiguier ,  costamer,  zedoai- 
re ,  sauon  mol.  On  applique  telles 
choses  non  seulement  sur  le  nombril, 
mais  sur  tout  le  ventre  et  sur  l’esto- 
mach  :  toutesfois  on  y  doit  mesler  des 
astringens ,  de  peur  de  le  trop  relas- 
cher ,  comme  sont  huile  de  myrtiles, 
de  coings,  mastic,  et  autres  sembla¬ 
bles.  Outre-plus,  on  leur  peut  appli¬ 
quer  sur  le  nombril  vn  gros  oignon , 
lequel  on  creusera,  et  sera  rempli 
d’aloës  et  theriaque ,  puis  on  le  fera 
cuire  sous  la  braise  ;  et  le  tout  chaud 
pisté  auec  amandes  ameres  et  fiel  de 
bœuf.  D’auantage  on  leur  pourra 
faire  emplastres  de  choses  ameres, 
comme  cestuy  : 

Prenez  du  suc  d’absinthe  et  du  fiel  de  bœuf, 
de  chacun  deux  onces,  adioustant  de 
la  colocynthe  huit  dragmes:  le  tout  soit 
broyé  et  meslé  ensemble  ,  et  incorporé 
auec  farine  de  lupins. 

Et  de  ce  soit  fait  emplastre,  qui  sera 
appliqué  sur  le  nombril  de  l’enfant  : 

‘  Ce  paragraphe  a  été  ajouté  en  1575. 


DE  LA  PETITE  VEROLLE  ET  LEPRE. 


OU  on  pourra  faire  onguens  et  Uni-  i 
mens  de  semblables  matières  pour 
leur  frotter  le  ventre.  Les  pilules 
communes  sont  pareillemen  t  fort  bon¬ 
nes  à  en  faire  emplaslres  pour  appli 
quer  dessus  le  nombril.  Et  pour  les 
faire  encores  plustost  débusquer  et 
sortir  hors,  faut  oindre  le  siégé  du 
malade  de  miel  et  de  sucre,  parce 
qu’ils  fuyent  l’amertume  et  courent 
à  la  douceur  ;  et  partant  sortent  plus¬ 
tost  du  ventre. 

Pareillement  faut  prendre  des  mes- 
mes  vers,  et  les  faire  seicher  sur  vne 
pelle  de  fer  fort  chaude  ,  puis  les  pul- 
ueriser  et  en  donner  à  boire  auec 
vin  ou  autre  breuuage ,  et  prompte¬ 
ment  mourront.  Aussi  le  jus  de  citron  1 
en  petite  quantité  donné  à  boire  dans 
vne  cuilliere  auec  huile  d’amendes 
ameres ,  ou  huile  d’oliue  >. 

D’abondant ,  on  pourra  faire  bains 
contre  les  vers,  comme  le  suiuant. 
Prenez  de  l'absinthe  et  noix  de  galle 
autant  qu’il  en  faudra,  faites  boüillir 
le  tout  en  eau  ,  mettez  l’enfant  dans 
icelle,  et  le  lauez  chaudement.  Fina¬ 
lement  on  peut  baigner  l’enfant  dans 
de  l’eau  en  laquelle  on  aura  fait  boüil¬ 
lir  des  fueilles  de  pescher  et  d’absin¬ 
the  :  ce  qui  est  principalement  propre 
contre  les  vers  qui  sont  appellés  As¬ 
carides  2. 

Or  en  toute  ceste  curation,  faut 
auoir  esgard  que  le  mal  des  vers  est 
souuent  compliqué  auec  maladie  plus 
grande  et  principale,  comme  auec 

1  Ce  paragraphe  est  encore  une  addition 
de  1675. 

2  L’édition  de  1668  termine  ici  ce  qui  a 
rapport  à  la  variole  et  à  la  rougeole;  elle 
ajoute:  IL  nous  faut  maintenant escrire  des  in- 
cornmoditez  de  la  peste  et  du  souuerain  vemede  ; 
et  passe  au  ch.  55,  qui  est  le  51  du  livre  ac¬ 
tuel  de  la  Peste,  La  fin  du  chapitre  a  paru 
pour  la  première  fois  en  1575. 


269 

fiéure  aiguë  et  ardente,  auec  flux  de 
ventre,  et  semblables  accidens  :  es- 
quels  cas  si,  pour  exemple,  vous  don¬ 
niez  incontinent  semen  contra,  ou 
theriaque  vieille ,  myrrhe  ,  ou  aloës , 
vous  augmenteriez  l’ardeur  de  la 
fleure  et  flux  de  ventre ,  d’autant  que 
les  choses  ameres  sont  contraires  à  la 
guarison  de  ces  deux  accidens  :  comme 
au  cas  pareil,  si  ayant  esgard  au  flux  de 
ventre ,  par  lequel  les  vers  sont  re- 
iettés ,  vous  ordonnez  du  corail , 
pourpié,  farine  de  lentilles,  vous 
rendez  la  fléure  plus  difflcile  à  gua- 
rir,  de  tant  que  toutes  choses  astrin 
j  gentes  et  seiches  rendent  la  matière 
de  la  fiéure  plus  contumace.  Parquoy 
il  faut  estre  diligent  à  considérer  si 
la  fléure  est  dépendante  des  vers ,  ou 
bien  si  elle  est  cause  propre,  comme 
estant  fiéure  première,  propre,  es¬ 
sentielle  ,  et  non  symptomatique  :  et 
tousiours  ordonner  medicamens  qui 
combattent  la  maladie  principale. 
Autrement  on  peut  choisir  medica¬ 
mens  qui  combatent  l’vn  et  l’autre  : 
comme  laxatifs,  et  quelque  peu  amers 
en  la  fiéure  et  vers  ;  amers ,  et  quel- 

Ique  peu  adstringens  en  vers  ioints 
auec  flux  de  ventre. 


CHAPITRE  VI. 

DES  POVX,  MORPIONS  ET  CIRONS*. 

Ces  trois  sortes  d’animaux  sont  en¬ 
gendrés  de  la  grande  multitude  d’hu¬ 
meurs  et  humidités  corrompues ,  faite 
d’vne  portion  crasse  et  visqueuse  de 
la  sueur,  laquelle  s’amasse  et  s’ar- 

■  Ce  chapitre  est  d’une  date  beaucoup  plus 
récente  que  les  autres;  il  a  été  ajouté  ici 
seulement  en  1585. 


tTK  MNÔT-t)ÉVilÉTVIË  LTVftE 


‘i70 

resfè  aïil  méâts  ffCs  ^6\¥&  àù  WàV  ! 
cfiir.  I 

Dés  ’ÿb'éix. 

Les  potix  sont  appelés  en  latin 
^ediculi  ,}po\\v  la  multitude  de  leurs 
j)iecis,  et  excitent  vqe  ptialadie  que 
les  Latins  appellent  Morbus  pedicula-  : 
ris.  Ils  .naissent  par  tout  ^e  cprps,  ; 
principalement  és  lieux  chauds  et 
humides ,  comme  sous  les  aiscelles , 
aux  aines,  à  la  teste,,  pour  la  multi¬ 
tude  du  poil  :  et  vojt-on  conimuné- 
pient,  qu’ils  s’engendrent  à  l’entour 
du  col ,  parce  qu’il  y  a  vne  eiponc- 
toire,  accompagnée  ^e  plusieurs 
grande  vaisseaux,  par  lesquels, sor¬ 
tent  plusieurs  humidités  superflues 
pour  l’abondance  des  sueurs.  Les  pe¬ 
tits  enfens  y  sopt  fort  suiets,  à  rai¬ 
son  qu’ils  crapulent  et  engendrent 
beaucoup  d’excrpmens.  ,  , 

11  ne  faut  négliger  ceste  maladie; 
car  plusieurs  personnes  en  ont  esté 
traûaillqes  et  en  ont  perdu  la  yje, 
comme  Ilero^e,  roy  de  ludée,  Sylla, 
dictateur  de  Rpnie,  le  poçte  Alcnian, 
Âca^tu^,  fils,  de  Pelias,  Phere.cides, 
théologien,.  Callisl,henes..01ynthien , 
Mutins,  iuriscons.ulte  ,  Eunüs,  qui 
fut  le  premier  qui  suscita  la  guerre 
des  serfs  en  la  Sicile,  et  Antiochus. 
Ils  se  peuuent  engendrer  par  toutes 
les  parties  de  nô'stre  ddrps ,  mesme 
dans  la  masse  du  sang ,  comme  tes- 
moigne  Pline  en'plusieurs  lieux  ,  au 
liu.  7  ,  chap.  51.  liu.  11.  chap.  33. 

La  curation  de  ce  mal  corisisté  en 
trois  points.  Le  premier  e^t  d’ordon- 
lier  le  régime  de  viüre  desîccatif,  et 
euiter  les  viandes  qui  engendrënt 
mauuais  suc  ,  et  principalement  les 
figues  et  chastaignes ,  et  faut  vser 
de  viandes  ameres.  Le  secpnd  de  pur¬ 
ger  Phumeur,  que  le  médecin  verra 
estre  de  besoin.  Le  troisième  est 


dàVerfeV  Te  'c'drp'è  ^i.Vÿnfe ,  ''Àui(4uèTs 
'cfitr'eéà  'de  là  sfapTilsàgr'è ,  gcnti'àVie , 
àl'ùïàe,  Vue,  riiarrub'ium,  et  au'fres 
h'e'rbes  aVA'eVcè'.  ÀpVds  le  feain,  oh 
fro'ffei'a  Té  coi'iis  d’vh  ongiion't  fait 
d’axôh^e  ’Àe  ‘poVc ,  eh  la^üelle  l’on 
'fera  boiÏÏt'firles  he'A'ès  èhfe'dïtes  :  puis 
y'seVa  ihe'^lé  s'oh'ïpWe  v'ifsuhhlei'nent 
phTherisé  ,  sl'a'pîiïsâfgVê’,  ‘drphhent , 
àThës,  et  vif-adgeht,  leq^îèl  'e'st  propre 
éô'htre  les  ‘p'ouk',  'ih'ôi^piohs  et  cphns  : 
puis  on  reïterera  les  LMs  elTesdiTs 
réihedes ,  'tà'ht‘4u’'iVseV!i  ïïeshîn. 

Des  morpiotVs. 

Lesmorpiôns  sont  fot't  à'dherahs  ‘à 
la  peau’,  si  bien  qù’dn  tie  lés  peut 
qu’à  peine  arracher.  Par  leurs  ’Ûiofr- 
sufes  fis  hcnUtrelft  le  Vlïir  iusqües 
dedans  là  ch'àir,  et  tfiesffies  aùx  pah- 
pieres  des  yeux ,  qtfi  cà’use  Vu  ei- 
treihe  prurit  et  âemaiigeàisdn  :  et 
(comme  escrit  CélSe,  liùre  6'.  chàp.'e.) 
par,  la  grande  fi'icfîô'n  's’y  fait  f(é- 
flUxioh,  qui  vîerit à gaster  et  corro'hi- 
pr'e  la  vue ,  tant  eSt  insupportable  le 
dit  prurit  ;  VofniUe  i’ày  véU  d’Vh'e 
femthe  qui  se  lüüoit  les  y eUi  de  bien 
fort  Vinâîgrt\  Or  iTs  sUUt  engendrés 
d’vhe  Uiatiére  plus  séiehe  qtié  les 
poux  ,  qui  tait  qu’ils  sdUt  'à'ü’s'si  plus 
plats  et  moins  nout'fis. 

La  cure  sera  semblable  à  celle  des 
poüx.  • 

Des  cirons. 

Les  dirons  sontpetits  aUiniaUk'fô'U- 
sioürs  cachés  sOüsle  cifir,  sous  leqüel 
ils  se  traînent ,  rampent  et  le  rongent 

•petit  à  ‘t)éllt','excîtàhs  vne  füscheuse 

et  gratelle.  Ifs  spht 
/^ds  Q’vne  mâtière,  seiche ,  làqüelle, 
yîscqsîté  ,'est  diuiséè  .et 
sepàrée ,  comme  petits  atomes  vi- 
uaiis. 

.  Les  cirons  se  doiuent  tirer  auec  es- 
pingles  ou  aiguilles  :  toutesfois  il  vaut 


DE  LÀ  PETITE  VERÔtLlî  ET  LEPRE. 


mieux  les  luer  aueconguens  etdecoc- 
lions  faites  de  choses  ameres  et  sa¬ 
lées.  Le  remede  prompt  est  le  vi¬ 
naigre,  dans  lequel  on  aura  fait 
bouillir  du  staphisa'gre  et  sel  com¬ 
mun. 

Autre.  Prenez  axonge  et  vif-argent, 
auec  vn  peu  de  sublimé  et  aïoës  ,  et 
soit  fait  onguent;  lequel  est  excellent 
entre  tous  les  remedes  pour  tuer  lés 
poux ,  cirons  et  morpions. 

.^utre  linimenl^. 

2f.  Staphistigri'æ  tritæ  '§ .  &. 

AloësS.  ij  . 

Aceti  scillitici ,  et  olei  araygdalarum 
amara.rum  ana  5  .  ij,.  ,  .  .  .  . 

Olei  fraxini,  et  succi  genistæ  ana  §  .  fi . 
Cum  succo  .alhanasiæ  ,  fiat  instar  mellis  pro 
litu  partium  affectarum. 

.  L’eau,  marine  auec  le  spuipjil-e  et 
du  fiel  de  boeuf  .mesiés  ensemble  y 
^ont  aussi  fort  singuliers.  Xe  bon 
homme  Guidon  ,  traité  6.  docG  L 
phapitre  3.  promet  qu’vne  ceinjure 
de  laine  portée  sur  La  chair  ,  frottée 
d’on gupnt  vif  argentin  ,  tue  entier, e- 
ment  et  fait  mourjr  les  poux ,  de 
quelque  espece  qu,’ils  soient,  et  en 
quelque  partie  que  l’on  l’applique. 


CHAPITRE  VU. 

BRÎÈfVE  description  de  la  LEPRE 
OV  LADRERIE  • 

^  Cesteinaîadiee^'ap^ellée'^^^^^^^^ 
‘Élephaniîasis ,  parce  que  lés  ihaîaciies 

1  Petrus  de  .^rgilala  li.  5.  Traité  2.  ch,  2. 

-  A.  P.^;,  ,  ,,  ..  ^  ,  ,  , 

2  chapitre  faisait  je  56'  dp  l’édidon  de 
1668  ;, il  éiaitTe  5'  ,de  ce  jiyrc  en  f575,  le  6' 
én  1579,  et  est  enlih 'devenu  le  7' ch  1585. 


271 

j  ont  leur  peau  aspre,  scabre,  ridée  et 
inégalé ,  ainsi  que  les  elephans  :  ce 
qui  est  dit  aussi  à  cause  de  la  "gran¬ 
deur  de  la  maladie.  Quelques  chi¬ 
rurgiens  ‘  suiuans  l’opinion  des  Ara¬ 
bes,  lu  y  ont  attribué  cepom  de  Lepre 
(  mais  improprement ,  d’autant  qu’il 
signifie  vne  espece  de  scabie,  ou  galle 
et  viçe  du  cuir,  a'ppellé  du  commüh 
peuple,  le  mal  S.  Main)  duquel  nous 
vserons,  elle  retiendroris  piour  le  pré¬ 
sent  ,  comme  estant  fort  commun  et 
vsité. 

Donc  nous  dirons  premièrement , 
que  Lepre  ou  Ladrerie  (  selon  Paulus 
Ægineta  2  )  est  vn  ’cbancre  vniuersel 
de  tout  le  corps.  Auicenne  rappelle 
maladie  vriiuerselie,  laquelle  cor- 
rpmpt  lacpmplexion,  foçmeou  figure 
des  membre^.  Galien  ,  dit  que  c’es^t 
yne  maladie  tres-grande  ,.prpuenapt 
de  l’erreur  de  la  vertu  digestipe  6^t 
sanguificaliup  du ,  foye ,,  par  jeqpel 
erreur  qt  defaut  ja  vertu  assimila- 
tiûe  de  la, chair  est  granderqent  de- 
prauée  et  changée.  Le,raesme  GaUcn, 
liujre  deuAÎéme  a  .Glaucon^  Séfipit 
çeste  maladie  •.  effusion  de  sang 
troUjble  et  grossier ,.CQntepu  qs  yçines 
par  tout  le  corps  et  habitude  «j’içe- 
luy  h  Outre  ,  Lepre  est  ditç  maladie 
tres-gyande,  à  cause  (Qu’elle  parfr 
cipe  d’yn  yirus,  Venenpux ,  corrom¬ 
pant  les  'membres  et,  la  bqàuté  du 
corps ^  :  car  qu’elle  participe  Üe  venin, 
il  est  aisé  à  çonnoistre  :  ^  c’est  ^  qu’il 
n’est  pas, pecessaire  que  lous  ceux 
qui  en  tout  leur  çorps  sont  melanclîb- 
liques',  soient  ladres. 

l  'Éditioh  'dc  'ihé'8':'ie ‘wtÿafce  des  Ùii- 
rurgiens.  ^ 

s'PaurÆgin.'l/.  %.chaip.  1.—  A.  E. 

8  Cette  deuxième  citation  de  Galien  a  été 
ajo.utée  en  1575.  ,  ,  ,  ,  ,  .  v,; 

f  La  fin  de'cetthphrase  est  aussi  une  addi¬ 
tion  de  1575. 


LE  VJNGT-DEVXIKME  LIVRE, 

ment  espais  et  nébuleux ,  rend  par 


272 

Elle  contient  les  trois  genres  de 
maladies  :  et  premièrement  elle  est 
de  maimaise  complexion  ,  à  sçauoir, 
chaude  et  seiche  au  commencement , 
et  enfin  l’ebullition  et  ardeur  passée 
et  esuanoüie,  froide  et  seiche,  qui 
est  la  cause  immédiate  de  lepre  con¬ 
firmée.  Elle  est  de  mauuaise  compo  ¬ 
sition,  pource  qu’elle  corrompt  la 
forme  et  figure  des  ‘membres.  Aussi 
elle  fait  solution  de  continuité ,  qui 
est  maladie  commune. 


CHAPITRE  YIII. 

DES  CAVSES  DE  LEPRE. 

Les  causes  de  lepre  sont  trois ,  à 
sçauoir  primitiue,  antecedenteetcon- 
iointe.  La  cause  primitiue  est  double , 
à  sçauoir  celle  qui  est  introduite  au 
ventre  de  la  mere,  comme  lors  que 
quelqu’vn  est  engendré  au  temps 
des  menstrues ,  ou  qu’il  a  esté  fait  de 
la  semence  d’vn  pere  ou  mere  lé¬ 
preux,  et  partant  on  lapent  asseuré- 
ment  dire  estre  vne  maladie  heredi 
taire  :  car  vn  ladre  engendre  vn  ladre, 
veu  que  la  semence  ou  geniture  pro- 
uient  de  toutes  les  parties  du  corps  : 
partant  les  parties  principales  estans 
viciées  ,  et  la  masse  du  sang  altérée , 
corrompue  et  infectée  ,  pour-ce  il  est 
necessaire  que  la  semence  le  soit 
aussi,  dont  celuy  qui  est  engendré  est 
infecté.  Pareillement  ceste  maladie 
peut  venir  d’autres  causes,  à  sçauoir, 
pour  faire  sa  demeure  en  lieux  mari¬ 
times  ‘ ,  où  l’air  estant  coustumiere- 

1  Après  cette  première  cause,  l’édition  de 
1568  ajoutait  directement  :  ou  pour  commu¬ 
niquer  et  fréquenter  mec  les  ladres;  les  quinze 
lignes  qui  séparent  aujourd’hui  ces  deux 
membres  de  phrase  sont  de  1575. 


succession  de  temps  telle  toute  l'iiabi- 
tude  do  nostre  corps,  selon  le  dire 
d’Hippocrates  :  Que  quel  est  l’air,  tels 
sont  les  esprits ,  tels  sont  nos  humeurs. 
Ou  pour  l’habitude  des  lieux  et  pays 
trop  chauds,  dont  nostre  sang  dé¬ 
nient  aduste  et  bruslé  :  ou  lieux  trop 
froids ,  dont  il  deuient  espais,  tardif 
et  congelé;  ainsi  voyons  nous  en  quel¬ 
que  partie  d’Allemagne  beaucoup  de 
ladres ,  et  en  Afrique  et  Espagne  plus 
qu’au  reste  du  monde ,  et  en  nostre 
Languedoc,  Prouence  et  Guyenne, 
plus  qu’au  reste  de  la  France.  Ou 
pour  communiquer  et  fréquenter 
auec  les  ladres ,  et  coucher  auec  eux, 
pour  ce  que  leur  sueur  et  exhalation 
des  vapeurs  qui  sortent  hors  de  leurs 
corps ,  sont  veneneuses.  Ainsi  est  de 
leur  haleine,  et  de  boire  aux  verres 
et  autres  vaisseaux  ausquels  ils  au¬ 
ront  beu  :  car  de  leur  bouche  ils  y 
laissent  vne  saliue  sanieu se  contenue 
entre  leurs  genciues  et  contre  les 
dents ,  laquelle  est  veneneuse  en  son 
espece ,  ainsi  que  la  baue  du  chien 
enragé  est  en  la  sienne.  Pour  ceste 
cause,  les  magistrats  leur  enioignent 
ne  boire  qu’en  leur  baril  :  et  à  la 
mienne  volonté  que  tous  les  ladres  le 
fissent ,  à  celle  fin  qu’ils  n’eussent 
occasion  d’infecter  personne  par  ce 
moyen. 

Or  icy  se  peut  esmouuoir  vne 
question,  à  sçauoir,  si  vne  femme 
peut  auoir  compagnie  d’homme  lé¬ 
preux,  sans  qu’elle  soit  infectée.  Ce 
qui  est  possible ,  si  bien  tost  après  ses 
mois  coulent,  d’autant  que  nature  se 
purge  et  nettoye  par  tel  flux  :  mais  au 
contraire  l’homme  à  tard  et  difficile- 
inent  se  peut  sauuer  qu’il  ne  soit 
lépreux,  s’il  a  compagnie  d’vnefemme 
lepreuse ,  ou  qui  recentement  ait  ha¬ 
bité  aueç  vn  lepreux ,  et  qu’elle  ait 


UK  LA  PETITE  VEROLLE  ET  LKERE, 


encor  quelque  portion  de  la  matière 
spermatique  demeurée  aux  rugosités 
du  col  de  sa  matrice,  pour  ce  que 
l’homme  est  apte  et  prompt  à  receuoir 
le  virus  ou  venin  lepreux ,  à  cause 
que  la  verge  virile  est  fort  spongieuse 
et  rare ,  au  moyen  dequoy  reçoit  faci¬ 
lement  le  virus  esleué  des  vapeurs 
de  la  matière  spermatique,  qui  est 
communiquée  aux  esprits  par  les 
veines  et  arteres,  et  aux  membres 
principaux ,  et  de  là  en  toute  l’habi¬ 
tude  du  corps  ,  ainsi  qu’on  voit  com-  1 
munémcnt  que  la  grosse  verolle  se 
prend  par  tel  acte. 

Or  les  lepreux  désirent  grandement 
le  coït,  principalement  lors  que  leur 
maladie  est  en  son  commencement  et 
en  estât,  à  cause  qu’ils  sentent  grande 
chaleur  estrange  aux  parties  internes 
de  leurs  corps,  et  partant  bruslent 
du  désir  de  dame  Venus  :  mais  tel  dé¬ 
duit  leur  est  fort  contraire,  d’autant 
que  par  iceluy  les  esprits  et  chaleur 
naturelle  se  resoluent,  dont  la  cha¬ 
leur  estrange  est  fort  augmentée  et  les 
br  U  sle  d’ auan  tage .  A  U  ssi  ceste  mal  adie 
peut  aduenir  pour  auoir  vsé  de  viandes 
trop  salées,  espicées  et  acres,  grosses 
et  crasses,  comme  chair  de  porc,  d’as- 
ne ,  d’ours  :  aussi  de  pois ,  féues  et 
autres  legumes,  laictages,  poissons  et 
semblables  ,  tant  alimens  que  medi- 
camens,  qui  generalement  engen¬ 
drent  sang  cacochyme  et  melancho- 
lique,  aduste  et  bruslé  :  aussi  par  trop 
crapuler,  et  boire  de  vins  trop  forts  ; 
pareillement  grand  Irauail  assiduel , 
seing  et  sollicitude ,  vie  misérable  et 
en  perpétuelle  crainte  :  lesquelles 
choses  font  vne  intemper  atu  re  chaude 
et  seiche,  qui  engendre  vn  sang  me 
lancholique, féculent,  aduste  et  brus¬ 
lé  par  vne  chaleur  immodérée,  lequel 


^73 

delà  masse  sanguinaire  venant  à  s’es- 
pandre  aux  parties  extérieures,  chan¬ 
ge  toute  l’habitude  du  corps ,  et  de- 
praue  sa  forme  ou  figure. 

Autre  cause  de  lepre  peut  estre  as¬ 
signée  sur  la  rétention  des  super¬ 
fluités  et  excremens  melancholiques, 
comme  des  hemorrhoïdes,  flux  mens¬ 
truel  ,  grosse  et  petite  verolle  ,  rou- 
geolle,  vieilles  vlceres,  fiéures  quar¬ 
tes,  oppilation  de  râtelle,  excessiue 
chaleur  du  foye.  Or  il  faut  icy  en¬ 
tendre  que  la  cause  de  lepre  par  la 
rétention  des  superfluités  se  fait  à 
cause  que  le  sang  corrompu  n’est  na¬ 
turellement  euacué,  dont  il  regorge 
par  tout  le  corps,  et  corrompt  le  sang 
qui  doit  nourrir  tous  les  membres  : 
parquoy  la  vertu  assimilatiue  ne  peut 
bien  assimiler ,  pour  la  corruption  et 
vice  du  suc  dont  la  lepre  est  causée. 

Les  causes  antécédentes  sont  les 
humeurs  préparés  à  se  brusler  et  cor¬ 
rompre,  et  conuertir  en  melancholie, 
par  vne  chaleur  aduste  et  du  tout  es. 
tr  ange  à  nature*  :  car  és  corps  possé¬ 
dés  de  telle  chaleur,  les  humeurs  par 
adustion  sont  aisément  tournés  en 
atrabüis  :  laquelle  par  long  temps 
venant  à  s’enuenimer  et  corrompre , 
donne  commencement  et  essence  à  la 
ladrerie. 

Les  coniointes,  sont  les  humeurs  ja 
pourris  et  veneneux,  ja  espandus  par 
l’habitude,  qui  altèrent  et  corrom¬ 
pent  tout  le  corps  par  vne  intempera- 
ture  froide  et  seiche,  contraire  au 
principe  de  vie,  dont  la  mort  s’en 
suit  :  car  nostre  vie  consiste  en  cha¬ 
leur  et  humidité  naturelle. 

1  La  fin  de  ce  paragraphe  a  été  ajoutée  en 
1576. 


III. 


18 


274 


LE  VINGT-DEVXIÉME  LIVRE  , 


CHAPITRE  IX. 


CHAPITRE  X. 


DES  SIGNES  QVI  MONSTRENT  LA 
PREPARATION  DE  LEPRE. 


SIGNES  QVI  MONSTRENT  LA  LEPRE  ESTRE 
JA  CONFIRMÉE  *. 


Geste  maladie  est  conneuë  par  les 
signes  et  accidens  qui  s’ensuiuent: 
pource  que  chacune  maladie  a  ses 
propres  accidens  qui  la  suiuent, 
comme  l’ombre  fait  le  corps.  Et  entre 
les  signes,  aucuns  signifient  la  prépa¬ 
ration  ,  les  autres  l’effet ,  lequel  a 
quatre  temps,  à  sçauoir  coriimence- 
ment ,  accroissement,  estât,  et  décli¬ 
naison. 

Le  commencement  est  quand  le 
virus  touche  les  membres  intérieurs, 
dont  leurs  actions  sont  diminuées  et 
afifoiblies. 

L’accroissement ,  lors  que  le  virus 
apparoist  au  dehors ,  et  les  signes  et 
accidens  se  multiplient  et  accroissent. 

L’estât  est  quand  les  membres 
commencent  à  s’vlcerer. 

La  déclinaison  est  que  la  face  est 
hideuse  à  regarder ,  et  que  les  extré¬ 
mités  des  doigts  tombent,  et  alors  les 
signes  sont  populaires  et  conneus  à 
vn  chacun. 

Or  les  signes  qui  demonstrent  la 
préparation  ou  disposition  à  la  lepre, 
sont,  mutation  de  couleur  naturelle 
en  la  face ,  comme  goutte  rose ,  sa- 
phyrs,  cheute  de  poil,  grande  altéra 
lion  tant  de  iour  que  de  nuit,  l’fia- 
leine  forte  et  puante,  et  vlcerations  à 
la  bouche,  mutation  de  voix,  etvn 
grand  désir  de  l’acte  venerien. 


Suiuant  la  doctrine  des  anciens  ,  il 
faut  examiner  toute  la  leste,  et  prin¬ 
cipalement  la  face  du  malade ,  en  la¬ 
quelle  apparoissenl  les  propres  signes 
et  les  plus  véritables  ,  pource  que  la 
face  est  molle  et  rare ,  et  en  icelle  le 
cuir  de  ténue  substance  ;  au  moyen 
dequoy  l’humeur  melancholique  et 
aduste  y  est  facilement  conneu  ,  fai¬ 
sant  lésion  à  icelle  plustost  qu’aux 
autres  parties  extérieures. 

Premièrement  donc  faut  regarder 
la  teste,  et  sçauoir  si  les  malades  ont 
vne  alopécie ,  c’est  à  dire,  cheute  de 
poil,  assez  semblable  à  celle  à  laquelle 
sont  suiets  naturellement  les  re¬ 
nards,  et  régénération  de  cheueux 
gresles,  courts  et  subtils  :  qui  se  fait,, 
pource  que  l’action  de  nature  en  l’ha¬ 
bitude  des  poils  est  corrompue  par 
le  defaut  d’aliinens  propres,  et  par¬ 
tant  il  est  necessaire  qu’ils  tombent. 
Adiousteque  les  humeurs  et  vapeurs 
enuoyées  et  suscitées  des  parties  na¬ 
turelles  et  hiferieui-es  d’vn  ladre  , 
en  haut,  sont  si  adusles,  que  de 
leur  acrimonie  ils  rongent  la  ra¬ 
cine  des  poils  et  aliment  qui  pourroit 
estre  enuiron  icelle,  de  sorte  qu’iceux 


1  Ce  chapitre  est,  comme  le  précédent 
de  1568;  mais  ila  été  fort  augmenté  en  1575 
Les  additions  portent  sur  la  plupart  des  pa¬ 
ragraphes,  et  on  peut  remarquer,  en  thèsi 
généiale,  que  presque  tout  ce  qui  est  di 
description  positive  dans  l’énumération  dei 
signes  est  de  l’édiiion  primitive  ,  et  que  h 
plupart  des  explications  sont  de  l’édition  sut 
vante.  Je  noterai  d’ailleurs  les  principales. 


DE  LA.  PETITE  VEROLLE  ET  LEPRE. 


ne  peuuent  aucunement  subsister  ‘  ; 
et  à  cause  de  l’imbécillité  de  la  par¬ 
tie,  ils  y  reuiennent  plus  déliés  et 
gresles.  Pareillement  ou  leur  arra¬ 
chera  dos  cheueux  et  de  la  barbe,  et 
des  sourcils,  et  verra-on  si  auecques 
leur  racine  on  arrache  quelque  por¬ 
tion  de  chair  :  car  telle  chose  ne  se 
fait  que  par  pourriture  et  corruption 
de  snc  alimentaire- 
Pour  le  second  signe,  faut  taster  du 
doigt  les  sourcils  et  derrière  les  oreil¬ 
les,  sçauoir  s’ils  ont  des  tubercules 
granuleux ,  c’est  à  dire  grains  ronds 
et  durs,  à  cause  qu'en  la  lepre  la 
vertu  assimilatiue  defaillant,  fait  que 
le  nourrissement  venant  aux  parties 
ne  se  peut  assimiler  entièrement  et 
parfaitement  ;  parquoy  arresté  ef 
comme  conglobé  en  lieu  estroit , 
comme  derrière  les  oreilles ,  de  sa 
propre  crassitie  et  terreslrité ,  il  de¬ 
meure  granuleux  ;  laquelle  chose  ap¬ 
pert  et  se  monstre  principalement  au 
visage  et  aux  parties  desnuées  de 
chair  ;  et  tel  signe  est  fort  certain, 

P’auantage,  ils  ont  les  orei.les  ron¬ 
des  ,  pour  la  consomption  de  leurs 
lobi^s  et  parties  charneuses  par  de¬ 
faut  d’aliment  suffisant ,  grosses,  es- 
paisses  et  tuberculeuses  à  cause  de 
la  crassitie  et  terreslrité  de  l’aliment 
qui  afflue  à  la  partie  ;  ce  que  nous 
mettrons  pour  le  troisième  signe. 

Pour  le  quatriénae ,  ils  ont  le  front 
ridé  comme  vn  lion,  dont  aucuns  ont 
appeilé  ceste  maladie  morbus  hotii- 
nus.  Et  telle  siccité  vient  de  toute 
l’habitude  du  corps  :  aussi  voyons- 
nous  l’escorce  d’vn  vieux  chcsne  et 

i  Le  commencement  de  cette  phrase  est 
une  addition  de  1575. 

®  L’édition  de  156S  portait  seulement  :  ils 
ont  les  oreilles  rondes,  grosses,  espaisses  et  tu¬ 
berculeuses;  le  reste  est  de  1575. 


276 

la  face  de  nos  vieilles  gens  estre 
toutes  pleines  de  rides 
Le  cinquième ,  ils  ont  le  regard 
fixe  et  immobile,  à  cause  que  les  mus¬ 
cles  faisans  le  mouuement  de  l’œil , 
reseichés  par  faute  d’humidité,  qui 
les  rend  glissans  et  lubriques,  sont 
moins  prompts  à  se  mou  noir.  Et  les 
yeux  ronds  :  car  les  yeux  de  soy,  et 
de  leur  propre  substance,  sont  pres¬ 
que  ronds.  Or  ce  qui  fait  qu’ils  appa- 
roissent  en  nous  plats  par  deuant,  et 
tendans  en  pointe  par  derrière ,  vient 
de  la  concurrence  et  figure  des  mus¬ 
cles  et  graisse  qui  les  enuironne.  Par¬ 
quoy  iceux  consommés  par  faute  de 
nourriture,  ou  par  l’acrimonie  de 
l’humeur  qui  leur  est  enuoyé,  ce  n’est 
de  merueille  si,  comme  desnués  de 
leur  vestemcnt,  ils  se  montrent  ronds. 
Pareillement  ils  ont  les  yeux  rouges, 
enflammés  et  luisans  comme  ceux  des 
chats ,  à  cause  de  l’ardeur  des  esprits 
et  humeurs  acres  et  adustes  ;  et  vraye- 
ment  le  tempérament  des  ladres  est 
fort  semblable  à  celuy  du  chat ,  sça¬ 
uoir  sec  et  melancbolique ,  comme 
aussi  les  mœurs ,  en  ce  qu’ils  sont 
malicieux  comme  eux  2. 

Le  sixième  ,  ils  ont  les  narines  lar¬ 
ges  par  dehorsetestroiles  par  dedans, 
à  cause  de  l’aliment  terrestre ,  gros¬ 
sier  et  melancbolique,  lequel  poussé 
du  dedans  en  l’extremité  des  narines, 
les  esleue  en  tumeur  par  dehors  ; 
dont  s’ensuit  que  pour  l’espaisseur  du¬ 
dit  humeur,  leur  cauilé  intérieure  se 
monstre  moindre  et  comme  bouschée. 
Icelles  narines  sont  pareillement  cor¬ 
rodées,  crousteuses  et  Vlcerées,  dont 

1  Cette  dernière  phrase  est  encore  de  1675. 

^L’édition  de  1568  portait  simplement  : 
«  Le  cinquiesme,  ils  ont  le  regard  fixe  et  im¬ 
mobile,  et  les  yeux  ronds,  rouges  et  euflara- 
més  comme  chats.  » 


rü  LE  VIJNGT-BEVXliME  LIVRE 


souuent  en  sort  du  sang  :  et  le  septum 
cartilaginosum  corrodé  et  consumé: 
et  sont  veus  estre  camus,  d’autant  que 
toute  la  face  est  tumefiée  ,  imbue  et 
enflée  de  mauuais  sue*,  ce  qui  aussi 
peut  procéder  de  l’acrimonie  de  l’bu- 
meur  qui  corrode  les  os  qui  font  l’e- 
minence  du  nez ,  ou  font  contraction 
d’iceux  au  dedans,  dont  pour  la  ca- 
uité  apparente  ils  deuiennent  camus. 

Le  septième,  ils  ont  les  léures  fort 
grosses ,  esleuées ,  et  les  genciues  or- 
des,  puantes  et  corrodées,  à  cause  des 
vapeurs  acres  :  dont  les  dents  sont  des- 
charnées. 

Le  huitième,  ils  ont  la  langue  en¬ 
flée  et  noire 2,  pour  mesme  cause  que 
leurs  narines  :  car  comme  l’air  extrê¬ 
mement  chaud  de  l’Afrique,  par  re¬ 
solution  de  la  portion  plus  subtile, 
espaissit  les  humeurs  attirés  en  l’ex- 
tremité  des  léures  des  hommes  de  ce 
païs  :  ainsi  la  chaleur  intérieure  des 
ladres  fait  le  semblable  des  humeurs 
poussés  au  dehors  vers  ceste  partie , 
laquelle  outre  se  monstre  renuersée 
à  faute  d’appuy,  pour  soustenir  vn 
tel  faix  d’humeurs.  Ont  dessus  et  des¬ 
sous  des  tubercules,  ou  petites  glan- 
duletles,  ou  grains,  comme  on  voit 
aux  pourceaux  ladres,  et  les  veines 
de  dessous  apparoissent  grosses  et  va¬ 
riqueuses.  La  cause  est  que  la  langue 
est  vn  corps  spongieux:  parquoy  il 
est  aisément  imbu  des  hpmeurs  qui 
régnent  par  tout  le  corps  ®. 

Et  pour  le  dire  en  vn  mot ,  ils  ont 

1  Le  reste  de  cette  phrase  manque  en  1 568, 
de  même  que  la  fin  de  la  phrase  précédente, 
à  partir  de  ces  mots  :  à  cause  de  l’aliment 
terrestre,  etc. 

2  L’édition  de  1568  portait  :  Ils  ont  la  lan¬ 
gue  enflee  et  noire,  et  ont  dessus  et  dessouz  des 
tubercules,  etc.- 

s  Celte  dernière  phrase  est  encore  une 
addition  de  1575. 


toute  la  face  tumefiée  et  couperosée, 
de  couleur  rouge  obscure,  liuide,  et 
les  yeux  flamboyans  ,  hideux  et  es- 
pounentables  à  regarder,  comme  sa¬ 
tyres  :  laquelle  chose  procédé  de  la 
cachexie  et  mauuaise  habitude  de 
tout  le  corps.  Or  la  couleur  du  cuir 
est  vn  signe  tres-certain  des  humeurs 
qui  abondent  et  dominent  aux  corps  : 
partant  veu  que  l’humeur  melancho- 
lique  qui  cause  la  lepre  est  gros  et 
adu.ste  ,  il  s’ensuit  que  la  couleur  du 
cuir,  et  principalement  de  la  face,  soit 
liuide  et  plombine  K  Ce  qu’il  faut  en¬ 
tendre  de  ce  qui  apparoist  le  plus 
souuent  :  car  autrement  la  couleur 
à  quelques  ladres  tend  sur  le  iaune , 
à  autres  sur  le  blanc,  selon  qu’est 
l’humeur  qui  en  iceux  régné.  Car 
ainsi  la  plus  part  des  médecins  font 
trois  especes  de  ladrerie  :  rouge  ou 
noiraslre,  faite  de  sang  ou  melan- 
cholie  naturelle  :  iaunastre,  faite  de 
cholere  :  blancheastre,  faite  de  pi¬ 
tuite  :  le  tout  bruslé  et  recuit  par  la 
chaleur  non  naturelle, 

9»  Leur  haleine  est  fort  puante,  et 
généralement  tous  les  excremens  qui 
sortent  de  leurs  corps,  sentans  la  sau- 
uagine  qui  commence  ja  à  se  pourrir, 
pour  le  venin  conceu  en  leurs  hu¬ 
meurs. 

Le  dixiéme,  ils  ont  la  voix  enroüée, 
et  outre  qu’ils  parlent  du  nez  :  ce 
qui  aduient  à  cause  que  leurs  poul- 
mons,  nerfs  recurrens ,  et  muscles  du 
larynx  sont  offensés  et  imbus  de  la 
matière  virulente,  et  qu’ils  ont  la 
cauité  du  nez  bouchée  :  la  trachée 
artere,  comme  toutes  les  parties  du 
corps,  fort  desseichée,  trop  aspre  et 
inégalé,  ainsi  que  l'on  voit  aduenir  à 
ceux  qui  ont  largement  beu  des  vins 

*  Le  paragraphe  finissait  là  en  1568  ;  le 
reste  est  de  1575. 


DE  LA  PETITE  VEROLLE  ET  LEPRE. 


trop  chauds ,  forts  et  puissans  :  pour 
laquelle  mesme  cause  ils  ont  grande 
difficulté  de  respirer,  pour  la  seiche- 
resse  des  muscles  seruàns  à  la  respi¬ 
ration. 

Le  onzième  est  qu’ils  ont  morphea 
et  defedation  vniuerselle  de  leur  peau , 
et  l’ont  pareillement  crespie  comme 
une  oye  maigre  déplumée,  à  sçauoir, 
aspre,  aride  et  inégalé,  icelle  se  ridant 
et  grillant  par  l’adustion  et  siccité  in¬ 
térieure  des  humeurs  ,  de  mesme  fa¬ 
çon  qu’vn  cuir  au  feu  ou  au  soleil. 
Aussi  ont  plusieurs  dartres  et  vilaines 
galles,  desquelles  souuentesfois  sor¬ 
tent  des  croustes,  comme  escailles  de  ' 
carpe,  ou  autres  poissons,  et  ont  aussi 
plusieurs  glandules  ;  lesquelles  cho¬ 
ses  procèdent  à  cause  des  humeurs 
altérés  et  corrompus,  et  principale¬ 
ment  de  la  malice  du  gros  sang  me- 
lancholique  et  aduste ,  pour  n’estre 
bien  elabouré  par  l’œuure  de  la  na¬ 
ture,  et  régi  par  la  faculté  nutritiue  ; 
et  partant  il  se  procrée  vne  chair 
crasse,  scirrheuse,  dure,  aspre  et  iné¬ 
galé.  Donc  veu  qu’en  ceste  maladie  il 
y  a  grand  erreur  en  la  faculté  nutri¬ 
tiue,  et  par  conséquent  en  Fassimila- 
tiue,  de  là  s’ensuit  que  l’aliment  n’es¬ 
tant  bien  elabouré ,  ne  peut  estre 
changé  ny  assimilé.  Et  par  tel  defaut, 
il  est  necessaire  que  ces  tubercules  se 
facent  en  la  chair,  et  qu’elle  soit  dure, 
et  toute  la  peau  aride,  inégalé  et  de 
mauuaise  couleur ,  et  vlcerée  en  plu¬ 
sieurs  endroits,  tant  à  cause  de  la 
crassitie  et  terrestrité  que  pour  l’a¬ 
crimonie  d’iceux  :  et  cestuy  cy  doit 
estre  bien  noté  entre  tous  les  signes. 

Le  douzième,  ils  sentent  par  fois 
grande  ardeur  et  ponctions  par  tout 
le  corps,  comme  si  on  les  piquoit  d’ai¬ 
guilles  :  qui  se  fait  à  cause  d’vne  va¬ 
peur  maligne  qui  s’esleue  des  parties 
intérieures ,  et  est  retenue  sous  la 


277 

peau,  et  ne  peut  librement  sortir, 
pour  ce  que  le  cuir  est  fait  gros,  dense, 
et  espais,par  l’adustion  des  humeurs 
pourris  :  partant  la  vertu  expulsiue 
est  continuellement  stimulée  à  ietter 
hors  les  vapeurs  acres  et  mordican  tes. 

Le  treiziéme  est  qu’ils  ont  vne  éma¬ 
ciation  ou  amaigrissement ,  et  con¬ 
somption  des  muscles  qui  sont  entre 
le  poulce  et  le  doigt  index  ,  non  point 
seulement  pource  que  la  faculté  nu¬ 
tritiue  a  defaut  d’alimens  pour  nour¬ 
rir  lesdits  muscles  (car  tel  defaut  est 
general  par.  tous  les  muscles  du  corps) 
mais  pource  qu’iceux  ,  comme  le  te- 
nar,  ayans  vne  eminence  manifeste, 
la  dépréssion  et  émaciation  ,  comme 
chose  estrange  et  inaccoustumée ,  est 
plustost  remarquée  en  iceux.  Et  pour 
ceste  raison  ils  ont  les  espaules  pro¬ 
tubérantes  en  forme  d’ailes,  à  cause 
delà  consomption  et  émaciation  de 
la  partie  intérieure  du  muscle  tra¬ 
pèze. 

Le  quatorzième,  ils  ont  vne  stupeur 
ou  diminution  de  la  faculté  sensiliue, 
à  cause  que  les  nerfs  sout  remplis 
d’humeurs  melancholiques  gros  et 
terrestres  :  qui  fait  que  l’esprit  animal 
ne  peut  reluire  et  estre  porté  par 
iceux  aux  parties  qui  eu  ont  besoin , 
dont  s’ensuit  stupeur. 

Véritablement  ie  me  suis  souuent 
trouué  àl’espreuue  des  ladres,  et  en¬ 
tre  tous  les  signes  dignes  d’estre  bien 
notés,  cestuy-cy  m’estoit  commun, 
c’est  que  les  ayant  piqués  d’vne  assez 
grosse  et  longue  espingle  au  gros 
tendon  qui  s’attache  au  talon,  qui  est 
fort  sensible  par  dessus  les  autres,  et 
voyant  qu’ils  n’en  sentoient  rien,  bien 
que  i’eusse  poussél’aiguille  fort  auant, 
ie  conclus  que  véritablement  ils  sont 
ladres.  Or  pourquoy  ils  perdent  ainsi 

ile  sentiment,  lemouuement  leur  de¬ 
meurant  entier ,  la  cause  est  que  les 


27^  VINGT-DEVXIIÉME  LIVRE, 

nerfs  qui  sont  disséminas  au  cuir  ment  et  incrément  de  leur  maladie, 
sont  plus  affectés,  et  ceux  qui  sont  à  raison  de  l’adusUon  des  humeurs, 
aux  muscles  ne  le  sont  tant  :  et  pour-  à  laquelle  d’auantage  la  siccilé  sert 
ce  quand  on  les  pique  profondément  d’aiguillon  ;  mais  en  Testât  et  decli 
ils  sentent  la  piqueure ,  ce  qu’ils  ne  naison  delà  maladie,  ils  deuiennent 
font  ù  la  superficie  du  cuir.  cauteleux  et  trompeurs,  et  soupçon- 

Le  quinziéme ,  ils  n’ont  point  ou  neux ,  à  cause  qu’ils  sont  defflans 
peu  de  sentiment  en  leurs  extremi-  d’eux-mesmes,  à  raison  de  fa  melan- 
tés,  et  icelles  tombent  principale-  choliqueqüi,  froide  et  seiche,  lesrend 
ment  en  la  déclinaison,  à  cause  que  ineptes  à  executer  toutes  choses,  soit 
la  faculté  expultrice  iette  les  hu-  de  corps  ou  d’esprit  :  d’où  vient  que 
meurs  pourris  qui  la  molestent  le  craignans  toutes  choses,  voire  les 
plus  loing  qu’elle  peut  des  parties  no-  plus  asseurées ,  ils  taschent  tousiours 
blés,  dont  vient  que  l’humeur  melan-  à  paruenir  et  suppléer  par  malice  ce 
cholique  estant  de  substance  grosse,  qu’ils  sçauent  leur  défaillir  d’esprit  et 
accompagnée  du  virus  lepreux,  op-  d’adresse  :  qui  est  la  mesme  cause 
pille  les  nerfs ,  de  façon  que  l’esprit  pourquoy  les  vieilles  gens ,  les  mala 
sensitif  ne  peut  penetrer  et  reluire  des  et  femmes  sont  sur  tous  su- 
iusqu'aux  extrémités ,  lesquelles  sont  ieis  à  tels  vices.  Ils  désirent  aussi 
loing  de  la  chaleur  naturelle  :  ioinct  grandement  la  compagnie  des  fem- 
que  depuis  que  Tvne  des  principales  mes,  et  principalement  au  temps  de 
facultés  manque  en  vhe  partie,  les  l’accroissement  et  estât  de  leur  mala- 
autres  la  desdaignent  et  n’ÿ  reluisent  die,  à  raison  de  la  chaleur  estrange 
assez  suffisamment,  pour  la  sympathie  qui  les  brusle  au-dedans  :  mais  en  la 
qu’elles  ont  les  vnes  auec  les  autres  :  déclinaison  ils  abhorrent  tel  déduit, 
et  par  ainsi  la  partie  tombe  en  totale  parce  questeur  chaleur  naturelle  est 
mortification.  presque  exhalée  et  esteinte  ».  Cela 

Le  seizième,  ils  ont  songes  et  idées  peut  aussi  prouenir  de  la  crassitie  de 
en  dormant  fort  espOuuentables  :  car  leurs  humeurs,  lesquels  outre  que  ils 
quelquestbis  il  leur  est  aduis  qu’ils  sont  terrestres,  sont  d’auantage  em- 
voyent  des  diables,  serpens,  et  ma-  brouillés  d’vn  esprit  fiatulent  excité 
noirs  obscurs,  sepülchres,  corps  morts  et  proumené  dedans  la  masse  sangui- 
et  autres  choses  semblablesjesquelles  naire  par  la  chaleur  non  naturelle, 
impressions  sont  faites  au  sens  com-  Le  dixhuitiéme ,  leur  vrine  est  es- 
mun  à  cause  des  vapeurs  fuligineuses  paisse  comme  celle  des  iumens,  et 
del’hùmeur  melanchoîique  quimon-  quelquesfois  subtüe  pour  Tangustie 
tent  au  cerueau  ;  ainsi  que  nous  des  vaisseaux  par  où  passe  T  vrine 
voyons  aussi  aduenir  à  ceux  qui  es-  par  lesquels  le  plus  subtile  s’ euacue  2; 
tant  mords  de  chiens  enragés  tom-  iceUe^est  aussi  quelquefois  blaffarde 
bent  en  hydrophobie.  et  de  couleur  cendrée  et  fetide,  com- 

Pour  le  dixseptiérae,  nous  mettrons  me  tous  leurs  autres  excremens. 
qu’ils  sont  quasi  tous  cauteleux,  trom-  Le  dixneufiéme,  ils  ont  le  sang  fort 
peurs,  et  furieux  »,  sur  le  commence- 

»  La  ün  de  ce  paragraphe  est  de  1576. 

1  La  phrase  finit  là  en  1568;  tout  le  reste  **  Ce  membre  de  phrase  ;  et  quelquesfois 
est  de  1575.  subtile,  etc.,  est  de  1575. 


279 


DE  LA  PETITE  VEROLLE  ET  LEPRE. 


gros,  aduste,  et  de  couleur  noirastre 
et  plombine  i  et  si  on  le  laue,  on  le 
trouiiera  arenuleux  en  sa  profondité 
pour  la  grande  aduslion. 

Le  vingtième  est  qu’ils  ont  le  pouls 
fort  debile  et  languide,  à  raison  que 
le  cœur  et  faculté  pulsatile  residente 
en  iceluy ,  est  tellement  opprimée  des 
vapeurs  fuligineuses  qui  s’esleuenlde 
leurs  humeurs  grossiers  et  melan- 
chüliques,  qu’elle  ne  peut  librement 
battre  K 

Or  nous  auons  plusieurs  autres  si¬ 
gnes  de  ladrerie,  comme  dureté  de 
ventre,  à  raison  de  l’ardeur  du  foye  : 
rois  frequons,  à  cause  de  la  frigidité 
de  l’estomach.  causée  de  l’humeur  me- 
lancholique  qui  regorge  en  iceluy  : 
frequente  sternutation,  pour  la  pléni¬ 
tude  du  cerueau  :  mais  entre  tous 
cestuy  leur  est  fort  frequent  :  c’est 
que  leur  visage  et  tout  leur  cuir  ap- 
paroist  tousiours  onctueux,  à  raison 
de  l’ardeur  et  chaleur  non  naturelle 
qui  dissout  et  liquefle  toute  la  graisse 
qui  est  sous  la  peau,  dont  elle  semble 
toute  arrcusée.  Ce  qui  se  connoistra 
si  on  leur  iette  de  l’eau  nette  sus  la 
peau  :  car  l’on  verra  icelle  nes’arres- 
ter  en  aucun  lieu  par  faute  de  prise  2. 

Or  des  signes  susdits  les  vns  sont 
vniuoques,  c’est  à  dire  qui  demoris- 
trent  véritablement  la  lepre  :  les  au¬ 
tres  sont  equiuoques  ou  communs, 
et  suruenans  à  d’autres  maladies  qu’à 
icelle  lepre,  toutesfoisseruent  grande¬ 
ment  à  la  connoistre.  Et  pour  conclu¬ 
sion,  si  toutes  ces  choses  là  ou  la  plus 
part  sont  trouuées ,  elles  demonstrent 
véritablement  la  ladrerie  parfaite. 

1  Cette  explication  est  de  1676;  l’édition 
primitive  portait  :  à  raison  que  la  chaleur 
naturelle  est  suffoquée  parcelle  qui  estestrange 
causée  du  virus  lépreux, 

*  Ce  paragraphe  est  entièrement  de  la  date 
de  1676. 


CHAPITRE  XI. 

nV  PROGNOSTIC  DE  LEPRE, 

La  lepre  est  une  maladie  hérédi¬ 
taire*,  et  contagieuse,  quasi  comme  la 
peste,  et  du  tout  incurable,  comme 
aussi  souuent  est  la  peste.  Geste  con¬ 
tagion  est  si  grande  qu’elle  vient  aux 
enfans  des  enfans,  et  encore  plus 
loing,  de  quoy  l’expedence  fait  foy. 
Or  elle  est  incurable ,  parce  que 
(comme  nous  auons  dit)  c’est  vn  chan¬ 
cre  vniuersel  de  tout  le  corps  :  car  si 
vn  chancre  qui  est  en  vne  seule  partie 
d’iceluy  ne  reçoit  aucune  curation, 
comment  se  pourra  guérir  celuy  qiâ 
occupe  vniuerselleraent  tout  le  corps? 
Aussi  elle  ne  se  peut  guérir,  parce 
que  le  mal  est  plus  grand  que  re- 
mede  aucun  qu’on  ait  iusques  à  pré¬ 
sent  peu  trouuer  et  inuenter. 

Outre-plus  il  faut  estimer  que,  lors 
que  les  signes  apparoissent  au  dehors, 
le  commencement  est  Ion  g  temps  au- 
parauant  au  dedans,  à  raison  qu’elle 
se  fait  tousiours  plustost  aux  parties 
intérieures  qu’exterieures:  toutesfois 
aucuns  ont  la  face  belle,  et  le  cuir 
poli  et  lissé,  ne  donnant  aucun  indice 
de  lepre  par  dehors ,  comme  sont  les 
ladres  blancs 2,  appellés  Cachots,  Ca- 
gols  et  Capots,  que  l’on  trouue  en 
basse  Bretagne  et  en  Guyenne  vers 

*  L’édition  de  1668  ajoutait  ici  entre  pa¬ 
renthèses  :  {comme  nous  auons  par  cydeuanl 
déclaré.) 

2 L’édition  de  1668  portait: 

«  ...comme  sont  les  ladres  blancs,  appelés 
cachos,  que  l’on  trouue  en  basse  Bretagne, 
et  plusieurs  autres  lieux,  qui  m’est  vne  chose 
indicibie.  » 

Le  texte  actuel  et  le  reste  du  paragraphe 
sont  de  1676. 


îtSo  LE  VINGT-DEVXIÉME  livre, 


Bordeaux,  où  ils  les  appellent  Gubets^  1 
ds  visages  desquels  bien  que  peu  ou 
point  des  signes  sus  allégués  apparois- 
sent,  si  est-ce  que  telle  ardeur  et 
chaleur  estrange  leur  sort  du  corps, 
coque  par  expérience  i’ay  veu  ;  quel- 
quesfois  Tvn  d’iceux  tenant  en  sa 
maison  l’espace  d’vne  heure  vne 
pomme fraische, icelle  après  apparois- 
soit  aussi  aride  et  ridée  ,  que  si  elle 
eust  esté  l’espace  de  huit  iours  au 
soleil.  Or  tels  ladres  sont  blancs  et 
beaux,  quasi  comme  le  reste  des 
hommes,  à  cause  que  leur  ladrerie 
consiste  en  matière  pituiteuse ,  la¬ 
quelle  reseichée  par  adustion,  est 
faite  atrabilaire  :  si  que  retenant  tous- 
iours  sa  couleur  blancheastre ,  ap¬ 
porte  toutesfois  tels  inconueniens  aux 
actions  de  ceux  qu’elle  possédé,  quels 
nous  auons  cy  dessus  mentionnés  des 
vrais  ladres  et  descouuerts. 

D’auantage,  on  voit  qu’en  ceste 
maladie  les  trois  vertus  et  facultés  du 
corps  sont  corrompues  et  viciées  :  car 
premièrement  l’animale  precedente 
du  cerueau  est  altérée  et  changée  : 
ce  qui  est  conneu  par  les  imaginations 
et  songes  terribles  et  espouuentables, 
et  par  la  difficulté  du  sentimen  t  et 
mouuement  qu’ont  les  malades  :  la 
corruption  de  la  vitale  est  aussi  con- 
neuë  par  la  voix,  et  difficulté  d’ha¬ 
leine,  et  puanteur  d'icelle,  et  par  le 
pouls  tardif  et  depraué  ;  le  vice  de  la 
naturelle  se  comioist,  par  ce  que  le 
foye  ne  fait  sa  sanguification  ,  et  par 
les  excremens  de  tout  le  corps  procé¬ 
dons  du  foye  :  parquoy  nous  pouuons 
conclure  que  les  trois  membres  prin¬ 
cipaux  pâtissent  en  lalepre. 


CHAPITRE  XII. 

DE  l’AlIiE  SEPARER  I,ES  LADRES  DE  LA 
CONVERSATION  ET  COMPAGNIE  DES 
SAINS. 


!S  signes  sus- 


Or  ayant  conneu  par  les  s  ^ 
dits  que  quelqu’vn  sera  espris  de  le- 
pre  ja  confirmée ,  et  considérant  le 
danger  qu’il  y  a  de  conuerser  auec 
telles  gens,  les  magistrats  lesdoiuent 
faire  séparer  et  enuoyer  hors  de  la 
compagnie  des  sains,  d’autant  que  ce 
mal  est  contagieux  quasi  comme  la 
peste,  et  que  l’air  amhiens  ou  enui- 
ronnant,  lequel  nous  inspirons  et  at¬ 
tirons  en  nos  corps ,  peut  estre 
infecté  de  leur  haleine,  et  de  l’exha¬ 
lation  des  excremens  qui  sortent  de 
leurs  vlceres  :  et  l’homme  sain  con- 
uersant  auec  eux  l’attire,  ce  qu’ayant 
fait,  il  luy  altéré  et  infecte  les  esprits, 
j  et  par  conséquent  les  humeurs,  dont 
après  les  parties  nobles  sont  saisies, 
qui  cause  la  lepre.  Et  pour  ceste  oc¬ 
casion,  il  est  bon  et  necessaire  de  les 
faire  séparer,  comme  i’ay  dit  :  ce  qui 
ne  répugné  point  aux  sainctes  Ecritu¬ 
res.  Car  il  est  escrit  que  le  Seigneur 
fit  séparer  les  lepreux  hors  de  l’ost 
desenfans  d’Israël.  Aussi  aux  leuites 
est  commandé  le  semblable  ‘  :  et  est 
ordonné  pour  les  connoistre ,  qu’ils 

ayent  les  vestemens  deschirés,  et  la 

teste  nue,  et  soient  couuerts  d’vne 
barbute,  et  appellés  sales  et  ords  • 
mais  auiourd'huy  on  leur  baille  des 
cliqueties  et  vn  baril,  à  fin  qu’ilssoient 
conneus  du  peuple. 

Neantmoins  ie  conseille  que  lors 
qu’on  les  voudra  séparer,  on  le  face 
le  plus  doucement  et  amiablement 


1 


JVombre  5,  —  LeuU,  13.  —  A.  P. 


DE  LA  PEÎITE 

qu’il  sera  possible,  ayant  mémoire  , 
qu’ils  sont  semblables  à  nous  :  et  où  il 
plairoil  à  Dieu,  nous  serions  touchés 
de  semblable  maladie,  voire  encor 
plus  griefue.  Et  les  faut  admonester 
que  combien  qu’ils  soient  séparés  du 
monde,  loulesfois  ils  sont  aimés  de 
Dieu  en  portant  patiemment  leur 
croix.  Qu’il  soit  vray,  lesus  Christ 
estant  en  ce  monde  a  bien  voulu 
communiquer  et  verser  auec  les  lé¬ 
preux,  leur  donnant  santé  corporelle 
et  spirituelle  :  car  il  est  escrit  qu’vn 
lepreux  s’inclina  deuant  lesus  Christ, 
disant  ;  Seigneur,  si  tu  veux  tu  me 
peux  nettoyer  :  et  lesus  estendant  sa 
main  le  loucha,  et  luy  dit  :  le  le  veux, 
sois  net  :  et  incontinent  la  lepre  fut 
nettoyée.  Outre  plus  est  escrit  que 
lesus  vne  autrefois  guerist  dixladres  C 


CHAPITRE  Xlll. 

DE  LA  CVRE  POVR  CEVX  QVI  SONT  | 
PREPARES  A  LA  LEPRE.  ] 

11  nous  faut  maintenant  parler  de 
la  cure,  toutesfois  seulement  pour 
ceux  qui  sont  préparés  à  tomber  en 
tel  desastre  et  disposition  ;  c’est  qu’il 
leur  conuient  euiler  toutes  choses  qui 
eschauffent  et  bruslent  le  sang,  et 
generalement  contrarier  à  toutes  cel¬ 
les  que  nous  auons  dites  cy  dessus 
pou uoir  procréer  la  lepre,  et  qu’ils 
vsent  de  viandes  qui  engendrent  bon 
suc  et  aliment,  lesquelles  descrirons 
cy  après  au  régime  de  la  peste  :  et 
seront  purgés,  saignés,  baignés,  et 

1  Mal.  6.  —  Luc.  5.  —  Marc.  1.  — Luc.  l7. 
—  A.  P. 


VEROLLE  ET  LEPllE.  28 1 

cornetés  selon  l’aduis  d’vn  docte 
Médecin,  à  fin  de  refrener  l’intempe- 
rature  du  foye,  et  par  conséquent  de 
tout  le  corps. 

Valescus  de  Tarente  ‘  conseille 
qu’on  leur  osle  les  testicules,  dequoy 
iesuis  aussi  d’aduis  :  car  par  l’incision 
et  amputation  d’iceux,  l’homme  est 
mué  en  température  féminine,  et  par 
ainsi  en  complexion  froide  et  humide, 
laquelle  est  contraire  à  la  chaleur  et 
seicheresse  de  la  lepre;  partant  le 
foye  est  refroidi,  et  par  conséquent 
ne  brusle  les  humeurs,  qui  sont  cause 
première  d’icelle  maladie. 

Or  quant  à  la  cure  de  la  lepre  con¬ 
firmée,  il  n’y  en  a  point,  comme  nous 
auons  dit ,  encor  qu’on  donne  des 
serpens  à  boire  et  à  manger,  et  qu’on 
saigne,  ventouse,  corneteetbaigneles 
malades, ou  qu’on  vse  de  plusieurs  et 
diuers  autres  remedes.  11  est  vray  que 
par  ce  moyen  on  peut  pallier  et  re¬ 
pousser  l’humeur  au  dedans,  à  fin 
qu’ils  ne  soient  conneus  :  ce  que  ie 
ne  voudrois  conseiller  de  faire,  de 
peur  qu’ils  n’abusassent  les  femmes 
et  eussent  conuersation  auec  les  sains  : 
mais  pour  les  faire  AÛure  plus  longue¬ 
ment,  ie  leur  conseilleray  tousiours 
qu’ils  se  facent  chastrer  pour  les 
raisons  susdites,  et  aussi  à  fin  qu’on 
en  puisse  perdre  plus  facilement  la 
progéniture  2. 

Maintenant  nous  parlerons  som¬ 
mairement  de  la  lepre  dès  Grecs. 

1  Dans  toutes  les  éditions  on  lit  Falesien, 
ce  qui  est  une  erreur.  L’opinion  citée  et  ap¬ 
prouvée  par  Paré  appartient  bien  en  effet  à 
Valescus. 

2  Ici  se  terminaient  le  chapitre  et  le  livre 
dans  les  trois  éditions  de  1568,  1676  et  1679, 
Le  chapitre  suivant  est  de  1686. 


282 


LE  VINGT-DEVXIlïME  LIVRE. 


CHAPITRE  XIV. 

DE  LA  LEPRE  DES  GRECS,  DICTE  DV 

VVLGAIRE  MAL  SAINCT  MAIN,  QVI  EST 

VNE  RONGNE. 

Rongne  est  vue  aspérité  du  cuir,  ou 
vue  vlceralion  legere  coniointe  auec 
vn  prurit,  causée  d’vne  pituite  ni¬ 
treuse  et  sallée,  et  de  melancholie 
qui  se  pourrit  sous  le  cuir  ;  et  est  tres- 
difflcile  à  guarir. 

Pour  la  curation,  il  faut  estre  purgé 
et  saigné,  euiter  toutes  viandes  de 
haut  goust  qui  enflamment  le  sang. 
On  baignera  le  malade  par  diuerses 
fois,  et  l’on  mettra  dedans  le  bain 
choses  remollientes  :  et  au  partir  du 
bain  tout  le  corps  du  malade  sera 
frotté  de  beurre  frais,  à  fin  de  faire 
tomber  les  croustes,  et  amollir  l’aspe- 
rilé  du  cuir.  En  après  on  retournera 
au  bain,  et  dans  iceluy  seront  appli¬ 
qués  plusieurs  cornets  auec  scarifica¬ 
tions,  pour  euacuer  le  sang  contenu 
entre  cuir  et  chair.  Et  quelques  iours 
après  sera  frotté  le  corps  de  l’onguent 
qui  s’ensuit. 

Of.  0!el  iuniperi  g  .  ij. 

Olei  nucum  g .  j. 

Olel  tarlari  albi  g  .  j. 

Vilrioli  Romani,  salis  communis  ,  sul- 
phuris  viui  ana  3.  iij. 

Terebent.  lotæ  in  succo  limonura  §  .  ij. 

Lithargyri  g.  6. 

Ceræ  modicum. 

Fiat  vnguentum. 

Or  ce  médicament  sera  de  plus 
grande  efficace,  si  on  y  adiouste  deux 
onces  de  vif-argent,  et  deux  dragmes 
de  sublimé  :  et  aura  grande  vertu, 
appliqué  après  le  bain.  Car  le  bain 
amollit  et  ouure  les  pores,  et  par  con¬ 
séquent  le  fait  pénétrer  plus  fort. 


Autre. 

Prenez  racines  d’enula  campana  g.  iiij. 
cuites  en  fort  vinaigre  ,  puis  pilées,  et 
passées  par  l’estaminc  :  adioustez  : 
Soulphre  vif  g  .  fS. 

Jus  de  limon  g  .  ij. 

Beurre  frais  g  .  iiij. 

Et  de  ce  soit  fait  onguent. 

Si  la  rongne  est  rebelle  à  guarir,  les 
parties  malades  seront  frottées  de 
l’onguent  Enulatum  cum  Mercurio. 

litre. 

Prenez  axongede  porc  g.  iiij. 

Soulphre  vif  g  .  j. 

Sel  subtilement  puluerisé,  terebenthine 
lauée,  vne  once  et  demie. 

Et  de  ce  soit  fait  onguent. 


CHAPITRE  XV, 

DES  DARTRES*. 


Les  dartres  sont  aspérités  du  cuir, 
comme  petites  enleueures  auec  gran¬ 
de  dernangeaison,  qui  iettent  vne  ma¬ 
tière  sereuse. 

Pour  les  remedes  topiques,  Hippo¬ 
crates  au  liure  De  m  or  bis  mulierum, 
recommande  le  vinaigre  où  l’on  aura 
fait  tremper  de  la  pierre-ponce ,  ou 
soulphre  vif  Pareillement  l’huile  de 
fourment  extraite  sur  vne  enclume 
auec  vne  pelle  toute  rouge  :  et  en 
frotter  la  dartre  tant  de  fois  que  l’on 
connoistra  estre  guarie.  L’eau  de  su¬ 
blimé  aura  pareille  vertu,  ou  l’eau 
forte  qui  aura  serui  aux  orféures. 


Let  article  des  Dartres  se  lit  déjà  en 
1585;  mais  il  faisait  suite  au  chapitre  précé¬ 
dent,  bien  qu’en  étant  tout-à-fail  distinct 
par  son  titre.  C’est  afin  d’établir  plus  nette¬ 
ment  cette  distinction  que  j’en  ai  fait  un 
chapitre  séparé. 


LE  VINGT-TROISIÈME  LIVRE, 

TBAITAWT 

DES  YENINS  ET  MORSVRE  DES  CHIENS  ENRAGÉS, 

ET  AVTRES  MORSVRES  ET  PIQVEYRES  DE  RESTES  VENENEVSESi. 


CHAPITRE  I. 

POVBQVOY  l’aVTHEVB  A  ESCHIT  DES 
VENINS. 

Cinq  choses  m’ont  incité  de  colli¬ 
ger  des  anciens  ce  petit  traité  des  ve¬ 
nins  :  dont  la  première  est,  à  fin 
d’instruire  le  ieune  Chirurgien  des 

*  Ce  livre  des  Venins  ,  que  l’on  pourrait 
s’étonner  de  voir  parmi  lesOEiivres  de  Paré, 
s’y  rattachait  cependant  dès  l’origine  par 
une  connexion  bien  naturelle.  Il  avait  paru 
pour  la  première  fois  dans  la  grande  édition 
de  1675  sous  ce  titre  : 

LIVRE  DÉS  a'.OUSYRES 

des  chiens  enragez  ;  ensemble  des  piquenres 
et  morsures  de  certaines  besieS  venimeuses 
trouUees  e»  ce  pays  de  France. 

C’étaitdonc,  d’après  ce  litre,  unlivrepu- 
rementchinirgical.et  comme  le  complément 
de  son  livre  des  Plages  d’harquebuses  (Voyez 
tome  II,  pages  189  et  193).  On  en  jugera 
bien  mieux  encore  par  la  table  des  24  cha¬ 
pitres  dont  il  était  alors  composé  ;  j’indique¬ 
rai  en  même  temps  leur  correspondance 
avec  ceux  du  livre  actuel. 

Chap.  1.  —  Des  venins  en  general,  La  rédac¬ 
tion  en  a  été  complètement  changée;  il  ré- 


remedes  qu’il  doit  vser  pour  promp¬ 
tement  suruenir  aux  affligés ,  atten¬ 
dant  le  secours  du  docte  Médecin.  La 
seconde,  à  fin  qu’il  puisse  auoirvraye 
et  exacte  connoissance  de  ceux  qui 
poiirroient  estre  empoisonnés ,  pour 
fidèlement  en  faire  rapport  à  iusli- 
ce ,  lors  qu’il  en  sera  requis.  La  troi¬ 
sième  aussi,  à  fin  que  ceux  qui  sont 

pond  en  partie  aux  chapitres  1,  5  et  11  du 
livre  actuel. 

Chap.  II. —  Du  venin  naturel.  — Fait  aujour¬ 
d’hui  le  chap.  12. 

ChaP.  III.  —  Des  testes  venimeuses.  —  Au¬ 
jourd’hui  ie  chap.  13. 

Chap.  iv.  —  De  la  cure  vniüerselle  des  mor¬ 
sures  ou  piqueures  venimeuses.  —  Devenu 
le  chap.  14. 

CiiAP.  V.  —  Tm  cause  pourquoy  les  chiens  de- 
uiennentpiusiostenragezque  les  autres  testes. 
Chap.  vi.  —  Signes  pour  cognoistre  vn  chien 
estre  enragé, 

Chap.  vu.  —  Fes  signes  pour  cognoistre  vn 
homme  auoir  esté  mordu  d’vn  chien  enragé. 
Chap.  vai.  —  Des  accidens  de  la  morsure 
d’vn  chien  enragé. 

CiiAP.  IX.  —  Pronostic  de  la  morsure  d’vn 
chien  enragé. 

Chap.  x. —  Cure  de  la  morsure  d’vu  chien  en¬ 
ragé. 

Chap.  xi.  — ■  De  la  cure  de  i’hydrophotis.  — 


Îl84  I-E  VINGT-TRO; 

residensaiixchampsjcommelesnobles 
et  peres  de  familles,  ayans  mes  œu- 
ures,  puissent  secourir  leurs  panures 
suiels,  où  ils  seroient  piqués  ou  ràor- 
dus  des  bestes  venimeuses,  ou  des 
chiens  enragés,  et  autres  bestes  La 
quatrième,  à  fin  que  chacun  se  puisse 
preseruer  d’estre  empoisonné ,  et  sur- 
uenir  aux  accidens.  La  cinquième  est 

Ces  six  chapitres  en  font  sept  dans  cette 
édition,  placés  dans  le  même  ordre,  du 
chap.  16  au  chap.  22  inclusivement. 

Ch  AP.  xn.  —  Question  si  on  peut  manger  des 
Ôestes  qui  se  nourrissent  de  bestes  venimeu¬ 
ses  ,  sans  aucun  danger.  —  Correspond  au 
chap.  4. 

Chap.  xiii.  —  De  la  morsure  et  piqueure 
d’aucunes  bestes  venimeuses,  et  principale¬ 
ment  de  la  vipere.  —  Devenu  le  chap.  23. 
Chap.  xiv.  —  Delà  morsure  des  aspics. 

Chap.  xv.  —  Delà  morsure  des  couleuures. 
Chap.  xvi.  —  De  la  morsure  du  crapaut. 

Chap.  xvii.  —  De  la  piqueure  du  scorpion. 
Chap.  xviii.  —  De  la  morsure  et  piqueure  des 
mouches. 

Chap.  xix. —  De  la  morsure  des  chenilles. 
Chap.  xx.  —  De  la  morsure  des  araignes. 
Chap.  xxi.  —  Du  venin  des  mouches  canthari¬ 
des, 

Chap,  xxii.  —  Dit  venin  de  la  mouche  bupreste. 
Chap.  xxiu.  —  Du  venin  de  la  sangsue.  — 
Ces  dix  chapitres  se  suivent  actuellement 
dans  le  même  ordre,  mais  réduits  au 
nombre  de  neuf  par  la  réunion  de  deux 
en  un,  du  30=  au  38'  chapitre. 

Chap.  xxiv.  —  De  la  piqueure  d'vne  viue.  — 
Devenu  le  40'  chapitre  du  livre  actuel. 

En  1579,  le  livre  changea  dé  titre  et  de 
plan  tout  à  la  fois;  il  comptait  48cl)apitres, 
le  double  de  l’édition  précédente,  et  traitait 
de  tous  les  poisons ,  animaux ,  végétaux  et 
minéraux.  Dés  lors  il  devenait  essentielle¬ 
ment  médical,  ce  qui  justifie  la  place  que 
nous  lui  avons  donnée. 

En  1586,  il  s’augmenta  bien  autrement 
encore,  et  alla  jusqu’à  65  chapitres  en  vertu 
deradjonctiondesseizechapitresduDiscours 
de  la  licorne.  Cet  énorme  appendice  le  fai- 


Sll^ME  LIVRE  , 

le  désir  quei’ay  tousiours  eu  et  auray 
toute  ma  vie  ,  de  seruir  à  Dieu  et  au 
public,  auec  protestation  douant 
Dieu  de  ne  vouloir  enseigner  à  mal¬ 
faire,  comme  aucuns  mal-vueillans 
me  pourroient  taxer  :  ains  ie  desire- 
rois  que  les  inuenteurs  des  poisons 
fussent  auortés  au  ventre  de  leurs 
meres». 

sait  manquer  à  son  plan  et  à  son  titre  ;  il  m’a 
paru  convenable  de  m’en  tenir  à  la  distri¬ 
bution  de  1579  ,  et  de  reproduire  à  part  le 
Discours  de  la  licorne,  ce  qui  me  permettra 
surtout  de  donner  la  curieuse  préface  de  ce 
Discours,  publié, comme  il  a  été  dit,  en  1682. 

Le  premier  livre  devait  beaucoup  à  Gré- 
vin,  comme  Paré  en  convenait  lui-même 
(Voyez  la  note  suivante).  Le  livre  nouveau 
ne  lui  doit  pas  moins;  mais  de  plus  Paré  a 
emprunté  un  peu  partout,  et  notamment  il 
a  pris  un  chapitre  à  Thierry  de  Héry. 

Il  convient  d’ajouter  qu’il  avait  fait  gra¬ 
ver  sur  bois,  pour  l’ornement  de  ce  livre,  les 
figures  du  serpent  coule-sang ,  du  pourris- 
seur,  du  basilic  ,  de  la  salamandre ,  de  la  tor¬ 
pille,  de  la  tareronde,  du  Mure  marin,  et 
enfin  de  Y  aconit.  Ces  figures  ,  assez  médio¬ 
cres,  étaient  tout  au  moins  inutiles;  je  ne 
me  suis  pas  fait  scrupule  de  les  supprimer. 

^  Dans  l’édition  de  1575,  Paré  commen¬ 
çait  aussi  son  premier  chapitre  en  exposant, 
comme  il  le  dit  en  marge,  Y  intention  del’au- 
theur-,  voici  ce  passage,  qu’il  sera  curieux  de 
comparer  avec  le  texte  actuel  : 

«  Il  m’a  semblé  estre  bon  d’escrire  som¬ 
mairement  au  ieune  Chirurgien  de  la  mor¬ 
sure  et  piqueure  des  bestes  venimeuses ,  et 
principalement  de  celles  qui  sont  communes 
en  ce  pais,  comme  de  chiens  enragez,  vipè¬ 
res,  aspics,  couleuures,  crapaux,  scorpions, 
araignes,  chenilles,  mousches  à  miel ,  fres- 
lons,  guespes  et  talions,  à  fin  qu’il  soit  in¬ 
struit  à  cognoistre  la  différence  de  la  mali¬ 
gnité  qui  est  en  leur  venin,  et  par  conséquent 
il  y  puisse  mieux  approprier  les  remedes 
quand  il  en  sera  besoin.  Lesquels  remedes 
i’ay  recueillis  de  plusieurs  autheurs,  et  rnes- 
mes  de  laques  Greuln  ,  docteur  regent  en 


DES  VEiNlNS. 


Pour  donc  entrer  en  matière ,  nous  j 
commencerons  par  la  diuision  des  j 
venins  en  general ,  puis  nous  pour- 
suiurons  vne  chacune  espece  en  par 
ticulier.  Et  dirons  premièrement, 
que  venin  ou  poison  est  vne  chose  , 
laquelle  estant  entrée  ou  appliquée  au 
corps  humain ,  a  la  vertu  de  le  com¬ 
battre  et  vaincre ,  tout  ainsi  que  le 
corps  est  victorieux  de  la  nourriture 
qu’il  prend  iournellement:  qui  se  fait 
par  qualités  manifestes ,  ou  par  pro¬ 
priétés  occultes  et  sécrétés.  Le  con¬ 
ciliateur  au  liure  qu’il  a  fait  des  Ve¬ 
nins^  dit  que  tout  venin  pris  dedans 
le  corps  ,  de  toutes  ses  propriétés  est 
du  tout  contraire  à  la  viande  de  la¬ 
quelle  nous  sommes  nourris.  Car 
comme  la  viande  se  conuertit  en 
sang,  et  rend  toutes  les  parties  sem¬ 
blables  aux  membres ,  lesquels  princi¬ 
palement  elle  nourrit ,  se  mettant  au 
lieu  de  ce  qui  continuellement  s’es- 
coule  de  nostre  corps  ,  se  résout  et 
consomme  :  aussi  le  venin  tout  au 
contraire  transmue  le  corps  et  les 
membres  qu’il  touche  en  vne  nature 
particulière  et  venimeuse.  Donc  ne 
plus  ny  moins  que  tous  animaux  et 
tous  fruits  que  la  terre  produit,  se 
pouuansconuertiren  aliment,  si  nous 
les  mangeons ,  se  tournent  en  nour¬ 
riture  :  aussi  à  l’opposite  les  choses 
venimeuses  prises  dedans  le  corps, 
rendent  tous  les  membres  de  nostre 
corps  venimeux.  Car  comme  tout 
agent  est  plus  fort  que  le  patient  : 
aussi  le  venin  par  saplusgrande  force 

la  faculté  de  medecine ,  qui  en  a  escrit  vn 
liure.  » 

Voyez  ce  que  j’ai  dit  de  Grévin  dans  mon 
Introduction,  page  cccxxxin. 

‘  Le  conciliateur,  Pierre  de  Abano,  souvent 
désigné  sous  ce  nom,  et  qu’on  trouvera  plu¬ 
sieurs  fois  cité  dans  le  courant  de  ce  livre. 


surmonte  notre  substance ,  et  la  con 
uertit  en  sa  nature  venimeuse  :  par 
mesme  raison  que  le  feu  par  sa  tres- 
grande  chaleur  conuertit  soudaine¬ 
ment  la  paille  à  soy  et  la  consomme. 
Et  pource  les  anciens  grands  inquisi¬ 
teurs  des  choses  naturelles  ont  dit , 
que  le  venin  tue  les  hommes  d’autant 
qu’il  corrompt  la  température  et 
complexion  de  leurs  corps. 

Or  tous  venins  et  poisons  procè¬ 
dent  de  l’air  corrompu  ou  des  fou¬ 
dres  et  tonnerres  et  leurs  esclairs  :  ou 
du  naturel  des  bestes ,  plantes  et  mi¬ 
néraux  :  ou  par  artifice  et  sublima¬ 
tions  des  rneschans,  traistres,  empoi¬ 
sonneurs  et  parfumeurs,  desquelles 
choses  se  prennent  les  différences. 
Car  tous  venins  ne  font  pas  leurs  ef¬ 
fets  d’vne  mesme  sorte ,  et  ne  prece¬ 
dent  lesdits  effets  d’vne  mesme  cause  : 
car  aucuns  opèrent  par  l’excès  des 
qualités  élémentaires  desquelles  ils 
sont  composés  :  autres  opèrent  par 
leur  propriété  spécifique  ou  secrete  : 
dont  aucuns  tuent  plustost,  les  autres 
plus  tard  L  Aussi  tous  venins  ne  cher- 


1  Le  premier  chapitre  de  l’édition  de  1576 
disait  déjà  quelque  chose  de  semblable  j 
mais  à  la  suite  du  passage  reproduit  dans 
la  note  de  la  page  précédente,  on  lisait  : 

«  Or  toutes  les  bestes  dessus  dites  sont 
plus  ou  moins  veneneuses,  selon  la  quan¬ 
tité  ou  qualité  de  la  malignité  de  leur  venin. 
Et  pourtant  il  y  a  différence  en  la  longueur 
oubrieuetédu  temps,  auquel  elles  font  leurs 
accidents.  Outre  plus  faut  entendre,  qu’il  y 
a  diuersité  és  operations  des  venins  artifi¬ 
ciels  ,  d’autant  que  aucuns  agissent  par  vne 
qualité  manifeste,  comme  chaleur,  froidure, 
secheresse  et  humidité,  autres  par  vne  pro¬ 
priété  spécifique,  laquelle  ne  peut  estre 
cogneue  que  par  seule  expérience.  » 

Immédiatement  après,  il  passait  aux  si¬ 
gnes  des  venins  chauds,  froids,  etc.,  que 
nous  retrouverons  au  chapitre  5. 


200  LE  VINGT-TROISIEME  LIVRE 


chent  premièrement  le  cœur  pour 
luy  nuire,  mais  nuisent  à  certains 
membres  ;  comme  l’on  voit  les  can¬ 
tharides  qui  offensent  la  vessie,  la  ci¬ 
guë  le  cerueau  ,  le  liëure  marin  les 
poulinons ,  la  torpille  qui  engourdit 
et  stupéfié  les  mains  de  ceux  qui  tou¬ 
chent  seulement  les  rets  où  elle  est 
prise  Autres  blessent  autres  parties, 
puis  après  le  cœur  :  comme  l’on  voit 
les  médecines  qui  confortent  le  cœur, 
comme  le  safran ,  autres  le  cerueau , 
comme  le  stecas ,  autres  l’estomach , 
comme  la  canelle,  autres  autres  par¬ 
ties.  Il  y  a  aussi  des  venins  qui  opè¬ 
rent  par  qualités  manifestes  et  par 
qualités  spécifiques  tout  ensemble , 
comme  l’euphorbe ,  lequel  iaçoit-que 
par  sa  force  venimeuse  qu’il  a  de  l’ex¬ 
cès  de  sa  chaleur ,  il  infecte  toulesfois 
aussi  par  son  autre  force ,  qui  procédé 
de  sa  vertu  spécifique  :  ce  qui  se  con- 
noist  par  le  theriaque,  la  propre 
vertu  duquel  est  de  surmonter  toutes 
poisons  qui  opèrent  de  leur  vertu 
occulte ,  lequel  est  de  très-grand  effi¬ 
cace  contre  l’euphorbe.  Que  si  ledit 
euphorbe  nuisoil  de  sa  seule  excessiue 
qualité,  tant  s’en  faut  que  le  théria¬ 
que  qui  est  de  soy  fort  chaud ,  luy 
fust  contraire ,  que  plustost  U  entre- 
tiendroit  sa  force  et  nuisance  ,  ce 
qu’il  ne  fait. 

Les  venins  qui  opèrent  par  leur 
vertu  spécifique,  ne  le  font  pas 
parce  qu’ils  sont  chauds ,  froids,  secs, 
ou  d’humidité  excessiue  :  mais  c’est 
parce  qu’ils  ont  ce  naturel  particu¬ 
lier  des  intluencescelestes,  contraires 
à  la  nature  humaine.  Pource  tels  ve¬ 
nins  pris  en  bien  petite  quantité  sont 
neantmoins  d’vne  force  si  maligne  et 
tant  cruelle  ,  quequelquesfoisen  vne 
heure  ou  moins  ils  tuent. 

Les  venins  ne  tuent  pas  seulement 
pris  par  la  bouche,  mais  aussi  appli¬ 


qués  extérieurement.  Semblablement 
les  bestes  ne  tuent  pas  seulemenl  par 
leurs  morsures  ou  piqueures  ou  cs- 
gratigneures  :  mais  aussi  par  leur 
baue ,  regard ,  ou  par  le  seul  attou¬ 
chement  ,  ou  par  leur  haleine ,  ou  par 
manger  et  Loire  de  leur  sang ,  ou  par 
leur  cry  et  sifflement,  ou  parleurs 
excremens  L 


CHAPITRE  IL 

QVESTION. 

Comme  se  peut  faire  que  le  poison 
baillé  en  petite  quantité,  ou  la  pi- 
queure  d’vne  beste  venimeuse ,  mons¬ 
tre  ses  effets  en  si  peu  d’heures  par 
toutes  les  actions  du  corps,  tant  ani¬ 
males  que  vitales  et  naturelles,  fait  en  • 
fier  tout  le  corps  comme  vne  beste 
que  l’on  veut  escorcher  qu’on  aura 
soufflée?  Et  comment  aussi  se  peut 
faire  que  la  contre -poison  puisse 
rabbattre  vne  telle  vertu  :  attendu 
qu’il  est  impossible  qu’vne  petite  por¬ 
tion  de  liqueur  se  transporte  à  tant  de 
parties? 

Galien  dit  que  la  substance  du  poi¬ 
son  et  contre-poison  n’est  point  distri¬ 
buée  par  le  corps  ,  mais  seulement  la 
qualité  d’iceluy  .Toutesfois  les  Philoso¬ 
phes  tiennent  que  nulle  qualité  ne  peut 
estre  sans  corps.  Nous  dirons  que  ces 
qualités  sont  tellement  distribuées 
par  tout  le  corps ,  qu’il  n’est  pas  ne¬ 
cessaire  que  la  petite  portion  du  poi¬ 
son  soit  partie  en  tant  et  tant  de 
parts  (  car  il  seroit  impossible  )  mais 
il  faut  entendre  que  quant  et-quant 

1  Cette  dernière  phrase  est  textuellement 
répétée  au  chap.  9,  sans  en  être  plus  vraie 


DES  VENINS.  287 

que  ce  peu  de  poison  est  entré  de-  Théophraste  dit ,  que  neantmoins 
dans  le  corps ,  le  venin  gaigne  et  con-  qu’il  y  a  des  venins  qui  tuent  plustost, 
uertit  en  sa  propre  substance  ce  qui  autres  plus  tard,  toutesfois  qu’il  est 
de  prime  face  luy  vient  au  douant,  soit  impossible  de  pouuoir  donner  vn  ter- 
le  sang  qui  est  és  veines  et  arteres,  me  preflx,  comme  aucuns  pensent, 
soit  du  phlegme  dedans  l’eslomach ,  Car  ce  que  les  venins  tuent  ou  plus- 
et  autres  humeurs ,  ou  és  boyaux,  tost  ou  plus  tard ,  il  ne  procédé  selon 
dont  puis  après  s’aide  à  gaigner  le  les  Médecins  de  leur  propre  naturel 
reste  du  corps  ;  ainsi  qu’vn  capitaine  et  force,  mais  de  ce  que  la  nature  de 
voulant  liurer  vne  ville  entre  les  celuy  qui  l’aura  pris  résisté  plus  ou 
mains  d’vn  ennemi ,  tasche  d’attirer  moins  ausdits  venins  ,  ce  que  l’expe- 
le  plus  d’hommes  qu’il  peut  pour  se  rience  monstre  ;  car  il  est  certain 
seruir  au  iüur  donné  Le  poison  donc-  qu’vn  mesme  venin  d’vn  mesme  poids 
ques  par  ce  moyen  que  i’ay  dit,  com-  et  mesme  quantité ,  baillé  à  diuerses 
mence  à  s’espandre  par  les  veines,  personnes  de  diuerses  natures  , 
arteres  et  nerfs ,  et  ainsi  se  commu-  tuera  les  vns  dedans  vne  heure, 


nique  au  foye ,  au  cœur  et  au  cerueau, 
mesme  conuertit  en  sa  nature  tout 
le  reste  du  corps.  Et  quant  est 
de  contre  poison ,  pour  autant  qu’il 
est  pris  en  assez  grande  quantité, 
estant  entré  dedans  l’estomach  , 
où  il  s’eschauffe,  il  esleue  des  va¬ 
peurs  lesquelles ,  esparses  par  tout  le 
corps,  combattent  par  leurs  vertus 
la  force  du  venin.  C’est  pourquoy  le 
contre-poison  pris  en  trop  petite 
quantité  ne  peut  vaincre  le  poison,  à 
cause  que  les  vapeurs  ne  sont  suffi¬ 
santes  pour  estre  enuoyées  en  tant 
d’endroits,  et  partant  il  faut  que  le 
contre-poison  soit  plus  fort  que  le 
poison ,  à  fin  de  surmonter  et  vaincre 
le  venin  du  poison. 


CHAPITRE  III. 

AVTRE  QVESTION. 

A  sçauoir,s’il  est  possible  de  donner 
des  poisons  qui  lacent  mourir  les 
hommes  à  certain  temps  prefix  , 
comme  d’vn  mois, plus  ou  moins? 


les  autres  dedans  quatre,  autres 
dedans  vn  iour,  et  à  d’aucuns  ne 
portera  grande  nuisance.  Ce  qu’on  ex¬ 
périmente  tous  les  iours  aux  médeci¬ 
nes  laxatiues  :  car  si  diuerses  person- 
ne&prennent  vne  mesme  medecine  de 
mesme  poids ,  quantité  et  qualité ,  en 
aucuns  elle  monslrera  subit  son  effet, 
en  aucuns  tard  :  en  aucuns  fera 
bien  petite  operation,  en  d’autres  tres- 
grande ,  és  autres  point  du  tout  :  en 
aucuns  purgera  sans  fascherie  , 
en  autres  auee  grand  trauail  et 
douleur  :  ce  qui  ne  procédé  d’autre 
cause  que  de  la  diuerse  et  dissembla¬ 
ble  température  des  malades,  laquelle 
ne  se  peut  si  parfaitement  connoislre, 
qu'on  puisse  sçauoir  iusques  à  quand 
la  chaleur  naturelle  ait  puissance  de 
résister  au  venin.  Il  procédé  aussi  de 
ce  qu’aucuns  ont  les  arteres  larges  ou 
fort  serrées.  Car  le  venin  ayant  trouué 
les  chemins  et  conduits  larges ,  non 
seulement  il  pénétré  legerement, 
mais  aussi  aisément  il  passe  auec 
l’air ,  qui  continuellement  entre  en 
nostre  corps  pour  flabeller  et  refri- 
1  gerer  le  cœur. 


288  LÈ  VINGT-TROISlPlME  LIVRË, 


CHAPITRE  IV. 

A  SÇAVOIR  SI  LES  ANIMAVX  VIVANS  DES 
BESTES  VENIMEVSES  ,  SONT  VENI- 
MEVX, ET  SI  ON  EN  PEVT  MANGER  SANS 
DANGER*. 

Les  canars,  les  cicoignes,  les  lie¬ 
rons  ,  les  paons ,  les  cocqs  d’Inde  et 
autres  poullailles  mangent  et  viuent 
de  crapaux ,  viperes,  aspics,  couleu- 
ures,  scorpions,  araignes ,  chenilles, 
et  autres  bestes  venimeuses.  Sçauoir, 
si  tels  animaux  ayans  mangé  telles 
bestes ,  puis  mangés  des  hommes  ,  les 
peuusnt  infecter  et  empoisonner? 

Mathiole  dit,  que  tous  les  moder¬ 
nes  qui  ontescritdes  venins  tiennent 
asfeurément  que  tels  animaux  man¬ 
gés  ne  peuuent  aucunement  nuire  : 
au  contraire  nourrissent  le  corps  ne 
plus  ne  moins  que  les  autres  qui  n’au¬ 
ront  mangé  telles  viandes  venimeu¬ 
ses,  parce  que  ces  animaux  conuer- 
tissent  en  leur  nature  leurs  viandes 
venimeuses.  Laquelle  raison  et  opi¬ 
nion  ,  encore  qu’elle  aye  grande  ap¬ 
parence,  que  ce  venin  se  digéré  et  se 
conuertisse  en  la  substance  de  ces 
animaux  qui  en  viuent  ordinaire¬ 
ment  :  toutesfois  ie  croy  qu’il  ne  s’en¬ 
suit  pas  que  la  chair  faite  de  tel  ali¬ 
ment  venimeux,  mangée  des  hom¬ 
mes  ,  ne  porte  quelque  nuisance ,  et 
croy  que  si  on  en  mangeoit  souuent , 
elle  pourroit  causer  plusieurs  mala¬ 
dies,  et  en  fin  la  mort.  Fay  pour  tes- 

I  Ce  chapitre  répond  essentiellement  au 
chap.  4  de  l’édition  de  1575,  mais  la  rédac¬ 
tion  en  a  été  presque  entièrement  retondue. 
Toutefois,  comme  ces  changements  ne  por¬ 
tent  guère  que  sur  la  forme,  je  noterai  seu¬ 
lement  ceux  qui  affectent  davantage  le  sens 
et  la  doctrine. 


moins  Dioscoride  et  Galien ,  qui  us- 
seurentlelaict,  qui  n’est  autre  chose 
que  le  sang  deux  fois  cuit ,  tiré  des 
bestes  qui  paissent  la  scamonée ,  l’el- 
lebore  ou  le  lithymal,  estre  merueil- 
leusement  laxatif,  si  on  en  boit 

Pareillement  on  voit,  quand  les  Mé¬ 
decins  veulent  purger  vn  enfant  es¬ 
tant  encore  à  la  mamelle,  donnent 
des  médecines  laxatiues  aux  nourri¬ 
ces,  pour  rendre  leur  laict  médica¬ 
menteux  et  purgatif.  Ce  que  i’ay  veu 
de  recente  mémoire ,  qu’vne  nourrice 
malade  ,  les  Médecins  luy  ayans  or¬ 
donné  vne  medecine  laxatiue ,  et  l’en¬ 
fant  l’ayant  après  telée  auoir  le  cours 
de  ventre,  et  estoit-on  bien  empesché 
de  l’arrester ,  et  fut-on  contraint  luy 
bailler  vne  autre  nourrice,  attendant 
le  temps  que  la  medecine  eust  du  tout 
fait  son  operation 

*  Ce  paragraphe  se  présente  assez  diffé¬ 
remment  dans  l’édition  de  1575.  D’abord 
Paré  ne  citait  pas  Matthiole;  il  disait  sim¬ 
plement  :  aucuns  tiennent  qu’elles  ne  peuuent 
aucunement  nuire  ;  puis  il  ne  mettait  pas  en 
avant  son  opinion  personnelle ,  et  il  se  con¬ 
tentait  de  dire  :  Les  autres  tiennentle  con¬ 
traire.  Enfin  il  ajoutait,  pour  terminer  le 
paragraphe  : 

«  ...  En  quoy  on  peut  cognoistre,  que  les 
plantes  laxatiues  et  venimeuses  ne  perdent 
leur  vertu  laxatiue,  ny  leur  venin,  encore 
qu’elles  soyent  cuites,  et  bien  digérées.  Cela 
se  voit  és  griues ,  qui  mangent  et  se  repais¬ 
sent  de  geneure  :  leur  chair  sent  vn  goust  de 
geneure,  etc.  » 

Cet  exemple,  de  même  que  ceux  qu’il  ci¬ 
tait  à  la  suite,  se  retrouvera  un  peu  plus 
loin  dans  le  texte  actuel. 

2  Ce  paragraphe  est  de  la  rédaction  nou¬ 
velle  de  1579.  Tout  ce  que  l’ancienne  édi¬ 
tion  portait  à  ce  sujet  consiste  dans  le  pas¬ 
sage  que  voici  : 

«  Plus  on  voit  pareillement,  que  le  iour 
qu’vne  nourrice  aura  pris  vne  medecine 
laxatiue,  l’enfant  tétant  son  laict  subit,  le 


DÈS  VEMNS. 


D’auantage  on  voit  les  grîues  ayans 
mangé  de  la  graine  de  genéure,  que 
leur  chair  s’en  ressent.  Aussi  les  poul- 
lailles  ayans  mangé  de  l’aluyne,  leur 
chair  est  amere,  et  s’ils  ont  mangé 
des  ails,  le  sentent  semblablement. 
Les  moruës  et  autres  poissons,  ayans 
esté  prins  auec  les  ails,  ils  sentent  si 
fort  que  plusieurs  n’en  peuuent  man¬ 
ger  :  neanlmoins  qu’on  les  salle,  fri- 
casse,  ou  qu’on  les  face  boüillir,  re¬ 
tiennent  tousiours  l’odeur  et  saueur 
des  ails.  Aussi  les  connins  ayans  esté 
nourris  de  pouliot  et  de  genéure,  leur 
chair  s’en  ressent,  retenant  l’odeur  et 
goust  plaisant.  Au  contraire,  s’ils  sont 
nourris  de  choux  et  de  sang  de  bœuf 
(comme  on  fait  à  Paris),  difficilement 
on  en  peut  manger,  à  cause  qu’ils  re¬ 
tiennent  le  goust  de  choux.  le  diray 
encore  d’auantage,  que  les  Médecins 
commandent  de  nourrir  les  chéures, 
vaches  et  asnesses  d’herbes  propres, 
quand  ils  veulent  faire  boire  leur  laict 
aux  etiques,  ou  à  d’autres  malades  *  : 
ce  que  Galien»  dit,  qu’il  n’ignore 
point  que  les  chairs  des  animaux 
.sont  altérées  et  fumées  par  la  viande 
et  nourriture  qu’ils  prennent. 

Or  pour  le  dire  en  un  mot ,  ie  suis 
d’aduis  qu’on  ne  mange  de  tels  ani¬ 
maux  qui  auront  deuoré  les  bestes 
venimeuses,  si  n'estoit  long  temps 
après,  et  que  premièrement  le  venin 

ventre  se  laschera ,  voire  quelquesfois  si 
fort,  que  l’on  est  contraint  changer  de 
nourrice  pour  allaicler  l’enfant,  de  peur  qu’il 
n’eust  trop  grand  flux  de  ventre ,  qui  luy 
pourrait  nuire  et  le  faire  mourir,  iusques 
à  ce  que  son  laid  soit  retourné  en  son  na¬ 
turel.  » 

»  L’édition  de  1576  disait  ipour  bailler  aux 
phtisiques ,  ou  à  autres  malades  qui  en  ont  be- 
soing  ;  et  la  citation  de  Galien  n’a  été  ajou¬ 
tée  qu’en  1579. 

*  Liu,  2.  des  simples.  —  A.  P. 

IIÎ- 


289 

n’eust  esté  labouré  et  digéré,  et  trans¬ 
mué  en  autre  qualité  par  le  bénéfice 
de  la  chaleur  naturelle  des  animaux 
qui  les  auroient  mangées  *  :  car  on 
voit  des  morts  subites  aduenir,dont  la 
cause  est  inconneuë  aux  hommes,  qui 
peut  estre  pour  auoir  mangé  de  telles 
bestes,  dont  l’vnpeut  eschapper,  et 
l'autre  mourir.  Cela  se  fait  pour  la 
préparation  et  disposition  des  corps 
qui  reçoiuent  et  répugnent  au  venin. 


CHAPITRE  V. 

LES  SIGNES  DES  VENINS  EN  GENERAL. 

Nous  dirons  les  signes  des  venins 
en  general ,  puis  nous  poursuiurons 
vne  chacune  espece  en  particulier. 
Nous  connoissons  vn  homme  estre 

‘  Ce  paragraphe  était  fort  différent  dans 
l’édition  primitive;  on  y  lisait  : 

«  D’abondant  nous  auons  dit ,  que  les  an¬ 
ciens  tiennent  comme  vne  chose  résolue, 
que  les  bestes  venimeuses,  qui  mangent  les 
autres  bestes  venimeuses,  que  leurs  morsu- 
sures  ou  plqueures  sont  plus  dangereuses, 
que  de  celles  qui  ne  les  mangent  :  aussi  que 
la  chair  des  bestes  qui  ont  esté  tuees  par 
les  bestes  venimeuses  ou  enragees,  ou  ont 
esté  frappées  de  fouldre ,  est  venimeuse  : 
tout  ainsi  que  nous  auons  ditcy  dessus  d’vne 
nourrice  ayant  pris  vne  medecine  laxatiue, 
pendant  qu’elle  opéré,  si  elle  donne  à  teter 
à  son  enfant ,  luy  causera  vn  flux  de  ventre 
iusques  à  le  faire  mourir.  Semblablement  le 
chapon ,  le  canard,  ou  autre  volaille  ayant 
mangé  vn  crapaut,  ou  vipere,  ou  autre  besle 
venimeuse  ,  peuuent  donner  détriment  à 
ceux  qui  en  mangeront,  si  premièrement 
n’est  bien  digeree,  alteree,  et  changée  de  sa 
nature  par  la  chaleur  et  alteration  d’icelle 

I  volaille  :  parquoy  faut  désister  d’en  manger. 
On  voit  souuent  des  morts  subites  aduc- 
nir,  etc. » 


19 


le  VINGT-TROtSIÉME  LIVRE, 


Q9O 

empoisonné  par  quelque  façon  que  ce 
soit,  quand  il  se  plaint  d’une  grande 
pesanteur  de  tout  le  corps,  qui  fait 
qu’il  se  despîaist  en  soy-mesme  : 
quand  de  l’eslotnach  il  luy  monte 
quelque  goust  horrible  à  la  bouche, 
tout  autre  que  les  viandes  communes 
ne  font ,  quelques  mauuaises  qu’elles 
soient  ;  quand  la  couleur  de  la  face 
se  change  ,  maintenant  liuide,  tan- 
tost  citrine,  et  de  toute  autre  couleur 
estrange  et  difforme  :  quand  il  sent 
nausée  et  volonté  de  vomir  :  quand 
il  a  inquiétude  de  tout  le  corps ,  et 
qu’il  luy  semble  que  tout  tourne 
sens  dessus  dessous. 

Nous  connoissons  ledit  venin  prins 
agir  de  toute  sa  substance  et  pro¬ 
priété  occulte ,  quand  sans  apparence 
de  grande  et  insigne  chaleur,  ou  froi¬ 
deur,  le  malade  tombe  souuent  en 
défaillance  de  cœur,  auec  vne  sueur 
froide,  à  raison  que  tel  venin  n'a 
point  pour  obiect  aucune  certaine 
partie,  contre  laquelle  de  certaine 
affection  et  quasi  comme  par  choix 
elle  agisse ,  comme  font  les  cantha¬ 
rides  contre  la  vessie ,  et  le  liéure 
marin  contre  les  poulmons.  Mais 
comme  ce  venin  agit  de  toute  sa  sub¬ 
stance  et  forme  secrete  :  ainsi  à 
guerre  ouuerte  il  oppugne  la  forme 
et  essence  de  la  vie ,  qui  gist  en  la  fa-  j 
culté  vitale ,  qui  est  au  cœur, 

A  présent  nous  faut  déclarer  par¬ 
ticulièrement  les  signes  des  venins 
qui  opèrent  par  leurs  qualités  pre¬ 
mières  et  manifestes. 

Les  venins  ou  poisons  qui  opèrent 
par  leurs  qualités  manifestes,  causent 
leurs  propres  accidens ,  desquels  ils 
monstrent  leurs  signes  apparens.  Car 
ceux  qui  ont  vne  chaleur  exeessiue , 
subit  ils  enttamment  la  langue  et  le 
gosier,  l’estomach ,  les  intestins ,  et 
généralement  toutes  les  parties  inté¬ 


rieures,  auec  grande  alteration  et 
inquiétude,  et  sueur  conlimielle.  Et 
si  auec  leur  chaleur  excessiueHls  ont 
vne  force  corrosiue  et  putrefactiue  , 
comme  l’arsenic,  le  sublimé,  reagal, 
verd  de  gris,  l’orpiment,  et  autres 
semblables,  ils  causent  en  l’estomach 
et  ault  boyaux  des  ponctions  into¬ 
lérables  et  grandes  ventosités,  les¬ 
quelles  on  oit  souuent  bruire  dedans 
le  ventre ,  et  ont  vne  soif  intolérable. 
Après  ces  accidsCps  suruiennent  sou¬ 
uent  vomissemens  auec  sueurs ,  tan- 
tost  chaudes  tantost  froides,  et  dé¬ 
faillance  de  vertus ,  puis  la  mort  h 

1  La  séméiotique  des  veains  chauds , 
froids,  secs,  et  humides,  avait  déjà  été  don¬ 
née  dans  le  premier  chapitre  de  J575,  et 
ceux  des  venins  chauds  et  froids  dans  le  li¬ 
vre  des  Playes  d’ harquebuses  dç  1545.  Ces 
descriptions  ne  sont  pas  contraires  sans 
doute,  mais  elles  sont  assez  différentes  pour 
demander  à  être  comparées.  Nous  avons 
donné  ailleurs  le  texte  de  1645,  légèrement 
corrigé  en  1564  (  voyez  tome  II ,  page  193)  ; 
voici  maintenant  le  texte  de  16T5  « 

«  Signes  que  le  venin  est  chaud. 

«  Cela  est  cogneu  par  les  accidents  qu’il 
cause ,  à  sçauoir  douleur  mordante,  corro¬ 
sion,  inflammation  ,  fleure,  grande  altera¬ 
tion,  delire,  resolution  de  la  chaleur  natu¬ 
relle,  rougeur  et  tumeur  aux  yeux,  auec 
grandes  inquiétudes  :  les  patients  ne  peu- 
uent  dormir,  et  sont  en  perpétuelle  sueqr, 
qui  vient  par  le  combat  et  irauail  de  Nature, 
et  ont  le  pouls  fort  frequent. 

»  Signes  que  le  venin  est  froid. 

»  C’est  qu’il  cause  vn  sommeil  profond , 
de  sorte  qu’à  grande  peine  on  peut  reueiller 
les  paliens  :  aussi  ils  ont  horreur  et  tremble¬ 
ment  de  tout  le  corps,  et  ont  l’entendement 
troublé,  en  sorte  qu’on  diroit  qu’ils  seroyent 
yures  et  fols  :  d’auanlage  ils  ont  tout  le 
corps  froid ,  et  Icltent  vne  sueur  froide  : 
aussi  ont  la  couleur  du  visage  liuide  et 
plombine  :  et  leurs  vomissement  et  cra- 


DES  VENINS. 


Les  venins  qui  sont  d’vne  excessiue 
froideur  causent  aux  malades  vn 
sommeil  profond ,  que  soutient  on  ne 
les  peut  resueiller  qu’à  bien  grande 
peine  :  aueunesfois  ils  eslourdissent 
le  cerueau ,  que  les  malades  sont  con¬ 
traints  faire  plusieurs  mouuemens 
desordonnés,  tant  de  la  bouche  que 
des  yeux,  et  des  bras  et  iambes, 
comme  s'ils  ftissent  yures  ouinsensés: 
d’abondant  11  leur  suruient  vue 
grande  sueur  froide  ,  et  ont  la  cou¬ 
leur  du  visage  liuide  et  iaunastre, 
et  fort  hideuse  à  voir  :  et  ont  tout  le 

chats  sont  fortYÎsqypHî,  §(,  )eprêAPg  se  con¬ 
gelé. 

-»  ^'ignês  te  vsnin^ 

»  Les  patiens  ont  vne  aridité  et  seiche- 
res^  §  la  jqngue  e|  au  gpsier,  auec  vpe 
soif  intolérable ,  parceque  le  venjn  se  com¬ 
munique  au  corps  par  les  veines,  arteres,  et 
nerfs  :  dont  il  aduient  qu'il  desseicbe  et 
consomme  i’humiditô  substantifique ,  qui 
fait  retirer  U  euir  et  toutes  les  parties  ner^ 
ueuses ,  ainsi  qu’o»  voit  resserrer  yn  par.- 

cherai»  âmmt  l§  fep  :  êp  mma  .de  aw9y  il 
S’eiîswit  ypg  çpHsUpajlifln  yeBfre?  «t 

conduits  tant  4e  l’yrine  qqe  de  lâ  sueyr,  et 

estâns  est.Q«pfiz  we  perfîteHent  que  l’eau  es- 
cessiaeweQi  bépë  soit  eoacpee  :  dont  il 
s’enspjt  yne  grande  dçuleur  par  tout  le 
corpSj  et  en  fin  la  mort, 

dgs  vgnm  ImmîAm- 

«Les  malades  ont  vn  continuel  et  profond 
somipei},  et  qu^isi  est  jnjpossible  de  les  gar¬ 
der  de  dorjtnir  :  aussi  ijs  pnt  vn  grand  flux 
de  ventre ,  qqec  vn.e  lassitude  et  resolution, 
ou  relaschement  de  tous  les  nerfs,  mesme 
qqe  les  yeux  sortent  quelquesfois  hors  de  la 
teste, 

«  Or  voila  les  signes  et  indices  vniuersels 
des  venins  qui  opèrent  par  qualilez  mani¬ 
festes  :  lesquels  si  on  volt  qu’ils  perseuerent 
et  augmentent ,  quelque  chose  qu’on  y 
puisse  faifC;  il  faut  faire  présagé  de  la  mort  : 
aussi  au  contraire,  s’ils  ditninuent,  c’est  si¬ 
gne  de  guarison.  » 


291 

corps  stupide  et  endormi ,  et  s’ils  ne 
sont  bien  tost  secourus,  ils  meurent. 
Lesquels  venins  sont  comme  ciguë, 
pauot,  morelle ,  iusquiame,  mandra¬ 
gore  et  autres  semblables. 

Les  venins  secs  ont  presque  tous- 
iours  la  chaleur  pour  compagne, 
auec  vne  certaine  humidité  :  car 
neanlmoins  que  l’on  die  que  le  soul- 
phre  soit  chaud  et  sec ,  toutesfois  il  a 
vne  humidité  pour  congreger  sa 
forme ,  comme  toutes  autres  choses 
composées  requièrent  :  mais  on  donne 
aux  choses  la  qualité  qui  domine  en 
elles.  Les  venins  secs  rendent  la 
langue  aride,  et  la  gorge  seiche, 
auec  vne  soif  non  exlin  guible,  c’est 
à  dire ,  qui  ne  se  peut  appaiser.  Le 
ventre  se  resserre ,  et  les  autres  par¬ 
ties  intérieures ,  ainsi  que  le  parche¬ 
min  fait  deuant  le  feu.  A  eeste  cause 
rvrine  ne  sort  qu'à  grande  difflcullé, 
tous  les  membres  deuiennent  secs  et 
retirés,  et  les  malades  ne  peuuent 
dormir  :  lesquels  venins  sont  comme 
litarge ,  ceruse ,  piastre,  escaille  d'ai- 
pain ,  limeure  de  plomb  ,  antimoine 
préparé ,  et  autres  semblables. 

Les  venins  humides  causent  vn 
perpétuel  sommeil ,  flux  de  ventre , 
puec  relaschement  de  tous  les  nerfs 
et  loin  turcs  :  tellement  que  quelques¬ 
fois  les  yeux  sortent  hors  de  la  teste. 
Il  s’ensuit  aussi  souuent  vne  pourri¬ 
ture  des  mains ,  pieds ,  nez ,  oreilles, 
et  vne  soif  extreme  pour  la  chaleur 
/qui  prouient  de  la  grande  pourriture, 
puis  la  mort  s’ensuit.  Aucuns  tien- 
pent  qu’il  ne  se  trouue  point  de  poi¬ 
son  humide ,  parce  qu’il  est  impossi¬ 
ble  de  trouuer  d’humidités  iusques  au 
quatrième  degré.  Toutesfois  le  con¬ 
traire  se  vérifié  par  l’exemple  de  ce- 
fuy  qui  dormant  de  nuict  fut  mordu 
d’vu  serpent,  ainsi  que  Githertus  An- 
gUcus  recite  :  et  mourant,  son  valet 


LE  VINGT-TKOISIÉMK  LIVRE 


29-2 

au  malin  le  tirant  par  le  bras  le  pen¬ 
sant  resueiller,  toute  la  chair  dudit 
bras  pourrie  tomba,  les  os  dcsnués 
de  chair  :  ce  qui  ne  peut  estre  aduenu 
que  par  l’excessiue  humidité  du  venin 
qui  estoit  aux  dents  et  baue  du  ser¬ 
pent.  Aussi  Hippocrates  a  bien  dit^ 
que  la  disposition  de  l’année  estant 
pluuieuse  et  humide ,  suielte  au  vent 
de  midy,  il  est  aduenu  par  ceste  hu¬ 
midité  veneneuse  et  corrompue,  qu’en 
aucuns  la  chair  des  bras  et  des  iam- 
bes  pourrie  tomboit  en  pièces ,  et  les 
os  demeuroient  nuds  et  desnués  d’i¬ 
celle  ;  non  seulement  à  d’aucuns  la 
chair  se  trouuoit  pourrie ,  mais  aussi 
la  propre  substance  des  os.  D’où  on 
peut  conclure  qu’il  y  a  des  venins 
d’vne  humidité  si  éxcessiue,  qu’ils 
peuuent  faire  mourir  les  personnes 
par  l’entiere  putréfaction  des  mem¬ 
bres  :  ce  qu’on  voit  aduenir  à  la  ve- 
rolle,  tant  grosse  que  petite,  et  aux 
charbons  et  anthrax  pestiférés. 

Et  quand  tels  et  pareils  signes  ap- 
paroissent,  il  sera  facile  les  combat¬ 
tre  par  leurs  contraires ,  encore  que 
l’on  ne  connoisse  le  venin  particuliè¬ 
rement. 

Il  n’y  a  point  de  signes  certains  des 
venins  qui  opèrent  par  propriété  spé¬ 
cifique  ou  occulte  2,  parce  qu’ils  ont 
ceste  nature  de  l’influence  du  ciel , 

^Premier  lia.  des  Temperamens. —  A.  P. 
t  «En  1552,  Paré  ne  disait  que  quelques 
mots  de  ces  venins  ;  en  1 575,  il  avait  un  para¬ 
graphe  assez  différent  du  texte  actuel.  On 
lisait  ce  passage  après  celui  de  la  note  de  la 
page  précédente. 

€  Signes  des  venins  qui  opèrent  par  propriété 
occulte. 

»  Les  signes  que  le  venin  opéré  par  vne 
propriété  occulte,  c’est-à-dire ,  qualité  non 
manifeste,  mais  de  toute  leur  substance,  ne 
se  peuuent  bien  descrire ,  pour  la  diuersité 


qui  ne  s’esmeut  iamais  à  faire  sa  pro¬ 
pre  action ,  sans  que  l’obiect  de  son 
contraire  se  présente  :  et  partant  on 
ne  les  connoist  que  par  expérience , 
sans  en  pouuoir  donner  aucune  rai¬ 
son  ,  comme  la  torpille  qui  stupéfié  le 
bras  de  celuy  qui  la  touche ,  le  liéure 
marin  qui  gaste  les  poulmons,  les 
cantharides  qui  blessent  la  vessie ,  la 
piqueure  de  la  viue  qui  cause  gan¬ 
grené  et  autres  accidens.  Ce  que  nous 
dirons  cy  après. 


CHAPITRE  VI. 

l’opinion  d’avcvns  reprovvée. 

Ceux  errent  grandement ,  qui  di¬ 
sent  que  le  venin  desbestes  venimeu¬ 
ses  est  froid ,  parce  que  ceux  qui  en 
sont| mordus,  ou  piqués,  subit  de- 
uiennent  froids,  et  que  les  serpens 
(  comme  craignans  le  froid  quand 
l’hyuer  s’approche)  se  cachent  és  ca- 
uernes  sous  terre,  ou  sous  les  pierres, 
qui  est  le  naturel  dés  viperes ,  où 
quelquesfois  on  les  trouue  si  surprises 
de  froid ,  qu’elles  demeurent  toutes 
amorties  et  immobiles,  comme  si  elles 
estoient  gelées.  Or  véritablement  la 
froideur  de  ceux  qui  en  sont  mordus 

des  accidens  qui  aduiennent  :  car  tantost 
les  malades  ont  froid,  tantost  chaud,  en 
sorte  qu’on  voit  grande  diuersité  des  mou- 
vemens  de  nature  :  aussi  aucuns  font  mou¬ 
rir  promptement,  les  autres  lentement  :  qui 
se  fait  pour  la  diuersité  du  venin  ,  dequoy 
on  ne  peut  bien  rendre  raison.  Les  anciens 
ont  nommé  vne  vertu  occulte ,  ou  cachée  , 
celle  de  laquelle  nous  ne  pouuons  rendre 
les  raisons  naturelles  ,  mais  sont  cogneues 
par  la  seule  expérience ,  laquelle  ferme  le 
pas  à  toutes  les  raisons,  depuis  que  légiti¬ 
mement  elle  apparoist.  * 


DES  VENINS. 


OU  piqués,  ne  procédé  pas  de  la  froi¬ 
deur  du  venin  :  mais  de  ce  que  la 
chaleur  naturelle  se  relire  des  parties 
extérieures  aux  intérieures,  pour  se¬ 
courir  le  cœur,  et  aussi  qu’elle  est 
surmontée  et  esteinle  par  le  venin.  Et 
ne  faut  conclure  que  tous  serpens 
soient  froids,  parce  qu’on  les  trouue 
en  hyuer  en  leurs  trous,  tous  comme 
immobiles ,  et  comme  morts  :  cela  ne 
procédé  sinon  que  leur  chaleur  na¬ 
turelle  est  retirée  en  leur  ventre, 
pour  résister  à  l’air  ambiens  qui  est 
froid. 


CHAPITRE  VIL 

POVR  SE  DONNER  GARDE  d’eSTRE 
EMPOISONNÉ. 

La  maniéré  de  se  donner  garde 
d'estre  empoisonné  est  fort  difficile  : 
car  les  meschans  empoisonneurs  et 
parfumeurs,  qui  secrètement  baillent 
les  poisons,  conduisent  leur  trahison 
et  leur  meschancetési  finement,  qu’ils 
trompent  les  gens  les  plus  experts  et 
de  meilleur  iugement  qu’on  sçauroit 
trouuer.  Car  ils  ostent  l’amertume 
des  venins,  et  lesmeslent  auec  choses 
douces  :  ainsi  ils  leur  font  perdre  leur 
mauuaise  odeur  par  la  mixtion  des 
choses  odorantes  et  parfums.  Aussi  la 
poison  donnée  auec  saulses  appétis¬ 
santes  est  fort  dangereuse ,  d’autant 
qu’elle  .est  auallée  auidement,  et 
plus  difficilement  vomie. 

Et  partant  ceux  qui  craignent  d’estre 
empoisonnés,  comme  souuent  aduient 
aux  prélats  et  beneficiers  pour  auoir 
leur  despoüille,  se  doiuent  garder 
de  toutes  viandes  appareillées  (  par 
gens  suspects  )  auec  saulses  qui  sont 
fort  douces  ou  fort  salées,  ou  aigres,  et 


Q93 

généralement  toutes  celles  qui  sont 
de  haut  goust.  Pareillement  estans 
bien  altérés,  ne  doiuent  boire  à 
grands  traits,  ne  manger  goulûment  : 
mais  bien  considérer  le  goust  de  ce 
qu’ils  mangent  et  boiuenf.  D’auan- 
tage  ils  doiuent  manger  des  choses 
qui  rompent  toute  la  force  du  venin 
deuant  toutes  viandes,  et  principale¬ 
ment  vn  boüillon  gras  fait  de  bon¬ 
nes  viandes.  Semblablement  doiuent 
prendre  au  matin  vn  peu  de  methri- 
dat  ou  theriaque ,  auec  vn  peu  de 
conserue  de  roses ,  puis  boire  vn  peu 
de  bon  vin  ou  maluoisie,  ou  des  fueil- 
les  derue,  auecques  vne  noix  et  figues 
seiches  ,  qui  est  vn  singulier  remede. 

Et  où  quelqu’vn  auroit  soupçon 
d’auoir  pris  quelque  poison  par  la 
bouche ,  ne  faut  dormir  en  tel  cas  : 
car  la  force  du  venin  est  quelquesfois 
si  grande  et  si  forte  ennemie  de  Na¬ 
ture  ,  qu’elle  execute  son  pouuoir,  que 
souuent  elle  monstre  tel  effet  en  nos 
corps  que  fait  le  feu  allumé  en  la 
paille  seiche.  Car  souuent  aduient 
que  ceux  qui  sont  empoisonnés ,  de¬ 
uant  que  pouuoir  auoir  secours  des 
Médecins  et  Chirurgiens,  meurent. 
Dont  subit  il  se  doit  faire  vomir  en  pre¬ 
nant  de  l'huile  et  eau  chaude  :  en  lieu 
de  l’huile  on  fera  fondre  du  beurre, 
et  le  prendre  auec  eau  chaude ,  ou 
décoction  de  graine  de  lin ,  ou  fenu- 
grec,  ou  quelque  boüillon  gras  :  car 
telles  choses  font  ietter  le  venin  hors 
par  le  vomissement  :  ioint  qu’ils  las- 
chent  le  ventre ,  et  par  telles  euacua- 
tions  le  venin  est  vuidé  hors ,  et  son 
acrimonie  amortie.  Ce  qu’on  voit  par 
expérience,  que  lors  que  nous  vou¬ 
lons  appliquer  des  cautères  poten¬ 
tiels  ou  vésicatoires ,  si  la  partie  est 
ointe  de  choses  huileuses  ,  tels  reme- 
des  acres  ne  pourront  vlcerer  la  par¬ 
tie.  D’auantage, le  vomissement pro- 


LE  VmGT-ïftÔISlÉMli  LIVRE, 

piqiitîiiii'es  ôti  ësy;rât{gheurcs ,  pür  rè- 


fltè,  hôfl  seillêiïiePtparcé  qu’îleüacué 
lé  venin  :  mais  aussi  que  sbuüent  il 
ittanifesté,  éu  pat-  l’oüeür,  où  par  la 
couleur,  cèqüi  aura  esté  prins:  et 
ainsi  par  tel  nloyeti  on  pourra  auoir 
recéüfs  aux  remèdes  conlrarians  ail 
veuiti. 

Apl'éâ  âUoir  vomi ,  Si  on  à  coiiiec- 
tiiré  quë  la  poison  soit  deséénduè  aux 
boyaux ,  on  pourra  Vser  de  clysteres 
acres ,  pour  euacuer  ce  qui  pourvoit 
esire  demeurë  et  attaché  contre  les 
intestins,  Ët  où  le  malade  ne  pour- 
rolt  vomir,  il  luy  faut  faire  preudre 
des  purgatîofls  propres ,  qui  résistent 
aux  vetiiris ,  comme  est  Ëagaric ,  Ëa- 
loes,  iapeiite  centaure,  larheuharbe, 
et  autres  choses  ordonnées  par  le 
docte  Médecin.  L'on  doit  tser  puis 
après  de  clysteres  composés  de  casse, 
de  bouillon  gras ,  auec  suif  de  mou¬ 
ton  ou  beurre ,  oU  îaict  de  vache  ^  et 
mucilages  de  lin,  et  psülij,  ou  de 
coings ,  à  itn  que  ta  poison  u^adhere 
contre  les  boyaux ,  comme  Ott  à  àc- 
coustume  donner  aux  dysenteries. 
Par  leur  onctuosité  et  visqüosité,ils 
amortissent  Ëacrimonie  du  tenin  qui 
se  peut  adhérer  contre  les  boyaux , 
et  défendent  les  parties  saines  qu’el¬ 
les  ne  sentent  la  force  an  yenin. 
Ils  sont  bons  pareillemeht  quand  le 
venin  a  vlcerë  les  parties  intérieures. 
Pour  cêsle  cause  le  laict  beu  en  grande  | 
quantité ,  après  ie  vomissement ,  et 
baillé  par  clysteres,  est  vu  remede 
tres-singuller ,  parce  qu’il  rompt  la 
force  du  venin ,  et  sonnent  le  guarit. 
îlfaülicÿ  noter,  qu’on  doit  toüsiours 
commencer  a  tirer  le  venin  par  la 
voye  oü  11  aura  entré.  Comme,  s’il  a 
este  baillé  par  odeur,  faut  faire  e§- 
leruuer  :  si  par  le  boire  ou  manger, 
par  vomissement  :  si  par  le  slege,  par 
clysteres  :  si  par  le  col  de  la  matrice , 
par  syringüer  :  si  par  morsures,  ou. 


medeS  qui  l’altirénl  àu  dehors,  comme 
nous  dirons  Cÿ  après. 


CTIAPltRE  VIIL 

DÈS  bivÈRSiONS. 

Les  diuersions  sont  bonnes  etneces- 
Salres ,  à  cause  que  non  seulement 
empeschent  que  le  venin  n’aille  au 
cœur,  mais  au  contraire  elles  l’atti¬ 
rent  du  dedans  au  dehors  :  et  partant 
les  ligatures  fortes  ,  faîtes  aux  bras , 
cuisses  et  iambes,  sont  bonnes.  Aussi 
les  grandes  ventbuSêS  âiiec  grande 
flambe,  appliquées  sur  plusieurs  par¬ 
ties  du  corps.  Pareillement  le  bain 
d’eau  chaude  ,  auec  des  herbes  con¬ 
traires  aux  venins,  comme  l’aurosne, 
te  cdlament ,  rue ,  bétoine ,  mou- 
laine  btanché,  màirübiüm,  pouliot, 
laurier,  le  scOrdlum  ,  l’âcbè,  scâ- 
bieuse,  mentbé ,  vàlerlennë,  ët  autres 
semblables.  Âüssi  les  estuüës  seiches, 
et  y  faire  suer  longuement  ië  màlàdë, 
prenant  lousiOurs  indication  de  sa 
force  et  vertu. 

Or  si  lé  patient  èst  grand  séighèUf , 
en  lieu  de  bains  ét  estuUês ,  il  sera 
mis  dedans  le  véhtre  d’vn  bœuf  où 
d’vne  vache ,  ou  d’vri  cbëual  oü  mu¬ 
let  ,  â  fin  de  le  faire  suer,  et  attirer 
par  ce  moyen  le  venin  au  dehors  :  ét 
quand  ils  seront  refroidis,  il  sera  mis 
dedans  vn  autre,  et  féra-on  lOütés 
autres  chosés  necessaires  ét  requises 
en  tel  cas,  et  tout  par  le  cohsëü  du 
doclë  Médecin ,  s’il  se  peüt  troiiüer. 


DES  VEwmS. 


CHAPITRE  IX. 

t)ES  VENINS  EN  PARTICVLIER. 

Après  auoir  discouru  sommaire^- 
ment  des  choses  vniuerselles  des  ve¬ 
nins ,  maintenant  il  nous  faut  venir 
aux  particulières,  commeuçaris  à  l’air, 
puis  aux  morsures  et  piqueures  et 
esgratigneures  des  beStes  venimeuses, 
puis  aux  plantes  et  minéraux. 

Les  bestes  venimeuses  sont  aspics, 
crapaux,  viperes,  dragons,  scorpions, 
liéures  marins,  pastenaques ,  viues, 
torpedes,  araignées,  cantharides,  bu¬ 
prestes  ,  chenilles  de  pin,  sangsues,  et 
infinité  d’autres.  Or  lesdites  bestes  ne 
tuent  pas  seulement  par  leurs  piqueu¬ 
res  et  morsures  ou  esgratigneures, 
mais  aussi  par  leur  baue ,  baleine , 
escunie,  regard,  cry  et  sifflement, 
veuë,  et  par  leurs  autres  excremens. 
Aussi  celles  qui  sont  mortes  d’elles 
mesmes,  ou  pour  peste ,  ou  fouldre , 
ou  rage. 

11  y  a  aussi  des  venins  artificiels,  et 
si  cruels,  que  si  onenmetsur  vneselle 
de  cheual,  font  mourir  celuy  qui  aura 
esté  quelque  temps  dessus  :  et  autres, 
que  si  on  en  frotte  les  estriers,  percent 
les  bottes  de  ceux  qui  ont  les  pieds 
dedans*  :  desquels  Venins  les  Turcs  et 
autres  Barbares  vsent  souuent  en 
leurs  fléchés  et  dards,  pour  faire  mou¬ 
rir  leurs  ennemis,  et  les  cerfs  et  au¬ 
tres  bestes  sauuages  qui  en  sont 
frappées  :  qui  est  vne  chose  difficile  à 
Croire ,  veu  que  le  venin  appliqué  à 
la  selle  et  aux  estriers  n’a  touché  à  la 
chair  nue  :  toutesfois  cola  se  peut 
faire  ;  car  pour  toucher  les  rets  où 
sera  prias  le  poisson  nommé  Torpede, 

*  Mathiok.  — A.  P. 


295 

les  mains  demeurent  stupides,  et  fait 
mourir  l’homme ,  comme  auons  dit 
cy  dessus.  Ainsi  le  basilic  par  son  seul 
regard  et  par  son  cry  fait  mourir  les 
hommes ,  et  tue  toutes  autres  bestes 
venimeuses  qui  sont  prés  où  il  fait 
sa  demeure.  le  diray  d’auantage 
que  le  meilleur  vin  est  poison  ,  parce 
qu’il  oste  le  sens  et  entendement ,  et 
suffoque  :  et  semblablement  toutes 
autres  bonnes  viandes,  lorsqu’on  en 
prend  en  trop  grande  quantité. 


CHAPITRE  X. 

DE  LA  CORRVPTION  DE  l’aIR. 

L’air  est  venimeux  et  corrompu 
par  certaines  vapeurs  meslées  auec 
luy ,  comme  par  vne  grande  multi¬ 
tude  de  corps  morts ,  non  assez  tost 
enseuelis  en  la  terre ,  comme  d’hom¬ 
mes  et  chenaux  ,  et  autres  faisans 
vne  vapeur  putredineuse  ;  ce  qui  ad- 
uient  souuent  après  vne  grande  ba¬ 
taille,  ou  après  vn  grand  tremblement 
de  terre  :  lequel  sort  dehors,  qui  auoit 
esté  retenu  par  long  temps  aux  en¬ 
trailles  de  la  terre ,  et  par  faute  d’a- 
uoîr  esté  esUenté,  il  a  acquis  vne 
pourriture ,  laquelle  est  dispersée  en 
l’air,  et  la  tirant  en  nos  corps,  il 
nous  empoisonne  :  comme  par  vne 
seule  inspiration  d’vn  pestiféré ,  on 
prend  la  peste.  Il  y  a  encores  d’au¬ 
tres  causes  de  la  corruption  de  l’air, 
que  nous  dirons  cy  après  au  liure  de 
la  pestùt 

Il  y  a  pareillement  du  venin  on 
l’air,  qui  accompagne  les  tonner¬ 
res,  fouldres  et  esclairs,  lequel  tue 
ceux  qui  en  sont  frappes,  ou  à  grand 
peine  en  peuuent  ils  reschapper,  qui 
se  fait  par  vne  certaine  vénénosité 


LE  VINGT-TROISIÈME  LIVRE, 


Q96 

sulphtirée,  ce  qu’on  connoist  aux 
corps  (pii  en  sont  touchés.  Et  si  les 
hestes  mangent  celles  qu’il  aura  tuées, 
elles  meurent  et  enragent.  Et  quant 
au  feu  du  fouldre ,  il  est  plus  chaud 
que  nul  autre  feu,  parquoy  à  hon 
droit  il  est  appellé  le  feu  des  feux  :  à 
cause  qu’il  a  vne  chaleur  tres-vehe- 
naente  et  plus  subtile  que  l’air  ;  ce 
qui  se  voit,  qu’il  fond  le  fer  d’vne 
pique  sans  brusler  le  bois,  ainsi  fond 
l’or  et  l’argent  dedans  vne  bourse 
sans  l’endommager.  Et  partant  il  ne 
se  faut  esmerueiller  s’il  fracasse, brise 
et  comminue  les  os  à  ceux  qu’il 
touche.  Aussi  l’esclair  esteint  et  suf¬ 
foque  la  veuë  à  ceux  qui  le  regardent. 
Le  tonnerre  par  son  grand  bruit  et 
tintamarre  tue  les  enfans  au  ventre  de 
leurs  meres.  Ce  qui  se  prouue  par 
Herodian  en  la  vie  des  Empereurs  K 

Sur  Martia,  noble  dame  Romaine, 

Tomba  du  ciel  de  la  fouldre  soudaine  : 

Sans  que  son  corps  fut  blessé  et  attaint, 

Son  enfant  fut  dedans  son  corps  estaint. 

Pareillement  rend  les  hommes 
sourds,  et  fait  plusieurs  autres  choses 
grandes  et  admirables ,  qu’il  est  im¬ 
possible  aux  hommes  d’en  donner  rai¬ 
son  :  et  partant  nous  pouuons  dire, 
qu’aux  fouldres  et  tonnerres  il  y  a 
quelque  diuinité.Ce  qui  se  peut  prou- 
uer  par  Dauid,  psaume  cent  quatriè¬ 
me,  qui  dit: 

Et  fouldre  et  feu  fort  prompts  à  ton  seruice. 

Sont  les  sergents  de  ta  haulte  lustice. 

L’air  pareillement  est  enuenimé  par 
parfums  et  odeurs,el  par  l’artifice  des 
irahistres  empoisonneurs  et  parfu- 

1  Cette  citation  vient  du  Discours  des  ve¬ 
nins,  imprimé  en  1582  avec  celui  de  la  Li¬ 
corne. 


meurs,  lequel  nous  conuient  attirer 
pour  la  conseruation  de  nostre  vie  : 
car  sans  luy  ne  pouuons  viure.  Or 
nous  l’attirons  par  l’attraction  qui  se 
fait  des  poumons  et  des  parties  pecto¬ 
rales  dediées  à  la  respiration ,  et  par 
le  nez  és  ventricules  du  cerueau  :  pa¬ 
reillement  par  la  transpiration  qui  se 
fait  és  petits  pores  ou  pertuis  insen¬ 
sibles  de  tout  le  corps,  et  aussi  des  ar¬ 
tères  espandues  au  cuir  :  ce  qui  se 
fait  tant  pour  la  génération  de  l’es¬ 
prit  de  vie,  que  pour  refraichir  et  fer¬ 
menter  nostre  chaleur  naturelle.  A 
ceste  cause,  s’il  est  enuenimé,  il  al¬ 
téré  nos  esprits,  et  corrompt  aussi  les 
humeurs,  et  les  conuerlit  en  sa  qua¬ 
lité  venimeuse,  et  infecte  toutes  les 
parties  nobles,  et  principalement  le 
cœur  :  et  alors  il  se  fait  vn  com¬ 
bat  entre  le  venin  et  Nature ,  la¬ 
quelle,  si  elle  est  plus  forte,  par  sa 
vertu  expulsiue  les  chasse  dehors 
par  la  sternutation  et  vomissemens, 
sueurs  et  flux  de  ventre ,  ou  par  au¬ 
tres  maniérés,  comme  par  flux  de  sang 
ou  par  les  vrines.  Au  contraire  si  le 
venin  est  plus  fort.  Nature  demeure 
vaincue,  et  par  conséquent  la  mort 
s’ensuit,  auec  griefs  et  diuers  acci- 
dens,  selon  la  nature  et  qualité  du 
venin. 

Or  le  venin  prins  par  l’odeur  est 
merueilleusement  subit,  parce  qu’il 
n’a  que  faire  d’aucun  humeur  qui  luy 
serbe  de  conduite  pour  entrer  en  nos¬ 
tre  corps,  et  agir  en  iceluy':  car  la 
vapeur  estant  subtile,  est  facilement 
portée  auec  l’air  que  nous  attirons  et 
expirons.  Et  si  quelqu’vn  me  vouloit 
obiecter  que  par  vne  torche  ou  cas- 
sole  on  ne  peut  empoisonner,  attendu 
que  le  feu  purifie  et  consomme  le  ve¬ 
nin,  si  aucun  y  en  auoit  :  Response, 
neantmoins  que  le  feu  soit  espris  en 
vne  allumette  sulphurée,  la  flamme 


Des  VETVINS. 


est  Ires-puante,  sentant  le  soulpbre  : 
semblablement  le  feu  estant  espris  au 
bois  d’aloés  ou  genéure  ,  ou  en  autre 
bonne  senteur,  ne  laisse  à  sentir  vne 
odeur  plaisante  et  bonne. 

Or  si  on  veut  voir  l'experience,  ie 
mettray  sus  le  bureau  le  pape  Cle- 
nsent,  oncle  de  la  royne  mere  du  roy, 
qui  fut  empoisonné  de  la  vapeur 
d’vne  torcbe  enuenimée.  Matbiole  sur 
ce  propos  parlant  des  venins,  dit, 
qu’en  la  place  de  Senes  il  y  auoit  deux 
charlatans  tberiacleurs  :  l’vn  des 
deux  auoit  empoisonné  vn  œillet,  le¬ 
quel  il  bailla  à  fleurer  à  son  compa¬ 
gnon,  et  l’ayant  senti,  subit  tomba 
en  terre  roide  mort.  D’auantage,  vn 
quidam  de  recente  mémoire  ayant 
odoré  vne  pomme  de  senteur  enueni¬ 
mée,  subit  le  visage  luy  enfla,  et  eut 
vne  grande  vertigine  ,  de  façon  qu’il 
luy  sembloit  que  tout  tournast  sens- 
dessus -dessous,  et  perdit  pour  quel¬ 
que  temps  la  parole  et  toute  counois- 
sance  :  etn’eust  esté  qu’il  fut  promp¬ 
tement  secouru  par  sternutatoires  et 
autres  choses,  il  fust  allé  auec  le  pape 
Clément. 

Le  vray  alexitere  de  ces  parfums 
enuenimés,  c’est  de  non  iamais  les 
odorer.et  fuir  tels  parfumeurs  comme 
la  peste,  et  les  chasser  hors  du  royau¬ 
me  de  France,  et  les  enuoyer  auec 
les  Turcs  et  infidèles. 


CHAPITRE  XL 

PROGNOSTIC  DES  VENINS  EN  GENERAL  *. 

Il  y  a  plusieurs  sortes  de  venins, 
aussi  ils  ont  diuersilés  d’accidens  ;  car 

‘  Le  premier  chapitre  de  1575  se  termi¬ 
nait  par  un  paragraphe  intitulé  :  Da  pro- 


^97 

il  est  impossible  que  tous  accidensqui 
suruiennent  aux  poisons  suiuent  à 
vn  certain  poison  :  car  autrement 
c’eust  esté  chose  superflue  aux  au- 
theurs  de  traiter  chacun  poison  à 
part,  et  des  reraedes  particuliers  de 
chacun.  Donc  on  ne  trouuera  point 
qu’vn  seul  et  mesme  venin  cause  vne 
excessiue  chaleur  d’eslomach,  de  ven¬ 
tre,  de  foye,  vessie,  reins,  qu’il  face  ve¬ 
nir  le  hocquet,  qu’il  face  trembler  et 
frissonner  tout  le  corps,  qu’il  oste  la 
parolle,  qu’il  face  conuulsion  :  qui 
rende  le  pouls  languide,  qui  empes- 
che  la  respiration ,  qui  rende  la  per¬ 
sonne  toute  endormie  et  assoupie, qui 
cause  vertigine  ou  tournement  de 
teste,  qui  esbloüisse  la  veuë,  qui  es- 
trangle,  qui  altéré,  qui  face  flux  de 
sang,  qui  cause  la  fléure,  qui  retienne 
l’vrine,  qui  prouoque  continuel  vo¬ 
missement,  qui  face  rougir  le  malade, 
qui  le  rende  liuide,  pâlie,  insensé,  qui 
le  face  ronfler  et  peter,  perdre  toute 
force,  et  plusieurs  autres  accidens 
que  les  venins  particulièrement  font. 

gnostic.  Le  texte  en  est  presque  entièrement 
différent  du  chapitre  actuel  ;  le  lecteur  sera 
à  même  d’en  juger. 

«  Du  prognosiic. 

»  Les  venins  chauds  tuent  plustostque  les 
froids,  pource  que  la  chaleur  naturelle  les 
réduit  plus  promptement  de  puissance  à 
leur  effect,  qu’elle  ne  fait  les  froids  :  et  par¬ 
tant  les  accidens  sont  plus  grands  ou  moin¬ 
dres,  selon  la  force  et  vehcmence  du  venin, 
et  la  nature  de  la  partie  :  toutesfois  le  pro¬ 
pre  de  tous  venins  en  general  est  d’assail¬ 
lir  le  cœur  comme  principe  de  vie.  Voila  ce 
qu’il  me  semble  en  somme  de  l’action  des 
venins  artificiels  :  maintenant  il  nous  con¬ 
vient  parler  du  venin  naturel  des  bestes 
trouuees  en  ce  pays  de  France.  » 

Ici  donc  finissait  le  chapitre  ;  le  chapi¬ 
tre  2  répond  comme  il  a  été  dit  au  chapitre 
actuel. 


LE  VINGT-tROiSlÉME  LIVRE 


298 

Et  quand  ces  acoidens  sucuiennent 
aux  empoisonnes,  il  est  difficile  de 
bien  connoistre  quel  est  le  vertili 
qu’on  aura  pris.  Il  est  vray  qUO  les 
Venins  chauds  tuent  pliislost  que  les 
froids,  parce  que  la  chaleur  naturelle 
les  réduit  plus  promptement  de  puis¬ 
sance  à  leur  effect  qu’elle  ne  fait  les 
froids  K 

Galien  dit  qu’il  se  peut  engendrer 
en  nos  corps  vne  substance  appro¬ 
chant  du  venin  2,  le  dis  que  tel  venin 
est  bien  difficile  estre  conneu. 


CHAPITRE  XIL 

CROOfiOStlC  DV  VENIN  DES  BÈSTES 

Cornélius  Celsus,  et  tous  les  an¬ 
ciens  médecins  tiennent  que  toutes 
morsures  et  esgratigneures,  piqueu- 
res  et  baueides  animaux,  participent 
de  quelque  mauuaise  qualité,  toutes- 
fois  les  vues  plus  et  les  autres  moinsw 
Les  plus  sont  celles  qui  sont  faites  de 
bestes  venimeuses,  comme  d’aspics, 
viperes,  couleuures  et  autres  ser- 
pens,  basilic,  dragon,  crapaux,  chien 
enragé;,  scorpion,  araignes,  mous-  ^ 
ches  à  miel,  guespes,  et  vne  infinité 
d’autres.  Les  moins  venimeuses  sont 
celles  qui  sont  faites  d’autres  ani¬ 
maux  non  venimeux,  comme  le  che¬ 
nal,  le  singe,  le  chat,  le  chien  non  en¬ 
ragé,  et  plusieurs  autres  :  lesquels, 
encores  qu’ils  ne  soyeüt  venimeux , 
leurs  morsures  sont  toutesfois  plus 
douloureuses  et  difficiles  â  güarlr  que 

‘  Le  cliapitré  iô  terminait  tel  en  le 
resté  a  été  ajouté  en  158S. 

‘■i  Liure  des'Jietix  affectés,  C.  5."^ —  À.  P. 

«  ce  eiiapitre  est  presque  littéralement  le 
même  que  le  chapitre  2  du  livre  de  15?5, 
qui  portait  pour  titre  :  Du  venin  naturel. 


les  playes  ordinaires  fallos  d’autres 
causes  :  ce  qui  adulent  parce  qu’ils 
ont  en  leur  saliuc  ou  baue  quelque 
chose  contraire  à  nosire  nature,  la¬ 
quelle  induit  vne  mauuaise  qualité 
en  rvlcero,  la  rendant  plus  doulou¬ 
reuse  el  rebelle  aux  remedes  ;  ce  que 
non  seulement  nous  apperceuons  en 
telles  morsures,  maïs  aussi  aux  esgra¬ 
tigneures  des  bestes  qui  ont  des  on¬ 
gles,  comme  les  lions,  les  chats,  et 
autres. 

Aucuns  ne  veulent  excepter  de 
ceste  condition  de  morsure  celle  des 
hommes ,  affermans  icelle  participer 
de  quelque  vénénosité,  et  principale¬ 
ment  des  rousseaux  piquetés  de  mar¬ 
ques  tannées,  noires  et  autre  couleur, 
quMls  Ont  partout  leur  corps,  et  en¬ 
cores  plus  s’ils  sont  en  colere.  Quant 
j  à  ceux  qui  ne  sont  de  tel  tempéra¬ 
ment,  on  peut  tenir  leur  morsure 
n’estre  participante  d’aucune  vénéno¬ 
sité  â  raison  de  leur  saline ,  laquelle 
on  voit  par  expérience  estant  appli¬ 
quée  és  petites  vlceres,  les  guarir. 
Parquoy  la  difficulté  qui  vient  de  gua¬ 
rir  la  morsure  qu’aura  fait  vn  homme 
non  roux,  vient  â  raison  de  la  meur- 
trisseure  qui  se  fait  au  moyen  des 
dents,  qui  sont  mouces  et  non  tren- 
chantes,  lesquelles  ne  peuuent  entrer 
dedans  la  chair  sinon  eh  escachant  et 
contusant,  comme  se  font  les  coups 
orbes  et  les  playes  faites  auec  des 
pierres  ou  basions,  on  autres  sembla¬ 
bles,  lesquelles  on  voit  eslre  plus  dif¬ 
ficiles  à  guarir  que  celles  qui  sont  fai¬ 
tes  auec  glaiues  trenchans.  • 

Et  pour  retourner  à  nostre  propos, 
nous  dirons  qu’entre  les  bestes  que 
nous  auons  dit  estre  les  plus  venimeu¬ 
ses,  il  s’en  trouue  peu  qui  soyent  de 
lardiue  operation  :  mais  elles  fout 
communément  mourir  soudainement 
ceux  qui  en  sont  mords  ou  piqués. 


DÈS  VËwms. 


Sur  qtioÿ  Faut  oBsèrUér  qüë  les  veuins 
iettés  par  les  animaux  vifs  sont  plus 
forts  et  vlolehts  que  de  ceux  qui  sont 
morts,  d’autant  plus  qu’ils  ont  vne 
cbaieur  naturelle  qui  leur  sert  de  vé¬ 
hiculé  pour  les  conduire  au  corps. 
Aussi  outre  ce,  la  tenuité  de  la  sub¬ 
stance  fait  que  le  verlîn  eii  est  plus 
hastif. 

D’âuantage,  il  y  a  deS  bCstes  qui  ont 
le  venin  si  dangereux,  qü*il  fait  trioU- 
rir  vne  personne  en  moins  d*vhe 
heure,  comme  sont  lés  aspics,  basilic, 
et  crapaux.  Les  autres  n’ont  léUf 
venin  si  furieuX,  dônrians  indücëS 
deux  ou  trois  ioürs,  et  qüélqüesfois 
plus,  dèuant  que  faire  rnôürir  la  per¬ 
sonne,  comme  la  couleüüre ,  et  au¬ 
tres.  Outre  lesquelles  il  y  en  a  qui 
donnent  encOreS  plus  long  êSpâce  de 
vie,  comme  le  scorpion  et  âraignes. 

Bref,  il  y  a  certains  vebins,  lesquels 
estans  entrés  ad  corps  dé  l’bomme, 
voire  en  petitë  quantité ,  y  opèrent 
d’vné  si  grande  violence  et  ptottaptl- 
tude  que  fait  le  feu  en  là  paille  sei¬ 
che,  tellement  qiie  Ton  n’y  peut  re¬ 
médier  par  aucune  mâhieié,  à  Cause 
que  la  vertu  du  venin  est  plus  grande 
que  le  rernede  n’ést  loft  :  èt  partant 
alors  il  renuérsè,  conuertit  et  trans¬ 
mue  promptement  les  esprits  et  hu¬ 
meurs  en  son  naturel.  Car  tout  ainsi 
que  les  viandes  que  libüs  mangeons 
se  conüertissent  en  nostrë  nature  : 
aussi  au  contraire,  tels  vehinS  ëStatts 
dedans  nostre  corps  rendent  tous  les 
membres  infectés ,  non  rnoins  que 
l'air  pestilent  estant  recCu  par  vUe 
seule  inspiration  d’vn  homme  pesti¬ 
féré.  l)e  Ceste  m  alignité  ad  uieU  t  qu’au- . 
cuns  ont  vne  grande  inquiétude,  et 
meurent  furieux  et  enragés  :  au  con¬ 
traire,  on  en  voit  d’autres  qui  sont 
fort  assopiset  endormis,  et  deuiennent 
enflés  comme  bydropiques. 


299 

Outre  ces  choses  faut  entendre,  que 
le  lieu  et  le  temps  auquel  les  bestes 
venimeuses  sont  nourries,  donnent 
plus  ou  moins  de  vigueur  à  leur  poi¬ 
son.  Car  celles  qui  sont  nourries  aux 
montagnes  et  lieux  secs,  sont  plus 
dangereuses  que  celles  qui  sont  nour¬ 
ries  és  lieux  froids  et  marescageux. 
Aussi  toutes  morsures  de  be.stes  ve- 
neneuses  apportent  plus  de  danger  en 
esté  qu’en  hyuer. 

D’auantage ,  celles  qui  sont  affa¬ 
mées,  ou  ont  esté  irritées,  sont  plus 
dangereuses  que  les  autres,  et  leur 
venin  est  plus  pernicieux  à  ieun , 
qu’ après  qu’ils  ont  mangé.  Pareille¬ 
ment  les  ieunes  ^  et  qui  sont  amou¬ 
reuses  ,  C’est  à  dire  en  rut ,  sont  plus 
malignes  que  les  vieilles,  et  que  celles 
qui  ne  Sont  en  rut,  Aussi  on  tient  que 
le  venin  des  femelles  est  plus  dange¬ 
reux  que  celuy  des  masles.  Plus  les 
piqueurcs  et  morsures  des  bestes  ve¬ 
nimeuses  qui  mangent  les  autres  bes¬ 
tes  veneneuses  (comme  les  couleuures 
qui  mangent  les  crapaux ,  et  les  vi¬ 
pères  qui  mangent  les  scorpions  et 
'araignes,  et  les  cantharides  et  bu¬ 
prestes)  sont  beaucoup  plus  perni¬ 
cieuses  que  les  autres  qui  n’en  man¬ 
gent  point. 

Or  l’impression  subite ,  ou  la  résis¬ 
tance  au  venin,  aduient  le  plus  sou- 
uent  selon  que  le  venin  est  de  subtile 
ou  de  grosse  substance ,  ou  que  la 
complexion  et  température  de  ceux 
qui  sont  mords  ou  piqués,  estj  chaude 
ou  froide ,  forte  ou  debile.  Car  ceux 
qui  sont  do  température  chaude,  ont 
leurs  veines  et  arteres  plus  grosses  et 
dilatées,  comme  nous  auons^  dit  par 
cy  deuant,  et  par  conséquent  tous  les 
conduits  du  corps  plus  Üouuerts,  qui 
fait  que  le  venin  passeet  entre  promp¬ 
tement  iusques  au  coeur  :  ce  qui  ne  se 
fait  si  subitement  à  ceux  qui  sont  de 


LF.  VINGT-TROISIEME  LIVRE, 


CHAPITRE  Xlll. 


3oo 

température  froide ,  et  qui  ont  les 
veines  et  arteres  plus  serrées,  et  par 
conséquent  le  venin  ne  pénétré  si  tost, 
qui  fait  qu’ils  meurent  plus  tard  ; 
non  plus  ne  moins  que  nous  voyons 
aduenir  souuentesfois  par  les  méde¬ 
cines  laxatiues  qu’on  donne  aux  ma¬ 
lades,  que  deux  dragmes  de  rheu- 
barbe  feront  plus  à  vn,  que  quatre  à  1 
vn  autre,  pour  la  diuersité  des  com- 
plexions  de  ceux  qui  la  prennent. 
D’auantage,  les  venins  ne  peuuent 
tant  nuire  à  ceux  qui  ont  mangé  et 
beu  qu'à  ceux  qui  sont  à  ieun,  à 
cause  que  par  les  alimens,  les  veines 
et  arteres  et  les  conduits  du  corps 
estans  remplis,  et  les  esprits  fortifiés, 
cela  garde  que  le  venin  n’agist  si  fort 
et  promptement  qu’il  feroit  si  le  ma¬ 
lade  n’auoit  mangé  ny  beu.  Et  voila 
les  raisons  pourquoy  ceux  qui  sont 
mords  ou  piqués  meurent  plus  tost 
ou  plus  lard  les  vns  que  les  autres, 
ayans  esté  empoisonnés  de  bestes  ve¬ 
nimeuses. 

Or  si  le  venin  opéré  par  qualité  oc¬ 
culte,  le  prognostic  et  la  cure  eh  sont 
fort  difficiles  :  et  alors  faut  auoir  re-- 
cours  aux  alexiteres ,  qui  ont  aussi 
vne  propriété  inconneuë,  et  principa¬ 
lement  au  Iberiaque ,  pource  qu’en 
sa  composition  il  y  entre  des  venins 
chauds ,  froids ,  secs ,  et  humides  :  et 
pourtant  il  résisté  à  tous  venins ,  et 
principalement  aux  naturels,  comme 
des  bestes ,  plantes  et  minéraux  ;  et 
non  aux  artificiels,  desquels  à  la 
mienne  volonté  que  iamais  homme 
n’eust  mis  la  main  à  la  plume  pour  en 
escrire,et  n’eussent  iamais  esté  in- 
uentés,  à  fin  que  nous  n’eussions  à 
combattre  que  les  naturels  des  bes- 
les,  pource  qu'on  s’en  peut  mieux 
garder  que  de  ceux  qui  sont  faits  par 
la  malice  des  traistres  mechans  bour¬ 
reaux  empoisonneurs  et  parfumeurs. 


eVRE  DE  LA  MORSVRE  ET  VIQVEVRE 
DES  RESTES  VENIMEVSES  '. 

Il  faut  promptement  et  sans  delay 
remédier  à  la  morsure  et  piqueure 
desbestes  enragées  et  venimeuses, par 
tous  moyens  qui  consument  le  venin, 
à  fin  qu’il  n’entre  dedans  le  corps, 
et  ne  corrompe  les  parties  nobles, 
desquelles  tout  venin  de  son  na¬ 
turel  ne  demande  que  la  mort  et 
destruction.  Et  si  par  nonchalance 
ou  ignorance,  les  remedes  propres 
sont  délaissés  et  intermis  au  commen¬ 
cement,  certainement  en  vain  seront 
appliqués  en  autre  temps ,  principa¬ 
lement  si  la  matière  venimeuse  a 
desia  saisi  les  parties  nobles. 

Donc  pour  cominencer  ceste  cure, 
les  anciens  nous  proposent  deux  in¬ 
dications ,  à  sçauoir ,  vacuation  de 
l’humeur  virulent  et  venimeux ,  et 
alteration  d’iceluy.  Or  comme  ainsi 
soit  qu’il  y  ait  deux  maniérés  de  va¬ 
cuation,  à  sçauoir,  par  voye  vniuer- 
selleou  intérieure,  et  par  particulière 
ou  extérieure,  nous  commencerons  à 
la  particulière,  declarans  les  remedes 
topiques  propres  pour  attirer  et  ab- 

i battre  le  venin,  combien  que  la  com¬ 
mune  opinion  d’aucuns  est  qu’il  faut 
commencer  aux  choses  vniuerselles  : 
ce  qui  me  semble  ne  deuoir  eslre  au¬ 
cunement  obserué  és  maladies  ex¬ 
ternes,  comme  playes,  fractures,  luxa¬ 
tions,  et  aux  morsures  et  piqueures 
des  bestes  venimeuses,  esquelles  la 
première  chose  que  l’on  doit  faire, 

1  Ce  chapitre  est  presque  entièrement  co¬ 
pié  du  chapitre  3  de  1675;  seulement  ce¬ 
lui-ci  avait  simplement  pour  titre  :  Des 
testes  venimeuses. 


DES  VÊNIWS. 


est  de  procéder  incontinent  aux  to¬ 
piques  :  puis  auoir  esgard  aux  choses 
'vniuerselles ,  comme  régime,  purga¬ 
tion,  breuuages,  saignée,  et  autres 
telles  choses ,  selon  qu’il  en  sera  be¬ 
soin.  Parquoy  en  ceste  maladie,  la 
première  chose  que  l’on  fera  sera 
d’appliquer  promptement  medica- 
mens  conuenables  sur  la  morsure  ou 
piqueure  :  et  sur  tout  est  fort  conue- 
nable  de  lauer  incontinent  la  playe 
d’vrine  ou  d’eau  salée,  ou  d’eau  de 
vie,  ou  en  lieu  d’icelles,  de  bon  vin 
ou  vinaigre,  et  y  dissoudre  du  thé¬ 
riaque  le  plus  vieil  qu’on  pourra  Irou- 
uer,  frottant  assez  rudement  la  par¬ 
tie  :  et  faut  que  le  lauement  soit  le 
plus  chaud  que  le  malade  pourra  en¬ 
durer:  puis  le  laisser  dessus,  et  à 
Tentourdela  playe  du  charpy  trempé 
en  icelle  mistion. 

Or  aucuns  tiennent  qu’il  ne  faut 
appliquer  ledit  lheriaque  sur  la  mor¬ 
sure,  pource  (disent-ils)  qu’il  repousse 
le  venin  au  dedans  :  mais  (sauf  leur 
reuerence)  leur  opinion  est  renuersée 
par  authorité ,  raison  ,  et  expérience, 
comme  ie  diray  en  mon  liure  de  la 
Peste.  Par  authorité  :  Gallien  au  liure 
des  Commodités  du  thériaque  ‘,  com¬ 
mande  en  donner  par  dedans  et  par 
dehors,  pour  les  morsures  et  pi- 
queuresvenimeuses,  lesquelles  (dit-il) 
il  guarit,  si  on  en  vse  deuant  que  le  ve¬ 
nin  ail  saisi  les  parties  nobles.  Par 
raison ,  pource  qu’en  sa  composition 
il  y  entre  de  la  chair  de  vipere ,  qui 
est  vn  serpent  venimeux ,  qui  par  sa 
similitude  attire  le  venin,  ainsi  que  le 
magnés  attire  le  fer,  et  l’ambre  le 
fétu  :  et  l’ayant  attiré,  les  autres  me- 
dicamens  qui  entrent  en  sa  composi- 

1  La  première  édition  posthume  ajoute 
  cette  indication  les  mots  :  ad  Pisonem,  qui 
ne  se  trouvent  point  dans  les  précédente^. 


3oi 

j  tion  resoluent  et  consument  sa  viru¬ 
lence  et  vénénosité  :  et  estant  pris 
par  dedans ,  il  defend  le  cœur  et  au¬ 
tres  parties  nobles,  et  fortifie  les  es¬ 
prits.  Quant  à  l’experience,  ie  puis 
asseurer  auoir  pensé  plusieurs  ayans 
esté  mords  et  piqués  de  bestes  veni¬ 
meuses  ,  qui  par  le  bénéfice  du  thé¬ 
riaque  ont  tous  receu  guarison,pour- 
ueu  que  (comme  i’ay  auerti  cy 
dessus  )  on  les  ait  traités  auparauant 
que  le  venin  eust  saisi  les  parties  no¬ 
bles.  Partant  on  pourra  asseurément 
vser  de  theriaque,  ou  en  lieu  d’iceluy 
on  prendra  du  methridat,  lequel  a 
pareillentent  grande  vertu  pour  cest 
effect. 

D’auantage,  pour  faire  la  vacuation 
dessusdile ,  les  remedes  doiuent  estre 
de  ténue  substance,  tant  ceux  qu’on 
applique  dehors ,  que ,  ceux  qu’on 
prend  par  dedans ,  à  cause  qu’ils  pé¬ 
nétrent  le  corps  promptement,  pour 
dompter  et  abbattre  la  malice  du  ve¬ 
nin.  Et  partant  les  ails,  oignons,  por¬ 
reaux,  sont  vtiles ,  pource  qu’ils  sont 
vaporeux ,  fumeux  et  de  ténue  sub¬ 
stance  :  pareillement  la  rue ,  le  scor- 
dion,  le  dictamnus,  centaurea  minor, 
prassium ,  roquette ,  laict  de  figues 
non  meures,  et  autres  semblables: 
aussi  la  buglosse  sauuage  entre  tou¬ 
tes  les  herbes  a  vertu  contre  les  mor¬ 
sures  de  tous  serpens ,  et  a  esté  nom¬ 
mée  Fipene,  et  ce  pour  deux  raisons  : 
l’vne  pour-ce  qu’elle  porte  la  graine 
semblable  à  la  teste  d’vne  vipere  :  et 
l’autre^à  cause  qu’elle  guarit  la  mor¬ 
sure  d’icelle,  pilée  et  appliquée  par 
dehors,  et  par  dedans  prise  auec  du 
vin  ;  le  serpolet  a  la  mesme  vertu.  Et 
neantmoins  que  le  venin  soit  chaud, 
si  est-ce  que  les  remedes  susdits  sont 
conuenables,  parce  qu’ils  resoluent 
la  substance  du  venin,  et  le  consu¬ 
ment  et  euaporent.  Toutesfoia  on 


3o3  le  VINGT'»TRQIS11ÎM]E  livre  , 

aum  esgarij  à  la  qualité  d^rbumeur,  |  viues‘  :  lesquelles  d’vn  discord  na- 
pour  l’alterer  s’il  est  besoin  ,  comme  turel  rcsislept  au  venin,  par  ce  que 


nous  t’auertjrops  cy  après. 

Outre  pins  rappUealiop  de  ven¬ 
touses  et  cornets,  auec  grande  flambe, 
et  profondes  scarifications,  est  profi¬ 
table,  si  le  lieu  permet  de  ce  faire, 
Aussi  est  bon  de  fomenter  et  lauer 
promptement  la  partie  de  fort  vinai¬ 
gre,  le  plus  chaud  que  l’on  pourra 
endurer  ;  ou  ou  prendra  de  l’eau  et 
du  sel,  et  de  ce  on  en  frottera  la  playe 
assez  rudement,  ou  mesme  de  rvrine 
du  patient ,  comme  nous  auons  dit, 
Pareillement  la  moustarde  dela,yée 
en  vrine  ou  vinaigre  est  propre.  Ô’a- 
uantage  sera  bon  faire  fort  succer  le 
lieu  par  quelque  personne  de  basse 
condition,  moyennant  qu’il  ait  lané 
sa  bouebe  de  vin  auquel  on  aura 
dissDult  du  iberiaque  ou  melbridat, 
et  après  auec  îiuUe  commune  :  aussi 
faut  prendre  garde  qu’il  n’ait  vleere 
en  la  bouebe,  de  peur  que  le  venin 
ne  s’y  imprime  facilement,  bes  sang¬ 
sues  sont  pareillement  propres  pour 
cest  effet». 

On  pourra  aussi  mettresur  la  playe 
le  eut  des  ponlailles,  et  entre  autres, 
des  penlies  qui  ponnent,  par  ce  qu’el¬ 
les  ont  le  cul  plus  grand  et  plus  ou - 
uert  on  en  lieu  d’icelles ,  prendre 
des  coqs  ou  poulies  d’Inde,  par  ce 
qu’elles  ont  plus  de  vigueur  d’attirer 
que  les  communes,  et  leur  faut  met¬ 
tre  vn  grain  de  sel  dedans  le  cul,  et 
leur  clorre  le  bec  et  l’ouurir  par  jn- 
terualles  ;  et  si  elfes  meurent ,  en 
remettre  d’autres,  §i  on  veut,  on 
pourra  fendre  lesdites  volailles  toutes 

1  On  retrouve  d^à  les  prineipales  Idées  de 
ce  paragraphe ,  et  même  avec  un  peu  plus 
de  développement,  dans  le  livre 
d’harquebum  d»  jMb  Copparez  tQi»e  II , 
page  190. 


les  ponlailles  sont  de  nature  fort 
chaude.  Qu’il  soit  vray,  elles  man¬ 
gent  et  digèrent  les  bestes  venimeu¬ 
ses,  comme  crapaux,  viperes,  aspics, 
scorpions  et  autres:  et  consomment 
pareillement  les  plus  seiches  graines 
qui  soient,  mesmes  de  petites  pierres 
et  sablon  :  parquoy  appliquées  dessus 
ont  grand  force  d’attirer  le  venin.  Ou 
en  lieu  d’icelles,  on  prendra  des  petits 
chiens  ou  chatons,  lesquels  estans 
fendus,  seront  appliqués  tous  cbauds 
sur  la  playe  et  sur  les  scarifications, 
les  y  laissons  iusques  à  ce  qu’ils  soient 
refroidis  :  puis  on  eh  remettera  d’au¬ 
tres  tant  qu’il  en  sera  de  besoin  2. 

Outre  toutes  ces  choses,  i’ applica¬ 
tion  des  cautères  est  grandement  à 
louer  pour  abbatre  et  consommer  la 
malignité  du  venin  :  mais  en  ce  cas, 
l’actuel  est  plus  excellent  que  le  po¬ 
tentiel,  d’autant  que  l’action  du  feu 
consomme  le  venin  pluspromptement, 
et  fait  que  la  playe  demeure  plus 
longuement  ouuerte.  Mais  ils  doiuent 
estre  appliqués  deuant  que  le  venin 
ait  saisi  les  parties  nobles  :  car  autre¬ 
ment  ils  ne  pourroient  en  rien  pro¬ 
fiter,  ains  donneroient  fascherie  en 
vain  au  panure  malade.  Et  s’il  craint 
fe  feu,  on  vsera  de  potentiel  *.  Et 

1  La  phrase  s’arrêtait  là  ei)  1675  pQjir  ce 
qui  regardeles  volailles,  et  reprenait  immé¬ 
diatement  ;  ou  en  lieu  d’icelles  on  prendra 
des  petits  chiens,  etc.  Les  dix  lignes  intermé¬ 
diaires  ont  été  ajoutées  en  16T9, 

*  Les  mêmes  préceptes  avaient  déjà  été 
donnés  à  peu  près  dans  le  livre  des  mayes 
d’harqmbum  de  J5,5^  et  Gompafeg 
tonjelf,  page  ï9?, 

3  Comparez  ce  qu’il  avait  déjà  écrit  sur  le 
cautère  dés  1545  (tome  II,  page  193,  à  la  fin), 
et  plus  tard  en  1552  et  1564  (  tome  II,  page 
192).  On  verra  dans  cette  même  page  le  con- 


DES  VEJyiîfS. 


après  l’application  d’iceux ,  faut 
promptement  faire  cheoir  l’escarre, 
à  fin  de  donner  plus  subite  issue  au 
venin.  Partant  l’escarre  estant  faite, 
on  fera  des  scarifications  dessus,  péné¬ 
trantes  iu  sques  à  la  chair  viue  :  puis  on 
y  appliquera  des  choses  onctueuses, 
comme  beurre  et  axonge  :  et  dessus 
la  playe  et  parties  voisines ,  on  vsera 
d’emplastres  attractiues ,  faites  de 
gommes,  comme  galbanum  de  téré¬ 
benthine,  poix  noire,  poix  grasse 
meslée  auec  ius  de  poireaux  et 
oignons,  et  autres  semblables.  Et 
lors  que  l’escarre  sera  tombée  ,  on 
appliquera  de  l’onguent  basUicum , 
auquel  on  adioustera  poudre  de  mer¬ 
cure,  qui  en  ce  cas  a  grande  efficace, 
d’autant  qu’elle  attire  la  sanie  et  vi¬ 
rulence  du  profond  de  la  playe,  et  ne 
la  permet  reclorre  :  çe  qui  est  bien 
necessaire,  car  on  la  doit  tenir  long 
temps  ouuerle ,  à  fin  d’enacuer  la 
matière  venimeuse.  Et  pour  ce  faire, 
on  appliquera  de  l’esponge ,  ou  raci¬ 
nes  de  gentiane,  ou  d’hermodactes, 
ou  quelques  mediçamens  -  acres , 
comme  egyptiac,  ou  poudre  de  mer¬ 
cure  meslée  auec  alum  cuit,  ou  vu 
peu  de  poudre  faite  de  cautere  po¬ 
tentiel.  Et  ne  faut  oublier  àmesler 
tousiours  auec  les  onguens  vn  peu  de 
theriaque  ou  methridat,  ou  jus  d’hy- 
pericon,  ou  de  nepeta,  et  autres  sem¬ 
blables,  qui  ont  vertu  d’attirer  et 
résoudre  le  venin,  et  d’absterger  et 
nettoyer  l’ylcere,  Toutesfois  si  on 
voyoit  qu’il  y  eust  trop  grande  cha¬ 
leur,  douleur,  et  acuité,  laquelle  con¬ 
traint  l’humidité  de  faire  ébullition, 
qui  se  tourne  quelquesfois  en  viru¬ 
lence  et  pourriture  ,  gangrené  ,  et 

seil  d’appliquer  une  ligature  au-dessus  de 
la  morsure  ou  piqûre;  précepte  excellent, 
qui  ne  se  retrouve  pas  dans  le  livre  actuel. 


3o3 

mortification,  alors  faut  laisser  la 
propre  cure  pour  suruenir  aux  acci- 
dens.  Et  voila  quant  à  l’enacuation 
particulière  qui  se  doit  faire  és  mor¬ 
sures  et  piqueures  venimeuses. 


CHAPITRE  XIV, 

DE  LA  eVRE  VNIVERSELLE  ‘. 

Quant  à  Eeuacuation  vniuerselle,  il 
faut  obseruerque  l’on  ne  face  saignée, 
et  que  l’on  ne  donne  medecine  laxa  - 
tiue,  ny  elystere,  ny  vomitoire,  ny 
bains,  ou  autres  sudatoires,  qu’il  n’y 
ait  pour  le  moins  trois  iours  passés 
après  la  morsure  faite  :  aussi  que  le 
patient  euite  le  coït,  de  peur  de  faire 
commotion  et  perturbation  aux  hu¬ 
meurs  et  esprits,  et  que  le  venin  fust 
par  ces  moyens  plus  promptement 
porté  au  cœur  ;  mais  quand  la  matière 
venimeuse  sera  esparse,  et  l’acuité 
diminuée ,  alors  telles  euacuations 
pourront  estre  faites,  et  non  autre¬ 
ment.  Mais  pour  tous  mediçamens 
intérieurs  suffira  vser  de  contre-poi¬ 
sons  au  commencement,  comme  de 
toutes  sortes  de  theriaque,  methri¬ 
dat  ,  et  autres  semblables  choses  ; 
lesquelles  estans  contraires  aux  ve¬ 
nins,  changent  et  altèrent  tout  le 
corps.  Non  pas  qu’il  faille  entendre, 
que  leur  substance  pénétré  et  passe 
tout  le  corps  (  car  il  est  impossible 
qu’en  si  peu  de  temps  vne  si  petite 
quantité  de  matière  ,  qu’on  donne 
pour  contre-poison,  puisse  passer  vne 
si  grosse  masse  de  nostre  corps)  mais 
elle  s’espand,  et  enuoye  ses  vertus  et 
qualités;  comme  iournellementoous 
voyous  que  quand  nous  auons  pris 

‘  C'est  le  chapitre  4  du  livre  de  1575. 


3o4  LE  vingt-troisième  LIVRE, 


des  pilules,  neantmoins  que  leur  sub¬ 
stance  ou  matière  demeure  en  l’esto- 
mach,  leur  vertu  est  espandue  ius- 
ques  au  cerueau,et  partout  le  corps. 
On  en  peut  autant  dire  d’vn  clystere, 
qui  estant  dans  les  intestins,  a  puis¬ 
sance  d’attirer  les  humeurs  du  cer¬ 
neau  K  On  voit  aussi  cest  effet  és 
médecines ,  qui  attirent  par  leur 
vertu  iusques  au  dedans  des  iointures 
et  de  toutes  les  parties  du  corps.  Et 
pour  le  dire  en  vn  mot,  les  contre¬ 
poisons  opèrent  en  nos  corps,  pour 
combattre  le  venin,  et  le  chasser,  et 
vaincre  sa  virulence,  ainsi  que  le  ve¬ 
nin  fait  pour  exercer  sa  tyrannie,  et 
saisir  le  cœur  :  toutesfois  il  faut  bien 
notter ,  que  la  contre-poison  doit 
estre  plus  forte  que  la  poison,  à  fin 
qu’elle  domine  :  et  partant  en  faut 
vser  en  plus  grande  quantité  que  n’est 
le  venin,  à  ce  qu’elle  soit  plus  forte  à 
le  vaincre  et  chasser.  Et  en  faut  don¬ 
ner  deux  fois  le  iour,  continuant  tant 
que  l’on  verra  le  venin  estre  amorti , 
et  les  accidens  cessés.  Et  cecy  est  non 
seulement  profitable  pour  Feuacua- 
tion  de  la  poison,  mais  aussi  pour 
fortifier  les  parties  nobles. 

Or  outre  les  choses  susdites,  faut 
auoir  esgard  à  altérer  l’humeur  :  ce 
que  nous  auons  dit  estre  la  seconde 
indication  qu’on  se  doit  proposer  en 
la  cure  présenté.  Ce  qui  se  fera  en 
changeant  vne  qualité  contraire  par 
vne  autre  contraire  2.  Exemple  :  si  le 
patient  sent  vne  vehemente  chaleur 
au  lieu  où  est  la  morsure,  ou  en  tout 
le  corps,  alors  il  faudra  appliquer 

»  Le  texte  de  1575  ajoutait  ici  :  comme 
lesmoigne  Galien  au  Hure  des  simples  medica- 
mens  ;  et  de  plus  on  lisait  en  note  :  Gai.  au 
lia.  5.  des  simples  ,  cha.  19.  Tout  cela  a  été 
rayé  dès  1579. 

*  On  retrouve  déjà  les  bases  de  ce  traite¬ 
ment  en  1564.  Voyez  tome  II,  page  193. 


remedes  refrigerans  :  au  contraire 
s’il  sent  froidure,  remedes  calefactifs, 
et  ainsi  des  autres  qualités. 

Cecy  te  suffise  pour  le  regard  des 
venins  et  de  leur  cure  en  general  ;  il 
en  faut  traiter  maintenant  en  particu¬ 
lier.  Et  premièrement  nous  commen¬ 
cerons  aux  morsures  des  chiens  en¬ 
ragés. 


CHAPITRE  XV. 

LA  CAVSE  POVBQVOY  LES  CHIENS  DE¬ 
VIENNENT  PLVSTOST  ENRAGÉS  QVE  LES 

AVTRES  RESTES*. 

Cela  adulent  parce  que  de  leur  na¬ 
ture  ils  sont  préparés  et  enclins  à 
telle  disposition  :  et  pource  aussi 
qu’ils  mangent  quelquesfois  corps 
morts  charongneux,  et  autres  choses 
pourries  et  pleines  de  vers,  et  boi- 
uent  des  eaux  de  semblable  nature  : 
aussi  par  vne  trop  grande  melancho- 
üe  d’auoir  perdu  leur  maistre,  dont 
courent  çà  et  là  pour  le  trouuer,  de- 
laissans  le  manger  et  boire  ;  dequoy 
s’ensuit  ébullition  de  leur  sang,  qui 
puis  après  se  tourne  en  melancholie, 
et  puis  en  rage.  D’auantage  pour 
deux  autres  causes  contraires  :  la 
première  par  la  trop  grande  chaleur, 
la  seconde  par  l’extreme  froidure: 
comme  l’on  voit  que  le  plus  souuent 
ils  enragent  és  iours  caniculaires,  et 
en  hyuer  durant  les  grandes  gelées. 
Ce  qui  aduient ,  parce  que  les  chiens 
sont  de  leur  nature  froids  et  secs  2,  et 

*  Reproduction  du  chap.  5  de  1575. 

2  Galien  ,  cha.  20.  H.  2.  simpl.  et  cha.  11. 
liu.  3,  simpl.  semble  estre  d’opinion  contraire 
touchant  le  tempérament  des  chiens ,  id  est ,  il 
dit  qu’il  est  chaud  et  sec.  —A.  P.  Celte  note 
est  de  1686. 


DES  VENINS. 


par  conséquent  ils  ont  beaucoup  d’hu¬ 
meurs  melancholiques,  lesquels  en 
telles  saisons  chaleureuses  se  tour¬ 
nent  aisément  en  humeurs  atrabilai¬ 
res  par  adustion  :  comme  en  hyuer 
par  constipation  de  cuir  et  suppres¬ 
sion  d’excremens  fuligineux,  qui  leur 
causent  vne  fiéure  continue  grande¬ 
ment  ardente,  et  vne  phrenesie  et 
rage.  Le  grand  froid  de  l’air  aug¬ 
mente  semblablement  leur  chaleur 
du  dedans,  laquelle  estant  repoussée, 
s’augmente  et  allume  les  humeurs 
préparés  à  telle  rage  et  pourriture  : 
lesquels  sont  d’autant  plus  dange¬ 
reux,  que  ne  pouuans  sortir  et  eua- 
cuer  par  les  pores  ou  pertuis  du  cuir 
(qui  pour  lors  sont  du  tout  fermes) 
ils  demeurent  dedans,  et  font  alors  les 
mesmes  accidens  que  fait  la  grande 
chaleur  de  l’esté.  Aussi  deuiennent 
enragés  pour  vser  de  viandes  trop 
chaudes  qui  leur  eschauffent  le  sang, 
et  leur  causent  fiéure,  puis  la  rage  : 
semblablement  aussi  pour  auoir  esté 
mords  d’autres  chiens,  ou  loups,  ou 
autres  animaux  enragés. 


CHAPITRE  XVI. 

SIGNES  POVR  CONNOISTRE  LE  CHIEN 
ESTRE  ENRAGÉ  ». 

Lors  qu’il  voit  de  l’eau ,  il  tremble 
et  la  craint,  et  a  vne  horripilation  , 
c’est  à  dire  que  le  poil  lui  dresse.  Il  a 
les  yeux  rouges  et  fort  flamboyans , 
et  renuersés  ,  auec  vu  regard  vehe- 
ment,  fixe  et  horrible,  regardant  de 
trauers.  Il  porte  sa  teste  fort  bas  et 

I  Ce  chapilre  où  Paré  trace  le  tableau  le  | 
plus  net  et  le  plus  précis  des  signes  de  la 
rage,  est  textuellement  copié  du  chap.  6  de  \ 
1575. 


3o5 

la  tourne  de  costé.  Il  ouure  sa  gueule, 
et  tire  la  langue  qu’on  voit  liuide  et 
noire,  halette,  et  iette  grande  quan¬ 
tité  de  baue  escumeuse ,  et  plusieurs 
autres  humidités  découlent  de  sen 
nez.  Il  chemine  en  crainte ,  lantost  à 
dextre,  tantost  à  senestre,  comme  s’il 
estoit  yure ,  et  tombe  souuent  en 
terre.  Lors  qu’il  voit  quelque  forme, 
il  court  à  l’encontre  pour  l’assaillir, 
soit  qué  ce  soit  vne  muraille  ,  ou  vn 
arbre ,  ou  quelque  animal  qu’il  ren¬ 
contre.  Les  autres  chiens  le  fuyent  et 
le  sentent  de  loing  :  et  s’il  s’en  troune 
quelqu’vn  prés  de  luy  ,il  le  flatte  et  lu  y 
obéît ,  et  tasche  à  se  desrober  et  fuir 
de  luy ,  encores  qu’il  soit  plus  grand 
et  plus  fort.  Il  ne  boit  ny  mange  :  il 
est  du  tout  muet ,  c’est  à  dire  qu’il 
n’aboye  point  ;  a  les  oreilles  fort 
pendantes,  et  la  queue  retirée  entre 
les  cuisses  :  il  regarde  de  trauers ,  et 
plus  tristement  que  de  coustume  :  il 
mord  egalement  bestes  et  gens ,  tant 
domestiques  et  familiers  qu’estran- 
gers ,  et  ne  connoist  aucunement  son 
maistre,  ny  la  maison  où  il  a  esté 
nourri  ;  parce  que  l’humeur  melan  • 
cholique  luy  trouble  tous  les  sens.  Ce 
quiaduient  pareillement  aux  hommes 
qui  sont  vexés  de  telle  humeur  me- 
lancholique  :  car  ils  tuent  quelques- 
fois  leurs  peres,  meres,  femmes  ou  en- 
fans,  et  sounentesfois  eux-mesmes. 


CHAPITRE  XVII. 

LES  SIGNES  POVR  CONNOISTRE  VN  HOMME 
AVOIR  ESTÉ  MORDV  D’VN  CHIEN  EN¬ 
RAGÉ*. 

11  est  fort  difficile  de  connoistre  du 
commencement  quand  quelqu’vn  a 

‘  Reproduction  littérale  du  chap.  7  de  1575. 

aô 


ni. 


3o6 


LE  VINGT-TROISIEME  LIVRE 


esté  mords  d’vn  cliien  enragé  ou  non  : 
parce  que  la  playe  faite  par  la  mor¬ 
sure  n’afflige  au  commencement  le 
malade  non  plus  qu’vne  autre  playe, 
au  contraire  de  celles  qui  sont  faites 
par  morsures  ou  piqueures  des  autres 
testes  venimeuses  :  car  subitement  on 
y  sent  vne  extreme  douleur,  et  la 
partie  s’enflamme  et  enfle,  et  süruien^ 
lient  grands  et  diuers  accidens,  selon 
la  diuersité  de  la  malignité  du  venin, 
comme  nous  dirons  cy  après.  Dont 
nous  conclurons,  que  le  venin  fait 
par  la  rage  ne  se  monstre  pas  au 
commencement,  et  qu’il  n’ait  pre¬ 
mièrement  saisi  et  altéré  les  parties 
nobles. 

Parquoy  si  on  doute  au  commen¬ 
cement  que  la  morsure  ne  fust  faite 
d’vn  chien  enragé,  on  la  pourra  véri¬ 
tablement  connoistre  enmoüillantdu 
pain  au  sang  ou  en  la  sanie  de  la 
playe  ,  que  l’on  donnera  à  vn  chien 
affamé  :  et  s’il  le  refuse  à  manger , 
mesmes  qu’il  desdaigne  le  fleurer  , 
cela  demonstre  que  la  playe  est  faite 
d’vn  chien  enragé  :  au  contraire  s’il 
le  mange,  il  n’estoit  point  enragé. 

D’auantage,  plusieurs  ont  escrit 
que  si  on  donne  le  pain  ainsi  trempé 
à  vne  poulaille ,  et  qu’elle  le  mange , 
elle  mourra  dans  vn  iour  ou  enui- 
ron ,  si  le  chien  estoit  enragé.  Mais 
pour  certain  i’ay  fait  telle  expérience, 
et  sçauois  véritablement  que  le  chien 
estoit  enragé  par  les  signes  prédits  : 
toutesfois  les  poulailles  né  mouroient 
point  après  aüoir  mangé  dudit  pain. 
Parquoy  l’espreuue  du  pain  donné 
aux  chiens  est  plus  certain ,  pour-ce 
qu’ils  ont  vn  sentiment  exquis  de 
fleurer  naturellement,  qui  fait  qu’ils 
sentent  l’odeur  du  sang  ou  sanie  de 
la  playe  faite  d’vn  chien  enragé ,  et 
pour-cè  aucunement  n’y  touchent. 


CriAPITRE  XVIII. 

DES  ACCIDENS  QVI  VIENNENT  A  CEVX 
AŸXQVELS  LE  VENIN  DV  CHIEN  EN¬ 
RAGÉ  EST  COMMENCÉ  D’eSTRE  IMPRIMÉ 
AVX  PARTIES  NOBLES 

Au  commencement  le  malade  dé¬ 
nient  fort  pensif,  et  murmure  entre 
ses  dents  :  il  respond  sans  propos ,  et 
deuient  cholere,  plus  que  de  cous- 
tume  :  il  pense  voir  en  dormant  vne 
infinité  de  choses  fantastiques  ,  et  fi¬ 
nalement  tombe  en  vne  maladie 
nommée  des  Grecs  hijdrophobia)  c’est 
à  dire  crainte  d’eau. 

Puis  après  que  le  venin  s’est  d’a^ 
uantage  augmenté,  et  a  ja  du  tout 
changé  l’economie  ou  harmonie  des 
parties  nobles ,  alors  la  vertu  imagi- 
natiue ,  et  toute  raison  et  mémoire 
et  autres  sens  se  perdent  :  et  par  con¬ 
séquent  le  malade  deuient  fol  et  in¬ 
sensé,  et  ne  connoist  aucunement  ses 
familiers  amis  et  domestiques ,  et  se 
deschire  et  esgratigne  ,  et  mord  soy- 
mesme  et  les  premiers  venus  qu’il 
peut  attraper  :  qui  se  fait  à  cause  des 
vapeurs  et  fumées  melancholiques 
qui  montent  au  cerueau ,  et  altèrent 
et  corrompent  le  tempérament  d4ce- 
luy  ;  parquoy  la  raison  est  perdue , 
ensemble  tous  les  autres  sens ,  dont 
le  pàuure  malade  est  incité  à  cour¬ 
roux  et  à  mordre.  Semblablement  il 
a  soüuent  des  mouuemens  et  tres- 
saillemens  inuolontaires ,  et  contrac¬ 
tions  de  nerfs  :  qui  se  fait  à  cause  de 
la  siccité  vehemente ,  prouenant  du 
venin  chaud  et  sec,  qui  blesse  le  tem¬ 
pérament  des  nerfs  qui  sont  dissemi- 

*  Ce  chapitre  est  presque  en  entier  copié 
du  chap.  8  de  l’édition  de  1676. 


DES  VENINS. 


nés  és  muscles,  et  aussi  qui  leur  con¬ 
somme  l’bumidité  substantiflque. 
Pareillement  le  patient  a  vne  grande 
seicberesse  en  la  boücbe,  et  la  langue 
aride  et  seicbe  ,  auec  vne  soif  intolé¬ 
rable  ,  toulesfois  sans  appétit  de 
boire,  pourtant  que  desia  son  corps  a 
pris  vne  affection  contraire  à  ses  ac¬ 
tions  naturelles,  dont  il  adulent  qu’il 
ne  désiré  les  choses  qui  naturelle¬ 
ment  appaisent  la  soif.  Plus  il  a  la 
face  et  les  yeux  rouges  et  grande¬ 
ment  enflambés,  et  pareillement  tout 
le  corps  à  Cause  de  Fextreme  cha¬ 
leur  et  siccité  prouenante  du  virus 
veneneux  et  malin.  Il  imagine  qu’il 
voit  et  oit  des  chiens,  et  veut  pareil¬ 
lement  japper  et  mordre  ;  qui  se  fait 
parce  que  le  venin  du  chien  enragé 
change  et  altéré  toute  la  température 
de  l’homme  en  toute  sa  complexion 
et  similitude  :  en  sorte  qüe  tous  ses 
sens ,  pensées ,  parolles  et  visions ,  et 
généralement  toutes  ses  actions  sont 
deprauées  par  l’humeur  melancholi- 
qUe  et  veneneux  espandu  és  ventri¬ 
cules  du  cerueau,  lequel  leur  change 
l’esprit,  tellement  que  le  malade 
pense  voir  et  ouïr  des  chiens ,  voire 
croit  luj’^-mesme  estre  chien ,  duquel 
aus’si  il  ensuit  la  voix  enrouée,  parce 
qu’il  jappe,  aboyé,  crie  et  hurle 
comme  les  chiens  ,  sans  honte  et  res¬ 
pect  de  son  honneur,  au  grand  es- 
pouuentement  de  ceux  qui  sont  pre- 
sens  et  qui  l’oyent.  L’enroüeUre  vient 
par  la  grande  seicberesse,  quiades- 
seiché  la  trachée  artere  et  les  instru- 
mens  delavoix.il  fuit  grandement 
la  lumière,  à  cause  que  l’humeur  me- 
lancholique ,  qui  est  obscur  et  téné¬ 
breux,  est  contraire  à  icelle  :  qui  fait 
que  le  malade  desire  les  tenebres,  qui 
luy  sont  semblables.  Il  craint  aussi  à 
voir  l’eau  (encore  que  ce  soit  vn  ro- 


807 

mode  fort  vtile  pour  rafraichir  son 
extreme  chaleur  et  siccité)  ou  quand 
il  regarde  en  vn  miroir,  il  luy  est 
aduis  et  imagine  qu’il  voit  des  chiens, 
et  que  ce  souuenir  luy  fait  auoir 
ceste  crainte.  Pour  ceste  cause  il 
craint  l’eau,  et  toutes  choses  transpa¬ 
rentes  et  luisantes,  ayans  quelque  re- 
uerberation  :  et  quand  il  les  voit ,  il 
crie  et  tremble ,  de  peur  d’estre  en-* 
cores  mords  :  dont  vient  qu’il  tombe, 
et  se  veautre  en  terre  pour  se  cuider 
couurir  d’icelle.  Et  telle  chose  se  fait 
à  cause  que  les  vapeurs  altérées  et 
corrompues  pénétrent  par  les  yeux , 
et  estans  paruenues  à  l’eau  ou  mi¬ 
roir,  ou  autres  corps  semblables, 
par  leur  reuerberation  luy  représen¬ 
tent  des  choses  ». 

Or  ils  disent  que  celuy  qui  est 
mords  d’vn  chien  enragé ,  s’imagine 
tousiours  voir  le  chien  duquel  il  a 
esté  mordu,  la  crainte  duquel  luy  fait 
ainsi  fuir  et  craindre  l’eau.  Autres 
disent  cela  aduenir,  à  cause  que  par 
la  rage  le  corps  tombe  en  vne  ex¬ 
treme  siccité ,  qui  le  fait  fuir  l’hu¬ 
midité  comme  son  contraire.  Rufus 
dit  que  la  rage  est  vne  espece  de  ma¬ 
ladie  melancholique.  Or  nous  sça-* 
uons  estre  chose  propre  à  tous  me- 
lancholiques ,  d’auoir  quelque  chose 
particulièrement  en  crainte,  par  l’A¬ 
phorisme  vingteinquiéme  de  la  sec¬ 
tion  sixième  :  mais  principalement  ils 
craignent  toutes  choses  luisantes 
comme  l’eau ,  les  miroirs ,  à  cause 
qu’ils  cherchent  les  tenebres,  pour- 

*  L’édition  de  1575  ajoutait  ici  -.  Tout 
ainsi  qu’on  voit  que  des  yeux  d’vne  jemme 
ayant  ses  fleurs,  sortent  des  vapeurs  lesquelles 
infectent  et  gastent  le  miroir.  Cette  fable  ab¬ 
surde  se  trouvait  encore  répétée  en  1579  et 
1585;  elle  n’a  disparu  que  dans  la  première 
édition  posthume. 


LK  VlJNGT-tnOlSlKME  LIVHE, 


3o8 

ce  qu’à  icelles  les  inuite  leur  humeur 
noir,  obscur  et  ténébreux  K 
Il  a  vne  sueur  froide ,  et  sort  de 
l’vlcere  vn  xirus  escumeux,  fetide, 
virulent  et  erugineux,  c’est  à  dire  de 
couleur  de  roüilleure  d’a’rain  :  qui 
aduient  par  l’extreme  chaleur  et 
acuité  de  l’acrimonie  du  virus  adhé¬ 
rant  en  la  partie,  laquelle  fait  ébul¬ 
lition  et  pourriture.  Aussi  on  trouue 
Tvlcere  quelquesfois  aride  et  sec. 
L’vrine  est  le  plus  souuent  claire  et 
subtile,  à  cause  que  les  colatoires  des 
reins  sont  fort  resserrés  et  estressis , 
pour  la  chaleur  et  siccilé  du  venin  : 
aussi  quelquesfois  est  fort  espaisse  et 
noire,  qui  se  fait  à  cause  que  la  vertu 
expultiice  chasse  tant  qu’elle  peut 
par  les  vrines  l’humeur  melancholi- 
que,  qui  a  esté  corrompu  par  le  ve¬ 
nin.  Pareillement  elle  est  aucunesfois 
totalement  supprimée  et  retenue,  par 
la  siccilé  du  virus  et  des  matières 
crasses,  visqueuses  et  gluantes ,  dont 
se  fait  totale  obstruction  des  parties 
deüiées  à  l’vrine.  Bref,  le  panure  ma¬ 
lade  est  tellement  tourmenté  par  ces 
accidens,  qu’en  la  fin  vaincu  de  dou¬ 
leur  et  de  trauail,  à  faute  de  manger 
et  boire ,  il  meurt  furieux  et  enragé. 

Mais  lors  que  du  commencement 
(et  deuanl  que  le  venin  ait  enti'é  au 
corps  et  gaigné  les  parties  nobles  )  on 
administre  les  remedes  propres,, les 
malades  ne  faillent  à  guarir ,  et  peu 
de  personnes  sont  morts  ausquels  on 
ait  diligemment  pourueu. 

1  Tout  ce  paragraphe  est  une  addition  de 
1579. 


CHAPITRE  XIX. 

PROGNOSTIC  *. 

On  ne  se  peut  bien  garder  de  la 
morsure  des  chiens  enragés ,  attendu 
qu’ils  sont  tousiours  parmy  les  hom¬ 
mes,  au  moyen  de  quoy  on  est  en 
plus  grand  danger  d’eux  que  de  tou¬ 
tes  autres  bestes  venimeuses  en  leurs 
morsures.  Et  d’autant  que  le  chien 
est  domestique  et  familier  à  l’homme 
pendant  qu’il  est  sain ,  d’autant  luy 
est-il  ennemy  depuis  qu’il  est  sorti  de 
sa  nature  accoustumée ,  qui  se  fait 
par  vne  rage. 

Or  le  virus  qui  est  en  sa  baue  est 
chaud  et  sec,  malin,  veneneux  et 
contagieux ,  tellement  qu’il  commu¬ 
nique  la  mesme  affection  à  celuy  qu’il 
mord  (  si  on  n’y  pouruoit  de  bonne 
heure  )  soit  vn  homme ,  ou  vne  autre 
beste  :  et  son  venin  est  tant  subtil , 
que  facilement  pénétré  par  les  pores 
du  cuir  ;  et  estant  attiré  par  les  artè¬ 
res  ,  par  le  continuel  mouuement  d’i¬ 
celles  ,  il  est  conduit  au  demeurant 
du  corps.  Parquoy  on  peut  conclure 
que  le  venin  de  sa  rage  a  la  vertu 
non  seulement  de  faire  enrager  ceux 
qu’il  mord ,  mais  aussi  ceux  ausquels 
il  aura  ietté  son  escume  ou  baue  con¬ 
tre  leur  peau ,  si  elle  y  fait  long  se- 
iour  :  mais  si  elle  est  essuyée,  et  le 
lieu  proprement  laué  d’eau  salée  ou 
d’ vrine ,  elle  n’y  fera  aucun  mal. 

Et  faut  icy  entendre,  que  toute 
morsure  de  chien  enragé  ne  nuit  pas 
egalement  et  ne  tue  pas  en  mesme 
temps ,  ainsi  qu’auons  cy  dessus  de- 
monstré  du  venin  des  bestes  venimeu- 

1  Le  chapitre  est  le  même ,  sauf  un  para¬ 
graphe  ajouté,  que  le  chap.  9  de  1575. 


DES  VENINS. 


ses.  Car  selon  la  disposition  de  l’air 
chaud  ou  froid,  et  la  vehemence  du 
venin,  et  le  lieu  et  profondeur  de  la 
morsure,  et  la  diuersité  des  forces  de 
ceux  qui  sont  mordus,  et  la  cacochy¬ 
mie  et  mauuaise  habitude,  c’est  à 
dire  selon  que  leurs  humeurs  sont 
ja  préparés  à  estre  pourris,  ou  qu’ils 
ont  leurs  conduits  estroits  ou  plus  lar¬ 
ges  ,  de  là  vient  que  les  accidens  ap- 
paroissent  plustost  ou  plus  tard.  Car 
aucuns  viennent  quarante  iours  après 
la  morsure ,  autresfois  six  mois,  voire 
vn  an ,  et  autres  plus  tard  ou  plus¬ 
tost  ,  comme  nous  auons  dit  cy  do¬ 
uant.  Plusieurs  après  auoir  esté 
mords  deuiennent  epileptiques  ,  puis 
démoniaques  et  enragés.  Ceux  qui 
sont  tombés  en  hydrophobie ,  iamais 
ne  guarissent  :  toutesfois  Auicenne 
dit  qu’encores  y  a  esperance,  pour- 
ueu  qu’ils  se  connoissent  en  vn  mi¬ 
roir  :  car  on  voit  par  cela  que  le  ve¬ 
nin  n’a  encores  du  tout  occupé  les  fa¬ 
cultés  animales  ;  et  ceux-là  ont  besoin 
d’ estre  violentement  purgés ,  comme 
nous  dirons  cy  après. 

Aëce  raconte  d’vn  Philosophe  mor¬ 
du  d’vn  chien  enragé,  lequel  voulant 
d’vn  grand  courage  résister  à  ce  mal 
d’hydrophobie,  vint  au  bain  ,  oùl’ap 
parence  d’vn  chien  se  présentant  do¬ 
uant  luy  (  car  il  auoit  ceste  vision , 
comme  les  autres  frappés  de  sembla¬ 
ble  maladie)  et  ayant  longuement 
pensé  en  soy-mesme  :  Qu’y  a-il,  dit- 
il  ,  entre  vn  chien  et  vn  bain  ?  Après  ces 
paroles  il  entra  dedans  le  bain ,  et  en 
beut  sans  auoir  peur,  dont  il  surmonta 
le  mal  et  guaritC 

Quand  le  malade  se  veautre  contre 
la  terre ,  comme  les  chiens ,  c’est  si¬ 
gne  de  mort  prochaine,  par-ce  que 
telle  chose  demonstre  que  l’humeur 

•  Ce  paragraphe  a  élé ajouté  en  1579. 


3o9 

melancholique,  virulent  et  veneneux 
est  en  grande  abondance ,  et  est  com¬ 
muniqué  par  tous  les  membres.  Aussi 
quand  le  patient  a  la  voix  enrobée , 
c’est  vn  tres-mauuais  signe ,  pour-ce 
que  telle  chose  demonstre  qu’en  la 
trachée  artere  il  y  a  quelque  aspérité 
par  siccité  du  virus  venimeux.  En 
somme,  quand  les  parties  nobles  sont 
saisies  du  venin ,  il  n’y  a  plus  espe¬ 
rance  de  guarison. 

Les  hommes  peuuent  estre  surpris 
de  la  rage  sans  estre  mords  de  chiens 
enragés  :  car  tout  ainsi  que  les  hu¬ 
meurs  se  bruslent,  causans  vn  chan¬ 
cre  ou  ladrerie ,  pareillement  la  rage 
peut  aduenir ,  et  principalement  aux 
melancholiques. 

D’auantage  les  morsures  des  bes- 
tes ,  comme  viperes  et  autres  animaux 
venimeux,  ne  causent  tels  accidens 
comme  celles  des  chiens  enragés , 
par-ce  qu’elles  font  mourir  deuant 
que  les  accidens  susdits  puissent  ve¬ 
nir  :  ioint  aussi  que  la  qualité  d’iceux 
venins  est  diuerse. 

Plus,  les  grandes  playes  faites  par 
morsure  de  chiens  enragés  ne  sont  si 
dangereuses  que  les  petites ,  pour-ce 
que  par  vne  grande  playe  sort  beau¬ 
coup  de  sang  et  de  sanie,  qui  euacue 
le  venin. 


CHAPITRE  XX. 

CVRE  DE  LA  MORSVRE  d’VN  CHIEN 
ENRAGÉ  1. 

Nous  auons  dit  par  cy  deuant , 
qu’aux  piqueures  et  morsures  des 
bestes  venimeuses ,  il  falloit  vser  de 

1  Ce  chapitre  est  presque  entièrement  co¬ 
pié  du  chap.  10  de  l’édition  de  1575. 


LE  vingt-troisiiJme  livre, 


3io 

prompts  et  subtils  remedes ,  à  fin  que 
le  venin  n’entre  dedans  le  corps  et  no 
corrompe  les  parties  nobles.  Et  s’ils 
sont  obmis  au  commencement,  en 
vain  seront  appliqués  en  autre  temps. 
Ainsi  qu’arriua  à  Baldo ,  grand  luris- 
consulte ,  se  ioüant  auec  vn  sien  petit 
chien  qui  estoit  enragé,  duquel  estant 
tant  soit  peu  mordu  en  la  léure ,  ne 
sçachant  qu’il  fust  enragé .  négligea 
sa  morsure,  et  quatre  mois  après 
mourut  furieux  et  enragé,  et  n’y  eut 
nul  remede  qui  le  peust  sauuer ,  pour 
ne  l’auoir  pris  d’heure.  ^ 

Donc  pour  preuoir  à  tel  accident , 
tout  ce  que  nous  auons  déclaré  cy 
dessus  en  la  cure  generale  des  bestes 
venimeuses,  tant  pour  l’euacuatiou 
de  l’humeur  virulent  que  pour  l’al¬ 
teration  d’iceluy ,  doit  estre  pareille¬ 
ment  obserué  en  la  morsure  des 
chiens  enragés.  Et  partant,  si  quel- 
qu’vn  connoist  qu’il  est  mords  d’vn 
chien  enrage,  il  s’efforcera  d’attirer  | 
le  venin  par  tous  moyens,  comme 
par  ventouses ,  cornets ,  scarifications, 
sangsues,  applications  de  volailles 
et  autres  animaux ,  et  par  medica- 
mens  propres  à  ce  faire ,  qui  présen¬ 
tement  seront  declarés-Et  si  la  playe 
est  grande ,  il  la  faut  laisser  saigner 
le  plus  qu’il  sera  possible ,  à  fin  que  le 
venin  sorte  auec  le  sang.  Et  là  où  elle 
ne  sera  assez  grande,  on  y  pourra 
faire  des  scarifications  ou  y  appliquer 
cautères  actuels  :  et  sera  tenue  ou- 
uerte  pour  le  moins  iusques  à  ce  que 
.quarante  iours  soient  passés. 

L’ozeille  pilée  et  appliquée  sur  la 
morsure,  et  le  bouillon  d’icelle  pris 
par  la  bouche,  est  de  grande  vertu. 
Ce  qu’Aéce  nous  a  laissé  par  escrit , 
disant  auoir  conneu  vn  vieillard  chi¬ 
rurgien,  lequel  n’vsoit  d’autre  re¬ 
mede  pour  curer  telles  morsures. 

De  ma  part,  ie  conseille  de  prendre 


promptement  de  l’vrine,  et  en  frotter 
assez  rudement  la  playe ,  et  y  laisser 
vn  Ijnge  trempé  dessus.  Aussi  la 
moustardo  bien  delayée  en  vrine  ou 
vinaigre ,  est  propre  à  cest  efi’et.  Pa¬ 
reillement  tous  remedes  acres,  poi- 
gnans  et  fort  attirans. 

Auire.  Prenez  roquette  boullue  et 
pilée  auec  beurre  et  sel,  et  l’appli¬ 
quez  sur  la  morsure. 

Autre,  Prenez  farine  d’orobe ,  miel, 
sel  et  vinaigre,  et  ce  soit  tout  chaud 
appliqué  dessus, 

Âutr^,  La  fiente  de  chéure  boullue 
en  fort  vinaigre ,  et  appliquée. 

4utr0.  Prenez  soulphre  SMbtilement 
puluerisé  et  incorporé  auec  saliue 
d’homme,  et  l’appliquez  dessus. 

Autre.  Prenez  poix  noire  fondue 
auep  sel  et  vn  peu  d’euphorbe ,  et 
l’appliquez  dessus. 

Autre.  Ee  poil  du  chien  enragé  ap¬ 
pliqué  dessus  la  playe  tout  seul ,  a 
vertu  d’attirer  le  venin  par  quelque 
similitude  :  ce  qu’op  a  plusieurs  fois 
expérimenté,  ainsi  que  fait  le  scor¬ 
pion  estant  escaehé  et  mis  sur  la  pi- 
queure  d’iceluy.  Aucuns  autheurs 
ont  laissé  par  escrit ,  que  ledit  poil  de 
chien ,  bruslé  et  puluerisé ,  et  donné 
à  boire  auec  du  vin,  preserue  la  ragé  C 
Autre,  Prenez  froment  masché  cru , 
et  l’appliquez  sur  la  morsure, 

Awire,  Prenez  des  féues,  et  les  met¬ 
tez  vu  peu  soua  les  cendres  chaudes  , 
puis  les  pelez  et  fendez ,  elles  appli¬ 
quez  dessus, 

Autre  remede  approuué  d’Aëtim. 
U  faut  faire  boüUUr  du  lapaihum 
acutum ,  et  de  la  décoction  en  laper  et 
fomenter  la  piaye  ,  puis  y  laisser 
l’herbe  pilée  tiessps  ;  aussi  en  faut 
donner  à  boire  de  la  décoction  an  pa- 

^  Cette  dernière  phrase  a  été  ajoutée  en 
1685. 


DES  VEBUWS. 


tient.  Il  afferme  auoir  fait  de  grandes 
cures  auec  ce  seul  remede  :  et  dit 
que  ceste  décoction  fait  beaucoup 
pisser,  qui  est  vne  chose  excellente  à 
ceste  maladie. 

Autre.  Prenez  betoine,  fueilles d’or¬ 
tie  et  sel  commun ,  broyez-les  et  ap¬ 
pliquez  dessus. 

Autre.  Prenez  vn  oignon  commun, 
fueilles  de  rue  et  sel ,  broyez  les  en¬ 
semble  ,  el  appliquez  dessus. 

Or  entre  tous  les  remedes ,  le  ther 
riaque  est  singulier ,  comme  il  a  esté 
dit ,  le  faisant  dissoudre  en  eau  de  vie 
ou  vin  ,  et  en  frottant  assez  rudement 
la  playe ,  tant  que  elle  saigne.  Puis  y 
faut  laisser  du  cbarpy  imbu  en  icelle 
mixtion  :  et  par  dessus  la  playe  y  ap¬ 
pliquer  des  ails  ou  oignons  pilés  auec 
miel  commun  et  terebenthine  •  et  tel 
remede  est  excellent  par  sus  tous 
ceux  que  i’ay  yeus  par  expérience. 

Et  pour  la  probation  de  mon  dire , 
i’allegueray  icy  yne  histoire  de  l’vne 
des  filles  de  Madamoiselle  de  Gron , 
natiué  de  ceste  yille  de  Paris ,  laquelle 
fut  mordue  d’vn  chien  enragé  au 
milieu  de  la  iambe  dextre ,  où  le  chien 
imprima  ses  dents  bien  profondément 
en  la  chair  :  laquelle  fut  guarie  parle 
moyen  du  theriaqué ,  sans  que  iamais 
luy  suruint  aucun  msnuais  accident  : 
lequel  theriaque  ie  meslois  dans  les 
medicamens  detersifs  et  autres ,  iusr- 
ques  d  la  fin  de  sa  guarison. 

Or  de  vouloir  icy  déclarer  tous  les 
autres  que  i’ay  pensé  de  telles  morsu-  1 
res,  ce  seroit  vne  chose  trop  prolixe  : 
et  partant  ceste  histoire  suffira  pour 
le  présent,  pour  instruire  chacun  à 
remedier  à  tel  accident. 

Autres  ^emedes  qu'on  peut  prendre 
par  dedans.  Il  faut  promptement  man¬ 
ger  vn  ail,  auec  vn  peu  de  pain,  puis 
boire  vn  peu  de  vin  :  et  c’est  vn  sou- 
ueraln  remede ,  à  cause  que  l’pdeur 


3ii 

et  la  grande  chaleur  spiritueiise  qui 
est  aux  ails ,  prohibe  que  le  venin  de 
la  morsure  n’offense  les  parties  no¬ 
bles.  Autres  commandent  de  manger 
du  foye  rosti  du  chien  qui  a  mordu, 
ou  du  foye  de  bouc  :  ce  que  ie  n’ay 
esprouué. 

Autre  remede.  Prenez  vne  dragme 
de  semence  d’agnus  castus,  auec  vin 
et  beurre,  et  en  soit  donné  à  boire. 

Autre.  Prenez  poudre  d’escreuisses 
bruslées,  et  la  delayez  en  vin ,  et  en 
donnez  à  boire. 

Autre.  Prenez  racine  de  gentiane 
deux  dragmes ,  escreuisses  de  riuiere 
bruslées  au  four  et  puluerisées  trois 
dragmes,  terre  sigillée  quatre  drag¬ 
mes.  La  dose  sera  vne  dragme,  auec 
eau  en  laquelle  on  aura  fait  bouillir 
quantité  d’escreuisses,  et  en  soit  donné 
à  boire  comme  dessus. 

Aucuns  se  sont  plongés  en  la  mer 
après  estre  mords  de  chiens  enragés, 
qui  n’ont  laissé  d’estre  surpris  de  la 
rage,  ainsi  que  tesmoigne  Ferrand 
Pouzet,  cardinal,  en  son  liure  des  Ve¬ 
nins  :  partant  ne  s’y  faut  fier,  mais 
plustost  aux  remedes  approuués  des 
anciens  et  modernes  Médecins  et  Chi¬ 
rurgiens.  Il  est  vray  que  la  confidence 
que  peut  auoir  lemalade  aux  remedes 
et  au  Chirurgien,  sert  beaucoup  en 
ceste  cure  :  au  contraire ,  l’effroy  et 
la  crainte  nuit  beaucoup ,  et  accéléré 
la  rage.  Partant  il  faut  tousioîurs  bien 
asseurer  le  patient  de  sa  parfaite 
guarison. 

Or  il  faut  entendre  que  le  venin  du 
chien  enragé ,  ou  la  saline  d’vne  vi^ 
pere,  ou  la  baue  d’vn  crapaut,  et 
d’autres  bestes  venimeuses,  n’enueni- 
ment  pas  en  touchant  seulement,  mais 
faut  que  le  venin  entre  dedans,  telle- 
I  ment  que  si  à  l’heure  on  l’essuye,  ne 
pourra  faire  aucun  mal. 


LE  VINGT-TROISIEME  LIVRE 


3iq 


CHAPITRE  XXL 

DE  LA  CVRE  DE  CEVX  QVI  SONT  JA  TOM¬ 
BÉS  EN  HYDROPHOBIE,  ET  NEANTMOINS 

SE  RECONNOISSENT  ENCORES  EN  VN 

MIROIR  K 

Ceux  ausquels  le  venin  n’a  encores 
occupé  les  facultés  animales,  il  les 
conuient  grandement  purger  par  mé¬ 
decines  bien  fortes.  Et  en  cela  il  me 
semble  que  l’antimoine  seroit  profi¬ 
table,  d’autant  qu’il  prouoque  la 
sueur,  flux  de  A'entre,  et  vomisse¬ 
ment  Car  ce  seroit  grande  folie 
bailler  en  tels  cas  medicamens  légers, 
quand  le  venin  est  fort  malin,  et  ja 
imprimé  aux  parties  intérieures. 

Semblablement  les  bains  leur  sont 
bons  pour  leur  prouoquer la  sueur  ; 
la  saignée  ne  doit  estre  faite ,  de  peur 
d’attirer  le  venin  du  dehors  au  de¬ 
dans.  Aussi  il  faut  qu’ils  vsent  sou- 
uent  de  theriaque  ou  methridat.  En 
ce  temps-là  pareillement  leur  faut 
faire  boire  de  l’eau,  et  la  bailler  aux 
malades  dedans  quelque  vaisseau 
couuert,  de  peur  qu’ils  ne  la  voyent, 
pour  les  raisons  susdites. 

•  Ce  chapitre  est  le  même  que  le  chap.  2 
du  livre  de  1575. 

2  Voici  un  premier  endroit  où  Paré  re¬ 
commande  l’antimoine;  mais  pour  connaî¬ 
tre  toute  sa  pensée  à  cet  égard ,  il  faut  lire 
le  chapitre  complémentaire  que  j’ai  ajouté 
au  livre  de  la  Peste,  d’après  un  long  passage 
écrit  en  1568  et  supprimé  en  1579. 


CHAPITRE  XXII. 

DV  REGIME  DE  CEVX  QVI  ONT  ESTÉ  EM¬ 
POISONNÉS  ET  MORDS  DES  CHIENS  EN¬ 
RAGÉS,  ET  DES  PIQVEVRES  ET  MOR- 

SVRES  DES  BESTES  VENIMEVSES  C 

Le  malade  doit  demeurer  en  lieu 
chaud,  et  en  air  bien  clair,  de  peur 
que  le  venin  ne  soit  chassé  au  dedans 
par  le  froid,  et  aussi  à  fin  que  les  es¬ 
prits  soient  recréés,  et  esmeus  du  cen¬ 
tre  à  la  circonférence  par  le  moyen 
de  la  clarté.  Aussi  on  doit  parfumer 
la  chambre  de  choses  odoriférantes. 
Semblablement  il  doit  manger  au 
commencement  viandes  acres  et  sa¬ 
lées,  comme  ails,  oignons,  porreaux, 
espiceries,  iambon  de  Mayence,  et  leurs 
semblables,  et  boire  bon  vin  et  sans 
eau,  à  raison  que  telles  choses  sont 
fort  vaporeuses  et  pleines  d’esprits 
qui  résistent  au  venin,  et  ne  permet¬ 
tent  que  sa  vertu  soit  espandue  au 
corps  et  ne  se  saisisse  des  parties  no¬ 
bles.  Pareillement  on  doit  viser  de 
viandes  crasses  et  visqueuses,  par  ce 
qu’ils  font  obstruction,  et  estoupent 
les  conduits  et  parties  vuides  :  aussi 
en  faut  plustot  manger  plus  que  trop 
peu,  à  cause  que  l’inanition  accroist 
la  malignité  des  humeurs,  qui  est 
chose  contraire  aux  playes  venimeu¬ 
ses  :  toutesfois  il  y  faut  tenir  médio¬ 
crité.  Et  cinq  ou  six  iours  après  on 
laissera  lesdites  viandes ,  et  en  lieu 
d’icelles  on  vsera  de  temperées,  et 
plustost  humides  que  seiches  :  les- 

1  Dans  les  anciennes  éditions,  même  dans 
celiede  1575,  ce  chapitre  était  confondu  en 
quelque  sorte  avec  le  précédent,  c’est-à- 
dire  qu’il  portait  un  titre  spécial,  mais  sans 
figurer  au  nombre  des  chapitres.  Il  m’a 
paru  plus  logique  de  l’en  séparer  tout-à-fait. 


DES  VENINS. 


3i3 


quelles  seront  esleuës  selon  qu’on  les 
ordonne  aux  melancholiques  :  et  met- 
tra-on  en  leurs  potages  racines  ape- 
ritiues,  lesquelles  ont  vertu  de  faire 
vriner.  On  leur  tiendra  le  ventre  as¬ 
sez  lasche  :  et  s’il  y  a  repletion  de 
sang ,  leur  en  sera  tiré ,  non  au  com¬ 
mencement,  mais  cinq  ou  six  iours 
apres  la  morsure  faite,  pour  les  rai¬ 
sons  qu’auons  deuant  dites  Pour  le 
boire  au  repas,  on  vsera  de  vin  mé¬ 
diocrement  trempé,  à  sçauoir  cinq  ou 
six  iours  après  la  morsure,  ou  d’oxy- 
mel,  ou  de  syrop  de  acdositate  citri, 
auec  eau  boüillie  :  et  entre  les  repas, 
de  iulep  fait  en  cesle  maniéré. 

Prenez  demie  once  de  jus  de  limons,  et  au¬ 
tant  de  citrons. 

Vin  de  grenades  aigres ,  deux  onces. 

Eau  de  petite  ozeille,  et  eau  rose,  de  cha¬ 
cune  vne  once. 

Eau  de  fontaine  boüillie  tant  qu’il  sera 
besoin. 

Et  soit  fait  julep. 

Il  faut  que  le  malade  euite  le 
dormir,  iusques  à  ce  que  la  force  du 
venin  soit  amortie  et  consommée  : 
car  par  le  dormir,  le  sang  et  les  es¬ 
prits  se  retirent  au  centre  du  corps, 
et  par  ce  moyen  le  venin  est  porté 
aux  parties  nobles.  Aussi  on  luy  doit 
faire  vser  de  choses  qui  résistent  aux 
venins,  comme  limons,  oranges  ,  ci¬ 
trons,  racines  de  gentiane,  angéli¬ 
que,  tormentille,  pimpernelle,  ver- 
bene,  chardon  benist,  bourache,  bu- 
glosse ,  et  autres  semblables  :  et 
generalement  toutes  viandes  qui  en¬ 
gendrent  bon  suc,  comme  veau,  ché- 
ureau,  mouton,  perdrix,  poulailles, 
et  autres  semblables. 


CHAPITRE  XXIII. 

DE  LA  MORSVRE  OV  PICQVEVRE  DE  LA 
VIPERE  ,  ET  DE  SES  ACCIDENS  h 

Tous  les  remedes  qui  ont  esté  cy 
deuant  escrits  desmorsures  des  chiens 
enragés,  peuuent  pareillement  aider 
à  toutes  morsures  et  piqueures  des 
autres  animaux  venimeux.  Toutesfois 
on  trouue  des  particuliers  remedes 
pour  chacune  morsure  et  piqueure. 
Ce  que  dirons  le  plus  succinctement 
qu’il  sera  possible. 

Les  viperes  ont,  entre  leurs  genci- 
ues ,  certaines  petites  vessies  pleines 
de  venin  qui  s’imprime  incontinent 
au  lieu  où  elles  font  ouuerture.  Les 
patiens  sentent  douleur  grandement 
poignante  en  la  partie,  laquelle 
promptement-  s’enfle  bien  fort,  voire 
tout  le  corps,  si  on  n’y  donne  subit 
remede.  Il  sort  de  la  playe  vne  sanie 
crasse  et  sanguinohmte  :  et  autour 
d’icelle  il  se  fait  des  vessies  commè 
celles  des  bruslures  ;  et  l’vlcere  cor¬ 
rode  et  mange  la  chair.  Aussi  les  ma- 

1  Ce  chapitre  est  presque  littéralement  co¬ 
pié  du  chap.  3  de  l’édition  de  1575  ;  cependant 
il  y  a  quelques  modifications.  Le  titre  d’a¬ 
bord  n’était  pas  le  même;  il  portait  :  De  ta 
monure  et  piqueure  d’aucunes  be&ies  venimeu¬ 
ses  ;  et  après  le  premier  paragraphe  seule¬ 
ment  venait  ce  titre  secondaire  :  De  la  mor¬ 
sure  de  vipere  ei  de  ses  accidens.  L’arrangement 
actuel  est  de  1579. 

^  Ceci  est  le  texte  corrigé  en  1585  ;  le  livre 
de  1575  portait  :  Les  viperes  ont  en  leurs  gen- 
ciues  entre  leurs  dents  certaines  petites  vessies 
pleines  de  venin,  lequel  de  sa  nature  est  froid, 
comme  de  tousserpens,  et  s’imprime,  etc.  L’é¬ 
dition  de  1579  s’était  borné  à  retrancher  les 
derniers  mots  :  lequel  de  sa  nature  est  froid 
comme  de  tous  serpens. 


3l4  LE  VINGT-TROISIlîME  LIVRÉ 


ladcs  sentent  inflammation  au  foye, 
et  aux  genciues  :  et  tout  le  corps  de- 
uient  fort  aride  et  sec,  et  de  couleur 
pâlie  et  blafarde,  et  ont  vne  soif  in¬ 
extinguible.  Ils  sentent  par  fois  gran¬ 
des  tranchées  au  ventre,  et  vomissent 
plusieurs  humeurs  cholériques,  et 
tombent  souuent  en  syncope,  et  ont 
bocquets,  comme  vneconuulsion  d’es* 
tomacb,  auec  vne  sueur  froide  :  et  la 
mort  s’ensuit,  s’ils  ne  sont  secourus 
deuant  que  le  venin  ait  saisi  les  par¬ 
ties  nobles. 

Matthiole  dit  auoir  veu  vn  paysan 
qui,  fauchant  vn  pré,  au  oit  par  for¬ 
tune  coupé  vne  vipere  par  le  milieu  : 
et  iceluy  print  le  tronçon  de  la  teste, 
Teslimant  morte.  Aduint  que  la  teste , 
se  courbant  contre  la  main,  le  mor¬ 
dit  aspreraeni  au  doigt  :  et  sucçant  la 
playe  pour  cuider  attirer  le  sang  (qui 
ja  auoit  esté  enuenimé)  U  mourut  sur 
le  champ. 

Or  ie  veux  icy  reciter  vne  autre 
histoire,  à  fin  de  tousiours  instruire 
le  ieune  Chirurgien.  Ce  roy  Charles 
estant  à  Montpellier,  ie  fus  mords 
d’vne  vipere  au  bout  du  doigt  index, 
entre  Tongle  et  la  chair,  en  la  maison 
d’vn  Apoticaire  nommé  de  Farges , 
lequel  dispensoit  alors  le  theriaque, 
auquel  ie demanday  à  voiries  viperes 
qu’il  deuoit  mettre  en  la  composition. 
Il  m’en  fit  monstrer  assez  bon  nom¬ 
bre  qu’il  gardoit  en  vn  vaisseau  de 
verre,  où  i’en  prins  vne,  et  fus  mords 
d’icelle  voulant  voir  ses  dents,  qui 
sont  en  la  mandibule  supérieure  de 
sa  gueule,  couuertes  d’vne  petite 
membrane  en  laquelle  elle  garde  son 
venin,  lequel  s’imprime  (comme  i’ay 
dit)  en  la  partie,  incontinent  qu’elle  y 
a  fait  ouuerture.  Et  ayant  receu  ceste 
morsure,  ie  sentis  subit  vne  exlreme 


douleur,  tant  pour  la  sensibilité  de  la 
partie  qu’à  cause  du  venin  :  alors  ie 
me  serray  bien  fort  le  doigt  au  dessus 
de  la  playe,  à  fin  de  faire  sortir  le 
sang  et  yacuer  le  venin,  et  garder 
qu’il  ne  gaignast  au  dessus  Puis  de¬ 
manday  du  vieil  theriaque,  lequel 
delayay  auec  eau  de  vie,  en  la  main 
de  l’vn  des  seruiteurs  dudit  de  Far¬ 
ges,  et  trempay  du  cotton  en  la  mis- 
ture,  et  l’appliquay  sür  la  morsure  : 
et  après  peu  de  iours  ie  fus  guary 
sans  aucun  accident,  auec  ce  remede 
seul. 

En  lieu  de  theriaque,  on  peut  as- 
seurémentvser  de  methridat,  On  peut 
pareillement  vser  de  tous  reniedes 
poignan»  et  fort  attirons,  pour  ob- 
tondre  la  malice  du  venin  :  comme  la 
squille  cuite  sous  la  cendre,  ou  des 
ails  et  porreaux  pilés,  et  appliqués 
dessus. 

Autre.  Prenez  farine  d’orge  dé¬ 
layée  auec  vinaigre,  miel,  crottes  de 
chéure,  et  appliquez  dessus  en  forme 
de  cataplasme. 

Autre.  Tout  promptement  on  doit 
lauer  et  fomenter  la  playe  auec  vinai¬ 
gre  et  sel,  et  vn  peu  de  miel 

Galien  dit  au  liure  de  la  Theriaque 
à  Tison,  que  l’on  attire  le  venin  d’vne 
morsure  de  vipere,  y  appliquant  vne 
teste  de  vipere  sur  la  playe  :  autres 
y  mettent  la  vipere  entière  bien  pi¬ 
lée. 

ij’appeller.û  l’atlentlon  du  lecteur  sur 
celte  sage  précaution  delà  ligature,  que  Paré 
a  oublié  de  mentionner  dans  }es  préceptes 
généraux  du  livre  actuel ,  mais  qu’il  avait 
très  bien  signalée  dans  le  livre  des  Playes 
d’harquebuae'i  de  1652  et  l^él.  Voyez  tome  II, 
page  192. 

2  Ici  se  terminait  le  chapitre  en  1675  j  le 
reste  est  de  1679. 


DES  VEiyiNS, 


CHAPITRE  XXIV, 

DV  SERPENT  APPELÉ  COVLE-SANG. 

Le  Coule-sang  a  esté  ainsi  appellé , 
pour  autant  que  le  sang  coule  par 
tous  les  conduits  du  corps  qui  en  a 
esté  mordu.  C’est  vn  petit  serpent 
comme  vpe  yipere ,  ayant  les  yeux 
fort  ardans,  et  sa  peau  fort  luisante. 
Auicenne  dit  qu’il  a  le  dos  marqueté 
de  taches  noires  et  blanches,  et  le 
col  fort  eslroit,  et  la  queqe  fort  me¬ 
nue. 

Lesaccidens  qui  suiuent  sa  mor¬ 
sure, c’est  que  la  partie  deuient  noire, 
à  cause  que  la  chaleur  naturelle  est 
esleinte  par  la  malice  du  venin ,  le¬ 
quel  luy  est  ennemy  mortel,  puis  vn 
mal  de  l’estomach  et  du  cœur  qui 
facilement  se  ressentent  du  venin,  en¬ 
nemy  capital  desdites  parties,  et  prin¬ 
cipalement  en  maladie  veneneuse: 
ainsi  que  nous  voyons  aduenir  en  la 
peste,  laquelle  est  sninie  incontinent 
par  les  vomissemens ,  qui  ne  se  font 
pour  autre  cause  que  pour  la  mau- 
uaise  disposition  quils  sentent.  Il 
s’ensuit  aussi  grand  flux  de  ventre , 
qui  se  fait  tant  à  cause  de  l’estomach 
debile,  qui  ne  peut  faire  son  deuoir, 
que  pour  autant  que  les  veines  es- 
parses  par  les  intestins  laissent  couler 
le  sang,  lequel  meslé  par  les  viandes 
non  digérées,  est  cause  de  ce  flux  de 
ventre,  Et  d’auantage  le  sang  sort  par 
le  nez ,  par  la  bouche,  oreilles ,  siégé, 
par  la  verge,  vulue ,  et  par  les  coins 
des  yeux ,  et  des  gcpcipes ,  lesquelles 
se  pourrissent,  et  les  dents  tombent. 
D’abondant  vne  difficulté  d’yiiner  et 
respirer,  conuulsion  vniuerselle,pui8 
la  mort. 

Les  remedes  sont  de  scarifler  promp- 


3i5 

tement  et  brusler  la  partie,  ou  du 
tout  la  couper,  s’il  est  possible  :  puis 
vser  de  remedes  attractifs  propres  aux 
venins. 


CHAPITRE  XXV. 

nv  SERPENT  NOMMÉ  POVRRISSEVR. 

Le  Pourrisseur  a  esté  ainsi  nommé, 
pour  autant  que  la  partie  de  ceux 
qu’il  a  mordus  est  subitement  pour¬ 
rie  par  la  malignité  de  son  venin.  Il 
est  semblable  au  Coule-sang,  reste 
qu’il  esleue  sa  queue  en  haut  et  l’en¬ 
tortille  comme  vn  pourceau  fait  la 
sienne  *. 

Pausanias  escrit  que  le  Roy  d’Arca¬ 
die  fut  blessé  par  vn  pourrisseur,  et 
dit  que  ce  serpent  est  de  couleur  cen¬ 
drée,  ayant  la  teste  large,  le  col  es- 
troit,  le  ventre  gros,  et  la  queue 
courbée ,  et  chemine  obliquement  en 
la  maniéré  des  Cancres,  ayant  des 
taches  séparées  les  vnes  des  autres , 
riolées  piolées,  c’est  à  dire  de  diuer- 
ses  couleurs,  comme  un  tapis  velu. 

bes  accidens  que  cause  sa  morsure 
sont,  grande  douleur,  qui  est  faite  à 
cause  de  son  venin  bruslant  et  pour¬ 
rissant  entre  tous  autres  venins,  puis 
vue  cheute  vniuerselle  du  poil.  Aëce 
adiouste  d’auantage  encore  plusieurs 
autres  :  comme  flux  de  sapg  par  la 
playe,  et  peu  apres  vne  sanie  puante, 
et  grande  enfleure  en  la  partie.  Voila 
comme  par  la  malignité  de  ce  venin 
pourrissant, nopseulement  les  esprits 
sont  vaincus,  mais  aussi  tout  le  corps, 
comme  si  le  feu  y  auoit  passé  :  ainsi 
que  nous  voyons  aduenir  en  temps  de 
peste,  chaud  et  humide,  où  il  appert 

1  JVicandre.  —  A.  P. 


LE  VINGT-TROISIEME  LIVRE 


3î6 

aposleme  pestifere,  charbons ,  el  au¬ 
tres  pourritures. 

Et  quant  aux  remedes,  ils  doiuent 
estre  semblables  comme  ceux  que 
nous  auons  escrit  delà  vipere. 


CHAPITRE  XXVI. 

DV  BASILIC. 

Entre  tous  les  serpens ,  le  Basilic 
est  le  plus  venimeux ,  comme  estant 
mesme  le  venin  des  autres. 

Nicandre  dit  que  lors  qu’il  se 
traine,  tous  les  autres  le  fuyent  et  luy 
quittent  la  place  :  estant  comme  ad- 
uertis  par  son  sifflet ,  tant  de  l’heure 
de  son  arriuée  que  de  son  départ. 

Galien  dit  ‘  que  le  basilic  est  vn 
serpent  iaunastre,  ayant  la  teste  mu¬ 
nie  de  trois  petites  eminences ,  ou  en- 
leueures ,  marquetée  de  taches  bian- 
cheastres,  en  forme  de  couronne,  et 
pour  ceste  cause  il  a  esté  nommé  Roy 
des  Serpens.  Par  sa  morsure ,  et  son 
siffler,  et  toucher,  fait  mourir  tous 
autres  animaux.  D’auantage  son  ve¬ 
nin  est  si  cruel ,  que  si  on  le  regarde 
trop  attentiuement,  tue  ceux  qui  le 
regardent. 

Solin  escrit  que  le  corps  mort  du 
basilic  a  encore  de  grandes  vertus  : 
pour  ce  ceux  de  Pergame l’ont achepté 
à  grand  prix ,  pour  empescher  les 
araignes  de  faire  leurs  toiles  dedans 
le  temple  d’  Apollon,  et  les  oiseaux  d’y 
faire  leurs  nids ,  estant  pendu  audit 
temple.  Estant  mort,  nulles  bestes 
sentant  1  odeur  de  sa  charongne,  n’o¬ 
sent  le  toucher  pour  le  manger  :  et 
si  par  fortune  ils  en  mangent,  ils 

•  Galien  ,  Hure  de  la  theriaque  à  Pison.— 
A.  P. 


meurent  subitement,  non  seulement 
pour  auoir  mangé  de  son  corps,  mais 
aussi  pour  auoir  mangé  des  bestes 
mortes  par  sa  morsure.  Pour  ces  rai¬ 
sons  Lucain  escrit  : 

Le  Basilic  tout  seul  est  régnant  par  le  sable  , 
où  sifflant  il  se  rend  à  tout  autre  effroyable  : 
Plus  qu’vn  autre  venin  le  sien  est  dangereux , 

Qui  chacun  va  chassant  du  regard  de  ses  yeux. 

Il  fait  mourir  les  herbes  et  arbris¬ 
seaux  par  où  il  passe, non  seulement 
par  son  toucher,  mais  aussi  par  son 
haleine. 

Pline  dit  ‘  qu’en  Egypte  y  a  vne 
fontaine  nommée  Nigris,  près  de  la¬ 
quelle  y  a  vn  animal  petit ,  et  mal¬ 
aisé  de  ses  membres ,  qui  est  la  mort 
du  genre  humain.  Il  est  de  longueur 
de  douze  doigts,  et  est  orné  par  la 
teste,  comme  vn  diatlesme,  d’vne  ta¬ 
che  blanche  ;  son  corps  est  iaunastre. 
Lors  qu’il  rempe,  il  leue  la  partie  de 
deuant  de  son  corps,  et  ta  porte 
droite,  ne  s’aidant  à  cheminer  que 
de  celle  de  derrière.  La  région  Cyré¬ 
naïque  le  produit.  Pline  dit  que  la 
belette  est  son  ennemie  mortelle ,  et 
qu’elle  le  fait  mourir  de  sa  seule  ha¬ 
leine  :  qui  est  que  la  bonne  Nature 
n’a  iamais  voulu  laisser  vne  telle 
peste ,  sans  vn  contraire  qui  est  la 
belette,  laquelle  a  autant  de  force 
contre  le  basilic ,  que  luy  mesme  a 
contre  les  hommes.  Aussi  que  le  lion, 
combien  qu’il  soit  hardy  et  furieux 
entre  tous  les  animaux,  craint  toutes- 
fois  le  coq,  qui  est  vne  beste  sans 
force  et  résistance  à  comparaison. 

Erasistrate  dit  que  le  lieu  de  la 
morsure  du  basilic  tout  subit  deuient 
iaulne  comme  or,  et  le  corps  tout  en¬ 
flé,  et  que  la  chair  des  muscles  tombe 
par  morceaux  toute  pourrie:  et  baille 


‘  Pline,  Hu.  8.  chap.  2i.  _  a.  P. 


t)ES  VENrJîS. 


contre  son  venin  vue  dragme  decas- 
torée  à  boire  auec  du  vin  ou  du  suc 
de  pauot. 

Aëce  dit  estre  vne  chose  superflue 
que  d’escrire  aucun  remede  contre  sa 
morsure,  d’autant  que  la  subite  dis¬ 
solution  des  esprits  estant  faite,  il 
est  impossible  de  donner  remede  à 
temps. 


CHAPITRE  XXVIL 

DE  CERTAINS  SERPENTS  ESTRANGES- 

lean  Leon  Africain  escrit  en  son 
liure  d’Afrique,  qu’à  Calicut  on 
trouue  des  serpens  d’estrange  façon, 
estans  de  la  hauteur  d’vn  gros  pour¬ 
ceau,  ayans  la  teste  plus  grosse  et 
plus  hideuse,  et  quatre  pieds,  estans 
fort  dommageables  aux  habitans.  Il 
y  en  a  qui  sont  si  venimeux ,  que  par 
leur  morsure  la  personne  tombe  su¬ 
bitement  morte.  Et  si  quelqu’vn  auoit 
tué  vne  de  ces  bestes ,  le  roy  le  feroit 
mourir  comme  s’il  auoit  tué  vn  hom¬ 
me.  Le  roy  et  les  habitans  du  païs  ont 
vne  folle  opinion  de  ces  bestes ,  esti- 
mans  qu’ils  sont  les  esprits  de  Dieu , 
disant  que  si  ainsi  n'estoit ,  ils  n’au- 
roient  la  puissance  de  mettre  un 
homme  à  mort  par  leur  simple  mor¬ 
sure  :  de  sorte  que  ces  animaux  ont 
ce  crédit  de  se  pourmener  parmy  la 
ville ,  connoissant  bien  ceux  qui  ne 
les  craignent  pas,  ausquels  ne  font 
aucun  mal.  Combien  (dit-il)  que  de 
son  temps  il  soit  aduenu,  que  par  vne 
nuict  l’vn  de  ces  animaux  entra  de¬ 
dans  vne  maison  où  il  mordit  neuf 
personnes,  que  l’on  trouua  au  matin 
roides  mortes,  et  fort  enflées.  Et 
nonobstant  cela ,  ils  ne  laissent  les 
auoir  en  grande  admiration ,  tellement 


3i7 

que  si  en  allant  en  quelque  voyage  ils 
rencontrent  vne  de  ces  bestes,  ils  le 
repaient  de  bon-heur,  esperans  de 
cela  que  leurs  affaires  et  entreprises 
ne  peuuent  venir  qu’à  bon  port. 

Il  dit  plus,  qu’au  royaume  de  Sene- 
gua  y  a  des  serpens  longs  de  deux 
pas  et  plus ,  et  n’ont  ailes  ny  pieds  ; 
mais  ils  sont  si  gros  qu’ils  engloutis¬ 
sent  vne  chéure  entière,  sans  la  des- 
membrer  :  croyez-le  si  vous  voulez 


CHAPITRE  XX VIH. 

DE  LA  SALAMANDRE. 

La  Salamandre  ne  fait  seulement 
mourir  les  personnes  par  le  venin  de 
sa  morsure,  comme  les  autres  serpens 
venimeux  ;  mais  aussi  infecte  de  sa 
baue  les  fruicts  et  les  herbes  par  où 
elle  passe,  et  d’une  certaine  humeur 
espaisse  qui  lui  sort  de  tout  le  corps, 
comme  vne  sueur,  au  grand  danger 
de  ceux  qui  mangent  desdites  herbes, 
comme  on  a  veu  par  expérience  en 
plusieurs  qui  en  sont  morts.  Par- 
quoy  ne  faut  trouuer  estrange  si 
aucuns  modernes  ont  dit,  qu’aucu¬ 
nes  maisons  estoient  entièrement  pe¬ 
rtes  pour  auoir  beu  de  l’eau  despuys, 
dedans  lesquels  vne  salamandre  es- 
toit  par  fortune  tombée  sans  y  pen¬ 
ser  :  car  si  elle  grimpe  sur  vn  arbre, 
elle  infecte  tout  le  fruict,et  fait  mou¬ 
rir  tous  ceux  qui  en  mangent,  de  la 
qualité  froide  et  humide  de  son  ve¬ 
nin  ,  n’estant  en  rien  differente  de 
l’aconit. 

Aëce  dit  que  ceux  qui  auront  auallé 
du  venin  de  la  salamandre ,  il  sort 

1  Cette  singulière  façon  d’exprimer  le 
doute  ne  se  lisait  pas  en  1579  ;  elle  n’a  été 
ajoutée  ici  qu’en  1685, 


3i8 


LE  VINGT-TROISIÈME  LIVRE, 


do  leurs  corps  taches  blanches ,  puis 
noires ,  lesquelles  se  pourrissans,font 
tomber  le  poil  de  tout  le  corps  K 

On  remedie  à  leur  venin  par  vo- 
misselnens  et  clysleres,  on  donnant 
aussi  du  thériaque  et  melhridat.  Aui- 
cenne  ordonne  tnesmes  remedesqu’on 
donne  contre  l’opion ,  parce  qu’ils 
Sont  tous  deux  de  nature  froide  :  et 
pour  Talexitere  propre  à  tel  venin , 
c'est  la  terebenthine ,  le  storax,  la 
graine  d’ortie,  et  les  fueilles  de  cyprès. 

Dioscoride  dit  la  salamandre  est 
vne  espece  de  lezart  de  diuerses  cou¬ 
leurs  :  et  est  folie  de  dire  qu’elle  ne 
se  brusle  point  au  feu.  Pline  dit 
qu’elle  est  si  froide,  qu’elle  esteint 
le  feu  au  toucher  seulement ,  comme 
la  glace  ^  :  ce  qu’elle  fait  mise  sur  les 
charbons ,  comme  on  feroit  vne  car- 
bonnade  qu’on  y  voudroit  rostir. 
Toutesfois  Matthiole  dit,  qu’estant 
ietlée  au  milieu  d’vne  grande  flamme, 
subit  est  consommée.  C’est,  dit-il, 
grande  folie  vouloir  croire  que  le  feu 
ne  la  peut  consommer,  et  qu’elle  en 
vit  comme  le  caméléon  de  l’air. 

La  salamandre  est  noire ,  semée  de 
grandes  taches  iaunes,  en  figure  d’es- 
tôlles.  Elle  a  vne  vertu  chaude,  corro- 
siue,  et  vlceratiue  :  on  en  vse  aux  me- 
dicamens,  comme  des  cantharides ,  à 
faire  vessies,  pour  nettoyer  et  consom¬ 
mer  les  matières  coniointes  en  quel¬ 
que  partie  extérieure  du  corps  aux  lé¬ 
preux. 


chapitre  XXIX. 

DE  LA  TORPILLE. 

La  torpille  est  ainsi  nommée,  à 
cause  qu’elle  rend  les  membres  en- 

»  y4ëce  liu.  13.—  A.  P. 

2  Liure  10.  chap,  67.  —  A.  P. 


dormis.  Elle  vit  aux  rluages  fangeux, 
de  chair  des  autres  poissons ,  qu’elle 
prend  par  finesse  :  car  estant  cachée 
dans  le  limon ,  elle  rend  les  poissons 
qui  s’approchent  d’elle  tellement  en¬ 
dormis, eslourdiset  immobiles,  qu’elle 
les  prend ,  et  en  ioüil  à  son  plaisir. 
Non  seulement  a  ceste  vertu  contre 
les  poissons,  mais  aussi  contre  les 
hommes  :  car  si  vn  homme  luy  lou¬ 
che  auec  vue  verge ,  elle  luy  endor¬ 
mira  le  bras  ;  aussi  fait-elle  aux  pes- 
cheurs  qui  font  prise  en  leurs  rets. 

Ce  que  tesmoigne  Pline  liure  xxxij. 
chap.  j  Ce  qui  est  confirmé  par  le  docte 
seigneur  du  Bartas  au  cinquième  li¬ 
ure  de  la  Sepmaine,  par  ces  vers  ‘  : 

La  Torpille,  qui  seau  qu’ëlle  porte  en  son  flanc 
Vn  hyuer  insensible ,  vn  pestiféré  sang , 

Vn  inconnu  pauot,  vne  haleine  cruelle, 

Qui  roidit  tous  les  corps  qui  s’auoisinent  d’elle  : 
Verse  ttaisireusëinent  sur  les  proches  poissons 
le  ne  sçay  quels  venins,  ie  tie  sçay  quels  glaçons, 
Dont  l’estrange  vertu  s’espaudant  par  les  ondes 
N’arreste  seulement  leurs  troupes  vagabondes, 
Ains  mesme  endort  leurs  sens  :  puis  se  paist  de 
leurs  corps, 

Dont  les  membres  gelés  sont  ét  morts ,  et  non 
I  morts. 


CHAPITRE  XXX. 

DE  LA  MORSVRE  D’ ASPICS'^. 

La  playe  de  l’aspic  estpetite comme 
la  piqueure  d’vne  aiguille,  et  ue  fait 
aucune  enfleure.  Les  aCcidens  qui 
aduiennent  après  la  morsure ,  sont, 
que  les  malades  se  sentent  tost  après 

^  Ces  citations  de  Plinè  et  de  Dubarlàs 
n’Onlété  ajoutées  ici  qu'eu  ISSS. 

®  Ce  chapitre  est  exactement  copié  du 
chap.  14  de  1676,  saufle  dernier  paragraphe, 
qui  est  d’une  date  plus  récente. 


DES  VENINS. 


la  veuë  troublée  ,  et  plusieurs  dou¬ 
leurs  par  le  corps  assez  legeres,  et 
sentent  douleurs  à  l’estomach,  et  la 
peau  du  front  se  ride,  et  le  malade  cli- 
notte  tousiours  les  yeux  ,  comme  s’il 
auoit  vouloir  de  dormir  :  et  tost 
après,  et  le  plus  souuent  dedans  trois 
iours  ,  autres  en  huit  heures,  meurt 
en  conüulsionjsi  on  n’y  donne  ordre. 

'  Le  masle  fait  deux  piqueures ,  et  la 
femelle  quatre^  comme  font  les  vh 
peres. 

Or  le  venin  de  l’aspic  fait  congeler 
le  sang  és  veines  et  arteres  :  et  par^^ 
tant  faut  donner,  pour  contrarier  à 
iceluy  ,  choses  calefactiues  et  de  té¬ 
nue  substance ,  comme  eau  de  vie  en 
laquelle  on  aura  dissout  theriaque  ou 
methridat,  et  autres  semblables  : 
aussi  on  en  appliquera  dedans  la 
playe,  et  fera  l’on  eschâuffer  le  pa¬ 
tient  par  bains  ,  frictions  et  ambula- 
tions,  et  autres  semblables.  Lors  que 
la  partie  morse  deuient  purpurée, 
noire  oü  Verdoyante,  telle  chose  de- 
monstre  que  la  chaleur  naturelle  est 
suffoquée  et  esteinte  par  la  malignité 
du  venin  t  alors  la  faut  amputer  s’il 
est  possible ,  et  que  les  forces  le  per- 
meltent. 

De  Vigo  en  sa  Pratique  de  Chirurgie^ 
dit  aiioir  ven  à  ï'iorence  vn  charla" 
tan  Triacleur,  lequel  pour  mieux 
vendre  son  theriaque ,  se  fit  mordre 
à  vn  aspic ,  de  laquelle  mor.sure  il 
mourût  en  quatre  heures.  Matthiole 
semblablement  le  recite ,  et  dit  qu’ils 
estoient  deux  charlatans  ,  dont  l’vn 
habloit  et  haranguoit  mieux  que 
l’autre  pour  mieux  faire  valoir  ses 
denrées ,  lequel  conceut  vne  enuie 
mortelle  contre  son  compagnon  :  par- 
qüoy  trouua  moyen  de  luy  changer 
son  aspic ,  qui  auoit  ja  perdu  sa  viru¬ 
lence  par  la  longue  nourriture,  et 
l’ayant  esté  de  sacassole,  y  en  mit  vn  | 


3i9 

,  autre  recentement  pris  et  tout  affamé. 
Dont  aduint  que  ce  habladour  pen¬ 
sant  que  ce  fust  le  sien,  se  fit  mordre 
au  telin,  ainsi  qu’il  auoit  de  cous- 
tume,  etprint  après  de  son  theriaque, 
lequel  ne  luy  seruoit  qu’à  donner 
couleur  pour  abusér  et  tromper  le 
peuple ,  qui  voyant  ceste  beste  le 
mordre  sans  en  ressentir  aucune  of¬ 
fense,  couroit  après  luy,  estimant 
son  theriaque  souuerain.  Mais  le 
pauure  charlatan  trompé  par  son 
compagnon  ,  qui  luy  auoit  changé  sa 
beste  priuée  et  altérée  de  son  venin  , 
en  moins  de  quatre  heures  laissa  la 
vie  :  et  les  accidefis  qui  luy  süruin- 
drent ,  furent  qu’il  perdit  la  veuë ,  et 
tons  ses  autres  sens  :  sa  face  deuint 
liuide,  et  la  langue  fort  noire:  et  eut 
grand  tremblement  de  tous  ses  mem¬ 
bres  ,  atiec  sueur  froide  et  défaillance 
de  coeur,  puis  la  mort,  et  ce  en  la  pré¬ 
sence  des  assistans .-  et  subit  le  meur¬ 
trier  gaigna  au  pied. 

Matthiole  dit  que  ces  charlatans 
triacleurs ,  pour  tromper  le  peuple  à 
mieux  vendre  leur  theriaque ,  pren¬ 
nent  aspics  et  viperes ,  long  temps 
apr^s  le  printemps ,  lors  qu’ils  ont 
ietté  le  plus  dangereux  de  leur  venin  : 
puis  les  appriuoisênt  par  viandes  non 
accoustumées,  et  leur  font  changer 
en  partie  la  nature  venimeuse  ;  et 
après  ce,  les  font  mordre  dedans  de 
gros  morceaux  de  chair,  à  fin  de  tirer 
leur  venin  enclos  en  vne  petite  mem¬ 
brane  qui  est  entre  leurs  dents  et 
genciues  :  puis  ils  leur  font  remordré 
sur  l’heure  quelque  composition,  qui 
leur  estouppe  les  conduits  par  les¬ 
quels  le  venin  a  de  coustume  de  sor¬ 
tir  :  tellement  qu’ après  qu’elles  mor¬ 
dent  ,  leur  morsure  n’apporte  aucun 
danger.  Et  par  ce  moyen  ces  larrons 
et  pipeurs  do  charlatans  se  font  ad¬ 
mirer  au  simple  peuple,  auquel  ils 


LE  VIWGT-TROISIÉMÈ  LIVRE, 


320 

vendent  leur  theriaque  falsifié  bien  et 
chèrement  *. 

Chrislofle  l’André  ,  en  son  liure  in¬ 
titulé  Oecoiatrie ,  dit  qu’aux  isles 
d’Espagne  y  a  grande  multitude  de 
serpens ,  aspics  et  autres  bestiaux 
veneneux ,  contre  la  morsure  des¬ 
quels  iamais  le  theriaque  ne  peut  ser- 
uir  :  et  par  expérience  on  a  trouué  ce 
remede  tres-excellent. 

Prenez  des  feuilles  de  Tapsus  barbatus,  ca- 
ryophyllata ,  giroflier  rouge,  autant  d’vn 
que  d’autre  :  faites  les  bouillir  en  fort 
vinaigre  et  vrine  d’homme  bien  sain,  et 
en  fomentez  la  partie. 

Et  si  le  venin  a  esté  ja  long  temps 
gardé,  faut  que  le  malade  boiue 
quatre  doigts  de  ladite  décoction  à 
ieun,  deux  heures  deuant  manger. 
Ledit  autheur  iure  Dieu  ,  que  tel  re¬ 
mede  est  bien  expérimenté  ,  et  qu’il 
s’oseroit  bien  faire  mordre  au  plus 
dangereux  aspic ,  sans  en  receuoir 
aucun  mal. 


CHAPIIRE  XXXI. 

DE  LA  MORSVRE  DE  COVLEVVRE 

Quant  est  de  la  morsure  de  la  cou- 
leuure  ,  ie  produiray  icy  vue  histoire. 

Le  Roy  estant  à  Moulins ,  M.  le 
Féure  Médecin  ordinaire  du  roy, 
M.  laques  le  Roy,  chirurgien  ordi¬ 
naire  dudit  seigneur,  et  moy ,  fusmes 
appellés  pour  medicamenter  le  cuisi- 

1  Ici  finissait  le  chapitre  en  1575;  le  reste 
est  de  1579. 

*  Ce  chapitre  est  entièrement  le  même 
que  le  chap.  15  du  livre  de  1575. 


nier  de  madame  de  Castelpers,  le¬ 
quel  en  cueillant  on  vue  baye  du 
houblon  pour  faire  vne  salade,  fut 
'mords  d’vue  couleuure  sur  la  main  , 
et  sueça  le  sang  de  la  playe,  dont  tost 
après  la  langue  s’enfla  si  fort  qu’il  ne 
pouuoit  qu’à  bien  grand’peine  parler 
ny  estre  entendu.  D’auantage  tout  le 
bras  iusqu’à  l’espaule  s’enfla  et  bour- 
souffla  grandement,  de  façon  qu’on 
eust  dit  qu’on  l’auoit  soufflé  :  et  di¬ 
soit  le  patient  y  sentir  vne  extreme 
douleur,  et  tomba  en  nos  présences 
deux  fois  en  défaillance  de  cœur, 
comme  estant  mort ,  et  auoit  la  cou¬ 
leur  du  visage  et  de  tout  le  corps 
iaunastre  et  plombine.  Nous  ,  voyans 
tels  accidens ,  disions  la  mort  estre 
prochaine  :  neantmoins  il  ne  fut  laissé 
sans  secours  :  qui  fut  luy  lauer  la 
bouche  de  theriaque  destrempé  en 
vin  blanc ,  puis  luy  en  fut  donné  à 
boire  auec  eau  de  vie.  Et  sur  son  bras 
boursoufflé,  ieluy  fis  plusieurs  scari¬ 
fications  assez  profondes  ,  et  mesme- 
ment  sur  la  morsure  ,  et  laissay  suf¬ 
fisamment  fluer  le  sang  (  qui  n’estoit 
qu’vne  sérosité)  :  puis  après  furent 
lauées  d’eau  de  vie  en  laquelle  i’auois 
fait  dissoudre  du  theriaque  et  me- 
thridat.  Et  après  le  patient  fut  posé 
dedans  vn  lit  bien  chaudement ,  et  le 
fit -on  suer,  le  gardant  de  dormir, 
de  peur  que  le  venin  ne  se  retirast 
auec  la  chaleur  naturelle  au  cœur.  Et 
véritablement  le  lendemain  tous  les 
accidens  furent  cessés,  et  fut  tost 
après  guari  desdiles  scarifications, 
ïoutesfois  l’vlcere  de  la  morsure  fut 
tenue  longuement  ouuerte,  y  appli¬ 
quant  tousiours  du  theriaque  auec  les 
autres  medicamens.  Ainsi  ledit  cuisi¬ 
nier  receut  entière  et  parfaite  gua- 
rison. 

Et  te  suffise  de  ceste  histoire  pour 
preuoir  àla  morsure  delà  couleuure. 


CHAPITRE  XXXIL 

DE  LA  MOBSVRE  DV  CRAPAVT 

Encores  que  les  crapaux  n’ayent 
des  dents,  neantmoins  ne  laissent 
d’empoisonner  la  partie  qu’ils  mor¬ 
dent  de  leurs  babines  et  genciues,  qui 
sont  aspres  et  rudes,  faisans  passer 
leur  venin  par  les  conduits  de  la  par¬ 
tie  qu’ils  mordent.  Aussi  iettent  leur 
venin  par  leur  vrine ,  baue  et  vo¬ 
missement  sur  les  herbes,  et  princi¬ 
palement  sur  les  fraises,  dont  ils  sont 
fort  friants.  Et  ne  se  faut  esmerueil- 
1er  si,  après  auoir  pris  de  tel  venin, 
les  personnes  meurent  de  mort  subite. 
Dont  en  cest  endroit  ne  veux  laisser 
en  arriéré  vne  histoire,  que  depuis 
peu  de  iours  vn  homme  d’honneur 
m’a  récité. 

Deux  marchans  estans  à  vne  dis¬ 
née  prés  de  Toulouse,  s’en  allèrent  au 
iardin  de  leur  hoste  cueillir  des  fueil- 
les  de  sauge,  lesquelles  mirent  en 
leur  vin  sans  estre  lauées  :  et  deuant 
qu’ils  eussent  acheué  de  disner ,  per¬ 
dirent  la  veuë ,  ayans  premièrement 
vne  verligine,  tellement  qu’il  leur 
sembloit  que  la  maison  tournas!  sens 
dessus  dessous  ;  et  tombèrent  en 
spasme  et  défaillance  de  cœur,  ayans 
les  léures  et  la  langue  noire,  et  bal- 
butioient,  et  auoient  le  regard  hi¬ 
deux  et  de  trauers ,  ayans  vne  sueur 
froide  auec  grands  vomissemens ,  et 
enflerent  bien  fort,  et  peu  après  mou¬ 
rurent  :  dontl’hoste  et  generalement 
tous  ceux  de  la  maison  furent  bien 

1  Ce  chapitre  répond  mot  pour  mot  au 
chap.  16  de  l’édition  de  1575,  sauf  quelques 
additions  à  la  fin,  qui  sont  d'une  date  plus 
récente. 


fort  estonnés.  Et  lost  après  on  les 
saisit  et  les  mit-on  en  prison,  leur 
mettant  sus  auoir  empoisonné  les 
deux  marchands.  Et  les  ayant  tous 
interrogués  sur  le  crime  qu’on  leur 
imposoit  de  les  auoir  empoisonnés, 
dirent  qu’ils  auoient  mangé  et  beu 
de  mesmes  viandes  ,  reste  qu’ils  n’a- 
uoient  mis  de  la  sauge  en  leur  vin. 
Adonc  le  iuge  fit  appeler  vn  Médecin 
poursçauoir  si  on  pouuoit  empoison¬ 
ner  la  sauge  :  et  dit  que  ouy,  el  quïl 
falloit  aller  au  iardin ,  pour  sçauoir 
si  on  pouuoit  apperceuoir  quelque 
beste  venimeuse,  qui  peust  auoir  ietté 
son  venin  dessus.  Ce  que  véritable¬ 
ment  on  trouua,  qui  estoit  grand 
nombre  de  crapaux  gros  et  petits,  les¬ 
quels  estoient  logés  en  vn  trou  sous 
la  sauge,  assez  profondément  en  terre, 
et  les  fit-on  sortir  en  fouillant  et  iel- 
tant  de  l’eau  chaude  autour  de  leur 
demeure.  Et  là  fut  conclu  que  la 
sauge  estoit  empoisonnée ,  tant  par 
la  baue  que  de  l’ vrine  des  crapaux  ‘, 
et  l’hoste  auec  sa  famille  absoult. 

Et  partant  nous  recueillirons  par 
ceste  histoire,  qu’on  ne  doit  manger 
aucunes  herbes ,  ny  des  fraises ,  que 
premièrement  elles  n’ayent  esté  bien 
lauées;  et  aussi  que  l’exhalation, 
morsure,  baue ,  el  vrine  des  crapaux 
sont  fort  venimeuses.  Pareillement  il 
se  faut  bien  garder  de  dormir  aux 
champs ,  ayans  la  bouche  prés  de 
quelque  trou  où  les  crapaux  et  au¬ 
tres  bestes  venimeuses  font  leur  de¬ 
meure,  de  peur  d’attirer  leur  venin 
en  respirant,  qui  pourrait  estre  cause 
de  la  mort  du  dormant.  Aussi  faut 

1  J’ai  adopté  en  cet  endroit  le  texte  uni¬ 
forme  de  toutes  les  éditions  faites  du  vivant 
de  l’auteur.  Il  est  bon  de  noter  cependant 
que  la  première  édition  posthume  ajoutait  : 
ei  par  leur  vapeur  venimeuse. 


LE  VINGT-TROISIÈME  LIVRE 


322 

cuUcr  de  manger  des  gfenoüilles  au 
mois  de  May,  à  cause  que  les  crapaux 
fraient  auec  elles  :  ce  qu’on  voit  à 
l’œil  au  mois  de  May,  aux  marests  et 
autres  lieux  où  elles  habitent.  Il  y  en 
a  de  petits,  quisont  quelquesfoisaual- 
lés  des  bœufs  et  vaches  auec  les  her¬ 
bes  qu’ils  paissent ,  et  tost  après  il 
leur  suruient  vne  telle  enfleure  de 
tout  le  corps,  qu’ils  en  creuent  le 
plus  souuent. 

Or  ce  venin  n’est  seulement  dange¬ 
reux  pris  par  dedans ,  mais  aussi  es¬ 
tant  attaché  au  cuir  par  dehors,  ainsi 
qu’il  adulent  lors  qu’ils  iettent  leur 
venin  quand  on  les  tue  ou  autrement. 
Parquoy  il  faut  promptement  essuyer 
et  lauer  le  lieu  d’viine ,  ou  d’eau  sa¬ 
lée,  ou  autres  choses  qui  ont  esté  cy 
dessus  déclarées  aux  morsures  des 
chiens  enragés. 

Les  accidensquî  aduiennent  de  leur 
venin  sont,  que  le  malade  deuient 
iaune ,  et  tout  le  corps  luy  enfle,  en 
sorte  qu’il  ne  peut  auoir  son  haleine, 
et  halette  comme  vn  chien  qui  a  gran¬ 
dement  couru  :  parce  que  le  dia¬ 
phragme  (principal  instrument  de  la 
respiration)  ne  pouuant  auoir  son 
mouuement  naturel,  redouble  incon¬ 
tinent,  et  fait  haster  le  cours  de 
la  respiration  et  expiration.  Puis 
luy  viennent  d’abondans  vertigines, 
spasme,  défaillance  de  cœur,  et  après 
la  mort,  s’il  n’est  promptement  se¬ 
couru.  Ce  qui  adulent  non  à  raison 
de  la  qualité  de  leur  venin,  lequel  est 
froid  et  humide,  mais  de  sa  malignité 
particulière,  laquelle  pourrit  les  hu¬ 
meurs. 

Or  d’autant  que  ce  venin  est  en- 
nemy  mortel  de  toute  sa  substance,  il 
le  faut  combattre  tant  par  qualités 
manifestes,  que  par  antidotes  ou  con¬ 
trepoisons.  Qui  se  fera  par  vomisse- 


mens  (principalement  si  le  venin  est 
donné  par  boire  ou  manger)  par  clys- 
teres ,  et  toutes  choses  chaudes  et  de 
subtiles  parties,  comme  bon  vin  au¬ 
quel  on  aura  dissout  theriaque  ou 
methridat ,  et  autres  choses  qu’auons 
par  cy  deuant  déclarées  aux  morsures 
des  chiens  enragés.  Aussi  les  bains, 
estimes,  et  grand  exercice  sont  à 
loüer,  à  fln  de  dissoudre ,  subtilier  et 
euacuer  l’humeur  venimeux 

Rondelet  en  VHistoire  des  Poissons 
dit  que  le  crapaut  est  vestu  d’vne 
grosse  peau  dure,  et  mal-aisée  à  per¬ 
cer  et  rompre,  parce  qu’il  se  confie  et 
enfle,  se  remplissant  d’air ,  au  moyen 
de  quoy  ii  résisté  aux  coups  ;  peu 
souuent  mord,  mais  il  iette  vne  vrine 
et  haleine  venimeuse  à  ceux  qui  le 
sentent ,  deraeurans  enflés  par  tout 
le  corps,  et  bienlost  meurent.  Il  dit 
auoir  veu  vne  femme  qui  mourut  pour 
auoir  mangé  des  herbes  sur  lesquelles 
vn  crapaut  auoit  baleiné  et  ietté  son 
venin.  Les  mecbans  bourreaux  em¬ 
poisonneurs  en  font  plusieurs  venins, 
lesquels  il  faut  plu  tost  taire  que 
dire. 

Iceluy  a  la  vessie  fort  grande,  où 
il  garde  quantité  d’vrine,  qu’il  iette 
contre  ceux  quil’assailleot.  Les  alexi- 
teres  et  contrepoisons  sont ,  boire  du 
jus  de  betoine,  de  plantain  et  d’ar¬ 
moise  :  pareillement  le  sang  de  tor¬ 
tue,  auec  farine,  et  réduit  en  pilules, 
puis  destrempé  auec  du  vin. 

Pline  dit  que  leur  ratte  et  cœur  ré¬ 
sisté  contre  leur  venin. 

L’opinion  du  vulgaire  est  fausse, 
pensant  qu’on  trouue  dedans  leur 
teste  vne  pierre  nommée  crapaudine^ 
bonne  contre  le  venin. 

1  Là  finissait  ie  chapitre  en  1M5  j  tout  ce 
qui  suit  a  été  ajouté  en  1679. 


DES  VENINS. 


CHAPITRE  XXXIIL  | 

DE  LA  PIQVEVBE  DV  SCORPION 

terrestre  K 

Le  scofpioti  est  vne  petite  beste 
ayant  le  cofps  en  oualle,  et  a  plu¬ 
sieurs  pieds,  et  la  queue  longue,  faite 
en  maniéré  de  patenostres  attachées 
bout  à  bout  l’vne  contre  l’autre,  la 
derniere  plus  grosse  que  les  autres  et 
vu  peu  plus  longue ,  à  l’extremité  de 
laquelle  il  y  a  vn  aiguillon,  et  aucuns 
en  ont  deux,  lesquels  sont  creux,  rem¬ 
plis  de  venin  froid,  par  lesquels  ils  iet- 
tent  leur  venin  dedans  la  playe  qu’ils 
piquent.  Il  a  de  chaque  coslédnq  iam  - 
bes  fourchues  en  maniéré  de  tenailles; 
les  deux  de  deuant  sontbeaucoupplus 
grandes  que  les  autres,  et  faites  en 
maniéré  de  celles  d’vne  escreuisse.  Il 
est  de  couleur  noirastre  ,  comme  de 
couleur  de  suye  :  il  chemine  de  biais  : 
il  s’attache  si  fort  auec  le  bec  et  pieds 
contre  les  personnes,  que  bien  diffi¬ 
cilement  on  le  peut  arracher.  Aucuns 
ont  des  ailes  semblables  à  celles  des 
Sauterelles  qui  mangent  les  bleds, 
qui  ne  sont  trouués  en  France  :  et 
iceüX  volent  de  région  en  autre,  ainsi 
qu’on  Voit  des  fourmis  volans.  Ce  qui 
est  vray-semblable ,  parce  que  les  j 
paysans  de  Castille  (ainsi  qu’escrit 
Matthiolus)  en  labourant  la  terre, 
trouuent  souuent  en  lieu  de  fourmi¬ 
lières,  vne  bien  grande  quantité  de 
scorpions  qui  s’y  retirent  Fhyuer. 
Pline  escrit  qu’en  Ethiopie  ,  y  a  vn 
grand  pays  desert  pour  raison  des 

1  Ce  chapitre  répand  presque  mot  pour 
mot  au  chap.  17  du  livre  primitif,  qui  por¬ 
tait  seulement  pour  titre  De  lapiqueufe  du 
scorpion. 

2  Pline,  liu.  8.  chap.  29.  —  A.  P. 


3a3 

scorpions ,  qui  n’y  ont  laissé  ny  gens 
ny  bestes. 

Les  anciens  font  plusieurs  especes 
et  différences  de  scorpions ,  lesquels 
sont  distingués  selon  les  diuersités 
de  couleurs,  comme  iaunes,  roux, 
cendrés,  verds,  blancs,  noirs  i  les  vns 
ayans  des  ailes,  les  autres  point-  Ils 
sont  plus  ou  moins  mortels,  selon  les 
régions  où  ils  habitent,  comme  en  la 
Toscane  et  en  Scylhie  sont  fort  Veni¬ 
meux  :  en  autres  régions  comme  en 
l’isle  de  Pharo  et  à  Trente  »,  leur  pi- 
queure  n’est  venimeuse ,  et  n’en  ad¬ 
ulent  aucun  mauuais  accident. 

Il  suruient  inflammation  en  la  par¬ 
tie  offensée,  auec  grande  rougeur, 
dureté,  tumeur  et  douleur ,  laquelle 
se  change,  à  sçauoir  ,  tantost  chaude 
‘  et  tantost  froide  :  aussi  accrôist  in- 
tempestiuement ,  et  par  interualle 
cesse ,  puis  tost  après  accrôist  :  pa-- 
reniement  le  malade  a  vne  sueur  et 
frissonnement,  comme  ceux  qui  ont 
la  fiéure,  et  a  vne  horripilation,  c’est 
à  dire  que  les  cheueux  lu  y  dressent, 
Il  sent  aussi  des  ponctions  parmy  le 
corps,  comme  si  on  le  piquoit  aueo 
aiguilles,  et  grande  quantité  de  vents 
par  le  siégé  :  il  a  volonté  de  vomir,  et 
aller  à  ses  affaires,  et  n’y  peut  toutes- 
fois  aller  ;  et  tombe  en  défaillance  de 
I  cœur,  fiéure  continue,  et  deuient  en¬ 
flé  ;  et  si  on  ne  luy  donne  secours,  la 
mort  s'ensuit. 

Antonius  Beniuenius  au  liure 
chap.  56,  dit  auoir  eu  vn  seruiteur  ^ 
lequel  futpiqué  d’vn  scorpion,  et  tout 
subit  luy  suruint  vne  sueur  froide 
comme  glace  :  fut  preserué  de  la 
mortenbeuuant  du  theriaque  dissout 
en  vin 

1  Edition  de  1575  :  et  aux  régions  froides^ 
comme  à  Trente. 

2  Cette  Citation  de  Benlvenius  est  une  ad¬ 
dition  de  1585. 


LE  VJ lSGÏ-THOISIÉME  LIVRE 


O ‘2  4 

Dioscoi'ide  liui-e  2,  chapitre  lo  dit 
que  le  scorpion  terrestre crudescaché 
ou  broyé,  et  mis  sur  la  piqueure,  ou 
l’huile  d’iceluy,  est  son  vray  alexitere. 
On  le  mange  aussi  rosti  et  bruslé 
pour  ce  mesme  effect,  de  quoy  l’expe- 
rience  fait  foy. 

Autre  remede.  Prenez  laict  de  figuier, 
et  instillez  en  la  playe  ;  tel  remede 
guai-it  promptement. 

Autre.  Prenez  calament  broyé,  et 
appliquez  dessus.  Aussi  la  farine 
d’orge  incorporée  en  décoction  de  rue 
et  appliquée  dessus. 

Et  pour  remede  excellent,  il  se  faut 
ietter  dedans  vn  bain,  et  se  faire  tres- 
bien  suer.  Pour  seder  la  douleur 
promptement,  il  faut  piler  des  escar¬ 
gots  auec  leur  coquille,  et  les  appli¬ 
quer  dessus  la  piqueure.  Aussilesoul- 
phre  vif  puluerisé,  et  incorporé  auec 
terebenthine,  est  souuerain  remede. 
La  rue  pilée ,  et  appliquée  dessus,  est 
bonne.  Aussi  pour  vn  singulier  re¬ 
mede  on  y  applique  l’herbe  nommée 
Scorpioïdes.,  dont  on  a  pris  le  nom. 

Autre  remede.  Racine  de  couleurée 
boulue,  et  pilée  auec  vn  peu  de  soul- 
phre. 

Autre.  Les  aulx  pilés,  soulphre  et 
huile  vieille  meslés  ensemble  etappli- 
pliqués  dessus. 

Autre.  L’agaric  puluerisé  ou  en  dé¬ 
coction,  cure  leur  piqueure. 

Pour  les  chasser,  il  faut  faire  suf- 
fumigation  de  soulphre  et  galbanum. 
L’huile  aussi  faite  d’iceux,  appliquée 
aux  trous  où  ils  habitent,  garde  qu’ils 
n’en  peuuent  sortir.  Autant  en  fait  le 
jus  de  raifort  2.  Et  pour  les  garder 
qu’ils  n’approchent  et  piquent  per- 

‘  L’édition  de  1575,  au  lieu  de  Dioscoride, 
citait  :  Alalheolus,  Hure  deuxieme. 

2  Le  livre  de  1575  ajoutait  :  et  de  laict,  et 
huille  faite  d’iceux.  Je  ne  sais  ce  qu’il  enten- 


sonne,  il  se  faut  frotter  de  jus  de  rai¬ 
fort  ou  d’aulx  :  car  par  ce  moyen  ia- 
mais  n’approchent  de  celuy  qui  s’en 
sera  frotté. 

Plusieurs  autres  remedes  ont  escrit 
les  anciens,  mais  ie  n’ay  pris  que  ceux 
qu’on  peut  aisément  recouurer,  et 
sont  grandement  loués  par  dessus 
tous  autres. 


CHAPITRE  XXXIV. 

DE  LA  MORSVRE  ET  PIQVEVRE  DES 
MOVSCHES  ET  CHENILLES*. 

Les  abeilles  ou  auettes,  les  gues- 
pes,  les  freslons,  les  bourdons,  les  ta- 
hons,  après  auoir  fait  ouuerture  au 
cuir,  les  vnes  par  leur  morsure,  les 
autres  par  leur  piqueure,  causent  vne 
grande  douleur  pour  la  malignité  du 
venin  qu’elles  iettent  en  la  playe,  la 
quelle  toutesfois  n’est  pas  tousiours 
mortelle  :  vray  est  que  se  iettans  icel¬ 
les  bestes  en  grand  nombre  sur  vn 
homme,  elles  le  peuuent  tuer  :  car  on 
en  a  mesme  veu  mourir  lescheuaux. 

Ceux  qui  en  sont  inopinément  of¬ 
fensés,  pour  la  grande  douleur  qu’ils 
sentent,  estiment  que  ce  soit  quelque 
auire  beste  venimeuse  :  et  pour  ceste 
cause  il  est  bon  sçauoir  les  signes  et 
accidens  de  leur  pointure.  C’est  qu’ils 

dait  par  le  jus  de  lait,  à  moins  qu’il  ne 
faille  lire  :  et  le  laict  -,  dans  tous  les  cas  ceci 
a  été  rayé  dès  1579. 

‘  Ce  chapitre  est  formé  de  la  réunion  de 
deux  chapitres  du  livre  de  1575  jg  jg' 
ayant  pour  litre  :  De  la  morsure  eide  la  pii 
queure  des  rnousches;  et  le  19^  intitulé  :  De 
la  morsure  des  chenilles.  11  n’y  a  du  reste  ab¬ 
solument  rien  de  changé  au  texte  primitif, 
SI  ce  n’est  une  petite  addition  qui  sera  notée 


DES  VENINS. 


325 


causent  grande  douleur,  laquelle  de¬ 
meure  iusques  à  ce  que  leurs  dents 
ou  piquerons  soyent  ostés  :  et  le  lieu 
deuient  promptement  rouge  et  enflé 
à  l’entour,  et  s’y  forme  vne  vessie , 
pour  cause  de  ta  virulence  qu’elles 
ietlent  ayans  fait  ouuerlure  du  cuir. 

Pour  la  curation,  il  faut  prompte¬ 
ment  sucer  le  lieu  le  plus  fort  que 
l’on  pourra,  pour  oster  leurs  dents  ou 
aiguillons  :  et  si  par  ce  moyen  ne 
peuuentestre  extraites,  faut  inciser  le 
lieu  (si  la  partie  le  permet)  ou  pren¬ 
dre  cendres  et  leuain  et  huile  incor¬ 
porés  ensemble,  et  l’appliquer  dessus. 

Autreremede.  Il  faut  mettre  la  partie 
en  eau  chaude  et  la  bassiner  par  l’es¬ 
pace  de  demie  heure  ou  plus,  et  après 
lauer  la  playe  d’eau  sallée. 

Autre.  Le  cresson  pilé  et  appliqué 
dessus  sede  la  douleur,  et  résout  l’hu¬ 
meur  contenu  en  la  tumeur.  Autant 
en  fait  la  fiente  de  bœuf  destrempée 
en  huile  et  vinaigre,  et  appliquée  as¬ 
sez  chaude  dessus. 

Autre.  Féues  maschées  et  appli¬ 
quées  dessus,  sedent  pareillement  la 
douleur.  Aussi  fait  la  berle  pilée  auec 
oxycrat.  Aucuns  commandent  pren¬ 
dre  desdites  mouches  et  les  escacher 
et  en  frotter  le  lieu,  et  les  laisser  des¬ 
sus,  ainsi  qu’on  fait  auxpiqueures  de 
scorpions. 

Autre.  Faut  prendre  vinaigre,  miel 
et  sel,  et  le  plus  chaud  qu’on  pourra 
en  frotter  le  lieu,  et  y  laisser  vn  linge 
en  double  dessus. 

Autre.  Prenez  soulphre  vif  pulue- 
risé,  et  incorporé  en  saline  d’homme, 
et  appliquez  dessus. 

Autre.  Laict  de  figues  non  meures, 
incorporé  auec  du  miel,  est  aussi  vn 
souuerain  remede. 

On  peut  estre  asseuré  sur  tous  re- 
medes,  du  theriaque  (que  Galien  ap- 
prouue  au  liure  De  theriaca  ad  Piso- 


nem)  le  disant  estre  le  plus  salubre 
remede  dont  on  puisse  vser  aux  pi- 
queures  et  morsures  des  bestes  veni¬ 
meuses,  comme  i’ay  dit  cy  dessus. 

Pour  garder  que  lesdites  mouches 
ne  mordent  et  piquent,  il  se  faut  oin¬ 
dre  le  corps  de  jus  de  maulue  incor¬ 
poré  auec  huile  :  et  pour  les  chasser 
bientost,  il  faut  faire  parfum  de  soul¬ 
phre  et  d’aulx  ^ 

Galien  dit  que  la  guespe  a  ceste 
malice,  que  voyant  vne  vipere  morte, 
elle  s’en  va  tremper  son  aiguillon  au 
venin  d’icelle,  et  de  là  fdit-il)  les 
hommes  ont  appris  à  empoisonner  les 
fléchés. 

Les  chenilles  rousses  et  velues,  ap- 
pellées  en  latin  Mullipedes ,  engen¬ 
drent  grande  démangeaison,  rougeur 
et  tumeur  au  lieu  qu’elles  mordent, 
où  seront  attachées  ou  escachées  ;  et 
celles  qui  seront  nourries  és  pins  en- 
cores  plus.  Les  oignons  pilés  auec  vi¬ 
naigre  est  vn  singulier  remede  pour 
appliquer  au  lieu,  et  pareillement  les 
autres  remedes  qu’auons  escrit  aux 
I  morsures  et  piqueures  des  mousches. 


CHAPITRE  XXJiV. 

DE  LA  MORSVRE  DES  ARAIGNES*. 

Les  araignes  ourdissent  leur  toile 
de  diuerse  façon,  et  y  font  vn  petit 
trou,  dans  lequel  sont  tousiours  en 
embuscade  pour  attraper  et  prendre 
les  mousches  et  mouscherons,  des¬ 
quels  elles  se  nourrissent.  Il  y  en  a  de 

1  Ici  se  terminait  le  chapitre  18  du  livre 
de  1575  ;  le  paragraphe  qui  suit  est  de  1579, 
et  le  dernier  paragraphe  constituait  à  lui 
seul  le  chap.  19  du  livre  primitif. 

«  Ce  chapitre  est  textuellement  le  même 
que  te  20'  chapitre  du  livre  de  1576o 


'JqCî  le  vingt-troisième  livre 


plusieurs  especes  :  l’vne  est  appellée 
Rhagion,  laquelle  est  ronde  et  de  cou¬ 
leur  noire,  comme  vn  grain  de  raisin 
dont  elle  porte  le  nom  :  elle  a  la  bou¬ 
che  au  milieu  du  ventre,  et  les  jam¬ 
bes  courtes,  et  fait  mesme  douleurque 
le  scorpion.  Il  y  en  a  vne  autre  espece 
nommée  Loup,  pour-ce  qu’elle  ne 
chasse  seulement  aux  mousches  com¬ 
munes,  mais  aussi  aux  abeilles  et  aux 
tabons,  et  generalement  à  toutes  peti- 
tesbestioles  qu’elle  peut  attraper  en  sa 
toile.  La  troisième  espece  est  appellée 
Formillon^pource  qu’elle  ressemble  à 
vne  grande  formis,  et  est  noire,  et  a 
le  corps  marqueté  de  certaines  peti¬ 
tes  estoiles  luisantes ,  et  principale¬ 
ment  vers  le  dos.  La  quatrième  es¬ 
pece  est  appellée  de  Matthiolus  Dy«- 
deris,  et  est  semblable  aux  mousches 
guespes,  reste  qu’elle  n"a  nulles  ailes, 
et  est  de  couleur  aucunement  rouge, 
laquelle  ne  vit  que  d’herbes. 

Or  les  anciens  tiennent  que  leur 
morsure  est  fort  venimeuse,  et  que  le 
venin  est  froid ,  parce  que  les  acci- 
dens  qui  en  prouiennent  sont  grandes 
ventosités  au  ventre  et  froideur  des 
extrémités  :  et  au  lieu  de  leur  mor  ¬ 
sure  le  malade  sent  vne  stupeur  et 
vne  grande  réfrigération,  et  a  vne 
grande  horripilation. 

Il  faut  lâuer  la  playe  promptement 
de  vinaigre  le  plus  chaud  qu’on  le 
pourra  endurer.  Pareillement  faut 
piler  des  aulx  et  oignons  et  les  appli¬ 
quer  dessus  :  ou  bien  de  la  fiente  de 
chéure  fricassée  en  vinaigre.  Sembla¬ 
blement  est  bon  qu’on  prouoque  la 
sueur,  soit  par  bains,  estuues,  ou  au¬ 
trement.  Et  sur  tout  le  theriaque  est 
excellent,  tant  donné  par  dedans 
qu’appliqué  par  dehors. 


CHAPITRE  XXXVI. 

DES  MOVSCHES  C.-VXTIURIDES  L 

Les  mousches  cantharides  sont  res¬ 
plendissantes  comme  or,  et  sont  fort 
belles  à  voir,  à  raison  de  leur  couleur 
azurée  parmy  le  iaune,  toutesfois  de 
tres-mauuaise  odeur.  Elles  sont  chau¬ 
des  et  seiches  iusques  au  quatrième 
degré,  et  partant  corrosiues,  brus- 
lantes  et  venimeuses,  non  seulement 
à  cause  de  leur  chaleur  et  seicheresse 
exoessiue,  mais  aussi  à  cause  d’une 
particulière  inimitié  que  Nature  leur 
a  donnée,  principalement  contre  les 
parties  dediées  à  l’vrine  2,  non  seule¬ 
ment  prises  par  la  bouche,  mais  aussi 
appliquées  par  dehors,  quand  U  est 
besoin  de  vessier  ou  vlcerer  quelque 
partie. 

Les  signes  ou  accidem  d'auoîr  pris  des 
cantharides  par  dedans. 

Le  premier  est  que  le  malade  sent 
au  goust  comme  poix  noire  fondue, 
qui  procédé  des  humeurs  vaporeuses 
bruslées  en  l’estomach  et  au  foye  par 
la  vehemente  chaleur  putredineuse 
de  leur  poison®  :  et  tost  après  qu’elles 
sont  entrées  dans  l’estomach,  le  ron¬ 
gent  et  corrodent,  et  y  causent  grande 
douleur,  et  excitent  vne  inflamma¬ 
tion  au  foye  et  aux  boyaux,  dont  il 
s’ensuit  flux  de  ventre ,  par  lequel  le 
malade  iette  par  ses  selles  des  excre- 
mens  semblables  à  l’eau  dans  laquelle 

‘  Ce  chapitre  est  presque  entièrement  co¬ 
pié  du  chapitre  21  du  livre  de  1575, 

®  La  phrase  s’arrêtait  là  en  1575;  le  reste 

est  de  1579. 

3  Cette  phrase  explicative  :  qui  procédé  des 
humeurs  vaporeuses,  etc.,  est  une  addition  de 
1579. 


DES  VENINS. 


on  a  laué  chair  sanglante,  ou  comme 
le  flux  des  dysenteries  et  caquesan- 
gues.  Et  à  cause  de  l’adustion  qu’el  ¬ 
les  font  aux  humeurs,  suruient  fié - 
ure  ardente,  de  façon  que  les  malades 
deuicnnent  vertigineux  et  insensés, 
ne  se  pouuans  tenir  en  place ,  pour 
les  fumées  et  exhalaisons  venimeuses 
qui  montent  des  parties  basses  au  cer- 
ueaû,  lequel  ressentant  telle  vapeur, 
peruertit  le  iugement  et  la  raison  : 
tous  lesquels  signes  apparoissans,  on 
peut  iugerla  maladie  estre  incurable. 
Et  quant  aux  parties  dediées  à  Fv- 
rine,  causent  inflammation ,  excoria¬ 
tion  et  vlcere ,  auec  vne  extreme 
douleur,  érection  de  la  verge  et  tu¬ 
meur  aux  hommes,  et  aux  femmes  de 
toutes  leurs  parties  genilales,  qui  fait 
que  Fvrine  sort  en  moindre  quantité, 
et  encores  le  peu  qui  en  sort  est  san¬ 
guinolent  :  voire  souuentesfois  les  pa- 
liens  pissent  le  sang  tout  pur,  et 
quelquesfois  aussi  les  conduits  de  l’v- 
rine  sont  du  tout  estoupés,  dont  s’en¬ 
suit  gangrené  et  mortification,  et  par 
conséquent  la  mort. 

La  cure  du  venin  des  cantharides 
prises  par  dedans  ou  par  dehors  ,  ne 
différé  que  selon  plus  ou  moins.  Lors 
que  quelqu’vn  aura  pris  des  cantha¬ 
rides,  faut  promptement  le  faire  vo¬ 
mir,  et  luy  donner  du  laict  de  vache 
à  boire,  lequel  a  vertu  d’esteindre 
Fardeur  de  ia  poison,  et  restreindre  le 
flux  de  ventre,  seder  la  douleur,  parce 
qu’il  lenit  et  adoucit  la  chaleur  et 
seicheresse.  Pour  ceste  cause,  on  en 
Ysera  tant  au  boire  qu’en  clysteres  et 
inieclions  :  et  qui  n’aura  du  laict,  on 
vsera  d’huile  d’olîue  ou  d’amendes 
douces,  pour  adoucir  Facrimonie  de 
leur  venin,  qui  pourrait  estre  atta¬ 
ché  contre  les  parois  de  l’estomach  et 
intestins.  Et  leur  fera-on  autres  cho¬ 
ses  qui  seront  recitées  par  ceste  his¬ 


827 

toire,  laquelle  il  m’a  semblé  bon  de 
reciter,  non  pour  enseigner  le  moyen 
d’en  vser,  mais  au  contraire  à  fin  de 
s’en  prescruer,  et  endoctriner  le  chi¬ 
rurgien  où  telle  chose .aduîen droit  d’y 
remedier  L 

Vn  Abbé  de  moyen  aage ,  estant  en 
ceste  ville  pour  solliciter  vn  procès, 
sollicita  pareillement  vne  femme  hoh- 
nestede  sonmeslier,  pourdeuiser  vne 
nuict  auec  elle,  si  bien  que  marché 
fait,  ilarriuaensa  maison.  Elle  re¬ 
cueillit  monsieur  FAbbé  amiable - 
ment ,  et  le  voulant  gratifier ,  luy 
donna  pour  sa  collation  quelque  con¬ 
fiture  en  laquelle  y  entroit  des  can¬ 
tharides,  pour  mieux  l’inciter  au  dé¬ 
duit  venerique.  Or  quelque  temps 
après,  à  sçauoir  le  lendemain,  les  ac- 
cidens  que  Fay  par  cy  deuant  décla¬ 
rés  aduindrent  à  monsieur  FAbbé,  et 
encores  plus  grands,  parce  qu’il  pissoit 
et  iettoit  le  sang  tout  pur  par  le  siégé 
et  par  la  verge.  Les  Médecins  estans 
appelés,  voyans  l’Abbé  auoir  tels  ac- 
cidens ,  auec  érection  de  verge , 
conneurent  qu’il  auoit  pris  des  can¬ 
tharides.  Ils  luy  ordonnèrent  des  vo- 
mitoires  et  clysteres  ,  faits  d’orge 
mondé,  de  ris,  de  décoction  de  maul- 
ues,  semence  de  lin,  de  fenugrec, 
d’huile  de  lis,  suif  de  bouc  ou  de  cerf, 
et  puis  après  vn  peu  de  theriaque 
mixtionné  auec  conserue  de  roses, 
pour  faire  sortir  la  poison  dehors. 
Pareillement  on  luy  donna  à  boire  du 
laict,  et  on  luy  en  fit  aussi  des  iniections 
en  la  verge,  et  aux  intestins ,  auec 
autres  choses  réfrigérantes,  glaireu¬ 
ses  et  gluantes,  pour  cuider  obtondre 
et  amortir  la  virulence  et  malignité 
du  venin.  Or  telles  choses  à  bon  droit 

1  L’édition  de  1675  disait  simplement  : 
et  leur  fera-on  attires  choses,  qui  seront  réci¬ 
tées  par  ceste  histoire. 


LE  VlNGf-ÏROÎSI^ME  LIVRE, 


3^8 

ont  esté  ordonnées  des  anciens  Méde¬ 
cins,  parce  qu’elles  demeurent  long¬ 
temps  attachées  aux  parties  intérieu¬ 
res  offensées  et  vlcerées  ;  ioint  aussi 
qu’elles  gardent'que  le  virus  n’y  peut 
pénétrer  ;  et  partant  le  laict  y  est  fort 
bon .  Au  ssi  le  beurre  frais  beu  et  ietté  en 
la  vessie,  et  l'huile  d’amendes  douces 
recentemen  t  tirée  :  semblablement  les 
mucilages  de  psyllium,  de  maulues , 
de  coings  :  et  le  syrop  de  nénuphar, 
de  pauot,  de  violes,  le  jus  de  laictues, 
pourpié,  concombres,  de  courges,  et 
de  melons.  Or  son  boire  estoil  eau 
d’orge  et  ptisane*  -.son  manger  estoit 
poullailies,  veau,  ebéureau,  cochons 
gras  boulins  auec  laictues,  pourpié, 
maulues,  violiers  de  Mars,  orge,  les¬ 
quels  alimens  luy  estoient  aussi  me- 
dicamens,  tant  pour  lascher  le  ventre, 
que  pour  adoucir  et  seder  les  dou¬ 
leurs  de  l’acrimonie  du  venin  ;  et  sur 
la  région  des  reins,  lombes,  et  sur  le 
penil,on  mit  plusieurs  choses  réfri¬ 
gérantes  et  humectantes.  D’auantage 
il  fut  baigné,  pour  cuider  donner  issue 
au  venin  par  les  pores  du  cuir  ;  mais 
pour  tous  ces  remedes  faits  selon  l’art, 
monsieur  l’Abbé  ne  délaissa  à  mourir 
auec  gangrené  de  la  verge. 

Et  partant  ie  conseille  à  telles  da¬ 
mes  ne  prendre  de  telles  confitures, 
et  moins  encores  en  donner  à  homme 
viuant,  pour  les  accidens  qui  en  ad- 
niennent. 

1  L’édition  de  1575  portait  :  Or  son  boire 
estoit  d’orge  et  ptisane:  mais  pour  tous  ces  re¬ 
medes  faits  selon  l’art,  monsieur  l’^bbé  ne  dé¬ 
laissa  à  mourir  le  troisième  iour  auec  gan¬ 
grené  de  la  verge. 

Ainsi  les  autres  détails  qui  suivent  sur  le 
traitement  ont  été  ajoutés  en  1579;  mais  en 
revanche  celte  édition,  et  par  suite  toutes 
les  autres ,  avaient  omis  ce  point  important 
pour  l’observation,  que  la  mort  était  arrivée 
le  troisième  iour. 


le  raconleray  encore  ceste  hîsi- 
toire. 

Depuis  quelques  ans  en  ça,  vne  da- 
moiselle  vint  à  Paris  fort  couperosée 
au  visage,  y  ayant  de  gros  saphirs, 
ou  boutons,  auec  grande  rougeur, 
en  sorte  que  plusieurs  qui  la  voyoient 
l’estimoient  estre  lepreiise ,  iusques  à 
luy  interdire  de  non  plus  entrer  en 
l’eglise  de  sa  paroisse  de  peur  qu’elle 
ne  gastast  les  sains.  Icelle  appella 
auec  moy  messieurs  laques  Hollier, 
et  Robert  Greaume  ,  Docteurs  Re¬ 
gens  en  la  faculté  de  Medecine,  auec 
Estienne  de  la  Riuiere  et  Germain 
Cheual ,  Chirurgiens  iurés  à  Paris, 
pour  donner  aide  à  son  mal.  Et  après 
qu’elle  nous  eut  monstré  plusieurs 
receptes  des  remedes  qu’elle  auoit 
pris  pour  cuider  estre  guarie  :  après 
aussi  l’auoir  exactement  visitée  et 
examinée,  fut  conclu  et  accordé, 
qu’ellen’estoit  aucunement  lepreuse  : 
parquoy  pour  guarir  sa  couperose,  on 
luy  appliqueroit  vn  vésicatoire  fait 
de  cantharides,  sur  toute  la  face,  à 
fin  d’attirer  la  matière  des  boulons, 
et  l’humeur  superflu  qui  estoit  pareil- 
lemeutimbu  en  tout  son  visage.Ce  que 
ie  fis.  Et  trois  ou  quatre  heures  après 
que  le  vésicatoire  fut  réduit  de  puis¬ 
sance  en  effet,  elle  eut  vne  chaleur 
merueilleuse  à  la  vessie,  et  grande 
tumeur  au  col  de  la  matrice,  auec 
grandes  espreintes  :  et  vomissoit,  pis- 
soit  et  asselloit  incessamment,  se  iet- 
tant  çà  et  là  comme  si  elle  eust  esté 
dans  vn  feu,  et  estoit  comme  toute 
insensée,  et  fébricitante  :  dont  ie  fus 
alors  esmerueillé  de  telle  chose. 
Partant  ie  r’appellay  la  compagnie, 
tant  les  Médecins  que  Chirurjgiens. 
Et  voyant  que  tels  accidens  venoient 
à  raison  des  cantharides  qu’on  luy 
auoit  appliquées  pour  faire  le  vésica¬ 
toire,  fut  aduisé  qu’on  luy  donneroit 


Des  venins. 


du  laid  à  boire  en  grande  quantité, 
aussi  qu’on  luy  en  bailleroit  en  clys- 
teres  et  iniections,  tant  au  col  de  la 
vessie  que  de  la  matrice.  Semblable¬ 
ment  elle  fut  baignée  en  eau  modé¬ 
rément  chaude  ,  en  laquelle  auoit 
bouilli  semence  de  lin  ,  racines  et 
fueilles  de  raauues  et  guimauues  , 
violiersde  Mars,  iusquiame,  pourpié, 
laictues  ;  et  s’y  tint  assez  long  temps, 
à  cause  qu’en  iceluy  perdoit  sa  dou 
leur.  Puis  estant  posée  dedans  le  lict, 
et  essuyée,  on  luy  appliqua  sur  la  ré¬ 
gion  des  lombes  et  autour  des  parties 
génitales,  onguent  rosat  et  popu- 
leum,  incorporés  en  oxycrat,  à  ûn  de 
réfréner  l’intemperalure  de  ses  par¬ 
ties.  Et  par  ces  moyens  les  autres  ac- 
cidens  furent  cessés. 

Et  quant  à  son  visage,  il  fut  entière¬ 
ment  vessié,  et  ietta  grande  quantité 
de  sanie  purulente  :  et  par  ce  moyen 
perdit  ceste  grande  deforraité  de  la 
face  qu’elle  auoit  auparauant.  Et 
après  estre  guarie,  nous  luy  donnas- 
mes  attestation  qu’elle  n’estoit  aucu¬ 
nement  entachée  de  lepre  Et  tost 
après  estant  retournée  en  sa  maison, 
fut  mariée,  et  a  eu  depuis  de  beaux 
enfans,  et  vit  encore  sans  qu’on  l’ap- 
perçoiue  auoir  eu  la  face  escorchée. 

Ces  deux  histoires  instruiront  le 
ieune  Chirurgien  à  remedier  à  ceux 
qui  auront  pris  des  cantharides,  tant 
par  dedans  que  par  dehors,  s’ils  sont 
appelés  pour  y  preuoii’.  Or  deuant 
que  les  susdits  accidens  soyent  siirue- 
nus  et  grandement  accreus,  on  fera 
au  malade  boire  de  l’huile,  ou  quel¬ 
que  décoction  relaxante  :  pareille¬ 
ment  on  en  baillera  par  ciysteres  et  in- 
ieclions,à  fin  de  prouoquer  le  vomir, 
et  lascher  le  ventre  :  et  principale¬ 
ment  pour  garder  que  le  venin  n’ad- 
here  contre  les  parties  par  où  il  passe  : 
comme  lors  que  nous  voulons  appli¬ 


329 

quer  vn  cautere  potentiel  ou  vn 
vésicatoire  sur  vue  partie,  si  elle  est 
huileuse  ou  engraissée,  ils  ne  pour¬ 
ront  faire  leur  operation  que  pre¬ 
mièrement  on  n’ait  osté  l’onctuosité. 
Et  pour  le  dire  en  vn  mot,  si  vn  venin 
a  esté  prins  par  la  bouche,  et  est  en¬ 
core  en  l’estomach,  il  faut  prouoquer 
le  vomir:  et  s’il  est  ja  descendu  aux 
boyaux  gros,  il  faut  donner  ciysteres  : 
et  si  on  a  opinion  que  sa  vertu  soit 
espandue  par  tout  le  corps,  il  faut 
donner  choses  qui  ont  puissance  de 
chasser  le  venin  du  centre  à  la  circon¬ 
férence,  comme  bains,  estuues  :  ou 
mettre  le  malade  dedans  les  corps 
des  bestes recenlement  tuées,  comme 
bœufs,  vaches ,  mules  et  mulets,  et 
faire  autres  choses  qui  prouoquent  la 
sueur,  comme  auons  dit  cy  deuant. 


CHAPITRE  XXX\aT. 

DE  LA  MOVSCHE  NOMMEE  BVPRESTE  *. 

La  Bupreste  est  vne  monsche  sem¬ 
blable  à  la  cantharide,  laquelle  estant 
mangée  auec  l’herbe  parles  animaux 
paissans,  comme  bœufs,  moutons,  et 
autres,  les  fait  mourir  enflés  comme 
tabourins.  Et  pour  ceste  cause  est 
appellée  dos  pasteurs,  Enfle-bœuf.  Et 
si  vn  homme  en  mange,  il  aura  sem¬ 
blables  accidens  que  s’il  auoit  pris  des 
cantharides  :  et  le  fait  pareillement 
enfler,  ainsi  que  si  le  malade  estoit 
affligé  de  l’hydropisie  nommée  Tym- 
panités.  Cela  adulent  par  les  vapeurs, 
lesquelles  s’esleuent  des  humeurs  li¬ 
quéfiés  et  fondus  par  la  vertu  de  leur 
venin. 

1  Ce  chapilre  est  le  même  que  le  chap.  22 
du  livre  de  1576. 


LE  VINGT-TROISIEME  LIVRE, 


33o 

Les  remedes  sont  semblables  à  ceux 
des  cantharides. 


CHAPITRE  XXXVIII. 

Dlî  LA  SANGSVE  OV  SVCE-SA1SG‘. 

Les  sang-sues  sont  venimeuses,  et 
principalement  celles  qui  sont  nour¬ 
ries  es  eaux  bourbeuses  ;  et  celles  qui 
sont  és  eaux  claires  moins.  Et  pour 
ceste  cause ,  lorsqu’on  s’en  veut  ser- 
uir,  il  les  faut  premièrement  faire 
desgorger  en  eau  claire,  trois  ou  qua¬ 
tre  iours  pour  le  moins  :  autrement 
elles  laissent  le  plus  souuent  des  vl- 
ceres  où  elles  seront  attachées,  les¬ 
quelles  puis  apres  seront  difficiles  ù 
curer  ;  ce  qui  se  fait  encore  d’auantage 
si  on  les  arrache  par  force  ,  pour-ce  | 
qu’elles  laissent  leurs  dents  en  la  chair. 

Or  si  quelqu’vn  en  a  avalé  vne  par 
inaduertence ,  il  le  faut  interroger 
pour  sçauoir  l’endroit  où  il  la  sent 
tirer.  Et  si  elle  demeure  au  gosier, 
ou  au  milieu  d’iceluy,  pour  la  faire 
desmordre  faut  que  le  malade  se  gar¬ 
garise  plusieurs  fois  de  vinaigre  au¬ 
quel  on  aura  dissout  vn  peu  de  mous- 
tarde  ;  et  si  elle  estoit  prés  de  l’ori¬ 
fice  de  l’estomach,  il  faut  qu’il  aualle 
peu  à  peu  d’huile  auec  vn  peu  de  vi¬ 
naigre  :  et  où  elle  seroit  descendue  au 
fond  de  l’estomach.le  malade  la  sen¬ 
tira  tirer  et  succer,  et  quelquesfois 
crachera  le  sang  ,  et  tombera  en  vne 
peur,  comme  ayant  perdu  le  sens  :  et 
pour  la  faire  détacher,  boira  bonne 
quantité  d’eau  tiede  auec  huile.  Et 
où  elle  seroit  opiniaslre,  pour  la  fane 

1  Ce  chapitre  est  textuellement  le  même 
que  le  chap.  23  du  livre  de  1575  ,  à  l’excep¬ 
tion  du  dernier  paragraphe ,  qui  sert  seu¬ 
lement  de  transition  aux  chapitres  suivants. 


encore  plus  promptement  débusquer , 
on  y  meslera  vn  peu  d’aloés,  ou  quel¬ 
que  autre  chose  amere,  et  par  ce 
moyen  elle  sera  détachée  et  vomie  ; 
ce  qui  se  connoist  en  celles  qui  sont 
attachées  extérieurement ,  car  on  les 
fait  démordre  et  quitter  la  place  en 
mettant  telles  choses  sur  leurs  testes. 
Puis  on  donnera  quelque  chose  as¬ 
tringente  pour  estancher  le  sang  de 
la  morsure ,  comme  conserue  de  ro¬ 
ses,  auec  vn  peu  de  terre  scellée,  et  bol 
armenic,  et  autres  choses  plus  astrin¬ 
gentes,  s’il  en  est  besoin.  Car  si  elles 
s’attachent  contre  vn  gros  rameau  de 
veine  ou  artere,  le  sang  coulera  en 
plus  grande  abondance,  et  par  consé¬ 
quent  sera  plus  difficile  à  estre  estan- 
ché  qu’en  vn  petit  rameau  ‘. 

Les  animaux  venimeux  ne  sont 
seulement  sur  terre ,  et  és  cauernes 
d’icelle  :  mais  aussi  ils  se  trouuent  en 
la  mer  des  poissons  venimeux,  comme 
la  murene,  la  pastenaque,  la  viue,  la 
torpille ,  le  liéure  marin ,  desquels 
nous  faut  à  présent  parler,  commen¬ 
çant  à  la  murene. 


CHAPITRE  XXXIX. 

DE  LA  MVRENE. 

La  murene  est  vn  poisson  de  mer , 
ressemblant  à  la  lamproye,  toutesfois 
elle  est  plus  large  et  a  la  gueulle  plus 
grande  :  elle  a  les  dents  fort  longues, 
aiguës  et  courbées  au  dedans.  Elle 
est  de  couleur  brune ,  sa  peau  cou- 
uerte  de  petites  taches  blanchastres, 
le  corps  long  de  deux  coudées.  Les 
anciens  les  prisoient  beaucoup  en 

*  Là  finissait  le  chapitre  2.3  du  livre  de 
1575}  ce  qui  suit  est  de  1579. 


DES  VENINS. 


viandes,  tant  à  raison  qu’elles  sont  de 
bon  goust,  que  pour  autant  qu’on  les 
peut  longuement  garder  dedans  les 
viuiers  et  boutiques  pour  s’en  seruir 
en  temps  ;  elles  sont  faciles  à  s’appri- 
uoiser ,  tesmoin  celle  de  Crassus ,  de 
laquelle  auons  parlé  cy  deuant.  Leurs 
morsures  ameinent  semblables  acci- 
dens  que  celles  des  viperes  ;  et  par¬ 
tant  sont  guaries  par  les  mesraes  re- 
medes. 

Ælian  diti,  que  la  murone  se  iette 
sur  terre,  et  qu’elle  va  chercher  la 
vipereiusques  dedans  sa  cauerne  pour 
frayer  auec  elle.  Ce  qui  est  prouué 
par  les  vers  de  Nicandre. 

Il  cûurt  de  la  Murene  vn  bruit  tout  asseuré, 

C'est  qu’vn  serpent  l’espouse,  et  qtie  de  son  plein 
Elle  sort  de  la  mer,  puis  toute  desireuse  [gré 
Elle  va  s’accoler  à  la  beste  amoureuse 


CHAPITRE 

DE  LA  PICQVEVBE  d’vNE  VIVE. 

La  ville  a  eu  ce  nom  à  cause  de  sa 
grande  viuacité,  car  estant  tirée  de 
la  mer ,  demeure  long  temps  en  vie  : 
ses  aiguillons  sont  veneneux ,  princi¬ 
palement  ceux  qui  sont  au  bout  de 
ses  ouyes.  Pour  ceste  cause  les  cuisi¬ 
niers  leur  coupent  la  teste  deuant  que 
les  seruir  à  table.  A  Rouen  les  pois¬ 
sonniers  ne  les  osent  vendre,  que 
premièrement  ne  leur  ayent  coupé 
la  teste. 

Ceux  qui  en  sont  piqués  sentent 

1  Premier  Hure  des  animaux.  —  A.  P. 

2  Le  chapitre  ne  s’arrêtait  point  là  dans 
les  anciennes  éditions;  mais  l’auteur  y  avait 
réuni  deux  paragraphes  concernant  la  vive 
et  sa  piqûre,  qu’il  in’a  paru  plus  logique 
de  reporter  en  tête  du  chapitre  suivant. 


33 1 

grande  douleur  à  la  partie ,  auec  in¬ 
flammation  d’icelle ,  fléure ,  défail¬ 
lance  de  cœur,  gangrené  et  mortifi¬ 
cation,  et  par  conséquent  la  mort,  si 
promptement  on  n’y  remedie  L 
Puis  n’agueres,  la  femme  de  mon¬ 
sieur  Fromaget,  greffier  aux  requestes 
du  palais ,  fut  piquée  d’vne  viue  au 
doigt  médius  :  et  peu  de  temps  après 
il  s’enfla  bien  fort,  auec  grande  rou¬ 
geur  et  peu  de  douleur.  Elle  voyant 
que  la  tumeur  s’augmentoit  iusqu’à 
la  main ,  craignoit  qu’il  ne  luy  sur- 
uint  vu  tel  accident  qui  de  n’agueres 
pour  vn  cas  semblable  estoit  aduenu 
à  vne  sienne  voisine,  vefue  de  feu 
monsieur  Bargelonne,  lieulenan  t  par¬ 
ticulier  au  Chastelet  de  Paris ,  pour 
auoir  esté  ainsi  piquée  :  dont  luy  es¬ 
toit  suruenu  (pour  sa  négligence)  vne 
gangrené  et  mortification  totale  du 
bras,  et  en  fin  mourut  misérablement. 
Or  estant  arriué  vers  madame  Fro¬ 
maget,  et  ayant  entendu  la  cause  de 
son  mal ,  promptement  ie  luy  appli- 
quay  sur  le  doigt,  et  semblablement 
sur  la  main ,  vn  cataplasme  fait  d’vn 
gros  oignon  cuit  sous  la  braise,  et  du 
leuain  auec  vn  peu  de  theriaque.  Et 
le  lendemain  matin  ie  luy  fis  tremper 
toute  sa  main  en  de  l’eau  assez  chau¬ 
de,  à  fin  d’attirer  le  venin  au  dehors  : 

I  Ce  sont  làles  deux  paragraphes  que  l’au¬ 
teur  avait  laissés  dans  le  précédent  chapitre, 
et  qui  sont  de  1579.  Ce  qui  suit,  au  con¬ 
traire,  est  de  1575;  c’était  le  24«  et  dernier 
chapitre,  qui  alors  débutait  de  la  manière 
suivante  : 

«  le  ne  veux  encores  laisser  à  reciter 
ceste  histoire  d’vne  piqueiire  de  viue ,  qui 
est  vn  poisson  qui  nous  est  fort  en  v.sage  : 
et  de  sa  piqueure  sourdent  de  pernicieux 
accidens ,  voire  la  mort ,  qui  n’y  donne  or¬ 
dre  de  bonne  heure.  » 

Après  quoi  l’auteur  passait  au  récit  des 
deux  histoires  suivantes,  dont  la  date  peut 
être  ainsi  assez  bien  assignée. 


332  LE  VINGT-TROISIEME  LIVRE 


et  après  ie  luy  fis  plusieurs  scarifica¬ 
tions  superficielles  autour  du  doigt  : 
puis  luy  appliqua  y  dos  sangsues  sur 
lesdites  scarifications,  lesquelles  tirè¬ 
rent  suffisamment  de  sang  :  et  après 
i’appliquay  du  theriaque  dissout  en 
eau  de  vie  :  et  le  lendemain  trouiiay 
son  doigt  et  sa  main  presque  toute 
desenflte,  et  sans  nulle  douleur: 
et  quelques  iours  après  fut  entière¬ 
ment  guarie. 

Autant  en  auois-ie  fait  n’aguercs 
au  cuisinier  de  monsieur  de  Soussy, 
trésorier  de  TEspargne  ,  lequel  se  pi¬ 
qua  semblablement  d’vne  viue,  dont 
tout  le  bras  estoit  enflé  et  enflammé 
iusqu  à  l’espaule ,  et  en  brefs  iours 
fut  pareillement  guari. 

Ces  histoires  seruiront  aux  ieunes 
chirurgiens,  quand  ils  se  trouueront 
ù  l’endroit  de  pareilles  piqueuresC 

Dioscoride  escrit  que  pour  remé¬ 
dier  à  la  piqueure,  faut  appliquer  la 
viue  fendue  par  la  moitié ,  ou  de  l’a- 
luyne,  ou  de  la  sauge,  ou  du  soul- 
pbre  incorporé  auec  du  vinaigre. 


CHAPITRE  XLT. 

eiQVEVRE  DE  LA  TARERONDE  OV 
PASTENAQVE. 

Aëce  escrit  ^  qu’aprés  la  playe  de 
ceux  que  la  lareronde  aura  piqués , 
s’ensuit  vne  douleur  continuelle,  et 
vn  endormissement  de  tout  le  corps, 
et  aucuns  en  meurent  promptement 
auec  conuulsion. 

Pline  dit  *  qu’il  n’y  a  rien  de  plus 

I  Ici  finissait  le  chap.  24  du  livre  de  1675; 
le  dernier  paragraphe  est  une  addition  de 
1579. 

i  TJun  .3.  —  A.  P. 

s  Db.  9,  cap.  48.— A.  P. 


execrable  que  l’aiguillon  enleué  sur 
la  queue  de  la  pastenaque,  lequel  est 
de  grandeur  de  cinq  pouces.  Il  fait 
mourir  les  arbres  qui  en  sont  piqués 
par  la  racine.  Il  dit  d’auantage,  que 
l’aiguillon  est  bon  pour  la  douleur 
des  dents,  quand  l’on  en  scarifie  les 
genciues  :  et  réduit  en  poudre  auec 
ellebore  blanc  ,  les  fait  tomber  sans 
douleur.  Ce  poisson  est  bon  à  man¬ 
ger,  horsmis  la  teste  et  la  queue.  Au¬ 
cuns  de  ces  poissons  ont  deux  aigojl- 
lons ,  autres  vn  seul ,  lesquels  sont 
pointus,  garnis  de  dents  des  deux  cos- 
tés,  comme  dents  de  scie,  se  tournant 
vers  la  teste. 

Oppian  escrit  que  l’aiguillon  est 
plus  venimeux  que  les  fléchés  des 
Perses  enuenimées ,  lequel  garde 
son  venin  encore  que  le  poisson  soit 
mort,  et  n’est,  dit-il ,  seulement  ve¬ 
nimeux  aux  animaux,  mais  aussi  aux 
arbres  et  plantes.  Les  dents  des  ai¬ 
guillons  de  ce  poisson  ont  esté  ren- 
uersées  par  nature  vers  la  teste,  à  fin 
qu’elles  entrent  et  percent  plus  aisé¬ 
ment  ,  et  plus  mal-aisément  sortent , 
pour-ce  qu’en  les  tirant  on  les  tire  à 
contrepoil.  Et  s’il  en  pique  quelque 
poisson, il  le  tient  enferré  comme  d’vn 
hameçon.  Hondelet  dit  que  ses  aiguil¬ 
lons  sont  au  milieu  de  la  queue  *. 

Il  faut  qu’il  y  en  ait  de  plusieurs 
sortes  :  car  i’ay  vne  queue  d’vne  pas¬ 
tenaque,  longue  de  cinq  pieds  et  plus, 
au  commencement  de  laquelle  nais¬ 
sent  et  sont  attachés  deux  aiguillons, 
qu’vn  gentilhomme  de  Bretagne  m’a 
donnée ,  que  ie  garde  en  mon  cabi¬ 
net  ,  laquelle  est  toute  semée  de  pe¬ 
tites  boucles  semblables  à  estoiles , 
fort  aiguës. 

Les  pescheurs  subit  qu’ils  ont  pris 
ce  poisson ,  ils  luy  estent  les  aiguil- 


i  ‘  Rondelet,  an  Hure  des  Poissons.  —  A.  P, 


J3ËS  VESIliNS. 


Ions ,  de  peur  qu’il  ne  les  blesse  de 
son  venin  ;  et  lors  qu’ils  en  sont  pi¬ 
qués,  iis  l’ouurent ,  et  prennent  le 
foye ,  et  l’appliquent  sur  la  playe  : 
aussi  estant  bruslé  et  mis  en  cendre, 
et  posé  sur  la  playe,  est  la  vraye  con¬ 
tre-poison  de  son  venin.  Elle  vit  en 
lieu  fangeux  prés  des  riuages  de  la 
mer,  et  vit  des  poissons  qu’elle  prend 
de  son  aiguillon.  La  flgure  est  comme 
vne  raye. 


CHAPITRE  XLTL 

DE  LA  VENENOSITE  DV  LIEVRE  MARIN. 

Le  liéure  marin  est  appellé  de  Pline 
masse  ou  piece  de  chair  sans  forme  ; 
Ælien  le  compare  à  vn  limaçon  hors 
sa  coquille.  Il  est  fort  venimeux,  par 
le  tesmoignage  de  tous  les  anciens,  et 
partant  il  est  bon  de  le  connoistre  , 
pour  se  garder  d’en  vser  en  viandes, 
et  aussi  le  sentir  ou  le  regarder  par 
trop  ,  et  pour  en  vser  contre  son  ve¬ 
nin  mesme.  Il  naist  en  la  mer  et  aux 
estangs  de  la  mer,  principalement 
fangeux.  Il  est  de  couleur  de  poil 
d’vn  liéure  de  terre.  A  la  teste  il  a  vn 
trou,  par  lequel  il  ie!  te  hors  vne  chair 
mucqueuse,  laquelle  il  relire  quand 
il  veut.  Il  vit  dans  l’eau  limonneuse, 
et  d’ordure  et  vilennie.  Paulus  Ægi- 
neta  ,  Aëce ,  Pline,  Galien  ,  Nicandre, 
disent  qu’il  est  si  venimeux ,  que  si 
vne  femme  grosse  le  regarde ,  elle  vo¬ 
mira  ,  puis  auortera.  Les  hommes  qui 
ont  beu  de  son  poison,  comme  dit 
Dioscoride,  ont  douleur  de  ventre; 
l’vrine  s’arreste  :  et  s’il  aduient  qu’ils 
vrinent,  leur  vrine  sera  rouge  et  san¬ 
guinolente  ;  ils  ont  vne  sueur  puante, 
sentant  le  poisson  ;  ils  vomissent  de 
la  cholere  mesme  auec  du  sang.  Aëce 


333 

dit  qu’ils  deuiennent  iaunes  par  tout 
le  corps.  La  face  s’enfle ,  et  les  pieds, 
et  principalement  le  membre  g('nilal, 
qui  est  cause  que  l’vrine  ne  peut  cou¬ 
ler.  Galien  dit  que  le  liéure  marin 
blesse  et  vlcere  le  poulmon  ‘. 

Sonalexitereet  contre-poison  est  le 
lait  d’asnesse  et  du  vin  cuit,  ou  de  la 
décoction  de  fueilles  de  maulues.  Ce 
liéure  marin  est  bon  à  faire  tomber  le 
poil  :  la  flgure  t’est  icy  représentée  , 
prinse  au  liure  des  Poissons  de  Ron¬ 
delet  2, 


CHAPITRE  XLIII. 

DV  VENIN  DV  CHAT. 

Les  chats  n’infectent  seulement  par 
leur  ceruelle ,  mais  aussi  par  leur  poil, 
haleine  et  regard  ;  car  jacoit  que  tout 
poil  aualé  sans  y  penser  puisse  suffo¬ 
quer  la  personne,  en  estoupant  les 
conduits  de  la  respiration  ,  toutesfois 
le  poil  du  chat  est  dangt  reux  par  sus 
tous  autres  :  leur  haleine  est  infecte 
d’vne  poison  tabiflque.  Et  dit  Mat- 
thiole  auoir  conneu  aucuns ,  prenans 
plaisir  aux  chats  qu’ils  n’eussent  ia- 
mais  dormi  sans  en  auoir  quelques- 
vns  couchés  auprès  d’eux ,  de  l’halei- 
ne  desquels  longuement  altirée  auec 
l’air,  ils  deuindrent  phthisiques,  et 
en  fin  misérablement  moururent.  Les 
chats  aussi  offensent  de  leurs  regards, 
tellement  qu’aucuns  voyans  ou  oyans 
vn  chat,  tremblent  et  ont  vne  peur 
grande,  qui  se  fait  par  vne  antipathie 
venant  de  l'influence  du  ciel. 

Matlhiole  escrit  qu’estant  en  Alle¬ 
magne,  soupant  en  bonne  compagnie 

1  lAure  de  la  lheriaque  à  Pison.  —  A.  P. 

«  J’ai  gardé  cette  phrase  parce  qu’elle  in¬ 
dique  une  des  sources  où  l’auteur  a  puisé. 


LE  VINGT-TROISIEME  LIVRE 


334 

en  vn  poille ,  en  temps  d’hyucr ,  l’v  n 
de  la  troupe  estoit  suiet  ti  cela.  I/bos- 
tesse  connoissant  le  naturel  de  l’hom¬ 
me,  enferma  vn  petit  chat  (qu’elle 
nourrissoil)  dedans  vn  coffre  audit 
poille ,  de  peur  que  ce  personn  âge  le 
voyant  ne  se  courrouçast  :  mais  en¬ 
core  qu’il  ne  vist  ny  ouyst  le  chat , 
peu  de  temps  après  auoir  attiré  l’air 
infect  de  l’haleine  du  chat,  sa  tempe- 
rature  ennemie  des  chats  irritée,  il 
commença  à  suer  et  pallir,  et  en 
tremblant  crier  (non  sans  grande  ad¬ 
miration  de  tous  )  qu’il  y  auoit  vn 
chat  en  quelque  coin  dudit  poille  ; 
alors  on  mit  le  chat  hors  de  la'maison. 

Or  le  chat  infecte  aussi  ceux  qui 
mangent  de  sa  ceruelle,  et  sont  tour¬ 
mentés  de  grandes  douleurs  de  teste, 
et  quelquesfois  en  deuiennent  insen¬ 
sés.  Pour  les  guarir ,  il  les  faut  faire 
vomir ,  et  le  vray  alexitere  est  le  musc 
donné  à  boire  demie  scrupule  auec  de 
bon  vin ,  et  reiterer  ce  remede  tant 
qu’on  verra  estre  besoin. 

le  diray  d’auantage  ,  que  le  chat 
est  vne  beste  pernicieuse  aux  enfans 
du  berceau ,  par  ce  qu’il  se  couche 
sur  leurs  visages ,  et  les  estoufe  ;  par- 
quoy  il  s’en  faut  bien  donner  garde. 


CHAPITRE  XLIV. 

DE  LA  VÉNÉNOSITÉ  DE  CERTAINES 
PLANTES  *. 

Après  auoir  discouru  de  la  vénéno¬ 
sité  des  animaux,  à  présent  il  nous 

1  Ce  chapitre  se  compose  d’un  assez  grand 
nombre  d’articles  divers.  Les  uns  étaient 
distingués  par  une  note  marginale,  les  au¬ 
tres  par  un  titre  en  italique  ;  j'ai  jugé  à  pro¬ 
pos  de  faire  des  litres  avec  les  notes  margi¬ 
nales  à  ceux  qui  n’en  avaient  point,  et  il  n’y 
a  que  le  Dorycnium  pour  lequel  il  m’ait  fallu 
faire  le  titre  moi-même. 


conuient  escrlre  de  celle  d’aucunes 
plantes ,  et  les  accidens  qui  aduion- 
nent  à  ceux  qui  en  auront  pris,  et 
commencerons  à  VApiim  risus. 

Àpiim  rims. 

VApium  riêug ,  autrement  appellé 
Sardonla ,  espece  de  ranuncidus , 
rend  les  hommes  insensés ,  induisant 
vne  conuulsion  et  distension  des  nerfs 
telle  que  les  léiires  se  retirent ,  en 
sorte  qu’il  semble  que  le  malade  rie, 
dont  est  venu  en  prouerbe ,  Ris  Sar- 
donien,  pour  vn  ris  malheureux  et 
mortel.  Son  bezabard  ou  contre -poi¬ 
son  est  le  suc  de  melisse. 

lYapellus  ,  est  chaud  au  4.  degré. 

Le  suc,  fruict  ou  substance  de  Na- 
pellus ,  tue  son  homme  en  vn  iour ,  ou 
en  trois  au  plus  tard.  Mesmes  si  par 
antidotes  et  contre-poisons  exhibés 
en  temps  et  lieu  on  en  réchappé ,  le 
malade  tombe  en  fleure  hectique ,  ou 
en  charlre ,  ou  en  mal  caduc,  comme 
dit  Auîcenne  :  c’est  de  quoy  les  Bar¬ 
bares  empoisonnent  leurs  fléchés  L 
Les  accidens  qu’il  induit  sont  tels  : 
incontinent  les  léures  s’enflamment , 
et  la  langue  s’enfle  :  en  sorte  qu’elle 
ne  peut  demeurer  en  la  bouche  ,  ains 
soft  dehors  auec  grande  hideur  :  les 
yeux  aussi  s’enflamment  et  sortent 
hors  la  teste  :  les  malades  tombent  en 
vertiginosilés  et  défaillance  de  cœur, 
ils  ne  peuuent  mouuoir  ny  bouger 
les  iambes ,  tant  ont  les  cuisses  foi- 
blés  et  débilitées  :  d'ailleurs  ils  ont  le 
corps  enflé  et  terni ,  tant  est  grande 
la  malignité  de  ce  poison.  Son  bezahar 
est  vn  pelil  animal  comme  vne  sou¬ 
ris  ,  qui  s’engendre  prés  la  racine  du- 

1  l'els  venins  sont  premièrement  descritspag 
Malthiûte  )  sur  le  6.  Uu.  de  Dioscoride.  et  par 
Leuinius  au  Hure  des  venins,  —  k.  P. 


DES  VENINS.  335 


dit  Napellus,  seiché  et  pris  en  breu- 
iiage  du  poids  de  deux  drachmes  :  ou 
à  faute  de  ce,  ia  graine  de  raue  ou  de 
naueaux  mise  en  breuuage:  oignant 
le  corps  d’huile  de  scorpions. 

Matthiole,  liure  quatrième  de  Dios- 
coride,  dit  que  toute  la  plante  du  na¬ 
pellus  est  tres'pernicieuse  et  vene- 
neuse  ;  mais  la  racine  est  plus  cruelle 
que  toutes  ses  autres  parties  :  telle¬ 
ment  que  tenue  quelque  espace  de 
temps  dedans  la  main,  iusques  à  ce 
qu’elle  s’y  eschauflfe,  fait  mourir  celuy 
qui  la  tient.  le  sçay,  dit-il,  des  bergers 
estre  morts  pour  auoir  pris  impru¬ 
demment  vne  tige  de  napellus,  pour 
leur  seruir  de  broche  à  rostir  de  pe¬ 
tits  oyseaux. 

Dorycnium  et  solanim  manicum. 

Le  dorycnium  et  solànum  manicum, 
ou  mortale^  ont  accidens  assez  sem¬ 
blables.  Le  dorycnium, baillé  en  breu¬ 
uage,  donne  vn  goust  comme  delaict 
à  celuy  qui  en  a  beu,  induit  sanglots 
continuels,  charge  la  langue  d’humi¬ 
dités,  fait  ietter  le  sang  par  la  bouche, 
et  par  embas  vne  cei-taine  matière 
baueuse,  tout  ainsi  qu’on  voit  és  dy¬ 
senteries  et  caquesangues.  Son  beza- 
har,  sont  toutes  sortes  de  poissons  à 
coquilles,  soyent  cruds  ou  rostis  :  les 
langoustes  aussi  et  escreuisses  de  mer 
y  sont  bonnes,  et  le  bouillon  où  elles 
ont  cuit. 

Quant  à  la  racine  de  solanum  ma¬ 
nicum',  prise  en  breuuage  auec  vin 
au  poids  d’vne  dragme ,  cause  des 
visions  assez  plaisantes  :  mais  si  on  re¬ 
double  le  poids,  ou  qu’on  en  prenne 
trois  dragmes,  elle  rend  la  personne 
insensée  :  et  qui  en  prendroit  quatre, 
elle  la  feroit  mourir ,  comme  escrit 

*  Solanum  manicum ,  froid  au  4.  degré.  •— 

A.  P. 


Dioscoride.  Le  bezahar  est  semblable 
à  celuy  du  dorycnium. 

lasquiame,  froide  au  4.  degré. 

La  iusquiame  induit  vne  alienation 
d’esprit  telle  que  si  on  estoit  yure,  vn 
tournemeut  de  corps  tel  que  les  ma¬ 
lades  se  distordent  les  membres,  auec 
tremblement.  Sur  tout  ce  symptôme 
en  ce  venin  est  insigne  ;  c’est  que  les 
malades  sortent  tellement  hors  du 
sens,  que  l’imagination  en  eux  trou¬ 
blée,  pensent  qu’on  les  fouette  par 
tout  le  corps,  begayans  de  voix,  et 
bramans  comme  asnes,  puis  hennis- 
sans  ainsi  que  cheuaux,  comme  escrit 
Auicenne.  Son  bezahar  sont  les  pista¬ 
ches  mangées  en  bonne  quantité. 
Auicenne  loué  le  theriaque  et  le  me- 
thridat,  et  boire  du  vin  pur.  Aussi  de 
l’aluyne,  et  de  la  rue,  et  du  laict. 

Champignons. 

Des  champignons,  les  vns  sont  ve- 
neneux  de  leur  nature,  sçauoir  ceux 
qui  rompus  changent  incontinent  de 
couleur,  et  se  corrompent  subit  (à 
ceste  cause  Auicenne  disoit  que  les 
champignons  pers  et  verds  estoient 
venimeux  )  :  les  autres,  bien  que  de 
leur  nature  ne  sont  tels,  si  est-ce  que 
pris  en  trop  grande  quantité  engen¬ 
drent  en  nous  accidens  mortels, V raye- 
ment  ie  ne  puis  qu’esmeu  de  compas¬ 
sion  de  la  plus  part  des  hommes  qui, 
poussés  d’vne  trop  grande  friandise, 
ne  se  peuuent  saouler  de  ceste  se¬ 
mence  mortelle,  ie  ne  puis,  dis-ie,  que 
ie  n’enseigne  le  moyen  comment  on 
pourra  manger  les  champignons  sans 
en  sentir  dommage,  sçauoir  :  les  fai¬ 
sant  cuire  auec  poires  saunages  :  au 
defaut  desquelles  on  pourra  vser  de 
poires  domestiques ,  pourueu  qu’on 
prenne  de  celles  qui  sont  plus  aspres, 
sans  regarder  si  elles  sont  fraîches  ou 


336  LE  vingt-troisikMe  livre 


seichées  au  soleil  ;  et  non  seulement 
les  poires,  mais  aussi  les  fueilles  et 
escorces  du  poirier,  tant  sauuage 
que  domestique,  y  sont  bonnes  *.  Car 
la  vraye  contrepoison  du  champi¬ 
gnon,  c’est  le  poirier. 

Tous  les  champignons  en  general 
estranglent  et  estouffent  ceux  qui  en 
mangent  :  mais  ceux  qui  sont  véné¬ 
neux  en  outre  rongent  les  boyaux, 
gouflent  et  enflent  l’eslomach,  don¬ 
nent  pointures,  sanglots,  tremble- 
mens,  oppression  d’arteres,  défail¬ 
lance  de  cœur,  sueurs  froides,  et 
finalement  la  mort.  La  raison  de  tous 
ces  accidens  est  que  tous  champignons 
sont  naturellement  fort  froids  et  hu¬ 
mides  ,  et  mesmes  fort  visqueux  et 
gluans  :  car  pour  parler  à  la  vérité 
de  leur  essence,  ils  ne  sont  autre  chose 
sinon  vne  pituite  excrementitielle  dé 
la  terre,  ou  des  arbres  sur  lesquels  ils 
naissent  :  de  là  vient  que  si  on  en 
prend  en  quantité ,  ils  surmontent  et 
suffoquent  la  chaleur  du  corps,  et 
estouffent  la  personne. 

Leur  bezahar  est  l’ail  mangé  tout 

1  Cet  endroit  du  texte  offre  quelque  chose 
de  singulier  dans  les  éditions  ordinaires. 
Le  texte  qui  précède  indique  que  l’auteur 
parle  sérieusement ,  et  une  note  margi¬ 
nale,  non  moins  sérieuse,  porte;  Moyen  de 
manger  en  seurelé  des  champignons.  Si  on  lit  le 
texte  primitif  de  l’édiiion  de  ISIO,  tel  que 
je  l’ai  conservé  ici,  il  n’y  a  rien  que  de  très 
naturel  et  de  très  logique.  Mais  à  partir  de 
1-585,  à  l’endroit  même  de  cette  note,  l’au¬ 
teur  avait  intercalé  cetle  décision  tran¬ 
chante  :  Ainsi  accouslrés  ,  les  faut  ietler  aux 
priués  ,  et  parlant  ne  feront  nul  mal.  Cela  est 
de  toute  évidence,  mais  alors  ce  n’était  pas 
la  peine  d’annoncer  un  moyen  de  les  man¬ 
ger  en  sûreté.  C’est  pourquoi  j’ai  préféré  le 
texte  primitif,  sauf  à  appeler  l’attention  du 
lecteur  sur  le  passage  de  1585,  qui  contredit 
aussi  absolument  la  première  opinion  de 
l’auteur. 


cru,  comme  dit  le  Conciliator  de  Aba- 
no  :  ou  bien  aussi  le  vinaigre,  de  tant 
que  par  la  tenuité  de  sa  substance, 
il  a  vertu  d’attenuer  et  inciser  les 
humeurs  gluans  et  visqueux  qui,  en¬ 
gendrés  en  nouspar  l’vsage  des  cham¬ 
pignons,  causent  suffocation  ;  comme 
dit  Galien  sur  la  section  5.  des  Epidé¬ 
mies. 

Ephemerum. 

Ceux  qui  ont  pris  de  Vephemerum  , 
que  quelques  vus  nomment  cholehi- 
con.,  ou  bulbe  sauuage.,  sentent  vne 
démangeaison  généralement  par  tout 
le  corps,  tout  ainsi  que  qui  se  seroit 
frotté  d’ortie  ou  de  squille  :  sentent 
vn  rongement  d’intestins,  auec  gran¬ 
de  pesanteur  et  ardeur  d’estomach  : 
mais  quand  le  mal  s’augmente,  on 
vuide  par  le  bas  des  raclures  de 
boyaux  rneslées  auec  du  sang.  Le 
bezahar  est  le  laict  de  femme,  d’as- 
nesse ,  ou  de  vache ,  pris  tiede. 

Mandragore. 

La  mandragore,  prise  en  quantité 
excessiue,  est  venimeuse,  et  de  sa  ra¬ 
cine  et  de  son  fruict  :  elle  assopit  les 
sens,  elle  rend  les  hommes  lasches, 
tristes,  eteslancés, mornes,  et  sans  au¬ 
cune  force,  et  fait  que  les  paliens,  après 
auoir  bien  prié  et  s’estre  bien  tour¬ 
mentés,  s’endorment  en  toute  telle 
sorte  et  habitude  de  corps  que  la 
force  du  venin  les  aura  rencontrés  et 
surpris  :  de  façon  que  les  Médecins 
en  vsoient  anciennement  lors  qu’on 
vouloit  brusler  ou  couper  vn  mem¬ 
bre,  pour  oster  le  sentiment  de  dou¬ 
leur.  Quant  aux  pommes  d’icelles,  el¬ 
les  peuuent  estre  mangées  estans 
meures  ,  et  desnuées  de  leurs  pe-- 
pins  de  dedans,  sans  danger;  mais 
les  mangeant  verdes,  et  auec  leurs 


DES  VENms. 


grains,  elles  sont  mortelles,  et  cau¬ 
sent  des  accidens  mortels.  Car  en 
premier  lieu,  elles  engendrent  vn  feu 
et  vne  ardeur  qui  brusle  toute  la  par¬ 
tie  superficielle  du  corps  ;  le  malade 
a  la  bouche  si  seiche,  qu’il  est  con¬ 
traint  de  demeurer  tousiours  à  gueulle 
bée  pour  attirer  l’air  froid  :  et  qui  n’y 
donne  prompt  remede  mourra  en 
spasme.  Son  bezahar  est  manger  trois 
iours  durant  du  refort  auec  du  pain 
et  du  sel,  comme  escrit  le  Conciliator. 

Il  faut  faire  esternuer  le  malade  :  ce 
mal  se  cure  en  baillant  à  boire  de  la 
graine  de  coriandre ,  ou  de  pouliot 
auec  eau  chaude. 

Pauol  noir. 

L’odeur  fascheuse  du  suc  de  pauot 
noir,  qu’on  appelle  opium,  fait  qu’il 
est  malaisé  à  mesler  parmy  le  boire 
sans  qu’on  s’en  apperçoiue,  tout  ainsi 
qu’on  fait  de  la  mandragore  ;  entendu 
principalement  qu’il  ne  fait  mourir  la 
personne,  si  l’on  n’en  prend  grande 
quantité  :  mais  de  tant  qu’il  y  a  dan¬ 
ger  pour  l’ignorance  des  Médecins  ou 
Apoticaires  qui  en  peuuent  ordonner 
plus  qu’il  ne  faut,  l’on  le  connoistra, 
pour  ce  que  par  sa  frigidité  insigne  il 
induit  vn  sommeil  très-profond,  auec 
vnpruritet  démangeaison  et  frisson, 
si  grande,  que  souuent  le  malade  en 
est  excité  de  sOn  profond  sommeil  : 
au  reste  ils  tiennent  tousiours  les  yeux 
fermés  sans  se  mouuoir.  Ce  trauail 
cause  vne  sueiÿ-  puante  qui  distille 
goûte  à  goûte  :  tout  leur  corps  est 
pâlie  et  transi,  et  ont  les  léures  en¬ 
flammées,  et  leur  voit-on  relascher  la 
mandibule  d’embas  ;  ils  iettent  vn 
souffle  froid  et  lent,  et  lors  qu’on  leur 
verra  les  ongles  ternis,  le  nez  tors,  et 
que  les  yeux  leur  enfonceront,  c’est 
signe  qu’ils  sont  prochains  de  mort.  | 
Le  bezahar  est  le  castoreum  donné  j 


3^7 

à  boire  en  poudre  iusques  à  deux 
dragmes  auec  du  vin. 

De  la  Ciguë. 

La  ciguë,  prise  en  breuuage,  cause 
vertigines,  troublant  l’entendement, 
tellement  qu’on  diroit  les  malades 
estre  enragés  :  offusque  la  veuë,  elle 
prouoque  hocquets,  rend  les  extré¬ 
mités  toutes  gelées,  cause  conuulsion  : 
la  trachée  artere  serrée  et  estoupée, 
ils  meurent  comme  si  on  les  estran- 
gloit.  Parquoy  il  faut  faire  vomir 
promptement  le  malade,  et  luy  bail¬ 
ler  clysteres.  Cela  fait,  il  luy  faut  faire 
boire  de  bon  vin  tout  pur,  ou  mal- 
uoisie,ouhypocras,  à  fin  d’eschauffer 
les  parties  intérieures,  et  mesmes  trois 
ou  quatre  doigts  d’eau  de  vie. 

Matthiole,  sur  le  liure  sixième  de 
Dioscoride,  dit  auoir  conneu  lesdits 
accidens  par  expérience  à  vn  vigne¬ 
ron  ;  cultiuant  ses  vignes  auec  sa 
houë,  par  fortune  arracha  des  raci¬ 
nes  de  ciguë,  cuidant  que  ce  fussent 
racines  de  pastenades,  lesquelles  il 
fil  cuire  en  sa  maison,  et  les  mangea 
à  souper  auec  sa  femme  ;  après  souper 
s’en  allèrent  coucher.  «  A  la  minuit 
»  estans  resueillés  couroient  çà  et  là 
»  par  la  maison,  ne  voyans  goûte, 
»  comme  fols  et  enragés,  se  hurtans 
»  la  teste  contre  les  parois,  tellement 
»  qu’au  matin  ils  estoient  tous  meur- 
»  tris,  et  les  paupières  des  yeux  gros- 
»  ses ,  monstrans  vne  hideuse  face. 
»  Les  voisins  m’appellerent  pour  les 
»  guarir  :  et  m’estant  enquis  des  do- 
»  mestiques  de  ce  qu’ils  auoient  man- 
»  gé  à  leur  souper,  ie  trouue  qu’ils 
»  auoient  mangé  des  racines  de  ci- 
»  gué,  en  lieu  de  pastenades.  Car  ie 

»  me  transporte  en  la  vigne,  où  on  me 

monstra  le  lieu  d’où  le  vigneron 
auoit  tiré  lesdites  racines  :  on  en 
trouua  d'autres  qui  commençoieut 
22 


111. 


LE  VlNGT-TROlSnÎME  LIVRE  , 


338 

»  à  produire  des  fueilles.  Ce  qu’ayant 
»  Cdlisitléiti ,  i'ô  rbuins  subit  vers 
«  les  malades  ailsquels  ,  moyennant 
w  l’aide  de  Dieu  ,  le  fis  retourner  en 
»  peu  de  temps  leur  première  santé  et 
«  enténdement.  » 

Pell'dS  Àtrohensïs  estime  fort  en  ce 
Cas  Vtt  blreUüagé  fait  de  dei^?i  drag- 
niés  de  liieHai^üd  auec  décoction  de 
diclanie  ôu  dé  racinô  de  gentiane 
adéC  du  Vîtl  èl  aliîrmé  que  c’est  le 
vray  autidôte  contre  la  ciguë. 

De  V Aconit. 

t'ÀCôttit  est  Vhé  herbe  qu’aücuns 
àbfelléttt  IM'paria,  parce  qu’elle  tue 
les  luü]ps.  telle  cï-oîst  eh  ACones,  dont 
elle  h  pti^  lé  noih,  qüi  èst  vn  village 
des  Périéhdins.  Matthiolé  dit  qu’on 
en  troune  eh  abondance  aux  mon¬ 
tagnes  de  lYenle  :  tes  païsans  d’a¬ 
lentour  l’appellehl  Yulparià ,  parce 
qu’uutrè  du’elle  lue  les  loups,  elle  tue 
aussi  les  regnards  :  séihblablement 
lés  ebiehs,  chats,  et  lôüs  autres  ani¬ 
maux  gUî  en  mangent  :  elle  tue  les  rats 
et  sourisde  Sa  seule  odeù'r.  Âuicenne 
l’dîi'pellfe  Siranffulà'tor  leopàrdî,  parce 
du’elie  cstranglé  iesléopars.  Dieco- 
iide  dit  due  les  scorpions  touebés  de 
sa  eacine  demeurent  tous  estourdis, 
et  meurent  1  et  mésléè  parmyla  chair 
tue  lès  sangliers ,  loups  et  panthères, 
èl  gen  également  toutes  autres  bestes 
sàüUàgè's.  Lès  flechestrempées  dedans 
son  jus,  leurs  blessüïes  sont  mortel¬ 
les. 

Lés  pfersohnès  ddi  auront  pris  de 
l’aconit  en  beuuant  6ü  mangeant, 
sentent  un  goût  astiingent  et  aucu¬ 
nement  doux,  maïs  après  cèste  as- 

pceté  et  douceur  ils  sentent  une  cer¬ 
taine  amertume ,  ce  qu’èscrit  AëciUs. 

11  cause  Yè'riîgine,  et  perturbation 
de  Vésprit.  Il  fait  venir  les  larmes  aux  1 
yeux  :  il  causé  grande  pesanteur  d’es-  [ 


tomaidi  et  au  ventre  s  et  fait  péter 
somiont.  Il  induit  tremblement  de 
tout  le  corps  auec  grande  enlleure^ 
comme  si  on  ostoit  hydropique.  Pline 
escril  au  Un.  27.  chap.  2,  que  son  ve¬ 
nin  est  vne  poison  si  subite  ^  que  si 
on  en  touche  les  parties  honteuses 
des  animaux  femelles» il  les  fait  mou¬ 
rir  le  mesme  iour. 

Son  principal  antidote  est  de  promp¬ 
tement  vomir.  Le  conciliateur  Petrus 
de  Abano  ‘  ordonne  de  la  sarraaue, 
ou  de  l’aristoloche  longue.  Malthiolc 
dit  que  s’il  y  a  du  venin  dans  le  corps, 
lise  combat  contre  luy»  ayant  fait 
rencontre  de  pareil  ;  et  donne  seule¬ 
ment  ce  combat ,  quand  il  troune  le 
venin  dedans  lés  parties  nobles.  C’est 
miracle  que  deux  venins  mortels 
estans  dedans  vn  corps ,  l’vn  amm'tit 
l’autre,  tellement  que  la  personne 
demeure  saune.  Or  ceste  herbe  est 
figurée  en  Matthiole»  lequel  dit  au'oir 
ses  fueilles  semblables  au  concom¬ 
bre  ,  et  n’en  a  que  quatre  pour  le 
plus,  et  aucunement  velues  et  héris¬ 
sées,  et  pleines  d’aiguiilons-,  sembla¬ 
blement  les  queues.  Sa  racine  est  re¬ 
luisante  comme  albastre  quand  elle 
est  recente,et  de  grosseur  d’vn  doigt, 
large  au  commencement  »  puis  peu 
à  peu  finissant  en  pointe  Courbée 
noueuse,  ressemblant  à  la  queue 
d’vn  scorpion.  Sa  tige  est  longue  d’un 
empan.  Au  sommet»  a  vn  heaume 
semblable  à  celuy  d’vn  homme  d’ar¬ 
mes  (pour  monstrer  qu’il  est  armé 
enuers  tous  et  contre  tous  animaux) 
où  est  enclose  sa  semence,  conte¬ 
nant  vn  cruel  venin ,  mortel  et  dia- 

»  Toutes  les  éditions  portent i  le  Vùnciliix- 
lewel  Petrus  de  -C’est  sans  dotite  uné 
faute  d’impression,  carll  s’agii  ici  d’un  seul 
et  unique  auteur ,  déjà  cité  plusieurs  fois 
dans  ce  chapitre. 


DES  VENINS. 


bolique,par  vne  occulte  et  indicible 
cause. 

De  Vif. 

Il  y  a  semblablement  des  arbres 
venimeux ,  comme  l’if  et  le  noyer. 
Les  cheuaux,  bœufs  et  vaches  qui 
mangent  des  fueilles  de  l’if,  et  les 
hommes  qui  dorment  dessous,  le  plus 
souuent  meurent.  Les  accidens  qu’il 
cause  sont  flux  de  ventre ,  vn  froid 
par  tout  le  corps,  et  vn  esloufiement  à 
l’endroit  de  la  gorge.  Ce  qui  adufent 
non  seulementà  cause  de  sa  froideur, 
mais  aussi  par  vne  particulière  nature 
et  malignité  cachée  en  luy  ;  laquelle 
aussi  particulièrement  pourrit  les  hu¬ 
meurs,  et  esGorche  le  dedans  des 
boyaux. 

Sa  contre-poison  est  semblable  à 
celle  de  la  ciguë.  Nicandre  ordonne 
à  boire  de  bon  vin  pur. 

Du  Noyer. 

Le  noyer  est  semblablement  veni¬ 
meux  comme  l’if.  Ce  que  Greuin  »  dit 
auoir  expérimenté  sans  y  penser.  Car 
ayant  dormi  long  temps  sous  vn 
noyer  en  plein  esté,  il  sentit  tout  le 
corps  refroidi,  auec  vn  grand  mal 
de  teste,  qui  luy  dura  cinq  ou  six 
iours. 

On  peut  user  contre  son  poison  de 
chose  semblable  que  contre  l’if. 


CHAPilRE  XLV. 

DV  BEZAHAR. 

D’autant  qu’en  parlant  des  signes 
de  chacun  venin  à  part,  nous  auons 

1  En  son  Hure  des  venins,  —  A.  P.  C’est  la 
seule  fois  que  l’on  retrouve  le  nom  deGrévin 
conservé  dans  ce  livre  ;  ij  n’en  demeure  pas 


339 

nommé  son  antidote  bezahar,  il  faut 
sçauoirce  que  veut  dire  ce  mot. 

Vrayement  venin  n’est  autre  chose 
que  ce  qui  destruit  la  vie  :  parquoy 
les  antidotes  et  contre-poisons  ont 
esté  appellés  par  les  Arabes  en 
leur  langue  bezahar.,  c’est  à  dire 
en  leur  baragoüin ,  conseruateur 
de  vie.  De  là  est  venu  que  tous 
antidotes  et  contre-poisons  par  ex¬ 
cellence  ont  esté  appellés  bezardica, 
d’vn  mot  emprunté  des  Arabes  :  par¬ 
ce  que  telle  contre  poison  estant  ve¬ 
nue  d’Arabie  et  de  Perse ,  a  esté  con- 
neuë  et  célébrée  par  leurs  escrits , 
sans  que  les  Grecs  en  ayent  fait  au¬ 
cune  mention.  Mais  entre  tous  ceux 
de  nostre  temps ,  en  a  fort  distincte¬ 
ment  parlé  vn  médecin  du  vice-roy 
des  Indes  pour  le  roy  de  Portugal , 
nommé  Garcia  du  lardin  1,  en  l’his¬ 
toire  qu’il  a  composée  des  aromates 
et  simples  naissans  és  Indes. 

Au  pays  de  Perse  (dit-il)  et  en  quel¬ 
que  région  des  Indes ,  se  voit  vne  es¬ 
pece  de  bouc  appellé  en  langue  per- 
siquepo^am  (dont  la  pierre  à  propre¬ 
ment  parler  doit  estre  appellée  pazar, 
du  mot  pazain,  qui  signifie  bouc  : 
mais  nous  d’vn  mot  corrompu  l’appel¬ 
ions  bezar)  pour  la  plus  part  roux  en 
couleur,  de  hauteur  moyenne,  au 
ventricule  duquel  se  concrée  ceste 
pierre  appelée  bezar,  en  forme  de 
presure,  tousiours  augmentant  et 
grossissant  entour  vne  paille,  en 
forme  de  tuniques  d’oignon  couchées 
l’vne  sur  l’autre ,  de  sorte  que  la  pre¬ 
mière  lame  leuée,  celles  de  dessous 
se  monstrent  tousiours  claires  et  res¬ 
plendissantes  de  plus  en  plus,  qui  est 
vu  signe  entre  autres  de  bonne  et  té¬ 
moins  vrai  que  c’est  à  lui  que  Paré  a  fait  le 
plBS  d’emprunts. 

1  Garcia  de  Uorie.  —  A.  P. 


LE  VIJNGT-tllOISIÉME  LIVRE, 


340 

gilimo  pierre  bezahar.  Geste  pierre 
se  voit  de  plusieurs  formes  et  figures, 
mais  ordinairement  elle  se  rencontre 
de  ligure  de  gland,  ou  de  noyau  de 
datte,  de  couleur  de  sang,  tantost 
de  miel,  tantost  de  iaune  paille,  mais 
pour  la  plupart  de  verd  brun, comme 
nous  voyons  es  pommes  qu’on  ap¬ 
pelle  Mala  insana ,  ou  les  chats  qui 
font  la  ciuette.  Geste  pierre  n’a  point 
de  cœur,  ou  noyau  au  milieu ,  mais 
estcaue  en  iceluy,  pleine  d’ vue  pou¬ 
dre  qui  a  mesme  vertu  et  substance 
que  la  pierre  :  au  reste  elle  est  lice  et 
douce,  et  telle  qu’on  la  peut  aisément 
rapper  comme  l’albastre,  mesme 
qu’elle  se  fond  estant  long  temps  en 
l’eau.  Du  commencement  elle  estoit 
assez  commune  et  de  vil  prix,  par-ce 
que  les  marchands  de  ce  pays  de  deçà 
trafiquans  en  Perse  et  és  Indes ,  en 
pouuoient  recouurer  aisément  :  ^mais 
depuis,  sa  force  estant  conneuë,elle  a 
esté  plus  rare  et  chere ,  de  tant  que 
par  Edict  des  Roys  du  païs ,  il  a  esté 
défendu  de  vendre  aucun  bouc  aux 
marchands  de  dehors,  que  premier 
il  n’eust  esté  tué ,  et  sa  pierre  portée 
au  roy.  L’vn  des  moyens  d’esprouuer 
ceste  pierre  si  elle  est  légitimé  ou  non 
(car  on  en  apporte  par  deçà  plusieurs 
adultérées  et  faulses,  qui  fait  que  l’on 
n’adiouste  foy  à  la  vertu  du  bezahar 
tant  singulière)  a  esté  dit  cy  dessus. 
L’autre  est  qu’on  la  comprime  auec 
les  doigts,  après  on  la  fait  bouffer  de 
vent  comme  le  cuir  de  bulle  :  car  si 
on  s’apperçoit  que  l’air  et  vent  passe 
outre ,  elle  est  tenue  pour  faulse  et 
adultérée.  Ils  en  vsent  à  notre  exem¬ 
ple,  non  seulement  contre  les  poisons 
et  venins,  mais  aussi  contre  les  mor¬ 
sures  des  bestes  veneneuses.  Les  plus 
riches  du  païs  se  purgent  deux  fois 
l’an ,  sçauoir  en  Mars  et  en  Septem¬ 
bre  :  cinq  iours  continus  après,  ils 


prennent  pour  chaque  iour  dix  grains 
de  ceste  pierre ,  macérés  en  eau  de 
rose  :  et  pour  tel  remede  ils  disent  la 
ieunesse  et  force  des  membres  leur 
estre  conseruée.  Quelques- vns  en 
prennent  iusques  à  trente  grains,  mais 
les  plus  sages  n’approuuent  point  si 
grande  dose. 

Ledit  autheur  Garcia  dit  auoir 
coustume  d’en  vser  heureusement 
aux  maladies  melancholiques  inue- 
terées,  comme  en  la  galle,  lepre,  dé¬ 
mangeaison,  impetigine  :  et  par  mes¬ 
me  raison  pense  qu’elle  seroit  fort 
propre  contre  la  fléure  quarte,  et  dit 
sçauoir  pour  vray  que  la  poudre  de 
ceste  pierre  ,  en  estant  mise  sus  les 
morsures  des  bestes  venimeuses,  de- 
liure  promptement  de  danger ,  et 
auoir  mesme  force  sur  les  charbons 
de  la  peste ,  iceux  estans  ouuerts , 
sçauoir  qu’elle  chasse  entièrement 
le  venin  pestilent.  Et  de  tant  (  dit-il  ) 
qu’és  Indes  la  verolle  et  rougeolle 
et  herpes  sont  fort  frequens  et  tres- 
1  dangereux  et  mortels ,  nous  en  don¬ 
nons  fort  heureusement  par  chacun 
iour  vn  ou  deux  grains  dans  de  l’eau 
rose. 

Voilà  ce  que  Garcia  du  lardin  es- 
crit  de  la  génération  et  effets  de  la 
pierre  Bezahar,  non  pas  pour  l’auoir 
leu  ou  ouy  dire ,  mais  (comme  il  as- 
seure)  pour  l’auoir  veu  et  expéri¬ 
menté.  Matthiole  chapitre  73  du  Gom- 
mentaire  sur  le  5.  liure  de  Dioscoride, 
dit  auoir  souuentesfois  esprouué  que 
ceste  pierre  est  plus  exquise  contre 
tous  venins,  que  tous  autres  simples 
medicamens,  voire  que  letheriaque 
mesme,  et  tous  autres  contre-poi¬ 
sons.  Abdalanarach  en  escrit  ainsi  : 
l’ay  veu  la  pierre  appellée  Bezahar 
entre  les  mains  des  fds  d’Almizama 
gardien  de  la  loy  de  Dieu ,  pour  la¬ 
quelle  U  bailla  en  eschange  vne  ma- 


gnifique  maison ,  et  presque  vn  pa¬ 
lais  qu’il  auoit  à  Cordube. 

Toutes  lesquelles  choses  ainsi  ex¬ 
pliquées  ,  il  sera  aisé  au  chirurgien 
iuger  de  tel  et  tel  venin  ,  par  les  si¬ 
gnes  d’vn  chacun  d’iceux  mentionnés, 
et  en  faire  rapport  en  iustice  lors  qu’il 
sera  appel  lé. 

Expérience  du  Bezahar  faite  par  le  comman¬ 
dement  du  Roy  Charles  neufiéme. 

Le  Roy  dernièrement  décédé  estant 
en  sa  ville  de  Clermont  en  Auuergne, 
vn  seigneur  luy  apporta  d’Espagne 
vne  pierre  de  Bezahar ,  qu’il  luy  af- 
fermoit  eslre  bonne  contre  tous  ve¬ 
nins  ,  et  l’estimoit  grandement.  Or 
estant  alors  en  la  chambre  dudit  sei¬ 
gneur  Roy  ,  il  m’appella  ,  et  me  de¬ 
manda  s’il  se  pouuoit  trouuer  quel¬ 
que  certaine  et  simple  drogue,  qui 
fust  bonne  contre  toute  poison  ;  où 
tout  subit  luy  respons ,  que  non  ,  di¬ 
sant  qu’il  y  auoit  plusieurs  sortes  et 
maniérés  de  venins,  dont  les  vns  pou- 
uoient  estre  prins  par  dedans,  les  au¬ 
tres  par  dehors.  le  luy  reraonstre  que 
les  venins  ne  font  leurs  effets  d’Vne 
mesme  sorte ,  et  ne  precedent  lesdits 
effets  d’vne  mesme  cause  :  car  aucuns 
opèrent  paf  l’excès  des  qualités  élé¬ 
mentaires,  desquelles  ils  sont  com¬ 
posés  :  autres  opèrent  par  leur  pro¬ 
pre  qualité  spécifique ,  occulte  et  sé¬ 
crété  ,  non  suiette  à  aucune  raison  ; 
et  selon  la  diuersité  d’iceux  falloit 
contrarier  :  comme  s’ils  estoient 
chauds  ,  estoient  guaris  par  remedes 
froids,  et  les  froids  par  remedes 
chauds ,  et  ainsi  des  autres  qualités. 
Ledit  seigneur  qui  apporta  la  pierre, 
voulut  outre  mes  raisons  soustenir 
qu’elle  estoit  propre  contre  tous  ve¬ 
nins.  Adonc  ie  dis  au  Roy ,  qu’on 
auoit  bien  moyen  d’en  faire  certaine 
experiencé  sur  quelque  coquin ,  qui 


auroit  gaigné  le  pendre  :  lors  promp¬ 
tement  enuoya  quérir  monsieur  de 
la  Trousse  ,  preuost  de  son  hostel ,  et 
lui  demanda  s’il  auoit  quelqu’vn  qui 
eust  mérité  la  corde.  Il  luy  dist  qu’il 
auoit  en  ses  prisons  vn  cuisinier  ,  le¬ 
quel  auoit  desrobé  deux  plats  d’ar¬ 
gent  en  la  maison  de  son  maistre,  où 
il  estoit  domestique,  et  que  le  lende¬ 
main  deuoit  estre  pendu  et  estranglé. 
Le  roy  luy  dist  qu’il  vouloit  faire  expé¬ 
rience  d’vne  pierre  qu’on  disoit  estre 
bonne  contre  tous  venins ,  et  qu’il 
sceust  dudit  cuisinier  après  sa  con¬ 
damnation,  s’il  vouloit  prendre  quel¬ 
que  certaine  poison,  et  qu’à  l’instant 
on  luy  bailleroit  vne  contre-poison  , 
et  que  où  il  eschapperoit,  il  s’en  iroit 
la  vie  sauue  :  ce  que  ledit  cuisinier 
tres-volontiers  accorda,  disant  qu’il 
aimeroit  trop  mieux  encore  mouiir 
de  ladite  poison  en  la  prison ,  que 
d’estre  estranglé  à  la  veuë  du  peuple. 
Et  tost  après  vn  Apoticaire  seruant 
luy  donna  certaine  poison  en  potion, 
et  subit  de  ladite  pierre  de  Bezahar. 
Ayant  ces  deux  bonnes  drogues  en 
l’estomach  il  se  print  à  vomir,  et  bien 
tost  aller  à  la  selle,  auecques  grandes 
e.spreintes ,  disant  qu’il  auoit  le  feu 
au  corps,  demandant  de  l’eau  à  boire, 
ce  que  ne  luy  fut  refusé.  Vne  heure 
après,  estant  aduerti  que  ledit  Cui¬ 
sinier  auoit  pris  ceste  bonne  drogue, 
priay  ledit  seigneur  de  la  Trousse  me 
vouloir  permettre  l’aller  voir,  ce 
qu’il  m’accorda,  accompagné  de  trois 
de  ses  archers  ;  et  trouuay  le  panure 
cuisinier  à  quatre  pieds,  cheminant 
comme  vne  beste  ,  la  langue  hors  la 
bouche,  les  yeux  et  toute  la  face 
flamboyante,  désirant  tousiours  vo¬ 
mir,  auec  grandes  sueurs  froides  ;  et 
iettoit  le  sang  par  les  oreilles  ,  nez  , 
bouche,  par  le  siégé  et  par  la  verge. 
I  le  luy  lis  boire  enuiron  demy  scxlier 


LE  VINGT-TROISIEME  LIVRE 


342 

d’huile ,  pensant  luy  aider  et  sauuer 
la  vie  ;  mais  elle  ne  luy  seruit  de  rien, 
par-ce  qu’elle  fut  baillée  trop  tard  : 
et  mourut  misérablement,  criant  qu’il 
luy  eust  mieux  valu  estre  mort  à  la 
potence  h  II  vescut  sept  heures  ou  en- 
uiron.  Et  estant  décédé,  ie  fis  ouuer- 
ture  de  son  corps  en  la  presence 
dudit  seigneur  de  la  Trousse  et  qua¬ 
tre  de  ses  archers  ,  où  ie  trouuay  le 
fonds  de  son  estomach  noir,  aride  et 
sec,  comme  si  vn  cautere  y  eust 
passé  ;  qui  me  donna  connaissance 
qu’il  auoit  auallé  du  sublimé,  et  par 
les  accidens  qu’il  auoit  pendant  sa 
vie. 

Et  ainsi  la  pierre  d’Espagne,  comme 
l’experience  le  monstra, n’eut  aucune 
ver  tu .  A  ceste  cause  le  Roy  commanda 
qu’on  la  iettast  au  feu  :  ce  qui  fut 
fait. 


CHAPITRE  XLVI, 

DES  METAVX  ET  MINERAVX  VENIMEVX^. 

Les  métaux  et  minéraux  viennent 
de  la  terre  et  des  fournaises.  Aucuns 
sontveneneux,  comme  arsenic,  subli¬ 
mé  ,  piastre,  ceruse,  litharge,  verd  de 
gris,  orpiment,  limeure  de  fer  et  d’ai¬ 
rain,  aymant,reagal,chaux, et  autres. 

De  l’arsenic  sublimé. 

Ceux  qui  ont  pris  du  sublimé,  subit 
la  langue  et  le  gosier  leur  deuien- 

1  Matlhiole  narre  vne  semblable  histoire  du 
Pape  Clernent  7.  lequel  voulut  faire  espreuue 
pour  le  bien  public  d’vn  antidote,  cha.  9.  liu.  9. 
sur  Dioscoride.  —  A.  P. 

2  Ce  chapitre  contenant  un  grand  nombre 
d’articles  très  divers,  je  les  ai  séparés  en 
érigeant  en  titres  spéciaux  les  notes  margi- 
naies  qui  les  annonçaient  dans  les  éditions 
onclennesi 


nent  si  aspres  que  s’ils  auoient  pris 
du  jus  de  cormes  vertes,  laquelle  as- 
preté  ne  se  peut  Oster  par  nuis 
gargarismes  lenitifs ,  sinon  qu’auec 
grande  difticulté  et  longueur  de 
temps.  Car  subit  qu’il  est  descendu 
en  l’estomach,  il  s’attache  contre; 
pour  ceste  cause  ille  ronge  et  vlcere 
peu  de  temps  après.  11  cause  vne  soif 
insatiable  et  des  angoisses  indicibles. 

Il  suruient  enfleure  à  la  langue,  dé¬ 
faillance  de  cœur',  suppression  d’v- 
rine,  difficulté  de  respirer,  trenchées 
au  ventre  et  à  l’estomach  intoléra¬ 
bles,  auec  vne  contorsion  de  membres 
si  grande ,  que  si  on  n’y  remedie 
promptement,  les  panures  empoison¬ 
nés  meurent,  les  intestins  et  estomach 
rongés  et  percés,  et  de  couleur  noire, 
comme  si  vn  fer  ardant  y  eust  passé. 
Les  patiens  iettent  le  sang  par  les 
oreilles,  nez,  bouche,  par  la  verge  et 
le  siégé  :  et  i’atteste  auoir  veu  au  pan¬ 
ure  larron  cuisinier,  cy  dessus  men¬ 
tionné  ,  tous  les  accidens  susdits. 

On  guarit  ceux  qui  en  ont  auallé , 
et  tous  autres  venins  corrosifs  ,  par 
mesmes  remedes  qui  ont  esté  cy  des¬ 
sus  baillés  à  ceux  qui  ont  pris  des 
cantharides. 

P^erd  de  gris. 

Le  verd  de  gris  estoupe  si  fort  les 
conduits  de  la  respiration  ,  qu’il  es- 
touffe  ceux  qui  en  auront  auallé.  On 
les  guarit  comme  ceux  qui  auront 
pris  de  l’arsenic;  le  bain  pareillement 
leur  est  profitable. 

La  litharge, 

La  litharge  beuë ,  cause  vne  pe¬ 
santeur  d’estomach  et  du  ventre, 
empesche  d’vriner,  et  rend  le  corps 
enflé  et  liuide.  On  y  remedie  faisant 
vomir  le  malade,  puis  subit  luy  don¬ 
nant  de  la  fiente  seiche  de  pigeon, 


OFS  VENINS. 


délayée  en  bon  vin.  Petrus  Aponensis 
commande  boire  de  i’buile  d’amen¬ 
des  douces,  et  manger  des  figues 
seiche^.  Il  çst  pareillement  bon  leur 
bailler  clysteres  relasphans  et  bu- 
meclaps ,  et  leur  frotter  ie  ventre  de 
beurre  frais  ou  bufie  de  lys, 

L’escaiUe  d’airain. 

L’escaille  d’airain  estant  heuë, 
cause  fiux  de  veptre  et  grand  vomis^ 
sement,  qui  proui$nt  des,  pointures  et 
douleurs  de  l’estoroaeb.  gon  contre¬ 
poison  est  de  faire  vomir  prompter 
ment  le  malade ,  puis  après  le  faire 
baigner  dans  vn  bain  qù  l’on  aura 
mis  grande  quantité  d’escargots  ;  et 
luy  frotter  le  tfiorav  et  le  ventre  de 
beurre  et  buile  de  Iis  ^  et  luy  donner 
clysteres  relasaus  et  bmnectans. 

L’aimant, 

b’aimant  rend  fols  ceu^  qui  en  ont 
pris:  son  contre-poison  est  l’or  snb; 
tilement  puluerisé ,  et  la  pierre  d’e- 
meraude  beuë  aueç  bon  vin,  et  clys^ 
teres  de  laict  et  d’bnile  d’amendes 
douces. 

Limeure  de  plomb  ^  et  mex^e  de.  fer. 

ba  limeure  de  plomb  et  merde  de 
fer  font  grands  tourmens  pareiller 
ment  à  ceux  qui  en  auront  pris  par 
dedans,  beur  pontre-poison  est  boire 
grande  quantité  de  laict ,  et  beurre 
fraisfondu.  ou  huile  d'amendes  douces 
tirée  sans  feu ,  et  leur  donner  elyste- 
res  relaschans  et  bumectans  :  et  con¬ 
tinuer  ces  remedes  iusques  à  ce  que 
les  douleurs  et  tranchées  soient 
passées, 

J}u  Reagal. 

Le  reagal,  pour  eslre  de  nature  fort 
cltaude  et  seiche ,  induit  soif  et  es- 
chauffaison  et  ardeur  par  tout  le 


34.3 

corps,  auec  telle  eonsommation  do 
toutes  les  humidités ,  qu’cncores  que 
l’on  sauue  la  vie  auv  paticns  par 
prompts  et  souuerains  remedes,  si 
demeurent-ils  toutesfuis.  perclus  do 
leurs  membres  par  vehemente  resic- 
oation  et  contraction  de  toutes  les 
ioiptures,  Son  alexitere  est  l’huile  de 
pignolat,  donnée  promptement  ins- 
ques  à  demie  liure,  et  puis  vomir: 
après  donner  b  boire  du  laict ,  et  en 
faire  clysteres ,  et  nourrir  le  malade 
de  bottillons  gras. 

Chaux  ville  et  orpigment. 

ha  cbauv  viue  et  orpigment, que  les 
Qrecs  appellent  qrÿe^jçMm,  pris  en 
hreuuage,  rongent  l’estpmacb  et  les 
intestins  auec  grandes  douleurs  :  ils 
causent  vne  soif  intolérable,  auep  vne 
aspérité  de  gorge,  difficulté  de  respi¬ 
rer,  suppression  d’vrlne  et  dysenterie. 
Il  faut  remédier  auec  toutes  choses 
qui  ont  vertu  d’esteipdre  leur  acrimo¬ 
nie  ,  et  gui  soient  relaxans  et  bumec¬ 
tans  :  comme  le  suc  de  guimauue, 
mauue ,  violiers  de  Mars ,  décoction 
de  graine  de  lin  ,  bottillons  gras,  et 
généralement  toutes  choses  cy-dessus 
mentionnées  aux  remedes  des  cantha¬ 
rides. 

L’eau  forte. 

Il  est  fort  difficile  pouuoir  remé¬ 
dier  à  l’eau  forte ,  de  laquelle  les  or- 
féures  séparent  l’or  de  l’argent ,  par¬ 
ce  que  tout  subit  elle  bruslela  gorge 
et  l’estomach.  Il  y  faut  remedier 
comme  à  la  efiaux  et  orpigment. 

La  Ceruze. 

ha  ceruzp  cause  hocquets  et  la 
touv»  et  rend  la  langue  seiche,  et 
les  extrémités  du  corps  froides  et  stu¬ 
pides  ,  et  leurs  yeux  clinettent  tou- 
siours  ;  et  souuont  en  .plein  leur  il 


LE  VINGT-TR01Si:ÉME  LIVRE, 


344 

semble  au  malade  qu’il  voit  quelque 
fantosme  :  leur  vrine  est  noire,  et 
souuent  sanglante  :  s’ils  ne  sont 
promptement  secourus  ils  suffoquent 
et  meurent.  Le  remede,  selon  Aëce 
et  Auicenne,  est  de  leur  faire  boire  de 
la  scammonée  ,  auec  eau  miellée ,  et 


CHAPITRE  XLVII. 

DE  LA  PROPRIETE  DE  l’ARGENT-VIF  L 

L’argent-vif  a  esté  ainsi  nommé 
par-ce  qu’il  représente  l’argent  en 

1  Ce  chapitre  se  lisait  d’abord ,  au  moins 
en  partie,  dans  le  livre  de  la  grosse  Verolle, 
édition  de  1575,  où  il  faisait  le  chapitre  10 
(voyez  tome  II,  page  541).  Dès  1579,  il  avait 
été  transporté  ici  avec  de  très  grandes  aug¬ 
mentations.  Le  fond  et  souvent  la  forme  en 
sontempruntésàThierry  delléry  :Z«meràode 
curatoire  de  la  maladie  venerienne,  1552,  page 
101  ;  et  il  est  à  regretter  peut-être  que  Paré 
n’ait  pas  toujours  suivi  une  aussi  compé¬ 
tente  autorité.  Je  signalerai  les  passages  qui 
8C  trouvaient  déjà  dans  l’édition  de  1575. 


couleur,  et  aussi  pour-ce  qu’il  est 
quasi  en  vn  perpétuel  mouuernont , 
et  semble  qu’il  soit  vif. 

Il  y  a  grande  contrariété  entre  les 
anciens  qui  ont  escrit  du  vif-argent. 
Les  vns  tiennent  qu'il  est  chaud, 
comme  Galien,  liure  quatrième  des 
Simples,  Ilaliabbas  en  sa  seconde  prac- 
tique,  chapitre  cent  quarante  huit  : 
Rhases  au  3.  ad  Almensor  ■.  kv'isioie  4. 
ü/efeor.,  Constantin,  Isaac,Platearius, 
Nicolas  Massa.  Or  véritablement  ils 
ont  tous  raison  sur  ce  qui  est  dit , 
que  l’on  prend  indication  des  remedes 
qui  aident  et  quinuisentid’auantage 
il  est  d’vne  substance  si  ténue,  qu’il 
pénétré  les  corps  métalliques  fort 
durs  et  les  dissout ,  et  fait  autres  ac¬ 
tions  de  chaleur,  comme  d’attenuer, 
inciser,  penetrer ,  subtilier,  résoudre, 
seicher,  prouoquer  sueurs ,  flux  de 
ventre ,  vrines  ,  flux  de  bouche  :  et 
non  seulement  vacue  les  humeurs 
subtils ,  mais  aussi  les  gros ,  cras  et 
visqueux,  ce  qu’on  voit  à  l’œil  aux 
verollés  qui  en  vsent  par  les  frictions 
ou  par  emplastres  :  lesquelles  choses 
ne  se  peuuent  faire  que  par  medica- 
mens  chauds  et  de  subtile  substance  , 
ce  que  fait  l’argent  vif.  Autres  disent 
qu’il  est  extrêmement  froid  et  hu¬ 
mide  ,  d’autant  qu’il  stupéfié  et  ap- 
paise  toutes  douleurs ,  estant  appli¬ 
qué  aux  onguens  et  emplastres, 
réfrénant  les  ardentes  pustules  phleg- 
moneuseset  cholériques  :  d’auantage, 
pour  sa  grande  humidité  ,  il  amollit 
les  tumeurs  dures,  et  dlssoult  celles 
qui  sont  faites  par  concrétion  ;  ce 
qu’on  voit  auxtophes  et  nodusdesos  : 
aussi  ceux  qui  en  ont  esté  IVottés , 
ou  pris  par  parfums,  ont  leur  haleine 
puante,  qui  est  vn  signe  qu’il  pourrit 
par  son  excessiue  humidité',  les  hu¬ 
meurs  qu’il  trouue  en  l’ostomach  et 
parties  voisines. 


autres  choses  qui  ont  vertu  de  les 
faire  beaucoup  vriner.  Il  ne  faut  ou¬ 
blier  à  les  faire  souuent  vomir,  et  leur 
donner  clysteres  humectans  et  relas- 
chans. 

Piastre. 

Le  piastre  s’endurcit  comme  pierre 
en  l’estomach ,  et  ceux  qui  en  ont 
auallé  estranglent ,  par-ce  qu’il  re¬ 
serre  les  conduits  de  la  respiration 
On  les  guarit  comme  ceux  qui  ont 
mangé  des  champignons.  Auicenne 
dit  qu’il  faut  remedier  comme  à  ceux 
qui  ont  pris  de  la  ceruze.  Et  si  le 
ventre  est  constipé,  on  leur  baillera 
clysteres  composés  d’huile  et  de 
gresse  de  canard ,  et  leur  oindre  le 
ventre  d’huile  de  lys  et  de  beurre. 


DKS  VENINS. 


D’abondant ,  Auicenne  ameine  vn 
exemple  d’vn  singe ,  lequel  ayant 
beu  de  l’argent-vif,  mourut  :  et  l’ayant 
ouuert ,  on  trouua  du  sang  coagulé 
autour  du  cœur.  Semblablement 
Matthiole  sur  le  Commentaire  de 
Dioscoride,  chapitre  vingt-huitième, 
dit  que  le  vif-argent  fait  mourir  les 
personnes  qui  en  prendroient  en  trop 
grande  quantité  ,  par  son  excessiue 
froideur  et  humidité  ,  par  ce  ,  dit-il, 
qu’il  corgele  le  sang  et  les  esprits  vi¬ 
taux  de  toute  la  substance  du  cœur. 

Ce  qui  a  esté  conneu  de  Petrus 
Aponensis  ,  par  ceste  histoire  ;  qu’vn 
Apolicaire  surpris  d’une  tiéure  très- 
ardente  ,  tourmenté  d’une  soif  intolé¬ 
rable,  et  troublé  de  son  entendement, 
allant  çà  et  là,  vint  en  sa  boutique 
cherchant  quelque  breuuage  pour  se 
desalterer  :  par  fortune  il  print  la 
boette  du  vif- argent,  et  en  beut  en 
grande  quantité  ,  en  lieu  d’eau  :  cela 
fait,  il  s’en  retourna  coucher,  ou  peu 
d’heures  après  il  mourut.  Ses  serui- 
teurs  ayans  trouué  grande  quantité 
de  vif-argent  sorti  par  le  fondement, 
appellerent  les  Médecins  pour  sça- 
uoir  la  cause  de  la  mort ,  qu’ils  esti- 
moient  vn  grand  miracle  :  lesquels 
commandèrent  d’apporter  la  boette 
du  vif-argent ,  laquelle  estant  vuide , 
ils  conneurent  la  cause  de  la  mort 
aduenue  à  l’apoticaire.  D’auantage , 
le  corps  mort  et  ouuert ,  Irouuerent 
encore  dedans  l’estomach  et  intestins, 
enuiron  vne  liure  d’argent-vif  ,et  du 
sang  congelé  autour  du  cœur  ‘. 

Qui  est  cause  pour  prouuer  le  vif- 

1  Celle  histoire  est  absurde,  ou  du  moins 
la  conclusion  que  l’auteur  prétend  en  tirer; 
et  on  a  d’autant  plus  sujet  de  s’étonner  que 
Paré  l’ail  admise,  que  Thierry  de  Héry  avait 
donné  des  preuves  irréfragables  de  l’inno¬ 
cuité  du  mercure  pris  à  l’intérieur.  D’ail- 


345 

argent  estre  extrêmement  froid,  pour 
raison  de  ladite  coagulation.  Autres 
le  disent  froid ,  pour-ce  qu’il  est  fait 
de  plomb  et  autre  matière  froide  , 
qui  ne  s’ensuit  pas  :  car  la  chaux  viue 
est  faite  de  cailloux  et  pierres  froi¬ 
des,  neantmoins  est  chaude  et  caus¬ 
tique. 

Paracelse ,  liure  quatrième  De  la 
nature  des  choses  ‘ ,  dit  le  vif-argent 
estre  chaud  au  dedans,  et  froid  ait  de¬ 
hors  :  c’est  à  sçauoir,  qu’estant  tel 
comme  il  vient  de  la  mine,  qu’il  est 
froid  :  mais  quand  il  est  préparé  par 
art ,  que  sa  frigidité  est  ostée  ,  et  que 
sa  chaleur  qui  est  au  dedans  se  ma¬ 
nifeste  ,  en  sorte  qu’il  sert  de  teinture 
à  la  transmutation  des  métaux.  C’est 
vne  reigle  generale  des  Alkemistes , 
que  tous  métaux  sont  froids  en  leur 
dehors ,  à  cause  de  la  partie  aqueuse, 
laquelle  y  prédominé  :  mais  au  de¬ 
dans  ils  ont  vne  grande  chaleur,  la¬ 
quelle  apparoist  lors  que  la  froideur 
se  séparé  auec  l’humidité,  par  le 
moyen  du  mesme  suiet  qu’elles  ont, 
à  sçauoir  l’humidité  :  deuiennent  caus¬ 
tiques  par  la  calcination 2. 

Aucuns  ont  opinion  qu’il  est  vene- 
neux,  neantmoins  l’experience  mons¬ 
tre  le  contraire  :  ce  que  plusieurs 

leurs  on  verra  lout-à-l’heure  Paré  lui-même 
apporter  des  exemples  tout-à-fait  contra¬ 
dictoires  avec  celte  conclusion. 

1  Nous  avons  vu  déjà  Paré  citer  ailleurs 
Paracelse:  mais  il  avait  ensuite  efl’ucé  sa 
citation,  tandis  que  celle-ci,  donnée  en 
1579,  est  restée  dans  toutes  les  éditions. 

2  Au  lieu  de  celte  longue  discussion,  le 
chapitre  de  1575  portait  seulement  : 

«  Quant  aux  qualilez  du  vif  argent ,  plu¬ 
sieurs  en  sont  en  grande  controverse  ;  car 
aucuns  disent  qu’il  est  froid  ,  les  autres 
chaud.  Or  véritablement  par  ses  operations 
on  peut  le  dire  estre  chaud  ,  parcequ’ii  at¬ 
ténué  ,  incise,  pénétré,  et  résout,  etc.  » 


LE  VINGT-TROISIEME  LIVRE 


346 

doctes  personnages  lesnioignent.  Ma- 
rianus  Sanclus  Barolitanus ,  homme 
fort  expérimenté  en  la  Chirurgie, 
traitant  De  casu  et  offensione  ^ ,  dit 
aiioir  veu  plusieurs  qui  en  ont  auallé 
sans  aucune  incommodité  ou  lésion. 
Et  pour  confirmation  de  son  dire, 
raconte  vne  histoire  d’vne  femme ,  à 
laquelle  afferme  auoir  veu  prendre 
pour  quelque  intention  ,  à  plusieurs 
et  diuerses  fois  ,  vne  liure  et  demie 
de  vif-argenj ,  qu’elle  reiettoit  par  le 
siégé  sans  aucun  dommage.  Mesmes 
il  dit ,  qu’en  l’Iliaque  passion  (dite 
Miserere  mei  ,  maladie  mortelle)  que 
plusieurs  estoient  eschappés  en  pre¬ 
nant  trois  onces  d’argent- vif  auec  de 
l’eau  simplement^.  Ce  qui  aduient, 
d’autant ,  dit-il ,  que  par  sa  pondero- 
sité  destourne  l’intestin,  et  pousse 
la  matière  fecale  endurcie  en  bas  ; 
ainsi  qu’au  ons  escrit  cy  deuant  par- 
lans  de  la  colique.  D’auantage  il  af¬ 
ferme  autres  auoir  esté  guaris  de  la 
colique,  en  prenant  trois  onces  de  vif- 
argent®. 

1  Cette  citation  est  empruntée  à  Thierry 
de  Héry. 

®  L'aiuheitr  n'appreuue  teste  quantité  d'at'- 
gent  vif.  —  A.  P. 

S  Ce  paragraphe  se  trouve  déjà  presque 
textuellement  dans  le  livre  de  la  grosse  Ve- 
roUe  de  1515  j  mais  auparayant  on  en  lisait 
un  autre  assez  cnrieui  qui  a  été  retranché 
en  1579  : 

«  Or  plusieurs  estiment  que  le  vif  argent 
par  les  frictions  ou  emplastres  pénétré  au 
dedans  des  parties  où  il  est  appliqué  :  ce 
qui  est  faux.  Car  il  n’y  a  que  sa  puissance 
et  faculté  qui  besongne,  sans  aucunement  y 
entrer  :  ce  qui  se  voit  par  l’application  des 
emplastres  de  de  Vigo  cum  mercurio  où  ia- 
rnais  le  vif  argent  ne  laisse  la  masse  de 
l’emplaslre,  neantmoins  fait  son  action: 
comme  pi  ouoquer  Ilux  de  bouche  et  de  ven¬ 
tre  ;  et  apres  son  operation  estant  fondue, 
on  irouuo  lo  vif  urgent  en  telle  quantité 


Antonius  Musa  dit  qu’il  a  de  cous- 
tume  eu  donner  à  boire  aux  pelils 
enfans  eslans  demy  morts,  à  l’occa¬ 
sion  dos  versC  Ce  qui  est  encore 
approuué  par  Auicenne,  où  il  dit, 
que  plusieurs  en  boiuent  sans  en  estre 
aucunement  endommagés  AussJ 
ledit  Auicenne  l’ordonne  pour  la 
teigne  des  petits  enfans ,  et  mesme 
en  ses  ongueiis  pour  la  rongne,  Sem¬ 
blablement  on  voit  ordinairement  les 
bonnes  femmes  de  village  en  frotter 
la  teste  de  leurs  petits  enfans,  estant 
mixtionné  auec  beurre  ,  ou  gresse  de 
porc  ,  pour  faire  mourir  leurs  poux, 
Matthiole  dit ,  qu’aucuns  en  donnent 
pour  le  dernier  remede  aux  femmes 
quinepeuuent  accoucher,  le  proteste 
que  i’en  ay  fait  aualler  vne  liure  à 
vn  petit  et  ieune  chien  ,  l’ayant  re- 
ietté  par  le  siégé ,  sans  ressentir  au^ 
cun  mal®,  Toutes  lesquelles  choses 
me  font  iuger  iceluy  n’estre  venb 
meux. 

Voila  ce  que  i’ay  pu  recueillir  des 
autheurs,  tant  anciens  que  modernes, 
Et  ne  nous  faut  arrester  aux  dispu¬ 
tes,  mais  ùTaction  et  faculté  d’iceluy, 
chose  plus  necessaire  que  toutes  dis¬ 
putes  qu’on  en  peut  faire. 

Et  quant  ù  ses  actions  et  facultés , 

comme  auparauant  qu’elle  y  fust  appliquée  : 
par  quoy  ou  peut  dire  que  sa  substancp 
n’entre  au  dedans ,  mais  sa  seule  qualité.  » 

1  Antonius  Musa ,  au  traité  cies  metausç,  — 
A.  P, 

2  Auicenne,  au  chapitre  de  qrgento  viuo.  — 

A.  P. 

*  Thierry  de  Héry  avait  fait  et  répété  cette 
expérience  avant  Paré  :  ouv.  cité,  page  102. 
Au  reste  la  première  et  la  dernière  phrase 
de  ce  paragraphe  se  lisaient  déjà  à  la  lin 
du  chap.  de  1575.  On  y  trouvait  aussi,  mais 
dans  une  autre  place,  la  citation  d’Avicenne 
pour  la  rongne  et  l’exemple  des  homes  fem^ 
mes  de  vitlayei 


DES  VENINS. 


nous  le  voyons  estre  le  vray  alexitere, 
et  contre-poison  de  la  grosse  verolle  : 
et  propre  aux  vlceres  malin gs  de 
quelque  genre  qu’ils  puissent  estre , 
de  façon  qu’il  consomme  la  virulence 
et  milignilé  qui  est  en  eux,  plus  que 
nuis  autres  remedes  opeçanspar  leurs 
qualités  premières.  Spécialement  si 
on  en  frotte  vne  lamine  de  plomb  , 
comme  l’enseigne  le  bon  vieillard 
Ouidon ,  et  qu’on  l’applique  sur  l’vl- 
cere  en  le  bandant  proprement ,  ra¬ 
mollit  les  bords  desdits  vlceres  :  es¬ 
tant  continuée  ameine  l’vlcere  à 
cicatrice ,  ce  que  i’ay  conneu  par  di- 
uerses  fois.  Ce  qui  est  aussi  confirmé 
par  Galien,  lequel  l’appreuue  pour  les 
vlceres  malin  gs  et  pour  les  chancres  C 

Mesmes  nous  voyons  par  expé¬ 
rience,  que  le  plomb  (lequel  aucuns  di¬ 
sent  veneneux  ,  par-ce  que  l’argent- 
vif  est  fait  deluy)  peut  demeurer  long 
temps  en  nostre  corps  sans  faire  au¬ 
cune  corruption  :  comme  l’on  peut 
connoistre,  en  ceux  qui  ont  eu  des 
coups  de  harquebuses  ,  la  balle  de¬ 
meurer  aux  parties  charneuses  par 
l’espace  de  trois ,  quatre ,  voire  dix 
ans,  et  descendre  du  haut  en  bas  sans 
faire  aucune  putréfaction  ou  nui¬ 
sance  à  nature  ;  qui  demonstre  n’a- 
uoir  nulle  vénénosité,  mais  plustost 
quelque  chose  de  familiarité  auec 
nostre  nature.  Galien  ne  dit  pas  que 

1  Ce  paragraphe  se  lisait  déjà  dans  l’édi¬ 
tion  de  1575,  où  il  suivait  immédiatement 
le  texte  reproduit  à  la  note  de  la  page  précé¬ 
dente;  seulement  il  y  avait  une  variante 
qu’il  n’est  pas  sans  intérêt  de  noter  : 

«  Le  bon  vieillard  Gqidon ,  parlant  de  la 
nature  de  telles  vlceres ,  ordonne  y  appli¬ 
quer  platines  de  plomb  froltees  de  vif-ar¬ 
gent,  et  dit  estre  en  ce  remede  vne  vertu  ca¬ 
chée.  le  puis  aussi  attester  que  i’en  ay 
souuent  vsé  pour  tel  effect,  en  ayant  acquis 
honneur  et  protlct,  » 


347 

le  plomb  soit  veneneux ,  mais  dit  que 
l’eau  contenue  long  temps  és  canaux 
de  plomb ,  pour  le  limon  qui  s’y  atta¬ 
che,  cause  dysenteries  et  flux  de  ven¬ 
tre  ce  que  feroit  bien  l’airain  ou  le 
cuyure. 

Thierry  de  Hery  recite  ceste  his¬ 
toire. 

Ces  iours  passés  ie  fus  enuoyé  qué¬ 
rir  pour  visiter  vn  enfant  en  la  mai¬ 
son  d’ vn  docteur  en  medecine,  lequel 
auoit  vne  parotide  (qui  est  vne  apo- 
steme  auxenuirons  des  oreilles)  auec 
grande  tumeur  et  inflammation,  dou¬ 
leur,  pulsation ,  et  tels  signes  signi¬ 
fient  génération  de  màtiere.  Au 
moyen  dequoy  nous  aduisasmes  qu’il 
seroit  bon  y  appliquer  vn  médica¬ 
ment  anodyn ,  ce  qui  fut  fait  :  et  au 
premier  remuement  de  l’emplastre  se 
trouua  grande  diminution  de  la  tu¬ 
meur,  et  de  tous  les  autres  accidens, 
dont  nous  fusmes  esbahis,  par-ce  que 
nous  auions  délibéré  ce  iour,  ou  le 
lendemain,  y  faire  vne  ouuerture.  A 
la  seconde  fois  se  trouua  sans  inflam¬ 
mation,  pulsation,  ny  douleur,  et 
apparente  diminution  de  la  tumeur, 
etsentoit  l’enfant  la  partie  quasi  estre 
toute  deschargée.  Au  troisième  ap¬ 
pareil  ,  i’apperceu  dedans  le  cata¬ 
plasme  du  vif-argent  :  parquoy  nous 
enquerans  d’où  pouuoit  procéder  ce¬ 
la  ,  trouuasmes  qu’vn  seruiteur,  au¬ 
quel  on  auoit  commandé  faire  ce  mé¬ 
dicament  (faute  de  curiosité)  l’auoit 
meslé  avec  vn  onguent  estant  au  mor¬ 
tier,  auquel  y  auoit  de  l’argent-vif. 
Toutesfois  cest  enfant  fut  guari  quatre 
ou  cinq  iours  après,  sans  suppuration 
‘ny  aucun  accident. 

Autre  histoire  dudit  de  Hery.  Quel¬ 
que  temps  après,  vne  damoiseüe  fut 
affligée  d’vne  semblable  maladie,  la- 

*  Galien,  7<  ontaioput.  A»  P, 


LE  VlNGT-TROISllÎME  LIVRE, 


348 

quelle  non  seulement  luy  comprenoit 
le  derrière  des  oreilles,  mais  aussi 
vue  partie  de  la  gorge,  et  quasi  toute 
la  iouë.  Nonobstant  quelque  dili¬ 
gence  ,  nous  ne  sceusmes  tant  faire 
que  Nature  voulust  tendre  à  aucune 
euacuation ,  et  auoit  vne  telle  dou¬ 
leur  que  iour  ny  nuit  ne  pouuoit  re-  * 
poser  :  quoy  voyant  ie  raconte  aux 
médecins  l’histoire  precedente ,  les¬ 
quels  furent  d’aduis  qu’on  adiouste- 
roit  du  vif-argent  aux  emplastres,  ce 
qui  fut  fait  :  et  la  damoiselle  sentit 
amelioration  de  sa  douleur,  et  peu  de 
iours  après  la  tumeur  fut  entièrement 
résolue  *. 

Voila  deux  histoires  que  ie  croy 
estre  vrayes.  L’onguent  où  entre  le 
vif-argent  guarit  la  rongne,  appellée 
du  vulgaire  mal  sainct  Main  {supple 
après  auoir  fait  les  choses  vniuersel- 
les,  comme  purgations ,  saignées , 
bains)  ce  que  les  autres  medicamens 
ne  peuuent  faire.  le  tiens  que  l’ar- 
gent-vif  est  l’antidote  de  la  verolle 
(  aussi  fait  Rondelet)  et  de  ses  acci- 
dens,et  la  guarit  en  quelque  sorte 
qu’elle  soit  :  par-ce  qu’il  esmeut  les 
sueurs,  et  deseiche  la  cause  de  sa 
substance  :  ce  que  ne  font  point  les 
autres  medicamens,  au  moins  que 
i’aye  peu  connoistre  2. 

Or  quelques-vns  tiennent  qu’il  re- 
soult  et  dissipe  la  vertu  des  nerfs, 
comme  Ton  voit  à  quelques-vns  qui 
ont  esté  frottés  pour  la  verolle ,  ont 
vn  tremblement  des  membres  :  il  est 

1  Voyez  ces  deux  histoires  dans  Thierry 
de  Héry ,  page  lOS  et  suivantes.  Il  convient 
de  dire  que  Paré  ne  transcrit  pas  exacte¬ 
ment  le  texte.  Déjà  du  reste  il  avait  cité  ces 
deux  histoires  en  167S  au  livre  des  Tumeurs 
en  particulier,  et  avec  une  rédaction  un  peu 
dillérente.  Comparez  tome  l'f,  pagej  380  et 
381. 

2  Cette  dernière  phrase  est  de  1585. 


vray,  quand  l’on  en  vse  indiscrette- 
ment  et  sans  raison,  qu’il  en  pourra 
estre  cause.  Autant  en  aduiendra-il 
aux  doreurs  et  fondeurs  de  plomb , 
et  à  ceux  qui  sont  aux  minières  ;  car 
par  l’indeuë  et  assiduelle  réception 
des  vapeurs,  il  se  fera  non  seulement 
vacuation  des  humeurs  malings  et 
corrompus,  mais  aussi  resolution  et 
consomption  des  esprits  et  humidités 
radicales,  lesquelles  résolues,  spécia¬ 
lement  des  parties  nerueuses ,  il  s’en¬ 
suit  vn  tremblement  quelquesfois 
perpétuel ,  non  par  la  malice  du  vif- 
argent  ,  mais  par  l’indeuë  application 
et  mauuais  vsage. 

Estant  esteint  auec  axonge  de 
porc ,  qu’on  en  oigne  vne  lisiere  de 
drap ,  puis  qu’on  l’applique  à  nud  en 
ceinture  au  milieu  du  corps,  il  chasse 
les  poux,  puces,  punaises  et  mor¬ 
pions  :  et  tue  les  vers  contenus  au 
ventre,  et  principalement  si  on  en 
frotte  le  creux  du  nombril.  Si  on  en 
frotte  le  lieu  où  habitent  les  punaises 
et  scorpions,  il  les  fait  mourir,  et 
ernpesche  que  plus  n’y  retournent. 

Or  il  y  adedeux  especesd’argent-vif, 
naturelle  et  artificielle  :  de  la  natu¬ 
relle,  il  s’en  treuue  coulant  par  les 
veines  et  cauités  de  la  terre,  comme 
on  voit  en  diuers  lieux  :  et  aussi  il  se 
treuue  entre  les  métaux,  et  aux  vous- 
tes  des  fodines  d’argent.  De  Tartifi- 
cielle,  il  s’en  fait  de  niinion ,  aussi  de 
ralisseures  de  marbre ,  comme  escrit 
Vitruue  L  II  est  vray-semblable  qu’il 
s’en  pourroit  tirer  de  tous  métaux 
par  artifice,  et  principalement  du 
plomb  et  du  cinabre.  Telles  especes 
et  différences  se  peuuent  connoistre 
par  leur  couleur  fusque  et  noirastre, 
par  leur  substance  lente  et  espaisse, 

‘  Vilruue,  au  7.  U.  de  son  architecture,  — 

A.  r. 


DÈS  VENINS. 


qui  en  coulant  laisse  vestige  cras, 
comme  excrement  de  plomb.  Le  meil¬ 
leur  de  tous  est  celuy  qui  est  pur, 
clair,  subtil ,  et  blanc.  Et  pour  le  pu¬ 
rifier  de  son  plomb  et  autres  excre- 
mens ,  et  le  rendre  bon  et  tres-subtil, 
c’est  le  faire  boüillir  en  vinaigre  auec 
sauge,  rosmarin,  thym,  lauande, 
ou  le  faire  aualler  à  vn  chien  vne 
liure  à  la  fois  :  puis  l’ayant  reiettépar 
le  siégé ,  le  cueillir,  et  de  rechef  le 
faire  vn  peu  boüillir  audit  vinaigre. 
Cela  fait ,  on  peut  dire  estre  vn  mais- 
tre  lehan,  qui  fait  choses  grandes  et 
quasi  miraculeuses,  pourueu  qu’on 
le  sçache  bien  manier  à  luy  faire  sau¬ 
ter  le  baston  :  car  à  peine  se  trouue-il 
homme  qui  se  puisse  vanter  d’enten¬ 
dre  sa  nature  et  vertu  en  tout  et  par 
tout.  Les  Alchemistes  ont  si  grande 
opinion  de  ce  maistre  lehan ,  que  la 


349 

pluspart  d’iceux  l’ont  couru  à  force 
d’or  et  d’argent ,  pour  cuider  l’arres- 
ter,  et  toutesfois  n’en  ont  encore  sceu 
venir  à  bout.  Les  riches  en  sont  deue- 
nus  panures ,  pour  l’auoir  soufflé:  et 
les  panures ,  idiots ,  insensés ,  et  tous 
deschirés.  Il  n’a  plus  grand  ennemy 
que  le  feu  ,  lequel  le  fait  monter  en 
haut ,  encore  qu’il  soit  fort  pesant,  et 
aussi  luy  fait  quitter  l’or,  son  plus 
grand  amy  qu’il  ait  point  C 

‘  L’édition  de  1579  portait  à  la  fin  de  ce 
chapitre  :  Fin  des  venins,  bien  qu’il  fût  im¬ 
médiatement  suivi  du  chapitre  47  et  der¬ 
nier  (48'  par  faute  d’impression  ),  intitulé  : 
Discours  de  la  licorne.  Comme  ce  chapitre 
assez  long  a  été  refondu  dans  le  grand  Dis¬ 
cours  publié  en  1582,  que  l’on  trouvera  en 
entier  reproduit  après  le  livre  de  laPesie,\Q 
n’ai  pas  cru  devoir  faire  un  double  emploi 
[  sans  intérêt  en  le  donnant  ici. 


LE  YINGT-OViTRIÉME  LIYRE, 

TRAITANT 

DE  LA  PESTE*. 


CHAPITRE  1. 

description  dé  la  peste. 

Peste  est  vne  maladie  venant  de 
l’ire  de  Dieu  ,  furieuse,  tempestatiue, 
hastiue,  monstrueuse,  espouuen  table, 
contagieuse,  terrible,  appelée  de  Ga¬ 
lien  beste  sauuage,  farouche,  et  fort 
cruelle,  ennemie  mortelle  de  la  vie 
des  hommes,  et  de  plusieurs  bestes, 

1  Ce  livre  de  la  P  este  avait  paru  en  1668 
réuni  à  quelques  chapitres  sur  la  petite  vé¬ 
role  ,  la  rougeole  et  la  lèpre,  sous  le  titre  de 
Traicié  de  la  pesie,  etc.  Il  se  composait  alors 
de  50  chapitres,  plus  le  chap.  65 ,  placé 
après  l’histoire  de  la  petite  vérole  et  intitulé  : 
Des  incommoditez  de  la  peste,  en  total  51 
chapitres,  En  1575,  il  fut  séparé  du  livre  de 
la  petite  vérolle,  et  réduit  à  50  chapi¬ 
tres  ,  (bien  que  la  table  en  indique  par  er¬ 
reur  51  )  par  la  suppression  du  chap.  34  : 
Du  charbon  non  pestiféré.  En  1579,  il  regagna 
61  chapitres  par  la  division  en  deux  du  50' j 
en  1585,  il  arriva  au  chiffre  de  52  par  l’ad¬ 
jonction  du  30%  intitulé:  Accidens  de  peste -, 
et  enfin  j’ai  cru  devoir  rétablir  le  chapitre 
supprimé ,  ce  qui  donne  pour  cette  édition 
73  chapitres. 

J’ai  ajouté  en  outre  un  chapitre  complé¬ 
mentaire  tout  spécial,  pour  un  article  retran¬ 
ché  dès  1579,  et  qui  n’avait  pas  reparu  de¬ 
puis.  Je  veux  parler  du  fameux  passage  sur 
l’antimoine,  qui  appartenait,  dans  les  édi¬ 
tions  de  1568  et  1575,  au  chap.  27  :  Des  rne- 
dicamens  purgatifs. 


plantes ,  et  arbres^.  Les  anciens  l’ont 
appelée  Epidémie,  quand  la  corrup¬ 
tion  venoit  de  l’air  qui  promptement 
fait  mourir  plusieurs  en  vn  instant, 
et  en  mesme  région  *.  aussi  ont -ils  ap¬ 
pelé  Ëndemie  vne  maladie  qui  est 
propre  et  familière  en  certain  pays, 
comme  les  escrouëlles  en  Espagne, 
le  gouëlron  en  Sauoye,  la  lepre  en 
Guyenne  vers  Bordeaux,  qu’on  ap¬ 
pelle  Gabetz,  et  en  la  basse  Bretagne 

2  Cette  définition,  un  peu  trop  poétique, 
est  de  1585 ,  de  même  que  tout  le  reste  de 
ce  chapitre  jusqu’à  la  phrase  finale.  Dans  les 
éditions  précédentes,  le  titre  du  chapitre 
était  le  même,  mais  le  texte  différait  com¬ 
plètement  ;  c’est  pourquoi  il  est  essentiel  de 
le  reproduire  : 

«  Peste  est  vne  maladie  furieuse ,  qui 
court  generalernent  sur  tous  les  hommes,  ou 
sur  autres  bestes,  contagieuse,  cruelle  et 
pernicieuse,  accompagnée  de  grands  acci¬ 
dens,  (qui  viennent  quant  et  elle  en  vn 
mesme  temps) comme  heure  continue,  bu¬ 
bons  ,  charbons ,  pourpre ,  nausee ,  vomis¬ 
sements,  et  autres.  Or  elle  nuit  par  sa  qua¬ 
lité  veneiieuse,  de  laquelle  la  force  surpasse 
la  condition  de  pourriture  et  corruption  or¬ 
dinaire  ,  et  non  pas  à  cause  de  quelque  qua¬ 
lité  élémentaire,  comme  par  trop  excessiue 
chaleur,  froidure,  seicheressc  et  humidité, 
ou  de  toute  sa  nature:  car  si  elle  estoit  telle, 
elle  tueroit  toute  personne  indifféremment, 
combien  que  ne  ie  vueille  pas  nier  qu’elle 
ne  soit  plus  griefuc  en  certains  corps,  temps, 
I  saisons  et  pays,  comme  sont  aussi  toutes  au- 


LE  VINGT-QVATRIÉME  LIVRE  j  DE  LA  PESTE. 


Cacots,  et  sont  nommçs  Ladres  blancs  : 
et  ainsi  d’autres  maladies  qui  régnent 
6s  autres  prouinces.  Or  la  peste  est 
souuent  accompagnée  de  tres-eruels 
et  pernicieux  accidens,  qui  sourdent 
iournellcment  auec  elle  :  comme  fié- 
ure,  bubons,  charbons,  pourpre, flux 
de  ventre,  déliré,  frenesie,  et  douleur 
mordicatiue  d’estomach ,  palpitation 
de  cœur,  pesanteur  et  lassitude  de 
tous  les  membres ,  sommeil  profond , 

très  inatàdieè ,  ainsi  que  dit  Hippocrates  au 
troisième  liure  des  Aphorismes  (  Aphor.  3). 

Or  tel  venin  est  du  tout  contraire ,  princi¬ 
palement  4  l’esprit  vital ,  contenu  au  cœur  > 
et  si  l’esprit  est  plus  fort  que  le  venin  pes-^ 
tiferé,  il  le  chasse  loing  du  cœur  <  au  con¬ 
traire,  si  le  venin  est  plus  fort  que  les  for¬ 
ces  de  l’esprit  vital  et  qu'il  ne  puisse  résister 
à  son  énnemÿ,  il  s’enfuit  arriéré  deluy,  et 
demeure  vaincu.  Et  aussi  s’il  s’eSpànd  en  la 
masse  sanguinaire  où  s'ont  contenues  les 
humeurs,  il  les  infecte  par  sa  qualité  vene- 
neuse,  et  engendre  fleures  pestilentielles 
simples,  ou  compliquées  auec  bubons  et 
charbons,  et  quelquefois  aussi  plusieurs 
éruptions  et  ébullitions  de  sang,  et  taches 
noires  parmy  le  corps  ,  lesquelles  sont  trou- 
ùees  aucunes  fois  de  dluerses  couleurs,  quê 
1  oh  nomme  communément  le  pourpre ,  et 
le  tout  pronîeht  pat  la  vertu  expultrice  ir¬ 
ritée  (forte  ou  'debilè>,  et  ausisi  s'é  font  diUer- 
scs  aUeratioBs  selon  la  diuersité  des  tempe-  | 
raments  et  corruption  de  l’hameur  où  telle 
vénénosité  est  fondée,  | 

«  Voila  ce  qu’il  me  semble  de  la  descrip¬ 
tion  de  ceste  peste  ,  etc.  1 

Ceci  est  le  texte  purdel.5G8;  en  li)75,  après 
ées  mots  :  au  troisième  liure  des  Aphorismes, 
l’auteur  a]outàit  : 

«  ...  mais  de  Ceia  peut  on  seulement  con¬ 
clure  ,  que  l'effort  et  furie  de  la  peSte  peut 
estre  augmentée  ou  hebetee ,  par  le  moyen 
ou  association  d’vne  des  quatre  quaiitez  :  et 
non  pas  que  son  essence  gise  et  dépende  en¬ 
tièrement  de  l’vne  ou  plusieurs  d’iceiles.  » 

Il  y  a  aussi  plus  bas  quelques  mots  ajou¬ 
tés,  mais  qui  n’altèrent  en  rien  le  sens.  L’é¬ 
dition  de  lô7‘J  avait  suivi  celle  de  1576, 


3ôi 

et  les  sens  tous  hébétés.  Aucuns  ont 
vue  chaleur  interne  bruslante,  et 
sont  froids  au  dehors,  auec  inquié¬ 
tude,  difficulté  de  respirer,  vomisse- 
mens  frequens,  flux  de  ventre,  flux 
de  sang  par  le  nez  et  par  autres  par¬ 
ties  du  corps,  appétit  perdu,  grande 
alteration,  la  langue  seiche  ,  noire  et 
aride,  regard  haue  et  hideux ,  la  face 
pâlie  et  plombine  ,  et  quelquesfois 
rouge  et  enflambée,  tremblement 
vniuersel,  crachement  de  sang,  puan^ 
teui;  des  excremens ,  et  plusieurs  au-^ 
très,  qui  se  font  selon  la  pourriture 
et  alteration  de  l’air  pestiféré,  et  de 
I  la  cacochymie  de  ceux  qui  en  sont 
frappés.  Neanlmoins  tous  ces  aceê 
dens  ne  se  Irouuent  pas  tousiours  à 
vne  fois,  ny  en  toutes  personnes,  mais 
en  aucunes  s’en  apperçoiuent  plu¬ 
sieurs,  aux  autres  peu  :  voire  à  grand’ 
peine  voit-on  deux  malades  infectés 
de  ceste  peste  les  auoir  semblable.s, 
mais  diuers  les  vns  des  autres,  selon 
les  effects  qu’elle  produit.  Ce  qui  pro- 
uient  pour  la  diuersité  du  venin  ,  de 
la  cacochymie  et  complexion  des  ma¬ 
lades  ,  des  années  et  saisons ,  et  des 
parties  qu’elle  aura  saisies  :  aussi 
qu’elle  n'estpastousioursd’vnemesme 
sorte ,  mais  diuerse  i’vne  de  l’autre  : 
qui  a  esté  cause  que  l’on  lui  a  donné 
diuers  noms^  à  sçauoir  ftéure  pesü‘ 
lente^  caquesangue^  ^aqndmhe^  swette, 
trousse  -  ÿolant ,  bosse,  charbon, 
pourpre,  et  autres,  que  déduirons 
c,y  après.  Or  l  essence  de  ce  venin 
pestiféré  est  inconneu  et  inexplicable, 
dont  nous  pouuons  dire  la  peste  estre 
vu  quatrième  genre  de  maladie.  Car 
si  elle  estoit  vne  intemperature  sim¬ 
ple  ,  elle  serait  chaude  ou  froide ,  ou 
humide  ou  seiche ,  ou  composée  d’i¬ 
celles  :  et  lors  auec  medicamens  cou- 
Irarians  par  leur  seule  qualité  chaude, 
I  froide,  seiche,  humide,  ou  mixtion- 


LË  VlNGt-QVATRlKME  LlVnK, 


352 

nées  ensemble ,  seroit  guarie.  Si  c’es-  j 
toit  incommoderation ,  c’est  à  dire  | 
mauuaise  composition  ,  elle  seroit  en 
indeuë  conformation  ou  figure ,  ou 
en  nombre,  ou  en  magnitude,  ou  en 
situation.  Si  c’estoit  aussi  solution  de 
continuité ,  ce  seroit  érosion ,  contu¬ 
sion,  incision,  perforation,  morsure, 
piqueure  et  ruption,  toutes  lesquelles 
choses  seroient  guaries  par  les  reme- 
desescrits  des  anciens  ;  mais  elle  vient 
non  seulement  d’vne  simple  corrup¬ 
tion,  mais  aussi  d’vne  contagion  d’air 
pestiféré  indicible  et  inconneuë,  qui 
imprime  sur  vn  corps  ja  préparé  le 
caractère  de  son  venin.  Or  me  dira 
quelqu’vn  ;  comment  sera-il  possible 
à  vn  Chirurgien  pouuoir  guarir  ceste 
contagion  par  vraye  méthode,  at¬ 
tendu  que  sa  cause  ne  peut  estre  con- 
neuë?  A  quoy  faut  respondre,  qu’il 
faut  suiure  le  mouuement  de  N ature  : 
car  ayant  en  horreur  la  qualité  veni¬ 
meuse  qui  premièrement  saisit  le 
cœur,  tasche  et  s’efforce  de  chasser 
et  pousser  dehors  les  matières  que  le 
venin  a  corrompu,  lesquelles  entre¬ 
tiennent  le  mal ,  et  dont  s’engendrent 
fiéures  pestilentielles,  carboncles,  bu¬ 
bons,  pourpre,  et  autres  aecidens,  au 
grand  soulagement  des  parties  no¬ 
bles  :  tellement  que  si  le  tout  (ou  la 
plus  grande  partie)  peut  estre  uinsi 
poussée  dehors  sans  rentrer  au  de¬ 
dans,  le  patient  peut  eschapper  du 
danger.  Parquoy  le  Médecin  et  Chi¬ 
rurgien,  qui  sont  ministres  et  coad- 
iuteurs  de  Nature,  n’ont  autre  chose 
à  faire  que  poursuiure  tels  mouue- 
mens  ;  comme  en  prouoquant  les 
sueurs  et  vomissemens  dés  le  com¬ 
mencement  ,  et  par  choses  qui  forti¬ 
fient  le  cœur ,  vsant  de  tous  remedes 
esprouués  contre  la  putréfaction  et 
vénénosité.  En  somme,  il  faut  munir 
le  cœur  par  antidotes ,  et  attirer  au 


dehors  la  matière  ooniointe ,  et  pouf- 
uoir  aux  accidens,  diuersiliant  les  re¬ 
mèdes  selon  la  nature  d’iceux. 

Voila  ce  qu’il  me  semble  de  la  des¬ 
cription  delà  Pesie,  laquelle  n’est  ia- 
mais  vniuerselle,  ny  d’vne  mesme  sor¬ 
te,  comme  nous  auons  dit  cy  dessus. 


CHAPITRE  II. 

DES  CAVSES  DIVINES  DE  LA  PESTE. 

C’est  vne  chose  résolue  entre  les 
vrais  Chrestiens ,  ausquels  l’Eternel  a 
reuelé  les  secrets  de  sa  sapience ,  que 
la  peste  et  autres  maladies  quiaduien- 
nent  ordinairement  aux  hommes,  pro¬ 
cèdent  de  la  main  de  Dieu,  ainsi  que  le 
Prophète  nous  enseigne  ;  Quelle  aduer- 
site  sera  en  la  cité,  que  le  Seigneur  n’aye 
faite  Ce  que  nous  deuons  en  tout 
temps  soigneusement  méditer  pour 
deux  raisons  :  la  première  est  pour 
reconnoistre  que  ce  qne  nous  auons 
de  vie ,  santé ,  mouuement  et  estre , 
procédé  directement  delà  pure  bonté 
de  Dieu ,  qui  est  le  Pere  des  lumières, 
à  fin  que  par  ce  moyen  nous  luy  ren¬ 
dions  grâces  de  ses  bénéfices.  L’ autre 
est  que  la  connoissance  des  afflictions 
qui  nous  sont  enuoyées  de  Dieu,  nous 
achemine  à  vne  droite  intelligence 
de  sa  iustice  sur  nos  péchés,  à  fin 
qu’à  l’exemple  de  Dauid  2,  nous  nous 
humilions  sous  sa  main  puissante, 
pour  garder  que  nostre  ame  ne  peche 
par  impatience  :  aussi  qu’estans  rele- 
ués  de  desespoir,  nous  inuoquions 
sa  Maiesté  pour  nous  deliurer  de 
tous  maux  par  sa  miséricorde.  Voila 
comme  nous  appirendrons  de  cher¬ 
cher  et  en  Dieu  et  en  nous,  au  ciel  et 

1  Amos  3.  —  Acles  17.  —  A.  P. 

2  ^ ayez  à  ce  propos  le  P  seau.  39.  —  A.  P. 


t)E  tA  Peste. 


en  la  terre,  la  droite  connoissance 
des  causes  de  la  peste,  de  laquelle 
nous  sommes  visités;  et  comment  par 
la  Philosophie  diuine  nous  sommes 
instruits  que  Dieu  est  le  principe  et 
cause  des  causes  moyennes ,  sans  la¬ 
quelle  les  secondes  causes  et  inferieu¬ 
res  ne  peuuent  produire  aucun  effet, 
ains  sont  conduites  et  addressées  par 
la  volonté  secrette  et  conseil  priué 
d’iceluy,  qui  s’en  sert  comme  d’ins- 
trumens  pour  accomplir  son  œuure 
selon  son  decret  et  ordonnance  im¬ 
muable. 

Pourtant  il  ne  faut  attribuer  sim¬ 
plement  la  cause  de  la  peste  aux  cau¬ 
ses  prochaines,  à  l’exemple  des  Lu- 
cianistes.  Naturalistes,  et  autres  infl- 
deles  :  mais  il  nous  faut  considérer 
que  tout  ainsi  que  Dieu  par  sa  toute- 
puissance  a  créé  toutes  choses  hautes, 
moyennes  et  basses,  aussi  que  par  sa 
sagesse  il  les  conserue,,  modéré  ,  en¬ 
cline  où  bon  luy  semble,  mesmes 
souuent  change  le  cours  naturel  d’i¬ 
celles,  selon  son  bon  plaisir.  Voila 
pourquoy  le  Prophète  nous  exhorte  : 
N'apprenez  point  les  voyes  des  Gentils, 
et  ne  craignez  point  les  signes  du  ciel 
comme  les  Gentils  les  craignent  ‘.  Et  ne 
faut  que  nul  soit  si  hardy  et  plein  de 
rage ,  de  vouloir  attacher  Dieu ,  qui 
est  la  souueraine  cause  de  toutes  cho¬ 
ses,  aux  causes  secondes  et  inferieu¬ 
res  et  à  ses  créatures,  ou  à  la  pre¬ 
mière  disposition  que  luy-mesme  a 
baillée  ;  et  seroit  rauir  à  Dieu  ce  titre 
de  Tout-puissant,  et  luy  oster  la  li¬ 
berté  de  plus  rien  changer  et  dispo¬ 
ser  autrement  qu’il  n’a  fait  du  com¬ 
mencement  ,  comme  si  l’ordre  qu’il  a 
establi  le  tenoit  suiet  et  lié ,  sans  qu’il 
peust  rien  innouer  2.  Car  quelque  or- 

1  leremïe  10,  —  A.  P. 

2  Celle  phrase  a  été  ajoutée  en  1579. 


353 

dre  ou  disposition  que  Dieu  aye  mis 
en  Nature,  en  la  reuolution  des  sai¬ 
sons,  au  mouuement  des  astres  et 
planètes,  tant  y  a  qu’il  n’est  point  lié 
ny  suiet  à  créature  quelconque  :  ains 
besongne  et  fait  ses  œuures  en  toute 
liberté,  et  n’est  aucunement  suiet  de 
suyure  l’ordre  qu’il  a  establi  en  na¬ 
ture  ;  mais  s’il  veut  punir  les  hommes 
à  cause  de  leurs  péchés ,  à  fin  de  leur 
monstrer  sa  iustice,  ou  les  combler  de 
biens  pour  leur  faire  sentir  sa  bonté 
paternelle,  il  change  sans  difficulté 
cest  ordre  quand  bon  luy  semble  ,  et 
le  fait  seruir  à  sa  volonté ,  selon  qu’il 
voit  estre  bon  et  iuste.  Car  tout  ainsi 
qu’au  commencement  de  la  création 
du  monde,  par  le  commandement  de 
Dieu ,  la  terre  produit  verdure ,  ar¬ 
bres  fruitiers ,  la  mer  ses  poissons ,  la 
lumière  aussi  esclairoit  auant  que  ces 
deux  grands  luminaires ,  le  soleil  et 
la  lune,  fussent  créés ,  pour  nous  ap¬ 
prendre  que  c’est  le  Tout  puissant , 
qui  par  soy-mesme  a  fait  toutes  cho¬ 
ses  ‘  ;  aussi  depuis  que  le  gouuerne- 
ment  des  créatures  a  esté  assigné  au 
soleil  et  aux  planètes ,  desquels  la 
terre  et  ce  qu’elle  contient  reçoit  ali¬ 
ment  et  nourriture,  nous  sçauons 
comme  ce  grand  Dieu  a  changé  le 
cours  naturel  d’iceux  pour  le  bien  et 
profit  de  son  Eglise.  C’est  ce  que 
nous  lisons,  que  le  Seigneur  alloit  de- 
uant  les  Israélites, par  iouren  colom- 
ne  de  nuée ,  pour  les  conduire  par  la 
voye  ,  et  de  nuit  en  colonne  de  feu , 
pour  les  esclairer  2.  En  ceste  mesme 
façon  le  soleil  et  la  lune  furent  arres- 
tés  et  changèrent  leur  cours,  à  la 
priere  de  losué®.  Aussi  par  la  priere 
d’Elie,  il  ne  pleut  point  pendant  l’es- 

'  Genese,  1. — A.  P. 

2 /i'xotie  13.  —  a;  P. 

*  Josué.  10.  —  A,  P. 


III. 


23 


354  LE  VINGT-QVATRIEME  LIVRE, 


pace  de  trois  ans  et  six  mois  ».  Par  ces 
exemples  donc  ,  il  appert  clairement 
que  Dieu  dispose  de  ses  créatures  se¬ 
lon  son  bon  plaisir,  tant  pour  sa 
gloire  que  pour  lé  salut  de  ceux  qui 
Pinuoquent  en  esprit  et  vérité  2. 

Or  comme  le  Seigneur  se  sert  de  ces 
choses  inferieures  pour  estre  minis¬ 
tres  de  sa  volonté,  et  tesmoignages  de 
sa  grâce  à  ceux  qui  le  craignent,  aussi 
elles  luy  seruent  de  heraults  et  exé¬ 
cuteurs  de  sa  iustice  pour  punir  les 
iniquités  et  offenses  des  pécheurs  et 
contempteurs  de  sa  Maiesté.  Èt  par¬ 
tant  ,  pour  le  dire  en  vn  mot ,  c’est  la 
main  de  Dieu  qui,  par  son  iuste  iuge- 
ment,  darde  du  ciel  ceste  peste  et  con¬ 
tagion  ,  pour  nous  chastier  de  nos  of¬ 
fenses  et  iniquités ,  selon  la  menace 
qui  est  contenue  en  l’Ëscriture.  Le 
Seigneur  dit  ainsi  :  leferay  venir  sur 
vous  le  giaiue  exécuteur ,  pour  la  ven¬ 
geance  de  mon  alliance,  et  quand  vous 
se'rez  rassemblés  en  vos  villes,  ie  vous 
enuoyeray  la  pestilence  au  milieu  de 
vous ,  et  serez  liurés  en  la  main  de  l’en- 
nemy  Ou’on  lise  apssi  ce  qui  est  es- 
crit  en  Habacuc,  chapitre  3.  Le  Sei¬ 
gneur  des  armées  dit  :  Voicy,  i’enuoye 
sur  eux  Vespée,  la  famine  et  la  peste  L 
Semblablement  Dieu  commanda  à 
Moyse  ietter  en  l’air  certaine  poudre 
en  la  presencè  de  Pharaon,  à  fin 
qu’en  toute  la  terre  d’Egypte  les 
hommes  et  autres  aninàaux  fussent 
affligés  d’apostemés  pestilentiels ,  vl- 
ceres,  et  plusieurs  autres  maladies  ^ 
Ce  que  Dauid  a  confirmé  disant ,  que 
Dieu  enuoya  en  Egypte  des  mousches 
qui  deuorerent  le  pays,  et  des  gre- 
noüilles  qui  les  destruisirent,  et  donna 

i  1.  Éôls  11  ^  A.  jp. 

*  Epistre  sainct  laques,  ch.  6.  —  A.  P. 

3  Leuit.  26.  —  A.  P. 

^  leremie  29.  —  A.  P*  ^ 

fi  Exode  9.  —  A.  P. 


leurs  fruits  aux  chenilles  et  leur  la¬ 
beur  aux  sauterelles  :  et  gasta  leurs 
vignes  par  gresle ,  et  leurs  figuiers 
sauuages  par  la  tempeste  :  et  liura 
leurs  iumens  à  la  gresle  et  leurs 
troupeaux  à  la  foudre.  Puis  adiouste 
qu’il  dressa  voye  à  son  ire ,  et  n’es- 
pargna  de  les  mettre  à  mort ,  et  liura 
leur  vie  à  la  peste!  Pareillement  au 
Deuteronome ,  Moyse  menace  les 
transgresseurs  de  la  loy  de  Pieu  de 
plusieurs  malédictions,  et  entre  au¬ 
tres  de  peste,  apostemes,enfleures,  et 
maladies  ardentes  2. 

Or  le  seul  exemple  de  Dauid  nous 
monstre  l’execution  de  ces  menaces 
terribles,  quand  Dieu ,  pour  son  pé¬ 
ché,  fit  mourir  de  peste  septante 
mille  hommes ,  ainsi  que  l’Escriture 
tesmoigne®.  Le  prophète  Gad  fut  en- 
uoyé  à  Dauid  auec  commandement 
de  Dieu  :  le  t’offre  trois  choses ,  eslÿ 
l’vne  dlcèiles,  et  ie  le  feray.  Lequel 
veux-tu ,  ou  que  sept  ans  de  famine 
viennent  sur  la  terre  ;  ou  que  par 
l’espace  de  trois  mois  tu  fuyes  do¬ 
uant  tes  ennemis ,  et  qu’ils  te  pour- 
suiuent  :  ou  que  par  trois  ioürs  la 
peste  soit  sur  la  terre  ?  Là  dessus  Da- 
uid  prie  de  cheoir  plustost  entre  les 
mains  de  Dieu  qu’entre  celles  des 
hommes  :  d’autant ,  dit-il ,  qu’il  est 
miséricordieux. 

Et  quelqu’vn  pourra  dire  que  ce 
peuple  n’auoit  pas  mérité  la  mort 

1  Pseau.  78.  —  A.  P. 

2  Deut.  28.  —  A.  P. 

^  Ce  paragraphe  se  terminait  là  eii  1568; 
le  reste  ne  fut  ajouté  qu’en  1579.  U  faut  dire 
en  outre  que  dans  l’édition  de  1585  et  les 
sulvantes_on  lit  :  ainsi  que  l'Escriture  lesmoi- 
gne  au  2.  Hure  des  Mois,  ehap.  24.  Cette  cita¬ 
tion  est  fausse,  et  c’est  pourquoi  je  l’ai  re¬ 
tranchée  ,  d’autant  mieux  que  dès  i568  une 
note  marginale  donnait  la  citation  légitime: 
2.  Samuel ,  24. 


DE  LA.  PESTE. 


pour  l’offense  de  son  roy.  On  pèut 
respôndre  qu’il  estoit  encore  plus 
raeschant  que  luy,  car  il  le  reserua 
pour  la  gloire  de  son  saint  nom  *. 

Nous  lisons  pareillement  que  le 
Seigneur  punit  l’idolâtrie  et  profana¬ 
tion  de  son  serüice  par  le  fléau  de  la 
peste.  Car  voicy  comme  il  parle  : 
Poiir-ce  que  tu  as  violé  mon  éainct  lieu 
en  tes  infametés  et  abominations ,  ie  le 
briserày  aussi ,  et  mon  œil  rie  Vespar- 
gnera  point,  et  n'en  autag point  de  pitié  : 
car  latroisiémeparliemourradepeste 2. 

Concluons  donc  que  la  peste  et  au¬ 
tres  maladies  dangereuses  ^  sont  tés- 
moignage  de  la  fureUr  diuine  sür  les 
péchés ,  idolalries  et  superstitions  qui 
régnent  en  la  terre,  comme  mesmes 
vn  autheur  profane  est  contraint  de 
confesser  qu’il  y  a  quelque  chose  de 
diuin  aux  maladies  3.  Et  pour  tant  ^ 
lors  qu’il  plaist  au  Seigneur  des  Sei¬ 
gneurs,  et  Créateur  de  toutes  choses, 
vser  de  ses  iustes  iugemens,  nulle  de 
ses  créatures  ne  peut  euiter  sa  fureur 
espouuantable  :  voire  mesme  ciel  et 
terre  en  tremblent,  ainsi  que  Dauid 
nous  enseigne  : 

Les  deux  fondirent  en  sueur  : 

La  terre  trembla  de  la  peur 

De  ta  face  terrible. 

Que  sera-ce  donc  de  nous,  pauures 
humains,  qui  nous  escoulons  comme 
la  neige?  Comment  pourrons-nous 
subsister  deuant  le  feu  de  Pire  de 
Dieu,  veu  que  nous  sommes  foin  et 
paille,  et  que  nos  iours  s’euanoüis- 

1  Ce  petit  paragraphe  a  été  intercalé  ici 
en  1585.  La  dernière  phrase  n'en  est  pas  très 
claire,  mais  le  texte  est  le  même  dans  tou¬ 
tes  les  éditions. 

2  Ezechiel,  5.  —  A,  P. 

i  Hippocrates,  cAop.  2.  du  1.  Hure  des  Pro¬ 
gnostiques.  —  A.  P. 

‘^Pseaume  68.  —  A.  P. 


355 

sent  comme  vapeur  de  fumée?  Ap¬ 
prenons  de  nous  conuertîr  de  nos 
voyesmauuaises  à  la  pureté  du  ser- 
uice  de  Dieu,  et  ne  suiuons  point 
l’exemple  des  fols  malades ,  qui  se 
plaignent  de  la  chaleur  et  alteration 
de  la  fiéure,  et  cependant  reiettent  la 
medecine  qui  leur  est  représentée 
pour  les  guarir  de  la  cause  de  la  ma¬ 
ladie.  Sçachons  que  c’est  icy  le  prin¬ 
cipal  antidote  contre  la  peste,  que  la 
conuersion  et  amendement  de  nos 
vies.  Et  tout  ainsi  que  les  Apoticaires 
font  du  theriaque  de  la  chair  du  ser¬ 
pent,  pour  guarir  dé  la  morsure  veni¬ 
meuse  :  aussi  de  la  cause  de  nos  mala¬ 
dies,  c’est  à  sçauoir  de  nos  péchés, 
tirons-en  le  remede  et  guarison  ,  en 
regardant  vers  le  fils  de  Dieu  lesus 
Christ  nostre  Seigneur,  lequel  ne  gua- 
ril  pas  seulement  le  corps  de  ses  infir¬ 
mités  et  maladies,  mais  nettoye  l’ame 
de  tout  péché  et  ordure  ;  et  à  l’exem¬ 
ple  de  Dauid,  gémissons  et  reconnois- 
sons  nos  péchés,  prians  ce  bon  Dieu  de 
cœur  et  de  bouche,  comme  il  s’ensuit  i  : 

Ne  vueille  pas ,  6  Sire , 

Me  reprendre  en  ton  ire , 

Moy  qui  t’ay  irrité,  etc. 

Voila  la  première  et  principale  con¬ 
sidération  que  tous  chrestiens  doiueht 
connoistre,  en  recherchant  les  causes 
diuines  de  la  peste,  et  le  préparatif 
qu’il  faut  prendre  pour  la  guarison 
de  telle  maladie.  Et  outre  ce,ie  con¬ 
seille  au  Chirurgien  ne  vouloir  aussi 
négliger  les  remedes  approuués  par¬ 
les  Médecins  anciens  et  modernes  :  car 
combien  que  par  la  volonté  de  Dieu, 
telle  maladie  soit  enuoyée  aux  hom  ¬ 
mes,  si  est  ce  quepar  sasaincte  volonté 
les  moyens  et  secours  nous  sont  don¬ 
nés  pareillement  de  luy,  pour  en  vser 
comme  d’instrumens  à  sa  gloire  , 

1  Psemme  6.  —  A.  P. 


356  LK  VIJNGr-QVATRfEME  LIVRE, 


cherchans  remedes  en  nos  maux  , 
mesmes  en  ses  créatures,  ausquelles 
il  a  donné  certaines  propriétés  et 
vertus  pour  le  soulagement  des  pan¬ 
ures  malades  :  et  veut  que  nous 
vsionsdes  causes  secondes  et  naturel¬ 
les,  comme  d’instrumens  de  sa  béné¬ 
diction  :  autrement  nous  serions  bien 
ingrats,  et  mespriserions  sa  bene- 
ficence.  Car  il  est  escrit,  que  le  Sei¬ 
gneur  adonné  la  science  aux  hommes 
de  l’art  de  Medecine,  pour  estre  glo¬ 
rifié  en  ses  merueilles  K  Et  partant 
ne  faut  négliger  tous  autres  moyens, 
que  descrirons  cy  après. 

Il  reste  maintenant  rechercher  les 
causes  et  raisons  naturelles  de  ceste 
peste. 


CHAPITRE  in. 

DES  CAVSES  HVMAINES  OV  NATVRELLES, 

ET  SEMENCES  GENERALES  DE  LA  PESTE, 

PRISES  DE  LA  CORRVPTION  DE  l’aIR. 

Les  causes  generales  et  naturelles 
de  la  peste  sont  deux  :  à  sçauoir  l’air 
infecté  et  corrompu ,  et  l’alteration 
des  humeurs  viiiés  en  nostre  corps, 
et  préparés  à  prendre  la  peste  et  air 
peslilent.  Ce  qui  est  prouué  par  Ga¬ 
lien,  qui  dit,  que  leshumeurs  denostre 
corps  se  peuuent  pourrir,  et  acquérir 
vénénosité  2. 

Or  l’air  se  corrompt  lors  qu’il  y  a 
excès  és  saisons  de  l’année,  lesquelles 
ne  tiennent  leur  constitution  naturel¬ 
le,  qui  se  fait  parce  que  presque  toute 
l’année  a  esté  humide ,  à  cause  des 
pluyes  et  grosses  nuées.  L’hyuer  pour 
la  plus  grande  partie  n’a  esté  froid , 
ny  pareillement  le  printemps  tiede 

*  Ecdei.  38.  —  A.  P. 

*  Galien,  6.rfe  lacis  affeciis. —  A.  P, 


OU  temperé,  comme  il  a  de  coustume  ; 
aussi  qu’en  automne  on  voit  en  l’air 
flambes  ardentes,  estoilles  courantes, 
et  cometes  de  diuerses  figures,  les¬ 
quelles  choses  sont  produites  des  ex¬ 
halations  seiches,  L’esté  est  chaud,  et 
les  vents  n’ont  soufflé  sinon  du  Midy, 
et  encor  iceux  ont  venté  tant  douce¬ 
ment  qu’à  peine  on  les  a  peu  sentir  : 
et  quelquesfois  aussi  on  a  veu  que  les 
nuées  estoient  poussées  du  Midy  au 
Septentrion.  Telles  constitutions  de 
saisons  sont  escrites  par  Hippocrates 
au  liure  premier  des  Epidémies,  et  au 
troisième  liure  des  Aphorismes  ‘  :  et 
véritablement  elles  rendent  l’air  du 
tout  pestiféré  :  car  alors  par  son  in- 
lemperature  il  dispose  à  pourriture 
les  humeurs  sereux  de  nostre  corps, 
et  par  sa  chaleur  non  naturelle  les 
brusle  et  enflamme  :  toutesfois  toutes 
constitutions  non  naturelles  n’engen¬ 
drent  pas  tousiours  la  peste ,  mais 
plustost  autres  maladies  epidemiales. 
Quelquesfois  l’air  pestilent ,  qui  est 
attiré  au  corps  par  vne  seule  inspira¬ 
tion  d’vn  pestiféré,  rend  tous  les 
membres  infectés  *. 

D’auantage,  l’air  se  corrompt  par 
certaines  vapeurs  meslées  auecluy, 
comme  nous  auons  dit  cy  deuant, 
comme  par  grande  multitude  de  corps 
morts  non  assez  tost  enseuelis  en  la 
terre,  comme  d’hommes,  chenaux,  et 
autres  choses  faisans,  vne  vapeur  pu¬ 
tride  et  charongneuse  qui  infecte  l’air: 
ce  qui  sonnent  aduient  après  vne  ba¬ 
taille,  ou  de  plusieurs  hommes  péris 
par  naufrage,  puis  iettés  par  les  flots 
delà  mer  au  riuage  :  ou  quand  la 
mer  a  ietté  plusieurs  poissons  et 

>  Toutes  les  éditions  du  vivant  de  l’auteur 
portent  seulement  :  au  liure  des  Epidémies; 
la  leçon  actuelle  est  de  1598. 

’  Cette  phrase  a  été  ajoutée  en  1585. 


DE  LA  PESTE. 


bestes,  lors  que  lesriuieres  font  gran¬ 
des  inondations  sur  la  terre,  et  les 
rauissent  en  la  mer,  dont  ils  meurent, 
n’estanspas  accoustumés  de  viureen 
l’eau  salée.  Or  la  mer  laisse  quelques- 
fois  grande  quantité  de  poissons  à  sec, 
quand  les  gouffres  ou  ouuertures  de 
la  terre  faites  par  le  mouuement  d'i¬ 
celle  s’emplissent  d’eau ,  ou  quand  le 
flot  de  la  mer  laisse  les  grands  pois¬ 
sons  en  estant  sortis  du  profond  ;  ainsi 
que  de  nostre  temps  vne  baleine  fut 
putréfiée  en  la  coste  delà  Tuscane,  et 
amena  la  peste  par  tout  le  pays.  Or 
les  poissons  ,  (  bien  que  rarement , 
comme  dit  Aristote  au  8.  de  l’Histoire 
des  Animaux  ‘  ),  peuuent  estre  infec¬ 
tés  par  les  mauuaises  exhalations 
esleuées  de  la  terre  qui  est  au  des¬ 
sous  de  l’eau,  etpassans  par  dedans 
icelle  ;  aussi  peuuent  sentir  la  conta¬ 
gion  de  l’air  ambiens,  lors  qu’ils  se 
mettent  sur  l’eau.  Et  pour  ces  deux 
causes,  il  se  fait  que  la  peste  estant  en 
quelque  pays,  les  poissons  sont  trou- 
ués  morts  en  grand  nombre,  princi¬ 
palement  és  estangs,  lacs,  et  riuieres 
qui  sont  peu  agitées,  que  l’on  appelle 
eaux  dormantes  :  ce  qui  ne  se  fait  en 
la  mer  ;  car  par  son  grand  mouue¬ 
ment  impétueux,  et  par  sa  salsitude, 
n’est  suiette  à  pourriture  :  et  partant 
les  poissons  qui  sont  en  icelle  ne  re- 
çoiuent  l’infection  pestilente,  comme 
ceux  des  eaux  dormantes. 

Outre-plus,  l’air  est  infecté  des 
meschantes  vapeurs  de  quelques  lacs, 
estangs  bourbeux  et  marescageux , 
eaux  croupies  és  maisons  où  il  y  a  des 
esgouts  et  conduits  sous  la  terre,  qui 
ne  s’escoulent  point,  et  se  corrompent 
en  Esté,  esleuans  certaines  vapeurs 
par  vne  excessiue  chaleur  du  soleil. 

1  Cette  parenthèse  est  une  addition  de 


35; 

Comme  l’on  trouue  par  escrit ,  qu’à 
Padouë  il  y  auoit  vn  puits  que  l’on 
auoit  longuement  tenu  couuert  :  puis 
ayant  esté  descouuert ,  qui  fut  en 
Esté,  il  en  sortit  vne  grande  exhala¬ 
tion  putride,  tellement  que  l’air  cir- 
conuoisin  fut  du  tout  corrompu  :  dont 
procéda  vne  peste  merueilleuse,  qui 
dura  fort  long  temps,  dont  bien  grand 
nombre  de  peuple  mourut. 

Pareillement  l’air  extérieur  est  cor¬ 
rompu  par  certaines  exhalations , 
fumées  et  souspirs  des  vapeurs  pour¬ 
ries  et  infectées,  enfermées  és  entrail¬ 
les  de  la  terre,  ayant  esté  long  temps 
retenues,  croupies  et  estouffées  és 
lieux  tenebreux  et  profonds  d’icelle, 
sortans  par  vn  tremblement  de  terre. 
Par  tremblement  de  terre  les  eaux 
sentent  le  soulphre  ou  autre  matière 
métallique,  et  sont  chaudes  et  trou¬ 
bles  ;  cela  se  fait  des  exhalations  de 
la  terre  par  lesecouëment  ou  esbran- 
lement  d’icelle.  On  oit  diuerses  voix, 
comme  gemissemens  de  ceux  qui 
meurent  aux  batailles,  et  aussi  di- 
uers  cris  d’animaux.  Semblablement 
on  voit  sortir  de  terre  plusieurs  ani¬ 
maux  ,  comme  crapaux ,  couleuures , 
aspics ,  viperes  et  autres  vermines  ». 
Et  par  lesdites  exhalations  estans  sor¬ 
ties  ,  infectent  non  seulement  les  hom¬ 
mes  et  autres  animaux ,  mais  aussi 
les  plantes ,  fruits  et  grains ,  et  géné¬ 
ralement  toute,  leur  nourriture  *  ; 
de  tant  que  comme  l’eau  troublée 
et  puante  ne  laisse  viure  le  poisson 
qui  est  dedans ,  aussi  l’air  maling  et 
pestiféré  ne  laisse  viure  les  hommes , 
mais  altéré  les  esprits  et  corrompt  les 

‘  Les  trois  phrases  qui  précèdent,  et  dont 
les  deux  dernières  au  moins  n’ont  pas  grand 
rapport  avec  le  reste  du  chapitre,  ont  été 
ajoutées  là  en  1579. 

*  Fm  peste  des  plantes  est  appellée  sidéra¬ 
tion.  —  A.  P. 


358  LE  VINGT-QVA 

humeurs,  et  finalement  les  fait  mou  - 
rir ,  et  mesmement  les  bestes  et  plan¬ 
tes,  comme  nous  auons  dit. 

D’auantage  on  a  veu  quelques  vns 
creusans  la  terre  pour  faire  des  puits, 
sentir  vne  vapeur  si  puante  et  infecte, 
qu’ils  mouroient  promptement.  Et  en- 
cores  n’agueres  és  faulxbourgs  sainct 
Honoré  de  ceste  ville  de  Paris ,  mou¬ 
rurent  cinq  hommes  ieunes  et  forts, 
en  curant  vne  fosse  où  l’esgout  du 
fiens  des  pourceaux  estoit  de  long 
temps  croupi  et  retenu  sans  aucune 
exhalation  :  et  fut-on  contraint  em¬ 
plir  de  terre  ladite  fosse,  pour  l’estou- 
per  promptement,  et  obuier  à  plus 
grands  accidens. 

Semblable  chose  a  esté  dés  long 
temps  obseruée  par  Empedocles  phi¬ 
losophe  ,  lequel  voyant  qu’il  y  auoit 
vne  ouuerture  de  terre  entre  les 
montagnes ,  laquelle  causait  la  peste 
pour  les  mauuaises  vapeurs  qui  en 
sortoient,  la  fit  boucher,  et  par 
ainsi  chassa  la  peste  du  pays  de  Si¬ 
cile. 

On  a  conneu  combien  cecy  estoit 
vray,  par  la  corruption  aduenue  des 
corps  morts  au  chasteau  de  Pene,  sur 
la  riuiere  de  Lot  :  auquel  lieu  l’an 
1562,  au  mois  de  septembre,  pendant 
les  troubles  premiers  aduenus  à  cause 
de  la  Religion,  fut  ietté  grand  nom¬ 
bre  de  corps  morts  dedans  vn  puits 
profond  de  cent  brasses  ou  enuiron, 
duquel  deux  mois  après  s’esleua  vne 
vapeur  puante  et  cadauereuse,  qui 
s’espandit  par  tout  le  pays  d’Agenois 
et  lieux  circonuoisins,  iusques  à  dix 
lieues  à  la  ronde ,  dont  plusieurs  fu¬ 
rent  infectés  de  la  peste.  Dequoy  ne 
se  faut  esmerueiller,  veu  mesme  que 
les  vents  soufflans  poussent  les  exha¬ 
lations  et  fumées  pourries  d’vn  pays 
en  autre  :  dont  aussi  on  y  voit  pro- 
uenir  la  peste,  comme  auons  dit  cy 


iiiMB  livre  , 

deuant  en  la  première  Apologie  ‘. 

Or  si  quclqu’vn  vouloit  obiecter, 
disant  que  si  la  putréfaction  de  l’air 
est  cause  de  la  peste,  il  s’ensuiuroit 
par  nécessité  qu’en  tous  lieux  où  il  y 
a  charongnes,  estangs,  marescages, 
ou  autres  lieux  putrides,  la  peste  y 
seroit  tousiours,  à  cause  que  l’air  re¬ 
çoit  facilement  putréfaction  :  aussi 
que  toute  putréfaction,  quand  elle 
est  entrée  au  corps  par  inspiration, 
engendreroit  la  peste  :  laquelle  chose 
est  contre  l’experience,  comme  l’on 
voit  en  ceux  qui  habitent  et  fréquen¬ 
tent  és  lieux  putrides,  comme  és 
poissonneries,  escorcheries,  cemetie- 
res ,  hospitaux ,  cloaques ,  et  tanne¬ 
ries  ;  aussi  és  laboureurs  qui  manient 
et  meuuent  les  fiens  pourris  et  cor¬ 
rompus  par  putréfaction ,  et  ceux  qui 
curent  les  latrines  et  plusieurs  autres 
choses  semblables.  A  cela  faut  respon- 
dre ,  que  la  putréfaction  de  la  peste 
est  bien  differente  de  toutes  autres 
putréfactions ,  pour  ce  qu’4  y  a  vne 
malignité  cachée  et  indicible,  de  la¬ 
quelle  on  ne  peut  donner  raison,  non 
plus  que  de  l’aimant  qui  tire  le  fer, 
et  plusieurs  medicamens  qui  attirent 
et  purgent  certaines  humeurs  de  nos- 
tre  corps.  Pareillement  la  malignité 
occulte  qui  est  en  ceste  putréfaction 
pestiférée,  n’est  point  aux  autres 
choses  corrompues  de  corruption  or¬ 
dinaire,  lesquelles  toutesfois  en  temps 
de  peste  se  tournent  facilement  en 
semblable  malignité,  tellement  que 
tontes  les  apostemes,  et  fléures  pu¬ 
trides,  et  autres  maladies  procedan- 

i  Cette  derpière  phrase  est  de  1579;  elle 
fait  allusion  il  l’Apologie  de  1572,  qui  fait 
aujourd’hui  le  chap.  15  du  livre  de, 9  Playes 
d’Itarquebuses,  et  où  en  effet  il  avait  déjà  ra¬ 
conté  la  tneme  histoim.  Vqfpz  tome  ii, 
page  173  et  suiv. 


DE  LA  PESTE. 


tes  de  putréfaction  en  temps  de  peste,  i 
se  tournent  facilement  en  telle  cor¬ 
ruption  extraordinaire  et  du  tout  es- 
trange.  Et  parlant,  en  telle  constitu¬ 
tion  de  temps,  il  fait  bon  euiter  les 
lieux  infects  et  la  fréquentation  des 
pestiférés,  de  peur  que  par  la  vapeur 
et  exhalation  de  l’air  corrompu  nous 
ne  soyons  infectés  :  combien  qu’aussi 
il  n’est  pas  necessaire  que  tous  ceux 
qui  attirent  l’air  pestiféré  prennent  la 
peste  :  car  on  ne  la  peut  prendre 
qu’il  n'y  ait  quelque  préparation  et 
disposition  :  ce  que  l’experience  iour- 
naliere  démon stre.  Aussi  Galien  le 
déclaré  au  liure  des  différences  des  fié- 
ures,  disant  que  nulle  cause  ne  peut 
produire  son  effet  sans  que  le  corps  y 
soit  apte  et  préparé,  autrement  tous 
serolent  infectés  de  mesme  cause. 
Neantmoins  par  continue  fréquenta¬ 
tion  des  lieux  et  personnes  enueni- 
mées  de  tel  venin ,  on  peut  acquérir 
vne  disposition  et  préparation  à  rece- 
uoir  icelle  peste  :  car  combien  que  le 
bois  verd  ne  soit  disposé  à  brusler,  si 
est  ce  que  pour  estre  long  temps  au 
feu,  il  brusle.  Partant  ie  conseille  de 
se  pi'eseruer  tousiours,  et  euiter  les 
lieux  et  personnes  pestiférées  :  car  le 
venin  pris  par  l’odeur  des  vapeurs 
venimeuses  ,  est  merueüleusemept 
soudain,  et  n’a  affaire  d’aucun  hu¬ 
meur  qui  luy  serue  de  conduite  pour 
entrer  en  nostre  corps  et  agir  en  ice- 
luy,  comme  nous  auons  dit  par  cy 
douant.  Car  lesdites  vapeurs,  estans 
subtiles,  sont  facilement  attirées  auec 
l’air  dedans  les  poulmons,  et  d’iceux 
dedans  le  cœur  (  domicile  de  la  vie  ), 
puis  passent  par  les  arteres,  et  d’elles 
se  communiquent  par  tout  le  corps, 
gastans  premièrement  les  esprits,  puis 
les  humeurs,  et  en  la  fin  la  substance 
mesme  des  parties  solides  K 

‘  Toutes  les  éditions  portent  ici  simple- 


359 

Or  quand  nous  parlons  de  l’air  pes- 
tilent,  nous  ne  voulons  qu’il  soit  es¬ 
timé  simple  et  élémentaire  ;  car  estant 
simple,  iamais  n’acquiert  de  pourri¬ 
ture,  mais  par  addition  et  raeslange 
des  vapeurs  pourries  esparscs  on  luy. 
Parquoy  veu  que  l’air  qui  nous  en^ 
uironne  et  est  contigu,  est  perpétuel¬ 
lement  necessaire  à  nostre  vie,  et  que 
sans  luy  nous  ne  pouuons  viure ,  il 
faut  que ,  selon  la  disposition ,  nostre 
corps  soit  en  plusieurs  et  diuerses 
maniérés  altéré ,  à  cause  que  conti¬ 
nuellement  nous  l’attirons  par  l’at¬ 
traction  qui  se  fait  des  poulmons  és 
parties  pectorales  dediées  à  la  respi" 
ration,  et  pareillement  par  la  trans¬ 
piration  qui  se  fait  par  les  pores  et 
petits  pertuis  insensibles  de  tout  le 
corps,  et  des  arteres  espandues  au 
cuir  :  ce  qui  se  fait  tant  pour  la  gé¬ 
nération  de  l’esprit  de  vie,  que  pour 
rafraîchir  nostre  chaleur  naturelle. 
A  ceste  cause,  s’il  est  immodérément 
chaud,  froid,  humide,  ou  sec,  il  al¬ 
téré  et  change  la  température  du 
corps  en  semblable  constitution  que 
la  sienne.  Mais  entre  toutes  les  con¬ 
stitutions  de  l’air,  celle  qui  est  chaude 
et  humide  est  fort  dangereuse ,  car 
telles  qualités  sont  cause  de  putré¬ 
faction  :  ainsi  que  l’experience  nous 
fait  voir  és  lieux  où  le  vent  marin  en 
Esté  exerce  sa  tyrannie,  esquels  vne 
viande,  tant  soit  elle  fraîche,  se  cor- 

mept  ;  la  substance  snême  des  parties.  Mais 
cela  vient  de  ce  qu’elles  ont  copié  trop  fidè¬ 
lement  l’édition  primitive  de  1568,  sans 
faire  attention  à  Yerratum  unique  de  cette 
édition ,  ainsi  conçue  : 

«  AV  l.ECïeVR, 

t)  Amv  lectevr,  è  la  page  10.  ligne  0. 
apres  ce  mot,  parties,  faut  adiousterce  mot, 
solides.  S’il  se  trouue  d’autres  fautes,  elles 
sont  ou  de  petite  conséquence,  ou  aisees  à 
vn  chacun  de  corriger.  » 


LE  VINGT  QVATRllÉME  LIVRE 


36o 

rompt  et  pourrit  en  moins  de  demie 
heure.  Semblablement  nous  voyons 
que  l’abondance  des  pluyes  engendre 
beaucoup  de  vapeurs,  lesquelles  lors 
que  le  soleil  ne  les  peut  résoudre  et 
consumer ,  altèrent  et  corrompent 
l’air,  et  le  rendent  idoine  à  la  peste. 
Mais  il  faut  icy  noter  que  la  pourri¬ 
ture  qui  vient  des  corps  morts  des 
hommes ,  est  plus  pernicieuse  aux 
hommes  que  celle  des  autres  ani¬ 
maux  :  aussi  celle  des  bœufs  aux 
bœufs,  des  cheuaux  aux  cheuaux, 
des  pourceaux  aux  pourceaux ,  ainsi 
des  moulons  et  autres  animaux  :  ce 
qui  prouient  pour  la  sympathie  et 
concordance  qu’ils  ont  les  vns  aux  au¬ 
tres,  comme  on  voit  qu’en  vne  fa¬ 
mille  et  personnes  qui  sont  de  sem¬ 
blable  tempérament,  si  l’vn  est  espris 
de  peste ,  elle  se  communique  ordi¬ 
nairement  à  tous.  Toutesfois  on  a  veu 
aussi  pour  escorcher  des  bœufs  et 
autres  bestes  mortes  de  peste,  l’es- 
corcheur  mourir  subitement,  et  le 
corps  d’iceluy  deuenir  tout  enflé. 

Le  tonnerre  et  eselairs,  par  son 
grand  bruit  et  tintamarre,  esmeut  si 
vehementement  l’air,  qu’il  fait  ren¬ 
forcer  la  peste  L 

Or  pour  conclure  des  effets  diuers 
de  l’air,  nous  dirons  que,  selon  qu’il 
est  diuers  et  dissemblable,  aussi  il 
rend  dissimilitude  d’affections  et  dif- 
ferens  effets,  mesmes  es  esprits,  les¬ 
quels  il  rend  gros  et  hébétés,  ou  sub¬ 
tils  et  aigus  :  et  pour  le  dire  en  vn 
mot,  l’air  a  empire  sur  tous  les  hom¬ 
mes  et  autres  animaux,  plantes,  ar¬ 
bres,  et  arbrisseaux. 

1  Celle  courte  phrase,  qui  rompt  la  liai¬ 
son  des  idées,  a  été  intercalée  ici  en  1685. 


CHAPITRE  IV. 

DE  e’aLTERATION  DES  HVMEVRS  ,  QVI 

SE  FAIT  PRINCIPALEMENT  PAR  LA  M.V- 

NIERE  DE  VIVRE. 

Après  aiioir  suffisamment  déclaré 
les  causes  de  l’alteration  de  l’air  qui 
nous  eniiironne,  et  que  nous  inspirons 
par  nécessité ,  vueillons  ou  non  : 
maintenant  il  nous  faut  déclarer  la 
cause  de  la  corruption  des  humeurs 
de  nostre  corps. 

Or  nos  humeurs  se  corrompent  et 
tournent  en  pourriture  par  vne  trop 
grande  plénitude  ou  obstruction, 
ou  intemperature,  ou  malignité  de 
matière,  qui  se  fait  principalement 
par  la  mauuaise  maniéré  de  viure  : 
et  de  là  procèdent  les  causes  princi¬ 
pales  de  corruption  ,  par  lesquelles 
tels  corps  sont  soudainement  frappés 
de  peste  :  car  après  auoir  beu  des 
vins  poussés  et  corrompus ,  et  des 
eaux  mauuaises  et  putrides,  comme 
celles  qui  sont  bourbeuses  et  mares- 
cageuses ,  dans  lesquelles  se  desgor¬ 
gent  les  esgouts  puantset  corrompus, 
sans  qu’iceux  ayent  aucun  cours  ; 
esquelles  aussi  on  aura  ielté  quelque 
ordure  et  laué  le  linge,  et  ietté  les 
excremens  des  pestiférés,  comme  est 
vn  esgout  de  1  Hostel-Dieu  de  Paris  : 
où  après  auoir  mangé  meschantes 
viandes,  comme  grains  pourris,  her¬ 
bes,  fruits  sauuages,  et  autres  ali- 
mens  altérés  et  non  accouslumés, 
comme  on  fait  par  vne  grande  fami¬ 
ne,  et  aux  villes  et  places  assiégées 
(ce  que  ie  sçay  pour  y  auoir  esté), 
tellement  que  par  nécessité  les  hom¬ 
mes  sont  contraints  de  manger  la 
viande  des  pourceaux,  comme  on  a 
veu  en  l’an  1566,  à  cause  de  la  cherté, 


DE  LA.  PESTE. 


faire  du  pain  d’auoine,  féues,  pois,  de 
lentilles,  vesse,  de  glands,  racine  de 
feugere,  et  dent  de  chien  :  aussi  man¬ 
ger  troncs  de  choux,  et  autres  choses 
semblables  :  après,  dis-ie,  telle  ma¬ 
niéré  de  viure,  suruient  ordinaire¬ 
ment  vne  peste.  Car  telle  nourriture 
engendre  obstructions  et  pourriture 
d'humeurs,  dont  s’ensuiuent  galles, 
apostemes,  vlceres  et  fleures  putri¬ 
des,  qui  sont  préparatifs  à  la  peste  :  à 
quoy  aussi  aide  grandement  la  per¬ 
turbation  des  esprits  et  humeurs , 
comme  de  crainte,  frayeur,  fascherie, 
ou  autre  cause  :  car  telles  choses 
changent  Tceconomie  de  toute  l’habi¬ 
tude  du  corps. 

Et  comme  és  iours  caniculaires  on 
voit  que,  par  la  grande  chaleur  et 
ébullition,  la  lie  est  esleuée  en  haut 
et  meslée  parmy  le  vin  :  ainsi  la  me- 
lancholie  et  autres  humeurs ,  estans 
meslés  et  pertroublés ,  infectent  le 
sang  et  le  disposent  à  pourriture  et 
vénénosité,  dont  la  peste  est  souuent 
procréée,  et  autres  pourritures*.  Ce 
que  n’agueres  nous  a  esté  manifesté 
en  plusieurs  de  ceux  qui  furent  bles¬ 
sés  à  la  bataille  prés  Sainct  Denys, 
leurs  playes  degeneroient  en  grandes 
pourritures,  accompagnées  de  fléures 
putrides  et  autres  grands  accidens  : 
et  presque  tous  mouroient,tant  d’vne 
part  que  d’autre,  voire  encore  que 
leurs  playes  fussent  petites,  et  en 
lieux  du  corps  non  dangereux  :  et 
aussi  qu’ils  fussent  traités  de  toutes 
choses  necessaires,  tant  à  leur  ma¬ 
niéré  de  viure  que  autres  choses. 
Dont  plusieurs  afflrmoient  et  philo- 
sophoient  que  c’estoit  à  raison  de  la 
poudre  à  canon  et  des  boulets  em¬ 
poisonnés  :ce  qui  me  semble  n’estre 
vray,  ainsi  que  i’ay  amplement  dis- 

*  Rondelet ,  en  sa  pratique.  —  A.  l*. 


36i 

couru  au  Traité  des  playes  faites  par 
harquebuses  et  autres  bastons  à  feu, 
tant  par  autorité,  raison,  qu’expe- 
rience.  D’auantage,  les  pourritures  et 
autres  accidens  ne  venoient  seule¬ 
ment  aux  playes  faites  par  bastons  à 
feu,  mais  aussi  à  celles  qui  estoient 
faites  par  autres  armes,  comme  d’es- 
pées,  de  piques,  de  lances,  et  autres. 
Partant  il  me  semble  (  sous  correc¬ 
tion)  que  les  accidens  ne  venoient 
par  la  malignité  de  la  poudre  à  ca¬ 
non,  et  moins  des  boullets  qti’on  di¬ 
soit  estre  enuenimés  :  mais  plustost  à 
cause  de  l’ebullition  du  sang  et  des 
autres  humeurs,  se  broüillans  et  mes- 
lans  ensemble ,  tant  pour  l’extreme 
cbolere  et  effroy  de  l’apprehension 
de  la  mort  qu’on  voit  si  proche,  et 
principalement  aussi  pour  la  consti¬ 
tution  et  pourriture  de  l’air.  Et  qu’il 
soit  vray,  vn  iour  ou  deux  qu’on  ti- 
roit  du  sang  aux  malades  pour  sur  • 
uenir  aux  accidens,  il  se  trouuoit  de 
couleur  non  rouge,  mais  du  tout 
changé  de  sa  nature,  à  sçauoir  blanc 
ou  verdoyant  comme  sanie  des  apos¬ 
temes,  qui  deraonstroit  estre  du  tout 
corrompu.  loint  aussi  lors  qu’on  fai- 
soit  ouuertures  de  corps  morts,  on 
trouuoit  presque  à  tous  des  aposte¬ 
mes  aux  parties  intérieures,  comme 
au  foye  et  aux  poulmons  ‘  ;  qui  se 

1  Je  ne  sache  pas  qu’on  trouve  dans  aucun 
auteur  avant  Paré  la  mention  de  ces  abcès 
métastatiques ,  constatés  à  l’autopsie.  J’ai 
déjà  fait  cette  remarque  pour  les  abcès  du 
foie  succédant  aux  plaies  de  tête  (  tome  II, 
page  32).  On  trouve  aussi  la  mention  d’ab¬ 
cès  internes  à  la  suite  des  plaies  d’arquebu¬ 
ses  dans  la  première  Apologie  (tome  II, 
page  176);  mais  cette  Apologie,  datée  de 
1572,  est  postérieure  de  quatre  ans  au 
Traité  de  la  peste,  et  ne  s’exprime  pas  d’une 
manière  aussi  nette  et  précise  que  le  chapi¬ 
tre  auquel  se  rattache  cette  note. 


le  vingt-qvatrième  livre, 


362 

faisoit  pour  la  pourriture  acquise  par 
le  broüillemenl  du  sang,  et  principa¬ 
lement  de  l’air  ambiens  altéré  et  cor¬ 
rompu,  et  non  par  la  poudre  à  canon 
ny  les  boulets,  qu’aucuns  tenoient 
estre  empoisonnés. 

Maintenant  nous  descnrons  les  si 
gnes  et  présagés  de  la  peste  à  adue- 
air,  pris  de  la  corruption  de  l’air. 


CHAPITRE  V. 

glGTSES  OV  raESAGES  DE  EA  PESTE  A 
APYElilE)  PRIS  PE  pA  CORBVPTIOIS  PE 

e’air. 

Quand  les  saisons  de  l’année  ne 
gardent  leurs  qualités  et  tempéra¬ 
tures  naturelles,  et  sont  fort  xmroode. 
rées,  à  sçauoir  quand  on  voit  le 
temps  fort  pluuieux  et  Austral ,  et 
l’esté  fort  cbaud ,  et  que  le  vent  Aus¬ 
tral  dure  long  temps  sans  pluye,  et 
que  l’on  voit  au  ciel  cometes  et  estoil- 
les  ardentes ,  qui  voltigent  et  partent 
de  leurs  places,  tantqu’iisemblequ  el' 
les  tombent,  auec  abondance  de  ton¬ 
nerres  ,  et  autres  cboses  que  nous 
auons  par  cy  deuapt  dit  !  aussi ,  si  ou 
voit  grande  quantité  de  chenilles ,  et 
autre  vermine  qui  broustent  et  ron¬ 
gent  les  fueilleset  gettons  des  arbres, 
et  les  fruits  estre  vermineux  ‘ ,  et 
les  oyseaux  laisser  leurs  nids,  voire 
leurs  œufs  et  leurs  petits,  et  plusieurs 
femmes  enceintes  auorter  (qui  se  fait 

1  L’édition  de  1568,  suivie  par  celles  de 
1575  et  1579,  portait  seulement  :  Aussi  si  on 
vqH  les  fruiçis  pleins  de  vermines,  etc.  Le 
texte  ftC'nel  e^t  donc  de  l585.  11  convient 
d’avertir  que  l’édition  de  1598  et  toutes  les 
autres  après  elle  opt  écrit  :  hs  jruicts  estre 
venimeux-,  faute  d’iippression  qui  dénature 
le  sens. 


pour  la  vapeur  venimeuse  de  Pair 
pestilent ,  lequel  estant  inspiré  par  la 
mere,  estouffe  l’enfant  par  sa  mali¬ 
gnité  ennemie  de  nature  )  :  si  ces 
choses  ,  dis  ie ,  sont  veuës ,  on  peut 
véritablement  presagir  et  dire  que 
les  causes  et  signes  de  corruption  sont 
presens,  et  qu’ils  nous  menacent  de 
la  peste. 

Toutesfois  il  faut  Icy  entendre  que 
telles  choses  apparentes  en  l’air  ne 
sont  point  propres  causes  de  la  peste, 
mais  que  telles  impressions  aériennes 
sont  engendrées  des  exhalations  et 
vapeurs  de  la  terre ,  lesquelles  enfin 
infectent  l’air,  dont  la  peste  procédé  ; 
car  l’air  se  corrompt  par  les  vapeurs 
putrides  esleuées  des  entrailles  de  la 
terre,  pour  les  corruptions  qui  sont 
en  icelle ,  comme  de  corps  morts  ,  es- 
gouts ,  eaux  croupies ,  et  autres  cau¬ 
ses  qu’auons  déclarées  cy  deuant, 
lesquelles  le  soleil  par  sa  vertu  attire 
en  la  moyenne  région  de  l’air,  en 
temps  de  grandes  chaleurs.  Et  pour 
ce  il  ne  se  peut  faire ,  qu’à  cause  de 
l’air  estant  ainsi  corrompu ,  ne  s’en- 
suiuent  diuers  effects  selon  la  diuer- 
sité  de  la  corruption.  Et  de  là 
s’engendrent  plusieurs  maladies  epi- 
demiales,  c’est  à  dire,  populaires  ou 
vulgaires,  ainsi  que  l’an  1510.  sur- 
uint  vne  maladie  par  tout  le  royaume 
de  France,  tant  és  villes  qu'és  vil¬ 
lages  ,  nommée  par  le  commun  Co¬ 
queluche:  par-ce  que  quand  aucuns 
estoieut  espris  de  ceste  maladie,  ils 
sentoient  grande  douleur  en  la  teste, 
ensemble  en  l’estomach ,  és  reins,  et 
ésiambes,  et  auoient  fiéure  continue, 
auec  déliré  et  frenesie  :  et  lorsqu’on 
les  purgeoit  ou  saignoit ,  on  abbre- 
geoit  leurs  iours.  Et  d’icelle  mourut 
vn  bien  grand  nombre  d’hommes, 
tant  riclies  que  panures. 

Aussi  l’an  l»39,  suruint  vne  autre 


DE  LA  PESTE. 


^aladie  en  Angleterre,  et  aux  basses 
Alleuiagnes ,  qui  fut  nommée  du 
peuple  la  Suette ,  pour-ce  que  les  pa- 
liens  aûoient  vue  bien  grande  sueur 
par  tout  le  corps,  avec  grand  frisson, 
tremblement,  et  palpitation  de  cœur, 
accompagnée  de  fiéure  continue  :  et 
mouroient  en  peu  de  jours:  et  ceste 
maladie  tua  aussi  vn  bien  grand 
nombre  de  personnes. 

Pareillement  l’an  1546.  régna  en  la 
ville  du  Puy  en  Auuergne,  vne  autre 
maladie  nommée  du  peuple  Trousse- 
galand ,  pour-ce  que  peu  de  ceux  qui 
en  estoient  espris,  eschappoient,  ains 
mouroient  en  deux  ou  trois  iours,  ou 
moins,  et  plustost  les  robustes  que 
les  débités,  et  les  riches  que  les  pau- 
ures.  Au  commencement  les  patiens 
auoient  grande  pesanteur  de  tout  le 
corps,  auec vne  extreme  douleur  de 
leste,  et  fiéure  continue,  etperdoient 
toute  connoissance,  et  faisoient  tous 
leurs  excremens  involontairement 
sous  eux ,  et  auoient  grand  délire ,  de 
sorte  qu'il  les  falloit  lier  et  attacher. 
Que  si  aucuns  eschappoient,  leurs 
cheueux  tomboient  :  et  ladite  maladie 
estoit  fort  contagieuse.  I^’année  sui- 
uante  vint  en  ladite  ville  vne  autre 
plus  grande  peste  accompagnée  de 
bubons  et  charbons,  qui  fit  aussi 
mourir  grand  nombre  dp  peuple. 

Ce  que  i’ay  bien  voulu  icy  annoter, 
à  fin  que  le  chirurgien  prenne  garde 
à  la  grande  dinersité  et  malignité  de 
ceste  maladie  pestilento  pour  y  oh- 
uier,  l’aduertissant  d’auantage,  qu’en 
certains  temps  aduiennont  plusieurs 
autres  maladies  populaires ,  comme 
fiéures  putrides  ,  flux  de  ventre, 
rheuraes,  toux,  frénésies,  esquinan- 
cies  ,  pleurésies  ,  poripneumonies  , 
ophthalmies,  apoplexies,  léthargies, 
pourpre,  rougeolle,  petite  verolle, 
galles,  anthrax  ou  charbons,  et  au- 


363 

très  pustules  malignes,  lesquelles 
prennent  en  mesme  temps.  Partant 
la  peste  n’est  pas  tousiours  ny  en 
tout  temps  d’vne  mesme  sorte,  mais 
diuerse  l’vne  de  l’autre  :  qui  a  esté 
cause  qu’on  luy  a  donné  diuers  noms, 
selon  les  effets  et  accidens  qü’elle 
produit  :  ce  qui  prouient  principale¬ 
ment  pour  la  diuersité  du  venin  qui. 
est  en  l’air.  Car  ainsi  qu’il  est  cause 
de  la  vie  aux  animaux,  aussi  est-il 
cause  des  maladies  et  de  la  mort 
d’iceux  ,  pour-ce  que  sans  iceluy  l’a- 
niman  t  ne  peut  estre  ne  durer,  mesmes 
vn  bien  peu  de  temps ,  d’autant  qu’il 
est  du  tout  necessaire  qu’il  soit  attiré 
par  la  resfiiralion  des  poulmons: 
lequel  estant  pourri  et  attiré  eu  la 
substance  du  cœur,  abbat  toutes  les 
forces  du  corps  ,  et  fait  mourir  plu¬ 
sieurs  animaux  pourla  nécessité  qu’ils 
ont  de  respirer.  Parquoy  lors  que 
l’air  pourri  et  pestiféré  exerce  sa 
tyrannie ,  il  tue  non  seulement  le 
genre  humain ,  mais  aussi  les  bestes 
de  la  terre  et  les  oysegux  du  ciel. 

Et  pour  le  dire  en  vn  mot ,  te]  air 
pestilent  estsi  furieux  qu’il  renuerse  , 
dissipe,  altéré,  brise  et  corrompt 
rharutonie  naturelle  et  température 
de  tous  animaux ,  ainsi  qu’vu  certain 
foudre  et  tonnerre  liquéfié  et  con¬ 
sume  l’argent  d’yne  bourse  sans  la 
gaster  :  pareillement  fait  sortir  le  vin 
des  tonneaux,  sans  qu’on  puisse  ap- 
perpeuoir  aucune  onuerture  ,  aussi 
fond  le  fer  d’vue  pique  sans  toucher 
au  bois  :  comminue  pt  brise  les  os  du 
corps  sans  aucune  apparence  en  la 
chair  :  qui  se  fait  par  vue  chose  indi¬ 
cible  ,  de  laquelle  on  ne  peut  donner 
raison.  Combien  qu’Aristote  liure  5. 
des  Met(ores ,  chap.  1.  ayant  pour 
résolution  de  ces  questions  fait  diiji- 
sion  des  foudres, en  ceux  qui  sont  plus 
parlicipans  de  terrestrilé ,  et  en  ceux 


364  le  VINGT-QVATRIEME  LIVRE, 


qui  retiennent  plus  de  la  nature  et 
substance  de  la  flammé ,  et  qui  sont 
plus  subtils  :  dit  cela  aduenir,  par-ce 
que  tels  foudres  de  leur  subtilité  pé¬ 
nétrent  aisément  au  trauers  des  corps 
rares  et  poreux,  comme  sont  les  bois, 
le  cuir,  la  chair  et  peau  ,  sans  les  of¬ 
fenser  :  mais  qu’au  trauers  des  denses 
et  solides ,  ils  ne  peuuent  passer  sans 
effort  et  violence,  dont  vient  que 
pour  la  résistance  qui  leur  est  faite 
au  passage ,  ils  les  rompent  et  fra¬ 
cassent.  Ce  que  mesme  après  Aristote 
a  confirmé  Pline,  liure  2.  chap.  51, 
et  Seneque  liure  2.  de  ses  Questions 
naturelles^.  Ainsi  est-il  delà  peste, 
qui  deslruit  et  corrompt  toute  l’œco- 
nomie  de  nature. 


CHAPITRE  YI. 

SIGNES  DE  LA  PESTE ,  PEIS  DE  LA  COR- 
RVPTION  QVI  EST  EN  TERRE. 

Les  signes  de  la  peste  à  aduenir, 
pris  de  la  corruption  de  la  terre, 
sont,  que  l’on  voit  sortir  d'icelle 
abondance  de  champignons  ou  poti¬ 
rons  ,  et  le  froment  produire  yuraye , 
et  autre  chose  contre  leur  nature 
Aussi  que  sur  icelle  apparaissent 
grandes  troupes  de  petits  animaux , 
comme  araignes ,  chenilles ,  papil¬ 
lons ,  cigales ,  hannetons,  mousches 
et  mouscherons,  scorpions,  escar¬ 
gots,  limaçons,  sauterelles,  grenoüil- 
lettes ,  vers,  et  autres  semblables, 
qui  se  procréent  de  pourriture  :  pa¬ 
reillement  les  bestes  saunages  laissent 
leurs  cauernes  et  cachots  :  aussi  en 

1  Toute  cette  longue  citation  d’Aristote  a 
été  ajoutée  ici  en  1576. 

^  Ces  mots  ;  et  le  froment  produire  yuraye, 
etc.,  ont  été  ajoutés  en  1585. 


sortent  plusieurs  autres,  comme  taul- 
pes,crapaux,  viperes,  couleuures, 
lézards,  aspics,  crocodiles,  et  autres 
de  plusieurs  et  diuerses  especes  :  tou¬ 
tes  lesquelles  bestes  sortent  pour  la 
fascherie  de  la  vapeur  putride  et  ve- 
neneuse’qui  est  contenue  és  entrailles 
d’icelle,  de  laquelle  mesme  la  plupart 
de  telle  vermine  se  fait  :  ioint  aussi 
qu’on  les  trouue  quelquesfois  mortes 
en  grand  nombre.  Ce  que  ne  trouuera 
fascheux  à  croire  celuy  qui  considé¬ 
rera  que  Dieu  a  distribué  aux  ani¬ 
maux  quelque  chose  particulière 
pour  demonstrer  et  prédire,  non  seu¬ 
lement  la  peste  à  aduenir ,  mais  aussi 
le  changement  du  temps ,  comme 
pluye,  vent,  gresle,  tempeste,  le 
printemps ,  l’esté ,  automne  et  hyuer, 
et  autres  choses  semblables  :  et  ce 
tant  par  gestes,  chansons,  cris,  que 
par  troupes  et  arriuées ,  sorties  de  la 
terre,  laissans  leurs  petits,  et  fuyans 
en  autre  région  ,  comme  nous  auons 
dit  :  lesquelles  choses  viennent  de 
leurs  sens  extérieurs,  et  occulte  con- 
uenance  de  leurs  corps  auec  l’air.  Et 
si  quelqu’vn  demande  autre  cause ,  ie 
le  renuoysray  au  grand  architecteur, 
duquel  les  thresors  de  science  et  sa¬ 
gesse  sont  cachés ,  et  nous  les  mani¬ 
festera  quand  bon  luy  semblera. 

Or  ces  vapeurs  pourries,  lesquelles 
nous  auons  dit  chasser  les  bestes  de 
leurs  cauernes  ,  s’esleuent  en  l’air  et 
causent  grosses  nuées,  et  tombent 
quelquesfois  sur  les  fruits,  et  les 
corrompent,  dont  ceux  qui  en  man¬ 
gent  sont  espris  de  la  peste.  Elles  n’in¬ 
fectent  seulement  les  fruits,  mais 
aussi  font  mourir  les  arbres  et  les 
bestes,  comme  bœufs,  vaches,  che¬ 
naux,  pourceaux ,  moutons ,  poulail- 
les,  et  autres  volatiles  ,  comme  nous 
auons  dit.  Sur  quoy  tu  dois  obseruer, 
que  les  bestes  à  quatre  pieds  sont 


DE  tA  DESTE. 


plijstot  saisies  et  frappées  de  ceste 
peste  que  les  hommes,  parce  qu’elles 
paissent  les  herbes  imbues  des  exha¬ 
lations  putrides  de  la  terre  :  et  partant 
on  no  les  doit  faire  paistre  que  le  so¬ 
leil  n’ait  premièrement  consommé  la 
rosée,  s’il  est  possible. 

Qu’il  soit  vray,  on  a  veu  vn  paysan 
de  la  Beausse  auoir  esté  accusé  en 
iustice  d’estre  sorcier,  parce  que  ses 
brebis  ne  mouroient  point,  et  toutes 
celles  de  ses  voisins  perissoient.  Sur 
quoy  estant  interrogué  deuant  les 
juges,  il  fit  response ,  que  iamais  il  ne 
permettoit  que  son  bestail  sortis! 
hors,  que  premièrement  le  soleil 
n’eust  consommé  la  rosée,  et  que  plu¬ 
sieurs  petites  bestioles  qui  estoient 
sur  les  herbes  ne  fussent  retirées  de¬ 
dans  la  terre  :  et  dit,  que  quelques- 
fois  il  l’auoit  déclaré  à  aucuns  de  ses 
voisins  :  ce  qui  fut  trouué  vray,  et 
fut  absoult  pour  les  raisons  susdites. 

Or  pour  ce  qu’il  est  fait  icy  mention 
des  bestioles  qui  nuisent  aux  trou¬ 
peaux  qui  paissent,  nous  déclarerons 
icy  en  passant,  qu’il  y  a  vne  petite 
bestiole  semblable  à  la  cantharide, 
trouuée  aux  herbages,  qui  enfle  si 
fort  vn  bœuf  quand  il  l’a  mangée, 
qu’il  créue  ;  et  pour  ceste  cause  est 
nommée  de  Pline,  Bwprestis 


CHAPITRE  VIL 

LA  CVRE  PKESERVATIVE,  ET  PREMIERE¬ 
MENT  DE  l’air,  DV  vivre,  ET  DE  LA 
MAISON. 

Après  auoir  descrit  la  peste,  et  dé¬ 
claré  les  causes,  signes,  et  présagés 

t  Pline ,  30.  cftap.  4.  —  A.  P.  Plus  tard 
Paré  a  consacré  un  chapitre  particulier  de 


365 

par  lesquels  ,on  peut  coniecturer 
qu’elle  doitaduenir  :  maintenant  nous 
faut  dire  comment  on  s’en  doit  pre- 
seruer,  d’autant  que  la  prccaution 
doit  précéder  la  curation  d’icelle. 

Or  véritablement  le  plussouuerain 
remede  que  ie  puisse  enseigner  auec 
tous  les  anciens,  est  s’enfuir  tost  et 
loing  du  lieu  infect,  et  se  retirer  en 
air  sain,  et  retourner  bien  lard,  si  on 
le  peut  faire  Et  où  il  ne  sera  possi¬ 
ble,  faut  obseruer  deux  choses  en  ge¬ 
neral  :  la  première  est  rendre  le 
corps  fort  pour  résister  à  l’infection 
de  l’air  :  la  seconde  moyenner  que 
l’air  infect  ne  soit  assez  fort  pour  im¬ 
primer  en  nous  son  venin  :  qui  se  fera 
en  le  corrigeant  par  qualité  contraire, 
comme  s’il  est  trop  chaud,  par  choses 
froides,  et  ainsi  des  autres  qualités. 

Le  corps  résistera  au  venin,  s’il  est 
net  et  fortifié  par  remedes  propres, 
comme  par  bon  régime,  purgation, 
et  saignée  s’il  en  est  besoin.  Aussi  faut 
euiter  la  grande  variété  des  viandes, 
et  celles  qui  sont  fort  chaudes  et  hu¬ 
mides,  et  principalement  celles  qui  se 
corrompent  aisément  :  et  ne  faut 
manger  pâtisseries,  ny  yurongner,ou 
se  trop  saouler ,  mais  on  se  leuera  de 
table  auec  appétit.  Pareillement  faut 
que  les  viandes  soient  de  bon  suc ,  et 
faciles  à  digerer  :  car  les  bons  alimens 
pris  avec  vne  médiocrité  en  temps  et 
lieu  engendrent  bonnes  humeurs, 
qui  sont  cause  de  santé,  et  par  con¬ 
séquent  preseruatifs  de  peste.  Aussi 
il  faut  prendre  moyen  exercice  au 
matin,  et  au  vespre  auant  le  repas,  et 
en  lieu  non  suspect  d’air  pestiféré  : 
pareillement  auoir  bon  ventre ,  soit 

son  livre  des  Venins  à  la  Bupreste;  voyez 
ci-devant  page  329.  Il  ne  faut  pas  oublier 
que  le  livre  de  la  Peste  est  de  1568. 

I  1  Citb ,  longé ,  tardé.  —  AP. 


366  LE  VINGT-QVATRIEME  LIVRE  , 


par  art,  ou  par  nature:  aussi  faut 
fortifier  le  cœur  et  autres  parties  no¬ 
bles  par  choses  cordiales,  comme 
epithemes  ,  linimens  ,  emplastres , 
eaux  ,  pilules ,  poudres ,  tablettes  , 
opiates,  parfums,  et  autres  que  dirons 
cy  après, 

D’auantage  faut  eslire  vn  bon  air, 
et  lolng  des  lieux  fetides  :  car  le  bon 
air  aide  beaucoup  à  la  conseruation 
de  la  santé  d’vn  chacun,  et  recrée  les 
esprits  et  toutes  les  vertus  :  au  con¬ 
traire  l’air  obscur  et  de  mauuaise 
odeur  nuist  merueilleusement,  parce 
qu’il  engendre  plusieurs  malat^ies, 
fait  perdre  l’appetit,  rend  le  corps 
languide  et  mal  coloré,  et  estoufte  le 
cœur ,  et  pour  le  dire  en  vn  mot,  il 
abbrege  la  vie.  Le  vent  de  Èize,  qui 
vient  du  Septentrion,  est  bon,  pource 
qu’il  est  froid  et  sec  :  au  contraire  le 
vent  austral,  qui  vient  du  Midy,  est 
tres-dangereux,  parce  (Ju’il  est  chaud 
et  humide,  qui  débilité  le  corps,  et 
ouUre  les  conduits,  qui  fait  qüe  le 
venin  pénétré  plus  facilement  au 
cœur.  Ét  Celui  d’Occident  est  sembla¬ 
blement  insalubre,  à  cause  qu’il  tient 
beaucoup  du  méridional.  Et  pour 
ceste  cause,  on  fermera  les  fenestres 
de  la  maison  du  costé  où  ils  frappent, 
et  on  ouurira  au  matin  celtes  qui 
ont  esgard  vers  le  Septentrion  et 
Orient,  si  d’auenture  la  peste  n’e^toit 
de  ce  costé  là  :  et  se  faut  donner  gârde 
que  nulle  mauuaise  vapeur  n’entre 
dedans.  Puis  après  On  fera  du  feu  par 
toutes  les  chambres,  et  on  les  parfu¬ 
mera  de  choses  aromatiques ,  comme 
d’encens,  myrrhe,  benioin,  ladaoum, 
styrax,  roses,  fueilles  de  myrte,  la- 
uande,  rosmarin,  sauge,  basilic, 
sarriette ,  serpolet ,  mariolaine ,  ge- 
nest,  pommes  de  pin ,  petites  pièces 
de  boisdepin,  de  genéureetsa  graine, 
doux  do  girofle ,  oiselets  de  Cypre , 


et  autres  semblables  choses  odorifé¬ 
rantes.  Et  de  ceste  mesme  fumée  faut 
parfumer  les  habillemens. 

On  dit  aussi,  qu’il  est  bon  en  temps 
de  peste  de  nourrir  vn  bouc  en  la 
maison  où  on  habite,  et  le  tient-on 
pour  vn  singulier  remede  contre  la 
contagion  du  mauuais  air  :  pource 
que  la  vapeur  du  bouc  ayant  empli 
le  lieu  où  il  habile,  empesche  que 
l’air  pestiféré  n’y  trouue  place  :  la¬ 
quelle  raison  peut  aussi  seruir  au 
conseil  de  parfumer  les  habits  de 
bonnes  suffumigalions.  Et  me  sem¬ 
ble  (sauf  meilleur  iugement)  qu’elle 
peut  aussi  estre  employée  à  ce  qu’on 
dit,  qu’vn  homme  à  ieun  est  plus  apte 
à  estre  pris  de  la  peste,  qu’vn  qui 
aura  mangé,  non  pas  à  satiété ,  mais 
médiocrement.  Car  auec  ce  que  par 
le  manger  Nature  fortifiée  chasse 
plus  aisément  d’elle  le  poison  et  vej 
nenosité  :  aussi  du  manger  et  boire 
se  peuuent  porter  par  toutes  les  po¬ 
rosités  du  corps  des  vapeurs,  qui  les 
emplissans  occuperont  les  vacuités 
que  l’air  pestilent  prendroit.  Toutes- 
fois  quant  est  du  bouc,  le  vulgaire 
dit  vne  autre  raison,  c’est  qu’vne 
mauuaise  odeur  chasse  l’autre. 

Ceste  raison  est  semblable  à  celle 
qu’ Alexandre  Senedictus  recite  ‘,  à 
sçauoir  qu’vn  Médecin  de  Scythie  fit 
cesser  la  peste ,  laquelle  prouenoit  de 
l’air ,  faisant  tuer  tous  les  chiens  et 
chats,  qui  estans  espars  par  les  rues 
emplirent  l’air  de  leur  vapeur  putride  : 
et  par  ce  moyen  promptement  la  peste 
cessa.  Pource  (dit-il)  que  telle  pourri¬ 
ture  changea  la  nature  de  l’air,  la¬ 
quelle  auparauant  estait  pernicieux 
aux  hommes  :  qui  se  fait  pour  la  dis- 


1  HiUoir&  d'Alexandre  Bencdiclus  en  son 
Hure  de  la  Peste,  -■  A.  P.  ' 


DE  LA  PESTE. 


similitude  des  choses ,  et  qu’vn  venin 
chasse  l’autre. 

On  ne  doit  sortir  de  la  chambre  en 
temps  de  peste,  que  deux  heures 
après  le  soleil  leué,  à  fin  qu’il  ait  pu¬ 
rifié  l’air  par  sa  clarté  et  chaleur, 
et  principalement  quand  l’air  est 
trouble  et  nébuleux ,  et  en  pays  de 
fondrières,  et  enuironné  de  monta¬ 
gnes.  Et  faut  aussi  se  garder  de  gran¬ 
des  assemblées  de  peuple  ‘j  et  prin¬ 
cipalement  des  dances  :  d’autant  que 
le  corps  estant  eschauffé  et  lassé,  et 
que  les  conduits  sont  ouuerts ,  alors 
faut  qu’on  tire  grande  quantité  d’air 
pour  la  réfrigération  du  coeur  :  et 
partant  s’il  est  infecté,  nous  donne  la 
peste  par  l’haleine  et  sueur. 

Que  si  quelqu’vn  voyage  audit  temps 
de  peste  causée  du  vice  de  l’air*  et 
que  la  saison  de  l’année  soit  fort 
chaude,  il  doit  plustost  cheminer  la 
nuit  que  le  iour,  parce  que  la  peste 
assaut  et  prend  plus  facilement  du¬ 
rant  la  chaleur  et  splendeur  du  so¬ 
leil  qui  subtilie,  eschauffe,  et  raréfié 
l’air,  et  qui  outre  ouurant  le  cuir, 
rend  nostre  corps  plus  accessible  à 
receuoir  l’air  pestiféré.  Partant  la 
nuit  est  plus  salubre,  à  cause  que  l’air 
est  plus  froid  et  espais  :  toutesfoisil  se 
faut  garder  de  la  pleine  lune,  pour- 
ee  qu’en  ce  temps  là  la  nuit  est  plus 
tiede  et  dangereuse,  ainsi  que  fexpe- 
rience  le  monstre  ^  ;  considéré  mesme 
que  les  bois  coupés  en  icelle  sont 
plus  suiets  à  pourriture,  comme  ex¬ 
périmentent  à  leur  dam  ceux  qui  en 
font  bastir  :  la  raison  est  de  ce  que  la 
lune ,  estant  humide ,  remplit  (  lors 

1  La  phrase  s’arrêtait  là  en  16C8 ,  le  reste 
est  de  1585. 

2  Ici  se  terminait  le  paragraphe  dans  l’é¬ 
dition  primitive  ;  ce  qui  suit  a  été  ajouté  en 
1575. 


367 

principalement  qu’elle  est  pleine)  les 
corps  d’humidité  superflue  dont  sur- 
uient  pourriture. 

Or  pour  retourner  à  nostre  propos, 
le  plus  seur  remede  de  preseruation, 
pour  ceux  qui  ne  bougent  du  lieu 
pestilent,  est  qu’auant  que  sortir  de 
la  chambre,  et  après  quelques  prome¬ 
nades,  ils  ne  sortent  sans  auoir  des- 
ieuné  :  pour  autant  que  les  parties 
nobles  du  corps  (  ausquelles  le  venin 
s’attache  principalement  )  n’estans 
encores  soustenues  par  les  viandes, 
ne  peuuent  pas  se  defendre  comme  si 
elles  estoient  fortifiées  :  ioint  aussi 
que  les  veines  et  arteres,  non  encores 
remplies  de  nouueau  aliment,  atti¬ 
rent  et  laissent  plus  facilement  entrer 
le  venin ,  lequel ,  trouuant  place 
vuide,  se  r’empare  des  parties  nobles, 
et  principalement  du  cœur.  Parquoy 
ceux  qui  auront  accoustumé  de  des- 
ieuner  au  matin,  mangeront  du  pain, 
et  beurre  frais  salé,  et  quelque  car- 
bonnade,  et  autres  bons  alimens  :  et 
boiront  du  meilleur  vin  qu’il  leur 
sera  possible  recouurer.  Les  rustiques 
et  gens  de  trauail  pourront  manger 
quelque  gosse  d’aulx  ou  eschalloU 
tes,  auec  du  pain  et  du  beurre,  et 
bon  vin,  s’ils  en  peuuent  fournir,  à 
fin  de  charmer  la  broüée  :  puis  s’en 
iront  à  leurœuure,  en  laquelle  Dieu 
les  aura  appellés.  Les  aulx  sont  souue- 
rains  aux  rustiques  et  villageois  ,  et  à 
ceux  qui  ont  accoustumé  d’en  vser  : 
aussi  à  ceux  ausquels  ils  n’engendrent 
point  de  douleur  de  teste ,  et  ne  les 
eschauffent  par  trop,  à  raison  que  le 
tempérament  de  ceux-là  est  plus  ro¬ 
buste  ,  et  leur  sang  moins  aisé  à  s’en¬ 
flammer  :  au  contraire  ils  nuisent  aux 
délicats ,  comme  femmes ,  enfans ,  et 
cholériques ,  et  à  ceux  qui  viueut  en 
oisiueté,  et  qui  ont  le  sang  aisé  à 
s’enflammer  ;  partant  à  iceux  les  aulx 


368  le  VINGT-QVATRIlhtE  LIVRE, 


seroient  poison,  au  lieu  qu'ils  sont 
medecine  aux  rustiques,  ausquels 
tels  remedes  ainsi  forts  sont  propres; 
et  ont  esté  inuenlés  par  bonne  raison, 
pour-ce  qu'ils  contrarient  du  tout  au 
venin,  à  cause  qu’ils  sont  remplis 
d’vne  très  grande  vapeur  spirilueuse, 
laquelle  suffoque,  altéré,  corrompt, 
et  chasse  le  venin  hors  du  corps. 

Quant  à  l’eau  ,  de  laquelle  on  doit 
vser  en  temps  pestilent ,  il  faut  auoir 
esgard  si  la  peste  prouiont  du  vice  de 
l’air  ;  car  alors  ne  faut  vser  d’eau 
de  pluye,  pour-ce  que  l’air  dont  elle 
prouient  est  infecté  ,  partant  alors 
sera  meilleur  de  boire  de  l’eau  des 
puits  fort  profonds  :  au  contraire,  si  le 
vice  vient  de  la  terre,  on  vsera  de  l’eau 
de  cisterne  et  de  fontaine  :  et  faut  at¬ 
tendre  à  en  boire  iusques  à  ce  que  le 
soleil  l’ait  purifiée  par  ses  rayons  :  et 
si  on  craint  qu’elle  soit  vitiée,  on  la 
corrigera ,  la  faisant  vn  peu  boüillir, 
ou  la  ferrer  auec  acier,  ou  or,  ou  ar¬ 
gent  chaud,  ou  par  mie  de  pain  rostie 
ou  non  rostie.  Or  à  fin  que  tu  la  puis¬ 
ses  mieux  eslire,  tu  la  pourras  esprou- 
uer  en  trois  maniérés ,  à  sçauoir,  par 
la  veuë,  le  goust,  et  l’odeur  :  quant 
à  la  veuë,  elle  se  doit  monstrer  claire 
et  nette  :  et  à  la  bouche,  de  nulle  sa- 
ueur  ny  qualité  aucune  ;  aussi  ne 
doit  point  auoir  d’odeur.  Outre  plus, 
celle  qui  sera  tost  eschauffée  et  tost 
refroidie ,  est  plus  legere,  et  par  con¬ 
séquent  meilleure  :  et  pour  la  faire 
encore  plus  excellente ,  la  faut  faire 
vn  peu  boüillir  :  ie  dis  vn  peu ,  car 
Testant  trop  elle  deuient  amere  et 
salée. 


CHAPITRE  VIII. 


DESCRIPTION  DEAVX  CORDIALES,  ELEC- 
TVAIRES,  OPIATES,  PILVLES,  ET  AV- 
TRES  REMEDES  A  PRENDRE  PAR  LA 
BOVCHE,  PRESERVATIFS  ET  CVRATIFS 
DE  LA  PESTE. 

Ceux  qui  n'ont  accoustumé  et  ab¬ 
horrent  à  manger  au  matin ,  pren¬ 
dront  quelque  médicament  contra¬ 
riant  au  venin  :  et  entre  tous  l’eau 
theriacale  est  tres-excellente,  de  la¬ 
quelle,  apres  s’eslre  habillé,  et  ayant 
rendu  ses  excremens ,  et  fait  quelque 
exercice,  il  en  conuient  boire  un 
doigt,  la  meslant  auec  bon  vin  :  et 
d’icelle  aussi  on  s’en  lauera  les  mains 
et  la  face,  et  pareillement  la  bouche 
et  les  oreilles ,  et  on  en  tirera  aussi 
vn  peu  par  le  nez.  Car  elle  conforte  le 
cœur,  chasse  le  venin  loin  d’iceluy,  et 
n’est  seulementvtilepour  précaution, 
mais  aussi  est  propre  pour  la  cura¬ 
tion,  à  prendre  promptement  qu’on 
se  sent  frappé ,  par-ce  qu’elle  prouo- 
que  grandement  la  sueur,  et  partant 
chasse  le  venin  des  parties  internes 
aux  externes  :  et  la  doit-on  faire  au 
mois  de  luin,  attendu  que  les  herbes 
en  iceluy  temps  sont  en  leur  grande 
vigueur  et  force.  La  composition  en 
est  telle  1. 

7f.  Radi'cum  gentianæ,  cyperi,  tormentillæ, 
diclamni ,  enulæ  campana*!  ana  §  ,  j. 

Foliorum  tapsi  barbali.cardui  benedicti, 
morsus  diaboli,  pimpinellæ,  scabiosæ, 
oxalidis  agrestis  minoris  ana  m.  C . 

Summitatum  rutæ  p.  j. 

1  Nous  avons  déjà  vu  au  chap.  38  du  livre 
de  la  grosse  V erolle,  deux  recettes  d’eaux 
ïàeWacato',’ celle-ci  en  est  tout-à-fait  dilîé- 
rente.  Comparez  tome  II ,  page  509. 


DÊ  LA  PESTE. 


Ëaccarum  myrti  S.j. 

Rosarum  purpurearum,  florum  buglossî, 
borraginis  et  hypericonis  ana  §  j. 
Mundentur  omnia,  pistentur  et  macerentur 
xxiiij.  horarum  spatio  in  vini  albi  aut 
malualici ,  aquæ  rosarum  et  oxalidis 
ana  ft.  j.  deinde  reponantur  in  vase  vi- 
treo,  et  addatur  theriacæ  et  mitbridatij 
ana§  .fi.  fiat  distillatioin  balneo  Mariæ. 

Et  l’eau  estant  distillée,  on  la  mettra 
en  vne  phiole  de  verre,  et  de  rechef 
on  y  adioustera 

Croci  5.  j. 

Terræ  sigillatæ,boli  armeniæ,  santali  ci- 
trini ,  rasuræ  eboris ,  limaturæ  cornu 
cerui  iunioris  prope  caput  assumpti 
ana  § .  fi . 

Puis  on  estoupera  la  phiole ,  et  la 
laissera-on  fermenter  au  soleil  par 
l’espace  de  huit  ou  dix  iours,  et 
sera  gardée  ;  et  lors  qu’on  en  voudra 
vser,  on  en  prendra  deux  doigts  en 
vn  verre ,  plus  ou  moins ,  selon  la 
force  et  vigueur  des  personnes.  On 
en  peut  bailler  aux  petits  enfans  qui 
encore  tettent,  et  à  ceux  qui  sont  ja 
sevrés ,  et  aux  femmes  grosses  :  et  à 
fin  qu’elle  soit  plus  gracieuse  et  facile 
à  boire,  on  la  peut  faire  passer  par 
la  chausse  d’Hippocrates,  lors  qu’on 
la  voudra  prendre,  y  adioustant  vn 
peu  de  succre  et  canelle  concassée. 

Autres  prennent  au  matin  par  pré¬ 
caution  ,  de  la  racine  d’enule  cam- 
pane ,  ou  zedoar,  ou  angelique,  en  les 
maschant  et  tenant  en  la  bouche.  Les 
autres  prennent  de  la  racine  de  gen¬ 
tiane  pilée,  le  poids  d’vn  escu ,  et 
trempée  la  nuit  en  vin  blanc ,  et  en 
boiuent  deux  doigts  au  matin  à  ieun  : 
les  autres  prennent  du  vin  d’aluyne  : 
autres  vsent  de  conserue  de  roses, 
de  buglosse,  de  chicorée,  violettes  de 
mars ,  fenoil  doux  :  autres  prennent 
de  la  terre  sigillée ,  ou  de  la  corne  de 


36^ 

cerf  ra  tissée ,  le  poids  d’vn  escu ,  de¬ 
dans  vn  œuf  mollet  auec  vn  peu  de 
saffran ,  puis  boiuent  deux  doigts  de 
vin  :  aucuns  prennent  de  l’eau  de 
vie ,  et  y  meslent  de  bon  vin  blanc , 
du  bol  d’Armenie,  racine  de  gentiane, 
tormentille,  dictam,  semence  de  ge- 
néure,  doux  de  girofle  ,  macis,  ca¬ 
nelle,  saflTran,  et  autres  semblables, 
les  faisant  distiller  in  balneo  Mariæ. 
On  pourra  aussi  vser  de  ceste  eau 
cordiale,  qui  a  très  grande  vertu. 

Radicis  aristolochiæ  longæ  et  rotunda;, 
tormentillæ ,  dictamni  ana  3.  iij. 
Zedoariæ  §.  ij. 

Ligni  aloës,  santali  citrini  ana  3.  j. 
Foliorum  scordij,  hypericonis,  acetosæ, 
rutæ,  saluiæ,ana  §.  fi, 

Seminis  iuniperi,  baccarum  lauri  ana 
3.  iij. 

Seminis  citri  3,  j. 

Caryophyllorum ,  macis,  nucis  moscatæ 
ana  3.  ij. 

Mastiches,  olibani,  boli  Armeniæ,  terræ 
sigillatæ,  rasuræ  eboris,  cornu  cerui 
ana  3.  j. 

Cro.ci  9.j. 

Conseruæ  rosarum,  florum  buglossi  et 
nenupharis,  theriacæ  veteris  ana  §.  j. 
Caphuræ  5.  fi. 

Aquæ  vitæ  Ib.  fi . 

Vini  albi  ft.ij.  fi. 

Fiat  distillatio  in  balneo  Mariæ. 

Geste  eau  sera  reseruée  en  vne 
phiole  de  verre  bien  bouschée ,  pour 
i  en  vser  au  matin,  comme  de  l’eau 
cy  dessus  nommée  theriacale,  la 
quantité  de  deux  doigts  en  vn  verre  : 
elle  est  aussi  de  merueilleux  effect. 

Pareillement  cest  electuaire  est 
profitable  pour  preseruer. 

:!f.  Theriacæ  optimæ  5  • 

Radicis  tormentillæ,  seminis  iuniperi  et 
cardui  benedicti  ana  3,  j.  fi . 

Boli  Armeniæ  præparati  §  .  fi. 


111. 


LE  VINGT-'QVÀTÉItîMÉ  LIVRE  , 


370 

Pulueris  elBctuari]  dô  geftlWis  fel  dià- 
marg.  frigidi,  rasdra  totttü  cerüi-,  to- 
ralH  rubri  ana  3.  j. 

Cüm  syrüpo  d«  cortitIbttS  et  aeêWsnate  di- 
tri  misce-,  et  fiat  elèctu'aïium  li^niduid 
in  forma  opiatæ. 

ÎDe  ceste  composition  en  faut  pren-  i 
dré  tous  les  Àiatins  la  grosseur  d’vne 
âüeïàïne ,  auee  vn  peu  d’eau  de  roses, 
ôü  (i’’endiuc ,  chardon  benist ,  ou  sca- 
bieuse,  ou  de  cerises ,  ou  autre  eau 
cordiale  :  ou  en  lieu  d’icelle  vn  peu 
de  bon  vin. 

Aussi ropiate  suiuante  est  bonne  et 
excellente ,  de  laquelle  on  peut  faire 
des  tablettes. 

^^.Radicls  gentîanaè  eia’n'^ïeæ)  î'èdèàriæ, 
ehulsè  cam'patt'àè  dna  3.  ij-. 

Seminis  citri  et  acetosæ  ana  3.  fe . 

Corlicis  citri  sicci ,  êindàWonii  ,  Mdca- 
rnm  lauri  et  iunipetî-,  ’eVoei  aiià  9.  ]• 
Conseruæ  rosarum  et  bugldssi  ana  5 .  j. 
Sacchari  nptîmi  Auàïitürn  sufficît. 
rortd’ettt'dt  tdbeîlfe  tfond'èffi  3'.  é  .  Vet  üat 
opiata,  cum  æquis  partibus  con^em^  bu- 
glossi  et  mellis  anthosati  ilia  omnià  ârida 
eîrcîpîeïfâo-. 

Si  vous  les  laissez  en  tabieftès,  on 
en  prendra  vne  au  matin,  et  les  petits 
enfans  et  femmes  grosses  demie  :  et 
conuient  deméuf  ér  deux  beüfes  après 
sans  manger  ny  boire,  si  on  nevouloit 
auàller  vh  peu  de  vin  Inconitinént 
après  les  attoîf  prises.  Si  votis  en  faites 
ôpîâte,  la  dôSè  Sera  comme  des  sui- 
üântfeS^ 

RàdiiArh  vhîèïianæ ,  tOVriieiitillfe ,  dlc- 
tâVaW  -,  'fôl'idi:uiù  Vu'tæ  ana  §  i  ïî» . 
Croci,  macis,  niicis  moscatâ!  ana  3.  fi. 
Boli  Armenicæ  præparati  3.  iiij. 
Conseruæ  rosarum  et  syrupi  de  limonib. 
ana  quantum  sufficit. 

Fiat  opiata  satis  liquida. 


Attiré-, 

i^.îàadlcum  àristblo'chîæ  Vl’riuèq'dè,  gëhlia. 

tôirdentillæ ,  dictaWkii  ana  5.  J.  fi . 
RnuibëVis  3.  îij. 

FôliOr.  Vüt'æ.  ialüilèi  hiëttlsè,  pOle^l]  aOa 
â.îj. 

ÈâWarüiA  làdiri  àl  i'ùftiilètii  sëfti.  tllri 

iiMà'.iVlj. 

,  ’fiftëit  inoseatîè ,  'câVVopftylloruhi, 

cinnamomi  ana  3.  ij. 

^ylàiôës,  ét  sa'fitàW  cUrirtt  âtià  S.  j. 
liùülris  tnasculi ,  fiiasttëhë's,  taSuré  èbo- 
ris ,  cornu  cerui  ana  9  .  Ij-. 

Croci  3.  fi . 

Boli  Armeniæ,  terræ  sigiliatfe,  Cttralli 
rubii,  fti’àfgàriTàrüïd  etécIârOTnaVia  3.  j. 
ConSer'ù'æ  rôsâfùhi,  bO'glo'ssi  èt  ftym- 
plilèæ,tb'èriacîfe'bpttm^èël  VetbriS  attA  §  J. 
Sacchari  albissimi  B.  j. 

Adde  sub  finem  confectionis  alkermes 

. 

fcaphùVéè  Ih  ÀqùÀ  ids^itùïd  diSs'olùlîé  SJ. 
fiat  bpîàlà  sec'ùhduUi  artèW. 

Là  dosé  SétàtlOMiO  dragUiOy  oü  VU 
scrüpUlé,  oU  dîA  gŸainSSdon  lOSpeV- 
soUnès.  Et  après  l’àUôîr  pMSè,  Oh  pOUt 
boire  vh  dOi|l  OU  dOWk  dè  bOft  Vîh^  OU 
4ûélO[Oe  oàu  cOMfal'è. 

Lte  ihétiaopè  ’èt  Uitethridat  fidelie- 
m’^t  coîhpôsès  soutlos  priurspaux  de 
tous  lèS  rèihèdOs',  èt  lèS  plus  approu- 
UèS‘,  On  y  adioustaut  pôUV  VhU  domiu 
oh  ce  dè  fchacUn  OU  OhUiroU  -,  vn’e 
onué  Ot  de'mîè  'dO  bohhè  OôttSeiUe  du 
rosés,  OU  do  bugtose,  ou  violo,  ut  la 
pesàUteur  de  trois  èSeuS  dO  bon  bol 
armohè  préparé:  puis  le  tout  bien 
battu  et  incorporé,  en  faire  consorue, 
dè  iaquelIO  Oh  vSeta  au  matin  deux 
hèurèS  deuànt  le  repas,  la  grosseur 
d’vhè  aUèlaîhé,  Et  faut  entèndre  que 
le  bontherîaquo  ne  doit  estre  recent 
que  dè  ‘quatre  Uns,  ne  plus  vieil  que 
dé  doUzeahs-,  èt  qu’il  laisse  sa  saueur 
longueih'ent  en  la  bouche  :  estant 
rtOUuOau  il  est  propre  aux  choléri¬ 
ques  et  estant  vieil  il  conuient  aux 


DE  LA 

vieux,  et  à  ceux  qui  sont  de  tempe- 
rature  froide,  comme  les  pituiteux  et 
melancholiques  ;  à  cause  de  la  vertu 
refrigeratiue  de  l’opium,  qui  entrant 
en  la  composition  du  theriaque,  re¬ 
tient  sa  pleine  force  pour  quelques 
premières  années  :  en  fin  par  la  fer¬ 
mentation  estant  rabattue ,  fait  que 
toute  la  composition  demeure  plus 
chaude. 

La  confection  d’alkermes  est  sem¬ 
blablement  bonne,  tant  pour  preser» 
uer ,  que  donner  à  ceux  qui  sont  frap¬ 
pés  du  venini  Aussi  la  rheubarbe  te¬ 
nue  en  la  bouche,  et  maschée  au 
matin,  la  grosseur  d’vne  auelaine, 
auec  vn  clou  de  girofle,  est  preserua- 
tiue»  Pareillement  ceste  composition 
est  profitable  pour  preseruer,  quand 
on  va  en  vnlieu  suspect. 

Tf.,  Corticum  citri  et  mali  aurei  saccharo 
conditorum  âna  3.  j. 

ConserUæ  rosàrüm  et  radicis  buglbssl 
âna  3.  üj. 

Setô.  cUri  3,  îîj.  fc . 

Sem.  ùttisi  bt  toéiiîcüli  ana  3  6 . 

Râdibiâ  angeltéâS  3  .  iUj. 

Sâcchârl  rosaii  quantum  sufficit. 

Fiât  condltum  eoôpètium  foiili  aureis ,  qun 
Vtâtur  fei  cUGlileai-i,  vl  dixi  ,  îA  ëxittt  do- 
mus. 

ou, 

Tf.  Granorum  pini  mundatorura  et  pUtato- 
rum,  infiisorum  in  aqua  rosarum  et 
scabiosæ  per  sex  ho  ras  ana  § .  ij. 
Amygdalarum  excorticatarum  in  aquis 
piSedictis  Ib.  î5. 

Corticum  citfi  et  hlali  aürei  saccbaro 
Conditorum  ana  3.j,  fi. 

Radicis  àhgeiicæ  3 .  iiij. 

Miscc  secundum  artem  ad  fotmam  pânis 
marsicl  vci  eonfectionis  aiterius,  et  teneat 
l'rustuium  frequeiiter  in  ore. 

Pareillement  en  ce  cas  ces  tablettes 
sont  profitables  : 


PESTE.  3yi 

Of.  Radicis  dictamni,  tormenlillæ,  vale- 
rianæ,  enulæ  campanæ,  eryngij  ana 
3.  fi, 

Ëoli  armenîcæ ,  tertæ  slgillatæ  ana  3 .  j. 

CaphUræ ,  cinnamomi ,  seminis  oxalidis 
agrestis,  zedoariSé  ana  3.  j. 

Puluerife  élcctuarij  diamargâtit.  trlgidi 

Conserüsê  rosârum ,  buglossi ,  Corticis 
citri  conditi,  mithridatij,  thCriacæ  ana 
3, J. 

Sacchari  optimi  dissolut!  in  aqua  sca- 
biosee ,  et  cardui  benedicti  quantum 
sufQcit. 

Fiant  tabellæ  ponderis  3.  j.  vel  3.  fi  . 

On  prendra  de  ces  tablettes  tous 
les  iours  à  ieun ,  deux  heures  deuant 
le  repas,  comme  dessus  est  dit. 

Outre  plus,  les  pilules  de  la  compo¬ 
sition  de  Rufus  sont  fort  approuuées 
des  doctes  Médecins,  pource  qu’on  les 
a  trouuées  de  grand  effet  :  et  dit  ledit 
Rufus,  que  iamais  ne  veit  personne 
en  auoir  vsé  qui  n’ait  esté  preserué 
de  peste,  pourueu  que  les  parties  no¬ 
bles  n’eussent  esté  ja  grandement  in¬ 
fectées,  La  composition  desdites  pilu¬ 
les  est  telle  : 

Aloës hepaticæ 3.  fi. 

Aramoniaci  electi  3.  iij. 

Myrrbæ  3.  ij.  fi. 

Mastiches  3,  ij. 

Crocigr.  vij. 

Gontundantur  omnia,  et  incorporentur  cum 

succomali  citriniautsyrupo  delimonibus, 

et  fiat  massa. 

Laquelle  on  gardera  bien  enuelop- 
pée  dedans  vu  cuir  :  et  loi  s  qu’on  en 
voudra  vser ,  on  en  formera  vne 
pilule  ou  deux,  qu’on  prendra  au 
matin  deux  heures  ou  trois  deuant  le 
repas,  ou  bien  le  poids  de  demy  escu 
ou  d’vn  escu,  selon  la  volonté  d’vU 
chacun.  Et  apres  les  auoir  prises,  on 
peut  prendre  deux  doigts  de  bon  vin 


LE  VINGl'-QVA. 

on  d’eau  d’oseille,  laquelle  a  pareille¬ 
ment  grande  vertu  contre  le  venin 
pestiféré,  à  cause  qu’elle  est  de  ténue 
substance,  et  garf’e  de  putréfaction 
par  son  acetosité  ;  mesmes  on  a  Irou- 
ué  par  expérience,,  qu’à  celuy  qui  en 
auroit  mangé  deuant  qu’vn  scorpion 
le  morde,  il  n’adui  endroit  aucun  mal. 
Et  quant  à  la  faculté  des  choses  qui 
entrent  en  la  composition  desdites 
pilules,  l’aloés  nettoye  et  purge,  la 
myrrhe  résisté  à  pourriture,  le  mastic 
robore  et  fortifie,  et  le  saffran  res- 
ioüit  les  facultés  :  partant  nous  con  ¬ 
clurons  qu’elles  sont  de  merueilleux 
effet,  comme  la  raison  et  expérience 
le  demonstre.  On  les  peut  donner  en 
potion,  comme  le  mesme  autheur  fai- 
soit. 

Autres  pilules  pour  mesme  effect  et  bien 
expérimentées, 

Aloës  §.j. 

Mirrhæ  §  .  G . 

Croci  oriental is  9  .j. 

Agarici  trochiscati  3.  ij. 

Rhabarbari  electi  puluerisati  3.  j. 

Cinnamorni  electi  3.  ij. 

Mastiebes  3.  j.  G. 

Setninis  citri  g  .  xij. 

.  Puluerisentur  omnia  vl  decet,  et  cum  sy- 
rupo  capi.lorum  vencris  fiat  massa. 

Laquelle  on  gardera  bien  enuelop- 
pée  dedans  du  cuir,  et  en  prendras 
comme  dessus,  plus  ou  moins,  selon 
qu’il  sera  necessaire.  Et  si  lesdites  pi¬ 
lules  esloient  trop  dures,  on  les  amol¬ 
lira  auec  du  syrop  de  limons,  ou  autres 
semblables  à  cesteffet.  Ces  pilules  qui 
s'ensuiuent  sont  pareillement  de 
grande  operation. 

Aloës  lolæ  §  .  ij. 

Croci  3.  j. 

Myrrhaî  5  .  G . 

Ammo.  diss.  in  vino  albo  5  .  j. 


FRiÉME  LIVRE  , 

Mell.  ros.  zedoariæ,  santal,  rubr.  ana5,j. 
Boli  armen.  præp.  3.  ij. 

Corallirubri  §  G. 

Caphuræ  3.  G . 

Fiant  pilulæ  secundumartem. 

La  dose  pour  se  preseruer  est  en 
prendre  tous  les  malins  vne,  et  si  on  se 
veut  purger,  on  prendra  vne  dragme 
au  matin,  qui  est  le  temps  le  plus  pro¬ 
pre  à  faire  les  euacualions,  à  raison 
que  le  sang  domine,  et  est  en  sa  force 
et  vigueur,  aussi  que  les  vertus  sont 
reparées  par  le  repos  de  la  nuit,  et 
que  la  digestion  est  faite.  Ceux  qui 
ont  le  flux  deshemorrhoïdes  excessif 
ne  doiuent  vser  d’aucunes  pilules  où 
il  entre  de  l’aloés,  de  peur  d’augmen¬ 
ter  le  flux,  et  le  faire  trop  grand  et 
impétueux. 

D’abondant,  les  anciens  escriuent, 
qu’aprés  la  mort  du  roy  Milhridates, 
on  trouuapar  escritdesa  propremain, 
en  son  cabinet,  entre  ses  choses  plus 
précieuses,  que  si  quelqu’vn  prend 
deux  noix  de  noyer  seiches  non  moi- 
sies,  deux  figues,  vingt  fueilles  de 
rue,  et  deux  ou  trois  grains  de  sel 
pilés  et  broyés  ensemble,  et  en  mange 
la  grosseur  d’vne  auelaine,  puis  sou¬ 
dain  aualle  vn  peu  de  vin,  et  ce  deux 
heures  auant  que  prendre  le  repas, 
cestuyiourceluyquien  aura  pris  ne 
peut  estre  en  danger  de  prendre  au¬ 
cun  venin.  Outre  plus,  ce  remede  est 
singulier  à  ceux  qui  ont  esté  mords 
ou  piqués  de  quelque  beste  veneneu- 
se,  à  cause  de  la  rue  principalement  : 
toutesfois  les  femmes  grosses  n’en 
doiuent  vser  aucunement,  de  peur  de 
nuire  à  leur  fruit  principalement 
pour  le  respect  de  la  rue,  qui  estant 
chaude  et  seiche  au  troisième  degré, 

1  Ce  paragraphe  se  terminait  ici  en  I5G8  ; 
ce  qui  suit  est  de  1675. 


DE  LA.  PESTE. 


purge  violemment  Tamarry,  et  fait 
couler  les  mois  promptement  :  dont 
estant  snbstraite  la  nourriture  à  l’en- 
fanl,  il  est  necessaire  qu’il  meure. 

On  eslira  les  remedes  cy  dessus 
mentionnés  au  goust  de  chacun,  et 
les  changera-on  par  fois,  de  peur  que 
Nature  n’en  face  habitude  ,  et  aussi 
pour  la  diuersité  des  temperamens  : 
et  si  on  n’en  trouue  de  l’vn,  on  pren¬ 
dra  de  l’autre. 


CHAPITRE  IX. 

DES  KEMEDES  PARTICYLIERS,  OV  CHOSES 
QV’ON  APPLIQVE  PAR  LE  DEHORS. 

Outre  les  choses  cy  deuant  escrites 
à  prendre  par  le  dedans,  ne  faut  en¬ 
cor  négliger  de  tenir  en  la  main  quel¬ 
ques  choses  aromatiques,  astringen¬ 
tes,  et  pleines  de  vapeurs,  lesquelles 
ayent  propriété  de  chasser  cest  air 
pestiféré,  et  empescher  qu’il  ne  trou¬ 
ue  place  en  aucune  partie  de  nostre 
corps  ;  aussi  qu’elles  ayent  vertu  de 
roborerle  cerueauet  autres  membres 
principaux,  lesquels  estans  fortifiés, 
confortent  pareillement  toute  l’ha¬ 
bitude  du  corps  ;  comme  sont  la 
.  rue,  la  melisse,  rosmarin,  scordium, 
sauge,  absinthe,  doux  de  girofle, 
muguette,saflVan ,  racine  d’angelique, 
racine  de  liuesche,  qui  a  pareille  vertu 
et  autres  semblables  ,  lesquelles  on 
fera  tremper  vnenuiten  fort  vinaigre 
et  eau  de  vie  :  et  en  prendra-on  de 
toutes  ensemble  la  grosseur  d’vn  œuf, 
enueloppée  en  vn  mouschoir,  ou  en 
vne  esponge  trempée  et  imbue  en  la¬ 
dite  eau  ;  car  il  n’y  a  rien  qui  con¬ 
tienne  plus  les  vertus  et  esprits  des 


373 

choses  aromatiques  et  odorantes  que 
faitl’esponge,  et  partant  on  en  doit 
plustost  vser  que  d’autre  matière,  soit 
pour  flairer  au  nez,  ou  pour  appliquer 
sur  le  cœur,  pour  faire  epithemes  et 
fomentations. 

Or  telles  choses  odori  ferantes  seron  t 
diuersifiées  selon  que  l’air  sera  chaud 
ou  froid  :  comme  pour  exemple ,  en 
esté  vous  prendrez  vne  esponge  trem¬ 
pée  en  vn  bon  vinaigre  rosat  et  eau 
rose  autant  d’vn  que  de  d’autre,  ca- 
nelle  et  doux  de  girofle  concassés,  y 
adioustant  vn  peu  de  saffran  :  et  la 
tenez  enueloppée  en  la  main  dedans 
vn  mouschoir,  et  la  sentez  souuent  ; 
ou  faites  ainsi  : 

Absinlhij  m.  6. 

Caryophyll.  numéro  x. 

Radicis  gentianæ  et  angelicîe  ana  5.  ij. 

Aceü  et  aquæ  rosarum  alla  §.ij. 

Theriacæ  et  rnilhridatij  ana  3.  j. 

Le  tout  soit  pilé  ensemble,  puis  en- 
ueloppé  en  vn  mouschoir  auec  vne 
petite  esponge  :  laquelle  gardera  que 
la  liqueur  ne  tombe.  On  peut  aussi 
enfermer  telles  choses  en  des  boëttes 
de  bois  odoriférant,  comme  de  ge- 
néure,  cedre,  cyprès,  lesquelles  seront 
troüées  en  plusieurs  endroits,  et  te¬ 
nues  prés  la  bouche  en  les  flairant 
souuent.  Aussi  en  pareil  cas  sera  bon 
de  faire  des  pommes  de  senteurs , 
comme  ceste-cy  ; 

Santal!  citrini,  macis,  corticum  citri,  ro- 
sarum,foliorum  myrli  ana  3.  ij. 

Benioln,  ladani,  styracisana  3.  6. 

Cinnamomi,  croci  ana  3  .  ij. 

Caphuræ  et  ambræ  ana  3 .  j. 

Algaliæ,  mosci  ana  g  .  üj. 

Cum  aqua  rosarum  infusionis  tragacanthi 
formetur  pomum. 


LE  VINGT-QYATElélVtJS  LIVRE 


374 

Autre. 

Of.  Rosarum  rubrarum ,  florum  nytnpbææ , 
’violarum  ana  § ,  J. 

Santalorum  omnium,  coriandri ,  çortlcis 
ci  tri  ana  § .  fi . 

Caphurœ  3.  j. 

Puluerisentur  omnia  j  et  cum  aqua  rosarum 
et  tragacantho  fiat  pomum. 

En  hyuer  vous  pourrez  vser  d’vue 
telle  pomme  : 

2f.  Styracis  calamitæ ,  benioin  ana  5.  j.  fi. 
Mosci,  algaliæ  ana  3.  j. 

Caryophyilorum,  lanandulæ,  cyperi  ana 
3.ij. 

Radicis  ireos  Florentine  et  calaini  aroma- 
tici  ana  3.  ij  fi .  ] 

Ambræ  griseæ  3.  iij. 

Gummi  tragacanthi  dissolut!  in  aqua 
Yitæ  et  rosarum  quantum  sufflcit. 

Fiat  pomum. 

On  peut  pareilleinent  porter  sur 
soy  des  poudres  aromatiques,  comme 
d’ambre,  styrax,  iris  de  Florence, 
uoixmuguette,canelle,  macis,  doux 
de  girofle,  saffran,  benioin,  musc, 
camphre  ,  roses,  violettes  de  Mars, 
squinant,  mariolaine,  et  autres  sem^ 
blables,  et  les  sentir  au  nez.  Et  de  ces 
simples  on  en  pourra  faire  des  com¬ 
posées,  comme  ceste-cy  : 

“if.  Radicis  ireos  Florenliæ  3.  ij. 

Cyperi,  calami  aromatici,  rosarqni  ru¬ 
brarum  ana  § .  fi . 

Caryophyilorum  3.  fi. 

Styracis  calamitæ  3.  j. 

Musci  f .  viij. 

Misce,  et  fiat  puluis  in  sacculo. 

Autre  poudre  aromatique. 

Tf.  Radicis  ireos  Florentiæ  S.  ij. 

Rosarum  rubrarum,  santali  albi,  filyracis 
calamitæ  ana  §.j. 

Cyperi  3.  j. 

Calami  aromatici  f  .J. 


Maioranæ  §,  fi, 

Caryophyilorum  3.  jij, 

LauandulæS,  fi, 

Coriandri  3  ij. 

Mosci  boni  9 .  fi . 

Ladani,  benioin  ana  5.  j. 

Nucis  moscatæ,  clnnamomi  ana  3.  ij. 

Fiat  puluis  subtilis ,  concludatur  sacculo. 

P’auantage,  on  portera  sur  la  ré¬ 
gion  du  cœur ,  santal  cilrin ,  macis , 
doux  de  girofle,  candie,  saffran  et 
theriaque  :  le  tout  concassé ,  incor¬ 
poré  et  arrousé  de  vinaigre  bon  et 
fort  et  eau  rose  en  esté ,  en  hyuer 
de  bon  vin  ou  maluoisie.  Tous  ces 
ramedes  ainsi  forts ,  et  qui  ont  vne 
grande  vertu  aromatique  et  vapo¬ 
reuse,  pleine  d’esprits  subtils,  font 
au  corps  de  merueUleux  effets ,  forti¬ 
fient  les  parties  principales ,  stimu- 
lans  la  vertu  expulsiue  à  chasser  le 
venin  hors  et  prohiber  qu’il  n’entre 
dedans  ;  au  contraire  l’odeur  puante 
cause  vne  nausée  ou  volonté  de  vo¬ 
mir  et  défaillance  de  cœur.  Parquoy 
ceux  qui  conseillent  en  temps  de  peste 
prendre  l’odeur  des  retraits  et  autres 
lieux  infectés,  font  mal,  et  contre 
l’opinion  d’Hippocrates ,  comme  nous 
demonstrerons  cy  après, 

Or  il  ne  sufflt  pas  seulement  porter 
preseruatifs  sur  soy  :  mais  on  se 
pourra  lauer  tout  le  corps  de  vinai¬ 
gre,  auquel  on  aura  fait  bouillir 
graine  de  genéure ,  laurier ,  racine 
de  gentiane,  souchet,  bypericon,  et 
autres  semblables,  et  y  destremper 
du  theriaque  ou  methridat.  Or  le  vi¬ 
naigre  est  contraire  aux  venins 
tant  chauds  que  froids,  et  garde  de 
pourriture,  d’autant  qu’il  est  froid 
et  sec ,  qui  sont  deux  choses  contrai¬ 
res  et  répugnantes  à  la  putréfaction  ; 
ce  que  l’experience  monstre  :  car  en 
iceluy  on^garde^  corps  mortsi,  chairs , 


DE  LA  PESTE. 


herbes,  fruits  et  autres  choses  ,  sans 
qu’elles  se  pourrissent.  Et  si  quel- 
qu’vn  veut  obiecter  que  le  vinaigre 
n’est  vtile  à  se  lauer  le  corps ,  à  cause 
qu’il  feroit  obstruction  des  pores  et 
empescheroit  la  perspiration  (  ce  qui 
est  fort  conuenable  à  pourriture),  il  - 
doit  aussi  considérer  qu’on  ne  le  met 
seul,  et  que  ses  qualités  froides  et 
seiches  sont  corrigées  par  les  autres 
choses  meslées  auec  luy.  Et  partant 
est  bon  d'en  vser ,  comme  nous  auons 
dit ,  et  qui  ne  se  voudra  lauer  tout  le 
corps ,  pour  le  moins  on  se  frottera 
les  aisselles  et  la  région  du  cœur ,  les 
temples,  les  aines  et  parties  génita¬ 
les  ,  parce  qu’elles  ont  vn  grand  con¬ 
sentement  au  cœur  et  à  toutes  les 
parties  nobles  :  parquOy  seront  frot¬ 
tées  et  lauées  de  ce  lauement,  ou  d’au¬ 
tre  fait  de  bonnes  senteurs,  ou  de 
cest  onguent  : 

Olei  rosati  §  iiij. 

ûlei  de  spica  f .  ij. 

pulueris  cinnamomi,  caryopbyllQrura 

an»  i. i-  6, 

PfJorfitæ,  f,  IJ, 

Thprj^c^  3-  fi  • 

Terebeqthinæ  Vepet^  3.  j,  fi. 

perç  qupntutn  sufpcit. 
f  jat  Yppgntuip  moljc; 

Pn  peut  pareillement  mettre  és 
oreilles  vn  peu  d’huile  de  inastic,  ou 
de  sauge,  ou  de  doux  de  girofle,  ou 
autres  semblables,  y  délayant  vn 
peu  de  musc  ou  de  ciüette. 


3j5 


CHAPITRE  X, 

d’avcvnes  choses  qve  l’on  doit  ob¬ 
server  OVTRE  LES  PRECEDENTES  , 

POVR  LA  PRESERVATION, 

En  cest  endroit  ie  veux  bien  en¬ 
core  déclarer  aucunes  choses,  les¬ 
quelles  pourroient  nuire  à  vn  cha¬ 
cun  ,  et  le  rendre  plus  idoine  à  prendre 
la  peste  ;  partant  aussi  est  bon  pour  la 
préseruation  de  les  obseruer. 

Et  sur  toutes  autres  choses  faut 
euiter  la  fréquentation  des  femmes , 
d’autant  ;que  par  icelle  les  forces  et 
vertus  sont  diminuées ,  et  les  esprits 
se  resoluent  et  affoiblissent ,  princi¬ 
palement  tost  après  le  repas,  pour-ce 
qu’on  débilité  l’estomach,  et  par  ce 
moyen  se  fait  crudité ,  de  laquelle 
procedp  corruption  et  autres  infinis 
accidens  :  parquoy  on  peut  conclure 
que  dame  ¥enus  est  la  vraye  peste , 
si  on  n’en  vse  auec  discrétion.  Aussi 
se  faut  garder  de  viure  en  oisiueté , 
et!manger  et  boire  auec  discrétion  :  car 
telles  choses  engendrent  aussi  ob¬ 
structions  et  des  humeurs  vicieux , 
dont  ceux  qui  font  tels  expés  sont  plus 
suiets  à  prendre  la  peste.  Si  les  fem¬ 
mes  sont  réglées  de  leurs  fleurs ,  cela 
les  preserue  beaucoup  :  aussi  si  elles 
sont  retenues ,  cela  leur  peut  gran¬ 
dement  nuire,  parce  qu’en  temps  de 
peste  elles  se  corrompent  facilement  : 
parqpoy  elles  doiuent  prendre  garde 
à  les  prouoquer ,  comme  nous  décla¬ 
rerons  cy  après.  Pareillement  ceux 
qui  auront  vieils  vlceres ,  fistules  et 
galles,  pe  les  feropt  cicatriser  en 
temps  de  peste ,  mais  pUistpst  en  fe¬ 
ront  de  nouuelles ,  à  fin  que  par  icel¬ 
les  ,  comme  par  vn  esgout  d®  Inpt  le 
corps,  le  venin,  si  aucun  [y  en  au  oit 


LE  VINGT-QVATRIÉME  LIVRE 


376 

en  nous,  se  puisse  euacner  sans  s’y 
accroupir  aucunement.  Aussi  ceux 
qui  ont  flux  de  sang  par  le  nez  ou  par 
hemorrhoïdes,  le  laisseront  fluer,  et 
nereslancheront  s’il  n’estoit  excessif. 
Bref  en  temps  de  peste,  ne  faut  rete¬ 
nir  aucun  humeur  vicieux  dedans  le 
corps ,  ny  pareillement  faire  trop 
grande  euacualion. 

Outre-plus  on  se  doit  garder  audit 
temps  d’acheter  choses  esquelles  l’air 
pestiient  se  peut  couuer  aisément  et 
garder,  comme  en  chanure,  lin,  lits 
où  auront  couché  les  pesîiferés,  four¬ 
rures  ,  habillemens  de  draps  de  laine, 
tapisseries, et  autres  semblables.  D’a- 
uantage,  il  ne  fauj  faire  sa  demeure 
prés  les  cemetieres  (  et  principa¬ 
lement  prés  de  ceux  esquels  les  corps 
morts  ne  sont  enterrés  profondément, 
comme  ordinairement  on’fait  à  sainct 
Innocent ,  de  façon  que  quelqxiesfois 
les  chiens  les  deterrent  et  mangent  ) 
ny  prés  des  voiries ,  escorcheries  , 
poissonneries,  tanneries,  teinturiers, 
chandeliers ,  frippiers ,  reuendeurs  , 
peaussiers ,  corroyeurs ,  et  tous  lieux 
où  on  fond  les  métaux  :  ny  souffrir 
fiensprés  sa  maison, et  principalement , 
celuy  des  pourceaux ,  ny  cloaques, 
eaux  croupies  et  charongneuses,  et 
semblables  choses  infectes  et  puantes. 

D’auantage,  ne  faut  aller  aucune¬ 
ment  à  la  selle  és  retraits  où  on  iette 
les  excremens  des  pestiférés.  Aussi 
faut  euiter  la  fréquentation  de  ceux 
qui  hantent  les  malades  de  peste , 
comme  les  Médecins,  Chirurgiens, 
Apoticaires,  Barbiers,  Prestres,  gar¬ 
des,  seruiteurs  et  fossoyeurs  qui  en¬ 
terrent  les  corps  morts  de  peste  :  car 
iaçoit  qu’vn  homme  n’ait  la  peste, 
neantmoins  venant  de  l’air  pestiféré  , 
la  peut  porter  auec  soy  en  ses  habil¬ 
lemens.  Ce  qui  est  conneu  par  ex¬ 
périence  ,  que  si  on  demeure  quelque 


temps  en  la  boutique  d’ vn  parfumeur, 
sortant  de  là  on  sent  le  parfum ,  bon 
ou  mauuais ,  à  raison  que  l’exhala¬ 
tion  et  vapeur  du  parfum  s’eslend 
parmy  l’air  qui  est  à  l’entour ,  lequel 
entre  en  nos  habillemens ,  et  par  ce 
moyen  baille  l’odeur  qu’il  areceu  des 
drogues  du  parfumeur  :  aussi  l’air 
pestiféré  fait  le  semblable  ;  partant 
faut  euiter  telles  choses. 

Finalement  il  faut  auoir  esgard  aux 
choses  appellées  non  naturelles ,  des¬ 
quelles  nous  en  auons  ja  par-auant 
touché  aucunes  :  et  adiousterons  en¬ 
core  qu’il  faut  euiter  de  se  courrou¬ 
cer  grandement  ;  car  par  la  cholere 
il  se  fait  grande  ebullilion  du  sang  et 
des  esprits,  et  dilatation  des  ouuertu- 
res  et  conduits ,  et  par  ce  moyen  l’air 
pestiient  en  tel  cas  engendre  promp¬ 
tement  la  fiéure  pestilente ,  ce  qu’on 
a  veu  aduenir  souuent.  Au  contraire, 
il  se  faut  tenir  ioyeux,  en  bonne  et 
petite  compagnie,  et  par  fois  oüyr 
chantres  et  instrumens  de  musique  , 
et  aucunes  fois  lire  ou  oüyr  lire  quel¬ 
que  lecture  plaisante ,  et  principale¬ 
ment  de  lasaincteEscriture  >.  D’auan¬ 
tage,  il  faut  euiter  le  trop  veiller  la 
nuit ,  les  grands  et  excessifs  mouue- 
1  mens,  l’ardeur  du  soleil,  la  faim 
et  soif,  parce  que  telles  choses  es- 
chauffent  les  esprits  et  causent  la  fié¬ 
ure  ephemere,  de  laquelle  prouient 
souuent  la  pestilentielle.  Que  diray-ie 
plus?  c’est  que  si  quelqu’vn  est  con¬ 
traint  de  faire  sa  résidence  en  vne 
maison  ou  chambre  d’vn  pestiféré ,  il 
la  faut  auparauant  parfumer,  et  tout 
reblanchir  auec  de  la  chaux  :  car  le 
venin  pestiféré  et  contagieux  s’atta¬ 
che  longuement  aux  parois'^. 

1  Celle  phrase  esl  une  addition  de  1585. 

®  Ce  dernier  paragraphe  a  été  également 
ajouté  en  1585. 


I)E  LA. 


CHAPITRE  XL 

DE  l'office  des  MAGISTRATS  ET  OFFI¬ 
CIERS  PVBLICS,  QVI  ONT  LA  CHARGE 
DE  LA  POLICE. 

Les  Magistrats  doiuenl  faire  tenir 
les  maisons  et  rues  nettes ,  et  n’y  souf¬ 
frir  fiens  ny  autres  ordures ,  et  faire 
porter  les  bestes  mortes  et  autres  im¬ 
mondices  loing  de  la  ville ,  et  les  en¬ 
terrer  profondément  :  aussi  faire  te¬ 
nir  les  riuieres ,  puits  et  fontaines 
nettes  de  toute  impurité  :  pareille¬ 
ment  defendre  exprès  de  ne  vendre 
bleds  corrompus,  et  chair  infecte  aux 
boucheries,  ny  poissons  altérés  et 
corrompus.  Ils  doiuent  defendre  les 
estuues  et  bains ,  à  raison  qu’aprés 
qu’on  en  est  sorti,  la  chair  et  toute 
l’habitude  du  corps  en  est  ramollie , 
et  les  pores  ouuerts  :  et  parlant  la 
vapeur  pestiférée  peut  entrer  promp¬ 
tement  dedans  le  corps  et  faire  mourir 
subitement  :  ce  qu’on  a  veu  aduenir 
plusieurs  fois.  Ils  doiuent  chasser  et 
tuer  les  chiens  et  chats ,  de  peur  qu’ils 
n’apportent  la  peste  des  maisons  aux 
autres,  pource  qu’ils peuuent  manger 
le  reste  des  malades  pestiférés  ou 
leurs  excremens,  et  par  ce  moyen 
peuuent  prendre  la  peste  et  la  porter 
ailleurs  -.  toutesfois  rarement  en  sont 
malades ,  pource  que  leur  tempéra¬ 
ment  n’y  est  pas  disposé. 

Ils  feront  visiter  les  malades  par 
Médecins  et  Chirurgiens  et  Apoti- 
caires  gens  de  bien,  expérimentés:  et 
sçauront  ceux  qui  seront  pestiférés, 
et  les  feront  séquestrer ,  les  enuoyans 
aux  lieux  establis  pour  les  faire  trai¬ 
ter,  ou  bien  lesteront  enfermer  en 
leurs  maisons  (ce  que  toutesfois  ie 


pest:?.  377 

n’approuue  pas ,  mais  plustost  leur 
defendre  la  conuersation  des  sains  ) 
et  les  enuoyeront  penser  et  alimenter 
à  leurs  despens ,  s’ils  ont  de  quoy,  et 
s’ils  sont  panures  aux  despens  des 
deniers  communs  de  la  ville.  Aussi  ne 
doiuent  permettre  que  les  citoyens 
mettent  en  vente  aucuns  meubles  de 
ceux  qui  sont  morts  de  peste. 

Ils  doiuent  fermer  les  portes  de 
leurs  villes  non  encor  entachées  du 
venin  ,  pour  obuier  que  les  voyageurs 
venans  de  quelque  lieu  infect  ne  leur 
apportent  la  peste:  car  ainsi  qu’vne 
brebis  galleuse  peut  infecter  tout  vn 
troupeau ,  aussi  vn  pestiféré  peut  in¬ 
fecter  toute  vne  ville. 

D’auantage,  il  doiuent  faire  pendre 
vne  nappe  ou  autre  signal,  aux  fe- 
nestres  des  maisons  où  aucuns  seront 
morts  de  peste.  Il  faut  aussi  que  les 
chirurgiens ,  et  ceux  qui  conuersent 
auec  les  pestiférés,  portent  vne  verge 
blanche  en  la  main  ,  lorsqu'ils  iront 
par  la  ville ,  à  fin  qu’ils  facent  retirer 
le  peuple  arriéré  d’eux. 

Pareillement  ils  feront  enterrer 
promptement  les  corps  morts,  par-ce 
qu’ils  se  corrompent  et  pourrissent 
plus  en  vne  heure  ,  que  ne  feront  en 
trois  iours  ceux  qui  ne  sont  morts  de 
peste,  et  d’iceux  s’esleuent  certaines 
vapeurs  putrides  par  exhalation  fort 
fetide,  voire  plus  sans  comparaison 
que  lors  qu’ils  viuent,  pour  l’absence 
de  la  chaleur  naturelle ,  qui  tenoit  en 
bride  et  temperoit  la  pourriture  :  et 
de  fait ,  on  voit  que  les  corps  morts 
de  peste  ne  sont  mangés  d’aucun  ani¬ 
mal  :  mesme  les  corbeaux  n’y  louchent 
point,  et  s’ils  en  mangeoient,  ils 
mourroient  soudainement.  Car  com¬ 
bien  que  vrayement  les  esprits  des 
corps  morts  ne  se  communiquent  pas 
.si  aisément  comme  des  viuans,  à 


LE  VINGT-QYATRJIÎME  LIVRE  , 


378 

oftupe  de  l’expiratian  et  transpiration 
perdue,  ai  sont’iig  plus  pcrniciep^- 
D’auantage,  pour  connoistre  qu’vp 
hoiumo  est  mort  de  peste ,  est  que 
toute  la  cliaruore  de  son'  corps  pst 
fort  mollastre,  qui  est  cause  de  la 
putréfaction  :  car  bien  que  ceste  mol¬ 
lesse  fust  aussi  au  malade  estant  vif , 
toutesfois  à  cause  de  la  pourriture 
augmentée,  elle  est  aussi  augmentée, 
principalement  après  que  la  vie  et 
çhaleur  naturelle  est  esteinte.  Pont 
connoissant,  tant  par  les  signes  des 
susdits,  que  par  ceux  qui  auront  pré¬ 
cédé  en  la  maladie ,  qu’vu  homme 
sera  mort  de  peste ,  on  le  doit  enter¬ 
rer  en  vn  lieu  à  ce  destiné  le  plustost 
que  faire  se  pourra,  comme  nous 
auons  dit. 

Or  pour  ce  qu’entre  toutes  les 
choses  qui  peuuent  rectifier  l’air,  le 
feu  est  le  plus  requis  et  singulier,  on 
imitera  en  cecy  Hippocrates ,  lequel 
(  ainsi  que  les  anciens  nous  ont  laissé 
par  egcrit)  fit  cesser  vne  grande  et 
merueilleuse  peste  en  la  ville  d’ Athè¬ 
nes  ,  en  faisant  faire  grands  feux  la 
nuit  par  les  maisons  et  parniy  les 
rues  de  la  ville  et  autour  d’icelle ,  et 
ietter  sur  la  braise  choses  odorifé¬ 
rantes  ,  comme  genépre ,  et  tereben- 
thine ,  genest ,  et  semblables  choses 
rendons  grande  fumée  aromatique, 
et  par  ce  moyen  la  peste  cessa  :  par- 
quoy  les  citoyens  luy  firent  eriger 
vne  statue  d’or  au  milieu  delà  place, 
et  par  eux  fut  adoré  comme  vn  Dieu 
et  conserualeur  du  pays  ;  ce  que  ia- 
mais  n’auoit  esté  fait  à  aucun. 

Outre  plus  7  Peuinps  Peuinius  au 
pure  2.  de  ocmltis.  mturœ  miracuHs , 
Chapitre  io  dit ,  que  la  peste  estant  à 
ïournay,  les  soldats  pour  y  preuoir 

'  Cette  dernière  phrase  a  été  ajoutée  en 
1676. 


mettaient  do  la  poudre  à  canon  sans 
boulet  dedans  les  pièces  d’artillerie, 
qu’ils  delaschoiout  la  ntiit ,  et  sur  le 
point  du  jour  :  ainsi  par  ce  son  vio¬ 
lent  et  odeur  fumeuse,  la  coiilagion 
de  l’air  fut  corrigée  et  chassée,  et  la 
ville  deliurée  de  peste.  Partant  les 
magistrats,  pour  bien  s’acquitter  de 
leur  charge  enuers  la  république, 
feront  aussi  toutes  choses  necessaires 
pour  preseruer  leur  ville. 

Que  diray-je  plus?  C’est  qu’ils  doi- 
uept  aupjr  l’ceil  sur  certains  larrons, 
menrtriers  et  empoisonneurs ,  plus 
qu’inhumaips,  qui  gresseut  et  bar¬ 
bouillent  les  parois  et  portes  des 
bonnes  maisons,  de  la  sanie  des  char¬ 
bons  et  bosses,  et  autres  excremens 
des  pestiférés ,  à  fin  de  les  infecter  , 
pour  puis  après  aufiir  moyeu  d’entrer 
dedans ,  piller  et  do^robber,  voire 
estrangler  les  panures  malades  eu 
leur  14  i  ce  qui  a  esté  fait  à  Pyon  l’au 
1565.  Q  Piou  ,  que  tels  galands  me¬ 
ntent  grande  punition  exemplaire  ! 
que  ie  laisse  à  la  discrétion  desdits 
magistrats  qui  opt  charge  de  la  po¬ 
lice. 


CHAPITaE  ^II. 

COMMENT  l’on  DQIT  PROCEOpR  A  L’e- 
LECTION  DES  MEDECINS,  CHIRVRGIENS 
ET  APOTICAIRES,  POVR  MEDICAMENTER 
LES  PESTIFERES. 

Quant  aux  IVIedecips ,  Chirurgiens 
et  Apoticaires,  lesdits  magistrats  esli- 
ront  gens  de  bien  et  expérimentés 
pour  secourir  le  panure  peuple,  non 
par  le  spp  de  trompette ,  faisans  pro¬ 
clamer  (pour  auoir  bpn  marché  d’vpe 
manuaise  marchandise  )  que  s’il  y  a 
aucuns  compagnons  barbiers  et  apo- 


DE  LA  PEgTE. 


ticairea  qui  veulent  penser  les  pesti¬ 
férés  ,  qu’ils  seront  pour  cela  receus 
maistres,  0  Dieu  !  quels  bons  mais- 
tres  !  en  lieu  de  guarir ,  ils  font  le 
plus  songent  par  leur  iraperitie  ouurir 
le  ciel  et  la  terre ,  parce  que  iamais 
n’aurons  veu  ni  conneu  vn  seul  ma¬ 
lade  de  ceste  maladie  :  parquoy  ils 
seront  cent  fois  plus  à  craindre  que 
les  brigans  et  meurtriers  guettans  par 
les  bois  et  cbemins ,  parce  qu’on  les 
peut  euiter  et  chercher  vp  autre 
chemin  :  mais  le  Chirurgien  est  cher¬ 
ché  du  pauure  pestiféré,  qui  tend  la- 
gorge,  espérant  aupir  secours  de 
celuy  qui  luy  oste  la  vie.  Que  s’ils 
prennent  quelques  Médecins  et  Chi¬ 
rurgiens  expérimentés ,  ce  sera  par 
faulses  promesses  ou  par  violence , 
menaçant  de  les  chasser  à  iamais  de 
leurs  villes.  le  vous  laisse  à  penser, 
messieurs,  commelespauures  malades 
peuuent  estre  bien  traités,  si  ceux 
qui  sont  ordonnés  pour  les  médica¬ 
menter  y  sont  employés  par  ceste 
force  et  violence  ;  puis  l’accident 
passé ,  sont  cassés  de  leurs  gages  ; 
et  voila  les  panures  Médecins ,  Chi¬ 
rurgiens  ,  Apoticaires  et  Barbiers  à 
blanc ,  lesquels  ayans  ceste  marque 
d’auoir  esté  constitués  à  penser  les 
pestiférés,  tout  le  monde  après  les 
fuit  comme  la  peste  mesme ,  et  ne 
sont  plus  appelés  à  l’exercice  de  leur 
art  :  puis  leurs  compagnons  les 
voyons  après  quasi  mendier  leur  vie , 
doutans  de  tomber  puis  après  en  tel  de¬ 
sastre  de  paqureté ,  qu’ils  craignent 
cent  mille  fois  plus  que  la  peste ,  n’y 
veulent  aller  ;  car  c’est  vnc  grande 
peste  à  l’homme,  n’auoir  point  d’ar¬ 
gent  pour  secourir  sa  pauure  vie. 

Partant  ie  supplie  messieurs  les 
Magistrats,  qu’ils  eslisent  (comme 
i’ay  dit)  gens  bien  expérimentés  pour 
secourir  les  malades  pestiférés,  et 


379 

leur  donnent  vne  pension  honneste, 
non  seulement  pendant  la  nécessité , 
mais  toute  leur  vie.  Adonc  ne  faudra 
nulle  trompette  :  mais  au  contraire  se 
présenteront  au  seruice  d’eux  et  de 
leurs  citoyens. 


CHAPITRE  XIII. 

CE  QVE  DOIVENT  FAIRE  CEVX  QVI  SE¬ 
RONT  ESLEVS  A  PENSER  ET  MEDICA¬ 
MENTER  LES  PESTIFÉRÉS. 

Premièrement  il  faut  qu’ils  con¬ 
sidèrent  qu’ils  sont  appellés  de  Dieu 
en  ceste  vocation  pour  exercer  ia 
Chirurgie  :  partant  y  doiqent  aller 
d’vn  franc  courage  sans  aucune 
crainte,  ayans  ferme  foy  que  Dieu 
nous  coDserue  et  oste  la  vie  ainsi  et 
quand  il  luy  plaist  :  toutesfois  (comme 
i’ay  dit  cy  deuant)  ne  faut  négliger 
et  mespriser  les  remedespreseruatifs, 
ou  autrement  nous  serions  accusés 
d’ingratitude ,  veu  que  Dieu  nous  les 
a  donnés,  ayant  tout  fait  pour  le  bien 
de  l’homme. 

Doneques  les  Chirurgiens  qdî  seront 
appellés  pour  médicamenter  les  ma¬ 
lades  de  peste,  se  feront  purger  et 
saigner  s’ils  en  ont  besoin ,  à  fin  de 
rendre  leurs  corps  nets ,  et  non  dis¬ 
posés  à  prendre  ce  venin  :  puis  après 
se  feront  deux  ouuertures  (s’ils  n’a- 
uoient  quelque  vlcere  qui  coulast) 
auec  cautères  potentiels  :  l’vne  au 
bras  droit  vn  peu  au  dessous  du  mus¬ 
cle  Epomis,  l’autre  trois  doigts  au 
dessous  du  genotiil  senestre  partie 
externe  :  car  véritablement  ou  a  con¬ 
neu  par  expérience  ,  que  ceux  qui 
auoient  telles  ouuertures  n’ont  esté 
suicts  à  prendre  la  peste,  et  n’ont 
recen  aucun  mal ,  combien  qu’ils  fus- 


LE  VINGT-QVATRIÉME  LIVRE, 


38o 

sent  iournellement  auecles  pestiférés. 
Pareillement  ils  selaueront  bien  sou¬ 
vent  tout  le  corps  auec  ceste  eau ,  la¬ 
quelle  a  grande  vertu  aromatique ,  et 
est  fort  pleine  d’esprits  vaporeux  et 
subtils,  et  du  tout  contraire  à  tel 
venin. 

E‘)ii  preseruatiue. 

"if.  Aquæ  rosarum ,  aceli  rosati  aut  sambu- 
cini,  vint  albi  autmalualici  ana  tb.  vj. 
Rad.  enulæ  campanæ,  angeticæ,  gen- 
lianæ,  bistortæ,  zedoariæ  ana  5.iij. 
Baccarum  iuniperi  etbederæana  §  ij. 
Saluiæ ,  rorismarini ,  absinthij ,  rutæ 
ana  m.  j. 

Corticis  citri  § .  fi . 

Theriacæ,  mithridatii  ana  §  .  j.  ' 

Conquassanda  conquassentnr ,  et  bulliant 
lento  igni ,  et  seruentur  ad  usum. 

On  se  lauera  tout  le  corps  de  ceste 
eau  auec  vne  esponge  ,  la  faisant  vn 
peu  tiédir.  Et  mesme  conuient  en  la- 
uer  la  boucbe  et  en  tirer  vn  peu  par 
le  nez ,  aussi  en  mettre  quelque  pe¬ 
tite  quantité  dedans  les  oreilles. 

Ils  doiuent  pareillement  porter  et 
poser  sur  la  région  du  cœur  vn  sa¬ 
chet  ou  epitheme ,  semblable  à  ceux 
que  nous  auons  descrits  cy  deuant. 
Sur  quoy  lean  Baptiste  Theodose,  en 
la  seconde  de  ses  Epistres  medecinales, 
escrite  à  Athanase  médecin  florentin, 
dit  estre  vtile  qu’on  porte  de  l’arse¬ 
nic  ou  autre  poison  sur  la  région  du  | 
cœur,  à  tin  qu’il  accoustume  le  cœur 
au  venin ,  et  que  par  ainsi  il  en  soit 
moins  offensé,  d’autant  que  tous  ve¬ 
nins  cherchent  le  cœur.  Toutesfois  tu 
noieras  sur  ce  propos  ce  que  nous  en 
auons  dit  auparauant.  Leurs  habille- 
mens  seront  de  camelot ,  sarge  d’Ar¬ 
ras,  satin,  taffetas,  ou  semblables.  Et 
s’ils  n’ont  la  puissance,  ils  auront  du 
marroquin,  ou  trilly  d’Allemagne,  ou 
autre  belle  toile  noire  ;  et  non  de  drap, 


ny  de  frise,  ou  de  fourrure,  de  peur 
que  le  venin  n’y  soit  reserué,  et  qu’ils 
puissent  porter  la  mort  aux  sîiins.  Ils 
changeront  souuent  d’habits ,  che¬ 
mise  et  de  linceux,  si  leur  commodité 
le  porte,  et  les  parfumeront  en  fumée 
de  choses  aromatiques  ;  et  lors  qu’ils 
approcheront  des  malades,  se  garde¬ 
ront  de  prendre  leur  haleine  et  l’o¬ 
deur  de  leurs  excremens,  et  pareille¬ 
ment  de  se  couurir  de  leurs  habille- 
mens  ou  couuerture,  ny  manger  et 
boire  auecques  eux,  ou  le  reste  qu’ils 
auront  touché  de  la  bouche. 

Plus,  il  leur  conuient  desieuner  de 
bon  malin  ;  et  s’ils  abhorrent  le  man¬ 
ger,  comme  font  aucuns,  en  lieu  d’a- 
limens  ils  pourront  prendre  quelques 
medicamens  preseruatifs ,  desquels 
nous  auons  cy  deuant  fait  mention  : 
et  lors  qu’ils  approcheront  du  ma¬ 
lade,  ils  tiendront  en  leur  bouche  vn 
clou  de  girofle ,  ou  vn  peu  de  ca- 
nelle ,  ou  de  racine  d’angelique ,  ou 
graine  de  genéure  ,  ou  autres  choses 
alexiteres,  pour  occuper  et  emplir  les 
spatiosilés  vuides:  et  ainsi  la  vapeur 
pestiférée  ne  pourra  trouuer  place 
pour  s’y  loger. 

l’allegueray  icy,  pour  exemple  du 
danger  qu’il  y  a  de  hanter  les  infectés, 
ce  qui  m’aduint  vne  fois  allant  penser 
vn  pestiféré,  qui  auoit  vn  bubon  pes¬ 
tiféré  en  l’aine  dextre,  et  deux  grands 
charbons  au  ventre  :  prés  duquel  es¬ 
tant  arriué ,  ie  leuay  de  dessus  luy  le 
drap  et  la  couuerture,  dont  après  me 
vint  saisir  vne  odeur  très  felide,  pro- 
uenant  tant  de  la  sueur  de  son  corps, 
que  de  l’exhalation  putride  du  cou- 
lement  de  la  boue  de  son  aposleme  et 
de  ses  charbons  ;  et  lors  ayant  esté 
englouti  de  ceste  vapeur ,  ie  tombay 
promptement  à  terre  comme  mort, 
ainsi  que  font  ceux  qui  syncopisent, 
c’est  à  dire  à  qui  le  cœur  defaut,  mais 


DR  La  peste. 


38 1 


sans  aucune  douleur ,  ny  mal  de 
cœur ,  signe  manifeste  que  la  seule 
faculté  animale  esloit  offensée:  puis 
tpst  après  m’estant  releué,  il  me  sem- 
bloit  que  la  maison  tournast  sens  des¬ 
sus  dessous ,  et  fus  contraint  d’em¬ 
brasser  vn  des  pilliers  du  lit  où  estoit 
couché  le  malade,  autrement  ie  fusse 
tombé  de  rechef.  Et  ayant  quelque 
peu  de  temps  repris  mes  esprits,  i’es- 
ternuay  dix  ou  douze  fois,  auec  vne 
telle  violence  que  le  sang  me  soriit 
par  le  nez  :  qui  fut  cause,  à  mon  opi¬ 
nion  (sauf  meilleur  lugement)  que  la 
vapeur  pestiférée  ne  me  fit  aucune 
impression.  Or  ié  laisse  au  lecteur  à 
philosopher  si  la  mort  ne  s’en  fust  pas 
ensuiuie ,  n’eust  esté  la  force  de  la 
vertu  expultrice  de  mon  cerueau , 
veu  que  tous  mes  sens,  et  principale¬ 
ment  la  faculté  animale,  me  défailli¬ 
rent  en  vn  moment,  qui  sont  les  ins- 
trumens  de  l’ame. 

Pour  ces  choses,  ie  conseille  tant  aux 
médecins  qu’aux  chirurgiens,  mesmes 
à  tous  ceux  qui  fréquentent  ceux  qui 
sont  infectés  de  ceste  pernicieuse  ma¬ 
ladie,  qu’ils  se  gardent,  tant  qu’il  leur 
sera  possible ,  de  receuoir  leur  ha¬ 
leine  et  vapeurs  de  leurs  excremens , 
tant  gros  que  liquides  et  vaporeux: 
aussi  qu’ils  desieunent  les  matins  , 
ou  prennent  quelque  contre-poison 
auparauant  que  de  les  aller  voir,  à 
fin  de  mieux  se  munir  contre  le  venin 
pestiféré.  Et  pour  conclusion,  on  ob- 
seruera  toutes  choses  que  l’on  con- 
noistra  estre  profitables  ou  nuisibles 
en  ceste  maladie  pestilente,  à  fin  de 
les  suiure  ou  euiler  selon  qu’il  en 
sera  besoin,  reconnoissant  toutesfois 
que  la  preseruation  gist  plus  en  la 
prouidence  diuine  qu’au  conseil  du 
médecin  ou  chirurgien. 


CHAPITRE  XIV. 

DES  SIGNES  DE  LA  PESTE  PRESENTE. 

Plusieurs  désirent  sçauoir  les  signes 
de  la  peste  présenté ,  à  fin  d’y  pour- 
uoir  de  bonne  heure,  pour-ce  qu’ or¬ 
dinairement  on  y  est  deceu  :  et  le 
commun  peuple  ne  la  connoist  iamais 
iusques  à  ce  qu’il  sente  quelque  dou¬ 
leur  et  apostemes  aux  emonctoires, 
ou  quelques  taches  sur  le  corps,  ou 
charbons  :  qui  est  trop  tard,  parce 
que  plusieurs  meurent  deuant  que 
telles  choses  apparoissent  :  parquoy 
ne  faut  tousiours  attendre  tels  acci- 
dens,  mais  faut  prendre  indication 
qu’en  la  peste,  le  cœur,  auquel  gist  la 
vie,  est  principalement  assailli,  et  en¬ 
dure  plus  que  tous  les  autres  mem¬ 
bres  :  dont  les  signes  pris  de  luy  sont 
plus  certains  que  de  nulle  autre  par¬ 
tie  principale. 

1.  Signe  de  la  peste  présente^.  Par¬ 
quoy  les  malades  frappés  de  peste 
ont  souuent  défaillance  de  cœur ,  et 
tombent  comme  esuanoüis. 

2.  Signé.  Le  pouls  est  quelquesfois 
remis ,  et  parfois  trop  frequent ,  et 
principalement  la  nuit. 

3.  Signe.  Ils  sentent  des  ponctions 
et  démangeaison  par  tout  le  corps,  et 
principalement  aux  narines,  comme 
piqueures  d’espingles ,  qui  precedent 
de  la  vapeur  maligne,  montant  des 

1  Le  texte  de  tous  les  signes  se  suivait  sans 
interruption,  et  souvent  même  sans  sépa¬ 
ration  des  phrases  dans  l’édition  primitive; 
mais  l’édition  de  1575  et  toutes  les  autres 
ensuite  ayant  accusé  chacun  de  ees  signes 
par  une  note  marginale,  il  m’a  paru  conve¬ 
nable  de  faire  usage  de  ces  notes  pour  le 
texte. 


389  LE  vmGT‘QVATRl£ME  LIVRE  , 


parties  inferieures  à  la  superflcie  du 
corps  et  à  la  teste. 

4.  Signe.  Ils  ont  semblablement  la 
poitrine  chaude  et  ardente ,  auec 
grande  palpitation  et  battement  de 
cœur,  disans  sentir  grande  douleur 
sous  le  mammelon  du  tetin  senestre , 
auec  courte  haleine  et  grande  diffi¬ 
culté  de  respirer  ;  et  halettent  comme 
Yn  chien  qui  a  grandement  couru  ,  à 
cause  que  le  diaphragme  ,  principal 
instrument  de  la  respiration,  ne  pou- 
uant  auoir  son  mouuement  naturel , 
redouble  incontinent,  et  auance  le 
cours  de  la  respiration  et  expiration, 

5 .  Signe.  Pareillement  ils  ont  toux  et 
douleu  r  d’es  tom  ach ,  enfleur  e  de  flancs 
ou  costés  :  pour- ce  qu’à  cause  de  la 
débilité  de  la  chaleur  naturelle ,  se 
multiplient  beaucoup  de  ventosités, 
qui  sont  cause  de  ladite  extension  : 
voire  que  le  ventre  en  est  quelques- 
fois  si  fort  enflé ,  qu’on  diroit  estre 
vne  espece  d’hydropisie  nommée 
Tympanites. 

6.  D’auantage,  ils  ont  nausée, 
ou  appétit  de  vomir,  c’est  A  dire  que 
Testomach  leur  bondit  :  qui  vient  à 
raison  qu’il  a  connexion  auecques  les 
parties  nobles^  et  se  ressentent  du  ve¬ 
nin  mortel  de  tout  le  corps  :  autres 
ont  grands  vomissemens  et  frequens, 
iettans  vne  cholere  iaune,  et  aucunes- 
fois  verde  ou  noire ,  correspondante 
aux  selles  en  variété  de  matière  et 
couleur  :  et  à  aucuns  sort  le  sang 
tout  pur  en  grande  abondance , 
non  seulement  par  le  vomisse¬ 
ment,  mais  aussi  quelquesfois  par 
le  nez,  par  le  siégé  et  pat  la  verge^  et 
âüx  femmes  par  leur  matrice  :  et 
Ceux-là  ne  passent  güereS  lé  troi¬ 
sième  iour,  tant  est  grande  Pacrimo- 
nie  du  venin. 

7\  Signe.  Aucuns  ont  grande  froi¬ 
dure  aux  parties  extérieures,  mais 


neântmoins  sentent  vné  exlreme  cha¬ 
leur  et  ardeur  metueilleiise  au  de¬ 
dans*  Or  la  cause  pour  laquelle  nous 
voyons  qu’és  fiéures  pestllonliellcs  le 
dedans  brtisle,  et  le  dehors  est  froid, 
c’est  pour-ce  qu’il  y  a  inflammation 
ett  quelque  partie  profbnde  du  corps, 
en  sorte  que  toute  la  chaleur  auec  le 
sang  et  les  esprits  est  attirée  comme 
d’vne  ventouse  ;  par  les  parties  Inté¬ 
rieures  enflammées ,  dont  les  parties 
extérieures  apparoissent  ft'oidcs  et 
alors  la  face  se  monstre  hideuse ,  et 
est  veuë  de  couleur  plombée  et  liuide, 
les  yeux  ardens ,  estincelans ,  rouges 
et  comme  pleins  de  sang ,  ou  d’autre 
couleur,  et  larmoyans. 

8.  Sipûe.  Le  tour  des  paupières  est 
liuide  et  hoir,  comme  si  elles  àuolent 
esté  battues  et  tneurdries ,  et  ont  la 
face  hideuse  à  voir  et  tout  le  corps 
iaunasti-e,  tellement  qu’ils  ne  res¬ 
semblent  point  à  eux-mesmes,  de  fa¬ 
çon  qü’on  les  deconnolst  :  et  telle 
chose  signifie  la  mort  proche. 

ô.  Siÿiiei  Aucuns  ont  la  fiéure  si 
tres-ârdentfe,  qu’elle  cause  vlceres  au 
profond  de  la  gorge  et  autres  parties 
dé  la  bouche ,  âuée  Vné  seicheressé 
qui  rend  la  langue  aride  et  seiche,  li- 
üide  et  noire,  accompagnée  d’vne  al¬ 
teration  et  chaleur  si  grande,  qu’ils 
sè  disent  brusler  comme  s’ils  estoieht 
dedans  vn  feu,  auec  Vné  extremé 
douleur  de  teste ,  qui  le  plus  souuettt 
les  fait  résuer,  de  sorte  qu’ils  ne  peu- 
uent  iamais  reposer  ny  dormir  :  et 
tombent  en  Vne  fureur  cruelle,  comme 
frénétiques,  s’enfuyans  tous  nuds ,  se 
iettans  és  puits,  riuiercs,  et  par  les  fe- 
nestres  se  precipitans  du  haut  en  bas. 
Au  contraire,  ils  sont  quelquesfois  en 
vne  si  grande  résolution  de  tous  les 
membres ,  qu’ils  ne  so  sçauroient 
soustenir,  et  aussi  sont  au  commen¬ 
cement  tant  endormis ,  qu’on  ne  les 


DE  L4  PESTE. 


peut  esueiller ,  pour-ce  que  la  cha¬ 
leur  de  la  fleure  fait  esleuer  à  la  teste 
dés  vapeurs  grosses,  crues  et  froideSi 
lesquelles  abondent  au  corps  :  ce  qui 
aduient  communément  lors  que  la 
matière  de  la  bosse  ou  le  charbon  se 
fait,  ou  petites  tâches  et  éruptions  es- 
pàrses  au  cuir,  qui  soüuent  s’appa- 
roissent  à  leur  résueil,  âcéompagnées 
d’vne  sueuP  fort  puante.  Or  lesdites 
exhalations  et  fumées  acqüierént  son¬ 
nent  acnraonie,  et  sont  qùelqiieSfois 
si  hiordantes  qu’elles  gardent  les  ma¬ 
lades  de  dormir  et  leur  incitent  grànde 
douleur  de  teste ,  qui  les  fait  tomber 
en  resuérie ,  puis  frénésie ,  manie  et 
ra^e.  Parquoy  la  variété  de  ces  der¬ 
niers  signes  et  accidens  ne  procédé 
que  dé  la  diuersité  du  venin  peStiferé, 
et  dés  temperâtures  des  maladés. 
Qu’il  soit  vray ,  nOus  voyons  én  cer¬ 
taines  saisons  ce  venin  exercer  diuer- 
sement  sa  tyrannie  ^  voiré  en  tontes 
températures',  et  extraoVdinairement 
et  egalement  à  plusieurs  et  de  toutes 
aages  et  temperamensi,  comme  nous 
auons  cy  deuant  monstré  de  la  suettei, 
trousse-galand ,  coqueluche,  et  au¬ 
tres  maladies  epidemiales. 

10.  Signe.  Quant  est  de  la  diueCsilé 
des  températures,  ceux  qui  sont  de 
complexion  chaude ,  comme  les  san¬ 
guins  et  cholériques,  on  voit  estre 
saunent  vexés  de  fléures  ardentes,  et 
tombent  souuent  en  furie  :  au  con¬ 
traire,  les  melancholiques  et  pitui¬ 
teux  estre  tant  assoupis  et  endormis 
qu’à  peine  on  les  peut  resueiller.  Les 
vrines  ne  sônt  pas  tousiours ,  ny  en 
tous,  trouuées  d’vne  mesme  couleur 
et  consistende  :  car  quelquesfois  elles 
sont  trouuées  semblables  à  celles  des 
sains,  à  sçauoir  belles  en  couleur  et 
bonnes  en  leur  substance ,  à  raison 
que  la  fiéure  fait  plus  son  effort  de¬ 
dans  les  arleresi,  qu’és  veines  conle- 


383 

nahtes  le  sang,  duquel  procédé  rv-‘ 
riné  :  veii  que  le  foye  le  plus  souuent 
ne  souffre  si  fort  en  vne  fléure  pesti- 
lente  que  les  autres  parties,  et  sur 
toutes  le  cœur,  mesmement  quand  il 
n’y  a  point  de  tumeur  apparente  aux 
aines,  où  cela  se  fait  ;  pour-ce  que  les 
humeurs  contenus  aux  vaisseaux, 
iaçoit  qii’ils  soient  en  chemin ,  et 
comme  m  fieri  >  d’estre  viciés  et  enta¬ 
chés  de  ce  venin,  ce  neantmoins  ne 
sont  point  pourris  ne  corrompus  : 
ceste  corruption  estant  vrayement  ja 
parfaite  en  la  substance  des  esprits 
(supposé  que  telle  peste  est  de  celles 
qui  ont  leur  cause  et  origine  de  la 
malignité  de  l’air)  et  d’iceux  n’ayant 
encores  passé  et  coulé  dans  les  hu¬ 
meurs  car  si  la  pourriture  estoit  ja 
imbue  en  iceux,  ils  en  donneroient 
cèrlain  lesmoignage  par  les  vrines, 
qui  sont  certains  et  propres  signes  des 
affections  des  humeurs  contenus  aux 
veines.  Et  parlant  ne  deuons  point 
estiméi'  que  cela  aduienne  (comme 
aucuns  ont  pensé)  à  raison  que  Na¬ 
ture,  comme  espouuantée  et  fuyante 
la  malignité  de  ce  venin,  n’ose  assail¬ 
lir  la  maladie.  Aucuns  ont  les  vrines 
fort  dissemblables  des  sains,  desquels 
nous  parlerons  cy  après. 

11.  Signe.  Pareillement  aucuns  iet- 
tent  par  le  siégé  vne  matière  fort  fé¬ 
tide,  liquide,  subtile,  gluante,  et  de 
diuerses  couleurs  :  ce  que  déclarerons 
aussi. 

12.  Signe.  Il  y  en  a  d’autres  qui  ont 
l’appetit  deprauè ,  ou  du  tout  perdu, 
tellement  qu’on  en  a  veu  qui  ont  de¬ 
meuré  trois  ou  quatre  ioürs  sans 
manger  :  ce  qui  procédé  d’Vne  dou¬ 
leur  mordante  et  poignante  qui  est 

1  Ceci  est  le  texte  de  15765  TédilioH  pri- 
rnilive  portait:  iaçoü  qu’ils  soyeni  vUiea  el 
enuichei  de  ce  venin. 


LË  VINGT'QVATËIlîlVIË  LIVRE, 


enl’estomach,  laquelle  promeut  des  | 
vapeurs  veneneuses  enuoyées  à  ice- 

luy.  ^  .. 

Et  pour  le  dire  en  vu  mot,  on  voit 
en  ceste  pernicieuse  peste  vne  grande 
bande  et  multitude  de  plusieurs  es¬ 
peces  de  symptômes  et  accidens  con¬ 
fus  sourdre  iournelleraent ,  qui  se 
font  selon  la  pourriture  et  alteration 
de  l’air,  et  la  cacochymie  et  mauuaise 
température  de  ceux  qui  en  sont 
frappés.  Parquoy  faut  bien  icy  noter 
que  tous  ces  signes  et  accidens  ne  se 
trouuent  pas  loUsiours  en  vne  fois, 
ny  en  toutes  personnes,  mais  à  au¬ 
cuns  s’en  apperçoiuent  plusieurs,  à 
autres  peu,  voire  à  grande  peine  voit- 
on  deux  hommes ,  infectés  de  ceste 
contagion,  auoir  semblables  acci¬ 
dens  ;  et  qui  plus  est,  il  y  a  aucuns  à 
qui  ils  apparoissent  subit  et  dés  le 
commencement,  et  les  autres  plus 
tard.  Et  de  tous  ces  signes,  il  y  en  a 
qui  sont  totalement  mortels,  autres 
moins  mauuais,  et  d’autres  ambigus. 


CHAPITRE  XV. 

DES  SIGNES  MORTELS  DE  LA  PESTE. 

Les  signes  mortels,  et  qui  demons- 
trent  le  cœur  estre  saisi,  sont  fiéures 
très  ardentes  et  continues  ,  la  langue 
aride  et  seiche,  de  couleur  noire,  et 
quand  les  malades  ont  grande  diffi¬ 
culté  d’inspirer,  tellement  qu’ils  ont 
plus  de  peine  à  attirer  l’air  qu’à  le 
rendre  :  qui  se  fait  pour  la  vehemente 
chaleur  qu’ils  ont  au  corps  :  et  ont 
vne  soif  si  grande  qu’on  ne  la  peut 
esteindre. 

Autres  ont  veilles  continuelles , 
dont  s’ensuit  resuerie  et  alienation 
d’esprit,  et  sonnent  meurent  comme 


furieux  et  enragés.  Aucuns  ont  vne 
contraction  ou  commision  de  tous  les 
membres,  défaillances  frequentes  de 
cœur,  accompagnées  de  hocquets,  et 
tombent  souuent  en  syncope. 

Autres  ont  vne  palpitation  ou  trem¬ 
blement  de  cœur,  qui  est  vn  mouue- 
ment  manifeste  de  la  vertu  expul- 
trice  qui  s’efforce  de  repousser  le 
venin,  qui  luy  est  du  tout  contraire 
et  mortel.  Le  pouls  pareillement  se 
meut  hasliuement  et  excessiuement 
sans  mesure,  qui  monstre  que  la  fa¬ 
culté  vitale  est  grandement  enflam¬ 
mée,  et  alors  les  malades  sont  en 
grande  agitation  et  inquiétude,  c’est 
à  dire  se  remuent  çà  et  là,  sans  qu’ils 
se  puissent  tenir  à  recoy  et  en  re¬ 
pos  :  et  ont  appétit  continuel  de  vo¬ 
mir,  qui  prouient  de  la  vénénosité  de 
la  matière,  laquelle  se  communique 
au  cœur  et  à  l’orifice  de  l'estomach  : 
et  le  vomissement  est  puant  et  de 
matière  verde,  comme  jus  de  por¬ 
reaux,  et  quelquesfois  de  couleur 
noire  ou  rouge  :  aussi  aucunesfois 
est  de  sang  tout  pur,  comme  nous 
auons  dit,  et  ont  sueur  froide  ,  la 
face  liuide,  hideuse  et  noire,  et  le  re¬ 
gard  esgaré.  Ils  ont  semblablement 
grand  tressaillement,  frémissement  et 
aiguillonnement  entre  cuir  et  chair, 
baaillement  et  estendue  des  mem¬ 
bres,  tournans  les  yeux  en  la  teste, 
et  parlent  enroüé  et  bégayent,  voire 
quelquesfois  dés  les  premiers  iours  , 
et  ne  ratiocinent  pas,  et  quand  on 
parle  à  eux,  ils  ne  respondent  à  pro¬ 
pos.  Ils  ont  la  langue  fort  aride  et 
seiche,  liuide  ou  noire,  qui  se  fait  des 
exhalations  putrides  qui  l’eschauffent 
et  desseichent,  leur  causant  des  es- 
corcheures  en  la  bouche. 

Outre  plus,  aucuns  ont  les  vrines 
liuides  ou  noires,  et  troublées,  comme 
grosse  lexiuc,  et  y  voit  on  des  nuées 


DË  LA  PESTR. 


liuîdes  et  de  diuerses  couleurs,  comme  | 
verdoyante,  plombée  ou  noire,  qui  * 
est  vn  vray  signe  mortel.  Aussi  quand 
on  voit  vn  cercle  par  dessus,  comme 
graisse,  ou  toiles  d’araignées  ietlées  les 
vnessurles  autres. 

Si  les  malades  ont  charbons,  et  la 
chair  d’iceux  est  noire  et  seiche , 
comme  vne  chair  bruslée,  et  les  par¬ 
ties  prochaines  liuides ,  les  bosses, 
charbons  et  taches  retournans  au  de¬ 
dans  et  n’apparoissans  plus  au  de¬ 
hors  :  flux  de  ventre  cholérique,  qui 
ne  donne  aucun  allégement  au  ma¬ 
lade  ,  fort  fetide ,  liquide  ,  subtil , 
gluant,  et  dediuerse  couleur,  comme 
noire,  verdoyante,  ressemblante  à 
verd  de  gris ,  et  de  tres-mauuaise 
odeur,  auec  grande  quantité  de  vers, 
qui  dénoté  grande  corruption  et 
pourriture  aux  humeurs  :  s’ils  ont  vn 
esbloüissement  qui  vient  par  l’imbé¬ 
cillité  et  defaut  des  esprits,  et  de 
toute  l’œconomie  de  Nature  qui  ja 
commence  à  chancelier  :  si  la  chaleur 
naturelle,  se  retirant  au  dehors, 
fuyant  ce  venin,  esmeut  vne  sueur 
fort  puante ,  et  les  yeux  du  malade 
s’enfoncent  pour  l’absence  de  ladite 
chaleur,  accompagnée  du  sang  et 
esprits  :  si  le  bout  du  nez  est  retors 
auec  vn  ris  sardonic,  c’est  à  dire  vn 
ris  forcé,  qui  se  fait  pour  la  retraction 
des  libres  disséminées  aux  muscles 
de  la  face,  desseichés  par  l’absence 
du  sang  et  de  l’esprit  animal  :  si  aussi 
les  ongles  noircissent,  comme  appro- 
chans  d’vne  mortifleation  :  puis  sur- 
uierinent  sanglots  et  conuulsion  vni- 
uerselle  pour  la  resolution  des  nerfs, 
si  qu’en  fin  la  panure  chaleur  natu¬ 
relle  demeurant  suffoquée  et  estein- 
te,  indubitablement  la  mort  s’ensuit, 
En  tous  ces  signes  ne  faut  saigner, 
mais  bailler  choses  cordiales  aux  ma¬ 
lades,  et  les  recommander  à  Dieu. 


385 

Neantmoins  le  prie  les  Chirurgiens  de 
non  laisser  et  abandonner  les  pan¬ 
ures  malades,  encores  qu’ils  eussent 
tous  ces  signes  mortels,  mais  tous- 
iours  s’efforcer  à  faire  ce  que  l’art 
commande  :  car  Nature  fait  qnel- 
quesfois  choses  merueilleuses  contre 
Topinion  des  Médecins  et  Chirur¬ 
giens,  ainsi  que  i’ay  demonstré  cy 
dessus  en  mon  liure  des  Play  es  de 
harquebuses. 

Or  pour  conclusion,  la  diuersité  de 
ces  accidens  vient  pour  la  diuersité  du 
venin,  et  des  temperamens,  et  de  l’air 
ambiens  :  et  tant  plus  on  trouuera 
des  signes  et  accidens  susdits,  tant 
plus  les  panures  pestiférés  sont  pro¬ 
ches  de  la  mort  :  mais  si  vn  ou  deux 
apparoissent  seulement,  il  n’est  pas 
necessaire  qu’ils  meurent  :ioint  aussi 
que  plusieurs  de  ces  signes  sont  com¬ 
muns  à  d’autres  maladies. 


CHAPITRE  XVI. 

DES  SIGNES  PAR  LESQVELS  ON  PEVT 
CONNOISTRE  QVE  LE  MALADE  EST  IN¬ 
FECTÉ  DE  LA  PESTE  VENANT  DV  VICE 
DE  l’air,  et  non  des  HVMEVRS. 

Encores  que  nous  ayons  amplement 
déclaré  les  signes  de  la  peste  pré¬ 
sente,  si  est-ce  que  considerans  qu’il  y 
a  deux  sortes  de  peste,  pour  la  diuer¬ 
sité  des  causes  :  l’vne  prouenante  du 
vice  de  l’air,  l’autre  de  la  corruption 
des  humeurs,  nous  auons  bien  voulu 
spécifier  les  signes  qui  sont  propres  à 
l’vne  et  à  l’autre,  commençans  par 
celle  qui  vient  du  vice  de  l’air. 

Donc  les  signes  par  lesquels  on  la 
pourra  connoistre  sont  tels ,  à  sça- 
uoir,  qu’elle  est  plus  maligne  et  con¬ 
tagieuse  ,  et  les  hommes  meurent  en 
20 


III. 


386 


LE  VINGT'QVATRIEME  LIVRE  , 


plus  grand  nombre  et  plus  subite¬ 
ment  :  car  plusieurs  faisans  leurs  ac¬ 
tions  accoustumées,  se  pourmenans 
par  les  temples  et  rues  sans  aucune 
contagion  apparente,  meurent  en  pou 
d’heures,  voire  promptement,  sans 
sentir  auparauant  aucune  douleur  : 
par  ce  que  l’air ,  corrompu  par  sa  vi¬ 
rulence  ,  gaste  promptement  les  es¬ 
prits,  et  suffo  jue  le  cœur  d’vn  feu  ca¬ 
ché.  D’auantage,  les  malades  ne  sont 
si  tourmentés  d’inquietude,  et  ne  se 
iettent  point  çà  et  là,  pour  ce  que  la 
force  naturelle  est  du  tout  prosternée 
et  abbatue  :  et  partant  ils  ont  conti¬ 
nuelle  défaillance  de  cœur ,  et  à  plu¬ 
sieurs  ne  suruiennent  bubons  ou  au 
trespustules,  ny  aucun  flux  de  ventre, 
à  cause  que  le  venin  pestiféré  abbat 
tellement  les  forces  et  le  cœur,  qu’ils 
ne  peuuent  chasser  d’eux  aucune 
chose  nuisible,  qui  est  cause  de  la 
mort  ainsi  subi.e.  Leur  vrine  est  sem¬ 
blable  à  la  naturelle,  parce  qu’il  n’y 
a  point  de  vice  aux  humeurs,  d’au¬ 
tant  que  les  vrines  demonstrent  cer¬ 
tainement  le  vice  qui  est  aux  hu¬ 
meurs,  comme  il  a  esté  déclaré  ey 
douant. 


CHAPITRE  XVII. 

SIGNES  QVE  LE  MALADE  EST  INFECTÉ  DE 
LA  PESTE  PROVENANT  DE  LA  COBRYP- 
TIQN  DES  «VMEVBS. 

Nous  auouspar  cy  deuant  déclaré 
les  causes  de  la  corruptiou  des  hu¬ 
meurs  de  nostre  corps  ,  laquelle  se 
fait  comme  d’vne  trop  grande  pléni¬ 
tude,  ou  par  obstruction  des  vaisseaux 
des  viscères  ou  entrailles,  causée  par 
humeurs  espais  et  visqueux,  ou  par 
intemperature  ou  malignité  de  ma¬ 


tière,  toutes  lesquelles  choses  se  font 
par  la  mauuaise  maniéré  de  viure  ;  il 
faut  maintenant  déclarer  les  signes 
par  lesquels  on  peut  connoistre  vn 
chacun  humeur  dominant  estre  in¬ 
fecté  et  corrompu,  à  tin  de  contrarier 
à  iceluy. 

Quand  donc  on  verra  la  couleur  de 
tout  le  corps  estre  plus  iaune  que  de 
coustume  ,  cela  demonstre  que  le 
corps  abonde  en  cholere  :  si  elle  est 
plus  liuide  et  noire,  en  melancholie  :  si 
elle  est  plus  blanche,  en  pituite  ou 
pUlegme  :  et  si  elle  est  plus  rouge,  et 
les  veines  sont  fort  enflées,  il  abonde 
en  sang  :  aussi  les  apostemes  et  pus¬ 
tules  tiennent  semblablement  la  cou¬ 
leur  de  l’humeur  qui  cause  icelles; 
pareillement  les  excreraens,  comme 
vomissemens,  les  selles  et  vrines. 
Aussi  si  le  malade  est  fort  assoupi  et 
endormi,  cela  demonstre  la  pituite  : 
au  contraire,  s’il  a  veilles,  demonstre 
la  cholere.  Semblablement  la  nature 
de  la  fiéure  demonstre  l’humeur  qui 
abonde  :  car  la  tiéure  tierce  demons¬ 
tre  la  cholere ,  la  quarte  la  melan- 
cbolie,  la  quotidiane  la  pituite,  la 
continue  le  sang.  Le  temps  le  demons¬ 
tre  pareillement  :  car  au  printemps 
le  corps  accumule  plus  de  sang  ,  en 
esté  de  la  cholere;  en  automne  la 
melancholie,  enhyuerla  pituite  do¬ 
mine,  Après  s’ensuit  le  pays,  lequel 
s’il  est  temperé,  le  sang  abonde  :  s’il 
est  chaud  et  sec,  la  cholere  :  s’il  est 
froid  et  humide,  la  piluiie.  D’auanta¬ 
ge,  l’aage  le  demonstre  :  caries  ieunes 
abondent  plus  en  sang,  et  les  vieux 
en  pblegme.  Finalement  l’art  et  ma¬ 
niéré  de  viure  :  car  ceux  qui  cuisent 
les  métaux,  et  fabriquent  ouurages 
métalliques,  comme  mareschaux,  ser¬ 
ruriers,  orléures,  afflneurs,  fondeurs 
do  lettres,  abondent  plus  en  cholere: 
lessedüwtaiies,  estudians,el  pescbeurs, 


DE  LA  PESTE. 


en  pituite.  Voila  les  obserualions 
qu’on  doit  auoir  pour  connoistre  vn 
chacun  humeur  dominant  en  noslre 
corps,  à  fin  de  le  purger  quand  il  en 
sera  besoin.  Or  pour  desboucher  les 
orifices  des  vaisseaux,  tant  du  foye, 
que  de  la  rate  et  des  reins,  les  medi- 
camens  doiuent  auoir  faculté  et  puis¬ 
sance  d’inciser,  penetrer,  atténuer,  et 
deterger  :  ce  que  ie  laisse  à  faire  à 
messieurs  les  médecins.  Et  faut  icy 
noter ,  que  communément  les  hu¬ 
meurs  se  pourrissent  en  temps  de 
peste,  dont  se  font  non  seulement  des 
fleures  continues,  mais  aussi  des  in¬ 
termittentes,  c’est  à  dire  qui  laissent 
le  malade  vn  iour  ou  deux ,  plus  ou 
moins,  sans  fleure,  puis  l’assaillent 
de  rechef,  comme  font  les  fleures 
tierces  et  quartes  :  ce  qui  se  fait  selon 
la  diuersité  de  la  pourriture  de  l’hu¬ 
meur  dont  elles  sont  faites,  comme 
nous  auons  dit  par  cy  deuant. 

Pareillement  on  les  peut  connoistre 
par  les  accidens  :  comme  si  la  peste 
est  en  l’humeur  cholérique,  elle  oecit 
la  plus  grande  part  des  hommes,  et 
meurent  promptement  :  et  ont  vomis- 
semensassiduels  de  couleur  iaunastre 
et  flux  de  ventre,  auec  extremes  dou¬ 
leurs  et  dcsîr  perpétuel  d’aller  à  la 
selle,  parce  que  la  cholere  pique  et 
vlcere  les  boyaux:  aussi  ont  vne  inap¬ 
pétence,  et  tout  ce  qu’ils  boiuent  et 
mangent  leur  semble  amer.  S’ils  ont 
quelques  éruptions  ou  tumeurs  con¬ 
tre  nature,  elles  sont  trouuées  auec 
peu  d’enfleure,  et  de  couleur  citrine. 
Quand  elle  est  aux  grosses  humeurs, 
et  au  sang  adusle ,  elle  occit  plus 
tard ,  et  les  malades  ont  grandes 
sueurs,  flux  de  ventre  de  diuerses 
couleurs,  et  principalement  sangui¬ 
nolentes,  et  ietlent  souuenl  le  sang 
pur  :  ils  ont  communément  bubons 
et  charbons ,  ou  éruptions  par  fout 


387 

le  corps ,  auec  grandes  tumeurs  en¬ 
flammées,  fléures  continues  et  délires, 
et  l'haleine  puante.  Lors  qu’elle  est 
à  l’humeur  piluiteux,  ils  ont  lassi¬ 
tudes  de  tous  les  membres ,  et  tout  le 
corps  bien  fort  appesanti,  et  sont 
grandement  endormis  et  assoupis,  et 
à  leur  resueil  ont  un  tremblement 
vniuersel  de  tout  le  corps ,  qui  se  fait 
pour  l’obstruction  des  conduits  clos 
aux  esprits  ;  et  s’il  y  a  quelques  bu¬ 
bons,  charbons  ou  éruptions,  elles 
sont  laxes  et  de  couleur  blanchastre, 
et  difficiles  à  suppurer.  Et  quand 
l’humeur  melancholique  en  est  vicié, 
les  malades  sont  fort  attristés,  ayans 
grande  pesanteur  et  douleur  de  teste, 
et  ont  le  pouls  petit  et  profond ,  et  la 
couleur  de  leur  aposteme ,  voire  de 
tout  le  corps  ,  plombée  et  noire  ;  car 
chacun  humeur  donne  sa  couleur  au 
cuir.  Or  qui  deraonstre  encore  les 
humeurs  estre  corrompus,  c’est  que 
les  vrines  des  malades  sont  troublées 
et  semblables  à  celles  des  iumens  : 
aussi  quelquesfois  sont  veuës  noires 
auec  vn  cercle  verdoyant,  qui  signifie 
grande  pourriture  estre  aux  hu¬ 
meurs;:  car  il  est  impossible  que  les 
humeurs  puissent  estre  corrompus, 
que  les  vrines  ne  le  soient.  Aucuns 
ont  grande  soif,  les  autres  nulle, 
parce  que  la  pituite  putride  abonde  à 
l’orifice  de  reslomach  ,  etluy  change 
son  tempérament,  et  le  rend  languide 
auec  inappétence.  Semblablement  au¬ 
cuns  ont  fiéure  grandement  ardente , 
et  se  disent  brusler  au  dedans  :  ce 
neantmoins  les  parties  extérieures 
sont  trouuées  quelquesfois  fort  froi¬ 
des. 

Que  si  la  peste  prouient  du  vice 
de  l’air,  et  des  humeurs  compliqués, 
comme  ils  sont  le  plus  souuent,  on 
ne  les  peut  bien  distinguer,  et  les  si¬ 
gnes  sont  fort  confondus  ensemble. 


383  LE  VINGT-QVATIIIÉME  LIVRÉ* 

_ -  -  Quelquesfois  aussi  les  accidens  se 

relaschent ,  et  semble  que  le  malade 

/-TI  AT)TT'T)U'  YVITT  se  doiue  bien  porter,  faisant  bonne 

CHAPITRE  XVlll.  ^  des  da- 

DV  PROGNOsnc.  moiselles  de  la  Royne,  nommée  la 

Mare ,  le  Roy  estant  au  chasteau  de 
Prognostiquer  est  prédire  les  cho-  Roussillon  :  laquelle  fut  frappée  de 
ses  à  aduenir  ,  qui  se  fait  par  la  con-  ceste  peste,  ayant  vn  bubon  en  l’aine, 
noissance  de  la  maladie  et  de  ses  ac-  qui  s’en  retourna  au  dedans,  et  letroi- 
cidens ,  et  principalement  de  la  tem-  siéme  iour  disoit  ne  sentir  aucun  mal, 
perature  et  dignité  de  la  partie  forsqu'vnedifficultéd’vriner  (à  cause 
malade  et  action  d’icelle  ;  par  quoy  de  l  inflammalion  qui  occupoit  les 
pour  ce  faire ,  sera  bien  necessaire  parties  dediées  à  l’vrine)  se  pourme- 
que  le  Chirurgien  aye  connoissance  nant  par  la  chambre ,  auec  bonne 
de  l’anatomie ,  et  aye  veu  plusieurs  ratiocination  :  toutesfois  ce  iour  mes- 
malades  :  car  ainsi,  faisant  bon  pro-  me  rendit  l’esprit  à  Dieu  :  qui  fut 
gnostic ,  et  déduisant  bien  aux  pa-  cause  de  nous  faire  promptement  dé¬ 
pens  et  amis  du  malade  les  accidens  busquer  dudit  lieu. 


Prognostiquer  est  prédire  les  cho¬ 
ses  à  aduenir  ,  qui  se  fait  par  la  con¬ 
noissance  de  la  maladie  et  de  ses  ac¬ 
cidens,  et  principalement  de  la  tem- 


qui  peuuent  aduenir  en  la  maladie, 
acquerra  honneur  et  profit. 


Et  partant  les  Médecins  et  Chirur¬ 
giens  sont  le  plus  souuent  deceus  en 


Toutesfois  quant  à  la  peste  ,  nous  telle  maladie  :  car  aucuns  meurent 
disons  qu’il  n’y  a  point  de  iugement  plus  tost,  les  autres  plus  tard,  selon 


certain  de  la  vie  ,  ou  de  la  mort  :  car 
ceste  détestable ,  abominable  et  trais- 
tresse  maladie  a  ses  mouuemens  par 
interualles  inégaux  et  incertains,  et 
est  quelquesfois  tant  hastiue  et  fal- 
lace,  qu’elle  tue  l’homme  sans  qu’on 


que  le  venin  est  violent  et  fort  :  et 
pour  le  dire  en  vn  mot ,  en  ceste  ma¬ 
ladie  il  n’y  a  point  d’heure,  de  iour, 
ny  de  temps  preflx. 

Outre-plus,  on  voit  par  expérience 
que  gens  de  toute  nature,  sexe,  et  di- 


y  puisse  prendre  garde:  ce  qui  aduient  uerses  complexions,  soient  enfans, 
à  aucuns  en  dix ,  quinze ,  ou  vingt  adolesceus  ou  hommes  en  aage ,  con- 
quatre  heures  ,  ou  beaucoup  moins,  sistans ,  foibles  ou  robustes ,  ieunes 
Et  tel  venin  est  quelquesfois  si  vio-  ou  vieux,  yurongnes ,  crapuleux ,  et 
lent,  qu’incontinent  qu’on  reçoit  le  ceux  qui  font  abstinence  en  leur  viure, 
soufflement  ou  haleine  du  pestiféré ,  tant  oiseux  que  ceux  qui  trauaillent , 
on  voit  subit  s’esleuer  pustules  et  richesoupauures,Roys,Roynes,Prin- 


ampoullesau  cuir,  auec  douleur  acre, 
comme  si  on  estoit  mords  d’vne 


ces.  Princesses,  Papes  et  Cardinaux*, 
sont  tous  suiets  à  estre  pris  de  la 


mousche  à  miel.  Et  par  la  violence  peste.  Neantmoins  on  voit  que  les 
de  ce  venin  si  prompte  et  subite, ceux  ieunes  cholériques  et  sanguins ,  qui 
qui  sont  frappés  sont  plustost  morts  sont  de  tempérament  chaud  et  humi- 
qu  ils  n  ont  pensé  à  mourir;  et  mesme  de,  y  sont  plus  suiets  que  les  vieux  qui 
en  beuuant ,  mangeant  et  vacquant  à  sont  de  température  froide  et  seiche , 
leurs  affaires,  tombent  morts  en  che-  pour  ce  que  leur  sang  ne  s’enflamme 
minant  par  les  rues  et  temples,  ce  pas  si  tost  :  aussi  que  l’humidité  d’i- 
qu’auons  veu  nagueres  le  Roy  estant 


Le  pape  Pelagius  mourut  de  peste. — A.  P. 


DE  L4  EESTE. 


ceux ,  dont  s’engendre  la  corruption, 
est  exhalée  et  aucunement  consumée. 
Mais  les  huT.neurs  des  ieunes  se  cor¬ 
rompent  pour  legere  occasion,  et  par 
conséquent  reçoiuent  la  vapeur  vene- 
neuse ,  laquelle  facilement  est  attirée 
et  pénétré  au  centre  du  corps,  qui 
est  de  telle  température  chaude  et 
humide ,  et  partant  disposée  à  rece- 
uoir  inflammation  et  pourriture  :  à 
cause  qu’ils  ont  les  veines  et  arteres 
plus  larges ,  et  par  conséquent  tous 
les  conduits  du  corps,  dont  il  aduient 
que  l’air  pestilent  trouuant  les  pores 
ouuerts,  entre  dedans  plus  facile¬ 
ment  auecques  l’air  attiré  par  le  con¬ 
tinuel  mouuement  des  arteres. 

D’auantage  la  peste  venant  de  l’air 
prend  plustost  les  ieunes  que  les 
vieux  ,  parce  qu’ils  ont  les  pores  plus 
ouuerts  que  n’ont  les  vieux.  Pareille¬ 
ment  ceux  qui  sont  hors  des  maisons 
sont  alors  plustost  espris  que  ceux 
qui  demeurent  dedans.  Et  quand  la 
peste  vient  de  la  corruption  des  hu¬ 
meurs,  elle  n’est  pas  tant  contagieuse 
que  celle  qui  vient  du  vice  de  l’air  : 
mais  les  pituiteux,  melancholiques, 
et  gens  aagés  sont  en  plus  grand 
danger  de  mort ,  lors  qu’ils  sont  frap¬ 
pés  d’iceluy  venin  venant  de  cause 
corporelle,  parce  qu’il  ne  se  peut 
bien  exhaler  et  sortir  hors ,  à  cause 
de  ta  closture  ou  condensation  de 
leurs  conduits  ou  pores  du  cuir.  Aussi 
ceux  qui  sont  cacochymes  et  remplis 
d’humeurs  vicieux  sont  plus  prompts 
et  disposés  à  en  estre  infectés  ,  et  en 
plus  grand  danger  que  ceux  qui  sont 
de  bonne  température  :  tout  ainsi 
qu’vn  fagot  sec  est  plustost  allumé  du 
feu  et  bruslé  qu’vn  verd,  ainsi  sont-ils 
préparés,  de  mesme  façon  que  le 
soulphre  est  préparé  à  prendre  le  feu. 
Et  par  ainsi  on  voit  communément , 
qu’en  temps  de  peste ,  nulles  ou  peu 


389 

d’autres  maladies  apparoissent ,  d’au 
tant  qu’elles  se  tournent  facilement 
en  icelle  :  et  lorsqu'elles  commencent 
à  regner,  la  peste  aussi  commence  à 
cesser. 

Donc  comme  vn  homme  cacochyme 
est  plus  disposé  à  estre  frappé  de 
peste  ,  aussi  au  contraire  vn  homme 
bientemperé  difficilement  en  peut  es¬ 
tre  frappé.  Car  combien  que  le  feu 
soit  violent ,  neantmoins  il  demeure 
amorti  et  vaincu  quand  il  ne  trouue 
contre  quoy  agir.  Semblablement  vn 
corps  bien  sain  et  nettoyé  de  mau- 
uaises  humeurs,  bien  tard  et  à  grande 
peine  est  malade  de  ceste  peste  :  et 
où  il  en  seroit  espris,  elle  ne  pourroit 
luy  faire  telle  nuisance  comme  aux 
autres  qui  sont  remplis  de  mauuaises 
humeurs  :  toutesfois  on  obserue  que 
ceux  qui  ont  fiéure  quarte  et  chancres 
vlcerés,  aussi  les  punais,  ladres,  ve- 
rollés  ,  escroüelleux ,  teigneux ,  et 
ceux  qui  ont  fistules  et  vlceres  ca¬ 
rieuses  coulantes  ,  ne  sont  fort  su- 
iels  à  prendre  la  peste  :  parce  qu’ils 
ne  sont  seulement  cacochymes,  mais 
à  demy  pourris  :  et  leur  cacochymie 
ne  permet  souuent  la  peste  entrer  en 
leur  corps,  quasi  comme  si  elle  leur 
estoit  vn  alexitere  contre  le  venin 
pestiféré.  Les  femmes  enceintes  sont 
fort  suiettes  à  estre  prises  delà  peste, 
à  cause  de  la  grande  abondance  d’hu¬ 
meurs  superflus  et  corruptibles  qui 
abondent  en  elles  pour  le  defaut  de 
leurs  purgations,  ioint  aussi  qu’elles 
ont  tous  leurs  conduits  fort  ouuerts  : 
et  quand  elles  sont  frappées  de  ceste 
maladie  et  font  leurs  enfans,  elles 
meurent  presque  toutes,  dequoyl’ex- 
perience  fait  foy.  Aussi  les  filles  aus- 
quelles  le  flux  menstruel  commence 
à  fluer,  sont  fort  suiettes  à  prendre 
ce  venin  ,  comme  aussi  les  petits  en- 
fans,  parce  qu’ils  sont  lanuleux,  c’est 


3C)0  LE  VINGT-QVATRIEME  LIVRE  , 


à  dire  mois  et  tendres  et  de  rare  tex¬ 
ture,  loin t  qu’ils  viuent  desreglé- 
ment.  Le  menu  peuple  souffreteux  , 
et  qui  habitent  és  maisons  ordes ,  et 
qui  en  tous  temps  viuent  ordement, 
et  qui  ne  changent  point  d  habits, 
d’autant  qu’ils  approchent  plus  prés 
de  la  putréfaction ,  s’acquierent  vne 
disposition  et  conformité  grande  à  la 
peste,  et  partant  sont  plustost  assaillis 
que  ceux  qui  viuent  au  contraire  L 

Outre-plus ,  ceux  qui  en  ceste  ma¬ 
ladie  ont  sommeil  profond,  meu¬ 
rent  quasi  tous,  à  cause  de  la  crassi- 
tude  des  vapeurs  qui  montent  au  cer- 
ueau,  lesquelles  Nature  ne  peut 
vaincre.  Aussi  ceux  qui  ont  la  respi¬ 
ration  fort  puante  outre  leur  cous- 
tume,  meurent  tous  :  pource  que  la 
pourriture  est  du  tout  confirmée  en 
la  substance  du  cœur  et  aux  poul- 
mons. 

Or  plusieurs  meurent  subitement 
de  la  peste,  à  cause  que  le  venin  sai¬ 
sit  le  cœur  et  inslrumensquiseruènt 
à  l’inspiralion  et  expiration,  lesquels 
estans  serrés  et  comprimés  à  cause 
de  l’inflammation  qui  est  aux  poul- 
mons,  au  diaphrag:me  et  aux  muscles 
du  larynx,  fait  que  lepauure  malade 
est  subit  estranglé  et  suffoqué  par 
faute  de  respiration. 

Aussi  si  les  bosses,  charbons,  ou 
pustules  et  éruptions,  qu’on  appelle 
pourpre,  qui  viennent  à  la  superficie 
du  cuir,  sont  de  couleur  noire,  ou 
verte,  ou  violette,  ou  liuide ,  peu  en 
reschappent,  parce  qu’ils  demons- 
trent  mortification  de  la  chaleur  na¬ 
turelle. 

Quand  le  bubon  apparoist  premier 
que  la  üéure,  c’est  bon  signe  :  car  il 
demoustre  que  le  venin  est  moins  fu- 

>  Cette  dernière  phrase  est  une  addition 
de  m&, 


rieux,  et  que  Nature  a  esté  malstresse 
et  qti’elle  a  eu  victoire,  l’ayant  ietté 
et  chassé  hors  :  au  contraire,  s’il  ap¬ 
paroist  après  là  fiéure,  cela  vient  de 
l’impétuosité  du  venin ,  lequel  do¬ 
mine  ;  partant  est  vn  signe  pernicieux 
et  le  plus  souuent  mortel ,  qui  de- 
monstre  Nature  eslre  gaignée  et  ab- 
batue. 

D’abondant,  au  decours  de  la  lune, 
les  malades  meurent  plustost,  oU 
pour  le  moins  leur  mal  et  accidens 
s’augmentent,  parce  que  les  vertus 
sont  plus  debiles ,  iolnt  aussi  que  les 
humidités  de  notre  corps  abondent 
d’auantage  ‘.  Or  que  les  vertus  de 
nostre  corps  soient  plus  debiles  au 
decours  de  la  lune,  la  cause  est  que 
la  vigueur  des  facultés  consiste  en 
chaleur  :  or  est-il  qu’au  decours  de  la 
lune  les  corps  sont  plus  froids  et  hu¬ 
mides,  pour  la  défectuosité  de  la  lune 
qui  est  la  cause  pourquoy  sur  la  fl 
du  mois  les  femmes  ont  reglément 
leur  flux  :  car  lors  le  sang  estant  plus 
humide,  est  plus  prompt  à  couler,  et 
nostre  chaleur  estant  moindre  ne 
peut  retenir  vn  tel  cours,  comme  elle 
souloil  estant  fortifiée  et  guidée  de  la 
vertu  de  la  lune,  qui  a  plus  de  lu¬ 
mière,  et  par  conséquent  de  chaleur, 
estant  pleine,  qu’en  decours  :  comme 
Ires-bien  dit  Aristote ,  liure  7  de  His- 
toria  animalium,  chap.2. 

Aussi  faut  noter  que  si  l’air  pesti¬ 
féré  est  subtil  comme  bize,ll  est  plus 
dangereux  et  contagieux,  et  lue  plus- 
lost  que  lors  qu’il  est  gros  et  nubi- 
leux. Qu’il  soit  vray,  lorsque  la  peste 
est  en  ceste  ville  de  Paris,  elle  n’est  si 
dangereuse  que  lors  qu’elle  est  en 
Prouence  et  en  Gascogne  ;  qui  se  fait 
à  cause  que  l’air  de  ceste  ville  est  plus 

‘  Là  s’arrête  ce  paragraphe  dans  l’édition 
primitive;  le  reste  est  de  1575. 


DE  LA. 

gros  et  nubileux  :  et  est  tel ,  tant  à 
raison  delà  silualion,  que  de  la  grande 
multitude  du  peuple,  et  excreraens 
des  besles,  boucheries,  cuisines ,  la¬ 
trines  et  autres  causes ,  qui  font  esle- 
uer  plusieurs  grosses  vapeurs ,  les¬ 
quelles  estant  attirées  des  poulmons, 
ne  permettent  que  Tair  pestiféré  en¬ 
tre  si  legerement  au  profond  de  nos- 
tre  corps. 

Outre  les  causes  de  mort  cy  dessus 
alléguées,  nous  voyons  plusieurs  per¬ 
sonnes  mourir  par  faute  d’estre 
promptement  secourus  ,  parce  qu’il 
y  en  a  bien  peu  qui  veulent  prendre 
conseil  de  bonne  heure ,  et  parauant 
que  le  venin  ait  saisi  le  cœur,  et  que 
plusieurs  accidens  ne  leur  soient  desia 
suruenus.  Or  le  cœur  estant  saisi, 
alors  il  y  a  peu  d’esperance  de  santé, 
ce  que  toutesfois  on  attend  ordinai¬ 
rement  :  d’autant  qu’il  est  tres-diffl- 
cile  de  counoistre  la  peste  dés  le  com¬ 
mencement,  parce  que  les  accidens 
ne  sont  pas  touioUrs  semblables, 
comme  nous  auons  desia  dit  :  parquoy 
plusieurs  Médecins  et  Chirurgiens  y 
sont  abusés,  tant  experts  puissent-ils 
estre  :  dont  ne  se  faut  esmerueiller  si 
le  prognostic  de  ceste  maladie  ne 
peut  estre  certain,  Qui  plus  est,  elle 
est  si  détestable  et  espouuentable 
qu’aucuns  de  la  seule  appréhension 
meurent,  parce  que  la  vertu  imagi- 
naliue  ou  fantasie  a  si  grande  sei¬ 
gneurie  en  nous  (ainsi  que  i’ay  escrit 
en  mon  liure  de  l’Anatomie  du  corps 
humain)  que  le  corps  naturellement 
luy  obéît  en  plusieurs  et  diuerses  sor¬ 
tes,  lors  qu’elle  est  fermement  arres- 
tée  en  quelque  imagination.  Donc 
en  crainte  et  peur,  beaucotip  de  sang 
se  retire  au  cœur,  qui  estoulfe  et  suf¬ 
foque  du  tout  la  chaleur  naturelle  et 
les  esprits,  la  rendant  plus  foible  pour 
résister  au  venin,  dont  la  mort  s’en- 


PESTE.  3g  1 

suit  :  au  contraire ,  il  adulent  quel- 
quesfois  que  ceux  qui  fréquentent  or¬ 
dinairement  les  pestiférés  n’en  re- 
çoiuent  aucun  mal,  parce  qu’ils 
n’apprehendent  rien. 

Pour  conclusion ,  on  voit  commu¬ 
nément  que  tous  ceux  qui  en  sont 
frappés  ne  meurent  pas,  combien 
qu’ils  n’ayent  receu  grands  secours , 
et  ceux  qui  vsent  de  bons  antidotes, 
ou  choses  contrariantes  à  tel  venin, 
ne  laissent  souuent  à  estre  pris  et 
mourir.  Bref  quand  on  en  reschappe, 
on  peut  bien  dire  que  c’est  vne  chose 
plus  diuine  que  humaine,  veu  qu’on 
est  souuent  incertain  de  la  cause  : 
partant  deuons  estimer  que  telle 
chose  est  faite  par  la  volonté  de 
Dieu,  auquel  quand  il  plaist  faire 
sonner  sa  trompette  pour  nous  appel- 
1er,  on  ne  la  peut  aucunement  euiter 
par  artifice  humain. 


CHAPITRE  XIX. 

COMMENT  SE  fait  LA  FIÈVRE  PESTI¬ 
LENTIELLE. 

Deuant  que  venir  à  la  curation  de 
ceste  maladie  pestilentielle,  il  nous 
conuîent  premièrement  déclarer  com¬ 
ment  se  fait  la  fiéure  en  icelle.  C’est 
que  quand  la  personne  a  attiré  cest 
air  pesiilentpar  inspiration  faite  par 
le  nez  et  la  bouche,  au  moyen  de 
l’attraction  que  font  les  poulmons  et 
autres  parties  xlediées  à  ce  faire,  et 
aussi  vniuersellement  par  les  pores 
et  petits  trous  du  cuir,  et  cauités  des 
arleres  et  veines  qui  sont  disséminées 
par  iceluy  :  lequel  air  estant  attiré  et 
conduit  en  toute  la  masse  sanguinaire 
et  aux  humeurs  qui  sont  plus  aptes 
à  receuoir  tel  venin ,  les  conuertit  en 


LE  VINGf  -QVATniiME  LIVRE 


39-2 

sa  qualité  veneneuse  :  et  comme 
si  c’estoit  chaux  viiie  sur  laquelle 
on  iettast  de  l’eau  ,  s’esleue  vne 
vapeur  putride,  qui  est  communi¬ 
quée  aux  parties  nobles,  et  princi¬ 
palement  au  cœur,  sang  et  esprit, 
lequel  bouillonne  dedans  ses  ventri¬ 
cules,  dont  se  fait  vne  ébullition  ap- 
pellée  fleure,  qui  est  communiquée 
par  tout  le  corps  par  le  moyen  des 
arteres,  voire  iiisques  en  la  substance 
des  parties  les  plus  solides,  qui  sont 
les  os ,  les  escbauffant  si  fort  comme 
s’ils  brusloient,  faisant  diuerses  alti- 
rations  selon  la  diuerse  température 
des  corps,  et  nature  de  l’humeur  oû 
ladite  fléure  est  fondée  :  et  lors  se  fait 
vn  combat  entre  le  venin  et  Nature, 
laquelle  si  elle  est  plus  forte,  par  sa 
vertu  expultrice  le  chasse  loin  des 
parties  nobles  ,  et  cause  par  dehors 
sueurs,  vomissemens,  flux  de  sang, 
apostemes  aux  emonctoires ,  char¬ 
bons,  ou  autres  pustules  et  éruptions 
par  tout  le  corps  :  aussi  flux  de  ventre, 
flux  d’vfine,  euacuations  par  insensi¬ 
ble  transpiration ,  et  autres  que  dé¬ 
clarerons  cy  après.  Au  contraire ,  si 
le  venin  est  plus  fort  que  la  vertu 
expultrice.  Nature  demeure  vaincue, 
et  par  conséquent  la  mort  s’ensuit. 

Or  pour  connoistre  que  la  fléure 
est  pestilentielle,  c'est  que  dés  le  pre¬ 
mier  iour  qu’elle  commence,  les 
forces  sont  prosternées  et  abbatues 
sans  aucune  cause  qui  ait  précédé 
auparauant  ‘  :  car  sans  grande  eua- 
cuation  faite  ,  les  panures  malades 
sont  tant  debiles  et  affoiblis ,  qu’on 
estimeroit  qu’ils  auroient  esté  vexés 
de  quelque  grande  maladie  :  et  plu¬ 
sieurs  sentent  mordication  à  l’oriflce 
de  l’estomach  ,  et  grande  palpitation 
de  cœur,  et  ont  sommeil  profond ,  et 

1  Rondelet  en  sa  pratique,  —  A.  P. 


les  sens  de  l’entendement  hébétés* 
Ils  sentent  aussi  grande  chaleur  au 
dedans  de  leurs  corps ,  et  les  parties 
extérieures  sont  trouuées  froides ,  de 
façon  que  ceux  qui  ne  sont  expéri¬ 
mentés  en  telle  maladie  sont  facile¬ 
ment  deceus ,  estimans  qu’il  n’y  ait 
nulle  fléure ,  pource  que  le  pouls  et 
vrines  des  malades  ne  sont  gueres 
changés  :  et  toutesfois  ils  ont  grande 
inquiétude  et  difficulté  de  respirer,  et 
ont  leurs  excremens  fort  fetides  et 
autres  griefs  accidens ,  et  le  plus  sou¬ 
vent  le  troisième  iour  ont  resueries 
et  grand  flux  de  ventre  et  vomisse¬ 
mens,  auec  vne  extreme  soif,  et 
n’ont  point  d’ appétit.  Partant  il  faut 
prendregarde  qu’aucuns  de  ces  signes 
sont  tousiours  presens,  et  les  autres 
viennent  lors  qu’il  y  a  quelque  partie 
offensée  ;  comme  s’il  y  a  difficulté  de 
respirer ,  cela  demonstre  que  les 
parties  pectorales  sont  offensées  ,  et 
quand  le  déliré  vient,  cela  signifie 
qu’il  a  vice  au  diaphragme  et  au 
cerueau,  qui  se  fait  quand  la  matière 
du  charbon  se  putréfié  prés  ■  d’icelles 
parties,  ou  en  icelles  mesmes.  Or  en 
toutes  ces  choses  l’imbécillité  des 
forces  est  commune ,  et  les  affections 
du  cœur  pareillement ,  veu  que  ce 
venin  pestiféré  est  contraire  à  nostre 
nature,  et  qu’il  infecte  principale¬ 
ment  le  cœur,  fontaine  de  vie. 

Et  combien  que  ceste  fléure  sur¬ 
passe  en  malignité  les  autres  qui  ne 
participent  point  du  venin  pestiféré,  si 
est-ce  qu’elle  est  aussi  diuerse  comme 
icelles  :  car  quelquesfois^elle  est  tierce, 
autresfois  quarte,  autresfois  quoti- 
diane  ,  selon  la  diuersité  de  l’humeur 
qui  est  principalement  affecté  ;  ce 
qu’on  connoist  par  les  inlerualles , 
c’est-à-dire ,  l’espace  interposé  entre 
les  accès.  Pareillement  elle  est  dite 
simple ,  quand  la  qualité  veneneuse 


DË  LA.  PESTE. 


consiste  seulement  en  l’esprit  vital, 
et  que  les  humeurs  ne  sont  encore 
corrompus.  Elle  est  dicte  composée 
ou  compliquée,  quand  ladite  qualité 
est  fourrée  és  esprits  et  aux  hu¬ 
meurs,  en  toute  la  substance  du 
corps ,  auec  charbons ,  bosses  et 
pourpre  *.  Aussi  il  y  a  d’autres  diffé¬ 
rences  et  diuersité  d’icelles,  qui  se 
connoissent  par  les  vrines,  excre- 
mens,  habitude  vniuerselle  du  corps, 
température  d’iceluy  :  aussi  par  les 
accès ,  la  chaleur,  le  pouls  et  autres. 
Donc  selon  que  la  fiéure  tiendra  la 
nature  de  tierce,  quarte,  quotidiane, 
ou  continue,  faudra  diuersifier  les 
remedes  pour  la  curation  d’icelle  :  ce 
que  ie  laisse  à  messieurs  les  Mé¬ 
decins. 


CHAPITRE  XX.  ' 

COMMENT  LE  MALADE  SE  DOIT  KETIBER 
DV  LIEV  INFECT,  SVBIT  QV’iL  SE  SENT 
FRAPPÉ  DE  PESTE. 

Ayant  amplement  descrit  la  peste  , 
et  tous  ses  signes  et  accidens  ,  et  la 
maniéré  de  s’en  preseruer,  il  faut 
maintenant  traiter  de  la  curation. 
En  laquelle  il  faut  auoir  esgard  sur 
toutes  choses,  de  prendre  inconti¬ 
nent  quelque  alexitere  pour  contra¬ 
rier  au  venin  :  mais  pour  l’ordre  de 
démonstration  et  enseignement,  nous 
déclarerons  premièrement  la  cure 
vniuerselle,  commençant  par  le  lieu 
auquel  celuy  qui  se  sent  frappé  doit 
habiter. 

i  Cette  distinction  de  la  fièvre  en  simple, 
composée  ou  compliquée,  manque  dans  les 
premières  éditions;  elle  a  été  intercalée  ici 
en  158Ô. 


393 

Et  partant ,  il  est  bon  que  le  ma¬ 
lade  se  retiré  subit  en  quelque  lieu 
prochain  ,  où  l’air  soit  bien  sain  ,  et 
faut  auoir  cela  en  singulière  recom¬ 
mandation:  car  en  cegist  vne  grande 
partie  de  la  cure ,  parce  que  l’air  est 
vne  des  choses  premières  et  plus  ne¬ 
cessaires  pour  la  conseruation  de 
nostre  vie  :  veu  que  vueillons  ou  non, 
et  en  quelque  lieu  que  ce  soit,  il  nous 
conuient  l’attirer  au  dedans  du  corps, 
et  le  ietter  au  dehors  par  le  moyen 
des  poulmons  et  imperceptibles  ou- 
uertures  des  petites  arteres  qui 
sont  disséminées  en  nostre  cuir,  et 
delà  se  communiquent  aux  grandes 
arteres ,  lesquelles  l’enuoyent  au 
cœur  fontaine  de  vie  :  et  derechef  ice- 
luy  le  distribue  par  tout  le  corps, 
quasi  de  mesme  façon  que  ceste  por¬ 
tion  d’air  qui  entre  par  les  narilles, 
est  promptement  espandue  par  la  sub¬ 
stance  du  cerueau.Et  pour  cestecause, 
il  est  tres-necessaire  eslire  vn  bon  air 
au  malade,  contrariant  à  la  cause  de 
la  peste ,  à  fin  que  plustost  et  plus 
seurement  il  soit  garanti. 


CHAPITRE  XXI. 

DE  LA  SITVATION  ET  HABITATION  DE  LA 
MAISON  DV  MALADE  DE  PESTE  ,  ET 
MOYEN  d’y  rectifier  l’aIR. 

Quand  la  peste  vient  de  l’in  tempe- 
rature  de  l’air ,  on  ne  se  doit  tenir  en 
lieu  haut  esleué,  mais  en  bas  lieu,  en- 
uironné  d’air  froid,  espais  etmaresca- 
geux,  et  se  tenir  caché  dans  les  mai¬ 
sons  :  et  partant  ceux  qui  sont 
prisonniers,  et  les  moines  et  nonnains 
enfermés  en  leurs  cachots  et  couuens, 
sont  plus  seurement,  et  hors  de  la 
portée  du  canon  pestiféré,  que  ceux 


3q4  le  vingt-qvatrieme  livre, 


qui  habitent  en  autre  lieu.  Toutesfois 
il  ne  se  faut  tenir  tant  enfermé,  qu’on 
n’ouure  quelquesfois  les  portes  et  fe- 
nestres  au  vent  contraire  à  celuy  d’où 
vient  l’air  pestilent  ,  à  fin  que  l’air 
frais  et  bon  y  entre  le  matin  et  le  soir, 
pour  purifier  la  maison  des  exhala¬ 
tions  et  vapeurs  qui  y  sont  retenues, 
et  le  corrompent  d’auantage  s’il  n’est 
esuenlé  et  flabellé  :  et  sur  le  midy 
seront  closes  et  fermées.  Outre-plus 
lors  qu’il  ne  fait  vent,  comme  on  voit 
aux  grandes  chaleurs,  il  faut  esmou- 
uoir  l’air  autour  du  malade  auecques 
vn  esuentoir ,  ou  auec  vn  grand  sac 
dé  toile  dans  lequel  on  porte  la  fa¬ 
rine  au  moulin.  Et  faut  qu’il  soit 
trempé  en  eau  et  vinaigre,  et  posé  sur 
vn  gros  et  long  baston ,  puis  l’agiter 
fort  :  car  par  ceste  agitation  on  rend 
vne  très  grande  réfrigération  par 
toute  la  chambre,  ainsi  que  l’expe- 
rience  le  monstre. 

Or  si  la  peste  vient  du  vice  des  va¬ 
peurs  de  la  terre,  on  se  logera  és 
lieux  médiocrement  hauts  et  bien 
aérés  :  et  pour  le  dire  en  vn  mot, 
on  fera  toutes  choses  qui  peuuent 
contrarier  à  l’intemperature  de  l’air 
pestilent ,  de  quelque  cause  que  la 
peste  soit  procréée. 

Aussi  conuient  faire  changer  tous 
les  iours  de  chambre  et  linceux  aux 
malades ,  s'ils  le  peuuent  commodé¬ 
ment  faire  :  principalement  quand 
ils  ont  sué,  de  peur  que  les  ordures 
que  Nature  a  iettées  ne  soient  attirées 
par  les  pores  et  arteres  qui  sont  dis¬ 
séminées  au  cuir ,  qui  succent  et  atti¬ 
rent  l’air  indifféremment,  soit  bon  ou 
mauuais.  Semblablerneul  faire  du 
feu  en  la  chambre,  principalement  la 
nuict,  à  fin  de  rendre  l’air  plus  puri¬ 
fié  des  vapeurs  nocturnes,  et  de  l’ex¬ 
halation  et  expiration  du  malade,  et 
de  ses  excreniens.  Parquoy  il  couchera 


vne  nuict  en  vne  chambre ,  et  l’autre 
nuict  en  vne  autre.  En  quoy  on  doit 
auoir  esgard  à  la  disposition  du  temps  : 
car  aux  grandes  et  estremes  chaleurs, 
il  n’y  faut  faire  grand  feu  ,  de  peur 
d’augmenter  la  chaleur  de  l’air,  ny 
pareillement  vser  de  parfums  forts  et 
odiferans  ,  parce  que  telles  choses 
augmentent  la  fléure  et  la  douleur 
de  teste,  d’autant  qu’en  tel  temps  nos- 
tre  chaleur  naturelle  est  languide,  et 
les  esprits  et  humeurs  boüillent  et 
bruslent  :  parquoy  il  faut  plustost 
vser  de  choses  qui  rafraichissent,  que 
de  celles  qui  eschauffent.  Partant  en 
esté  il  faut  arrouser  la  chambre  d’eau 
froide  meslée  en  vinaigre,  et  y  espan- 
dre  fueilles  de  vigne ,  qui  auront 
trempé  en  eau  froide ,  cannes  ou  ro¬ 
seaux,  aubespine,  ioncs,  fueilles  et 
fleurs  de  nénuphar ,  peuplier ,  ra¬ 
meaux  de  chesne,  et  leurs  semblables  : 
lesquels  seront  renouuellés  souuent, 
comme  aussi  l’agitation  de  l’air  auec 
le  sac  cy  deuant  dite  doit  estre  reiV 
terée  quand  il  en  sera  besoin.  Pareil¬ 
lement  on  attachera  autour  du  lict 
du  malade  des  linceux  gros  et  neufs, 
et  non  fort  blancs  (pource  que  la 
blancheur  dissipe  la  veuë  et  augmente 
la  douleur  de  leste),  lesquels  serui- 
ront  de  custodes:  et  lés  faut  arrouser 
souuentesfois  d’eau  et  de  vinaigre, 
ou  eau  rose  si  le  malade  est  riche. 
On  pourra  tendre  en  la  chambre  plu- 
sieurs  linceux  de  toile  neuue  trempés 
en  oxycrat,  qui  lui  seruiront  de  ta¬ 
pisserie.  Et  faut  que  le  iour  il  soit  en 
peu  de  clarté,  et  au  contraire  la  nuict 
auec  grande  lumière,  pource  que  par 
la  grande  clarté  du  iour  les  esprits 
se  dissipent  et  affoiblissent,  et  par 
conséquent  tout  le  corps  :  et  par  la 
lumière  de  la  nuict  ils  sont  reuoqués 
au  dehors. 

Aussi  on  fera  brusler  par  fols  bois 


DE  LA.  PESTE. 


de  genest ,  de  genéure ,  fresne,  et  ta 
marix,  mis  en  petites  pièces  :  escorces 
d’orenges,  citrons,  limons,  pelu¬ 
res  de  pommes  de  court -pendu, 
doux  de  girofle,  benioin,  gomme  ara¬ 
bique,  racine  d’iris,  myrrhe,  prenant 
de  chacun  tant  qu’on  voudra.  Et  se¬ 
ront  concassés  grossement ,  et  mix- 
tionnés  ensemble,  et  iettés  sur  vn 
reschaut  plein  de  braize,  et  ce  soit 
réitéré  tant  qu'il  sera  besoin  :  mais 
entre  tous ,  le  bois  et  graine  de  gené¬ 
ure  ont  grande  vertu  contre  le  venin, 
ainsi  que  les  anciens  ont  laissé  par 
escrit,  ce  qu’on  connoist  aussi  par 
effect  :  car  lors  qu’on  en  brusle ,  ils 
chassent  tous  serpens  veneneux  qui 
sont  autour.  Le  fresne  a  semblable¬ 
ment  grande  vertu  :  car  nulle  beste 
veneneuse  n’ose  approcher  seulement 
de  son  ombre,  tellemeni  qu’vn  animal 
veneneux  se  mettra  pluslost  dedans 
le  feu,  que  d’approcher  ou  passer  par 
dessus  le  bois  de  fresne,  comme 
monstre  Pline ,  et  dit  sçauoir  par  ex¬ 
périence,  liure  16,  chap.  13  L 
Pareillement  le  parfum  suiuant  est 
doux  et  amiable.  Il  faut  faire  fort 
chauffer  des  pierres  de  graiz ,  et  les  ] 
mettrededans  des  chauderons,  puison 
versera  dessus  du  vinaigre  auquel  on 
aura  fait  bouillir  de  la  rue ,  sauge, 
rosraarin,  graine  de  laurier,  genéure, 
noix  de  cyprès  et  leurs  semblables  : 
ce  faisant  il  s’esleuera  vne  grosse  va¬ 
peur  et  fumée,  qui  rectifiera  l’air,  et 
donnera  bonne  odeur  par  toute  la 
chambre. 

On  pourra  aussi  vser  d’autres  en 
autre  façon ,  dont  la  matière  pourra 
eslre  plus  crasse  et  visqueuse ,  k  lin 
qu’en  bruslant  elle  puisse  rendre  plus 

1  La  citation  de  Pline  est  de  1579j  toute¬ 
fois  le  texte  auquel  elle  se  rapporte  existait 
déjà  en  1668. 


ScjS 

grande  fumée,  comme  sont  ladanum, 
myrrhe,  mastic,  résiné,  terebenthlne, 
styrax  calamite,  oliban  ,  benioin  ,  se¬ 
mences  de  laurier,  genéure,  pommes 
de  pin  ,  doux  de  girofle  :  et  peut-on 
piler  auec  iceux  de  la  sauge,  rosma- 
rin  ,  mariolaine  et  leurs  semblables  , 
à  fin  qu’auec  les  gommes,  la  fumée  et 
vapeur  dure  plus  long  temps.  On 
pourra  pareillement  faire  aux  riches, 
chandelles,  torches  et  flambeaux, 
meslant  auec  la  cire  des  poudres  de 
senteurs  composées  des  choses  dessus 
dites.  On  fera  aussi  sentir  aux  mala¬ 
des  choses  douces  aromatiques ,  à  fin 
de  corroborer  l’esprit  animal  ;  car  la 
bonne  odeur  recrée  et  conforte  les 
parties  nobles  ;  au  contraire  la  mau- 
uaise  prouoque  le  vômir  et  fait  venir 
défaillance  de  cœurL  Donc  ils  pour¬ 
ront  tenir  en  leurs  mains  vne  esponge 
trempée  en  eau  rose ,  vinaigre  rosat , 
doux  de  girofle ,  et  vn  bien  peu  de 
camphre  concassé,  et  l’odorer  sou- 
uent  :  ou  faut  vser  de  l’eau  suiuante , 
laquelle  est  bien  odoriférante  et  fort 
singulière  pour  tel  effet. 

Ireos  flor.  5  •  fi'h 

Zedoariæ,  spicæ  nardi  anaS.  vj. 

Styracis  calamilæ,  benioin  ,  cinnamomi, 

nucis  moscatæ,  caryophyilorum  ana 

Theriacæ  veteris  § .  fi . 

Ces  choses  seront  grossement  pul- 
uerisées,  et  trempées  en  quatre  liures 
de  bon  vin  blanc  par  l’espace  de 
douze  heures,  dessus  des  cendres 
chaudes ,  puis  les  ferez  distiller  en 
alambic  de  verre.  En  ceste  eau  fau¬ 
dra  tremper  souuent  vne  esponge,  la- 

1  La-fln  de  celle  phrase,  depuis  ces  mots  : 
car  la' bonne  odeur,  elc.,  manque  dans  les 
premières  éditions,  et  n’a  élé  «joutéc  qu’en 
1686. 


LE  VINGT-QVATRI^ME  LIVRE 


396 

quelle  sera  mise  en  vn  mouchoir ,  ou 
en  vne  boette,  et  flairer  souuent. 

Autre. 

Tf.  Aquæ  rosar.  et  acetl  rosati  ana  ^ .  iiij. 
Caph.  g.vj. 

The.  3.  ti. 

Faites  dissoudre  le  tout  ensemble  et 
le  mettez  en  vne  phiole  de  verre,  et  le 
faites  sentir  souuent  au  malade  ,  ou 
vne  esponge  ou  mouchoir  imbus  en 
ceste  mixtion.  Aussi  on  pourra  à  ceste 
intention  vser  de  ce  noüet ,  lequel  est 
de  bonne  odeur  et  bien  expérimenté: 

Of.  Rosar.  p.  ij.  ] 

Ireos  Florentiæ  §  .  fi , 

Calami  aromatici,  cinnamomi,  caryo- 
phyll.  ana  3.  ij. 

Styracis  calamilæ,  benioin  ana  3.  j.  fi. 
Cyperi  3.  fi. 

Redigantur  in  puluerem  crassiorem,  et  flat 
nodulus  inter  duas  syndones. 

Ledit  noüet  doit  estredela  grosseur 
d’vnesteuf,  et  le  faut  laisser  tousiours 
tremper  en  huit  onces  de  bonne  eau 
rose,  et  deux  onces  de  vinaigre  rosat  ; 
et  le  baillerez  souuent  à  odorer  au 
malade. 

Nous  deuons  bien  obseruer  que, 
selon  la  diuersité  des  temps,  il  faut 
diuersifier  les  parfums  :  car  en  esté 
ne  faut  vser  de  musc ,  ciuette ,  styrax 
calamite,  benioin,  iris,  ny  pareilles 
odeurs  fortes,  pour  les  causes  que 
nous  auons  dites  cy  dessus  :  mais  en 
hyuer,  l'air  estant  froid  et  humide, 
gros  et  nébuleux,  on  en  peut  vser. 
D’auanlage  il  faut  noter  que  les  fem¬ 
mes  sujettes  à  suffocation  de  la  ma¬ 
trice,  et  les  febricitans  ,  et  ceux  qui 
ont  grande  douleur  de  teste,  ne  doi- 
uent  vser  de  parfums  et  i)deurs  fortes, 
mais  de  doux  et  bénins  ,  à  fin  qu’ils 
ne  leur  puissent  aucunement  nuire  : 


partant  ils  pourront  vser  d’eau  rose 
et  vinaigre,  et  bien  peu  de  camphre, 
et  doux  de  girofle  concassés. 


CHAPITRE  XXII. 

DV  REGIME  ET  MANIERE  DE  VIVRE  DV 
malade  ,  ET  PREMIEREMENT  DV  MAN¬ 
GER. 

En  ceste  maladie  pestilente  la  ma¬ 
niéré  de  viure  doit  estre  réfrigérante 
et  desseichante ,  et  ne  faut  tenir  vne 
diete  fort  ténue,  mais  au  contraire 
est  necessaire  que  les  malades  se  nour¬ 
rissent  assez  copieusement  de  bons 
alimens  :  ce  que  plusieurs  doctes  Mé¬ 
decins  approuuent,  et  tiennent  que  la 
maniéré  de  viure  ténue  est  domma¬ 
geable  aux  pestiférés ,  à  cause  de  la 
grande  resolution  d’esprits  et  débili¬ 
tation  des  forces  naturelles  qui  est 
faite  par  icelle  maladie,  et  fait  com¬ 
munément  troubler  le  cerueau ,  ren¬ 
dant  les  malades  frénétiques  ,  ioint 
aussi  qu’ils  syncopisent  souuent.  Pour 
à  quoy  obuier ,  faut  vser  de  grande 
et  subite  réparation,  par  alimens  de 
bonne  substance  :  ce  que  l’experience 
nous  a  enseigné  ;  car  ceux  qui  en 
ceste  maladie  ont  vsé  d’vne  maniéré 
de  viure  assez  ample ,  sont  plustost 
eschappés  que  les  autres ,  aiisquels 
on  a  fait  tenir  üiete  ténue  :  et  partant 
on  y  prendra  garde.  D’auantage  faut 
euiler  les  viandes  douces,  humides, 
crasses  et  visqueuses, et  celles  qui  sont 
fort  ténues  :  parce  que  les  douces 
s’enflamment  promptement ,  les  hu¬ 
mides  se  pourrissent,  les  crasses  et 
visqueuses  font  obstruction,  et  pro- 
uoquent  les  humeurs  à  pourriluie  : 
celles  qui  sont  de  ténue  substance 
sublilient  trop  les  humeurs ,  et  les  es- 
chaulfent  et  enflamment,  et  font  esle- 


t)Ê  tA  t‘ESl‘Ë. 


üer  vapeurs  chaudes  et  acres  aucer- 
ueau ,  dont  la  fiéure  et  autres  accidens 
s’accroissent.  Parquoy  les  viandes  sa- 
l(ies  et  cspicées ,  moustarde,  ails ,  oi¬ 
gnons  et  semblables,  et  généralement 
toutes  choses  qui  engendrent  mauuais 
nourrissement  ne  sont  propres.  D’a- 
uantage  leslegumes  seront  pareille¬ 
ment  euités,  parce  qu’ils  sont  ven¬ 
teux,  et  causent  obstruction  :  toutes- 
fois  leur  boüillon  n’est  à  reietter, 
parce  qu’il  est  apéritif  et  diurétique. 
On  vsera  doneques  de  la  maniéré  de 
viure  qui  .s’ensuit. 

Et  premièrement  le  pain  sera  bien 
leué  et  bien  cuit,  et  vn  peu  salé,  et  de 
bon  froment,  ou  de  meteil  :  et  qu’il 
ne  soit  trop  rassis  ne  trop  tendre, 
mais  moyen  entre  deux.  On  vsera  de 
chair  qui  engendre  bon  aliment  et  fa¬ 
cile  à  digerer,  et  laisse  peu  d’excre- 
mens  :  comme  sont  ieunes  moutons, 
veaux.  chéureaux,lapereaux, poulets, 
hetoudeanx  ,  perdreaux,  pigeon¬ 
neaux,  griues,  aloüettes,  cailles,  mer¬ 
les,  tourterelles, francolins,  phaisans, 
et  generalement  tous  oiseaux  sauua- 
ges  qu’on  a  accoustumé  de  manger, 
excepté  ceux  qui  viuent  éseaux  :  tous 
lesquels  seront  diuersifiés  selon  le 
goust  et  la  puissance  de  la  bourse  du 
malade.  Et  faut  que  le  malade  mas  ■ 
che  fort  ses  viandes  :  pource  que  lors 
qu’elles  sont  bien  maschées,  elles  sont 
à  demy  cuittes  et  préparées ,  et  par 
ainsi  les  vapeurs  montent  moins  au 
cerueau.  La  saulce  d’icelles  sera  ver¬ 
jus,  vinaigre,  jus  de  limons ,  orenges, 
citrons,  grenades  aigres,  espine-vi- 
nette,  groseilles  rouges  et  verdes, 
jus  d’ozeille  champestre  et  domesti¬ 
que.  Or  toutes  ces  choses  aceteuses 
sont  fort  louées,  parce  qu’elles  irri¬ 
tent  l’appetit,  et  résistent  à  la  cha¬ 
leur  et  ébullition  de  la  üéurc  putride, 
et  gardent  que  la  viande  ne  se  cor- 


397 

rompe  en  l’estomach  :  aussi  contra¬ 
rient  à  la  putréfaction  du  venin  et 
pourriture  des  humeurs;  mais  ceux 
qui  ont  mauuais estomacb  ou  viceaux 
poulinons,  en  vseront  moins  que  les 
autres,  ou  seront  corrigées  auec  suc- 
cre  et  canelle.  El  quelquesfois  aussi 
le  malade  pôurra  bien  manger  quel¬ 
ques  viandes  boulines  auec  bonnes 
herbes,  comme  laictue,  pourpié,  sca- 
riole,  bourrache,  ozeille  ,  houblon, 
buglosse,  cresson ,  pimprenelle,  sou¬ 
cie  ,  cerfueil ,  tormentille ,  quinte- 
fueille,  scabieuse,  semences  froides, 
orge  et  auoine  mondés ,  et  leurs  sem¬ 
blables,  auec  vn  peu  desaffran,  qui 
pareillement  en  tèlcas  est  souuerain, 
d’autant  qu’il  corrige  le  venin. 

Les  potages  ne  sont  à  loüer,  si  ce 
n’est  en  petite  quantité,  à  cause  de 
leur  grande  humidité  (  ausquels  on 
fera  cuire  racines  et  semences  aperi- 
tiues,  lesquelles  ont  vertu  de  prouo- 
quer  l’vrine  et  desopiler)  ny  pareil¬ 
lement  les  choses  grasses  et  oléagi¬ 
neuses,  parce  qu’elles  s’enflamment 
promptement.  Les  câpres  sont  bon¬ 
nes,  à  cause  qu’elles  aiguisent  l’ap- 
petit  et  desopilent,  et  doiuent  eslre 
bien  dessalées  et  mangées,  au  com¬ 
mencement  du  repas,  auec  vn  bien 
peu  d’huile  d’oliue  et  vinaigre  :  on  en 
peut  pareillement  vser  en  potages. 
Les  oliues,  prises  en  petite  quantité, 
ne  sont  aussi  à  reietter.  Aux  iours 
maigres ,  si  le  malade  est  scrupuleux 
et  friant  de  poisson  (  ce  que  ie  n’ap- 
prouue,  pour-ce  qu’il  est  facile  à  se 
corrompre  et  engendrer  mauuais  suc) 
il  en  pourra  vser  :  mais  on  luy  eslira 
les  moins  nuisibles,  comme  sont  les 
saxatiles,  c’est  à  direviuans  en  eau 
claire,  où  il  y  a  force  grauier,  pier¬ 
res  et  rochers  :  aussi  ceux  qui  sont 
friables,  c’est  à  dire  aisés  à  commi- 
nuer  et  froisser,  comme  Iruictes,  bro- 


LE  VIWGT-QVATHI^MB  LIVRE  , 


398 

chels,  gardons,  perches,  dars,  loches, 
escreuisses  principalement  estouffées 
en  laict,  tortues,  et  autres  sembla¬ 
bles.  Quant  aux  poissons  de  mer,  il 
pourra  vser  de  dorades,  rougets, 
gournauds,  merlus,  celerins,  sardi¬ 
nes  fraîches  et  non  salées,  mulots, 
merlans,  esperlans,  aigrefins,  tur¬ 
bots,  et  leurs  semblables,  lesquels  se¬ 
ront  cuits  en  eau  et  vinaigre,  et  bonnes 
herbes.  Aussi  les  œufs  pochés  en  eau, 
mangés  auec  jus  d’ozeille  et  autres 
cy  dessus  mentionnés  leur  seront 
propres.  L’orge  mondé  auquel  on 
mettra  graine  de  grenades  aigres,  est 
pareillement  fort  excellent  en  tel 
cas,  pour-ce  qu’il  est  de  facile  diges¬ 
tion  et  de  bonne  nourriture  :  aussi 
qu’il  rafraîchit,  humecte,  deterge  et 
lasche  vn  peu  le  ventre.  On  y  pourra 
adiouster  de  la  graine  de  pauot  et  se¬ 
mences  de  melons ,  si  la  fleure  est 
grande.  Toutesfois  aucuns  ne  le  peu- 
uent  digerer,  et  leur  cause  vne  nau¬ 
sée  et  douleur  de  teste  :  et  à  tels  ne 
leur  en  sera  baillé  aucunement,  mais 
en  lieu  d’iceluy  on  leur  donnera  pa 
nades,  ou  pain  gratté  auec  bouillon 
de  chapon ,  auquel  on  fera  boüillir 
lesherbescy  dessusmentionnées,  auec 
des  semences  froides. 

Quant  aux  fruits,  le  malade  pourra 
vser  de  raisins  desseichés  et  confits 
entre  deux  plats  auec  eau  rose  et 
succre,  pruneaux  de  Damas  aigrets, 
figues,  cerises  aigrettes,  pommes  de 
court -pendu,  poires  de  bon-chres- 
tien,  et  autres  tels  bons  fruits.  Et 
apres  le  repas,  on  luy  donnera  coings 
cuits  sur  la  braize,  ou  cotignac,  ou 
conserue  de  roses,  de  buglose,  vio¬ 
lettes,  bourrache,  et  leurs  sembla¬ 
bles,  ou  ceste  poudre  cordiale  : 


Coriandri  præparall  3.  Jj. 

Margaritarum  electarum,  rosarum,  ra- 
suræ  eboris,  cornu  cerui  ana  3.  fl. 

Carabes  a.ij. 

Cinnamomi  3.j. 

Et  ossiï  de  corde  cerui  3 .  fl . 

Sacchari  rosali  §.  iüj. 

Fiat  puluis  j  vtatur  post  pastum. 

Si  le  malade  est  fort  debile,  on  luy 
donnera  delà  gelée  faite  de  chapon 
e  veau,  y  faisant  boüillir  eau  d’ozeil- 
e,  de  chardon  benist,  bourrache,  et 
vn  peu  de  vinaigre  rosat,  canelle, 
succre,  et  autres  choses  qu’on  verra 
estre  necessaires.  La  nuit  ne  faut  es- 
tre  dégarni  de  quelques  bons  pres- 
sis  et  bouillons  (y  adioustant  vn  peu 
de  jus.de  citron  ou  de  grenades  aigres) 
lesquels  en  ceste  maladie  sont  plus  à 
louer  que  les  coulis,  à  cause  qu’ils 
sont  trop  espais, font  obstruction  aux 
veines  mesaraïques  et  capillaires  du 
%e.  et  causent  soif  pour  la  tardi- 
ueté  de  leur  distribution,  et  donnent 
peine  àTestomacbdeles  cuire  :  lequel 
(comme  aussi  le  cœur  et  autres  mem¬ 
bres  nobles)  a  assez  d’autres  empes- 
chemens  à  vaincre  son  ennemy.  Il 
n’est  aussi  impertinent  tenir  et  faire 
préparer  le  restaurant  qui  s’ensuit,  à 
fin  de  n’ennuyer  le  malade  'd’vne 
sorte  de  viandes,  mais  le  recreer  au  ¬ 
cunement  en  diuers  vsages  d’alimens  ; 
non  que  par  ce  moyen  on  luy  vueille 
rechercher  et  conciler  vn  appétit, 
mais  le  fortifier,  et  cependant  le  con¬ 
tenter  en  quelque  façon,  et  luy  don¬ 
ner  courage  de  résister  à  sa  maladie  : 
partant  on  pourra  vser  de  cestuy-cy. 

Prenez  conserue  de  buglose,  bourrache,  vio- 
leües  de  Mars,  nénuphar  et  cichorée,  do 
riiacun  deux  onces. 

Poudre  d’electuaire  de  diamargaritum 
froid  et  diatragacant  froid,  trochîsques 
de  camphre,  de  chacun  trois  drachmes. 


DE  LA  PESTE. 


^99 


Semence  de  citron,  chardon  benist,  et 
aceleuse,  racine  de  dictamne,  et  tor- 
menlille,  de  chacun  deux  dragmes. 

Eau  de  décoction  d’vn  ieune  chapon, 
six  liures. 

Meslez  auec  fueilles  de  iaictue,  aceteuse, 
pourpié,  buglose  et  bourrache ,  de  cha¬ 
cun  demie  poignée. 

Le  tout  soit  mis  en  vn  alembic  de 
verre,  auec  la  chair  de  deux  pou¬ 
lets  et  deux  perdrix  :  soit  faite  dis¬ 
tillation  à  petit  feu.  Puis  sera  pris 
demie  liure  de  la  distillation  prédite, 
auec  deux  onces  de  succre  blanc  et 
demi  dragme  de  canelle  :  ces  choses 
soient  passées  par  la  manche  d’hip- 
pocras ,  et  que  le  malade  en  boiue 
quand  il  aura  soif  :  ou  qu’il  vse  de 
cestuy  suiuant. 

Prenez  vn  vieil  chappon  et  vn  jarret  de  veau. 
Deux  perdrix  hachées. 

Canelle  entière,  deux  drachmes. 

Le  tout  mis  en  un  vaisseau  de  verre 
bien  estouppé  sans  aucune  autre  li¬ 
queur,  et  soient  faits  bouillir  au  bain 
Marie  iusques  à  ce  qu’ils  soient  par¬ 
faitement  cuits ‘  i  ou  en  un  vaisseau 
d’estain ,  qui  t’est  icy  représenté ,  le¬ 
quel  se  clost  à  vis,  de  façon  que  nulle 
vapeur  ne  peut  sortir  dehors  :  et  est 
propre  pour  faire  restaurons,  et  po¬ 
tions  vulnéraires,  et  décoction  de 
gaiac,  salseparille ,  et  esquine,  et  ] 
generalement  toutes  choses  qui  se 
doiuent  cuire  au  bain  Marie. 

‘  La  phrase  s’arrêtait  là  dans  les  premiè¬ 
res  éditions ,  o«  plutôt  elle  se  continuait  di¬ 
rectement  avec  la  phrase  qui  suit  la  figure  : 
car  •par  ce  moyen  la  chair  se  cuit  en  son  pro¬ 
pre  jus,  etc.  La  figure  et  le  texte  qui  s’y  rap¬ 
porte  se  trou\ent  pour  la  preniière  fois  dans 
le  petit  Discours  de  la  peste  publié  en  1582 
4  la  suite  des  Discours  de  la  mamie  et  de  la 
licorne,  folio  65  ;  et  ils  ont  été  repris  dans  la 
grande  édition  de  1685. 


en  son  propre  jus ,  sans  que  le  feu  y 
porte  dommage  ;  puis  le  jus  soit  ex¬ 
primé  dedans  des  presses  propres  à 
telle  chose.  Duquel  en  sera  donné 
vne  once  ou  plus  pour  chacune  fois , 
auec  vn  peu  d’eaux  cordiales, comme 
eau  de  bourrache,  de  violettes ,  de 
buglose,  de  scabieuse,  de  roses,  ou 
de  conserue  d’icelles ,  et  du  triasan- 
tal,  diamargarUum  frigidum,  des¬ 
quelles  on  en  dissoudra ,  et  en  sera 
donné  souuent  au  malade,  à  sçauoir, 
de  trois  heures  en  trois  heures ,  plus 
ou  moins ,  selon  que  le  malade  le 
pourra  digerer,  et  que  la  heure  et 
autres  accidens  le  permettront  ;  car 
selon  que  la  fleure  sera  grande  ou 
diminuée,  il  faudra  diuersifier  les 
alimens ,  tant  en  quantité  qu’en  qua¬ 
lité.  Or  ou  ordonne  les  restaurons, 
coxilis  et  pressls ,  et  eau  de  chair,  à 
ceux  qui  ont  l’estomach  debile,  et  ne 
peuuent  cuire  les  viandes.  Outre-plus, 
il  est  bon  de  manger  souuent  en  pe- 
tile  quantité  confitures  aigrettes, 
comme  prunes,cerises,  et  autres  dont 
dous  auons  fait  mention  cy  dessus. 
Et  faut  du  tout  euiter  les  confitures 


LÈ  VINGt-QVATRlliJIË  LIVRE  , 


4oo 

douces  :  car  (comme  nous  auons  dit 
cy  dessus)  toutes  choses  douces 
promptement  s’enflamment  en  nostre 
corps,  se  tournansen  cholere,  et  sou- 
uent  engendrent  obstruction  au  foye 
et  à  la  râtelle. 

Et  faut  icy  noter,  qu’il  n’y  a  point  de 
maladie  qui  débilité  tant  Nature  que 
fait  la  peste.  Parquoy  il  faut  donner 
à  manger  au  malade  peu  et  souuent, 
selon  qu’on  verra  estre  necessaire, 
ayant  esgard  à  lacouslume,  à  l’aage, 
au  temps,  à  la  région,  et  sur  toutes 
choses  à  la  vertu  du  malade,  à  fin  que 
le  venin  qui  a  esté  chassé  et  expulsé 
aux  parties  extérieures  ne  soit  de 
rechef  attiré  au  dedans  par  inanition  : 
considéré  aussi  que  la  putréfaction 
veneneuse  corrompt,  altéré  et  dissipe 
les  esprits  vitaux  et  naturels, lesquels 
doiuent  estre  souuent  restaurés  par 
manger  et  boire,  comme  nous  t’auons 
desia  aduerti  cy  deuant.  Toutesfois 
il  faut  prendre  garde  par  trop  man¬ 
ger  on  ne  charge  le  malade  de  matière 
superflue  :  partant  en  ce  on  tiendra 
médiocrité.  Et  quand  l’appetit  sera 
venu  ,  il  ne  faut  différer  de  donner  à 
manger  et  boire,  tant  pour  les  causes 
susdites, que  aussi  de  peur  que  l’esto- 
mach  ne  se  rem  plisse  d’humeurs  acres, 
bilieuses  et  ameres,  dont  s’ensuiuent 
plusieurs  extorsions  et  mordications 
en  iceluy,  inquiétude  et  priuation  de 
sommeil ,  rétention  des  excremens , 
lesquels  aussi  sont  faits  plus  acres  et 
mordicans.  D’auantage,  faut  auoir 
esgard  de  donner  en  hyuer  plus  à 
manger  qu’en  esté,  à  cause  que  la  cha¬ 
leur  naturelle  est  plus  grande.  Plus, 
ceux  qui  sont  de  complexion  froide , 
et  qui  ont  débilité  d’estomach ,  vse- 
ront  moins  de  choses  refrigerentes , 
ou  seront  corrigées  auecqiies  autres 
choses  chaudes,  comme  canelle, 
doux  de  girofle,  muguette,  macis, 
et  autres. 


Outre-plus,  ceux  qui  ont  grand  flux 
de  ventre  doiuent  vser  de  jus  de 
grenades,  tant  au  .manger  qu’au 
boire.  Et  l’ordre  de  prendre  les  vian¬ 
des  ,  c’est  que  les  liquides  et  de  facile 
digestion  seront  prises  deuant  les 
solides  et  plus  difficiles  à  digerer. 
Et  ce  te  suffise  du  manger  du  ma¬ 
lade  :  à  présent  il  nous  faut  traiter 
du  boire. 


CHAPITRE  XXllI. 

DV  BOIRE  DT  PESTIFERE  MALADE. 

Si  le  malade  a  grande  fîéure  et  ar¬ 
dente,  il  ne  boira  aucunement  de  vin, 
s’il  ne  luy  suruient  défaillance  de 
cœur  :  mais  en  lieu  d’iceluyil  pourra 
boire  de  l’oxymelfait  comme  s’ensuit. 

Vous  prendrez  la  quantité  que 
voudrez  de  la  meilleure  eau  que 
pourrez  recouurer,  et  pour  six  liures 
d’eau  y  mettrez  quatre  onces  de  miel, 
et  le  ferez  boüillir  en  l’escumant 
iusques  à  la  consomption  de  la  troi¬ 
sième  partie  :  puis  sera  coulé ,  et  mis 
en  quelque  vaisseau  de  verre  :  puis 
on  adioustera  trois  ou  quatre  onces 
de  vinaigre  :  et  sera  aromatisé  de  ca¬ 
nelle  fine. 

Pareillement  pourra  vser  de  l’hip- 
pocras  d’eau  fait  en  ceste  sorte. 

Prenez  vne  quarte  d’eau  de  fontaine,  six 
onces  de  succre,  deux  dragmes  de  ca¬ 
nelle,  et  le  tout  ensemble  coulerez  par 
vne  manche  d’hippocras,  sans  aucune¬ 
ment  le  faire  boüillir. 

Et  s’il  n’ost  assez  doux  au  goustdu 
malade,  vous  y  pourrez  adiouster 
d’auantage  de  succre,  ensemble ,  un 
peu  de  jus  de  citron,  et  lors  mesme- 
ment  qu’il  demande  à  boire. 


DE  LA 

Le  syrop  de  acetosilate  citri  emporte 
le  prix  entre  tous  les  autres  contre  la 
peste. 

Il  pourra  vser  du  iulep  qui  s’ensuit 
entre  les  repas  auec  eau  boüillie,  ou 
eau  d’ozeille,  de  laictues,  scabieuse 
et  büglose,  de  chacune  égalé  portion, 
comme  ; 

Prenez  j  us  d’ozeille  bien  purifié,  demie  liure. 
Jus  de  laictues  aussi  bien  purifié,  qua¬ 
tre  onces. 

Succre  fin,  vne  liure. 

Clarifiez  le  tout  ensemble,  et  le  faites  boüil- 
lir  à  perfection  et  le  coulez  ,  y  adioustant 
sur  la  fin  vn  peu  de  vinaigre  :  et  en  vsera 
comme  dessus  est  dit. 

Et  s’il  n’est  aggreable  au  malade 
en  ceste  sorte,  vous  le  pourrez  faire 
en  la  maniéré  suiuante. 

Prenez  quatre  onces  dudit  iulep 
clariflé  et  coulé,  et  le  meslez  auec 
vne  liure  desdites  eaux  cordiales ,  et 
les  ferez  bouillir  ensemble  trois  ou 
quatre  bouillons,  et  estant  hors  du 
feu  y  ietterez  vne  dragme  de  santal 
citrin,  et  demie  dragme  de  canelle 
concassée  ;  ce  fait,  le  coulerez  par  vne 
manche  d’hippocras,  et  estant  froid, 
en  baillerez  à  boire  au  malade  auec 
jus  de  citron,  comme  dessus. 

Ceux  qui  ont  accoustümé  de  boire 
du  peré,  ou  du  pommé,  ou  de  la 
ceruoise  ou  biere ,  le  pourront  faire , 
pourueu  que  la  biere  soit  bonne, 
claire  et  deliée ,  et  le  peré  et  pommé 
faits  de  pommes  et  poires  aigres,  qui 
soient  bien  purifiées  ;  car  s’ils  estoient 
gros  et  troubles,  non  seulement  en- 
gendreroient  mauuaises  humeurs , 
mais  aussi  grandes  crudités  ei  inflam¬ 
mations  à  l’eslomach,  et  ijîusieurs 
obstructions,  dont  la  üéure  se  pour- 
roit  augmenter,  et  par  conséquent 
faire  mauuais  accidens  :  parquoy  ie 
conseille  n’en  vser  aucunement,  si  le 


PESTÉ.  40l 

malade  ne  le  desîroit,  et  fust  accous- 
tumé  à  boire  de  tels  breuuages. 

Pour  estancher  la  grande  soif,  et 
contrarier  à  la  matière  putride  et  ve- 
neneuse,  on  donnera  à  boire  au  ma¬ 
lade  de  l’eau  et  vinaigre  faits  comme 
s’ensuit. 

Oxycrat  composé. 

Prenez  deux  liures  d’eau  de  fontaine ,  trois 
onces  de  vinaigre  blanc  ou  rouge,  qua¬ 
tre  onces  de  succre  fin,  deux  onces  de 
syrop  de  roses  :  le  tout  soit  fait  boüillir 
vn  petit  bottillon,  et  en  soit  donné  à 
"boire  au  malade. 

Ce  iulep  suiuant  est  pareillement 
propre  pour  donner  à  ceux  qui  sont 
fort  febricitans, lequel  a  vertu  de  ra¬ 
fraîchir  le  cœur,  et  retient  en  bride 
la  fureur  du  venin ,  et  garde  les  hu¬ 
meurs  de  pourriture. 

Prenez  demie  once  de  jus  de  limons ,  et  au¬ 
tant  de  citrons. 

Vin  de  grenades  aigres ,  deux  onces. 

Eau  de  petite  ozeille  et  eau  rose ,  de  cha¬ 
cune  vne  once. 

Eau  de  fontaine  boüillie  tant  qu’il  sera 
besoin. 

Et  soit  fait  iulep ,  duquel  en  sera  vsé  entre 
le  repas. 

Autre. 

Prenez  syrop  de  citrons  et  de  grozeilles  rou¬ 
ges  appellées  ribes,  de  chacun  vne  once. 
Eau  de  nénuphar,  quatre  onces. 

Eau  de  fontaine,  huit  onces. 

Et  de  ce  soit  fait  iulep  à  boire  comme  des¬ 
sus. 

Autre. 

Prenez  syrop  de  nénuphar,  et  syrop  aceteux 
simple,  de  chacun  demie  once. 

Soient  dissoults  en  cinq  onces  d’eau  de  pe¬ 
tite  ozeille ,  et  vne  liure  d’eau  de  fon¬ 
taine  ,  et  de  ce  soit  fait  iulep. 

El  si  ie  malade  estoit  ieune  ,  et  de 
température  chaude,  et  restomach 
bon,  il  pourra  boire  de  bonne  eau 
26 


lit. 


^02  LE  VINGT-QVA.TRIEME  LIVRE  , 


froide  venant  d’vne  claire  et  viue 
fontaine  à  grands  traits,  à  fm  d’es- 
leindreson  extreme  soif,  et  la  velie- 
tnen te  fureur  et  ardeur  de  la  fiéiire. 
le  dis  à  grands  traits,  pource  que  s’il 
beuuoit  peu  et  souuent,  iamaissa  soif 
nepourroil  Cslfe  eslanchée  ni  la  cha¬ 
leur  diminuée,  mais  plustost  se- 
roient  augmentées.  Geque  nous  con- 
noissons  par  l’exemple  du  mareschab 
qui  voulant  eschauffer  le  fer  arrouse 
son  feu  auec  vne  escouuette ,  et  par 
ce  la  vertu  du  feu  en  est  rendue  plus 
chaude  et  ardente  :  et  lors  qu’il  le 
veut  esteindre ,  il  iette  bonne  quan¬ 
tité  d’eau  dessus,  qui  fait  que  le  feu 
en  est  suffoqué  et  du  tout  esteint  : 
aussi  le  pauure  fébricitant  altéré 
d’vne  extreme  soif ,  lors  qu’on  luy 
donne  vn  grand  trait  d’eau  fraîche, 
par  ce  moyen  on  lui  suffoque  sa  ve- 
hemente  chaleur  et  désir  de  boire. 
Et  en  telle  extreme  soif  ne  faut  tenir 
mesure  du  boire  :  et  où  le  malade  vo¬ 
mira  après,  il  n’y  aura  pas  grand 
danger  ;  et  cecy  est  mesme  approuué 
de  Ceise  ‘,  qui  dit,  qu’aprés  que  l’eau 
froide  aura  relriget'é  les  parties  inté¬ 
rieures  ,  il  la  conuient  vomir  ;  ce  que 
toutesfois  aucuns  ne  font  pas ,  mais 
en  vsent  comme  de  médicament. 

D’auantage,  le  malade  tiendra  en  sa 
bouche  ces  trochisques  2  : 

7f.  Seminis  psyllij  3.  ij. 

Seminis  cilhoniorum  3. j,  fi. 

Sacchari  candi  in  aqua  rosar.  dissol.  §  .j. 
Misce  :  fiant  trochisci  lupinis  similes  :  tencat 

semper  in  ore. 

Ces  trochisques  humectent  gran¬ 
dement  la  bouche  du  malade.  Aussi 
pour  appaiser  la  soif,  on  pourra  faire 
tenir  en  la  bouche  vn  morceau  de 

1  Celsc,  liur.  3.  chap,  1.  —  A.  P. 

®  Cette  formule  a  été  ajoutée  eu  1586. 


melon,  ou  concombre-,  ou  courge, 
ou  quelques  fueilles  de  laictues,  oU 
d’ozeille,  ou  pourpié  trempé  en  eau 
froide,  et  le  renouueller  souuent.  Il 
pourra  pareillement  y  tenir  des  les- 
ches  de  citron  vn  peu  succrées  et  as¬ 
pergées  d’eau  rose  :  semblablement 
aussi  des  grains  de  grenades  aigres. 
Outre-plus,  le  vinaigre  mixtionné 
auec  eau,  ainsi  qu’on  le  préparé  de¬ 
dans  les  galeres  pour  boire,  refroidit 
et  garde  de  pourriture,  fait  passer  et 
descendre  l’eau  par  les  parties,  dissipe 
les  obstructions,  et  estanche  mer- 
ueilleusement  la  soif,  par  la  vertu  de 
sâ  froideur  et  acidité  :  aussi  il  résisté 
et  amortit  beaucoup  l’ebullilion  des 
humeurs  qui  causent  la  fleure  pu¬ 
tride.  Pareillement  les  syrops  sui- 
uans  sont  propres, comme  aceteux, 
de  nénuphar,  violât,  de  papauere, 
de  limons,  citrons,  de  ribes,  berberis 
et  grenades,  L’vn  d’iceux  sera  battu 
et  mixtionné  auec  eau  bouillie ,  et  en 
sera  donné'  à  boire  aux  malades, 
comme  i’ay  cy  dessus  dit ,  moyennant 
qu’ils  n’ayent  toux ,  ny  crachats  de 
sang,  ou  le  sanglot,  ou  l’estomach 
débité  ;  car  alors  on  doit  du  tout  fuir 
telles  choses  aceteusesi 
Or  encor  que  i’aye  cy  deuant  dé¬ 
fendu  le  vin ,  i’entendois  que  le  ma¬ 
lade  fust  ieune  et  robuste,  et  eust 
fiéure  ardente  :  mais  s’il  esloit  vieil 
et  débité ,  et  de  température  pitui¬ 
teuse,  et  eust  accoustumé  de  boire 
tousiours  vin ,  aussi  qn’il  eust  passé 
l’estât  de  sa  maladie,  et  n’eust  tiéure 
trop  grande  ne  ardente ,  il  peut  boire 
à  ses  repas  vin  blanc  ou  clairet  fort 
trempé,  selon  la  force  du  vin  ,  et  la 
diuersité  des  chaleurs  du  temps.  Et 
ce  n’est  à  reietter  ;  car  il  n’y  a  rien 
qui  conforte  plustost  les  vertus,  et 
qui  augmente  et  reuiuifie  les  esprits 
que  fait  le  bon  vin,  et  partant  en  tel 


DE  LA.  PESTE. 


cas  en  faudra  donner  ;  et  à  la  fin  delà 
table  on  luy  donnera  quelque  petit 
vin  vermeil ,  verdelet  et  astringent, 
à  fin  qu’il  ferme  et  serre  l’orifice  de 
restomach,  et  repousse  les  viandes 
au  profond,  aussi  qu'il  abbate  les  fu¬ 
mées  qui  montent  à  la  teste.  Et  pour 
ce  fait  on  donnera  pareillement  un 
peu  de  colignac,  conserue  de  roses, 
ou  quelque  poudre  cordiale. 

Et  noteras  que  le  malade  ne  doit 
endurer  la  soif,  et  partant  gargari¬ 
sera  souuent  sa  bouche  d’eau  et  vi¬ 
naigre,  ou  vin  et  eau  ,  et  en  lauera 
pareillement  la  face  et  ses  mains  :  car 
telle  lotion  resioüit  et  fortifie  les  ver¬ 
tus 

Si  le  malade  a  flux  de  ventre ,  il 
boira  de  Feau  ferrée  ,  auec  quelques 
syrops  astringens  :  aussi  le  laict  boüü- 
li,  auquel  on  aura  esteint  des  cailloux 
par  plusieurs  fois,  luy  sera  fort  vtile. 
Quant  à  ceux  qui  ont  la  langue  sei¬ 
che  et  raboteuse,  et  toutes  les  parties 
de  la  bouche  desseicbées,  pour  la 
leur  rafraîchir  et  adoucir,  on  leur 
fera  lauer  souuent  la  bouche  d’eau 
mucilagineuse  faite  de  semences  de 
coings  et  de  psyllium,  auec  eau  de 
plantin  et  de  roses,  et  un  peu  de 
camphre  :  puis  après  Fauoir  lauéeet 
humectée,  il  la  faut  nettoyer  auec 
vne  ratissoire,  puis  Foindred’vn  peu 
d’huile  d’amendes  douces  tirée  sans 
feu ,  meslée  auec  du  syrop  violât.  Et 
s’il  suruenoil  quelques  vlceres  en  la 
bouche ,  on  les  touchera  d’eau  de  su¬ 
blimé  ,  ou  eau  forte  qui  aura  serui 
aux  orféures  :  aussi  ou  fera  des  gar¬ 
garismes,  et  autres  choses  neces¬ 
saires. 

Election  de  la  bonne  eau^. 

Il  y  a  plusieurs  malades,  et  aussi 
des  sains ,  qui  iamais  pour  leur  breu- 

I  Cet  article  a  été  ajouté  en  1579;  bien 


4o3 

uage  ne  veulent  et  ne  peuuent  boire 
autre  breuuage  que  la  seule  eau.  A 
cesle  cause ,  vouloir  m’a  pris  en  cest 
endroit  monstrer  par  escrit  la  bonne 
eau  remarquée  par  les  anciens  :  et 
est  bien  necessaire  la  connoistre,  veu 
que  noslre  vie  consiste  la  plus  grand 
part  en  l’vsage  d’icelle  :  car  c’est  le 
principal  breuuage,  ioint  que  le  pain 
que  nous  mangeons  en  est  pestri,  et 
la  plus  part  des  viandes  appreslées 
et  cuittes. 

Or  la  meilleure  est  celle  de  pluye 
qui  tombe  en  Esté ,  et  gardée  en  vne 
bonne  cisterne.  Après  est  celle  des 
fontaines ,  qui  descend  des  monta¬ 
gnes,  et  découlé  par  dedans  les  pier¬ 
res  et  rochers.  Puis  l’eau  des  puits, 
ou  celle  qui  sourd  au  bas  d’ vne  mon¬ 
tagne.  Celle  delà  riuiere  estpareille- 
mtTit  bonne,  prise  au  fil  courant  d’i¬ 
celle  ,  entre  deux  eaux.  Celle  des 
estangs  ou  marais  est  mauuaise,et 
principalement  celle  qui  ne  court 
point  est  tres-pernicieuse  et  pesti- 
lente,  à  cause  qu’en  icelle  naissent 
plusieurs  animaux  venimeux,  comme 
couleuures,  crapaux,  vers,  et  autres. 
Celle  de  neige  et  de  glace  est  aussi 
mal  saine ,  à  cause  de  sa  grande  froi¬ 
deur  et  terrestrité.  Et  quant  à  Feau 
des  puits  et  des  fontaines,  laquelle 
est  tousiours  ouïe  plus  souuent  trou- 
uce  bonne ,  sa  bonté  sera  conneuë  , 
si  elle  n’a  aucune  saueur,  odeur, 
ny  couleur ,  neantmoins  bien  claire 
comme  l’air  serain.  Elle  doit  estre 
tiede  en  Hyuer,  et  froide  en  Esté ,  fa- 
cile-à  eschauffer,  et  subite  à  refroidir  : 
en  laquelle  les  pois  et  les  fénes  et  na- 
uets  ,  et  autres  semblables  choses  se 

qu’il  ait  un  titre  spécial,  il  tient  de  trop 
près  à  la  matière  traitée  dans  le  précédent 
chapitre  pour  qu’il  eût  été  utile  de  l’en  sé¬ 
parer. 


4o4  le  VING'L-QVATIUEMë  LIVJIE, 


cuisent  facilement.  Et  ceux  qui  en 
vsent  ont  la  voix  claire  et  la  poi¬ 
trine  saine ,  et  le  teint  du  visage  beau 
et  clair  :  et  la  plus  legere  Irouuée  au 
poids  est  la  meilleure. 


CHAPITRE  XXIV. 

DES  MEDICAMENS  ALEXSTERES,  C’EST  A 

DIRE  CONTREPOISONS,  QVI  ONT  VERTV 

DE  CHASSER  LE  VENIN  PESTIFERE. 

Maintenant  il  est  temps  que  nous 
traitions  de  la  propre  curation  de 
ceste  maladie  pestilente ,  laquelle  est 
fort  difficile,  à  cause  de  la  diuersitéet 
fallace  de  plusieurs  accidens  qui  la 
suiuent:  tellement  que  le  Médecin  et 
Chirurgien  à  grande  difficulté  peu- 
uent-ils  iuger  et  connoistre  si  le  ma¬ 
lade  est  frappé  de  peste,  veu  mesnie- 
ment  que  quelquesfois  il  n’aura 
qu’vne  petite  fiéure,  à  raison  que  ce 
venin  ne  sera  imprimé  en  Imaieur 
chaud  ,  et  partant  il  ne  se  disperse  et 
ne  se  fait  apparoistre  certainement, 
doht  aduienl  que  le  pestiféré  meurt 
promptement ,  sans  aucune  cause 
manifesie  ou  signe  quelconque.  Par- 
quoy,  en  temps  de  peste  ,  il  ne  faut 
prolonger  le  temps  en  cherchant  les 
vrais  signes  de  ceste  maladie  :  car  bien 
souuent  on  seroit  deceu,  et  le  venin 
tuera  bien  tost  le  malade,  si  on  ne  se 
haste  de  iuy  donner  promptement 
son  alexitei'C  ou  contrepoison.  A  ceste 
cause,  lors  qu’on  verra  la  fiéure  à 
quelqu’vn  en  temps  de  peste,  il  faut 
présupposer  qu’elle  estpestiientielle, 
attendu  mesmement  que  tant  que 
l’inlluence  venimeuse  de  l’air  durera, 
tout  l’humeur  superllu  est  facilement 
enuenimé. 

Or  pour  commencer  la  curation, 


aucuns  sont  d’aduis  de  faire  la  sai¬ 
gnée,  les  autres  de  donner  purgation, 
et  les  autres  de  donner  incontinent 
quelque  contrepoison  :  mais  consi¬ 
dérant  la  vehemence  de  ceste  mala¬ 
die,  et  la  diuersité  et  fallace  des  acci¬ 
dens  qui  la  suiuent,  ausquels  faut 
subuenir,  en  contemplant  la  princi¬ 
pale  partie,  qui  est  la  matière  vene- 
neuse  et  du  tout  ennemie  du  cœur, 
nous  sommes  d’aduis,  que  le  plus  ex¬ 
pédient  est  de  donner  premièrement 
subitement  au  malade  quelque  médi¬ 
cament  alexitere  et  cardiaque,  pour 
contrarier  et  résister  au  venin ,  non 
en  tant  qu’il  soit  chaud  ou  froid,  sec 
ou  humide  ,  mais  comme  ayant 
vne  propriété  occulte.  Car  si  c’estoit 
vne  intemperature  seule  ou  compli¬ 
quée,  elle  pourroit  eslre  curée  auec 
medicainens  contrarians  par  vne 
seule  qualité,  ou  mistionnés  suiuant 
les  remedes  escrits  et  appi  ouués  des 
anciens  et  modernes  *.  mais  nous 
voyons  que  par  tels  remedes  com¬ 
muns  et  méthodiques,  tel  venin  ne 
peut  estre  vaincu  :  parquoy  nous 
sommes  contraints  pour  la  curation 
venir  aux  medicamens  qui  opèrent 
par  vne  propriété  occulte ,  qui  ne 
peuuent  estre  expliqués  par  raison, 
mais  conneus  par  seule  expérience, 
comme  sont  les  alexiteres  ou  antido¬ 
tes,  c’est  à  dire,  remedes  dédiés  con¬ 
tre  les  venins. 

Or  il  y  en  a  deux  sortes  :  l’vne  qui 
arreste  et  rompt  la  vertu  du  venin 
par  sa  propriété  cachée  ou  particu¬ 
lière,  de  laquelle  on  ne  peut  donner 
raison  :  l’autre  le  iette  hors  du  corps, 
àsçauoir  par  vomissement,  tlux  de 
ventre,  sueur,  et  autres  vacualions 
que  dirons  cy  après  :  lesquels  estans 
contraires  aux  venins,  changent  et 
altèrent  tout  le  corps,  non  pas  (comme 
dit  laques  Greuin  en  son  liure  desVe- 


DE  LA  PESTE. 


nins)  qu’il  faille  entendre  que  leur 
substance  pénétré  et  passe  tout  le 
corps  :  car  il  est  impossibbî  qu’en  si 
peu  de  temps  et  si  peu  de  matière 
qu’on  donne  pour  contrepoison , 
puisse  passer  vne  si  grosse  masse  de 
nostre  corps.  Mais  estant  en  l’esto- 
mack,  là  il  s’eschauffe  :  puis  s’esle- 
uent  certaines  vapeurs  lesquelles  se 
communiquent  par  tout  le  corps,  de 
telle  sorte  que,  soustenu  d’icelles,  il 
combat  par  sa  vertu  la  force  du  ve¬ 
nin  en  quelque  part  qu'il  le  rencon¬ 
tre,  lemaistrisantetlc  chassant  hors, 
non  seulement  par  sa  substance, 
mais  par  renuoy  de  ses  vertus  et  qua¬ 
lités  :  comme  iournellement  nous 
voyons  que  quand  nous  auons  pris 
des  pilules,  ou  quelque  medecine  la- 
xatiue,  neantmoins  que  leur  sub¬ 
stance  ou  matière  demeure  en  l’esto- 
mach,  leur  vertu  est  espandue  en 
toutes  les  parties  du  corps.  On  en 
peut  autant  dired’vnclystere,  qui  es¬ 
tant  dedans  les  intestins,  a  puissance 
de  faire  reuulsion  des  humeurs  du 
cerneau  Autre  exemple  ;  comme 
nous  voyons  de  l’emplastre  de  Vigo 
cum  mercurio,  qui  liquéfié  et  chasse 
le  virus  verollique  tant  par  sueurs, 
flux  de  ventre,  que  flux  de  bouche, 
sans  que  la  substance  du  mercure  en¬ 
tre  aucunement  dedans  les  parties  in¬ 
térieures  du  corps  :  pareillement  les 
alexiteres  opèrent  en  nos  corps  en 
combattant  et  chassant  la  virulence 
du  venin.  Mais  ainsi  que  par  la  mor¬ 
sure  d’vne  vipere,  ou  piqueure  d’vn 
scorpion,  ou  d’autre  beste  veneneuse, 

1  Galien ,  lib.  2.  de  comp.  med.  sectmdum 
locos.  —  A.  P.  Cette  note  se  lit  pour  la  pre¬ 
mière  fois  dans  l’édition  de  1598;  celles  de 
1579  et  1585  n’offrent  rien  de  semblable,- 
mais  dans  celles  de  1568  et  1575  on  lisait 
dans  le  texte  :  comme  lesmoigne  Galien  au 
lib,  5.  des  Simple/l,  chap.  19. 


4o5 

vne  bien  petite  quantité  de  leur  venin 
fait  en  peu  de  temps  grande  mutation 
au  corps ,  à  cause  que  leur  qualité 
s’espand  par  toutes  les  parties,  et  les 
altéré  et  conuertit  en  sa  nature  , 
dont  la  mort  s’ensuit  si  on  n’y  met 
remede  :  et  pareillement  vne  petite 
quantité  de  contrepoison  donné  en 
temps  et  heure,  abat  la  malice  du 
venin,  soit  appliqué  par  dehors,  ou 
donné  par  dedans.  Toutesfois  il  faut 
icy  noter,  que  l’alexitere  doit  estre 
plus  fort  que  le  venin,  à  fin  qu’il  do¬ 
mine  et  le  chasse  hors  :  et  en  sera 
donné  deux  fois  le  iour,  et  partant  il 
en  faudra  vser  en  plus  grande  quan¬ 
tité  que  n’est  présupposé  estre  le  ve¬ 
nin,  à  fin  qu’il  le  domine.  Aussi  n’est- 
il  pas  bon  en  vser  en  trop  grande 
quantité,  de  peur  qu’il  ne  blesse  la 
nature  du  corps,  encores  qu’il  fust 
maistre  du  venin  ;  partant  on  y  tien¬ 
dra  médiocrité,  et  en  sera  continué 
iusqu’à  ce  qu’on  verra  les  accidens 
diminués  ou  du  tout  cessés. 

Or  les  alexiteres  ou  contrepoisons, 
sont  souuentesfois  faites  d’vne  partie 
de  venins  meslés  auec  autres  sim¬ 
ples  en  quantité  bien  accommodée 
(comme  on  voit  en  la  composition  du 
theriaque,  qu’il  y  entre  de  la  chair 
de  vipere),  à  fin  qu’ils  seruentde  vé¬ 
hiculé  ou  conduite  pour  les  mener  là 
par  où  est  le  venin  dans  le  corps, 
pource  qu’vn  venin  cherche  son  sem¬ 
blable,  comme  aussi  font  toutes  cho¬ 
ses  naturelles.  D’auantage  il  se  trouue 
des  venins  qui  sont  contrepoisons  les 
vns  des  autres,  voire  vn  venin  contre 
son  semblable,  comme  on  voit  le 
scorpion  propre  contre  sa  piqueure. 
Mais  entre  tous  les  alexiteres  du  ve¬ 
nin  pestiféré,  sont  principalement  le 
theriaque  et  methridat ,  lesquels  on 
a  conneu  résister  à  la  malice  du  venin 
enforlifiant  le  cœur,  et  generalemeiit 


LE  vingt-qvatriiSme  livre 


4o6 

lous  les  esprits,  non  seulement  pris 
par  dedans,  mais  aussi  appliqués  par 
dehors  ,  comme  sur  la  région  du 
cœur,  et  surles  bubons  et  charbons, 
et  vniuersellement  par  tout  le  corps  : 
parc,c  qu’ils  attirent  le  venin  vers  eux 
par  vne  propriété  occulte  (  ainsi  que 
le  Magnés  atiire  le  fer,  et  l’Ambre  le 
festu,  et  les  arbres  et  herbes  tirent  de 
la  terre  ce  qui  leur  est  familier),  et 
l’ayant  attiré  l’alterent,  corrompent 
et  mortifient  sa  virulence  et  vénéno¬ 
sité  :  ce  qui  est  bien  prouué  par  Ga¬ 
lien  au  liure  des  Commodités  du  Thé¬ 
riaque  :  ioint  que  fous  les  anciens  ont 
tenu  pour  résolu,  qu’en  la  composi¬ 
tion  d’iceux  y  a  vne  chose  merueil- 
leuse  et  conuenable  à  la  forme  de 
l’esprit  vital.  Dequoy  nous  a  fait  foy 
le  Roy  Mithridates  ,  inuenteur  du 
methridat,  lequel  en  ayant  pris  par 
long  vsage ,  ne  se  peusl  faire  mourir 
qu’auec  peine  extreme  par  poison, 
pour  ne  tomber  entre  les  mains  des 
Romains  ses  ennemis  mortels  K  Et 
quant  au  thériaque ,  Galien  afferme 
qu’il  peut  guarir  de  la  morsure  d’vn 
chien  enragé,  estant  pris  auparauant 
que  le  venin  ait  saisi  les  parties  no¬ 
bles. 

Et  si  quelques-vns  me  vouloient  | 
mettre  en  auant  que  le  theriaque  et 
methridat,  et  plusieurs  autres  medi-' 
camens  alexiteres  de  la  peste,  sont 
chauds,  et  qu’elle  commence  le  plus 
souuent  par  fiéure  ardente  et  conti¬ 
nue,  et  que  partant  tels  remedes  la 
pourroient  augmenter ,  et  qu’estant 
augmentée  ,  nuiroient  plustost  aux 
malades,  qu  ils  ne  leur  proüleroient  : 
A  cela  ie  respons  et  confesse  qu’ils 
sont  chauds  ;  mais  d’autant  qu’ils 
résistent  au  venin  eslans  baillés  et 

1  Val.  Max.  U.  9.  chap,  2.  — A.  P.  Note  de 
1698. 


admis  par  proportion  conuenable, 
peuuent  plus  aider  que  nuire  à  la 
fiéure,  à  laquelle  no  faut  auoir  tant 
d’esgard  qu’à  sa  couse.  Vray  est  que 
quand  la  fiéure  est  fort  grande,  il  les 
faut  mesler  auec  choses  réfrigérantes, 
comme  Irochisques  de  camphre  (  le¬ 
quel  mesme  preserue  le  corps  de 
pourriture,  et  pource  est  commodé¬ 
ment  meslé  és  antidotes  contre  la 
peste  )  syrop  de  limons,  citrons  ,  né¬ 
nuphar,  eau  d’ozeille,  et  autres  sem¬ 
blables,  et  au  reste  ne  choisir  vn 
methridat  ou  theriaque  trop  vieils  , 
ains  du  moyen  aage,  comme  de  qua¬ 
tre  ans  ,  ou  recent,  comme  de  deu.x  : 
car  ainsi  elle  n  eschauffepas  tant. 

Or  la  quantité  dudit  theriaque  et 
methridat  se  doit  diuersifier  selon  les 
personnes  :  car  les  forts  et  robustes  en 
pourront  prendre  la  quantité  d’vne 
dragme  ou  plus  :  les  moyens,  demie  ; 
et  quant  aux  enfans  qui  tettent  en- 
cores,  nous  en  parlerons  cy  après. 
Quand  le  malade  aura  pris  ledit  the¬ 
riaque  ou  autre  alexdere,  faut  qu'il 
se  pourmene  quelque  espacede  temps, 
non  pas  toulesfois  comme  aucuns 
font ,  lesquels  incontinent  qu’ils  se 
sentent  frappés  de  peste,  ne  cessent 
de  cheminer  tant  qu’ils  ne  se  peuuent 
soustenir  :  ce  que  ie  n’approuue,  veu 
qu’iis  débilitent  par  trop  Nature,  la¬ 
quelle  estant  ainsi  débilitée,  ne  peut 
vaincre  son  ennemy  pestiféré  :  par¬ 
tant  on  ne  doit  point  faire  ainsi,  mais 
y  procéder  par  médiocrité.  Et  après 
que  le  malade  se  sera  pourmené,  il 
le  faut  mettre  dedans  vn  lit  chaude¬ 
ment,  et  le  faire  bien  cüuurir,  él  luy 
appliquer  des  pierres  chaudes  aux 
pieds,  ou  bouteilles  remplies  d’eau 
Chaude  ,  ou  des  vessies,  et  le  faire 
Ires-bien  suer  ;  car  la  sueur  en  tel 
cas  est  vne  des  vrayes  purgations  des 
humeurs  qui  causent  la  peste  et  les 


DE  EA  PESTE. 


fléures  putrides,  soient  chaudes  ou 
froides. 

Toutesfois  toute  sueur  n’est  pas 
profitable,  comme  il  appert  par  ce 
que  George  A gricola ,  excellent  Mé¬ 
decin  au  pays  d’Allemagne,  a  escrlt 
en  son  Hure  de  la  Peste,  où  il  assenre 
auüir  veu  vue  femme  de  Misne,  ayant 
la  peste,  suer  le  sang  par  la  teste  et 
la  poitrine  l’espace  de  trois  ipurs,  et 
ce  nonobstant  elle  décéda.  Aussi  An- 
thonius  Beniuenius,  Médecin  floren¬ 
tin,  au  Hure  1.  chap.  4.  dit  auoir  con- 
neu  vu  homme  assez  robuste ,  aagé 
de  trente  six  ans,  lequel  tous  les  mois 
suoit  le  sang  par  les  pores  du  cuir, 
lequel  fut  guari  par  section  de 
veine 

Or  pour  retourner  à  nostre  pro-  ' 
pos,  ce  qui  s’ensuit ,  estant  pris  inté¬ 
rieurement,  sera  bon  pour  prouoquer 
la  sueur. 

üf.  Rad.  chlnæ  in  talleolas  ilissectæ  §  .  j.  fi . 

Gaiaci  § .  ij. 

Goflicis  ïamarisci  5  .  j. 

Rad.  aflgelicæ  5,  ij. 

Rasursp  corpu  cprui  5  j. 

Paccamm  iunipen  3.  iij, 

Le  tout  soit  mis  daP6  vne  phiole  de 
yerre,  tenant  de  cinq  à  six  pintes,  et 
soient  mises  dans  iaditc  phiole  quatre 
pintes  d’eau  de  ripiere ,  ou  d’vne 
claire  fontaine:  et  soit  estoupée,  et 
laissé  en  infusion  tonte  la  nuit  sur  les 
cendres  cbandes,  et  le  lendemain  soit 
bouilli  in  bçiineo  Mww  ;  et  au  cul 
du  çhauderon  sera  mis  du  foin  ou 
feutre,  de  peur  que  ladite  boùtéille 
ne  touche  au  fonds,  et  que  par  ce 
moyen  elle  ne  se  rompe.  L’ebyllition 
se  léra  iusqu’à  la  consomplion  de  la 
moitié ,  qui  se  pourra  faire  en  six 

1  Celte  histoire  de  Benivenius  est  une  ad¬ 
dition  de  1585. 


/|07 

heures  :  puis  soit  passé  par  dedans  la 
chausse  d’hippocras,  et  après  repassé 
auec  six  onces  de  succre  rosat ,  et  vn 
peu  de  theriaque  :  et  d’icelle  eau  es¬ 
tant  vn  peu  chaude,  en  sera  donné 
plein  vn  verre,  ou  moins,  à  boire  au 
malade  pour  le  faire  suer,  ü’auan- 
tage,  on  pourra  asseurémept  prendre 
de  la  poudre  suiuante,  laquelle  est 
fort  singulière. 

'2f.  Fpliorum  dictamni ,  rutse  ,  radicis  tor- 
mentillæ,  betonicæ  ana  §.  fi. 

Boli  armeniæ  præparati  §  .  3. 

Terræ  sigillatæ  3.  iij. 

Aloës ,  myrrhæ  ana  5  .  fi . 

Croci  orientalis  3.  j. 

Mastiches  3.ij. 

Le  tout  soit  puluerisé  selon  l’art, 
et  soit  faite  poudre  ,  de  laquelle  on 
baillera  au  malade  vne  dragme  dis¬ 
soute  en  eau  rose,  ou  de  vinette  sau- 
uage  :  et  après  auoir  pris  ladite  pou¬ 
dre,  il  se  pourmenera ,  puis  s’en  ira 
coucher,  et  se  fera  suer,  ainsi  qu’a- 
uons  dit.  Pareillement  peste  eau  est 
tres-excellente. 

If.  Radicum  gentianæ  et  cyperi  ana  3.  iij. 
Cardui  benedicti,  pimpinellæanani.j.  fi . 
Oxalidis  agrestis  et  morsus  diaboli  ana 
P-'j- 

Baccarum  hederje  et  iuniperiana 
Florum  boglossi  ,  violarum,  et  rosarum 
rnbrarum  ana  p.  ij. 

Le  tout  soit  mis  en  poudre  grossement, 
puis  le  ferez  tremper  en  vin  blanc  et  eau 
rose  par  l’espace  d’vne  nuit  seulement, 
et  après  on  y  adioustera  : 

Boli  Armeniae  S.j, 

Theriacæ  §.  fi. 

Cela  fait,  on  distillera  le  tout  au 
bain  marie ,  et  on  le  gardera  en  vne 
phiole  de  verre  bien  bouchée  :  et 
lors  qu’on  en  voudra  prendre  ,  on  y 
j  mettra  vn  bien  peu  de  canelle  et  saf* 


4o8  LE  VINGT-QVATRIIîME  LIVRE, 


fran  ;  et  si  le  malade  est  délicat,  com¬ 
me  sont  les  femmes  et  en  fan  s,  on  y 
mettra  du  succre,  La  dose  sera  six 
onces  aux  robustes ,  aux  moyens 
trois,  et  aux  délicats  deux,  plus  ou 
moins,  selon  qu’on  verra  estre  ne¬ 
cessaire.  Et  après  l’auoir  prise,  on  se 
pourmenera  et  suera  comme  dessus. 

Les  eaux  theriacale  et  cordiale ,  cy 
dessus  mentionnées,  sont  aussi  de 
merueilleux  effet  pour  ceste  inten¬ 
tion,  et  en  faut  prendre  quatre,  cinq, 
ou  six  doigts  en  vn  verre.  Sembla¬ 
blement  celle  qui  s’ensuit  est  bien  ap- 
prouuée. 

Of.  Oxalidis  agrestis  minoris  m.  vj. 

Rutæp.j. 

Plstentur  et  macerentur  in  aceto  xxiiij. 

horarum  spatio,  addendo  theriaeæ  §. 

iiij. 

Fiat  distillatio  in  baîneo  Mariæ. 

Et  incontinent  que  le  malade  se 
sentira  frappé,  il  en  boira  quatre  on¬ 
ces,-  plus  ou  moins,  selon  sa  vertu, 
puis  se  pourmenera  et  suera,  comme 
il  a  esté  dit  cy  dessus.  Le  temps  de 
faire  cesser  la  sueur  est,  ou  qu’elle  se 
refroidisse,  ou  qu’on  ne  la  peut  plus 
endurer  par  foiblesse  ou  autrement  : 
alors  faut  essuyer  le  malade  auec 
linges  vn  peu  chauds.  Et  note  qu'il  ne 
le  faut  iamais  prouoquer  à  la  sueur, 
l’estomach  estant  plein  ‘  ;  car  par 
ainsi  la  chaleur  est  dissipée  ,  ou  pour 
le  moins  reuoquée  du  ventricule  en 
l’habitude  du  corps ,  dont  s’ensuit 
crudité. 

D’auantage,  faut  garder  le  ma¬ 
lade  de  dormir  pendant  qu’il  suera,  et 
principalement  au  commencement 
qu’il  se  sent  frappé  et  atteint  de  ce 
mal  :  parce  que  nostre  chaleur  na- 

1  La  phrase  finissait  ici  en  l56Sj  le  reste 
est  de  1575. 


turelle  et  esprits  en  ce  faisant  se  reti¬ 
rent  au  profond  du  corps,  et  partant 
le  venin  que  Nature  tasche  à  chasser 
hors,  est  porté  au  cœur  et  autres 
parties  nobles  auec  iceux  ;  et  pour 
ceste  cause  faut  que  le  malade  fuye 
grandement  le  dormir  :  ce  qui  se  fera 
en  l’entretenant  de  parolles  ioyeuses, 
luy  faisant  des  contes  pour  le  faire 
rire,  s'il  peut  ;  et  pour  ce  faire,  luy 
dire  et  asseurer  que  son  mal  n’est 
rien,  et  qu’il  sera  bien  tost  guari  : 
pareillement  on  fera  bruit  en  la 
chambre,  ouurant  les  portes  et  fe- 
nestres.  Et  si  pour  tout  cela  il  vouloit 
dormir,  on  luy  fera  des  frictions  as- 
pres,  et  luy  liera  les  bras  et  iambes 
assez  estroitement  ;  aussi  on  luy  ti¬ 
rera  les  cheueux  par  derrière  le  col, 
et  le  nez ,  et  les  oreilles.  D’auantage 
on  dissoudra  du  castoreum  en  fort 
vinaigre  et  eau  de  vie ,  et  on  luy  en 
appliquera  dedans  le  nez  et  les  oreil¬ 
les  Ainsi  on  procédera  par  toutes 
maniérés  selon  la  grandeur  du  mal  et 
qualité  des  personnes,  à  fin  que  le 
malade  ne  dorme,  et  principalement 
le  premier  iour,  iusques  à  ce  que  Na¬ 
ture,  aidée  par  les  remedes,  ait  ietté 
le  venin  du  dedans  au  dehors  par 
sueur,  vomissement,  ou  autrement. 
Donc  ne  sufQt  defendre  seulement  le 
premier  iour,  mais  aussi  iusques  à  ce 
qu’ils  ayent  passé  le  quatrième,  pen¬ 
dant  lesquels  ne  leur  sera  permis  de 
dormir  que  deux  ou  trois  heures  par 
iour,  plus  ou  moins ,  selon  la  vertu  : 
car  en  ce  faut  tenir  médiocrité  (comme 
on  doit  faire  en  toutes  chbses)  et  con¬ 
sidérer  que  par  trop  veiller  les  es¬ 
prits  se  dissipent,  dont  sonnent  s’en¬ 
suit  grande  débilitation;  et  Nature, 
estant  prosternée  et  abbatue,  ne  peut 
vaincre  son  aduersaire.  Partant  le 
Chirurgien  y  aura  esgard  :  car  si  lès 
sains  sont  atténués  et  affoiblis  par 


DF,  LA  PESTE. 


veilles,  combien  pins  se  trouueront 
mal  ceux  qui  sont  malades ,  leurs 
Ibrces  estant  ja  abbatues  et  dimi¬ 
nuées. 

Or  pour  conclure  nostre  propos, 
apres  que  le  malade  aura  bien  sué, 
il  le  faut  essuyer  et  changer  de  draps, 
et  ne  mangera  de  deux  ou  trois  heu¬ 
res  après  :  mais  pour  conforter  les 
vertus,  on  luy  pourra  donner  vn 
morceau  d’escorce  de  citron  confît , 
ou  de  la  conserue  de  roses,  ou  vne 
petite  rostie  trempée  en  bon  vin  ,  ou 
vn  mirabolan  confit ,  si  le  malade 
est  riche. 


CHAPITRE  XXV. 

DES  EPITHEMES  OV  FOMENTATIONS,  POVE 

COHROBORER  LES  PARTIES  NOBLES. 

Entre  les  alexiteres  peuuent  cslre 
référés  aucuns  remedes  locaux ,  c’est 
à  dire  qu’on  applique  par  dehors, 
comme  epilhemes  cordiaux  et  hépa¬ 
tiques,  desquels  faut  vser  dés  le  com¬ 
mencement  (  toutesfois  après  aiioir 
fait  quelques  euacuations  vniuer- 
selles)  s’il  est  besoin,  pour  munir  les 
parties  nobles-  en  roborant  leurs 
vertus,  à  fin  qu’ils  repoussent  les  va¬ 
peurs  malignes  et  veneneuses  loing 
d’icelles. 

Les  epilhemes  doiuent  auoir  double 
faculté,  à  sçauoir  d’eschauffer  et  re¬ 
froidir.  Leur  froidure  sert  pour  réfri¬ 
gérer  la  grande  chaleur  estrange,  et 
leur  chaleur  est  cordiale,  parce  que 
les  medicamens  cordiaux  plus  com¬ 
munément  sont  chauds  :  et  partant 
ils  seront  changés  et  diuersifiés  selon 
l’ardeur  de  la  fleure,  et  doiuent  estre 
appliqués  liedes  auec  vne  piece  d’es- 
carlate,  ou  vn  drapeau  en  plusieurs 


409 

doubles,  bien  délié,  ou  vne  esponge: 
desquels  seront  faites  fomentations, 
et  laissés  moüillés  sur  la  région  du 
cœur  et  du  foye ,  pourueu  que  le 
charbon  ne  fusl  en  ces  lieux  là  : 
pour-ce  qu’il  ne  faut  appliquer  .sur 
iceux  aucuns  medicamens  reperens- 
sifs.  Tu  pourras  faire  Josdils  epilhe¬ 
mes  selon  les  formulaires  qui  s’en- 
suiuent. 

Tf.  Aquarum  rosarum,  planlaginis  et  solani 
ana  0  •iüj- 

Aquæ  acetosæ,  vini  graiiatormn  et  aceti 
ana  § .  iij. 

Santali  rubri  et  coralli  rubri  puluerisali 
ana  3.  iij. 

Theriacæ  veteris  §  .  fi . 

Capburæ  3 .  ij. 

Croci  9.  j. 

Caryophyllorum  3.  fi. 

Misce ,  et  fiat  epithema. 

Autre  Epiiheme  fort  aisé  à  faire. 

"if .  Aquarum  rosarum  et  plantaginis  ana  §  .x. 
Aceti  rosati  §  .  iüj. 

Caryophyllorum ,  santali  rubri  et  coralli 
rubri  puluerisati,  etpulueris  diamarga- 
riti  frigicli  ana  3.  j.  fi . 

Caphoræ  et  mosebi  ana  9  .  j. 

Fiat  epithema. 

Autre  Epiiheme. 

'if.  Aquarum  rosarum  et  melissæ  ana  §  .iüj. 
Aceti  rosati  g  .  iij. 

Santali  rubri  j. 

Caryophyllorum  3.  fi. 

Croci  9 .  ij. 

Capburæ  9.j. 

Boll  Armeniæ  ,  terræ  sigillatæ,  zedoariæ 
ana  3.  j. 

Fiat  epithema. 

Autre. 

if.  Aceti  rosati  et  aquæ  rosarum  ana  H»,  fi 
Caphuræ  3.  fi. 

Theriacæ  et  mitbridatij  ana  3.  j. 

Fiat  epithema. 


10  Lî:  vingt-qvatrieme  livre, 


AlUre, 

if.  Aquîirtim  rosarum,  iienupliaris,  bu- 
glossi,  acetosæ  ,  Aceli  rosati  ana.  Ib  fî. 
vSantali  rubri,  rosarurn  rubrarum  ana 
3.iij. 

Florum  nenupharis,  violariæ,  caphuræ 
ana3.  ft. 

Milhridalij  ei  thcriacæ  ana  3.  ij. 

Toutes  ces  choses  seront  pilées  et 
incorporées  ensemble  ;  puis  quanti  il 
faudra  en  vser,  on  en  mettra  dans 
quelque  vaisseau  pour  estre  vn  peu 
eschauffé,  et  on  en  fomentera  le  cœur 
et  le  foye,  comme  dessus. 


CHAPITRE  XXYI. 

A  SÇAVOIR  SI  LA  SAIGNÉE  ET  PVRGA- 
TION  SONT  NECESSAIRES  AV  COMMEN¬ 
CEMENT  DE  LA  MALADIE  PESTILENTE. 

Ayant  muni  le  cœur  de  medica- 
mens  alexiteres,  on  procédera  à  la 
saignée  et  purgation,  s’il  en  est  be¬ 
soin  ;  en  quoy  il  y  a  grand  different 
entre  les  Médecins,  desquels  aucuns 
commandent  la  saignée ,  les  autres  la 
défendent. 

Ceux  qui  la  commandent,  disent 
que  la  fiéure  pestilente  est  communé¬ 
ment  engendrée  au  sang  pour  là  ma- 
lignilé  du  venin  ;  lequel  sang  ainsi 
altéré  et  corrompu  pourrit  les  autres 
humeurs  ,  et  partant  concluent  qu’il 
conuient  saigner.  Ceux  qui  la  défen¬ 
dent,  disent  que  le  plus  souuent  le 
sang  n’est  point  corrompu ,  mais  que 
ce  sont  les  autres  humeurs ,  et  par¬ 
tant  concluent  qu’il  les  conuient  seu¬ 
lement  purger.  Quant  à  moy  ,  consi¬ 
dérant  les  différences  de  peste  que 
i’ay  déclarées  par  cy  deuant,  à^sça- 
uoir  que  l’ype  prouiept  du  yieej  de 
ï’àir,  etT’àuIrTdela  coiTuption 


humeurs,  et  que  le  venin  pestiféré 
s’espand  dedans  les  conduits  du  corps, 
et  de  là  auK  parties  principales  , 
comme  on  voit  par  les  apost  'mes  qui 
apparoissent  tantost  derrière  les  oreil¬ 
les,  tantost  aux  aisselles,  ou  aux  ai¬ 
nes,  selon  que  le  cerueau ,  le  cœur  et 
le  foye  sont  infectés  :  duquel  venin 
procèdent  aussi  les  charbons  et  érup¬ 
tions  aux  autres  parties  du  corps,  qui 
se  font  à  cause  que  Nature  se  des¬ 
charge  et  iette  hors  ledit  venin  aux 
emonctüire^  consütués  pour  receuoir 
les  excremens  des  membres  piinci- 
paux  :  en  tel  cas  il  me  semble  qu’il 
faut  que  le  Chirurgien  aide  Nature  à 
faire  sa  descharge  où  elle  prétend , 
suiuantla  doctrine  d’Hippocrates  ‘,et 
qu’il  suiue  le  mouuement  d’icelle, 
qui  se  fait  des  parties  intérieures  aux 
extérieures.  Parquoy  ne  faut  en  telle 
chose  purger  ny  saigner ,  s’il-  n’y  a 
grande  plénitude,  de  peur  d’inter¬ 
rompre  le  mouuement  de  Nature ,  et 
de  retirer  la  matière  veneneuse  au 
dedans  :  ce  qui  est  ordinairement 
conneu  en  ceux  qui  ont  commence¬ 
ment  de  bubons  vénériens  :  car  lors 
qu’on  les  purge  ou  saigne,  on  est 
souuentesfois  cause  qu’ils  ne  viennent 
à  suppuration,  et  que  la  matière  vi¬ 
rulente  se  relire  au  dedans ,  dont  la 
verole  s’ensuit. 

Parquoy  au  commencement  des 
bubons,  charbons,  et  éruptions  pesti¬ 
férées  ,  causées  seulement  du  vice  de 
l’air ,  ne  faut  purger  ny  saigner,  mais 
sufüra  de  munir  le  cœur  et  toutes  les 
parties  nobles  de  médecines  alexile- 
res ,  qui  ont  vertu  et  propriété  occulte 
d’abattre  la  malignité  du  venin  tant 
par  dedans  que  par  dehors ,  par  où 
elle  prétend  faire  sa  descharge.  Et 
note  ce  que  i’ay  dit  du  vice  de  l’air , 

»  Hippocrates,  Apb,  21.  liu,  1.  —  A.  P. 


de  ea  peste. 


parce  que  l’on  voit  ordinairement 
que  ceux  que  Ton  saigne  et  purge  en 
tel  cas,  sont  en  grand  péril  de  leurs 
personnes  :  pour-ce  qu’ayant  vacué 
le  sang  et  les  esprits  contenus  auec 
luy ,  la  contagion  prouenante  de  l’air 
pestiféré  est  plus  promptement  portée 
aux  poulmons  el,au  cœur,  et  est  ren¬ 
due  plus  forte,  et  partant  elle  exerce 
plustost  sa  tyrannie,  Semblablement 
le  corps  estant  esmeu  par  grandes 
purgations, il  se  fait  promptement  re¬ 
solution  des  esprits,  à  cause  que  la 
chair  de  toute  l’habitude  du  corps  se  | 
liqueOe  et  consume  par  vne  grande 
vacualion. 

Sur  quoy  ie  te  veux  bien  aduertir 
de  ce  que  i’ay  obserué  au  voyage  de 
Bayonne,  que  i’ay  fait  auec  mon  Roy 
en  l’an  t565.  C’est  que  ie  me  suis 
enquis  des  Médecins,  Chirurgiens  et 
Barbiers  de  toutes  les  villes  où  nous 
auons  passé,  esquelles  la  peste  auoit 
esté,  comme  il  leur  estoit  aduenu 
d’auoir  saigné  les  pestiférés  :  lesquels 
m’ont  attesté  que  presque  tous  ceux 
qu’on  aupit  saignés  et  grandement 
purgés,  estoieut  morts,  et  ceux  qui 
n’auoient  esté  saignés  ny  purgés ,  es- 
chappoient  presque  tous  :  qui  fait  es- 
tre  vray-semblable  quela  peste  venoit 
du  vice  de  l’air,  et  non  de  la  corrup¬ 
tion  des  humeurs. 

Semblable  chose  auoit  desia  esté  j 
au  parauant  obseruée  en  la  maladie 
nommée  Coqueluche^  comme  i’ay  es?  ' 
crit  cy  deuant  ;  car  alors  qu’on  pur- 
geoit  et  saignoit  ceux  qui  en  estoient 
espris,  tant  s’en  faut  qu’on  les  fisl 
escbapper ,  que  mesuie  on  leur  ab- 
bregeoit  leur  vie,  et  en  mouroient 
plustost. 

Or  telle  chose  a  esté  conneuë  par 
expérience  ,  à  sçauoir  après  la  mort 
de  plusieurs  :  toulesfois  il  y  a  quelque 
raison ,  en  ce  qu’aucuns  ont  obserué , 


4il 

lors  que  la  peste  venoit  du  vice  de 
l’air ,  les  bubons  et  charbons  le  plus 
sonnent  apparoistre  auparauant  la 
tiéure.  Donc  veu  que  l’experience  est 
iointe  auec  la  raison,  il  ne  faut  indif¬ 
féremment,  comme  l’on  fait  commu¬ 
nément,  aussi' tost  qu’on  voit  le  ma¬ 
lade  frappé  de  peste,  luy  ordonner 
la  saignée,  ou  quelque  grande  pur¬ 
gation  :  ce  qui  a  esté  par  cy  deuant 
bien  souuent  cause  de  la  mort  d’vne 
infinité  de  personnes.  Toutesfois  s’il  y 
auoit  grande  repletion  ou  corruption 
d’humeurs,  au  commencement  de  la 
douleur  et  tumeur  du  bubon  et  char¬ 
bon  pestiféré ,  supposé  aussi  qu’il  n’y 
eust  que  bien  peu  de  matière  conioin- 
te ,  Nature  estant  encor  en  rut,  c’est 
à  dire  en  son  mouuement  d’expeller 
ce  qui  la  moleste ,  alors  on  doit  don¬ 
ner  médicament  grandement  pur¬ 
geant  ,  pour  ietter  hors  l’abondance 
et  plénitude  de  la  matière  veneneuse 
contenue  aux  humeurs  et  en  toute 
rhabilude  du  corps  :  et  ce  suiuant 
l’Aphorisme  d’Hippocrates  qui  dit , 
que  toutes  maladies  qui  sont  faites  de 
plénitude,  sont  curées  par  euacua- 
tion  >.  Plus  en  vn  autre  lieu  nous  en¬ 
seigne  qu’il  faut  donner  medecine  aux 
maladies  violentes  et  tres-aiguës,  voire 
le  mesme  iour ,  si  la  matière  est  tur- 
gente^  ;  car  en  telle  chose  il  est  dan¬ 
gereux  de  retarder. 

Or  si  la  matière  est  turgente  en 
quantité,  qualité  et  mouuement, 
faut  tirer  vne  resolution ,  qu’en 
la  peste  causée  du  vjee  de  l’air,  auec 
plénitude  de  sang  et  d’humeurs,  la 
saignée  et  purgation  y  sont  neces¬ 
saires.  Parqiioy  les  medicamens  hy- 
percathartiques,  c’est  à  dire,  qui  font 
operation  effreuée  par  propriété  oc- 

1  Hippocrates ,  Àph.  22.  Uu.  2.  A.  P. 
^Ayh.  10.  liv..  4.  — A,  P* 


tÆ  VINGT-QVATBIÉME  livre 


4i2 

culte ,  comme  alexiteres  resistans  au 
venin  ,  sont  propres  pour  estre  bail¬ 
lés  au  commencement  de  ce  mal , 
pour^icu  que  Nature  soit  assez  forte: 
car  à  ceux  qui  sont  constitués  an  lia- 
zard  de  leur  vie,  et  au  danger  de 
mourir,  vaut  mieux  tenter  de  donner 
vn  fort  romede  que  de  la  sser  le  ma¬ 
lade  despourueu  de  tout  aide,  estant 
à  la  miséricorde  de  l’ennemy,  qui 
est  riiumeur  pestilent  :  ce  qui  est 
aussi  approuué  de  Celse,  qui  dit  que 
d’autant  que  la  peste  est  vue  maladie 
hasliue  et  tempeslatiue,  faut  promp- 
tementvser  de  remedes,  mesmes  auec 
témérité». 

Parquoy  faut  considérer  si  le  ma¬ 
lade  pestiféré  a  vue  fiéure  ardente  et 
grande  repletion  aux  conduits,  et  que 
la  vertu  soit  forte  :  qui  se  peut  con- 
noistre ,  lors  que  les  veines  sont  fort 
pleines  et  estendues ,  les  yeux  et  la 
face  grandement  enflammés  :  aussi 
que  quelquesfois  a  crachement  de 
sang ,  auec  grande  pulsation  des  ar¬ 
tères  des  temples ,  douleur  au  gosier, 
difficulté  de  respirer,  espoinçonne- 
ment  par  tout  le  corps,  auec  tres- 
grande  pesanteur  et  lassitude  ,  les 
vrines  estansrougeastres ,  troubles  et 
espaisses.  En  tel  cas,  faut  saigner 
promptement  pour  aider  Nature  à  se 
descharger ,  de  peur  qu'il  ne  se  face 
suffocation  de  la  chaleur  naturelle , 
pour  la  trop  grande  abondance  de 
sang,  comme  la  mesche  s’esleint  en 
vne  lampe  lors  qu’il  y  a  trop  d’huile  : 
adonc  tu  ouuriras  plustost  la  \eine 
basilique  du  costé  senestre  que  du 
dextre,  à  cause  que  le  cœur  et  la  r⬠
telle  en  ceste  maladie  sont  fort  affec¬ 
tés  :  attireras  du  sang  en  abondance, 
selon  que  verras  estre  necessaire , 
prenant  indication  sur  toutes  choses 

1  Celse,  liu.  3.  chap.  7.  —  A.  P, 


de  la  force  et  vertu  du  malade.  Et 
garderas  que  tu  ue  faces  la  saignée 
pendant  qu’il  y  aura  frisson  de  fiéure, 
parce  que  la  chaleur  naturelle  et  les 
e.sprits  sont  retirés  au  dedans,  et  alors 
les  parties  externes  sont  vuides  de 
sang  ,  et  si  on  en  tiroit  lors ,  on  debi- 
literoit  grandement  les  vertus.  Aussi 
pendant  que  lu  saigneras  le  malade , 
tu  luy  fei'as  tenir  vn  grain  de  sel  en 
sa  bouche ,  ou  de  l’eau  froide ,  et  luy 
feras  sentir  du  vinaigre,  duquel  aussi 
luy  en  frotteras  le  nez ,  la  bouche  et 
les  temples ,  de  peur  qu’il  ne  tombe 
en  syncope.  D’auantage,  il  ne  doit 
dormir  tost  après  la  saignée  :  car  par 
le  dormir ,  le  venin  et  chaleur  na¬ 
turelle  se  retirent  au  centre  du  corps 
et  augmentent  la  chaleur  estrange  , 
dont  la  fiéure  et  autres  accideus  ac¬ 
croissent. 

Or  il  faut  icy  noter  qu’en  telle  re¬ 
pletion  la  saignée  se  doit  faire  autre¬ 
ment  en  fiéurepestilente  simple,  qu’en 
celle  qui  est  accompagnée  d’vn  bubon 
ou  charbon  :  car  s’il  y  auoit  l’vn  ou 
tous  les  deux  conioinls  auec  la  fiéure 
grande  et  furieuse,  alors  il  faudroit 
ouurir  la  veine  plus  proche  de  l’apos- 
teme  ou  charbon  ,  et  selon  la  rectitu¬ 
de  des  fibres,  à  fin  que  par  icelle  le 
sang  soit  tiré  et  euacué  plus  directe¬ 
ment  :  pour  autant  que  toute  rétrac¬ 
tion  et  reuulsion  de  sang  infect  vers 
les  parties  nobles  est  defendue  de 
tous  bons  autheurs,  Médecins  et  Chi¬ 
rurgiens.  Posons  donc  pour  exemple 
que  le  malade  ait  vne  grande  reple- 
tion,  laquelle  surpasse  la  capacité 
des  veines  et  les  forces  naturelles,  ce 
que  les  Médecins  nomment  ad  vam, 
et  ad  vires,  et  qu’il  ait  vn  aposteme 
pestiféré  ou  vn  charbon  és  parties  de 
la  teste  et  du  col ,  il  faut  que  la  sai¬ 
gnée  soit  faite  de  la  veine  céphalique 
ou  médiane ,  ou  de  l’vn  des  rameaux 


lîE  LA.  l*ESÎJi:. 


d’îcelle,  au  bras  qui  est  du  costé  ma¬ 
lade.  Et  où  telles  veines  ne  pourront 
apparoistre  pour  eslre  ouuertes,  à 
cause  de  la  grande  quantité  dégraissé 
ou  autrement ,  il  faut  ouurir  celle  qui 
est  entre  le  pouce  et  le  second  doigt , 
ou  vne  autre  prochaine  et  plus  appa¬ 
rente  ,  mettant  la  main  du  malade  en 
eau  chaude  :  car  la  chaleur  de  l’eau 
fait  enfler  la  veine,  et  attire  le  sang 
du  profond  aux  parties  extérieures 
du  corps.  Et  si  l’apostemeest  sous  les 
aisselles  ou  aux  enuirons,  faut  aussi 
tirer  du  sang  de  la  veine  basilique  ou 
médiane  au  dessus  de  la  main.  Et  si 
la  tumeur  s’apparoist  aux  aines ,  on 
ouurira  la  veine  poplitique ,  qui  est 
au  milieu  du  jarret ,  ou  la  veine  sa-  1 
phene,  qui  est  au-dessus  de  la  che- 
uille  du  pied  de  dedans,  ou  vn  autre 
rameau  le  plus  apparent  qui  soit  sur 
le  pied ,  et  tousiours  du  costé  mesme 
de  l’aposteme ,  mettant  au.ssi  le  pied 
en  eau  chaude  pour  la  cause  dessus¬ 
dite. 

Et  sera  tiré  du  sang  selon  que  le 
malade  sera  ieune  et  robuste ,  ayant 
les  veines  fort  enflées,  et  autres  signes 
cy  dessus  mentionnés ,  lesquels  s’ils 
apparoissent  tous,  ou  la  plupart  d’i- 
ceux,  ne  faut  craindre  d’ouurir  la 
veine  ;  ce  qui  se  doit  faire  deuant  le 
troisième  iour,  à  cause  que  ceste  ma¬ 
ladie  pestilente  vient  promptement 
en  son  estât ,  voire  quelquesfois  en 
vingtqualre  heures.  Et  en  tirant  le 
sang ,  tu  considéreras  les  forces  du 
malade  ,  luy  touchant  le  pouls  ,  si  le 
Médecin  n’est  présent  :  car  Galien  dit 
que  le  pouls  monstre  infailliblement 
la  vertu  et  force  du  malade.  Donc  il 
le  faut  toucher,  et  auoir  esgard  à  sa 
mutation  et  inégalité  :  et  s’il  est  trouué 
lent  et  petit ,  alors  on  doit  soudaine- 
mont  cesser  et  cloi  re  la  veine ,  ou 
faire  la  saignée  à  deux  ou  trois  fois , 


4i3 

si  la  force  manque.  Il  faut  bien  icy 
obseiuer,  qu’aucuns  par  vne  timi¬ 
dité  tombent  en  syncope  deuant  qu’on 
leur  ait  tiré  vne  palette  de  sang  ; 
parquoy  il  faut  connoistre  les  signes 
de  syncope  :  qui  se  fera  par  vne  pe¬ 
tite  sueur  qui  commence  à  venir  au 
front,  et  mal  de  cœur,  comme  volonté 
de  vomir,  et  bien  soutient  d’aller  A  la 
selle,  baaillement  et  changement  de 
couleur,  les  léures  estans  pâlies  ;  et 
le  signe  infaillible  (  comme  i’ay  dit  ) 
est  le  pouls  qui  sera  trouué  lent  et 
petit.  Et  lorsque  tels  signes  apparois- 
tront  ,faut  mettre  le  doigt  sur  le  per- 
tuis  de  la  veine ,  tant  que  le  malade 
soit  plus  asseuré,  et  luy  donner  vne 
rostie  de  pain  trempée  en  vin,  ou 
quelque  chose  de  semblable. 

Et  après  la  saignée  ainsi  faite  ,  on 
ne  laissera  de  donner  promptement 
à  boire  au  malade  quelque  alexi- 
tere  ayant  vertu  et  puissance  de  vain  - 
cre  la  malignité  du  venin  et  le  chas  - 
ser  hors,  comme  pour  exemple,  du 
theriaque  ou  methridat  dissout  auec 
eau  d’ozeille  sauuage ,  ou  de  l’eau 
theriacale ,  ou  autres  semblables  que 
nous  auons  cy  deuant  descrits.  Or 
c’est  assez  parié  de  la  saignée,  venons 
maintenant  à  la  purgation. 


CHAPITRE  XXVII 

DES  MEDICAMENS  PVRGATIFS. 

Si  on  voit  que  la  purgation  soit  ne¬ 
cessaire  par  les  intentions  susdites,  on 
y  procédera  comme  la  chose  le  re¬ 
quiert,  c’est  à  sçauoir,  en  considé  ¬ 
rant  que  c’est  icy  vne  maladie  vio¬ 
lente,  laquelle  a  besoin  de  remedes 
prompts  pour  combattre  et  vacuer  la 
pourrituredcshumeurs  horsdu  corps. 


4l4  LE  VINGT-QVATRIEME  LIVRE 


Et  les  fautdiuersifier  selon  qu’on  con- 
noîslra  riiumenr  péchant  :  aussi  en 
prenant  indication  du  tempérament 
du  malade,  de  l’aage,  conslume,  pays, 
saison  de  l’année,  sexe  ,  air  ambiens, 
el  plusieurs  autres  cimses  semblables, 
qu’on  verra  estre  necessaires,  et  prin¬ 
cipalement  de  la  vertu.  Partant  si  on 
voit  qu’il  soit  necessaire  que  le  ma¬ 
lade  soit  purgé,  et  qu’il  soit  fort  ro¬ 
buste  ,  on  luy  donnera  vne  dragme 
detheriaque,  auec  six  grains ,  voire 
dix  grains  de  scammonée  en  poudre. 
On  peut  semblablement  bailler  des 
pilules  faites  ainsi. 

:yiThenacÈe  et  mitliridatij  ana  3.  j. 

SulphurlsviüisubtililerpuluerisatiS.  fi . 

Diagredij  g  .  iiij. 

Fiant  pilulæ. 

Autres  pilules. 

Jf.  Aloës  3.  iij. 

Myrrhæ  croci  ana  3,  j, 

Hellebori  albi,  azari  ana  9  .  iiij. 

Cum  theriaca  veteri  fiat  massa ,  capiat  9 . 

iiij.  pro  dosi,  tribus  horis  ante  pastum. 

Les  pilules  de  Eufus,  dont  nous 
aübhs  parlé  cy  deuant,  sont  propres 
pour  donner  aux  moins  forts  el  ro¬ 
bustes  pour  vn  remede  gracieux,  des¬ 
quelles  faut  prendre  vne  dragme  en 
pilules  ou  potion. 

Lés  anciens  ont  foi  t  loué  l’agaric , 
par-ce  qu’il  attire  les  humeurs  de 
tous  les  membres  ,  et  a  vertu  appro¬ 
chante  du  theriaque,  par-ce  qu’il 
renforce  le  cœur,  et  le  purge  de  tout 
venin  :  on  en  peut  donner  deux  drag- 
mes  aux  robustes,  vne  aux  médiocres, 
et  demie  aux  délicats,  lît  par  ainsi 
selon  la  force  du  malade,  en  sera 
donné  en  trochisques  et  bien  préparé. 
Et  vaut  mieux  qu’il  soit  baillé  en  dé¬ 
coction  qu’en  substance,  par- ce  que 
qüelquésfois  il  n’est  pas  bien  esleu  et 


préparé  :  qué  s’il  est  bien  ésleu  et  pré¬ 
paré,  on  le  peut  dire  estre  vne  méde¬ 
cine  diuiue  contre  la  pesie  causée  par 
le  vice  des  humeurs ,  de  laquelle  plu¬ 
sieurs  expériences  ont  esté  faites. 

Quelques  vns  approuuentel  recom¬ 
mandent  fort  l’aulimoine,  alleguans 
plusieurs  expériences  qu’ils  ont  veu. 
Toutesfois,  par  ce  que  l’vsage  d’ieelujr 
est  reprouüé  par  messieurs  de  la  fa¬ 
culté  de  Medecine ,  ie  me  deporteray 
d’en  rien  escrire  en  ce  lieu  h 

Maintenant  venons  aux  autres  re- 
medes,  desquels  on  vse  principale¬ 
ment  lors  que  le  vice  gisl  en  l’intem- 
peralure  de  l’air  et  non  des  humeurs  : 
lesquels  ont  la  vertu  d’esmouuoir  les 
sueurs ,  lequel  remede  en  tel  cas  est 

1  C’est  ici  ie  fameux  endroit  où  Paré,  dans 
les  premières  éditions ,  s’étendait  avec  tant 
de  complaisance  sur  l’usage  et  les  vertus  de 
l’antimoine.  A  ce  propos,  il  Importe  que  je 
revienne  sur  une  assertion  émise  dans  mon 
Introduction,  page  cclxxiii,  où  il  est  dit  que 
ce  morceau  fut  supprimé  dans  la  première 
édition  des  OEuvres  complètes.  C’est  une  er¬ 
reur;  on  le  lit  en  1575  tout-à-fait  semblable 
au  texte  de  15fJ8.  Ce  ne  fut  donc  qu’en  1579 
que  Paré  consentit  à  le  supprimer,  sans 
doute  par  la  même  raison  qui  lui  avait  fait 
supprimer  le  livre  des  Fiénres,  et  pour  se 
remettre  en  paix  avec  la  Faculté.  L’auteur 
avait  laissé  cependant  en  d’autres  endroits 
de  ses  OEuvres  percer  l’opinion  qu’il  avait 
de  ce  remède:  ainsi  au  chap.  48  du  livre  de 
la  Génération ,  ainsi  encore  au  chap.  21  du 
livre  des  Venins  (voyez  tome  11,  page  745, 
el  tome  Ht,  page  312)  ;  et  ces  courtes  phra¬ 
ses  avaient  échappé  à  la  censure  de  la  Fa¬ 
culté.  Mais  on  ignorait  que  Paré  eût  eu 
l’occasion  de  se  prononcer  sur  une  question 
de  pratique  qui  agita  et  div  sa  les  médecins 
pendant  près  de  deux  siècles,  et  on  me  saura 
gré  d  avoir  reproduit  ce  long  passage  dans 
cet'e  nouvelle  édition  ;  on  le  trouvera  sous 
le  titre  de  Chapitre  complementaire  à  la  fin 
du  livre  de  la  Peste. 


le  premier  et  plus  excellent  entre 
tous  autres  :  entre  lesquels  celuy  qui 
s’ensuit,  est  de  merueilleuse  vertu  , 
et  ray  entendu  de  rnessire  Matthias 
Rodler,  chancelier  de  monseigneur  le 
duc  Georges  ,  comte  Palatin,  homme 
de  bien  et  d’honneur,  demourant  à 
Schimeren.  Lequel  m’a  depuis  n’a- 
gueres  escrit  qu’on  a  esté  fort  vexé  de 
peste  en  Allemagne,  et  le  plus  grand 
et  singulier  remede  qu’ils  ayent  peu 
trouuer  (par  le  moyen  d’vn  docte 
Médecin)  estoit  prendre  vne  brassée 
de  l’herbe  nommée  Armoise,  et  de  la 
cendre  d’icelle  on  faisoit  de  la  lexiue 
auec  vne  quarte  d'eau  pure  ,  puis  on 
la  faisoit  bouillir  et  consumer  sur  le 
feu  dedans  vn  vaisseau  de  terre 
plombé ,  iusqu’à  ce  qu’elle  délaissas! 
Yne  matière  espaisse  comme  sel,  et  de 
ce  on  faisoit  trochisques,  chacun  de 
la  pesanteur  d’vn  florin  d’or.  Et  lors 
qu’on  se  sentoit  frappé  de  peste  ,  ou 
faisoit  dissoudre  l’vn  desdils  trochis- 
qües,  ou  deux ,  plus  pu'raoins ,  selon 
la  force  et  aage  des  malades ,  auec 
quatre  ou  cinq  doigts  de  bon  vin  ou 
maluoisie  :  puis  se  pourmenoieut 
après  l’espace  de  demie  heure  ,  et  se 
mettoient  dans  le  lit ,  et  suoient  deux 
ou  trois  heures,  plus  ou  moins ,  selon 
que  la  force  et  vertu  des  malades 
estoit  grande,  aussi  vomissoienl  et 
alloient  à  la  selle,  comme  s’ils  eus¬ 
sent  pris  de  l’antimoine  :  et  par  ce 
remede,  ceux  qui  en  ont  vséaupara- 
uant  que  le  venin  eust  saisi  le  cœur  , 
sont  presque  tous  eschappés  :  ce  que 
i’ay  expérimenté  depuis  en  ceste  ville 
de  Paris ,  auec  bonne  issue.  Les  an¬ 
ciens  ont  fort  loué  l’Armoise  prise 
par  dedans  et  dehors,  contre  la  mor¬ 
sure  des  serpens  :  et  partant  est  à 
louer  donnée  à  la  peste. 

Aussi  ilrn’aestéasseuré  parmaistre 
Gilbert  Eroüard ,  docteur  en  Méde¬ 


cine  â  Montpellier,  que  luy  estant  en 
Sicile,  médecin  du  Vice-roy  d’icelle 
prouince,  entra  en  familiarilé  et  ami¬ 
tié  auec  vn  Nauai  rois ,  qui  auoil 
serui  auec  grande  reputaüon  la  reli¬ 
gion  de  Malte  l’espace  de  quarante 
ans  :  lequel  estant  à  Rhodes,  en  l’hos¬ 
pital  de  ladite  religion  ,  pour  penser 
les  pestiférés ,  à  la  grande  instance  et 
priere  d’vn  patron  de  nauire  Ragu- 
seis,  malade  de  peste,  auroit  esté 
contraint  luy  permettre  de  boire  vn 
grand  plein  verre  de  saumure  d’an¬ 
chois,  pour  ce  que  ledit  malade  disoit 
cela  estre  vn  singulier  remede  contre 
la  peste  :  duquel  breuuage  ,  en  moins 
de  vingt  quatre  heures  après  l’aUoir 
pris,  luy  ayant  succédé  vne  grande 
sueur,  se  trouua  sans  fléure,  et  en¬ 
tièrement  guar:  :  et  asseuroit  ledit 
Nauarrois  auoir  donné  depuis  ce  fe- 
mede  à  plusieurs  qui  ont  esté  guaris. 
ü’auantage ,  ledit  Eroüard  m’a  af¬ 
firmé,  qu’ayant  oüy  ce  récit ,  il  en  a 
fait  l’experienceà  plusieurs,  et  mesme 
en  a  donné  â  deux  enfans  de  monsieur 
de  la  Terrasse,  maistre  des  reques-* 
les  du  roy,  qui  estoient  malades  de 
pesté,  et  ont  esté  guaris.  De  l’elTet  du¬ 
quel  remede  luy  ay  a  nt  demandé  quelle 
raison  il  en  pourroit  donnée ,  il  m*al- 
legua  que  la  peste  n’est  autre  chose 
qu’vne  espece  de  putCefaction  et  col’- 
ruption  insigne,  à  laquelle  les  medi- 
camens  grandement  desseiebans  sont 
propres  et  vtiles  :  et  partant  le  sel 
(  comme  estant  fort  excellent  à  gar¬ 
der  toutes  choses  suietles  à  corrup¬ 
tion)  a  force  et  vigueur  de  consumer 
l’indicible  putréfaction  où  le  venin 
pestilentiel  est  attaché.  Or  il  faut  icy 
au  ieune  Chirurgien  noter,  qu’il  ne 
faut  attribuer  ce  remede  aux  anchois, 
mais  du  tout  à  lasalsitude. 

Aucuns  prennent  le  poids  d’vne 
dragme  de  semence  d’hiebles  mises 


le  VfNGT-OVATRJÉMK  LIVllE 


en  infusion  en  vin  blanc ,  qui  fait 
presque  semblable  effet  que  l’anti¬ 
moine  ;  ce  que  ie  sçay  par  experieiice. 
Autres  prennent  vne  dragme  de  se¬ 
mence  de  rue  pilée,  y  meslans  le  gros 
d’vne  féue  de  tberiaque,  et  donnent 
cela  à  boire  au  malade  auec  quatre 
doigts  de  maluoisie.  11  y  en  a  aussi  au¬ 
cuns  qui  prennent  vne  poignée  de 
fueilles  et  sommités  de  genest,  elles 
i)ilent  auec  demy-seplier  de  vin  blanc, 
et  le  donnent  à  boire  :  et  tost  après 
les  malades  vomissent,  assellent  et 
suent  :  ce  que  i’approuue,  d’autant 
qu’on  voit  par  expérience ,  que  ceux 
qui  sont  mords  de  bestes  veneneuses , 
lians  du  genest  dessus  la  morsure, 
ont  gardé  que  le  venin  ne  passe  plus 
auant.  Pareillement  on  en  donne  à 
boire ,  pour  garder  que  le  venin  ne 
saisisse  le  cœur.  Autres  vsent  de  raci¬ 
nes  de  enula  campana ,  gentiane , 
tormentille,  graine  d’escarlate  et  de 
genéure  ,  limure  d’iuoirc  et  de  corne 
de  cerf,  prenans  de  chacun  d’iceux 
à  la  volonté,  à  sçauoir  demie  dragme 
pour  l’ordinaire  ,  et  le  tout  concassé 
et  mis  en  infusion  en  vin  blanc  et  eau 
de  vie  par  Tespace  de  vingtquatre 
heures  sur  les  cendres  chaudes ,  cou¬ 
lent  le  tout ,  et  d’icelle  colature  en 
donnent  trois  ou  quatre  doigts,  plus 
ou  moins ,  au  malade  de  peste  ,  selon 
qu’il  est  besoin  :  puis  on  le  met  dedans 
le  lit,  et  on  le  couure  bien.  Icelle 
meslange  prouoque  beaucoup  la 
sueur,  et  chasse  le  venin ,  d’autant 
qu’elle  est  cordiale,  et  a  vne  grande 
euaporation  spiritueuse,  ioint  qu’elle 
est  alexitere,  comme  ou  peut  voire 
par  ses  ingrediens. 

Aussi  la  potion  suiuante  a  esté 
expérimentée  auec  heureux  succès,  et 
est  principalement  propre  pour  les 
rustiques. 


Prenez  raoustardc  a  re  (et  non  faicte  do 
moust),  demi  once;  deslaycz-la  en  vin 
blanc  et  vn  peu  d’eau  de  vie,  et  y  mes- 
lez  le  gros  d’vne  feue  de  Iheiiaque  ou 
rnelhridat. 

Puis  l’ayant  beuë,  se  faut  pourme- 
ner  et  suer,  comme  dessus  est  dit. 

Pareillement  le  remede  suiuant  leur 
sera  conuenable.  11  faut  prendre  vn 
gros  oignon  et  le  creuser,  et  y  mettre 
du  theriaque  ou  rnelhridat,  demie 
dragme  auec  vinaigre ,  et  faire  cuire 
le  tout  ensemble,  puis  l’exprimer  :  et 
de  ce  on  en  baillera  à  boire  au  ma¬ 
lade  auec  eau  d’ozeille  ou  de  char¬ 
don  benist,  ou  autre  eau  cordiale,  ou 
de  bon  vin  :  puis  on  le  fera  pourme- 
ner  tant  et  si  peu  qu’il  sera  besoin, 
et  après  on  le  mettra  dans  vn  lit 
pour  suer,  comme  dessus  :  ou  on  fera 
comme  s’ensuit. 

Prenez  teste  d’ail  la  quantité  d’vne 
noix  assez  grosse,  vingt  fueilles  de 
rue  et  autant  d’esclaire,  qu’on  ap¬ 
pelle  en  latin  Chelidonium  mains  : 
pilez  tout  auec  vin  blanc,  et  vn  peu 
d’eau  de  vie  ,  puis  exprimez  :  et  en 
beuuez  cinq  ou  six  doigts.  Aucuns 
prennent  du  jus  d’esclaire  et  de  mau- 
ues,  tiré  auec  quatre  doigts  de  vi¬ 
naigre,  qu’ils  boiuent  auec  deux 
doigts  d’huile  de  noix  :  puis  se  pour- 
menent  assez  longuement ,  et  tost 
après  vomissent,  et  leur  ventre  s’ou- 
ure,  et  vont  à  la  selle;  et  par  ce 
moyen  sont  guarantis.  Autres  vsent 
de  fueilles  delaureole  desseichées,  le 
poids  d’vu  escu,  plus  ou  moins,  selon 
la  vertu  du  malade,  lesquelles  ils 
trempent  deux  iours  dedans  du  vi¬ 
naigre  et  en  donnent  à  boire  :  cela 
les  fait  suer,  vomir  et  asseller,  et  par 
ce  moyen  chasse  le  venin  :  qui  est  vn 
remede  plus  commode  lors  que  le  vice 


13E  I,A  t>ESTË. 


est  aux  humeurs  ,  comme  aussi  sont 
les  suiuans 

Matlhiole,  au  liure  de  la  Verole,  dit 
que  la  poudre  de  mercure  donnée 
auec  vn  peu  de  suc  de  chardon  benist, 
ou  elecUiaire  de  gemmis^  chasse  la 
peste  deuant  qu’elle  soit  conflrmée, 
en  faisant  vomir,  suer,  et  asseller. 
Outre- plus  ledit  Matthiole  conseille 
de  donner  de  la  coupperose  dissoute 
en  eau  rose,  le  poids  d’vn  escu,  aux  I 
pestiférés,  parce  qu’elle  fait  vomir  et 
suer  et  asseller:  et  par  ce  moyen 
chasse  le  venin. 

Autres  donnent  de  l’huile  de  scor- 
pions  en  petite  quantité  auec  vin 
blanc ,  laquelle  prouoque  grande¬ 
ment  le  vomir,  et  peut  attirer  et  va- 
cuer  auec  soy  le  venin  pestiféré  :  et 
mesmement  en  frottent  la  région  du 
cœur ,  et  les  arteres  des  temples  et 

1  II  y  a  encore  eu  ici  un  retranchement , 
opéré  cette  fois  dès  1675  sur  le  texte  primi¬ 
tif;  en  effet,  après  ce  paragraphe,  on  lisait  : 

«  Aucuns  ne  craignent  à  prendre  la  pe¬ 
santeur  d’vn  escu  de  poudre  de  mercure 
bien  calcinée  ,  et  la  mistionnent  auec  con- 
serue  de  roses  ou  colignac  la  quantité  d’vne 
drachme ,  et  la  donnent  à  avaler  comme 
autres  pilules  :  puis  font  pourmener  le  ma¬ 
lade  ,  et  le  gardent  de  dormir  :  et  certaine¬ 
ment  la  dicte  poudre  fait  grande  euacualion 
tant  par  haut  que  par  bas,  et  fait  ietter  di- 
uerses  couleurs  d’humeurs  par  les  selles,  ce 
que  i’ay  expérimenté  :  aussi  Maihiolele  con¬ 
firme  au  livre  de  la  Ferole,  disant  qu’icelle 
poudre  de  mercure,  donnée  auec  vn  peu  de 
suc  de  chardon  beneit,  etc.  » 

Je  ne  saurais  comprendre  pourquoi  Paré 
a  supprimé  celte  mention  d’un  remède  qu’il 
dit  avoir  lui-même  experimenié  ;  mais .  quoi 
qu’il  en  soit ,  on  est  frappé  de  voir  avec 
quelle  hardiesse  il  essayait  les  médicaments 
les  plus  nouveaux  et  les  plus  héroïques;  et 
l’on  comprend  qu’il  n’avait  pu  voir  employer 
autour  de  lui  l’antimoine  sans  chercher  à 
en  apprécier  directement  la  valeur. 

III. 


417 

du  poignet.  Et  d’autant  que  ce  venin 
peslilent  est  ennemy  mortel  de  Na¬ 
ture  ,  partant  il  faut  le  combattre, 
tant  par  qualités  manifestes,  que  par 
antidotes. 

Or  telles  grandes  euacuations  ne 
sont  louées  pour  cure  reguliere,  mais 
irreguliere,  et  ne  sont  aussi  à  reiet- 
ter,  pour  ce  qu’ils  diuertissent  et  va- 
cuent  l’humeur  veneneux ,  tant  par 
le  ventre,  vomissement,  que  par 
sueurs.  Et  ne  faut  vser  de  médecines 
trop  debiles  en  maladie  si  cruelle  et 
forte ,  pource  qu’elles  ne  font  gueres 
d’action ,  ains  seulement  esmeuuent 
les  humeurs  sans  les  euacuer,  dont 
souuent  la  fléure  s’augmente.  Et  par¬ 
tant  si  on  connoist  que  tels  remedes 
purgatifs  n’ayent  fait  suffisamment 
leur  deuoir,  tu  les  dois  reïterer  et 
augmenter  ;  car  (comme  nous  auons 
dit)  aux  fortes  maladies  il  faut  vser 
de  forts  et  soudains  remedes  Tou- 
tesfois  se  faut  donner  garde  que  la 
médecin e  ne  soit  trop  forte,  parce 
qu’elle  prosterneroit  et  abbattroit  les 
vertus,  lesquelles  ne  pourroient  ba¬ 
tailler  en  vn  mesme  temps  contre 
deux,  à  sçauoir ,  contre  la  medecine 
et  le  venin  :  et  par  ainsi  on  pourroit 
empescher  le  mouuement  de  Nature 
à  ietter  le  venin  hors  :  partant  sur 
toutes  choses  la  vertu  et  force  du 
malade  doit  estre  recommandée.  Et 
I  pour  ceste  cause ,  ie  conseille  que  les 
remedes  ainsi  forts  et  violens  ne  soient 
donnés  qu’aux  forts  et  robustes, 
comme  laboureurs,  mariniers,  cro- 
cheteurs,  chasseurs,  elautres  de  forte 
complexion,  si  ce  n’est  en  petite  quan¬ 
tité.  Et  après  auoir  vsé  de  medica- 
mens  laxatifs,  il  faut  donner  des 
choses  qui  roborent  l’estomach ,  et 
repoussent  le  venin  du  cœur ,  et  ap- 

I  1  Hippocrates ,  Aph.  6.  liu,  1 .  —  A.  F. 

27 


LE  VINGT-QVATRIÉME  LIVRE, 


4i8 

paisent  l’agitation  des  humeurs , 
comme  la  composition  d’alkermes,  ou 
autres  choses  cy  dessus  mentionnées 
au  chapitre  des  Alexiteres. 


CHAPITRE  XXVIII. 

DES  ACCIDENS  ET  COMPLICATIONS  DES 
MALADIES  QVI  ADVIENNENT  AVX  PES¬ 
TIFERES  :  ET  PREMIEREMENT  DE  LA 
DOVLEVR  DE  TESTE. 

Il  nous  conuient  à  présent  traiter 
des  accidens  qui  le  plus  soutient 
aduiennent  en  ceste  détestable  ma¬ 
ladie  ,  et  de  la  correction  d’iceux  : 
comme  sont  douleur  de  teste  et  de 
reins,  éruptions  et  pustules  faites  au 
cuir,  apostemes  ,  charbons ,  flux  de 
ventre,  et  vne  infinité  d’autres:  et 
commencerons  par  la  douleur  de 
leste,  laquelle  est  fort  commune  en 
ceste  maladie.  Car  si  le  venin  est  raui 
au  cerueau,  et  que  Nature  ne  l’ait 
peu  expeller,-  adonc  adui«  nt  en  iceluy 
et  en  ses  membranes  inflammation  , 
laquelle  venant  principalement  à 
saisir  et  occuper  la  partie  anterieure, 
le  sens  commun  et  imagination  se 
troublent  :  si  c’est  au  milieu,  il  ne  ra¬ 
tiocine  point  :  et  si  c’est  en  la  partie 
postérieure,  il  perd  sa  mémoire  :  dont 
le  plus  souuent ,  par  faute  d’y  remé¬ 
dier  ,  le  malade  tombe  en  déliré , 
frenesie,  manie  et  rage  :  laquelle  ne 
vient  seulement  à  cause  de  la  qualité 
chaude,  mais  par  vne  particulière 
malignité  du  venin. 

Or  ceste  douleur  si  grande  et  ex¬ 
trême  prouienl  d’vne  trop  grande  et 
abondante  quantité  de  sang,  et  de 
certaines  vapeurs  putrides  qui  mon¬ 
tent  des  punies  inferieures  à  la  teste. 
Qu’il  soit  vray,  on  leur  voit  la  face  et 
jes  yeux  fort  enflammés,  rouges  et 


larmoyans,  auec  grande  pesanteur  et 
chaleur  de  toute  la  teste  :  partant  il 
faut  soigneusement  subueiiirà  tel  ac¬ 
cident. 

Donc  pour  la  curation,  il  faut  pre¬ 
mièrement  ouurir  le  ventre  parclys- 
teres,  et  après  saigner  la  veine  cé¬ 
phalique  du  costé  auquel  sera  la 
plus  grande  douleur.  El  si  pour  cela 
la  douleur  ne  cesse  pas,  alors  on  in¬ 
cisera  les  arteres  des  temples ,  et  on 
tirera  du  sang  selon  la  vehemence 
du  mal  et  la  vertu  du  malade.  Et 
ne  faut  différer  à  ouurir  telles  arteres 
des  temples,  et  tirer  du  sang,  pour 
crainte  qu’aprés  on  ne  peust  estan- 
cher  le  sang  à  cause  de  leur  mouue- 
ment  (qui  est  syslolé  et  diastole,  c’est 
à  dire  contraction  et  dilatation)  :  car 
véritablement  ie  l’ay  fait  plusieurs 
fois,  et  n’ay  trouué  non  plus  de  dif¬ 
ficulté  à  l’estancher  que  des  veines  , 
ioint  aussi  qu’au  lendemain  on  trou- 
uoit  l’ouuerture  aussi  tost  consolidée 
qu’és  veines.  Parquoy  ne  faut  crain¬ 
dre  à  inciser  lesdites  arteres  :  et  vous 
puis  asseurer  qu’on  voit  grand  effet 
du  sang  qui  est  vacué  par  icelles, 
voire  cent  fois  plus  que  des  veines  ; 
qui  demonstrebien  que  la  matière  pu¬ 
tride  et  vaporeuse  est  plus  contenue 
en  icelles  qu’és  veines  ‘. 

On  pourra  semblablement  prouo- 
quer  la  saignée  par  le  nez ,  si  on  voit 
que  Nature  y  tende  :  car  elle  profile 
grandement  aux  obstructions  et  in¬ 
flammations  du  cerueau  et  de  ses 
membranes,  et  peut  par  icelles  estre 
vacué  beaucoup  de  sang  pourri  et 
corrompu  :  car  par  telle  vacuation,  on 
voit  délires  et  fiéures  ardentes  allégées 
et  du  toulguaries:  ce  qui  est  aussi 

1  Compartiz  ce  passage  surl’arlériotomie  à 
ce  qu’il  en  a  dit  au  chapitre  de  la  Migraine, 
tome  II,  page  412. 


DK  LA  PESTE. 


419 

proimé  par  Hippocrates  »,  disant  (ju’à  bouche  eau  froide,  et  dedans  le  nez 
celuy  qui  a  grande  douleur  de  teste,  du  cotlon ,  dn  saulx,  ou  quelque  res¬ 
la  boue, eau, ou  sangdecoulantparla  trainctiffalt  de  poil  d’entre  les  cuis- 
boucheelparlenez,ôupaflesoreilles,  ses  ou  la  gorge  du  liéure,  bol  ar¬ 
guai  it  la  maladie.  Par  quoy  faut  que  mene,  terre  sigillée  incorporée  auec 
le  chirurgien  aide  Nature  à  ietter  hors  jusdeplantin  etcentinode,  ou  autre 
ce  qui  luy  nuit  :  à  quoy  elle  par-  semblable:  et  le  situer  en  lieu  frais, 
uh  ndra,  en  faisant  que  le  malade  et  qu’il  puisse  attirer  l’air  à  son  aise, 
s’etforce  à  moucher,  et  gratter  auec  Et  pour  retourner  à  nostre  propos, 
l’ongle  le  dedans  son  nez ,  ou  qu’il  se  après  la  saignée,  si  la  douleur  perse- 
pique  auec  soye  de  porc,  et  qu'il  ueroit,etqu’on  veist  les  veilles  estre 
tienne  sa  teste  en  bas ,  à  fin  d’ouurir  grandes,  de  façon  que  le  pauure  ma- 
quelque  veine  de  laquelle  la  matière  lade  ne  peust  dormir  ny  nuit  ne  iour, 
coniointe  se  peut  euacuer.  à  cause  des  vapeurs  putrides  qui  ont 

Quelquesfois  à  aucuns  le  sang  s’es-  eschaufifé  et  desseiché  le  cerueau, 
coule  de  soy-mesme ,  par  ce  qu’il  est  alors  it  faut  vser  de  remedes  qui  pro¬ 
chaud  subtil  et  bilieux,  aussi  que  uoquent  le  dormir,  et  ayent  la  fa- 
Nature  veut  faire  sa  crise;  ce  que  i’ay  cullé  de  refroidir  et  humecter,  les- 
veu  aduenir  à  monsieur  de  Fontaine,  quels  seront  administrés  tant  par  de- 
cheuaiier  de  l’ordre  du  Roy  (sa  Ma-  dans  que  par  dehors.  El  pour  exem- 
jesté  estant  à  Bayonne),  lequel  auoit  pie,  on  pourra  donner  à  manger  au 
vne  fiéure  continue  et  pestiiente ,  ac-  malade  orge  mondé ,  fait  auec  eau  de 
compagnée  de  plusieurs  charbons  en  nénuphar  et  d’ozeille ,  de  chacun 
diuerses  parties  du  corps,  et  fut  deux  deux  onces,  opium  six  ou  huit  grains, 
iours  sans  cesser  de  saigner  par  le  des  quatre  semences  froides  et  du 
nez  :  et  par  iceluy  flux  sa  fiéure  cessa  pauot  blanc,  de  chacun  demie  once, 
auec  vne  Ires-grande  sueur  ;  ettosl  En  ses  potages  on  mettra  laictues, 
après  ses  charbons  suppurèrent,  et  pourpié,  semence  de  pauot,  et  des 
fut  par  moy  pensé ,  et  par  la  grâce  semences  froides  concassées.  On  luy 
de  Dieu  guari.  En  tel  cas  faut  laisser  pourra  aussi  donner  vne  pilule  de 
couler  ledit  flux  :  mais  si  on  voyoit  cynoglossa,  dans  laquelle  y  entre 
que  Nature  fnst  desreiglée  et  iettast  de  l’opium.  Semblablement  oh  luy 
trop  de  sang, par  la  vuidange  duquel  pourra  faire  prendre  vn  p6ü  de  dia¬ 
les  forces  s’affoiblissejnt  trop,  adonc  codion  siûe  speciebus.  Et  pour  son 
il  doit  estre  arreslé,  tant  par  ligatures  boire ,  eaux  de  laictues  et  de  nenu- 
fortes  faites,  aux  bras  et  iambes ,  ap-  phar,  ausquels  On  aura  fait  boüillir 
plication  de  ventouses  sous  lesmam-  semences  de  pauot ,  à  sçauoir  demie 
molles  et  sur  les  parties  honteuses,  once  d’icéiuy  auec  trois  onces  des- 
ou  sous  les  aisselles  ,  estouppes  ou  dites  eaux,  ou  vne  once  et  demie  de 
esponges  imbues  en  oxycral  ou  quel-  syrop  de  nénuphar,  ou  de  pauot,  auec 
que  autre  liqueur  froide,  et  appli-  trois  onces  de  la  décoction  de  laictues, 
quees  froides  et  reïterées  souuent.  ou  la  potion  suiuante  ». 

Pareillement  on  luy  fera  tenir  en  sa 

»  Cette  formule  manque  dans  les  éditions 
i- Hippocrates  ,  Aph.  10.  h«.  6.  -  ■  A.  P.  de  15G8  et  de  1575. 


LE  VlNG'î'QVÂTlllERlE  LlVBË 


420 

‘2f.  Lactncarum  reccntium  m.j. 

Florurn  nénuphar,  et  viol,  ana  p.  ij. 

Caput  vnurn  papauer.  albi  contusum 
cum  seminib.  pondéré  3.  ij. 

Liquiritiæ,  passul.  ana  3.  j.  û. 

Fia  Idecoctio:  in  colatura  dissolue  : 

Diacodij  sine  specieb.  §  .  j. 

Fiat  polio  larga  danda  hora  somni. 

Outre-plus ,  on  doit  vser  de  clyste- 
res  dormitifs  pour  refroidir  la  vehe- 
raente  chaleur  qui  est  au  centre  du 
corps ,  faits  en  la  maniéré  qui  s’en¬ 
suit. 

"if.  Decoctionis  hordei  mundali  quartaria  iij. 

Olei  violati  et  nenupharis  ana  §  .  ij. 

Aquæ  plantaginls  et  portulacæ  vel  suc- 
corum  5-i'j- 

Caphuræ  g .  vij. 

Album,  ouor.  iij. 

Fiat  clysler. 

Et  quant  aux  choses  qu’il  conuient 
faire  par  dehors,  il  faut  raser  le  poil, 
et  appliquer  sur  toute  la  teste  de 
l’oxyrhodinum ,  qui  est  huile  et  vi¬ 
naigre  mislionnés  ensemble ,  et  luy 
laisser  dessus  vn  linge  en  double 
trempé,  lequel  sera  rénouuellé  et 
remouillé  sourient.  Pareillement  on 
appliquera  poulmons  de  veau  ou  de 
mou  Ion  recenteroent  tirés  de  la  beste, 
ou  vn  coq  vif  fendu  en  deux ,  et  le 
renouuellera-on  ainsi  qu’on  verra 
estre  besoin.  Semblablement  on  ap¬ 
pliquera  des  ventouses  derrière  le 
col  et  sur  les  espaules,  sans  scarifica¬ 
tion  ,  et  auec  scarification.  Aussi  on 
fera  des  frictions  et  ligatures  aux 
bras  et  aux  iambes ,  à  fin  de  diuertir 
et  euacuer  vne  partie  de  la  matière. 
Outre-plus,  luy  sera  fait  vn  frontal 
en  ceste  maniéré. 


"if..  Olei  rosati  et  nenupharis  ana  5  •  ij- 
Olei  papaueris  § .  fi . 

Opij  3.j. 

Aceti  rosati  §  .  j. 

Caphuræ  3.  fi. 

Ces  choses  soient  incorporées  en¬ 
semble  ,  et  soit  fait  vn  frontal ,  lequel 
doit  estre  réitéré  par  fois  :  et  seront 
continuées  ces  choses  seulement  ius- 
qu’à  ce  que  la  vehemente  inflamma¬ 
tion  soit  passée ,  de  peur  de  trop  ré¬ 
frigérer  le  cerueau. 

Aussi  on  luy  fera  sentir  au  nez 
fleurs  de  pauot,  iusquiame,  nénuphar, 
mandragore,  broyées  auec  vinaigre  et 
eau  rose,  et  vn  peu  de  camphre, 
enueloppées  ensemble  en  vn  mou¬ 
choir  :  et  soient  tenues  assez  longue¬ 
ment  contre  le  nez ,  à  fin  que  l’odeur 
se  puisse  communiquer  au  cerueau , 
et  par  ce  moyen  soit  prouoqué  le 
dormir.  On  luy  peut  pareillement  ap¬ 
pliquer  cataplasmes  sur  le  front  à  ces 
mesnies  fins,  comme  peut  estre  le 
suiuant. 

Mucilaginîs  seminis  psyllij  et  cydonio- 
rum  in  aqua  rosarum  extractæ  §.  iij. 
Farinæ  hordei  g.iiij. 

Pulueris  rosarum  rubrarum ,  florurn  ne- 
nupbaris,  violarum  ana  5.  G. 

Serninis  papaueris  et  portulacæ  ana  3  ,  ij. 
Aquæ  rosarum. et  aceti  rosati  ana  iij. 
Fiat  cataplasma. 

Et  l’appliquez  tiede  sur  le  front  et 
mesme  sur  toute  la  teste. 

Autre. 

Succorum  lactùcæ,  nenupharis,  hyos- 
cyami,  portulacæ  ana  Ib.  ft. 

Rosarum  rubrarum  puluerisalarurn ,  se¬ 
minis  papaueris  ana  5  .  n,. 

Olei  rosati  §  .  üj. 

Aceti  3  .  ij. 

Farinæ  hord.  quantum  sufficit. 

Fiat  cataplasma  ad  formam  pullis  salis  li- 
quidæ. 


DE  LA  PESTE.  4^1 


CHAPITRE  XXIX. 

DE  LA  CHALEVn  DES  REINS. 

Pareillement  pour  d’auantage  di¬ 
minuer  la  chaleur  des  reins ,  on  ap¬ 
pliquera  dessus  de  l’onguent  réfrigé¬ 
rant  de  Galien  recentement  fait,  y 
adioustant  blancs  d’œufs  tres-bien 
battus,  à  fin  que  son  humidité  soit 


Après  l’inflammation  appaisée,  on 
fera  des  fomentations  resolutiues,  à 
fin  de  résoudre  quelque  humeur  con¬ 
tenu  au  cerueau  et  en  ses  membra¬ 
nes.  Et  en  cest  endroit  noteras, que 
plusieurs  sont  deceus  aux  grandes 
douleurs  de  teste  causées  par  inflam¬ 
mation  ,  qui  commandent  de  serrer 
et  lier  très-fort  la  teste  pour  appaiser 
la  douleur  :  car  tant  s’en  faut  que 
cela  y  profite ,  qu’au  contraire  l’aug¬ 
mente  ,  parce  qu’au  moyen  de  ceste 
astriction  le  mouuement  des  arteres 
estempesché  ;  desquelles  rvsage,qui 
est  d’euentiller  et  rafraîchir  le  corps, 
tant  par  attraction  de  l’air  qui  nous 
auoisine  que  par  expression  d’excre- 
mens  chauds  et  fuligineux,  est  de 
beaucoup  empesché  et  aboli  ;  outre¬ 
plus  serrent  èt  compriment  les  sutu¬ 
res  ou  iointures  des  os  du  crâne ,  et 
en  ce  faisant,  gardent  que  les  vapeurs 
et  fumées  ne  se  peuuent  euaporer.  Et 
partant  sont  cause  d’accroistre  vne 
extreme  douleur  et  chaleur,  fiéure, 
resuerie,  et  autres  grands  accidens, 
voire  quelquesfois  iusqu’à  faire  sortir 
et  creuer  les  yeux  hors  de  la  teste ,  et 
estre  cause  de  la  mort  des  pauures 
malades  :  ce  que  i’atteste  auoir  veu , 
ainsi  que  i’ay  escriten  mon  liure  des 
Planes  de  la  teste  humaine  G  . 

D’auantage ,  aucuns  sont  si  endor¬ 
mis  et  assommés ,  qu’ils  ne  se  peu¬ 
uent  aider  :  partant  il  leur  faut  met¬ 
tre  dedans  le  nez  choses  odorantes , 
et  qui  ont  vertu  de  les  faire  esternuer, 
à  tin  que  la  faculté  animale  soit  ai¬ 
guillonnée  et  excitée  à  se  defendre  : 
et  s’ils  ne  se  peuuent  aider,  il  leur 
faut  ouurir  la  bouche  par  force,  pour 
leur  faire  aualler  quelque  aliment  ou 
médicament. 

1  Yoyez  tome  II,  pages  47  et  79. 


plus  longuement  gardée  :  et  faut  re- 
nouueller  à  chaque  quart  d’heure, 
et  l’essuyer  quand  on  en  mettra  d’au¬ 
tre  :  ce  que  l’on  fera  iusqu’à  quatre 
fois  :  car  autrement  estant  eschauffé 
en  la  partie ,  il  ne  refrigereroit  pas , 
mais  plustost  augmenteroit  la  cha¬ 
leur.  Aussi  on  pourra  vser  du  remede 
suiuant. 

7C.  Aquarum  rosarum  H>.  C>. 

Succi  plantaginis  §.  iiij. 

Albumina  ouorum  iiij. 

Olei  rosacei  et  nenupharis  ana  §  .  ij 

Aceti  rosati  § .  iij. 

Misce  ad  vsum. 

Les  reins  estans  frottés  del’vn  des¬ 
dits  onguens  ,  on  appliquera  dessus 
fueilles  de  nénuphar  recentes,  ou 
autres  semblables  herbes  réfrigéran¬ 
tes  ,  puis  après  vne  seruiette  trempée 
en  oxycrat ,  et  espreinte  et  renouuel- 
lée  souuent. 

Aussi  le  malade  ne  couchera  sur 
lits  de  plume  ;  ains  luy  sera  mis  par 
dessus  vn  matteias,  ou  vne  paillasse 
d’auoine,  ou  vn  gros  linceul  de  toile 
neufue  ployé  en  plusieurs  doubles, 
ou  du  camelot ,  de  peur  que  la  plume 
n’augmente  d’auanlage  la  chaleur 
des  reins ,  et  vniuersellement  de  tout 
le  corps.  On  pourra  aussi  appliquer 
sur  la  région  du  cœur  vn  médicament 


le  VINGT-QVATmÉME  LIVRE 


réfrigérant  et  contrariant  au  venin , 
comme  cestuy  suiuant. 

Vnguenti  rosati  §  .  ilj. 

Olci  nenupharis  §  .  ij. 

Accii  rosaü  et  aquæ  rosa  ana  § ,  j. 

Theriacæ3.j, 

Croci  3.  fi . 

I.esdiles  choses  soient  incorporées 
et  fondues  ensemble,  et  suit  fait  on¬ 
guent  mol ,  lequel  sera  estendu  sur 
vne  piece  d’escarlate.ou  sur  du  cuir, 
et  appliqué  sur  la  région  du  cœur. 

Autre. 

Theriacæ  optirnæ  3.  j. 

Succi  acidi  citri  et  limonis  ana  5 .  fi . 

Corail»  rubri,  seinin.  rosar.rub.ana3.  fi . 

Caphuræ ,  croc»  ana  g  •  ü'j- 
Incorporentiir  omnia  simul  :  fiat  yngijen- 
tum  yel  linimentum. 

D’abondant  on  fera  pleuuoir  par 
artifice,  en  faisant  découler  de  l’eau 
de  quelque  haut  lieu  dans  vn  bassin, 
et  qu’elle  face  tel  bruit  qu’elle  puisse 
estre  entendue  du  malade.  Et  aussi 
luy  faudra  frotter  doucement  les 
mains  et  pieds,  euitant  tout  bruit  en 
la  chambre,  de  laquelle  on  tiendra 
les  portes  et  fenestres  closes ,  à  fin 
qu’elle  soit  nmdue  plus  obscure  : 
aussi  sera  rafraichie  auec  les  choses 
prédites ,  euitant  lousiours  les  odeurs 
chaudes,  pour-ce  qu’elles  nuisent 
beaucoup  à  la  douleur  de  teste ,  cau¬ 
sée  de  matière  chaude. 


CHAPITRE  XXX. 

ACCIDENS  DE  PESTE 

Il  y  a  vn  accident  de  peste,  appellé 
Caque-sangue,  qui  est  vn  flux  de  ypn- 

1  Ce  chapitre  vient  de  la  petite  édition  du 
Discours  de  la  Peste  de  1682 ,  et  a  été  trans¬ 
porté  ici  en  1586. 


tre  qui  vlcere  et  corrode  les  intestins, 
tellement  que  par  les  selles  on  voit 
sortir  comme  vne  raclure  de  boyaux, 
et  du  sang  tout  pur,  autresfois  du  pus 
ou  boue,  ou  autres  matières  puru¬ 
lentes,  auec  vne  extreme  douleur, 
qui  irrite  le  malade  d’aller  souuènt  à 
la  selle  :  et  n’y  peut  rien  faire,  ou 
bien  peu ,  encore  est-ce  auec  de  bien 
grandes  espreintes  :  et  ce  qu’il  iette 
est  fort  puant ,  et  de  diuerse  couleur, 
comme  rousse,  iaunastre,  verte, 
cendrée,  noire,  vpire  Je  sang  tout 
pur. 

Ce  que  i’ay  yeu  plusieurs  fois  adue- 
nir,  mesme  au  camp  d’Amiens,  où 
plusieurs  moururent  de  tel  flux ,  le^ 
quel  estoit  fort  contagieux,  et  prin¬ 
cipalement  à  ceux  qui  alloiept  aux 
priués  après  eux,  et  pour  y  auoir 
ictté  tels  excremens.  Si  que  voulant 
sçauoir  le  lieu  d’ou  ceste  grande  quan¬ 
tité  de  sang  pouuoit  sortir,  ie  fis  ou- 
Uerture  de  quelques  yns  après  leur 
mort,  et  trouuay  les  bouches  des  yei- 
nes  et  arleres  niezaraïques  ouuerles 
et  tuméfiées  là  par  où  elles  aboutis¬ 
sent  dedans  les  iritestins,  en  forme  de 
petits  cotylédons  de  grosseur  d’vn 
petit  pois,  desquels  lors  que  ie  les 
pressois,  le  sang  sortpit  à  veué  d’œil: 
et  par  là  ie  conneus  les  yoyes  par 
lesquelles  le  sang  estoit  ietté  par  les 
selles.  Monsieur  Le  Grand,  médecin 
ordinaire  du  Kpy,  qui  estoit  auec 
moy  au  camp  par  le  commandement 
du  rpy  defunct  Renry ,  en  sauua  plu¬ 
sieurs  :  et  entre  autres  reinedes  leur 
laisuit  boire  du  lait  de  yaclielerré, 
et  aussi  en  faisoit  spuuent  ietler  par 
le  siégé,  pour  corriger  et  adoucir 
l’acriinunie  de  l’humeur. 

De  la  Coqueluche. 

Il  y  a  yn  accident  de  peste  appellé 
Coqueluche,  ainsi  dit,  parce  que  ceux 


DK  L4 

qui  en  estoîent  esprins  sentoient  vue 
exlrome  douleur  de  leste ,  et  à  l’eslo- 
wach,  aux  reins  et  aux  iambes,  auec 
fléure  continue,  et  souuent  attec  de- 
lire  et  frenesie  :  et  lors  qu’on  lespur- 
geoit  QU  saignoit ,  on  a  conneu  leur 
auoir  abbregé  leurs  iours. 

La  Suelle. 

Il  y  a  vn  autre  accident,  appellé  la 
Suette,  qui  a  esté  en  Angleterre  et 
aux  basses  Alleniagnes,  ainsi  nommée 
parce  que  les  patiensauoient  vne  bien 
grande  sueur  vniuerselle,  auec  grand 
frisson ,  tremblement  et  palpitation 
de  cœur,  accompagnée  de  üéure  con¬ 
tinue  ,  et  mourolent  en  peu  de  iours: 
et  tua  vn  bien  grand  nombre  de  peu¬ 
ple. 

Tronsse-gcflandj 

Il  y  a  vn  autre  accident ,  appellé 
trousse-galand ,  qui  a  esté  au  Puy  en 
Auuergne ,  ainsi  nommé  parce  que 
ceux  qui  en  estoient  esprins,  mou- 
roient  en  deux  ou  trois  iours,  et  plus- 
tost  les  robustes  que  les  foibles  et  de- 
biles  ,  et  les  riches  que  les  panures  : 
auec  fléure  continue,  déliré  et  frene¬ 
sie,  et  mouroient  comme  enragés,  en 
sorte  qu’il  les  falloit  lier  et  attacher. 
Si  quelqu’vn  reschappoit,  tout  le  poil 
luy  tomboit  :  et  ceste  maladie  estoit 
fort  contagieuse. 


CHAPITRE  XXXI. 

DES  EBVPTIONS  ET  PVSTVEES  APPELLÉES 
POVBPRE. 

A  aucuns  aduiennent  éruptions  au 
cuir,  semblables  à  morsures  de  puces 
ou  de  punaises  :  aussi  sont  quelques- 
foisesleuées,  comine  petits  grains  de 
mil ,  ou  de  petite  verolle  qu’on  voit  i 


PESTK.  4^3 

aux  enfans.Et  lors  qu’elles  sont  trou- 
uées  en  grande  quantité,  c’est  bon  si¬ 
gne  :  au  contraire  non.  Aussi  selon 
la  vehemence  du  venin  et  la  matière 
dont  elles  sont  procréées,  sont  veuës 
de  diuerses  couleurs ,  à  sçauoir  rou¬ 
ges,  citrines,  tannées,  violettes,  azu¬ 
rées,  liuides  ou  noires.  Les  vulgaires 
les  appellent /e  Tac,  les  autres  le  Pour¬ 
pre,  pour-ce  qu’elles  sont  souuentes- 
fois  trouuées  à  la  similitude  de  graine 
de  pourpre  :  autres  les  appellent  len¬ 
ticules,  parce  qu’elles  sont  veuës  quel- 
quesfois  comme  petites  lentilles  :  aussi 
aucuns  les  nomment  papillots,  à  cause 
qu’elles  se  manifestent  tantost  au  vi¬ 
sage,  lantost  aux  bras  et  iambes,  vol- 
ligeans  de  place  en  place  comme  pe¬ 
tits  papillots  volans.  Et  quelquesfois 
occupent  tout  le  corps,  non  seule¬ 
ment  la  superficie  du  cuir,  mais  pé¬ 
nétrent  plus  profondément  dedans  la 
chair,  principalement  lors  qu’elles 
sont  faites  de  grosse  matière  aduste. 
Aucunes  sont  trouuées  grandes  et 
larges,  occupant  presque  tout  vn 
bras,  ou  vne  iambe,  ou  la  face,  comme 
vn  erysipele ,  et  parlant  diuersifient 
selon  que  l’humeur  peche  en  quantité 
ou  en  qualité.  El  si  elles  sont  de  cou¬ 
leur  purpurée ,  noire ,  ou  violette , 
auec  défaillance  de  cœur,  et  s’en  re¬ 
tournent  sans  cause  manifeste,  c’est 
vn  signe  infaillible  de  mort. 

La  cause  desdites  éruptions  est  la 
fureur  de  l’ebullition  du  sang ,  faite 
par  l’humeur  malin  et  veneneux. 

Elles  viennent  communément  auec 
la  fléure  pestilentielle,  et  quelques¬ 
fois  deuant  que  la  bosse  ou  charbon 
soient  apparus,  quelquesfois  aussi 
après  :  qui  alors  demonstrent  vne 
I  grande  corruption  d’humeurs  au 
1  corps  :  car  outre  l’expulsion  de  la 
matière  de  la  bosse  ou  du  charbon , 
ladite  corruption  est  si  abondante, 


LÊ  ViNGT-QVATRiiMK  LIVRE, 


4^4 

qii’ello  se  demotistre  aux  autres  lieux 
du  corps,  dont  le  plus  souuent  le  pau- 
lire  pestiféré  meurt.  Quelquesfois 
aussi  sont  trouuées  seules,  à  sçauoir 
sans  bosse  ny  charbons ,  et  alors 
qu’elles  sont  rouges,  sans  estre  ac¬ 
compagnées  d’autres  mauuais  acci- 
dens,  ne  sont  mortelles,  Elles  appa- 
roissent  communément  au  troisième 
ou  au  quatrième  iour,  et  quelquesfois 
plus  tard  :  aussi  souuentesfois  ne  sont 
apperceuës  qu’aprés  la  mort  du  ma¬ 
lade,  à  cause  que  l’ebullition  des  hu¬ 
meurs  faite  par  la  pourriture  n’est  du 
tout  esteinte  :  et  partant  la  chaleur 
qui  reste,  excitée  de  pourriture,  iette 
des  excremens  au  Cuir,  qui  fait  sortir 
les  éruptions  ^  Ou  plustost  parce  que 
Nature  sur  le  dernier  combat,  ayant 
monstré  quelque  effort  plus  grand 
(comme  est  la  coustume  de  toutes 
choses  qui  tirent  à  leur  fin)  que  d’or 
dinaire  ,  s’est  despestrée  sur  l'instant 
de  la  mort  de  quelque  portion  de  l’hu¬ 
meur  pestilent  vers  le  cuir  :  telle¬ 
ment  toutesfois  qu’affoiblie  de  tel  ef¬ 
fort,  a  succombé  sous  le  faix  et  mali¬ 
gnité  du  reste  de  la  matière. 


CHAPITRE  XXXII. 

DE  LA  CVEE  DES  ERVPTIONS. 

Pour  la  curation  des  éruptions,  il 
faut  se  garder  sur  tout  de  repousser 
l’humeur  au  dedans  ;  et  partant  faut 
euiter  le  froid  ,  pareillement  les  mé¬ 
decines  laxatiues,  la  saignée,  et  le 
dormir  profond,  parce  que  telles 
choses  retirent  les  humeurs  au  de¬ 
dans,  et  partant  pourroient  interrom- 

î  Le  chapitre  se  terminait  ici  en  1568  et 
1675  ;  le  reste  est  de  (679. 


pre  le  mouuement  de  Nature,  laquelle 
s’efforce  de  ietter  hors  ce  malin  hu¬ 
meur  :  mais  au  contraire  faut  suiure 
Nature  là  par  où  elle  tend*,  c’est  à 
dire ,  donner  issue  aux  humeurs  où 
elle  veut  faire  sa  descharge,  par  re- 
medes  qui  attirent  le  venin  au  de¬ 
hors,  et  principalement  par  sueurs  '^. 

Et  pour  encore  aider  Nature  à  pous¬ 
ser  le  pourpre  hors,  faudra  donner 
au  malade  vne  once  de  syrop  de  li¬ 
mons,  ou  de  grenades,  auec  deux  on¬ 
ces  d’eau  cordiale,  comme  de  melisse 
ou  scàbieuse,  y  adioustant  vne  demie 
dragme  de  theriaque  ou  de  methri- 
dat.  Aussi  pour  attirer  le  venin  au 
dehors ,  on  mettra  autour  du  col , 
sous  les  aisselles  et  aux  aines,  espôn- 
ges  trempées  et  exprimées  en  vne  dé¬ 
coction  d’herbes  resolutiues,  comme 
lauande,  laurier,  sauge,  rosmarin  , 
et  semblables.  Car  si  les  éruptions  ne 
sortent,  il  y  a  danger  que  le  venin  ne 
suffoque  le  cœur,  ou  qu’il  ne  face  vn 
flux  de  ventre  mortel. 

Et  pour  obuier  à  tels  accidens ,  ie 
mettray  icy  sur  le  bureau  vn  remede 
singulier,  que  i’ay  trouué  de  grand  et 
excellent  effet  (principalement  quand 
la  vertu  expullrice  est  foible  et  le 
cuir  trop  dur  et  reserré,  de  sorte  que 
le  pourpre  ne  peut  estre  ietté  dehors, 
mais  demeure  sous  te  cuir,  y  faisant 
petites  tubérosités)  qui  est  vn  on¬ 
guent  duquel  i’ay  guari  (par  la  grâce 
de  Dieu)  plusieurs  verollés.  Et  con- 
noissant  qu’en  la  verolle  y  auoit  vn 
certain  venin ,  qui  ne  se  peut  dire  ny 
escrire,  non  plus  que  celuy  qui  cause 
la  peste  (non  que  je  vueille  dire 

’  Hippocrates,  ^ph.  n.Uu.  1.  — A.  P. 

*  Jusqu’ici  le  chapitre  conserve  le  texte  de 
1568;  mais  les  deux  phrases  qui  suivent, 
jusqu  aux  mots  :  car  si  les  éruptions  ne  sor- 
leni,  ont  été  ajoutées  en  (686. 


OE  LA  PESTE. 


qu’elle  soit  maladie  epidemiale ,  dé¬ 
pendante  des  astres,  ny  de  l’inspira¬ 
tion  de  l’air,  mais  de  Dieu,  qui  par  ce 
moyen  punit  les  offenses  des  hommes 
et  femmes,  et  par  especial  du  péché 
de  luxure), ce  qu’on  voit  en  ce  qu’elle 
prend  le  plus  sonnent  son  commen¬ 
cement  par  contagion  des  parties  gé¬ 
nitales,  principalement  pour  habiter 
auec  hommes  ou  femmes  inhîcls  ou 
souillés  de  venin  verollique,  lequel 
traîne  auec  soy  vu  bien  grand  nom¬ 
bre  d’accidens,  ainsi  que  fait  celuy  de 
la  peste ,  comme  sont  pustules  ma¬ 
lignes  et  corrosiues,  qui  commencent 
aux  parties  honteuses,  puis  tost  après 
se  manifestent  .'i  la  teste  et  au  front, 
et  par  toutes  les  parties  du  corps; 
puis  vlceres  eh  la  bouche  et  aux  par¬ 
ties  honteuses  et  autres,  qui  les  man¬ 
gent  et  rongent  insques  aux  os  :  en 
après  leur  suruiennent  aposlemes 
dures  aux  os,  appellées  nodus,  ou 
goûtes  noüèes,  auec  extremes  dou¬ 
leurs  ,  et  principalement  la  nuit ,  qui 
passionnent  et  font  quasi  desesperer 
les  panures  verollès  :  et  quelque  temps 
après  leur  adulent  pourriture  aux  os, 
et  le  plus  sonnent  sans  enfleure  ou 
tumeur  extérieure  apparente ,  dont 
les  vns  perdent  les  yeux ,  autres  le 
nez,  les  autres  le  palais,  qui  est  cause 
qu’ils  parlent  regnaud  :  à  aucuns  la 
bouche  deuient  torse,  comme  à  vn 
renieur  de  Dieu,  et  bien  souuent  de- 
uiennent  ladres  ,  et  ont  autres  infinis 
accidens  :  et  pour  le  dire  en  vn  mot , 
ce  virus  venerien  rend  le  plus  sou¬ 
uent  le  panure  verollè  impotent  de 
tous  ses  membres,  et  finalement  pro¬ 
duit  vne  fièure  hectique,  qui  après 
l’auoir  rendu  tout  sec  ,  n’ayant  plus 
sur  le  corps  que  la  peau  ,  le  confine 
misérablement  à  la  mort.  Tous  les¬ 
quels  accidens  ne  peuucnt  estre  ap- 
paisès  ny  curés  par  aucun  remede, 


4^5 

fors  que  par  les  onctions  et  emplas- 
tres  vif-argentèes,  ou  parfums  cinna- 
barisès  ,  qui  sont  les  vrais  alexiteres 
de  ceste  détestable  verolle,  ainsi  que 
le  theriaque  et  methridat  sont  du 
tout  contraires  au  venin  pestiféré. 
Parquoycornoissantqueparle  moyen 
du  vif-argent  ceste  verolle  se  curoit, 
ie  voulus  semblablement  expérimen¬ 
ter  la  friction  vniuerselle,  pour  attirer 
le  venin  desdites  éruptions  au  dehors 
par  sueurs ,  auec  l’onguent  propre  à 
curer  la  verolle  ;  considérant  que  le 
vif-argent  est  la  vraye  contre-poison 
à  la  verolle  ,  et  qu’il  est  de  tres-sub- 
tile  substance  :  aussi  qu’il  liquéfié  les 
humeurs  gros  et  visqueux,  et  les  rend 
mobiles,  auec  le  theriaque  et  les  au¬ 
tres  medicamens  qui  entrent  en  la 
composition  de  cest  onguent ,  et  sti¬ 
mule  la  vertu  expulsiue  à  ietter  hors 
du  corps  et  abbatre  par  sa  faculté 
occulte  le  venin  pestiféré,  comme  il 
fait  au  virus  verollique ,  à  sçauoir 
tant  par  sueurs ,  que  par  insensible 
transpiration  ,  vomissemens ,  flux  de 
ventre  ,  flux  d’vrine ,  et  par  pustules 
euoquées  au  cuir  par  flux  de  bouche 
(spécialement  à  ceux  qui  sont  dis¬ 
posés  à  cracher)  et  autres  euacua- 
tions  :  parquoy  voyant  que  Nature 
tendoit  à  se  descharger  du  venin  par 
lesdites  éruptions  et  pustules  pur- 
purées,  i’en  ay  fait  frotter  quelques- 
vns,  comme  s’ils  eussent  eu  la  verolle  ; 
loutesfois  auparauantleur  faisais  don¬ 
ner  vn  clystere  ,  puis  l’ayant  rendu , 
leur  donnois  à  boire  quatre  doigts 
d’eau  theriacale,  l’estomach  estant 
vuide,  à  fin  de  prouoquer  la  sueur, 
pour  faire  mieux  sortir  les  humeurs, 
et  ce  pendant  corroborer  le  cœur.  Et 
au  lieu  de  l’eau  theriacale,  on  pourra 
vserde  la  décoction  de  gaiac,  d’autant 
qu’il  eschauffeet  seiche,  prouoque  la 
sueur,  et  résisté  à  la  pourriture.  Et 


A^G  LE  VINGT  QVATRl^ME  LIVRE, 


pour  le  faire  plus  vigoureux,  on  met¬ 
tra  eu  ladite  décoction  vu  peu  de  vin  ai¬ 
gre,  à  fin  de  le  rendre  de  plus  subtile 
substance  ;  ce  faisant  résistera  d’a- 
uantage  à  la  putréfaction  ,  et  mes- 
mement  si  te  corps  est  pituiteux.  Or 
quant  à  l’onguent  il  se  fera  ainsi  K 

"if.  Axungiæ  suillæ  ft».  j. 

Coqualur  aliquantulum  cum  foliorum  sal- 
uiæ,  tliymi,  rorismarini  ana  m.  fi. 
postea  coletur,  et  in  ea  extingualur  ar- 
genti  viui ,  quod  prius  in  aceto  ebullie- 
rit  cum  prædictis  herbis  g .  v. 

Salis  nitri  3.  iij. 

Theriacæ  et  mithridatij  ana  g .  îb. 

Terebenthinæ  Venetæ ,  olei  de  scorpio- 
nibns  et  laurini  ana  g .  iij. 

Vitellos  Quorum  ad  duritiem  coctos  nu¬ 
méro  vj. 

Aquæ  vitæ  3.  iij. 

Le  tout  soit  incorporé  en  vn  mor¬ 
tier,  et  soit  fait  onguent  :  duquel  on 
frottera  le  corps  du  malade,  et  prin¬ 
cipalement  les  aisselles  et  les  aines, 
euitant  la  teste,  les  parties  pectorales, 
et  l’espine  du  dos  :  puis  soit  enue- 
loppé  en  vn  drap  chaud,  et  nais  de- 
danslelitetcouuert,  et  qu’il  sue  deux 
heures  ou  plus  :  et  doit-on  mettre 
autour  de  son  lit  des  draps  rouges, 
et  qu’il  les  regarde  assiduellementet 
attentiuement  :  car  par  ce  regard  la 
maüere  veneneuse  est  attirée  du  de- 

1  Bien  que  ce  chapitre  ait  été  écrit  fort 
long-temps  avant  le  livre  de  la  grosse  Ve- 
roUe,  il  est  remarquable  que  Paré  n’en  ait 
rien  emprunté,  et ,  par  exemple,  que  celte 
formule  d’un  onguent  dont  il  se  loue  si  fort 
ait  été  omise  dans  ce  livre  spécial.  Du  reste, 
on  voit  que  l'idée  de  reeourir  aux  frictions 
mercurielles  dans  les  grandes  épidémies 
n’est  rien  moins  que  nouvelle,  et  ceux  qui 
l’ont  mise  à  exécution  à  l’époque  du  choléra 
ne  se  doutaient  guère  probablement  qu’ils 
avaient  été  précédés  par  A.  Paré. 


dans  au  dehors.  Puis  il  sera  essuyé 
legerement,  à  fin  que  le  médicament 
produise  d’auantage  sou  effet,  et  sera 
misen  vn  autre  lit,  s’il  y  acommo- 
dilé  :  puis  on  luy  donnera  quelque 
bouillon  de  chappon  ,  ou  des  œufs 
mollets,  ou  autres  bons  alimens  :  et 
faut  de  rechef  réitérer  la  friction  ius- 
ques  à  ce  qu’on  voye  que  lesdiles 
éruptions  soient  sorties  et  esteintes, 
qui  se  fait  en  deux  ou  trois  iours.  Que 
s’il  aduient  flux  de  bouche,  ne  le  fau¬ 
dra  empescher. 

Et  quand  on  voit  que  le  pourpre 
est  du  tout  sorti ,  et  les  sueurs  pas¬ 
sées,  encore  est-il  bon  de  donner  cho¬ 
ses  diurétiques,  c’est  à  dire,  prouoca- 
tiues  d’vrine,  parce  que  souuent  on 
voit  lesdiles  éruptions  estre  curées 
par  telle  déchargé. 

Outre-plus  seroit  bon  pour  les  ri¬ 
ches,  en  lieu  de  cest onguent,  fendre 
le  ventre  d’vn  cheual  ou  mulet ,  et 
osier  les  entrailles,  et  y  mettre  le 
malade  nud  ayant  la  teste  dehors,  et 
qu’il  y  demeure  iusques  à  ce  qu’il 
commence  à  se  refroidir  ;  puis  qu’il  se 
remette  subit  dans  vn  autre,  et  réi¬ 
téré  tant  de  fois  qu’on  verra  estre 
necessaire.  Et  telle  chose  est  fort 
loüée  des  anciens,  à  cause  que  la  cha¬ 
leur  naturelle  de  ces  besles  attire 
merueilleusement  le  venin,  tant  par 
sueur  que  par  insensible  transpi.  a- 
tion  :  ce  qu’on  a  conneu  par  expé¬ 
rience  ,  comme  dit  Malthiolus  au 
proéme  sur  le  sixième  liure  de  Diosco- 
ride,  où  il  déclaré  que  le  seigneur 
Valentin ,  fils  du  Pape  Alexandre 
sixième,  eschappa  par  ce  moyen  de  la 
mort,  encor  qu’il  fust  empoisonné  : 
car  voulant  empoisonner  certains 
Cardinaux  en  vn  festin,  il  s’empoi¬ 
sonna  soy-mesme,  et  pareillement 
monsieur  son  pere  le  Pape  sans  y 
'  penser. 


DE  LA.  PESTE, 


CHAPITRE  XXXIIl. 

DE  l’apOSTEME  PESTIFEIIÈE,  APPELLÉE 
BVnON  OV  BOSSE. 

Or  posons  le  cas  que  Nature  ne 
s’est  peu  descharger  par  aucuns 
moyens  et  remedes  susdits,  mais  plus- 
tosl  par  aposteme  faite  aux  emonc- 
toires,  laquelle  d’aucuns  est  appellée 
bubon  pestiféré,  d’autres  la  feosse,  d’au¬ 
tres  la  peste  ou  fusée,  et  de  Galien 
beste saunage  et  farouche*,  et  aux 
autres  parties  du  corps ,  charbon , 
anthrax  et  carboncle.  Donc  nous  di¬ 
rons  que  la  bosse  est  vne  tumeur  qui 
est  en  son  commencement  de  forme 
longuette  et  mobile ,  et  en  son  estât 
ronde  ou  pointue,  et  immobile,  fixe 
et  attachée  fort  profondément  aux 
emonctoires,  comme  du  cerueau  à  la 
gorge,  du  cœur  aux  aisselles,  du  foye 
aux  aines  :  et  est  faite  de  matière  plus 
crasse  et  visqueuse  que  le  charbon, 
lequel  est  fait  d’vne  matière  plus 
acre,  bouillante  et  furieuse,  faisant  | 
escarre  où  ii  s’arreste. 

Au  commencement  que  la  fluxion 
de  la  bosse  se  fait,  les  malades  disent 
sentir  à  l’emonctoire  comme  vne 
corde  tendue,  ou  vn  nerf  dur,  auec 
douleur  poignante  ;  puis  la  matière 
s’assemble  comme  vne  glande,  et  peu 
à  peu  et  en  brief  temps  s’engrossit 
et  s’enflamme,  et  est  accompagnée 
d’autres  accidens  dessus  mentionnés. 

Si  la  tumeur  est  rouge  et  se  grossit 
peu  à  peu,  c’est  bon  signe.  Celle  qui 
estliuide  et  noire,  et  tardiue  à  venir, 
est  dangereuse.  Aussi  il  y  en  a  qui  vien¬ 
nent  promptement  et  d’vne  grande 

1  Galien,  au  liu.  de  Theriaca  ad  Pisonem. 

—  A.  P. 


407 

furie ,  et  ne  tiennent  la  forme  com¬ 
mune  ,  c’est  à  dire  que  subitement 
deuiennent  enflammées,  auec  grande 
tumeur  et  douleur  intolérable  ,  et 
telles  sont  communément  mortelles. 
On  en  a  veu  aussi  qui  tenoient  de  la 
couleur  du  cuir  naturel,  et  sembloient 
estre  vne  tumeur  œdémateuse,  qui 
toutesfois  faisoient  mourir  le  malade 
aussi  tost  que  celles  qui  estoient  de 
couleur  noire  ou  plombpe  :  parquoy 
il  ne  s’y  faut  fier. 


CHAPITRE  XXXIV. 

DE  LA  CVRE  DE  l’ APOSTEME  PESTIFEREE. 

On  appliquera  dessus  prompte¬ 
ment  vne  ventouse  auec  grande  flam¬ 
me  ,  si  elle  n’estoit  telle  comme  celle 
qu’auons  dit  cy  dessus,  à  sçauoir, 
auec.grande  inflammatiqn  et  douleur 
intolérable,  et  auec  grande  tumeur. 
Aussi  on  doit  premièrement  oindre  le 
cuir  d'hoile  de  lis,  à  l’endroit  où  on 
appliquera  ladite  ventouse ,  à  fin  de 
le  rendre  plus  laxe ,  et  que  par  ce 
moyen  elle  face  plus  grande  attrac- 
tion  :  et  sera  reïterée  de  trois  en  trois 
heures,  et  y  demeurera  à  chacune  fois 
vn  quart  d’heure,  plus  ou  moins  ,  se¬ 
lon  la  vertu  du  malade  et  la  vehe- 
mence  de  la  matière,  à  fin  d’attirer  le 
venin  des  parties  nobles  au  dehors,  et 
aussi  aider  Nature  à  faire  suppuration 
plus  subile,  ou  resolution  :  qui  se  fera 
en  appliquant  dessus  vn  tel  Uniment. 

’Vnguenli  diallheœ  1^* 

Olei  (le  scorpionibus  §.  &• 

MUhridafij  dissoluticui»  aquavitæ-  9.  h 

Ce  Uniment  a  vertu  de  relaxer  le 
cuir,  et  ouurir  les  pores,  et  faire  exha- 


4^8  LK  VtNGT-QVATRl^ME  LIVRE 


lations  de  quelque  portion  de  la  ma¬ 
tière  pestiférée,  et  qui  a  esté  attirée 
par  la  ventouse. 

On  peut  aussi  en  lieu  d’iceluy  faire 
des  fomentations  remolliliues,  dis- 
culicnteset  resolutiues,  et  autres  re- 
medes  attractifs  et  suppuratifs,  que 
descrironscy  après. 

l)’auantage,on  doit  faire  vn  vésica¬ 
toire  au  dessous  de  la  bosse,  et  non 
au  dessus  :  ce  que  i’ay  fait  plusieurs 
fois  auec  heureuse  issue.  Comme  pour 
exemple ,  si  l’aposteme  estoil  à  la 
gorge,  sera  appliqué  sur  l’espauleet 
du  costé  mesme  :  et  si  elle  est  sous 
l’aisselle,  au  milieu  du  bras  partie  in¬ 
terne  ;  et  si  elle  est  aux  aines,  au 
milieu  du  plat  de  la  cuisse,  à  fin  de 
donner  prampte  issue  à  vne  partie  du 
venin,  et  le  départir  en  deux  :  dont 
par  ce  moyen  la  partie  où  première¬ 
ment  .s’assembloit  le  venin  en  l’apos- 
teme,  sera  plus  deschargée.  Or  pour 
faire  ampoulles  ou  vessies,  les  choses 
suiuantes  sont  propres,  A  sçauoir , 
lithymal ,  balrachium  nommé  ranun- 
culus,  ou  apium  risus  :  aussi  le  ranun- 
culus  bulbosus,  persicaria  ,  pes  leonis^ 
autrement  nommé  pommelée,  vîtis 
alba  vel  bryonia,  et  principalement 
par  dessus  tous  la  moyenne  escorce 
de  viburnum  appellé  viorne,  aussi  l’es- 
corce  de  tapsus  barbatus  ou  flambe 
(laquelle  est  ainsi  nommée  des  an¬ 
ciens,  parce  qu’elle  est  caustique,  et 
fait  vessies,  et  enflamme  la  partie)  et 
autres  semblables  simples.  Et  où  ne 
pourras  Irouuer  desdils  remedes, 
comme  on  fait  difflcilement  en  hy- 
uer,  tu  vseras  de  cesloy  composé,  le¬ 
quel  on  peut  faire  en  tous  temps. 

Médicament  propre  pour  exciter  des  vessies 
et  ampoules. 

■2f.  Canlharidum  put.  piperis,  enpliorbij, 
pyrethriana3.fi. 


Ferrnenti  acris  3.  ij. 

Sinapi  3.  j. 

Aceli  parum. 

Fy  adiouste  peu  de  vinaigre,  d’au¬ 
tant  qu’il  abbat  la  vertu  des  cantha¬ 
rides. 

Et  en  vne  extrémité,  qu’on  nepeust 
reconurer  tels  remedes,  faut  prendre 
huile  feruenle,  ou  eau  boüillante,  ou 
vne  chandelle  flambante  ,  voire  vn 
charbon  ardent,  qui  fera  vne  vésica¬ 
tion  telle  qu’on  désirera.  Et  après  que 
les  vessies  ou  ampoulles  seront  faites, 
il  les  faut  subit  couper,  et  laisser  les 
vlceres  long  temps  ouuertes,  en  met¬ 
tant  dessus  fueilles  de  choux  rouges, 
bette,  ou  poirée,  ou  de  lierre,  amor¬ 
ties  en  eau  chaude,  et  les  oindre  auec 
huile  et  beurre  frais. 

Aucuns  appliquent  des  cautères 
pour  faire  lesdites  ouuertures  ;  mais 
les  vessiessonl  beaucoupplusàlouer, 
parce  que  parauantque  lesescharres 
fussent  cheutes,  le  malade  pourroit 
mourir.  Et  faut  entendre  que  les  ou¬ 
uertures  faites  par  les  vésicatoires 
seruent  beaucoup  pour  euacuer 
promptement  le  venin  (  ce  qui  a  esté 
expérimenté  par  plusieurs  fois)  parce 
que  le  venin  pestiféré  peche  plus  en 
qualité  qu’en  quantité. , 

Et  sur  l’aposteme  seront  appliquées 
des  fomentations,  comme  nous  auons 
dit  cy  dessus  :  puis  on  vsera  de  ce 
remede,  qui  a  vertu  d’attirer  la  ma¬ 
tière  au  dehors. 

"if..  Cæpam  magnam  excaua,  et  impie  the- 
riaca  cum  foliis  rutæ  :  deinde  coque  sub 
cineribuscalidis,  postea  contiiode  cum 
pauco  fermento  et  axungia  suilla  ad 
quantilatem  suflicienlem. 

Et  ce  .soit  appliqué  chaud  sur  la 
hosse  ,  elle  faudra  renouuoler  de  .six 
en  six  heures. 


DÈ  LA  î*lîStÈ. 


Autre  attractif. 

“if.  Radicum  bismaluæ  et  lilioriim  ana  ïb .  c, . 

Seminis  lini ,  fœnugræci  et  sinapi  ana 
§■  Ib. 

Theriacæ  3.  j. 

Ficus  pingues  numéro  x. 

Axungiæsuillæ  quantum  sutticit. 

Fiat  calaplasma  secundum  artem. 

Autre  remede  plus  attractif. 

"if..  Cæparum  et  alliorum  sub  cinei  ibus  coc- 
toruni  ana  § .  iij.  ' 

Contundecum  fermenti  acris§  ,addendo: 

Vnguenti  basiliconis  §.j. 

Theriacæ  3.  j. 

Mithridatij  § .  fi. 

Axungiæ  suillæ  veteris  § .  j . 

Cantharidum  puluerisatarum  9.  j. 

Slercoris  columbini  3.  ij. 

Le  tout  soit  pislé  etmesléensemble, 
et  soit  fait  cataplasme. 

Autre. 

La  vieille  presure  est  fort  acre 
et  chaude ,  et  par  conséquent  at- 
tractiue ,  meslée  auec  vieil  leuain,  et 
vn  peu  de  basilicum*. 

On  en  peut  faire  d’aulres  sembla¬ 
bles,  desquels  on  vsera  iusqu’à  ce 
qu’il  y  aura  suffisante  attraction  ,  et 
que  la  bosse  soit  fort  esleuée  en  tu¬ 
meur  ;  mais  si  on  voit  que  dés  le 
commencement  il  y  eust  tres-grande 
inflammation  et  douleur  extreme, 
comme  il  se  fait  bien  souuent,  et  prin¬ 
cipalement  aux  charbons,  en  tel  cas 
se  faut  garder  d’vser  de  tels  remedes 
ainsi  chauds  et  attractifs  ,  et  de  ceux 
aussi  qui  sont  fort  emplastiques  et 
visqueux, lesquels  condensent  et  opi- 
lent  les  pores  du  cuir  ,  ou  resoluent, 

1  Celte  dernière  formule  a  été  ajoutée  en 
1579. 


consument  et  seichent  l’humeur  sub¬ 
til  qui  pourroit  estre  cause  d’aider  à 
la  suppuration  ;  pareillement  aug¬ 
mentent  la  douleur  et  la  fleure ,  et  at¬ 
tirent  trop  grande  quantité  d’hu¬ 
meurs  chaudes ,  dont  le  venin  s’en 
lait  plus  grand  et  dangereux,  rendant 
la  matière  plus  rebelle ,  la  tournant 
plustost  à  corruption  qu’à  maturation  : 
parquoy  souuent  s’ensuit  douleur 
extreme  causant  spasme,  gangrené, 
et  par  conséquent  la  mort  subite. 
Donc  en  tel  cas  tu  euiteras  tels  reme¬ 
des,  et  appliqueras  de  froids  et  tem¬ 
pérés  ,  à  fin  de  diminuer  la  grande 
ferueur  et  ébullition  de  sang  :  ce  fai¬ 
sant  N ature  sera  aidée,  don  t  la  suppu¬ 
ration  se  fera  mieux.  Et  de  telle  sorte 
sont  les  cataplasmes  faits  de  fueilles 
de  iusquiame  etozeille  cuittes  sous  la 
braize ,  aussi  la  pulte  de  Galien,  et  au¬ 
tres  que  déclarerons  cy  après. 

On  a  veu  des  malades  de  peste,  les¬ 
quels  ont  eu  si  grande  appréhension 
de  la  mort ,  que  d’vn  grand  courage 
et  constance  eux  mesmes  se  sont  tirés 
la  bosse  auec  tenailles  de  mareschal. 
Autres  l’ont  coupée  en  plusieurs  en¬ 
droits,  la  cernans  tout  autour  :  les 
autres  ont  esté  si  asseurés,  qu’eux 
mesmes  se  son;  appliquésfers  ardens, 
et  se  sont  bruslés  pour  donner  issue  à 
l’humeur  pestiféré  :  ce  que  ie  n’ap- 
prouue.  Car  la  malignité  pestilente 
n’est  pas  comme  la  morsure  et  pi- 
queure  des  bestes  veneneuses  ,  parce 
que  le  venin  vient  du  dedans ,  et  non 
du  dehors  ,  comme  en  la  morsure  et 
piqueure  des  bestes  veneneuses.  Et 
telles  cruautés  si  violentes  accrois¬ 
sent  plustost  la  douleur  et  chaleur  de 
la  fleure,  empirent  et  augmentent  la 
veneno.silé  :  et  pour  ceste  cause  ab- 
bregent  leur  vie.  Parquoy  tu  te  con¬ 
tenteras  en  tel  cas  de  remedes  re- 
laxans  et  ouurans  les  pores  du  cuir,  et 


43o  LE  VINGT-QVATRIEME  livre 


euacuans  par  resolution  et  insensible 
transpiration  vne  portion  du  venin. 
Et  de  tels  t’en  donneray  plusieurs 
bien  approuuds  et  promptement  pa- 
rables,  comme  sont  ceux  qui  s’en- 
suiuent. 

'if.  Radicum  bism.iluæctliliorum  ana§  .  vj. 
Florurn  camomillae  et  melil.  ana  m.  fi. 
Seminis  lini  §  .  fi. 

Follorum  rulæ  m.  fi . 

Le  tout  soit  bouilli ,  puis  coulé ,  et 
en  ceste  décoction  soit  trempé  vn 
feutre,  ou  vne  esponge,  et  soit  faite 
fomentation  assez  longuement. 

Autre  remede. 

If.  Micam  panis  calidi,  et  asperge  aqua  the- 
riacæ  vel  aqua  vitæ  cura  tacte  vaccino, 
vel  caprillo,  et  tribus  vilellis  ouorum. 

Le  tout  soit  incorporé  et  appliqué 
dessus  chaudement  auec  des  es- 
touppes. 

Autre. 

"if.  Fermenti  acris  ex  secali  §  .  iiij. 
Basiliconis  § .  ij. 

Vitellos  ouorum  numéro  iij. 

Theriacæ  3.  j. 

Olei  liliorum  §  .  ij. 

Le  tout  soit  meslé  et  appliqué 
comme  dessus. 

Autre. 

•2f.  Diachylonis  comraunis  et  basiliconis  ana 

§.  ij. 

Olei  liliorum  5.  j.  tîi. 

Soient  liquéfiés  et  fondus  en¬ 
semble,  et  en  soit  appliqué  comme 
dessus. 

Et  lors  que  l’on  verra  que  la  bosse 
sera  suppurée  (ce  qui  se  peut  connois- 
tre  à  la  veuë  et  au  tact,  d’autant  que 
la  tumeur  est  esleuée  aucunement  en 
pointe  ou  pyramide,  et  le  cuirblanch* 


et  délié,  et  au  sentiment  du  toucher 
on  trouue  l’enfleure  obéissante  aux 
doigts  auec  vne  inondation  mollette, 
et  la  boue  va  de  lieu  en  autre  .  pareil¬ 
lement  les  accidens  sont  grandement 
diminués ,  comme  douleur  pulsatile , 
et  les  elancemens,  et  inflammation  ) 
alors  qu'on  voit  telles  choses,  il  faut 
faire  ouuerture  par  lancette ,  ou  par 
cautères  potentiels  ou  actuels  ;  mais 
les  potentiels  sont  plus  à  louer  en  tel 
cas  ,  s’il  n'y  auoit  grande  inflamma¬ 
tion  ,  parce  qu  ils  attirent  le  venin  du 
profond  à  la  superficie ,  et  donnent 
plus  ample  issue  à  la  matière.  Et  ne 
faut  attendre  que  Nature  face  ouuer¬ 
ture  d’elle  mesme ,  de  peur  que  la 
boue  estant  faite,  ne  s’esleue  quelque 
vapeur  veneneuse ,  qui  se  comrauni- 
queroit  par  les  arteres,  veines  et 
nerfs  au  cœur  et  autres  parties  no¬ 
bles.  Parquoy  l’ouuerture  se  doit 
faire  par  la  main  du  Chirurgien  ,  et 
non  par  Nature. 

Aucuns  commandent  faire  l’ouuer- 
ture  deuant  que  la  suppuration  soit 
faite  et  apparente,  disans  qu’il  la 
faut  ouurir  entre  le  verd  et  le  sec. 
Toutesfois  ie  vous  puis  asseurer,  que 
si  l’aposleme  n’est  assez  maturée ,  on 
est  cause  d’induire  grande  douleur  et 
inflammation  ,  et  accroissement  de 
fiéure  :  qui  est  souuent  cause  d’vue 
gangrené,  ou  de  rendre  l’vlcere  ma- 
ling  ,  ce  que  i’ay  veu  aduenir  sou- 
uentesfois. 

La  suppuration  se  fait  volontiers 
en  dix  ou  douze  iours,  plus  ou  moins, 
selon  qu’elle  sera  traitée,  et  l’hu¬ 
meur  maling  :  aussi  selon  la  partie 
affectée. 

Or  après  l’ouuerture  faite  ,  on  doit 
encore  vser  de  medicamens  suppura¬ 
tifs  et  remollitifs  tant  qu’il  sera  be¬ 
soin,  pour  tousiours  aider  nature  à 
suppurer  et  amollir ,  monditlant 


UE  Lk 

neantmoins  l’vlcere  et  cauité  d’iceluy 
par  on{Tiions  dotersirs,  que  déclare¬ 
rons  cy  après  traitans  des  charbons. 
Mais  si  on  voyoil  que  la  bosse  ou  tu¬ 
meur  relournast  au  dedans  *  alors  on 
doit  appliquer  ventouses  auec  scari¬ 
fications,  et  autresremedesplus  forts 
et  attractifs  bien  acres,  voire  iusques 
aux  cautères  actuels  ou  potentiels. 
D’auantage,  comme i’ay  dit,  en  tel 
cas  il  est  besoin  de  faire  ouuerture 
sous  la  bosse  auec  vésicatoires,  à  fin 
d’euacuer  quelque  partie  du  venin 
pendant  que  l’escharre  faite  par  les 
cautères  tombera.  Pareillement  au 
tour  des  bosses  et  charbons  on  fera 
des  scarifications,  et  y  sera  appliqué 
plusieurs  sangsues,  et  réitérées  par 
plusieurs  fois,  à  fin  d’attirer  et  va- 
cuer  l’humeur  conioint  à  la  partie. 
Or  que  telles  ouuertures  seruent , 
mesmes  soient  necessaires  à  deschar¬ 
ger  la  partie  du  venin  qui  la  moleste, 
et  par  conséquent  tout  le  corps,  on  le 
voit  iournellement  par  expérience  en 
ceux  qui  ont  la  verolle  :  car  ce  pen¬ 
dant  qu’ils  ont  quelques  vlceres  ou- 
uertes ,  et  qu’elles  fluent ,  les  pan¬ 
ures  verollés  n’ont  point  de  douleur , 
ou  en  ont  bien  peu  :  et  subit  qu’elles 
sont  closes,  leur  douleur  vient  et 
s’augmente,  à  cause  que  le  virus  ve 
nerien  n’a  plus  d’issue. 

Si  on  voyoit  que  la  peste  ou  le 
charbon  fussent  malins  et  enflam¬ 
més,  et  de  couleur  verdoyante  ou 
noire  (comme  l’on  voit  principale¬ 
ment  en  ceux  qui  sont  faits  d’humeur 
melancholique  bruslé ,  qui  est  le  pire 
humeur  de  tous,  parce  qu’il  est  froid 
et  sec,  et  par  adustion  est  fait  gros  et 
rebelle  aux  remedes ,  et  partant  est 
difficilement  vaincu  par  Nature)  et 
qu’aussi  on  vist  qu’il  y  eust  grand 
danger  de  gangrené  et  mortification 
en  la  partie ,  alors  il  faudroit  vser  de 


PESTE.  ^3  J 

[  medicamens  repercussifs  autour,  et 
'  non  dessus ,  à  fin  de  prohiber  que  la 
fluxion  ne  s’auginenlast  par  trop,  et 
que  la  partie  ne  receust  tant  d’hu¬ 
meurs  que  la  chaleur  naturelle  fust 
suffoquée  et  esteinte ,  et  que  la  ma¬ 
tière  veneneuse  ne  remoritast  au 
cœur  :  alors  on  appliquera  autour  me¬ 
dicamens  repercussifs,  lesquels  seront 
rehouueliés  souuent  :  et  en  ce  faisant 
on  laisse  la  propre  cure  poursuruenir 
aux  accidens. 

Exemple  de  repercussifs. 

"if.  Pomum  granatum  acidum  :  coque  in 
aceto  :  postea  contunde  cum  vnguento 
rosato  vel  populeone  recenter  facto. 

Et  ce  soit  appliqué  autour  du  char¬ 
bon  ou  bosse  ,  et  renouuellé  souuent. 

Autre. 

%.  Succi  semperuiui,  portulâcæ  acetosæ,  so- 
laniana  g.  ij. 

Aceti  §.j. 

Albumina  ouorurn  numéro  iij. 

Olei  ros.  etnenuph.  ana  §.  »j- 

Ces  choses  soient  agitées  et  appli¬ 
quées  comme  dessus. 

Et  si  on  voit  que  la  bosse  ou  charbon 
fussent  fort  veneneux  et  de  niau- 
[  uaise  couleur,  auec  trop  grande  mul¬ 
titude  de  matière,  et  qu’il  y  eust  dan¬ 
ger  de  gangrené  et  mortification ,  il 
faut  faire  dessus  et  aux  enuirons  plu¬ 
sieurs  et  profondes  scarifications  (  si 
la  partie  le  permet  ),  à  fin  d’attirer,  et 
la  descharger,  et  euacuer  le  venin  et 
la  ti  op  grande  multitude  des  humeurs 
qui  suffoquent  et  esteindent  la  cha¬ 
leur  naturelle  de  la  partie,  à  fin 
que  plus  facilement  puisse  auoir  air, 
j  euilant  tousiours  les  grands  vais- 
I  seaux,  comme  nerfs,  veines  etarteres, 

1  de  peur  de  spasme  et  flux  de  sang,  le- 


432  LÈ  VINGT-QVATËllîIVIE  LIVRÉ, 


quel  en  tel  cas  est  difficile  à  estan  i 
cher,  à  cause  que  le  lieu  est  grande¬ 
ment  enflammé ,  et  que  les  parties 
voisines  sont  tant  eschauffées  de  la 
malice  de  l’humeur,  et  aussi  pour  le  ' 
désir  que  Nature.auec  sa  vertu  expul- 
trice  a  de  soy  descharger  :  ce  qui  fait 
que  souuenlesfois  on  ne  peut  estan- 
cher  le  sang,  dont  le  malade  meurt 
entre  les  mains  du  Chirurgien.  Ce  que 
i’alleste  auoir  veu  aduenir  plusieurs 
fois  :  parquoy  tu  y  prendras  garde. 

Or  tu  dois  sçauoir  que  telle  eua- 
cualion  faite  du  lieu  affecté  profite  à 
merueilies;  car  par  ce  moyen  Nature 
se  descharge  par  le  mesme  lieu  où 
elle  a  fait  amas  du  venin  pour  estre 
euacué  ;  partant  tu  laisseras  couler 
la  quantité  du  sang  que  tu  connois- 
tras  estre  besoin ,  prenant  tousiours 
indication  de  la  vertu  du  malade,  qui 
pourra  principalement  estre  conneuë 
par  la  force  du  pouls ,  et  autres  indi¬ 
ces,  qu’auons  par  cy  deuant  escrits. 
Aussi  on  fera  des  fomentations  re¬ 
laxantes,  remollitiues  et  resolutiues  , 
pour  tousiours  euaporer  et  donner  is¬ 
sue  au  venin. 

Exemple  a’vne  fomenlalion  remolliüue  el 
reaoluliue. 

‘if.  Radicis  allheæ,  lilioruin  etenulæ  cam- 
panæ  a  tt>.  j, 

Seminis  Uni  et  fœnugr.  ana  g  .  j. 
Semiiiis  fœniciili,  anisi  ana  g  .  G. 
Folioruni  ruta,  saluiæ,  rorism.  an.  m.  j. 
Flor.  cainom.  meliloti  ana  in.  iij. 
Bulliant  omnia  simul  :  fiat  decoclio  pro  fotu 
secundum  arlem. 

De  ceste  décoction  on  en  fomentera 
la  partie  assez  longuement  auec  feu¬ 
tres  ,  ou  esponges ,  ou  linges  en  de¬ 
faut  d’esponges. 

On  pourra  aussi  prendre  vne  pou- 
laille,  et  principalement  vne  poulie 


commune  qui  ponde ,  à  fin  qu’elle  ai 
le  cul  plus  ouuert,  ou  vne  grosse 
poulie  d’Inde  :  et  leur  faudra  plumer 
le  cul,  etmettrededansdeuxou  trois 
grains  do  sel  profondément ,  à  fin 
que  l’acrimonie  du  sel  irritant  le 
boyau  culier,  le  leur  tienne  tous- 
iours  ouuert:  el  leur  tenir  le  cul  des¬ 
sus  la  bosse  ou  charbon  (  après  auoir 
fait  premièrement  des  scarifications 
superficielles)  iusques  h  ce  qu’elles 
meurent  :  puis  estans  mortes ,  on  y 
en  remettra  d’autres  au  nombre  de 
cinq  ou  six  ou  d’auantage,  par  l’es¬ 
pace  de  demie  heure ,  si  le  malade  le 
peut  souffrir,  leur  serrant  par  fois  le 
bec  à  fin  qu’elles  attirent  plus  viue- 
ment  le  venin.  Ceste  attraction  faite 
par  le  cul  des  poulailles  attire  plus 
ledit  venin  que  ne  fait  la  ventouse  : 
parce  qu’on  tient  qu’elles  ont  vne 
contrariété  naturelle  contre  le  venin, 
comme  il  se  peut  prouuer  par  ce 
qu’elles  mangent  et  digèrent  les  bes- 
tes  veneneuses,  comme  crapaux,  vi¬ 
pères,  couleuures,  aspics  et  autres 
serpens,  sans  qu’elles  en  reçoiuent 
aucun  mal.  On  peut  pareillement 
prendre  lesdites  volailles  ou  pigeons, 
ou  petits  chiens  et  chats  nouuelle- 
ment  nés  ,  fendus  tout*vifs  ,  et  les  y 
appliquer  tous  chauds,  el  lors  qu’on 
connoistra  qu’ils  se  refroidiront ,  ou 
y  en  remettra  d'autres  :  semblable¬ 
ment  poulmons  de  mouton  ou  de 
veau  appliqués  tout  subit  estant  ti¬ 
rés  de  la  beste:  car  par  ceste  chaleur 
modérée  et  naturelle  de  ces  bestes,se 
fait  attraction  familière  du  venin,  et 
la  partie  malade  est  par  ce  moyen 
deschargée  et  fortifiée.  Et  faut  met¬ 
tre  subit  ces  besles  mortes  profondo- 
ment  en  terre,  ou  les  brusler,de  peur 
que  les  chiens  el  chats  ne  les  mangent, 
et  apportent  le  venin  aux  maisons. 

Et  si  on  voyoit  que  la  bosse  ou 


DE  LA 

charbon  tendissent  à  vne  gangrené, 
qui  est  préparation  de  mortification , 
alors  on  doit  faire  plusieurs  scarifica¬ 
tions  profondes  ,  toutesfois  euitantles 
grands  vaisseaux  (comme  i’ay  dit) 
laissant  fluer  du  sang  ainsi  que  ver¬ 
ras  estre  necessaire ,  à  fin  d’alleger  la 
partie  :  et  après  feras  ablution  d’eau 
sallée,  vinaigre  et  eau  de  vie,  auec 
lesquels  dissoudras  egyptiac ,  methri- 
dat  ou  theriaque  :  car  telle  ablution 
a  tres-grande  vertu  de  corriger  la 
pourriture  gangreneuse ,  et  garder 
que  le  sang  ne  se  coagule ,  et  deter- 
ger  la  virulence  de  l’humeur  imbu  au 
lieu  infect  tendant  à  pourriture.  Et 
où  on  connoistra  que  la  gangrené  ne 
voulust  obeïr  à  tels  remedes,  alors 
faut  venir  aux  plus  forts ,  qui  sont  les 
cautères  actuels  ou  potentiels,  parce 
qu’aux  fortes  maladies  il  faut  vser  de 
grands  et  forts  remedes.  Et  en  tel  cas 
les  cautères  actuels  sont  plus  excel¬ 
lons  que  les  potentiels,  à  raison  que 
leur  action  est  plus  subite  et  plus 
contraire  au  venin ,  et  laissent  meil¬ 
leure  disposition  à  la  partie.  Après  la 
cautérisation ,  promptement  on  sca¬ 
rifiera  l’eschare  iusques  à  la  chair 
viue,  à  fin  de  faire  exhaler  quelque 
vapeur,  et  donner  issueà  quelque  hu¬ 
meur  contenu  en  la  partie.  Et  ne  faut 
attendre  que  l’eschare  tombe  de  soy- 
mesme ,  mais  on  appliquera  remedes 
pour  la  faire  tost  tomber,  comme 
cesluy  : 

Of.  Mucilaginisaltheæ,  seminisliniana.  §  ij. 

Biityri  recentis  vel  axungiæ  porci  §  .  j. 

Vitellos  Quorum  numéro  iij. 
Incorporentur  simul ,  et  fiat  linimentum- 

Aussi  on  peut  vser  de  beurre  frais , 
ou  sein  de  porc ,  huile  rosat ,  auec 
moyeux  d’œufs  :  puis  après  la  cheute 
de  l’eschare ,  lu  vseras  de  mondifica- 
tifs,  comme  : 

111. 


peste,.  433 

"if.  Succi  plantaginis ,  clymenl  et  apij  ana 

§ .  üj. 

Mellis  rosati  § .  iiij. 

Terebenlhinæ  Venetæ  § .  v. 

Far.  hord.  3  iij. 

Pulueris  aloës  3.  ij. 

Olei  rosati  § .  iiij. 

Theriacæ  3.  fi, 

Fiat  mundificatiuum  secundum  artem. 
Autre. 

"if.  Vnguenti  Ægyptiaci  et  basiliconis  § .  ij. 

Puluerismercurij3.fi. 

Incorporentur  simul  :  fiat  vnguentum. 

Autre. 

if.  Terebenthinæ  Venetæ  §  iiij. 

Syrupi  de  rosis  siccis  et  de  absinthio  ana 
ana  g.  j. 

Pulueris  aloës,  mastiches,  myrrhæ,  far. 
hord.  ana  3.  j. 

Mithridatij  3.  fi 

Incorporentur  simul  :  fiat  medicamentum. 

Ou  on  vsera  d’vn  tel ,  qui  est  ap¬ 
proprié  aux  -vlceres  depascentes,  pu¬ 
trides  ,  virulentes  et  gangreneuses. 

"if..  Auripigmenti  rubri  g  .  j. 

Calcis  viuæ,  aluminis  vsti,  corticum  gra- 
natorum  ana  3.  vj. 

Thuris,  gallarum  ana  3.  iij. 

Ceræ  et  olei  quantum  sufficit. 

Fiat  vnguentum. 

Cestuy  onguent  est  fort  detersif,  et 
consomme  la  chair  pourrie ,  et  des¬ 
seiche  l’humidité  virulente ,  qui  est 
mere  nourrice  de  pourriture  gangre¬ 
neuse.  Pareillement  en  lieu  de  cestuy 
on  vsera  de  l’egyptiac  fortifié ,  lequel 
aussi  corrige  la  chair  pourrie ,  et  con¬ 
somme  celle  qui  croist  par  trop:  d’a- 
uantage  obtond  et  esleint  l’humeur 
virulent  qui  est  en  la  partie,  qui 
cause  souuentesfois  tres-grande  dou¬ 
leur,  et  est  excellent  pardessus  tous 
28 


LE  VINGT-QVATRIÉME  LIVRE 


434 

autres  remedes  pour  tel  effet  :  d’au-  j 
tant  qu’en  sa  composition  n’entrent 
huile  ny  cire ,  lesquelles  choses  rom¬ 
pent  la  force  et  acrimonie  des  medi- 
camens  acres,  qui  sdttt  ptopres  û  tels 
vlceres.  Ces  medlcahi'cMS  detefsifs  se¬ 
ront  diminués  ou  augmentés  de  leur 
force,  selon  qu’on  verra  l’vlcere  estre 
sofdidé  ét  putride,  ét  selon  lâ  nàtüre 
du  tempérament  de  tout  le  corps  et 
de  la  partie. 

Ët  faut  tenir  l’vlcere  ouuert  le  plus 
longuement  qu’oü  pourfâ  i  fcat  on  a 
veu  aucfuns  desquels  la  bosse  et  les 
charbons,  ayans  ietté  beaucoup  dé 
matière,  serabloient  estre  du  tout 
guéris,  et  bien  tost  après  ils  mou- 
roient:  et  partant  on  tiendra  l’Vlcere 
long  temps  ouuert,  et  contbrtera 
èontinuéllemeut  le  ctieur  ;  aüssi  on 
donnera  au  malade  pat-  fois  quelque 
petite  medecine,  â  fin  dë  purger  et 
l^eetiflef  lés  humeurs  ffl  aUuaises, pour¬ 
ries  et  veneneuses. 


CHAPITRE  XXXV. 

fiV  CHARBON  NON  PESTIFÉRÉE 

Après  auoir  suffisamment  traité  de 
l’aposteme  pestiférée,  il  nous  con- 
uient  escrire  des  charbons,  d’autant 
que  la  cure  d’iceux  est  presque  sem¬ 
blable.  Et  faut  SçauOir  qü’il  y  en  a  de 

1  Cè  chapitre  manque  dans  toutes  les 
grandes  éditions  ;  il  â  été  retranché  dès  1575,, 
et  on  ne  le  trouve  que  dans  l’édition  pri¬ 
mitive  de  156s.  Je  l’ài  reproduit  en  cet  en¬ 
droit,  en  ayant  pas  trouvé  de  plus  conve¬ 
nable  ;  et  oh  le  lira  peut-être  avec  d’autant 
plus  d’intérêt,  que  nulle  autre  part  dans  ses 
GEuvres  volumineuses  A.  Paré  n’a  parlé  du 
charbon  bénin. 


deux  sortes  et  différences,  à  sçauoir 
de  pestiférés  et  non  pestiférés ,  et  par¬ 
tant  nous  les’  distinguerons  :  mais 
nous  traiterons  premièrement  de  ceux 
qui  neparticipent  du  venin  pestilent , 
parce  qu’ils  sontsouuentesfoisauant- 
coureurs  des  autres. 

Donc  iceux  viennent  le  plus  sou- 
uent  de  plénitude  de  sang  non  du 
tout  altéré  et  corrompu,  et. fort  di- 
uers  de  celuy  que  font  les  apostemes 
phlegmoneuses  :  pareillement  les  ac- 
oidens  sont  moins  grands  et  dange¬ 
reux,  leur  eschare  n’est  trouuée 
noire ,  mais  blanche ,  appelée  des  chi¬ 
rurgiens  vulgaires  le  limaçon  des 
charbons  blancs  :  et  est  quelquesfois 
trouuée  de  grosseur  de  demy  œuf, 
plus  ou  moins ,  selon  la  partie  où  il 
est  :  comme  s’il  est  au  muscle  fessier, 
ou  au  milieu  du  bras  et  de  la  cuisse, 
et  qu’il  ait  quantité  de  matière,  sera 
trouué  plus  gros  qu’en  autre  partie 
nerueuse.  D’auantage  l’eschare  se 
séparé  plus  tost  ou  plus  tard  selon  les 
parties  ;  exemple,  si  c’est  au  genoüil 
ou  au  coude ,  ou  en  autre  partie  ner¬ 
ueuse,  sera  plus  tardiue  et  beaucoup 
plus  douloureuse  que  lors  qu’elle  est 
en  partie  charneuse. 

La  cure  sera  diuersifiée  de  celuy 
qui  est  pestiféré  ,  et  principalement 
en  la  saignée  :  car  à  celuy  là ,  la  sai¬ 
gnée  eslprofitablefaite.au  commen¬ 
cement,  parce  que  (  comme  i’ay  dit) 
il  vient  le  plus  souuent  de  plénitude, 
et  le  sang  n’est  du  tout  corrompu.  Et 
pour  ceste  cause ,  on  ouurira  la  veine 
du  costé  opposé,  de  peur  de  faire 
trop  grande  attraction  à  la  partie 
charbonnière ,  et  y  causer  vne  gan¬ 
grené  :  au  contraire  à  celuy  qui  est 
pestiféré,  iamais  ne  faut  tirer  du 
sang  de  la  partie  contraire ,  de  peur 
de  retirer  le  venin  vers  le  cœur. 


DE  LA  PESTE. 


CHAPITRE  XXXVI. 

DESCRIPTION  DV  CHARBON  PÉSTIPERÈ  , 
ÈT  DÉ  SES  CAVSÈS,  SIGNÉS  ÈT  MAR- 
QVÉS. 

Charbon  pestiféré  est  vne  petite 
tumeur  ou  pustule  maligne ,  feruente 
et  furieuse ,  faite  cl’vn  sang  gros  et 
noir,  corrompu  en  sa  substance ,  par 
transmutation  de  sang  louable,  de 
façon  que  le  plus  souuent  ne  peut 
estre  régi  ne  gouuerné  par  jfature, 
parce  qu’il  peche  en  vne  qualité  ma¬ 
ligne  qui  lui  est  inuincible.  Il  est  de 
figure  ronde  et  aiguë ,  et  en  son  com¬ 
mencement  .  n'est  point  plus  gros 
qu’vn  petit  grain  de  mil ,  ou  vn  pois  , 
adhérant  fort  contre  la  partie  immo¬ 
bile  ,  tellement  que  le  cuir  de, dessus 
ne  se  peut  enleuer  de  la  chair  de  des¬ 
sous  :  et  croist  promptement  ainsi 
que  fait  la  bosse,  et  quelquésfois 
plustost,  aucunesfois  plus  tard,,  selop 
que  la  matière  est  plus  ou  moins  fu¬ 
rieuse  ,  auecques  grande  chaleur,  ar¬ 
deur,  et  douleur  lancinante  et  poi¬ 
gnante  ^  comme  pointes  d’aiguilles, 
laquelle  est  très- cuisante  et  intoléra¬ 
ble  ,  principalement  vers  le  soir,  et  la 
nuit  plus  que  le  iour ,  et  plus  lors  que 
la  concoction  se  fait  en  l’estomach 
que  quand  elle  est  faite  :  et  au  milieu 
apparoist  vne -petite  vessie,  en  la¬ 
quelle  semble  estre  contenue  quelque 
sanie  :  et  si  on  l’ouure,  et  qu’on  des- 
couure  le  cuir ,  on  trouue  au  dessous 
la  chair  bruslée  et  noire  ,  comme  si 
vn  ëharbon  ardent  y  auoit  esté  appli¬ 
qué  ,  et  pour  cestB  cause  les  anciens 
l’ont  appelé  Charbon.  Et  là  chaii' 
d’entour  est  trouuée  de  diuerSé  cou¬ 
leur,  comme  on  voit  en  l’arc  du  ciel, 
à  sçauoir,  rouge,  brune,  perse,  vio- 


435 

lette,  plombée  et  noirastre,  auec 
splendeur  ou  lueur  estincellante, 
comme  poix  noire  embrasée  et  en¬ 
flammée  ,  ayant  pareillement  simili¬ 
tude  à  vne  pierre  nommée  Escarbou- 
cle ,  dont  aussi  aucuns  lui  ont  attri¬ 
bué  ce  nom.  Les  vulgaires  les  appel¬ 
lent  Clouds^  parce  que  la  matière 
d’iceux  cause  douleur  semblable 
comme  si  vn  cloud  estoit  fiché  à  la 
partie. 

Il  y  a  aucuns  charbons  qui  pren¬ 
nent  leur  commencement  d'vn  vlcere 
crousteux,  sans  pustule,  comme  si 
I  on  y  auoit  appliqué  vn  cautere  po¬ 
tentiel  ou  vn  fer  ardent ,  de  couleur 
noire ,  qui  croist  aussi  subitement,  et 
quelqUesfois  plus  tard ,  selon  que  la 
matière  est  plus  ou  moins  maligne , 

;  comme  nous  auons  dit.  Tous  lesquels 
;  charbons  pestiférés  sont  tousiours 
accompagnés  de  fiéure  continue,  et 
autres  accidens  fort  cruels  :  eî  semble 
au  malade  qu’il  a  vne  grande  chargé 
de  plomb  sur  la  partie  charbonnière, 
et  qu’elle  soit  estroittement  liée  (et 
véritablement  ie  le  sçay  pour  l’auoir 
senti  en  mon  corps)  qui  se  fait  à 
cause  de  la  corruption  et  suffocation 
des  esprits ,  et  de  la  chaleur  naturelle 
de  la  partie  en  laquelle  est  le  char¬ 
bon,  dont  souuentesfois  s’ensuit  dé¬ 
faillance  de  cœur,  inquiétude,  alie¬ 
nation  d’esprits  et  furie,  gangrené 
et  mortification,  et  par  conséquent  la 
mort,  non  seulement  de  la  partie, 
mais  aussi  de  tout  le  corps,  ainsi  qu’on 
voit  aussi  souuent  aduenir  à  l’apos- 
teme  pestiféré.  Et  à  la  vérité  on  peut 
dire  que  le  charbon  et  la  bosse  sont 
comme  cousins  germains,  lesquels  ne 
vont  gueres  Tvn  sans  l’autre  :  et  la 
maüere  d’iceux  ne  différé  seulement, 
sinon  que  celle  de  la  bosse  est  plus 
crasse  et  visqueuse,  et  celle  du  char¬ 
bon  plus  acre,  boüillante,  furieuse 


436  LE  vingt-qvatriéme  livré, 


et  subtile ,  faisant  eschare  au  lieu  où 
il  se  sied ,  ainsi  qu’auons  déclaré  cy 
dessus. 


CHAPITRE  XXXVII. 

PROGNOSTIC  DES  APOSTEMES  ET  CHAR¬ 
BONS  PESTIFERES. 

Aucuns  n’ont  qu’vn  charbon,  les 
autres  plusieurs  :  et  se  iettent  par 
toutes  les  parties  du  corps. 

Il  aduient  à  aucuns  qu’ils  auront 
le  charbon  et  la  bosse  deuant  la  fié- 
ure,  et  n’ont  autres  tnauiiais  accidens, 
qui  est  vn  bon  signe  :  car  cela  de- 
monstre  que  Nature  a  esté  forte 
(comme  nous  auons  dit  cy  dessus)  et 
qu’elle  a  ietté  le  venin  au  dehors  de¬ 
uant  que  le  cœur  en  fust  saisi  ;  mais 
quand  ils  apparoissent  après  la  flé- 
ure,  c’est  mauuais  signe  :  car  cela  si¬ 
gnifie  que  les  humeurs  sont  altérés  et 
corrompus  * ,  et  que  le  cœur  mesme 
en  est  saisi ,  de  tant  que  la  fiéure 
ayant  son  propre  siégé  au  cœur,  se 
respand  d’iceluy,  comme  d’vn  centre, 
en  toute  la  circonférence  du  corps, 

Si  le  malade  n’est  point  troublé 
d’entendement  du  commencement 
iusques  au  septième  iour,  c’est  bon 
signe. 

Lors  que  la  bosse  et  le  charbon 
s’en  retournent,  c’est  vne  chose  le 
plus  souuent  mortelle,  spécialement 
quand  mauuais  accidens  suruiennent 
après.  Pareillement  quand  ils  sont 
suppurés,  et  se  desseichent  sans  cause 
raisonnable,  c’est  signe  de  mort. 

Les  charbons  qui  sont  faits  de 
sang,  font  plus  grande  eschare  que 

1  La  phrase  s’arrêtait  là  en  1568  ;  le  reste 
est  de  1575. 


ceux  qui  sont  faits  d’humeur  cholé¬ 
rique,  d’autant  que  le  sang  est  de 
plus  grosse  substance  :  partant  occu¬ 
pent  et  prennent  plus  grande  quan¬ 
tité  de  chair  que  ne  fait  l’humeur 
cholérique,  qui  est  plus  superficiel, 
ainsi  que  voyons  aux  erysipeles. 

l’ay  veu  des  charbons  qui  de  leur 
leschare  occupoient  presque  la  moi¬ 
tié  du  dos ,  les  autres  les  deux  claui- 
•cules  tirant  vers  la  gorge,  et  auoient 
ifongé  si  fort  les  parties  subiacentes, 
que  l’on  pouuoit  voir  la  trachée  ar¬ 
tère  descouuerte  :  autres  occupoient 
la  moitié  des  muscles  de  l’epigastre, 
et  l’eschare  cheute  on  voyoit  à  l’œil 
le  péritoine  descouuert  :  ce  qui  est 
aduenu  à  moymesme  d’vn  charbon 
que  i’ay  eu  au  ventre,  duquel  la  ci¬ 
catrice  m’est  demeurée  de  la  gran¬ 
deur  de  la  palme  de  la  main  L  Et 
lors  qu’ils  sont  ainsi  grands  et  énor¬ 
mes,  le  plus  souuent  sont  mortels. 

Il  y  a  des  charbons  et  bosses  qui 
commencent  sous  le  menton  ,  puis  la 
tumeur  s’augmente  peu  à  peu  ius¬ 
ques  aux  clauicules,  et  estranglent  le 
malade.  Semblablement  il  y  en  a  aux 
aines,  qui  occupent  grande  partie  des 
muscles  du  ventre  ^  :  mais  la  plus  dan¬ 
gereuse  aposteme  est  celle  qui  se  fait 
sous  les  aisselles ,  d’autant  qu’elle  est 
plus  proche  du  cœur. 

Il  y  en  a  aussi  qui  sont  énormes, 
grands  et  hideux  à  regarder,  et  de 
tels  le  plus  souueni  lé  malade  meurt, 
ou  la  partie  demeure  meheignée,  y 
restant  après  la  consolidation  vne  tu- 

1  Paré  ajoutait  ici  en  note  marginale  : 
L  Malheur  a  eu  le  charbon  et  la  peste. — Voyez 
à  ce  sujet  mon  Introduction,  page  cclxxii 
et  cccxvi. 

®  La  phrase  finissait  là  dans  les  premières 
éditions;  ce  qui  regarde  le  charbon  des  ais¬ 
selles  est  une  addition  de  1585. 


DE  LA. 

mcur  elephantique,  et  qiielquesfois 
son  action  est  du  tout  perdue  :  ce  que 
i’ay  veu  plusieurs  fois.  D’auantage 
aucunesfois  pour  la  grande  pourri 
ture  de  la  matière,  la  chair  laisse  les 
os  desnucs:  et  les  iointures  et  liga- 
mens  se  trouuent  tous  résolus ,  tant 
est  la  pourriture  chaude  et  humide. 

Les  charbons  iettent  vne  sanie  vi¬ 
rulente,  très  puante,  d’estrange  na¬ 
ture,  qui  fait  l’vlcere  corrosif  et  am- 
bulatif,  pourri  et  corrompu,  et  le 
plus  souuent  se  procréent  plusieurs 
vessies  aux  parties  voisines,  lesquel¬ 
les  après  s’assemblent  toutes  en  vne, 
et  iettent  sanie  en  petite  quantité, 
principalement  ceux  qui  sont  faits  de 
cholere,  à  cause  de  la  siccité  de  la 
matière  bru  siée  qui  fait  eschare:  et 
tard  se  conuertissent  en  bonne  bouë 
ou  sanie  loüable,  parceque  la  matière 
est  bruslée  et  non  pourrie,  par  l’acti- 
uité  excessiue  de  l’inflammation  et 
corrosion.  Outre-plus,  la  tumeur  de 
la  bosse  et  du  charbon  est  quasi  tous- 
iours  rebelle ,  et  tres-difficile  à  estre 
résolue  ou  suppurée,  pour  la  mali¬ 
gnité  de  leur  nature.  Et  quand  ils  ne 
suppurent  par  aucuns  medicamens,  et 
la  tumeur  demeure  de  couleur  noire, 
et  si  on  veut  attenter  à  les  ouurir,  il 
n’en  sort  qu’vne  sérosité  noirastre,  et 
le  plus  souuent  nulle  humidité  ;  de 
mille  malades  ainsi  aflèctés,  à  peine 
en  reschappe  ‘vn  seul.  Ce  que  i’ay 
plusieurs  fois  remarqué,  pensant  les 
pestiférés  à  l’Hostel-Dieu  de  Paris  *. 

Il  y  a  des  charbons  ausquels,  quand 
ils  sont  ouuerts,  on  trouue  vne  chair 
molle  et  spongieuse  qui  ne  se  peut 
corriger  :  car  quand  on  en  consume 
quelque  portion,  il  en  renient  d’a¬ 
uantage  :  et  tels  sont  mortels,  parce 

1  Cette  dernière  phrase  est  aussi  une'ad- 
dition  de  1585. 


PESTE.  43^ 

qu'ils  ne  cedent  aux  remedes,  ce  que 
i’ay  veu  souuentesfois  à  mon  grand 
regret. 

D’auantage,  aucuns  sont  fails 
d’vne  si  grande  corruption  d’hu¬ 
meurs,  et  si  malings,que  les  membres 
tombent  en  mortification,  tellement 
qu’on  voit  le  pied  se  séparer  de  la 
iambe,  et  le  bras  de  l’espaule. 

Aussi  autour  d’aucuns  charbons 
et  bosses ,  se  font  petites  vessies  , 
comme  s’ils  auoient  esté  piqués  d’or¬ 
ties,  ou  comme  celles  qu’on  voit  aux 
herpès  miliaires,  lesquelles  sont  pro¬ 
créées  de  vapeurs  exhalantes  des  ma¬ 
tières  coniointes  et  arrestées  en  la 
partie,  que  Nature  iette  hors.  Telles 
vessies  ne  présagent  pas  nécessaire¬ 
ment  la  mort  :  mais  si  la  partie  char¬ 
bonnière  deuient  boursouflée  ,  et  de 
couleur  purpurée  ou  verdoyante  , 
plombine  et  noire,  et  autour  on  treuue 
les  ampoulles  semblables  à  celles  des 
brusleures,  et  que  le  malade  dit  n'y 
sentir  plus  de  douleur ,  soit  que  Ton 
le  pique,  coupe ,  ou  brusle ,  c’est  si¬ 
gne  non  seulement  de  gangrené, 
mais  de  mortification  totale,  et' que  la 
chaleur  naturelle  est  suffoquée  et  es- 
teinte  par  la  malignité  du  venin. 

Outre-plus,  i’ay  esté  curieux,  estant 
à  l’Hostel-Dieu  de  Paris,  et  ayant  veu 
des  malades  de  peste  ausquels  s’es- 
toient  apparues  quelques  tumeurs 
aux  emonctoires,  lesquelles  le  len¬ 
demain  n’apparoissoient  aucune¬ 
ment,  dont  les  malades  mouroient, 
de  chercher  à  la  partie  la  cause  de  la 
mort  :  et  véritablement,  i'ay  trouué 
à  aucuns ,  ayant  fait  incision  assez 
profonde  ,  la  chair  y  estre  bruslée 
comme  si  vn  cautere  actuel  y  auoit 
passé. 

Les  bosses  et  charbons  ne  sont  ia- 
mais  gueres  sans  fiéure,  laquelle  est 
plus  grande  lors  qu’ils  se  font  au)^ 


438  LE  VINGT-QVATRIEME  LIVRE, 


emonctoires  et  aux  parties  nerueu- 
ses ,  qu’aux  charneuses  :  toutesfois 
ceux  qui  sont  de  bonne  température, 
ayans  les  vertus  et  facultés  fortes , 
ont  la  fleure  moindre,  et  pareillement 
tous  les  autres  acçidens. 

Les  cbarbops  n’oçcupent  pas  seule¬ 
ment  les  parties  externes,  mais  aussi 
quelquesfois  les  internes,  et  quel- 
quesfqis  les  deux  ensemble.  Si  ipte- 
rieurement  le  cœur  en  est  saisi  sans 
aucune  apparence  extérieure,  la  yip 
est  dpplorée  pt  briefue,etles  mqlades 
meprent  souvient  en  mangeant,  beu- 
uant,  et  en  cheminant.  Si  Ip  poulnion 
pu  le  diaphragme,  et  autres  parties 
dedi^es  à  l’inspiraflon  et  expiration, 
en  sont  pceppées,  le  malade  meurt 
en  vingt-quafre  heures,  ou  pioins, 
parce  qu’tl  est  suffoqué  par  faqfe  ^e 
respiration.  Si  le  cerueau  en  pst  as¬ 
saini  ,  s’ensuit  frenesie  et  rage,  puis 
la  piprt.  Si  le  venin  se  iette  spr  les 
parties  ^ediées  à  i’yrine,  le  malade 
nieurt  par  faute  li’vriner.  Çe  qpi  ad- 
pint,  au  chasteau  de  Roussillon,  à  vne 
dampiseile  dp  ^  Royne,  de  laqpplle 
puons  parlé,  cy  4’^ssi  si  fp 

charbon  se  fette  en  l’estomaçb ,  pela 
est  mortel  :  ce  qui  spruinf  pu  gop- 
perueur  des  Datnos  de  l’Hosfel-Rieu 
de  Paris,  lors  qpe  i’eslois  audit  lieu 
pensant  les  roatad^s- 
Pr  icelpy  estoit  vn  moine  ieppe , 
Rapt,  droit ,  fprt  et  puissant,  de  i’or- 
dre  de  saipct  Victpr,  auquel  suruint 
yne  Répre  cpntipue,  et  appil  la  lan¬ 
gue  aride ,  seiche ,  et  raRofepse ,  de 
couleur  noire,  à  capse  de  l’extreme 
chaleur  de  la  fiéure,  et  de  la  vapeur 
putride  qui  mpnloit  des  parpes  inté¬ 
rieures  à  la  bouche  (car  selon  le  dire 
vulgaire,  quand  vn  four  est  biep 
chaud,  la  gueule  s’en  ressent)  et  ti- 
roit  la  langue  Rorsla  bouche,  comme 
yn  cRien  qui  a  longuement  copru  ,  pt 


aupit  vne  extreme  altération,  dési¬ 
rant  perpétuellement  boire,  auec 
grande  défaillance  de  cœur,  et  appé¬ 
tit  continuel  de  vomir  :  et  mourut  au 
troisiépie  iour  en  conuulsion  vniuer- 
selle  do  tous  ses  niembres  Les  Da¬ 
mes,  vpyans  le  panure  mpyne  des- 
pesché  eu  si  Rrief  temps,  et  çonside- 
rans  les  açpidens  qui  furent  si  cruels, 
afflrmoiept  qu’il  aupjt  esté  emppi- 
Spnné  :  dt^nf  messieurs  les  (^ppper- 
peurs  dddH  Ilpstel-Dieu ,  en  ayans 
esté  advjertis,  cornpianderent  que  fe 
corps  du  moyne  fpst  puuerf,  pour  ep 
sçapoir  la  Yefité.  Et  pour  ce  faire  fu¬ 
rent  appellés  vn  lifedeçin  et  yp  Chi¬ 
rurgien  apec  moy,  pt  rayaps  ppuert, 
nops  tfoupasnies  au  fpnd  de  son  es- 
tpmach  vn  vesfige  seinbiable  à.  çeluy 
qpe  laisse  vu  caulere  potentiel,  apeip 
yne  esçliare  ou  propste  de  largeur 
4’ vpe  ongle,  éf  le  reste  Re  l’eslomaçh 
fort  retiré  et  bien  dur.  Alors  tous 
d’vn  consentement  ,  promptement 
cpn’clpsmes  qu’il  aubit' esté  empoi¬ 
sonné  de  spblinié  ou  arsepic,  Veu 
l’eschare  laquelle  penetroit  bien  fort 
prpfpndemènt.  Et  ainsi  que  le  recou- 
sois  le  çpfps  d’iceipy,  i’apperceus  plu¬ 
sieurs  petites  taches  noires,  semées 
sur  son  corps  :  et  Iprs  ie  r’appellay  la 
copipagnie  ppur  contempler  iesdites 
taches,’  ïépr  disant  et  affirniant  qpp 
c’estoif  dp  pourpré  :  mais  le  Médecin 
et  Chirurgieq  pie  dirent  que  c’es- 
tpient  morsures  de  puces  ou  de  pp- 
naisé^:  çe  que’pe  youius  apcpuepièut 
accorder,  parce  qu’il  y  en  auoït  eu 
grqndé  quantité.  Et  pour  vérifier 
mon  dire,  iè  prins  vive' espingle,  la 
poussant  assez  profondément  dans  le 
dd  pînsieurs'endrpils,  et  le  le- 
uay  eii  haut,  puis  lécoupay  iaiüec  ci¬ 
seaux,  et  fiit  trdtiuée  la  t'hair’ dé  des¬ 
sous  bien  fort  noire.  Pareillement 
nous  considerasmes  la  couleur  liuide 


DE  LA 

du  nez,  des  oreilles,  et  des  pngles, 
mesmes  de  tout  le  corps,  plus  noire 
qu’elle  n’a  çoustume  d’eslre  aux 
morts  d’autres  maladies,  et  principa¬ 
lement  le  visage  changé,  tellenmpl 
qu’il  estpit  quasi  impossible  de  le 
pouupir  recpnnpistre.  Adonc  cban- 
gerept  d’oplniop.  et  fismes  rapport 
que  le  mpyne  estoit  mort  d’vu  char¬ 
bon  pestiféré ,  et  non  d’autre  poison. 


CHAPITRE  XXX vm. 

DE  LA  CVRE  DV  CHARBON  PESTIFERE. 

Nous  auons  dit  par  cy  deuant  qu’au 
charbon  y  quoit  grande inflammat|pn 
et  extreme  douleur ,  qui  entretient  et 
augmente  la  fiéure,  et  autres  griefs 
accidens  ,  lesquels  affoiblissent  et  ab- 
batent  les  vertus,  ce  que  soupentes- 
fois  est  cause  de  la  naort  des  pauurps 
malades  :  pt  cela  prpuient  de  la  pu¬ 
tréfaction  et  corruption  qui  se  fait  dp 
la  substance  du  sang  çprropipu  et  de 
la  vénénosité  d’icelpy.  Parquoy  il 
faut  que  le  Chirurgien  ait  esgard  à 
contrarier  à  la  cause  d’icelle  douleur, 
et  n’applique  dessus  le  charbon  reme- 
dès  fort  cbapds  et  attractifs,  ny  fort 
emplasiiques  et  visqueux ,  comme 
nous  auons  dit  du  bubon  ,  pa.rce  qu’Us 
empesçhent  quelque  exhalation  du 
venin  »  eschauffent  et  opilent  trop  , 
dont  les  tupieprs  sont  rendues  plus 
rebelles  à  spppuration.  Et  partant  il 
vserq  de  relaxalifs ,  qui  ouurent  les 
pores,  et  contrarient  à  la  vehemente 
chaleur  du  venin ,  et  suppurent  C  Ce 
qui  se  fait  rarement ,  à  cause  que  la 
partie  charbonnière  estant  rpsiie  de 

1  U  gn  de  cette  phrase  pianqpe  dans  tes 
premières  édiUons,  et  a  été  ajoutée  en  1685. 


PES^E.  439 

chaleur  estrange ,  iefte  vn  niQïceau 
de  chair  nommé  eschare  :  et  apres  es- 
tre  cheute,  demeure  vn  vlcere  caue, 
sordide,  et  de  difficile  epration. 

Donc  pour  le  commencement ,  on 
fomentera  le  lieu  d’eau  chaude  et 
d’huile ,  en  laquelle  on  mettra  vnpeu 
detheriaque,  y  laissant  dessus  estou- 
pes,  ou  laine  grasse,  ou  du  cotton  :  ou 
en  lieu  de  telles  choses,  on  vsera 
d’vne  decoption  faite  de  guimauues, 
oignons  de  lys ,  semence  de  lin ,  figues 
grasses ,  huUe  d’hypericon ,  à  fin  de 
raréfier  le  cuir  et  attirer  la  matière 
au  dehors  :  puis  le  lendemain  on  y 
appliquera  ce  cataplasme. 

Tf.  Foliorum  acetosçe  et  hyo^cyaroi  anam*  U- 
Coquanlur  mh  cineribus  calidis,  postea  pis- 
tentur  cum  : 

Vitellis  ouorum  numéro  iiij. 

Theriacæ  3.  ij. 

Olei  lUiorum  5  •  hj- 
F  afin®  hordei  quantum  sufficit. 

Fiat  cataplasma  ad  forrnam  pultis  satis  ti 
quidæ. 

Tel  cataplasme  sede  la  douleur,  re¬ 
prime  l’inflammation ,  et  suppure ,  et 
ce  faisant  fortifie  les  forces  du  ma¬ 
lade. 

Autre. 

Tf.  Radicum  altheæ  et  liliorum  ana  § .  iiij. 
Seminis  fini  § .  C . 

Co^uanlur  complété,  et  coleptur  per  seta- 
ceum ,  addendo  : 

Butyris  recentt  f  .p  fi. 

Mithridalij  3.  j, 

Farinæ  hordei  quantum  sufficit. 

Fiat  çataplasma  vt  decet. 

Les  cataplasmes  suiuans  sont  pro¬ 
pres  pour  attirer  la  matière  vene- 
neuse,  et  aider  Nature  à  faire  suppu¬ 
ration  ,  lors  que  la  fluxion  n’est 
grande, 


440  LE  VINGT-QVATRi:iéME  LIVRE, 


'■if.  Rndicis  liliorum  alborum  ,  cæparum  , 
forrticnti  ana  §  .  C . 

Scminis  sinapi ,  fimi  columbini,  saponis 
mollis  ana  3.j. 

Limaces  vj.  cuni  testis. 

Sacchari  oplimi ,  theriacæ  et  mithrida- 
tij  ana  3.  û . 

Pistentur  omnia,  et  incorporentur  simul 
cum  vitellis  ouorum ,  et  fiat  cataplasma. 

Lequel  sera  appliqué  vu  peu  chaud 
sur  le  charbon.  Et  le  puis  asseurer 
que  d'icelui  verras  vn  effet  merueil- 
leux,  pour  suppurer  et  attirer  la  ma¬ 
tière  virulente  du  dedans  au  dehors. 

Autre. 

"if.  Vitellos  ouorum  numéro  vj. 

Salis  communis  puluerisati  §.j. 

Olei  liliorum  et  theriacæ  ana  3.  C. 
Farinæ  hordei  quantum  sulficit. 

Fiat  cataplasma. 

Et  en  lieu  d’iceux ,  on  vsera  du  mé¬ 
dicament  suiuaut : 

Diachylonis  paru!  §  iiij. 

Vnguenti  basiliconis  § .  ij. 

Olei  violarum  §  .  fi. 

Fiat  medicamentum. 

Plusieurs  auteurs  ont  loüé  à  grand’- 
merueille  la  scabieuse  broyée  entre 
deux  pierres,  et  mixtionnée  auecques 
vieil  oing,  iaunes  d’œuf  et  vn  peu  de 
sel ,  pour  faire  suppurer  le  charbon. 
Aussi  l’œuf  entier  meslé  auecques 
huile  violât  et  farine  de  froment ,  ap- 
paise  la  douleur  et  suppure.  D’auan- 
tage ,  la  racine  de  raifort  coupée  en 
petites  pièces,  et  appliquée  sur  les 
charbons  et  apostemes  pestiférées,  et 
renouuellée  souuent ,  attire  grande¬ 
ment  le  venin. 

Et  pour  esleindre  la  grande  inflam¬ 
mation  ,  on  pourra  pareillement  ap¬ 
pliquer  sur  les  bosses  et  charbons  ca¬ 


taplasmes  faits  d’escargots  ou  lima¬ 
çons  aucc  leur  coquille  sublilement 
pilés  et  broyés ,  y  adioustant  du  thé¬ 
riaque  ou  methridat ,  et  renouuellés 
souuent. 

Autre.  Prenez  vers  de  terre  tant 
qu’il  sera  besoin ,  comme  vne  bonne 
poignée ,  et  les  y  appliquez  dessus,  es¬ 
tant  mis  dedans  vn, petit  linge  bien 
délié ,  fait  en  maniéré  de  sachet. 

Autre.  Prenez  grenoüilles  hachées 
et  pilées ,  et  les  appliquez  dessus. 

Autre.  Prenez  escreuisses  broyées 
et  pilées  subtilement  auec  leur  co¬ 
quille. 

Autre.  Prenez  buislres  auec  leur 
coquille  et  leur  eau,  et  les  pilez  et  ap¬ 
pliquez  dessus. 

Tels  animaux  ainsi  appliqués  se- 
dent  la  douleur  et  esteignent  la  gran¬ 
de  ferueur  et  inflammation ,  et  atti¬ 
rent  à  merueille  le  venin  pestiféré.  Si 
on  abhorre  cesdifs  animaux ,  en  lieu 
d’iceux  on  vsera  sur  toute  la  partie 
charbonnière  enflammée  et  embrasée 
de  remedes  froids  et  humides ,  comme 
fueilles  d’ozeille ,  iusquiame ,  man¬ 
dragore,  ciguë,  morelle,  plantain , 
et  autres  semblables ,  de  chacun  vne 
poignée  :  et  seront  appliqués  auec 
leur  jus,  et  renouuellés  souuent,  et 
continués  seulement  tant  que  la 
grande  douleur,  ferueur  et  ébulli¬ 
tion  de  l’inflammation  sera  esteinte. 
Que  si  quelqu’vn  dit  que  tels  remedes 
extrêmement  froids  pourroient  re¬ 
percuter  le  venin  du  dehors  au  de¬ 
dans  ,  et  suffoquer  la  chaleur  natu¬ 
relle  de  la  partie  par  leur  extreme 
froideur  :  à  cela  il  est  aisé  de  respon- 
dre,  que  l’intention  pourquoy  on  les 
applique  est  pour  seder  la  douleur,  et 
esteindre  l’impétuosité  et  ferueur  de 
la  grande  inflammation  qui  fait 
augmentation  de  la  fiénre ,  aussi  pour 
euiter  la  gangrené  et  mortification 


DE  LA  PESTE. 


de  la  partie ,  comme  nous  auons  dit 

Aussi  le  jus  de  l’herbe  nommée 
Tussilago,  ou  pas  d’asne ,  esteint  pa¬ 
reillement  l’inflammation  des  char¬ 
bons  :  comme  aussi  fait  l’herbe  nom¬ 
mée  Morsus  dialoli ,  pistée  et  appli¬ 
quée  dessus. 

l’ay  souuent  vsé  du  remede  sui- 
uant,pour  reboucher  et  abbaltre  la 
grande  ferueur  et  douleur,  et  aider 
Nature  à  faire  suppuration. 

Prenez  quatre  onces  de  suye  qui  est  adhé¬ 
rante  contre  les  parois  de  la  cheminée: 
deux  onces  de  gros  sel  :  et  les  pul- 
uerisez  subtilement,  y  adioustant  des 
moyeux  d’oeufs,  tant  que  le  tout  soit  en 
forme  de  bouillie  :  et  ce  soit  appliqué 
vn  peu  tiede  sur  le  charbon. 

D’auantage  ne  faut  omettre ,  à 
l’augmentation  du  charbon ,  de  cauté¬ 
riser  la  pointe ,  si  elle  apparoist  noire, 
auec  huile  feruente  ou  eau  forte  ;  car 
par  ladite  cautérisation  on  abbat  et 
foudroyé  le  venin,  et  appaise-on  la 
grande  douleur  et  autres  accidens  : 
et  te  puis  asseurer  que  ie  l’ay  fait 
plusieurs  fois  auec  bonne  et  heureuse 
issue  ;  et  puis  bien  asseurer  qu’elle  ne 
fait  grande  douleur ,  à  cause  qu’on  ne 
touche  que  la  pointe  du  charbon,  qui 
est  le  commencement  d’eschare  quasi 
insensible.  Et  après  l’auoir  cautéri¬ 
sée,  on  continuera  les  remedes  sus¬ 
dits  iusques  à  ce  que  l’on  verra  que 
l’eschare  se  séparé  d’autour  comme 
vn  cercle ,  qui  est  lors  vn  bon  présa¬ 
gé  ,  signifiant  que  Nature  est  forte  , 
et  qu’elle  domine  sur  le  venin.  Et 
après  que  l’eschare  sera  du  tout 

1  Tout  ce  long  passage,  qui  commence  à 
la  page  précédente  à  ces  mots  :  ei  pour  esiein-, 
dre  la  grande  inllarnmalion,  etc.,’  a  été  inter¬ 
calé  ici  seulement  en  1586;  mais  il  avait  déjà 
parudanslepetitDwcoiirirfe/ai-’estede  1582. 


44 1 

hors ,  on  vsera  de  remedes  detersifs  , 
doux  et  henings,  comme  ceux  qu’a- 
uons  descrits  cy  dessus  au  chapitre  de 
l’aposteme  pestiterée,  les  diuersifiant 
selon  la  nature  de  l’vlcere  et  de  la 
partie,  et  température  des  malades  : 
car  aux  délicats ,  comme  femmes,  en- 
fans,  et  ceux  qui  ont  le  cuir  mollet  et 
fort  rare ,  faut  vser  de  remedes  plus 
doux  et  moins  forts  qu’à  ceux  qui 
sont  robustes,  lesquels  ont  la  chair 
et  le  cuir  plus  dur  et  les  pores  plus 
serrés.  Aussi  ce  pendant  qu’il  y  aura 
dureté  et  tumeur  en  la  partie  char¬ 
bonnière  ,  on  doit  tousiours  continuer 
les  medicamens  suppuratifs ,  remolli- 
tifs  et  detersifs ,  à  fin  de  tousiours  ai¬ 
der  Nature  à  ietter  l’humeur  .superflu 
entièrement  dehors ,  à  cause  qu’il  y  a 
double  indication, c’est  à  sçauoir,  d’a¬ 
mollir  et  suppurer  l’humeur  superflu 
qui  est  autour  de  la  partie ,  et  finale¬ 
ment  mondifier  et  tarir  celuy  de  l’vl- 
cere. 


CHAPITRE  XXXIX, 

DV  PRVRIT  ET  DEMANGEAISON  QVI  VIENT 
AVTOVR  DE  L’VLCERE,  ET  DE  LA  MA¬ 
NIERE  DE  PRODVIRE  LA  CICATRICE. 

Les  parties  d’autour  de  l’vlcere 
le  plus  souuent  s’escorchent  super¬ 
ficiellement  ,  par  le  moyen  de  petites 
pustules  vlcereuses  situées  sans  ordre, 
auec  ponction ,  ardeur,  et  prurit  aigu 
et  poignant.  Or  la  cause  peut  venir 
du  dedans ,  et  aussi  du  dehors  :  du 
dedans ,  par  vne  sanie  aiguë  et  mor- 
dicante  resudante  de  l’vlcere,  qui  ar- 
rouso  les  parties  voisines,  prouenant 
du  virus  veneneux  qui  est  commu¬ 
nément  en  l’humeur  cholérique  ,  ou 
phlegnie  salé  :  de  la  cause  extérieure, 


I.E  VINGT-QVATRI^ME  LIVRE 


44<i 

par  ppUation  dps  rpnicdes  desquels  on 
a  lopgnpment  ys0,  qui  fcrnient  et 
bouchent  Ips  ppres,  et  csciiauffent  la 
partie. 

Et  pour  la  cure  d’içeluy ,  on  doit 
fomepter  la  partie  de  choses  discu- 
tientes  et  retnolliliues,  et  par  ablu¬ 
tion  d’eau  bleue  (  qui  est  eau  forte  es- 
teinte  et  ayant  ja  serui  aux  orféures) 
ou  alumineuse ,  pu  eau  de  chaux ,  ou 
saumui  P ,  et  semblables  chpsps. 

Or  véritablement  les  v|ceres  faits 
par  les  charbons  spnt  fort  difficiles  à 
es^re  consolidés ,  parce  que  la  sanie 
es1(  aiguë  et  corrosiue,  tantost  crpsse, 
lantQSt  subtile,  ioint  que  la  figurp  dp 
ryipere  est  quasi  tousiours  ronde.  La 
cause  d’iceUe  spnie  est  le  sang  aliéné 
et  changé  du  tout  de  sa  nature,  par 
i’excessiue  chaleur  et  corruption  :  et 
apssi  à  cause  gue  la  partie  a  receu 
ypp  biep  grande  intpmperature  par 
lé  yipe  de  l’burqeur.  Quant  à  ce  que 
la  figuré  ronde  de  l’vlcere  est  difficile 
à  consolider ,  cela  se  fait  à  cause  que 
la  sanie  ne  se  peut  bien  euacuer ,  la¬ 
quelle  par  sa  trop  longue  demeure 
acquiert  vne  çhalpur  et  nitrosité  ou 
acrimonie,  qui  par  l’attouchement 
des  parois  de  Vvtcere  augmente  la 
cauilé,  à  cause  qu’elle  rpnge  la  chair 
d’autour  :  et  puis  l’entpur  se  bordé  et 
deuient  calleux  et  dur,  dont  après  ne 
peut  estre  consolidée  que  premiere- 
meni  on  ne  l’ait  osté  :  car  les  pprp- 
sités  de  la  chair  ainsi  calleuse  et  dure, 
sont  serrées  et  eslreintes ,  et  ne  per¬ 
mutent  qup  le  sang  puisse  penetrpr 
pour  faire  génération  de  chair.  Sein- 
blablement'les  bords  esleués  par  ex¬ 
croissance  de,  chair  repügnent  à  la 
consolidation ,  comme  estans  chose 
superflue  :  parquoy  les  faut  couper  et 
consumer ,  soit  par  fer ,  ou  par  medi- 
çamens.  Et  après  auorr  rendu  l’ vl- 
çere  ppplani  et  sans  tumeur,  et  rem¬ 


pli  de  chair,  on  vsera  de  mpdicamens 
cicàtrlsalifs ,  lesquels  ont  puissance 
de  condenser  et  endurcir  la  çhajr,  et 
produire  peau  semblable  au  cuir. 
Desquels  en  y  a  de  deux  manières  : 
l’vne  de  ceux  qui  n’pnt  aucune  éro¬ 
sion,  mais  ont  grande  verlu  astrin¬ 
gente  et  desiccatiue ,  comme  sont  es- 
corpes  de  grenades,  escorce  de  chesne, 
tuthie,  liüiarge,  os  bruslés,  squamrne 
d’airain ,  noix  de  galle,  noix  de  cyprès, 
minium ,  pompholyx  lauée,  antimoi¬ 
ne,  bole  armene,  coquilles  d'huistres 
bruslées  et  lauées,  et  la  chaux  lauée 
par  neuf  fois,  et  plusieurs  métaux: 
les  autres  sont  presque  semblables 
à  ceux  qui  rongent  et  consument  la 
chair  :  mais  il  faut  qu’ils  soient  ap¬ 
pliqués  en  bien  petite  quantité , 
comme  sont  vitriol  laué ,  alum  epit , 
et  autres  semblables.  Or  l’alum  cuit 
sur  tous  les  cicatrisalifs  est  singulier 
pour  sa  yeitu  desiccatiue  et  astrin¬ 
gente,  rendant  la  chair  ferme  et  dure, 
laquelle  est  molle  et  spongieuse,  et 
arrousée  d’humidité  superflue  :  et 
partant  il  aide  à  faire  le  cuir  solide 
ét  dur.  Toutesfois  les  renaedes  seront 
diuersibés  selon  les  temperamens  ; 
car  aux  enfaps  et  femmes ,  et  géné¬ 
ralement  à  ceux  qui  ont  la  cham 
mplle  et  delicaté  ,  on  ep  vsera  de 
moins  forts  qu’aux  températures  ro¬ 
bustes  et  seiches ,  de  peur  qu’au  lieu 
dé  faire  le  cuir,  on  ne  corfodast  la 
chair. 

Et  après  auoir  fait  la  cicatrice, 
pour-ce  qu’elle  demeure  en  telle  ma¬ 
ladie  touiours  laide  et  hideuse  h  voir, 
à  cause  de  la  grande  adusUon  qui  a 
biuslé  la  partie,  comme  si  le  feu  d’vn 
charbon  ardent  y  auoit  passé,  ie  ne 
puis  encore  passer  que  ie  ne  descriue 
quelque  moyen  pour  l’embellir  :  car 
le  plus  souuent  elle  demeure  rouge, 
liuide  ou  noire,  esleuée  et  rabptéuse  s 


443 


DE  EA  PESTE. 


ce  qu’on  fera  principalement  en  la  ' 
partie  où  le  malade  desire  ladite  ci¬ 
catrice  estre  moins  apparente. 

Exemple  pour  vnir  le  cuir  qui  demeure 
inégal. 

Prenez  vne  lame  de  plomb  frottée  de  vif-ar¬ 
gent,  et  ia  liçz  dessps  la  partie  estroit- 
tement. 

Et  pour  rendre  le  cuir  blanc,  il  faut 
prendre  de  la  chau:^  vipe  lauée  par 
neuf  fois,  ù  fin  qn’elle  pit  perfiù  sou 
açritnpnie:  puis  sera  ipcorppfde  ^neç 
finiie  posai ,  soit  faii  ongnept. 

Àutrç.  Prenez  deux  iipres  de  tavr 
tare,  c’est  W* 

adhéré  contre  tes  tonnean?ç ,  ef  soit 
bruslée  et  mise  eii  poudrp  :  puis  on 
ta  mettra  dans  yn  cpnure-çhef  de 
toile  médiocrement  déliée,  taquetle 
sera  pendue  ep  vne  cape  fiomidd-» 
nn  mettra  yn  vaisseau  desspus  ponr 
recenoir  ta  liqueur  laquelte  distil¬ 
lera  gnute-ù-goute  ;et  d’ipelte  ta  cica¬ 
trice  en  soit  frottée  assez  long  tPiPP^- 
Semblablement  la  suenr 
appliquée  souuent  dessus  la  cicatrice, 
oste  grandement  ta  rougeur  qui  de¬ 
meure  en  icelle.  L’onguent  citrin  re- 
centement  fait  h  P^r^ttle  yo*'tu , 
comme  aussi  remplastre  dp  ceruse , 
lequel  sera  pareillement  fait  de  nou- 
ueau.  Outre-plus  ,  Ips  trois  composi¬ 
tions  suiuantes  sont  bien  apprpuuées. 

Axungiæ  suillæ  nouies  lotæ  in  acelo  acer- 
rimo  § .  üij. 

Cinàbrij ,  succi  citrij ,  et  aluminis  vsti 
ana  §  .  fi . 

Saiphnris  viai  igpçm  pon  çxperd  3-  U- 
Caphuræ  3.  ij.; 

Puluerisentur,  deinde  incorporenturomnia 
simul ,  et  fiat  vngucntum. 

Il  subtilie  le  cuir  et  efface  grande¬ 
ment  les  taches. 


Autre. 

Of.  Ole!  hyoscyaml  et  olei  seminis  cucurbitæ 
ana  §.  j. 

Olei  tartari  %.  Ç>. 

Cçræ  albæ  3.  iij. 

Liquéfiant  isla  sin^ul  lento  igné,  deinde 
adde  spermatis  ceti  3.  vjj.  remopeantur 
priedicta  ah  igup?  danec  Infrigidentuc, 
poçtea  addes  ; 

Trpcbheprum  alfiorum  Rhasis  puluerisa- 
torum  3.  ifi. 

Çaphuræ  5,j. 

Tandem  cuni  rnali  citrU  5ViÇÇ9  ompia  dlfi- 
genler  misce  :  et  fiat  liîiimentum. 

Autre. 

■if;.  Radiçis  serpentariie  1  •  L. 

Bulliat  in  aquæ  copunanis  B>.  i-  ad  dipii- 
dias ,  deinde  addç  aplphuris  y.\ai  ignani 
non  expert!,  et  aluminis  cçadi  puluerisati 
ana  3.  j.  fi  :  po^^a  Phientur  prædicla ,  et 
addatur  : 

Caphuyae  3.  j. 

Succi  hypsçyamr  5.  L 

■  On  gardera  cela  en  yn  vaisseau,  de 
plornb  pu  de  verÇO  •  pî  9,P 
voudra  vser,  faut  tremper  des  pièces 

4e  lihépr  aPPfittPhhl*  P^**' 

tie.  Qn  peqt  vser  dés^its  medicamens 
pour  ostpr  la  rougeur ,  et  principale¬ 
ment  du  visage,  les  appliquant  des¬ 
sus  au  soir  ,  et  lés  j  laissant  toute  la 
nuit  :  puis  au  matin  op  se  laueracfeau 
de  son  vu  peu  tiede. 


CHAPITÏIE  XU 

DE  PLVSIEVRS  EVjVCVATIONS  çyi  Sp  FONT 
qVTBE  LES  PBECEDENrES,  ET  PBEMIE- 
RECENT  DE  LA  SVEyp. 

Ayant  parlé  des  euaçuations  qui  se 
font  par  l’aposteme  pestiféré ,  par  les 


444  VINGT-QVATRIÉME  LIVRE, 


charbons  et  autres  éruptions  du  cuir, 
il  nous  reste  de  présent  à  parler  de 
celles  qui  se  font  par  sueur ,  vomis- 
semens ,  flux  de  sang  par  le  nez,  ou 
hemorrhoïdes,  et  par  les  mois  aux 
femmes,  aussi  par  le  flux  de  ventre, 
et  autres,  à  fin  que  par  telles  eua- 
cuations  on  aide  encores  Nature  à 
expeller  le  venin  du  dedans  au  de¬ 
hors  ,  et  principalement  que  celuy 
qui  n’est  encores  paruenu  iusques  au 
coeur  n’y  puisse  aller  aucunement. 
Et  en  telles  euacuations  le  chirurgien 
aura  esgard  où  Nature  est  coustu- 
raiere  à  faire  sa  descharge ,  et  aussi 
où  elle  tend  à  faire  sa  crise  ;  toutes- 
fois  icelles  euacuations  ne  sont  pas 
tousiours  critiques,  mais  symptoma¬ 
tiques  ou  accidentaires ,  comme  Na¬ 
ture  n’ayant  tousiours  puissance  de 
faire  bonne  concoction  comme  elle 
dcsireroit ,  à  cause  de  la  malignité  de 
la  matière,  qui  est  altérée  et  corrom¬ 
pue,  et  du  tout  contraire  aux  princi¬ 
pes  dont  nous  sommes  composés. 

Et  pour  commencer  à  la  sueur ,  si 
Nature  tend  à  se  descharger  par  icelle, 
elle  sera  prouoquée  en  faisant  cou¬ 
cher  le  malade  en  vn  lit  bien  chaud 
et  bien  couuert ,  et  luy  mettant  cail¬ 
loux  chauds,  bouteilles  ou  vessies  de 
porc  ou  de  bœuf 'remplies  d’eau 
chaude,  ou  esponges  trempées  en 
quelque  décoction  chaude  et  puis  es- 
preintes ,  et  faisans  ce  qu’auons  dit 
cy  deuant  pour  prouoquer  la  sueur. 
Les  anciens  nous  ont  laissé  par  escrit, 
que  toutes  sueurs  sont  bonnes  aux 
maladies  aiguës,  pourueu  qu’elles 
soient  faites  aux  iours  critiques,  et 
soient  vniuerselles  et  chaudes,  et  par- 
auant  signifiées  en  iour  démonstra¬ 
tif  ;  mais  en  telle  maladie  de  peste,  ne 
faut  attendre  la  crise,  comme  nous 
auons  dit,  mais  aider  Nature  à  chas¬ 
ser  subitement  le  venin  hors  par  tous 


moyens  où  on  verra  que  Nature  s’en- 
clinera  le  plus.  Le  malade  donc  suera 
vne  heure  ou  deux  ,  plus  ou  moins  , 
selon  qu’on  verra  estre  necessaire. 


CHAPITRE  XLT. 

DV  VOMISSEMENT. 

Aussi  le  vomissement  purge  tes  hu¬ 
meurs  que  les  médecines  fortes  ne 
peuuent  bien  faire  ,  et  par  le  moyen 
d’iceluy  l’humeur  veneneux  est  ietté 
le  plus  souuent  hors.  Parquoy  si  Na¬ 
ture  tend  à  se  descharger  par  iceluy, 
on  luy  aidera  en  donnant  à  boire  au 
malade  demie  liure  d’eau  tiede,  qua¬ 
tre  onces  d’huile  d’oliue,  vne  once  de 
vinaigre,  et  vn  peu  de  jus  de  raifort  : 
puis  tost  après  liiy  faisant  mettre  en 
la  gorge  vne  plume  d’oye  imbue 
en  huile,  ou  vne  petite  branche  de 
rosmarin  :  ou  mettra  les  doigts  au 
profond  de  la  gorge  ,  pour  se  prouo¬ 
quer  à  vomir. 

Autre  vomiloire. 

Prenez  eau  de  semence  de  lin,  laquelle  soit 
mucilagineuse,  et  en  faut  boire  vn 
verre  d’icelle  estant  vn  peu  tiede. 

Autre. 

Prenez  de  la  décoction  de  raifort  ou  de  sa 
semence,  et  semence  d’arroche,  de 
chacun  trois  dragmes. 

Demie  once  d’oxymel,  et  autant  de  sy- 
ropaceteux. 

Et  faut  en  donner  à  boire  au  ma¬ 
lade  en  bonne  quantité  vn  peu  tiede. 

Autre. 

Prenez  six  onces  d’oxymel  de  Galien,  et 
deux  onces  d’huile  commune,  et  soit 
donné  tiede. 


OÈ  LA  PÈSTE. 


44^ 


Or  si  Nature  n'est  facile  à  se  des- 
charger  par  le  vomissement,  ne  la 
faut  contraindre  :  car  estant  fait  par 
vehcmence  ,  il  cause  distension  aux 
fibres  nerueuses  de  restomach,  et 
abbat  les  vertus  ,  et  quelquesfois 
rompt  quelque  vaisseau  aux  poul- 
mons ,  dont  s’ensuit  flux  de  sang  qui 
abbrege  la  vie  du  malade.  Parquoy 
en  tel  cas  ae  faut  prouoquer  le  vo¬ 
mir  :  mais  plustost  l’estomach  sera 
corroboré  par  dehors  de  sachets  faits 
de  roses ,  absinthe ,  santaulx  (  ce  que 
descrirons  plus  amplement  cy  après) 
et  par  dedans  de  jus  de  coings  ou 
berberis,  et  bons  boüülons,  et  autres 
choses  qui  corroborent  l’estomach. 


CHAPITRE  XLTI. 

DE  CKACHER  ET  BAVER. 

Par  cracher  et  bauer  se  fait  aussi 
grande  euacuatipn  :  ce  qu’on  voit  par 
expérience  à  plusieurs  qui  ont  eu 
aposteme  aux  costes,  nommée  pleu¬ 
résie,  alors  que  la  suppuration  est 
faite,  la  sanie  est  iettée  par  la  sub¬ 
stance  rare  et  spongieuse  des  poul¬ 
inons,  et  de  là  conduite  par  la  trachée 
artere  en  la  bouche.  Et  quant  au 
bauer,  il  est  bien  manifeste  que  les 
pauures  verollés  se  purgent  par  ice- 
luy,  comme  aussi  par  le  cracher. 

Or  on  pourra  prouoquer  le  cracher 
et  bauer  auec  masticatoires  faits  de 
racine  d’iris,  et  depyrethre,  mastic, 
et  autres  semblables  :  aussi  en  tenant 
dedans  la  bouche  et  gargarisant , 
mucilage  de  semence  de  lin. 


CHAPITRE  XLllI. 

DE  l’eSTERNVER  ET  MOVCHER. 

Aussi  par  esternuer  et  moucher, 
Nature  euacue  souuent  ce  qui  luy  est 
superflu  ou  nuisible,  quand  le  cer¬ 
neau  de  son  propre  naturel  ou  par 
artifice  se  descharge  par  le  nez,  ce 
qu’on  voit  manifestement  en  ceux 
qui  ont  le  cerueau  fort  humide , 
comme  petits  enfans  et  vieilles  gens, 
lesquels  se  purgent  fort  par  cest  en¬ 
droit.  La  cause  d’iceux  est  intérieure 
ou  extérieure  ;  intérieure  ,  comme 
vne  matière  pituiteuse  ou  vaporeuse 
qui  moleste  le  cerueau,  plustost  tou- 
tesfois  à  l’esternuer  qu’au  moucher  : 
extérieure,  comme  lors  que  le  soleil 
donne  droit  dedans  le  nez,  ou  alors 
qu’on  y  met  vne  plume  ou  autre 
chose  semblable,  ou  quelque  poudre 
mordicaliue,  comme  hellebore,  eu¬ 
phorbe  ,  poiure ,  moustarde ,  ou 
autre  semblable  sternutatoire  :  car 
alors,  par  le  bénéfice  de  la  faculté 
naturelle  expultrice,  le  cerueau  s’as¬ 
treint  et  serre  pour  ietter  ce  qui  luy 
nuit  ;  et  cela  procédé  principalement 
de  la  partie  anterieure  d’iceluy.  Or 
ladite  sternutation  se  fait  auec  son  et 
bruit,  à  raison  que  les  matières  pas¬ 
sent  par  lieux  augustes  et  estroits, 
qui  senties  colatoires,  ou  les  os  cri- 
bleux  qui  sont  au  nez.  Et  ne  se  doit 
procurer  en  grande  repletion  ,  si  les 
choses  vniuerselles  n’ont  précédé,  de 
peur  de  faire  trop  grande  attraction 
au  cerueau,  qui  pourroit  causer  apo¬ 
plexie,  verligine,  et  autres  mauuais 
accidens. 


446  LE  VINGT-QVATRIÉME  LIVRE 


CHAPITRE  XLIV. 

DE  l’ervctation  ov  rovctement  , 

EX  DV  SANGLOT. 

D’auantage  il  se  l'ait  quelque  va- 
cualioil  par  l’eructRlidn,  ou  roucte- 
ment ,  tit  par  le  sahglot.  Qüant  à 
reruclatibn,  elle  prouient  des  verilo- 
siléscoutehues  en  rusiomàch,  iëHéfes 
par  la  faculté  expültribfed  iceluy,  les¬ 
quelles  sont  procrfeées  pdr  indiges¬ 
tion,  c’est  à  diré  faute  de  concocliou, 
comme  pour  aüOir  pris  trop  de  Vian¬ 
des  ou  breuuageS,  pour  auo'ir  VSé  de 
choses  vaporeuses,  comme  pois,  fé- 
uesj  Chastaignes,  nauets,  r'aues,  pas- 
tenad  s,  carottes,  vin  HoiiueaUj  et 
leurs  semblables  :  Ou  par  faute  de 
dormir,  et  genetaiètrient  pâr  toufës 
choses  qui  corrompent  oh  empeschéttt 
la  vertu  concoctrice  :  Selon  la  diüer- 
sité  desquelles  l’odeur  de  refuctaiion 
sera  diüerSe,  à  SçauOir  douce  Oü  fé¬ 
tide,  ahaëté,  acide^j  poigfiahtéj  Ou 
d’autre  qualité: 

Si  le  roucteirieîlt  est  doux,  et  se  fait 
seulement  deux  ou  trois  fois,  cela  est 
bon  :  au  contraire  S’il  est  puant  et 
rëïteré  pàC  plusieurs  fois^  cela  est 
mauuais  ;  car  c’est  signé  que  la  vertu 
digesliue  est  corrompue.  Et  pour  y 
subuenir  ,  s’il  vient  en  trop  grande 
abondance ,  il  faut  faire  vomir  le 
malade  ;  que  si  c’est  par  intempe- 
rature  de  l’estomach,  il  sera  corrigé 
par  le  conseil  d’un  docte  Médecin. 

Quant  au  sanglotoü  hocquet,  e’est 
vne  contractiou  et  extension  des 
fibres  neruèuses  de  l’estomach,  qui 
se  fait  pour  expeller  et  ietter  hors 
certaines  vapeurs  qui  luy  nuisent.  Les 
causes  d’iceluy  sont  inanition  ou  re- 
pletion,  ou  certaines  vapeurs  proue- 


nantes  de  quelque  putréfaction  qui 
est  en  la  capacité  de  l’estomach,  ou 
comme  le  plus  sonnent  attachée  obsti¬ 
nément  aux  tuniques,  ou  portée  en 
iceluy  de  quelques  bosses,  charbons, 
ou  autres apostemes  et  vlceres  putri¬ 
des  qui  sont  és  autres  parties,  ou 
pour  auoir  mangé  choses  fort  aigres 
et  aiguës,  comme  vinaigre,  fortes  es- 
piceries,  et  autres  semblables,  qui 
mordent  et  piquent  l’estomach. 

Si  le  sanglot  vient  après  vne  grande 
vacuation,  soit  naturelle  ou  artifi  ¬ 
cielle,  ou  suruient  en  playe,  spéciale¬ 
ment  si  elle  est  en  la  teste,  dont  la 
sanie  tombant  en  l’estomach  procrée 
ledit  sanglot,  et  qu’il  continue,  c’est 
chose  périlleuse.  Aussi  s’il  vient  après 
le  vomir,  c’est  mauuais  signe  ;  que  si 
après  iceluy  le  spasme  suruient,  cela 
est  mortel. 

Or  pour  y  rerâedier,  il  faut  consi¬ 
dérer  la  cause  :  car  S’il  vient  par  re- 
pletion,  on  y  remédiera  par  euacua- 
übh  :  âü  contraire  Si  pâr  vacuation 
Ou  inahitioh,  oti  y  pVbcëdèra  par  re- 
pletioh  ;  S’il  prduîeiit  par  vapëdrs 
ësleuéëS  de  pütrëfàction,  il  faut  don- 
rlër  du  theriaquë’,  et  autrës  choses 
aiëxitëres  qui  COntràrîent  à  la  pour¬ 
riture,  tjü’abons  deblarèëscy  deuânt  : 
ët  sic’ést  dé  choses  aigres  et  aiguës, 
il  faudra  vser  dë  réihëdes  qui  contra- 
Viént  â  icfelles  ;  et  ainsi  des  autres. 


CHAPH’RE  XLV. 

DE  L’VRiiiJE. 

Autre  euacüation  sefaitpar  l’vrine, 
et  grandes  maladies  se  terminent  par 
icelle,  comme  nous  voyons  quelques- 
fois  aduenir  aux  verollés,  ausqiiels 
l’onction  vif-argehtèe  n’ayant  peu 


DE  LA  PESTE. 


procurer  aucun  flux  débouché,  sur- 
uienl  flux  d’vrine  ,  et  guérissent  : 
comme  aussi  souuent  aduient  à  au¬ 
cunes  fleures,  et  plusieurs  autres  ma¬ 
ladies.  Or  l’vrine  sera  prouoquée  par 
les  remcdes  diurétiques  escrits  en 
mon  liure  des  Pierres  ‘  toutesfois  il 
se  faut  bien  donner  garde  d’en  vser 
de  trop  forts,  s’il  y  auoit  inflamma¬ 
tion  à  la  vessie,  à  cause  que  l’on  feroit 
Huer  d’auantage  les  humeurs  :  chose 
qui  la  pourroit  gangrener,  et  accélé¬ 
rer  la  mort  du  panure  malade.  l)onc 
en  ce  cas  il  sera  plus  expédient  de  di- 
uertir  par  sueur,  ou  autre  maniéré. 


CHAPITRE  XLVI. 

DV  FLVX  MENSTPVEL. 

Pareillement  si  on  voit  aux  femmes 
que  Nature  se  vueille  descharger  par 
le  flux  menstruel,  on  leur  aidera  par 
remedes  qui  le  provoquent,  tant  pris 
par  dedans  qu’appliqués  par  dehors. 

Ceux  que  l’on  doit  prendre  par  la 
bouche  sont ,  escorce  de  canne  de 
casse  ratissée,  escorce  de  racine  de 
meurier,  saffran,  agaric,  noix  mu- 
guette,  sauinier,  racine  de  bouillon 
blanc,  pastel,  diagrede,  et  plusieurs 
autres.  Et  s’il  est  question  d’vser  de; 
plus  forts,  on  prendra  racines  de  ti-i 
thymal ,  antimoine  ,  et  cantharides 
(toutesfois  en  petite  quantité)  lesquels 
prouoquent  grandement  tel  flux  2. 

Aussi  on  fera  frictions  et  ligatures 
aux  cuisses  et  aux  iambes,  applica-- 

‘  Ce  renvoi  date  de  1568 ,  et  concerne  en 
conséquence  le  livre  des  Pierres  de  1564, 
qui  aujourd’hui  fait  partie  du  livre  des  Ope¬ 
rations. 

^Remedes  pris  d’Hippocrates,  De  nat. 
mulierum.  De  Dioscoride  liu.  3.  Malth.  Syl- 
uius,  liure  des  Mois. — A.  P. 


447 

tion  de  ventouses  sur  le  plat  des  cuis¬ 
ses,  apertion  de  la  veine  saphene, 
sangsues  appliquées  à  l’ofiflcedu  col 
dé  la  matrice,  pessairés,  noUëts,  clys- 
teres,  bains,  fdrrientatioris  faites  de 
choses  odoriférantes, qui  eschauffent, 
sübtilient  et  incisent  là  grosseur  dès 
humeurs,  etouurent  lés  briflcés  des 
veines  qui  sont  estoupées  par  obstruc¬ 
tion,  comme  sont  racines  de  bouil¬ 
lon  blanc,  guimauue,  iris,  persil,  fé- 
noil,  bruscus,  fuëilles  et  fleiirs  de 
millepertuis,  asperges,  roquette,  ba¬ 
silic  ,  melisse  ,  cerfueil ,  armoise  , 
menthe,  pouliot,  sarriette,  rosmafih, 
rue ,  thym ,  hyssope,  sauge,  bayes  de 
laurier  et  de  genéure,  gingembre  , 
doux  de  girofle,  poiure,  muguette, 
et  autres  semblables,  qu’on  fera 
bouillir,  et  en  receuoir  la  vapeur  au 
col  de  la  matrice  par  vn  entonnoir 
dedans  vne  chaire  percée  :  ou  en  fau¬ 
dra  faire  bains  vhiuersels.  Aussi  on 
en  pourra  faire  des  particuliers,  au s- 
quels  la  femme  se  mettra  seulement 
les  iambes  iusques  au  dessus  du  ge- 
noüil,  et  s’y  tiendra  le  plus  longije- 
ment  qu’il  luy  sera  possible.  Ou  bien 
vsera  de  pessaires,  comme  ceux  qui 
s’ensuiuent. 

Theriacæ  et  milhridalij  ana  3.  fi . 

Caslorei  et  gummi  ammoniaci  ana  3.  j. 
Misce  cum  bornbace  in  succo  mercurialis 

lincta,  et  fiat  pessarium. 

Autre. 

jf.  Radices  petroselini  et  fœniculisub  cine- 
ribus  coctas ,  deinde  contusas  cum  put. 
stapbys.  pyrethri,  croco  et  olèo  liliorum. 

Et  de  ce  soit  fait  vn  pessaire  en 
forme  de  suppositoires  ou  nouéls,  qui 
seront  enueloppés  en  linge  lissu,  en 
maniéré  d’vn  sac  de  longueur  de 
quatre  ou  cinq  doigts  où  plus. 


448 


LE  vingt-qva.tri:^Me  livre, 


Autre. 

Tf.  Pul.  myrrhæ  etaloës  ana  3.  j. 

Fol.  sabinæ,  nlgellæ,  artemis.  ana  3.  ij. 
Rad.  helleb.  nigri  3.  j. 

Croci  3 . 

Cum  succo  mercur.  et  melle  comm.  fiat  pes- 
sariutn  cum  bombace. 

Autre  plus  fort. 

Of.  Succi  rutæet  absinth.  ana  3.  ij. 

Myrrhæ ,  euphorb.  castorei,  sabinæ,  dia- 
gredij,  terebenth.  galbani,  theria.  ana 

3.J. 

Fiat  pessarium  secundum  artem. 

Ces  pessaires  seront  liés  et  attachés 
auec  du  ül,  lequel  pendra  assez  long, 
à  fin  de  le  retirer  du  col  de  la  matrice 
quand  on  voudra. 

Aussi  !e  Chirurgien  doit  considérer 
que  si  le  flux  est  par  trop  excessif,  le 
faut  estancher,  qui  se  fera  en  plu¬ 
sieurs  maniérés  :  premièrement  par 
alimens  qui  espaississent  le  sang  : 
aussi  par  la  saignée  faite  au  bras , 
par  application  de  ventouses  sous 
les  mammelles,  par  frictions  et 
ligatures  faites  au  bras ,  apposition 
de  pessaires,  emplastres ,  et  autres 
medicamens  froids  et  astringens 
posés  sur  la  région  des  lombes.  Et 
faut  que  la  femme  soit  située  en 
lieu  propre,  non  couchée  sur  la 
plume ,  de  peur  que  par  icelle  le  sang 
ne  fust  eschauffé  d'auantage.  Et  sera 
bon  aussi  vser  de  ceste  inieclion  pour 
arrester  tel  flux. 

"îf.  Aquæ  plantag.  et  fabr.  ana  lî>.  j. 

Nue.  cup.  gallar.  non  matur.  ana  3.  ij. 
Berb.  sumach,  balaust.  vitrioli  Rom. 
alumin.  rochæ  ana  5.  ij. 

Bul.  omnia  siinul ,  et  fiat  decoctio. 

De  laquelle  en  sera  fait  inieclion 
en  la  matrice. 


Et  faut  que  le  Chiruj-gîen  se  gou- 
uerne  sagement,  tant  à  la  prouoca- 
lion  que  restriction  ,  de  peur  qu'il  n’y 
commette  erreur  :  parquoy  en  ce  cas 
doit  prendre  le  conseil  d’vn  docte 
Médecin,  s’il  luy  est  possible  :  ie  dis 
s’illuy  est  possible, par  ce  qu’il  s’en 
trouue  peu  qui  vueillent  visiter  les 
panures  pestiférés  :  chose  qui  m’a  in¬ 
cité  d’amplifier  ce«t  escrit ,  pour  in¬ 
struire  les  ieunes  Chirurgiens  à  mieux 
penser  ceux  qui  seront  malades  de 
peste. 


CHAPITRE  XLVII. 

BES  HEMORRHOÏDES. 

Si  on  connoist  que  la  nature  se 
voulust  descharger  par  les  hemor- 
rhoïdes  ,  elles  pourront  estre  prouo- 
quées  par  frictions  et  ligatures  assez 
fortes  faites  aux  cuisses  et  aux  iam- 
bes  ,  application  de  grandes  ventou¬ 
ses  auec  grandes  flambes  sur  le  plat 
du  dedans  des  cuisses  :  aussi  on  met¬ 
tra  des  choses  chaudes  et  attractiues 
sur  le  siégé,  comme  fomentations,  et 
oignons  cuits  sous  les  cendres ,  pilés 
auec  vn  peu  de  theriaque.  D’auan- 
tage ,  on  frottera  les  veines  hemor- 
rhoïdales  de  linges  rudes,  ou  auec 
fueilles  de  figuier,  ou  oignon  crud , 
ou  fiel  de  bœuf  incorporé  auec  vn 
peu  de  poudre  de  colocynthe  ;  pa¬ 
reillement  y  seront  appliquées  sang¬ 
sues  préparées  et  bien  choisies ,  et 
pour  le  dernier  la  lancette ,  si  les  vei¬ 
nes  sont  assez  sorties  hors  du  siégé  , 
et  enflées  et  pleines  de  sang.  Toutes- 
foissi  le  flux  n’est  reiglé  ,  mais  exces¬ 
sif,  il  sera  eslanché  par  les  remedes 
qu’auons  déclarés  pour  arrester  le 
flux  menstruel. 


;  DE  LA  PESTE. 

■■■■"  -  ■  . . -  ■ - -=  quelques  vns  iettent  vne  maliere  li¬ 

quide,  subtile,  glutineuse  et  escu- 
CHAPITRE  XEVIIL  tueuse,  ressemblant  quelquesfois  à 

graisse  fondue,  à  cause  de  la  chaleur 
POVR  PROVOQVER  LE  FLVX  DV  VENTRE,  putride  qui  HqueOe  et  corrompt  les 
excremens  et  empesche  la  concoc- 
II  se  fait  semblablement  vacüation  tion ,  dont  les  selles  sont  quelquesfois 
de  l’humeur  peslilent  par  le  flux  de  veuës  de  diuerses  couleurs,  comme 
ventre,  àsçauoir  quand  Nature  de  son  rousses  ,  violettes,  iaunastres,  vertes, 
propre  mouuemeut ,  ou  par  l’aide  de  noires,  cendrées ,  ou  d’autre  couleur, 
medicamens  laxatifs ,  purge  et  iette  dont  sort  vne  feteur  intolérable, 
tous  les  excremens  et  humeurs  conte-  comme  aussi  de  leur  sueur  et  haleine, 
nus  au  ventre,  à  sçauoir  par  flux  diar-  qui  prouient  d’vne  chaleur  putredi- 
rheïque, lienterique  et  dysentérique,  neuse  engendrée  d’humeur  ténues, 
Et  pour  bien  discerner  vn  flux  d’a-  cholériques,  et  acres  par  pourriture, 
ucc  l’autre ,  il  faut  voir  les  selles  du  Jiont  est  grandement  irritée  la  vertu 
malade:  et  s’il  iette  humeurs  liquides  expulsiue  à  excrétion.  Et  quelques- 
sinceres  ,  c’est-à-dire,  d’vne  sorte  ou  fois  aussi  s’y  trouue  quantité  de  vers, 
d’espece,  comme  de  pituite  seule,  qui  dernonstrent  pareillement  grande 
cholere  ou  melancbolie ,  et  en  grande  pourriture  des  humeurs.  Et  quand 
quantité ,  sans  vlceration  aucune  des  l’humeur  est  ardent  et  bruslant,  il  ir- 
intestins,  et  douleur  grande  :  tel  flux  rite  Nature  à  ietter  non  seulement  les 
est  appelle  diarrhéique ,  c’cst-à  dire ,  excremens  et  humeurs,  mais  aussi 
humoral.  le  sang  tout  pur,  dont  la  morts’ensuit. 

Flux  lienterique  est,  lors  que  les  Ce  que  i’ay  veu  aduenir  au  camp 
intestins  ne  retiennent  point  deuë-  d’Amiens  à  plusieurs  soldats  forts  et 
ment  les  viandes;  mais  deuant  qu’elles  puissans.  Et  veritablcmentieflsdis- 
soient  bien  cuites  en  l’estomach,  elles  section  de  quelques-vns  après  leur 
découlent  crues  et  telles  qu’elles  ont  mort ,  pour  connoistre  d’où  ceste 
esté  mangées.  Tel  flux  vient  de  la  de-  quantité  de  sang  ainsi  pur  pouuoit 
bilité  de  la  vertu  retentiue  de  l’esto-  sortir  :  et  troiuiay  la  bouche  des  vei- 
mach ,  pour  vne  trop  grande  abon-  nés  et  artères  mesaraïques  ouuertes 
dance  d’humeurs,  ou  de  la  débilité  de  etesleuées,  ou  tumeflées  là  par  où 
la  concoctrice  d’iceluy,  pour  vne  trop  elles  aboutissent  dans  les  intestins  en 
grande  frigidité.  forme  de  petits  cotylédons ,  desquels 

Flux  dysentérique  est ,  lors  qu’il  y  lors  que  les  comprimois,  le  sang  en 
a  vlceration  aux  intestins,  auec  gran-  sortoit  tout  pur. 
des  douleurs  et  tranchées ,  qui  se  fait  Or  quelquesfois  ce  vice  n’est  qu’aux 
d’vne  corruption  d’humeurs,  princi-  gros  intestins,  quelquesfois  seule- 
palement  d’vne  cholere  bruslée  ,  la-  ment  aux  grcsles,  et  aucunes  fois  aux 
quelle  corrode  la  tunique  des  intes-  gros  et  aux  grcsles  :  partant  le  Chi- 
tins ,  dont  s’ensuit  que  le  sang  sort  rurgicn  prendra  indication  du  lieu  où 
tout  pur  par  le  siégé.  le  malade  d  t  sentir  contorsions  et 

Or  en  ceste  abominable  maladie  douleurs.  Car  si  ce  n'est  qu’és  gresles 
peslilente,suruient  à  aucuns  grand  et  ou  menus,  la  douleur  sera  vers  l’es- 
cxcessif  flux  de  ventre,  par  lequel  tomach  :  au  contraire,  si  c’est  au 

29 


lit. 


^50  LE  VINGT-QVATRIEME  LIVRE, 


gros ,  la  douleur  sera  vers  le  petit 
ventre  au  dessous  du  nombril. 

Donc  si  le  mal  est  aux  intestins 
gresles,  on  baillera  remedes  par  la 
bouche  :  au  contraire  si  c’est  aux  gros, 
faut  procéder  par  clysteres  ;  et  si  l’af¬ 
fection  est  en  tous ,  faut  y  remedier 
par  haut  et  par  bas.  Et  pour  ces  cau¬ 
ses,  le  Chirurgien  rationel  prendra 
indication  de  la  diuersité  du  flux  de 
ventre,  et  des  accidens  qui  se  pi’esen- 
teront  :  comme  si  on  voit  que  le  ma¬ 
lade  ait  tenesme  et  grandes  esprein- 
les(qui  est  vn  signe  que  Nature  se 
veut  descharger  par  le  ventre)  on 
luy  aidera  par  medicamens  pris  par^ 
la  bouche  ,  comme  demie  once  de 
hiere  simple  auec  deux  onces  d’eau 
d'absinthe,  en  y  adiqustant  vne 
dragme  de  diaphœnicum ,  ou  autres 
semblables:  aussi  à  ceste intention  les 
clysteres  apportent  grand  profit,  pour 
ce  qu’ils  purgent  les  superfluités  des 
intestins ,  dissipent  les  ventosités ,  ap- 
paisent  les  douleurs  :  et  en  tirant  les 
ordures  contenues  aux  boyaux ,  par 
conséquent  ils  attirent  aussi  par  suc¬ 
cession  des  parties  supérieures,  et 
mesmement  des  veines,  et  diuertissent 
des  parties  nobles. 

Exemple  d'vn  Clyslere ,  pour  irriter  la  vertu 

expultrice  à  ietier  dehors  les  superfluités. 

Of.  Foliorura  maluæ ,  violariæ ,  mcrcurialis 
ana  m. j. 

Seminis  lini  § .  fi. 

Fiat  decoctio  ad  tl>.  j.  in  qua  dissolue  : 

Gonfectionis  baoicch,  diapruiiis  solutiui 
ana  §.  fi. 

Theriacæ  5.  iij. 

Olei  violali et  liliorum  ana  §  .  j.  fi. 

Mellis  violali  §  .  ij. 

Fiat  clyster. 

Lequel  sera  réitéré ,  s’il  est  besoin. 
Toutesfois  s’il  y  a  vlcere  aux  boyaux, 
ou  veines  ouuertes ,  ou  lienterie ,  ou 


diarrhée,  ce  clyslere  serait  mau- 
tiais ,  comme  aussi  les  suppositoires 
aigus. 

Autre. 

"if.  Decoctionis  communis  clysteris  Ib .  j . 

In  colatura  dissolue  : 

Calholici  et  cassiæ  ana  5.  fi . 

Mellis  anthosati  5  ■  J> 

Sacchari  rubri  §.J.  fi. 

Olei  violarum  o-üj- 
Fiat  clyster. 

Autre  plus  fort. 

if.  Decoctionis  clysteris  communis  Ib .  j . 

In  colatura  dissolue  : 

Hieræ  g  .  fi . 

Catbolici  et  diaphœnici  ana  3.  ij. 

Mellis  anthosati  §  •  1- 
Oleianethiniet  chamæraelini  ana  g .  j.  fi . 
Fiat  clyster. 

Si  le  Chirurgien  esloit  en  quelque 
lieu  où  il  ne  peust  trouuer  vn  Apoli- 
caire ,  ny  syringue  ,  ny  chausse  à 
clyslere ,  ou  que  le  malade  ne  peust 
ou  ne  voulus!  prendre  clyslere  (com¬ 
me  aucuns  font),  alors  il  pourra  faire 
suppositoires  ou  nouëts ,  forts  ou  de- 
biles,  selon  qu'il  verra  eslre  besoin 
pour  accomplir  son  intention. 

Exemple  d’vn  Suppositoire ,  pour  irriter  la 
vertu  expulsiue  des  boyaux. 

if.  Mellis  cocti  § .  j. 

Hieræ  picræ  et  salis  communis  ana  3.  fi . 
Et  de  ce  soit  fait  vn  suppositoire. 

On  en  peut  aussi  faire  de  sauon,  de 
longueur  d’vn  doigt,  et  de  grosseur 
moyenne  :  et  au-parauant  qu’on  les 
applique,  on  les  doit  huiler  ou  en¬ 
graisser,  à  fin  qu’ils  entrent  au  siégé 
plus  aisément  et  à  moindre  douleur. 

Exemple  d’vn  plus  fort  suppositoire. 
Mellis  § .  iij, 

Fellisbubull  §.J. 


Scanimonij ,  puluerisali  euphorbij ,  co- 
locyntidis  ana  3.  fi. 

Et  de  ce  soient  faits  suppositoires. 

Les  nouëls  ont  mesme  vsage  que  les 
suppositoires ,  et  seront  pareillement 
faits  forts  ou  debiles,  selon  qu’il  en 
sera  besoin. 

Exemple. 

"if.  yitellos  ouorum  nümero  iij. 

Fellis  bubuli  etmellis  ana  §  .  fi. 

Salis  communis  3.  fi . 

Le  tout  soit  battu  et  incorporé  en¬ 
semble  ,  et  (le  ce  soient  faits  nouëts, 
mettant  des  choses  prédites  dedans  vn 
linge  :  en  quantité  d’vne  grosse  ave- 
laine  ,  et  le  faut  lier  et  mettre  dans  le 
fondement.  Si  on  veut  qu’ils  soient 
plus  forts ,  on  y  adiouslera  vn  peu  de 
poudre  d’euphorbe  ou  colocynthe. 


CHAPITRE  XLIX. 

POVR  ARRESTER  LE  FLVX  OE  VENTRE. 

Si  on  connoist  le  flux  de  ventre  es- 
tre  trop  grand,  et  la  vertu  afifoiblie, 
et  que  tel  mal  vint  de  raffection  de 
tous  les  intestins,  alors  le  faut  arres- 
ter  :  à  quoy  on  procédera  par  re- 
medes  baillés  tant  par  la  bouche 
que  par  clysteres,  de  peur  que  la  vie 
du  malade  ne  sorte  par  le  siégé.  Par- 
quoy  on  donnera  à  manger  aux  ma¬ 
lades  de  la  boüillie  faite  de  farine  de 
fourment ,  auec  vue  décoction  d'eau 
en  laquelle  on  aura  fait  boüillii'  vne 
grenîfde  aigre,  berberis,  bol  d’Arme- 
nie ,  terre  scellée,  et  semence  de  pa- 
uot,  de  chacun  vne  dragme. 

Aiilre  bouillie. 

Prenez  amandes  douces  cuittes  en  eau  d’orge, 
en  laquelle  on  aura  fait  esteindre  des 
carreaux  d’acier  ou  de  fer  ardens,  puis 


pilez-les  en  vn  mortier  de  marbre .  et 
les  faites  en  forme  de  laict  d’amandes, 
et  y  adioustez  une  dragme  de  poudre 
de  diarrhodon  abbatis,  à  fin  que  l’acri¬ 
monie  de  l’humeur  cholérique  soit  a- 
doucie,  et  l’eslomach  corroboré. 

Autre  remede  de  merueilleux  effect ,  lequel  ie 
tiens  de  feu  monsieur  Chapelain ,  premier 
Médecin  du  Roy ,  qui  l'aûoit  comme  grand 
secret  de  dejunct  son  pere ,  et  proteste  luy  en 
auoir  veu  ordonner  auec  vn  ires-bon  succès. 

Of.  Boli  armen.  terræ  sigil.  lapis  hæmat.  ana 
3.j. 

Picis  naualis  3  j.  fi. 

Coralli  rub,  mar.  electar.  cornu  cerui 
vsti  et  loti  in  aqua  plantag,  ana  S .  j. 
Sacchari  rosat.  §  •  U- 
Fiat  puluis. 

De  laquelle  le  malade  en  prendra 
plein  vne  cuillier  detiant  le  repas,  ou 
bien  auec  le  iaune  d’vn  œuf.  On 
vsera  de  ce  remede  en  prenant  plus 
ou  moins,  selon  que  le  flux  sera  grand 
ou  petit  L 

1  II  m’a  fallu  ici  rectifier  le  texte,  qui  va¬ 
rie  suivant  les  éditions.  En  1663,  au  lieu  de 
la  formule  de  Chapelain,  on  trouvait  celle-ci  : 

«  Autre  remede  de  merueilleux  effect. 

«  Jf.  Picis  naualis  §  .  j. 

Boli  armen.  etlapidis  haîmat.  ana  3.  ij. 
Sacchari  § .  i. 

«Et  de  ce  le  malade  en  prendra  plein  vne 
cuillier  deuant  le  repas.  On  vsera  de  ce 
remede  en  prenant  plus  ou  moins  selon 
que  le  flux  sera  grand  ou  petit  » 

En  1675,  ce  remède  fut  remplacé  par  ce¬ 
lui  de  Chapelain,  avec  les  mêmes  préceptes 
pour  son  administration.  Mais  en  1679  l’au¬ 
teur  ajouta  la  citation  qui  suit  de  Chris¬ 
tophe  Landré,  et  l’intercalation  fut  faite  si 
négligemment ,  que  cette  phrase  :  on  vsera 
de  ce  remede,  etc.,  suivait  la  citation  ,  et  se 

rapportait  conséquemment  àlay?e)Ue  de  chien, 

et  non  plus  au  remede  de  Chapelain,  comme 
en  1576.  Yoilà  ce  que  j’ai  dû  rectifier, 


45‘i  Llî  VlNGr-QViV.TniKMi;  LlVr.K  , 

Christofle  l'André  en  son  Oecoia-  faire  mourir,  et  ieüer  hors  du  ven- 
trie  loué  grandement  la  liente  de  Ire.  Aussi  on  pourra  vser  de  clysteres 
chien  qui  ait  rongé  par  trois  iours  anodin.s,  abslersifs,  consolidatifs,  res- 
des  os.  trictifs  et  nutritifs,  selon  qu’on  verra 

Pareillement  on  peut  faire  manger  estre  besoin.  Et  premièrement ,  lors 
douant  le  repas  de  la  chair  de  coings,  que  le  malade  sent  grande  douleur 
ou  mesmes  des  coings  cuits  sous  la  de  tranchées  et  contorsions  au  ven- 
cendre,  ou  en  composte;  ou  conserue  tre,  à  fin  de  rafraichir  l’acrimonie 
du  fruit  de  cornalier ,  et  berberis  des  humeurs ,  on  pourra  donner  vn 
confit,  et  quelquesfois  aussi  vn  mi-  tel  clystere. 
rabolan,  ou  vne  noix  muguelte  rostie 

pour  corroborer  l’estomach.  Il  faut  l^act.  hyos.  foliorum  acelosæ,  portulacæ 

semblablement  que  le  malade  mange  3- 

de  bonnes  viandes  et  de  facile  diges-  J"'®’'""'  «enuph.  ana  p.  J. 

lion,  et  plustost  roslies  que  bouillies.  Fiatdccoct.  ad  tb.j.  in  colalura  dissolue; 

D'auantage,  il  conuient  concasser  Casslæ  fisiulæ  5 .  vj. 

vne  grenade  aigre  auec son  escorce,  Oleirosaiielnenupharisanaj.j.  fi. 

et  la  faire  cuire  en  eau  ferrée,  et  d’i-  Fiat  clysier. 

celle  en  bailler  à  boire  :  ou  de  l’eau 

en  laquelle  on  aura  fait  bouillir  vne  propre  pour  vne  douleur  aiguë 

pomme  de  coings,  neffles,  cormes,  ou  poignante  és  intestins. 

meures  de  ronces,  et  autres  sembla  •  Rosarum  rubrarum,  hordei  mundaii  et 
blés  :  car  telles  choses  astreignent  et  seminis  plantaginisana  p.  j. 
consomment  beaucoup  d’humidités  Fiat  decoclio  :  in  colatura  adde  : 
superflues  du  corps.  On  peut  pareil-  Oici  ro«ati  §  ij. 
lement  vser  des  syrops  cy  dessus  es-  vitellos  ouorum  numéro  ij. 
crits,  comme  de  citrons ,  ribes,  iulep  clysier 
rosat,  et  autres  donnés  auec  eau  fer- 

-Attire  Clystere  réfrigérant. 

L’estomach  sera  pareillementfrolté 

extérieurement  d’huile  de  mastic,  de  caponis,  cruris  vituli  et  ca- 

•  1  ,  P'us  Ycruecis  vna  cum  nelle  ftii 

noix  muguelte,  de  coings,  de  myrrhe,  ptae  idij, 

et  autres  semblables.  Aussi  on  peut  "  foliorum  violarum,  ma- 

inetlre  sur  iceluy  la  crousle  d’vn  oæ,  mercuna.is  elplantag.  ana  m.  j. 
gros  pain  tiré  vn  peu  auparauant  du  Hordei  mundati  g  .  j. 
four,  trempée  en  vinaigre  et  eau  Quatuor  seminurn  frigidorum  maiorum 
.1  r.  1  1  ana  3.  fi . 

rose,  ou  vn  cataplasme  fait  de  décoc¬ 
tion  d’eau  ferrée,  roses  rouges,  su-  ”  colatura  Ib.  fi.  dissolue  : 
macu,  berberis,  myrtilles,  chair  de  recenter  extraclæ  5.  j. 

coings,  mastic,  farine  de  féues,  et  miel 

l'Osat.  n’a  jamaisélécorrigé,  et  qui  était  Juste  alors. 

Or  si  on  voit  que  le  malade  iette  le  chapitre  des  Vers  venait  après 

des  vers,  on  y  procédera  ainsi  qu’il  . Pc®fc- Aujourd’hui  il  faudrait 
sera  déclaré  cy  après  à  fin  de  les  en  effet ,  le  chapitre  des 

Vers  a  été  reporté  par  Paré  lui-même  au  li- 

1  Cy  apres;  c’est  le  texte  de  1568  ,  qui  n’a  Peste.  ^  f^oiolle,  avant  le  livre  de  la 


»E  LA. 

Ôlei  violati  O  •  iiij- 

Vitell.  ouorum  ij. 

Sacchari  rubri  § .  j. 

Fiat  clyster. 

Autre  Clyslereanodyn. 

Of..  Florumcamom.meliloUetanethianap.j. 

Radicis  bismaluæ  5 .  j. 

Fiat  decoctio  in  lacté,  et  in  colatura  adde  : 
Mucilaginis  seminis  Uni  et  fcenugræci 
eitractæ  inaqua  maluæ  § .  iJ. 

Sacchari  rubri  §. j. 

Olei  camæmeli  et  anethi  ana  §.  j.  ft. 
Vi telles  ouorum  ij. 

Fiat  clyster. 

Il  faut  garder  long  temps  tels  clys- 
teres,  à  fin  qu’ils  puissent  mieux  ap- 
paiser  la  douleur. 

Lors  qu’on  verra  aux  excremens 
comme  raclures  de  boyaux  (  qui  est 
vn  signe  infaillible  qu’il  y  a  des  vl- 
ceres  és  intestins)  alors  il  faut  bailler 
des  clysteres  detersifs  et  consolida- 
tifs,  comme  ceux-cy. 

Exemple  d’vn  Clystere  delersif, 

“if.  Hordei  integri  p.  ij. 

Rosaruin  rubrarum  et  florum  camo- 
millæ,  plantaginis ,  apij  ana  p.  j. 

Fiat  decoctio  :  in  colatura  dissolue  : 

Mellis  rosati  et  syrupi  de  absyntbio  ana 
5.j.  fi. 

Vitellos  ouorum  numéro  ij. 

Fiat  clyster. 

Exemple  d’vn  Clystere  pour  consolider  les 
vlceres  aux  intestins, 

■if.  Succi  plantaginis,  cenlinodiæ  et  portu- 
lacæ  ana  §  .  ij. 

Boli  Armenicæ,  sanguinis  draconis, 
amili  ana  3.  j. 

Seul  hirciui  dissoluti  3.  üj. 

Fiatclysler. 

Pareillement  le  lait  de  vache  vn 
peu  bouilli  auec  plantain  et  syrop 


peste.  453 

rosat,  est  souuerain  remede  aux  vl¬ 
ceres  des  intestins.  Et  si  on  voit 
(comme  i’ay  dit)  que  le  flux  fust  trop 
impétueux,  et  que  le  malade  fust  de- 
bile,  alors  on  luy  donnera  clysteres 
aslringens. 

Exemple  d’vn  Clystere  astringent. 

7f.  Caudæ  equinæ,  plantaginis,  polygoni 
ana  m.  j. 

Fiat  decoctio  in  lacté  vstulato,  ad  quartaria 
iij  ;  et  in  colatura  adde  : 

Boli  Armenicæ ,  terræ  slglllatæ , 'sangui¬ 
nis  draconis  an  5.  ij. 

Albumina  duorum  ouorum. 

Fiat  clyster. 

Autre. 

■if  Succorum  plantaginis ,  arnoglossl ,  centi- 
nodiæ,  portulacæ  depuratorum  residentia 
facta  quantum  sulBcit  pro  clystere,  ad- 
dendo  : 

Pulueris  boli  Armenicæ ,  terræ  sigillatæ , 
sanguinis  draconis  ana  3.  j. 

Olei  myrthini  et  rosati  ana  g .  ij. 

Si  le  sang  sort  tout  pur  par  les  in¬ 
testins,  il  faut  vser  de  plus  forts  as- 
tringens  :  et  pour-ce  ie  loue  beau¬ 
coup  les  décoctions  faites  d’escorce 
de  grenade,  noix  de  cyprès ,  roses 
rouges,  sumach,  et  quelque  portion 
d’alum  et  de  couperose  boüillies  en 
eau  de  mareschal,  et  de  ce  soient 
faits  clysteres  sans  huile ,  ou  autres 
semblables  *. 

On  doit  aussi  fomenter  le  siégé 
d’vne  décoction  astringente.  Mais  il 
faut  noter  que  tels  remodes  fort  as- 
tringens  ne  doiuent  estre  baillés, 
que  premièrement  on  n’ait  purgé  le 
malade,  parce  qu’ils  anesteroiont  les 
humeurs  corrompus  qui  sont  la 
principale  cause  de  cestc  maladie,  et 
les  empescheroient  d’estre  vacués,  et 

‘  I/édition  de  1668  ajoutait  :  comme  cestuy 


LE  VINGT-QVATRIÉME  LIVRE, 


45/4 

seroiton  cause  de  la  mort  du  ma¬ 
lade  ;  mais  seront  baillés  après  qu’il 
aura  esté  suffisamment  purgé,  aussi 
qu’on  connoistra  les  forces  affoiblies 
et  abbatues,  et  le  ventre  fort  lu¬ 
brique. 

Si  le  malade  est  fort  debile,  et  ne 
peut  prendre  alimens  par  la  bouche, 
on  luy  pourra  bailler  clysteres  nu¬ 
tritifs,  comme  ‘  : 

suiuant,  et  donnait  ces  deux  formules  de 
clystères,  qui  ont  été  retranchées  dès  1576. 

«  "if.  Succorum  rnespilorum,  sorborum,  cor- 
norum ,  frucluum  aut  foliorum  quar- 
tarium  j. 

Tanni  yel  corticis  quercini  §  .  i. 

Seminis  anethi,  sumach,  berberis  hypo- 
cystidls,  gallarum  ana  §  .  i. 

Seminis  plantaginis  § .  fi . 

Fiat  decoctio  :  in  quâ  dissolue  : 

Vitellos  duorum  ouorum  induratorum  in  ] 
aceto. 

Adipis  renum  capræ  § .  i. 

Fiatclyster.  ad  quantitatem  Ib. fi vel quar- 
tariorum  trium. 

«  Autres 

»  DeCOctionis  hordei  integri  perfectè 
cocti  a>.  j.fi. 

In  quà  adde  foliorum  plantaginis ,  centino- 
diæ ,  et  foliorum  granatorum  ana  m.  j , 
Rosarum  rubrarum  m.  ij. 

Fiat  iterum  decoctio,  et  in  colaturâ  dissolue 
saccharum  rubrum,  vitellos  duorum  ouo¬ 
rum,  pulueris  foliorum  granatorum  quan¬ 
tum  volueris  :  fiat  clyster.  » 

1  Cette  formule  se  lisait  bien  dans  l’édi- 
Uon  primitive  de  1568  ,  mais  non  pas 
immédiatement  après  la  phrase  qui  précède  ; 
et  de  même  aussi  la  formule  ne  terminait 
point  le  chapitre.  Il  y  avait  donc  avant  et 
après  une  assez  longue  discussion  sur  les 
clystères  nutritifs,  de  la  page  214  à  la  page 
271  ,  et  le  chapitre  se  terminait  par  cette 
transition  : 

{  «  le  laisseray  pour  le  présent  telles  trop 


Decoctionis  caponis  pitiguis  et  cruris  vl- 
tuli  coclorum  cum  acctosa,  buglosso  , 
borragine,  pimpinella,  et  lactuca  §  .  x. 
velxij. 

In  qua  dissolue  vitellos  ouorum  numéro  iij. 
Saccbari  rosati  et  aquæ  vite  ana  § .  j. 
Butyri  rccentis  non  saliti  § .  ij. 

Fiat  clyster. 


CHAPITRE  L. 

DE  L’eVACVATION  FAITE  PAR  INSEN¬ 
SIBLE  TRANSPIRATION. 

Le  venin  pestiféré  se  peut  quel- 
quesfois  exhaler  et  euacuer  par  in¬ 
sensible  transpiration  ;  qui  se  fait  par 
le  moyen  de  la  chaleur  naturelle,  la¬ 
quelle  agit  perpétuellement  en  nostre 
corps,  soit  en  dormant  ou  en  veillant, 
et  fait  insensiblement  exhaler  les  ex- 
cremens  du  corps  auec  les  esprits, 
par  les  porosités  du  cuir  :  ce  qui  se 
peut  bien  connoistre  aux  tumeurs  et 
apostemes  contre  Nature,  mesmes  y 
ayant  ja  de  la  bouë  faite ,  lesquelles 
bien  souuent  nous  voyons  se  résoudre 
par  le  seul  bénéfice  de  Nature ,  sans 
aide  d’aucuns  medicainens.  Parquoy 
lors  que  Nature  est  forte,  elle  peut 
aussi  ietter  quelquesfois  le  venin  pes¬ 
tiféré  au  dehors  par  insensible  trans¬ 
piration,  voire  encores  qu’il  y  eust  ja 
quelque  tumeur ,  et  humeur  amassé 
et  cueilli  en  quelque  partie  de  nostre 

curieuses  disputes,  pour  parler  d’vne  autre 
euacüation,  qui  se  fait  par  insensible  trans¬ 
piration.  » 

Tout  cela  disparut  en  1575,  mais  cependant 
ne  fut  pas  perdu,  et  Paré  ne  lit  que  trans¬ 
porter  sa  discussion,  notablement  amplifiée, 
au  chapitre  22  du  livre  des  Medicarnens , 
qui  traite  des  Clijsten's  en  général  et  en  par¬ 
ticulier. 


DE  L\  PESTE. 


corps  ;  car  rien  n’est  impossible  à  Na¬ 
ture  forte  aidée  de  la  liberté  des 
conduits  de  tout  le  corps. 


CHAPITRE  LT. 

DE  LA  CVRATION  DES  ENFANS  ESPRIS 
DE  LA  PESTE. 

Pource  que  les  petits  enfans  mala¬ 
des  demandent  diuerse  et  autre  cu¬ 
ration  que  celle  des  grands,  nous 
auons  reserué  d’en  traiter  à  part, 
tant  de  ceux  qui  tettent,  que  de  ceux 
qui  sont  sevrés. 

Partant  pour  commencer  au  ré¬ 
gime  de  l’enfant  qui  tette ,  il  faut  que 
sa  nourrice  l’obserue  pour  luy,  tout 
ainsi  que  si  elle-mesme  auoit  la  peste. 
Et  le  régime  consiste  és  six  choses 
non  naturelles,  c’est  à  dire  qui  sont 
hors  de  nature  et  essence  de  la  per¬ 
sonne,  comme  sont  l’air,  le  mouue- 
mént  et  repos,  dormir  et  veiller,  man¬ 
ger  et  boire,  repletion  et  vacuation 
de  la  superfluité  des  excremens ,  et 
les  mouuemens  et  accidens  de  l’ame. 
De  toutes  lesquelles  choses,  quand 
on  en  vse  auec  modération ,  c’est  à 
dire,  en  qualité  et  quantité,  et  selon 
que  la  maladie  de  l’enfant  le  requiert, 
elles  rendent  le  laict  de  la  nourrice 
profitable  à  la  santé  de  l’enfant  :  car 
comme  l’enfant  ne  prend  que  du  laict, 
aussi  quand  il  sera  rectifié  et  modéré 
selon  que  la  maladie  le  requiert,  non 
seulement  il  nourrit  l’enfant,  mais 
aussi  il  combat  contre  la  maladie  , 
comme  ayant  en  soy  deux  qualités , 
vne  qui  nourrit,  et  l’autre  raedica- 

«  Là  finissent  la  phrase  et  le  chapllre  dans 
les  éditions  de  1608  et  1675;  le  reste  est  de 
1679. 


455 

menteuse  :  parquoy  le  laict  succé  par 
l’enfant  supplée  le  lieu  de  son  régime. 
Pareillement  on  fera  que  l’enfant  ob- 
seruera  le  régime  en  ce  qu’il  pourra , 
comme  de  ne  trop  dormir  ou  veiller, 
et  de  la  vuidange  des  excremens,  et 
des  choses  qu’on  verra  estre  besoin 
d’appliquer  par  dehors ,  comme  lini- 
mens,  emplastres,  fomentations  et 
autres.  ■  ^  ’ 

Or  que  le  laict  de  la  nourrice  soit 
médicamenteux ,  on  le  voit  ordinaire¬ 
ment  en  ce,  que  le  iour  qu’elle  aura 
pris  quelque  medecine  laxaliue,  le 
ventre  de  l’enfant  se  lasche  subite¬ 
ment  ,  voire  quelquesfois  si  fort 
qu’on  est  contraint  changer  de  nour¬ 
rice  pour  allaicter  l’enfant  (de  peur 
qu’il  n’eust  trop  grand  flux  de  ventre, 
qui  luy  pourroit  nuire  et  le  faire 
mourir)  iusqu’à  ce  que  son  laict  soit 
retourné  à  son  naturel.  Mais  si  l’en¬ 
fant  est  opiniastre  et  ne  veut  prendre 
vne  autre  nourrice ,  alors  il  faut  sup¬ 
porter  quelque  chose  de  l’alteration 
du  laict ,  plustost  qu’il  mourust  de 
despit  et  de  faim,  par  faute  de  tet- 
ter. 

Et  pour  retourner  à  nostre  propos, 
il  faut  que  la  nourrice  vse  de  reme- 
des  propres  contre  la  fiéure ,  comme 
potages  et  viandes  qui  refrenent  la 
chaleur  et  fureur  de  l’humeur  fer- 
uent,  à  fin  que  son  sang,  qui  est 
matière  de  son  laict,  soit  rendu  médi¬ 
camenteux.  Et  pour  ceste  cause ,  elle 
ne  boira  aucunement  de  vin  pour 
quelque  temps  :  et  doit  lauer  souuent 
le  bout  de  sa  rnommelle  d’eau  d’o- 
zeille ,  ou  de  suc  d’icelle  délayé  auec 
succre  rosat,  et  vscra  des  remedes 
qui  seront  déclarés  cy  après. 

Outre-plus,  l’enfant  prendra  vn 
scrupule  de  thériaque  délayé  au 
laict  de  sa  nourrice,  ou  en  boiiillon 
d’vn  poulet,  ou  quelque  eau  cor- 


456 


LE  VINGT^QYAïfUÉME  LlvnF.  ,  ’ 


tlialc  ;  aussi  on  Iny  eu  frottera  par 
deliors  la  région  du  cœur,  et  les 
emonctoires  et  les  poignets  :  pareil¬ 
lement  on  luy  en  fera  sentir  au  nez 
et  à  la  bouche ,  les  délayant  en  vi¬ 
naigre  rosat  et  eau  rose,  et  vn  peu 
d’eau  de  vie ,  à  fin  de  tousiours  aider 
Nature  à  chasser  et  abbattrela  ma¬ 
lice  du  venin. 

Les  enfans  sevrés  et  ja  grandelets 
peuuent  prendre  niedicamens  par  la 
bouche  :  car  comme  ainsi  soit  que 
leur  estomach  digéré  bien  plus  gros¬ 
ses  viandes  que  le  laict,  et  que  le  foye 
en  fait  du  sang ,  ils  pourront  pareil¬ 
lement  réduire  vne  petite  medecine 
de  puissance  en  son  elfet.  Parquoy  on 
leur  baillera  à  aualler  du  theriaque 
la  quantité  de  douze  grains  délayés 
en  quelque  eau  cordiale,  auec  vn  peu 
de  syrop  de  chicorée  ,  ou  mixtionnés 
en  conseriie  de  roses,  ou  en  quelque 
bouillon  de  chapon ,  ou  en  autre  ma¬ 
niéré  qu'ils  pourront  prendre.  Et  faut 
bien  auoir  esgard  en  quelle  quantité  ! 
on  donnera  ledit  theriaque  :  car  s'il 
ifest  donné  en  petite  quantité  aux 
enfans ,  il  leur  excite  la  fiéure ,  et  es- 
teinl  leur  chaleur  naturelle.  On  leur 
pourra  semblablement  donner  vn 
bouillon  de  chapon,  auec  lequel  on 
aura  fait  cuire  petite  ozeille,  iaiclue, 
pourpié,  semences  froides,  auec  vne 
once  de  bol  arniene  et  autant  de  terre 
sigillée  enueloppée  dedans  vn  linge: 
puis  les  espreindre,  et  leur  en  donner 
sonnent  auec  vne  cuillier.  Sur  ce  il 
faut  noter,  que  le  bol  d’Annenie  et  la 
terre  sigillée  ont  grande  vertu  de 
conforter  le  cœur,  et  empescher  que 
le  venin  ne  l’infecte  :  et  ce  par  vne 
propriété  occulte  que  l’on  a  conneuë 
par  seule  expérience.  Aussi  Galien  af- 
tirme ,  que  le  bol  d’Acmenie  a  ceste 
propriété  contre  la  peste,  qu’en  vn  ins¬ 
tant  ceux  qui  en  vseut  sont  preser- 


iiés  et  guéris,  pourueu  que  les  parties 
nobles  ne  soient  ja  grandement  in¬ 
fectées. 

D’auanlage,  il  sera  bon  de  leur 
prouoquer  la  sueur  :  car  par  icelle  la 
matière  putride  est  sonnent  euacuée, 
ioint  qu’il  y  a  en  eux  grande  abon¬ 
dance  de  fumées  et  vapeurs.  Partant 
on  la  prouoquera  en  leur  donnant  à 
boire  vne  décoction  de  semences  de 
persil ,  raisins  de  Damas ,  figues ,  ra¬ 
cine  d’ozeille,  auec  vn  bien  peu  de 
saffran,  et  corne  de  cerf  ou  d’yuoire 
rappé. 

A  ces  mesmes  fins  aucuns  baillent 
de  la  licorne,  mais  on  ne  sçait  encore 
que  c’est  :  ioint  que  la  corne  de  cerf 
et  l’y  noire  peuuent  faire  plus  grand 
effet  *. 

Pareillement  pour  prouoquer  la 
sueur,  on  pourra  vser  d’esponges 
trempées  en  décoction  de  .'auge, 
rosmarin,  lauande,  laurier,  camo 
mille,  melilot  et  mamies:  puis  les 
espreindre  et  les  mettre  aux  coslés, 
aux  aines  et  sous  les  aisselles  chaude¬ 
ment  :  ou  en  lieu  d’icelles  on  prendra 
vessies  de  porc  à  demy  pleines  de  la¬ 
dite  décoction,  lesquelles  faut  chan¬ 
ger  incontinent  qu’elles  ne  seront 
assez  chaudes ,  et  les  continuer  ius- 
ques  à  ce  que  la  sueur  sorte  en  abon¬ 
dance.  Et  se  faut  bien  garder  de  faire 
trop  suer  les  enfans,  parce  qu’ils  sont 
de  facile  résolution,  et  se  desseichent 
en  peu  de  temps,  et  tombent  promp¬ 
tement  en  défaillance  de  la  vertu,  à 
laquelle  il  faut  tousiours  auoir  fϟ. 
Et  pendant  qu’ils  suent,  il  leur  con- 
uienlesucntiler  la  face  auec  vn  es- 
uenloir,  à  fin  qu’ils  puissent  aspirer 
l’air  Iroid,  doux  et  suaue,  pour  for- 

‘  Voilà  le  premier  indice,  en  15G8,  de  la 
guerre  que  plus  tard  Paré  devait  faire  à  la 
Licorne.  Voyezle  Discouys  à  la  fin  de  cq  livre. 


DK  LA 

lifier  la  veilu,  laquelle  estant  forti¬ 
fiée,  pourra  inieiix  icller  la  sueur 
liors.  Aussi  leur  faut  faire  sentir  vi¬ 
naigre  mislionné  auec  eau  rose  ,  en 
laquelle  on  aura  dissout  vn  peu  de 
lheriaque.  Et  après  qu’ils  auront  suf¬ 
fisamment  sué ,  ils  seront  essuyés,  et 
après  on  leur  donnera  à  manger  vn 
peu  de  conserue  de  roses ,  auec  pou¬ 
dre  de  corne  de  cerf  et  yuoire ,  et  boi¬ 
ront  de  l’eau  de  buglose  auec  vn  peu 
d’ozeille,  tant  pour  rafraischir  que 
pour  tousiours  preseruer  le  cœur.  Et 
où  l’enfant  après  auoir  pris  lesalexi- 
teres  ne  sueroit,  ne  faut  pourtant 
auoir  desespoir  de  la  cure ,  parce  que 
Nature  ne  laisse  à  faire  son  profit  des 
antidotes  et  contre  poisons  qu’on  luy 
aura  donnés. 

Et  s’il  leur  suruenoit  quelque  tu¬ 
meur  aux  emonctoires,  ou  charbons 
en  quelque  partie,  on  leur  y  fera 
promptement  vne  fomentation  de 
choses  qui  amollissent  et  relaschent 
le  cuir,  et  qui  attirent  modérément  : 
puis  on  vsera  de  suppuratifs  propres, 
comme  limaces  pistées  subtilement 
auec  leurs  coquilles,  moyeux  d’œufs, 
auec  vn  peu  de  theriaque  :  ou  bien  on 
leur  fera  vne  pulte  de  farine,  d’huile, 
d’eau,  et  iaunes  d’œufs,  et  autres 
choses  propres  :  et  on  conduira  le 
reste  de  la  cure  le  plus  doucement 
qu’il  sera  possible,  ayant  esgard  à 
leur  ieunesse  et  délicatesse.  Et  s’il 
est  besoin  de  les  purger,  on  leur 
pourra  donner  vne  dragme  de  rheu- 
barbe  en  infusion ,  ou  trois  dragraes 
de  casse,  ou  vne  once  de  sirop  rosat 
laxatif,  ou  demie  once  de  sirop  de 
chicorée  composé  auec  rheubarbe  , 
ou  cesle  medecine  qui  s’ensuit  : 

Of.  Rhab.  electi  pul.  5.  j. 

Infundc  in  aquà  cardui  benedicti  ciim 
cinnainomi  3.  j.  in.  coJatura  dissolue; 


l'KSTK.  '4.5'7 

Catholici  5.  ij. 

Syrupi  rosali  laxatlui  5  iij. 

Fiat  parua  polio. 

Or  toutes  ces  choses  se  doiuent 
faire  par  le  conseil  d’vn  docte  méde¬ 
cin,  s’il  est  possible  de  le  recouurer.  Et 
quant  à  la  reste  de  la  cure,  elle  se 
parfera  ainsi  qu’auons  déclaré  par  cy 
deuant ,  ayant  esgard  à  leur  nature 
tendre  et  délicate. 


CHAPITRE  LU. 

DISCOVRS  DES  INCOMMODITÉS  QVE  LA 
PESTE  APPORTE  ENTRE  LES  HOMMES, 
ET  DV  SOVVERAIN  REMEDE*. 

l’ay  cy  dessus  remonstré,  sur  les 
causes  de  la  peste ,  qu’estant  vn  des 
fléaux  de  l’ire  de  Dieu  ,  nous  ne  poll¬ 
uons  sinon  tomber  en  toute  extré¬ 
mité  de  maux,  quand  l’enormité  de 
nos  péchés  a  prouoqué  sa  bonté  à 
retirer  sa  main  fauorable  de  nous, 
et  nous  enuoyer  vne  telle  playe  :  il 
me  suffira  donc  pour  la  fin ,  de  re¬ 
mémorer  quelques  incommodités,  ou 
plustost  à  vray  dire ,  horribles  cala¬ 
mités  qui  aduiennent  en  la  société  hu¬ 
maine  par  ceste  dangereuse  maladie, 
à  fin  que  selon  les  moyens  humains 
que  Dieu  a  ordonnés  pour  y  pour- 
ueoir,  nous  soyons  par  la  grandeur 
du  mal  plus  enclins  à  chercher  et  à 
vser  de  remedes  qui  nous  en  peuuent 
preseruer.  Considérons  donc,  qvi’aussi 
lost  que  la  peste  est  en  quelque  pro- 
uince,  tout  commerce  de  marchan- 

1  Ce  chapitre  ne  suivait  pas  immédiate¬ 
ment  le  précédent  dans  l’édition  de  lôCS; 
mais ,  comme  il  a  été  dit,  il  en  était  séparé 
parles  quatre  chapitres  consacrés  a  la  petite 
vérole  et  aux  vers.  II  a  repris  la  place  qu’il 
occupe  actuellement  dès  1575. 


458  LE  vmGT-QVATKIEME  LIVRE  , 


dise,  dont  les  hommes  ont  besoin  de 
s’entretenir  par  aide  réciproque  des 
vns  et  des  autres,  vient  à  estre  in¬ 
terrompu  et  délaissé  :  car  nul  ne  se 
veut  bazarder  de  venir  rien  apporter 
au  lieu  où  est  la  peste ,  de  peur  de 
perdre  sa  vie.  De  là  s’ensuit  que  les 
viures  viennent  bien  tost  en  grande 
cherté,  et  en  fin  à  défaillir  du  tout, 
mesmement  aux  villes  fameuses  où 
il  y  a  grand  peuple  qui  a  accoustumé 
de  viure  au  iour  la  iournée,  sans 
faire  prouision  :  car  les  marchands 
allans  çà  et  là  pour  en  apporter ,  ne 
peuuent  non  seulement  entrer  aux 
villes  ny  villages ,  mais  souvient  en 
sont  dechassés  par  armes  et  à  coups 
debarquebuses,  arbalestes,  et  pierres, 
pour  ne  les  laisser  approcher,  tant 
que  quelquesfois  ils  sont  tués  ou 
massacrés  inhumainement,  au  lieu 
du  secours  qu’on  leur  deuroit  donner 
en  leurs  nécessités.  De  là  vient  que 
les  autres  n’y  veulent  aller,  et  eux 
quisouloient  subuenir  à  ce  que  leur 
ville  ne  tombast  en  defaut  de  viures 
et  autres  choses,  sont  contraints 
d’endurer  la  famine  auec  leurs  con¬ 
citoyens.  Souuent  les  enfans  sont 
contraints  d’enterrer  leurs  peres  et 
meres ,  les  peres  et  meres  leurs  en- 
fans,  les  maris  leurs  femmes,  et  les 
femmes  leurs  maris  (qui  leur  est  un 
grand  creue-cœur)  pour  ne  trouuer 
personne  qui  les  vueille  enterrer. 
Souuent  aussi  on  laisse  les  corps  sans 
les  enterrer,  desquels  s’esleuent  va¬ 
peurs  pulredineuses  qui  renforcent 
la  peste  ‘.  Outre-plus ,  les  plus  opu¬ 
lents,  mesmes  les  magistrats,  et  au¬ 
tres  qui  ont  quelque  autorité  au  gou- 
uernement  de  la  chose  publique, 
s’absentent  ordinairement  des  pre- 

*  Les  deux  phrases  qui  précèdent  sont  de 
1585. 


miers,  et  se  retirent  ailleurs,  desorte 
que  la  iustice  n’est  plus  administrée , 
n’y  estant  personne  à  qui  on  la  puisse 
requérir  ;  et  lors  tout  s’en  va  à  con¬ 
fusion,  qui  est  vn  mal  des  plus  grands 
qui  sçauroient  aduenir  à  vno  répu¬ 
blique,  quand  la  iustice  defaut  :  et 
adonc  les  meschans  ameinent  bien 
vne  autre  peste  ;  car  ils  entrent  és 
maisons,  et  y  pillent  et  desrobent  à 
leur  aise  impunément ,  et  coupent  le 
plus  souuent  la  gorge  aux  malades, 
voire  aux  sains  mesmes,  à  fin  de 
n’estre  conneus  et  accusés  après. 

Qui  en  voudra  des  exemples  bien 
recentes ,  il  en  pourra  sçauoir  des  ha- 
bitans  de  Lyon,  au  voyage  que  le 
Roy  y  a  fait  K  Aussi  en  ceste  ville  de 
Paris  se  sont  trouués  des  gens ,  qui 
auec  l’aide  de  tels  maistres,  ayansfait 
entendre  à  vn  quidam  leur  ennemy 
qu’il  auoit  la  peste,  sans  auoir  mal 
quelconque,  et  le  iour  qu’il  deuoit 
parler  de  son  procès,  ou  faire  quelque 
acte  où  sa  presence  estoit  requise, 
l’ont  fait  rauir  et  emporter  à  l’Hostel- 
Dieu,  par  la  force  de  ces  galands, 
quelque  resistence  qu’il  peusl  faire , 
estans  plusieurs  contre  vn  :  et  si  de 
fortune  il  imploroit  l’aide  et  miséri¬ 
corde  du  peuple  qui  le  voyoit,  les 
larrons  et  meurtriers  l’empeschoient 
et  crioient  encores  plus  fort  que  luy, 
à  fin  qu’il  ne  fust  entendu  :  ou  bien 
ils  donnoient  à  entendre  que  le  mal 
l’auoit  rendu  furieux  et  démoniaque, 
pour  faire  fuir  chacun  d’auprès,  et  ce 
pendant  auoir  moyen  de  le  pousser 
audit  Hostel-Dieu ,  et  le  faire  lier  et 
coucher  auec  les  pestiférés.  Et  quel¬ 
ques  iours  après  mourut,  tant  dedes- 
plaisir  que  de  l’air  infecté ,  ayant  esté 
sa  mort  auparauant  vendue  et  achep- 
tée  à  beaux  deniers  contans. 


‘  1666.  —  A.  P. 


le  n’ay  que  faire  de  déduire  icy  au 
long  ce  que  l’on  ne  sçait  que  Irop  : 
c’est  à  sçauoir  que  les  villes  délais¬ 
sées  deuiennent  champeslres,  iusques 
à  voir  l’herbe  croistre  parles  rues; 
les  laboureurs  delaissans  leurs  mai¬ 
sons  et  les  fruits  sur  la  terre,  laquelle 
demeure  en  friche  ;  les  troupeaux  sont 
esgarés  et  esperdus  parles  champs  : 
les  hommes  s’entre-rencontrans  s’en- 
fuyent  arriéré  les  vns  des  autres ,  si¬ 
gne  de  grande  punition  de  Dieu.  le 
me  conlenteray  d’adiouster  icy  que 
ceste  maladie  rend  par  tout  l’homme 
si  misérable,  que  si  tost  qu’il  est 
soupçonné,  sa  maison  (  qui  luy  estoit 
lieu  le  plus  seur  et  le  plus  libre)  luy 
sert  d’vne  cruelle  prison  :  car  on 
l’enferme  dedans  sans  qu’il  puisse 
sortir ,  ny  que  personne  y  soit  admise 
pour  le  secourir.  Si  ce  pendant  quel- 
qu’vn  de  ceux  qui  sont  ainsi  reserrés 
et  enfermés  se  meurt,  il  faut  que  les 
autres  qui  sont  là  dedans  voyent 
quelquesfois  durant  long  temps  cest 
horrible  spectacle  du  corps  rempli  de 
vermine  et  pourriture ,  auec  vne 
grande  puanteur  charongneuse ,  qui 
fait  renforcer  l’infection  et  vénénosité 
de  l’air ,  qui  puis  après  fait  redoubler 
la  peste,  et  est  souuent  cause  delà 
mort  de  tous  ceux  qui  sont  en  la 
maison.  Et  si  on  se  retire  aux  champs, 
la  mesme  crainte  et  horreur  y  est ,  et 
se  trouue  en  tout  chacun  qui  les  voit, 
et  plus  encores ,  d’autant  qu’on  a 
moins  d’amitié  ou  connoissance.  Tout 
est  clos  et  fermé  aux  villes ,  villages 
et  bourgades,  voire  les  maisons  pro¬ 
pres  sont  closes  à  leus  maistres .  tel¬ 
lement  que  souuent  on  est  contraint 
de  faire  quelque  logette  aux  champs, 
arriéré  de  toute  conuersation  et  con¬ 
noissance  :  comme  on  fuisoit  à  Lyon 
sur  le  llosne,  là  où  les  malades  s’es- 
tans  retirés,  le  chaud  du  iour  les  es- 


touffoit ,  et  le  froid  de  la  nuit  les 
morfondoit  et  leur  amenoit  d’autres 
mortelles  maladies.  Et  qui  plus  est, 
n’a  on  pas  veu  esdites  loges  ,  que  le 
pere  et  la  mere  estans  griefuement 
malades ,  et  ne  pouuans  aider  à 
leur  enfant,  l’ont  veu  suffoquer  et 
manger  aux  mouches  guespes,  et  la 
mere  cuidant  le  secourir,  se  leuer  , 
puis  tomber  morte  entre  l’enfant  et 
le  mary  ?  Plus ,  on  n’est  reconneu 
des  vassaux  ,  suiets  ,  ou  seruiteurs 
qu’on  ait  :  chacun  tourne  le  dos ,  et 
personne  n’y  oseroit  aller  :  mesmes 
le  pere  abandonne  l’enfant ,  et  l’en¬ 
fant  le  pere  :  le  mary  la  femme  ,  et  la 
femme  le  mary  :  le  frere  la  sœur ,  et 
la  sœur  le  frere  ;  voire  ceux  que  vous 
pensez  les  plus  intimes  et  feables 
amis,  en  ce  temps  vous  abandonnent 
pour  l’horreur  et  danger  de  ceste  ma¬ 
ladie.  Et  s’il  y  a  quelqu’vn  qui ,  meu 
de  pitié  et  charité  chrestienne,  ou  pour 
la  consanguinité,  vueilie  s’auancer 
pour  secourir  et  visiter  vu  malade,  il 
n’aura  après  parent  ny  amy  qui  le 
vueilie  fréquenter  ny  approcher. 
Qu’ainsi  soit ,  on  a  veu  à  Lyon ,  lors 
qu’on  apperceuoit  seulement  és  rues 
les  Médecins ,  Chirurgiens  et  Barbiers 
esleus  pour  panser  les  malades,  cha¬ 
cun  couroit  après  eux  à  coups  de  pier¬ 
res  pour  les  tuer  comme  chiens  enra¬ 
gés  ,  disans  qu’il  falloit  qu’ils  n’allas¬ 
sent  que  de  nuit ,  de  peur  d’infecter 
les  sains. 

Combien  de  panures  femmes  gros¬ 
ses,  sans  estre  aucunement  malades 
de  peste  (pour- ce  qu’en  tel  temps 
toutes  autres  maladies  sont  suspec¬ 
tes)  ont  esté  pour  le  seul  souspçon 
délaissées  et  abandonnées  à  leur  en¬ 
fantement  ,  dont  est  prouenue  la  mort 
des  meres  et  des  en  fans?  le  puis  véri¬ 
tablement  dire  auoir  trouué  aux 
mammelles  d’vne  femme  morte  de 


4()0  r,K  VINGT-QVA' 

pesle,  son  enfant  Icltant  encores  le 
venin  mortel ,  qui  le  deuoit  tncr  bien 
tost  après. 

Si  la  nourrice  d’vn  enfant  vient  à 
deceder ,  cncores  que  ce  ne  fust  de  la 
peste ,  il  ne  s’en  trouuera  point  d’au¬ 
tre,  pour  le  souspçon  qu’on  a  que 
elle  soit  morte  de  peste  :  tant  est 
ceste  maladie  effroyable  et  espou- 
uentable  ,  que  si  tost  que  quelqu’vn 
en  est  surpris,  il  ne  trouue  secours 
de  personne,  ains  attend  seulement  la 
mort  misérable.  Qu’il  soit  ainsi,  entre 
vne  infinité  d’autres  exemples  que 
l’on  en  voit  ordinairement,  nous  li- 
'  sons*  qu’vne  ieune  femme,  son  mary 
estant  mort  et  deux  de  ses  enfans ,  se 
voyant  frappée  ,  commença  a  s’ense- 
uelir  elle-mesme,  et  fut  trouuée  à 
demy  enseuelie ,  ayant  encore  le  fil  et 
l’aiguille  entre  ses  mains.  Outre-plus, 
vn  homme  fort  et  robuste  ayant  la 
peste  ,  est  allé  au  cimetiere ,  et  en  sa 
presence  a  fait  faire  sa  fosse,  et 
auant  qu’elle  fust  paracheuée ,  il 
mourut  sur  le  bord. 

Au  contraire  il  y  en  a  (fiii  ont  eu 
telle  appréhension  de  la  mort ,  estans 
frappés  de  ceste  maladie  pestilente, 
que  pour  se  secourir  eux-mesmes ,  se 
sont  appliqués  des  fers  ardens  sur  la 
bosse,  sebruslans  tous  vifs;  autres 
auec  tenailles  l’ont  arrachée,  se  pen¬ 
sons  garantir.  Aussi  aucuns  par  la 
ferueur  et  rage  de  ceste  maladie  se 
sont  iettés  dedans  le  feu ,  autres  dans 
les  puits,  aucuns  és  riuieres  ;  autres  se 
sont  précipités  par  les  fenestres,  au¬ 
tres  se  sont  heurtés  la  teste  contre  la 
muraille  iusqu’à  en  faire  sortir  la  cer- 
uelle ,  ce  que  i’ay  veu  :  autres  aussi 
se  sont  tués  eux-mesmes  à  coups  de 
dague  ou  de  cousteau. 

Lucrèce  ,  poète  Latin  ,  a  remarqué 


RIlÎMIi  IJVRK  , 

la  peste  auoir  esté  autresfois  si  fu¬ 
rieuse  au  pays  d’Athenes,  que  plu¬ 
sieurs  surmontes  de  la  vohemcnce  de 
la  maladie  se  precipitoient  dedans 
l’eau.  On  raconte  que  la  peste ,  il  y  a 
enuiron  quatre  vingts  ans ,  auoit  de 
telle  rage  couru  par  la  Gaule  Lyon- 
noise,  que  les  femmes  principale¬ 
ment,  sans  apparence  d’aucun  mal  en 
leur  corps,  se  ieltoient  dedans  leurs 
puits,  surmontées  de  la  fureur  de 
telle  maladie  L 

Et  à  ce  propos  m’a  esté  asseuré  que 
depuis  n’agueres,  vnPrestre  de  la  pa¬ 
roisse  sainct  Eustache  en  ceste  ville 
de  Paris ,  estant  malade  de  la  peste 
en  l’Hostel  Dieu ,  de  furie  se  leua  du 
lict ,  et  prit  vne  dague ,  de  laquelle  il 
frappa  plusieurs  despauures  malades 
couchés  dedans  leur  lict ,  et  en  tua 
trois  :  etn’eust  esté  qu’il  fut  apperceu 
et  empoignédu  Chirurgien  dudit  hos- 
tel  (qui  receut  de  luy  vn  coup  de  da¬ 
gue  dedans  le  ventre ,  le  voulant  sai¬ 
sir,  dont  il  cuida  mourir)  il  en  eust 
occis  autant  qu’il  en  eust  trouué  : 
mais  si  tost  qu’il  fut  retenu  ,  et  que 
ceste  furie  diminua,  il  rendit  l’esprit. 

Vn  autre  cas  non  moins  horrible 
est  aduenu  à  Lyon,  rue  Merciere,  où 
la  femme  d’vn  Chirurgien  nommé 
Amy  Baston  (quiestoit  mort  de  peste) 
six  iours  après  estant  esprise-  de  la 
mesme  contagion,  tomba  en  resuerie, 
puis  en  frenesie,  et  se  mist  à  la  fenes- 
trede  sa  chambre,  tenant  et  tourmen¬ 
tant  son  petit  enfant  entre  ses  bras  : 
ce  que  voyans,  ses  voisins  l’admones- 
toient  de  ne  luy  faire  mal  :  mais  au 
lieu  d’ auoir  esgard  à  leur  aduer  tisse - 
ment,  le  ielta  incontinent  en  terre, 
puis  tost  apres  elle  s’y  précipita  :  ainsi 
la  mere  et  l’enfant  moururent. 

Il  y  a  vne  infinité  d’autres  senibla- 


Auliure  des  Histoires  prodigieuses. — A.  P. 


‘  Ce  paragraphe  a  été  intercalé  ici  en  157». 


DK  I-A  PhSTK. 


blés  exemples ,  lesquels  si  ie  voulois 
raconter,  iamais  la  matière  me  me 
defaudroit  :  mais  tant  y  a,  que  le  tout 
adulent  le  plus  souvient  aux  malades 
par  faute  qu’on  n’ose  conuerser,  ny 
estre  alentour  d’eux  pour  les  secou¬ 
rir  :  ce  qui  ne  se  fait  aux  autres  ma¬ 
ladies  ,  mesmes  en  lepre  ,  car  en  icelle 
les  malades  sont  secourus  ;  mais  en 
ceste-cy  on  est  dechassé  de  ses  parens 
et  amis ,  voire  de  sa  propre  maison  , 
comme  nous  auons  dit  :  dequoy  se 
faut  d’autant  moins  esmerueiller , 
veu  que  la  charité  des  hommes  est 
auiourd’hui  tellement  refroidie ,  que 
ceux  mesmes  qui  ont  toute  liberté, 
encore  qu’ils  ayent  or  et  argent  pour 
satisfaire ,  ne  peuuent  en  temps  de 
peste  auoir  secours  d’aulruy  *. 

Icy  ne  veux  encore  passer  que  ne 
recite  ce  que  le  bon  yieillard  Guidon 
a  •  escrit ,  qu’en  l’an  rail  trois  cens 
quarante  et  h'uit,  vint  vne  mortalité, 
dont  ceux  qui  estoient  espris  de  pcsle 
mouroient  en  trois  iours  ou  en  cinq 
au  plus:  et  estoit  si  contagieuse ,  que 
non  seulement  en  conuersant  en¬ 
semble  ,  mais  aussi  en  regardant  l’vn 
l’autre  se  prenoit  :  et  les  personnes 
mouroient  sans  seruiteurs ,  et  es¬ 
toient  enterrés  sans  preslres,  et  mou- 
roit  de  iour  en  iour  en  vn  si  grand 
nombre  de  pestiférés,  que  nepouuant 
suffire  à  les  enterrer,  on  estoit  con¬ 
traint  faire  de  grandes  fosses  aux  cime¬ 
tières  et  lesietter  dedans  à  monceaux, 
les  vns  morts  ,  les  autres  estons  en¬ 
core  en  agonie.  Le  perene  visitoit  l’en¬ 
fant,  ny  l’enfant  le  pero,  ny  la  femme 
le  mary,  ny  le  mary  la  femme,  comme 
auons  dit  cy  dessus  :  toute  charité 

1  Le  texte  correspondant  au  chapitre  ac¬ 
tuel ,  dans  l’édition  de  15G8,  n’allait  pas 
plus  loin,  et  le  long  extrait  de  Guy  de  Ghau- 
liac  ([ii’on  va  lire  a  été  ajouté  on  1675. 


/|()t 

estoit  morte,  et  espérance  abbatue. 
Geste  maudite  pestilence  fut  quasi 
par  tout  le  monde ,  et  n’en  laissa 
presque  la  quarte  partie.  Elle  fut  fort 
honteuse  et  non  profitable  aux  Mé¬ 
decins  et  Chirurgiens ,  lesquels  n’o- 
soient  visiter  les  malades,  de  peur 
d’estre  infectés  :  ioint  aussi  que  tous 
leurs  remedes  ne  protîtoient  en  rien  : 
car  tous  ceux  qui  estoient  frappés  de 
ceste  peste  mouroient.  En  aucunes 
contrées  de  pays,  on  estimoit  que  les 
luifs  eussent  enuenimé  le  monde  ,  et 
à  ceste  cause  on  leur  couroit  sus  et 
les  assomraoit.  Les  autres  cuidoient 
que  ce  fussent  les  pauures  manchets, 
pour  laquelle  occasion  estoient  chas¬ 
sés.  Les  autres  en  soupçonrioient  les 
Nobles,  et  pource  n’osoienl  aller  par 
le  monde.  Et  finablement  les  portes 
des  villes  furent  gardées,  et  ne  lais- 
soient  nul  entrer  dedans  s’ils  n’es- 
toient  bien  conneus.  Et  si  quelques- 
vns  auoient  poudre  ou  onguens,  pen- 
soient  que  ce  fussent  poisons,  qui  es¬ 
toit  cause  de  leur  faire  aualler.  La¬ 
dite  peste  dura  sept  mois  sans  cesser. 
Voila  ce  que  le  bonhomme  de  Guidon 
en  escrit,  chose  à  la  vérité  de  grande 
remarque,  touchant  l’ire  de  Dieu. 


CHA.P1TRE  LUI. 

EPILOGVE  OV  CONCLVSION  DE  CE  DIS- 
COVRS  DE  LA  PESTE  L 

Or  ic  m’asseure  que  le  Lecteur  qui 
aura  appris  en  ce  petit  traité  le  moyen 
de  s’en  preseruer ,  et  mesme  san.s 
danger  visiter  et  secourir  son  pro- 

t  Ce  chapitre  était  confondu  avec  le  pré¬ 
cédent  en  1568  et  1575  ;  il  n’en  a  été  séparé 
qu’en  1579. 


402  LE  VINGT-QVATRIÉME  LIVRE  , 


Chain,  ne  mespriseia  point  mon  la¬ 
beur,  combien  que  (si  faire  se  pou- 
uoit)  i’aimerois  beaucoup  mieux  qu’il 
ne  fust  besoin  à  personne  s’en  aider, 
et  que  ta  sérénité  de  l’air  par  la  bonté 
de  nostre  Dieu  fust  tousiours  telle, 
que  la  peste  perdist  son  nom  et  ses 
effets.  Mais  puis  que  cela  prouient 
par  l’iniquité  des  hommes,  laquelle 
se  perpetue  auec  eux  tout  le  cours 
de  leur  vie,  en  receuant  patiemment 
ce  qu’il  plaist  à  Dieu  nous  enuoyer, 
nous  suiuons  aussi  sa  volonté,  quand 
nous  apprenons  et  vsons  des  reme- 
des  selon  qu’en  toutes  choses  il  en  a 
mis  la  propriété  et  vertu,  pour  seruir 
à  l’vsage  de  l’homme,  tant  à  la  nour¬ 
riture  du  corps  qu’à  la  conseruation 
et  recouurement  de  la  santé  d’iceluy. 
Et  de  tant  plus  que  ce  mal  est  grand, 
d’autant  faut  il  recourir  prompte¬ 
ment  au  remede  qui  est  seul  et  ge¬ 
neral  :  c’est  que  grands  et  petits,  de 
bonne  heure  implorions  la  miséri¬ 
corde  de  Dieu  par  confession  et  des¬ 
plaisance  de  nos  forfaits,  auec  cer¬ 
taine  deliberation  et  propos  de  nous 
amender  et  donner  gloire  au  nom 
de  Dieu ,  cherchans  en  tout  et  par 
tout  de  luy  obeïr  et  complaire  sui- 
uant  sa  sainte  parole,  sans  estriuer  à 
'l’encontre  de  luy  par  nos  desordon¬ 
nées  passions ,  comme  nous  auons 
fait  et  faisons  iournellement.  Et  s’il 
luy  plaist  encor  es  après  cela  nous 
battre  de  ces  verges  là,  ou  de  quel¬ 
ques  autres  selon  son  conseil  eternel, 
faut  l’endurer  patiemment,  sçachant 
que  c’est  tout  pour  nostre  profit  et 
amendement  :  et  ce  pendant  s’entre- 
aider  des  remedes  qu’on  pourra  irou- 
uer ,  sans  abandonner  ainsi  les  vns 
les  autres,  par  vnc  extreme  barbarie 
et  inhumanité. 

Croyons  que  le  mal  seroit  beau¬ 
coup  moindre,  ayans  aide  et  consola¬ 


tion  les  vns  des  autres.  Le  Turc  le 
fait,  et  nous,  Chrestiens  de  nom,  n’en 
tenons  compte  :  comme  si  nous  pen¬ 
sions  en  ceste  sorte  eschapper  des 
mains  de  Dieu.  Helas,  où  nous  pour¬ 
rons-nous  cacher  que  ne  soyons  trou- 
ués?  Reconnoissons  plustost  auec  le 
Psalmiste:  5(  ieprens  les  ailes  de  l'aube 
du  iour,  et  que  i’habile  aux  dernières 
parties  de  la  mer,  là  aussi  ta  main  me 
conduira,  et  ta  dextre  m’empoignera^. 
Croyons  que  quand  nous  pourrions 
euiter  la  mort  de  ce  costé  là  (  ce  qui 
ne  peut  estre)  il  a  cent  mille  morts 
plus  honteuses  et  misérables  pour 
nous  attrapper,  et  confondre  le  corps 
et  l’ame  pour  estre  tourmentés  à  tout 
iamais.  Parquoy  ayans  nos  cœurs 
remplis  de  charité,  il  nous  faut  re¬ 
tourner  à  luy,  d’autant  qu’il  est  plein 
de  clemence  et  bénignité,  prest  à 
nous  soulager  en  nos  tribulations,  et 
est  tout  bon,  et  nous  aime  comme  ses 
enfans  :  et  quand  il  luy  plaira,  il  re¬ 
tournera  toutes  nos  afflictions  en 
nostre  salut ,  voire  mieux  que  nous 
ne  sçaurions  souhaiter  ou  imaginer. 
De  là  prenons  ceste  resolution  ferme, 
de  nous  assuiettir  et  ranger  paisible  ¬ 
ment  à  sa  bonté  et  saincte  volonté, 
qui  est  la  reigle  de  toute  sagesse ,  à 
laquelle  nous  deuons  conformer  tou¬ 
tes  nos  cogitations  et  actions.  Voila 
vn  tres-bon  onguent  alexitere  pour 
adoucir  nostre  peste ,  et  vn  remede 
salutaire  pour  appaiser  nos  mur- 
mures  et  nous  imposer  silence,  et  vn 
arrest  certain  pour  faire  cesser  le 
procès  que  nous  intentons  couslu- 
mierement  contre  Dieu,  quand  il 
nous  chastie  plus  rudement  qu’il  ne 
nous  semble  bon  et  profitable  (au  iu- 
gement  de  la  chair  et  non  de  l’esprit.) 

Parquoy  apprenons  à  nous  capti- 

^  Pseaume  130,  —  A.  P. 


DE  LA  PESTE. 


uer,  et  brider  nostre  appétit,  esti- 
mans  que  Dieu  fait  toutes  choses  en 
poids  et  mesure  :  et  quoy  qu’il  nous 
enuoye  peste,  famine,  ou  guerre,  et 
autres  infinies  calamités,  il  ne  fait 
rien  qui  ne  soit  bon  et  droit.  Et  quand 
il  luy  plaira  nous  retirer  de  ce  monde, 
de  là  naistra  nostre  bonheur  et  féli¬ 
cité,  veü  que  ceste  vie  traine  auec  soy 
vne  infinité  de  trauaux  et  miseres, 
où  nous  sommes  presque  abysmés  de 
choses  caduques  et  transitoires  E  Et 
par  ceste  mort  sommes  appelles  à  la 
pleine  fruition  du  royaume  celeste, 
comme  par  vn  herault  et  embassade 
enuoyé  du  Ciel.  Si  vn  roy  par  vn  mes¬ 
sager  appelloit  vn  panure  et  misé¬ 
rable  à  soy  pour  le  faire  participant 
de  son  royaume,  quel  plaisir  et  sou- 
las  receuroit-il?  A  plus  forte  raison 
deuons  nous  estre  ioyeux,  quand 
Dieu  par  la  mort  nous  enuoye  ce 
messager  qui  nous  guide  à  luy,  pour 
heriter  son  royaume  eternel  et  bien¬ 
heureux.  Veu  donc  que  l’eschange 
est  tel,  nous  auons  matière  de  conso¬ 
lation,  la  mort  nous  estant  cest  heu¬ 
reux  messager,  lequel  nous  fait  pas¬ 
ser  de  ce  monde  au  ciel,  de  ceste  vie 
misérable  à  la  vie  eternelle,  de  mal¬ 
heur  en  félicité,  d’ennuy  en  liesse,  de 
misere  en  prospérité,  qui  nous  doit 
grandement  consoler,  et  tollir  toute 
occasion  de  lamenter.  Et  par  tel  ar¬ 
gument  de  resioüyssance ,  quand  il 
plaist  à  Dieu  nous  appeller  et  enuoyer 
la  mort,  laquelle  il  a  soutfert  pour 
nostre  rédemption,  Ezechias  desire  la 
mort,  non  qu’il  fust  despilé  contre 
Dieu  :  mais  estant  ennuyé  des  fas- 
cheries  et  tourmens  du  monde,  il  de- 
siroit  d’en  sortir,  pourueu  toutesfois 

1  Ici  finissait  ce  paragraphe  dans  les  deux 
premières  éditions  de  ce  livrej  tout  ce  qui 
«uit  est  de  lô79. 


463 

que  Dieu  s’y  accordast.  Car  nostre 
vie  est  comme  vne  garnison  en  la¬ 
quelle  Dieu  nous  a  mis,  nous  enioi- 
gnant  y  demeurer  iusques  à  ce  qu’il 
nous  appelle,  et  nous  licence  pour  en 
sortir  auec  foy,  et  qu'il  n’est  pas 
venu  en  çe  monde  souffrir  et  estre 
mis  en  croix  que  pour  la  rédemption 
des  pécheurs,  et  non  des  iustes, 
comme  il  a  dit  (d’autant  qu’vn  homme 
sain  n'a  que  faire  de  Médecin).  Donc 
il  se  faut  humilier,  et  auoir  ferme 
fiance  qu’il  nous  pardonnera  toutes 
nos  fautes,  pourueu  que  nous  luy  ad- 
dressions  nos  prières  du  profond  de 
nostre  cœur,  et  de  droite  et  ardente 
affection,  croyans  que  luy  mesme  a 
dit  qu’il  ne  vouloit  la  mort  du  pé¬ 
cheur,  mais  sa  rédemption.  Esaïe  dit 
qu’il  mettra  nos  péchés  derrière  le 
dos,  voire  au  profond  de  la  mer,  et 
n’en  aura  iamais  de  record  ation.  Ces 
choses  considérées,  nous  ne  deuons 
craindre  la  mort ,  n’estans  en  ce 
monde  que  comme  en  maison  em¬ 
pruntée,  de  laquelle  il  nous  faut  des¬ 
loger  quand  il  plaira  au  Seigneur,  à 
laquelle  elle  appartient.  Que  si  le 
parlement  de  ce  monde  est  vne  en¬ 
trée  à  vie,  qu’est-ce  de  ce  monde  si¬ 
non  vn  sepulchre  ou  tombeau?  Et 
comme  les  mariniers  désirent  vn  bon 
port,  aussi  deuons  nous  desirer  de 
sortir  de  ceste  grande  mer  de  misere 
et  calamité ,  pour  aller  au  port  de 
salut  où  tout  mal  cessera,  et  n’y  aura 
orage  ne  tourmente,  mais  toute  ioye 
et  repos.  lob  dit  que  l’homme  nay  de 
femme  est  de  peu  de  iours  et  rempli 
de  miseres,  qui  sort  hors  comme  la 
fleur,  et  est  coupé,  et  s’enfuit  comme 
l’ombre,  et  n’arreste  point  Autres 
comparent  ceste  vie  à  vne  fumée ,  ou 
vapeur  d’ vne  bouteille  d’eau,  qui  s’es- 

IC  — A.  r. 


/|G4  LK  vi.ngt-qva: 

leiie  en  temps  de  pliiye  ;  autres  à  vue 
nacelle  estant  au  milieu  de  la  mer, 
agitée  çà  et  là  des  vants  ei  des  ondes, 
heurtant  contre  les  rochers,  qui  sou¬ 
tient  se  perd  aux  gouffres  et  ahysraes 
profondes.  Et  par  ainsi  il  faut  mettre 
en  la  prolcction  de  Dieu  la  garde  de 
nostre  ame,  qu’il  nous  a  donnée  pour 
estre  reunie  en  ce  corps  :  lequel  sera 
gloritiéen  la  résurrection  vniuerselle 
des  morts. 

Et  pour  conclusion,  si  nous  r’ap- 
portons  le  tout  au  conseil  de  Dieu, 
nous  aurons  dequoy  nous  consoler 
au  milieu  des  plus  grandes  angoisses 
et  destresses  qui  nous  pourroient 
aduenir  :  lequel  nous  prions  de  bon 
cœur,  et  de  ferme  et  viue  foy,  qu’il 
nous  pardonne  nos  péchés,  lesquels 
sont  cause  de  ceste  maladie  pestiférée 
et  autres,  croyant  que  c’est  le  vray 
an'idote  contre  la  peste.  Car-Iesus- 
Christ,  voulant  guarir  le  Paralyti¬ 
que,  luy  dit  ;  Tes  péchés  te  sont,  par- 
donnéé  :  monstranl  et  déclarant  par 
cela,  que  la  cause  et  racine  de  sa  ma¬ 
ladie  procedoit  de  son  péché,  et  que 
pour  en  auoir  la  fin,  il  falloit  que  l’ire 
de  Dieu  fust  appaisée,  et  qu’il  luy 
fust  propice  et  fauorable  par  la  ré¬ 
mission  de  ses  péchés.  Ainsi  donc 
nous  implorerons  sa  grâce  d’vn  cœur 
ardent,  ayant  fiance  qu’il  nous  gar¬ 
dera  et  défendra ,  nous  donnant  ce 
qui  nous  est  necessaire  tant  au  corps 
qu’à  l’ame.  Que  s’il  luy  plaist  nous 
appeller,  il  sera  nostre  rédempteur, 
et  nous  ayant  retiré  de  ce  labyrinthe 
et  gouffre  de  tous  maux  et  miseres,  il 
nous  introduira  en  l’heritage  de  sa 
gloire,  pour  l’amour  de  son  cher  fils 
nostre  sauueur  lesus-Christ,  auquel 
soit  gloire  eternelle.  Ainsi  soit  il  K 

1  C’est  ainsi  que  se  terminait  le  livre  de 


IRUiMIi  Livni-, 


ADVe'bTISSKMENT  de  L’AVTHEVn. 


L’autheur  a  fait  cesle  petite  admo¬ 
nition  pour  le  ieune  Chirurgien,  se 
trouuant  quelqiiesfois  aux  lieux  où 
il  n’y  a  preslres ,  ny  autres  gens  d’E- 
glise  à  la  mort  des  panures  pestiférés. 
Comme  i’ay  veu,  le  roy  Charles  es¬ 
tant  à  I.yon,  pendant  la  gfande  mor¬ 
talité,  où  l’on  enfermoit  aux  bonnes 
maisons  vn  Chirurgien  pour  medica- 
menler  ceux  qui  esloient  pestiférés, 
sans  pouuoir  estre  secourus  d’aucu¬ 
nes  personnes  pour  les  consoler  à 
l’extremilé  de  la  mort  :  et  ledit  Chi¬ 
rurgien,  ayant  esté  instruit  d,e  ceste 
petite  admonition ,  pourra  seruir  à  la 
nécessité  d’vn  plus  grand  clerc  que 
luy.  Et  ne  veux  icy  passer  les  bornes 
de  ma  vocation  :  mais  seulement  ai¬ 
der  aux  panures  pestiférés  en  leur 
extrémité  de  la  mort. 

La  mort  est  la  peur  des  riches , 

Le  désir  des  panures , 

Tm  ioye  des  sages , 

La  crainte  des  meschans , 

Fin  de  toutes  miseres , 

Et  commencement  de  la  vie  eternelle  , 
Bien-heureuse  aux  esleus , 

El  mal-heureuse  aux  reprouués' , 

la  Peste  en  156S  et  1575  ;  l’avertissement 
qu’on  va  lire  a  été  ajouté  en  1579. 

1  L’édition  de  1579  portait  :  Eièommence- 
menl  de  la  vie  eternelle  à  ceux  qui  eroyenl  en 
Dieu  et  ont  esperance  en  sa  miséricorde  infinie. 
Du  reste,  ces  sentences  accompagnaient 
une  ligure  de  squelette  debout,  le  bras  droit 
appuyé  sur  une  bêche,  et  destinée  sans 
doute  à  frapper  les  yeux  en  même  temps  que 
le  texte  frappait  l’esprit.  Je  n’ai  vu  aucune 
raison  pour  la  conserver. 


CHAPITRE  COMPLEMENTAIRE. 


DE  l’vSAGE  de  l’antimoine 


Quelques  vns  semblablement  don¬ 
nent  aux  robustes  quatre  ou  cinq 
grains  d’antimoine,  préparé  auec  vn 
œuf,  ou  auec  conserue  de  roses  ou 
succre  rosat,  et  aux  foibles  deux  ou 
trois  grains. 

Vn  Chirurgien  ,  homme  de  bien  , 
demeurant  à  Bordeaux,  nommé  mais- 
trelean  de  Sainctlean,  m’a  affirmé 
en  auoir  baillé  trois  grains  à  sa  fille, 
aagée  de  dix-sept  ans,  laquelle  auoit 
eu  apparence  de  tumeur  pestiférée  en 
l’aine,  qui  depuis  s’en  estoit  retournée 
au  dedans  :  et  voyant  les  accidens 
continuer,  et  l’antimoine  n’ auoir  rien 
fait,  luy  en  bailla  iusques  à  cinq 
grains,  dont  s’ensuiuit  grand  vomis¬ 
sement,  flux  âe  ventre,  et  sueur  ;  et 
par  ces  vacuations,  elle  fut  (dit-il) 
preseruée. 

Par  ainsi  nous  voyons  qu’il  n’y  a 
point  de  réglé  certaine  à  la  dose  des 
medicamens  purgatifs  ;  partant  il  les 
faut  augmenter  selon  la  nature  du 
malade,  facile  ou  difficile  à  esmou- 
uoir. 

Toutesfois  qui  ne  voudra  vser  d’an¬ 
timoine  préparé,  ne  laissera  d’en  vser 
sans  estre  préparé,  en  prenant  trois 
onces  d’iceluy  bien  esleu,  à  sçauoir 
fort  pondereux  et  lucide,  et  qui  facile¬ 
ment  se  eomminue  ;  lequel  sera  sub- 

1  Ceci  est  le  fameux  article  sur  l’antimoine 
extrait  du  chap.  27  des  éditions  de  16G8  et 
1575,  et  retranché  en  1579  en  même  temps 
que  le  livre  des  Fiéures.  Voyez  ci-devant  la 
note  de  la  page  414.  Dans  l’édition  de  I5G8, 
il  occupe  six  pages  pleines,  de  la  129'  à  la 
135'. 


tilementpul  uerisé,  et  mis  en  vne  phiole 
de  verre  auec  vn  posson  de  bon  vin 
blanc  ou  maluoisie  :  puis  assez  lon¬ 
guement  agité  et  battu  en  ladite 
phiole  :  et  après  le  faut  laisser  trem¬ 
per  ou  infuser,  et  rasseoir  six  ou  sept 
heures,  et  passer  le  vin  sans  aucune 
portion  du  corps  dudit  antimoine  :  et 
soit  donné  à  boire  au  malade,  et  ver¬ 
rez  que  ledit  vin  anlirnonien  fera  tel 
effet  que  la  poudre  de  celuy  qui  est 
calciné  et  préparé  :  ce  que  ie  sçay  par 
expérience. 

Ledit  antimoine  est  fort  loüé  en 
ceste  peste,  parce  qu’en  peu  de  temps, 
voire  en  demie  heure,  qu’il  est  entré 
au  corps,  il  prouoque  le  vomissement, 
sueur  et  flux  de  ventre,  ce  qui  se  fait 
par  sa  force  et  vehemence  :  laquelieir- 
rite  la  vertu  expultrice  à  chasser  la  ma¬ 
tière  veneneuse hors,  et  quant  etquant 
l’humeur  vicieux  qui  y  est  attaché, 
chasse  hors  principalement  les  matiè¬ 
res  acqueuses  ;  toutesfois  alors  que 
Nature  se  sent  chargée  d’autre  hu¬ 
meur,  il  l’euacue  aussi,  voire  en  tous 
temperamens  et  à  toutes  heures, 
neantmoinsque  l’humeur  soit  cuit  ou 
crud  :  et  fait  ce  par  vne  propriété  oc¬ 
culte,  laquelle  (comme  aussi  à  cha¬ 
cune  chose  naturelle)  luy  a  esté  don¬ 
née  dés  le  iour  qu’il  a  esté  créé  au 
monde,  outre  l’action  des  quatre  qua¬ 
lités  premières  et  leurs  dépendances. 
Qu’il  soit  vray,  soit  qu’on  le  calcine, 
ou  brusle,  ou  donne  crud  en  infusion, 
il  purge  tousiours  les  aquosités  :  et 
encore  que  l’on  baille  l’inlusion  du 
calciné,  il  ne  laissera  pas  de  faire  les 


III. 


466  CIIA.PIT11E  COMPLEMENTAIRE , 


mesmes  actions  qu’il  fesoit  estant 
baillé  en  corps,  voite  én  aussi  petite 
quantité.  11  n’a  aucune  saucur  ny 
odeur,  et  donne  peu  de  tranchées  au 
ventre  :  partant  quelques-vns  en 
donnent  aux  enfans  ja  grandelets  en 
petite  quantité. 

Or  si  quelques-vns  me  touloîent 
obiecter,  que  plusieurs  ont  pris  dudit 
antimoine  qui  n’ont  esté  guéris  :  lë 
leur  responds  pareillement ,  qüé  totis 
ceux  ausquels  on  a  administré  toüs 
les  autres  remedes  n’ont  laissé  à  mou¬ 
rir  ;  parquoy  il  ne  faut  imputer  la 
faute  audit  antimoine,  mais  au  venin 
pestiféré ,  qui  a  esté  plus  grand  et 
plus  fort  que  la  vertu  du  médicament  : 
ou  qu’on  ne  l’a  pas  donné  opportuné¬ 
ment  au  paradant  que  le  Venin  eust 
saisi  le  cœur,  ou  pour  là  diuersité 
des  temperamens  :  car  quelquesfois 
ce  qui  profite  à  l’vn  nuit  à  l’aUtre. 

Or  dés  le  premier  ioür,  ou  du  se¬ 
cond,  on  doit  prendre  ledit  antimoine, 
et  diuersifier  la  dose,  plus  ou  moins, 
selon  la  force  des  malades  :  i’entens 
ceux  qui  ont  mestier  d’estré  pur¬ 
gés,  ausquels  i’aymerois  trop  mieux 
(si  faire  lefalloit)  bailler  de  l’infusion 
du  crud  que  de  celuy  qui  est  calciné, 
comme  estant  moins  vedeneux.  Les 
robustes  le  prendront  auec  bon  thé¬ 
riaque,  et  les  délicats  auec  vn  iaune 
d’œuf,  ou  succre  rosât,  ou  conserue 
de  roses  :  et  au  parauant  que  le  pren¬ 
dre,  on  doit  bailler  vn  clystere  ou 
suppositoire  :  puis  deux  heures  après 
l’auoir  pris  ,  faut  donner  au  malade 
vn  boüillon  fait  de  chapon  et  vn  iar- 
ret  de  veau,  auecques  vue  poignée 
d’orge  mondé,  à  fin  de  lenir  l’esto- 
mach  et  les  intestins. 

Aucuns  mesprisent  l’antimoine  es  • 
tant  donné  par  dedans,  pour  purger 
les  pestiférés,  quoy  qu’il  soit  calciné 
ou  crud,  affermans  qu’il  est  poison, 


d’autant  que  par  sa  calcination  il  est 
rendu  plus  sefc  et  plus  dur,  et  acquiert 
vne  nature  de  feu  :  aussi  estànt  crud 
et  non  calciné,  disent  qu’il  ne  con- 
uient  à  noSlfe  nature,  laquelle  con¬ 
siste  en  chaleur  et  humidité,  d’autant 
qu’il  est  froid  et  sec  au  tiers  degré 
(toutrisfois  il  the  semble  qü’estant 
crtld,  il  luÿ  derfieute  vne  natül  e  siil- 
phucée  quipeutcorriger  sa  froideur)  : 
plus  adiouStent  qu’il  ne  se  peut  dé¬ 
layer  en  l’estomach,  ce  que  les  bons 
medicamens  purgeans  font,  pour  en- 
uoyeV  leurs  vapeurs  par  dedans  les 
Veines  :  et  finalement  adioUstent  que 
tous  tnedicamens  qui  purgent  en 
mesme  temps  par  haut  et  par  bas, 
sont  violens  et  malings  de  toute  leur 
substance. 

Of  laissans  telles  questions,  nous 
dirons  seulement  que,  outre  les  qua¬ 
lités  qu’a  l’antimoine  crUd  ou  calciné, 
il  lUy  demeure  tousiours  VUe  vertu 
proiU'é,  particulière  et  specifiquOi  qui 
ést  admirable  et  diuine,  comme  nous 
auons  démonstré  :  en  ce  qu’il  fait  sor¬ 
tir  grande  quantité  d’excrertienS,  tant 
par  vomissement,  flux  de  ventre,  que 
paf  la  Süeuf ,  purgeant  principale¬ 
ment  les  humidités  sereuSes  :  toutes- 
fûîs  il  fait  Vacuation  des  autres  hu- 
meuts  par  le  bénéfice  de  Nature,  la¬ 
quelle  estant  agitée  comme  de  furie 
du  venin  pestiféré,  et  aidée  on  aiguil¬ 
lonnée  par  la  vertu  de  rantimoine, 
ou  semblables  medicamens  acres,  ne 
iette  seulement  les  aquosités  ou  séro¬ 
sités,  mais  aussi  les  autres  humeurs 
qui  la  molestent,  les  deschargeant 
par  les  voyes  prédites.  Et  ce  faisant , 
ne  le  pouuons  dire  incommode  pour 
donner  aux  pestiférés,  ny  estre  poi¬ 
son,  s  il  n’estoit  donné  en  trop  grande 
quanlilé,  parce  qu’il  n’agit  point  par 
sa  seule  qualité  :  ioint  aussi  qu’on  le 
baille  en  petite  quantité,  comme  trois, 


DE  l’vSAGE  de 

quatre,  cinq  ou  six  grains,  et  qu’on  le 
mistionne  auec  certains  correctifs, 
comme  moyeux  d’œufs, vin,  décoction 
de  chapon,  ou  autres  choéeà  éefnbla- 
bles  qu’on  connoist  estre  necessaires  ; 
et  ainsi  on  n’en  voit  point  aduenir 
d’inconüenient. 

Au  surplus, ie  confesse  bienquelors 
qu’il  est  calciné  ou  brusié,  qu’aucuns 
appellent  préparé  ,  il  est  rendu  plus 
sec  et  plus  dur,  et  acquiert  vne  na¬ 
ture  de  feu  :  lesquelles  choses  luy  es- 
tans  acquises  par  la  calcination ,  il 
est  rendu  plus  chaud,  et  par  conse' 
quent  plus  acre ,  à  cause  que  toutes 
choses  calcinées  perdent  leur  humi¬ 
dité  et  sont  rendues  plus  seiches ,  et 
celles  qui  ne  sont  point  acres  et  poi¬ 
gnantes  acquièrent  beaucoup  de  cha¬ 
leur  par  la  calcination  :  dont  nous 
pouuons  conclure  que  celuy  qui  est 
crud  est  moins  mauuais  que  le  cal¬ 
ciné  ,  veu  qu’il  ne  laisse  à  faire  son 
operation  sans  le  calciner ,  et  n’est  si 
acre  ne  poignant  ;  partant  on  en  doit 
plustost  vser.  Ce  que  l’on  fera  auec 
vin  en  la  maniéré  que  nous  auons 
descrite  :  car  par  ce  moyen  on  attire 
son  essence  et  vertu  par  l’esprit  du 
vin  :  et  fait  semblable  vacuation  que 
celuy  qui  est  calciné,  toutesfois  ie  se¬ 
mis  bien  d’aduis  que  l’on  n’vsast  de 
ce  remede  si  ce  n’est  en  vne  grande 
nécessité,  et  que  premièrement  on  ne 
fust  bien  résolu  que  la  peste  ne  pro- 
cedast  du  vice  de  l’air,  ains  seulement 
de  celuy  des  humeurs. 

Or  outre  les  vertus  que  l’antimoine 
crud  a  de  purger  par  dedans,  aussi  il 
a  faculté  de  refroidir  et  desseicher 
auec  vne  astriction  :  et  partant  on  en 
met  és  collyres  dès  yeux  :  il  atreste  le 


l’antimoine.  467 

sang  qui  flue  des  membranes  du  cer¬ 
neau.  Il  est  bon  aussi  pour  les  playes 
rccentes,  et  contre  les  vieilles  vlceres, 
et  principalement  celles  qui  sont  faites 
par  morsure  de  chien.  Pareillement 
on  en  fait  vn  onguent  pour  les  brus- 
lures  auec  gresse,  litharge,  ceruse  et 
cire.  Et  lorsqu’il  est  appliqué  du  com¬ 
mencement  sur  icelles,  il  empesche 
qu’il  n’y  vienne  aucune  ampoule.  On 
en  fait  des  parfums  pour  arrester  le 
flux  menstruel,  lors  qu’il  est  excessif  : 
et  cicatrise  les  vlceres.  Il  purifie  tous 
métaux  :  partant  les  fondeurs  de  clo¬ 
ches  en  mettent  dans  leur  métal ,  à 
fin  que  les  cloches  sonnent  mieux  : 
aussi  ceux  qui  font  des  miroirs  en 
vsent  pour  les  rendre  plus  resplen¬ 
dissons.  Voila  ce  que  i’ay  trouué  de 
la  loüange  dudit  antimoine,  tant  en 
Dioscoride  que  plusieurs  autres  bons 
autheurs. 

Et  à  fin  qu’on  puisse  mieux  con- 
noislre  sa  nature  et  le  recouurer 
quand  il  en  sera  besoin,  il  faut  enten¬ 
dre  que  c’est  vne  pierre  métallique, 
plombeuse  et  sulphurée*  Qu’il  soit 
vray,  lors  qu’on  le  calcine,  vne  par¬ 
tie  se  conuertit  en  plomb ,  et  rend 
vne  odeur  puante  sentant  bien  fort 
le  soulphre.  Il  y  en  a  de  deux  especes, 
à  sçauoir  masle  et  femelle.  Le  masle 
n’est  si  bon  que  la  femelle  ;  et  se  con¬ 
noist  parce  qu’il  est  moins  luisant  et 
pesant  :  au  contraire  ,  la  femelle  est 
plus  pondereuse  et  luisante ,  et  plus 
friable ,  ioint  qu’elle  se  fond  plus  ai¬ 
sément  :  parquoy  ceux  qui  en  vou¬ 
dront  vser  la  prendront  plustost  que 
le  masle. 

Et  ce  suffise  de  l’antimoine. 


DISCOVRS 

DE  LA  MAMIE  ET  DE  LA  LICORNE 


A  TRES-HAVT  ET  PAISSANT  SEIGNEAR,  MESSIRE  CHRISTOPHLE  DES  ARSAINS  , 

Cheualier  des  ordres  du  Roy,  Conseiller  en  son  Conseil  priué ,  et  d’Estat, 
Capitaine  de  cent  hommes  d’armes  des  ordonnances  de  sa  Maiesté  :  Seigneur  de 
la  Chappelle,  Baron  de  Treiguel,  Boue,  et  Armenonuille,  etc. 


Monseigneur,  vous  auez  souue- 
nance  que  Fan  mil  cinq  cens  octante , 
le  dernier  iour  d’aoust ,  entre  Fab- 
baye  de  Chally  et  Armenonuilie,  Fvn 
de  vos  grands  chenaux  se  cabra  et 
renuersa  sur  vous,  et  tombastessur  : 
vn  gros  et  aigu  caillou  à  l’endroit  des 
reins.  Le  chenal  estant  bon  et  géné¬ 
reux,  serait  en  deuoirpour  se  releuer: 
mais  ne  se  retenant  qu’à  demy  tomba 
de  rechef ,  et  vous  donna  vn  second 
heurt,  et  n’eusl  esté  le  prompt  et 
fidelle  secours  d’vn  de  vos  gentils¬ 
hommes  nommé  de  Selles ,  qui 
promptement  descendit  de  chenal  et 

1  Ces  discours  onl  été  publiés  à  part  en 
1582  (voir  dans  mon  Introduction  la  Biblio¬ 
graphie)  •,  mais  dès  1685  ils  avaient  été  refon¬ 
dus  dans  les  OEuvres  complètes ,  savoir,  le 
Discours  de  la  Mumie  au  livre  des  Contu¬ 
sions  et  gangrenés,  et  le  Discours  de  la  Li^ 
corne  au  livre  des  F'enim.  Gomme  tous 
deux  formaient  des  digressions  trop  éten¬ 
dues  dans  les  lieux  où  l’auteur  les  avait  en- 


vous  retira  à  bien  grand’peine  de  des¬ 
sous  ,  vous  estiez  en  extreme  danger 
de  vostre  personne  ;  de  fait  que  à  l’ins¬ 
tant  tombastes  en  syncope,  et  dé¬ 
faillance  de  cœur  et  de  parolle,  et 
fustes  porté  en  vostre  maison  ,  où  es¬ 
tant  couché  au  lit  les  mesmes  accidens 
ret  ourn  erent  et  perseuer  erent  F  espace 
de  quatre  heures ,  durant  lesquelles 
par  la  diligence  de  madame  vostre  . 
compagne  (  Dame  certes  de  grandes 
vertus),  ne  fut  rien  oublié  de  tout  ce 
que  l’on  peut  imaginer  pour  vous  se¬ 
courir.  Et  pour  ce  faire  furent  appel- 
lés  Médecins  et  Chirurgiens  des  lieux 

cadrés,  il  m’a  paru  plus  convenable  de  les 
reproduire  à  part,  d’autant  plus  que  cela 
me  permettait  de  donner  l’épîire  dédica- 
toire  qui  les  précède  dans  l’édition  originale, 
et  qui,  bien  que  plusieurs  passages  en  soient 
copiés  des  Discours  mêmes,  n’en  est  pas 
moins  une  pièce  très  intéressante,  qu’on  re¬ 
grettait  de  ne  pas  trouver  dans  les  grandes 
éditions  de  Paré. 


DISCOVRS  DE  LA  MVMIE  ET  DE  LA  LlCOnNK. 


46g 


proches,  comme  Senlis,  Dampmar- 
lin  ,  et  mesmement  madame  la  Con- 
iiestable  vous  envoya  monsieur  le 
Féure,  médecin  ordinaire  du  roy  qui 
lors  estoit  à  Genlilli,  qui  vous  fit  sai¬ 
gner  et  adapter  tous  autres  remedes 
propres  à  telles  blessures:  et  ne  fut 
rien  oublié  pour  seder  les  douleurs , 
et  résoudre  le  sang  meurtri  qui  estoit 
espandu  aux  lombes  ,  et  pareillement 
iusques  au  petit  ventre  et  aux  cuisses  : 
et  voyant  que  vous  ne  sentiez  tel  et 
si  prompt  allégement  que  eussiez 
désiré  ,  m’enuoyastes  quérir  à  Paris. 

Ayant  receu  vos  lettres,  pour  le  ser- 
uice  que  ie  vous  dois,  ensemble  à  toute 
vostre  maison  ,  ie  montay  prompte¬ 
ment  à  cheual.  Arriué  i’apperceu  vne 
bien  grande  tumeur  et  enlleure  mol¬ 
lasse  ,  vn  peu  au  dessus  de  l’os  sa¬ 
crum  :  fus  d’auis  de  faire  ouuerture , 
pour  donner  issue  à  beaucoup  de 
sang  caillebotté,  et  aux  sérosités,  qui 
arrestées  sous  le  cuir  pouuoient  causer 
pourriture ,  gangrené,  et  autres  plu¬ 
sieurs  accidcns  mortels ,  qui  en  telles 
et  si  grandes  contusions  ont  de  cous- 
tume  suruenir.  L’ouuerture  faite ,  ne 
sortoit  par  l’espace  de  dix  ou  douze 
iours  moins  de  choppine  desdites  sé¬ 
rosités  et  sang  caillé,  à  chaque  fois 
qu’on  vous  habilloit  ‘ ,  de  sorte  que 
les  seruiettes  et  couurecbefs  qu’on 
vous  mettoit  sur  vostre  playe,  ployées 
en  quatre  ou  cinq  doubles,  estans  tor¬ 
ses  distilloient  comme  qui  les  eust  ti¬ 
rées  d’vn  plein  seau  d’eau.  Ce  que  con¬ 
sidérant,  ie  commençay  à  craind  re  que 
par  là  il  ne  se  flst  vne  colliqualion  de 
tout  votre  corps ,  et  par  conséquent 
finissiez  vos  iours  tabide,  attendu 
mesmesqu’à  raison  de  plusieurs  gran¬ 
des  cauités  d’où  sortoient  les  matières 
mentionnées ,  il  conuenoit  faire  en- 

'  Habiller^  synonyme  de  panser. 


core  quelques  autres  incisions.  De 
quoy  ie  voulus  bien  aduertir  madite 
dame,etmonsieur  de  Paleseau  vostre 
gendre,  et  madame  vostre  tille,  qui 
fort  curieux  estoient  de  vostre  santé  : 
les  suppliant  au  reste  que,  tant  pour 
le  regard  du  danger  apparent ,  que 
vostre  respect  qui  estes  vn  des  plus 
signalés  de  la  France,  que  nous  eus¬ 
sions  d’auantage  de  conseil.  A  quoy 
madite  dame  ne  voulant  rien  espar- 
gner ,  flt  soudain  escrire  au  Roy  qu’il 
plust  à  sa  Maiesté  luy  enuoyer  mon¬ 
sieur  Pigray  ,  homme  bien  entendu 
en  la  chirurgie  :  ce  que  le  Roy  fit  vo¬ 
lontiers.  Aussi  on  envoya  quérir  mon¬ 
sieur  de  Mouron ,  homme  estimé 
entre  les  hommes  doctes  et  bien  en¬ 
tendu  en  la  medecine  et  chirurgie,  et 
pareillement  à  Paris  quérir  monsieur 
Hautin  ,  Docteur  regent  en  la  Faculté 
de  Medecine,  messieurs  Cointeret  et 
le  Fort, Chirurgiens,  qui  arriués,  après 
auoir  veu  ,  sondé  et  considéré  vostre 
playe ,  conclurent  auec  nous  vna- 
nimement  qu’il  estoit  plus  que  neces¬ 
saire  faire  nouuelles  ouuertures,  à  fin 
d’auoir  plus  de  commodité  et  liberté 
pour  mondifier  les  cauités  qui  es¬ 
toient  sous  le  cuir  tout  moulu  et 
contus.  Dieu  benist  notre  labeur ,  et 
en  auez  esté  bien  guari,  grâces  à 
Dieu. 

Lorsque  commençastes  à  vous  bien 
porter,  et  vos  douleurs  à  s’appaiser, 
vous  me  fistes  cest  honneur  de  dis¬ 
courir  de  plusieurs  belles  choses, 
entre  les  autres  comme  on  ne  vous 
auoit  point  donné  à  boire  de  Mumie 
au  commencement  de  vostre  cheutte  : 
lors  ie  vous  fis  re.sponse  que  i’en  es- 
tois  ioyeux ,  parce  qu’elle  pouuoit 
beaucoup  plus  nuire  que  aider,  à 
cause  que  c’est  de  la  chair  des  corps 
morts  puants  et  cadauereux ,  et  que 
iamais  n’auois  veu  que  ceux  ausquels 


DISCOVRS 


47q 

on  en  auoit  donné  à  boire  ou  à  man¬ 
ger,  qu’ils  ne  vomissent  tost  après  en 
auoir  pris ,  auec  grande  douleur  d’es- 
tomacb.  Et  tant  s’en  faut  qu’elle 
puisse  arrester  le  sang  qui  descoule 
des  vaisseaux  d’vne  contusion ,  que 
plustost  par  l’agitation  que  fait  ceste 
bonne  drogue  au  corps ,  il  en  flueroit 
encore  d’auantage.  Aussi  que  les  an¬ 
ciens  luife,  Arabes,  Cbaldées,  Ægyp- 
tiens,  n’ont  iamais  pensé  faire  em¬ 
baumer  leurs  corps  pour  estre  man¬ 
gés  des  ebresUens  :  mais  auoient  en 
si  grand  honneur,  repereuce  et  re¬ 
commandation  les  corps  des  Irespas- 
sés ,  pour  l’esperance  de  la  résurrec¬ 
tion  ,  qu’ils  ont  recherché  de  les  em¬ 
baumer  pour  les  conseruer  et  garder 
à  iamais,  s’ils  eussent  peu  faire,  en 
plusieurs  et  diuerses  sortes ,  comme 
on  verra  par  ce  discours.  D’auantagé 
seruoient  iceux  corps  ainsi  embaumés 
desouuerains  gages  et  asseurance  de 
leur  foy  ;  si  bien  que  s’il  estoit  adue- 
nu  que  aucuns  eussent  affaire  de 
quelque  grosse  somme  d’argent ,  Us 
ne  failloient point  delà  trouuer  à  em¬ 
prunter  sur  gage  de  l’vn  de  leurs 
parens ,  se  tenans  tout  asseurés  les 
créditeurs  que  moyennant  tel  gage, 
le  debiteur  manqueroit  plustost  de  vie 
que  de  foy,  tant  ils  auoient  à  cœur 
de  retirer  tel  gage.  Et  si  la  fortune 
faisoit ,  et  le  malheur  fust  si  grand 
que  aucun  s’oubliast  de  tant  ep  ses 
nécessités  que  de  ne  vouloir  ou  sça- 
uoir  trouuer  moyen  de  retirer  son 
gage,  illomlioit  en  tel  deshonneur  et 
infamie,  qu’il  n’eust  pas  esté  bon  à 
donner  à  manger  aux  chiens,  et  ne 
se  fust  aussi  osé  monstrer  en  public  : 
car  on  luy  faisoit  la  huée  comme  l’on 
fait  à  vn  loup  ou  vu  chien  enragé, 
et  de  liberté  tomboit  ep  vue  ignomi¬ 
nieuse  soruitude,  comme  ayant  desa- 
uoüé  sa  race  et  son  origine,  Par  ces 


choses ,  l’on  voit  comme  les  anciens 
luifs  n'ont  fait  embaumer  leurs  corps 
pour  les  faire  manger  aux  chrestiens. 
D'auantage,  Hippocrates  et  Galien 
n’en  parlèrent ny  ordonnèrent  iamais 
pour  quelque  cause  que  ce  fust.  Et  si 
elle  eust  esté  propre  aux  contusions 
ou  autres  maladies,  il  est  certain 
qu’ils  ne  l’eussent  oublié  à  descrire. 

De  la  corne  de  Licorne. 

Monseigneur,  après  vous  auoir  dis¬ 
couru  de  la  Mumie ,  voulustes  aussi 
sçauoir  ce  qu’il  me  sembloit  de  la 
corne  de  Licorne,  et  si  i’auois  conneu 
par  quelque  expérience  qu’elle  eust 
puissance  contre  les  venins.  Lors  ie 
vous  fis  response ,  qu’on  ne  sçait  à  la 
vérité  quelle  est  ceste  beste  ,  mesme 
que  aucuns  doutent  que  ce  ne  soit 
vne  chose  controuuée.  Car.  les  vns 
disent  que  c’est  vne  beste  inconneuë, 
et  qu’elle  naist  aux  Indes  :  les  autres 
en  Æthiopie  ;  d’autres  és  terres  neuf- 
ues,  et  les  autres  és  deserts  inaccessi¬ 
bles  :  et  n’en  parlent  tous  que  par 
oüy  dire,  Et  comme  ils  sont  differens 
de  la  description  des  lieux  où  naist 
ladite  Licorne ,  ils  sont  pareillement 
discord  ans  de  la  forme  et  figure  et 
couleur  et  de  sa  corne ,  et  des  pieds , 
et  des  mœurs  s  car  les  vns  disent 
qu’elle  est  la  plus  furieuse  et  cruelle 
de  toutes  les  bestes ,  et  qu’elle  hurle 
fort  hideusement,  et  que  iamais  on 
ne  la  prend  viue  :  autres  au  contraire 
la  disent  fort  douce  et  benigne,  et 
s’amouracher  des  filles,  prenant  plai¬ 
sir  à  les  contempler ,  et  qu’elle  est 
sonnent  prise  par  ce  moyen.  Plusieurs 
tiennent  que  si  l’on  fait  tremper  de 
la  corne  de  Licorne  en  de  l’eau ,  et 
que  de  ceste  eau  on  face  vn  cercle 
sur  vne  table  ,  puis  qu’on  mette  de¬ 
dans  ledit  cercle  vn  scorpion  ou  arai- 
j  gnée,  ouvncrapaut,  que  ces  bestes 


DE  LA  MVMIE  ET  DE  LA  LICORNE. 


meurent ,  et  qu’elles  ne  passent  au 
cunement  pardessus  le  cercle.  le  l’ay 
voulu  expérimenter,  et  ay  Irouuécela 
estre  faux  et  mensonger. 

Autres  disent  que  si  on  faisqit  au  al¬ 
ler  à  vu  poulet  ou  pigeon  qui  eust 
pris  arsenic,  ou  sublimé,  ou  quelque 
autre  venin ,  il  n’en  sentiroit  aucun 
mal  ;  cela  est  pareillement  faux , 
comme  l’experience  en  fera  foy. 

Autres  tiennent  pour  chose  véri¬ 
table  que  la  vraye  Licorne  estant 
mise  en  l’eau,  se  prepd  à  bouillonner, 
fesant  esleuer  petites  bubes  d’eau» 
comme  perles.  le  dis  que  cela  se  fait 
aussi  bien  aux  cornes  de  bœuf  et  dp 
mouton ,  et  d’autres  animaux ,  voire 
és  tez  de  pots,  tuijles  et  bricques  :  ce 
que  vous  vistes  par  expérience ,  lors 
que  ie  mis  en  vn  verre  d’eau  des  psde 
mouton  et  des  te?  de  pots  :  et  yous  en 
dis  la  raison,  dont  fustps  fort  coqlent 

Autres  disent  auoir  grande  vertu 
eoptre  la  peste  ef  autres  venins  :  et 
proy  pareillement  estre  chose  fabu¬ 
leuse.  Quelqu’vn  me  dira  que  possi¬ 
ble  les  cornes  dont  i’ay  fait  mes  es- 
preuues  n’estoiept  vrayes  cornes  de 
Licorne,  quoy  je  rpsponds,  que  celle 
de  Sainct  Denis  en  France,  et  celle  du 
Roy  que  l’pn  tient  PU  grande  estime, 
et  celles  des  marchands  de  Paris  que 
l’on  vend  à  grand  prix  ne  sont  donc- 
quüs  vrayes  cornes  de  Licorne  :  car 
ç’a  esté  sur  pelles  là  que  i’ay  fait  es- 
preuue  :  et  si  on  ne  me  veut  croire , 
qu’on  vienne  à  rpsprpuue  comnae 
moy  :  et  on  ponnuistra  la  vérité  con¬ 
tre  le  mensonge. 

Or,  Monseigneur,  ces  contrariétés 
d’opinions,  et  les  espreuues  qu’on  en 
fait,  font  iuger  que  tout  ce  que  l’on 
dit  des  Licornes  est  chose  controuuée 

»  Jiubfis ,  pour  bulles  ;  Ijjs  Esp<»6ee's  appçl- 
lalent  les  pustules  do  la  véiplo,  la^  bubas^ 


471 

à  plaisir  par  les'fpeintres  et  histo¬ 
riographes.  Et  ne  suis  seul  de  ceste 
opinion  :  car  il  y  a  plusieurs  doctes 
Médecins  gens  de  bieq ,  craignans 
Dieu  ,  qui  sont  de  mon  auis,  comme 
ip  monstreray  cy  après  en  ce  dis- 
conrs  :  et  principalement  feu  mon¬ 
sieur  Chappelain ,  Conseiller  et  pre¬ 
mier  Médecin  du  Roy  Charles  ,neu- 
fléme,  lequel  en  son  viuant  estoit 
grandement  estimé  entre  les  gens 
doctes.  Vn  iour,  luy  parlant  du  grand 
abus  qui  se  commettoit  en  l’vsage  de 
corne  de  Licorne,  le priay,  veu  l’an- 
thprité  qu’il  auoit  à  l’endroit  dp  la 
personne  du  Roy  nostre  maistre,  d’en 
vouloir  oster  l’vsage  et  abus  :  et  prin¬ 
cipalement  d’abolir  ceste  coustume 
qu’pn  auoit  de  laisser  tremper  vn 
morceau  de  Licorne  dqps  la  coupe  où 
le  Roy  beuuoit,  craignant  la  poison  : 
et  qu’elle  est  beaucoup  plus  chere 
que  l’or,  comme  J’on  peqt  voip  par  la 
supputation  :  car  à  vendre  ie  grain 
d’or  fin  onze  deniers  pite,  la  liure  ne 
vaut  que  sept  yingts  huit  escus  sol  ; 
et  le  grain  de  Licorne  vallaqt  dix  gols, 
la  dragme  à  raison  de  soixante  grains 
vaut  trente  liures,  et  l’once  à  raison  de 
huit  dragmes  vaut  deux  cens  quarante 
liures,  et  consequemment  la  Dure  à 
raison  de  seize  onces  vaut  trois  mil 
cens  quarante  Hures,  lesquels  réduits 
en  escus  vallent  douze  cens  quatre 
vingts  escus  :  à  ceste  cause  il  feroit 
beaucoup  d’oster  ceste  superstition 
et  larcin  qu’on  fait  au  peuple. 

Il  me  fit  response,  qu’il  voyoit  l’o¬ 
pinion  qu’on  auoit  de  la  Licorne  tant 
inueterée  et  enracinée  au  cerueau  des 
princes  et  du  peuple ,  que  ores  qu’il 
l’eust  volontiers  ostée,  il  erpyoit  bien 
que  par  raison  n’en  pourroit  estre 
maistre  :  cl  que  les  Médecins  ayans 
vne  bonne  ame,  encores  qu’ils  sa¬ 
chent  qu’elle  ne  vaut  rien,  n’ayant 


DlSCaVRS 


472 

aucunes  vertus  qu’on  luy  attribue , 
sont  souuent  contraints  de  permettre 
aux  malades  d’en  vser ,  parce  qu’ils 
la  désirent  et  en  veulent  :  et  que  s’il 
aduenoit  qu’ils  mourussent  sans  en 
auoir  pris,  les  parens  donneroient 
tous  la  chasse  ausdits  médecins,  et  les 
descriroient  comme  la  faulse  mon- 
noye.  D’auantage  disoit  que  tout 
homme  qui  entreprend  à  descrire  de 
choses  d’importance ,  et  notamment 
de  réfuter  quelque  opinion  receuë  de 
long  temps,  il  ressemble  au  hibou  ou 
chat  huant ,  lequel  se  monstrant  en 
quelque  lieu  eminent,  se  met  en  butte 
à  tous  les  autres  oiseaux,  qui  le  vien¬ 
nent  becqueter  et  courir  sus  à  toute 
reste 

Aussi  ie  vous  discourus  pareille¬ 
ment  que  la  licorne  n’a  nulle  vertu 
contre  les  venins ,  comme  le  monde 
luy  attribue,  parce  que  tous  venins 
ne  font  pas  leurs  effets  d’vne  mesme 
taçon.  Car  il  y  en  a  de  chauds ,  de 
froids,  de  secs,  d’humides  :  autres 
qui  opèrent  par  qualité  occulte  et  se- 
crette,  et  que  chacun  a  son  propre 
accident  lequel  doit  estre  guari  par 
son  contraire.  Partant  la  licorne  ne 
peut  résister  à  tous  venins ,  comme  il 
sera  demonsfré  cy  après. 

le  vous  fis  pareillement  vn  pe¬ 
tit  discours  de  la  Peste,  où  i’ay 
monstré  que  la  licorne  n’a  nulle  force 
et  vertu  pour  contrarier  au  venin 
pestiféré  :  où  ie  me  suis  efforcé  tant 
qu’il  m’a  esté  possible  d’enseigner  les 
ieunes  Chirurgiens  qui  sont  appelés  à 
penser  les  pestiférés  :  où  ie  suis  bien 
asseuré  qu’il  y  en  a  qui  ne  virent  ia- 
mais  aposteme ,  ny  charbon ,  ny  pour¬ 
pre  pestiféré,  à  qui  ce  petit  traité 

*  A  louie  resie  ;  Je  ne  sais  ce  que  veut  dire 
celte  expression ,  à  moins  qu’il  ne  faille  lire  : 
«  toute  hasle. 


pourra  grandement  seruir  :  aussi  que 
les  pauures  malades  touchés  de  ceste 
contagion  *  délaissés  de  tout  secours , 
se  pourront  eux  mesmes  aider  à  leur 
guarison ,  à  raison  que  i’ay  escrit  en 
langage  vulgaire  et  fort  familier ,  et 
les  remedes  aisés  à  connoislre,  et  la 
maniéré  de  les  préparer ,  et  comme  il 
faut  lesdiuersifier ,  si  bien  que  toutes 
personnes  s’en  pourront  aider.  Ori’en 
ay  escrit ,  ce  me  semble ,  le  plus  prés 
approchant  de  la  vérité ,  parce  que 
i’ay  esté  louché  de  ce  mal ,  et  souffert 
l’aposteme  sous  l’aisselle ,  et  le  char¬ 
bon  au  ventre.  Et  s’il  est  bien  séant  à 
vn  vieil  Capitaine  de  parler  de  la 
guerre ,  et  au  Marinier  de  discourir 
de  la  nauigation ,  aussi  ne  me  sera-il 
pas  mal  séant ,  après  auoir  longue¬ 
ment  exercé  la  Chirurgie ,  spéciale¬ 
ment  à  l’endroit  des  pestiférés,  de 
mettre  de  rechef  en  lumière  ce  petit 
extrait  du  vingt-cinquième  liure  ‘ 
de  mes  œuures ,  pour  enseigner  les 
ieunes  Chirurgiens,  et  les  pauures 
malades  délaissés  de  tout  le  monde 
pour  se  secourir  eux  mesmes. 

Ayant  entendu  ces  discours,  me 
priasles  (ce  queie  receus  pour  com¬ 
mandement  )  les  mettre  par  escrit ,  à 
fin  d’enuoyer  ces  abus  à  vau  l’eau,  et 
que  le  monde  n’en  fust  plus  trompé  ; 
lors  ie  vous  dis  que  i’en  auois  aucu¬ 
nement  escrit  en  mes  œuures  :  vous 
me  repliquastes  que  plusieurs  ne 
pourroienl  auoir  toutes  mes  œuures, 
et  qu’ils  auroient  tous  ces  discours 
plus  facilement  et  à  meilleur  prix  ;  ce 
que  volontiers  vous  accorday.  Tou- 
tesfois  ie  croy  que  ce  ne  sera  sans 

1  Je  respecte  ici  le  texte,  mais  il  y  a  er¬ 
reur  de  la  part  de  Paré;  le  livre  de  la  Peste 
était  le  21'  des  éditions  de  1676  et  1679,  et  il 
est  devenu  le  22'  en  1686.  11  forme  le  24»  do 
l’édition  actuelle. 


Dfi  L/V  MVMIE  ET  DE  LA  LICORNE. 


contredit  :  mais  i’espere  qu’en  serez  | 
le  protecteur  et  défenseur,  veu  la 
grande  authorité  et  crédit  qu’auez  en  | 
toute  la  France  ;  car  lors  que  ce  petit 
liure  sera  en  lumière,  ie  ressemble- 
ray  au  Hibou,  et  croy  qu’il  y  aura 
quelque  Gay  ou  meschant  Corbeau  , 
ennemy  de  la  vérité  et  de  la  Républi¬ 
que,  qui  me  caiolleront  et  becquette¬ 
ront.  Mais  ie  leur  tendray  volontiers 
mes  espaules  pour  me  battre  fort 
(toutesfois  sans  me  faire  aucun  mal)  : 
et  s’ils  me  peuueut  assaillir  de  quel 
que  bon  trait  de  raison  ou  d’expe- 
rience,  tant  s’en  faut  que  ie  m’en 
trouue  offensé  qu’au  contraire  ieleur 
en  sçauray  fort  bon  gré,  de  m’auoir 
monstré  ce  qu’oncques  ie  n’ay  peu 
apprendre  des  plus  doctes  et  signalés 


473 

personnages  qui  furent  et  sont  encore 
en  estime  pour  leur  doctrine  singu¬ 
lière  1. 

Voila,  Monseigneur,  ce  qu’il  me 
semble  de  la  Mumie ,  de  la  corne  de 
Licorne,  et  de  la  Peste.  Priant  Dieu, 
Monseigneur,  vous  donner  et  à  Ma¬ 
dame  vostre  compagne,  ensemble  à 
tous  ceux  de  vostre  maison , prospérité 
en  ce  monde ,  et  félicité  perpétuelle. 

Votre  tres-humble  et  tres-affec- 
tionné  seruiteur  à  iamais. 

A.  Paré. 


t  Modemie  de  l'autheur.  —  Cette  note  mar¬ 
ginale  est  de  Paré  lui-même. 


DISCOYRS 

DE  LA  MVMIE 


CHAPITRE  V. 

La  Mumie  a  pris  son  nom  et  origine 
des  anciens  luifs ,  Arabes ,  et  Chal- 

1  Ce  mot  de  mumie  pst  celui  qu’on  trouve 
dans  les  éditions  de  1575  et  1582,  et  par  suite 
dans  toutes  les  éditions  postérieures.  Mais  il 
faut  noter  qu’en  i579  Paré  avait  écrit  Mom- 
mye  et  même  Mommie ,  ce  qui  se  rapproche 
beaucoup  de  l’orthographe  moderne:  tou¬ 
tefois  j’ai  dû  accepter  celle  qu’il  avait  défi¬ 
nitivement  adoptée. 

Au  reste ,  on  aurait  tort  de  regarder  ce 
livre  comme  hors  de  propos  dans  les  OEu- 
vres  de  Paré;  c’est  le  monument  d’une  véri¬ 
table  réforme  dans  une  question  de  chirur¬ 
gie  qui  n’était  pas  sans  importance.  On  peut 
voir  dans  mon  Introduction,  page  clxxxviii, 
la  source  et  la  puissance  de  ce  préjugé  de  la 
Mumie,  contre  lequel  Paré  le  premier  osa 
s’élever.  Nous  avons  vu  au  livre  des  Contu¬ 
sions,  chap.  6,  la  première  attaque  qu’il 
dirigea  contre  en  1575;  en  1579,  nous  avons 
dit  qu’il  avait  ajouté  un  long  article  dont  on 
retrouvera  les  morceaux  épars  aux  chapitres 
1 ,  8  et  12  du  présent  Discours;  et  enfin  le 
Discours  parut  en  i582,  comme  il  a  été  dit. 

2  Ce  premier  chapitre  formait,  dans  l’édi¬ 
tion  de  1585  et  les  suivantes ,  le  chap.  7  du 
livre  des  Contusions;  vojez  tome  II,  page 
202.  Il  débutait  alors  par  cette  phrase  : 

«  Il  ne  se  faut  donner  merueille ,  si  en  ce 
traité  des  Contusions  ie  n’ay  fait  aucune 
mention  de  la  Mumie,  pour-  en  donner  à 
boire  et  à  manger,  comme  font  la  pluspart 


dées,  pt  principaleineDt  des  Egyp¬ 
tiens,  mespies  long  tepips  anparauûPt 
Moyse,  et  depuis  euç  les  Grecs  et 
Latins  :  tous  lesquels  ont  eu  en  si 
grand  honneur,  reuerence,  et  re- 

des  Médecins  et  Chirqrgiens  :  parceqp’eHe 
ne  vaut  rien,  ce  que  ie  prouueray  par  ce  dis¬ 
cours.  » 

Ensuite  venait  le  texte  actuel,  qui  est 
presque  absolument  le  même  pour  tout  ce 
discours  que  celui  de  l’édition  de  1582. 

L’article  spécial  de  1 579  commençait  aussi 
par  la  phrase  qu’on  vient  de  lire  ;  mais  après 
ces  mots  :  la  pluspart  des  Médecins  et  Chi¬ 
rurgiens  ,  il  continuait  ainsi  : 

«  Car  si  en  toute  prescription  et  ordon¬ 
nance  des  remedes  contre  les  maladies ,  il 
faut  prendre  indication  du  contraire , 
comme  i’ay  apris  de  mes  maistres ,  qui  est- 
ce  qui ,  suyuant  la  réglé  des  indications  , 
pourra  sçauoir  si  la  mommye  est  contraire 
aux  accidens  qu’amene  la  cheute  et  contu¬ 
sion,  s’il  ne  sçayt  que  c’est  que  mommie. 
Or  le  cas  est  tel,  que  ny  les  Médecins  et  Chi¬ 
rurgiens  qui  ordonnent  la  mommie,  ny  ceux 
qui  en  ont  escrit,  ny  les  Apoticaires  qui  la 
vendent,  ne  sont  point asseurés  de  l’essence 
d’icelle  :  Lisez  les  anciens,  Serapion  et  Aui- 
cenne  :  Lisez  les  modernes ,  Belon ,  Ma- 
theolle  et  'rheuet ,  vous  les  trouuerez  tous 
d’opinions  en  ce  cas  dissemblables:  interro¬ 
gez  les  Apoticaires,  interrogez  les  mar- 
chans  qui  la  leur  aportent ,  l’vn  vous  dira 

Id’vn  ,  l’autre  d’vn  autre ,  de  sorte  qu’il  sem¬ 
ble  impossible  en  telle  et  si  grande  variété 
d’opinions,  de  rien  sçauoir  au  vruy  de  la 


DISCOVRS  PE 

commandation  les  corps  des  trespas- 
sés,  pour  l’esperance  de  la  resui’rec- 
lion ,  qu’ils  ont  fort  recherché  les 
moyens,  non  seulement  de  les  ense- 
uelir,  mais  aussi  de  les  conseruer  à 
iamais,  s’ils  l’eussent  peu  faire,  par 
certaines  drogues  precieqses  et  cho¬ 
ses  odoriférantes  Hesquels  corps  ainsi 
embaumés  se  gardaient  longuement 
entiers  sans  se  pourrir.  Et  par  lesdits 
Arabes  ont  esté  appelés  Mumie ,  qui 
vaut  autant  ^  dire,  qu’yn  corps  mort 
accQustré  de  choses  odoriférantes  et 
ponseruatricesde  pourriture-  Qr  pour 
le  premier,  Hérodote  très  ancien  his¬ 
torien  grec,  et  après  luy  Diodore  Si¬ 
cilien,  parlans  de  la  sépulture  et  con¬ 
duite  des  corps  des  trespassés,  et  des 
pleurs  et  gemissemensquise  faisoient 
sur  iceux  par  les  anciens  Elgyptieps, 
racontent  que  lors  qu’il  decedoit 
quelqu’vn  des  domestiques  d’vne  mai¬ 
son  qui  estoit  de  respect  et  appa¬ 
rence  ,  comme  vn  grand  Seigneur  ou 
Dame,  alors  se  transportoient  tout 
d’vu  posté  tontes  les  femmes  de  la  fa¬ 
mille  et  parentage  au  lieu  pu  le  de- 
funct  estoit  deeedé,  habillées  toutes 
de  deuil ,  pieurautes  et  ïamentantes. 
Puis  ayans  laissé  le  corps  mprt  en  spn 
lieu,  s’en  alloient  par  la  ville  comme 
vagabondes ,  courant  çà  et  là ,  estant 
ceintes  et  troussées  par  le  milieu  du 
corps ,  déplorantes  leurs  vies  et  mise- 
res  ,  auec  leurs  mammplles  et  parties 
plus  proches  Iputes  poes  et  descou 
uerles,  De  l’autre  posté  alloient  les 
hommes,  ayans  pareillement  la  poi¬ 
trine  toute  descpuuerte ,  et  se  tiap- 
poient  et  battoient  en  détestation  du 

anoiumio.  Car  qaapt  à  f?erapion  ef  Avi¬ 
cenne,  ils  n’ppt  cogaeu  aiUre  rnnimaie,  etc,  » 
I4  suite  de  ce  texte  se  retronvera  an  8= 
chapitre  du  Discours  actael,  à  l’ayant-dcr- 
iiier  paragraphe, 


LA  MVMIE. 

defunct.  Cela  estant  fait,  ils  se  Irans- 
portoient  par  deuers  ceux  qui  estoient 
députés  pour  embaumer  les  corps 
morts,  qu’on  appelloit  Sallmrs  ou  Fm- 
baumeurs^  lesquels  leur  monstroient 
trois  figures  de  corps  morts  embau¬ 
més,  peintes  en  vn  beau  linceul,  de 
diuerse  valeur  et  estimation  :  l’vne 
comme  la  plus  riche,  exquise  et  ela- 
bourée,  vallant  vn  talent  :  l’autre  vn 
demy,  et  la  tierce  de  vil  prix  et  à 
bon  marché ,  qui  estoit  pour  le  com¬ 
mun  populaire,  qui  leur  donnoit 
selon  leur  puissance.  Ayans  mar¬ 
chandé  l’vne  des  trois  effigies  011  figu¬ 
res  pour  les  embaumer  ou  enseuelir, 
ils  laissoient  le  corps  mort  entre  leurs 
mains.  Et  lors  les  embaumeurs  t|- 
roient  tout  aussi  tost,  auec  vn  fer 
courbé,  par  les  narines,  toute  la  sub¬ 
stance  du  cerneau:  puis  incisoieqt 
auep  vne  pierre  aiguë  et  bien  tran¬ 
chante  le  ventre,  et  en  ostoient  les 
entrailles:  et  puis  lauoient  tout  le 
corps  de  vin  auquel  auoienl  boüilli 
plusieurs  choses  aromatiques.  Cela 
fait,  remplissoient  le  corps  de  myrrhe, 
d’aloës,  de  cinamome,  saffran^et  au¬ 
tres  choses  odoriférantes  et  précieu¬ 
ses  :  puis  après  le  salloient  et  met- 
toiept  en  vn  saloir  par  l’espace  de 
70  iours,  Lequel  temps  expiré,  le 
reliroient  pour  faire  seicher,  et  après 
l’enueloppoient  en  vn  beau  drap 
précieux ,  ët  derechef  l’oignoient  de 
certaines  gommes  assez  communes. 
Après  toutes  ces  choses,  luy  faisoient 
faire  vne  effigie  sur  sa  tombe  et  se- 
pulchre,  où  ils  vouloient  qu’il  fust 
posé  pour  la  mémoire  eternelle  :  et  le 
laissoient  là  pour  dormir  et  reposer, 
iusques  (disoienl-ils)  au  grand  iour  de 
la  résurrection.  Les  deux  autres  fa¬ 
çons  d’embaumer  se  faisoient  d’autres 
drogues  non  si  précieuses  ny  si  chè¬ 
res,  et  selon  l’argent  on  estoit  serui. 


476 


D’SCOVRS 


CHAPITRE  IL 

Slrabo  dit  que  les  luifs ,  pour  la 
confiliirc  de  leurs  corps,  souloienl 
\ser  de  bitiune,  qui  est  vue  poix  li¬ 
quide  qui  se  prend  en  la  mer  llouge, 
prés  Sodome. 

Or  bien  à  peine  s’est-il  trouué  na¬ 
tion,  tant  barbare  fust  elle,  qu’ils 
n’ayent  embaumé  les  corps  morts, 
non  pas  mesme  les  Scythes,  qui  sem¬ 
blent  en  barbarie  auoir  surpassé  le 
reste  des  hommes.  Car  iceux,  comme 
dit  Hérodote ,  Mure  quatrième  de  son 
Histoire,  n’enterrent  point  le  corps 
de  leur  Roy,  que  premièrement  ils  ne 
rayent  mis  en  cire,  après  auoir  curé 
le  ventre  et  nettoyé ,  puis  rempli  de 
cypre  concassé,  d’encens,  de  graine 
de  persil  et  d’anis ,  et  en  après  re¬ 
cousu. 

Deceste  mesme  chose  les  Ethiopiens 
se  sont  monstrés  curieux ,  faisans 
leurs  sépultures  de  verre,  en  ceste 
sorte  :  c’est  qu’aprés  qu’ils  auoient 
vuidé  et  descharné  iusques  aux  os  , 
comme  vne  anatomie  seiche ,  le  corps 
de  leurs  amis  défunts,  ils  les  accous 
troient  et  lissoient  de  piastre,  sur 
lequel  ils  iettoient  après  vne  peintu¬ 
re  qui  approchoit  du  vif  autant  qu’il 
leur  estoit  possible  :  et  ce  fait ,  ils  l’en- 
fermoient  dans  vne  colomne  de  verre 
creux.  Le  corps  ainsi  enchâssé  appa- 
roissoit  au  trauers  le  verre ,  sans  ren¬ 
dre  mauuaise  odeur,  et  sans  desagreer 
aucunement.  Les  plus  proches  parons 
le  gardoientchez  eux  l’espace d’vn  an, 
en  luy  faisans  offrandes  et  sacrifices, 
et  au  bout  de  l’an  le  transportoient 
hors  la  ville  au  lieu  desliné ,  ainsi  que 
nous  faisons  aux  cimetières ,  comme 
escrit  le  mesme  Hérodote. 


CHAPri'RE  IIl. 

Mais  le  soin  g  et  curiosité  est  encore 
entré  plus  auant  dedans  le  cœur  des 
Egyptiens  que  de  nulle  autre  nation, 
dont  ils  ont  mérité  grande  loüange , 
s’estans  monstrés  tant  affectionnés  à 
la  mémoire  de  leurs  parens ,  que  pour 
la  conseruation  d’icelle  ils  estoient 
coustumiers  d’embaumer  les  corps 
tous  entiers  d’i 'eux  en  vaisseaux  de 
verre  diaphanes  et  lransparens,et  les 
mettoient  en  lieu  le  plus  honorable 
de  leurs  maisons,  pour  en  auoir  tous- 
iours  la  mémoire  deuant  les  yeux ,  et 
leur  seruir  d’aiguillon  pour  les  sti¬ 
muler  de  les  ensuiure  et  imiter  leurs 
vertus,  à  fin  de  ne  degenerer  et  for- 
ligner  de  leur  naturel  et  inclination. 
Et  d’axianlage  seruoient  iceux  corps 
ainsi  embaumés,  de  souuerains gages 
et  asseurance  de  leur  foy  ;  si  bien  que 
s’il  estoit  aduenu  qu’aucun  desdits 
Egyptiens  eust  affaire  de  quelque 
grosse  somme  d’argent,  il  ne  failloit 
point  delà  trouuer  à  emprunter  chez 
ses  voisins  sur  le  gage  d’vn  corps  de 
ses  parens ,  se  tenans  tous  asseurés 
les  créditeurs,  que  moyennant  tel 
gage  le  débiteur  manqueroit  plustost 
de  vie  que  de  foy ,  tant  ils  auoient  à 
cœur  de  retirer  tel  gage.  Et  si  la  for¬ 
tune  faisoit,  et  le  malheur  fust  si 
grand ,  qu’aucun  s’oubliast  de  tant  en 
ses  nécessités,  que  de  ne  vouloir  ou 
sçauoir  trouuer  moyen  de  retirer  son 
gage ,  il  tomboit  en  tel  deshonneur  et 
infamie,  qu’il  n’eust  pas  esté  bon  à 
donner  à  manger  aux  chiens,  et  ne 
se  fust  osé  monstrer  en  public  :  car 
on  luy  faisoit  la  huée  comme  l’on  fait 
à  vn  loup  ou  vn  chien  enragé,  et  de 
liberté  tomboit  en  vne  ignominieuse 


SVll  LA  MVMIE. 


seruilude,  comme  ayant  desauoüé  et 
renoncé  sa  race  et  origine.  Ce  qui  est 
tesmoigné  par  Claude  Paradin  ,  en  la 
Préfacé  du  liure  qu’il  a  fait  des  Al¬ 
liances  et  Généalogies  des  Roys  et  Prin¬ 
ces  de  la  Gaule. 

Pierre  Messie  en  ses  diuerses  Le¬ 
çons,  chap.  8.  escrit,  que  les  anciens 
Romains  auoient  vne  coustunie  de 
brusler  les  corps  morts ,  et  que  le  pre¬ 
mier  des  Sénateurs  qui  fust  bruslé 
après  sa  mort ,  fut  Sylla ,  et  après  luy 
plusieurs  autres  hommes  notables  et 
illustres  ;  les  cendres  desquels  on  gar- 
doit  dedans  des  vrnes  ou  vaisseaux  de 
terre ,  puis  on  les  posoit  dedans  les 
sepulcbres  ou  tombeaux  sous  terre  , 
faits  en  voulte. 

Les  Grecs  auoient  aussi  ceste  ma¬ 
niéré  de  brusler  les  corps  morts. 

Stobée  escrit  que  les  Colches  n’en- 
terroient  point  leurs  morts ,  mais  les 
pendoient  aux  arbres. 

Les  Scythes  d’Asie  se  seruoient 
pour  boire  de  l’os  du  crâne  de  leurs 
parens  et  amis,  enchâssés  en  or,  pour 
en  auoir  tousiours  mémoire  :  et  entre 
tous  leurs  thresors  et  choses  precieu 
ses  estimoient  lesdites  tasses. 


CHAPITRE  IV. 

D’auantage  les  Egyptiens,  recon- 
noissans  ceste  vie  estre  de  peu  de  du¬ 
rée  au  regard  de  celle  que  nous  auons 
à  viure  après  la  séparation  du  corps 
d’auec  l’ame ,  estoient  fort  negligens 
à  bastir  maisons  pour  eux  loger,  mais 
au  reste  si  magnifiques  à  édifier  Pyra¬ 
mides  ,  desquelles  ils  se  vouloient 
seruir  pour  leurs  sepulcbres,  que 
pour  le  bastiment  d’vne  qui  fut  entre¬ 
prise  par  Cheopes,  l’vn  de  leurs  Rois, 


477 

cent  mille  hommesy  furentemployés, 
chacun  trois  mois,  par  l’espace  de 
vingt  ans  :  laquelle  estant  de  forme 
quarrée,  auoit  de  profondeur  cinq 
stades,  et  en  chacun  front  huit  cens 
pieds  de  large,  et  autant  de  haut,  cha¬ 
que  pierre  ayant  le  plus  ordinaire¬ 
ment  trente  pieds,  fort  bien  ouurée, 
comme  raconte  Hérodote  Or  dé¬ 
viant  qu’enfermer  les  corps  dedans 
ces  superbes  sepulcbres ,  ils  les  por- 
toient  auec  pompes  magnifiques 
vers  les  Salleurs  ou  Embaumeurs  (of¬ 
fice  bien  salarié  du  peuple)  qui  les 
embaumoient  de  choses  aromatiques 
et  exquises ,  selon  la  volonté  et  puis¬ 
sance  des  parens  et  amis,  comme 
nous  auons  dit  cy  dessus  :  lesquels  re- 
souls  ils  retournoient  prendre,  et  es- 
tansbienlaués  et  nettoyés,  leslioient 
de  bandes  faites  d’vn  drap  de  soye 
collé  auec  certaines  gommes.  Et  lors 
les  parens  et  amis  reprenoient  le 
corps ,  et  luy  faisoient  faire  vn  estuy 
de  bois  moulé  et  effigié  d’homme , 
dedans  lequel  ils  le  posoient.  Voila 
comme  les  Egyptiens  enterroient  leurs 
Roys  et  Princes. 

Autres  raettoient  dedans  les  corps 
ainsi  préparés  vne  idole  faite  de  cui- 
ure  ou  marbre ,  et  quelquesfois  d’or 
et  d’argent,  qu’ils  adoroient  :  et 
auoient  ceste  opinion  ,  que  le  corps 
estoit  gardé  et  conserué  de  putréfac¬ 
tion  ,  ayans  leurs  Dieux  reposans 
auec  leurs  corps  dedans  leurs  monu- 
mens,  et  que  telle  superstition  don- 
noit  soulagement  à  l’ame.  Tay  veu  au 
cabinet  de  Theuet  vne  petite  idole  de 
marbre,  blanche,  marqueltée  d’vn 
certain  vert,  qu’il  affirme  auoir  appor¬ 
tée  de  ce  pays  là,  et  qu’elle  auoit  esté 
trouuée  en  vn  corps  mumié.  Ainsi 
voit-on  comme  les  Egyptiens  estoient 

‘  Hérodote,  liure  2.  —  A.  P. 


DISCOVRS 


4?^ 

fort  ceretnôtiicux,  et  giatids  idolâtres. 

Loüis  de  POtadis ,  Chirtlrgien ,  na¬ 
tif  de  Vitry  en  PartoiS,  m’a  dit  qu’es¬ 
tant  au  grand  Caire,  il  vit  dix-huit  ou 
vingt  pyramides  faites  de  bricquos. 
Entre  autres  il  en  vit  vne  de  mertieil- 
ledse  grandeur,  de  figuré  quarrée, 
ayant  eh  chaque  faCé  trois  cëhs  pas. 
Celledà  estoit  la  plus  grande ,  appel¬ 
le  ià  Pyramide  de  Pharâon ,  où  sont 
plusieurs  Corps  mumies.  Eti  outre , 
qu’il  entra  dedans  vne  desdiles  Pyra¬ 
mides,  où  il  vit  plus  de  deul  cens 
corps  encore  tous  entiers,  qui  auoient 
les  ongles  rougës  :  parce  que  c’estoit 
la  coutume  de  ce  pays  là ,  que  pour 
aiioir  de  belles  mains ,  il  falloit  auoir 
les  ongles  rouges.  Les  gens  du  paysne 
veulent  souffrir  qu’on  transporte  au¬ 
cun  désdits  corps ,  disans  que  les 
Chrestîens  sont  indignes  de  maUger 
leurs  corps  morts.  Que  si  on  les  tire 
hors  du  pays ,  c’est  par  le  moÿen  de 
quelques  luifs ,  qui  les  desrobent  et 
emballent  aucc  leur  marchandise ,  à 
fin  qu’on  ne  les  puisse  connoistre. 

Le  Seigneur  de  la  Popeliniere,  en 
son  troisième  liure  Des  trois  mondes, 
dit ,  que  quand  les  Indiens  de  Cana- 
rie  meurent,  c’est  pitié  des  hurle- 
mens  et  plaintes  que  font  les  femmes, 
lesquelles  racontent  leurs  louanges 
d’àuoir  bien  tué  et  mangé  des  hommes 
estaiïs  leurs  ennemis  :  et  qu’aprés  leur 
auoir  lié  les  bras  et  pieds ,  elles  les 
enueloppent  de  leur  lit  de  cotton  ,  et 
les  enterrent  en  vne  fosse  ronde  et 
profonde ,  et  presque  tout  debout , 
àuec  quelques  colliers  et  plumasseiie 
qu’ils  auront  plus  aimé  :  comme  les  In¬ 
diens  du  Pérou  font  de  leurs  Rois  et 
Caciques ,  auec  quantité  d’or  et  pier¬ 
res  précieuses  :  et  les  Celtes  ancienne¬ 
ment  ,  qui  estoient  enterrés  auec  le 
plus  beau  de  leurs  meubles,  et  la 
femme  qu’ils  auoient  la  plus  aimée. 


CriAPITilE  V. 

De  ceste  mesme  curiosité  nos  Fran¬ 
çois  esmeus  et  incités,  font  la  plus 
grand’  part  embaumer  les  corps  des 
Rois  et  grands  Seigneurs ,  et  dressent 
des  figures  enleuées  en  bosses  ou  en 
plates  peintures,  approchans  de  la 
grandeur  et  figure  au  plus  prés  qu’ils 
peuuent  du  trespassé.  On  en  trouuO 
tesmoignage  en  l’Eglise  de  S.  Denys  en 
France,  et  en  beaucoup  d’autres 
lieux  ,  là  où  i’on  voit  plusieurs  effi¬ 
gies  des  Rois  et  Roynes,  et  autres 
grands  Seigneurs  ;  ce  que  chreslien- 
nemenl  ils  ont  euidemment  tiré  tant 
du  nouueau  Testament  que  du  vieil , 
et  façon  de  faire  ancienne  des  luifs. 
Cari! est  dilau  nouuéau  Testaments 
que  loseph  acheta  vn  linceul ,  et  que 
Nicodeme  apporta  vne  mixtion  de 
myrrhe  et  d’aloës ,  iusques  au  poids 
d’enuiron  cent  liures ,  de  laquelle 
auec  autres  odeurs  aromatiques  ils 
embaumèrent  et  enseuelirent  le  corps 
de  lesus  Christ,  comme  la  coustume 
des  luifs  estoit  d’enseuelir  leurs  corps 
embaumés ,  en  signe  de  ceste  incor¬ 
ruption  qu’ils  esperoient  en  la  ré¬ 
surrection  des  morts  (comme  nous 
auons  dit.  )  Ce  que  mesmes  depuis 
eux  voulurent  faire  les  Maries  ;  ce 
qu’ils  auoient  appris  de  leurs  peres 
anciens.  Car  loseph  au  vieil  Testa¬ 
ment  commanda  à  ses  Médecins  d’em¬ 
baumer  son  pere  2. 

Or  qui  est  cause  qu’à  présent  nos 
Rois ,  Princes,  et  grands  .  Seigneurs, 
encores  qu’ils  soient  vuidés  et  laués 
d’eau  de  vie  et  de  vinaigre,  et  saul- 

‘  s.  lean ,  20.39.  A.  P. 

*  Génese,b,  2.  --.A.  P. 


DE  LA.  MVMIE. 


poudrt's  de  choses  grandement  aro¬ 
matiques,  n’y  espargnans  aucunes 
choses  pour  les  embaumer ,  néant- 
moins  auec  tout  cela ,  en  cinq  ou  six 
iours,  ou  moins,  sentent  si  mal,  qu’on 
ne  peut  endurer  estre  aux  lieux  où 
ils  sont,  et  est-on  contraint  les  enfer¬ 
mer  en  leur  cercueil  de  plomb?  Car 
nonobstant  tel  appareil,  parce  qu’ils 
ne  sont  plonges  en  saumeures  auec 
lesdites  choses  aromatiques,  comme 
anciennement  on  faisoit,  et  aussi  pour 
la  grande  multitude  de  gens  qui  y 
entrent  pour  les  voir,  et  le  grand 
nombre  de  torches  et  lumières  y  es- 
tans  iour  et  nuit ,  l’air  s’eschauffe  si 
fort  que,  le  corps  n’ayant  esté  imbu 
assez  longtemps  de  choses  qui  gar 
dent  la  pourriture,  il  adulent  qu’en 
peu  de  iours  s’esleue  vne  vapeur 
puante  et  cadauereuse,  qui  offense 
grandement  ceux  qui  la  sentent.  Icy 
donc  ie  veux  aduertir  le  Lecteur,  sur 
ce  qu’on  m’a  voulu  donner  quelques- 
fois  blasme  de  n’auoir  sceu  bien  em¬ 
baumer  les  Rois,  attendu  la  pourri¬ 
ture  qui  tost  après  s’esleuoit  de  leurs 
corps  :  car  ma  response  estoit  facile 
à  faire  L  C’est  qu’ils  n’auoient  esté 
trempés  et  sallés  soixante  et  dix  iours, 
comme  les  anciens  faisoienl ,  dedans 
le  vinaigre  et  choses  aromatiques,  et 
que  la  faute  ne  procedoit  que  de  là  : 
comme  il  se  peut  prouuer  que  le  vi¬ 
naigre  garde  de  pourriture ,  d’autant 
qu’il  est  froid  et  sec  :  qui  sont  deux 
choses  répugnantes  à  putréfaction, 
ce  que  l’experience  monstre  :  attendu 
qu'en  iceluy  on  garde  les  herbes, 
fleurs,  fruits,  voire  fort  humides, 
comme  concombre,  pourpié,  et  autres 
choses,  sans  qu’elles  se  pourrissent. 

le  puis  dire  auoir  vn  corps  en  ma 
maison,  lequel  me  fut  donné  par  le 

i  Docte  response  de  VAuthenr, —  A.  P. 


479 

Lieutenant  criminel  nommé  Seguier^ 
seigneur  de  la  Verriere,  après  auoir 
esté  exécuté  par  iustice,  il  y  a  vingt- 
sept  ans  passés  V,  que  i’anatomisay  :  et 
leuay  presque  tous  les  muscles  du 
corps  de  la  partie  dextre  (  à  fin  que 
lots  que  ie  veux  faire  Quelques  inci¬ 
sions  à  quelque  maladCj  voyant  les 
parties  de  recenle  mémoire ,  ie  sois 
plus  asseuré  en  mes  œuures)  la  partie 
senestre  laissée  en  son  entier  :  pour 
lequel  mieux  conseruer,  ie  le  piquay 
d’vn  poinçon  en  plusieurs  endroits, 
à  fin  que  la  liqueur  pénétras!  au  pro¬ 
fond  des  muscles  et  autres  parties  :  et 
voit -on  encore  à  présent  les  poul- 
mons  entiers ,  cœur  ,  diaphragme , 
mediaslin,  estomach,  râtelle,  reins, 
semblablement  le  poil  de  la  barbe,  et 
d’autres  parties,  voire  les  ongles,  les¬ 
quels  i’ay  apperceu  euidemment  re- 
croistre,  après  les  auoir  par  diuérses 
fois  coupés. 


CHAPITRE  11. 

Par  ce  recueil  on  peut  voir  que  les 
anciens  estoieht  fort  cürieùx  d’em¬ 
baumer  leurs  corps,  mais  non  pas  à 
l’intention  qu’ils  seruissent  à  manger 
et  à  boire  aux  viuans ,  comme  on  les 
a  fait  seruir  iusques  à  présent  :  car 
iamais  ne  pensèrent  à  telle  vanité  et 
abomination ,  mais  bien ,  ou  pour 
l’opinion  qu’ils  auoient  de  la  résurrec¬ 
tion  vniuerselle,  ou  pour  vne  mé¬ 
moire  de  leurs  parens  et  amis  décé¬ 
dés.  Cela  est  confirmé  par  André 
ïheuel  en  sa  Cosmographie,  où  il  dit 
auoir  esté  en  Egypte  en  des  cauernes 

1  11  faut  se  rappeler  que  ceci  a  été  écrit 
cii  1582. 


DrSCOVBS 


48o 

longues  d’vn  Irait  d’arc,  et  de  largeur 
assez  grande,  dans  lesquelles  il  y  a 
des  tombeaux  où  anciennement  es- 
loient  posés  les  corps  morts  embau¬ 
més,  où  il  faut  porter  du  feu  à  raison 
de  l’obscurité,  et  des  bestes  vene- 
neuses  qui  y  habitent.  Il  y  a  (dit-il) 
des  corps  passé  deux  mil  ans  enclos 
en  des  tombeaux  de  pierre,  fermés  et 
cimentés.  le  laisse  à  penser  quelle 
bonne  viande  on  feroit  d’en  boire  ou 
manger  à  présent 

On  dit  que  la  Mumie  dont  on  a  vsé 
iusques  auiourd  huy ,  est  venue  de 
là  ;  à  raison  d’vn  mastin  Médecin 
luif  qui,  par  vne  brutalité;  auoit  es- 

'  Ce  paragraphe  se  lisait  d^jà  au  chap.  6 
du  livre  des  Contusions  de  l’édition  de  1679, 
mais  avec  un  peu  plus  de  développement. 
Ainsi,  au  lieu  des  deux  dernières  phrases, 
on  y  lisait  : 

«La  vraye  mommie,  dit-il,  se  tire  des 
tombeaux  bien  fermez  et  cimentez  de  toutes 
parts,  et  tellement  embaumez,  que  le  mesme 
linge  qu’on  leur  donna  lorsqu’ils  furent  en¬ 
terrez,  se  trouue  encore  tout  entier,  et  les 
corps  pareillement,  tellement  qu’on  diroit 
qu’il  n’y  a  pas  quatre  iours  qu’on  les  a  mis 
dedans.  Toutefois  ii  y  a  tel  corps  qui  y  est 
passé  de  deux  mil  ans  :  les  corps  ou  parties 
d’iceux  sont  apportez  à  Venise,  deSirie  et 
Egypte,  et  de  Venise  espandus  dans  toute 
la  Chrestienté. 

«  Or  sont  ces  corps  embaumez  de  diuerses 
drogues,  selon  la  diuersité  de  leur  estât  et 
condition.  Ceux  des  nobles  sont  embaumez 
de  myrrhe ,  d’aloës  et  safran  ,  et  autres  dro¬ 
gues  aromatiques  et  de  grand  prix.  Ceux  des 
pauures  sont  farcis  simplement  d’asphalte, 
ou  pisalphalte,  à  raison  que  leur  pauureté 
ne  peut  porter  la  despence  des  choses  aro¬ 
matiques  plus  précieuses.  De  ceste  derniere 
espece,  dict  Matheolle,  est  toute  la  mommye 
qui  nous  est  aportee  par  deçà.  Considérant 
que  les  nobles,  riches,  et  anciennes  mai¬ 
sons  ,  etc.  » 

On  retrouvera  ta  suite  de  ce  raisonnement 
dans  le  paragraphe  suivant  du  texte  actuel. 


crit  que  ceste  chair,  ainsi  confite  et 
embaumée,  seruoit  grandement  à  la 
curation  de  plusieurs  maladies,  et 
principalement  aux  cheutes  et  coups 
orbes  et  meurtrisseures,  pour  garder 
que  le  sang  ne  caillebottast  et  conge- 
last  dedans  le  corps  :  qui  a  esté  cause 
que  l’on  les  tiroit  furtiuement,  ou  par 
argent,  hors  des  tombeaux.  Ce  qui 
semble  chose  fabuleuse  ,  parce  que 
les  nobles,  riches  ,  et  anciennes  mai¬ 
sons  n’eussent  iamais  enduré,  pour 
rien  du  monde,  que  les  sepulchres  de 
leurs  parens  et  amis,  desquels  ils  es- 
toient  tant  curieux,  fussent  ouuerls, 
et  les  corps  emportés  hors  de  leurs 
pays,  pour  estre  mangés  des  Chres- 
tiens  :  et  disent  qu’ils  ne  sont  dignes 
de  manger  de  leurs  corps.  Et  s’il  est 
aduenu  que  l’on  en  ait  transporté, 
c’a  esté  de  la  populace,  qui  ont  esté 
embaumés  de  la  seule  poix  asphalte, 
ou  pisasphalte,  dequoy  on  poisse  les 
nauires. 

Autres  disent  que  Mumie  n’est  autre 
chose  qu’vne  simple  chair  humaine, 
prise  des  corps  morts  trouués  dans 
les  sables  et  arenes  qui  sont  és  deserts 
d'Arabie,  où  l’on  dit  que  lesdites 
arenes  s’esleuent  si  haut  par  la  vio¬ 
lence  des  vents,  que  souuent  elles 
couurent  et  estonffent  les  passans  ; 
<l’où  vient  que  les  corps  morts  re- 
seichés  tant  par  la  chaleur  et  aridité 
des  arenes,  que  par  le  soufflement 
des  vents,  se  donnent  et  seruent  en 
vsage  medecinale  pour  Mumie.  Mat- 
theole,  suiuant  la  plus  commune 
opinion,  dit  que  Mumie  n'est  autre 
chose  qu’vne  liqueur  reseichée,  sor¬ 
tant  des  corps  humains  aromatisés  et 
embaumés  *. 

‘  Ce  panigraphe  se  lisail  au  chap.  0  de  l’é¬ 
dition  de  (679  ;  mais  aiors  il  venait  après  le 
suivant. 


DF,  LA  MVMIE. 


Serapion  et  Atiicenne  n’ont  conneu 
autre  Mumie  que  pisasphalte,  qui  est 
vne  sorte  d’escume  qui  prouieiit  de 
la  mer.  Ladite  escume ,  pendant 
qu’elle  nage  et  flotte  sur  l’eau ,  est 
molle  et  comme  liquide  :  mais  peu 
après  estant  portée  par  l’impétuosité 
des  vagues  aux  riuages ,  et  arrestée 
entre  les  rochers  et  cailloux ,  se  de- 
seiche  et  aCfermit  plus  dure  que  la 
poix  reseichée,  comme  il  est  discouru 
par  Dioscoride  liure  1,  chap.  84  L 

Autres  tiennent  que  la  Mumie  se 
fait  et  façonne  en  nostre  France  :  et 
que  l’on  desrobe  de  nuict  les  corps 
aux  gibets,  puis  on  les  cure  ostant  le 
cerueau  et  les  entrailles,  et  les  fait-on 
seicher  au  four,  puis  on  les  trempe 
en  poix  noire  ;  après  on  les  vend 
pour  vraye  et  bonne  Mumie,  et  dit- 
on  les  auoir  achetés  des  marchands 
Portugais,  et  auoir  esté  apportés  d’E¬ 
gypte  Mais  qui  voudra  rechercher, 

‘Ce  paragraphe  venait  avant  le  précédent 
dans  .l’édition  de  1579;  mais  entre  les  deux 
on  lisait  celte  phrase,  qui  manque  dans  le 
texte  actuel  : 

«  Belon  dict  telle  mumie  estre  seule¬ 
ment  cogneue  et  en  vsage  en  Egypte  et  en 
Grece.  » 

*  L’édition  de  1579  allait  plus  loin;  après 
avoir  signalé  les  difficultés  d’avoir  des  mo¬ 
mies  embaumées  de  substances  précieuses, 
elle  ajoutait: 

«  Cequia  esmeu  quelquesfois  quelques  vns 
de  nos  Xpoticaires,  plus  hardis  et  plus  auides 
de  gain,  à  prendre  denuyl  des  corps  au  gibet: 
les  sallcnt  et  aromatisent  de  bonnes  drogues, 
et  apres  les  sécher  au  four  ainsi  farcis  poul¬ 
ies  vendre  bien  chèrement,  pour  vraye  et 
bonne  mommie  :  voila  comme  on  nous  faict 
aualer  indiscrelernent  et  brulallemcnt  la 
charogne  puante  et  infecte  des  pendus,  et 
de  la  plus  vile  canaille  de  la  populace  d’E¬ 
gypte.  Comme  s’il  n’y  auoit  moyen  de  sauner 
vn  homme  tombé  de  hault  et  contus,  etc.  » 

Voyez  la  suite  de^ce  texte  au  chapitre  8. 

lit. 


48i 

comme  i’ay  fait,  chez  les  Apoticaires, 
on  trouuera  des  membres  et  portions 
de  corps  morts,  voire  de  tous  entiers, 
estre  embaumés  de  poix  noire,  les¬ 
quels  sentent  vne  odeur  cadauereuse. 
Neantmoins  ie  croy  qu’ils  sont  aussi 
bons  que  ceux  qu’on  apporte  d’E- 
gypte  :  parce  que  tout  n’en  vaut 
rien  K 


CHAPITRE  VU.. 

Depuis  n’agueres  deuisant  auec  Gui 
de  la  Fontaine,  Médecin  célébré  du 
Roy  de  Nauarre,  sçaehant  qu’il  auoit 
voyagé  en  Egypte  et  en  la  Barbarie ,  ie 
ie  priay  me  faire  participant  de  ce 
qu’il  auoit  appris  de  la  Licorne  et  de 
la  Mumie.  Il  me  dist  que  c’estoient 
toutes  bayes  ce  qu’on  bruyoit  par 
deçà  de  la  Licorne,  et  que  iamais  n’en 
auoit  rien  sceu  descouurir.  Et  quant 
à  la  Mumie,  qu’estant  l’an  mil  cinq 
cens  soixante  quatre  en  la  ville  d’A¬ 
lexandrie  d’Egypte,  il  ouyt  dire  qu’il 
y  auoit  vn  luif  qui  en  faisoit  grand 
trafic  :  en  la  maison  duquel  allant , 
le  supplia  de  luy  vouloir  monstrer  les 
corps  mumiés.  Ce  qu’il  fit  volon¬ 
tiers,  et  luy  ouurit  vn  raagazin  où  il 
y  auoit  plusieurs  corps  entassés  les 
vns  sur  les  autres.  Iceluy  priant  de 
rechef  le  luif  de  luy  vouloir  dire  où 
il  auoit  recouuré  ces  corps,  et  s’ils  se 
tiouuoient,  comme  en  auoient  es- 
crit  les  anciens,  és  sepulchres  du 

1  Les  éditions  de  1582  et  1585  portent  plus 
simplement  :  te  croy  qu'ils  sont  aussi  bons  les 
vns  que  les  autres.  Mais  la  phrase  actuelle  se 
lisait  alors  môme  dans  une  note. marginale, 
et  elle  a  été  transportée  dans  le  texte  dés  la 
première  édition  posthume. 


DISCOVES 


482 

pays  :  ledit  luif,  en  se  mocquant  de 
ceste  imposture,  se  print  à  rire,  l’as- 
seurant  et  affermant  qu’il  n’y  auoit 
point  quatre  ans  que  tous  lesdits 
corps  qu’il  voyoit  là  (  en  nombre  de 
trente  ou  quarante)  il  les  preparoit' 
luy-mesme ,  et  que  c’est  oient  corps 
d’esclaues ,  ou  autres  personnes.  Le¬ 
dit  de  la  Fontaine  luy  demandant  en¬ 
core,  de  quelle  nation,  et  s’ils  n’es-  1 
toient  point  morts  de  mauuaise  ma¬ 
ladie,  comme  de  lepre,  verolle ,  ou  , 
peste  :  il  luy  respondit  qu’il  ne  se  ; 
soucioit  point  d’où  üs  fussent,  ny  de  \ 
quelle  mort  ils  estoient  morts ,  ou  i 
s’ils  estoient  vieils  ou  ieunes ,  masles  i 
ou  femelles ,  pourueu  qu’il  en  eust, 
et  qu’on  ne  les  pouuoit  connoistre 
quand  ils  estoient  embaumés.  Encore 
luy  dist  qu’il  s’esmerueilloit  grande¬ 
ment  comme  les  Chrestiens  estoient 
tant  Mans  de  manger  les  corps  des 
morts  ‘.  Ledit  de  la  Fontaine  l’impor¬ 
tunant  de  luy  déclarer  la  façon  qu’il 
tenoit  à  les  embaumer,  dist  qu’il  vui-  , 
doit  le  cerueau  et  les  entrailles,  et  j 
faisait  de  grandes  incisions  au  pro-  i 
fond  des  muscles,  et  après  les  rem- 
plissoit  de  poix  ludée,  appellée  as-  i 
phaltile,  et  prenait  des  vieux  linges 
trempés  en  ladite  liqueur,  et  les  po¬ 
sait  dans  lesdites  incisions,  après  ban- 
doit  chacune  partie  séparément  :  et 
estans  ainsi  bandés,  enueloppoit  tout 
le  corps  d’vn  drap  trempé  sembla¬ 
blement  en  ladite  liqueur  :  lesquels 
ainsi  accoustrés ,  les  mettoit  en  cer¬ 
tains  lieux,  où  il  les  laissait  pour 
confire  deux  ou  trois  mois.  Finale¬ 
ment  ledit  de  la  Fontaine  disant  que 
les  Chrestiens  estoient  doncques  bien 
trompés  de  croire  que  les  corps  mu- 

1  Le  luif  ae  mocque  des  Chrestiens ,  qui 
font  si  friam  de  manger  de  la  chair  des  eorps 

morts,  —  A.  P. 


miés  fussent  tirés  des  sepulchres  an¬ 
ciens  des  luifs  :  le  luif  lui  fit  res- 
ponse  L  qu’il  estoit  impossible  que 
l’Egypte  eust  peu  fournir  de  tant  de 
milliers  de  corps  qui  ont  esté  enle- 
ués,  depuis  que  ceste  ceremonie  a 
esté.  Car  de  dire  auiourd’huy  qu’elle 
s’obserue,  cela  est  faux  :  d’au  tant 
que  ceste  région  est  seulement  ha¬ 
bitée  des  Turcs,  des  ïuifs  et  des  Chres¬ 
tiens,  qui  ne  sont  couslumiers  d’vser 
de  telle  ceremonie  d’embaumement, 
comme  du  temps  que  les  Roys  d’E- 
gypte  y  commandoient. 


CHAPITRE  VIII. 

Or  par  ce  discours  du  luif,  on  voit 
comme  on  nous  fait  aualler  indiscrè¬ 
tement  et  brutalement  la  charogne 
puante  et  infecte  des  pendus,  ou  de 
la  plus  vile  canaille  de  la  populace 
d’Egypte,  ou  de  verolés,  ou  pesti¬ 
férés  ,  ou  ladres  ;  comme  s’il  n’y 
auoit  moyen  de  sauner  vn  homme 
tombé  de  haut,  contus  et  meurtri, 
sinon  en  luy  insérant  et  comme  en¬ 
tant  vn  autre  homme  dedans  le  co^rps  : 
et  s’il  n’y  auoit  autre  moyen  de  re- 
couurer  santé,  sinon  que  par  vne 
plus  que  brutale  inhumanité.  Et  si 
en  ce  remede  y  auoit  quelque  effica¬ 
ce,  véritablement  il  y  auroit  quelque 
pretexte  d’excuse.  Mais  le  fait  est  tel 
de  ceste  meschante  drogue,  que  non 
seulement  elle  ne  profile  de  rien  aux 
malades,  comme  i’ay  plusieurs  fois 
veu  par  expérience  à  ceux  ausquels  on 
en  auoit  fait  prendre,  ains  leur  cause 

‘  Response  du  Juif  digne  d’estrç  bien  notée. 

—  A.  P. 


DE  14  ;jiyMiE.  483 


grande  doulet^F  à  l’estQpiiach  ,  aueç 
puanteur  de  bouche,  grand  voipisse- 
ment,  qui  est  plustost  cause  d’esmou- 
uoir  le  sapg,  et  le  faire  fl’au^pt^^ge 
sortir  hors  de  ses  yaisseauje ,  q]ue  de 
l’arrester.  Les  pescheurs  vsent  d’ap- 
pasts  puants  pour  allicher  les  pois¬ 
sons  ;  à  ceste  caifse  iis  ysent  de  Mu- 
mie,  parce  qu’elle  est  fort  puaqte. 
ïheuei  dit  l’auoir  expérimenté  en  soy- 
mesme,  en  ayant  quelquesfois  pris  en 
Egypte,  à  la  suscitation  d’vn  nommé 
Idere  luif.  A  ceste  cause  ie  proteste 
de  iamais  n’en  ordonner ,  ny  permet¬ 
tre  à  aucun  en  prendre,  s’il  m’est 
possible  L 

Quoy,  dira  quelqu’vn,  quefera-on 
donc  pour  garder  que  le  sang  ne  se 
coagule  dedans  le  corps  de  ceux  qui 
seront  tombés  i^aut  ep  bps ,  ou 
auront  rec.eu  cqups  orbes,  comme  de 
pierrie  ou  de  bpston ,  ou  de  qqelquç 
autpe  chose  lourde  et  pesante  :  ou  se 
seront  vi^Qlentement  heurtés  contre 
q^qelque  cho^e  dh^e,  ou  par  yne 
grande  exteusiejji ,  comme  peux  les¬ 
quels  op  tire  sur  la  gehenne  ,  o.u 
pour  extrêmement  crier,  dont  quel¬ 
que  yaisseau  du  poulmon  ^e  peut 
rotnpre,  ou  pour , vu  coup  de  barque- 
buse,, ou  d’espée,  ou  ^utre  instrurneut 

1  Oq  retrouve  une  partie  du  texte  de  ce 
paragraphe  daps  l’édition  de  1579.  Vpyez 
ci-iievant  la  note  2  de  la  page  481  ;  mais  à 
partir  de  ces  mots  :  cotjame  i’ay  Tylytsieufs  fois 
veu  par  expérience,  Paré  ajoutait  ; 

«  Et  comme  Theuet  se  dict  auoir  expéri¬ 
menté  en  soy  mesme ,  en  ayant  quelquefois 
pris  en  Egypte,  d’où  elle  vient,  à  la  susci¬ 
tation  d’vn  médecin  luif,  mais  d’auantage 
luy  causa  plusieurs  fois  fâcheries  et  acci¬ 
dents,  comme  douleur  et  deuoyement  d’es- 
tomach,  vomissement  et  puanteur  de  bou¬ 
che  :  ponr  CCS  raisons  non  seulement  ie  n’en 
ay  voulu  ordouper,  mais  ainsi  ie  conseille 
bien  de  n’en  prendre  aucunement.  » 


semblable  :  et  pour  le  dire  en  vn  niot, 
toutes  choses  qui  peuuent  inciser, 
contondre  et  meurtrir,  casser,  esca- 
cher  et  rompre ,  non  seulement  les 
parties  mohés ,  mais  aussi  les  ps,  et 
faire  sortir  le  sang  hors  des  veines  et 
arteres,  (|[ui^  cause  de  ce  sont  pressées, 
exprimées ,  rompues  et  dilacerées  , 
dont  le  sang  tombe  dedans  ies  parties 
intérieures  du  corps ,  et  spuuent  est 
ietté  non  seulement  par  les  playes , 
mais  par  la  verge ,  siégé ,  et  par  la 
bouche?  Ce  que  i’ay  veu  plusieurs 
fois  :  mesmes  les  parties  extérieures 
en  sont  pareillement  contusées  et 
blessées  auec  playes,  et  souuent  sans 
playe ,  de  sorte  que  le  cuir  demeure 
tout  entier,  mais  le  sang  est  respandu 
par  la  chair  des  muscles ,  et  entre 
cuir  et  chair  seulement  :  dont  la  par¬ 
tie  est  rendue  liuide  et  noire,  laquelle 
disposition  est  nommée  des  anciens 
Grecs  Ecchymosîs.  En  quoy  l’on  ob- 
serue  entre  autres  choses,  que  si 
queîqu’vn  est 'tombé  de  haut,  ou 
frappé  de  coup  orbe ,  et  qu’il  saigne 
par  le  nez ,  bouche  et  oreilles ,  cela 
véritablement  demonstre  qu’il  y  a 
quelque  veine  pu  prlere  rompue  et 
puuerte  dedans  la  teste,  et  souuent 
adulent  que  le  malade  meurt.  Les  si¬ 
gnes  de  mort  sont  vomissemens ,  dé¬ 
faillance  de  cœur ,  perdition  de  pa¬ 
role,  déliré  ou  resuerie,  sueur  froide, 
vrine  retenue,  et  les  élections  sortent 
hors,  ou  sont  retenues  inuolontai- 
rement. 

En  tout  cecy  faut  suiure  la  doc- 
tri|ne  des  anciens.cpmm.e  Hippocrates 
en  la  seconde  section  Ms  Fractures, 
qui  dit,  qu’pn  toutes  grandes  contu¬ 
sions  il  faut  saigner  ou  purger ,  ou 
faire  les  deux  ensemble ,  à  lin  de  re¬ 
tirer  le  sang  qu’il  ne  flue  aux  parties 
intérieures ,  et  pour  l’euacuer  quand 
il  y  a  plénitude.  Pareillenaent  Galien 


DlSCOVllS 


/|B'i 

sur  la  sentence  62.  de  la  troisième 
section  du  liure  des  Articles ,  que  si 
quelqu’vn  est  tombé  de  haut ,  en¬ 
core  qu’il  n’eust  assez  de  sang,  si  est- 
ce  qu’il  luy  en  faut  tirer.  Parquoy  le 
chirurgien  ne  faudra  à  tirer  du  sang, 
selon  la  grandeur  du  mal ,  et  pléni¬ 
tude  et  force  du  malade. 

Ce  que  ayant  fait ,  on  luy  donnera 
à  boire  de  l’oxycrat ,  par  le  comman¬ 
dement  du  mesme  Galien  liure  5.  de 
la  Méthode,  chap.  5,  qui  a  faculté  de 
refrigerer  et  restraindre  et  inciser  les 
trombus  et  caillots  de  sang,  et  garde 
qu’il  ne  se  coagule  dedans  les  parties 
tant  intérieures  qu'exterieures.  Tou- 
tesfoisil  ne  faut  donner  à  boire  à  ceux 
qui  ont  vlceres  aux  poulmons  et  qui 
ont  l’estomach  plein  de  viandes  K  Au 
lieu  de  l'oxycrat,  on  fera  prendre  au 
malade  de  la  rheubarbe,  qui  est  ainsi 

iCe  paragraphe  se  retrouvait  aussi,  mais 
avec  quelques  modifications,  dans  l’édition 
de  1679;  ainsi  à  la  suite  du  texte  rapporté 
dans  la  note  précédente ,  on  lisait  : 

«  Mais  au  lieu  d’icelle ,  faut  vser  des  cho¬ 
ses  susdites  (susdites  au  livre  des  conmions), 
et  donner  à  boire  de  l’oxycrat,  qui  a  faculté 
de  refrigerer ,  restreindre  et  inciser.  La  ré¬ 
frigération  despend  de  l’eau ,  et  pour  ceste 
cause.  Gai.  au  liu.  5.  de  la  rneih.  chap.  6, 
l’ordonne  à  boire  et  à  appliquer  par  dehors. 
L’astriction  et  incision  procédé  du  vinaigre, 
lequel  mesme  sert  de  véhiculé  à  l’eau, 
pour  la  faire  penetrer,  et  par  sa  tenuité  et 
faculté  incisiue,  discute  et  dissipe  les  trom¬ 
bus  de  sang,  et  garde  qu’il  ne  se  coagule  de¬ 
dans  les  parties  intérieures  et  extérieures  du 
corps.  Toutesfois  il  faut  noter  qu’il  ne  faut 
donner  à  boire  ledit  oxycrat  à  ceux  qui  ont 
vlcere  aux  poulmons,  et  à  ceux  qui  ont  l’es- 
tomach  remply  de  viandes  (ce  que  i’ay  fait 
plusieurs  fois  auec  vne  bonne  et  heureuse 
issue).  » 

Cette  dernière  parenthèse  n’est  pas  bien 
logiquement  placée;  mais  tel  est  le  texte. 
Du  reste,  là  finit  le  chapitre  de  1579. 


ordonnée  par  Rhasis  et  Mesué,  comme 
s’ensuit  : 

7f.  Rheubarbari  elccti  puluerisati  3.  j. 

Aquæ  rubiæ  maioris  et  plantaginis  ana 

S-  j- 

Theriacæ  3.  G . 

Syrupi  de  rosis  siccis  § .  G . 

Fiat  potus. 

Lequel  sera  donné  tout  aussi  tost 
que  le  malade  sera  tombé ,  et  sera 
réitéré  par  trois  malins,  s’il  est  neces¬ 
saire.  Autres  l’ordonnent  en  ceste  fa- 
çon  : 

Of.  Radicum  gentianæ  §  •  i'j* 

Rulliant  in  oxycrato,  in  quo  dissolutio  rheu¬ 
barbari  electi  3.  j.  Fiat  potio. 

D’auantage  l’eau  de  noix  vertes  ti¬ 
rée  par  l’alambic  est  aussi  fort  loüée, 
donnée  à  boire  la  quantité  d’vne  ou 
deux  onces,  qui  a  grandissime  vertu 
de  dissoudre  le  sang  caillé  tombé 
dedans  le  corps,  ce  que  i’ay  dit  cy 
dessus.  Qu’à  la  mienne  volonté,  les 
Apoticaires  fussent  autant  curieux 
d’en  estre  fournis,  comme  ils  ont  esté 
et  sont  encore  d’auoir  de  la  Mumie , 
et  qu’ils  la  vendissent  au  quadruple  , 
ce  seroit  le  mieux  pour  les  malades. 
Et  i’espere  qu’aprés  auoir  entendu 
par  cest  escrit  la  bonne  drogue  que 
c’est  que  la  Mumie,  ils  n’en  vou- 
droient  tenir  à  leurs  boutiques ,  ny 
la  plus  vendre  qu’aux  pescheurspour 
prendre  les  poissons. 

Mais  pour  retourner  à  nostre  pro¬ 
pos,  après  auoir  baillé  au  malade  les 
potions  susdites,  il  le  faut  enuelopper 
dedans  la  peau  d’vn  mouton  ou  d’vn 
veau  fraîchement  escorché ,  sur  la- 
queile  sera  aspergé  et  espandu  de  la 
poudre  de  myrthe  :  puis  le  poser  de¬ 
dans  vn  Jit  chaudement,  où  il  sera 
bien  couuert ,  et  suera  tout  à  son 


DE  LA  MVMIE. 


aise,  sans  toutesfois  dormir  de  quatre 
ou  de  cinq  heures ,  à  fin  que  le  sang 
ne  se  retire  au  dedans  du  corps  :  et 
le  lendemain  on  luy  ostera  la  peau , 
et  sera  oint  de  ce  Uniment,  lequel  a 
puissance  de  seder  la  douleur  et  ré¬ 
soudre  le  sang  meurtri. 

Vnguenti  de  alth.  §  .  vj. 

Olei  lumbricorum,  camomillæ  et  ane- 
thi  ana  § .  ij. 

Terebenthinæ  Venetæ  § .  iij. 

Farinæ  fœnugræci,  et  rosarum  rubrarum, 
myrtillorum  puluerisatorumana  §  .  j. 
Fiat  linimentum. 

Et  si  c’est  quelque  homme  qui  ne 
puisse  auoir  telles  commodités ,  il  le 
faut  mettre  dedans  du  fien  ;  mais 
premièrement  dessus  vn  peu  de  foin, 
ou  paille  blanche  ,  puis  l’enuelopper 
en  vn  drap ,  et  le  couurir  dudit  fien 
iusques  à  la  gorge,  et  l’y  faire  tenir 
tant  qu’il  ait  bien  sué. 

D’auantage  faut  que  les  malades 
tiennent  bon  régime  de  viure,  et  ne 
boire  vin  de  sept  iours ,  ains  seule¬ 
ment  de  l’hydromel,  ou  oxymel,  ou 
hypocras  d’eau.  Et  si  le  mal  est 
grand de  sorte  que  le  malade  fust 
tant  meurtri  qu’il  ne  peust  remuer 
les  membres,  on  luy  donnera  vne 
potion  sudorifique ,  et  le  baignera-on 
en  eau  où  on  aura  fait  boiiillir  her¬ 
bes  neruales,  et  principalement  lés 
semences  tque  l’on  trouue  sous  le 
foin ,  qui  ont  grande  vertu  de  dissou¬ 
dre  le  sang  meurtri,  tant  des  parties 
intérieures  qu’exterieures.  Toutes¬ 
fois  s’il  y  auoit  fiéure,  ne  le  faudroit 
mettre  au  bain,  et  serois  d’aduis 
qu’on  appcllast  vn  docte  médecin. 

Or  après  auoir  discouru  sommaire¬ 
ment  des  romedes  pour  garder  que 
le  sang  ne  se  congele,  caillebotte  et 
pourrisse  dedans  les  parties  inte- 


485 

rieures  du  corps ,  nous  traiterons  à 
présent  des  contusions  et  meurtris- 
seures  qui  se  font  aux  parties  exté¬ 
rieures,  quelquesfois  auec  playe,  au- 
Iresfois  sans  playe  ,  en  sorte  que  le 
cuir  demeure  tout  entier,  mais  le 
sang  est  respandu  par  les  muscles  et 
entre  cuir  et  chair  seulement  :  la¬ 
quelle  indisposition  a  esté  nommée 
des  anciens  Ecchymose. 


CHAPITRE  IX. 

Il  faut  diuersifler  les  remedes  se¬ 
lon  les  parties  blessées.  Au  commen¬ 
cement  on  doit  vser  de  remedes 
froids  et  astringens,  à  fin  que  le  sang 
ne  tombe  sur  les  parties  offensées,  et 
resserrer  les  veines  et  arteres  pour  em- 
pescher  la  fluxion,  comme  cestuy-cy. 

Prenez  onguent  de  bolo:  blanc  d’œuf,  huile 
rosat  et  de  myrthe,  poudre  de  mastic, 
alun  cuit. 

Autre  que  i’ay  en  vsage  ordinairement. 

“if.  Albumina  ouor.  numéro  tria. 

Olei  myrtill.  et  rosarum  ana  §  .  j. 

Nucum  cupressi ,  et  gallarum  puluerisa- 
tarum,  aluminis  vsti  ana  §.  ij. 
Incorporentur  simul ,  addendo  aceti  parum. 
Fiat  vnguentum. 

Après  auoir  vsé  suffisamment  de 
repercussifs ,  on  vsera  de  fomenta¬ 
tions,  emplastres  et  cataplasmes  ré¬ 
solutifs. 

Exempte. 

Prenez  de  la  bouë  de  vache,  lie  de  vin  ,  son 
de  froment,  térébenthine  commune, 
beurre  frais  :  et  soit  fait  cataplasme  ,  y 
adioustant  de  l’eau  de  vie  et  vu  peu 
de  vinaigre. 


DlàcdVRS 


486 

Cè  câtaplasme  ëàt  propre  à  i'esoù- 
drë  quelque  grande  meürtrisseul’e 
sur  lès  bras  et  iambes  des  panures 
gens. 

Aux  riches  on  vsera  dé  ces  einplâs- 
tres,  qui  oüt  esté  dè  long  temps  Or¬ 
données  pour  lès  Roys^  Princes,  et 
grands  Seigneurs  aillans  à  la  châsse, 
tors  qii’iià  iombbiehi  dè  cheüàl,  Ou 
se  heurtoient ,  les  chirürgièns  âppli- 
quoient  cest  emplastre  au  commen¬ 
cement 

Boli  armeni,  terræ  sigillatæ  ana  f .  j.  fi . 
Rosarum  tubrarum,  myrtill.  ana  3.  vj. 
Nucis  cupressi  3.  ij. 

Omnium  sandalorum  ana  3.  J. 

Nucis  moscatæ3,  i?, 

Idàstichis,  styracis  calaihitæ  ânaij.  iS. 
Cerafc  nbüæ  § .  ij. 
hicis  nauàliS  § .  jj, 

Terebehthinæ  Verietæ,  qüàhtiiiri  süfflcit. 
tiat  ebiplastrürh. 

Et  quand  il  estoit  besoin  de  résou¬ 
dre  d’auantage,  on  vsbit  de  ces- 
tuy-cy. 

‘iç..  Styracis  calamitæ,  labdani,  benjoin, 
ana  3,  iij. 

MasticKis,  irëos  Plbrentiæ,  bâccarüm 
lauri,  cibatnomi,  câriopbylli;  csllami 
drbtfaàlici  àfaa  3.  j. 

Ligni  aloës,  floruth  bànibmiilæ;  làuan- 
dulæ, nucis  moscatæ,  ana 3.  fi. 

Moschi  3.  j. 

Ceræ  nouæ  § .  vj. 

Resinæ  § .  ij . 

Terebenrhinæ teiietæ  g.iij. 
blei  rosarum  qüantilm  süllîcit. 
fiat  emplastriihi. 


1  La  première  édition  avertit  en  marge 
que  ces  formules  se  retrouvent  auparavant 
au  chap.  4  du  livre  des  contusions.  La  re¬ 
marque  est  juste;  mais  toutes  les  éditions 
ayant  conservé  ce  double  emploi,  jen’al  pas 
cru  devoir  en  rien  retrancher. 


^’il  aduièht  qti’bn  soit  bleSsë  au  vi- 
k^è ,  et  que  l’on  tiit  lès  yèüi  (èomme 
l’on  dit)  ^bchés  àü  bèurrè  nbit’,  faut 
.kihlt  fit’eridl’è  vri  mouchbîi'  tl  empé  èn 
eaü  fèoide  èt  vitibigte ,  et  en  bassiner 
Ih  partie.  Ce  pendant  oti  aUrd  blahcs 
d’œufs  battus  en  éaü  rose, pour  les 
appliquer  dedans  et  autour  des  yeux, 
et  parties  prbthès.  Et  subit  què  tèl 
reinèdè  sèra  sèc,  bb  ÿ  en  fehiettra 
d’autre  :  et  après ,  du  sahg  de  pigeon 
ou  d’autre  volaille,  qui  oiit  l’acuité 
de  sedèr  la  doüleür,  et  résoudre  le 
sang  meurtri  des  yeux. 

Aussi  on  fera  vne  Ibinentation  de 
sauge,  thim,  rosmarin,  inarjolaine, 
boüiilies  eh  éaii  èt  vin.  Ü’àüahtage 
bh  peut  prendre  de  l’aldynè  hâcbëe, 
et  posée  sür  vne  pèllè  èhaüde,  èt 
rappliquer  desstis  eiitre  deux  linges. 
La  farine  dè  feues  ciiitte  en  oxyinel 
y  est  aussi  bien  ptopre.  Quant  aux 
eihpiastres  de  diachyloh  ireàtum ,  de 
meliloto  oocycroceiirtï ,  elles  sont  pa¬ 
reillement  resolutlüès  :  itials  siir  tous 
autres  remèdes  (pbhrüeu  qüll  n’y 
ait  hy  doüleiir  hÿ  chaleur)  la  racliie 
de  sï'glïluik  beat'è  Marié  appliquée 
par  rouelles,  dù  ratissée,  discute  et 
resoült  lè  sang  hièurtH ,  cbihme  chose 
miraèiileüsè. 

Què  si  l’dri  s’é^oil  heurté  des 
doigts  cbiilrè  qùeliiüe  bhose  dübe,  bu 
refceÜ  quelque  cbtip,  bd  pressé,  ou 
escaché  lè^  ongles,  qui  sbiit  ëti  dâh- 
ger  de  tbthbër,  ou  màrhüés  dè  bbir- 
cèur  à  raisdh  du  sang  (Jüi  est  fliié 
dessous  :  bêla  addeiiàtit,  toüt  subit 
bii  pi-enüra  tu  linge  trèrnpéënvi- 
ndlgie  froid,  et  e^tbaindba  le  doigt 
blessé  de  l’aiui-è  main,  le  plUâ  l'dil 
que  l’on  le  pdülra  eildurer,  à  llli  de 
bèpHmer  là  llüxlèli  :  bt  pour  Sedbb  la 

douleur,  ori  hiettia  dessus  vu  baià- 

plasnie  fàil  de  fdèilies  d’bieiilè  cüit- 
tes  soüs  les  cehdl-es  chaudes,  puis 


DE  LA  MVMIE. 


pilées  àuec  onguent  tosat  ou  beurré 
frais.  Et  pour  résoudre  le  sang  ja  de- 
flué,  on  y  appliquera  cataplasmes 
fails  de  ctottes  de  chéures,  incorporé 
auec  poudre  de  soulphre,  et  vn  peu 
d’eau  de  vie.  La  cure  sera  parache- 
uée  Selon  que  l’on  vefra  eslre  de  be¬ 
soin.  D’auantage  si  par  vne  grande 
contusion  et  meürtrisseure  suruient 
quelquesfois  gangrené  et  mortifica¬ 
tion  ,  qui  se  connoist  quand  la  partie 
deuient  fortliuideet  noire,  iusques 
à  sembler  que  sa  chaleur  est  presque 
suffoquée  et  estainte  pour  la  grande 
concrétion  du  sang  deflué  en  la  partie, 
qui  empesche  que  les  esprits  he  peu- 
uent  paruenir  pour  l’entretenir  en 
sonestre:  alors  il  faut  vser  de  scari¬ 
fications  superficielles  ou  profondes, 
et  appliquer  des  ventouses,  pouf 
faire  attraction  et  vacüation  du  sang 
espandu  hors  des  veines  :  et  s’il  n’y 
auoit  totale  mortification,  conuien- 
droit  faire  amputation  de  ce  qui  se- 
roit  mort. 

Si  quelqu’vn  a  sauté  et  tombé  sur 
le  talon  de  haut,  à  plomb  sur  quelque 
chose  dure ,  et  par  la  contusion  le 
sang  sort  hors  de  ses  veines,  dont  il 
suruint  grande  douleur,  puis  tu¬ 
meur,  et  après  il  se  noircist,  et  se 
fige,  puis  se  pourrit.  La  douleur  vient 
pour  la  contusion  qui  s’est  faite  à  l’a- 
poneurose  du  gros  tendon  composé 
des  trois„  muscles  du  pommeau  de  la 
iambe,  qui  s’implante  Sous  le  taloh, 
et  sus  toute  la  solle  du  pied ,  et  des 
nerfe  qui  sont  en  ces  parties  là  :  à 
quelques-vns  leur  suruient  fiéure, 
spasme  et  autres  cruels  accidens  : 
ce  que  le  certifie  auoir  veu  aduenir. 
Partant  il  y  faut  obuier  tant  que 
possible  sera,  en  faisant  la  saignée 
au  bras  du  costé  malade  :  puis  faire 
vacüation  du  sang  meurtri,  à  sça- 
uoir  eu  coupant  la  peau  de  degsousle 


487 

talon  pour  luy  donner  transpiration, 
de  pëur  qu’il  ne  se  pourrisse,  et  qu’il 
ne  face  aposteme  et  gangrené.  Et  si 
la  peau  estolt  dure ,  comme  elle  est 
ordinairement,  il  est  besoin,  aupara- 
uant  que  la  couper ,  faire  des  fomen¬ 
tations  d’eau  chaude  et  huile  assez 
longuement  :  puis  y  appliquer  dessus 
du  cerat  et  autres  remedes  :  la  mus- 
cosité  des  limaçons,  auec  poudre  d’en¬ 
cens,  aloës  et  myrrhe,  seichent  à  mer- 
ueille  le  sang  meurtri  :  faisant  le 
bandage  comme  Ton  a  accoüstumé 
aux  fractures,  commençant  sur  le  ta¬ 
lon  ,  à  fin  de  chasser  le  sang  loing 
delà  contusion,  et  situant  le  pied 
plus  haut  que  le  reste  du  corps  :  et 
les  guarissent  en  soixante  iours ,  s’ils 
se  tiennent  en  repos  sans  nullement 
marcher.  Hippocrates  dit  que  si  l’os 
du  talon  vient  carieux,  la  maladie 
dure  vn  siecle,  c’est  à  dire  de  la 
vie  de  l’homme  ;  et  que  le  ma¬ 
lade  ne  doit  boire  vin ,  ains  en  lieu 
d’iceluy ,  de  l’hydromel ,  et  non  oxÿ- 
mel  :  car  lors  que  les  nerfs  sont  offen¬ 
sés  ,  le  vinaigre  leur  ést  du  tout  con¬ 
traire  L  Pareillement  pour  quelque 
coup  orbe ,  ou  s’entorser  pour  quel* 
que  mesmarcheure  ou  entorsure,  que 
les  oS  peuuent  sortir  de  leurs  plabes , 
et  se  rompre ,  fendre  et  esclatter ,  et 
enfoncent  quelquesfois  iusques  à  la 
moëlle  :  et  selon  les  différences  faut 
diuersifier  la  cUre.  Et  sommairement 
pour  ce  faire,  faut  tenir, poüsser,  es- 
leuer,  situer ,  bander  et  lier  la  par¬ 
tie,  et  la  tenir  en  repos  :  toutes  les¬ 
quelles  choses  trouuei’as  amplement 
esctites  en  l’onziéme ,  quatorzième 
et  quinziéme  liures  de  mes  OEuures 

1  Hippocrates,  auliure  des  Anieles. — A.P. 

2  Ce  sont  les  livres  àes  Coniusiotu'des  Ban¬ 
dages,  et  des  Ftactûres ,  les  10%  12*  et  13°  de 
l’édition  actuelle. 


DISCOVRS 


488 

Le  douzième  iour  de  mars  1582 ,  vn 
Gentilhomme  de  la  suitte  de  Mon¬ 
sieur  le  Mareschal  de  Biron ,  nommé 
Bernault  de  l’Estelle ,  seigneur  dudit 
lieu ,  ioüant  à  l’escrime  au  logis  dudit 
Mareschal,  eut  vne  pjaye  contuse 
dans  l’œil  senestre  ,  trauersant  de 
l’autre  part  prés  la  quatrième  verte  ■ 
bre  du  col ,  icelle  faite  d’vne  espée 
rahbatue ,  au  bout  de  laquelle  y  auoit 
vn  bouton  rond  et  plat  de  grosseur 
d’vn  bon  pouce ,  qui  fut  donné  par  vn 
Gentilhomme  du  pays  de  Quercy , 
nommé  le  Baron  du  Bouluet.  Toutes- 
fois  ledit  coup  n’auoit  passé  tout  ou¬ 
tre  de  l’autre  part,  ne  rompu  entiè¬ 
rement  le  cuir ,  maisy  estoit  demeuré 
vne  petite  tumeur  liuide  et  noire,  de 
la  grosseur  d’vne  auelaine  :  d’abon¬ 
dant  toute  la  teste  et  le  col  luy  enflè¬ 
rent  ,  ne  la  pouuant  tourner  ,  pour  le 
sang  qui  estoit  respandu  entre  les 
muscles  du  col  :  aussi  ledit  Seigneur 
ietta  le  sang  par  le  nez  et  par  la  bou¬ 
che,  et  fut  fort  estonné  dudit  coup. 
Et  ne  veux  oublier  que  ledit  Seigneur 
Baron,  homme  fort  et  puissant,  ayant 
blessé  ledit  Bernault ,  aussi  tost  qu’il 
eut  donné  le  coup,  voulant  retirer 
l’espée ,  ne  le  peut  qu’à  grande  diffi¬ 
culté,  et  s’efforça  par  deux  diuer 
ses  fois  auparauant  que  de  la  r’auoir, 
à  cause  que  les  os  de  l’orbite  de  l’œil' 
auoient  esté  rompus  et  enfoncés  au 
dedans  par  la  grande  violence  du 
coup.  Mondit  Seigneur  le  Mareschal 
m’enuoya  prier  d’aller  en  sa  maison 
pour  penser  ledit  blessé  :  où  estant 
arriué,  le  me  recommanda  d’autant 
bonne  affection  que  si  c’eust  esté  vn 
de  ses  propres  enfans.  Adonc  ie  luy  fis 
promesse  queie  le  solliciterois  comme 
sic’estoit  sa  personne.  L’ayant  veu, 
ie  fus  d’auis  auec Paradis,  Chirurgien 
de  mondit  seigneur  le  Mareschal ,  et 


Solin  Crinel ,  chirurgien  des  bandes 
Françoises  (hommes  bien  entendus 
en  la  Chirurgie ,  pour  leurs  grandes 
et  longues  expériences,  qui  le  sollici¬ 
tèrent  auec  moy  iusques  à  ce  qu’il 
fut  du  tout  guari  )  qu’il  fust  saigné  de 
la  veine  céphalique,  du  costé  de  la 
blesseure  ;  et  en  l’œil  fut  appliqué  du 
sang  de  pigeon  (  qui  est  vn  vray  bau¬ 
me  des  yeux)  et  aux  parties  voisines 
blancs  d’œufs  battus  en  eau  rose  et 
plantain ,  et  sur  toute  la  teste  luy  fut 
faite  vne  embrocation  d’oxyrrhodi- 
num  :  puisluyfut  appliqué  vn  emplas- 
trediachalciteos  (après  luy  auoir  osté 
le  poil)  dissout  en  huile  rosat  et  vinai¬ 
gre,  pour  euiter  l’inflammation  des 
parties  intérieures  du  cerueau.  Il  luy 
fut  semblablement  fait  ouuerture  à 
l’endroit  où  le  bout  de  l’espée  n’auoit 
passé  outre,  de  laquelle  en  sortit 
bonne  quantité  de  sang  noir  et  cail- 
lebotté,  et  fut  tenue  ouuerte  tant  que 
nous  vismes  la  teste  et  le  col  tout 
desenflés  :  et  les  accidens  passés,  nous 
luy  flsmes  plusieurs  autres  choses 
que  ie  laisse  à  cause  de  briefueté.  • 
le  ne  veux  passer  sous  silence  que 
messieurs  Pigray ,  Cointeret ,  Le  Fort, 
Dioniau,  Viard,  et  Nicolas  Marc,  et 
plusieurs  autres ,  tant  Médecins  que 
Chirurgiens,  vindrent  voir  penser 
ceste  blesseure,  sans  perdre  la  veuë , 
qui  est  véritablement  chose  admira¬ 
ble.  Il  fut  guari,  grâces  à  Dieu,  en 
vingt-quatreiours ,  et  ce  sans  que  nul¬ 
le  portion  d’os  en  fust  sortie ,  qui  est 
encor  plus  esmerueillable.  Que  si 
quelqu’vn  demande  comment  cela 
s’est  peu  faire  ;  ie  luy  respondray , 
que  peut  estre  les  os  de  l’orbite  qui 
auoient  esté  poussés  au  dedans ,  peu- 
rent  aussi  estre  réduits  en  leur  lieu  , 
retirant  l’espée  au  dehors. 


DR  LA.  MVMIE. 


CHAPITRE  X. 


Le  septième  ioxir  de  luin  mil  cinq 
cens  quatre  vingts  et  deux,  le  fils  de 
Mathurin  le  Beau,  marchant  bonne¬ 
tier  ,  demeurant  rue  S.  Denys ,  à  l’en¬ 
seigne  de  la  Couronne  d’argent,  aagé 
de  vingt-six  mois  ,  estant  au  milieu 
de  la  rue,  vne  coche  chargée  de 
cinq  Gentils-hommes,  la  roue  de  do¬ 
uant  passa  au  trauers  du  corps  dudit 
enfant.  Le  peuple  criant  au  cocher 
qu’il  arrestast  ses  cheuaux ,  les  fit 
reculer  en  arriéré,  et  la  roue  repassa 
encore  vne  fois  par  dessus  le  corps 
de  l’enfant.  Il  fut  porté  en  la  maison 
de  son  pere ,  et  pensoit-on  qu’il  fust 
mort ,  et  tout  euentré.  Subit  ie  fus 
enuoyé  quérir  pour  penser  ledit  en¬ 
fant  ;  lequel  ie  reuisitay  bien  exacte¬ 
ment,  et  ne  trouuay  aucune  fracture 
ny  luxation  en  aucun  endroit  de  son 
corps.  Tout  à  l’heure  i’enuoye  quérir 
à  la  porte  de  Paris  vn  mouton  que  ie 
fis  escorcher  :  et  après  auoir  frotté 
le  corps  dudit  enfant  d’huile  rosat 
et  de  myrtille ,  ie  l’enueloppay  nud 
en  la  peau  dudit  mouton  tout  chau¬ 
dement  :  puis  luy  fis  boire  de  l’oxy- 
crat  en  lieu  de  Mu  mie  ,  pour  garder 
que  le  sang  ne  se  caillebottast  et  fi- 
geast  dedans  le  corps.  D’abondant 
ie  dis  à  la  mere ,  qu’elle  le  gardast 
de  dormir  le  plus  qu’elle  pourroil , 
pour  le  moins  quatre  ou  cinq  heures 
à  fin  que  le  sang  ne  couru.stpas  tant 
aux  parties  intérieures  du  corps  (ce 
qu’elle  fit).  En  outre  ie  luy  appliquay 
des  fomentations  d’herbes  resoiuti- 
ues,et  emplastres  propres  aux  contu- 

X  Bon  adaerthnement.  —  A.  P. 


489 

sions,  pour  résoudre  le  sang  meurtri. 
Trois  ou  quatre  iours  après,  apper- 
ceuant  que  ledit  enfant  ne  sepouuoit 
tenir  debout ,  et  moins  cheminer ,  ie 
fis  appeler  monsieur  Pietre,  Docteur 
Regent  en  la  Faculté  de  medecine, 
homme  d’excellent  .sçauoir,  qui  luy 
ordonna  quelque  petite  medecine, 
parce  qu’il  auoit  le  ventre  fort  con¬ 
stipé  :  et  craignant  que  la  rétention 
des  excremens  ne  procedast  pour  la 
lésion  de  l’espine  et  les  nerfs  qui  las- 
chent  et  estraignent  les  excremens  : 
comme  ainsi  soit  que  les  malades  qui 
ont  fracture  ou  luxation  aux  vertè¬ 
bres  ,  souuent  laissent  aller  leurs  ex¬ 
cremens  inuolontairement,autresfois 
sont  retenus  sans  les  pouuoir  ietter 
dehors,  ce  que  i’ay  veu  plusieurs 
fois  ;  ioint  aussi  que  par  vne  grande 
contusion  les  costes  se  peuuent  sépa¬ 
rer  des  vertebres,  où  elles  sont  iointes  ; 
pareillement  le  defaut  de  se  souste- 
nir  et  marcher  me  faisant  craindre 
que  ie  n’eusse  trouué  le  vice  par  la 
veuë  et  au  toucher ,  sçachant  que 
deux  yeux  voyent  plus  qu’vn  ,  ie  fis 
semblablement  appeller  lean  Coin- 
teret,  et  lacques  Guillemeau,  Chirur¬ 
giens  du  Roy,  autant  bien  entendus 
en  la  chirurgie  qu’il  y  en  ait  à  Paris  : 
où  estans  arriués  visitèrent  ledit  en¬ 
fant,  sur  lequel  ne  trouuerent  au¬ 
cune  fracture  ne  luxation.  Ainsi 
poursuiuant  la  cure  iusquesà  la  fin  , 
est  du  tout  guari ,  grâces  à  Dieu  ,  et 
chemine  comme  il  faisoit  auparauant 
qu’il  fust  blessé. 

Et  si  l’on  demande  comment  la 
roué  de  la  coche  chargée  de  cinq 
liomrnes  puisse  auoir  passé  au  trauers 
du  corps  de  l’enfant,  sans  auoir 
rompu  les  costes  et  vertebres  :  ie  res- 
pondray  que  les  costes,  et  princi¬ 
palement  les  fausses,  sont  cartila¬ 
gineuses  et  mollasses,  nommément 


DiscovÉS  lîî:  il  Mvmie. 


490 

aux  ieüneà  ehfans,  et  partant  se  peii- 
uent  grandement  ployer  SarivS  estré 
rompues.  Geste  présente  histoire  pour¬ 
ra  encore  seruir  au  ieune  Chirur¬ 
gien ,  pour  faire  le  semblable,  ou 
mieux  s’il  peut ,  à  l’endroit  de  telles 
blessures. 

Voila  comme  les  anciens  Médecins 
commandent  de  traiter  ceux  qui  sont 
tombés  de  haut ,  ou  ont  esté  frappés, 


contus  et  meurtris,  pour  obuier  quë 
le  sang  ne  se  coagule,  ou  caillebotte, 
ou  se  pourrisse,  tant  aux  parties 
intérieures  qu’exterieüres  :  lesquels 
n’ont  iamais  parlé,  ny  ordonné  à  man¬ 
ger  ny  à  boire  de  la  Mumie  ^  et  chair 
des  corps  morts.  Partant  nous  la  ren- 
uoyerons  en  Egypte  ,  comme  nous 
ferons  de  la  Licorne  aux  deserts  inac¬ 
cessibles. 


BISCOVRS 

DE  LA  LICORNE 


CHÀPITRË  î. 

INTRODVCTION  DE  l’aVTHEŸR  t  DESfcÉiPÎ 
TION  DE  LÀ  LICORNE. 

Pàrcè  que  plusieurs  s’estiment  bien 
asseurés  et  munis  contre  la  peste,  et 
toutes  sortes  de  poisons  et  venins , 

‘J’ai  déjà  dit  plus  haut  (voyez  pages  284  et 
349)  que  l’édiiioh  de  1579  contenait  à  lafindu 
livre  des  Venins  un  chapitre  isolé  intitulé  : 
bishoirs  àé  la  ticoi-ne,  ^ui  était  Coihilie  la 
préiiliëte  ébâÜchë  de  fcélüi-ci.  Ort  en  re¬ 
trouvé  en  èffét  le  texte  ëparjjillé  daiis  di¬ 
vers  chapitres,  où  j’aurai  soin  de  le  signa¬ 
ler  dans  mes  notes.  Quant  au  texte  actuel , 
il  est  presque  absolument  resté  dans  les 
grandes  éditions  tel  qu’il  avait  paru  dans 
l’édition  particulière  de  1582;  seulement  il 
convient  de  dire  que  quelques  chapitres  ont 
été  empruntés  au  livre  de*  Monstres  de;  1579, 
comme  je  le  noterai  en  temps  et  lieu.  Voyez 
d’ailleurs  l’appendice  des  Monstres  marins, 
terrestres  et  volatiles ,  à  la  fin  de  ce  volume. 

11  reste  à  ajouter  un  mot  touchant  les  fi¬ 
gures  que  j’ai  supprimées.  Elles  étaient  au 
nombre  de  dix ,  savoir  :  le  Camphur,  Y  Elé¬ 
phant ,  le  Uhinoceros)  combat  du  Rhinocé¬ 
ros  contre  l’ Eléphant,  le  Taureau  de  la  Flo¬ 
ride,  le  Pirassoipi,  Y  Eléphant  de  mer,  le 
poisson  Caspilly  ,  \e  poisson  Vletif,  \e  poisson 
ayant  la  leste  d’vn  porc  sanglier;  dont  sept 
avaient  été  empruntées  au  livre  des  Mons¬ 
tres  de  1572  et  1579.  J’ai  essayé  du  moins  de 
garder  les  titres  que  Paré  donnait  à  ces 


par  le  moyeti  de  la  cOrbë  de  Licorne 
ou  Mohocerôs,  prise  èn  poudre  ou  en 
infurion  :  f  ày  ^lensé  faire  chose  ag- 
greable  et  profitable  au  public,  si 
par  ce  discours  i’ëxamihë  ceste  Opi¬ 
nion  tant  iniietérëe*,  ël  iotiiesfois 
fort  incertaine. 

Premièrement  on  entend  par  ce 

figures ,  en  les  érigeant  en  titres  de  chapi¬ 
tres,  et  pour  d’autres  chapitres  je  me  suis 
sèrvi  dans  le  mèrtié  but  de  certaines  dotés 
ifiâi'ginàtës.  tl  faut  donc  Savoir  que  dans 
iCs  anbiehnes  éditions  Ü  h’y  âvait  pas  dé  ti¬ 
tres  de  chapitres,  mais  que  ceux  qu’ort  trou¬ 
vera  dans  celie-ci  sont  bien  du  texte  de  Pa¬ 
ré;  à  ce  point  que  quand  les  notes  margi¬ 
nales  m’ont  manqué,  je  n’ai  pas  voulu  y 
suppléer. 

2  Ce  premier  paragraphe  est  copié  jus¬ 
qu’ici  textueilement  du  chapitre  de  1579; 
mais  celui-ci  ajoutait  ce  qui  suit,  qui  s’é¬ 
carte  assez  de  la  rédaction  actuelie. 

«  Quoy  faisant  nous  nous  proposerons  trois 
principaux  poincts,  auecques  (il  faut  sans 
doute  suppléer  lesquels)  nous  rapporterons 
toutes  noz  recerches.  Le  premier  sera  de  la 
signification  du  mot  de  Licorne,  (il  faut  en¬ 
core  ici  suppiéer  le  second ,  )  sçauoir  si  c’est 
chose  qui  soit  vrayement  en  nature,  ou  seu¬ 
lement  ymaginee  :  c’est-à-dire  s’il  y  a  quel¬ 
que  beste  du  nom  de  Licorne.  La  troisiesme 
si  ia  corne  d’icelle  peut  auoir  quelque  vertu 
et  propriété  contre  les  venins. 

»  Or  quant  au  premier,  le  mot  de  Licorne 
ne  signifie  autre  chose  que  beste  à  vne 


DISCOVRS 


49*2 

mot  de  Licorne,  vne  boste  naissante 
en  fort  lointain  pays,  ayant  vne  seule 
corne  au  front,  qui  est  prise  comme 
chose  miraculeuse  contre  tous  ve¬ 
nins,  et  fort  estimée  des  Rois,  Princes, 
et  grands  Seigneurs,  et  mesme  du 
vulgaire.  Les  Grecs  l’appellent  Mono- 
cei  ox,  et  les  Latins  Vnicornis.  Et  de 
pouuoir  dire  et  asseurer  à  la  vérité 
quelle  est  ceste  beste,  il  est  fort  diffi¬ 
cile,  mesme  que  aucuns  doutent  que 
ce  ne  soit  vne  chose  fausse,  et  con- 
Irouuée  par  le  vulgaire,  laquelle 
auec  le  temps  soit  venue  en  opinion: 
et  que  quelqu’vn  en  peut  auoir  es- 
crit,  soit  par  simplicité  ou  délecta¬ 
tion  ,  voulant  emplir  ses  liures  de 
choses  merueilleuses  et  extrauagan- 
tes,  se  souciant  bien  peu  si  elles  es- 
toient  vrayes  ou  fausses.  De  fait ,  la 
description  de  ladite  Licorne  porte 
auec  soy  vne  doute  manifeste,  veu 
que  les  vns  disent  que  c’est  vne  beste 
inconneuë  et  estrange,  et  qu’elle  naist 
aux  Indes ,  les  autres  en  Æthiopie , 
d’autres  és  terres  Neufues,  les  autres 
és  deserts  :  dont  on  peut  coniecturer 

corne,  comme  si  on  vouloit  dire  vnicorne : 
car  mesmes  les  Latins  ont  appellé  ceste  sorte 
de  beste  vnicornis ,  et  les  Grecs  Monoceros, 
conformant  au  mot  latin  et  françois. 

>>  Et  quant  au  second  ,  il  me  semble ,  sauf 
meilleur  iugement,  que  la  Licorne  est  plus- 
tost  chose  imaginée ,  que  vraye  et  natu¬ 
relle  :  mes  raisons  sont  qu’il  ne  se  trouue 
auiourd’huy  homme  qui  ayant  voyagé  et 
recerché  curieusement  tout  le  monde,  se 
vante  en  auoir  veu.  Mesmes  les  Romains 
apres  auoir  subiugué  toutes  les  naiions ,  cu¬ 
rieux  des  choses  rares,  s’ils  eussent  ouy  par¬ 
ler  de  ceste  beste,  ils  en  eussent  bien  rccou- 
uert  et  mis  en  leurs  monnoye  et  médaillés , 
comme  ils  ont  fait  des  Crocodiles,  Elephans, 
aigles,  Panthères,  lions,  tigres,  et  autres 
estranges  animaux.  » 

On  retrouvera  ce  dernier  argument  re¬ 
produit  et  amplifié  au  chap.  3. 


(comme  dit  André  Marin ,  Médecin 
Ires-docle  de  Venise,  au  liure  qu’il  a 
fait  de  la  fausse  opinion  de  la  Licorne  *) 
que  ce  peu  de  connoissance  qne  l’on 
en  a  eu  iusques  à  présent  en  nostre 
Europe,  comme  d’vne  chose  estrange, 
a  esté  donnée  par  gens  Barbares,  les¬ 
quels,  comme  il  appert,  nont  peu 
dire  autre  chose  sinon  qu’elle  naist 
és  deserts  ,  et  qu’elle  est  solitaire ,  et 
hante  les  lieux  inaccessibles,  et  par¬ 
tant  que  c’est  vne  chose  qui  se  voit 
fort  rarement.  Qui  demonstre  assez 
que  ces  gens  là  n’en  sçauent  rien  au 
vray ,  et  qu’ils  n’en  parlent  que  par 
opinion  et  par  oüyr  dire. 


CHAPITRE  11. 

VARIÉTÉS  d’opinions  TOVCHANT  LA  DES¬ 
CRIPTION  DE  LA  LICORNE. 

D’auantage  les  autheurs  qui  en 
ont  escrit  du  commencement  estoient 
fort  peu  renommés,  et  n’en  faisoit-on 

‘  L’édition  de  1582  portait:  {comme  dit 
^ndré  Baccy ,  Médecin  1res  docte  ,  en  son  li¬ 
ure  De  la  nature  delà  Licorne).  Au  chap.  14, 
Paré  dit  qu’ André  Baccy  était  de  Florence; 
puis ,  dans  sa  Répliqué  (  voyez  à  la  fin  de  ce 
Discours),  il  dit  également  que  Marin  était 
de  Florence,  en  sorte  qu’il  semble  les  pren¬ 
dre  l’un  pour  l’autre  et  en  parler  confusé¬ 
ment.  11  est  essentiel  de  rétablir  les  faits. 
André  Baccy,  qui  n’était  point  de  Florence, 
mais  de  Milan ,  avait  publié  à  Rome,  vers 
15fi0  (  la  date  est  incertaine),  un  ouvrage  in¬ 
titulé  ;  Discorso  dell’alicorno ,  délia  natura 
dell’ alicorno ,  eldelle  sue  eccellentissirne  viriù. 
Ce  livre  lut  traduit  en  latin,  disent  les  bi¬ 
bliographes,  par  André  Marin,  ou  Marini, 
et  la  traduction  publiée  à  Venise  en  I6GC. 
Je  n’ai  point  vu  cette  traduction;  mais, 
d’après  le  texte  de  Paré,  il  faut  bien  croire 
que  Marin  ne  s’était  point  contenté  de  tra- 


DE  LA.  LICORNE. 


pas  grand  cas.  Car  le  premier  qui  en 
a  escrit  (comme  on  peut  voir  en  Pline 
au  liure  8.  cha  21.)  fut  Ctesias,  du¬ 
quel  Aristote,  en  son  liure  8.  de  son 
histoire  des  Animaux,  chapitre  28., 
parle  comme  d’vn  autheur  peu 
croyable.  Or  touchant  Ælian,  il  sem¬ 
ble  qu’il  en  doit  auoir  parlé  à  la  vé¬ 
rité,  comme  ne  faisant  profession  que 
de  parler  des  animaux  :  et  toutesfois 
l’on  voit  qu’il  est  en  doute,  en  parlant 
tousiours  en  ces  termes  :  on  dit,  ils 
disent ,  on  entend.  Et  ce  parce  que 
tous  les  autheurs  qui  en  ont  escrit 
iusques  à  présent,  en  ont  tous  parlé 
diuersement.  De  fait,  que  comme  ils 
sont  différons  en  la  description  des 
lieux  où  naist  ladite  Licorne ,  ainsi 
sont  ils  de  la  forme  d’icelle.  Les  vns 
disent  qu’elle  ressemble  à  vn  cheual, 
les  autres  à  vn  asne,  les  autres  à  vn 
cerf,  les  autres  à  vn  éléphant,  autres 
à  vn  rhinocéros  ,  autres  à  vn  leurier 
d’attache.  Bref,  chacun  en  dit  ce  qu’il 
en  a  ouy  dire,  ou  ce  qu’il  luy  plaist 
de  controuuer.  Les  vns  en  font  deux 
especes,  d’autres  trois.  Il  y  en  a  qui 
disent  qu’elle  a  la  corne  du  pied  en¬ 
tière  comme  celle  d’vn  cheual,  autres 
fendue  comme  celle  d’vne  chéure , 
autres  comme  d’vn  éléphant,  comme 
Pline  et  Ælian.  Or  lesdits  autheurs 
ne  discordent  pas  seulement  pour  le 
regard  des  lieux  de  la  naissance,  ny 
de  la  forme  de  ladite  Licorne ,  mais 
aussi  en  la  description  de  la  corne 
d’icelle.  Car  les  vns  la  figurent  noire, 
les  autres  de  bay  obscur,  et  qu’elle 
est  blanche  en  bas  et  noire  en  haut. 
Vn  autre  dit  que  vers  le  haut  elle  tire 

(luire  le  Discours  de  Baccy,  et  qu’il  avait 
pris  à  tûclie  de  le  réfuter.  Quoi  qu’il  en  soit, 
c’est  sans  doute  pour  avoir  pris  d'abord  le 
réfutateur  pour  l’auteur  que  Paré  a  été  ainsi 
obligé  de  changer  un  nom  pour  l’autre. 


493 

sur  le  pourpre ,  vn  autre  qu’elle  est 
polie,  et  d’autres  que  depuis  le  haut 
iusques  en  bas  elle  est  rayée  tout  à 
l’entour,  comme  vne  coquille  de  lima  - 
çon,  par  vn  artifice  tres-beau.  Plus, 
les  vns  la  descriuent  moins  large,  les 
autres  plus  longue.  Conclusion  ,  tous 
different,  tant  les  anciens  que  les 
modernes  :  mesmes  ils  se  sont  trou- 
ués  confus  en  l’experience  de  plu¬ 
sieurs  cornes  prétendues  de  Licornes, 
qui  se  trouuent  és  thresors  des  Roys 
et  Princes  Chrestiens,  en  ce  que  les- 
dites  cornes  ne  se  sont  trouuées  tou 
tes  propres  à  vn  mesme  vsage  :  mais 
en  certaines  choses  ils  ont  trouué 
vray  ce  qu’en  ont  dit  les  anciens,  et 
en  beaucoup  d’autres,  non  L 

Et  ce  qui  en  fait  douter  d’auantage, 
ce  sont  les  promesses  excessiues  et 
effroyables  que  quelques-vns  met¬ 
tent  en  auantde  ceste  corne  contrôla 
peste,  le  spasme,  mal  caduc,  lafiéure 
quarte ,  la  morsure  des  chiens  enra¬ 
gés,  vipères,  et  piqueures  de  scor¬ 
pions  ,  et  contre  tous  venins.  Et  pour 
le  faire  croire  aux  Princes ,  iis  disent 

1  Cette  argumentation  était  déjà  traitée  en 
1579  de  la  manière  suivante  : 

«  Quand  à  ceux  qui  ont  escrit  de  la  Li¬ 
corne  ,  ou  par  ouïr  dire,  ou  par  fantaisie,  à 
peine  s’en  trouuera-il  deux  qui  s’accor¬ 
dent  ensemble ,  soit  en  la  description  du 
corps,  soit  en  la  description  des  meurs  et 
conditions  de  la  beste.  Pline  dict  les  Licor¬ 
nes  auoir  entièrement  le  corps  comme  vn 
cheual  :  (  c’est-à-dire  ,  comme  Cardan  ,  de 
grandeur  d’vn  cheual),  la  teste  et  les  piedz 
d’Elephant,  la  queue  de  Sanglier,  et  vne 
corne  au  milieu  du  front,  qui  est  de  deux 
couldees  de  long.  Munster,  qui  comme  dict 
Matheole,  n’a  iamais  veu  Licornes  qu’en 
painture,  etc.  >» 

Cette  citation  de  Munster,  suivie  d’une 
autre  de  Cardan  et  d’une  troisième  d’André 
Theuet,  se  retrouvera  presque  textuellement 
au  chap.  4. 


DISCOVRS 


494 

qu’il  n’est  besoin  en  prendre  par  la 
boiiclje,  comme  l’on  fait  delà  thé¬ 
riaque  et  autres  alexiteres  preserua- 
tifs,  mais  qu’il  suffit  que  ceste  corne 
soit  tenue  seulement  à  l’opposite  du 
lieu  où  sera  le  venin ,  et  que  subit  le 
veniri  se  decouure.  Et  pour  faire 
croire  ces  miracles  ,  ils  se  veulent 
preualoir  de  quelques  tesmoignages  1 
des  anciens  %  que  les  Rois  d’Indie 
faisoient  faire  des  tasses  de  cer¬ 
taines  cçrnes,  où  personne  qu’eux 
ne  b.euuoit ,  et  que  par  ce  moyep  ils 
s’asseuroient  d’esti  e  exempts  de  tou¬ 
tes  maladies  incurables  :  et  que  le 
iour  qu’ils  auoient  beu  dans  ces  tas¬ 
ses  ,  ils  ne  deuoient  craiqdre  aucun 
venin,  ny  autres  aduersités.  Bref, 
vne  infinité  d’autres  promesses  im¬ 
possibles,  lesquelles  d’autant  qu’elles 
excédent  toute  creance  humaine  , 
d’autant  donnent -elles  occasion  à 
ceux  qui  ont  quel<jue  peu  d’esprit  de 
tenir  pour  faux  tout  le  reste  qui  en  a 
esté  dit  et  escrit. 


CHAPITRE  IIL 

Quelques-uns  pourroient  penser , 
veu  la  conformité  de  ces  deux  noms, 
Rhinocéros  et  Monoceros ,  c’est  à  dire 
Licorne ,  que  ce  fust  tout  vn.  Mais  si 
cela  estoit  vray ,  il  n’y  auroit  desia 
plus  de  doute  qu’il  ne  fust  des  licor¬ 
nes  :  d’autant  qu’if  est  tout  certain 
que  le  Rhinp.ceros  aesté  veu  plusieurs 
fois  aux  spéqtacles  publiques  des  Ro¬ 
mains.  Que  si  c’est  yn  autre  animal 
different ,  comme  il  est  à  présuppo¬ 
ser,  il  sourd  vne  autre  difficulté  plus 
grande.  Car  parmy  tant  d’animaux 

‘  Philostrate,  chap.  1.  liu,  3.  —  A.  P. 


que  l’on  menoit  dp  toutes  les  parties 
du  monde  és  merucilleux  spectacles 
de  Rome ,  il  ne  se  trouuo  point  que 
l’on  ait  iamais  veu  vne  seqle  licorne. 
Et  quand  rjjmphilheatre  de  Diocle- 
tian  fut  dédié,  l’on  y  mena  pareille¬ 
ment  de  toijs  cpstés  yn  bjien  grand 
nombre  d'animaux  fort  pstranges,  ef 
ne  Ht  on  point  qu’il  se  soit  fait  iamais 
vne  plus  grande  recherche  qu’au 
temps  de  Gordian.  Car  voplanttriom- 
pher  des  Perses,  et  pelehrer  la  feste 
seculiere  pour  ceste  année  glorieuse, 
qui  estoit  mil  ans  après  j’edificalion 
de  Rome,  que  Philippe  premier,  Enot- 
pereur  chrestien  s,pn  successeur,  a  de¬ 
puis  encore  cefebré ,  il  y  fit  conduire 
desOurs,  des  Ljions,  des  grands  . Cerfs, 
des  Rhinocéros,  Taureaux  sauuages. 
Sangliers  ,  Chameaux ,  Efephans,  Ti¬ 
gres,  Ellens,  Porcs-espics,  Ciuettes, 
Crocodiles,  Cheuaux  sauupges  e,t  ma¬ 
rins,  appellés  Hippopotames,  et  au¬ 
tres  innumerables  api  maux  cruels  e,t 
farouches,  dont  la  plus  part  se  troupe 
és  deserts  de  l’Egypte,  et  ésisles  loin¬ 
taines  :  entre  lesquels  fut  grand  mer- 
ueille  que  la  Licorne  ne  fut  point 
amenée  auec  les  a^utres  animaux. 
Quand  Gordian  voulut  triompher  des 
Perses,  la  Licorne  n’y  estoit,  et  ne 
precedoit  tous  les  autres  animaux  à 
cause  de  sa  rareté,  si  elle  se  trouue, 
comme  l’on  dit ,  en  ces  costés  là  :  qui 
me  fait  croire  que  la  licorne  se  trouue 
bien  rarement.  Et  semble,  à  voir  ceste 
variété  d’opinion  entre  les  autheurs 
qui  en  ont  escrit,  attendu  aussi  les 
promesses  excessiues  et  incroyables 
(compie  ^  esté  dit)  de  Ælian  et  autres, 
que  ce  soit  vne  chose  fabuleuse. 

Cest  argument  aussi  pris  des  triom¬ 
phes  des  Empereurs,  seroitpar  moy 
mal  conduit,  et  ne  concluroit  pas,  s’il 
n’ estoit  prouué,  comme  ie  fais  après 
au  7.  chap.  de  ce  traité,  par  l’aulho- 


DE  LA  LICORNE. 


rité  de  Pausanias,  que  Monoceros  et 
llhinoperos  sout  diuers  animaux.  Par- 
quoy  pe  seroit  alléguer  faux  contre 
moy,  qu’il  y  ,eust  des  licornes  eu  ces 
triomphes,  pourpe  qu’ou  y  \'it  des 
rhifloperos,  qui  sout  autres  animaux 
que  lalicopue  :  yeu  que  leyhiupceros 
,a  deux  cornes,  ryueau  uez  et  l’autre 
sur  le  dos,  au  dire  de  Pausanias  :  et  la 
licorne  n’en  a. qu’vue,  comme  monstre 
le  nom  Monoceros. 


CHAPITRE  IV. 

Aucuns  sont  d’opinion  que  la 
corne  que  l’on  monstre  pour  corne  | 
de  licorne,  est  vne  dent  de  Rohart,  i 
qui  est  vu  poisson  de  mer.  Autres  di-  ‘ 
sent  que  l’on  ne  peut  iamais  prendre  ^ 
yiue  la  licorne  :  d’autres  dient  en 
auoir  veu  vne  troupe ,  comme  l’on 
voit  icy  les  moutons  Partant  ces  cho¬ 
ses  considérées,  le  lecteur  en  croira 
,ce  qu’il  voudra.  Et  quant  à  moy,  ie 
croy  que  la  Licorne  n’a  epcores  esté 
descouuerte,  ou  pour  le  moins  .bien 
rarement,  et  que  ce  n’est  qu’vue  im¬ 
posture  de  vendre  tant  de  .cornes  de 
Licorne  que  l’on  fait  accroire,  comme 
l’on  en  peut  tirer  de  grandes  coniec- 
tures  de  ce  que  ie  dii’ay  cy  après. 

jEneas  Siluius  Picolomini,  qui  a  esté 
depuis  Pape  Pie  second,  en  son  liure 
de  l’Ane  cbap.  10.  escrit  de  l’authorité 
d’vn  Nicolas  Venetien,  que  vers  la  fin 
d’Asie,  en  vne  prouince  nommée  Mar- 
cino,  entre  les  montagnes  de  l’Indie 
et  de  Cathay,  il  se  trouue  vn  animal 
qui  a  la  teste  comme  vn  porc,  la  queue 
comme  vn  bœuf,  de  couleur  et  gran¬ 
deur  d'vn  éléphant,  auec  lequel  il  a 
YneperpelueUe  inimiUti,  portant  vne 


490 

seule  corne  au  front  d’vne  coudée 
de  long,  laquelle  est  fort  prisée  en  ces 
régions  là,  pour  estre  (comme  ils  di¬ 
sent)  bonne  centre  tous  venins. 

Marc  Paul  Venetien  en  tesmoigne 
de  mesme,  lequel  a  demeuré  long 
temps  au  seruicedu  grand  Cham  de 
Tartarie,  où  il  a  fait  plusieurs  voya¬ 
ges  lointains  en  Indie  :  et  eptre  les 
autres  choses  dignes  de  mémoire ,  il 
escrit  qu’au  royaume  de  Basine,  où 
les  gens  sont  du  tout  barbares  et 
brutaux,  la  licorne  se  trouue,  qui  est 
vue  beste  sans  proportion  peu  moin¬ 
dre  qu’vn  éléphant,  ayant  la  teste 
semblable  à  vn  pourceau,  et  si  pe¬ 
sante,  que  tousioùrs  la  tient  basse  ef 
courbée.  Elle  aime  à  dLeiùeurer  à  la 
fange,  ayant  vne  seule  cp.rne  au  mi¬ 
lieu  du  front,  de  couleur  noire  ,  et 
longue  de  deux  coudées. 

Aloysius  Cadamustus,  en  sa  Naui- 
gation  ,  chap.  5,  dit  qu’en  vpe  cer¬ 
taine  région  des  terres  neuues  l’on 
trouue  des  licornes,  que  l’on  prend 
yiues. 

/  Louys  de  Berlhame,  Espagnol,  en 
son  voyage  d’Æthiopieet  mer  bouge, 
descrit  auoir  veu  en  ,1a  Mecque,  cité 
principale  de  rArabie,  dedans  le  sé¬ 
rail  d,u  Roy ,  deux  licornes  ,  l’vne 
semblable  à  vp  cheual  de  trente  mois, 
et  l’autre  à  vn  po.ulain  d’vn  au,  ayant 
chacune  vne  corne  au  front,  l’vne  de 
trois  brassées  de  long,  et  l’autre  de 
deux,  ayant  la  couleur  d’vn  chenal 
bay,  la  leste  de  cerf,  le  col  court,  peu 
de  crins ,  les  iambes  menues,  l’ongle 
fendu  comme  vne  chéure. 

Pline  dit  que  la  corne  de  licorne 
est  noire,  solide,  et  non  creuse  par  le 
dedans.  Solinus  et  certains  autres  au- 
theurs  la  descriuent  de  couleur  de 
pourpre,  et  non  noire. 

Or  pour  le  désir  que  i’ay  touiours 
eu  de  sgauoir  la  vérité  touchant  ce 


DISCOVUS 


que  Fou  pourroil  souhaiter  de  la 
Licorne,  sçachant  que  Louis  Paradis , 
Chirurgien  natif  de  Vitry  en  Partois  , 
à  présent  demeurant  en  ceste  ville  de 
Paris,  auoit  long  temps  voyagé,  ie  le 
priay  me  dire  s'il  n’auoit  point  veu 
de  licornes.  Il  me  dit  qu'il  en  auoit 
veu  vne  en  Alexandrie  d’Ægypte ,  et 
vn  éléphant  au  logis  du  gouuerneur 
de  la  ville,  que  le  Prestre-Iean  en- 
uoyoit  au  Grand-soigneur,  de  gran¬ 
deur  d’vn  grandleurier  d’attache,  non 
si  gresle  par  le  corps.  Son  poil  estoit 
de  couleur  de  Castor,  fort  lissé,  le 
col  gresle,  petites  oreilles,  vne  corne 
entre  les  deux  oreilles  fort  lissée ,  de 
couleur  obscure,  bazanée,  de  lon¬ 
gueur  d’vn  pied  de  Roy  seulement, 
la  teste  courte  et  seiclie,  le  rauffle 
rond,  quasi  semblable  à  celuy  d’vn 
veau,  les  yeux  assez  grands,  ayant 
vn  regard  fort  farouche ,  les  iambes 
seiches,  les  pieds  fendus  comme  vne 
biche ,  la  queue  ronde  et  courte 
comme  celle  d”vn  cerf.  Elle  estoit 
toute  d’vne  mesme  couleur,  fors  vn 
pied  de  deuant,  qui  estoit  de  couleur 
iaune.  Son  manger  estoit  de  lentilles, 
pois,féues,  mais  principalement  des 
cannes  de  succre.  Ce  fut  au  mois  d’A- 
uril  mil  cinq  cens  soixante  et  treize. 
Il  s’enquist  par  vn  truchement  de 
ceux  qui  auoient  amené  ladite  licorne, 
s’il  y  auoit  beaucoup  de  pareils  ani¬ 
maux  en  ceste  prouince.  On  lui  fit 
response  qu’ouy,  et  que  c’estoit  vn 
animal  fort  furieux  et  très- difficile  à 
prendre,  principalement  lors  qu’il  est 
en  rut,  et  que  les  habitans  du  pays  le 
craignent  plus  que  nul  autre  animal 
feroce.  Ledit  Paradis  affirme,  qu’ils 
luy  montreront  vn  fragment  de  corne 
de  licorne ,  qui  estoit  comme  de  cou¬ 
leur  du  dedans  d’vne  piece  de  rheu- 
barbe  fraichement  rompue. 

Albert  escril  auoir  veu  vne  corne 


de  licorne,  et  mesme  manb'c  de  S'^ 
main  propre,  large  en  sa  base  d’vne 
palme  et  demie,  et  en  diamètre  large 
de  dix  pieds,  sans  aucune  raye,  et  au 
demeurant  semblable  à  vne  corne  de 
cerf.  Et  par  la  proportion  de  ceste 
longueur  et  grosseur,  si  nous  consi¬ 
dérons  la  grandeur  de  la  teste  qui 
doit  produire  et  soustenir  vne  si  des¬ 
mesurée  corne ,  et  venans  par  là  à 
coniecturer  quel  doit  estre  tout  le 
corps  ,  nous  serons  contraints  de  con¬ 
fesser  que  cest  animal  doit  estre  aussi 
grand  qu’vn  grand  naulre,  et  non 
comme  vn  éléphant.  Quant  à  moy,  ie 
croy  que  ceste  corne  doit  estre  quel¬ 
que  corne,  os,  ou  areste  de  quel¬ 
que  monstre  marin  merueilleusement 
grand. 

Munster ,  lequel  (  comme  dit  Mat- 
thiole)  n’a  iamais  veu  de  licornes 
qu’en  peinture,  dit  icelles  estre  sem¬ 
blables  non  à  vn  chenal ,  mais  à  un 
poulain  de  trois  mois ,  ayans  les  pieds 
non  semblables  à  ceux  d’vn  éléphant, 
mais  fendus  comme  ceux  d  vne  ché- 
ure  :  au  reste ,  portant  vne  corne  es- 
leuée  au  front,  noire,  et  longue  de 
deux  ou  trois  coudées.  Quant  à  la 
beste ,  elle  est  de  couleur  d’vne  be¬ 
lette,  ayant  la  teste  comme  vn  cerf, 
le  col  non  pas  fort  long,  et  garni  de 
peu  de  crins,  pendans  seulement  d’vn 
costé  :  les  iambes  greslcs  et  minces , 
les  cuisses  heronnieres ,  fort  couuer- 
tes  de  poil.  Toutesfois  Cardan  ,  con¬ 
tredisant  à  tous  deux ,  dit  ceste  beste 
porter  au  milieu  du  front  vne  corne 
longue  non  de  deux  ou  trois  coudées, 
mais  de  deux  ou  trois  doigts  seule¬ 
ment. 

André  Theuet  en  sa  Cosmographie , 
de  l’authqrilé  et  récit  d’vn  Sangiac , 
Seigneur  Turc,  fait  mention  d’vne  li¬ 
corne  veuë  par  ledit  Seigneur ,  grande 
comme  vn  taureau  de  cinq  ou  six 


UE  LA  LICÔKIVE. 


mois ,  portant  vne  seule  corne  droit 
au  sommet  de  la  teste,  et  non  au 
front,  ainsi  que  l’on  dit  des  autres, 
ayant  les  pieds  et  iambes  peu  diffe¬ 
rentes  des  asnes  de  nostre  Europe , 
mais  le  poil  long ,  et  les  oreilles  sem¬ 
blables  à  celles  d’vn  rangifere  L 
Gardas  ab  Horto ,  Médecin  fort  cé¬ 
lébré  du  Viceroy  d’Indie,  dit  qu’au 
promontoire  du  cap  de  Bonne-Espe- 
rance ,  l'on  a  veu  vn  animal  terrestre, 
lequel  aussi  se  plaisoit  d’estre  dedans 
la  mer ,  ayant  la  leste  et  la  perruque 
d’vn  cheual ,  et  vne  corne  longue  de 
deux  palmes ,  qui  est  mobile ,  laquelle 
il  tourne  à  son  plaisir ,  tantost  àdex- 
tre ,  tantost  à  seneslre ,  en  haut  et  en 
bas.  Cest  animal,  dit- il ,  combat  con¬ 
tre  les  elephanstres-cruellement.  La 
corne  d’iceluy  est  fort  recommandée 
contre  les  venins. 

Du  Camphur  ,  animal  amphibie. 

André  Theuet,  en  sa  Cosmographie , 
dit  qu’il  s’entrouuevnaulreenÆlbio- 
pie  presque  semblable ,  nommé  Cam¬ 
phur  ,  en  l’isle  de  Moluque ,  qui  est 
amphibie,  c’estàdire  viuant en  l’eau 
et  en  la  terre ,  comme  le  crocodile. 
Geste  beste  est  de  grandeur  d’vne  bi¬ 
che  ,  ayant  vne  corne  au  front ,  mo¬ 
bile,  de  longueur  de  trois  pieds  et 
demy ,  de  grosseur  comme  les  bras 
d’vn  homme ,  plein  de  poil  autour  du 
col ,  tirant  à  la  couleur  grisastre. 
Elle  a  deux  pattes  comme  celles  d’vne 
oye ,  qui  luy  seruent  à  nager ,  et  les 
autres  deux  pieds  de  deuant  comme 
ceux  d’vn  cerf  ou  biche  :  et  vit  de 
poisson.  11  y  en  a  quelques-vnsquise 
sont  persuadés  que  c’estoil  vne  espece 
de  Licorne,  et  que  sa  corne  est  fort 

>  Les  deux  paragi'aphes  qui  précèdent  se 
lisaient  déjà  dans  le  chapitre  de  Voir 
la  note  de  ia  page  191. 

Jll. 


497 

riche  et  excellente  contre  les  ve¬ 
nins  ». 

Or  il  y  a  plusieurs  autres  animaux 
marins  qui  n’ont  qu’vne  seule  corne  , 
et  beaucoup  d’autres  animaux  terres¬ 
tres  :  car  on  a  veu  des  cheuaux,  ché- 
ures,  et  daims,  pareillement  des  tau¬ 
reaux,  vaches,  et  asnes,  auoir  vne 
seule  corne.  Parquoy  Monoceros  ou 
Vnicorne  est  vn  nom  qui  conuient  à 
tout  animal  qui  n’a  qu’vne  seule 
corne.  Or  considérant  la  variété  des 
escriuains ,  et  des  cornes  qui  sont  tou¬ 
tes  differentes  les  vnes  des  autres , 
l’on  peut  croire  véritablement  qu’el¬ 
les  sont  dediuerses  bestes  engendrées 
en  la  mer  et  en  diuerses  contrées  de 
la  terre.  Et  pour  la  renommée  des 
vertus  qu’on  attribue  à  la  Licorne, 
chacune  nation  se  plaist  à  luy  donner 
le  nom  de  Licorne  2, 


CHAPITRE  V. 

IdatzAga,  orateur  de  Soliman,  at¬ 
teste  auoir  veu  en  l’Arabie  deserte 
des  Licornes  courantes  çà  et  là  à 

1  Ce  paragraphe  a  été  emprunté  au  livre 
des  Monstres  de  1579,  ainsi  qu’une  méchante 
figure  que  j’ai  supprimée.  Voyez  l’Appen¬ 
dice,  à  la  ün  du  volume.  L’animal  était 
alors  appelé  Camphurch-,  et  après  sa  des¬ 
cription,  Paré  ajoutait  : 

«  Le  roy  de  l’isle  porte  volontiers  le  nom 
de  ceste  beste,  comme  les  autres  seigneurs 
des  plus  grands  apres  le  Roy  prennent  le 
nom  de  quelque  autre  beste  :  les  vns  des 
poissons,  les  autres  des  fruicts,  comme  nous 
a  laissé  peint  et  descrit  André  Theuet  en  sa 
Cosmographie.  » 

Et  en  marge  :  Lia.  12.  chapitre  5.  tome  1. 

2  Ce  paragraphe  manque  dans  l’édition 
de  1582,  et  date  de  1585. 

02 


^q8  discovrs 


grands  troupeaux.  Quant  à  moy ,  ie 
croy  que  c’estoient  plustostdes  daims 
ou  chéures  de  ce  pays-là ,  et  non  des 
licornes. 

Philostrate  en  la  vie  d’Apollonius 
Tyaneus,  chapitre  1.  liure  3.  dit , 
qu’aux  marests  voisins  du  fleuue 
Phasis  se  trouuent  des  asnes  sauna¬ 
ges,  portans  vne  corne  au  front,  auec 
laquelle  ils  eombattent  furieusement 
comme  taureaux  ;  de  laquelle  corne 
les  Indiens  font  des  tasses  qui  garan¬ 
tissent  l’homme  de  toute  sorte  de  ma¬ 
ladie  le  iour  qu’il  y  a  beu ,  et  s’il  est 
blessé  ce  iour  là,  il  ne  sent  aucune 
douleur.  D’auantage  il  peut  passer 
par  ie  trauers  d’vn  feu  sans  se  brusler 
nullement  *.  Mesme  il  n’y  a  venin  ny 
poison  beu ,  ou  autrement  pris ,  qui 
lu  y  puisse  nuire  :  et  que  pour  ceste 
cause  il  n’y  a  que  les  llois  quiboiuent 
dans  lesdiles  tasses  :  de  fait  que  la 
chasse  desdits  asnes  n’est  permise 
qu’aux  Rois  du  pays  :  et  dont  on  dit 
qu’ Apollonius ,  philosophe  graue ,  re¬ 
garda  curieusement  ceste  beste  sau¬ 
nage  ,  et  auec  grande  admiration  con¬ 
sidéra  sa  nature.  Quoy  voyant  Damis, 
luy  demanda  s’il  croyoit  ce  qu'on  di¬ 
soit  de  la  vertu  desdites  tasses  :  le  le 
croiray ,  dit-il ,  quand  i’eutendray  que 
le  Roy  de  ce  pays  sera  immortel.  Res- 
ponse  que  ie  délibéré  d’oresnauant 
faire  à  tous  ceux  qui  me  demande¬ 
ront  si  ie  croy  ce  que  l’on  dit  des  ver¬ 
tus  de  la  corne  de  Licorne. 

1  Cxoyçz  ce  porteur.  —  A.  P.  —  Cette  note 
ne  se  lit  que  dans  l’édition  de  1582. 


CHAPITRE  VI. 


Discosn  DES  AVTHEVRS  TOVCHANT  LE 
NATVREL  DE  LA  LICORNE. 

Moindre  n’est  la  contrariété  des 
autheurs  touchant  le  naturel  de  la¬ 
dite  licorne.  Car  Pline ,  au  lieu  cy 
dessus  allégué,  la  dit  estre  la  plus  fu¬ 
rieuse  de  toutes  les  bestes  ;  mesmes 
qu’elle  hurle  fort  hideusement,  et 
que  iamais  on  ne  la  prend  viue.  Car¬ 
dan  la  dit  pareillement  estre  fort 
cruelle,  comme  naissant  és  lieux  dé¬ 
serts  d’Æthiopie,  en  terre  orde,  et 
entre  les  crapaux  et  bestes  venimeu¬ 
ses  C 

Gesnerus  dit  que  le  Roy  d’Æthiopie, 
en  l’Epistre  Hébraïque  qu’il  a  escrite 
au  Pontife  de  Rome ,  dit  que  le  Lion 
craint  infiniment  la  Licorne,  et  que 
quand  il  la  voit,  il  se  retire  vers 
quelque  gros  arbre,  et  se  cache  der¬ 
rière  ledit  arbre.  Lors  la  Licorne ,  le 
voulant  frapper,  fiche  sa  corne  bien 
auant  dans  l’arbre.,  et  demeure  là 
prise,  et  lors  le  Lion  la  tue^:  toutes- 
foisil  adulent  aucunesfois  autrement. 

Autres  au  contraire  la  disent  fort 
douce ,  benigne ,  et  d’vne  mignotise 
la  plus  grande  du  monde,  pouruen 
que  l’on  ne  Toffense  point.  Louys  de 
Barlhame,  en  ses  Nauigations  cy  des¬ 
sus  alléguées,  est  de  ceste  opinion, 
niant  les  Licornes  estre  cruelles , 
comme  en  ayant  veu  deux  enuoyées 
d’Æthiopie  au  Soudan ,  qui  les  faisoit 
nourrir  en  la  Mecque,  ville  de  l’A¬ 
rabie  heureuse  (où  est  le  sepulchro 
de  Mahomet  )  enfermées  en  certains 
treillis ,  qui  n’estoient  nullement  fa- 

‘  Ce  paragraphe  se  lisait  déjà  textuelle¬ 
ment  dans  le  chapitre  de  1679. 


DE  LA  LICORNE. 


rouches.  Theuet  dit  auoir  voyagé  en 
ces  régions  là ,  et  s'estre  enquis  dili¬ 
gemment  des  habitans  :  n’auoir  tou- 
tesfois  iamais  scen  rencontrer  homme 
qui  en  eust  veu,  ou  qui  eust  peu  rap¬ 
porter  quelque  certitude  de  la  figure 
et  nature  de  ceste  beste  ». 

Othodit  auoir  veu  et  manié  à  Rome, 
au  magasin  du  thresor  des  Papes, 
vne  corne  de  licorne  qui  estoit  lui¬ 
sante  et  polie  comme  yuoire ,  et  qu’il 
fust  fort  esmerueillé  de  la  voir  si  pe¬ 
tite,  se  prenant  à  rire,  veu  qu’elle 
h’auoit  à  grand’peine  que  deux  pal¬ 
mes  de  longueur  :  on  luy  dist  que  par 

i  Tout  ce  paragraphe  est  copié  du  chapi¬ 
tre  de  15Î9,  où  il  suivait  iihmédiatetnent  ce¬ 
lui  auquel  se  rapporte  la  note  précédente; 
mais  il  était  d’abord  un  peu  plus  étendu. 
Ainsi  la  première  phrase  était  ainsi  conçue  : 

«  Autres  au  contraire  la  disent  estre  fort 
douce  etbenigne,  et  d’vue  mignotise  la  plus 
grande  du  monde,  pourueu  que  malicieuse¬ 
ment  on  ne  l’ofTenee  :  car  ils  disent  comme 
ainsi  soit  qu’elle  ne  pastui  é  en  terre ,  estant 
la  longueur  de  la  corne  qu’elle  a  au  front, 
force  est  qu’elle  pasture  és  arbres  fruitiers , 
cl  és  râteliers,  ou  en  main  mangeant  toutes 
sortes  de  fruicts  qu’on  lui  offre,  Comme 
herbes,  gerbes,  pommes,  poires,  oranges, 
llrouzelle,  et  toutes  sortes  de  legumaige, 
iusques  là  qu’ils  feignent  icelle  s’amoura¬ 
cher  des  filles,  prenant  tel  plaisir  à  les  con¬ 
templer,  qu’elle  est  souuent  prise  par  ce 
moyen.  » 

El  à  la  fin  du  paragraphe,  l’auteur  ajou¬ 
tait: 

«  Or  ces  contrarîelez  d’opinions  me  font 
iüger,  que  tout  ce  qu’on  dict  des  Licornes 
est  chose  controuuee  à  plaisir  par  les  pein¬ 
tres  et  historietrs  :  car  comme  le  chemin  qui 
va  droit  en  quelque  lieu  est  vn,  et  les  des- 
t  )urs  au  contraire  sont  plusieurs  :  ainsi  la 
sentence  de  vérité  est  tousiours  vne  et  sem¬ 
blable  à  soy,  et  celle  de  mensonge  est  tous¬ 
iours  diuerso  et  bigarrée  do  contrariété  et 
répugnance.  » 


499 

le  trop  grand  et  frequent  vsage  de 
l’anoir  maniée,  elle  estoit  deiieniie 
ainsi  petite. 

Il  y  en  a  aussi  qui  est  gardée  par 
grande  singularité  dans  le  chœur  du 
grand  temple  de  Strasbourg,  laquelle 
est  de  longueur  de  sept  pieds  et  de- 
my,  encore  l’on  a  coupé  fuiTiuement 
le  bout  de  la  pointe ,  laquelle  sans 
cela  seroit  encore  plus  longue.  Elle 
est  par  le  bas  de  la  grosseur  d’vu 
bras,  et  va  en  tortillant  comme  vn 
cierge  qui  est  tors,  et  s’estend  vers  la 
pointe  en  forme  de  pyramide,  estant 
de  couleur  noirastre  par  dehors, 
comme  vn  blanc  salli  pour  auoir  esté 
manié  :  et  par  dedans  elle  est  blanche 
comme  yuoire,  ayant  vn  trou  au  mi¬ 
lieu  comme  pour  mettre  le  petit 
doigt,  qui  va  tout  au  long. 

Les  cornes  qui  se  monstrent  aux 
festes  solennelles  publiquement  à  Ve¬ 
nise,  au  temple  de  sainct  Marc,  dif¬ 
ferent  de  ceste-là  en  grandeur,  cou¬ 
leur,  et  figure ,  tellement  qu’il  n’y  a 
nulle  conformité  entre  elles. 

Pareillement  en  l’eglise  de  sainct 
Denys  en  France ,  il  y  a,  à  ce  qu’on 
dit,  vne  corne  de  licorne  qui  en  gros¬ 
seur,  longueur,  et'figure,  se  rapporte 
aucunement  à  celle  de  Strasbourg. 

Or  si  lesdites  cornes  ne  sont  de 
vrayes  Licornes,  de  quelles  bestes 
sont  elles?  dira  quelqu’vn.  Theuet  a 
opinion  que  telles  cornes  ne  sont  que 
dents  d’elepbans ,  ainsi  cernelées  et 
mises  en  œuure  :  Car  ainsi,  dit-il,  les 
desniaiseurs  qui  se  trouuent  en  Lo¬ 
uant,  vendent  les  rouelles  des  dents 
de  Robart  pour  cornes  de  licornes , 
les  creusent  et  allongent  à  leur  aise. 
Et  à  la  vérité  ceslo  corne  de  licorne , 
estant  brusléc,  rend  et  respire  sem¬ 
blable  odeur  que  fyuoire.  Et  à  fin 
que  cesle  façon  de  conlrefaire  ne 
semble  impossible,  Cardan  dit  que  les 


5uü 


DISCOVRS 


dents  des  elephans  se  peuuent  amol¬ 
lir  et  eslendre  comme  les  cornes  de 
bœuf‘. 

Loiiys  de  Paradis,  Chirurgien  natif 
de  Vitry  en  Partois,  duquel  i’ay  fait 
mention  cy  douant ,  dit  auoir  veu  en 
Alexandrie  d’Egypte  deux  aiguilles, 
appellées  les  aiguilles  de  César,  hau¬ 
tes  et  grandes  à  merueilles,  néant- 
moins  chacune  toute  d’vne  piece  :  et 
tient-on  pour  vray  qu’elles  sont  de 
pierres  fondues.  Hors  ladite  ville  en  - 
uiron  huit  cens  pas,  il  y  a  vne  colom- 
ne,  qui  s’appelle  la  colomne  de  Pom¬ 
pée,  de  merueilleuse  grosseur  et 
hauteur,  tellement  que  c’est  tout  ce 
que  peut  faire  le  plus  fort  homme  de 
ielter  vne  pierre  sur  le  sommet  d’i¬ 
celle.  La  grosseur  est  telle  que  cinq 
hommes,  ayans  les  hras  estendus ,  ne 
la  pourroient  enlourer  :  neantmoins 
on  dit  qu’elle  est  toute  d’vne  piece  , 
et  de  diuerses  couleurs  de  pierres, 
comme  noire,  grise,  Manche,  incar¬ 
nate,  et  dit-on  qu’elle  est  aussi  de 
pierres  fondues.  Que  si  ainsi  est  que 
de  telle  matière  on  ail  peu  construire 
lesdites  aiguilles  et  colomne,  qui  em- 
peschera  que  l’on  ne  puisse  contre¬ 
faire  les  cornes  de  licornes? 

*  Ce  paragraphe  est  extrait  presque  tex¬ 
tuellement  du  chapitre  de  1579,  et  il  finis¬ 
sait  alors  par  cette  réflexion  :  mais  qui  a-U 
sous  le  ciel ,  que  l’auare  curiosité  des  hommes 
du  temps  présent  ne  contreface?  —■  D’un  autre 
côté  il  convient  de  noter  qu’il  y  avait  ici 
une  figure  d’éléphant  empruntée  au  livre 
des  Monstres  de  1579,  sans  le  texte  qui  l’ac¬ 
compagnait,  lequel  s’était  trouvé  dès  lors 
supprimé.  J’ai  reproduit  ce  texte  dans  l’ap¬ 
pendice  des  Monstres,  à  la  fin  de  ce  volume. 


CHAPITRE  VH. 

DESCRIPTION  DV  RHINOCEROS. 

Pausanias  escrit  que  le  Rhinocéros 
a  deux  cornes ,  et  non  vne  seule  : 
l’vne  sur  le  nez,  assez  grande,  de  cou¬ 
leur  noire,  et  de  grosseur  et  de  lon¬ 
gueur  de  celle  d’vn  huffle,  non  tou- 
tesfois  creuse  dedans,  ny  tortue,  mais 
toute  solide,  et  fort  pesante  :  l’autre 
luy  sort  en  haut  de  l’espaule,  assez 
petite,  mais  fort  aiguë.  Par  cela  appa- 
roist  que  ce  ne  peut  estre  la  Licorne, 
laquelle  n’en  doit  auoir  qu’vne, 
comme  testifie  son  nom  Monoceros. 
On  dit  qu’il  ressemble  à  l’elephant, 
et  quasi  de  la  mesme  stature,  sinon 
qu’il  a  les  iambes  plus  courtes,  et  les 
ongles  des  pieds  fendus,  la  teste 
comme  un  pourceau,  le  corps  armé 
d’vn  cuir  escaillé  et  tres-dur,  comme 
celuy  du  crocodile ,  ressemblant  aux 
bardes  d’vn  cheval  guerrier. 

Festus  dit  que  quelques-vns  pen¬ 
sent  que  ce  soit  vn  bœuf  sauuage 
d’Egypte  ‘. 


CHAPITRE  Vin. 

André  Baccy  dit  qu’il  y  a  des  Méde¬ 
cins  portugais,  qui  ont  demeuré  long 
temps  és  terres  neufues  pour  recher¬ 
cher  les  choses  rares  et  précieuses, 
lesquels  afferment  qu’ils  n’ont  ia- 
mais  peu  descouurir  de  la  Licorne, 
sinon  que  les  gens  du  pays  disent 

’  Ici  était  une  figure  de  rhinocéro.s  em¬ 
pruntée  au  livre  des  Monstres  de  1 579.  Quant 
au  texte  qui  accompagnait  alors  cette  li¬ 
gure,  il  a  été  reporté  au  chapitre  suivant. 


DE  ÏA  LICOnNIÎ. 


5o 


que  c’est  seulement  vne  corne  de 
rhinocéros,  et  qu’elle  est  tenue  au  lieu 
de  licorne,  et  comme  preseruatif  con¬ 
tre  tous  venins. 

ïoutesfois  Pline  escrit  particulière¬ 
ment  en  son  liure  8,  chapitre  20,  que 
le  rhinocéros  est  vne  espece  d’animal 
cruel,  different  de  la  licorne,  et  dit 
que  du  temps  de  Pompée  le  grand  il 
fut  veu  vn  rhinocéros  qui  auoit  vne 
corne  sur  le  nez.  Or  le  rhinocéros  es¬ 
tant  merueilleusemcnt  ennemy  de 
l’elephant,  il  aiguise  sa  corne  contre 
vn  rocher,  et  se  met  en  bataille  contre 
luy  valeureusement,  comme  vn  tau¬ 
reau,  et  demeure  vainqueur,  et  tue 
l’elephant  ‘  ;  duquel  combat  Salluste 
du  Bartas  en  son  6.  liure  de  la  Sep- 
maine ,  fait  mention  par  ces  vers  : 

Mais  cest  esprit  subtil,  ny  cest  enorine  corps 
Ne  te  peut  guarantir  des  cauteleux  efforts 
Du  fin  Rhinocéros,  qui  n’entre  onc  en  bataille 
Conduit  d'aueugle  rage  :  ainsplustost  qu’il  assaille 
L’aduersaire  Eléphant,  affile  contre  vn  roc 
De  son  armé  museau  le  dangereux  estoc  : 

Puis  venant  au  combat,  ne  tire  à  l’auenture 
l,a  roideur  de  ses  coups  sur  sa  cuirasse  dure  : 
Ains  choisit,  prouident,  sous  le  ventre  vne  peau, 
Qui  seule  craint  le  fil  de  l’aiguisé  Cousteau. 


'  Ceci  paraît  emprunté  au  livre  des  Mons¬ 
tres  «le  1579,  à  l’article  du  Rhinocéros.  Mais  1 
le  texte  primitif  était  plus  étendu  ;  le  voici  : 

«  Il  y  a  vne  chose  digne  d’estre  notée  en 
ceste  beste  dicte  Rhinocéros,  c’est  qu’il  a 
vne  perpétuelle  inimitié  contre  l’Elephant, 
et  lorsqu’il  veut  se  préparer  au  combat,  il 
esguise  sa  «tome  contre  vn  roc ,  et  tasche 
tousiours  de  prendre  l’Elephant  par  le  ven¬ 
tre,  lequel  il  a  beaucoup  plus  tendre  que  le 
dos  :  il  est  aussi  long  que  l’Elephant,  mais 
toutesfois  il  est  plus  bas  de  Ïambes ,  et  a  son 
pelage  de  couleur  de  boüys,  piccoté  en  plu¬ 
sieurs  endroits.  Pornpce,  comme  escrit 
Pline,  chap.  20.  liu.  8.,  en  tist  venir  le  pre¬ 
mier  à  Rome.  » 


CHAPITRE  IX. 

DV  TAVREAV  DE  LA  FLORIDE. 

Il  se  trouiie  és  Indes  plusieurs  sor¬ 
tes  d’animaux  ayans  vne  seule  corne, 
comme  vaches  et  taureaux,  cheuaux, 
asnes,  chéures,  daims,  monoceros  : 
autres  ayans  deux  cornes,  et  plus.  Et 
pour  la  renommée  des  vertus  que 
l’on  attribue  à  la  licorne ,  il  est  vray- 
semblable  que  chacune  nation  se 
plaist  à  luy  donner  le  nom  de  Licorne, 
comme  auons  dit  cy  dessus. 

ïheuet  tome  2,  liure  23,  chapitre  2, 
dit  qu’en  la  Floride  se  trouuent  de 
grands  taureaux,  que  les  saunages 
appellent  Bulrol ,  qui  ont  les  cornes 
longues  seulement  d’vn  pied,  ayans 
sur  le  dos  vne  tumeur  ou  bosse 
comme  d’vn  chameau,  le  poil  long 
par  dessus  le  dos,  de  couleur  faune, 
la  queue  comme  celle  d’vn  Lion.  Cest 
animal  est  des  plus  farouches  qu’on 
sçache  trouuer ,  à  cause  dequoy  ia- 
maisne  se  laisse  appriuoiser,  s’il  n’est 
desrobé  et  raui  petit  à  sa  mere.  Les 
saunages  se  seruent  de  leur  peau 
contre  le  froid  :  et  sont  ses  cornes  fort 
estimées,  pour  la  propriété  qu’elles 
ont  contre  le  venin  ;  et  partant  les 
Barbares  en  gardent ,  à  fin  d’obuier 
aux  poisons  et  vermines  qu’ils  ren¬ 
contrent  allans  par  pays  ‘. 


CHAPITRE  X. 

DESCRIPTION  DV  PIRASSOIPI ,  ESPECE 
DE  LICORNE  d’aRABIE. 

En  l’Arabie  prés  la  mer  Rouge,  il 

se  trouue  vne  autre  beste  que  les 
1  A  ce  paragraphe  était  jointe  la  figure  du 


009.  DISCOVRS 


sauuages  appellent  Pirassoipi,  grande 
comme  vn  mulet,  et  sa  teste  quasi 
semblable,  tout  son  corps  velu  en 
forme  d’vn  ours,  vn  peu  plus  coloré, 
tirant  sur  le  fauueau,  ayant  les  pieds 
fendus  comme  vn  cerf.  Cest  animal  a 
deux  cornes  à  la  teste  fort  longues  , 
sans  rameures,  haut  esleuées,  qui  ap¬ 
prochent  des  licornes  :  desquelles  se 
seruent  les  sauuages  lorsqu’ils  sont 
blessés  ou  mords  des  bestes  portans 
venin ,  les  mettans  dedans  l’eau  par 
l’espace  de  six  ou  sept  heures ,  puis 
après  font  boire  ladite  eau  au  patient. 
Etvoicy  le  portrait,  tiré  du  cinquième 
liure  de  laCosmographie  d’André  The- 
uet  h 

Les  sauuages  l’assomment  quand 
ils  la  peuuent  attrapper,  puis  l’escor- 
ehent,  et  la  mangent. 


CHAPITRE  XI. 

ELEPHANT  DE  MER. 

Hector  Boetius ,  au  liure  qu’il  a  es- 
crit  de  la  description  d’Escosse,  dit, 
que  l’animal  duquel  cy  après  suit 
l’efflgie ,  se  nomme  Eléphant  de  mer, 

Taureau  de  la  Floride-,  le  tout,  texte  et 
planche,  emprunté  au  livre  des  Monstres  de 
1579. 

1  J’ai  gardé  cette  phrase  bien  que  suppri¬ 
mant  la  figure,  parce  qu’elle  indique  la 
source  où  Paré  l’avait  puisée.  Tout  ce  para¬ 
graphe,  avec  une  figure  qui  suivait,  était 
extrait  du  livre  des  Monstres  de  1679  ;  il  dé¬ 
butait  alors  d’une  autre  manière  : 

«  Allans  le  long  de  la  çoste  d’Arabie  sur 
la  mer  rouge ,  se  descouure  l’isle  nommee 
des  Argbes  Cademothe,  en  laquelle  vers  le 
quartier  qui  est  le  long  de  la  riuiere  de 
Plate ,  se  trouue  vne  beste  que  les  sauuages 
appellent  Pyrassoupl,  etc.  » 


et  plus  gros  qii’vn  clephant  :  lequel 
habite  en  l’eau  et  en  la  terre,  ayant 
deux  dents  semblables  à  celles  d’vn 
éléphant,  par  lesquelles  lors  qu’il 
veut  prendre  son  sommeil ,  il  s’atta¬ 
che  et  pend  aux  rochers,  et  dort  si 
profondément,  que  les  mariniers  l’ap- 
perceuâns  ont  le  loisir  de  prendre 
terre,  et  le  lier  aueo  de  grosses  cordes 
en  plusieurs  endroits,  Puis  meinent 
vn  grand  bruit ,  et  luy  iettent  des 
pierres  pour  le  resueilîer  :  et  lors 
tasche  à  se.  ietter  comnie  de  coustume 
auec  grande  impétuosité  en  la  mer. 
Mais  se  voyant  pris,  se  rend  tellement 
paisible  que  l’on  en  peut  facilement 
ioüyr:  l’assomment,  et  en  tirent  la 
graisse,  puis  l’escorchent  pour  en 
faire  des  courroyes ,  lesquelles  parce 
qu’elles  sont  fortes  et  ne  pourrissent, 
sont  fort  estimées  ‘  ;  et  encores  plus 
ses  dents,  que  par  artifice  ils  dressent 
et  creusent,  et  les  vendent  pour  corne 
de  Licorne,  comme  on  fait  celles  du 
Rohart  et  de  l’Elephant. 


CHAPITRE  XII. 

DV  POISSON  NOMMÉ  CASPILLY, 

Il  se  voit  au  goulfe  d’Arahie  vn 
poisson  nommé  Caspillyi,  armé  d’ai¬ 
guillons  ,  dont  il  en  a  vn  au  milieu 
du  front  comme  vne  corne ,  long  de 
quatre  pieds,  fort  aigu.  leeluy  voyant 
venir  la  Baleine ,  se  cache  sous  les 
ondes,  et  choisit  Pendroit  plus  aisé  à 
blesser,  qui  est  te  nombril  .•  et  la  frap¬ 
pant  ,  il  la  met  en  telle  nécessité  que 
le  plus  souuent  elle  meurt  de  telle 

1  Tout  ce  paragraphe,  Ju$qu’cn  cet  en¬ 
droit,  est  extrait,  avec  une  méchante  figure 
qui  suivait,  du  livre  des  Monstres  de  J 579. 


DE  LA.  Licorne. 


blessure  ;  et  se  sentant  touchée  au 
vif,  commence  à  faire  un  grand  bruit, 
se  tourmentant  et  battant  les  ondes, 
escumant  comme  vn  verrat,  et  Va 
d’vne  si  tres-grande  fureur  et  roideur 
se  sentant  prés  des  abbOys  de  la  mort, 
qu’elle  culbute  et  renuerse  les  iiaui- 
res  qu’elle  rencontre,  et  fait  tel 
naufrage  qu’elle  les  enseuelit  au 
profond  de  la  mer.  Ledit  poisson  est 
merueilleusement  grand  et  fort,  et 
lors  que  les  Arabes  le  veulent  pren¬ 
dre,  ils  font  comme  au  crocodile, 
sçauoir  est  auec  vne  longue  èt 
forte  corde,  au  bout  de  laquelle  ils 
attachent  vne  piece  de  chair  de  cha¬ 
meau  ,  GU  autre  beste  :  et  lorsque  ce 
poisson  apperçoit  la  proye,  il  ne  faut 
à  se  ietter  dessus  et  l’engloutir.  Et  es¬ 
tant  l’hameçon  auallé,  et  se  sentant 
piqué ,  il  y  a  plaisir  à  lui  voir  thîre 
des  saults  en  l’air,  et  dedans  l’eau  : 
puis  estant  las,  les  Arabes  le  tirent  à 
coups  de  fléchés,  et  luy  donnent  tant 
de  coups  de  leuier  qu’ils  l’assomment  : 
puis  le  mangent,  et  gardent  sa  plus 
grande  co'rne  pour  en  vsér  contre  les 
venins ,  ainsi  que  les  autres  font  des 
cornes  de  Licornes, 


CHAPITRE  XIII. 

»V  rOlSSON  NOMMÉ  VLEÎIF  ,  ESPECE 
DE  LICORNE  DE  MER. 

André  Theuol  en  sa  Cosmographie , 
dit  que  courant  fortune  en  l’Ocean 
és  costes  d’Afrique ,  visitant  la  Gui¬ 
née  et  l’Anopie ,  U  a  veu  le  poisson  cy 
api’éa  représenté,  ayant  vne  corne 
sur  le  front  en  maniéré  d’vne  soie , 
longue  de  trois  pieds  et  demy,  et  large 
de  quatre  doigts ,  ayant  ses  pointes 
des  deux  costés  fort  aiguës.  Il  secom- 


5ô3 

bat  furieusement  de  ceste  CornC; 
Ceux  de  la  Guinée  l’appellent  en  leur 
iargon  Vletif. 

Défunt  monsieur  le  Coq,  Auditeur 
en  la  Chambre  des  Comptes  à  Paris , 
me  donna  vne  corne  dudit  poisson 
qu’il  gardoîl  en  son  cabinet  bien  chè¬ 
rement  ;  lequel  sçachant  que  i’estois 
curieux  de  rechercher  les  choses  ra¬ 
res  et  monstrueuses,  desira  qu’elle 
fust  mise  en  mon  cabinet ,  auec  mes 
autres  rarités.  Ladite  corne  est  lon¬ 
gue  de  trois  pieds  et  demy ,  pesant 
cinq  liures  ou  enuiron,  ayant  cin¬ 
quante  et  vne  dents  aiguës  et  Iren*. 
chantes,  longues  du  trauers  d’vn 
pouce  et  demy  ;  estans  icelles  dents 
vingt-cinq  d’vn  costé ,  et  vingt-six  de 
l’autre.  Ceste  corne  en  son  commen¬ 
cement  est  large  d’vn  demy  pied  ou 
enuiron,  allant  tousiours  en  dimi¬ 
nuant  iusqu’à  son  extrémité ,  Où  elle 
est  obtuse  ou  mousseuse,  estant 
platle ,  et  non  ronde  comme  les  au¬ 
tres  cornes.  Le  dessus  est  de  cou¬ 
leur  comme  d’vne  sole,  et  le  dessous 
I  aucunement  blanc,  et  fort  poreux. 

;  Il  s’en  trouue  d’autres  moindres,  et 
plus  petites ,  selon  l’aage  du  poisson. 

Plusieurs  estiment  ledit  animal  estre 
vne  licorne  marine ,  et  s’en  seruent 
contre  les  morsures  et  piqueures  de 
bestes  venimeuses ,  comme  l’on  fait 
de  la  "corne  de  licorne.  Le  populaire 
l’estime  estre  vne  langue  de  serpent , 
qui  est  chose  faulse. 


CHAPITRE  XIV. 

POISSON  RESSEMBLANT  PAR  LA  TESTE 
AV  PORC  SANGLIER. 

Gesnerus  dit  qu’en  la  mer  Oceane 
naist  vnj  poisson  ayant  la  teste  d’vn 


DISCOVRS 


5d4 

porc  sanglier,  lequel  est  de  nierueil- 
leuse  grandeur,  estant  couuert  d’es- 
cailles  mises  par  grand  ordre  de  Na¬ 
ture,  ayant  les  dents  canines  fort 
longues  ,  trenchantes  et  aiguës,  sem¬ 
blables  à  celles  d’vn  grand  porc  san¬ 
glier  ^  lesquelles  on  estime  estre  bon¬ 
nes  contre  les  venins ,  comme  la  li¬ 
corne. 

Ainsi  voit-on  comme  chacune  na¬ 
tion  pense  auoir  la  Licorne,  luy  don¬ 
nant  plusieurs  vertus  et  propriétés 
rares  et  excellentes  :  mais  ie  croy 
qu’il  y  a  plus  de  mensonge  que  de 
vérité. 

Or  qui  a  esté  cause  de  la  réputa¬ 
tion  de  la  Licorne,  c’a  esté  ceste  pro¬ 
priété  occulte  que  l’on  luy  a  attribué 
de  preseruer  de  peste  et  de  toutes 
sortes  de  venins.  Dont  quelques- vns 
voyans  que  l’on  en  faisoit  si  grand 
cas,  poussés  d’auarice,  ont  mis  en 
auant  certains  fragmens  de  quelques 
cornes,  disans  et  asseurans  que  c’es- 
toit  de  la  vraye  licorne  :  et  toutesfois 
le  plus  souuent  ce  n’est  autre  chose 
que  quelques  pièces  d’yuoire,  ou  de 
quelque  beste  marine,  ou  pierre  fon¬ 
due.  Parlez  aujourd’hui  à  tous  les 
Apoticaires  de  la  France,  il  n’y  a 
celuy  qui  ne  vous  die  et  asseure  auoir 
de  la  licorne,  et  de  la  vraye,  et  quel- 
quesfois  en  assez  bonne  quantité.  Or 
comment  se  pourroit  faire,  veu  que 
la  plus  part  des  escriuains  disent  que 
le  naturel  de  la  licorne  est  de  demeu¬ 
rer  aux  deserls  et  és  lieux  inaccessi¬ 
bles  ,  et  s’esloigner  si  fort  des  lieux 

1  Ce  paragraphe,  jusqu’à  l’endroit  de  la 
note,  est  extrait  du  livre  des  Monstres 
1579,  avec  une  méchante  figure  qui  le  sui- 
\ait  et  que  j’ai  relranchée.— L’animal  était 
alors  dénommé  Sanglier  Marin. 


fréquentés,  que  c’est  quasi  vne  chose 
miraculeuse  d’en  trouuer  quelques- 
fois  vne  corne  ,  qui  peut  auoir  esté 
apportée  par  les  inondations  des 
eaux  iusqu’aux  riuages  de  la  mer,  et 
ce  quand  l’animal  est  mort?  Qui  est 
toutesfois  vne  chose  encore  dou¬ 
teuse  :  car  la  pesanteur  de  ta  corne 
la  feroit  plustost  aller  au  fond.  Mais 
c’est  tout  vn ,  posons  qu’il  s’en 
trouue  quelquesfois  vne  :  comment 
seroit-il  possible  que  ces  trompeurs 
en  fussent  tous  si  bien  fournis?  A 
cela  connoist-on  qu’il  y  a  bien  de 
l'imposture. 

Et  certes  n’estoit  l’authorité  de 
l’Escriture  saincte,  à  laquelle  nous 
sommes  tenus  d’adiouster  foy ,  ie  ne 
croirois  pas  qu’il  fust  des  licornes. 
Mais  quand  i’oy  Dauid  au  Psalme  22, 
verset  22  ,  qui  dit  :  Deliure  moy.  Sei¬ 
gneur  ,  de  la  gueule  du  Lion ,  et  deliure 
mon  humilité  des  cornes  des  Licornes  : 
lors  ie  suis  contraint  de  le  croire.  Pa¬ 
reillement  Esaïe  chap.  34.  parlant  de 
l’ire  de  Dieu  contre  ses  ennemis  :  et 
persécuteurs  de  son  peuple,  dit  :  Et 
les  Licornes  descendront  auec  eux,  et  les 
Taureaux  auec  les  puissans.  l'allegue- 
rois  à  ce  propos  vne  infinité  de  passa¬ 
ges  de  l’Escriture  saincte,  comme  le 
chapitre  vingt-huitième  du  Deutero- 
nome ,  le  trente-neulïéme  chapitre 
vers.  12  et  13  de  lob  ,  les  Psalmes  de 
Dauid,  28.  77.  80.  et  plusieurs  autres, 
si  ie  necraignois  d’attedier  le  lecteur. 
Il  faut  donc  croire  qu’il  est  des  licor¬ 
nes,  mais  elles  ne  ont  les  vertus  qu’on 
leur  attribue  >. 

*  Ces  derniers  mois;  mais  elles  ne  ont  les 
vertus  qu’on  leur  attribue ,  ont  été  ajoutés  en 
1585. 


DE  LA.  LICORNE. 


CHAPITRE  XV. 

QVESTION  TOVCHANT  LES  VERTVS  PRE- 
TENDVES  DE  LA  LICORNE.  RESPONSE. 

Cela  supposé  ,  et  qu’il  se  Irouue 
quantité  de  cornes  de  licoroes,  et  que 
chacunen  ait,àsçauoir  si  elles  ont  tel¬ 
les  vertus  et  efficaces  contre  les  ve¬ 
nins  et  poisons  qu'on  leur  attribue  ? 
le  dis  que  non.  Ce  que  ie  prouuerây 
par  expérience,  authorité,  et  raison 

Et  pour  commencer  à  l’experience, 
ie  puis  asseurer ,  après  l’auoir  es- 
prouué  plusieurs  fois,  n’auoir  iamais 
conueu  aucun  effet  en  la  corne  pré¬ 
tendue  de  licorne.  Plusieurs  tiennent 
que  si  l’on  la  fait  tremper  en  l’eau,  et 
que  de  ceste  eau  on  face  vn  cercle  sur 
vne  table,  puis  que  l’on  mette  dedans 
ledit  cercle  vn  scorpion  ou  araignée, 
ou  vn  crapaut,  que  ces  bestes  meu¬ 
rent,  et  que  elles  ne  passent  aucune¬ 
ment  par  dessus  le  cercle,  voire  que 
le  crapaut  se  créue.  le  l’ay  expéri¬ 
menté,  et  trouuay  cela  estre  faux 
et  mensonger:  car  lesdils  animaux 
passoient  et  repassaient  hors  du  cir¬ 
cuit  du  cercle,  et  ne  mouroient  point. 
Mesmenient,  ne  me  contentant  pas 
d’auoir  mis  vn  crapaut  dedans  le  cir- 

1  Ce  premier  paragraphe  se  retrouve  à 
très  peu  prés  dans  le  chapitre  de  1579.  Mais 
pour  tout  le  reste  du  chapitre,  il  n’y  existe 
qu’en  germe;  alors  Paré  se  bornait  à  cette 
phrase  : 

«  S’il  est  question  de  rexperience,ie  puis 
asseurer,  apres  l’auoir  esproiiué  plusieurs 
fois,  n’auoir  iamais  trouuénl  cogneu  aucun 
elTect  en  la  corne  de  Licorne.  » 

On  peut  remarquer  du  reste  que  Paré  a 
beaucoup  emprunté  à  ce  chapitre  pour  com¬ 
poser  son  EpUrc  dédicatoirc. 


5o5 

cuit  de  l’eau  où  la  licorne  auoit 
trempé,  par  dessus  lequel  il  passoit 
et  repassoit  ;  ie  le  mis  tremper  en  vn 
vaisseau  plein  d’eau,  où  la  corne  de 
licorne  auoit  trempé,  et  le  laissay  en 
ladite  eau  par  l’espace  de  trois  iours, 
au  bout  desquels  le  crapaut  esloit 
aussi  gaillard  que  lors  que  ie  l’y  mis. 

Qnelqu’vn  me  dira,  que  possible  la 
corne  n’estoit  de  vraye  licorne.  A. 
quoy  ie  responds,  que  celle  de  sainct 
Denys  en  France,  celle  du  Roy,  que 
l’on  tient  en  grande  estime,  et  celles 
des  marchans  de  Paris,  qu’ils  vendent 
à  grand  prix,  ne  sont  donc  pas  vrayes 
cornes  de  licornes  :  car  c’a  esté  de 
celles-là  quei’ay  fait  espreuue.  Et  si 
on  ne  me  veut  croire,  que  l’on  vienne 
à  l’essay  comme  moy,  et  ou  connois- 
tra  la  vérité  contre  le  mensonge. 

Autres  tiennent  que  la  vraye  licorne 
estant  mise  en  l’eau,  se  prend  à  bouil¬ 
lonner,  faisant  esleuer  petites  bulles 
d’eau  comme  perles.  le  dis  que  cela 
se  fait  aussibien  auec cornes  de  bœuf, 
de  chéures,  de  mouton,  ou  autres 
animaux  :  auec  dents  d’elephant,  tests 
de  pots,  tuilles,  bois  ,  bol  armene,  et 
terre  sigillée  :  et  pour  le  dire  en  vn 
mot,  auec  tous  autres  corps  poreux. 
Car  l’air  qui  est  enclos  en  iceux  sort 
par  les  porosités,  pour  donner  place  à 
l’eau,  qui  cause  le  boüillonnement  et 
les  petites  bubes  qu’on  voit  esleuer 
en  l’eau. 

Autres  disent,  que  si  on  en  faisoit 
aualler  à  vn  pigeon  ou  poulet  qui 
eusl  pris  de  l’arsenic  sublimé  ou  au¬ 
tre  venin,  qu’il  n’en  sentiroit  aucun 
mal.  Cela  est  pareillement  faux, 
comme  l’experience  en  fera  foy. 

Autres  disent,  que  l’eau  en  laquelle 
aura  trempé  ladite  corne,  esteint  le 
feu  volage,  appellé  lierpes  miliarü. 
le  dis  que  ce  n’est  pas  la  vertu  de  la 
corne,  mais  la  seule  vertu  de  l’eau, 


5o6  DlSCOVBS 


qui  est  froide  et  hittnide,  contraire  au 
mal  qui  est  chaud  et  sec.  Ce  qui  se 
trouuera  par  effet,  en  y  appliquant 
de  la  seule  eau  froide,  sans  autre 
chose. 

Et  pour  prouuer  mon  dire,  Ü  y  a 
vue  honneste  dame  marchande  de 
cornes  de  licornes  en  ceste  ville,  de¬ 
meurant  sur  lepont  au  Change,  qui  en 
a  bonne  quantité  de  grosses  et  de  me¬ 
nues,  de  ieunes  et  de  vieilles.  Elle  en 
tient  tousiours  vn  assez  gros  morceau 
attaché  à  vne  chaîne  d’argent,  qui 
trempe  ordinairement  en  vneaiguiere 
pleine  d’eau,  de  laquelle  elle  donne 
assez  volontiers  à  tous  ceux  qui  luy 
en  demandent.  Or  n’agueres  vne  pan¬ 
ure  femme  luy  demanda  de  son  eau 
de  Licorne  :  aduint  qu’elle  l’auoit 
toute  distribuée,  et  ne  voulant  ren- 
uoyer  ceste  panure  femme,  laquelle 
à  iointes  mains  la  prioit  de  luy  en 
donner  pour  esteindre  le  feu  volage 
qu’auoit  vn  sien  petit  enfant,  qui  oc- 
eupoit  tout  son  visage  .•  en  lieu  de 
Peau  de  licorne,  elle  luy  donna  de 
l’eau  de  riuiere  en  laquelle  nullement 
n’auoittrempé  la  corne  de  licorne.  Et 
neantmoins,  ladite  eau  de  riuiere  ne 
laissa  pas  de  guarirlemal  de  l’enfant. 
Quoy  voyant  ceste  pauure femme,  dix 
ou  douze  iours  après,  vînt  remercier 
madame  la  marchande  de  son  eau 
de  licorne,  luy  disant  que  son  enfant 
estoit  du  tout  guari  ». 

Ainsi  voila  comme  l’eau  de  riuiere 
fut  aussi  bonne  que  l’eau  de  sa  licorne  : 
neantmoins  que  elle  vend  ladite  corne 
prétendue  de  licorne  beaucoup  plus 
ehere  que  l’or,  comme  on  peut  voir 
par  la  supputation.  Car  à  vehdre  le 

»  Histoire  gentille  et  bien  à  propos.  — X.  P. 


grain  d’or  fin  onze  deniers  pite,  la  li- 
ure  ne  vaut  que  sept  vingts  huit  es- 
cus  sol  :  et  laliure  de  corne  de  licorne 
contenant  seize  onces ,  contient  neuf 
miî  deux  cents  seize  grains  :  et  la  li- 
ure  à  dix  sols  le  grain,  la  somme  se 
monte  à  quatre  vingt  douze  mil  cent 
soixante  sols,  qui  sont  quatre  mil  six 
cens  huit  linres,  et  en  escus,  mil  cinq 
cens  trente  six  escus  sol.  Et  mesemble 
qu’à  ce  prix  la  bonne  femme  ne  vend 
pas  moins  sa  licorne,  que  Ost  vn  cer¬ 
tain  marchand  Tudesque,  lequel  en 
vendit  vne  piece  au  Pape  Iules  troi¬ 
sième,  douze  mil  escus,  commerecite 
André  Baccy,  Médecin  de  Florence, 
en  son  liuredelaNaturedela  licorne. 
Mais  laissans  ces  bons  marchands, 
reuenons  à  l’experience. 

On  dit  d’auantage  que  la  corne  de 
Licorne  sue  en  presence  du  venin. 
Mais  il  est  impossible,  parce  que  c’est 
vn  effet  procédant  de  la  vertu  expul- 
trice.  Or  ladite  corne  est  priuée  de 
telle  vertu  :  et  si  on  l’a  veu  suer,  cela 
a  esté  par  accident ,  veu  que  toutes 
choses  polies,  comme  le  verre,  les  mi¬ 
roirs  ,  le  marbre ,  pour  quelque  peu 
d’humidité  qu’ils  recoiuent,  mesmes 
de  Pair  excessiuement  froid  et  humide, 
ou  chaud  et  humide,  apparoissent 
suer  :  mais  ce  n’est  vraye  sueur,  car 
la  sueur  est  vn  effet  d’vne  chose  vi- 
uante.  Or  la  corne  de  Licorne  n’est 
point  vne  chose  viuante  :  mais  pour 
estre  polie  et  fraîche ,  elle  reçoit  vn 
ternissement  de  l’air  froid  et  humide, 
qui  la  fait  suer. 

Autres  disent  que  la  mettant  prés 
le  feu,  elle  rend  vne  odeur  de  musc  : 
aussi  que  l’eau  où  elle  aura  trempé 
deuiendra  laicteuse  et  blanchastre. 
Telles  choses  ne  se  voyent  point» 
comme  l’experience  le  roouslre. 


DE  LA  LICORNE. 


CHAPITRE  XVI. 

FREWE  FAITE  PAR  AVTHORITÉ, 

Quant  à  l’authorité,  il  se  Irouuera 
la  plus  part  des  doctes,  gens  de  bien, 
et  expérimentés  Médecins,  qui  asseu- 
reront  ceste  corne  n’auoir  aucune 
des  vertus  qu’on  luy  attribue 

S’il  faut  commencer  aux  anciens,  il 
est  certain  qu’Hippocrates,  ny  Galien, 
qui  toutesfois  se  sont  semis  de  la 
corne  de  cerf  et  de  riuoire,  n’ont  ia- 
mais  parlé  de  ceste  corne  de  licorne  '^: 
ny  mesme  Aristote,  lequel  toutesfois 
au  cbap.  2.  du  liu.  3.  des  Parties  des 
animaux,  parlant  de  ceux  qui  n’ont 
qu’vne  corne,  fait  mention  de  l’asne 
Indien,  et  d’vn  autre  nommé  Oryx, 
sans  faire  aucune  mention  de  la  li¬ 
corne  :  combien  qu’il  parle  en  ce  lieu 
des  choses  de  moindre  conséquence. 

Or  s’il  faut**Yenir  aux  modernes, 
Christofle  l’André ,  Docteur  en  Méde¬ 
cine,  en  son  opuscule  de  l’Oecoiatrie, 
escrit  ce  qui  s’ensuit.  «  Aucuns  Méde¬ 
cins  font  vn  grand  cas  de  la  corne 
d’vne  beste  nommée  Monoceros ,  que 
nous  appelions  vulgairement  la  Li¬ 
corne,  et  disent  qu’elle  guarantit 
de  venin,  tant  prise  par  dedans, 
qu’appliquée  par  dehors.  Ils  l’or¬ 
donnent  contre  le  poison  ,  contre  la 
peste,  voire  desia  creée  au  corps  de 
l’homme,  et  pour  le  dire  en  vn  mot, 

1  Ce  premier  paragraphe  existait  déjà 
dans  le  chapitre  de  1579;  mais,  immédiate¬ 
ment  après ,  l’auteur  eu  appelait  à  l’auto¬ 
rité  de  Rondelet,  que  l’on  trouvera  alléguée 
plus  bas. 

*  Cette  citation  d’IUppocrate  et  de  Ga¬ 
lien  se  trouve  déjà  dans  le  chapitre  de  1579, 
mais  un  peu  plu»  loin  que  le  paragraphe 
précédent. 


607 

ils  en  font  vn  alexitere  contre  tous 
venins.  Toutesfois  estant  curieux  de  si 
grandes  propriétés  qu’ils  attribuent 
à  ladite  corne,  ie  l’ay  bien  voulu  ex¬ 
périmenter  en  plus  de  dix,  au  temps 
de  pestilence  :  mais  ie  n’en  trouuay 
aucun  effet  louable,  et  me  reposerois 
aussi  tost  sur  la  corne  de  cerf  ou  de 
chéure,  que  sur  celle  de  la  Licorne. 
Car  elles  ont  vue  vertu  d’absterger 
et  mondifier  :  partant  elles  sont  bon¬ 
nes  à  reserrer  genciues  flestries  et 
molles.  D’auantage,  lesdites  cornes 
estans  bruslées  et  données  en  breu 
uage,  apportent  merueilleux  confort 
à  ceux  qui  sont  tourmentés  de  flux 
dysentériques,  Les  anciens  ont  laissé 
par  escrit,  que  la  corne  de  cerf  rédi¬ 
gée  en  cendre  est  vne  plus  que  credi  - 
ble  medecine  à  ceux  qui  crachent  le 
sang,  et  à  ceux  qui  ont  coliques,  ilia¬ 
ques  passions,  nommées  miserere  met; 
et  comme  chose  de  grande  vertu,  la 
meslant  aux  collyres ,  pour  faire  sei- 
cher  les  larmes  des  yeux.  «Voila  ce 
que  ledit  l’André  a  escrit  delà  corne 
de  licorne. 

Rondelet  dit ,  que  toutes  cornes  en 
general  n’ont  ny  saueur,  ny  odeur, 
si  on  ne  les  brusle  :  parquoy  ne  peu- 
uent  auoir  aucune  efficace  en  mede¬ 
cine  ,  si  ce  n’est  pour  desseicher.  Et 
ne  suis  point  ignorant,  dit-il,  que 
ceux  qui  tiennent  telles  cornes  pour 
leur  profit ,  ne  donnent  à  entendre 
au  peuple  qu’icelles  ont  grandes  et 
inestimables  vertus  ,  par  antipathie , 
de  chasser  les  serpens  et  les  vers, 
et  de  résister  aux  venins.  Mais  ie 
eroy  ,  dit-il ,  touchant  cela ,  que  la 
corne  de  licorne  n’a  point  plus  grande 
efficace ,  ny  force  plus  asseurée ,  que 
la  corne  de  cerf,  ou  que  iiuolre  : 
qui  est  cause  que  fort  volontiers,  en 
mesmes  maladies ,  i’ordonne  la  dent 
d’clephant  aux  pauures,  et  aux  ri- 


DfSCOVBS 


5o8 

ches  celle  de  licorne ,  parce  qu’ils  la 
désirent,  s’en  proposons  heureux 
succès  Voila  l’aduis  de  Rondelet .  le¬ 
quel  indifféremment  en  pratiquant 
pour  raesmes  effets,  en  lieu  de  la  li 
corne  ordonnoit  non  seulement  la 
corne  de  cerf  ou  dent  d’elephant,  mais 
aussi  d’autres  os 

le  me  suis  enquis  de  monsieur  Du- 
ret,  pour  la  grande  asseu  rance  que 
i’auois  de  son  haut  et  tant  célébré 
sçauoir,  quelle  opinion  il  auoit  de  la 
corne  de  licorne  :  il  me  respondit , 
qu’il  ne  pensoit  icelle  auoir  aucune 
vertu  contre  les  venins  ,  ce  qu’il  me 
confirma  par  bonne,  ample  et  val- 
lable  raison  ;  et  mesme  me  dit  qu’il 
ne  doutoit  de  le  publier  en  son  audi¬ 
toire  ,  qui  est  vn  theatre  d’vne  infi¬ 
nité  de  gens  doctes  ,  qui  s’y  assem¬ 
blent  ordinairement  pour  l’oüyr^. 

le  veux  bien  encore  aduertir  le  lec¬ 
teur,  quelle  opinion  auoit  de  ceste 
corne  de  licorne  feu  Monsieur  Chap- 
pelain,  premier  Médecin  du  Roy  Char¬ 
les  IX,  lequel  en  son  viuant  estoit 
grandement  estimé  entre  les  gens 

‘  Tout  ce  paragraphe  est  repris  du  chapi¬ 
tre  de  1679,  et,  au  lieu  de  ces  mots  qui  le 
terminent  :  mais  aussi  d’auires  os,  on  y  lisait: 
mais  aussi  les  os  des  chenaux  et  des  chiens,  et 
des  mirabolans. 

2  On  lisait  également  ce  paragraphe  dans 
l’édition  de  1679,  mais  un  peu  plus  étendu. 
Ainsi,  au  texte  actuel,  l’auteur  ajoutait, 
parlant  toujours  de  Duret  : 

«...Que  si  quelquefois  il  ordonnoit  de 
ceste  corne,  que  ce  n’estoit  seulement  que 
pour  les  débilitations  de  cueur  qui  aduien- 
nent,  à  raison  d’vne  grande  quantité  de  se- 
rositez  et  eaux  qui  nagent  en  l’orifice  de 
l’estomach,  qui  affadissent  les  personnes, 
et  les  rendent  toutes  decoiitenancees,  dé 
tant  que  telle  racleure  de  corne  meslee'aux 
autres  de  pareille  faculté,  a  vertu  pour  sa 
terrestrité,  de  deseicher  et  tarir  lesdictes 
humiditez.  » 


doctes.  Vn  lotir  liiy  parlant  du  grand 
abus  qui  se  commettoit  en  vsant  de 
la  corne  de  Licorne,  le  priay  (veu 
l’authorité  qu’il  auoit  à  l’endroit  de 
la  personne  du  Roy  nostre  inaistre  , 
pour  son  grand  sçauoir  et  expei  ience) 
d’en  vouloir  ester  l’vsage,  et  princi¬ 
palement  d’abolir  ceste  coustume 
qu’on  auoit  de  laisser  tremper  vn 
morceau  de  licorne  dedans  la  coupe 
où  le  Roy  beuuoit,  craignant  la  poi¬ 
son  L  II  me  fit  response,  que  quant  à 
luy,  véritablement  il  ne  connoissoit 
aucune  vertu  en  la  corne  de  licorne: 
mais  qu’il  voyoit  l’opinion  qu’on 
auoit  d’icelle  estre  tant  inueterée  et 
enracinée  au  cerueau  des  princes  et 
du  peuple,  qu’ores  qu’il  l’eust  volon¬ 
tiers  ostée,  il  croyoit  bien  que  par 
raison  n’en  pourroit  estre  maistre. 
loint ,  disoit-il ,  que  si  cesie  supersti¬ 
tion  ne  profite ,  pour  le  moins  elle  ne 
nuit  point,  sinon  à  la  bourse  de  ceux 
qui  l’acheptent  beaucoup  plus  qu'au 
poids  de  l’or ,  comme  a  esté  monstré 
cy  deuant.  Lors  ie  luy  repliquay,  que 
pour  le  moins  il  en  voulust  doncques 
escrire,  à  fin  d’effacer  la  faulse  opi¬ 
nion  de  la  vertu  que  l’on  croyoit  es¬ 
tre  en  icelle.  A  quoy  il  respondit, 
que  tout  homme  qui  entreprend  d’es- 
crire  de  chose  d’importance ,  et  no¬ 
tamment  de  réfuter  quelque  opinion 
receuë  de  long  temps  ,  ressemble  au 
Hibou,  ou  Chahuant, lequel  se  moms- 
trant  en  quelque  lieu  eminent,  se 
met  en  butte  à  tous  les  autres  oi¬ 
seaux  qui  le  viennent  becqueter,  et 
luy  courent  sus  à  toute  reste  :  mais 
quand  ledit  hibou  est  mort ,  ils  no 
ne  s’en  soucient  aucunement  2.  Ainsi 

*  Coustumierement  on  laissait  tremper  vn  mor¬ 
ceau  de  Licorne  dans  la  Coupe  du  lloy.—h. .  P. 

d’vn  homme  bien  aduisé.  Iklle 
similitude.  —  A.  P. 


DE  Lk 

rapportant  ceste  similitude  à  luy ,  il 
me  dit ,  que  de  son  vivant  il  ne  se 
metlroit  iamais  en  butte  pour  se 
faire  becqueter  des  enuieux  et  medi- 
sans  ,  qui  entretenoient  le  monde  en 
opinions  si  faulses  et  mensongères  : 
mais  il  esperoit  qu’aprés  sa  mort  on 
trouueroit  ce  qu’il  en  auroit  laissé 
par  escrit 

Considérant  donc  ceste  response 
qu’il  me  fit  lors,  ioint  aussi  qu’on  n’a 
rien  apperceu  de  ses  escrits  depuis  sa 
mort,  qui  fut  il  y  a  enuiron  onze  ans 
ou  plus,  ie  m’expose  maintenant  à  la 
butte  qu’il  refusa  pour  lors.  Que  s’il 
y  a  quelqu’vn  qui  puisse  m’assaillir 
de  quelque  bon  trait  de  raison  ou 
d’experience ,  tant  s’en  faut  que  ie 
m’en  tienne  offensé ,  qu’au  contraire 
ie  luy  en  sçauray  fort  bon  gré,  de 
m’auoir  moustréce  qu’oncques  ie  n’ay 
peu  apprendre  des  plus  doctes  et  si¬ 
gnalés  personnages  qui  furent ,  et 
sont  encore  ep  estime  pour  leur  doc- 

1  Cette  histoire  de  Chapelain  était  déjà 
mentionnée  en  1679,  mais  avec  une  rédac¬ 
tion  toute  différente.  La  voici  : 

«  Parquoy  feu  monsieur  Chapelain  disoit, 
que  fort  volontairement  il  eust  osté  ceste 
couslume  de  laisser  tremper  vn  morceau  de 
Licorne  dedans  la  coupe  où  le  Roy  beuuoit , 
n’eust  esté  qu’il  cognoissoit  ceste  opinion 
estre  si  inueteree  et  enracinée  au  cerueau 
des  hommes,  qu’il  craignoit  bien  que  par 
raison  ne  pourroit  estre  le  maistre  :  loinct, 
disoit-il,  que  si  ceste  superstition  ne  profite, 
que  pour  le  moins  aussi  elle  ne  nuisoit 
point,  sinon  à  la  bourcede  ceux  qui  l’achè¬ 
tent  au  poix  de  l’or  :  ou  bien  aussi  par  acci¬ 
dent,  de  tant  que  les  grands  seigneurs  (il 
faut  sans  doute  lire  ici  un  mot  passé,  con- 
fians)  en  la  vertu  alexitaire  de  ceste  Licorne, 
ne  tiennent  conte  de  s’asseurer  et  preseruer 
par  autre  moyen  raisonnable  contre  les  ve¬ 
nins  et  empoisonneurs.  » 

Je  ne  vois  pas  pourquoi  cette  dernière 
réllexion  si  juste  a  été  retranchée  en  1682. 


LICORNE.  ÔOQ 

trine  singulière,  ny  mesme  d’aucun 
effet  de  nostre  licorne. 

Vous  me  direz  ;  puis  que  les  Méde¬ 
cins  sçauent  bien,  et  publient  eux- 
mesmes,  que  ce  n’est  qu’vn  abus  de 
ceste  poudre  de  licorne ,  pourquoy 
en  ordonnent-üs?  C’est  que  le  monde 
veut  estre  trompé,  et  sont  contraints 
lesdil  s  Médecins  bien  soutient  d’en  or¬ 
donner,  ou  pour  mieux  dire,  permet¬ 
tre  aux  paliens  d’en  vser,  parce  qu’ils 
en  veulent.  Que  s’il  aduenoit  que  les 
paliens  qui  en  demandent ,  mourus¬ 
sent  sans  en  auoir  pris,  les  parens 
donneroienl  tous  la  chasse  ausdits 
Médecins,  et  les  descrieroient  comme 
vieille  monnoye. 


CHAPITRE  XVII. 

PKEVVE  FAITE  PAR  RAISON. 

Venons  maintenant  à  la  raison.  Tout 
ce  qui  résisté  aux  venins  est  cardia¬ 
que  et  propre  à  corroborer  le  cœur. 
Rien  n’est  propre  à  corroborer  le 
cœur,  sinon  le  bon  air  et  le  bon 
sang  :  pour  autant  que  ces  deux 
choses  seulement  sont  familières  au 
cœur,  comme  estant  l'officine  du  sang 
artériel  et  des  esprits  vitaux.  Or  est- 
il  que  la  corne  de  Licorne  n’a  aucun 
air  en  soy,  ny  aucune  odeur,  ou  bien 
peu,  estant  toute  terrestre  et  toute 
seiche.  D’auantage  elle  ne  peut  estre 
tournée  en  sang,  parce  qu’elle  n’a  ny 
chair ,  ny  suc  en  soy  :  qui  est  cause 
qu’elle  n’est  chyliflée,  ny  pai  consé¬ 
quent  sanguifiée  '. 

Il  s’ensuit  doneques  qu’elle  n’a 
aucune  vertu  pour  fortifier  et  défen¬ 
dre  le  cœur  contre  les  venins, 

*  Tout  ce  paragraphe  est  extra. t  presque 
textuellement  duchapitre  de  1579. 


DISCOVRS 


ôio 

Voire-mals,  dira  qnelqu’vn,  en  tant 
d’opiates,  electuaires  et  epithemes 
que  Ton  fait  pour  le  cœur,  qu’y  a-il 
de  tel ,  qui  contienne  en  soy  vn  bon 
air? 

Si  a  ;  sçauoir  est,  les  conserues  de 
bourache,  buglosse,  violiers  de  Mars, 
de  roses ,  de  fleurs  de  rosmarin ,  la 
confection  d’alkermes ,  le  mithridat , 
le  theriaque,  l’ambre,  le  musc,  la  ci- 
uelte,  le  safran,  le  camphre  et  sem¬ 
blables  ,  lesquels  mesme  l’on  délayé 
en  bon  vin  et  fort  vinaigre ,  en  eau 
de  vie,  pour  appliquer  sur  lecœur,  ou 
pour  donner  en  breuuage.  Toutes  les¬ 
quelles  choses  sont  en  soy,  et  rendent 
de  soy  vne  odeur,  c’est  à  dire,vn  air  ou 
exhalation  fort  souëfue  ,  benigne  et 
familière  à  la  nature  et  substance  du 
cœur ,  en  tant  qu’elles  peuuent  en¬ 
gendrer,  multiplier,  esclaircir  et  sub- 
tilierles  esprits  vitaux,  par  similitude 
de  leur  substance  aërée,  spirituelle  et 
odorante. 

Ouy,  mais  au  bol  d’ Arménie,  en  la  I 
terre  sigillée ,  en  la  corne  de  cerf,  en 
la  raclure  d’yuoire  et  de  corail,  n’y  a- 
il  rien  de  spiritueux  et  aëré? 

Non  certes.  Pourquoy  donc  sont- 
ils  mis  entre  les  remedes  cardiaques? 
Pour  ce  que  de  leur  faculté  et  vertu 
astringente  fondée  en  la  terrestrité 
de  leur  substance,  ils  ferment  les 
conduits  des  veines  et  arteres,  par 
lesquelles  le  venin  et  air  pestilent 
pourroit  estre  porté  au  cœur.  Car 
ainsi  sont-ils  ordonnés  profitablement 
aux  flux  de  sang  et  vuidanges  immo¬ 
dérées.  Ils  sont  donc  appellés  cardia¬ 
ques,  non  pas  que  de  soy  et  par  soy 
ils  fortiQent  la  substance  du  cœur 
par  aucune  familiarité  ou  similitude, 
mais  par  accident ,  parce  qu’ils  bou¬ 
chent  le  passage  à  l’ennemy,  l’arres- 
tant  en  chemin ,  à  ce  qu’il  ne  se  iette 
dedans  la  citadeUe  de  la  vie. 


CHAPITRE  XVIII. 

DES  PERLES  ET  PIERRES  PRECIEVSES,  SVI- 
VANT  l’OPUNION  DE  lOVBERT. 

Quant  aux  perles  et  autres  pierres 
précieuses ,  le  suis  de  l’aduis  de  mon*- 
sieur  loubert ,  Médecin  ordinaire  du 
Boy, lequel  au  chap.  18.  d’vn  traité 
qu’il  a  escrit  de  la  Peste^  dit  ainsi  : 

le  ne  sçay  que  ie  doy  dire  touchant 
lés  pierres  précieuses ,  que  la  plus 
grand’part  des  hommes  estiment  tant, 
veu  que  cela  semble  superstitieux  et 
mensonger  d’asseurer  qu’il  y  a  vne 
vertu  incroyable  et  secrette  en  elles, 
soit  que  on  les  porte  entières  sur  soy, 
ou  que  l’on  vse  de  la  poudre  d’icelles. 

Or  icy  ne  veux-ie  encore  oublier  à 
mettre  en  mesme  rang  l’or  potable , 
et  les  cbaisnes  d’or  et  doubles  ducats 
qu’aucuns  ordonnent  mettre  aux  res- 
taurans  pour  les  pauures  malades; 
attendu  qu’il  y  a  aussi  peu  d’asseu- 
rance  qu’en  la  licorne,  voire  moins. 
Car  ce  qui  n’est  point  nourri ,  ne 
peut  bailler  nourriture  à  autruy.  Or 
il  est  ainsi  que  l’or  n’est  point  nourri. 
Parquoy  il  semble  que  ce  soit  vne  pi- 
perie  de  luy  attribuer  la  vertu  nu- 
tritiue,  soit  qu’il  soit  réduit  en  forme 
potable,  qu’ils  appellent,  ou  qu’il  soit 
bouilli  auec  des  restaurans  C 

Or  on  me  dira  qu’aprés  auoir  fait 
boüillir  des  escus  ou  autres  pièces 
d’or  aux  restaurans,  ils  ne  seront  de 
mesme  poids  qu’ils  estoient  aupara- 
Uant  :  ie  le  confesse,  mais  ce  ne  sera 
que  l’or  soit  en  rien  diminué  par  l’e- 
bullition;  ainsque  l’excrement qu’au¬ 
ront  accueilli  les  pièces  d’or ,  pour 
auoir  esté  long  temps  maniées  ou  por- 

i  Le  chapitre  se  terminait  là  en  1682  ;  le 
reste  est  de  1685. 


DE  LA.  LICORNE. 


téesdu  peuple,  voire  des  verollés,la-  | 
dres ,  et  vieilles  har  an  gérés,  pourra 
estre  demeuré  dans  les  restaurans. 

D’abondant  il  y  a  encore  vne  grande 
piperie  que  les  bons  maistres  quin- 
tessenlieux  font  pour  faire  leur  or 
potable,  qu’ils  disent  mettre  aux  res¬ 
taurans  :  c’est  que  d’vne  Chaisne  de 
trois  ou  quatre  cens  escus  passée  par 
l’eau  forte,  en  desroberont  quinze  ou 
vingt  escus,  qui  fera  diminution  d’au¬ 
tant  de  poids,  et  font  accroire  aux 
niais  que  ledit  or  est  diminué  par 
l’ebullition.  Qui  pourra  se  garder  de 
ces  bailleurs  de  baliuernes,  affron¬ 
teurs  et  larrons,  ce  sera  bien  fait. 


CHAPITRE  XIX. 

DV  PIED  D’HELLEl\D‘. 

Cecymefaitsouuenirdu  pied  d’Hel- 
lend,  duquel  plusieurs  font  si  grand 
cas  ,  spécialement  luy  attribuans  la 
vertu  de  guarir  de  l’epilepsie.  Et  m’es- 
tonne  d’où  ils  prennent  ceste  asseu- 
rance,  veu  que  tous  ceux  qui  en  ont 
escrit,ne  font  que  dire,  on  dit,  on  dit  ; 
ie  tn’en  rapporte  à  Gesnerus,  et  à 
Apollonius  Menabenus.  Et  quand  ce 
ne  seroit  que  la  misere  de  l’animal, 
qui  tombe  si  souucnt  en  epilepsie 
(dont  les  Allemans  l’appellent  Hel- 
lend,  qui  signifie  misere  )  et  néant- 
moins  ne  s’en  peut  guarantir,  encore 
qu’il  aittousioursson  ongle  quant-et- 
quantsoy  ;  il  me  semble  que  cela  est 
suffisant  pourreuoquer  en  doute  les 
vertus  qu’on  luy  attribue. 

’V^oilacequ’ilme  semble  de  la  corne 
de  licorne  :  et  si  quelqu’vn  en  peut 

‘Il  s’agit  Ici  du  pied  d’élan,  qu’on  devi¬ 
nerait  diflicilement  sous  la  bizarre  ortho¬ 
graphe  de  notre  auteur. 


6ii 

descouurir  d’auantage,  ie  luy  prie  en 
faire  part  au  public,  et  prendre  mon 
escriten  bonne  intention 

‘  Cette  conclusion  se  lit  déjà  textuelle¬ 
ment  dans  le  chapitre  de  J  579  j  mais  aupa-  ' 
rayant  Paré  l’appuyait  ainsi  : 

«  Et  quiconques  auec  moy  s’arrestera  à 
ces  expériences  et  auctoritez  :  quiconques 
examinera  diligemment  ces  raisons,  il  con¬ 
damnera  comme  moy  la  corne  de  Licorne, 
et  la  superstition  des  raarchans  qui  vendent 
si  cher  la  corne  de  Licorne,  et  la  superstition 
des  cérémonieux  Médecins  qui  l’ordonnent, 
et  ta  folle  opinion  du  peuple  qui  la  requiert 
et  desire,  d’autant  qu’en  telle  drogue  il  n’y 
a  non  plus  de  vertu  qu’en  l’yuoire  ou  autres 
semblables  denrees.  Voyla  ce  qu’il  me  sem¬ 
ble  de  la  corne  de  Licorne.  » 

Cela  était  d’une  rare  énergie,  et  chacun 
y  avait  son  compte,  mais  surtout  les  méde¬ 
cins;  ce  fut  sans  doute  à  cause  de  la  Faculté 
que  ce  passage  fut  supprimé  dans  toutes  les 
éditions  suivantes. 

Mais  en  1582,  le  Discours  de  la  Licorne  ne 
se  terminait  pas  ainsi,  et,  après  l’histoire 
du  pied  d’Uellend,  l’auteur  ajoutait  : 

«  Mais  pour  ne  nous  esloigner  de  nostre 
propos,  retournons  à  la  Licorne.  » 

Alors  commençait  une  série  de  neuf  cha¬ 
pitres,  du  20'  au  28®,  sous  ce  titre  général  : 
Des  Venins.  Le  chapitre  20  débutait  de 
cette  façon  : 

«  Or  posons  le  cas  que  la  corne  de  Licorne 
résisté  à  quelque  espece  de  venin ,  ce  que  ie 
croy  piteusement  {sic)  :  pour  le  moins  me 
confessera-on  qu’elle  ne  peut  résister  à  tou¬ 
tes  les  sortes.  Car  elle  feroit  son  operation 
par  ses  qualitez  manifestes,  ou  par  ses  pro- 
prietez  occultes.  Si  par  ses  qualitez  manifes¬ 
tes,  et  si  elles  sont  chaudes ,  elles  seruiront 
contre  le  venin  froid  seulement,  et  non  con¬ 
tre  le  chaud,  et  ainsi  des  autres  qualitez  ; 
et  si  elle  operoit  par  vne  vertu  spécifique,  ce 
seroit  par  occulte  conuenance  qu’elle  auroit 
auec  vne  sorte  de  venin,  laquelle  toutes- 
fois  elle  n’auroit  pas  auec  l’autre.  Or  il  en 
est  de  plusieurs  et  diuerses  sortes ,  etc.  » 

Après  quoi  l’auteur  exposait  brièvement  les 


ÛISCOVRS 


5iû 

variétés  des  venins ,  leurs  signes ,  les  règles 
générales  du  traitement,  etc.,  le  plus  sou¬ 
vent  en  analysant  les  premiers  chapitres  de 
son  livre  des  Fenins ,  rarement  en  y  ajou¬ 
tant  de  nouvelle  rédaction.  Cependant,  au 
chap.  26 ,  il  y  a  un  passage  qui  manque  en 
1679,  et  que  nous  avons  retrouvé  dans  le 
texte  du  livre  des  V enius  de  1585  (  voyez  ci- 
devant  page  296)  ;  mais,  surtoutau  chap.  24, 
fol.  40 ,  verso ,  se  lit  un  passage  qui  n’a  re¬ 
paru  nulle  autre  part,  et  qui  est  fort  intéres¬ 
sant  à  reproduire.  Il  s’agit  de  la  corruption 
des  humeurs  du  corps  par  mauvais  régime , 
et  là  c’est  le  chap.  4  du  livre  de  la  Peste  qui 
fournit  tes  premières  phrases.  Mais ,  après 
l’énumération  des  rneschantes  viandes  que  la 
famine  force  à  manger,  comme  dans  les 
villes  assiégées ,  comme  grains  pourris ,  her¬ 
bes,  fruits  sauuages,  pain  d’auoine,  de  poix, 
de  febues ,  de  fougere  ,  d’ardoise,  de  gland, 
de  chiendent,  troncs  de  choux,  etc.  (et  cela 
est  bien  plus  complet  que  dans  le  texte  du 
chapitre  cité  du  livre  de  la  Peste),  l’au¬ 
teur  continue: 

»  Tels  aliments  engendrent  pourriture 
et  vénénosité  en  nos  humeurs,  qui  cau¬ 
sent  la  peste  et  autres  rnauuaises  mala¬ 
dies  en  nos  ci  rps  :  comme  vn  chancre  qui 
ronge  et  corrode  la  chair  et  les  os.  De  faict 
que  nous  voyons  souuent  que  par  la  ma¬ 
lice  des  humeurs  venimeux  les  parties  se 
mortifient  et  pourrissent:  ce  qui  est  prouué 
par  Hippocrates ,  section  3.  liu.  3.  des  Epi- 
demies,  où  il  dit  auoir  veu  des  charbons  en 
temps  de  peste  si  estranges  et  hideux  avoir, 
que  c’estoit  chose  admirable.  Car  il  s’y  fai¬ 
sait  des  inflammations  douloureuses ,  gan¬ 
grenés  ,  et  mortifications ,  et  vlceres ,  qui 
rougeoient  toute  ta  chair ,  les  nerfs  et  les  os  : 
tellement  qu’ils  tomboient  toutes  en  pièces 
pourries.  Aux  vns  toute  la  teste  se  peloit,  et 
le  menton  ,  de  sorte  que  l’on  voyoit  les  os 
tous  desnuez  et  descouuerts.  Aux  autres  les 
pieds  et  les  bras  tomboient  (  le  semblable  ie 
proteste  auoir  veu  aduenir  à  l’Hostel-Dieu 
de  Paris ,  et  ailleurs),  et  eeux  qui  reschap- 
poicnt  desiroient  estre  morts,  pour  la  grande 
deformité  et  impuissance  qui  leur  restaient 
en  leurs  membres. 

»  Ainsi  de  reconte  mémoire  on  a  veu  ad- 
uenir  à  monsieur  IJoucquet,  Chanoine  de 


Nostre  Dame  de  Paris,  le  soir  faisant  bonnè 
chere ,  ne  sentant  aucune  douleur ,  on  luy 
trouua  vn  pied  le  lendemain  tout  mortifié, 
sans  aucun  sentiment,  de  couleur  plombine 
et  noirastre ,  froid  comme  la  glace ,  où  ne 
fut  en  la  puissance  tant  des  Médecins  que 
des  Chirurgiens  y  pouuoir  donner  ordre, 
restais  d’auis  qu’on  luy  coupast  le  pied  ,  et 
d’autres  auec  moy  •  mais  ledict  Boucquet 
nous  dist  qu’il  voûtait  mourir  doulcement  : 
toutesfois  au  contraire  ce  fut  fort  douloureu¬ 
sement.  Parceque  la  gangrené  chemina  jus- 
ques  à  la  cuisse,  les  vapeurs  de  laquelle  le 
feirent  mourir  en  peu  de  iours. 

»  On  pourroit  icy  amener  plusieurs  his¬ 
toires  semblables  qui  sont  aduenues  pour  la 
vénénosité  des  humeurs  :  mais  il  suffira 
pour  le  présent  de  celle-cy.  » 

Le  lecteur  trouvera  au  chapitre  37  de  la 
Peste  quelques  détails  sur  les  vastes  char¬ 
bons  qui  rougeoient  ainsi  toute  la  chair; 
mais  ni  la  citation  d’Hippocrate  ni  l’his¬ 
toire  de  Boucquet  n’ont  été  reproduites 
nulle  part,  probablement  parce  qu’elles  se 
rattachent  à  la  peste,  et  que  Paré  ne  se  sou¬ 
vint  pas  d’aller  les  chercher  dans  un  chapi¬ 
tre  du  Discours  des  venins.  Cette  histoire  de 
Boucquet  est  intéressante  sous  un  triple 
point  de  vue  :  1°  comme  exemple  d’une  gan¬ 
grène  sénile  :  2“  à  raison  du  conseil  de  cou¬ 
per  le  pied,  qu’on  ne  lit  nulle  autre  part 
dans  les  OEuvres  de  Paré;  3"  enfin  parce 
que  le  mal  ayant  gagné  la  cuisse.  Paré  sem¬ 
ble  le  regarder  comme  sans  remede.  Voyez 
la  préface  de  ce  troisième  volume. 

Après  le  Discours  de  la  Licorne  et  des  F e- 
nins,  suivait  enfin  \t  Brief  Discours  de  la 
Peste ,  auquel  demonsirerons  que  la  Licorne 
n’a  nul  effeci.  Il  se  liait  aux  discours  précé¬ 
dents  par  la  phrase  suivante  : 

«  Maintenant  il  nous  fault  traicter  som¬ 
mairement  du  venin  pestiféré,  à  cause  que 
plusieurs  tiennent  la  Licorne  pour  le  plus 
excellent  alexitaire,  ou  contre-poison,  pour  la 
précaution  et  curation  d’icelle  :  et  commen¬ 
cerons  par  vue  description  allégorique.  » 

Et  en  efl’ct  il  procédait  immédiatement  à 
celte  dcsciiption  allégorique,  qui,  un  peu 
modifiée  et  augmentée,  a  remplacé  en  1585 
la  description  plus  simple  de  1568.  Lu  pre- 


DE  LA  Licorne. 


miere  phrase  en  est  plus  remarquable  ici 
que  partout  ailieurs. 

«  Peste  est  vne  maladie  venant  de  l’ire  de 
Dieu,  furieuse,  tempestatiue ,  hastiue, 
monstrueuse,  espouuantabie,  et  effroyable , 
conlagieuse,  terrible,  farouche,  traistiesse, 
fallacieuse,  etc.» 

On  pourrait  croire  qu’ii  ne  s’est  arrêté  que 
faute  d’épithètes. 

Ce  discours  se  composait  de  24  chapitres , 
dont  la  plupart  ne  présentent  qu’une  courte 
analyse  du  livre  de  la  Peste.  Mais  quelques 
uns  sont  entièrement  nouveaux,  comme  le 
6'  et  le  7%  dont  Paré  a  fait  depuis  le  30'  de 
son  livre;  une  partie  du  chap.  22,  intitulé  : 
De  l'espece  de  Charbon  dicl  panaris,  et  cure 
d’iceluy.  Cette  histoire  du  panaris  était  em¬ 
pruntée  au  livre  des  Tumeurs  en  particulier, 
où  on  la  trouve  dans  les  grandes  éditions. 
Enfin  il  y  avaitplusieurs  additions  de  détail 
qui  ont  été  reprises  pour  la  plupart  dans  l’é¬ 
dition  de  1585,  et  qui  ont  été  notées  en  leur 
lieu  ,  pages  399,  422  et  441.  Il  y  en  a  d’au¬ 
tres  de  moindre  importance,  et  tellement 
perdues  dans  le  texte,  que  l’auteur  même 
n’a  pas  su  les  y  retrouver  pour  son  édition 
de  1585;  ainsi,  au  chapitre  18  (ci-devant 
page  388),  il  dit  simplement  en  note  :  l.e 
pape  Pelagius  mourut  de  peste;  et,  au  chap.  2 
de  son  Discours,  il  disait  dans  le  texte 
même  :  Pelagius  et  Calixtus ,  papes ,  en  mou¬ 
rurent  ;  et  il  citait  en  même  temps  David  et 
Ezechias.  Au  chap.  14,  intitulé  :  Des  rerne- 
des  propres  pour  combattre  et  purger  le  venin 
pestiféré,  et  répondant  conséquemment  au 
chap.  24  du  livre ,  il  est  assez  remarqua¬ 
ble  qu’il  donne  un  précepte  absolument 
contraire  à  celui  qu’il  avait  posé  en  1579, 
et  que  par  mégarde  sans  doute  il  conserva 
encore  en  1585.  Ainsi  on  lit  dans  le  Livre  : 
Aucuns  sont  d’uduis...  donner  purgation; 
mais...  nous  sommes  d'aduis  que  le  plus  expé¬ 
dient  est  de  donner  premièrement  et  subitement 
au  malade  quelque  ulexitere,  etc.  Voici  main* 
tenant  le  texte  du  Discours  ; 

«Hippocrates,  Aphor.  10.  liu.  4.,  dit 
qu’aux  maladies  fort  aiguës ,  si  la  matière 
est  en  mouuement  furieux  ,  fault  purger  du 
mesme  jour  :  car  de  prolonger  en  tel  cas  est 
mauuais  et  dangereux.  Parquoy  quand  le 
lit. 


5t3 

venin  pestiféré  n’est  encore  arresté  en  vne 
partie  par  vne  bosse  ou  charbon,  il  vague  et 
erre  de  lieu  à  autre,  et  se  meut  furieusement 
(comme  la  beste  sauuage  qui  est  en  ruth  et 
en  amour)  auec  douleur,  qui  ne  donne  au¬ 
cun  repos  au  pauure  malade,  à  cause  de  la 
grande  malignité  veneneuse  et  furieuse  qui 
ne  cherche  que  à  accabler  le  cœur  et  autres 
parties  nobles.  Parquoy  sans  faire  aucun 
delay,  il  le  conuient  vuider  et  euacuer, 
pourueu  que  la  bosse  ou  charbon  n’appa- 
rolssent  desia:  d’aultantqu’alors  ilfauldroit 
s’en  abstenir,  parce  qu'on  interromproit  le 
mouuement  de  Nature,  et  l’empescheroit 
de  ietter  le  venin  hors.  Or  ledit  venin  sera 
vacué  par  vomissemens,  flux  de  ventre,- 
sueurs,  et  autres  vacuatioiis  que  descrirons 
Icy,  les  plus  signalées  que  i’ay  cognu  par 
expérience.  Entre  lesquels  pardessus  tout 
sont  le  Theiiaque  et  Methridat,  etc.  » 

Ici  on  retombe  dans  le  texte  du  chap.  24  du 
livre  de  la  Peste,  mais  pour  quelques  ligne 
seulement  ;  et  voici  la  nouvelle  pratique  : 

«  Dont  subit  que  le  patient  se  sentira 
frappé,  prendra  dudit  Theriaque  ou  Milhri- 
dat..  La  quantité  se  doibt  diuersifier  selon 
les  personnes.  Car  les  forts  et  robustes  en 
pourront  prendre  vne  dragme  et  plus,  auec 
six  grains  de  scamonee  en  pouldre  ;  les 
moyens,  demie,  auec  trois  grains  de  ladicte 
scamonee:  et  les  enfans  encore  moins,  et 
,  sans  scamonee,  dissoult  en  eau  de  chardon 
benist,  ou  buglosse,  ou  de  l’ozeille.  Apres 
l’auoir  pris ,  se  faut  proumener  et  se  mettre 
au  lict  chaudement,  etc.  » 

Cette  nouvelle  pratique  ne  venait  pas 
d’une  nouvelle  expérience;  Paré  cite  en 
marge  comme  autorité  iVïco/c  Nancel  en  son 
Traicié  de  la  peste,  dont  le  nom  reviendra 
encore  à  la  lin  de  ce  discours.  C’est  sans 
doute  à  cette  source  qu’il  avait  pris  le  re¬ 
mède  suivant,  omis  dans  le  livre  de  1585. 

«  Electuaire  de  l’œuf,  duquel  vsoit  l’empereur 
Maximilien ,  bien  estimé  des  gens  doctes. 

»  Prenez  vn  œuf  frais,  et  faictes  sur  les 
deux  bouts  vn  petit  trou  :  puis  on  soufflera 
par  vn  des  bouts  pour  faire  sortir  tout  le 
blanc  et  le  iaulne  :  Iceluy  vuidé,  le  fault 
remplir  de  safran  Oriental  subtilement  pul- 

33 


DISCOVRS  DE  LA.  LICORNE. 


5l4 

uerisé  :  Et  apres  estoupper  les  trous  d’vne 
autre  coquille  d’œuf,  auec  mastic  fort  mas- 
ché,  et  le  seicher  près  le  feu,  tant  que  la 
couuerture  tienne  fort.  Cela  faict,le  fault 
mettre  cuire  soubs  les  cendres  chaudes,  et 
l’y  laisser  tant  qu’il  vienne  de  couleur  vio¬ 
lette,  et  qu’il  se  puisse  pulueriser  auec  la  co¬ 
quille.  Puis  pezer  la  dicte  pouldre,  et  pren¬ 
dre  autant  de  semence  de  rue  puluerisee,  et 
du  Dictamnus  albus,  racine  de  Tormentille,  I 
de  chacun  demy-once,  puluerisez  bien  sub¬ 
tilement  ,  graine  de  Moustarde  deux  drag- 
mes,  aussi  puluerisee,  et  le  tout  incorporé. 

A  quoy  on  adioustera  autant  de  bon  Thé¬ 
riaque,  lequel  sera  derechef  incorporé  en 
vn  mortier  de  marbre,  par  l’espace  d’vne 
heure.  Icelle  mixture  sera  gardee  en  vn 
vaisseau  de  verre  bien  bouché. 

»  Or  durera  ceste  composition  trente  ans  : 

Et  d’autant  qu’elle  sera  plus  vieille,  d’autant 
sera-elle  meilleure. 

»  Elle  preserue  de  la  peste ,  en  prenant 
tous  les  matins  à  îeun  la  grosseur  d’vn  poix  : 
et  la  tenant  longuement  en  la  bouche ,  à  fin 
que  la  vapeur  et  vertu  soit  communiquée 
au  cerueau.  Si  l’an  se  sent  frappé  de  peste, 

U  ea  fault  prendre,  la  grosseur  d’vne  febue , 
et  la  dealayer  auec  eau  d’Endiue  ou  Ace- 
leuse ,  et  vn  peu  d’eau  de  vie.  Puis  se  pro¬ 
mener,  si  l’on  pcult  :  et  apres  se  poser  dedans 
le  Het,  elcouurir  tres-bien,  et  mettre  vue 
grosse  bouteille  remplie  d’eau  bouillante,  à 
ses,  pieds ,  et  suer  par  l’espace  de  deux  heu- 
tes,  plus  ou  moins,  selon  la  vertu  du  ma¬ 
lade  :  et  apres  se  faire  bien  essuyer.  Notez  | 
que  pendant  que  l’on  suera  on  se  doit  gar¬ 
der  de  dormir.  Apres  la  sueur,  sera  baillé 
quelque  bon  bouillon ,  auquel  il  y  aura  vn 
peu  de  ius  de  citron,  et  du  safran.  » 
d’ai  conservé  cette  recette  à  cause  de  son 
titre  et  de  sa  eomposilion  étrange  ;  elle  est 
suivie  d’autres  dont  j’ai  retrouvé  la  plupart 
éparpillées  en  divers  chapitres  du  livre  de  la 
Peste,  et  la  patience  m’a  manqué  pour  faire 
la  même  recherehe  à  l’égard  du  reste. 

Au  chap.  23,  correspondant  au  chap.  38 
du  livre  et  portant  le  même  titre,  j’ai  re¬ 
marqué  un  passage  plus  intéressant  touchant 
la  cautérisation  des  charbons  ;  on  pourra  le 


comparer  avec  le  texte  primitif,  cl-dessus» 
page  441. 

«  Sur  tout  le  ieune  Chirurgien  doit  bien 
aduiser,  que  si  la  pointe  du  charbon  appa- 
roist  noire ,  il  la  fault  cautériser  auec  huile 
feruente,  ou  eau  forte,  ou  cautere  actuel  : 
car  par  ce  moyen,  on  luy  faict  perdre  vne 
grande  partie  de  sa  malignité  ,  à  cause  que 
l’on  donne  issue  au  venin,  et  s’appaise  la 
douleur,  et  te  puis  asseurer  l’auoir  faict 
auec  heureux  succez.  Or  on  ne  les  doibt  cau¬ 
tériser,  s’ils  ne  sont  noirs,  parceque  ceste 
noirceur  est  la  gangrenee,  et  partant  moins 
douloureuse.  Dauantage  il  se  fault  garder  de 
cautériser  ceux  qui  sont  rouges,  doulou¬ 
reux,  ou  enflammez,  de  peur  de  causer  vne 
extreme  douleur,  et  accroissement  de  fiéure, 
et  estre  cause  de  la  mort  du  panure  malade. 
Dieu  sçait  combien  ces  ieunes  Barbiers  es- 
leus  à  penser  les  pestiferez  en  ont  fait  mou¬ 
rir  par  ce  moyen. 

»  Apres  la  cautérisation ,  on  fera  des  sca¬ 
rifications  dessus,  iusques  à  ce  que  le  sang 
en  sorte.  Puis  on  y  appliquera  le  cul  d’vne 
poule  commune  qui  ponne ,  à  fin  qu’elle  ait 
le  cul  plus  ouuert;  ou  vne  grosse  poule 
d’Inde ,  etc,  » 

Je  laisse  cette  histoire  du,  cul  des  poules , 
trop  longuement  exposée  au  chap.  34  du  Li¬ 
vre  actuel  (page  432).  Après  cela  jene  trouve 
plus  rien  de  nouveau ,  à  l’exception  de  l’es¬ 
pèce  d’épilogue  qui  lerrainele  Discours. 

«  Fin  du  brief  Discours  de  la  Peste,  extraict 
du  vingt  vniesme  tîure  de  mesOEuures.  Que 
si  aucun  desire  en  auoir  plus  ample  instruc¬ 
tion  et  intelligence ,  qu’il  lise  ledit  vingt 
vniesme  liure,  là  où  sont  déduites  au  long 
plusieurs  autres  dispositions  etaccidens  qui 
la  suyuent.  Finalement,  qu’il  voye  vn  traicté 
que  nagueres  a  faict  monsieur  Maistre  Nicole 
de  Nancel ,  Médecin  demeurant  à  Tours,  le¬ 
quel  en  a  autant  bien  escrit  que  nul  autheur 
que  i’aye  oncques  cognu,  et  d’vn  langage 
facile  à  entendre,  selon  la  doctrine  des  An¬ 
ciens  :  par  où  l’on  peult  iuger  (si  le  ne  me 
trompe)  qu’il  a  rnis  la  main  souucutefois 
aux  armes,  pour  combattre  et  vaincre  ceste 
maladie,  et  les  accideus  qui  la  suyueat.  » 


REPLIQVE 

D’AMBROISE  PARÉ,  PREMIER  CHIRVRGIEN  DV  ROY, 


A  LA  RÉSPONSB  FAITE  CONTEE  SON 

DISCOVRS  DE  LA  LICORNE 


l’auois  souhaitté ,  discourant  de  la 
Licorne,  que  s’il  y  auoit  quelqu’vn 
qui  en  eust  autre  opinion  que  moy  , 
il  luy  pleust  mettre  ses  raisons  en 
auant  :  pensant  que  par  le  débat  des 
raisons  contraires  ,  comme  par  le 
heurt  de  deux  pierres,  les  viues  estin- 
eelles  de  la  yerité  viendroient  à  pa- 
roiglre  '-*,  qui  pourroient  exciter  vne 
lumière  si  gfrande  de  tout  ce  fait  en 
nos  esprits  ,  qu’on  n’auroit  plus  oc¬ 
casion  d’en  douter.  Ce  mien  souhait 
m’est  en  partie  aduenu.  Car  il  sfest 
trouué  quelqi/vn  qui ,  controllant 
mes  escrits  ,  m’a  voulu  desdire  en  ce 
point  :  duquel  toutesfois  les  raisons  ne 
me  semblent  si  fortes,  que  pour  cela 
ie  doiue  quitter  mon  party  pour  pren¬ 
dre  le  sien  ,  ainsi  que  i’espere  mons- 
trer,  répliquant  sur  vne  chacune  d’i¬ 
celles  ;  laissant  à  part  ses  animosités, 
lesquelles  i’estime  luy  estre  eschap- 

1  Cette  réplique  a  paru  isolément  en  1592, 
comme  je  l’ai  dit  dans  mon  Introduction  à 
l’article  Hibliographie  ;  il  n’y  a  pas  été  changé 
lin  mot  depuis.  On  ne  sait  pas  le  nom  de 
l’adversaire  à  qui  Paré  répondait.  Voyez  à 
cet  égard  mon  Introduclion,  page  cclxxxix. 

*  Belle  comparaison,  — ■  A.  P. 


pées,  plus  pour  zele  qu’il  porte  à  la  vé¬ 
rité  ,  que  pour  opinion  qu’il  puisse 
auoir  de  moy  autre  que  d’homme  de 
bien  ,  et  studieux  du  profit  public. 

Sa  première  raison  est,  qu’il  faut 
bien  que  la  licorne  aye  de  grandes  ver¬ 
tus  ,  veu  que  tous  les  sages  demeurent 
entr’euæ  d'accord  des  admirables  pro¬ 
priétés  d'icelle.  Et  que  parlant  il  faut 
acquiescer  à  leur  authorité  :  attendu 
qu'il  vaut  mieuxfyillir  auec  les  sages , 
que  bien  opiner  contre  leur  opinion. 

I  le  nie  la  première  partie  de  ceste 
raison,  attendu  que  commei’ay  mons¬ 
tre  en  mon  precedent  discours ,  mes¬ 
sieurs  Rondelet,  Chappelain ,  et  le 
docte  Duret,  ne  font  pas  plus  grand 
cas  de  la  corne  de  Licorne,  que  d’au¬ 
tre  corne  quelconque  :  et  toutesfois 
ces  trois  là  sont  sages  et  clairs-voyans 
en  Medecine.  Quant  à  la  seconde  par¬ 
tie,  ie  dis  tout  au  contraire,  quei’ai- 
merois  mieux  faire  bien  tout  seul,  que 
de  faillir  non  seulement  auec  les  sa¬ 
ges,  mais  mesme  auec  tout  le  reste 
du  monde.  Car  l’excellence  de  la  vé¬ 
rité  est  si  grande  ,  qu’elle  surpasse 
toute  la  sapience  humaine,  qui  bien 
souuent  n’est  armée  que  de  brauade, 
n’est  enflée  que  de  vent ,  n’est  parée 


niiPLIQl  K  POUR  LE  DKSCOVRS 


que  d’apparence  et  vanité:  parquoy 
la  seule  vérité  doit  estre  cherchée  , 
suiuie  et  cherie. 

La  seconde  raison  est ,  que  le  long 
temps  qu’il  y  a  que  la  Licorne  est  en 
vsage ,  monstre  lien  icelle  estre  bonne. 

le  répliqué  que  le  long  temps  n’est 
pas  suffisant  pour  prouuer  la  corne 
de  Licorne  auoîr  les  vertus  qu’on  luy 
attribue.  Car  telle  vogue  n’est  fondée 
qu’en  opinion,  et  la  vérité  (comme  il 
dit  lui-mesme)  dépend  de  la  chose , 
et  non  des  opinions.  Parquoy  rien  ne 
sert  de  m’ alléguer  les  Papes  ,  Empe¬ 
reurs  ,  Roys  et  Potentats ,  qui  ont  mis 
la  corne  de  Licorne  en  leurs  Ihresors  : 
car  ils  ne  sont  d’eux -mesmes  iüges 
competans  de  la  propriété  des  choses 
naturelles  :  et  ceux  par  les  yeux  des¬ 
quels  ils  ont  veu,  ont  esté  ou  louches 
ou  conniuens,  de  leur  auoir  monstré 
ou  laissé  voir  le  noir  pour  le  blanc. 
Parquoy  à  bon  droit  André  Marin , 
Médecin  excellent  de  Florence  ,  au 
Discours  qu’il  a  fait  de  la  faulse  opi¬ 
nion  de  la  Licorne,  s’esmerueille  com¬ 
ment  iusques  icy  il  ne  s’est  trouué  en¬ 
core  Médecin  ou  autre ,  tant  amateur 
de  son  Prince,  qui  l’ait  retiré  de  ceste 
erreur,  la  bannissant  de  ses  cabinets 
comme  vn  abus  et  tromperie  mani¬ 
feste  :  concluant  que  si  précieux  ioyau 
n’estoit  propre  qu’aux  basteleurs  et 
imposteurs ,  et  mal-seant  aux  Méde¬ 
cins,  qui  ont  des  remedes  plus  asseu- 
rés  et  approuués  pour  combattre  les 
maladies  malignes ,  veneneuses ,  et 
pestilentes. 

Quant  à  ce  qu’il  dit ,  qu’il  y  a  des 
Licornes,  et  que  la  saincte  Escriture  le 
tesmoigne:  le  responds  que  quiconque 
pense  alléguer celacontre  moy,  mons¬ 
tre  qu’il  a  grande  enuie  de  quereller. 
Car  qui  est-ce  qui  croit  cela  mieux 
que  moy?  Qui  est-ce  qui  le  monstre 
mieux  ?  l’en  cite  cinq  passages  de  la 


saincte  .Escriture  dans  mon  Discours 
de  la  Licorne.  le  croy  donc  qu’il  y 
a  tousiourseu,  et  qu’il  y  a  encore  des 
Licornes,  non  seulement  en  la  terre  , 
mais  aussi  en  la  mer  :  mais  que  leurs 
cornes  ayent  les  vertus  qu’on  leur 
attribue  contre  les  venins  et  pestilen¬ 
ces  ,  c’est  le  point  que  i’attendois  : 
lequel  toutesfois  n’a  esté  louché  que 
par  vne  simple  assertion,  sans  aucune 
démonstration ,  raison ,  ou  authorité 
ancienne.  Car  de  dire  qu’elle  profite 
contre  la  peste,  pour  ce  qu’elle  re¬ 
froidit,  cela  est  fuir  et  quitter  le  com¬ 
bat  de  la  propriété  occulte,  de  laquelle 
toutesfois  est  nostre  principale  ques¬ 
tion.  Or  quand  ainsi  seroit  qu’elle 
agiroit  par  qualité  manifeste,  ilia 
faudroit  ordonner  en  quantité  raison¬ 
nable,  et  principalement  à  la  vehe 
mence  de  l’ardeur  furieuse  et  pesti¬ 
lence  ,  c’est  à  dire  par  onces  ou 
quarterons.  Car  trois  ou  quatre  grains 
qu’on  ordonne  communément ,  n’ont 
plus  de  vertu  (ce  que  dit  monsieur 
Duret,  de  bonne  grâce  parlant  de  la  Li¬ 
corne)  que  qui  ielteroit  quatre  grains 
de  mil  dans  la  gueule  d’vn  asne  bien 
affamé  >.  C’est  pourquoy  ie  voudrois 
bien  empescher  les  Apoticaires  de  la 
vendre  si  cher,  à  fin  que  les  Médecins 
eussent  commodité  de  l’ordonner  en 
plus  grande  dose,  et  que  les  malades 
eussent  moyen  de  la  porter  auec  plus 
de  profit  en  leur  corps ,  et  moins  de 
dommage  de  leur  bourse.  Cela  n’est- 
ce  me  rompre  l’esprit  de  ce  que  ie  n’ay 
que  faire ,  comme  l’on  me  reproche  ? 
Car  Dieu  a  recommandé  à  vn  chacun 
le  salut  et  profil  de  son  prochain  :  et 
certes  les  Apoticaires  mesmes ,  i’en- 
tens  les  plus  anciens  et  expérimentés, 
interrogés  par  moy,  m’ont  confessé 
auoir  honte  de  la  vendre  si  chere  , 

‘  Bonne  comparaison.  —  A.  F. 


DE  LA  LICORNE. 


veu  qu'ils  n’ont  iamais  apperceu  plus 
grand  effet  en  elle  qu’és  autres  cor¬ 
nes  communesdesvulgairesanimaux: 
toutesfois  qu’ils  sont  contraints  de  la 
vendre  ainsi  chere,  parce  qu’ils  l’a¬ 
chètent  chèrement.  Or  rachelent-ils 
chèrement ,  à  raison  du  bruit  qu’on 
luy  a  donné  à  tort  et  sans  cause. 

Venons  maintenant  aux  raisons  par 
lesquelles  il  pense  destruire  ma  prin¬ 
cipale  démonstration ,  laquelle  par 
moquerie  il  appelle  mon  Achilles. 
Mon  Achilles  donc  estoit  tel  ; 

Rien  n  est  hon  à  corroborer  le  cœur^ 
sinon  le  bon  air  et  le  bon  sang:  la  corne 
de  Licorne  n'a  air  ni  odeur  en  soy,  es¬ 
tant  toute  terrestre  et  toute  seiche.  D’a- 
uantage  elle  ne  peut  estre  tournée  en 
sang,  d'autant  quelle  n’a  en  soy  ni  chair 
ni  suc.  Pourquoy  elle  n’a  verlu  à  cor¬ 
roborer  le  cœur. 

La  première  proposition ,  dit-il ,  est 
fausse  et  ridicule  :  sa  raison  est,  Car 
tels  remedes  alterati fs  fortifient  le  cœur 
par  qualité  manifeste  et  élémentaire,  ou 
occulte  et  formelle ,  et  toutesfois  n’ont 
ny  bon  air,  ny  habilité  à  estre  tournés 
en  sang. 

le  répliqué  et  dis  au  contraire ,  pre¬ 
nant  le  mesme  exemple  qu’il  a  pris , 
pour  le  battre  de  ses  armes  mesmes  , 
que  la  faculté  des  herbes  et  simples 
qui  entrent  és  apozemes ,  n’est  point 
communiquée  à  l’eau ,  par  laquelle  est 
faite  la  décoction  ,  sinon  par  distrac¬ 
tion  du  suc,  ou  humeur  et  vapeur  des¬ 
dits  simples  :  autrement  s’il  n’y  auoit 
que  la  qualité  muée  qui  se  communi- 
quast  à  l’eau  sans  substance,  c’est- 
à  dire,  sans  humeur  ou  vapeur,  com¬ 
ment  connoistrions-nous  la  décoction 
de  pourpié  à  sa  noirceur,  la  décoction 
de  psyllium  à  sa  viscosité,  la  décoction 
de  cichorée  à  sa  saueur  et  amertume, 
l’infusion  de  rhubarbe  à  son  odeur? 
La  saueur  y  est,  et  s’y  remarque  mani 


517 

festement  :  l’odeur  donc  aussi  y  est. 
Car  tout  ce  qui  a  saueur  et  odeur  ,  la 
saueury  est,le  suc  donc  ou  humeur  y 
est,  l’odeur  y  est,  la  vapeur  donc  y  est. 
Car  qu’est-ce  autre  chose  odeur , 
qu’vne  vapeur,  ou  plustost  fumée  ? 

Quant  au  corail ,  corne  de  cerf,  et 
semblables,  ie  confesse  qu’ils  n’ont 
non  plus  d’air  et  de  suc  que  la 
corne  de  Licorne,  mais  aussi  ie  ne  les 
tiens  pas  pour  vrais  cardiaques  :  de 
tant  qu’ils  ne  fortifient  point  le  cœur 
en  combattant  contre  les  venins,  ains 
seulement,  ou  en  resserrant  les  con¬ 
duits  qui  vont  au  cœur,  par  leur  vertu 
astringente  ou  en  beuuant  et  taris¬ 
sant  la  sérosité  veneneuse,qui  affadit 
le  cœur  et  l’estomach,  par  leur  seiche 
terrestrité,  faisant  l’vn  et  l’autre,  non 
par  simple  infusion  en  quelque  eau  , 
mais  par  assumption  de  leur  propre 
corps  en  poudre. 

Mais  c’est  assez  répliqué  sur  la  ré¬ 
futation  prétendue  de  la  première 
proposition  de  mon  Achilles  :  venons 
à  la  seconde.  le  disois  que  la  corne  de 
Licorne  n’a  air  ni  odeur  en  soy.  Cela, 
dit-il,  est  contraire  aux  principes  de 
Physique.  Car  chaque  corps  élémen¬ 
taire  est  mixte ,  c’est  à  dire ,  meslé  des 
quatre  elemens  :  parquoij  à  la  corne  il 
y  a  de  l’air. 

Pour  répliqué  ie  dis,  que  les  choses 
en  Medecine  ne  se  mesurent  et  consi¬ 
dèrent  que  par  les  sens  et  effects. 
Bien  donc  que  par  discours  de  raison 
nous  comprenions  que  le  poyure,  gin¬ 
gembre  ,  et  graine  de  paradis  sont 
composés  des  quatre  elemens  (c’est  à 
dire)  de  chaud,  froid,  sec,  et  humide  : 
toutesfois  les  Médecins  n’y  reconnois- 
sent  que  du  chaud  et  du  sec  ,  pource 
qu’ils  ne  font  en  nous  principalement 
que  les  effects  de  chaleur  et  de  sei- 
cheresse  :  ainsi  nous  nions  la  corne 
do  ^Licorne  estre  aérée,  parce  qu  elle 


5l8  REPLIQUE  POUR  LE  DISCOVRS 


ne  produit  les  effects  des  corps  aërés, 
c’est  à  dire  de  vapeur,  fumée,  et 
odeur.  Quiconque  trouuera  de  l'air 
en  la  corne  de  Licorne,  il  tirera  de 
l’huile  d’vn  mur.  Ces  deux  points  de 
mon  Achilles  vuidés,  le  reste  des  rai¬ 
sons  contraires  n’est  pas  difficile  à 
réfuter.  Car  pour  prouuer  que  la 
corne  de  Licorne  se  peut  tourner  en 
san^,il  allégué,  que  les  chiens  viuent 
d‘osK  le  dis  au  contraire,  que  les 
chiens  ne  viuent  pas  d’os ,  mais  bien 
de  la  moelle  ou  substance  médulleuse 
qui  est  cachée  dedans  les  cauités  in¬ 
signes  ou  porosités  de  l’os.  Or  aux 
cornes  de  Licornes,  que  nous  voyons 
rapper  tous  les  iours,  y  a-il  rien  de 
moelleux?  Non  plus,  et  encore 
moins  qu’en  la  pierre  ponce. 

N’est  pas  aussi  plus  pertinent  ce 
qu’il  adiouste  :  Que  comme  les  chiens 
viuent  d’os,  aussi  les  austruchesde  fer^. 
L’on  sçait  auiourd’huy  assez  par  expé¬ 
rience  et  inspection  iournaliere ,  que 
ceste  opinion  de  la  vieille  histoire  na¬ 
turelle  est  chose  fabuleuse.  Car  bien 
que  l’austruchedeuore  le  fer,  si  ne  le 
digere-elle  pas  :  le  lendemain,  on  le 
trouuera  parmy  ses  excremens  tel 
qu’elle  l’a  pris.  le  puis  dire  en  vérité 
auoir  donné  des  clefs  et  clous  de  fer 
à  des  austruches  à  aualler,  que  le 
lendemain  on  les  trouuoit  auec  leurs 
excremens ,  sans  estre  en  rien  dimi¬ 
nués.  Pour  voir  donc  tousiours  les  pe¬ 
tits  enfans  aualler  les  noyaux  de  ce¬ 
rises  et  pépins  de  raisin,  dirons-nous 
qu’ils  les  digèrent  et  s’en  nourrissent  ? 

Il  dit  que  le  Roy  a  refusé  cent  mil 
escus  de  la  corne  de  licorne  qui  est  à 
sainct  Denys.  Il  est  bien  possible  que 
pour  sa  grandeur  et  magnificence  il 
en  ait  autant  refusé  :  mais  si  croy-ie 

‘  Cesle  comparaison  est  bien  foible.  — A.  P. 

2  Autre  comparaison  moins  vallable, — A.  P. 


que  si  le  Roy  l’auoit  en  telle  estime, 
qu’elle  seroit  mise  en  plus  seure garde 
que  d’vn  simple  clerc  ,  qui  la  fait 
voirindifferemment  à  vn  chacun  pour 
vn  grand  blanc.  Que  si  elle  auoit  telle 
vertu  qu’on  luy  attribue ,  elle  ne  fust 
pas  entière ,  et  croy  qu’elle  eust  esté 
limée  et  rappée  ,  pour  suruenir  à  la 
nécessité  des  maladies  de  tant  de  Roys 
qui  ont  tenu  le  sceptre  de  France. 
Ces  raisons  ont  induit  André  Marin, 
au  lieu  sus  allégué,  à  penser  que  telle 
corne  ne  fust  pas  naturelle ,  ains  ar¬ 
tificielle,  fabriquée  par  la  main  de 
quelque  ingénieux  maistre,  qui  par 
certaine  mixtion  l'a  contre-faite  au¬ 
près  du  naturel.  Ce  qui  est  prouué 
par  Dioscoride,  liure  4,  chapitre  71, 
fueiliet  52,  qui  dit  que  faisant  cuire 
la  racine  de  Mandragore  auec  yuoire 
l’espace  de  six  heures,  elle  le  mollifle 
tellement  qu’on  en  peut  aisément 
faire  ce  qu’on  voudra.  Pareillement 
Cardan  dit,  que  les  dents  des  elephans 
se  peuuent  amollir  et  estendre  comme 
les  cornes  de  bœuf;  et  de  telles  pipe- 
ries  se  trouuent  à  Metz  et  à  Stras¬ 
bourg  ,  et  en  plusieurs  autres  lieux. 
Parquoy  ie  trouue  bon  ce  que  dit 
l’aduersaire ,  que  les  Médecins  de- 
uroient  admonester  le  Magistrat  de  l’a¬ 
bus  qui  seroit  en  la  Licorne,  et  non  pas 
moy.  l’eusse  désiré  qu’ils  m’eussent 
deliuré  de  ceste  peine,  et  m’esmer- 
ueille  comment  ils  ont  tant  attendu, 
le  sçay  toutesfois  que  monsieur  Cap- 
pel.  Docteur  Regenl  en  la  faculté  de 
Medecine,  tres-sçauant,  et  homme  de 
bien,  auoit  ja  commencé  en  faire  vn 
discours,  pour  oster  l’abus  qui  y  es- 
toit  :  mais  voyant  le  mitmja  imprimé, 
il  désista  le  sien,  l’ay  aussi  entendu 
souuent  que  monsieur  l’Aftllé ,  Doc¬ 
teur  en  medecine  (assez  conneu  pour 
sa  vertu  et  doctrine),  autresfois  auoit 
maintenu  en  pleines  escholes,  que  la 


DE  IA  LICORNE. 


Licorne  n’auoit  rien  des  propriétés 
cachées  qu’on  luy  attribue,  seulement 
qu’elle  auoit  vertu  de  desseicher  au 
premier  degré,  comme  toute  autre  es¬ 
pece  de  corne.  Plusieurs  autres  Méde¬ 
cins,  voire  la  plus-part  d’entr’eux,  ont 
mesme  opinion,  et  ce  que  i’en  sçay, 
ie  ne  l’ay  appris  que  d’eux  principa¬ 
lement,  et  premièrement  du  docte 
Duret. 

Parquoy  ceste  mienne  opinion ,  ac¬ 
cordante  auec  celle  de  tant  de  gens 
de  bien  et  de  sçauoir,  ne  doit  estre 
tenue  pour  monstrueuse,  puisqu’elle 
n’est  ny  nouuelle,  ny  extraordinaire, 
ny  erronée  :  ny  pour  cela  ne  dois 
point  estre  réputé  et  peint  comme 
monstre,  ainsique  gabbe  l’aduersaire, 
voulant  tirer  en  risée  la  description 
des  Monstres  que  i’ay  insérés  en  mes 
OEuures.  Monsieur  Rondelet,  premier 
Médecin  de  nostre  temps,  n’a-il  pas 
fait  por traire  plusieurs  Monstres?  et 
toutesfois  personne  n’a  dit  qu’il  l’eust 
fait  pour  amuser  les  petits  enfans, 
mais  bien  pour  représenter  à  l’œil  ce 
que  l’on  ne  pourroit  si  bien  escrire 
et  comprendre  sans  le  portrait.  Ges- 
nesrus  et  Delon  ont  fait  le  semblable, 
et  toutesfois  personne  ne  leur  a  mis 
cela  à  blasme.  le  croy  que  l’aduersaire 
n’a  pas  voulu  seulement  taxer  les  fi¬ 
gures  des  Monstres,  mais  aussi  toutes 
les  autres  qui  sont  en  mes  Œuures, 
en  nombre  de  plus  de  trois  cens 
soixante  et  quiilze ,  pour  lesquelles 
efligier  et  tailler  en  planches,  i'ay 
desboursé  libéralement  du  mien  plus 
de  mille  escus,  et  pense  que  ceux  qui 
s’en  mocquent  ne  voudroient  auoir 
soulagé  le  public  d’vn  seul  escu  de 
leur  bourse.  Comment  que  ce  soit, 
ces  figures -là  sont  telles  qu’elles 
profitent  beaucoup  à  plusieurs  Chi¬ 
rurgiens  ,  pour  le  maniement  et 
vsage  de  plusieurs  instrumens  ne- 


519 

cessâmes  à  la  guarîson  des  maladies. 

Qui  me  fait  croire  que  telle  moque¬ 
rie  est  partie  de  mesme  animosité 
que  celle  qui  est  à  la  fin  du  liure  de 
l’aduersaire ,  par  laquelle  il  dit  que 
ie  me  suis  fait  traduire  le  liure  fait 
par  lordanus  de  Peste  l’appelle  Dieu 
à  tesmoin  si  iamais  i’y  pensay,  et  ne 
I’ay  veu  en  latin  ny  en  françois.  Et 
quand  ie  l’aurois  fait,  ie  n’eusse  oublié 
à  le  nommer  honorablement,  comme 
i’ay  fait  tous  les  autheurs  desquels 
i’ay  peu  apprendre  à  tirer  quelque 
profit,  ainsi  que  i’ay  desmontré  eui- 
demment  par  la  table  que  i’ay  dressée 
de  leurs  noms  au  commencement  de 
mes  œuures. 

Voila  ce  que  i’ay  voulu  répliquer 
sur  les  raisons  contraires.  Ce  que  ie 
prie  mon  aduersaire prendre  en  bonne 
part,  et  estimer  que  ce  que  i’en  fais 
est  plus  pour  maintenir  la  vérité  que 
pour  le  desdire.  Car  ie  pense  que  de 
sa  part,  ce  qu’il  en  a  fait  n’a  esté  que 
pour  m’instruire  et  le  public  :  et  de 
ma  part  ie  m'en  repute  tres-heureux 
d’apprendre  de  tout  le  monde,  et  de 
vieillir  tousiours  en  apprenant.  Seu¬ 
lement  ie  le  prie,  s’il  a  enuie  d’oppo¬ 
ser  quelques  contredits  à  ma  répliqué, 
qu’il  quitte  les  animosités ,  et  qu’il 
traite  plus  doucement  le  bon  vieillard, 
il  est  bien  séant  aux  ieunes  gens , 
pour  faire  preuuede  leur  esprit,  élo¬ 
quence  et  doctrine  ,  de  discourir  des 
points  problématiques  librement  :  et 
aux  gens  de  mon  aage,  de  s’arrester 
tellement  à  la  vérité  que  l’on  ne  s’en 
départe  aucunement ,  pourueu  :que 
l’vn  et  l’autre  se  face  sans  pique, 
riotte,  blasme,  et  offense  de  son  pro¬ 
chain. 

1  J’ai  dit  dans  mon  Introduction  que  le 
livre  de  Jordauus  n’avait  paru  qu’après  ce¬ 
lui  de  Paré. 


LE  YINGT-CINQA^IÉME  LIVRE, 

TRAITAWT 

DE  LA  FACVLTÉ  ET  VERTV  DES  MEDICAMENS  SIMPLES, 

ENSEMBLE  DE  LA  COMPOSITION  ET  VSAGE  DTCEVX  L 


PREFACE. 

Entre  les  causes  que  nous  appelions 
salubres,  et  autres  remedes  concer- 
nans  tant  la  santé  de  l’homme  que  la 
guarison  des  maladies ,  les  medica- 
mens  ont  le  premier  lieu  :  lesquels, 
comme  dit  Salomon ,  Dieu  a  produit 
de  la  terre ,  et  l’homme  sage  ne  les 
mesprisera  K  Car  certainement  il  n’y  ' 
a  rien  qui  appaise  et  oste  si  tost,  et 
quasi  comme  auec  miracles ,  grandes 
maladies,  que  les  medicamens.  Pour- 
autant  disoit  Herophilus  qu’iceux, 
deuëment  appliqués ,  estoient  les 
mains  des  Dieux,  comme  auons  dit 

‘  J’ai  peu  de  choses  à  dire  de  ce  livre.  Il 
avait  paru  pour  la  première  fois,  en  1575, 
en  46  chapitres  ;  il  fut  enrichi  d’un  chapitre 
et  de  nombreuses  additions  et  modifications 
de  détail  en  1579,  et  à  peine  si  Paré  y  re¬ 
toucha  depuis.  Il  est  probable  qu’il  l’avait 
écrit  à  l’imitation  de  la  Matière  médicale  de 
Houllier,  que  Tagault  avait  jointe  comme 
complément  à  son  Traité  de  chirurgie.  Houl- 
liery  est  en  effet  cité  plusieurs  fois  ;  mais  Je 
n’ai  pas  eu  le  courage  de  confronter  les  deux 
livres  assez  exactement  pour  vérifier  cette 
conjecture.  Cependant  il  y  a  quelques  clia- 
pitres  dignes  encore  d’être  consultés. 

«  Ecckÿia.  35.  —  A.  P. 


cy  douant.  Aussi  les  Médecins  pre¬ 
miers  ont  esté  réputés  et  tenus  comme 
diuins  ,  à  raison  de  la  connoissance 
des  vertus  et  facultés  des  remedes  et 
medicamens  ;  laquelle  en  la  Medecine 
est  inestimable  et  plus  que  neces¬ 
saire,  tant  en  la  précaution  des  ma¬ 
ladies  qu’à  la  curation  d’icelles  ;  et, 
j  comme  dit  Galien ,  il  faut  sçauoir  les 
[  facultés  des  medicamens,  auant  qu’en¬ 
treprendre  la  curation  des  maladies. 


CHAPITRE  I. 

QVE  c’est  QVE  MEDICAMENT,  ET  LA  DIF¬ 
FERENCE  ENTRE  MEDICAMENT  ET  ALI¬ 
MENT. 

Médicament  est  la  chose  qui  peut 
altérer  Nature  en  vne  qualité  ou  plu¬ 
sieurs,  et  n’est  point  conuertie  en  sa 
substance  ;  au  contraire  d’aliment, 
lequel  n’altere  point  ou  peu  Nature, 
et  se  conuertit  en  la  substance  de 
nostre  corps.  Toutesfois  médicament 
et  aliment  sont  pris  et  vsurpés  par 
comparaison  du  corps  qui  est  médi¬ 
camenté  ou  alimenté ,  en  sorte  qu’vn 
médicament  peut  estre  aliment  à  vn. 


DFS  WEDICAMENS, 


et  médicament  à  l’autre  ;  comme  par 
exemple  l’ellebore  est  aliment  à  la 
caille ,  et  médicament  aux  hommes  : 
aussi  la  ciguë  est  aliment  à  l'estour- 
neau,  et  poison  à  l’oye  :  pareillement 
l’herbe  appellée  fende,  est  aliment  à 
l’asne ,  et  est  venin  à  toutes  autres 
bestes  cheualines.  Et  ne  se  faut  es- 
babir  si  ces  choses  sont  alimens  à  tel¬ 
les  bestes  :  car  il  faut  estimer  qu’elles 
sont  conuenables  à  leur  nature.  Ce 
qui  peut  aussi  aduenir  aux  hommes 
par  accoustumance  et  long  vsage, 
desquels  est  faite  naturelle  habitude. 

Et  de  cecy  les  h  stoires  anciennes 
en  font  foy,  esquelles  nous  lisons 
qu’aucuns  ont  esté  nourris  de  ve¬ 
nins*,  comme  la  fille  qui  futeuuoyée 
à  Alexandre-le-Grand,  laquelle  auoit 
esté  nourrie  de  napel  et  autres  ve¬ 
nins,  et  par  longue  pratique  en  auoit 
fait  nature  et  habitude,  de  sorte  que 
son  haleine  estoit  poison  mortelle 
aux  hommes.  Parquoy  ne  se  faut 
donner  merueille  si  les  medicamens 
sont  aucunesfois  conucrtis  en  ali¬ 
mens  ;  ce  qu’on  voit  aussi  iournelle- 
ment  aux  poulailles  et  porcs,  lesquels 
mangent  serpens,  crapaux,  et  autres 
choses  venimeuses  sans  dommage  : 
mesmes  que  la  cicoigne  et  plusieurs 
autres  animaux  s’en  nourrissent,  et 
leurs  petits. 


CHAPITRE  IL 

DIVISION  DES  MEDICAMENS  SELON  LEVR 
MATIERE  ET  SVBSTANCE. 

Aux  entrailles  et  veines  de  la  terre, 
et  és  abysmes  des  eaux ,  est  cachée 

1  L’édition  de  1575  portait  ici  :  comme  est 
escrii  des  psylles  dedans  Pline,  lia.  7,  de 
l’Histoire  naturelle ,  et  Crinitus ,  en  son  pre- 


et  enseuelie  la  superbeté  des  riches¬ 
ses  de  ce  monde,  comme  or,  argent, 
et  autres  minéraux ,  ensemble  plu¬ 
sieurs  pierres  précieuses  accompa¬ 
gnées  de  (liuerses  propriétés  singu¬ 
lières.  Aussi  la  superficie  de  la  terre 
est  reuestue  d’vne  infinité  d’arbres, 
herbes ,  et  arbrisseaux  ,  où  il  y  a  vne 
considération  infinie  à  contempler 
leur  grand  nombre  et  variété  en 
leurs  racines,  fueilles ,  fleurs ,  fruits , 
gommes,  odeurs,  saueurs,  et  couleurs, 
diuersité  de  leurs  grandes  vertus 
qu’elles  ont  ;  pareillement  est  produit 
sur  icelle  innumerables  animaux , 
diflerens  la  pluspart  entre-eux.  A 
quoy  la  bonté  de  ce  grand  Architecte 
se  manifeste  iufiniement  de  les  auoir 
donnés  à  l’homme,  tant  pour  son  con¬ 
tentement  et  plaisir,  quepourle  nour¬ 
rir  et  medicamenter.  Et  par  ainsi  à 
bon  droit  les  anciens  ont  dit  tous  les 
medicamens  estre  pris  des  bestes,  des 
plantes  ,  de  la  terre ,  de  l’eau ,  et  de 
l’air. 

Des  bestes,  totales  et  entières,  par¬ 
ties  et  excremens  d’icelles.  Des  bestes 
totales  :  car  aucunesfois  on  vse  d’vn 
regnard  ,  d’vn  petit  chien ,  hérisson  , 
grenoüille,  limaçon,  vers  de  terre, 
cancre,  et  autres  sortes  de  bestes.  Des 
parties  des  bestes  que  l’on  prend, 
comme  foye  de  loup ,  foye  de  bouc , 
poulmon  de  regnard,  l’os  du  cœur  de 
cerf,  l’os  coronal  de  l’homme,  graisse, 
sang,  chair,  moelle,  testicules  de  cas¬ 
tor,  dont  se  fait  le  castoreum ,  et  au¬ 
tres  parties.  Des  excremens  d’icelles, 
ou  estans  comme  excremens,  cornes, 
ongles,  poil,  plumes,  cuir,  fiel,  vrine, 
fiente,  saliue,  miel,  œufs,  cire,  laict, 
laine,  sueur,  et  autres  semblables: 

rnier  Hure  d’flonneste  discipline  ,  et  pareille¬ 
ment  de  la  ftlle  qui  [ut  cnnoyee  à  yllexandre- 
le-Grund,  etc.  Le  texte  actuel  date  de  1579. 


LE  VIINGT-CIJVQVI^ME  LIVRE, 


522 

SOUS  lequel  geure  aussi  sont  contenus 
spécialement  les  excrcmens  de  cer¬ 
tains  animaux,  comme  les  perles,  le 
musc,  la  ciuette,  l’oesypus,  et  l’am¬ 
bre,  sperma  ceti,  et  autres. 

Des  plantes,  soient  arbres,  arbris¬ 
seaux,  ou  herbes  entières,  ou  parties 
d’icelles.  Entières,  comme  souuent 
l’on  vse  de  cichorée  ,  guimauues , 
maulues,  plantain,  et  autres.  Des 
parties  des  plantes,  comme  racine, 
moelle,  bois,  escorce.  iettons,  eau  le, 
fueilles  fleurs,  semence,  fruit,  suc, 
ou  jus,  larme,  gomme,  mouce. 

De  la  terre,  lesquels  sont  ou  sortes 
et  especes  de  terre  ,  ou  pierres  ,  ou 
métaux.  Les  sortes  et  especes  de  terre, 
hblus  armmus,  terra  sigillata,  cimo- 
lia  ,  creta  ,  argi  la ,  etc.  Les  pierres 
sont,  pumex  ,  pyrites,  ou  marchasita 
auri^  argent),  œris,  etc,  marmor, 
magnes,  gypsum^  calx  viua,  lapis  spe- 
cularis,  etc.  Les  métaux  et  matières 
métalliques,  sont  or,  argent,  estain, 
plomb,  airain ,  cuiure,  fer,  acier,  an- 
iimonium  ,  cerussa ,  sulphur ,  cinna- 
brium,  lilhargyros  auri ,  argenti ,  tu- 
ihia  vulgaris,  pompholix  vera^  œrugo^ 
alumen,  vitreolum  vtrunque,  salis  gé¬ 
néra,  arsenicum  vtrunque,  etc. 

De  l’eau  douce  sont  pris  medica- 
mens,  comme  de  l’eau  de  pluye,  fon¬ 
taine  ,  fleuue ,  auec  tout  ce  qui  naist 
en  icelle,  comme  lenticula  aquatica, 
acorus  vulgaris,  nymphœa ,  sisym- 
brium.  De  l’eau  salée  sont  pris  le  sel , 
Valcyonium ,  omnia  coralla,  omnes 
testœ  piscium,  vt  ossa  sepiœ,  spongiœ. 
De  l’eau  meslée  de  douce  et  salée  sont 
pris  l’herbe  androsaces  qui ,  entachée 
et  enracinée  sur  quelque  pierre  ou 
test  et  coquille  de  poisson ,  flotte  sur 
l’eau  douce  és  lieux  où  elle  se  mesle 
auec  la  salée,  comme  és  emboucheu- 
res  du  Nil,  és  estangs  de  Frontignan 
et  cap  de  Sele.  De  telle  espece  d’eau 


aussi  est  pris  VasphalUm,  comme  il  se 
voit  és  estangs  de  la  mer  Morte  en 
ludée,  et  en  ceste  fontaine  de  Lan¬ 
guedoc  à  Beau-regard  ,  que  les  habi- 
tans  du  lien  nomment  en  leur  vul¬ 
gaire,  Fons  de  la  Pege. 

De  l’air  sont  pris  la  manne,  laquelle 
pour  ce  respect  est  appellée  par  Ga¬ 
lien  ,  miel  aerien ,  et  toute  autre  es¬ 
pece  de  rosée,  qui  peut  estre  en  vsage 
médicinal  tant  pour  le  respect  des 
vertus  qu’ebe  reçoit  du  soleil,  duquel 
elle  est  attirée,  et  de  l’air,  que  des 
herbes  et  plantes  sur  lesquelles  elle 
tombe  et  s’assied. 


CHAPITRE  III. 

DIVISION  DES  MEDfCAMENS  SIMPLES 

SELON  LEVES  QVALITÉS  ET  EFFETS. 

Tous  cesdits  medicamens  simples 
ont  vne  ou  plusieurs  des  quatre  fa¬ 
cultés  ,  lesquelles  nous  déduirons  à 
présent  ‘. 

*  L’édilion  de  1575  contenait  ici  un  assez 
long  passage  supprimé  en  1579  : 

«  Tous  cesdits  medicamens  simples  ont 
quatre  facultez  qui  peuuent  operer  et  mons- 
trer  quelque  elTect  au  corps  humain  bien 
temperé.  Car  s’il  y  a  intemperature  au  corps, 
l’effect  et  le  iugement  d’iceluy  seront  nuis  : 
comme  aux  febricitans ,  à  cause  de  leur  in¬ 
temperature  chaude  et  seiche ,  le  iugement 
du  gousl  est  depraué  :  ainsi  est-il  aux  yuron- 
gnes  à  cause  de  l’humide  intemperature. Ét 
non  seulement  te  iugement  du  goustse  perd 
par  intemperature,  mais  aussi  les  sens  de  la 
veuë,  oüye,  odorat  ou  flair ,  et  du  tact  ou 
touchement  :  comme  appert  en  ceux  quipis- 
sansaubain  sentent  leur  viine  froide,  iaçoit 
qu’elle  soit  chaude,  à  cause  de  la  plus  grande 
chaleur  du  bain,  qui  a  dauantage  eschaulïé 
le  corps.  Les  quatre  facultez  d’iceux  sont, 
première , seconde ,  troisième,  quatrième.» 


DES  MEDICAMENS. 


Première  faculté. 

La  première  faculté,  qui  est  com¬ 
mune  à  toutes  les  autres,  et  quasi  fon¬ 
dement,  prouenant  immédiatement 
des  quatre  premières  qualités  desele- 
mens,  qui  sont  chaleur,  froideur. 


humidité ,  siccité ,  est  ou  simple ,  ou 
composée ,  selon  ce  qu’vne  ou  deux 
de  ces  quatre  premières  qualités  ex¬ 
cédent  et  surpassent  les  autres  en  la 
température  du  médicament:  comme 
tu  peux  voir  par  ceste  table. 


Composée  de  deux  qualités 
iointes,  comme 


D’eschauffer, 

Refroidir, 

Humecter, 

Seicher. 

Eschauffer  seicher , 
Eschauffer  humecter, 
Refroidir  seicher , 
Refroidir  humecter. 


y  Sublilie, 

)  Raréfié , 
j  Digéré, 
f  Su[)pure , 
yOuure  les  conduits. 

I  Desseiche , 
Enflamme, 

Brusie,  , 

Fait  mordicatlon ,  ' 
dont  s’ensuit: 

/  Réfrigéra , 

I  Condense , 

(Fait  obstruction. 


f  Attraction , 
i  Rubrification , 
(  Consomption  , 
I  Eschare , 
l  Mortification. 


)  (  Congele , 

/Immodérée  et  ex-  Umpefle, 
i  trame  (Mortifie. 


/  Immodérée  et  ex-f  Fait  obstruction , 

(  eassiuq  I  Flatuosité ,  principalement  si  l’humidité  est  flatueuse. 


Fait  constriction  , 
Contraction , 

Fissures  et  furfurallons. 


52 '|  LK  VINGT-CINQVl^MK  LIVRE, 


Les  effets  d’icelles  qualités ,  comme 
Galien  escrit  au  5.  des  Simples ,  sont 
distingués  et  mis  par  ordre  certain , 
que  nous  appelions  degrés ,  à  fin  de 
les  appliquer  aux  maladies  en  certaine 
mesure  et  proportion,  comme  Galien 


dit  au  premier  des  alimens;  car  à  ma¬ 
ladie  chaude  au  second  degré  con- 
uiennent  remedes  froids  en  pareil  de¬ 
gré  Et  pourtant,  tous  medicamens 
simples  sont. 


Chauds 

Froids 

Humides 

Secs 


commencement 
milieu 
à  la  fin 


[  premier 
'  second 
i  troisième 
\  quatrième 


degrés. 


La  Chaleur  \  ^premier 
Froideur  (  .  )  second 

Humidité  1  ““  j  troisième 
Siccité  /  (quatrième 


i  obscure  et  insensible , 
manifeste  et  apparente, 
vehemente , 

tres-immoderée  et  excessiue. 


Comme  pour  exemple  de  chaleur 
distinguée  par  lesdits  degrés  :  l’eau 
tiede  est  temperée  :  celle  qui  est  vn 
petit  peu  plus  chaude,  est  au  premier 
degré  :  si  elle  a  desia  chaleur  appa¬ 
rente  ,  au  second  ;  si  elle  a  chaleur 
vehemente ,  au  troisième  degré  :  si 
elle  brusle ,  elle  est  chaude  au  qua¬ 
trième  degré  Ainsi  peut-on  entendre 
de  froideur,  humidité,  et  siccité.  Donc 
nous  déduirons  les  medicamens  sim¬ 
ples  selon  leur  degré  de  chaleur,  froi¬ 
deur.  humidité  et  siccité. 

Medicamens  simples  chauds,  au  degré  el  ordre 
Premier. 

Absinthium  r, 

Allhœa , 

Amygdala  dulcia , 

Bêla, 

Brassica , 

Chamœmelum, 

Ladanum, 

Semen  Uni , 

Saccharum , 

Eruum  siue  orobus, 

Finurti  nouum  ;  car  le  vieil,  selon  qu’il  est  de 
plus  ou  moins  d’années,  est  chaud  au  3. 
ou  3.  degré. 

1  Immédiatement  après  Absinihium ,  l'é¬ 
dition  de  lâ76  ajoutait  :  Aloe, 


Second. 

Ammoniacum, 

Apium, 

Ariemisia , 

Chamcepitys, 

Crocus, 

Fœnum  grœcum. 

Ficus , 

Mastiche , 

Marrubium , 

Mel, 

Melissa 

Dracunculus. 

Myrrha , 

Nux  moscala. 

Pix  arida  ,  comme  aussi  Pix  liquida,  qui  a 
semblables  facultés,  sinon  que  ceste  là  est 
plus  propre  pour  les  corps  et  parties  plus 
robustes  :  ceste-cy  pour  les  délicates. 

S  cilla , 

Sal, 

Saluia , 

Thus, 

Anethum , 

SurcocoUa. 

Troisième. 

Abrotonum,  prœsertim  vsium, 

Agnus, 

Anisum, 

Asarurn, 

‘  L’édilion  de  157{>  portait  après  Melissa, 
Dracunculus, 


JDËS  MEDtCAMEBfS. 


Arisiolochia , 

Cfiamœdris, 

Calaminlha, 

Cinnamomum  , 

J  fis, 

1  uni  pénis , 

Hyssopus, 

Origanum, 

Sagapenurn, 

Jiuta  hortensis, 

Opopanax, 

Galbanum , 

Bnjonia , 

Amtni  i. 

Quatrième. 

Alliiim, 

Cepa  *, 

Euphorbium , 

Nasiurtion, 

Pyrelhrum , 

Sinapi , 

Tithymali , 

Chelidonium  minus, 

Anacardi , 

Muta  syluestris  i  comme  toutes  plantes  sau¬ 
nages  que  Nature  produit  d’elle-mesme 
surpassent  en  vigueur  de  mesmes  qualités 
et  facultés,  celles  qui  en  mesme  espece 
viennent  par  art  et  main  d’homme. 

Medicamens  simples  froids,  au  degré  et  ordre 
Premier. 

Atriplex , 

Cotonea , 

Hordeurn , 

Maluai, 

Pyra, 

Pruna , 

Posa , 

Viola. 

1  Ce  troisième  degré  est  celui  qui  a  subi 
le  plus  de  retranchements  en  1579;  car,  aux 
espèces  citées,  l’édition  de  1575  ajoutait: 
Amomurn  ,  Piper  ,A'abina,  Laurus,  Chelido¬ 
nium  maius. 

*  Apres  Cepa,  on  lisait  en  1575  :  Costus. 
»A  ce  mot  succédaient  en  1575  ces  deux 
autres  :  Milium,  Myrtus. 


520 

Second. 

Acacia , 

Cucurbita, 

Cucumis , 

Mala  granataacida  ;  car  les  grenades  qu’on 
appelle  douces  ou  vineuses,  sont  tempé¬ 
rées  :  comme  celles  qu’on  appelle  Dulco- 
acida,  quasi  comme  meslées  de  doux  et 
acide,  qu’on  appelle  aigre-doux,  sont 
froides  au  premier  degré. 

Plantago, 

Polygonon , 

Sumach , 

Solanum  hortense  ;  car  celuy  qu’on  appelle 
Somniferum  i,  pour  ce  qu’il  rend  les  hom¬ 
mes  insensés,  stupides  et  endormis,  est 
presque  aussi  froid  que  te  Papauer ,  de 
sorte  qu’on  ne  le  peut  prendre  dans  le 
corps  sans  dommage,  ains  seulement  doit 
estre  appliqué  par  dehors. 

Troisième. 

Hyoscyamus , 

Semperuiuiim , 

Mandragora , 

Solanum  mortiferum*. 

Quatrième. 

Cicuta  , 

Opium , 

Le  pauot  de  quelque  espece  que  ce  soit: 
excepté  celuy  qu’on  appelle  corniculatum  3. 

Medicamens  simples  humides,  au  degré  et  ordre 
Premier. 

Buglossum , 

Viola, 

Malua , 

Rapurn, 

'  Edition  de  1575  :  car  celuy  qu’on  appelle 
Maniacum.  J’ajouterai  que  cette  liste  était 
alors  aussi  accrue  des  noms  :  Galla,  Plan¬ 
tago  ,  Polygonon  ,  tous  effacés  dès  1579. 

»  Jusqu’en  1585,  ce  troisième  degré  com¬ 
portait  les  quatre  espèces  suivantes  :  Hyos¬ 
cyamus,  Portulaca,  Semperuiuum,  Mandra¬ 
gora. 

3  L’édition  de  1575  portait  seulement  t 
Papauer  rheas. 


5a6 


LE  VIKGT-CINQVIÉME  LIVRE , 


Second. 

Ammoniacum , 

Lactuca , 

Cucurbita , 

Cucumis  , 

Melones , 

Porüilaca 

Medicamens  simples  secs,  au  degré  et  ordre  \ 
Premier. 

Brassica, 

Thus , 

Chamœmelum , 

Sareocolla , 

Crocus, 

Faba, 

Fœnum  grcecitm , 

Hordeum. 

fécond. 

Artemisia, 

Balauslia, 

Orobus, 

Lens , 

Met, 

Masliche , 

S  al , 

Aneihum , 

Myrrha , 

Pix  qrida , 

Plantago, 

JYuX  mosekat'a^. 

Troisième. 

Abrotonum  vslum , 

Absinthium , 

Aceiitm , 

Aloes , 

Cuminum , 

Galla , 

Clielidonium  maius, 

1  En  1675,  le  premier  degré  de  ces  médi¬ 
caments  avait  une  cinquième  espèce,  le 
Saiyrium  ;  et  le  deuxieme  degré  contenait 
aussi  de  plus  qu’aujourd’hui  :  Pruna  damas- 
cena,  Puae  maiurœ. 

2  Cette  liste  du  second  degré  avait  trois 
noms  de  plus  en  1575  :  Galbunum,  Opopa- 
nax,  Sagapenum. 


Cliamœpiiys , 

Myrius , 

MarrubUm , 

Milium , 

Origanum , 

Bryonia, 

Sanguis  draconis , 

Sabina. 

Quatrième. 

Piper  t. 

Allium. 

Naslurtium , 

Sinapi , 

Euphorbium. 

Ces  qualités  susdites  monstrent  les 
effets  et  operations  tant  ja  dites ,  que 
plusieurs  autres  (lesquelles ie  délaissé 
à  la  Physiologie)  par  soy-mesme  et 
de  leur  propre  nature ,  laquelle  ils  re¬ 
tiennent  tousiours  en  leur  vray  efifect  : 
toutesfois  elles  ont  autres  operations 
qui  ne  sont  pas  de  leur  nature ,  ains 
sont  faites  par  aceident  :  par  ainsi 
nous  les  appelions  accidentales.  Ce 
qui  sera  manifeste  par  les  exemples 
suiuans. 

La  chaleur  externe  rafraîchit  les 
parties  intérieures  par  accident,  pour- 
ce  qu’icelle  ouure  les  pores ,  en  sorte 
qu’en  suant ,  la  chaleur  issante  auec 
Thumeur  délaissé ,  destitue  et  réfri¬ 
géré  les  parties  internes  ;  et  à  cause 
de  ce  la  concoction  est  plus  imbecille, 
et  l’appetit  moindre.  Icelle  mesme 
humecte  par  accident,  en  fondant  et 
liquéfiant  ce  qui  auoil  esté  congelé  et 
arresté  par  le  froid  :  car  ainsi  ou  dit 
que  Venus  humecte  2. 

Le  froid  semhlablement ,  non  de  sa 
propre  nature ,  mais  accidentale ,  es- 
chauffe  ;  ce  qu’on  voit  en  hyuer  par 

1  Le  poivre,  piper,  était  rangé  dans  le 
troisième  degré  en  1575. 

2 Édition  de  1576  :  Ainsi  dit  llip.  que  Ve¬ 
nus  eschauffe  et  humecte. 


le  froid  extérieur,  qui  clost  les  pores, 
et  empesche  l’expiration  et  issue  de 
la  chaleur  naturelle ,  laquelle  rete¬ 
nue  et  repoussée  au  dedans,  fait 
bonne  concoction  ;  qui  est  cause  que 
l’appetit  est  plus  grand  en  hyuer 
qu’en  eslé.  Semblablement  ceux  qui 
manient  la  neige  sentent  puis  après 
vne  chaleur  tres-grande,  pour  la 
mesme  raison.  Iceluy  froid  aussi  sei¬ 
che  par  accident,  en  repoussant  la 
matière  humide  tombant  en  vne  par¬ 
tie.  11  desseiche  aussi  par  trop  grande 
congélation  et  compression  de  la  ma¬ 
tière  humide ,  ainsi  que  nous  voyons 
tous  les  iours  S  que  par  l’indeuë  ap¬ 
plication  de  remedes  repercussifs  en 
matière  pituiteuse,  crasse  et  vis¬ 
queuse,  on  endurcit  l’humeur,  et  fait- 
on  vn  scirrhe. 

Siccité  et  humidité,  à  cause  que 
sont  qualités  plus  passiues  qu’acti- 
ues ,  n’ont  pas  leurs  operations  si  ma¬ 
nifestes  et  apparentes  que  le  chaud  et 
froid,  ainssont  comme  materielles  au 
regard  d’icelles. 


CPÎAPITRE  IV. 


Amollir  , 

Laxer. 

Condenser, 

Repousser, 

Fermer , 

Incraiser, 

Exaspérer, 

Emboucher  et  faire  em- 
plastique. 

De  Siccité  t  Endurcit, 
i  Tendre. 

Ainsi  nous  appelions  médicament 
attractifs  qui  a  vertu  d’attirer  :  au 
contraire  repercussif,  qui  peut  re¬ 
pousser.  Aussi  rarefactif,  qui  ouure 
les  pores  :  et  au  contraire  condensa- 
tif,  qui  les  ferme.  Pareillement  âeter- 
peant ,  ce  qui  est  visqueux  :  et  emplas- 
tiqm,  faisant  plus  solide  ce  qui  est 
trop  fluxite.  Et  consequemment  les 
autres  remollilifs-,  laxatifs  ^  tensifs , 
attenuanSs  et  autres,  desquels  parle¬ 
rons  plus  amplement  cy  après,  en  les 
déclarant  particulièrement  auec  au¬ 
cuns  de  la  troisième  faculté,  de  la¬ 
quelle  faut  dire  à  présent. 


DES  MEDICAMENS. 

D’humidité 

De  Froideur 


DE  LA  SECONDE  PACVLTÉ  DES 
MEDICAMENS. 

La  seconde  faculté  des  medicamen  s 
est  celle  qui  ensuit  les  effets  des  qua¬ 
lités  premières  :  et  est 

Rarefler, 

AUirer , 

Ouurir , 

Atténuer  , 

Adoucir  ou  polir, 
Delet’ger. 

t  Edit,  do  1&75  !  Ainsi  que  nous  demonslre 
Galian ,  qui  dit,  etc. 


CHAPITRE  V. 

DE  LA  TROISIEME  FACVLTÉ  DES 
MEDICAMENS. 

La  troisième  faculté  est  pour  la  plus 
part  produite  des  effets  des  qualilés 
premières  et  secondes  ;  aucunesfois 
par  complication  de  deux ,  aucunes¬ 
fois  d’vne  seule  :  souuentesfois  aussi 
elle  no  suit  ny  la  première  ny  la  se¬ 
conde  faculté,  mais  elle  a  vne  pro¬ 
priété  et  qualité  indicible,,  conneuë 
par  seule  expérience,  j 


LE  VlNGT-ClNQVlEME  LIVRE 


528 

Les  effets  et  operations  dMcelle  fa¬ 
culté  sont,  incarner,  glutiner ,  cica¬ 
triser,  seder  douleurs,  mouuoir  et 
prouoquer  ou  arrester  vrines ,  laict , 
semence ,  menstrues ,  sueurs ,  vomis- 
semens,  et  autres  semblables  opera¬ 
tions. 

Par  complication  de  deux  facultés 
prouiennent,  incarner,  par  siccité  et 
delersion  :  agglutiner,  cicatriser, 
par  siccité  et  astriction  :  prouoquer 
sueurs,  vrines,  menstrues ,  semen¬ 
ce  ,  le  laict ,  par  chaleur  et  tenuité. 
Faut  entendre  au  contraire ,  pour 
icelles  arrester. 

D’vne  seule  qualité  de  la  première 
faculté  prouient ,  seder  douleur  (que 
l’on  dit  proprement ,  et  selon  la  pre¬ 
mière  espece  dés  anodyns  :  non  de  la 
seconde ,  qui  est  par  euacuation  delà 
matière  dolorifique  :  ny  de  la  troisiè¬ 
me,  qui  est  par  stupéfaction  du  senti¬ 
ment)  sçauoir  par  chaleur  immode-  | 
rée.  Prouoquer  le  sommeil, par  froi¬ 
deur  simple  ou  froideur  humide. 

Prouoquer  vomissement  ne  tient  le 
rang  des  effets  dessusdits ,  ains  est  à 
raison  d’vne  propriété  occulte ,  la¬ 
quelle  a  esté  mise  et  infuse  de  nature 
à  l’agaric ,  et  autres  raedicamens  qui 
peuuent  inciter  à  vomir  ;  et  pour  ce 
faire  sont  nés ,  comme  tous  les  autres 
medicamens  purgatifs,  desquels  di¬ 
rons  promptement  en  la  quatrième 
faculté. 


CHAPITRE  VI. 

DE  LA  gVATlUÉME  FACVCTli:  DES 
MEDICAMENS. 

La  quatrième  faculté  différé  des 
precedentes ,  à  cause  qu’elle  ne  dé¬ 
pend  d’icelles ,  ny  n’a  aucune  qualité 


manifeste  ny  élémentaire  pour  faire 
son  action  :  mais  par  vne  propriété 
et  vertu  occulte,  monstre  son  effet  en 
vne  partie  plusqu’en  l’autre,  ou  purge 
vn  humeur  plustost  que  l’antre  :  ce 
qui  se  connoist  seulement  par  expé¬ 
rience,  comme  ja  est  dit  du  médica¬ 
ment  vomitif.  Et  pourtant  les  medica¬ 
mens  de  ceste  quatrième  faculté  ont 
les  noms  des  parties  que  plus  elles 
aident  entre  les  autres. 

Céphaliques  ou  capitales, c'est  à  dire, 
delà  leste  :  tels  sont  betoine,  mario- 
laine,  sauge,  stœchas,  rosmarin. 

Pulmoniques ,  pour  le  regard  des 
poulmons  :  comme  reglisse,  amandes 
douces,  iris,  tragacanth,  enula  cam- 
pana,  et  autres. 

Cordiaux,  pour  le  cœur  ,  comme 
cinnaraome,  escorce  de  citron ,  saffran , 
buglosse,  corail ,  iuoire  et  autres. 

Stomachiques  ,  qui  ont  esgard  au 
ventricule  etestomach,  sont  poyure, 
gingembre,  noix  muscade,  menthe, 
anis,  mastic  et  autres. 

Hépatiques,  qui  aident  lefoye.sont 
absinthe,  eupatoire  ou  agrimoine, 
spica  nardi,  cichorium,  santal,  etc. 

Spléniques,  qui  fout  leur  operation 
à  là  ratte,  sont  thymus,  flos  genistai, 
ceterach,epiihyn.us,  cortex  iamarisci, 
cortex  radicum  capparis. 

Ceux  qui  ont  esgard  aux  reins,  ou 
les  nephritiques,  sont  rad  ces  apij,  as- 
paragi^  fœniculi,  brusci  :  semina  qua¬ 
tuor  frigida  maiora  :  terebenlhina , 
planlago,  saxifraga,  etc. 

Arthritiques,,  quiregardent  les ioin- 
tures,  sont  ceux-cy ,  chamœpitys,  herba 
paralysie ,  enula  campana,  calamen- 
thum,  hermodactyli,  etc. 

Entre  ceux-cy  peuuent  eslre  ra- 
comptés  les  medicamens  purgatifs, 
qui  ne  purgent  pas  les  humeurs  de 
nostre  corps  par  leur  chaleur ,  froi¬ 
deur,  siccité  ou  humidité  :  mais  de 


DES  MEDICAMEKS. 


tout  leur  tempérament ,  forme  et 
vertu  spéciale  ou  occulte  ‘ ,  iaçoit  qu’ils 
ayent  este  mis  auec  ceux  de  la  troi¬ 
sième  faculté  :  car  ils  besognent  au 
corps  humain  par  propriété  spécifique, 
et  soutient  plus  en  vne  partie  qu’en 
l’autre  :  comme  pour  exemple,  l’aga¬ 
ric  tire  plus  le  phlegme  des  iointures 
de  la  leste  que  des  autres.  La 
rheubarbe  est  plus  propre  à  purger 
le  foye  et  reins  qu’autres  parties. 
Les  hermodaltes  tirent  principa¬ 
lement  des  iointures  :  et  ainsi  des  au¬ 
tres.  La  contemplation  entière  des 
purgatifs  îe  délaissé  à  ceux  qui  du 
tout  s’exercent  en  icelle,  pour  tant 
qu’elle  n’appartient  tant  à  la  Chirur¬ 
gie. 

Or  des  medicamens  susdits  aucuns 
ont  vne  faculté  simple,  autres  en  ont 
plusieurs,  autres  en  ont  deux  contrai¬ 
res,  comme  sensiblement  nous  con- 
noissons  par  les  saueurs  contraires 
qui  en  goustant  se  manifestent:  ainsi 
qu’appert  en  la  rheubarbe,  laquelle 
en  la  superficie  se  monstre  amere  et 
chaude,  et  puis  monstre  à  la  fin  vne 
astriction  de  sa  substance  terrestre  et 
crasse.  Et  pour  raison  que  par  les 
saueurs,  les  facultés  et  effets  des  me¬ 
dicamens  sont  certainement  conneus, 
estans  simples  et  attiédis  appliqués 
sur  la  langue,  à  fin  que  le  sens  du 
goust(iuge  desdites  saueurs)  en  puisse 
iuger,  nous  dirons  à  présent  des  sa¬ 
ueurs. 


*  Cette  phrase  incidente  :  qui  ne  purgent 
pas,  etc. ,  a  été  ajoutée  ici  en  1586. 


529 


CPIAPITRE  VJI. 

DES  SAVEVRS. 

Saueur,  selon  Aristote  et  Théo¬ 
phraste,  ainsi  que  Galien  le  recite  au 
premier  liure  des  Simples,  est  vne 
concoction  d’humidité  en  siccilé,  faite 
par  le  bénéfice  de  chaleur,  laquelle 
est  conneuë  estant  appliquée  sur  la 
langue  bien  disposée,  par  le  moyen 
du  nerf  de  ladite  langue,  et  d’vné  sa- 
liue  médiocre. 

Les  différences  des  saueurs  sont 
neuf. 

Trois  chaudes,  qui  sont  acre,  amere 
et  salée. 

Trois  froides,  sçauoir  'est,  [acide, 
acerbe,  austere. 

Trois  temperées,  qui  sont  douce, 
oleeuse,  insipide  ou  fade. 

Toutes  lesquelles  prouiennent  de 
concoction  :  laquelle  est  plus  grande 
aux  saueurs  que  nous  appelions  chau¬ 
des  :  plus  petite  en  celles  que  nous 
disons  froides  :  médiocre  és  tempe¬ 
rées.  Parquoy  Nature  tient  fort  sou- 
uent  et  plus  communément  tel  ordre 
en  la  concoction  des  saueurs  ,  que 
premièrement  se  monstre  et  appa- 
roistla  saueur  acerbe,  la  chose  estant 
encores  du  tout  crue  :  puis  auec  quel¬ 
que  concoction  est  faite  l’austere  : 
après  ènsuiuant  l’acide  ‘  :  puis  l’acide 
par  concoction  plus  grande  est  faite 

1  Le  commencement  de  cette  phrase  était 
fort  différent  en  1575  ;  on  lisait  : 

«  Parquoy  Nature  tient  tel  ordre  on  la 
concoction  des  saueurs.  L’insipide  est  la  pre¬ 
mière,  à  cause  qu’elle  n’a  receu  aucune 
impression  de  chaleur  :  puis  auec  quelque 
concoction  est  faite  l’austere  :  apres  l’acerbe 
ensuyuant  l’acide  :  puis  l’acide  par  concoc¬ 
tion  plus  grande ,  etc.  » 


lll. 


53o  LE  VINGT-CINQVIÉME  LIVRE  , 


douce  OU  oleeuse,  laquelle  auec  cha¬ 
leur  augmentée  est  tournée  en  salée, 
et  de  salée  faite  amere  :  insques  à 
tant  que  par  vne  chaleur  excessiue  et 
trop  grande,  finalement  est  faite  l’a¬ 
cre,  quittent  entièrement  la  nature 
du  feu  :  à  ceste  cause  c’est  la  fin  des 
saueurs,  et  mise  au  dernier  degré  de 
concoction.  De  chacune  saueur  dirons 
particulièrement ,  commençant  aux 
froides. 

Saueurs  froides, 

L'acerhe  est  froide  et  terrestre, 
moins  aqueuse  que  l’acide ,  de  crasse 
substance.  Elle  refraischit ,  espaissit , 
condense,  astreint,  repousse,  princi¬ 
palement  en  la  superficie.  Elle  se  con- 
noist  és  escorces  de  grenade,  noix  de 
galle,  tan ,  et  noix  de  cyprès. 

L’acide  est  aqueuse,  froide,  subtile, 
sans  chaleur  naturelle.  Elle  incise, 
atténué  ,  mord,  purge ,  deliure  ob¬ 
structions  ;  et  se  manifeste  en  toute 
espece  d’ozeille ,  vinaigre ,  cerises , 
espine-vinette ,  et  autres. 

L’auslere  est  prochaine  quant  au 
tempérament  et  effets  à  l’acerbe  :  car 
l’acerbe  consiste  en  vne  substance 
terrestre  et  froide.  Icelle  receuant 
mutation  et  auancement,  est  aug¬ 
mentée  ou  de  la  seule  chaleur,  ou  de 
chaleur  et  humidité  ,  et  icelle  ou  aé¬ 
rée,  ou  aquée  :  ou  de  la  seule  humi¬ 
dité.  Si  les  fruits  acerbes,  qui  tels  sont 
deuant  leur  maturité ,  sont  augmen¬ 
tés  de  la  seule  chaleur,  ils  passent  en 
saueur  douce,  comme  les  chastai- 
gnes.  S’ils  sont  augmentés  de  la  seule 
humidité,  et  icelle  crasse ,  d’acerbe 
ils  passent  en  la  saueur  austere  :  car 
ces  deux  saueurs  acerbe  et  austere 
sont  en  pareil  degré  de  frigidité  ;  seu¬ 
lement  l’acerbe  est  plus  terrestre, 
l’austere  est  plus  humide.  Que  si  la 
fiigklité  est  persistante,  les  fruits  sont 


augmentés  en  humidité,  et  icelle  aé¬ 
rée  et  ténue  ,  ils  passeront  en  saueur 
acide.  Que]  si  ensemble  ils  sont  aug¬ 
mentés  de  chaleur  et  humidité  aquée, 
ilspasseronten  saueur  douce  ;  ou  bien 
saueur] oleeuse,  si  auec  la  chaleur 
l’humidité  qui  suruient  est  aérée.  De- 
quoy  il  a  esté  bon  donner  aduertisse- 
ment ,  à  fin  d’entendre  par  quels 
moyens  les  corps  sauoureux ,  d’acer¬ 
bes  qu’ils  sont  au  commencement, 
deuiennent  enfin  doux  par  les  moyens 
d’austérité ,  acidité  et  saueur  oleeuse, 
selon  qu’ils  sont  augmentés  de  cha¬ 
leur  et  humidité  simple  ou  compli¬ 
quée  ;  dont  il  est  aisé  à  entendre  que 
la  saueur  austere  desseiche  moins 
que  l’acerbe,  au  reste  restreint  et 
reserre  ,  agglutine ,  refraichit.  Elle 
se  monstre  és  cornoilles,  neffles, 
pommes ,  poires  de  bois ,  et  autres 
fruits  cruds,  et  non  encore  meurs  L 

Saueurs  temperées. 

L’insipide  ou  fade ,  improprement 
appellée  saueur,  est  froide  et  aqueuse. 
Elle  espaissit,  coagule,  fait  contrac¬ 
tion  des  pores  et  des  orifices  des  vei¬ 
nes  ,  restreint ,  esteint  la  chaleur,  et 
souuent  rend  le  membre  stupide.  L’on 
la  connoist  en  vne  chose  qui  n’a  au¬ 
cune  saueur  notable  qui  se  puisse 
discerner,  comme  l’eau  simple. 

L’oleeuse  chaude,  humide  aéreuse. 
Elle  humecte,  lasche,  emollit,  lu¬ 
brifie  :  comme  huile,  beurre ,  axonge, 
moëlle,  et  autres  semblables. 

La  douce  chaude,  aéreuse ,  et  tem¬ 
pérée.  Elle  laue,  polit,  cuit,  digéré, 

1  Édition  :de  1575  ‘.Elle  se  monstre  és 
fleurs  de  grenades  sauuages ,  dites  balaustes, 
escorces  de  grenades,  noix  de  galles,  alum , 
coquilles  de  glands  et  autres.  La  phrase 
actuelle  était  alors  attribuée  à  la  saveur 
acerbe. 


DES  MEDICA.MENS. 


suppure ,  laxe,  appaise  les  douleurs  : 
comme  sucre,  miel,  manne,  aman¬ 
des  douces,  laie t,  et  les  autres. 

Saueurs  chaudes. 

La  salée  chaude,  astringente,  moins 
terrestre  que  l’amere ,  fait  contrac¬ 
tion  des  porosités,  restreint,  preserue 
les  corps  de  putréfaction ,  desseiche 
sans  apparence  de  grande  chaleur,  di¬ 
géré  ,  deterge,  serre.  Toutes  especes 
de  sel ,  salpestre ,  sal-nitre ,  sel  am¬ 
moniac  *,  sal  gemme ,  sel  commun  , 
eau  salée ,  et  semblables  qui  retien¬ 
nent  la  saueur  salée. 

L’amere  chaude,  terrestre  et  des- 
seichante  2,  purge,  deterge  la  sanie 
des  vlceres  et  les  humeurs  superflus 
du  corps,  ouure  les  porosités  et  orifi¬ 
ces  des  veines  ,  subtilie ,  incise  les 
grosses  humeurs,  prouoque  mens¬ 
trues  et  hemorrhoïdes.  Elle  se  mons¬ 
tre  en  aloé,  fiel,  absinthe,  suye, 
gentiane ,  centaure  petit ,  fumeterre, 
et  autres  semblables. 

L’acre  chaude  et  subtile,  de  nature 
du  feu ,  eschauffe ,  attire ,  seiche,  de¬ 
terge,  incise,  atténué,  digéré,  purge, 
prouoque  les  vrines  et  menstrues  , 
sueurs  :  consume,  liquéfié,  fait  ves- 
cies  et  eschares ,  cautérisé  et  brusle. 
Aulx,  oignons,  squilles,  porreaux  , 
poyure,  moustarde,pyrethre,  et  sem¬ 
blables  ,  représentent  la  saueur  acre. 

'  Outre  le  iugement  des  saueurs ,  l’on 
peut  aussi  connoistre  les  medicamens 
par  les  autres  sens  naturels  exté¬ 
rieurs  ,  comme  par  l’attouchement,  la 
Veuë ,  Touye,  et  le  flair  :  par  lesquels 
quelquesfois  nous  iugeons  de  leur 
bonté  ou  malice  en  l’election ,  sou- 
uenlesfois  aussi  de  leurs  qualités  ac- 

1  L’édition  de  1576  ajoutait  ici  :  sel  alcaly. 

*  Édition  de  i575  :  L’amere  chaude  et  ter-- 
resifc ,  astringente. 


53 1 

tiues,  combien  que  le  iugement  en 
soit  beaucoup  incertain. 

L’attouchement  iuge  des  choses  ru¬ 
des  ,  ou  polies  et  douces  à  la  main  : 
dures  ou  molles ,  tendres  et  gluantes  : 
lubriques  et  glissantes,  ou  arides  et 
seiches  :  chaudes  ou  froides,’  humides 
ou  seiches ,  pesantes  ou  legeres. 

La  veuë  iuge  des  couleurs  par  vne 
splendeur  estant  és  corps  ,  pour  la¬ 
quelle  distinguer  les  yeux  sont  ordon¬ 
nés  :  de  là  nous  estimons  vn  bon  séné 
qui  tire  sur  le  noir  verdoyant,  et 
n’estimons  le  blapchastre.  Toutes- 
fois  quant  aux  qualités  premières  des 
medicamens ,  le  iugement  pris  de  la 
couleur  est  fort  fallacieux  :  car  tous 
medicamens  blancs  comme  neige ,  ne 
sont  froids  :  ains  aucuns  chauds, 
comme  la  chaux  ;  les  autres  froids. 
Aussi  medicamens  rouges  sont  en 
partie  chauds ,  comme  chalcanthum 
calciné  :  autres  froids,  comme  roses 
rouges.  Parquoy  d’icelle  nous  ne  fe¬ 
rons  grand  compte  pour  le  iugement 
des  medicamens. 

Le  flair  discerne  l’odeur  bon  du 
mauuais ,  et  les  qualités  chaudes  qui 
se  treuuent  és  euaporations  des  me¬ 
dicamens  qui  ont  odeur  :  car  en  tant 
qu’ils  ont  odeur,  ils  sont  chauds,  veu 
que  tout  odeur  est  chaud. 

L’oüye  iuge  des  sons  ,  moyennant 
l’air  extérieur.  Icelle  pour  l’election 
du  médicament  discerne  les  choses 
pleines  des  vuides,  comme  les  basions  ' 
de  casse,  noix  d’Inde,  pierres  d’ai¬ 
gles,  et  les  autres. 

Nous  auons  iusques  à  présent  dé¬ 
claré  en  general  les  facultés  des  medi¬ 
camens,  première,  seconde,  troisième, 
quatrième  ,  et  la  connoissance  et  iu¬ 
gement  d’icelles  :  à  prescrit  faut  dé¬ 
duire  en  particulier  aucunes  facultés 
et  vertus  de  la  seconde  et  troisième 
faculté  ,  à  raison  que  pour  le  respect 


532  le  VINGÏ-ClNQVIEiME  LIVUE, 


de  telles  facultés  les  medicamens  , 
\iennent  et  sont  en  vsage  iournalier 
et  ordinaire  entre  les  Chirurgiens  :  j 
commençant  aux  medicamens  reper- 
cussifs,  ayant  toutesfois,  première¬ 
ment  ,  et  en  brief ,  touché  la  façon  de 
les  préparer. 

Encore  ne  veux  oublier  à  descrire 
les  choses  odoriférantes  que  les  Chi¬ 
rurgiens  vsent  en  la  composition  des 
medicamens ,  auparauant  que  parler 
de  la  façon  de  les  préparer  :  c’est  à 
sçauoir,  musc,  ambre  gris ,  ciuette  , 
lîgnxmaloës,  assa  odorata,  galanga, 


spica  nardi ,  macis ,  styrax  calamite , 
clou  de  girofle,  muguette,  souchet, 
iris  de  Florence ,  camphre ,  fleurs  de 
lauande ,  de  rosmarin,  de  camomille, 
de  melilot ,  thym ,  fleurs  d’oranges , 
marjolaine,  menthe,  hyssope,  et  plu¬ 
sieurs  autres  C 

1  Ce  paragraphe  ne  date  que  de  1585. 

Quant  à  la  table  qui  suit ,  et  qui  constilue 

Ile  chapitre  8,  elle  a  été  ajoutée  en  1579  ;  tou¬ 
tefois  il  est  bon  de  noter  que  ce  chapitre  8  a 
été  omis  dans  la  table  des  chapitres  jusque 
dans  les  dernières  éditions. 


CHAPITRE  Vin. 


DE  LA  FAÇON  DE  PnEPAnEn  Lf.S  MEDICAMENS. 


Qui  est  les  réduire  en 
poudre,  en  frappant  1^®'’’ 
oubroyant.cequel’on 
fait  dans  vn  mortier 
auec  pilons ,  qui  sont 
.  oude  Marbre, 


[  Qui  est  séparer  ce  qui  \  ,  (  me  raison  à  cribler  qu'à 

1  est  net  et  délié  d’auec  piler,  et  pource les  clioses 

J  _ _  (Parchemin.  J  «iMoa 


I  ce  qui  est  sale  et  gros- 
'  sier,  ce  que  se  fait  auec 
t  cribles  de 


iILà  chose  que  l'on  pile,  — 
La  force  et  maniéré  qu'on 
doit  piler,  —  Leltemps  et 
espace,  —  La  situation  , 
—  Ce  qu'on  y  adiouste  , 
—  La  consistence  en  la¬ 
quelle  on  doit  laisser  la 
chose  pilée. 

f  Ayant  esgard  qu'il  y  a  mes- 
•11  4.1  me  raison’ à  cribler  qu'à 


Parchemin,  J  .  ygulent  estre  pilées 
Soye  de  cheual ,  1  ^  demandent  estre 

Taffetas  et  linge.  (  pagg^gs  aussi  par  vn  crible 
\  délié ,  et  au  contraire. 


/  Qui  n'est  autre  chose  sinon  des-  /  Seul  • 
J  mesler  et  ramollir  vn  medica- 1 
j  ment  qui  estoit  de  consistence  |  auec 
l  dure  et  solide,  ce  qui  se  fait  ou  v  liqueur 


Surquoy  on 
peut  compren- 1 
dre  la  forme  | 

'^Foi 


fQul  n'est  autre  chose  que  consommer  ^  Au  soleil, 
l'humidité,  laquelle  est  nuisible,  ( 
dommageable  et  superflue ,  ce  qui  se  l 
fait ,  ou  y  au  feu , 

SQui  est  tremper  les/ La  liqueur,  / Laict, 
medicamens  après!  car  autres  \  vinaigre 
qu'ils  sont  grossement  1  se  infusent  \  Huile, 
pilés ,  considérant  )  en  (  Eau 

(Vne  heure , 
deux  heures 


N'est  autre  chose 
que  consommer' 
l'humidité  qui  esti 
en  iceux,  ce  qui  se  j 
fait  ou 


les /La  liqueur,  /  Laict,  \  Sur  l'infusion  on 

•ésl  car  autres  \  vinaigre  j  peut  adiouster 

ntl  se  infusent  \  Huile,  i  la  nutrition  qui 

)  en  (Eau  f  est  augmenta- 

\  /Vne  heure,  )  tion  du  medica 

I  .  )  deux  heures  ,  l  ment,  l'abreu- 

I  iour,  plus  \uant  petit  à  petit 

‘  \  ou  moins.  ]  en  le  remuant. 

/  Les  mettre  plus  facilement 
I  en  poudre  estant  trop  gluan- 
Auec  I  tes  ou  humides, 

mixtion,  J  .  ««  1  Les  rendre  plus  subtiles. 

S  011  <  ■Acquêt®  quelque  qualité 
/  J  ignée  ,  diminuer  leur  force, 
sans  j  laquelle  estant  acre  s'adou- 

mixtion,  j  j  cit,  comme  escrit[Gal.  li.  4. 

'  '  1  des  A’inip.  cha,  9. 

'  Les  déguiser  en  autre  couleur. 


espece  de  res. 
1  purgation  l 
I  et  nettoie-! 


t1  Augmenter  leurs  facultés  qui 
sont  faibles,  cuisant  auec  eux 
ceux  qui  ont  plus  de  faculté 
et  vertu, 

Amoindrir  leurs  facultés, 
Oster  vne  mauuaise  qualité. 
Faire  que  de  plusieurs  simples 
cuits  ensemble  de  diuerses 
facultés,  se  produise  vne 
certaine  vertu. 

Donner  telle  consistence  que 
desirons  garder,  et  les  con- 
seruer  longuement. 

.  /  Et  pour  les  bien  lauer ,  les\ 

ffiorroa  faut  mettre  en  poudre  très-  | 

J**"'";)  trer,et  la  changer  tant  de  I 

ment  (lui  J  ■  ®eicncs,\  du  médicament  en  1 

SC  faitnour'\  /  Lesquelles  faut  fondre  ,  pins  \odeur. 

ostèr  nnel  i  l  tes  ietcr  en  vn  vaisseau  plein  / 

que  ?m-  7  /  Beaines,  \  d'eau,  et  les  remuer:  puis  les  ( 

mondiceés  mol-  Gomme  J  laisser  reposcrius.pi'àceçiuel 
choses  ou  Vies,  'i  AxongiA  tout  le  gras  vienne  au  des- 1 
'  '  (  Huiles.  I  sus:  et  le  réitérer  iusques  à  ISaucur. 

'  f  ce  que  l'eau  ne  retienne  au- 1 


534 


LE  VINGT-CINQVIÉME  LIVRE 


Poma  mandragoræ ,  solanum ,  hyoscyamus 
et  succus  papaueris. 


CHAPITRE  IX. 

DES  MEDICAMENS  EEPERCVSSIFS  OV 
EEPOVSSANS. 

Medîcamens  repercussifs  ou  re- 
poussans  sont  froids,  et  de  grosses 
parties.  Sous  ce  nom  de  repercussifs, 
nous  entendons  aussi  les  astringents 
et  roboratifs,  pource  qu’ils  semblent 
repousser,  empeschant  la  fluxion  des 
humeurs  tombans  et  coulans  en  quel¬ 
que  partie.  Or  tels  sont-ils  ou  de  soy, 
et  de  leur  propre  nature,  ou  par  ac¬ 
cident  ,  et  sans  qualités  et  effets  pro¬ 
pres. 

De  ceux  qui  sont  repercussifs  de 
leur  propre  nature ,  les  vns  sont 
aqueux  et  humides  sans  aucune  as- 
triction,  pourtant  sont  debiles  :  les 
autres  terrestres  et  astringens  :  des¬ 
quels  les  vns  sont  chauds ,  les  autres 
froids,  qui  sont  forts,  et  proprement 
appellés  repercussifs  :  et  d’iceux  les 
vns  simples,  les  autres  composés. 

Medicamens  repercussifs  de  leur 
propre  nature  aqueux  et  humides, 
repoussans  seulement  d’vne  qualité 
froide,  sont  : 

Lacluca ,  portulaca,  sonchus  lenticula  pa- 

lustris,  vmbilicus  veneris,  cucumis,  me- 

lones,  cucurbita,  semperuiuum  vtrunque  ; 

aqua  Communis. 

On  peut  aussi  adiouster  à  ceux  cy, 

1  L’édition  de  1576  ajoutait:  cichorium, 
polygonum ,  trifolium ,  auricula  mûris  :  puis 
un  peu  plus  loin  :  oxalis ,  albumen  oui ,  et 
enfin  au  lieu  de  agua  communis,  elle  portait; 
rosas  et  aquœ  ex  his  dislillalœ.  Tout  cela  avait 
été  effacé  dès  1579,  et  Vaqua  communis  ne  fut 
ajoutée  que  dans  laj  première  édition  pos¬ 
thume  de  1598. 


Lesquels  refrigerent  grandement , 
et  pourtant  les  faut  bster  auant  que 
les  parties  où  ils  ont  esté  appliqués 
deuiennent  liuides. 

Les  terrestres  astringens  froids, 
proprement  appellés  repellens  ou  re¬ 
percussifs,  sont  : 

Plantes. 

Plantago,  folia  vitiura,  capita  rosarum, 
quercus ,  cupressus ,  rubuS ,  oxyacantha , 
thus,  caudaequina. 

Fruits. 

Fructus  sorborum ,  cornorum,  mespilorum, 
cydoniorum  ,  myrtillorurrt  nuces  cu- 
pressi ,  nuces  aliæ  virides ,  gallæ  ,  glan¬ 
des,  sumach,  omnes  fructus  immaturi. 

Jus. 

Omphaclum,  acetum,  vinum  austerum, 
succus  granatorum  acidorum,  acacia, 
succus  berberis ,  succus  cydoniorum ,  hy- 
pocistis. 

Escorces  et  fleurs. 

Malicorium ,  cortex  quercus ,  citrinl ,  ba- 
laustia. 

Farines. 

Farina  bordel ,  fabarum ,  panicl ,  aucnæ , 
milij ,  orobi ,  admlxta  succis  ad  modum 
puitis. 

Métaux. 

Bolus  armenus ,  sanguis  draconls],  cerusa , 
lithargyros,  terra  slgillata ,  cimolia , 
creta,  argilla,  magnes,  plumbum  ,  co- 
ralla,  marcasitæ  omnes,  antimonlum, 
spodium ,  pompholyx  vera ,  omnis  tcrrse 
species  : 


‘  L’édition  de  1575  ajoutait  ici  :  spinorum. 


DES  MEDICAMENS. 


635 


Et  autres  tels  medicamens  repercus- 
sifs  simples. 

Les  composés  sont  : 

Huiles. 

Oleum  rosaceum ,  omphacinum  ,  myrtillo- 
rura,  papauerls,  cydoniorum,  nenupharis. 

Onguens. 

Ynguentum  rosatum,  album  Rhasls,  ca- 
phuratum,  emplastrum  diachalciteos  dis- 
solutum  in  aceto  et  oleo  rosato ,  desicca- 
tiuum  rubrum ,  populeum. 

Emplastres. 

Emplastrum  nigrum  siue  triapharmacum 
descriptione  Galeni ,  emplastrum  contra 
rupturam  ,  de  cerusa  ,  pro  matrice. 

Tous  ces  medicamens  repercussifs 
froids  ont  plus  grande  efficace,  quand 
ils  ont  quelque  tenuité  de  substance 
adiointe,  soit  par  leur  nature,  soit 
par  mixtion  :  comme  pour  exemple , 
souuent  on  adiouste  aux  autres  re¬ 
percussifs  de  crasse  substance,  vinai¬ 
gre,  camphre,  et  autres  de  parties 
subtiles,  à  fin  de  mieux  penetrer  et 
seruir  comme  de  chariot  à  porter  la 
substance  terrestre  et  astringente  ius- 
ques  au  dedans. 

Les  repercussifs  terrestres  astrin- 
gens  chauds  sont  : 

Herbes. 

Absinthium  ,  centauvium ,  gentiana ,  eu- 
palorium  ,  sabina ,  coriandrum ,  men- 
Iha ,  lauri  folia. 

Con forions  et  aromatiques. 

Graine  de  paradis  i,  cardamornum,  cala- 
mus  aromaticus,  aloës,  spica,  crocus,  nux 
moscata  ,  cinnamomum ,  succinum ,  etc. 

1  La  graine  de  paradis  n’a  été  ajoutée  là 
que  dans  l’édition  posthume  de  lti98. 


Métaux, 

Sal,  alumen ,  vitreolum ,  sulphur,  etc. 

Huiles. 

Oleum  absinthij,  mastichinum,  nardinum, 
costinum ,  cerotum  stomachicum  Galenf, 
sanlalinum,  emplastrum  diachalciteos. 

Repercussifs  par  accident  sont ,  li-  - 
gatures,  compresses,  astelles ,  cautè¬ 
res  ,  saignéés ,  ventouses ,  frictions 
doloreuses  és  parties  opposites  :  et 
autres  semblables  remedes  que  pro¬ 
prement  on  appelle  reuulsifs. 

L’vsage  des  repercussifs  est  pour 
repousser  l’humeur  coulant  d’vne 
partie  à  l’autre ,  et  appaiser  l’intem- 
perature  chaude  :  car  souuent  par  le 
flux  des  humeurs  est  engendré  dou¬ 
leur,  fiéure,  aposteme,  vlcere  malin, 
gangrené,  mortification,  et  autres  ae- 
cidens. 

Tels  medicamens  repercussifs  faut 
premièrement  appliquer  à  la  maladie, 
considérant  la  température  et  com- 
plexion  du  corps,  et  nature  de  la  par¬ 
tie  affectée.  Car  toutes  parties  ne 
peuuent  pas  soustenir  et  endurer 
mesmes  repercussifs,  comme  ner- 
ueuses,  spermatiques,  et  autres  telles 
parties  froides.  loint  qu’à  d’aucu¬ 
nes  en  tout,  il  ne  faut  vser  des  re¬ 
percussifs  :  comme  aux  emonctoires 
du  foye ,  du  cœur,  et  du  cerueau  :  à 
fin  de  ne  renuoyer  la  fluxion  en  vne 
partie  principale  et  première.  Aussi 
1  tous  corps  ne  peuuent  pas  endurer 
mesmes  repellens  :  car  femmes  ,  en- 
fans  ,  chastrés ,  et  au  très  telles  gens 
délicats,  ou  aagés,  ne  souffriront  me¬ 
dicamens  si  fort  froids,  que  feront  les 
corps  robustes,  chauds  et  forts.  Des 
maladies  aussi  aucunes  demandent 
repercussifs,  autres  non.  Car  caco¬ 
chymie  et  plénitude  ne  requièrent 
tels  medicamens,  que  l’euacuation 


536  VINGT' CIN( 

vniuerselle  n’ayo  précédé.  Pareille¬ 
ment  matière  veneneuse,  crasse,  acre 
et  en  multitude,  ne  demande  reper- 
cussifs ,  comme  bien  le  déclaré  mon¬ 
sieur  maistre  lacques  Hollier,  Docteur 
en  Medecine  ,  en  son  liure  de  la  ma¬ 
tière  de  Chirurgie  :  ny  pareillement 
la  matière  qui  est  accompagnée  de 
grande  et  intolérable  douleur  :  non 
plus  que  celle  qui  flue  par  vne  excré¬ 
tion  critique  :  car  en  tels  cas,  au  con¬ 
traire,  il  faut  vser  de  medicamens 
attractifs  et  parégoriques. 

Or  les  maladies  qui  demandent  re- 
percussifs,  quelquesfoissont  grandes: 
parquoy  en  icelles  ne  ferez  rien  de 
petits  remedes ,  comme  de  laictue  en 
grande  inflammation  :  autres  sont 
petites  ou  médiocres ,  donc  ne  faut 
vser  de  forts  repercussifs  ;  car  s’ils 
sont  trop  forts,  le  cuir  est  reserré, 
l’humeur  congele  ,  la  fluxion  et  in¬ 
flammation  accroist,  de  sorte  que  bien 
souuent  la  matière  s’endurcit  en 
scirrbe,  comme  nous  dirons  cy  après 
selon  Galien. 


CHAPITRE  X. 

DES  MEDICAMENS  ATTRACTIFS. 

Médicament  attractif  ou  attirant, 
contraire  au  repoussant  ou  reper- 
cussif,  que  les  Grecs  appellent  helcti- 
que,  est  de  chaude  et  ténue  substance  ; 
par  laquelle  il  attire  au  dehors  et  à 
la  circonférence  ce  qui  est  au  dedans 
du  corps  bien  profond  et  auant  :  et 
ce,  ou  par  vne  qualité  manifeste ,  ou 
par  vn  don  et  propriété  de  nature,  ou 
d’vne  qualité  accidentale  et  acrimo 
nie.  Medicamens  attractifs  de  leur 
propre  nature  et  qualité  manifeste 
sont  simples  ou  composés. 


VIÉME  LIVRE, 

Les  simples  sont  : 

Racines, 

Bryonva,  allium,  cepa,  porrum,  aristolo- 
chia,  hermodactyli ,  cyclamen,  lilium, 
sigillum  beatæ  Mariæ,  arum,  asarum, 
asphodelus ,  gentiana ,  pyrelhrum. 

Herbes. 

Ruta,  sabina  ,  calamenthum,  omiies  tithy> 
malorum  species,  viscum,  abrotonum, 
anagallis ,  vtrica ,  ranunculus ,  strulhio , 
et  autres  telles  plantes  acres. 

Gommes. 

Ammoniacum,  bdellium,  galbanum,  opo- 
panax,  sagapenum,  euphorbium,  asphal- 
tum ,  etc. 

Métaux. 

Calx  viua ,  cinis  è  fæce  vini  vel  acetî ,  sul- 
pbur,  sa!  ammoniacum,  et  omnes  salis 
species ,  auripigmentum. 

Huiles  et  graisses. 

Oleum  vêtus  et  multorum  an'norum ,  adeps 
leonis,  vrsi,  canis,  anseris ,  viperæ ,  ra- 
narum‘  :  axungia  porci  vetustate  acris, 
aut  atlritu  rolarum. 

Les  composés  sont  : 

Huiles. 

Oleum  de  spica,  philosopborum ,  de  tere- 
benthina,  de  croco,  de  scorpionlbus,  ru- 
taceum,  vulpinum,  laurinum,  anethl- 
nüm,  de  vilriolo. 

Onguens, 

Vnguentum  Agrippæ,  aragon  seu'auxiliare, 
marliatum,  cnulatum,  tberiaca,  mithrl* 
datium. 


‘  J’ai  rétabli  ici  d’après  toutes  les  éditions 
du  vivant  de  l’autour  ce  mot,  ranarum  ,  qui 
manque  dans  toutes  les  éditions  posthumes. 


DES  MEDICAMEKS. 

Emplaslres, 


Emplaslrutn  de  mcliloto,  diachylon  ma¬ 
gnum  clparuum,  oxycroceum,  diuinum. 

Ceux  qui  attirent  d’vn  don  de  na¬ 
ture  et  familiarité  de  substance,  sont  ; 

Magnes,  argentum  viuum,  pæonia,  suc- 
cinum,  omnia  alexipharmaca,  c’est-à-dire 
qui  répugnent  aune  venins  ;  et  theriaca 
médicamenta ,  c'est-à-dire  qui  contrarient 
aux  morsures  des  lestes  ;  et  omnia  pur- 
gantia  médicamenta. 

Ceux  qui  attirent  par  qualité  acci- 
dentale,  attirent  ou  par  putréfaction, 
ou  autrement. 

Par  putréfaction  attirent  : 

Stercus  columbinum ,  caprinum,  vaccinum, 
humanum,  et  omnes  aliæ  stercorum  spe- 
cies,  fermentum,  caseus  vêtus,  etc. 

Ceux  qui  attirent  par  autres  qua¬ 
lités,  sont  : 

Cucurbitulæ,  sanguisugæ,  syringa,  frictio 
asperior  et  durior,  suctus ,  dolor,  vincula 
astrictoria,  cauleria. 

Ces  medicamens  attractifs  ne  doi- 
uent  ny  brusler,  ny  résoudre.  Les 
trop  acres  faut  attremper  d’huile  ro- 
sat ,  ou  par  medicamens  doux.  Les 
debiles  faut  renforcer  d’huile  laurin  , 
chaux-viue,  et  autres  plus  forts. 

Cesdits  attractifs  seruent  à  tirer  le 
venin  à  la  peau  ;  ou  s’il  y  a  quelque 
chose  pestiférée  et  vitieuse  au  milieu 
du  corps,  ils  la  tirent  ailleurs.  Ils  ai¬ 
dent  à  maturer  les  abscés  critiques. 
Ils  rendent  la  vie  aux  parties  tabides 
et  emaciées,  et  reschauffent  celles 
qui  sont  trop  réfrigérées.  Ilsespuisent 
la  sanie  vitieuse  des  maunais  vlceres, 
et  playes  des  nerfs.  Ils  esleuent  et  ti¬ 
rent  dehors  les  esquilles  d’os,  doux, 
espines ,  sagettes.  Ils  euacuent  les 


537 

restes  des  phlegmons  endurcis.  Ils 
suruiennent  aux  morsures,  tant  des 
bestes  que  des  hommes. 


CHAPITRE  XI. 

DES  MEDICAMENS  EESOLVTIFS. 

Médicament  résolutif  est  celuy  qui, 
par  sa  chaleur  et  tenuité  de  sub¬ 
stance,  ouure  les  pores,  atténué,  dis¬ 
sipe,  et  fait  euaporer  et  exhaler  par 
insensible  transpiration  1er  humeurs 
et  autres  matières  inutiles  et  super¬ 
flues  és  parties  où  elles  sont  arrestées. 
D’iceluy  y  a  deux  especes  :  car  l’vn 
est  rarefactif,  l’autre  résolutif,  que 
les  Grecs  appellent  diaphoretique. 
Le  rarefactif  par  chaleur  médiocre, 
peu  de  siccité  et  subtile  substance, 
ouure  et  amollit  la  peau,  et  donne 
sortie  à  ce  qui  estoit  retenu  :  pourtant 
peut  estre  dit  anodyn ,  car  il  excede 
bien  peu  le  temperé.  Le  diaphoreti¬ 
que  ,  par  chaleur  plus  grande  que  le 
rarefactif ,  dissipe  insensiblement  ce 
qui  est  arresté  et  impacte  en  vne 
partie  :  et  aucunesfois  a  plus  grande 
chaleur  que  l’attractif,  selon  les  corps 
où  il  doit  estre  appliqué  :  car  aucu¬ 
nesfois  l’attractif,  appliqué  à  vn  corps 
dur,  pourra  estre  résolutif,  où  s’il 
estoit  appliqué  à  vn  autre,  il  altire- 
roit  du  dedans  au  dehors.  Les  rare- 
factifs  que  nous  pouuons  appeller 
résolutifs ,  debiles ,  sont  simples  ou 
composés. 

Les  simples  sont  : 

Merles. 

Bismalua  cum  toto,  parietarla,  adianlhum, 
mercurialis,  ebulus,  valeriana,  rosmari- 
nu8,  «aluia,  tbymus. 


538 


LE  VINGT-CINQVIEME  LIVRE, 


Fleurs. 

Camomilla ,  meUlotum ,  anethum. 

Semences  et  farines  d’icelles. 

Farina  hordei ,  tritici ,  seminis  Uni ,  fœnu- 
græci,  nigellæ,  furfur. 

Graisses. 

Adeps  gallinæ,  anseris,  anatis,  cuniculi, 
vitulinus. 

Métaux. 

Metallica  fere  omnia,  nisi  acria  sint. 

Les  composés  sont  : 

Huiles, 

Oleum  camomillæ ,  anethinum ,  liliorum , 
catcllorum,  lumbricorum,  Keiri,  de  vi- 
lellis  ouorum,  tritici, amygdalarutndul- 
cium, 

Onguens  et  emplaslres. 

Vnguentum  de  althæa ,  cmplastrum  diachy- 
lum ,  ireatum. 

Les  diaphoretiques  ou  digestifs , 
semblablement  sont  simples  ou  com¬ 
posés. 

Les  simples  sont  : 

Racines. 

Aristolochia,  enula  campana,  iris,  cepa, 
scilla,  sigillum  Salomonis,  sigillum  beatæ 
Mariæ,  bryonia  ,  panis  porcinus,  dracun- 
culus ,  acorus ,  asphodelus. 

Herbes. 

Origanum,  mentha,  pulegium,  sabina, 
serpyllum,  calamenthum ,  hyssopus,  vr- 
tica ,  artemisia ,  lauendula ,  chamæpy lis  <. 

Semences. 

Anisum,  fœniculum,  cuminum,  piper,  nux 

>  L’édition  de  1575  ajoutait  à  cette  liste: 
brassica ,  effacé  dès  1579. 


moschata,  coriandrum,  baccæ  laurl  et  lu- 
niperi. 

Farines. 

Farina  fabarum ,  lupinorum ,  orobl ,  railij , 
frumenti ,  furfur,  mica  panis. 

lus. 

Acetum  tepidum ,  oxycratum ,  vinum  vêtus, 
aromaticum ,  mel ,  aqua  vitæ ,  muria. 

Graisses. 

Adeps  tauri,  equi,  leonis,  canis,  hirci, 
butyrum ,  et  alij  adipes. 

Moelles. 

Medulla  cerui,  cruris  bouis ,  arielis,  etc. 
Gommes. 

Ammoniacum,  galbanum,  opopanax,  sa- 
gapenum,  myrrha,  bdellium,  thus,  te- 
rebenthiiia ,  pix  nigra ,  ladanum, styrax, 
calamité ,  benioinum ,  etc. 

Fientes. 

Stercus  caprinum,  columbinum,  caninum, 
bubulum,  et  aliæ  stercorum  species. 

Les  résolutifs  composés  sont  : 

Huiles, 

Oleum  amygdalarum  amararum ,  iuniperi- 
num,  laurinum,  de  scorpionibus,  irinum, 
costinum,  nardinum,  de  terebenthina , 
de  croco,  cannabinum,  raphaninuin,  è 
cucumere  agresti ,  vulpinum ,  ruticeum , 
philosophorum,  dclateribus,  de  euphor- 
bio ,  de  tartaro ,  de  petroleo ,  de  Rcrua 
siue  racininum*. 

Onguens. 

Vnguentum  Agrippæ,  martialum ,  aragon, 
enulatum. 


‘  L’édition  de  1575  ajoutait  ici  :  oxymel 
simplex. 


DES  MEDICAMENS. 

Emplastres, 

Emplastrum  deVi  go  sine  additione  et  cum  ad- 
ditione,  oxycroceum,  diachalciteos,  disso- 
iutum  In  oleo  digerente  ad  formam  cerati. 


Les  rarefactifs  conuiennent  à  l’ac¬ 
croissement  et  vigueur  d’vue  tumeur 
superficielle ,  en  lieu  mol ,  et  matière 
cliaude  et  humide  ;  aussi  en  vne  ma^ 
tiere  venteuse. 

Les  diaphoretiques  doiueut  estre 
appliqués  à  l’accroissement  des  tu¬ 
meurs,  en  y  adioustant  quelque  as¬ 
tringent,  de  peur  que  par  trop  digé¬ 
rer  ils  n’attirent  et  augmentent  la 
fluxion.  A  la  déclination  desdites  tu¬ 
meurs  ,  les  faut  appliquer  sans  mix¬ 
tion  aucune  en  vn  corps  qui  a  la  peau 
dure,  et  quand  l’humeur  est  froid  et 
crasse,  caché  au  profond  du  corps, 
où  à  peine  lès  medicamens  peuuent 
imprimer  leurs  vertus  et  effets.  Tou- 
tesfois  il  faut  auoir  esgard  aux  par¬ 
ties  où  l’on  applique  résolutifs.  Car 
au  foye,  à  la  ratte,  ventricule ,  et  au¬ 
tres  telles  parties,  ne  faut  appliquer 
résolutifs  et  relaxatifs,  sans  y  adious- 
ter  quelque  astringent,  comme  choses 
aromatiques  :  en  partie  stupide  et 
peu  sensible,  faut  mettre  diapho¬ 
retiques  plus  forts  :  és  autres  plus 
sensibles ,  comme  à  l’œil  et  parties 
nerueuses ,  plus  doux.  Aussi  en  ma¬ 
tière  froide  et  crasse,  faut  vser  pre¬ 
mièrement  de  remedes  incisifs,  at- 
tenuans,  après  des  emolliens ,  pour 
petit  à  petit  venir  aux  diaphoreli- 
ques  :  car  autrement  le  plus  subtil  se 
resoudroit,  et  ce  qui  est  cras  et  espais 
s’endurciroit.  D’auantage,  quand  la 
partie  est  tellement  oppressée  de  flu¬ 
xion  qu’il  y  a  danger  de  gangrené  et 
mortification ,  il  faut  délaisser  les  ré¬ 
solutifs,  et  venir  à  scarification  : 
comme  doctement  l’escrit  monsieur 
maistre  lacques  Hollier,  Docteur  en 


639 

Medecine ,  en  son  liure  de  la  matière 
de  Chirurgie^  lequel  il  nous  a  laissé 
au  grand  auancement  et  illustration 
dudit  art. 


CHAPITRE  XII. 

DÈS  SVPPVRATIFS. 

Médicament  suppuratif  est  celuy 
qui  par  sa  consistence  emplastique 
fermant  les  pores,  etempeschant  la 
transpiration,  augmente  la  chaleur 
naturelle  en  substance  ou  quantité,  et 
non  en  qualité  :  en  raison  de  quoy 
ladite  chaleur  fortifiée  conuertit  et 
transmue  le  sang,  et  autres  matières 
superflues ,  en  boue  et  sanie.  Il  est  de 
nature  chaude  et  humide ,  semblable 
et  proportionnée  à  la  température  et 
chaleur  naturelle  de  la  partie  où  il 
est  appliqué  :  de  consistence  emplas¬ 
tique,  à  fin  de  retenir  la  chaleur  na¬ 
turelle  ,  de  peur  qu’elle  ne  s’exhale 
ou  dissipe.  Et  par  ceste  consistence 
emplastique,  il  est  different  des  medi- 
cameiis  emolliens  où  malactiques  , 
desquels  cy  après  nous  parlerons  :  car 
s’ils  estoient  emplastiques ,  ils  pour- 
roient  suppurer.  Or  il  y  a  deux  sortes 
de  suppuratifs  :  les  vns  sont  suppura¬ 
tifs  de  leur  propre  nature,  les  autres 
par  accident.  Ceux  qui  suppurent  de 
leur  propre  nature ,  sont  simples  ou 
composés. 

Les  simples  sont  : 

Racines. 

Radix  iniorum ,  allium ,  cepa ,  bismalua , 

buglossum,  maluæ  oranes. 

Herbes. 

Blsmaluœ,  maluæ  folia  et  semlna.  branca 

vrsina.seneclo.violœ.buglossum,  pa- 

rietaria ,  crocus,  caules. 


LE  VINGT-CfNQVIÉME  LIVRE 


Ô40 

Fruits. 

Ficus  et  passulæ  mundalæ ,  carumque  de- 
coctum. 

Farines, 

farina  tritici,  farina  volatilis,  farina  hor- 
dei  excorlicati,  lolij,  seminis  Uni  et 
fœtiugræci. 

Gommes, 

Galbanum,  ammoniacum ,  styrax  pînguis, 
ladanum,  viscum  aucupatorium ,  IhuSi 
pix ,  cera ,  résina ,  colla. 

Graisses, 

Adeps  suillus ,  vitulinus ,  raccinus ,  capri- 
nus ,  butyrum ,  \itellus  oui ,  œsypus  hu- 
niida. 

Fientes, 

Stercus  suillum ,  columbinum ,  caprinum , 
pueri. 

Les  composés  sont  : 

Huiles, 

Oleum  liliorum,  lumbricorum,  de  croco,  etc. 
Onguens. 

Vnguentum  basllicon. 

Emplastres. 

Emplastrum  diachylon  commune,  magnum, 
et  de  raucilaginibus. 

Les  suppuratifs  par  accident,  sont 
tous  ceux  qui  ont  vne  consistenceem- 
plastique  ,  comme  bien  souuent  l’on 
voit  que  les  medicamens  repercus- 
sifs,  à  raison  de  leur  substance  crasse, 
suppurent  :  tel  est  vnguentum  de  bolo, 
nutritum ,  et  autres.  Aussi  ceux,  qui 
par  leur  réfrigération  ferment  les  po¬ 
res  ,  comme  l’ozeille  ,  laquelle  estant 
appliquée  est  fort  suppuratiue  :  car 
retenant  la  chaleur  naturelle  au  de¬ 
dans  ,  et  aidant  icelle  à  inciser  les 
humeurs ,  fait  promptement  suppura¬ 
tion.  Bref  tous  medicamens  chauds 
ayans  quelque  humidité,  s’ils  sont 


meslés  auec  des  emplastiques ,  ils 
suppurent  :  moyennant  qu’ils  ne 
soient  trop  résolutifs  etdetersifs. 

Nous  vsons  des  suppuratifs  aux 
grands  phlegmons ,  lesquels  n’auons 
peu  empescher  par  repercussifs  ny 
résoudre ,  aussi  aux  grandes  contu¬ 
sions  et  playes  contuses. 


CHAPITRE  XIH. 

DES  MEDICAMENS  EMOLUEN.S  OV 
REMOLUTIFS. 

Médicament  remollitif,  est  celuy 
qui  par  sa  chaleur  plus  grande  que 
celle  des  suppuratifs,  au  reste  sans 
aucune  humidité  ou  siccité  manifeste 
et  apparente ,  amollit  les  corps  en¬ 
durcis.  Parquoy  différé  du  suppura 
tif  :  par  ce  que  le  suppuratif  peut  es- 
tre  chaud  du  premier  au  second 
degré ,  ou  plus,  selon  la  température 
du  corps  où  il  est  appliqué ,  agissant 
plus  par  abondance  de  chaleur  mo¬ 
dérée  que  par  qualité  et  acrimonie 
d’icelle.  L’emollient  au  contraire  es¬ 
tant  plus  robuste  en  chaleur,  agit 
plus  par  qualité  d’icelle  ;  temperé  au 
reste  en  humidité  et  siccité ,  iaçoit 
que  nous  auons  aucuns  remollitifs 
chauds  au  premier  degré ,  et  secs  au 
second  et  troisième. 

Les  medicamens  emolliens  sont 
simples  ou  composés,  debiies  ou  forts. 
Les  debiies  sont  : 

Racines. 

Radix  liliorum  alborum  ,  cucumcris  agres- 
tis,  althœa. 

Herbes ,  semences  et  fruits. 

Folia  maluæ,  bisrnaluœ ,  liliorum,  anelhi 
summilates ,  viola,  branca  vrsiiia ,  semen 


DES  MEDICAMENTS. 


maluæ ,  bismaluæ ,  Uni ,  fœnugræci ,  ca- 
ricæ  pingues ,  passulæ  mundalæ. 

Parties  des  lestes, 

Pedum ,  capitum,  intestinorum  veruecino- 
rum  decoclum. 

Graisses  des  lestes ,  oiseaux  et  poissons. 

Adeps  ex  iunloribus  et  caslratis,  domesticis 
fœminis  animalibus.  Adeps  suillus,  vitu- 
linus,  hœdinus,  caprinus,  bubulus  ,  vul- 
pinus,  gallinaceiis,  anseriiius,  analinus, 
olorinus,  efficaces. 

Ex  anguillis  etpiscibus  fluuiatilibus,  débités. 

Ad  omnia  mediocris  bumanus,  butyrum, 
lana  succida,  cera  pinguis,  vilellus  oui. 

Moelles. 

Medulla  ex  ossibus,  ceruina,  ouilla,  caprina. 

Les  composés  sônt  : 

Oleum  simplex  in  quo  coctæ  fuerint  herbæ 
emollientes ,  liliorum ,  chamæmelinum , 
amygdalarum  dulcium. 

Les  forts  emolliens  : 

Acetum,  adeps  taurinus,  vrsinus,  ceruinus,, 
leonlnus,  pardalinus,  apii,  equi  seuum  L 

Résinés  et  gommes, 

Pinea ,  picea ,  abiellna ,  terebinthina. 
Ammoniacum ,  bdellium  ,  styrax  ,  galba- 
num,  ladanum,  propolis,  opopanax, 
vnguentum  de  althæa. 

Ernplastres. 

Eraplastrum  dlachylon  commune  et  ma-  | 
gnum ,  do  mucilaginibus ,  ceroneum , 
oxycroceum ,  lohannis  de  Vlgo. 

Nous  vsons  des  medicamens  remol- 
litifs  aux  tumeurs  scirrheuses ,  qui  se 
font  souuent  és  fins  des  muscles,  quel- 
quesfois  au  milieu  des  muscles ,  sou- 
uentesfois  es  glandes ,  és  yisceres ,  és 

<  L’édition  de  1575  ajoutait  à  celte  énu¬ 
mération  gruisi  ce  mot  a  été  rayé  eh  1579. 


541 

léiires  ou  bords  des  vlceres,  d’vne 
matière  crasse ,  froide  et  visqueuse  : 
comme  sont  la  pituite  et  le  suc  me- 
lancholique.  Mais  les  tumeurs  faites 
de  cest  humeur  sont  tousiours  clian- 

ses ,  et  pour  ceste  cause  sont  ren¬ 
dues  plus  malignes  par  l’vsage  des 
emolliens  :  au  contraire  ,  celles  qui 
sont  faites  de  pituite  demandent  seu¬ 
lement  emolliens.  Toulesfois  en  l’v- 
sage  desdits  emolliens  ,  faut  auoir 
esgard  à  trois  choses  :  la  première  est, 
qu’il  faut  connoistre  combien  le  vice 
est  grand  ,  à  fin  d’appliquer  remede 
suffisant  :  secondement ,  faut  distin¬ 
guer  les  natures  des  parties  :  tierce- 
ment,  faut  colliger  artificieusement 
comme  il  faudra  amollir  :  s’il  faudra 
point  adiouster  quelque  médicament 
qui  deterge  et  incise  auec  les  emol¬ 
liens  :  car  aucuns  scirrhes  sont  incu¬ 
rables,  comme  celuy  qui  n’a  point  de 
sentiment,  et  qui  a  causé  desia  déper¬ 
dition  de  poil  en  la  partie  où  il  est. 

Il  faut  icy  noter,  que  si  la  partie 
est  grandement  intemperée  d’intem- 
perature  froide ,  et  que  la  chaleur 
naturelle  fust  languide,  qui  feroit 
qu’elle  ne  pourroit  réduire  les  reme- 
des  de  puissance  en  effet  :  pour  aug¬ 
menter  icelle  chaleur,  on  posera  prés 
vne  estuue  de  fer,  en  laquelle  sera 
mis  vn  carreau  de  fer  ardent ,  puis 
sera  close  ;  et  par  ce  moyen  la  cha¬ 
leur  sera  gardée  longuement  L 

A.  Monstre  le  corps  de  l’esluue. 

B.  Le  carreau  de  fer. 

C.  Le  couuercle. 

»Ce  dernier  paragraphe,  avec  la  figure 
qui  le  suit,  est  une  addition  de  1579  :  mais 
déjà  la  planche  existait  dans  les  Dix  Hures 
de  Chirurgie  de  1564 ,  fol.  229,  verso  ;  et  c’est 
là  que  j’ai  trouvé  l’orthographe  esiiiiie ,  tan¬ 
dis  que  toutes  les  grandes  éditions  portent 
en  cet  endroit  estuffe. 


542 


LE  VINGT-CINQVIEME  LIVRE, 


CHAPITRE  XIV. 


DES  DETEHSIFS  OV  MONDIFICATIFS. 

Médicament  detersif^  ou  mondifi- 
catif,  est  celuy  qui,  par  vne  tenuité  de 
substance  accompagnée  de  siccité, 
nettoye  et  purge  vn  vlcere  de  deux 
sortes  d’excremens  :  desquels  l’vn  est 
gros  et  espais ,  appellé  Sordes ,  vul¬ 
gairement  dit  boue  ,  qui  est  tiré  du 
profond  des  vlceres  au  dehors  parles 
qualités  dudit  mondificatif  :  l’autre 
est  subtil  et  aqueux ,  appellé  des  Grecs 
Ichor  ,  lequel  est  desseiché  par  la  sic- 
cité  du  mondificatif.  Et  pourtant  dit 
Hippocrates  que  tout  vlcere  doit  estre 
mondifié  2. 

Des  medicamens  mondificatifs ,  les 
vus  sont  simples  ,  les  autres  compo¬ 
sés  ;  les  vns  forts,  les  autres  débités. 
Les  simples  sont  ou  amers ,  ou  doux, 
ou  acides. 

i  L’édition  de  1575  disait:  Médicament  pur¬ 
gatif,  detersif,  etc. 

*  Au  lîure  des  vlceres.  —  A.  P. 


Ceux  qui  ont  saueur  amere  sont  : 

Racines. 

Gentiana,  aristolochia,  iris,  enula  campana, 
scilla,  serpentaria. 

Herbes. 

Centauriura  minus,  absinthium,  marru- 
bium,  perforata,  abrotonum,  apium , 
chelidonium,  ruta,  hyssopus,  scabiosa, 
artemisia ,  eupatorium,  aloës. 

Semences. 

Fumns  terræ ,  hedera  terrcstris,  et  iixiuium 
factum  ex  cineribus  horum,  lupini ,  oro¬ 
bus  ,  amygdala  amara ,  faba. 

Gommes. 

Terebinthina,  myrrha,  masliche,  sagape- 
num,  gaibanum,  ammoniacum. 

Excremens  des  testes. 

Felia  animalium,  stercus  caprinum,  vrina 
bene  coda. 

Métaux. 

Squamma-  ærfs,  æs  vstum,  ærugo,  scoria 
æris,  antimonium,  calx,  chalcitis,  misy, 
sory,  alumen. 

Les  doux  sont  : 

Viola ,  rosa ,  melilotum ,  ficus  pingues,  dac- 
tyli ,  vuæ  passæ ,  liquiritia ,  aqua  hordei, 
aqua  mulsa ,  vinum  dulce ,  mel,  saccha- 
rum ,  sérum  iactis,  manna ,  thus ,  etc. 

Les  acides  sont  : 

Omnes  acetosæ  species,  capreoli  \itium, 
acetum ,  et  cætera  acida. 

Les  composés  sont  : 

Syrupus  de  absinthio ,  de  fiimaria ,  de  mar- 
rubio,  de  eupatorio,  artemisia,  acetosus, 
iixiuium. 

Oleum  de  vitellis  ouorum,  oleum  tcrebin- 
thinœ ,  oleum  do  tartaro. 

Vnguentum  mundificatiuum  deapio,  apo- 
stolprum,  puluis  mwcurialis,  etc. 


DES  MEDICAMENS. 


Nous  vsons  des  medicamens  mon- 
dicatifs,  pour  en  purgeant  les  vlceres 
caues,  donner  moyen  à  nature  d’en¬ 
gendrer  chair ,  et  les  remplir  :  mais 
en  l’vsage  d’iceux ,  faut  auoir  pre¬ 
mièrement  esgard  à  tout  le  corps,  car 
il  est  sain  ,  ou  pléthorique ,  ou  caco¬ 
chyme  :  secondement,  de  la  partie, 
laquelleesthumideou  seiche,  plus  ou 
moins,  selon  sa  température  et  son 
lieu  de  sentiment  aigu  ou  hébété  : 
d’auantage  aucunesfois  elle  reçoit 
quelque  vice  estrange,  comme  cal- 
lus ,  fluxion  chaude ,  douleur  ,  quel¬ 
que  mauuais  suc  ou  pourriture  ,  ou 
quelque  autre  mauuaise  qualité.  Fi- 
nablement  faut  considérer  si  Fvlcere 
est  recent  et  puisn’agueres  fait,  ou  in- 
ueteré  et  vieil.  Car  selon  la  diuersité 
de  telles  considérations ,  faut  diuer- 
sifier  les  remedes,  tant  en  qualité 
qu’en  quantité  augmentée  ou  dimi¬ 
nuée  :  car  le  doux  et  médiocre  est 
quelquesfois  changé  en  acre  et  plus 
desseichant.  Aussi  à  vn  vlcere  trop 
sec  et  douloureux  ,  conuiennent  me- 
dicamecs  liquides  :  àvn  trop  humide , 
faut  appliquer  poudresetmedicamens 
de  consistence  seiche  :  et  faut  ainsi 
changer  les  remedes  debiles  ou  forts, 
secs  ou  humides,  durs  ou  mois ,  se¬ 
lon  la  disposition  des  vlceres. 


CHAPITRE  XV. 

DES  MEDICAMENS  SABCOTIQVES. 

Médicament  sarcotique,  c’est  à  dire 
regeneratif  de  chair ,  est  celuy  qui  par 
vne  siccité  aide  Nature  à  r’engendrer 
chair  en  vlcere  caue ,  ja  bien  net  et 
mondifié ,  ce  qui  est  fait  d’vn  sang 
médiocre  en  quantité,  et  non  péchant 
en  qualité  :  car  pour  parler  propre¬ 


543 

ment  et  à  la  vérité,  nous  n’auons 
point  de  medicamens  qui  puissent 
proprement  estre  appellés  sarcoti- 
ques  :  mais  ceux  qu’on  nomme  de  ce 
nom  sont  sarcotiques  par  accident  , 
à  cause  que  sans  érosion  desseichent 
et  mondiflent  les  excremens  qui  em- 
peschent  l’œuure  de  nature.  Car  du 
nourrissement  propre  pour  la  géné¬ 
ration  de  la  chair,  prouiennent  deux 
excremens  :  l’vn  est  subtil,  appellédes 
Grecs  JcAor,  et  des  LatinsÀames  :  l’au¬ 
tre  est  gros  et  espais,  appellé  des  Grecs 
Rypos ,  et  des  Latins  Sordes.  Or  du 
premier ,  la  playe  est  rendue  humi¬ 
de  :  et  de  l’autre  qui  est  gros  et  es¬ 
pais,  sordide.  Parquoy  toute  playe 
qui  requiert  quelque  repletion,  desire 
médicament  ayant  double  qualité  ou 
vertu  :  car  d’autant  que  la  playe  est 
humide  ,  demande  desiccation  :  et 
d’autant  qu’elle  est  sordide,  demande 
abstersion.  Aussi  d’autant  que  la  playe 
est  plus  profonde,  desire  lesdits  me- 
camens  de  substance  plus  liquide ,  à 
fin  que  lesdits  medicamens  touchent 
au  fond  de  la  playe. 

Et  seront  diuersifiés  selon  la  tem¬ 
pérature  de  la  partie  :  car  si  la  partie 
est  humide,  ils  seront  moins  desicca- 
tifs  :  au  contraire  si  elle  est  seiche , 
ils  seront  plus  desiccalifs.  D’auantage 
ils  seront  diuersifiés  selon  la  diuersité 
des  complications  et  dispositions  des 
maladies  qui  accompagneront  la 
playe.  Et  pourtant  Nature  en  la  ré¬ 
génération  de  chair,  est  comme  seule 
ouuriere  et  cause  efficiente  :  le  sang 
dont  la  chair  est  faite,  est  la  cause 
materielle  :  le  médicament  tient  lieu 
de  cause  adiuuante  et  coëfficiente  : 
car  le  médicament  par  vne  detersion 
et  desiccation  médiocre ,  sans  chaleur 
grande,  en  estant  tous  empesche- 
mens  à  Nature,  préparé  la  matière 
pour  estre  promptement  tournée  en 


5M  le  VJNGT-CINQVIEME  LIVIIE  , 


sang.  Tel  médicament,  comme  dit 
Galien  au  5.  des  Simples,  doit  estre 
sec  au  premier  degré  seulement,  à  fin 
qu’il  ne  consomme  le  sang  et  nourri¬ 
ture  de  la  partie  vlcerée  :  ce  qu'il 
faut  entendre  en  vn  corps  mol  et 
temperé.  Car  si  l’vlcere  estoit  trop 
humide,  ouïe  corps  trop  dur,  il  ne 
faut  pas  seulement  vn  médicament 
sec  au  premier  degré,  mais  iusques 
au  second  et  troisième.  Parquoy  tels 
medicamens  fort  desiccatifs  sont  pre¬ 
mièrement  appelles  mondificatifs,  se¬ 
condement  sarcotiques. 

Médicament  sarcotique  est  simple 
ou  composé  :  bening  et  doux  ,  ou  fort 
et  acre. 

Les  simples  sont  : 

Aristolochia  vtraqne,  iris,  acorus ,  dracun- 
culus,  asarum ,  symphytum  maius,  omnia 
symphyti  généra,  betonica,  sanicula, 
millefolium  ,  lingua  canis,  verbena,  sca- 
biosa,  pimpinclla ,  hypericum,  scordium, 
plantago ,  rubia  maior  et  minor,  et  eorum 
succi. 

Gummi  et  coriices. 

Terebinthina  Iota  et  non  iota,  résina  pini, 
gummi  Arabicum,  sarcocolla,  mastichc, 
colophonla,  manna  thuris,  aloës,  cortex 
eiusdem ,  olibanum ,  myrrha ,  etc. 

Mel ,  vinum ,  sanguis  draconis. 

Melallica. 

Lithargyros  auri,  spodlum,  pompholyx,  tu- 
thla  ,  plumbum  vstum  lotum ,  scoria 
ferri,  etc. 

Les  composés  sont  : 

Olea  seu  baîsama. 

Oleum  hypericonis,  oleum  ouorum ,  masti- 
chinum ,  et  cætera  olea  quæ  balsami  no- 
mine  appellantur. 

F'ngiioila,  Emplaslra, 
Vnguentum  aureum,  emplastrum  de  bclo- 
nica ,  vulgô  de  ianua ,  emplastrum  gratia 
dei,  emplastrum  nigruin. 


Nous  vsons  des  sarcotiques  quand 
l’vlcere  est  ja  mondifié,  et  sans  dou¬ 
leur  aucune, sans  fluxion,  sans  phleg¬ 
mon,  sans  callosité  et  intempérie.  En 
l’vsage  desquels  faut  considérer  la 
température  du  corps  et  de  la  partie 
affectée  :  car  quelquesfois  vne  partie 
non  trop  seiche  de  sa  nature,  de¬ 
mande  médicament  plus  dessekhant 
et  fort  sarcotique ,  qu’vue  autre  plus 
seiche  ,  à  raison  de  quelque  accident  : 
comme  pour  exemple,  le  balanus 
veut  estre  plus  desseiché  que  le  pré¬ 
puce  ,  iaçoit  qu’il  soit  de  température 
moins  seiche  :  à  raison  qu’il  est  la 
voye  de  l’vrine.  Ainsi  faut  connoistrc 
la  nature  des  parties,  et  conuoistre 
quand  le  médicament  est  trop  ou 
moins  sarcotique.  Car  le  moins  et 
trop  sarcotique  laissent  l’vlcere  sor¬ 
dide,  l’vn  à  cause  qu’il  desseiche  peu, 
l’autre  à  cause  de  l’acrimonie  qui  irrite 
fluxion  :  ce  qu’il  faut  diligemment  en¬ 
tendre  ,  à  fin  d’approprier  le  médica¬ 
ment  tel  qu’il  conuient  au  corps  et  à 
la  partie. 


CHAPITRE  XVI. 

DES  MEDICAMENS  EPVLOTIQVES  OV 
CICATRISATIFS. 

Médicament  epulotique  ou  cicatri- 
satif,  c’est  à  dire  qui  engendre  cuir, 
est  celuy  qui  par  sa  siccité  et  astric- 
tion ,  sans  mordication  aucune ,  des¬ 
seiche  ,  astreint,  et  condense  la  chair 
en  substance  calleuse,  approchant  à 
la  nature  du  cuir  :  et  nous  appelions 
cela  cicatrice.  Neantmoins  cicatriser 
vn  vlcere  est  ouurage  propre  de  Na¬ 
ture  ,  comme  engendrer  chair.  Par¬ 
quoy  vn  médicament  est  appellé  epu- 
lolique ,  à  cause  qu’il  aide  Nature  à 


UES  MEDICAMENS. 


545 


produire  une  peau  semblable  au  cuir, 
en  consommant  les  humidités  ,  con¬ 
densant  et  espaississant  la  chair.  Et 
pour  ceste  raison  il  doit  estre  plus  de- 
siccatif  que  sarcotique. 

D’iceluy  on  fait  trois  especes.  La 
première  est  du  vray  epulotique, 
quand  il  desseiche  et  astreint.  La  se¬ 
conde  du  médicament  acre  et  mor¬ 
dant  ,  lequel  pour  consumer  et  osier 
la  chair  superflue  est  appellé  Epulo¬ 
tique:  lequel  appliqué  en  petite  quan¬ 
tité,  fait  cicatrice,  principalement 
aux  corps  durs.  La  troisième  est  du 
médicament  qui  desseiche  sans  as- 
triction.  Desquelles  trois  especes  la 
matière  s’ensuit. 

Racines. 

Aristolochia  longa  et  rotunda,  gentiana,  j 
iris,  centaurium  maius,  pentaphyllon, 
symphytum  maius,  chamædris,  betônica, 
cauda  equina,  eupatorium,  verbenaca, 
plantaginis  et  symphyti  folia. 

Fleurs  et  fruits, 

Gallæ  ,  myrti  baccæ,  glandes  et  earura  cali¬ 
ces  ,  balaustia ,  cupressi  nuces. 

Escorces, 

Malicorium,  cortex  quercus,  cortex  tamari- 
cis ,  cortex  ligni  aloës ,  acacia ,  colopho- 
nia,  sarcocolla,  sanguisdraconis,  ladanum. 

Métaux. 

Lilhargyros  auri  et  argent! ,  cerusa ,  plum- 
bum  YStum  ,  alumen  vstum ,  tuthia , 
squama  æris  et  terri ,  et  eorum  scoria , 
ærugo,  flos  æris,  æs  vstum  et  lotum,  vi- 
treolum  vstum  et  lotum,  sulphur  viuum, 
chrysocolla ,  coralla,  bolus  armenus,  terra 
sigillata ,  cineres  ostreorum  *,  silicis ,  ossa 
Ysta  et  siccata,  caries  lignorum. 

»  L’édition  de  1575  ajoutait  :  cinem  bue- 
9inarum, 


Onguents. 

Vnguentum  diapompbolygos ,  vnguentura 
album  Rbasis ,  desiccatiuum  rubrum. 

Emplastres. 

Emplastrum  de  cerusa ,  de  betônica ,  dia- 
chalciteos,  emplastrum  nigrum. 

Nous  vsons'des  epulotiques  quand 
l’vlcere  est  presque  plein ,  et  quasi 
égal  à  la  peau.  Mais  en  l’vsage  d’i- 
ceux  faut  auoir  esgard  au  corps  mol 
ou  dur.  Car  les  medicamens  qui  sont 
catheretiques  aux  corps  délicats  et 
mollets,  aux  durs  sont  cicatrisatifs 
Faut  aussi  se  donner  garde  que  le 
corps  ne  soit  pléthorique ,  ou  caco¬ 
chyme  :  car  cela  retarde  la  cicatrice 
D’auantage,  faut  aduiser  que  l’vlcere 
prest  à  cicatriser  ne  soit  entretenu  , 
ou  du  vice  de  quelque  partie,  comme 
du  foye ,  de  la  ratte  ,  des  poulmons , 
ou  autres  :  ou  d’vne  varice  :  car  tel 
vlcere  ne  se  pourra  cicatriser  ,  si  les 
causes  qui  empeschent  la  cicatrice 
ne  sont  premièrement  ostées.  Fina- 
blement  les  bords  calleux  en  vn  vl¬ 
cere  retardent  la  cicatrice  ,  s’ils  ne 
se  sont  amollis  ou  coupés.  Ces  em- 
peschemens  faut  ester  auant  qu’en¬ 
treprendre  faire  cicatrice  ,  et  accom¬ 
moder  médicament  desiccatif  tel ,  qu’il 
ne  face  cicatrice  caue ,  car  il  excede- 
roit  la  mesure  ;  ni  trop  haute ,  car  il 
seroit  trop  peu  desseichant,  ains  éga¬ 
lé  :  parquoy  sera  bien  proportionné 
tant  au  corps  qu’à  la  partie. 


CHAPITRE  XVII. 

DES  MEDICAMENS  AGGLVTINATIF3. 

Médicament  colletique,  c’est  à  dire 
agglutinatif ,  tient  le  moyeu  en- 

35 


lit. 


oAÔ  LE  vingt-cinqviéme  livre  , 


tre  les  sarcotiques  et  cicatrisatifs  ; 
car  il  est  moins  desiccatif  que  cicatri- 
satif ,  et  desseiche  plus  que  le  sarcoti- 
que ,  à  sçauoir  iusques  au  2.  degré. 
Icely  par  sa  siccité  et  astriction  sans 
aucune  detersion ,  ioint  et  assemble 
les  parties  distantes  et  séparées ,  et 
aide  en  ce  Nature  ;  laquelle  (comme 
auons  dit)  est  première  et  quasi  seule 
opératrice  ,  tant  à  régénérer  chair  et 
cuir,  comme  à  glutiner. 

Les  medicamens  agglutinatifs ,  tant 
foibles  que  forts,  sont  tels  par  soy  et 
de  leur  propre  nature  ,  ou  par  acci- 
dent. 

Les  agglutinatifs  de  leur  propre  na¬ 
ture  sont  : 

Herbes,  Escorces. 

rlantaginis  species,  consolida  vtraque,  bu- 
gla,  millefolium,  verbena,  pimpinella, 
pilosella ,  cauda  equina ,  semperuiuum , 
telephium  seu  faba  inuersa,  sanicula, 
atractylis ,  folia  quercus  et  dracunculi , 
salix  :  ebulus ,  sambucus ,  pentaphyllon , 
cortex  pini ,  cortex  vlmi ,  cortex  palmæ , 
cortex  quercus. 

Jus, 

Aqua  \itis,  aqua  è  folliculis  virai,  succus 
calarainthæ ,  vinum  austerum. 

Gommes  et  métaux. 

Terebinthina ,  myrrha,  sanguis  draconis, 
bolus  arraenus ,  terra  sigillata ,  orania  de- 
nique  quæ  sapore  sunt  acerbo. 

Il  y  a  d’autres  glutinatifs  ayans 
lieu  de  medicamens ,  qui  empeschent 
fluxion  et  astreignent  la  partie , 
comme  suture,  ou  coustures  seiches, 
ligatures,  repos  de  la  partie,  com¬ 
presses,  et  autres  agglutinatifs  par 
accident. 

Nous  vsons  des  glutinatifs  és  playes 
recentemerit  faites  et  sanglantes ,  et 
pour  ceste  cause  les  Grecs  les  ont 


appellés  Enaimes.  Or  non  seulement 
les  agglutinatifs  sont  appliqués  és 
playes  nouuelles ,  mais  aussi  és  vlce- 
res  malings  et  vieils ,  és  fistules  et  si¬ 
nuosités  :  à  raison  qu’ils  empeschent 
la  fluxion  qui  se  pourroit  faire  és 
bords  et  léures  de  l’vlcere.  En  l’vsage 
d’iceux  faut  considérer  si  la  peau  est 
entière,  ou  non.  Car  les  playes  sont 
de  difficile  curation ,  qui  ont  souffert 
perdition  de  la  peau  :  au  contraire 
celles  qui  ont  la  peau  entière  reçoi- 
uent  facile  guarison.  Pareillement  ne 
faut  omettre  en  l’vsage  particulier 
desdits  glutinatifs,  les  considérations 
du  sexe,  du  corps  mol  ou  dur,  de 
l’vlcere  vieil  ou  nouueau ,  grand  ou 
petit  ;  car  selon  icelles  faut  distinguer 
et  approprier  les  remedes. 


CHAPITRE  XVIII. 

DES  MEDICAMENS  CAVSTIQVES  ET 
CORROSIFS. 

Médicament  pyro tique,  c’est  à  dire, 
caustique  et  corrosif,  est  celuy  qui 
par  sa  substance  acre,  mordante  et 
terrestre,  vient  à  corroder  superfi¬ 
ciellement  ,  ou  fondre ,  liquéfier  et 
pourrir  profondément ,  ou  brusler  et 
manger  la  peau  et  chair,  et  pénétrer 
au  dedans  des  corps  durs  et  calleux. 
Et  pourtant  on  fait  trois  différences  de 
pyrotiques.  Les  vns  sont  appelés  Ca- 
theretîques,  c’est  à  dire  ,  corrosifs,  à 
cause  qu’ils  mangent  et  corrodent  la 
chair  surcroissante  superficiellement 
en  vn  vlcere ,  ou  autre  eminence  du 
cuir,  qui  sont  les  foibles  et  debiles  py¬ 
rotiques.  Les  autres  sont  Septiques , 
c’est  à  dire  putrefactifs  ,  autrement 
aussi  dits  vesicatifs,  qui  pourrissent  la 
chair  au  dedans,  etesleuent  locuk 


DES  MIDICAMENS. 


en  \essie  :  lesquels  sont  plus  forts 
que  les  premiers.  Les  tiers  sont  Escha- 
rotiques ,  c’est  à  dire ,  faisans  crouste 
et  eschare  par  leur  qualité  ardente  , 
ignée  et  terrestre  :  nous  les  nommons 
ruptoires  ou  cautères  potentiels ,  qui 
sont  les  tres-forls.  Toutes  lesquelles 
différences  ne  sont  que  du  plus  ou 
moins  en  chaleur.  Car  bien  souuent 
il  adulent  que  Tvn  fait  l’operation  de 
l’autre  :  aucunesfois  à  raison  de  la 
complexion  de  la  partie ,  quelques- 
fois  pour  la  quantité  et  longue  de¬ 
meure  du  temps. 

Les  catheretiques  ou  corrosifs  sont  : 

Spongia  vsta ,  alumen  vstum  et  non  vstum, 
Titreolum  vstum ,  calx  mediocriter  Iota , 
ærugo ,  chalcanthum  ,  squama  æris , 
oleum  de  vitreolo,  trochisci  andronis,  pha- 
sionis,  asphodelorum ,  vnguentum  ægyp- 
tiacum,  vnguentum  apostolorum,  puluis 
mercurij ,  arsenîcum  sublimatum ,  etc. 

Les  septiques  ou  vesicalifs  sont  : 

Radix  scillæ ,  bryoniæ ,  sigilli  beatæ  Mariæ , 
bulbosa  radix  ranunculi ,  panis  porcini , 
apium  risus  ‘ ,  lac  tithymallorum ,  lac  fiel , 
euphorbium,  anacardus,  sinapi,  can¬ 
tharides  ,  arsenicum  sublimatum  ; 

Lesquels  corrompent  la  tempéra¬ 
ture  de  la  partie,  et  y  attirent  humi¬ 
dités  estranges. 

Les  escharotiques  ou  caustiques 
sont  : 

Calx  viua,  fæx  vini  cremata,  et  præcipuè 
aceti ,  ignis ,  ad  quem  referuntur  omnia 
cauteria  aelualia  dicta  et  potentialia,  des¬ 
quels  parlerons  cy  apres. 

Nous  vsons  des  medicamens  corro¬ 
sifs  és  corps  délicats,  et  maladies  qui 
ne  sont  trop  rebelles.  Et  pourtant 

*  L’édition  do  1575  ajoutait  ici  :  ■patia  leo- 


547 

d’autant  qu’ils  sont  moins  acres  et 
mordans,  d’autant  sont-ils  de  plus 
grande  operation,  à  cause  qu’ils  cau¬ 
sent  moindre  douleur. 

Des  putrefactifs  et  escharotiques 
nous  vsons  és  corps  plus  durs,  et 
maladies  plus  grandes  :  comme  és 
vlceres  calleux,  fistuleux,  putrilagi- 
neux,  humides,  et  difficiles  à  guarir. 
Mais  des  escharotiques  particulière¬ 
ment  és  chancres ,  charbons ,  hé¬ 
morrhagies,  et  à  plusieurs  autres  ma¬ 
ladies.  Toutesfois  en  Tvsage  d’iceux 
faut  tenir  bon  régime  et  maniéré  de 
viure ,  auec  abstinence  de  viii ,  et 
auoir  grande  prudence  à  les  appli¬ 
quer  :  pour  raison  des  grands  symp¬ 
tômes  et  accidens  qui  s’en  ensuiuent, 
comme  extremes  douleurs,  syncopes, 
défaillance  de  cœur,  fléure,  inflam¬ 
mations  excessiues,  gangrené,  morti¬ 
fication,  et  souuent  la  mort. 

Il  y  a  grandes  commodités  du  cau¬ 
tère,  tant  actuel  que  potentiel  :  comme 
de  corroborer  la  partie,  la  desseicher, 
corriger  son  inlemperature,  obton- 
dre  et  hebeter  la  vénénosité  et  cor¬ 
ruption  :  et  autres  plusieurs  vtilités, 
lesquelles  sont  descrites  par  Aui- 
cenne. 


CHAPITRE  XIX. 

DES  MEDICAMENS  ANODYNS. 

Auant  que  parler  des  medicamens 
anodyns,  faut  premièrement  déclarer 
la  nature  de  douleur,  à  fin  de  mieux 
déduire  les  anodyns. 

Douleur  doneques  est  vn  sentiment 
triste  et  fascheux,  fait  ou  par  vne  al¬ 
teration  subite,  ou  par  solution  de 
continuité  :  dont  s’ensuit  que  trois 


548  LE  vmGT-CINQVllîMK  LlVilE, 


choses  sont  requises  pour  faire  dou¬ 
leur.  La  première  est  les  causes  effi- 
cientes  :  qui  sont  deux,  alteration 
subite,  et  solution  de  continuité.  Se¬ 
condement  que  la  partie  où  ces  cau¬ 
ses  s’attachent,  soit  sensible.  Tierce- 
ment,  qu’il  se  face  appréhension  de 
ladite  alteration,  ou  solution  de  con¬ 
tinuité  :  autrement  si  l’on  n’apperçoit 
point  les  causes  de  douleur,  nonob¬ 
stant  la  sensibilité  de  la  partie,  dou¬ 
leur  ne  sera  point.  A  ceste  cause  dit 
Hippocrates dmbus  doloribus  eun- 
dem  locum  sîmul  occupantibus,  maior 
minorem  obscurat,  à  raison  de  l’ap- 
prehension  destournée  du  tout  vers 
la  plus  grande  douleur.  L’alteration 
subite  est  faite  de  chaleur,  froidure, 
siccité  et  humidité.  De  chaud  et  froid 
est  faite  douleur  tres-forte  :  de  siccité, 
médiocre  :  d’humidité,  presque  nulle 
ou  assoupie  :  car  l’humidité  ne  fait 
point  tant  douleur  de  sa  qualité,  que 
de  son  abondance.  La  solution  de 
continuité  est  faite  tant  de  ses  qualités 
coniointes  auec  matière,  que  des 
causes  externes,  comme  contusion, 
incision,  et  les  autres.  Douleur  donc- 
ques  est  symptôme  très  grand  du  sens 
de  l’attouchement,  qui  accompagne 
presque  toutes  maladies,  et  bien  sou- 
uentnous  contraint  laisser  la  propre 
cure  d’icelles  pour  estre  première¬ 
ment  appaisé  et  allégé  :  ce  que  nous 
faisons  tant  en  estant  et  adoucissant 
ces  causes  efficientes,  que  hébétant 
la  sensibilité  de  la  partie. 

Qu’il  soit  vray,  si  les  medicamens 
peuuent  obuier  aux  causes  de  dou¬ 
leur  ,  ou  stupéfier  le  sentiment  du 
tact,  ils  seront  appelés  anodyns,  des¬ 
quels  nous  faisons  trois  différences. 
Les  vns  sont  curatifs  des  maladies, 
anodyns  generalement  dits.  Les  au- 

‘Liu.  2.  Jph.  —  A_".P 


très,  propres  anodyns.  Les  tiers  sont 
stupefactifs  ou  narcotiques. 

Les  premiers  sont,  tous  medica¬ 
mens  contrarions  aux  causes  des 
maladies,  et  ostans  toute  alteration  : 
comme  en  intempérie  chaude,  l’huile 
rosat ,  oxycrat ,  et  autres  semblables 
sont  anodyns,  et  ostent  la  cause  de 
douleur  :  en  intempérie  froide,  huile 
laurin,  huile  nardin,  huile  de  casto- 
reum  :  en  seiche  inlemperature,  mix¬ 
tion  d’eau  et  d’huile,  baing  d’eau 
douce.  Brief,  tous  medicamens  qui 
curent  les  maladies,  sont  anodyns, 
pris  largement  :  aussi  tous  medica¬ 
mens  purgatifs,  phlébotomie,  scarifi¬ 
cations,  cautères  actuels  et  potentiels, 
ventouses,  clysteres,  et  autres,  quand 
en  estant  la  multitude  et  abondance 
des  matières,  allègent  et  anéantissent 
la  douleur. 

Les  propres  anodyns  sont  de  deux 
sortes  :  les  vns  sont  tempérés,  n’ex- 
cedans  en  aucune  qualité  :  les  autres 
sont  chauds  et  humides  au  premier 
degré,  approchans  fort  des  tempérés. 

Les  tempérés  sont  ceux  qui  n’ayans 
aucune  qualité  excessiue,  gardent  la 
chaleur  naturelle  en  son  entier,  sans 
la  diminuer  ny  augmenter,  appai- 
sent  douleurs,  et  conuiennent  à  tou¬ 
tes  intemperatures.  D’iceux  on  en 
trouue  bien  petit  nombre,  comme  des 
alimens  tempérés.  Entre  iceux  on 
prend  huile  simple,  huile  d’amandes 
douces ,  moyeux  d’œufs,  et  les  sem¬ 
blables. 

Les  seconds  anodyns  propres, 
chauds  et  humides  au  premier  degré, 
corroborent  la  chaleur  naturelle,  à 
fin  qu’elle  puisse  mieux  abbattre  la 
cause  de  douleur  :  raréfient ,  eua- 
cuent,extenuent,  digèrent,  tant  hu¬ 
meurs  espais  et  visqueux  que  les 
ventosités  vaporeuses  et  froides  qui 
«’ont  issue  ny  sortie,  comme  ; 


DES  MEDICAMENS. 


FUurs. 

Flores  chamæmeli ,  melllotl ,  anethl ,  crocus. 
Huiles, 

Oleum  chamæmelinum ,  anethinum ,  oleum 
Uni ,  oleum  ex  sem.  althæœ,  oleum  lum- 
bricorum ,  oleum  ouorum ,  ex  tritico. 

Graisses. 

Butyrum ,  lana  succida ,  suillus  adeps,  vitu- 
linus,  gallinaceus,  anserinus,  humanus, 
ex  anguilla,  cuniculo ,  et  alüs  :  lac  mulie- 
bre  et  vaccinum. 

Mucilages  et  décoctions- 

Mucilago  seminislini,  fœnugræci.  althææ  , 
maluæ,  aut  earum  decoctio.  Item  decoctio 
liliorum,  violariæ,  capitis ,  peüum  et  in- 
testinorum  arietis ,  et  hœdi„ 

Les  stupefactifs  ou  narcotiques, 
improprement  dits  anodyns ,  sont 
froids  iusques  au  quatrième;  degré  : 
par  leur  froidure  extreme  empeschent 
que  l’esprit  animal  ne  peut  venir  ius¬ 
ques  à  la  partie:  partant  estent  le 
sentiment  d’icelle ,  et  par  conséquent 
l’apprehension  qui  se  pourroit  faire  : 
finalement  viennent  à  endormir  et 
stupéfier  la  partie  où  ils  sont  appli¬ 
qués.  Et  sont  comme  : 

Hyoscyamus ,  clcuta ,  solanum  furiosum , 
mandragora  papauer,  opium,  philonium  • 

et  les  semblables. 

Ligatures  extremes  et  compressions 
ostent  aussi  le  sentiment  d’ vne  partie, 
comme  quand  il  faut  amputer  vn 
membre  :  parquoy  elles  seront  mises 
au  nombre  des  anodyns  impropres. 

L’vsage  des  premiers  anodyns  est 
manifeste  en  la  curation  de  chacune 
maladie  par  son  contraire.  Nous 
vsons  des  seconds  en  toute  douleur 
qui  se  peut  ranger,  à  fin  d’euiter  flu¬ 
xion,  inflammation,  fiéures,  et  autres 


549 

accidens.  Mais  où  la  douleur  est  ex¬ 
treme  et  trop  vehemente,  qui  ne  veut 
obeïr  aux  vrays  anodyns,  il  faut  ve¬ 
nir  aux  narcotiques,  puis  qu’il  n’y  a 
autre  remede  :  non  pas  seulement 
après  auoir  vsé  des  anodyns,  mais 
aussi  du  commencement  des  douleurs 
trop  grandes,  quand  le  mal  ne  per¬ 
met  vser  des  anodyns.  Toutesfois  il 
ne  faut  appliquer  narcotiques  sans  y 
mesler  du  saffran,  ou  myrrhe,  ou 
castoreum,  autrement  il  seroit  dange¬ 
reux  :  comme  aussi  la  continuelle 
application  d’iceux  est  périlleuse  et 
dommageable.  Car  par  icelle  la  par¬ 
tie  deuient  liuide,  pour  l’extinction 
de  la  chaleur  naturelle  :  et  consé¬ 
quemment  se  tourne  en  mortification 
ou  esthiomene.  Or  aux  douleurs  ex¬ 
tremes  des  grandes  inflammations,  et 
phlegmons,  et  gangrenés,  ne  faut 
vser  ny  des  vrais  anodyns,  ny  des 
stupefactifs  ,  car  ils  ne  pourront  ap- 
paiser  telle  douleur  :  mais  des  pre¬ 
miers  ,  à  sçauoir ,  de  phlébotomie , 
purgation,  et  scarification  de  la  partie 
dolente,  et  que  dolor  sit  medicina  do- 
loris:  commenous  auonsditau  traité 
De  gangrené  et  mortification. 

D’abondant  nous  auons  quelques 
medicamens  purgatifs  estans  appli¬ 
qués  par  dehors,  comme  ceux  que 
Ætius,  Teirab.  1.  serm.  3.  chap.  35, 
nous  a  laissé  par  escrit,  comme  tu 
verras  par  ces  exemples. 

Epühemata  purgantia. 

Pulpæ  colocynth.  seminis  erucæ,  rutæ 
syluestris,  elaterij ,  grani  cnidij ,  lati- 
ridum  expurgatarum ,  galbani,  nitri 
rubri,  ceræ,  singul.  §.  iiij. 

Opopanacis  3.  ij. 

Terebenlhinæ  3.  vj. 

Terenda  terlto ,  et  taurino  telle  paulatim  ir- 
rigato,  donec  aptè  Imbibanlur.  Deinde 
circa  vmbilicum  apponito  vsque  ad  pu- 


LE  VINGT-CINQVI^ME  LIVRE 


56o 

bem ,  et  ventrem  inferius  ducet  :  si  verô 
fundo  stomachi  applicabis,  vomitum  ex- 
citabit, 

Æiud. 

Of.  Elaterij  3.  iij. 

Colocynthidis,  scammoniæ ,  squammæ 
æris,  radicis  agrestis  cucumeris,  lathy- 
ridum  ana  3  j. 

Aut  pro  lathyride  tithymali  succum  terito 
et  cribralo,  et  cum  oleo  plurimum  salis 
habente ,  subigito  :  magnam  deinde  pi- 
lam  è  lana  confeclam ,  hoc  medicamento 
illitam,  cuicumque  parti  volueris  appli¬ 
cabis  ,  vmbilico  (inquam)  aut  lumbis. 

ComposUîo  olei  et  vnguenti  purgantis. 
Fellis  taurini  g.j. 

Grani  cnidij  viridis  f .  üij.  ] 

Succi  lupinorum  viridium  f .  ij. 

Euphor.  § .  j. 

Pulpæ  colocynt.  tantundem. 

Vulpini  adipis  recen.  § .  ij. 

Adipis  viperæ  S  j.  fi. 

Stercoris  mûris  § .  üij. 

Succi  pæoniæ,  castor,  singul.  3  üij. 
Oleiligustrini  §.  vj. 

Olei  antiqui  § .  j. 

Fiat  vnguentum  vel  oleum. 

Purgat  absque  molestia,  et  præter  cæteras 
Ytilitates  eliam  mentis  delirio  confert  : 
mensura  vero  quæ  ad  vsum  assumitur, 
maxima  est,  cochlearia  duo  :  nam  quibus- 
dam  et  vnum  sufflcit.  Illinitur  vmbilicus, 
et  integra  purgatio  subsequitur  :  quæ  si 
plus  æquo  exuberauerit,  spongia  vino  te- 
pido  imbuta  et  expressa  ventrem  fouebis, 
et  confestim  sislelur. 

Hypoglottides,  c’est  à  dire,  sublin¬ 
guales,  que  l’on  tient  en  la  bouche, 
comme  feuilles  de  vinette,  rouelles 
de  citron  trempées  en  eau  rose  etsuc- 
cre,  grenade  ou  orenge ,  berberis 
confit,  ou  autres  semblables  qui  ont 
puissance  de  rafraischir  et  humecter 
la  langue  et  toute  la  bouche  ‘. 


CHAPITRE  XX. 

DE  LA  COMPOSITION  DES  MEDICAMENS, 
ET  DE  LEVE  VSAGE. 

lusques  icy  auons  déclaré ,  tant  en 
general  qu’en  particulier,  les  facultés 
et  effets  desmedicamens  simples ,  les¬ 
quels  il  faut  connoistre  auant  qu’en¬ 
treprendre  les  composer.  Qu’il  soit 
vray,  vn  architecte  et  édificateur  doit 
premier  connoistre  les  matières  qui 
luy  sont  necessaires  à  maisonner  et 
dresser  son  ouurage.  Ainsi  vn  Chi¬ 
rurgien  voulant  composer  vn  médi¬ 
cament  à  sa  nécessité,  doit  entendre 
quec’est  que  composition,  et  la  na¬ 
ture  des  simples  qui  entrent  en  sa 
composition.  Laquelle  auons  voulu 
déclarer  auant  que  donner  la  maniéré 
de  composer  lesdits  medicamens. 

Composition  doncques  est  mixtion 
des  medicamens  diuers  en  effets  et 
vertus,  faite  par  le  Médecin  C  A  eeste 
cause,  lesmedicamens  ayans  plusieurs 
substances ,  comme  la  rheubarbe  , 
ainsi  que  nous  auons  dit ,  et  l’aloë,  la 
rose  et  l’absinthe,  sont  dits  simples, 
au  regard  des  coniposés  artificielle¬ 
ment  :  iaçoit  qu’ils  soient  bien  com¬ 
posés  par  l’ouuragode  Nature  Ainsi 
plusieurs  compositions  sont  appelées 
simples,  comme  oxymel  simplex,  oxy- 
sacchanm  simplex^  et  autres,  pour  la 
comparaison  des  plus  composés. 

Nous  vsons  desmedicamens  compo¬ 
sés,  pour  cause  que  les  simples  n’ont 
tousiours  contrariété  suffisante  en 
pareil  degré  aux  maladies,  et  qu’il 

chose  pour  le  sens  grammatical ,  est  une  addi¬ 
tion  de  1585. 

‘  Galien,  au  2.  Des  simples,  —  A.  P, 

*  Galien,  au  4.  De  garder  sa  santé.  —  A.  P. 


Cette  phrase,  où  il  manque  quelque 


DES  MEDICAMENS. 


55l 


faut  augmenter  ou  diminuer  la  force 
de  l’vn  ou  l’autre.  D’auantage  pour  la 
complication  des  maladies  et  des  in¬ 
dications,  sommes  contraints  mesler 
medicamens  simples  :  car  la  nature 
du  corps  ou  de  la  partie  souuent  de¬ 
mandent  autres  medicamens  que  les 
maladies.  Qu’il  soit  vray,  pour  les  in¬ 
dications  contraires  nous  donnons 
medicamens  composés,  qui  seruentà 
tous  les  deux,  en  augmentant  celuy 
qui  est  de  plus  grande  importance,  et 
diminuant  l’autre  Quartement,  la 
composition  des  medicamens  a  esté 
inuentée,  à  fin  de  changer  leur  cou¬ 
leur,  saueur,  et  odeur. 

Les  autres  vsages  et  causes  de  la 
composition  des  medicamens  simples, 
ont  esté  bien  doctement  escrites  par 
monsieur  maistre  lacques  Syluius,  en 
sa  Méthode  de  composer  les  medica¬ 
mens  ,  auec  l’election  d’iceux  :  à  ceste 
cause  le  pourras  voir. 

Des  medicamens  composés. 

Des  medicamens  simples  cy  dessus 
escrits,  les  anciens  ont  fait  diuerses 
compositions  et  remedes  topiques  et 
particuliers,  communs  tant  au  Mé¬ 
decin  qu’au  Chirurgien,  desquels 
nous  faut  parler.  Telles  compositions 
sont  : 

Clysleres, 

Suppositoire^ 

Noüels, 

Pessaires, 

Huiles, 

Linimens, 

Onguents, 

Emplastres, 

Ceroüennes, 

Fuites, 

Cataplasmes, 

Fomentations, 

‘  Mesué,  en  ses  Canons.  —  A.  P. 


Embrocations, 

Epithemes, 

V esicatoires. 

Cautères  ou  ruptoirest 
Collyres, 

Errhines, 

Sternutatoires, 

Masticatoires, 

Gargarismes, 

Dentifrices, 

Sachets, 

Suffumigations  et  parfums. 

Insessions  et  bains. 

La  maniéré  de  les  escrire  et  ordon¬ 
ner,  ie  declareray  particulièrement 
et  le  plus  briefuement  que  faire  se 
pourra,  commençant  aux  plus  sim¬ 
ples,  vniuersels  et  plus  necessaires, 
après  que  i’auray  déduit  les  valeurs, 
figures  et  portraits  des  mesures  et 
poids,  desquels  nous  vsons  communé¬ 
ment  à  dispenser  et  proportionneras 
medicamens  les  vns  auec  les  autres. 


CHAPITRE  XXL 

DES  POIDS  ET  MESVBES,  ET  DE  LEVES 
FIGVRES, 

Tout  poids  dépend  d’vn  commence¬ 
ment,  et  quasi  element  :  car  tout  ainsi 
que  les  corps  ont  leur  commencement 
des  quatre  corps  simples ,  que  nous 
appelions  Elemens,  esquels  se  peu 
uent  résoudre ,  ainsi  tous  poids  sont 
composés  d’vn  grain ,  qui  est  comme 
element  des  autres  poids ,  auquel  ils 
sont  terminés. 

Ledit  grain  doit  estre  entendu 
d’orge,  non  trop  sec,  ny  humide  et 
chancy,  ains  bien  nourri  et  médio¬ 
crement  gros. 

De  tels  dix  grains  est  fait  vn  obole, 
I  ou  demy  scrupule  ; 


552 


LE  VINGT-CINQVIEME  LIVRE  , 


De  deux  oboles  ou  vingt  grains,  i 
vil  scrupule  : 

Puis  de  trois  scrupules,  ou  soixante 
grains ,  est  composée  la  drachme  : 

De  huit  drachmes  l’once  :  tant  que 
de  douze  onces  nous  faisons  la  liure 
médicinale,  qui  est  presque  le  plus 
haut  poids  duquel  nous  vsons  com¬ 
munément  ;  et  se  peut  résoudre  en 
drachmes,  scrupules,  oboles,  et  fina- 
blement  en  grains ,  outre  lesquels 
n’est  possible  descendre  plus  bas. 

Pour  escrire  ces  poids,  nous  vsons 
de  certaines  lettres  ef  figures  qui  s’en- 
suiuent. 

La  liure  est  signifiée  par.  .  .  ft. 
L’once  par  ceste  figure.  ...  §. 

Comme  le  drachme  en  telle.  3* 
Aussi  le  scrupule  ainsi.  ...  3. 

L’obole  est  escritpar  sespre- 

mieres  lettres . obol. 

Le  grain  semblablement  par  g 

Le  manipule  par . m . 

Le  pugile  par . p. 

Le  nombre  par . n. 

La  moitié  de  chacun  desdits  poids 
est  figurée  par  fi .  mise  après  lesdits 
poids,  comme  demie  liure  ft.  c,.  de¬ 
mie  once  O .  fi.,  et  ainsi  des  autres. 

Telles  sont  les  figures  des  poids  et 
mesures  :  mais  en  dispensant  medica- 
mens ,  nous  vsons  aucunesfois  d’vn 
poids,  et  de  l’autre  non  :  parquoy 
faut  entendre  que  les  herbes  vertes  et 
seiches  sont  dispensées  par  m.  ou  p. 
les  seiches  que  l’on  veut  pulueriser 
par  §.—  fi.  — oup. 

Les  racines  par  5  •  “  3.  —  p.  - 


par— ib.  —5.  —5,-9.—  obol.— g. 
desquels  poids  tous  medicamens  bien 
dispensés  des  anciens  sont  seulement 
escrits. 

Ces  choses  entendues,  faut  descrîre 
les  maniérés  de  dispenser  et  ordon¬ 
ner  medicamens  composés  :  et  pour 
ce  faire  commencerons  aux  clysteres, 
comme  les  plus  communs  et  plus  ne¬ 
cessaires. 


Les  escorces 
Les  semences 
Les  fruits 
.  Les  fleurs 
Les  legumes 


3- 

§.  -5. 

n.— p.  — 5.— 3.— 
p.— m.—  §.—  5. 
p.  —  g .  5. 


Tous  autres  medicamens,  tant  secs 
que  liquides,  sont  dispensés  et  escrits 


CHAPITRE  XXII. 

DES  CLYSTERES. 

Clystere,  c’est  à  dire,  ablution  ou 
lauement,  est  vne  iniection  appro¬ 
priée  au  siège  et  aux  intestins  en  pre¬ 
mière  intention  ;  car  autrement  sont 
aussi  faits  et  donnés  des  clysteres, 
tant  pour  le  ventricule,  ratte,  reins, 
vessie,  amarry,  mesentere,  et  autres 
parties  voisines,  que  mesme  pour  la 
teste,  de  laquelle  souuent  par  clystere 
acre  est  faite  reuulsion  de  la  matière 
en  bas,  comme  il  se  pratique  iournel- 
lement,  et  non  sans  heureux  succès, 
en  l’apoplexie  :  de  sorte  qu’il  n’y  a 
aucune  partie  qui  ne  ressente  quel¬ 
que  profit  du  clystere,  mais  les  vnes 
plus,  les  autres  moins. 

Il  a  plusieurs  especes  ou  diffé¬ 
rences  ;  car  ou  il  est  remollitif,  ou 
purgatif,  ou  anodyn,  ou  astringent, 
ou  detersif,  ou  sarcotique,  ou  epuloti- 
que,ou  nutritif.  Toutes  lesquelles  dif¬ 
férences  sont  composées  et  faites  des 
parties  des  plantes  ,  des  parties  des 
bestes,  ou  des  medicamens  composés, 
tantsolutifs  qu’autres,  selon  les  inten¬ 
tions  du  composant. 

Les  parties  des  plantes  sont  raci¬ 
nes,  semences,  fueilles,  fleurs,  fruits, 
germes,  jus,  mucilages. 


DES  MEDICA.MENS. 


553 


Les  parties  des  bestes  sont,  iaunes 
et  aubins  d’œufs  ,  miel,  poulet ,  cha¬ 
pon,  vieil  coq  venéet  préparé,  la  teste 
et  pieds  de  mouton,  laict  clair,  tripes, 
suif  de  bouc,  axonge  :  toutes  lesquel¬ 
les  parties,  tant  des  bestes  que  des 
plantes,  on  fait  cuire  et  boüillir,  et  en 
la  décoction  l’on  mesle  et  destrempe 
les  medicaraens  laxatifs  et  autres , 
tant  simplesque  composés.  Quelques- 
fois  sans  mixtion  de  medicamens 
composés  sont  faits  clysteres  ,  seule¬ 
ment  d’huile,  comme  d’huile  de  noix 
pour  la  colique  :  de  laict  clair,  de  dé¬ 
coction  de  pieds,  teste  et  tripes  de 
mouton ,  potage  de  pois  ciches  , 
d’orge. 

La  quantité  du  clystere  est  aucunes- 
fois  grande,  autresfois  plus  petite,  se¬ 
lon  les  températures  et  complexions, 
et  selon  les  intentions.  Aucuns  peu  - 
uent  endurer  grande  quantité ,  les 
autres  moindre  ;  aux  enfans,  debiles, 
femmes  grosses,  conuient  moindre 
quantité.  Aussi  où  le  ventre  est  fort 
serré  et  dur,  en  vne  colique ,  dysen¬ 
terie  ,  lienterie ,  et  autres  affections 
du  ventre  inferieur,  faut  que  la  quan¬ 
tité  du  clystere  soit  plus  petite.  Au 
contraire,  où  l’on  veut  seulement  es- 
mouuoir  le  ventre,  faut  plus  grande 
quantité  :  toutesfois  la  quantité  de  la 
décoction  communément  est  d’vne 
liure  et  demie ,  d’vne  liure ,  ou  tout 
au  moins  de  trois  quarterons  :  mais 
le  plus  souuentnous  laissons  la  quan¬ 
tité  au  iugement  de  l’Apoticaire,  di¬ 
sant  seulement  quant,  sufficit. 

Il  faut  que  le  clystere  soit  tiede, 
plus  ou  moins,  selon  que  les  patiens 
le  peuuent  endurer,  de  peur  que  s’il 
estoit  froid,  il  n’offençast  les  intestins 
et  autres  parties  voisines ,  qui  sont 
nerueuses  et  froides  de  leur  naturel  : 
et  d’auantage  faut  en  faire  l’iniection 


peu  à  peu  et  doucement,  de  peur  que 
poussé  d’impétuosité  et  tout  à  coup, 
il  ne  chasse  les  flatuosités  (qui  ordi¬ 
nairement  sont  contenues  en  la  capa¬ 
cité  des  intestins)  en  haut,  et  par  ce 
moyen  n’excite  des  tranchées  intolé¬ 
rables.  Pour  donner  le  tout  à  enten¬ 
dre  ,  faut  à  présent  venir  à  descrire 
les  exemples  de  chacune  différence 
des  clysteres. 

Clystere  remolliiif. 

“îf,  Maluæ,  violarum,  bismaluæ,  brancæ  vr- 
sinæ  ana  m.  j. 

Radicis  althææ  et  liliorum  alborum  ana 
§.]'• 

Passularum  et  ficuum  pinguium  ana 

§.  c. 

Fiat  decoctio  ad  j.  in  qua  dissolue: 
Cassiæ,  butyri  recentis  ana  § .  j. 

Olei  violati  §.  üj. 

Fiat  clyster. 

Les  clysteres  laxatifs  sont  faits  de 
quatre  sortes  de  medicamens,  de  la 
décoction  de  medicamens  laxatifs, 
huiles  et  miel ,  ou  autre  qui  ait  vertu 
d’irriter.  La  décoction  est  quelques- 
fois  propre  à  tirer  les  humeurs  que 
l’on  veut  purger  :  comme  pour  tirer 
les  humeurs  froids  et  visqueux ,  elle 
se  fera  ainsi  : 

Clystere  pour  l'humeur  visqueux. 

Saluiæ,  origani,  abrotoni,  camomillæ  et 
meliloti  ana  m.  fi . 

Seminum  anisi,  fœniculi,  cumini  ana  5. 

iij. 

Seminis  cartbami  3.  ij. 

Fiat  decoctio,  in  qua  dissolue; 

Diaphœnici  et  bieræ  simplicis  ana  § .  fi . 
Oleianethietchamæm.  ana  fi* 
Mellis  anlhosati  et  sacchari  rubri  ana 

S-j. 

Fiat  clyster. 


554 


LE  vingt-cinqvii5me  livre, 


Autre  *. 

Of.  Vini  albi  gener.  H),  j. 

Bul.  ad  consumpt.  medieta.  in  qua  diss. 
sacchar.  rubri  § .  ij.  iterum  parum  ad- 
dendo  vitell.  ouor.  nura.  ij . 

Et  fiat  clyster. 

Pour  purger  et  tirer  l’humeur  cho¬ 
lérique  et  bilieux,  il  sera  fait  en  ceste 
maniéré  : 

Clystere  pour  l’humeur  bilieux. 

Of.  Quatuor  remollientium ,  parietariæ,  ci- 
chorij,  endiuiæ  ana  m.  fi . 

Seminum  quat.  frigidorum  maiorum 
ana  5.  iij. 

Hordei  integrip.  j. 

Fiat  decoctio,  in  colatura  dissolue  : 

Cassiæ  § .  j. 

Olei  violati  et  mellis  rosati  ana  S .  ij. 
Fiat  clyster. 

Pour  tirer  et  purger  l’humeur  me- 
lancholique,  l’on  fera  tel  clystere  : 

Clystere  pour  l’humeur  melancholique. 

Of.  Fumiterræ,  cenlaurlj  minoris,  raercuria- 
lis  anam.  j. 

Polypodij  quercini,  folliculorum  senæ 
ana  5.  iij. 

Seminis  agni  casli,  tbymi,  epitbymi 
ana  3.  ij. 

Fiat  decoctio,  in  qua  dissolue  : 

Confectionis  hamech  §  •  • 

Cassiæ  recens  extractæ  5.  iij. 

Olei  violati  etliliorum  ana  § .  fi. 
Saccbari  rubri  et  mellis  violati  ana  5  • 
Salis  communisS.  j. 

Tels  clysteres  ne  seruent  seulement 
à  euacuer  les  humeurs  susdits ,  mais 
aussi  souuent  contrarient  aux  intem- 

1  Cette  formule  manque  dans  toutes  les 
éditions  du  vivant  de  l’auteur,  et  se  lit  pour 
la  première  fois  dans  l’édition  posthume  de 
1598. 


peratures  :  comme  le  premier  et  der¬ 
nier  altèrent  les  intempéries  froides  : 
le  second  ennuient  aux  intempera- 
tures  chaudes. 

Les  medicamens  laxatifs  qui  sont 
mis  aux  clysteres  sont  doux,  ou  forts. 
Les  forts,  comme  confectio  hamech,  6e* 
nedicta,  diaprunis  solutiuum,  diaphœ- 
nicum,  sontmeslés  à  part  soy  iusques 
à  5.  vj.  ou  § .  j.  tout  au  plus,  selon  la 
nature  du  patient  facile  ou  difficile  à 
esmouuoir.  Les  debiles  et  bénins, 
comme  catholicon ,  cassia ,  hiera  sim¬ 
plex,  de  3.  vj.  iusques  à  §  j.  fi.,  §  ij. 
au  plus,  selon  les  indications.  Et  tels 
medicamens  l’on  dissout  le  plus  sou¬ 
uent  en  décoction  commune  de  clys¬ 
teres,  qui  est  faite  de  quelques  remol- 
litifs  auec  fleurs  de  camomille  et 
semence  d’anis. 

Le  clystere  anodyn  est  fait  sans  me¬ 
dicamens  laxatifs  des  medicamens 
anodyns,  descriten  ceste  maniéré. 

Clystere  anodyn. 

7f.  Florum  charaæmeli,  meliloti,  anethi  ana 
p.j. 

Radicis  bismaluæ  §.j. 

Fiat  decoct.  in  lacté,  colaturæ  adde  : 

Mucilaginis  seminis  fini  et  fœnugræci 
extractæ  in  aqua  maluæ  § .  ij. 

Saccbari  albi  § .  j. 

Olei  camomillæ  et  anethi  ana  § .  j. 

Vitellos  duos  ouorum. 

Fiat  clyster. 

Tels  clysteres  faut  garder  long 
temps,  à  fin  qu’ils  puissent  mieux  ap- 
paiser  les  douleurs. 

Vn  clystere  astringent  est  fait  de 
choses  astringentes ,  en  la  façon  qui 
s’ensuit. 

Astringent, 

"îf.  Gaudæ  equinœ,  plantaginis,  polygonl 
ana  m.  j. 

Fiat  decoctio  in  lacté  vstulato  ad  quart,  iij. 

colaturæ  adde  ; 


DES  MEDICAMENS. 


Boli  armeni  et  sangui.  draconis  ana  5.  ij. 
Olei  rosati  § .  üj . 

Albumina  duorum  ouorum. 

Fiat  clyster. 

De  tel  clystere  nous  Ysons  en  vne 
dysenterie ,  après  que  les  grosses  ma¬ 
tières  sont  euacuées  et  nettoyées ,  ou 
en  flux  excessif  des  hemorrhoïdes. 

Les  clysteres  sarcoliques,  epulo- 
tiques ,  detersifs ,  sont  faits  de  medi- 
camens  descrits  en  leurs  propres 
chapitres,  pour  seruir  aux  vlceres 
des  gros  intestins. 

Les  clysteres  nutritifs  sont  faits  de 
la  décoction  de  poulets,  chapons, 
vieils  coqs  cuits  iusqu’à  pourriture  et 
forte  expression  d’iceux ,  moelle,  ge¬ 
lée  ,  et  autre  telle  \iande  bien  plus 
cuitte  que  si  on  la  vouloit  prendre 
par  la  bouche ,  à  raison  que  les  in¬ 
testins  ont  la  vertu  coctrice  plus  foi- 
ble  que  le  ventricule. 

On  fait  quelquesfois  lesdits  clyste¬ 
res  de  vin  et  décoction  d’orge,  quand 
il  n’y  a  point  de  fiéure  ny  douleur  de 
teste  :  souuentesfois  de  laict  et  de 
iaunes  d’œufs  ;  on  y  adiouste  petite 
quantité  de  sucre  blanc,  de  peur 
qu’il  n’irrite  les  intestins  à  excrétion 
par  la  vertu  detersiue  qui  luy  est  na¬ 
turelle  :  ou  rosat  (  car  tel  est  aucune¬ 
ment  astringent)  comme  appert  par 
les  exemples. 

Decoctionis  capi  perfectæ  ïb.  j.  C» 

Sacchari  albi  vnc.  fi . 

Misce,  iniiciatur  cum  sjringa. 

Decocti  pulli  et  gelatlnæ  ana  Ib.  fi. 

Vini  optimi  5  •  ü'L 
Iniiciatur. 

Of.  Decocti  hordei  mundati  et  in  creraorem 
redacti  ïb.  fi. 

Lactis  boni  B.  j. 

Vitellis  ouorum  duos. 

Fiat  clyster. 


555 

Nous  vsons  de  tels  clysteres  pour 
nourrir  enfans  et  gens  debiles,  comme 
en  vn  grand  deuoyement  d’estomach, 
quand  il  ne  retient  la  viande  qu’il 
prend.  Toutesfois  en  l’vsage  de  tels 
clysteres  faut  auoir  esgard  à  trois 
choses  ‘  :  la  première  est  qu’il  faut 
auant  que  prendre  tels  clysteres  ,  as- 
seller  le  patient ,  soit  par  art  auec  vn 
suppositoire  ou  clystere ,  soit  du  pro¬ 
pre  mouuement  de  nature ,  de  peur 
que  tels  clysteres  nourrissans  estans 
meslés  auec  les  excremens,  ne  soient 
gastés  et  corrompus  :  la  seconde  est 
qu’il  soit  donné  en  grande  quantité , 
à  fin  qu’il  soit  porté  par  tous  les  in¬ 
testins  :  la  troisième  est ,  s’il  est  pos¬ 
sible,  qu’on  dorme  après  tels  clysteres, 
tant  à  fin  que  le  malade  face  mieux 
son  profit  et  concoction  de  tels  clyste¬ 
res,  qu’aussi  qu’il  les  retienne  mieux  : 
de  tant  que  le  dormir  arreste  toutes 
les  euacuations.  Pour  laquelle  mesme 
raison  les  Médecins  défendent  de  mes- 
1er  en  tels  clysteres,  sel,  miel,  ou 
huile,  par-ce  que  les  deux  premiers 
en  detergeant  irritent  l’excretrice  :  et 
la  derniere  en  lubrifiant 
Aucuns  veulent  affermer  que  nul 
clystere  peut  estre  nutritif,  à  raison 
que  ce  qui  doit  nourrir  doit  auoir 
receu  trois  coctions  :  dont  la  pre¬ 
mière  est  au  ventricule  ,  la  seconde 
au  foye,  la  tierce  en  chacune  partie 
de  nostre  corps.  Mais  telle  opinion 
peut  estre  reprouuée  tant  par  ra.ison 


1  Ces  règles  pour  l’administration  des  la¬ 
vements  nutritifs  ont  été  empruntées  pres¬ 
que  textuellement  au  chapitre  48  du  livre 
De  la  Peslelài  1568  (aujourd’hui  ch.  49); 
voyez  ci-dessus  la  note  de  la  page  454. 

2  Le  texte  du  livre  De  la  Peste  disait  seu¬ 
lement  de  cette  dernière  raison  :  La  troi- 
siestne,  que  le  malade  retienne  son  clystere  k 
plus  longtemps  qu’il  luy  sera  possible. 


LE  VINGT-CINQVIÉME  LIVRE, 


556 

que  par  expérience.  Par  raison,  puis 
que  les  parties  de  nostre  corps  ont  vu 
sentiment  naturel  de  la  chose  qui 
defaut,  et  que  la  nutrition  est  reple- 
tion  de  ce  qui  a  esté  inany  et  vacué, 
telles  parties  estans  débilitées  par 
trop  grande  inanition  faite  és  mala¬ 
dies,  attirent  premièrement  tout  ce 
qui  est  conuenable  à  leur  nature  :  ou 
au  defaut  de  tel  aliment  le  premier 
qui  s’offrira.  Or  clysteres  nutritifs  ne 
sont  faits  que  d’alimens  doux ,  amia¬ 
bles,  et  familiers  à  Nature,  grande¬ 
ment  ja  préparés  à  concoction  ‘  :  et 
pourtant  telles  choses  estans  és  in¬ 
testins  ,  seront  attirées  des  veines  et 
arteres  mesaraïques  (qui  ont  quelque 
faculté  de  sanguifler,  ainsi  que  dit 
Galien  au  liure  De  vsu  partium  )  :  des 
veines  mesaraïques  sont  distribuées  à 
la  veine  porte  et  au  foye  :  et  du  foye 
à  toutes  les  parties  du  corps,  lesquel¬ 
les  aux  grandes  maladies,  quand  le 
patient  ne  peut  prendre  aliment  par 
la  bouché,  demandent  à  estre  rem¬ 
plies  de  ce  qui  leur  est  plus  propre.  ! 

Par  expérience  aussi,  nous  voyons 
que  gens  malades ,  estans  long  temps 
sans  manger,  par  l’vsage  de  tels  clys¬ 
teres  nutritifs  ont  esté  aucunement 
soulagés  et  sustentés  :  à  raison  que 
les  parties  affamées  attirent  prompte¬ 
ment  ce  qui  leur  est  familier,  le  suc- 
çant  des  veines,  lesquelles,  estans 
vuidées,  attirent  du  foye  et  des  veines 
mesaraïques  *. 

Qu’est-il  besoin  d’exemples  plus 

‘  Le  chapitre  précité  du  livre  de  la  Peste 
ajoutait  ici  : 

«  ....  Comme  tu  pourras  voir  parcestmj  sui- 
uant  que  nous  te  baillons  pour  exemple  ;  » 

Et  donnait  ici  la  formule  qui  a  été  conser¬ 
vée  au  chapitre  49  du  livre  actuel  de  la  Peste  ; 
voyez  ci-dessus,  page  454. 

2  Ici  le  chapitre  cité  du  livre  de  la  Peste 


claires,  veu  qu’aucuns  (  comme  on  a 
veu)  ont  reietté  les  clysteres  par  la 
bouche,  voire  les  suppositoires?  Ce 
qui  monstre  bien  que  l’attraction 
n’est  pas  seulement  faite  des  veines 
mesaraïques,  mais  aussi  du  ventri¬ 
cule,  et  des  autres  parties  C 
Telles  trop  curieuses  disputes  ie 
laisseray  à  présent ,  pour  déclarer  le 
temps  de  prendre  clysteres,  et  l’v- 
sage. 

L’on  a  coustume  de  prendre  clys¬ 
teres  à  toutes  heures  deuant  et  après 
disner,  moyennant  que  soit  loin  du 
repasi,  de  peur  que  ne  soit  faite  at¬ 
traction  par  le  clystere  de  la  viande 
estant  encores  à  cuire  en  l’estomach. 
Parquoy  on  les  'peut  prendre  à  six, 
sept ,  huit ,  neuf  heures  du  matin 
auant  disner,  ou  quatre,  cinq,  six 
apres. 

L’vsagedes  clysteres  est  assez  mani¬ 
feste  par  la  connoissance  de  la  ma¬ 
tière  qui  entre  en  iceux  :  ioint  que 
tous  ont  vn  commun  vsage ,  qui  est 
d’aider  l’expulsion  des  superfluités 
contenues  és  intestins ,  et  successiue- 

ajoutait  le  paragraphe  suivant,  qui  a  été  ef¬ 
facé  depuis  : 

«  Or  que  quelque  substance  se  puisse  atti¬ 
rer  des  intestins  pour  aiimenter  nostre  corps, 
on  le  peut  encor  prouuer  par  les  verollez  qui 
ont  nodositez  aux  os  :  car  leur  faisant  faire 
la  diette  tenue, lesdictes  nodositez  se  resol- 
uent,  consument  et  degastent  du  tout  par 
le  moyen  de  la  chaleur  naturelle,  qui  attire 
et  opéré  incessamment,  non  seulement  aux 
aliments,  mais  aussi  aux  humeurs  et  excre- 
ments  qui  ia  auoyent  esté  iettez  par  Nature 
comme  chose  à  elle  nuisible  et  superflue, 
ainsi  que  l’on  voit  aussi  en  ce  qu’vn  homme 
ayant  extreme  faim  et  soif  mangera  du  pain 
à  demy  pourry,  et  boira  de  l’eaüe  trouble  et 
de  mauuaisgoust.  » 

‘  Là  se  termine  l’emprunt  fait  au  livre  de 
la  Peste  de  1568. 


DES  MSD1C<\-MENS. 


557 

ment  des  autres  parties.  D’auantage  uoir  plus  à  l’aise,  estant  couché  sur 
quand  l’aage  ou  la  vertu  du  malade  le  coslé  droit.  Car  par  telle  situation 
(comme  aduient  aux  enfans  ,  et  gens  le  clystere  receu  pénétrant  iusques 
debiles  et  malades)  n’est  suffisante  à  au  haut  des  intestins,  quasi  comme 
porter  medecine ,  lors  sommes  con-  d’vn  rauage ,  laue  plus  facilement 
trainls  d’vser  de  clysteres,  à  cause  tout  le  ventre  :  où  au  contraire  le 
qu’il  ne  débilitent  point  tant  les  for-  patient  estant  situé  sur  le  coslé  gau- 
ces  que  les  médecines.  Pour  ceste  che,  il  aduient  que  le  clystere  est 
cause,  aucuns  ont  couslume  depren-  contraint  de  demeurer  au  rectum  ou 
dre  clysteres  de  deux  iours  l’vn  ,  en-  au  colon  :  pour-ce  qu’iceux  par  telle 
cores  qu’ils  soient  sains,  quand  assiette  sont  pressés  de  la  masse  et  pe- 
Nature  est  paresseuse  à  ietter  les  ex-  sauteur  des  autresinteslins  supérieurs, 
cremens.  A  gens  malades  ils  sont  Après  qu’il  a  receu ,  il  doit  demeurer 
ordonnés  plus  souuent ,  pour  tous-  quelque  temps  sur  son  dos ,  puis  se 
iours  tenir  lasche  le  ventre.  tourner  de  costé  et  d’autre ,  ou  sur  la 

L’vsage  desdits  clysteres  a  esté  in-  douleur,  s’il  luy  est  possible  C 
uenté  des  cicoignes  ,  lesquelles  de  Or  il  se  trouue  certaines  femmes 
leur  propre  mouuemeut  naturel  iet-  qui  pour  nulles  choses  ne  voudroient 
tentde  l’eau  delà  mer  (qui  pour  sa  prendre  vn  clystere  de  la  main  d’vn 
salsitude  a  vertu  d’irriter  et  euacuer  )  homme,  pour  vne  vergongne  et 
en  leur  siégé  pour  s’asseller,  ainsi  que  honte  qu’elles  ont  de  se  monstrer  :  à 
recite  Galien  en  son  Introductoire  de  ceste  cause  i’ay  fait  portraire  cest 
Medecine.  instrument ,  duquel  elles  se  pourront 

La  maniéré  de  prendre  clystere  est  aider  à  receuoir  vn  clystere ,  le  met- 
telle, lorsque'le patient  lereçoit ,  qu’il  tant  par  deuant  (ayant  vn  peu  les fes- 

ait  la  bouche  ouuerte,  à  cause  que  ses  leuées)  la  cannule  dans  le  siégé 
tous  les  muscles  qui  aident  à  l’expul-  marquée  B.  puis  versera  la  liqueur 
sion  sont  laschés,  qu’il  n’ait  rien  qui  dedans  la  boële  marquée  A.  Le  cou- 
lui  comprime  le  ventre ,  et  qu’il  soit  uercle  marqué  D. 
situé  en  figure  courbe  pour  le  rece-  * 


Figure  d’vn  instrument  propre  pour  se  donner  sou-meme  vn  clystere  2. 


‘  Ici  finissait  le  chapitre  en  1576;  ce  qui .[  2  j’ai  dit  dans  mon  Introduction,!),  xcit, 

suit  est  de  15T9.  (luand  et  par  qui  avait  été  inventée  ia  se- 


LE  VINGT-CINQVIEME  LIVRE  , 


558 

Aulfe  syringue  pour  bailler  clyslere  aux 
hommes. 

Q 


CHAPITRE  XXIII. 

DES  SVPPOSITOIRES,  NOVETS ,  ET 
PESSAIBES. 

Suppositoire  est  vue  maniéré  de 
tente  (ayant  le  temps  passé  eu  figure 

rlngue  ordinaire  ;  A.  Paré  est  le  premier  qui 
ait  parlé  de  cette  seringue  perfectionnée  et 
propre  pour  se  donner  soy-mesme  vn  clyslere. 
Mais  il  ne  semble  pas  donner  l’instrument 
comme  de  lui,  et  nous  ignorons  à  qui  est 
due  cette  modiflcation, 

11  est  à  remarquer  que  dans  ce  chapitre 
il  ne  parle  que  des  seringues;  toutefois,  les 
chausses  à  clyslere  étaient  encore  en  usage 
de  son  temps,  et  se  trouvent  mentionnées  au 
chapitre  48  du  livre  de  la  Peste.  Voyez  ci- 
dessus,  page  4û0. 


de  gland ,  dont  encore  pour  le  iour- 
d’huy  elle  retient  le  nom  de  glans  ‘  ) 
qui  se  met  au  siégé ,  à  fin  d’irriter  le 
muscle  sphincter  à  l’expulsion  des  ex- 
cremens  contenus  és  intestins.  Ceux 
que  l’on  fait  de  présent  n’ont  figure 
de  gland ,  mais  plustost  de  pessaire  : 
car  on  les  fait  ronds  et  longs,  en 
forme  de  chandelle  de  cire,  d’où 
vient  que  le  vulgaire  de  Languedoc 
les  appelle  candelettes. 

Ils  sont  doux, ou  médiocres, ou  forts. 
Les  doux  et  médiocres  sont  faits  des 
poudres  laxatiues,  comme  de  biere  , 
sel ,  et  miel.  Les  forts  sont  composés 
des  poudres  de  scammonée,  euphorbe, 
colocynthe,  et  semblables,  auec  miel, 
ou  ius  d’herbes  acres,  ou  fiel  de  bes- 
tes.  Quelquesfois  ils  sont  faits  de  seul 
sauon,  souuent  aussi  des  troncs  de 
porée,oude  sa  racine,  aucunesfois 
d’vn  lardon. 

Pour  composer  vn  suppositoire, 
faut  mettre  pour  vne  once  de  miel , 
vne  dragme  de  sel ,  ou  de  poudre 
irritante  et  laschante,  comme  il  est  fa¬ 
cile  à  connoistre  par  les  exemples. 

Suppositoire  médiocre. 

“if.  Mellis  cocti  §.  j. 

Hieræ  picræ  et  salis  communis  ana  3.  6 . 
Fiat  suppositorium  longum  quat.  digitor. 

"if.  Mellis  cocti  j. 

Pulueris  colocynthidos  9.6, 

Salis gemmæ  9.j. 

Fiat  suppositorium. 

Nous  vsons  des  suppositoires  , 
quand  le  patient  pour  son  imbécillité 
ne  peut  pas  endurer  clysteres ,  com¬ 
me  és  fiéures  ardentes ,  ou  quand  les 
malades  ne  veulent  prendre  clys- 
tere ,  aussi  quand  on  ne  rend  point 
le  clystere  qu’on  a  pris  ;  finablement 


*  L’édition  de  1575  disait  :  de  balams. 


DES  MEDICAMENS. 


es  affections  froides  de  la  teste ,  qui 
endorment  les  malades ,  nous  vsons 
communément  de  suppositoires  forts 
et  aigus ,  à  fin  d’exciter  la  vertu  ex- 
pultrice  du  muscle  sphincter,  estant 
assoupie  par  telles  maladies  :  ou  bien 
quand  la  maladie  de  son  naturel  est 
telle ,  qu’elle  est  euidemment  offen¬ 
sée  par  l’vsage  des  clysteres  ;  comme 
en  l’enterocele,  en  laquelle  si  le  boyau 
est  rempli  du  clystere ,  il  presse  d’a- 
uantage  le  péritoine ,  et  de  sa  granité 
tombe  plus  aisément  par  la  partie  re¬ 
laxée  ou  deschirée  dans  le  scrotum. 

Les  nouëts  ,  que  l’on  appelle  en 
latin  NoduU ,  ont  mesme  vsage  que 
les  suppositoires ,  et  souuentesfois 
sont  pris  pour  suppléer  le  defaut , 
tant  des  suppositoires  que  des  clyste¬ 
res  ,  quand  on  est  en  lieu  où  l’on  n’en 
peut  pas  fournir.  Et  pourtant  les 
nouëts  sont  faits  des  medicamens  que 
l’on  peut  partout  facilement  trouuer  : 
sçauoir  est ,  de  iaunes  d’œufs  mes- 
lés  auec  du  sel  et  du  beurre,  aucunes- 
fois  fiel  et  miel ,  et  le  tout  lié  en  vn 
linge  médiocrement  délié  à  la  gros¬ 
seur  d’vne  auelaine,  laissant  du  fil  de 
quelque  longueur  au  bout ,  à  fin  que 
quand  on  les  mettra  dans  le  siégé , 
qu’ils  se  puissent  retirer  quand  on 
voudra.  Vous  le  pouuez  ordonner  en 
ceste  maniéré. 

Vitellum  vnius  oui. 

Cui  adde  salis  modicum  ,  fellis  veruecis  et 

mellis  ana  § .  ft . 

Butyri  § .  iij. 

Misce,  fiant  noduli  filo  appensi. 

Les  temps  propres  à  prendre  tant 
suppositoires  que  nouëts,  est  le  malin 
auant  disner  comme  des  clysteres, 
car  à  telles  heures  N ature  a  coustume 
de  reietter  les  excremens.  Si  on  est 
contraint  d’en  vser  après  disner ,  que 


509 

ce  soit  pour  le  moins  quatre  heures 
apres  le  repas. 

Pessaire  est  plus  gros  que  supposi¬ 
toire  ,  et  est  approprié  à  la  matrice  : 
lequel  est  fait  de  cotton  ou  soye,  ou 
linge  et  laine  pignée,  en  laquelle  on 
a  mis  quelque  médicament  pour  met¬ 
tre  au  col  de  la  matrice  :  lequel  est 
fait  ou  pour  vlceres  du  col  de  la 
matrice,  ou  pour  prouoquer  ou  ar- 
rester  les  menstrues,  ou  pour  la  suf¬ 
focation  de  la  matrice,  et  purger  les 
excremens  dficelle.  Parquoy  ils  sont 
faits  de  gommes,  jus,  semences ,  her¬ 
bes,  racines,  appropriées  aux  inten¬ 
tions  que  nous  voulons,  et  incorpo¬ 
rées  en  consistence  emplastique  et  so¬ 
lide  ,  pour  les  mettre  en  figure  d’vn 
doigt  dedans  la  matrice  :  mais  on  a 
coustume  de  les  lier  au  bout,  comme 
appert  par  les  exemples. 

Pessaire  prouoquant  les  mois. 

"if.  Myrrhæ,  aloës  ana  3.  j. 

Sabinæ ,  serninis  nigellæ,  artemisiæ  ana 

3.  y. 

Radicis  ellebori  nigri  3.  j. 

Croci  3.j. 

Cura  succo  raercurialis  et  nielle  fiat  pessa- 
rium  filo  alligatura  coxæ. 

Pessaire  pour  arrester  les  mois. 

Tf,  Mastiches,  thuris  ana  §.  iij. 

Alurainis,  rosar.  rubr.  nue.  cupressi  ana 

S-ij. 

Ladani,  hypocistidos ,  sumach,  rayrtill. 
ana  3.  iij. 

Fiat  pessariura  cura  succo  arnoglossæ,  et  co- 
tone. 

A  l’exemple  de  ceux-cy  on  pourra 
faire  d’autres  pessaires  pour  amollir, 
astreindre,  mondifier,  incarner,  cica¬ 
triser  les  vlceres  du  col  de  la  matrice  : 
lesquels  faut  prendre  au  soir  quand 


Lli  VINGT-CIPTQVIÉME  LIVRE  , 


56o 

on  se  couche,  et  les  faut  garder  six 
ou  sept  heures. 

Or  les  pessaires  se  font ,  non  seule¬ 
ment  des  poudres  de  medicamens 
receuës  et  abreuuées  de  quelque  suc, 
comme  portent  les  exemples  cy-des- 
sus  mentionnées,  mais  aussi  de  sim¬ 
ples  poudres  receuës  en  vn  sachet  de 
linge  rare  délié  et  farci,  d’vn  peu  de 
cotton  pour  le  faire  enfler  et  bouffer 
en  iuste  grosseur.  De  telle  forme  de 
pessaire  nous  pourrons  commodé¬ 
ment  vser  contre  la  cheute  et  préci¬ 
pice  de  l’amarry  L’exemple  proposé 
par  monsieur  Rondelet  en  son  liure 
Medicamens  internes,  est  tel. 

■if..  Benioini,  styrac,  garyoph.  ana  3,  j. 
Galliæ  moscatæ  5.  £> . 

Moschi  g  .  Yj . 

Fiatpuluis  exceptus  bombace,  imponaturin 
vlerum. 


CHAPITRE  XXIV. 

DES  HVILES. 

Huile  proprement  dite,  est  celle  qui 
est  tirée  des  oliues  meures,  ou  non 
meures  :  mais  abusiuement  elle  est 
prise  pour  toute  liqueur  fluxile,  onc¬ 
tueuse,  et  aërée ,  de  laquelle  on  fait 
trois  especes. 

La  première  est  des  huiles  faites 
par  expression,  tant  des  fruits  que  de 
semences  broyées  et  cassées,  àfln  d’en 

1  Paré  décrit  ici  les  pessaires  tels  que  les 
comprenaient  les  anciens  ;  il  faut  recourir 
à  son  livre  de  la  Génération  pour  lui  voir 
donner  aux  pessaires  la  solidité  et  la  forme 
exigées  parla  moderne  signification  du  mot. 
Voyez  tome  II,  page  741  et  suiv.,  la  longue 
note  où  j’ai  tracé  l’histoire  des  pessaires  au 
XVI'  siècle. 


faire  sortir  par  expression  ce  qui  est 
oléagineux.  Aucunesfois  sans  feu  ; 
comme  huiles  d’amandes  tant  douces 
qu’ameres  :  huile  de  noix  tant  petites 
que  grandes  ;  huile  de  kerua,  ou 
palma  christi  :  lesquelles  aussi  se  peu- 
uent  tirer  auec  feu.  Aucunesfois  seu¬ 
lement  auec  feu  :  comme  huile  de  lin, 
de  laurier ,  de  nauette,  de  channeuy, 
et  autres  telles  semences.  La  maniéré 
de  les  faire  tu  trouueras  au  troisième 
de  Mesué,  où  il  parle  des  huiles. 

La  seconde  espece  est  des  huiles 
composées  de  medicamens  simples 
auec  l’huile,  à  fin  d’imprimer  etlaisser 
en  l’huile  la  v’ertu  des  medicamens  : 
et  se  fait  eu  trois  maniérés.  La  pre¬ 
mière  est  par  décoction  des  racines , 
fueilles  et  sommités,  fleurs,  fruits, 
semences,  gommes,  bestes  entières 
cuittes  auec  du  vin,  ou  eau,  ou  jus, 
en  huile  commun  ,  omphacin,  ou  au  - 
très ,  selon  nos  intentions ,  iusques  à 
la  consomption  dudit  vin  et  eau  ;  ce 
qui  se  connoistra,  si  vne  goutte  de 
telle  huile  ieltée  dans  le  feu  ne  cré¬ 
pité  point  et  ne  pétillé  auec  bruit. 
Or  telle  consomption  se  fait,  à  celle 
fin  que  l’huile  se  puisse  mieux  et  plus 
long  temps  garder  sans  crainte  de 
corruption,  de  laquelle  semble  bailler 
occasion  l’estrange  matière  d’eau  ou 
de  vin  meslée  auec  icelle.  Quelques- 
fois  on  fait  tremper  et  macerer  les 
fruits,  semences,  et  autres  in grediens, 
par  quelque  espace  de  temps  auant 
que  les  faire  cuire.  Et  la  coction  se 
doit  faire  en  double  vaisseau,  à  fin 
qu’elles  ne  retiennent  vne  qualité  du 
feu,  que  nous  appelions  Empyremne. 
Ainsi  sont  faites  oleum  costinum,  ru- 
taceum^  de  croco,  cydoniorum,  myrtil- 
lorum,  mastichinum,  de  euphorbio, 
vulpînum ,  de  scorpionibus,  et  autres 
telles  huiles  cuittes  auec  le  feu.  La 
seconde  maniéré  se  fait  par  macéra- 


DES  MEDICAMEKS. 


tion  ;  quand  on  met  tremper  par  quel¬ 
que  espace  de  temps  les  medicamens 
simples  en  huile  :  quelquesfois  sur  les 
cendres  chaudes  :  quelquefois  en 
fiente  de  chenal  ou  au  soleil,  à  fin  que 
par  ceste  chaleur  modérée  l’huile 
puisse  retenir  la  vertu  des  medica¬ 
mens  macérés.  La  troisième  maniéré 
est  faite  par  insolation,  quand  en  Esté 
l’on  laisse  au  soleil  fleurs  des  herbes 
mises  tremper  en  huile,  à  fin  que  la 
dite  huile  estant  eschauffée  de  la  cha¬ 
leur  amiable  du  soleil,  puisse  prendre 
les  facultés  et  effets  desdites  fleurs  ; 
et  de  ce  nombre  sont,  huile  de  roses, 
de  camomille ,  d’aneth ,  de  lis,  de 
nymphæa,  de  violes,  et  autres,  les¬ 
quelles  pourras  voir  en  Mesué,  à  fin 
d’apprendre  leur  composition  et 
vertu  comme  des  autres  cy-dessus. 

La  troisième  espece  appartient  aux 
alchymistes,  laquelle  est  faite  par  re¬ 
solution  en  diuerses  maniérés ,  et  a 
vertus  et  effets  merueilleux  :  quand 
par  chaleur,  soit  du  soleil,  soit  du 
feu,  soit  de  putréfaction,  vne  liqueur 
huileuse  est  tirée.  Or  l’extraction  de 
ladite  liqueur  est  faite  en  deux  ma¬ 
niérés,  l’vne  per  ascensum,  l’autre  per 
descensum,  ainsi  qu’ils  appellent. 

Per  ascensum  sont  faites  huiles  auec 
alembic  et  receptoire,  eschauffés  ou 
en  cendres,  ou  arene,  ou  limature  de 
fer,  à  fin  de  faire  monter  en  haut  la 
vapeur  et  exhalation  des  medicamens 
contenus  au  dedans,  laquelle  par  ré¬ 
frigération  du  sommet  de  la  chapelle 
et  alembic  descend  au  réceptoire,  et 
telle  liqueur  est  la  partie  la  plus  té¬ 
nue  et  subtile  qui  soit  esdits  médica¬ 
ments  :  ce  qu’ils  appellent  resolution 
en  ses  elemens,  et  extraction  de  l’hu¬ 
midité  substantifique  de  la  matière. 
Ainsi  est  fait  oleum  phüosophorum, 
qui  est  descrit  au  troisième  liure  de 
l’Antidotaire  de  Mesué  :  aussi  oleum 
lU. 


56 1 

sulphuris,  qui  est  de  tres-grande  effi¬ 
cace  et  vertu,  et  presque  toutes  les 
nobles  et  bonnes  compositions  qui 
vulgairement  ont  le  nom  de  bauihe. 
Aucunesfois  est  faite  telle  sublima¬ 
tion  à  la  vapeur  de  l’eau,  qu’ils  ap¬ 
pellent  balneum  Mariæ. 

Per  descensum  sont  faites  huiles, 
quand  la  liqueur  ne  monte  en  la  cha¬ 
pelle  ,  ains  descend  en  vne  cornue  en  • 
la  maniéré  que  s’ensuit.  Il  faut  em¬ 
plir  vn  vaisseau  de  terre  bien  plombé, 
qui  ait  le  col  estroit,  de  taillures  me¬ 
nues  du  bois ,  ou  autre  médicament 
gras  duquel  nous  voulons  auoir 
huile,  et  les  bien  disposer  audit  vais¬ 
seau  par  ordre  :  puis  appliquer  au 
col  d’iceluy  vne  lamine  de  fer  ayant 
plusieurs  trous  et  pertuis,  et  la  luter 
au  col  tant  dudit  vaisseau  que  d’vn 
autre  vaisseau  de  verre ,  qui  doit 
receuoir  ladite  huile,  lequel  faut  met¬ 
tre  en  terre puis  faut  eschauffer  l’es¬ 
pace  de  deux  heures  ou  plus  le  vais¬ 
seau  dessus,  contenant  les  medica¬ 
mens  que  l’on  veut  distiller ,  et  par 
ainsi  distillera  huile  dedans  le  vais¬ 
seau  enterré  :  telle  distillation,  comme 
auons  dit,  est  faite  per  descensum, 
c’est-à-dire  par  descente  contraire  à 
la  precedente.  Plus  ample.doctrine  de 
telles  sortes  de  distiller  tu  trouueras 
en  Philippe  Vlstade,  en  son  liure  Du 
Ciel  desPhilosophes,  etau  premier  liure 
de  la  matière  de  Chirurgie,  chapitre 
des  Resoluens  ;  aussi  Mesué  la  descrit, 
parlant  de  l’huile  de  genéure.  Ainsi  se 
peut  tirer  l’huile  du  bois  de  genéure, 
de  gaiac,  de  fresne,  du  bois  de  ros- 
marin,  et  plusieurs  autres  de  vertus 
et  effets  merueilleux  en  la  curation 
des  maladies.  Semblablementest  tirée 
par  resolution,  huile  d’œufs,  de  fro¬ 
ment,  et  de  moustarde:  toutesfois 
elles  se  peuuent  tirer  par  expression, 
comme  la  première  espece. 

36 


562  l'E  VINGT-CmQVlEME  LIVRE, 


Il  y  a  vne  autre  façon  d’extraire 
telles  huiles  per  descensum^  quand  on 
met  le  vaisseau  contenant  medica- 
mens  decliue  et  panché  en  lieu  frais, 
comme  en  la  caue  :  ainsi  est  tirée 
huile  de  myrrhe,  huile  de  tartre,  et 
de  vitriol.  Or  faut  noter  qu’en  l’ex¬ 
traction  de  la  quinte-essence  des  ve- 
getables,  c’est  à  dire  qui  ont  faculté 
de  croistre  ou  diminuer,  comme  sont 
les  herbes ,  l’humidité  substantiflque 
est  tirée  la  première  :  mais  des  miné¬ 
raux  est  tirée  la  derniere,  laquelle 
est  pure  et  nette ,  semblable  à  huile. 
Il  y  a  d’autre  substance  excremen- 
teuse  qui  se  tire ,  mais  elle  n’a  tels 
effets  que  la  substantiflque,  laquelle 
surpasse  toutes  autres  facultés  des 
medicamens,  bien  souuent  outre 
toute  opinion  commune. 

Nous  vsons  des  huiles,  à  fln  que  la 
vertu  pénétré  au  profond,  ou  à  fln  que 
l’huile  puisse  adoucir  la  substance 
des  choses  que  l’on  mesle  auec  ladite 
huile.  Toutesfois  faut  entendre ,  que 
quand  on  fait  huiles  froides  compo¬ 
sées  auec  huile  commune,  il  faut 
prendre  de  l’huile  omphacin,  c’est-à 
dire  tirée  d’oliues  vertes  et  non  meu¬ 
res,  comme  l’huile  rosat.  Aussi  quand 
on  veut  faire  huiles  chaudes,  comme 
huile  des  philosophes,  ou  lemdicta, 
il  faut  prendre  de  l’huile  douce  et 
bien  meure ,  ou  vieille  ,  ou  d’infusion 
de  rosmarin  et  semblables. 


CHAPITRE  XXV. 

DES  UNIMENS. 

Liniment  est  composition  externe , 
moyenne  entre  huile  et  onguent  : 
ayant  plus  de  consistence  que  l’huile, 
pour  ce  qu’eu  sa  composition,  outre 


l’huile ,  il  reçoit  beurre,  axonge  ,  et 
choses  semblables  :  lesquelles  estans 
réfrigérées ,  acquièrent  et  retiennent 
quelque  consistence,  qui  est  cause 
que  pour  eschauffer ,  meurir,  et  ap- 
paiser  douleur,  le  liniment  est  plus 
propre  que  les  huiles  seules ,  pource 
qu’il  s’attache  mieux  et  a  plus  de 
prise  sur  la  partie ,  et  ne  s’es- 
coule  si  aisément ,  et  moins  que  l’on¬ 
guent  ;  lequel  est  ainsi  appellé ,  à 
cause  qu’il  lenit  et  adoucit  les  par¬ 
ties  rudes  et  exaspérées ,  et  appaise 
les  douleurs. 

Les  especes  des  linimens  sont  pri¬ 
ses  de  leurs  effets  :  car  aucuns  sont 
refrigerans ,  autres  eschauffans ,  au¬ 
cuns  humectans ,  quelques-vns  ma- 
turatifs,  et  ainsi  des  autres,  selon 
les  indications  des  maladies. 

La  matière  et  ingrediens  des  lini- 
menssont  huile,  axonge,  suif, beurre  : 
ou  ce  qui  a  consistence  d’huile, 
comme  styrax  liquide,  terebenthine, 
mucilage  de  fœnugrec  et  guimauue , 
moelle ,  laine  succide ,  et  autres. 
Quelquesfois  on  y  adiouste  quelque 
poudre  de  racines,  semences,  fleurs , 
escorces ,  minéraux  et  autres ,  mais 
en  petite  quantité,  à  fln  que  le  lini¬ 
ment  retienne  tousiours  sa  consis¬ 
tence  liquide  ;  aussi  on  y  mesle  bien 
peu  de  cire,  pour  lier  vn  petit  et  rete¬ 
nir  les  huiles  ou  axonges.  On  en  peut 
faire  des  autres  medicamens  tant  sim¬ 
ples  que  composés ,  déclarés  cy  do¬ 
uant  ,  selon  l’exigence  et  nécessité , 
et  complication  des  maladies.  Les 
exemples  donneront  tout  à  con- 
noistre. 

Liniment  eschauffani,  atténuant  et  digérant, 

Olei  amygdalanim  amararum,  liliorum 

ana  5.]. 

Axungiæ  anatis  et  gallinæana  3.  fi. 

Rutyri  sine  sale  s.j. 


DES  MEDICAMENS.  503 


Mucilaginis  seminis  althææ,  et  fænugræci, 
extractæ  in  aqua  hyssopi  ana  § .  fi . 
Addendo  pulueris  croci  et  ireosana9.  j, 
fiat  linimentum. 

Humectant  et  remollitif. 

Olei  amygdalarum  dulcium  f .  ij. 

Axungiæ  humanæ  §  •  fi . 

Mucilaginis  seminis  maluae  extractæ  in 
aqua  parietariæ  § .  fi . 

Fiat  linimentum  addito  croco. 

Ainsi  pourras  faire  autres  linimens 
à  cest  exemple,  plus  ou  moins  forts 
ou  debiles  ,  des  remedes  ja  descrits. 

Les  linimens  se  peuuent  appliquer 
à  toutes  les  parties  du  corps,  tant 
pour  eschauffer,  refrigerer,  humec¬ 
ter  et  desseicher,  que  pour  digerer , 
maturer,  emollir,  appaiser  douleurs, 
à  cause  qu’ils  adhèrent  d’auantage , 
et  ne  coulent  pas  si  tost  que  les  hui¬ 
les.  Toutesfois  en  la  composition  des 
linimens,  faut  considérer  la  partie  où 
l’on  les  veut  appliquer  ;  car  si  la  par¬ 
tie  a  quelque  conduit ,  méat  ou  si¬ 
nuosité,  comme  l’oreille,  il  faut  que 
le  Uniment  soit  plus  liquide  et  ait  plus 
grande  quantité  d’huile.  S’il  faut 
qu’il  adhéré  sur  la  partie  où  il  est  ap¬ 
pliqué,  faut  y  mettre  plus  dégraissés 
ou  axonges,  et  autres  choses  qui  ont 
consistence.  Aucuns  veulent  mettre 
différence  entre  les  linimens  et  on- 
guens  ,  à  cause  qu’aux  linimens  ne 
faut  mettre  cire  comme  aux  onguens  : 
lesquels  certainement  s’abusent  :  car 
il  y  a  des  onguens  où  il  n'y  entre 
point  de  cire,  comme  entre  les  autres 
l’Egyptiac ,  non  plus  que  tous  ceux 
qui  sont  préparés  pour  les  gangrenés 
et  vlceres  putrides,  pource  qu’à  telles 
maladies,  toutes  choses  grasses  , 
comme  huile,  graisse,  résiné,  cire 
sont  fort  contraires  :  en  lieu  desquel¬ 
les  entre  en  l’Egyptiac  le  miel  et 


verd  de  gris ,  tant  pour  donner  con¬ 
sistence  à  l’onguent  que  pour  le  ren¬ 
dre  detersif. 


CHAPITRE  XXVI. 

DES  ONGVENS. 

Les  onguens  ont  plus  de  consis¬ 
tence  et  sont  plus  fermes  que  les  lini¬ 
mens  ,  et  de  plus  grands  effets  :  ainsi 
nommés  à  cause  que  les  parties  où 
l’on  les  applique  sont  ointes  et  en¬ 
graissées. 

Les  différences  d’iceux  sont  prises 
en  partie  de  leurs  effets,  à  cause  qu’ils 
eschauffent,  refrigerent,  desseichent, 
humectent ,  mondiflent ,  confortent 
les  parties ,  consument  la  chair,  fai¬ 
sans  cicatrices ,  et  autres  choses  sem¬ 
blables  :  en  partie  de  leurs  couleurs , 
et  des  noms  des  inuenteurs ,  comme 
album  Rhasis,  dessiccatiuum  rubrum  : 
en  partie  aussi  du  nombre  des  sim¬ 
ples  desquels  ils  sont  faits ,  comme 
vnguentwn  tetrapharmacum ,  que 
communément  on  nomme  basilicon^ 
et  tripharmacum ,  que  l’on  dit  nutri- 
tum  :  et  de  plusieurs  autres  tels  acci- 
dens  sont  faites  les  différences  des¬ 
dits  onguens,  comme  le  plus  souuent 
ils  retiennent  le  nom  du  principal 
simple  qui  entre  en  la  composition 
d’iceux  :  ainsi  nous  disons  vnguentum 
de  lithargyro  ,  de  minio ,  diapompho- 
lîgos ,  et  les  autres  semblables. 

Ils  sont  faits  d’herbes ,  racines ,  se¬ 
mences  ,  fruits,  des  parties  des  bestes, 
des  métalliques,  et  quelques  corps 
terrestres.  Les  jus  et  autres  humidités, 
sont  consumées  en  cuisant ,  comme 
aux  huiles  :  les  herbes  et  parties  d’i¬ 
celles  sont  puluerisées,  si  elles  sont 
seiches ,  tout  ainsi  que  les  metalli- 


LE  VJNGT-CINQVIÉME  LIVUE, 


564 

ques  et  corps  terrestres  ;  si  elles  sont 
vertes  ,  elles  sont  cuittes,  exprimées, 
et  puis  leur  jus  consommé  en  décoc¬ 
tion.  Les  gommes  et  résinés  aucunes- 
fois  sont  puluerisécs,  aulresfois  sont 
dissoutes  et  fondues ,  ou  par  feu  ,  ou 
par  quelque  liqueur  conuenable.  La 
cire  se  fond  auec  l’huile  sur  le  feu. 

Or  pour  composer  onguens ,  on  a 
accoustumé  garder  telle  proportion , 
que  pour  vue  once  de  poudre ,  on  y 
mette  deux  onces  de  cire ,  et  huit  on¬ 
ces  d’huile  :  toutesfois  puisque  la  cire 
n’est  mise  aux  onguens  que  pour  leur 
donner  consistence,  il  vaut  mieux 
laisser  la  quantité  de  cire  au  iuge- 
ment  de  celuy  qui  les  fait  :  ioint  qu’il 
faut  aussi  moins  y  adiouster  de  cire  en 
Esté  qu'en  Hyuer  :  à  cause  que  la 
chaleur  de  l’Esté  desseichant  d’auan- 
tage  la  composition  totale  de  l’on¬ 
guent,  luy  donne  plus  de  consistence. 
Telle  est  la  reigle  des  communs  pra¬ 
ticiens  pour  ordonner  onguens ,  la¬ 
quelle  entendras  mieux  par  exemple. 

Onguent  repercussif  et  anestant  flux  de  sang. 

Hf.  Olei  rosacei  § .  iiij. 

Pilorum  leporis,  boli  armeni,  terræ  sigil- 
latæ  anaS.j. 

Balausliorum  et  gallarum  ana  3.  û . 

Tritis  quæ  terenda,  et  simul  mixtis,  addita 
cera  quod  sufBcit,  fiat  vnguentum.  1 

Ainsi  promptement  à  ta  nécessité 
pourras  composer  onguens  à  cest 
exemple  :  mais  souuent  on  en  fait 
d’autre  façon.  Car  il  y  a  trois  maniè¬ 
res  de  composer  onguens  :  la  pre¬ 
mière  est  celle  qui  est  faite  sans  feu , 
en  pistant  seulement  au  mortier  : 
ainsi  est  fait  vnguentum  nutritum  : 
la  seconde,  quand  auec  feu  nous  fon¬ 
dons  en  l’huile  la  cire ,  ou  autre  telle 
graisse  :  puis  quand  tout  est  fondu , 
nous  meslons  les  poudres  en  mesme 


proportion  que  celle  cy  dessus  ;  en 
ceste  façon  l’on  compose  vnguentum 
aureum,  hasüicon,  diapompholygos, 
desiccatiuum  rubrum,  et  enulaium.  La 
troisième  maniéré  est  de  pister  axon- 
ges  auec  les  herhes ,  puis  les  cuire  en¬ 
semble  et  les  couler,  car  la  colature 
est  onguent.  Et  pour  facile  intelli¬ 
gence  ,  ie  le  donneray  la  description 
des  susdits  onguens,  et  la  maniéré 
de  les  faire. 

f^nguenlum  nutritum. 

"if.  Litbargyri  auri  triti  et  loti  ft .  C . 

Olei  rosati  ft, j. 

Aceti  rosati  § .  iiij. 

Et  fiat  Yngaentum. 

Vous  prendrez  premièrement  votre 
litharge,  et  la  mettrez  en  vn  mortier, 
y  adioustant  vn  peu  d’huile  à  fin 
qu’elle  s’espaississe,  la  remuant  auec 
vn  pilon  ;  puis  adiousterez  autant  de 
vinaigre,  en  remuant  iusques  à  ce 
qu’ils  se  soient  incorporés  ensemble  : 
et  continuerez  àietter  tantost  vn  peu 
de  vostre  huile ,  puis  du  vinaigre , 
iusques  à  ce  que  l’onguent  soit  rendu 
en  bonne  forme  et  consistence.  Et  si 
tu  veux  faire  de  cest  onguent  Yem- 
plastrum  nigrum,  tu  feras  consom¬ 
mer  petit  à  petit  tout  ton  vinaigre , 
et  lors  l’emplastre  viendra  noire  et 
luisante. 

F'nguentum  aureum. 

Tf,.  Ceræ  citrinæ  g .  vj. 

Olei  boni  Ib.  ij. 

Tereb.  §.ij. 

Resinæ,  colophoniæ  ana  g. J.  Ù. 

Olibani,  mastiches  ana  f  ’.j. 

Groci  3.  j. 

Fiat  vnguentum. 

En  premier,  ferez  fondre  vostre  cire 
auec  vne  grande  portion  de  l’huile, 


DES  MEDICAMENS. 


566 


puis  vous  adiousterez  la  résiné  et  co- 
lophone  rompue  par  petits  morceaux  ; 
et  estans  fondues ,  esterez  le  tout  du 
feu ,  et  adiousterez  vostre  tereben- 
thine  :  cela  estant  à  demy  refroidi , 
mettrez  l’oliban  et  mastic  puluerisés , 
et  sur  la  fin  le  saffran  dissout  ou  des¬ 
trempé  auec  le  reste  de  vostre  huile. 

Le  tetrapharmacum  est  ainsi  ap- 
pellé,  par-ce  qu’il  est  composé  de 
quatre  simples ,  sçauoir  :  cire,  résiné, 
poix  et  suif  de  taureau ,  egalement 
meslés  et  fondus. 

Fhguentum  tetmphamacum. 

Resinæ,  picis  nigræ,  ceræ  ana  o•^<  û  • 

Olei  veteris  oliuarum  matur.  ft.  j.  C. 

aut  tt.  j.  si  durius  id  esse  vis. 

Fiat  vnguentum. 

Faites  fondre  auec  l’huile  la  cire 
coupée  par  petits  morceaux,  puis 
adiousterez  la  résiné  et  poix  :  et  le  tout 
estant  fondu  aurez  vostre  onguent. 

Aucuns  l’appellent  basilicum. 

p^nguenlum  diapompholygos. 

Of,  Oiei  rosati  § .  ix. 

Ceræalbæ  §.  iij. 

Succi  solani  hortensis  f .  iiij. 

Cerussæ  lotæ  §  .j. 

Pompholygos,  plumbivsti  et  loti,  olibani 

puri  ana  § .  û . 

Fiat  vnguentum. 

En  l’huile  sera  fondue  la  cire  à  petit 
feu,  puis  estant  ostée  du  feu,  adiouste¬ 
rez  vos  susditsingrediens,  et  lesbroye- 
rez  long  temps  en  vn  mortier  de  mar- 
bre,  versantpetit  à  petit  du  suc  :  et  ce 
qui  ne  sera  incorporé ,  vous  le  sépa¬ 
rerez. 

f^nguentum  desiccatimm  rubrum. 

•2f.  Lapidis  calaminaris,  terræ  sigillatæ  ana 

5-ij- 

Lithargyri  aurl,  cerussæ  ana  5 .  j.  fi . 


CamphOræ  5.  fi . 

Ceræ  §.  ij.  fi. 

Olei  rosati  et  violarum  ana  5 .  üj. 

Fiat  vnguentum. 

Vous  ferez  fondre  la  cire  auec 
l’huile ,  et  estans  refroidis  vous  mes- 
lerez  vos  poudres ,  remuant  auec  vne 
spatule  de  bois,  adioustant  sur  la  fin 
le  camphre  dissout  auec  vn  peu 
d’huile  rosat ,  ou  eau  de  roses. 

f^nguenlum  enulatum, 

Of.  Radicis  enulæ  campanæ  coctæ  cum 

aceto,  et  pistatæ  vt  decet  ib .  fi . 

Axung.  porci,  olei  commuais  ana 

j.  fi. 

Argenti  viui  extincti,  et  terebenthin© 

lotæ  ana  §.j. 

Salis  communis  puluerisati  3.  ij. 
Incorporentur  vt  decet. 

Vous  prendrez  vos  racines  cuites, 
et  passées  par  l’estamine,  lesquelles 
ferez  cuire  auec  vostre  axonge  à  petit 
feu,  en  remuant  tousiours,  puis  sou¬ 
dain  ietterez  vostre  sel,  et  l’huile,  et 
cire,  le  tout  meslés  ensemble  :  cela 
fait,  sera  ostée  du  feu  la  composition  : 
à  laquelle  estant  froide,  adiousterez 
le  vif  argent  esteint  auec  vn  peu  d’a- 
xonge  et  terebenthine. 

Vnguentum  album  Rhasis, 

2£.  Olei  rosati  § .  ix. 

Cerussæ  albæ  § .  üj. 

Ceræalbæ  g.ij. 

Confiée  sic. 

La  ceruse  sera  bien  puluerisée,  sus 
laquelle  ietterez  l’huile  et  la  cire  que 
vous  meslerez  ensemble  chaudement, 
puis  longuement  battrez  le  tout  en¬ 
semble,  iusques  à  ce  que  la  meslange 
vous  en  semble  bien  parfaite. 


566 


LE  VINGT-ClNQVIlfME  LIVRE 


f^nguenlum  de  althcea. 

Of.  Radicis  allhææ  J. 

Seminis  lini,  fœnugræciana  ît.  6. 

Scillæ 

Olei  comraunis  ïb.  ij. 

Cerælfe.  fi. 

Terebenthinæ,  galb.  gummi  hederæ  ana 

Colophoniæ  et  res.  ana  § .  üj. 

Lesracinesetles  morceauxde  scille, 
et  les  semences  de  lin,  seront  mises 
en  infusion  chacun  à  part ,  en  cinq 
liures  d’eau  l’espace  de  trois  iours, 
puis  on  les  fera  boüillir  iusques  à  la 
consomption  chacun  de  trois  onces  : 
cela  fait,  on  en  tirera  les  mucilages, 
que  l’on  fera  cuire  auec  l’huile,  ad- 
ioustant  la  cire  taillée  en  petits  mor¬ 
ceaux  :  puis  l’ostant  du  feu  mettrez  le 
galbanura  dissout  en  vinaigre  meslé 
auec  la  terebenthine ,  ensemble  la 
gomme  de  lierre  ,  colophone  et  ré¬ 
siné,  réduits  en  poudre  :  ou  bien  fe¬ 
rez  fondre  vostre  colophone  et  résiné 
auec  la  cire  et  l’huile,  qui  seroit 
mieux. 

Vnguentum  populeonis. 

:2f. OcvA.  populiarb.  a.j.  fi. 

Folio,  papauer.  nig.  mandrag.  folior. 
rubiæ.  hyoscya.  vermic.  lactucæ,  sem- 
peruiui,  folior.  violar.  cymbalaris  folior. 
nominati  cortali  nascentis  in  fig.  et  mû¬ 
ris  ana  B .  û. 

Cordus  et  Fernelius,  itemqueNico- 
laus  dozent  les  simples  iusques  à  trois 
onces  chacun; 

Adipis  suilli  recentis  expertis  salis  ïb.  ij. 
Vini  boni  tt>.  j. 

Fiat  vnguentum. 

Les  fueilles  de  violes  et  œillets  de 
peuple  seront  pistés  en  vn  mortier  de 
marbre  auec  les  axonges,  puis  seront 


mis  en  vn  pot ,  et  laissés  l’espace  de 
deux  ou  trois  mois,  attendant  que  les 
autres  herbes  soient  en  leur  vigueur  : 
lesquelles  estans  cueillies,  seront  ha¬ 
chées  et  pistées  comme  les  susdites, 
puis  meslées  ensemble,  et  sera  le  tout 
mis  en  vn  lieu  tiede  l’espace  de  huit 
iours,  adioustant  vne  liure  de  vinai¬ 
gre  fort  :  cela  fait,  on  fera  le  tout 
cuire  iusques  à  la  consomption  do 
l’humidité,  qui  seconnoistra  lors  que 
l’on  en  iettera  vnpeu  dessus  le  feu,  et 
s’il  fait  bruit,  c’est  signe  qu’il  y  a  en¬ 
core  quelque  humidité  ;  laquelle  es¬ 
tant  consommée,  ledit  onguent  sera 
passé  par  vn  gros  linge,  en  exprimant 
bien  fort  le  marc  des  susdites  herbes. 

Vnguentum  apostolorum. 

Of.  Terebenthinæ,  ceræ  albæ,  resinæ  ana  5. 
xiiij. 

Opopanacis  et  floris  æris  (seu  viridis 
æris  :  car  flos  æris  ne  se  prend  pas  icy 
proprement  pour  ces  petits  grains,  qui 
comme  scintilles  saillent  de  l’airain,  lors 
que  les  mareschaux  l’abreuuent  d’eau  pour 
le  rafraîchir  ;  mais  il  se  prend  pour  le 
verd  de  gris,  qui  est  fort  propre  contre  les 
vlceres  malins  contre  lesquels  tout  cest 
onguent  est  préparé)  ana  3.  ij. 

Ammoniaci  3.  xiiij. 

Aristolochiæ  longæ,  thuris  mascut  ana 
3.vj. 

Myrrhæet  galbani  ana  3.  üj. 

Bdellij  3.  j.  '  g 

Lithargyri  dracta.  ix. 

Olei  ft.  ij. 

Fiat  vnguentum. 

La  litharge  doit  estre  nourrie  auec 
§ . ij.  d’huile,  l’espace  de  cinq  heures, 
en  après  cuitte  à  petit  feu  iusques  en 
forme  de  miel,  en  remuant  à  fin  qu’elle 
ne  se  brusle,  à  laquelle  estant  hors  du 
feu,  adiousterez  la  cire  fondue  auec 
le  reste  de  l’huile,  ensemble  la  résiné  : 
puis  le  tout  estant  refroidi,  mettrez 


DES  TMEDICAMENS. 


les  gommes  dissoutes  en  vinaigre,  et 
cuites  incorporées  auec  la  tereben- 
thine,  ou  bien  les  adiousterez  en  pou¬ 
dre  :  cela  fait,  les  poudres  d’aristolo¬ 
che,  myrrhe  et  encens  seront  incor¬ 
porées  :  et  par  ainsi  aurez  vostre  on¬ 
guent,  y  adioustant  sus  la  fin  floris 
œris  bien  subtilement  puluerisé. 

Encore  que  par  cy  deuant  la  des¬ 
cription  de  l’Egyptiac  soit  mise ,  ie  n’ay 
voulu  faillir  le  mettre  en  ce  lieu. 

'if.  Floris  ærls,  aluminis  rochæ,  mellis  cora- 
munis  ana  B  .  üj. 

Aceti  acerrimi  f .  v. 

Salis  communis  g  .  j. 

VitrioU  Romani  §  .  fi. 

Sublimati  pulueris.3.  ij. 

Bulliant  omnia  simul ,  et  fiat  vnguentum 
Yt  artis  est. 

l’ay  adiousté  le  sublimé  pour  luy  j 
donner  plus  de  force,  lequel  tu  pour¬ 
ras  diminuer  ou  oster  si  bon  te 
semble. 

p^nguentum  Comiiissœ. 

if.  Corticum  medianorum  castanearum,cor- 
ticum  medianorum  arborisglandium,  et 
glandium,  myrtillorum,  caudæ  equinæ, 
corticum  fabarum,  acinorum  vuarum, 
sorborum  siccorum  immaturorum,  mes- 
pillorum  immaturorum ,  radicura  che- 
Udoniæ.foliorum  prunorum.syluestrium 
ana  §  .  j.  fi  • 

Aquæ  plantaginis  &.  YÜj. 

Ceræ  nouæ  §  .  vüj.  fi. 

Olei  myrtillorum  Ib,  ij.  fi. 

En  après  te  faut  espandre  dru  et 
menu  la  poudre  des  choses  qui  s’en- 
suiuent. 

if.  Pulueris  corticis  mediani  castanearum, 
corlicis  mediani  glandium,  corticum 
medianorum  arboris  glandium,  id  est 
quercus,  gallarum  ana  § .  j. 

Glncris  ossium  cruris  bouis,  myrtillo- 


567 

rum,  acinorum  vuarum,  sorborum  sic¬ 
corum  ana  § .  fi . 

Trochiscorum  de  carabe  B .  IJ. 

Fiat  vnguentüm. 

Premièrement  vous  ferez  vne  dé¬ 
coction  en  l’eau  de  plantain ,  des 
simples  concassés  qui  s’ensuiuent, 
comme  cortex  medianus  arboris  quer- 
cini,  acini  vuarum,  radix  chelidoniœ^ 
mespilla,  sorba,  cauda  equina,  semen 
myrtillorum ,  pruni  syluestris  folia , 
cortices  fabarum ,  cortices  mediani 
glandium ,  castanearum  cortices  ,  et 
gaïlœ  :  lesquels  simples  estans  bien 
cuits  ,  seront  laissés  en  infusion 
l’espace  de  deux  heures ,  et  ladite 
décoction  sera  passée  et  séparée  en 
neuf  portions,  et  auec  vne  des  susdites 
portions  la  cire  estant  fondue  auec 
l’huile  de  myrtils  ,  sera  lauée  ,  en 
continuant  telle  ablution  sept  fois  : 
cela  fait ,  et  l’ayant  bien  esgouttée , 
de  sorte  qu’il  ne  reste  aucune  goutte 
de  la  décoction,  auec  la  cire  et  l’huile 
la  ferez  fondre ,  adioustant  les  pou¬ 
dres  qui  s’ensuiuent,  comme  ossium 
cruris  bouis,  corticum  mediurum  ar^ 
boris  quercini,  et  mediorum  corticum 
glandium,  corticum  mediorum  casta¬ 
nearum,  gallarum,  sorborum.,  mtspil- 
lorum,  seminum  myrtillorum,  acino¬ 
rum  vuarum,  et  sus  la  fin  trochiscos 
de  carabe  :  et  par  ainsi  aurez  vostre 
onguent  fait  selon  l’art. 

Vuguentum  pro  stomacho. 
if.  Olei  absinthij,  mastichis,  de  spica  et  ro- 
sati  ana  § .  fi . 

Pul.  absinthij,  rosar.  maioranæ,  men- 
thæ  ana  3.  j. 

Garyophyllorum,  cinnamomi,  mastichis, 
galangæanaS.j. 

Puluerisentur  puluerisanda,  et  cum  sufli- 
cienti  quantitate  ceræ  fiat  vnguentum 
molle,  de  quo  vnguatur  stomachus  ca- 
lidè  per  boram  ante  pastum,  conti- 
nuando. 


668  LE  VIJSGT-CINQVIIÎME  LIVRE 


Nous  vsons  des  onguens  à  fln  qu’ils 
demeurent  et  s’arrestent  en  la  super¬ 
ficie,  sans  couler,  et  aussi  à  fin  qu’ils 
ne  pénétrent  trop  au  dedans  :  pour 
ceste  raison  ils  sont  moyens  entre  les 
linimens  et  emplastres  :  et  bien  sou- 
uentnous  prenons  onguens  pour  lini¬ 
mens,  vsans  indifféremment  de  l’vn 
et  de  l’autre 

Vnguent  de  hednis  escril  par  Galien,  propre 
aux  morsures  des  testes  enragées ,  et  à  tou¬ 
tes  morsures,  soit  d’hommes  ou  autres  ani¬ 
maux  ;  aussi  aux  ragadies  du  fondement  ; 
on  en  fait  pareillement  des  pessaires  remol- 
lilifs 

"îf.  Ceræ  albæ  tt  .  ij. 

Cerussæ,  lithargyri  aurai  ana  a.  j. 
Myrrhæ  et  medullæ  cerui  ana  S .  ij. 
Thur.  § .  j. 

Olei  a.  fi. 

La  maniéré  de  le  faire  est  telle  :  il 
faut  cuire  la  litharge  auec  l’huile 
iusques  à  bonne  consistence,  cela  fait 
il  faut  ietter  la  cire  et  ceruse  ,  et  les 
mouuoir  ;  et  lors  qu’ils  seront  vnis, 
et  n’adhereront  point  aux  doigts,  os- 
tez  les  du  feu,  et  y  mettez  la  moelle  : 
puis  quand  il  seront  refroidis,  on  y 
adioustera  la  myrrhe  et  le  thus  sub¬ 
tilement  puluerisés  :  et  sera  gardé  tel 
onguent  pour  en  vser  aux  dispositions 
susdites. 

Autre  médicament  de  Galien  propre  aux  mor¬ 
sures  des  chiens  enragés,  et  aux  piqueures 
des  nerfs  et  tendons  ;  il  prohibe  que  telles 
plages  ne  se  peuuent  glutiner  ny  cicatriser. 
Il  se  fait  ainsi  ^  : 

Prenez  vne  liure  de  poix  grasse,  trois  onces 

<  Ici  s’arrêtait  le  chapitre  en  1575  j  le  reste 
est  de  1579. 

1.  delà  Composition  des  medicamens 
en  general, —  A.  P. 

i  Liu.  3.  de  la  Composition  des  medicamens 
en  general.  —  A._P. 


d’opopanax,  cuits  en  fort  vinaigre,  huile 
de  lis,  axonge  de  porc  fort  vieille  :  et 
soit  fait  onguent. 

Il  dit  que  l’huile  de  moustarde  est 
si  acre,  que  la  mettant  sur  les  playes 
recentement  fermées,  qu’elle  a  vertu 
les  faire  ouurir  :  et  partant  elle  est 
bonne  ausdites  playes  faites  des  bestes 
estranges,  et  aux  ponctions  des  nerfs 
et  tendons. 


CHAPITRE  XXVII. 

DES  CERO VENUES  ET  EMPLASTRES. 

Les  ceroüennes  et  emplastres  ont 
si  grande  affinité  en  leur  composition, 
que  souuentesfois  on  escrit  l’vn  pour 
l’autre,  tout  ainsi  que  les  linimens  et 
onguens ,  lesquels  on  confond  quel- 
quesfois  l’vn  auec  l’autre  :  à  ceste 
cause  nous  distinguerons  bien  peu  les 
ceroüennes  des  emplastres,  car  la 
différence  est  bien  petite. 

Ceroüenne  est  une  composition  plus 
dure  et  solide  que  les  onguens  ,  et 
plus  molle  que  les  emplastres,  la¬ 
quelle  a  son  nom  de  la  cire  qu’elle  y 
reçoit  pour  donner  consistence  et 
arrester  l’huile.  Les  différences  sont 
prises  aucunesfois  des  parties  où  elles 
sont  appliquées ,  comme  ceratum  sto- 
macMcum  :  autresfois  de  leurs  effets , 
comme  ceratum  refrigerans  Galeni: 
souuentesfois  des  simples  desquels 
ils  sont  composés ,  comme  ceratum 
santalinum ,  et  ainsi  des  autres. 

La  propre  matière  des  ceroüennes 
est  la  cire  neufue ,  et  les  huiles  ac¬ 
commodées  aux  parties  et  maladies  ; 
de  sorte  que  linimens  et  onguens  ne 
different  aucunement  desceroüennes, 
s’ils  reçoiuent  de  la  cire  en  leur  com- 


DES  MEDICAMENS. 


position  î  comme  mguentum  rosa- 
ceum ,  s’il  reçoit  de  la  cire ,  sera  ap- 
pellé  ceroüenne,  non  onguent.  Les 
ceroüennes  qui  sont  composés  de  ré¬ 
sinés  ,  gommes,  et  métaux ,  sont  plus- 
tost  appellés  emplastres  que  ceroüen¬ 
nes  ,  comme  le  ceroüenne  pour  la 
hergne,  communément  appelé  Em- 
plastrum  contra  mptMram.D’auantage 
souuentesfois  s’il  y  a  douleur  ou  in¬ 
flammation  en  vne  partie ,  nous  fai¬ 
sons  ceroüennes  des  emplastres  liqué¬ 
fiés  enhuile,  de  peur  que  la  substance 
trop  solide  ,  dure  et  pesante  de  l’em- 
plastre  ne  blesse  la  partie  dolente 
par  sa  granité,  et  n’augmente  l’in¬ 
flammation  ,  empeschant  la  perspira¬ 
tion  d’icelle  par  sa  solidité.  Et  pour- 
tantdelaissantlamaniere  de  composer 
lesdits  ceroüennes,  dirons  des  emplas¬ 
tres. 

Emplastre  est  vne  composition  faite 
de  toute  sorte  de  medicamens,  princi¬ 
palement  gras  et  secs,  assemblés  et 
amassés  en  vn  corps  espais  et  vis¬ 
queux  ,  dur  et  solide  ,  adhérant  aux 
doigts.  Les  différences  des  emplastres 
sont  autant  manifestes  que  celles  des 
onguens.  Qu’il  soit  vray,  elles  sont 
prises  bien  souuent  d’vn  principal 
médicament  qui  entre  en  la  composi¬ 
tion  ,  comme  diachylon ,  de  meliloto , 
de  baccis  lauri ,  diachalciteos  siue  pal- 
meum ,  de  betonica  siue  de  ianua,  Au- 
cunesfois  de  leurs  effets,  comme  iiui- 
num ,  gratia  dei ,  apostolicon  ,  contra 
rupturam.  Quelquefois  aussi  de  la 
couleur,  comme  emplastrum  nigrum , 
griseum,  et  autres  telles  différences  , 
lesquelles  connoistras  à  leur  nom 
commun  et  vulgaire. 

La  matière  des  emplastres  est  prise 
des  parties  des  plantes ,  des  métalli¬ 
ques  et  corps  terrestres  principale¬ 
ment  ,  et  des  parties  des  bestes  :  des¬ 
quels  les  vus  laissent  seulement  leurs 


569 

vertus ,  comme  le  vin ,  vinaigre,  eau, 
et  tous  jus  liquides  des  herbes  :  les  au¬ 
tres  seruent  principalement  pour  don¬ 
ner  consistence  ferme  aux  emplastres, 
comme  la  litharge  (laquelle  selon  Ga¬ 
lien  est  la  principale  matière  à  faire 
emplastres  ‘  )  la  cire ,  l’huile  et  les 
résinés.  Les  autres  sont  mis  aux  em¬ 
plastres,  non  seulement  pour  seruir 
de  matière ,  mais  aussi  pour  donner 
leurs  vertus  et  effets,  comme  les  gom¬ 
mes  ,  quelques  métalliques ,  parties 
des  bestes,  et  résinés,  comme  la  tere- 
benthine  pour  digerer,  mondifier  et 
desseicher. 

Or  des  emplastres  aucuns  sont  faits 
sans  coction ,  les  autres  auec  coction. 
Ceux  qui  sont  faits  sans  feu,  inconti¬ 
nent  sontdesseichés,  etne  sont  aucune¬ 
ment  visqueux.  Ils  sont  faits  defarine  et 
poudre  meslées  et  incorporées  auec 
jus,  ou  autre  chose  humide.  Tels  em¬ 
plastres  doiuent  plustost  estre  appelés 
onguens  durs  ou  cataplasmes,  qu’ em¬ 
plastres.  Qu’ainsi  soit,  par  décoction 
sont  faits  les  vrais  emplastres,  laquelle 
est  aux  vnsplus  longue,  aux  autres 
plusbriefue,  selon  quelesingrediens 
la  peuuent  endurer  de  leur  nature  et 
substance  :  parquoy  il  est  fort  vtile 
connoistre  ceux  qui  portent  grande 
décoction  ou  petite. 

Donc  la  méthode  et  moyen  de  bien 
faire  les  emplastres ,  c’est  que  les  ra¬ 
cines  ,  bois ,  fueilles ,  tiges ,  fleurs , 
semences  seiches  et  puluerisées ,  sont 
mises  presque  toutes  les  dernieres , 
lors  que  l’eraplastre  est  quasi  cuit,  ou 
qu’il  est  ja  hors  du  feu,  ou  autrement 
leur  vertu  s’euaporeroit.  Toutesfois 
si  quelques  vues  de  ces  choses  en¬ 
trent  en  la  composition  lors  qu’elles 
sont  fraisches  et  encore  verdes,ouil 

1  Aux  Hures  de  la  Composition  des  medi- 
camem  en  particulier.  —  A.  P. 


LE  VINGT-CINQVllÉME  LIVRE 


570 

les  faudra  faire  cuire  en  quelque 
liqueur ,  puis  les  passer  et  mesler 
auecques  le  reste ,  ou  bien  si  elles  ont 
du  suc  ,  on  le  tire  après  les  auoir  pi¬ 
lées  :  et  se  sert-on  de  ce  suc  pour 
cuire  les  autres  choses ,  et  les  fait-on 
du  tout  consommer,  n’y  laissant  rien 
que  sa  vertu  et  faculté ,  comme  l’on 
peut  voir  en  l’emplastre  de  ianua  ou 
betonica  ,  et  gratia  dei  :  ce  qu’on 
obserue  aussi  és  mucilages  :  vray  est 
qu'à  cause  de  leur  viscosité ,  ils  ne  se 
consomment  pas  tant  que  les  sucs. 
Quant  au  miel  et  huile,  il  en  demeure 
encore  beaucoup  ,  encore  que  l’em- 
plastre  soit  parfait.  Et  quant  aux  sucs 
solides  et  endurcis  ,  comme  l’aloés  , 
l’hypocistis,  l’acacia,  et  autres  sem¬ 
blables,  si  quelqu’vn  entre  en  la  com¬ 
position  de  l’emplastre ,  et  s’il  est 
encores  recent  et  frais ,  il  le  faudra 
seulement  dissoudre  et  destremper  en 
quelque  liqueur  propre  en  nostre 
intention ,  lequel  neantmoins  il  fau¬ 
dra  faire  consommer  à  force  de  cuire, 
auant  que  le  mesler  en  la  composi¬ 
tion  ;  ou  bien  faire  cuire  toute  la  comr 
position  iusques  à  la  consomption 
de  l’humidité  des  sucs. 

Les  gommes ,  comme  galhanum , 
opopanax ,  sagapenum ,  ammonia- 
cum,  et  autres,  se  doiuent  dissoudre 
en  vin ,  vinaigre ,  eau  de  vie ,  ou  au¬ 
tre  liqueur  :  puis  doiuent  estre  cou¬ 
lées  et  cuites  iusques  à  la  consomp¬ 
tion  desdites  liqueurs  et  consistence 
emplastique,  et  seront  mises  aux  em- 
plastres  ja  du  tout  cuittes.  Et  est  à 
noter ,  que  pour  bien  auoir  la  quan¬ 
tité  et  poids  des  gommes  ,  il  les  faut 
premièrement  dissoudre  et  couler,  et 
les  faire  cuire,  à  cause  des  petits  es- 
clats  de  bois  et  autres  ordures  qui  s’y 
trouuent  le  plus  souuent.  D’auantage, 
le  Chirurgien  doit  auoir  esgard  en 
quelle  liqueur  il  les  fait  dissoudre  : 


car  le  vinaigre  fait  de  bon  vin  fort  et 
puissant,  est  de  trop  plus  grande  ver¬ 
tu  pour  subtilier  et  penetrer,  que 
celuy  qui  est  fait  de  petit  vin ,  brusc , 
rude,  etaspre. 

Les  autres  gommes  qui  sont  plus 
seiches  sont  mises  en  poudre,  et 
meslées  à  la  fin  des  emplastres  :  les 
métalliques,  comme  œs  vstum,  chalci- 
tis,  magnes^  holus  armenus,  sulphur, 
mri  pigmentum^  et  les  autres  qui  se 
peuuent  pulueriser, doiuent  estre  mis 
à  la  fin,  si  d’auenture  on  ne  veut  ob- 
tondre  et  refrener  leur  trop  grande 
force  par  longue  décoction.  Ainsi  est 
fait  des  résinés,  de  la  poix,  de  latere- 
benthine  ,  laquelle  doit  estre  mise 
après  la  cire ,  sans  sentir  aucune  coc- 
tion,  ou  bien  petite  ;  les  graisses  sont 
meslées  sur  le  feu.  La  litharge  auec 
l’huile  doit  estre  cuitte  à  consistence, 
si  l’on  veut  que  l’emplastre  desseiche 
sans  mordication.  La  cerusse  pourra 
bien  endurer  tant  longue  decotion  , 
mais  elle  ne  rendra  l’emplastre  blanc: 
tout  ne  plus  ne  moins  que  la  litharge 
d’argent  ne  donne  tant  belle  couleur 
aux  emplastres  que  la  litharge  d’or. 
Finablement  tel  ordre  garderas  en  la 
décoction  des  emplastres.  La  litharge 
sera  cuitte  à  consistence,  les  jus  ou 
mucilages  ja  consumés  :  puis  on  y 
adioustera  les  graisses ,  en  après  les 
résinés  seiches ,  les  gommes,  la  cire  , 
la  terebenthine,  et  à  la  fin  les  pou¬ 
dres. 

La  parfaite  coction  des  emplastres 
est  conneuë  par  la  consistance  crasse, 
dure,  glutineuse  et  adhérante.  Ce  qui 
est  euident,  quand  en  prenant  quel¬ 
que  portion  de  l’emplastre  ,  icelle 
refroidie ,  soit  par  l’air  ou  eau  froide, 
ou  marbre ,  elle  ne  vient  à  adhérer 
aux  doigts  :  d’auantage,  quand  tout 
est  bien  meslé,  et  la  paste  et  l’emplas- 
1  tre  est  bonne  et  bien  amassée,  difficile 


DES  MEDICAMENS. 


à  rompre  et  mettre  en  morceaux,  i 
La  quantité  des  medicamens  que  l’on  j 
veut  mesler  pour  faire  emplastre  ne  se 
peut  descrire,  ains  est  estimée  par  vne 
coniecture  artificieuse ,  ayant  esgard 
aux  medicamens  qui  donnent  consis- 
tence  et  glutinosité  :  puis  à  la  coction 
parfaite  on  connoist  si  l’ emplastre  est 
trop  mol  ou  trop  dur.  La  cire  n’entre 
point  aux  emplastres  esquels  il  y  a  du 
ladanum ,  car  il  sert  de  cire.  D’auan- 
tage ,  si  la  composition  d’vn  emplas¬ 
tre  reçoit  quelques  medicamens  em- 
plastiques,  la  cire  sera  diminuée  :  au 
contraire ,  si  les  autres  sont  tous  li¬ 
quides  ,  l’on  augmentera  la  cire  en 
telle  quantité  qu’elle  puisse  donner 
consistence  emplastique.  Le  temps 
aussi  et  l’air  varient  la  quantité  de  la 
cire ,  et  pourtant  sera  bon  laisser  la 
quantité  de  la  cire  au  iugement  de  l’o  - 
perateur ,  escriuant  seulement ,  cerœ 
qmntum  sufficit.  Des  onguens  on 
peut  faire  emplastres,  eny  adioustant 
ou  cire  ou  résinés  seiches ,  ou  autre 
chose  dure  et  solide.  Aucuns  veulent 
que  pour  vne  poignée  des  medicamens 
grossement  puluerisés,  on  y  mette 
vne  once  ou  once  et  demie  d’huile  , 
ou  autre  liqueur  :  mais  de  cecy  ne 
s’en  peut  donner  precepte  certain, 
ains  tout  gist  en  l’examen  et  considé¬ 
ration  des  emplastres  ja  composés  des 
anciens ,  esquels  se  faut  diligemment 
exercer,  pour  bien  entendre  la  ma¬ 
niéré  d’ordonner  emplastres.  A  ceste 
raison  nous  descrirons  les  plus  com¬ 
muns. 

Emplast,  de  Vigo  cura  Mercuno. 

Olei  chamæmeli,  anethi,  de  spica,  lilio- 
rum  ana  5.  ij. 

Olel  de  croco  § .  j. 

Pinguedinis  porcinæ  ïb.J. 

Pinguedinis  vitulinæ  C. 

Euphorbij  J5.  v. 


571 

Thuris  3,  X. 

Olei  laurini  g.  j.  fi. 

Ranas  viuentes  n.  vj. 

Pinguedinis  viperæ  3.  ij  fi. 

Lumbricorum  lotorum  in  vino  § .  üj.  li . 

Succi  ebuli,  enulæ  ana  § .  ij. 

Schœnanti ,  stœcados ,  matricariæ  ana 
m,  ij. 

Vini  odoriferi  îb.  ij. 

Lithargyrl  auri  tt.  j. 

Terébenlbinæ  claræ  §  .  ij. 

Styracis  liquidæ  fi. 

Argenti  viui  extincti. 

Fiat  emplastrum. 

Pour  chacune  liure  d’ingrediens  , 
on  y  met  iiij.  § .  de  vif-argent,  et  sou- 
uent  l’on  le  multiplie ,  pour  estre  la¬ 
dite  emplastre  de  plus  grand  effet. 
Les  vers  doiuent  estre  laués  auec  eau 
de  fontaine,  puis  auec  vn  peu  de  vin, 
à  fin  de  leur  ester  toute  la  terre  qu’ils 
pourroient  auoir  :  estant  ainsi  laués , 
on  les  fera  tremper  au  vin  qui  entre 
en  ceste  composition ,  et  les  grenoüil- 
les  toutes  viues  seront  adioustées ,  et 
le  tout  boüilli  ensemble  iusques  à 
la  consomption  de  la  tierce  partie  : 
puis  sera  mise  l’herbe  appelée  matri- 
caria  incisée,  aussi  leschœnanthecon- 
lus,  et  le  stœchas,  et  de  rechef  on  fera 
cuire  le  tout  iusqües  à  la  consomption 
d’vne  liure.  Telle  décoction  sera  cuitte 
à  perfection,  et  qu’elle  soit  claire  :  puis 
sera  laissée  refroidir ,  puis  coulée  et 
gardée,  attendant  que  la  litharge  aye 
esté  nourrie  l’espace  de  xij.  heures 
auec  huile  de  camomille,  aneth.delis, 
de  saffran ,  ensemble  les  axonges  de 
porc ,  de  veau,  et  de  vipere  (  en  lieu 
de  l’axonge  de  vipere ,  on  prendra  de 
l’axonge  humaine),  laquelle  litharge 
ayant  esté  nourrie  ,  sera  cuitte  bien 
lentement  :  [puis  esterez  le  tout  du 
feu,  et  adiousterez  vn  quarteron  de  la 
susdite  décoction  :  en  après  sera  mise 
sus  le  feu ,  à  fin  que  l’humidité  en  soit 


OIÜ  LE  VINGT-CINQVI^ME  LIVRE, 


eonsommée ,  et  continuerez  iusques 
à  ce  qu’ayez  mis  toute  la  décoction  : 
et  notez  qu’vne  partie  de  l’huile  d’as¬ 
pic  sera  gardée  pour  mettre  à  la  fin 
de  ladite  décoction ,  à  fln  que  l’em- 
plastre  aye  meilleure  odeur.  Cela 
fait ,  lors  adiousterez  succos  ehuli  et 
enulœ  campanœ ,  faisant  le  tout  cuire 
iusques  à  leur  consomption  :  puis 
l’ayant  osté  hors  du  feu  adiousterez 
le  thus ,  euphorhium ,  et  de  la  cire 
blanche  tant  qu’il  en  sera  besoin , 
puis  mettrez  l’argent  \if  esteint  auec 
la  terebenthine ,  et  huile  d’amandes 
ameres ,  et  le  styrax ,  l’huile  laurin  et 
de  spica ,  en  remuant  tout  iusques  à 
ce  qu’il  soit  froid  :  puis  en  ferez  mag- 
daleons.  Le  vif-argent  sera  incorporé, 
esteint ,  comme  dit  est ,  auec  l’em- 
plastre,  sur  le  marbre  auec  les  mains. 

Annotation  au  ieune  chirurgien, 
que  tous  les  onguens  ausquels  entre 
du  vif-argent,  on  le  doit  esteindre 
auec  vn  peu  d’axonge  ou  huile  vis¬ 
queuse,  comme  de  lin  ou  tereben¬ 
thine  ,  puis  après  l’incorporer  auec  le 
médicament ,  estant  presque  du  tout 
refroidi  :  autrement  il  s’euaporeroiten 
fumée,  ou  se  reüniroit  en  corps 
comme  deuant  qu’il  fust  esteint  ;  la¬ 
quelle  chose  est  bien  à  noter  princi¬ 
palement,  comme  à  l’emplastre  de 
de  Vigo  et  autres  *. 

Ceratum  cesypi  ex  Philagrio. 

"if-.  Croci  3.  ij.  fi . 

Bdellij,  masti.  ammoniaci,  aloes,  styrac. 

liquidæ  ana  § .  fi . 

Ceræ  albæ  Ib.  fi. 

Terebent.  3.vj. 

Medullæ  cruris  vaccæ,  adipis  anseris  ana 

§.j. 

OEsypi,  vel  axung.  gall.  si  desit  § .  ix. 

Olei  nard,  quantum  salis  ad  magdaleones 

formandos. 


Expressionis  scillæ  5  •  • 

Olibani  g.  fi. 

Sepi  vitulini  §.  j. 

Vœsipus,  sepum,  adeps  et  medulla 
auec  la  cire ,  seront  fondus  ensemble  : 
et  estant  le  tout  refroidi ,  adioustere* 
l’ammoniac  dissout  en  vne  demie 
once  d’vne  décoction  faite  de  fœnu- 
grec  et  de  camomille ,  et  en  vne  once 
et  demie  de  suc  de  scille,  faisant  con¬ 
sommer  l’humidité  :  puis  mettrez, ;le 
styrax  et  terebenthine ,  et  remuant 
tousiours ,  lors  adiousterez  le  bdel- 
lium ,  origan ,  mastic ,  aloé,  mis  en 
poudre  :  le  tout  estant  bien  incorporé 
auec  huile  de  nardinum,  en  formerez 
magdaleons. 

Emplastrum  de  gralia  dei. 

Of.  Tereben.  a.  fi. 

Resinæ  ft.  j. 

Ceræ  albæ  §.  iiij. 

Mast.  f .j. 

Fol.  verb.  bet.  pimpin.ana  m.  j. 

Les  herbes  verdes,  et  principale¬ 
ment  leurs  sommités ,  seront  hachées 
et  broyées  en  vn  mortier  de  marbre , 
puis  seront  cuittes  en  bon  vin  rouge 
et  odoriférant ,  iusques  à  la  consomp¬ 
tion  de  la  tierce  partie ,  et  en  la  cola- 
ture  adiousterez  votre  cire  taillée  en 
petits  morceaux  pour  la  faire  fondre  : 
et  l’humidité  consommée ,  mettrez  la 
résiné,  et  le  tout  estant  réfrigéré, 
adiousterez  le  mastic  bien  puluerisé, 
le  malaxant  entre  vos  mains  pour  le 
mieux  incorporer. 

Emplasi.  de  ianm,  seu  de  betonica. 

%.  Succi  béton,  plantag.  apij  ana  Ib.  j. 

Ceræ, picis, resinæ,  terebenth.ana  ib.  fi 
Fiat  emplast. 


‘  Cette  annotation  a  été  ajoutée  en  1578. 


Les  sucs  seront  mis  auec  la  cire 


DES  MEDICAMENS. 


pour  la  liquéfier  et  fondre ,  lesquels 
seront  consommés  iusques  à  la  con¬ 
somption  de  trois  parties,  puis  adious- 
terez  la  résiné , poix,  lesquels  estans 
fondus  seront  passés  tous  chauds, 
adioustant  puis  après  la  terebenthine, 
après  en  seront  faits  magdaleons. 

Emplaslr.  oxycroceum. 

Croci,  picis  communis  {ouplustosi  naua- 
lis,  laquelle  à  la  vérité  semble  plus  propre 
en  ce  cas,  de  tant  que  tel  onguent  est  pré¬ 
paré  pour  amollir,  discuter  et  euoquer  la 
douleur  des  iointures  )  coloph.  ceræ  ana 

Terebenth.  galb.  amraon.  thuris,  rayr- 
rhæ,  mastic,  ana  3.  v.  fi . 

‘  Vous  ferez  lentement  fondre  la  cire, 
adioustant  la  poix  et  colophane, 
puis  mettrez  vos  gommes  dissoutes 
comme  il  appartient ,  et  meslées  auec 
la  terebenthine  :  et  le  tout  estant  osté 
du  feu ,  mettrez  le  thus  et  la  myrrhe 
l’vn  après  l’autre ,  et  sus  la  fin  le  saf- 
fran  bien  puluerisé  :  puis  en  formerez 
magdaleons  auec  huile  de  vers. 

Emplastrum  de  cerussa. 

"if.  Olei  communis  ib.  ij. 

Cerussæ  subliiiss.  îb.j. 

Si  tu  veux  faire  ton  emplastre  plus 
blanche ,  ne  faut  mettre  que  § .  ix. 
d’huile.  Vous  ferez  cuire  votre  em¬ 
plastre  petit  à  petit ,  mettant  tout  en¬ 
semble  ,  en  remuant  iusques  à  ce  qu’il  j 
aye  consistence  d’emplastre. 

Emplastrum  triapharmacum  ou  nigrum. 

If,  Litharg.  triti,  aceti  fortissimi  ana  a.  fi . 

Olei  antiqui  ib.  j. 

Fiat  emplastrum. 

Lalitharge  sera  nourrie  auec  l’huile 
l’espace  de  ix.  heures,  la  faisant  cuire 
à  petit  feu,  iusques  à  ce  qu’il  soit.es' 


573 

pais, puis  adiousterez  vostre  vinaigre 
petit  à  petit ,  vous  donnant  de  garde 
qu’il  ne  se  brusle ,  et  ferez  tout  boüil- 
lir  iusques  à  la  consomption  d’iceluy 
vinaigre.  Icelle  emplastre  est  dite 
triapharmacum,  à  raison  qu’elle  est 
composée  de  trois  simples. 

Emplastrum  palmeum  siue  diachalciteos. 

Olei  veteris  ib.  iij. 

Axungiæ  veteris  sine  sale  ïb.  ij. 

Lithargyri  triti  Ib.iij. 

Vitrioli  f .  iiij. 

L’huile  et  la  litharge  seront  mises 
ensemble, à  fin  de  la  nourrir,  l’espace 
de  xij\  heures,  puis  sera  cuitte  ayant 
quelque  consistence ,  adioustant  l’a- 
xonge  ;  et  faut  tousiours  remuer  auec 
vue  spatule  de  palme ,  ou  en  lieu  d’i¬ 
celle  auec  vne  racine  de  canne  ou 
baston  de  saulx  ;  et  estant  cuitte  à 
perfection ,  et  ostée  du  feu ,  adiouste¬ 
rez  votre  vitriol  bien  puluerisé. 

Emplastrum  contra  rupturam. 

Of.  Picis  naualis,  aloës  ana  § .  üj. 

Lithargyri,  ceræ,  colophoniæ,  galbani, 
ammoniaci  ana  § .  ij. 

Visci  quercini  § .  vj. 

Gypsi  vsti,  vtriusque  aristolochiæ  ana 
f .  iiij. 

Myrrhæ,  thuris  ana  § .  vj. 

Terebenthinæ  § .  ij.  ■ 

Pulueris  vermium  terrestrium,  gallarum 
vtriusque  consolidæ,  boli  armeniæ  ana 
B  .iiij. 

Sanguinis  humani  1b.  j. 

Fiat  emplastrum. 

Lequel  si  vous  voulez  faire  de  bonne 
consistence ,  adiousterez  olei  myrtil- 
lorum,  vel  mastiches  ib.  fi., sinon  que 
tel  après  sa  composition  sera  d’vne 
mauuaise  paste.  Le  moyen  de  bien 
faire  cest  emplastre  est  tel. 

I  Prenez  vne  peau  entière  d’vn  be- 


LE  VINGT-CINQVIlîME  LIVRE 


674 

lier,  laquelle  couperez  en  petits  mor¬ 
ceaux  ,  et  sera  cuitte  en  cent  liures 
d’eau  et  vinaigre ,  iusques  à  ce  qu’elle 
soit  rendue  comme  vne  colle  ou  ge¬ 
lée  :  en  laquelle  dissouldrez  vîscus 
quercinum,  adioustant  la  cire,  taillée 
en  petites  pièces ,  ensemble  la  poix 
rompue  en  petits  morceaux  :  et  si 
voulez  adiouster  de  l’huile,  le  fe¬ 
rez  :  puis  adiousterez  le  galbanum , 
ammoniac  dissout  en  vinaigre ,  puis 
meslés  auecques  la  terebenthine  :  en 
après  seront  incorporés  la  litharge , 
gypsum,  le  bol,  l’aristoloche  et  la 
consoulde ,  les  vers  et  le  sang ,  et  sus 
la  fin  la  myrrhe,  le  thus,  colophone, 
et  l’aloés ,  sans  faire  aucune  interposi¬ 
tion  de  remuer  :  puis  à  fin  que  le  tout 
soit  mieux  incorporé,  on  battra  long 
temps  l’emplastre  en  vn  mortier,  auec 
vn  pilon  chaud. 

Emplast.  de  mucaginibus, 

Mucag.  seminis  Uni  radicum  althææ,  fœ- 
nugræci  et  mediani  corticis  vlmi  ana 
O  • iiij. 

Olei  liliacei ,  camoraelini ,  anethini  ana 
S-i-  fi. 

Ammoniaci,  opopanacis,  sagapeni  ana 

fi. 

Croci  5.  ij. 

Cerænouæ  ïb.  j.  §.  vüj. 

Terebenthinæ  § .  ij. 

Fiat  emplastrum. 

Fernel  ne  dose  la  cire  que  iusques  à 
XX.  drachmes ,  voulant  au  reste  la 
dose  des  autres  ingrediens  estre  sem¬ 
blable  à  celle  qui  est  icy  ordonnée. 
Les  mucilages  et  la  cire  coupée  en 
petits  morceaux,  seront  mises  auec 
les  huiles ,  et  seront  consommées  en 
remuant  auec  vne  spatule  de  bois  : 
puis  seront  adioustées  les  gommes 
dissoutes  et  meslées  auec  la  tere¬ 
benthine,  puis  après  mettrez  le  saflran 
bien  puluerisé. 


Emplast.  de  minio. 

"if.  Olei  rosati ,  myrt.  vnguenti  popul.  ana 
g.üij. 

Pingued.  gall.  5 .  iJ. 

Sepi  castrati,  sepi  vaccini  ana  § .  vj. 
Pingued.  porcinæ  § .  x. 

Cerussæ  ^ .  iiij. 

Minij.  g.iij. 

Terebent.  5 .  iiij. 

Ceræ  quant,  salis  si  opus  fuevit. 

Fiat  emplastrum  vel  ceratum  molle. 

La  litharge,  ceruse,  et  minium 
chacun  à  part,  seront  réduits  en 
poudre  sur  le  marbre,  les  arrousant 
d’vn  peu  d’eau  rose ,  à  fin  que  le  plus 
subtil  ne  s’euapore  :  puis  seront  in¬ 
corporés  auec  l’huile  rosat ,  myrtil , 
les  mettant  sus  le  petit  feu ,  iusques  à 
ce  qu’ils  ayent  acquis  la  consistence 
de  miel.Cela  fait,  adiousterez  les  axon- 
ges,  et  la  ferez  cuire  iusques  à  ce 
qu’elle  deuienne  noire  :  lors  subit 
mettrez  le  sepum  castratum  et  vac- 
cinum.,  lesquels  estans  fondus,  este¬ 
rez  le  tout  du  feu ,  adioustant  Vvn- 
guentum  populeonis,  et  s’il  y  a  besoin 
de  cire  en  adiousterez ,  puis  formerez 
vos  magdaleons. 

Diachylon  magnum. 

Lithargyri  puri  et  puluerisati  § .  xij.  \ 
Olei  irini,  aneth.  chamæmelini  ana  § . 
vüj, 

Mucilaginis  seminis  lini,  fœnugræci  et 
radicis  althææ ,  et  ficuum  pinguium  et 
vuarum  passarum,  succi  ireos  etscillæ, 
œsypi,  ichthyocollæ  ana  3.  xij  fi. 
Terebenlh.  §.  üj. 

Resinæ  pini,  ceræflauæ  ana  § ,  ij. 

Fiat  emplastrum. 

^  La  litharge  doit  estre  nourrie  auec 
Ihuile  auant  que  la  mettre  sur  le 
feu,  puis  estre  cuitte  à  petit  feu ,  ius¬ 
ques  à  ce  qu’elle  deuienne  espaisse  : 
après  faut  mettre  petit  à  petit  les  mu- 


DES  MEDICAMENS. 


cilages  iiisques  à  la  consomption  : 
après  les  jus  de  scille  et  iris  soyent 
meslés  auec  ledit  emplastre ,  aussi  le 
mucilage  de  iclithyocolla  :  et  iceux 
estans  consumés,  faut  faire  fondre 
la  cire  et  la  résiné ,  et  hors  le  feu  soit 
mise  la  terebenthine  et  œsypus. 

L’vsage  des  emplastres  est  à  fin 
que  plus  de  temps  ils  puissent  demeu¬ 
rer  sur  les  parties  où  ils  sont  appliqués, 
et  que  leur  vertu  ne  puisse  si  tost  ex¬ 
haler,  ioint  aussi  que  l’on  les  peut 
garder  long  temps. 


CHAPITRE  XXVIII. 

DES  CATAPLASMES  ET  PVLTES. 

Les  cataplasmes  ont  grande  simili¬ 
tude  auec  les  emplastres  dits  impro¬ 
prement,  à  cause  qu’ils  peuuentestre 
estendus  sur  linges  ou  estoupes ,  et 
adhérer  aux  parties  comme  emplas¬ 
tres  :  ils  sont  faits  de  racines,  fueilles, 
fruits,  fleurs,  semences  des  herbes, 
jus  d’icelles,  huiles,  axonges,  moel¬ 
les,  farines,  résinés  :  desquels  les  vns 
sont  cuits ,  les  autres  cruds.  Ceux  qui 
sont  cuits ,  sont  faits  desdites  herbes 
cuittes  à  pourriture,  puis  passées  par 
vn  sasset ,  en  y  adioustant  de  l’huile 
ou  axonge.  Les  cruds  sont  faits  des 
herbes  pilées,  ou  jus  d’icelles,  meslées 
auec  huile ,  farine ,  et  autre  poudre 
accommodée  ou  à  la  maladie  ou  à  la 
partie ,  selon  l’intention  du  composi¬ 
teur.  La  quantité  des  medicamensin- 
grediens  n’est  point  déterminée ,  ains 
est  laissée  au  iugeraent  et  estimation 
des  simples  que  l’on  veut  mesler  en 
vue  consistence  molle  et  espaisse,  la¬ 
quelle  doit  estre  visqueuse ,  si  nous 
voulons  maturer ,  et  au  contraire,  si 
nous  voulons  digerer.  La  chose  sera 


575 

manifeste  des  exemples  lesquels  nous 
mettrons,  après  auoir  descrit  leur 
vsage. 

Nous  vsons  des  cataplasmes  en  la 
curation  des  maladies  pour  appaiser 
douleur,  cuire  et  digerer  tumeurs 
contre  nature,  résoudre  ventosités. 
Ils  doiuent  estre  chauds  modérément, 
et  de  parties  subtiles ,  à  fin  que  mé¬ 
diocrement  ils  attirent.  L’vsage  d’i- 
ceux  est  suspect  et  dangereux  où  le 
corps  n’est  pas  purgé ,  à  cause  qu’ils 
attirent  à  la  partie  ja  affectée  :  aussi 
ne  faut  vser  d’iceux  quand  la  ma¬ 
tière  que  l’on  veut  digerer  est  grosse 
et  terrestre ,  car  ils  résoudroient  le 
subtil,  et  laisseroient  le  gros  ‘  :  sinon 
en  cas  quelesdits  cataplasmes  fussent 
meslés  de  choses  non  seulement  dis- 
cutientes ,  mais  aussi  resoluentes. 

Exemple  à’vn  cataplasme  anodyn, 
Medullæ  panis  ft.  fi. 

Decoquatur  in  lacté  pingui,  cui  adde  ; 

Olei  camomillæ  § .  fi . 

Axungiæ gallinæ  §.j. 

Fiat  cataplasma. 

Exemple  d’vn  maturatif. 

Of.  Radicis  althææ  § .  üj. 

Foliorum  maluæ,  senecionis  ana  m.  j. 
Seminis  Uni,  fœnugræci  ana  3.  ij. 

Ficus  pingues  numéro  vj. 

Decoquantur  in  aqua,  et  per  setaceura  trans- 
mittantur,  addendo  : 

Olei  liliorum  5  •  î* 

Farinæ  hordei  5  •  Ü* 

Axungiæ  porcinæ  §.  j.  fi. 

Fiat  cataplasma. 

Ætre  exemple  à’vn  résolutif. 

Farinæ  fabarum  et  orobi  ana  §  •  fi- 

1  Ici  finissait  ce  paragraphe  en  1 675;  le 
reste  est  de  1579. 


LE  VIJVGÏ-CINQVIÉME  LIVRE» 


676 

Pulueris  camomillæ  et  meliloti  ana  S.  lij. 

OleL  irini  et  amygdalarum  araararutn 

ana  §.j. 

Succi  rutæ  § .  fi. 

Fiat  cataplasma. 

Les  pultes  ne  different  des  cata¬ 
plasmes  ,  sinon  à  raison  qu’elles  sont 
faites  des  farines  cuittes  en  huile  et 
eau ,  ou  miel ,  ou  beurre ,  ou  axonge. 
L’on  fait  pultes,  pour  la  maturation 
des  tumeurs  contre  nature ,  de  farine 
d'orge,  ou  de  froment,  et  de  laict 
ferré ,  principalement  aux  affections 
des  parties  internes  :  ou  pour  dessei- 
cher  et  astreindre ,  et  lors  sont  faites 
de  farine  de  ris ,  ou  de  lentilles ,  ou 
d’orobus,  auec  vinaigre  :  ou  pour 
mondifier ,  et  en  tel  cas  sont  faites  de 
miel ,  farines  de  îéues ,  de  lupins-  :  en 
y  adioustant  de  l’huile  vieille ,  ou  au¬ 
tre  huile  chaude,  les  ferez  resoluti- 
ues.  D’auantage  l’on  fait  pultes  pour 
appaiser  douleur,  et  lors  sont  faites 
de  laict.  Les  exemples  feront  le  tout 
manifeste. 

Exemple  d’vne  puhe  maturatiue. 

Farinæ  tritici  § ,  ij. 

Micæ  panis  purissimi  5  •  üj. 
Decoquantur  in  lacté,  et  fiat  pulticula. 

P^ne  mondifieaiiue  et  resoluenle  est  faite  ainsi  ‘  : 

lÿ.  Farinæ  hordei  et  fabarum  ana  0 .  ij. 

Farinæ  orobi  §.  iij. 

Decoquantur  in  hydromelite,  addendo: 

Mellis  quart,  j. 

Olei  amygd.  amararura  § .  ij. 

Fiat  pulticula. 

Nous  vsons  des  pultes  au  commen¬ 
cement  des  maladies,  aux  douleurs 

«  Je  reproduis  cette  courte  phrase  d’après 
l’édition  de  1575;  elle  avait  été  effacée,  sans 
doute  par  erreur,  dès  1679. 


et  maturations  des  tumeurs  contre 
nature  estans  tant  és  parties  internes 
qu’externes.  Quelquesfois  nous  vsons 
d’icelles  pour  tuer  et  occire  les  vers  : 
et  telles  sont  faites  de  farine  de  lu¬ 
pins  cuilte  en  vinaigre  et  en  fiel  de 
bœuf,  et  décoction  d’absinthe,  et  gé¬ 
néralement  toutes  choses  ameres. 


CHAPITRE  XXIX. 

DES  FOMENTATIONS. 

Fomentation  est  vne  euaporation 
ou  estuuement ,  faite  principalement 
pour  amollir,  relaxer  et  appaiser 
douleur,  des  medicamens  relaxans , 
emolliens  et  anodyns ,  à  fin  que  par 
sa  chaleur  elle  puisse  incontinent  es- 
chauffer,  digerer  et  maturer.  Icelle 
est  seiche  ou  humide.  La  seiche  ne 
différé  point  des  sachets,  desquels 
nous  dirons  cy-aprés  :  partant  icy 
nous  n’en  dirons  rien ,  mais  seulement 
traiterons  de  l’humide ,  laquelle  est 
faite  de  mesme  matière  que  l’embro¬ 
cation  ,  sçauoir  est ,  d’herbes ,  raci¬ 
nes,  semences,  fleurs  emollientes, 
relaxantes  et  digerentes,  cuittes  en 
eau  et  vin  :  et  différé  seulement  de 
ladite  enjbrocation ,  quant  à  la  ma¬ 
niéré  d’appliquer.  Lis  racines  de  gui- 
mauues ,  mauues ,  de  lis.  Les  semen¬ 
ces  de  mauues,  guimauues,  persil, 
ache ,  de  lin ,  fœnugrec.  Les  fleurs  de 
camomille  et  melilot,  figues.  Lesquel¬ 
les  choses  sont  mises  en  telle  quantité 
qu’il  conuient ,  et  sont  cuittes  en  eau, 
vin  ou  lexiue,  en  plus  grande  quantité 
ou  moyenne ,  selon  que  la  partie  et 
maladie  le  requiert  :  aucunesfois  ius- 
ques  à  la  consomption  de  la  moitié, 
quelquesfois  iusques  à  la  troisième 
partie,  ce  que  connoistras  par  les 
exemples. 


DES  MEDICAMEKS. 


Fomentation  emolliente  et  resoluente. 

7f.  Radicis  bismaluæ  et  liliorum  ana  §  .  ij' 
Sem.  lini.fœnugr.  cumini  ana  3,  iij. 
rior.  camom.  meliloli  et  anethi  ana  p.  j 
Summitatum  origani  m.  fi. 

Decoquant.  in  æquis  partibusaquæ  et  vini, 
aut  ij.  partibus  aquæ  et  vna  vini,  aut 
in  lixiuio  cineris  sarmentorum,  ad  ter- 
tiæ  partis  consumptionem,  et  fiat  fotus. 

A  ceste  exemple  pourras  escrire 
autres  fomentations  à  autre  vsage , 
selon  ta  nécessité. 

Or  nous  vsons  des  fomentations 
auant  qu’vser  des  cataplasmes  ou  on- 
guens ,  à  fin  d’ouurir  les  pores ,  re¬ 
laxer  les  parties,  et  subtilier  l’humeur, 
de  sorte  que  la  voye  soit  préparée 
aux  autres  remedes.  Elles  sont  faites 
en  toutes  parties  du  corps  :  mais  ne 
faut  vser  d’icelles  sinon  après  la  pur¬ 
gation  du  corps,  de  peur  qu’elles  n’at¬ 
tirent  d’auantage  d’humeur  et  sang 
à  soy,  qu’elles  ne  puissent  digerer. 

L’application  et  maniéré  d’vser  des¬ 
dites  fomentations  est  telle.  Aucunes- 
fois  l’on  trempe  vne  esponge  femelle 
{ car  telle  est  plus  lice  et  douce  pour 
son  égalité  que  l’esponge  masle  )  en 
ladite  décoction  chaude ,  ou  feultres , 
ou  linge ,  puis  est  espreinte  et  appli¬ 
quée  iusques  à  ce  qu’elle  est  refroi¬ 
die  ,  et  de  rechef  est  trempée ,  et  sou- 
uentesfois  appliquée.  Aucunesfois 
l’on  emplit  à  demy  de  la  fomen¬ 
tation  chaude  vne  vessie  (laquelle 
principalement  est  appliquée  aux  cos- 
tés  )  ou  vne  bouteille ,  à  fin  que  la 
chaleur  soit  gardée  plus  longuement 
en  la  partie  :  auec  telle  caution  tou- 
tesfois ,  que  telle  bouteille ,  soit  d’ai¬ 
rain  ou  de  terre,  soit  enueloppée  de 
quelque  chose  molle  et  douce,  comme 
laine  surge  ‘  cardée ,  ou  autre  sem- 

1  Laine  surge }  le  latin  traduit  :  lana  succida. 

nu 


577 

blablo  matière,  de  sorte  que  ledit 
vaisseau ,  ny  de  sa  grauilé,  ny  de  son 
aspérité  n’offense  la  partie  dolente  , 
comme  admoneste  Hippocrates  au  2. 
De  diœta  in  acutis. 


CHAPITRE  XXX. 

DES  EMBROCATIONS. 

Embrocation' selon  les  Grecs,  ou 
irrigation  selon  les  Latins ,  est  vn  ar- 
rousement,  quand  d’en  haut  à  la  si¬ 
militude  de  la  pluye  l’on  laisse  dis¬ 
tiller  quelque  décoction  sur  quelque 
partie,  principalement  aux  affections 
de  la  teste ,  enuiron  la  suture  coro- 
nale ,  tant  pource  que  par  les  ouuer- 
lures  manifestes  de  telle  suture ,  la 
vertu  du  médicament  est  portée  plus 
aisément  au  dedans ,  qu’ aussi  pource 
I  que  le  crâne  enuiron  ce  quartier  est 
plus  mince  qu’en  aucun  autre  en¬ 
droit. 

La  décoction  conuenable  à  faire 
embrocation  ,  est  faite  de  racines  , 
fueilles ,  fleurs ,  semences ,  fruits  ,  et 
autres  semblables  medicamens  choisis 
selon  nos  intentions,  lesquels  sont 
cuits  en  îiure  et  demie ,  ou  en  deux 
liures  d’eau  et  de  vin,  iusques  à  la 
consomption  de  la  moitié  ou  de  la 
tierce  partie.  Aucunesfois  on  fait  em¬ 
brocations  de  lexiues  et  saulmures 
desseichantes,  pour  les  maladies  froi¬ 
des  du  cerueau  :  souuentesfois  aussi 
elles  sont  faites  d’huile  seule ,  ou  de 
vinaigre  auec  huile ,  si  c’est  pour  la 
teste  :  vn  exemple  seul  suffira  pour 
t’en  donner  la  connoissance. 

Embrocation  repercussiue. 

"if.  Foliorum  plantaginis  et  solani  ana  m.  j. 

Sctninum  portulacæ  et  cucurbitæ  ana  3.  ij , 

37 


le  vmGT-CINQVlÉME  LIVRE 


578 

Myrtlllorum  3.  j. 

Florum  nymphææ  et  rosarum  ana  p.  fi . 
Fiat  decoctio  ad  îb.  j.  ex  qua  irrigetur 
pars  inflammata. 

Pour  repercuter  aussi  pourra  estre 
faite  embrocation  d’huile  rosat  auec 
vinaigre. 

Nous  vsonsdes  embrocations ,  à  fin 
que  la  partie  la  plus  subtile  puisse 
penetrer  auec  l’air  qui  est  attiré  par 
les  arteres  ‘  :  au  moyen  de  quoy  la  par¬ 
tie  est  euentilée  et  aucunement  ra- 
fraicbie ,  qui  est  cause  que  telles  em¬ 
brocations  ont  plus  de  lieu  aux  mala¬ 
dies  froides  que  chaudes.  La  maniéré 
d'en  vser  est  quand,  ou  par  la  crainte 
de  flux  de  sang,  ou  pour  vn  os  rompu 
nous  ne  voulons  de  faire  la  ligature, 
ains  espreignons  de  haut  vn  linge  ou 
du  cotton  trempé  en  décoction  ou 
huile  conuenable  à  nostre  propos , 
sur  la  ligature  :  car  le  coup  est  rompu 
par  les  bandes.  Aucunesfois  nous  im¬ 
bibons  le  linge  ou  cotton ,  et  en  tou¬ 
chant  la  partie  nous  faisons  embro¬ 
cation.  Toutesfois  pour  en  parler  à  la 
vérité,  telle  chose  mérité  plustost  le 
nom  de  fomentation  humide  que 
d’embrocation,  comme  l’etymologie 
du  mot  grec  le  monstre  euidemment. 


CHAPITRE  XXXI. 

DES  EPITHEMES. 

Epitheme  est  vne  composition  ap¬ 
propriée  seulement  aux  parties  no¬ 
bles  des  deux  ventres  inferieurs,  sem¬ 
blable  à  fomentation,  et  peu  diffe¬ 
rente  d’embrocation.  Les  praticiens 
Va^^ellent  Humectation  oulrrigation, 
laquelle  est  faite  des  eaux ,  ou  jus  et 

1  Galien  aum  Hures  des  Simples.  —  A.  P. 


poudres  appropriées  au  loye ,  au 
cœur  et  au  thorax,  ausquelles  on 
adiouste  du  vin  plus  ou  moins ,  selon 
que  l’affection  froide  ou  chaude  le 
requiert.  Car  lors  qu’il  faut  eschauf- 
fer ,  on  adiouste  d’auantage  de  vin , 
comme  en  la  syncope  prouenante  de 
quelque  grumeau  de  sang,  de  cor¬ 
ruption  de  sperme ,  de  venin  froid  pris 
par  la  bouche  (  le  contraire  se  doit 
pratiquer  és  fiéures  )  aucunesfois  de 
la  maluoisie,  aucunesfois  du  vinai¬ 
gre.  Les  herbes  et  autres  medicamens 
simples,  conuenables  aux  parties  in¬ 
ternes,  ont  esté  descrits  au  chapitre 
de  la  quatrième  faculté  des  medica¬ 
mens  :  on  vse  toutesfois  le  plus  sou- 
uent  des  poudres  d’electuaires  compo¬ 
sés  ,  comme  à'electuarium  triasantali 
pour  le  foye,  diamargariti  pour  le 
cœur. 

En  la  composition  des  epühemes , 
les  .  praticiens  vsent  de  telle  propor¬ 
tion  :  pour  vne  liure  de  jus  et  eaux , 
ils  mettent  vne  once  ou  vne  once  et 
demie  des  poudres,  y  adioustant 
quelquesfois  du  vinaigre  iusques  à 
demie  once ,  et  de  la  maluoisie  ou  vin 
iusques  à  vne  once  :  ce  que  connois- 
tras  par  vn  exemple  suiuant. 

Epiiheme  pour  le  cœur. 

Of.  Aquæ  rosarum,  buglossæ  et  borraginis 
ana  g.ilj. 

Succi  scabiosæ  § .  ij. 

Pulueris  electuarij ,  diamargariti  frigid. 
3.  ij. 

Corticis  citri  slcci  3.  j. 

Coralli,  rasuræ  eboris  ana  5.  fi . 

Seminis  citri  et  card.  benedicti  ana  5. 
ij.  fi. 

Croci  et  moschi  ana  g .  v. 

IAddendo  vini  albi  § .  j.  fiat  epitherna  pro 
corde. 

Nous  vsons  d’iceux,  tant  poui’  le 


DES  MEDICIMENS. 


foye  que  pour  le  cœur,  et  tout  le  tho¬ 
rax,  es  fiéures  hectiques,  ardentes; 
esquelles  fiéures  hectiques  et  ardentes 
plus  opportunément  sont  apposés  les 
epithemes  sur  le  thorax  et  région  des 
poulmons ,  que  sur  le  cœur  :  car  les 
poulmons  ainsi  réfrigérés,  eschauf- 
fent  moins  Tair  attiré  :  et  faut  que 
tels  epithemes  soyent  composés  de 
choses  humides  et  froides,  pour  par 
icelles  contemperer  l’ardeur  de  la 
fiéure  (qui  desseiche  par  trop  le  corps) 
à  fin  de  refrigerer,  ou  eschauffer,  ou 
conforter  lesdites  parties.  Aucunes- 
fois  nous  en  vsons  pour  garder  et 
preseruer  le  cœur  des  exhalations 
veneneuses ,  esleuées  de  quelque  par¬ 
tie  ,  comme  gangrenés ,  sphaceles ,  et 
mortifications. 

La  maniéré  d’appliquer  tels  epithe¬ 
mes  ,  est  de  tremper  et  moüiller  sou- 
uent  linge  délié ,  ou  cotton ,  ou  san¬ 
tal  ,  principalement  quand  c’est  pour 
le  cœur,  et  l’epithemer  assez  chaud , 
et  en  estuuer  les  parties.  Tels  remedes, 
comme  tous  les  autres  topiques,  ne 
sont  appliqués  sinon  après  les  choses 
"vniuerselles  faites. 


CHAPITRE  XXXIL 

BES  KVPTOIRES  OV  CAVTERES 
POÏENTIELS. 

Ruptoire  est  un  cautere  potentiel, 
lequel  par  sa  vertu  caustique  brusle 
et  fait  eschare.  On  les  applique  pour 
faire  ouuerture  à  quelque  partie, 
comme  pour  faire  vacuation ,  deriua- 
tion ,  reuulsion ,  et  attraction  des  hu¬ 
meurs.  D’auantage  seruent  aux  pi- 
queures  et  morsures  des  bestes  veni¬ 
meuses,  et  aux  apostemesveneriques, 
et  bubons,  et  charbons  pestilentiels , 


^79- 

s’il  n’y  a  grande  inflammation ,  parce 
que  l’ouuerture  faite  par  iceux  est 
beaucoup  à  loüer  (ainsi  que  i’ay  es- 
crit  au  traité  de  la  Peste),  d’autant 
qu’ils  obtondent  et  attirent  le  venin 
du  profond  à  la  superficie ,  et  donnent 
ample  issue  à  la  matière  coniointe  : 
semblablement  sont  fort  propres  aux 
apostemes  pituiteuses  et  phlegmati- 
ques ,  pource  que  par  leur  chaleur  ils 
aident  à  cuire  l’humeur  froid  et  crud, 
malaisé  à  suppurer,  et  aux  autres 
apostemes  où  il  y  a  crainte  de  flux 
de  sang  :  à  couper  les  veines  vari¬ 
queuses  ,  et  pareillement  à  consom¬ 
mer  chairs  superflues  et  pourries 
trouuées  dedans  les  loupes ,  et  faire 
cheoir  les  bords  calleux  des  vlceres , 
et  autres  choses  qui  seroient  longues 
à  reciter. 

Or  les  matières  desdits  cautères, 
sont  calx  viua  cendre  de  chesne ,  de 
grauelée,  tithymal,  pommelée,  de 
figuier,  de  tronc  de  choux ,  de  féues, 
de  serment  de  vigne ,  et  autres  sem¬ 
blables  :  pareillement  des  sels,  comme 
ammoniac,  alkali,  axungia  vitri  ni- 
gra^,  sal  nitrum^  vitriol  romain,  et 
autres  semblables.  Et  de  toutes  ces 
choses  on  fait  vn  sel  qui  sera  fort  cor¬ 
rosif ,  selon  la  quantité  et  qualité  des 
choses  dont  ils  seront  composés ,  le¬ 
quel  par  sa  chaleur  est  caustique, 
faisant  eschare  et  crouste  comme  vn 
fer  ou  charbon  ardent ,  et  partant  fait 
ouuerture  en  consommant  et  érodant 
le  cuir  et  la  chair  où  on  les  applique. 

Exemple  de  faire  cautères  potentiels. 

Prenez  chaux  viue  trois  liures,  la- 

1  Ces  mots  calx  viua  n’ont  été  ajoutés  que 
dans  la  première  édition  posthume. 

2  Encore  un  mot  ajouté  dans  la  première 
édition  posthume;  auparavant  on  Usait 
seulement,  axungia  vitri. 


58o  I-E  VINGT-CINQVIEME  LIVRE  , 


quelle  sera  esteinte  en  vn  seau  de 
lexiuc  de  Barbier  :  et  après  que  ladite 
lexiue  sera  rassise,  on  la  coulera ,  et 
dedans  icelle  on  mettra  sein  de  verre, 
et  cendre  de  grauelée,  de  chacun 
deux  liures ,  sel  nitre  et  sel  ammo¬ 
niac  ,  de  chacun  quatre  onces  :  les- 
dites  choses  se  doiuent  pulueriser 
grossement ,  puis  il  les  faut  faire  vn 
peu  bouillir,  et  les  laisser  infuser  par 
l’espace  d’vn  iour  et  vne  nuit,  en 
les  remuant  par  plusieurs  fois  :  puis 
faut  passer  lesdites  choses  par  dedans 
vne  grosse  toile  en  double  ^  à  fin  que 
nulle  chose  terrestre  y  soit  adioustée  : 
et  estant  ce  capitel  clair,  comme  pure 
eau,  sera  posé  en  vn  vaisseau  de 
cuiure ,  comme  vn  bassin  à  Barbier  : 
puis  on  le  fera  boüillir  promptement 
et  auec  grande  flamme  en  le  remuant 
tousiours,  pour  garder  que  le  sel 
n’adhere  contre  le  bassin.  Et  lors 
que  ledit  capitel  sera  consommé  à 
moitié ,  il  y  faut  ietter  du  vitriol  en 
poudre  deux  onces  (  à  fin  que  les  es¬ 
chares  tombent  plustost)  et  laisser  le 
bassin  sur  le  feu  iusques  à  ce  que  toute 
l’humidité  soit  presque  consommée  : 
alors  faut  tailler  la  terrestrilé  ou 
sel  qui  se  fait  du  capitel ,  et  en  former 
les  cautères  gros  et  petits,  longs, 
ronds ,  quarrés ,  et  de  telle  figure  que 
voudras ,  auec  quelque  instrument  de 
fer  chaud  et  non  froid ,  comme  d’vne 
spatule  ou  autre  semblable,  et  les 
faut  tousiours  tenir  sur  le  feu ,  ius¬ 
ques  à  ce  que  l’humidité  soit  con¬ 
sommée  :  puis  mettras  lesdits  trochis- 
ques  ou  cautères  dedans  vne  phiole 
de  verre ,  et  sera  bien  estoupée ,  en 
sorte  que  nul  air  n’y  puisse  entrer  : 
puis  en  vseras  à  ta  commodité. 

»  Edition  de  1575  ;  Par  dedans  vn  charrier 
double,  ou  autre  toile. 


Autres  cautères 

Prenez  vn  fagot  de  troncs  de  feues 
auec  les  cosses  et  deux  fagots  de 
troncs  de  choux,  quatre  iauelles  de 
serment  de  v  igné,  et  en  faites  cendres, 
lesquelles  mettrez  en  vn  seau  d’eau 
de  riuiere,  et  laisserez  infuser  par 
l’espace  d’vn  iour  et  vnenuict,les 
remuant  souuent  :  puis  après  adious- 
terez  bonne  chaux  viue  deux  liures , 
sein  de  verre  demie  liure ,  cendre  de 
grauelée  deux  liures,  sel  nilre  quatre 
onces  :  le  tout  sera  mis  en  poudre ,  et 
les  laisserez  encore  infuser  deux  ou 
trois  iours,  en  les  remuant  par  plu¬ 
sieurs  fois  :  puis  on  passera  le  capitel 
par  vne  toile  en  double,  ou  en  vne 
chausse  d’hippocras,  tant  que  le  capitel 
soit  fort  clair,  et  le  ferez  consommer 
sur  le  feu,  comme  il  a  esté  dit  :  et  sur 
la  fin  que  verrez  l’humidité  presque 
consommée,  vous  adiousterez  deux 
ou  trois  onces  de  vitriol,  et  les  tien¬ 
drez  tousiours  sur  le  feu ,  iusques  à  ce 
que  peu  d’humidité  apparoisse  :  puis 
formerez  tels  cautères  de  telle  gros¬ 
seur  et  figure  que  voudrez ,  comme 
il  a  esté  dit  cy  dessus.  Et  noterez  de 
rechef  qu’en  les  cuisant,  vous  empes- 
cherez  auec  vne  spatule  que  le  capi¬ 
tel  n’adhere  contre  le  bassin ,  et  le 
garderez  comme  a  esté  dit. 

Autre, 

Prenez  de  la  cendre  de  vieil  bois 

1  L’édition  de  1575  donnait  ici  la  formule 
suivante,  effacée  dès  1579. 

«■“if.  Calcisviuæ  Ib.iüj. 

Cinerem  sannentorum,  truncorum  faba- 
rum  et  clauelatorum  ana  Ib.  ij. 

Infunde  omnia  simiil  in  licinio  barbitonso- 
ris,  etfiatcapit.  ad  vsum.  » 

*  Ceci  est  le  texte  de  la  première  édition 
poslhumc;  les  premières  éditions  portent  ; 
Prenez  vn  fagot  de  paille,  ou  tronc  de  febues. 


DES  MEDICÀMENS.  58 


de  chesne  noüeux  en  bonne  quantité, 
non  pourri ,  et  en  faites  lexiue ,  la¬ 
quelle  ferez  de  rechef  repasser  par 
autres  cendres  dudit  bois ,  à  fin  de 
rendre  ladite  lexiue  plus  forte,  et 
fera-on  cela  par  trois  ou  quatre  fois  : 
puis  en  icelle  on  fera  esteindre  chaux 
viue,  et  de  ces  deux  choses  sera  fait 
capitel ,  duquel  on  fera  bons  cautè¬ 
res  :  car  ceste  cendre  est  chaude  au 
quatrième  degré  :  et  pareillement  les 
pierres  dont  on  fait  la  chaux  par  leur 
cuisson  sont  ignifiées  et  chaudes  aussi 
au  quatrième  degré.  le  diray  plus , 
que  i’ay  fait  des  cautères  de  la  seule 
cendre  de  bois  de  chesne ,  voire  qui 
operoient  promptement  et  vigoureu¬ 
sement*. 

Autre. 

Prenez  vn  demy  boisseau  de  cendres 
communes ,  et  les  calcinez  toutes  sei¬ 
ches  iusques  à  ce  qu’elles  deuiennent 
blanches,  et  de  ce  en  soit  fait  capitel 
pour  cautères,  lesquels  trouuerez 
estre  bons  2.  Et  pour  sçauoir  si  le  capi¬ 
tel  ou  lexiue  est  assez  forte, faut  qu’vn 
œuf  nage  dessus. 

*  Avant  cette  formule,  l'édition  de  1575 
Cn  offrait  encore  une  autre,  qui  a  été  aussi 
effacée  en  1579  comme  l’une  des  précé¬ 
dentes. 

^  Autre  cautere  pour  faire  promptement. 

»  Prenez  demie-once  de  sauon  noir,  can¬ 
tharides  subtilement  puluerisees  vn  scru¬ 
pule,  ius  de  pommelee  vne  drachme,  chaux 
viue  en  poudre,  tant  qu’il  en  faut  pour 
faire  vne  paste,  de  laquelle  vseras  pour  cau¬ 
tere  :  icelle  ayant  esté  gardee  quelques 
iours  pert  sa  vertu  caustique ,  si  ce  n’est 
qu’elle  fust  appliquée  sur  la  chair  où  le  cuir 
seroit  escorché.  » 

*  Cette  formule  a  été  ajoutée  seulement 
en  1585.  En  conséquence  la  remarque  qui 
suit  s’appliquait  à  la  formule  précédente 
dans  les  éditions  de  1575  et  1579. 


Autre. 

Prenez  des  cendres  faites  de  troncs 
de  féuesiij.  liures,  chaux  viue,  cen¬ 
dre  grauelée,  cendres  de  bois  de 
chesne  fort  cuittes  ana  îh.  ij.  Puis  les- 
dites  choses  seront  mises  en  vn  seau 
de  lexiue  faite  de  cendres  de  chesne, 
et  les  remuer  fort  :  puis  les  laisser 
infuser  l’espace  de  deux  iours.  Après 
on  les  fera  passer  par  quelque  vais¬ 
seau  propre,  lequel  sera  percé  au 
fond  en  plusieurs  endroits ,  y  ayant 
mis  quelque  bouchon  de  paille  :  à  fin 
que  le  capitel  puisse  mieux  passer  et 
se  rendre  plus  clair.  Et  faut  le  repas¬ 
ser  par  trois  ou  quatre  fois ,  à  fin  qu’il 
prenne  la  qualité  des  ingrediens  :  et 
faut  de  nécessité  qu’il  soit  bien  clair, 
et  qu’il  n’y  reste  aucune  terrestrité. 
Après  le  faut  mettre  en  vn  bassin  de 
cuiure,  et  le  faire  tant  boüillir  sur  le 
feu  qu’il  demeure  espais  :  et  subit  qu’il 
commencera  à  s’espaissir,  faut  aug¬ 
menter  le  feu  sous  ledit  bassin  ;  et  la 
matière  estant  assez  congelée,  on 
formera  les  cautères  comme  l’on  vou¬ 
dra  :  puis  seront  gardés  comme  des¬ 
sus  ,  pour  en  vser  à  la  nécessité  *. 

Cautères  de  velours. 

Ces  iours  passés  ^ie  me  suis  trouué 
auec  vn  philosophe,  grand  extracteur 
de  quinte-essence,  oùnous  tombasmes 
en  propos  sur  Jes  cautères  potentiels  : 

1  La  première  édition  ajoutait  ici  :  lesquels 
par  dessus  tous  autres  i’ay  trouvé  meilleurs. 
Cette  phrase  a  dû  être  retranchée  en  1579,  à 
raison  de  l’addition  du  long  article  qui  va 
suivre,  et  dans  lequel  Paré  décrivait  un 
nouveau  cautère  bien  supérieur  aux  précé¬ 
dents. 

2  Ces  iours  passés  ;  je  répète  que  tout  ce 
long  article  a  été  publié  pour  la  première 
fois  en  1 579. 


le  VmGT-CTNQVIlÉME  LIVRE, 

mon  sçauoir,  à  qiioy  le  Iny  respons 


58a 

lequel  me  dit  en  sçauoir  des  plus  rx- 
cellens  que  iamais  furent,  et  que 
leur  operation  se  faisoit  en  peu  de 
temps  sans  douleur,  ou  bien  peu, 
aussi  que  leurs  eschares  estoient  mol¬ 
lasses  el  humides ,  et  qu’il  ne  falloit 
pour  les  faire  tomber  y  faire  aucunes 
scarifications.  Alors  ie  le  priay  bien 
aflectueusement  ‘  m’en  vouloir  don¬ 
ner  la  description ,  à  quoy  il  me  res- 
pond  qu’il  ne  le  pouuoit  faire ,  parce 
que  c’estoit  Tvn  de  ses  plus  grands 
secrets,  mais  qu’il  m’en  donneroit 
quand  i’en  aurois  affaire  :  subit  le  prie  | 
m’en  donner  vn,  ce  qu’il  fit,  le¬ 
quel  tost  après  i’appliquay  sur  le  bras 
d’vn  de  mes  seruiteurs  pour  en  faire  | 
preuue.  le  proteste  à  Dieu  qu’il  n’y 
fut  qu’enuiron  demie  heure  qu’il  ne 
fist  vn  vlcere  à  y  mettre  le  doigt  et 
profond  iusqu’à  l’os ,  et  n'estoit  ledit 
cautere  que  de  la  grosseur  d’vn  pois , 
lequel  laissa  son  eschare  molle  et  hu¬ 
mide  ,  comme  ledit  extracteur  m’a- 
uoit  dit.  Quand  ie  conneu  par  expé¬ 
rience  tel  effet ,  subit  m’en  retourne 
trouuer  le  maistre  quintessencieux  , 
et  le  priay  dé  rechef,  quoy  qu’il  m’en 
coustast,  m’en  donner  la  description 
desdits  cautères ,  et  ensemble  la  ma¬ 
niéré  de  les  faire  ;  dequoy  il  me  refusa 
tout  à  plat,  et  de  tant  que  ie  me  mon- 
trois  affectionné  à  auoir  son  secret,  de 
tant  plus  il  faisoit  le  renchéri  :  en  fin  ie 
luy  dis  que  ie  luy  donnerois  du  ve¬ 
lours  pour  faire  vne  paire  de  chaus¬ 
ses.  Quoy  ouy,  il  accorda  ma  priere , 
à  la  charge  que  iamais  ne  le  dirois  à 
personne ,  et  aussi  que  ne  l’escrirois 
en  monliure,  me  reprochant  que  i’es- 
tois  trop  liberal  de  communiquer 

‘  Les  éditions  de  1579  et  1685  disent  sim¬ 
plement  :  Alors  ie  le,priay.  Ces  mots  :  bien 
affectueusement,  se  lisent  pour  la  première 
fois  dans  l’édition  posthume  de  1598. 


que  si  nos  deuanciers  eussent  fait  cela, 
nous  sçaurions  peu  de  choses.  Ces 
propos  finis,  ie  luy  fis  bailler  le  ve¬ 
lours  ,  et  me  donna  la  description  et 
la  maniéré  de  faire  ses  cautères,  à  la 
charge  que  ie  ne  le  dirois  à  personne, 
ny  pareillement  l’escrirois  :  ce  que  ie 
luy  promis  de  parolle ,  et  non  de  vo¬ 
lonté,  parce  que  tel  secret  ne  doit 
estre  enseueli  en  la  terre ,  pour  l’ex¬ 
cellence  desdits  cautères  :  qui  est 
qu’ils  opèrent  sans  douleur,  pourueu 
que  la  partie  sur  laquelle  on  les  veut 
appliquer  soit  exempte  d’inflamma¬ 
tion  et  douleur,  et  laissent  leur  es¬ 
chare  assez  molle  et  humide,  princi¬ 
palement  appliqués  aux  corps  mol¬ 
lasses  ,  comme  femmes  et  enfans ,  ce 
qu’aucuns  des  autres  ne  font ,  au 
moins  que  i’ay  peu  encore  descoüurir. 
Et  n’a  esté  faute  de  diligence,  m’en- 
questant  soigneusement  de  tous  les 
chirurgiens  de  ceste  ville,  lesquels  se 
vantent  chacun  pour  soy  auoir  la 
pierre  philosophale  des  cautères, 
mais  pas  vn  d’eux  ne  m’a  voulu  tant 
fauoriser  que  de  me  départir  ceste 
pierre  philosophique,  disant  que  leurs 
peres  et  frereslaleur  auoient  laissée, 
comme  vn  héritage  paternel  :  ioint 
aussi  que  si  ie  sçauois  ce  grand  secret, 
ie  ne  faudrois  de  le  descrire  en  mon 
liure ,  et  partant  seroient  frustrés  de 
leurs  chers  et  bienaimés  cautères  : 
mais  ie  sçay  que  ie  leur  feray  laisser 
prise,  et  qu’ils  viendront  à  mespriser 
leur  grand  secret ,  lors  qu’ils  auront 
conneu  par  expérience  l’excellence 
de  ceux  du  philosophe  *. 

Or  il  nous  faut  à  présent  descrire 

*  Cette  histoire  est  une  des  plus  curieuses 
et  des  plus  importantes  h  la  fols,  pour  faire 
voir  jusqii’où  Paré  portait  l’amour  de  la 
I  science,  c’est-à-dire  au-delà  môme  des  bor- 


DES  MEDICAMENS. 


les  ingrediens,  et  la  maniéré  die  for¬ 
mer  lesdits  cautères,  à  fin  que  tous 
les  Chirurgiens  ,  non  seulement  de 
Paris,  mais  de  toute  l’Europe ,  puis¬ 
sent  secourir  les  malades  qui  en  au¬ 
ront  besoin.  A  iceux  ie  donneray  le 
nom  de  Cautères  de  velours,  à  raison 
qu'ils  ne  font  douleur,  principalement 
quand  ils  seront  appliqués  sur  les 
parties  exemptes  d’inflammation  et 
douleur ,  comme  i’ay  dit,  et  aussi  que 
ie  les  ay  recouuerts  par  du  velours. 

Prenez  cendre  de  gosseaux  de  fé- 
ues ,  en  lieu  desquels  l’on  prendra 
les  troncs ,  cendre  de  bois  de  chesne 
bien  cuitte  ,  de  chacun  trois  liures , 
eau  de  riuiere  six  quartes  vne  liure 
de  cendre  grauelée,  quatre  onces  d’a¬ 
lun  de  glace  en  poudre,  que  l’on  met¬ 
tra  en  vn  chaudron, puis  l’on  remuera 
le  tout  ensemble  :  cela  fait,  on  y 
mettra  vne  pierre  de  chaux  viue  ,  de 
la  pesanteur  de  quatre  liures,  et  y 
estant  esteinte,  faut  de  rechef  broüil* 
1er  et  mesler  tout  par  plusieurs  fois , 
et  laisser  lesdites  choses  par  l’espace 
de  deux  iours,en  les  remuant -soù- 
uent ,  à  fin  de  faire  le  capitel  (  ou 
lexiue)  plus  forte.  Cela  fait ,  ferez  le 
tout  vn  peu  bouillir ,  à  fin  que  par 
l’ebullition  la  qualité  ignée  demeure 
au  capitel  ?  ;  puis  coulerez  le  tout  aci 

nés  d’une  probité  stricte  et  d’une  stricte  hu¬ 
manité  ;  en  même  temps  elle  ne  laisse  pas 
de  jeter  du  jour  sur  l’esprit  de  la  chirurgie 
parisienne  de  ce  temps, 

1  L’édition  de  1579  dit  :  Eau  de  riuiere  vn 
seau,  que  l’on  mettra  en  vn  chaudron,  etc.  Il 
s’ensuit  que  la  formule  n’était  point  alors 
telle  qu’on  la  Ut  aujourd’hui;  le  texte  ac¬ 
tuel  est  de  1685.  D’où  est  venu  ce  change¬ 
ment?  Paré  à-t-il  rectifié  la  première  for¬ 
mule  de  lui-même  ou  d’après  de  nouveaux 
renseignements?  c’est  ce  qu’il  est  impossi¬ 
ble  de  déterminer. 

1  Ici  encore  le  texte  a  varié  suivant  les 


683 

trauers  d’vne  grosse  nappe  ou  cha- 
rier,  et  ceste  colature  la  faut  ietter 
sur  lesdites  cendres  deux  ou  trois  fois, 
à  fin  que  ledit  capitel  en  prenne  la 
vertu  ignée  :  puis  on  le  fera  boüillir 
dedans  vn  bassin  de  Barbier,  ou  en 
vn  vaisseau  de  terre  plombé,  à  grand 
feu  fait  de  charbon ,  iusques  à  ce  que 
le  tout  soit  réduit  en  matière  ter¬ 
restre  ,  ou  sel. 

Or  voicy  le  secret  et  moyen  de  bien 
faire  tous  cautères  potentiels  :  c’est 
qu’il  ne  faut  tenir  ledit  sel  tant  sur  le 
feu,_que  son  humidité  soit  du  tout 
tarie ,  de  peur  de  consommer  du  tout 
l’humidité  :  partant  on  l’ostera  de 
dessus  le  feu  ayant  encore  quelque 
certaine  humidité  :  puis  seront  formés 
cautères,  gros ,  petits ,  ronds,  longs, 
selon  la  volonté  de  celuy  qui  les  for¬ 
mera,  puis  subit  après  seront  mis  en 
vne  ou  plusieurs  fioles  de  verre  ren¬ 
forcé  ,  bien  bouchées  et  estoupées,  de 
peur  que  l’air  ne  les  réduise  en  eau  ; 
et  seront  lesdits  cautères  gardés  en 
lieu  chaud  et  sec  ,  et  non  humide,  de 
peur  qu’ils  ne  se  fondent  et  réduisent 
en  eau ,  pour  en  vser  quand  il  sera 
besoin. 

Et  si  quelqu’vn  me  vouloit  obiecter 
n’aiioir  tenu  promesse  audit  extrac¬ 
teur  ,  que  ne  le  dirois  à  personne ,  ny 
que  les  escrirois  ;  ie  luy  respous  que 
puis  qu’il  me  les  auoit  vendus,  qu’ils 
estoient  miens  :  et  partant  ie  pense 
ne  luy  auoir  fait  tort  ;  au  contraire 
luy  et  moy  auons  fait  chose  qui  ser- 
uira  au  public*. 

éditions.  En  l579  on  lisait  seulement  :  Cela 
fait,  coulerez  le  tout,  etc.  ;  en  1585  :  Cela  fait, 
ferez  le  tout  boüillir,  puis  coulerez  le  tout;  en¬ 
fin  le  texte  actuel  est  de  la  première  édition 
posthume. 

1  Ce  dernier  paragraphe  date  seulement 
de  1585,  Il  paraît  que  dans  l’intervalle  on 


û84  LE  VmGT-CINQVIlÎME  LIVRE, 


Za  maniéré  de  faire  la  poudre  de  mercure,  et 
eau  forte. 

Icy  i’ay  bien  voulu  descrire  la  ma¬ 
niéré  de  faire  la  poudre  de  mercure , 
qui  pour  son  excellence  a  esté  d’au¬ 
cuns  nommée  poudre  Angélique,  la¬ 
quelle  fais  en  ceste  maniéré. 

"Sf.  Auripig.  citrini,  flor.  æris  ana  § .  ij. 

Salis  nitri  ft.  j.  fi. 

Alum.  rochæ  lï.  5j. 

Vitriol,  romani  ib.  iij. 

Ces  choses  soient  pilées  et  bien 
puluerisées,  et  après  mises  en  vne 
retorte  de  verre  ou  terre ,  y  adious- 
tant  vn  récipient  de  verre  fort  grand 
et  bien  luté  :  puis  la  retorte  soit  mise 
sus  le  fourneau,  en  faisant  petit  feu 
au  commencement,  et  soit  le  tout 
distillé  en  fortifiant  le  feu  petit  àpetit, 
tant  que  le  récipient  deuienne  vn  peu 
rouge ,  et  que  le  tout  soit  distillé.  Et 
de  ceste  distillation  en  est  faite  l’eau 
forte. 

Of.  Argent!  viui  Ib.  fi. 

Aquæ  fortis  îb.  j. 

Ponantur  omnia  in  phiala,  et  fiat  puluis,  vt 
sequitur. 

Vous  prendrez  vn  pot  de  terre  assez 
grand,  dans  lequel  mettrez  vostre 
matelas  ou  fiole ,  où  seront  contenus 
vostre  argent-vif  et  eau  forte,  et 
entre  l’espace  de  la  fiole  et  le  pot , 
faut  mettre  des  cendres,  tellement 
que  vostre  fiole  soit  tout  enseuelie 
dedans,  excepté  le  col  :  puis  tout  au¬ 
tour  et  contre  le  pot  seront  mis  cen¬ 
dre  et  charbons  ardens ,  et  par  ainsi 

avait  fait  quelque  reproche  de  ce  genre  à 
Paré,  et  qu’il  sentit  le  besoin  de  se  justifier. 
Je  doute  toutefois  que  sa  défense  satisfasse 
même  ses  plus  grands  admirateurs. 


ferez  boüillir  et  euaporer  vostre  eau 
forte ,  sans  craindre  que  la  fiole  se 
rompe  ;  et  l’eau  estant  toute  euaporée, 
ce  que  connoistrez  qu’il  ne  sortira 
plus  de  fumée,  vous  laisserez  tout  re¬ 
froidir  :  puis  tirerez  vostre  fiole  des 
cendres ,  au  fond  de  laquelle  trouue- 
rez  vostre  mercure  calciné  de  cou¬ 
leur  de  vermillon ,  lequel  sera  séparé 
de  toute  autre  superfluité  blanche, 
iaune  ou  noire  :  car  la  blancheur  qui 
se  concrée  en  haut  est  le  sublimé,  le¬ 
quel  demeurant  auec  la  poudre ,  la 
rendroit  douloureuse.  Iceluy  estant 
séparé ,  le  pulueriseras  ;  puis  le  met¬ 
tras  en  vn  vaisseau  d’airain  sur  les 
charbons  ardens ,  le  remuant  auec 
vne  spatule  l’espace  d’vne  heure  ou 
deux  :  car  par  ce  moyen  il  perd  vne 
partie  de  son  acrimonie  oumordacité, 
qui  fait  qu’il  n’est  si  douloureux  en 
son  operation. 


CHAPITRE  XXXIII. 

DES  VESICATOIRES. 

Vésicatoire ,  ou  Rubri fiant  selon 
les  Latins,  selon  les  Grecs  Phenignie , 
est  vn  onguent ,  ou  cataplasme ,  ou 
emplastre ,  fait  de  medicamens  acres, 
qui  a  faculté  d’attirer  humeurs  du 
profond  au  dehors,  et  exulcerer  la 
peau ,  et  faire  vessies ,  dont  il  retient 
le  nom.  La  matière  a  esté  ja  descrile 
au  chapitre  des  caustiques  :  laquelle 
est  prise  des  medicamens  septiques , 
comme  moustarde,  anacarde,  can¬ 
tharides,  euphorbe,  racines  de  scille, 
bryonia,  et  les  autres,  lesquelles  on 
incorpore  auec  miel,  ou  terebenthine, 
ou  leuain ,  ou  quelques  gommes  et 
résinés,  pour  en  faire  onguent,  cata¬ 
plasme  ou  emplastre,  Parquoy  la 


DES  MEDICAMENS. 


composition  des  vésicatoires  n’est  dif¬ 
ferente  de  celle  des  onguens  durs  ou 
mois  :  à  ceste  cause  vn  exemple  suf¬ 
fira, 

Cantharidum,  euphorbij,  sinapi  ana 

3.  fi. 

Mellis  anacardini  3.j. 

Modico  aceti  et  fermente  q.  satis  sit,  exci- 

piantur,  et  fiat  vesicatorium. 

Quelques  anciens  choisissent  plus- 
tosl  l’eau  simple  que  le  vinaigre,  pour 
receuoir  et  incorporer  tel  médica¬ 
ment  :  soy  disans  auoir  trouué  par 
expérience  que  la  vertu  de  la  mous- 
tarde  s’abastardit  par  lemeslange  du 
vinaigre,  ce  que  mesme  nous  est  au- 
Ihorisé  par  Galien  et  Oribasius, 

Nous  vsons  de  ces  remeiles  és  af¬ 
fections  longues ,  quand  les  autres 
remedes  n’ont  profité  assez  ,  et  prin¬ 
cipalement  és  douleurs  de  teste ,  hé¬ 
micranies  ,  epilepsies,  à  la  sciatique, 
aux  gouttes ,  aussi  aux  morsures  et 
pointures  des  bestes  veneneuses ,  et 
charbons  pestiférés ,  et  plusieurs  au¬ 
tres  maladies  longues  et  rebelles  à 
autres  remedes  :  on  en  vse  aussi  pour 
restituer  la  vie  et  vigueur  à  la  partie 
ja  presque  morte,  par  reuocation  de 
chaleur  et  esprits  vitaux  à  icelle  ;  pour 
lequel  effet  faut  que  tels  vésicatoires 
soient  vn  peu  plus  doux ,  de  sorte 
qu’ils  ne  bruslent  sinon  en  cas  qu’ils 
ne  demeurassent  trop  long  temps  sur 
la  partie. 

Le  moyen  d’vser  des  vésicatoires 
est ,  que  deuant  que  de  les  appli¬ 
quer  sur  la  partie,  on  y  face  friction 

1  Ce  texte  a  été  un  peu  tourmenté  dans 
les  diverses  éditions  du  vivant  de  i’auteur. 
Ainsi,  en  1575  on  lisait:  Icelle  (la  partie) 
soit  foüetlee,  fustigée,  et  comme  venee  de  mains 
ou  petits  ais.  En  1579  tout  cela  fut  effacé,  et 
l’auteur  mit  en  place  :  On  y  fasse  exercice. 
Enfin,  le  texte  actuel  est  de  1585. 


585 

à  fin  que  les  pores  d’icelle  estans  ou- 
uerts ,  la  vertu  du  médicament  péné¬ 
tré  plus  aisément,  et  la  chaleur  lan¬ 
guide  et  comme  assoupie  en  icelle 
soit  ragaillardie  et  esueillée. 


CHAPITRE  XXXIV. 

DES  COLLYRES. 

Collyre  est  vn  médicament  appro¬ 
prié  aux  yeux,  fait  de  medicamens 
bien  subtilement  puluerisés,  que  les 
Arabes  disent  comme  Alcohol.  Au- 
cunesfois  collyre  est  dit  impropre¬ 
ment  ,  pour  quelque  médicament  li¬ 
quide  composé  de  poudres ,  et  quel¬ 
ques  liqueurs,  qui  s’appliquent  à  au¬ 
tres  parties. 

Les  collyres  sont  faits  de  trois  sor¬ 
tes  :  les  vns  sont  humides ,  propre¬ 
ment  appelés  Collyres  :  les  autres  sont 
secs,  lesquels  on  confond  auec  les 
trochisques  :  les  autres  ont  espaisseur 
et  consistence  de  miel  ou  Uniment, 
partant  de  ceux-là  nous  ne  traiterons 
que  l’vsage.  Les  liquides  seruent 
principalement  pour  les  coins  des 
yeux,  sçauoir  est ,  le  grand  et  le  petit 
canthus.  Ceux  qui  sont  comme  on¬ 
guens,  seruent  àla  prunelle  des  yeux. 
Ceux  qui  sont  secs  sont  mis  en  pou¬ 
dre  pour  les  souffler  dedans  :  quel¬ 
quefois  sont  meslés  auec  des  liqueurs 
ou  jus  pour  en  faire  collyre  humide. 

Les  trois  sortes  de  collyres  ont  di- 
uers  vsages,  et  sont  appliqués  sur  di- 
uerses  parties,  selon  la  diuersité  de 
l’intention  du  Chirurgien  :  car  les  li¬ 
quides  rafraichissent  mieux  estans 
appliqués  aux  angles  des  yeux  ;  mais 
ceux  qui  ont  plus  ferme  consistence 
demeurent  plus  long  temps  sur  la  par¬ 
tie,  et  par  conséquent  font  mieux 
leur  operation. 


586 

Les  collyres  humides  sont  faits  de  | 
jus ,  mucilages  des  herbes ,  liqueurs ,  1 
fleurs,  semences,  métalliques,  parties  1 
des  bestes,  comme  fiel,  et  autres  tels 
medicamens  repercussifs,  résolutifs, 
detersifs ,  anodyns,  ou  autres,  selon 
que  les  affections  et  maladies  des 
yeux  le  requièrent.  Aucunesfois  sont 
faits  des  liqueurs  seules ,  comme  de 
jus  et  eaux  distillées.  Souuentesfois 
l’onmesle  medicamens  mis  en  pou¬ 
dre  subtile,  ou  autre  collyre  sec ,  qui 
n’est  autre  chose  que  trochisque, 
auec  jus  ou  eau  distillée,  ou  aubins 
d’œufs.  Les  poudres  sont  meslées 
comme  à  deux  drachmes  ou  plus, 
les  eaux  iusques  à  quatre  ou  cinq 
onces  ou  plus,  mais  pour  les  yeux 
cela  suffit.  Pour  les  autres  parties, 
comme  pour  faire  iniection  à  la  verge, 
l’on  fait  collyres  en  plus  grande  quan¬ 
tité,  comme  iusques  à  vneliure. 

Les  collyres  arides  et  secs  sont  faits 
des  poudres  bien  subtilement  pulue- 
risées  et  incorporées  auec  quelque 
jus,  dont  ne  semblent  estre  differens 
des  trochisques.  Qu’il  soit  vray,  le 
collyre  blanc  de  ïlhasis  est  appellé 
auiourd’huy  trochisque ,  et  est  gardé 
auec  les  trochisques.  Or  les  poudres 
corrosiues  ne  sont  appliquées  en 
forme  de  collyre ,  ains  en  forme  de 
Uniment ,  et  sont  meslées  auec  grais¬ 
ses  ou  huiles  :  les  exemples  feront  le 
tout  manifeste.  ' 

Collyre  repercussif, 

Of..  Aquæ  plantaginis  et  rosarum  ana  § ,  ij. 

Albumen  vnius  oui  bene  agitatum. 

Misce,  Fiat  collyrium. 

Collyre  anodijn. 

If,  Aquæ  rosarum  et  'violarum  ana  § .  iij. 

Trochiscorum  alborum  Rhasis  cum  opio 
3.ij. 

Fiat  collyrium. 


Autre. 

Decoctionis  fœnugræci  § .  ifij. 

Mucilaginis  seminls  Uni  §  .  ij. 

Sacchari  candi  3.j. 

Croci  3  • 

Fiat  collyrium. 

Collyre  sec  delersif. 

"if.  Thuris,  myrrhæ  ana  9 .  ij. 

Tuthiæ  præparatæ  et  antimonij  loti  ana 
3.ij. 

I  Cum  succo  chelidoniæ ,  fiat  collyrium  sic- 
candum  in  vmbra. 

Collyre  qui  est  en  forme  de  Uniment 

Hf.  Fellisperdicis  aut  leporis  3.  1^. 

Succi  fœniculi  3.  j. 

Sacchari  candi  3.  ij. 

Syrupo  rosato  excipiantur,  et  fiat  collyrium, 

Nous  vsons  des  collyres  aux  ylceres, 
playes,  fistules,  suffusions,  inflam¬ 
mations,  et  autres  maladies  des  yeux. 
Les  collyres  liquides  pénétrent  plus- 
tost  que  les  autres  ;  partant  sont  fort 
necessaires  à  repercuter  et  appaiser 
douleur.  Les  autres  sont  arreslés  plus 
long  temps  aux  yeux:  et  par  ainsi 
opèrent  d’auantage, 


CHAPITRE  XXXV. 

DES  ERRHINES  ET  STERNVTATPIRES, 

Errhines  sont  medicamens  appro¬ 
priés  au  nez,  à  fin  d’expurger  le  cer- 

‘  Je  copie  ce  titre,  comme  plusieurs  au¬ 
tres  des  précédents  chapitres,  dans  l’édition 
de  1575  ;  déjà,  dès  la  suivante,  ils  avaient 

Iété  reportés  en  marge  pour  la  plupart,  et 
dans  ce  changement  plusieurs  étaient  restés 
oubliés. 


LE  VmGT-CINQVl^ME  LIVRE  , 

Tf. 


DES  MEDICAMENS. 


687 


ueau,  et  tirer  les  excremens  d’iceluy 
par  le  nez,  ou  pour  nettoyer  et  deter- 
ger  ceux  qui  ja  sont  adlierens  et  atta¬ 
chés  au  nez ,  comme  il  aduient  aux 
polypes,  ozenes,  et  autres  vlceres  d’i¬ 
celuy.  Ces  errhines  sont  ou  liquides, 
ou  secs,  ou  de  consistence  emplasti- 
que. 

Les  liquides,  que  les  Latins  nom¬ 
ment  Caputpurgia ,  sont  faits  aucu- 
nesfois  des  jus  des  herbes,  comme  des 
jus  de  porée,  choux,mariolajne,  ana- 
gallis,  hyssope ,  melisse,  ou  des  eaux 
d’icelles ,  meslées  ou  cuittes  auec  du 
Tin,  ou  quelque  syrop ,  comme  oxy- 
mel  scilliticum ,  syrupus  de  hyssopo, 
syrupus  rosaius,  ou  mel  anthosatum. 
Souuentesfois  sont  faits  des  poudres 
de  poyure,  pyrethre,  marrubium, 
ïiigella  romana,  castoreum,  myrrhe, 
ellebore  blanc,  euphorbe,  cyclamen, 
et  autres  poudres  meslées  en  petite 
quantité ,  comme  à  yne  drachme  ou 
Yne  drachme  et  fdemie,  selon  la  vio¬ 
lence  du  médicament ,  auec  les  jus 
susdits  dépurés,  ou  les  eaux  distillées 
des  mesmes  herbes.  Le  tout  te  sera 
manifeste  par  deux  exemples  sui- 
uantes. 

op.  Suçci  betæ,  maioranæ  et  brassieæ  ana 
S-j-  . 

Depurentur  et  modicè  bulliant  cum  vini 
albi  § .  jj. 

Oxymelitls  scillitici  § .  fi . 

Fiat  errhinuip- 

Quelquesfois  quand  il  est  question 
de  faire  plus  forte  attraction  du  cer- 
ueau,  l’on  peut  adiouler  ou  faire  dis¬ 
soudre  en  la  décoction  de  l’errhinum 
quelque  médicament  purgatif,  comme 
l’agaric,  le  diaphœnicum,  séné,  car- 
tami,  et  autres  semblables,  dont  est 
venue  la  distinction  des  errhines  en 


ceux  qui  tirent  la  pituite,  bile,  et  me- 
lancholie,  selon  que  le  médicament 
dissout  en  iceux  a  vertu  d’attirer  vn 
humeur,  ou  autre.  Exemple  proposé 
par  monsieur  Rondelet,  est  tel. 

Radicum  pyrethri,  irid.  ana  §  .  j. 

Puleg.  calam.  orig.  ana  ni.  j. 

Agari.  trochis.  3.  îij. 

Florum  anthos  et  stœcbados  ana  p.  j. 
Fiatdecoctio  in  Bi.j.  colat.  dissol.  mellis 

anthos.  et  scill.  ana  ^ .  iij. 

Fiat  caputpurg. 

Toutesfois  le  cas  escheant  qu’il  faille 
que  les  purgatifs  entrent  en  la  com¬ 
position  de  l’errhine.  Usera  meilleur 
d’vser  d’iceux  simples,  comme  d’a¬ 
garic,  turbith,  colocynthe,  et  sem¬ 
blables,  que  de  composés,  comme 
diaphœnicum  et  semblables  :  car 
ceux  cy  rendent  la  décoction  plus  es- 
paisse,  et  par  conséquent  mal-habile 
à  passer  par  les  conduits  et  os  spon¬ 
gieux  qui  mènent  au  cerueau,  faisant 
en  outre  obstruction  au  nez ,  et  em- 
peschant  la  liberté  de  la  respiration. 

JE^empied’vn  enhimfait  auecpcrndm, 

Succi  betæ  |,j. 

Aquæ saluiæ  et betonicæ  ana  p,ij.  fi. 

Pulueris  castorei  9 .  fi . 

Piperis  et  pyrethri  ana  0 ,  j, 

Fiat  caputpurgiura. 

Les  errhines  secs ,  que  les  Latins 
appellent  Sternutatoria,  à  cause  qu’ils 
prouoquent  l’esternuement,  sont  faits 
des  poudres  seulement  bien  pulueri- 
sées,  Les  poudres  sont  semblables 
aux  precedentes,  ou  autres  aromati¬ 
ques,  lesquelles  sont  faites  et  meslées 
en  petite  quantité,  laquelle  commu¬ 
nément  ne  monte  point  à  plus  dû 
deux  drachmes. 


688 


LE  VINGT- CINQVI^ME  LIVRE 


Exemple. 

"if.  Maioranæ,  nigellæ,  garyophyllorum,  zin- 
ziberis  ana  3 .  J. 

Acori,  pyrethri  et  panis  porcini  ana 

3.  6. 

Euphorbij  3.j. 

Terantur  diligenter,  et  in  nares  mittantur 
aut  insulïlenter. 

Les  errhines  ayans  consistence  em- 
plastique  ,  que  les  Latins  appellent 
Nasalia,  sont  faits  des  poudres  sus¬ 
dites,  ou  gommes ,  malaxées  auec 
quelqu’vn  des  jus  des  herbes  cy  des¬ 
sus  déclarées,  incorporées  auec  tere- 
benthine  et  cire,  à  fin  qu’ils  ay  ent  con-  1 
sistence  dure  et  qu’on  en  puisse  faire 
masse,  de  laquelle  on  fait  errhines  en 
figure  de  pyramide,  selon  les  cauités 
internes  du  nez. 

Exemple. 

:2f.  Maioranæ,  saluiæ,  nigellæ  ana  3.  ij. 
Piperis  albi,  garyophyllorum,  galangæ 
ana  3.j. 

Pyrethri,  euphorhij  ana  3 .  j.  £>. 

Panis  porcini,  ellebori  albi  ana  3 .  j. 
Terantur,  et  in  puluerem  redigantur,  dein 
cum  terebenthina  et  cera,  et  quantum 
satis  sit,  incorporentur,  fiantque  nasa¬ 
lia  pyramidis  figura. 

Nous  vsons  des  errhines  aux  lon¬ 
gues  maladies  du  cerueau,  comme  en 
epilepsie ,  aueuglement  des  yeux , 
apoplexie ,  léthargie ,  conuulsion ,  et 
odorat  perdu  ;  mais  faut  que  les  pur¬ 
gations  vniuerselles  ayent  précédé 
auparauant,  de  peur  que  par  l’ester- 
nuement,  et  semblable  esmotion  du 
cerueau  pour  deietter  ce  qui  luy 
nuit ,  il  ne  se  face  attraction  plus 
grande  d’humeurs  d’vn  corps  impur 
et  cacochyme  vers  iceluy. 

Les  liquides  doiuent  estre  attirés 
par  le  nez,  ou  coulés  dedans  le  nez 


iusques  à  demie  once.  Et  lors  faut 
que  le  patient  tienne  de  l’eau  en  sa 
bouche,  à  fin  qu’en  attirant  l’errhine, 
il  ne  puisse  repasser  portion  dudit 
errhine  en  la  bouche ,  et  de  là  aux 
poulmons.  Les  secs  doiuent  estre 
soufflés  dedans  les  naseaux  auec  vn 
tuyau  de  plume,  ou  autre  chose.  Les 
emplastiques  sont  mis  dedans  les  na¬ 
seaux  estans  liés  d’vn  fil ,  à  fin  qu’ils 
se  puissent  retirer  quand  on  voudra. 

Le  teftips  propre  pour  vser  d’errhi- 
nes  en  general  est  le  matin,  le  patient 
estant  à  ieun.  Après  l’vsage  d’iceux, 
si  l’on  sent  quelque  démangeaison  et 
mordication  au  nez,  il  faudra  ietter 
ou  attirer  en  iceluy  laict  de  femme, 
ou  huile  violât. 

L’vsage  des  errhines  attractifs  est 
nuisible  à  ceux  qui  sont  suiets  à  mal 
des  yeux,  et  qui  ont  vlceres  aux  na¬ 
seaux,  comme  il  aduient  souuent  en 
la  grosse  verolle ,  auquel  cas  il  sera 
plus  expédient  d’vser  de  gargarismes 
qui  facent  diuersion  des  yeux. 


CHAPITRE  XXXVI. 

DES  APOPHLEGMATISMES  ,  OV 
MASTICATOIRES. 

Apophlegmatismes  selon  les  Grecs, 
ou  masticatoires  selon  les  Latins,  sont 
medicamens  lesquels,  estant  tournés 
dedans  la  bouche  et  maschés  quelque 
espace  de  temps,  tirent  par  le  palais 
les  excremens  pituiteux,  ou  autres 
humeurs nuisans  au  cerueau. 

Iceux  sont  faits  en  quatre  ma¬ 
niérés.  La  première  est,  quand  on  in¬ 
corpore  les  medicamens  propres  à 
mascher  auec  miel  ou  cire ,  et  en 
fait-on  trochisques  ou  pillules ,  les¬ 
quelles  on  donne  à  mascher.  La  se- 


DES  MEDICAMENS. 


conde  est,  quand  on  couure  et  lie  les 
medicamens  en  vn  petit  sachet  de 
sandal  ou  autre  linge  deslié,  pour  les 
mascher.  La  troisième  maniéré  est, 
quand  on  tient  la  décoction  de  medi¬ 
camens  acres  long  temps  en  la  bou¬ 
che.  Aucunesfois  l’on  ne  mesle  point 
les  masticatoires,  ains  prend -on  vn 
simple  médicament  acre  et  faisant 
cracher ,  à  la  grosseur  d’vne  petite 
noix,  pour  le  mascher  et  tourner  par 
la  bouche,  comme  mastic,  pyrethre. 

La  matière  des  masticatoires  est 
prise  des  medicamens  acres ,  comme 
de  poyure,  moustarde,  hyssope,  gin¬ 
gembre,  pyrethre ,  et  autres  medica¬ 
mens  ayans  acrimonie  :  entre  lesquels 
il  faut  choisir  ceux  principalement 
qui  n’auront  aucune  saueur  ny  goust 
malplaisant ,  à  fin  que  plus  longue¬ 
ment  et  sans  dédain  ils  puissent  estre 
tenus  en  la  bouche.  Toutesfois  on  en 
fait  des  medicamens  acerbes,  comme 
de  fruit  de  berberis,  raisins,  noyaux 
de  prunes  ou  cerises  :  lesquels  estans 
tournés  quelque  temps  en  la  bouche 
et  comme  maschés,  ne  tirent  gueres 
moindre  quantité  de  pituite  que  les 
medicamens  acres  :  ce  qui  semble  ad- 
uenir  plustost  à  raison  du  mouue- 
ment  et  agitation  qui  est  faite  en  la 
bouche,  que  d’vne  qualité  manifeste. 

La  quantité  desdits  medicamens  est 
communément  d’vne  demie  once , 
iusques  à  vne  once,  ou  vne  once  et 
demie.  Ce  que  connoislras  par  les 
exemples  suiuantes. 

Pyrethri ,  staphisagriæ  ana  3.  j.  fi. 

Mastiches  §.  fi. 

Puluerisentur  et  inuoluantur  sacculo  pro 
maslicatoriü. 

Autre. 

If.  Zinziberis ,  siiiapi  ana  t.  j. 

Euphoibij  3.  ij. 

Piperis  3.  fi . 


Ô89 

Excipiantur  melle,  et  fiant  pastilIi,pro  mas- 
ticatorio. 

Autre, 

Hyssopi,  tbymi,  origani,  saluiæ  ana 
p.j. 

Decoqnantur  in  aqua  pro  collutione  oris. 
Autre. 

"îf.  Zinziberis,  garyophyliorum  ana  3.  j. 
Pyrethri,  piperis  ana  3.  fi. 

Staphisagriæ  3.  ij. 

Mastiches  3.  fi . 

Excipiantur,  fiant  pastilli  pro  maslicatorio. 

Nous  vsons  des  masticatoires  és 
maladies  vieilles  du  cerueau,  obfus- 
cation  de  la  veuë ,  surdités ,  pustules 
qui  sont  à  la  teste  et  à  la  face  :  au¬ 
cunesfois  aussi  pour  deriuer  les  ex- 
cremens  qui  coulent  par  le  nez,  prin¬ 
cipalement  quand  il  y  a  quelque 
vlcere  en  iceluy  ;  comme  au  contraire 
ils  sont  fort  nuisibles  à  ceux  qui  ont 
vlceres  en  la  bouche  ou  au  gosier ,  et 
à  ceux  qui  ont  les  poulmons  suiets  à 
vlceres ,  inflammations ,  et  fluxions. 
Car  en  tel  cas  les  errhines  sont  plus 
vtiles,  pour  deriuer  la  matière  par  le 
nez  :  d’autant  que  combien  que  l’hu¬ 
meur  pituiteux ,  attiré  du  cerueau 
par  la  force  du  masticatoire,  soit 
purgé  et  mis  hors  en  crachant,  tou¬ 
tesfois  on  trace  et  apprend-on  vn 
chemin  à  l’humeur,  lequel  aisément 
il  ne  peut  délaisser  ny  oublier  par 
après  :  de  sorte  que  mesme  en  dor¬ 
mant,  suiuant  son  cours  ordinaire,  il 
vient  à  tomber  et  fluer  sur  telles  par¬ 
ties  ,  ou  naturellement ,  ou  par  acci¬ 
dent  imbecilles. 

Le  temps  commode  pour  en  vser 
est  le  matin,  quand  le  corps  est  purgé 
des  autres  excremens. 

Après  auoir  vsé  des  masticatoires, 
faut  laucr  sa  bouche  d’eau  tiede,  ou 


LE  VINGT-CINQVIIÉME  LIVRE 


590 

de  ptisane,  ou  quelque  autre  liqueur, 
à  fin  d’oster  la  mauuaise  saueur  qui 
peut  estre  de  reste  du  masticatoire. 

.  ■ 


CHAPITRE  XXXVII. 

DES  GARGARISMES. 

Gargarisme  est  vne  liqueur  appro¬ 
priée  au  lauement  de  la  bouche  et  de 
toutes  les  parties  d’icelle ,  tant  pour 
empescher  fluxion  et  inflammation, 
que  pour  curer  vlceres  de  la  bouche 
et  appaiser  douleurs. 

Les  gargarismes  sont  composés  en 
deux  maniérés.  La  première  est , 
quand  on  fait  cuire  racines,  fueilles, 
fleurs ,  fruits ,  et  semences  seruans  à 
nostre  intention.  La  décoction  est 
faite  en  eau  seule,  ou  eau  et  vin 
blanc ,  ou  en  gros  vin  rouge  et  stip- 
tique ,  ou  en  ptisane ,  ou  laict  clair , 
ou  décoction  d’orge,  ou  décoction 
pectorale  :  le  tout  selon  la  diuersité 
de  nostre  intention,  qui  est  ou  de  re¬ 
pousser,  rafraischir,  et  empescher 
l’inflammation,  comme  en  mal  de 
dents  qui  se  fait  :  ou  de  digerer, 
comme  en  mal  de  dents  qui  est  ja 
fait  ;  ou  de  mondifier,  comme  en  vl¬ 
ceres  de  bouche  :  ou  de  seicher  et  as¬ 
treindre,  comme  quand  il  est  question 
de  fermer  iceux  vlceres  ja  parauant 
mondifiés.  L’autre  maniéré  de  com¬ 
poser  gargarismes  est  sans  décoction, 
quand  nous  faisons  gargarismes,  ou 
auec  les  eaux  distillées  seulement, 
ou  meslées  auec  syrops ,  ou  auec 
mucilage,  ou  auec  du  laict  de  vache, 
ou  laict  clair  de  chéure,  bien  passé 
et  coulé.  Aucunesfois  on  mesle,  tant 
auec  la  décoction  que  les  eaux  et 
mucilages,  miel  rosat,  oxymel  simple, 
dianucum ,  diamoron ,  hiera  picra ,  1 
oxysacchara,  syfop  de  roses  seiches,  I 


syrop  aceteux,  et  autres  syrops  selon 
nos  intentions  susdites  :  alum,  ba- 
laustes,  myrrhe,  thus,  gingembre, 
poyure,  canelle,  roses  seiches,  et  au¬ 
tres  ;  iusques  là  mesme ,  que  quel- 
quesfois  en  la  décoction  des  garga¬ 
rismes,  nous  y  faisons  entrer  medi- 
camens  propres  à  attirer  les  humeurs 
du  cerueau ,  comme  le  pyrethre  ,  le 
carthame,  la  racine  de  turbith,  et  au¬ 
tres  ,  propres  à  tirer  la  pituite , 
moyennant  qu’ils  n’ayent  aucune 
I  amertume  en  soy  :  qui  est  cause  que 
ny  l’agaric,  ny  la  colocynthe ,  n’ont 
lieu  en  ceste  composition. 

Là  quantité  de  la  totale  liqueur 
d’vn  gargarisme  doit  estre  comme  de 
demie  liure  iusques  à  vne  liure  :  on 
y  met  des  syrops,  ou  autre  telle  com¬ 
position  ,  iusques  à  deux  onces.  Les 
poudres  sont  mises  en  bien  petite 
quantité  ,  comme  iusques  à  trois 
drachmes  :  d’alum  on  y  met  iusques  à 
six  drachmes  :  les  mucilages  faits  de 
deux  drachmes  des  semences  mucila- 
gineuses.  Les  exemples  feront  le  tout 
assez  clair  et  facile. 

Gargarisme  astringent  et  repercussif. 

:2f.  Plantaginis ,  polygoni ,  oxalidis  ana  m.  j. 
Rosarum  rubrarum  p.  fi. 

Hordei  p.  j. 

Fiat  decoctio  ad  g .  vîij.  in  qua  dissolue  : 
Syrupi  myrtillorum  3.  vj. 

Dianucum  f .  fi. 

Fiat  gargarisma. 

Gargarisme  anodyn. 

Chamæmeli,  melilotl ,  anethi  ana  p.  j. 
Rosarum  rubrarum  p.  fi . 

Passularum  mundatarurn  et  ûcuum  ana 
paria  iij. 

Decoquantur  in  æquls  partibus  vini  albi 
et  aquæ  ad  § .  vj.  addendo  mucilaginis 
seminis  Uni  et  fœnugræci  ana  § .  ij. 
Fiat  gargarisma. 


DES  MEDICAMEWS. 


Gargarisme  mondificatif, 

"îf.  Aquæ  plantaginis  ,  aquæ  ligustri  et  ab- 
sinthij  ana  § .  ij. 

Mellis  rosati  colati  3.  vj. 

Syrupi  rosarum  siccarum  et  de  absinthio 
ana  3.  vj.  I 

Fiat  gargarlsma. 

Nous  vsons  des  gargarismes  au  ma¬ 
tin  et  à  ieun,  après  les  purgations 
vniuerselles,  tant  pour  deterger,  re¬ 
froidir,  repercuter,  attirer,  que  pour 
appaiser  douleurs,  et  autres  inten¬ 
tions.  Aucunesfois  l’on  les  prend  tous 
froids,  principalement  quand  il  se  fait 
quelque  distillation  d’humeur  acre 
et  subtil  :  autresfois  on  les  fait  tiédir, 
selon  les  indications  que  nous  auons 
tant  des  maladies  que  du  temps. 


CHAPITRE  XXXVIII. 

DES  DENTIFRICES. 

Dentifrices  sont  medicamens  com¬ 
posés,  seruans  aux  dents,  dont  ils  re¬ 
tiennent  le  nom,  pour  les  nettoyer  et 
blanchir  :  ils  sont  faits  en  plusieurs 
maniérés.  Les  vns  sont  secs,  les  au¬ 
tres  humides.  Quant  aux  secs,  les  vns 
sont  en  façon  d’opiate ,  les  autres  en 
poudres  seiches  grossement  pulueri- 
sées.  Les  humides  sont  faits  par  dis¬ 
tillation. 

La  matière  des  deux  premiers  est 
faite  des  medicamens  detergeans  et 
desseichans  ,  comme  coralla ,  cornu 
cerui,  os  sepiœ,  alumen^  crystallus,pu- 
mex ,  sol  nitrum,  myrrha,  thus,  ba- 
laustia,  glandes,  omnes  testœpiscium  ; 
lesquels  aucunesfois  on  brusle ,  et 
après  sont  mis  eu  poudre,  souuentes- 
fois  sont  puluerisés  sans  vstion 
(comme  l’oa  sepiœ,  pour-ce  qu’estant 


591 

bruslé  il  exhale  vne  odeur  fetide  et 
mal-plaisante  j  en  y  adioustant  quel¬ 
ques  medicamens  aromatiques  pour 
donner  odeur  aux  autres ,  comme 
cinnarnomum,  doux  de  girofle,  noix 
muscade  ,  et  autres  semblables ,  l’on 
fait  dentifrices  secs.  Si  telles  poudres 
sont  incorporées  ou  auec  quelque  sy- 
rop,  ou  oxymel  scilliticum ,  ou  quel¬ 
que  mucilage  de  gomme  arabique  et 
de  tragacantha,  l’on  fera  opiates  ser- 
uanles  à  dentifrices,  lesquelles  aucu¬ 
nesfois  sont  figurées  en  pyramides 
longues  d’vn  doigt,  rondes  ou  quar- 
rées,  pointues  au  bout,  et  seiches 
pour  seruir  de  dentifrices.  Aussi  sou- 
uentesfois  l’on  fait  cuire  racines 
emollientes  auec  du  sel,  ou  de  l’a- 
lum,  et  après  seicher  au  four  pour 
dentifrices.  Les  humides  sont  faits 
des  herbes  desseichantes  mises  en 
alembic  pour  distiller,  auec  aucuns 
des  medicamens  secs  et  astringens  cy 
dessus  descrits.  Les  exemples  donne¬ 
ront  à  connoistre  la  quantité  des 
medicamens  seruans  à  dentifrices. 

Poudre  pour  blanchir  les  dents» 

Lapidis  spongiæ,  pumicis,  et  cornu  cerui 
vsli  ana  5.  ij. 

Coralli  rubri  et  crystalli  ana  3.  j. 
Aluminis  et  salis  vsti  ana  3,  j.  6 . 
Cinnainomi  et  caryophyllorum ,  rosa¬ 
rum  rubrarum  pulueratarum  ana  3 .  ij. 
Fiat  puluis  pro  dentifricio. 

Autre. 

2f.  Ossis  sepiæ  3.  fi. 

Mastic,  coralli  rubri  vsti  ana  3.  ij. 
Cornu  cerui  vsti  3.  j.  fi . 

Aluminis ,  carbonis  rorismarini  ana  5.  j. 
Cinnamomi  3.  ij. 

Fiat  puluis. 

Autre. 

y.  Ossis  sepiœ,  aluminis  et  salis  vsli  ana  3,  j. 


LE  vmGT-ClNQVIÉME  LIVRE, 


Ü92 

Crystalli ,  glandium ,  tnyrrhæ,  thuris  ana 
9  ij. 

Corlicis  granatorum ,  macis,  cinnamomi 
ana  9.j. 

Fiatpuluis.qui  excipiaturmucilagine  gummi 
tragacanlhæ,  et  formentur  pyramides 
longæ  siccandæ  pro  dentifricio. 

Autre. 

Of.  Radicis  maluæ  iunioris  et  Wsmaluæ  ana 
§.  ij- 

Coquantur  in  aqua  salsa  aut  aluminosa , 
deinde  siccentur  in  furno  pro  dentifricio. 

Dentifrice  humide  bien  expérimenté. 

"if.  Salis  S  .  vj. 

Aluminis  §.  iij. 

Thuris,  mastichis,  sanguinis  draconis 
ana  §.  fi. 

Aquæ  rosarum  3.  xj. 

Distillentur  in  alembico  vilreo  pro  denti¬ 
fricio. 

Les  dentifrices  seruent  à  polir  les 
dents,  mondifier,  nettoyer,  et  confer- 
mer.  Aucunesfois  on  en  vse  aux  réfri¬ 
gérations  et  douleurs  d’icelles ,  son- 
uentesfois  aussi  és  vices  de  la  bouche 
et  genciues  corrodées.  Le  temps  de 
les  appliquer  est  le  matin ,  ou  deuant 
et  après  le  repas. 

Les  anciens  sans  artifice  faisoient 
des  dentifrices  de  bois  de  lentisque 
pour  affermir  les  dents  tremblantes  : 
ce  qui  se  pratique  encores  journelle¬ 
ment  en  Languedoc ,  où  tel  bois  est 
frequent ,  et  dont  on  en  apporte  en 
Cour  pour  les  Seigneurs  :  à  mesme 
effet  pourroit  seruir  la  myrrhe,  ettout 
autrebois  astringent.  Nostre  vulgaire 
se  sert  à  ceste  intention  de  caules  de 
fenoil ,  et  sans  raison ,  veu  qu’en 
telle  plante  n’y  a  aucune  astriction  : 
parquoy  ne  peut  estre  choisie ,  sinon 
pour  l’odeur  agréable  qui  est  en  elle, 
et  pour  bien  simplement  se  curer  les 
dents. 


CHAPITRE  XXXIX. 

DES  SACHETS. 

Sachet  est  vne  composition  de  me- 
dicamens  secs  etpuluerisés  mis  en  vn 
petit  sac ,  dont  il  retient  le  nom  :  et 
semble  telle  composition  estre  seule¬ 
ment  vne  fomentation  aride  et  seiche, 
comme  auons  dit  au  chapitre  des  Fo¬ 
mentations. 

Les  différences  des  sachets  ne  sont 
prises  que  des  parties  ausquelles  ils 
sont  appliqués.  Ceux  qui  s’appliquent 
à  la  teste  doiuent  estre  faits  en  maniéré 
de  bonnet  ou  coiffe.  Les  sachets  pour 
l’estomach  doiuent  auoir  la  figure 
d’vne  cornemuse.  Pour  la  ralte  ils 
sont  faits  en  forme  de  langue  de 
bœuf  :  et  ainsi  sont  appropriés  au 
foie,  au  cœur,  à  la  poitiine,  selon  la 
figure  des  parties. 

La  matière  des  sachets  le  plus  sou- 
uent  est  prise  des  semences  entières 
fricassées  en  vne  paesle,  ou  mises  en 
poudre  :  quelquesfois  on  y  adiouste 
racines ,  fleurs ,  fruits  ,  escorces,  pou¬ 
dres  cordiales ,  et  autres  medicamens 
secs,  et  qui  se  peuuent  mettre  en  pou¬ 
dre  ,  conuenables  aux  affections  des 
parties  où  nous  les  voulons  appliquer. 
La  quantité  des  poudres  n’est  pas  li¬ 
mitée  ,  ny  certaine  en  tous  sachets  : 
quelquesfois  elle  est  plus  grande , 
quelquesfois  plus  petite,  selon  les 
parties  esquellesnous  voulons  mettre 
sachets.  Icelle  doit  estre  obseruée  aux 
autheurs  qui  ont  ordonné  sachets  : 
esquels  ie  la  trouue  de  trois  onces 
iusques  à  six  onces  et  demie.  Aucu¬ 
nesfois  l’on  ordonne  herbes  seiches  et 
fleurs  par  manipules  ou  pugilles  :  et 
lù  gist  la  considération  de  la  bonne  et 
deuë  quantité  des  poudres,  Le  reste 


DES  MEDICAMENS. 


ie  délaissé  à  plus  curieuse  inquisition  : 
venons  aux  exemples. 

Sachet  pour  conforter  l’estomach. 

%.  Rosarum  rubrarum  p.  j. 

Mastichis  û. 

Coralli  rubri  3.  iij. 

Seminis  anisi  et  fœniculi  ana  3.  ij. 

Nucis  moscatæ  3  j. 

Summitatum  absiiithij  et  mentbæ  ana 
m.  j. 

Tritis  omnibus ,  fiat  sacculus  interbastatus 
pro  ventriculo. 

Sachet  ês  affections  froides  du  cerueau. 

2f,.  Purfuris  macri  p.  j. 

Milij  §.j. 

Salis  3.  ij. 

Rosarum  rubrarum,  florum  rorismarini, 
stœchados ,  caryophyllorum  ana  3.  ij. 
Foliorum  betonicæ  et  saluiæ  ana  m.  ft. 
Tritis  omnibus  fiat  cucuphaintersuta  et  ca- 
lefacta  fumo  thuris  et  sandaracæ  exusto- 
rum ,  capiti  apponatur. 

Sachet  pour  Le  cœur. 

Florum  borraginis,  buglossæ  et  violarum 
ana  p.  ij. 

Corticiscitri  sicci,  macis,  ligni  aloës,  ra- 
suræ  eboris  ana  3.  j. 

Ossis  de  corde  cerui,  croci  ana  9 .  ij. 
Foliorum  melissæ  m.  fi. 

Pulueris  diambræ  3.  fi» . 

Contritis  omnibus  fiat  sacculus  è  serico  pro 
corde,  irrorandus  aqua  scabiosæ.  • 

Nous  vsons  des  sachets  à  conforter 
tant  les  parties  nobles ,  le  cerueau,  le 
cœur,  et  le  foye  ,  que  le  ventricule,  la 
ratte  ,  la  poitrine,  et  partie  du  ven¬ 
tre  inferieur.  Souuentesfois  aussi  nous 
en  vsons  pour  discuter  et  dissiper  les 
ventosités,  comme  les  coliques  et 
pleurésies  qu’on  appelle  baslardes  , 
à  flatu.  Iceux  faut  coudre  en  presses 
IM. 


593 

interbastaloires  ‘  :  les  poudres  estant 
espanchées  sur  du  coton ,  à  fin  qu’el¬ 
les  ne  panchent  plus  en  vn  endroit 
qu'à  l’autre.  Aucunesfois  nous  arro¬ 
sons  lesdits  sachets  de  vin,  ou  des 
eaux  distillées  :  autresfois  non  de  la 
substance,  mais  de  la  simple  vapeur 
de  vin ,  ou  eau  distillée  et  versée  sur 
vne  paesle  de  fer,  toute  rouge  de  feu  ; 
autresfois  nous  les  eschauffons  avec 
parfums,  ou  les  fricassons  en  paesle. 
Les  sachets  du  cœur  doiuent  estre 
faits  de  soye  cramoisie  ou  sandal , 
pour-ce  (disent-ils)  que  telles  ma¬ 
tières  sont  teintes  en  escarlate ,  de 
laquelle  la  graine  nommée  alker- 
mes  resiouït  le  cœur  :  les  autres  de 
linge  bien  délié  :  aucunesfois  l’on  les 
j  fait  de  taffetas  comme  les  bonnets. 


CHAPITRE  XL. 

DES  SVFFVMIGATIONS  ET  FARFVMS. 

Parfum  est  vne  euaporation  de  me- 
dicamens  humides ,  visqueux  aucune¬ 
ment,  et  gras.  Il  y  a  deux  maniérés  de 
parfums  et  suffumigations  ,  les  vns 
sont  secs ,  les  autres  humides  ;  les 
sec§  sont  faits  en  deux  sortes  :  les  vns 
sont  faits  en  trochisques,  les  autres  en 
pilules.  La  matière  d’iceux  doit  estre 
grasse  et  visqueuse ,  à  fin  qu’en  brus- 
lant  elle  puisse  rendre  fumée,  comme 
ladanum  ,  myrrha ,  masliche  ,  piœ  , 
cera,  résina ,  terebenthinuy  caslorcum, 
stijrax,  thus ,  olibanum,  et  les  autres 
gommes  ,  lesquelles  on  peut  mesler 
avec  poudres  conuenables  à  nos  in¬ 
tentions  :  car  elles  seruent  de  ma¬ 
tière  à  incorporer  lesdites  poudres  en 
trochisques  ou  pilules.  Aucuns  vsent 

*  Interbastaloires,  J’ignore  ce  que  -veut 
dire  ce  mot;  le  latin  l’a  passé  sous  silence. 

38 


LE  VINGT-CIWQVIEME  LIVRE  , 


594 

seulement  des  poudres  sans  y  adious- 
ter  autre  matière  grasse  :  mais  le 
parfum  d’icelles  n’est  tant  long  ny  de 
tel  effet  que  quand  elles  sont  meslées 
auec  gommes,  par  le  moyen  desquel¬ 
les, outre  cela,  lesingrediens  sont  bien 
mieux  incorporés  l’vn  auec  l’autre. 

Les  poudres  peuuent  estre  mises  és 
parfums  d’vne  demie  once,  iusques  à 
vne  once  et  demie ,  auec  suffisante 
quantité  des  gommes ,  laquelle  aucu- 
nesfois  est  de  deux  onces,  plus  ou 
moins:  toutesfoisla  quantitédu  toutes! 
délaissée  au  iugement  du  composant. 

Parfum  desseichant  et  confortant  le  cerveau. 

Of,  Sandaraeæ ,  mastiches  et  rosarum  ana 

34  • 

Benioini,  galangæ  ana  3.  iij. 
Terebenlhina  excipiantur,  et  fiant  trochisci, 
quibus  incensis  suffumigentur  tegumenta 
capitis. 

Autre  pour  les  duresses  des  nerfs. 

“if..  Marcassitæ  §.ij. 

Bdellij,  myrrhæ,  styracis  ana  § .  J.  15. 
Ceræ  flauæ  et  terebenthinæ  quantum  sa¬ 
lis  sit. 

Fiant  formulæ  pio  sufTumigio. 

Autre  pour  les  restes  de  la  verole. 

:if.  Cinnabaris  5.  ij. 

Styracis  et  benioini  ana  § .  j. 

Cum  terebenthina  fiant  trochisci  pro  suffu- 
migio  per  embotum. 

Nous  vsons  des  parfums  aux  gran¬ 
des  obstructions  du  cerueau,  vlceres 
des  poulmons,  à  la  toux  ja  vieille,  en 
astbma,  douleurs  de  costés,  aux  af¬ 
fections  de  la  matrice,  et  autres  affec¬ 
tions  des  parties  du  corps.  On  par¬ 
fume  aucunesfois  tout  le  corps,  pour 
la  curation  de  la  verole,  et  esmouuoir 
sueurs:  aucunesfois  vne  partie  seule 


qui  a  quelque  relique  de  ladite  verole, 
et  tels  parfums  sont  faits  de  cinnabre, 
qui  a  grande  quantité  d’argent  vif. 

La  maniéré  de  parfumer  est  que  la 
fumée  soit  receuë  de  l’emboucheure 
large  d’vn  entonnoir,  qu’ils  appellent 
Embotum,  et  expire  seulement  par  le 
petit  souspirail,  à  fin  que  la  fumée  ne 
soit  dissipée ,  et  soit  seulement  assise 
sur  la  partie  affectée  que  l’on  veut 
parfumer.  Ainsi  faut  faire  à  la  ma« 
trice ,  et  aux  oreilles.  Aux  parfums 
tant  du  cerueau  que  du  thorax,  faut 
ouurir  la  bouche,  et  prendrela  fumée 
tant  auec  la  bouche  que  par  le  nez: 
et  outre  faire  tenir  au  dessus  de  la 
teste  vn  grand  voile  en  forme  de 
paesle,  à  fin  que  la  fumée  plus  ra-- 
massée  en  soy  face  d’auantage  d’im¬ 
pression  et  d’operation. 

Les  humides  sont  faits  aucunesfois 
de  décoctions  d’herbes,  souuentesfois 
d’vn  seul  médicament  simple  que  l’on 
fait  boüillir  auec  huiles  ardentes,  ou 
quelques  marcassites  aussi  ardentes, 
lesquelles  on  fait  esteindre  en  vi¬ 
naigre  ,  vin ,  eau  de  vie ,  et  autre 
telle  liqueur,  à  fin  que  soit  leuée  va¬ 
peur  et  fumée  humide.  Nous  vsons 
de  tels  parfums  aux  affections  scir- 
rheuses,  quand  nous  voulons  astrein¬ 
dre  ,  penetrer ,  inciser ,  desseicher,  et 
résoudre.  La  maniéré  de  l’ordonner 
est  telle. 

Laterem  vnum  satls  crassum  aut  mar- 
cassitam  ponderis  ïb.  j. 

Incandescat  super  carbones  ignilos  .delnde 
eitinguatur  in  acelo  acerrimo,  effun- 
dendo  intérim  paucam  aquam  vitas,  fiat 
suffumigatio  pro  parle  laborante. 

Les  parfums  faits  de  décoction 
d’herbes  et  autres  medicamens  sont 
peu  differens  des  fomentations  hu¬ 
mides  :  car,  quant  à  la  composition, 


DES  MEDiCAMENS. 


n’y  a  aucune  différence  :  maisTappli- 
cationdes  fomentations  humides  n’est 
telle  quedessuffumigations.  Parquoy 
me  contenteray  de  bailler  seulement 
vu  exemple  d’vue  suffumigation  hu¬ 
mide; 

Suffumigalion  pour  Voreille. 

’if..  Absinthij.saluiæ,  rutæ,  origani  anap.J. 
Radicis  bryonæ  etasari  ana  §  .  fi. 
Seminis  sinapi  et  cumini  ana  3.  ij. 
Decoquantur  in  duabus  partibus  aquæ,  et 
vna  vinialbi,  pro  suffumigio  auris  cum  I 
emboto. 

Il  y  a  de  telles  suffumigations  hu- 
tnides  vniuerselles  et  pour  tout  le 
corps,  que  nous  appelions  estimes 
seiches,  desquelles  nous  parlerons  cy 
après. 


CHAPITRE  XLI. 

BES  IISSESSIONS  OV  DEMYS  BAINGS. 

Insession,  ou  semicupium,  n’est  au¬ 
tre  chose  qu’vn  demy  baing  des  par¬ 
ties  du  ventre  inferieur,  ainsi  appellé 
à  cause  qu’il  faut  que  le  patient  soit 
assis  sur  la  décoction  des  herbes. 
Insession  est  peu  differente  de  fomen¬ 
tation  humide,  car  elle  est  faite  de 
mesme  matière,  sçauoir  de  la  décoc¬ 
tion  d’herbes ,  racines ,  semences , 
fruits  :  mais  la  quantité  de  la  décoc¬ 
tion  est  plus  grande  és  insessions 
qu’aux  fomentations  :  toutesfois  nous 
ne  descrirons  icelle  quantité ,  ains  la 
laisserons  au  iugement  de  l’opera¬ 
teur,  disant  seulement  pro  semicM/u'o 
ou  pro  insessu  :  neantmoins  il  y  faut 
mettre  grande  quantité  d’herbes  et 
racines  que  l’on  veut  cuire  ,  comme 
iusques  à  0.  ou  7.  manipules.  Vne 
exemple  seule  te  monstrera  le  tout. 


695 

Insession  pour  vne  affection  de  reins. 

Tf,  Maluæetbismaluæcumtotoanam.j.  fi. 
Betonicæ,  saxifragtæ,  parietariæ,  ana 

m.  j. 

Seminum  melonis,  milij  solis,  alkekengi, 
ana  3.  iij. 

Cicerum  rubKorum  p.  ij. 

Radicis  apij ,  graminis ,  fœniculi ,  eryn- 
gij  ana  §.  j. 

Decoquantur  in  suiBcienti  quantitate  aquæ 
pro  insessu. 

Nous  vsons  des  insessions  és  affec¬ 
tions  des  reins,  de  la  vessie  et  de  son 
I  col,  de  la  matrice  et  de  son  col,  du 
siégé  et  ventre  inferieur,  quand  le 
patient  pour  son  imbécillité  ne  peut 
endurer  le  baing,  qui  luy  pourroit 
faire  trop  grande  resolution  d’esprits. 

La  maniéré  d’en  vser  est  telle.  Faut 
remplir  des  sachets  de  la  résidence  de 
la  décoction ,  et  faire  asseoir  le  pa¬ 
tient  sur  lesdits  sachets  :  mais  faut 
ce  temps  pendant  couurir  la  teste, 
de  peur  qu’elle  ne  soit  remplie  de  fu¬ 
mées  et  vapeurs.  Aucunesfois  l’on 
fait  asseoir  le  patient  en  la  décoction 
iusqu’ au  nombril,  que  nous  appelions 
Semicupium,  ou  demy  baing,  à  raison 
que  toutes  les  parties  basses  sont  bai¬ 
gnées  et  estimées. 

Reste  maintenant  escrire  des  baings 
tant  naturels  qu’artificiels,  à  fin  que 
l’vsage  et  artifice  d’iceuxsoit  entendu 
comme  des  autres  cy  dessus. 


CHAPITRE  XLTI. 

DES  BAINGS. 

Les  baings  ne  sont  autre  chose  que 
fomentations  vniuerselles  de  tout  le 
corps,  seruans  tant  à  garder  la  santé 
d’iceluy  (comme  Galien  monstre  au 


LE  VINGT-CJNQVllîME  LIVRE, 


696 

]iure  2,  de  Sanitate  htmcîa)'(ixi’ü  cu- 
raüon  de  la  plus  part  des  maladies  : 
remedes  fort  communs  et  familiers 
aux  Médecins  anciens,  tant  Grecs  que 
Latins,  sur  tous  les  autres  remedes 
topiques  et  externes  :  car  outre  leur 
vsage  et  profit  (qui  est  d’euacuer  les 
excremens,  et  autres  humeurs  pour¬ 
ris  acrestésàla  peau,d’appaiser  dou¬ 
leurs,  lassitudes,  et  corriger  toutes 
intemperatures  du  corps)  en  la  cura¬ 
tion  des  fleures  et  en  la  plus  part 
des  autres  maladies  sont  le  dernier 
refuge,  de  grande  aide  et  effets  mer- 
ueilleux.  Outre  ce  ils  sont  délecta¬ 
bles  aux  hommes  :  parquoy  d’iceux 
la  connoissance  est  fort  vtile  et  ne¬ 
cessaire. 

L’on  fait  deux  différences  des 
baings  :  les  vns  sont  naturels,  les  au¬ 
tres  artificiels.  Les  naturels  sont  ceux 
qui  de  leur  propre  nature  sortent  tels 
sans  aide  ou  artifice  externe,  et  ont 
quelque  qualité  médicamenteuse.  Car 
l’eau  qui  de  son  naturel  doit  estre 
sans  qualité  apparente  »,  si  d’aduen- 
ture  elle  passe  par  les  minières  des 
corps  métalliques,  ou  prés  d’icelles, 
promptement  elle  reçoit  impression 
des  qualités  et  effets  desdits  métalli¬ 
ques.  A  ceste  cause  toute  telle  eau, 
ainsi  que  Galien  dit  au  premier  liure 
de  Sanitate  tuendd ,  a  vne  vertu  com¬ 
mune  qui  est  de  desseicher  :  mais 
particulièrement  l’ vne  eschauffe  gran¬ 
dement  et  desseiche  ,  l’autre  dessei¬ 
che,  astreint  et  réfrigéré.  Lesdites 
eaux  sont  chaudes,  tiedes  ou  bouil¬ 
lantes,  selon  qu’elle  passent  prés  ou 
loin  des  matières  alluméessous  terre, 
desquelles  retiennent  et  empruntent 
la  vertu,  à  cause  qu’elles  passent  par 
les  minières  pleines  de  feu,  et  faisans 
leurs  cours  par  icelles,  acquièrent 

1  Galien,  au  liu.  des  Alimens.’^  A.  P, 


chaleur  actuelle,  sans  autre  artifice: 
laquelle  chose  est  de  grande  admira¬ 
tion,  d’où  se  concret  telle  chaleur 
sous  la  terre,  où  manifeste  feu  n’ap- 
paroist  :  aussi  qui  l’allume,  qui  l’en¬ 
tretient  et  nourrit  par  si  long  temps 
sans  s’esleindre.  Aucuns  philosophes 
voulans  donner  raison  naturelle,  di 
sent  que  le  feu  s’allume  sous  terre  par 
les  rayons  du  soleil  ;  les  autres  disent 
que  c’est  par  la  pénétration  des  fou¬ 
dres  ;  autres  que  c’est  par  l’air  ve- 
hementement  esmeu,  comme  dehors 
du  caillou  est  tiré  le  feu  par  attrition. 
Mais  outre  ces  raisons  humaines,  la 
cause  principale  doit  estre  referée  à 
la  grande  prouidence  du  grand  Ar- 
chitecteur  facteur  de  toutes  choses, 
qui  a  voulu  manifester  sa  puissance, 
voire  iusques  aux  entrailles  de  la 
terre.  laçoit  qu’aucuns  veulent  que 
telles  eaux  soient  eschauffées  par  le 
moyen  du  soulphre ,  qui  entre  les 
corps  métalliques  retient  plus  la  na¬ 
ture  du  feu,  comme  aussi  on  luy  at¬ 
tribue  la  cause  du  feu  perpétuel  qui 
dés  tout  temps  sort  de  la  montagne 
de  Sicile  nommée  Ætna,  ainsi  qu’a- 
uons  parlé  cy  deuanf,  et  selon  que 
descriuent  les  poètes  et  historiens  :  à 
ceste  cause  les  eaux  son  ans  ainsi 
chaudes  retiennent  principalement  la 
vertu  du  soulphre.  Les  autres  repré¬ 
sentent  la  qualité  de  l’alum  ou  du 
sel  nitre,ou  de  bitumen,  ou  chalcan- 
thum.  Et  telles  eaux  tant  chaudes 
quefroides  sont  conneuëspar  saueur, 
odeur,  couleur,  et  le  limon  qui  ad¬ 
héré  aux  canaux  aussi  par  séparation 
artificielle  des  parties  terrestres  des¬ 
dites  eaux  d’auec  les  subtiles  :  comme 
en  faisant  boülllir  l’eau  dudit  baing, 
comme  si  tu  voulois  faire  cautères, 
laquelle  estant  consommée  tu  con- 
noistraspar  lesdites  parties  terrestres 
qui  demeureront,  la  nature  du  baing. 


DES  MEDICAMENS. 


Comme  s’ilest  sulphuré,  lesdites  par¬ 
ties  terrestres  sentiront  le  soulphre  : 
s’il  est  alumineux,  auront  le  goust 
d’alum ,  et  ainsi  consequemment  des 
autres.  D’auantage  par  les  effets  et 
aides  qu’elles  donnent  aux  maladies, 
lesquelles  déclarerons  particulière¬ 
ment,  commençans  aux  sulphurées. 

Les  eaux  sulphurées  eschauffent 
grandement,  desseichent,  resoluent, 
ouurent,  attirent  du  dedans  au  de¬ 
hors  :  elles  nettoyent  la  peau  de  gal¬ 
les,  gratelles,  et  dartres  :  sont  profi¬ 
tables  au  prurit,  aux  vlceres,  de- 
fluxions  des  articles,  et  gouttes  :  elles 
remédient  au  mal  de  la  colique,  de  la 
ratte  endurcie  :  inutiles  au  reste  pour 
boire,  à  cause  de  leur  mauuaise 
odeur  et  saueur,  et  nuisantes  au 
foye. 

Les  alumineuses,  quant  à  leur  sa¬ 
ueur,  ont  vne  grande  stipticité  et 
astriction ,  partant  desseichent  gran¬ 
dement.  Leur  chaleur  n’est  tant  ma¬ 
nifeste  :  toutesfois  quand  on  en  boit, 
elles  laschent  fort  le  ventre  ;  ce  qui 
semble  aduenir  à  raison  d’vne  nilro- 
sité  et  chaleur.  Elles  detergent  et  re¬ 
priment  les  fluxions^  et  les  menstrues 
superflues  des  femmes  :  conuiennent 
aux  douleurs  des  dents ,  aux  vlceres 
corrosifs,  et  apostemes  cachées  et  la¬ 
tentes,  tant  des  genciues  que  d’autre 
partie  de  la  bouche. 

Lessaiées  et  nitreuses  sont  mani¬ 
festes  de  leur  saueur  :  elles  eschauf¬ 
fent  ,  desseichent ,  astreignent ,  de¬ 
tergent,  resoluent,  extenuent ,  résis¬ 
tent  à  la  putréfaction,  estent  les 
ecchymoses  :  elles  profitent  aux  gra- 
telles  vlcereuses  ,  et  vlceres  malings, 
et  toutes  tumeurs  laxes  :  telle  est 
l'eau  de  la  mer. 

Les  bitumineuses  eschauffent  conti¬ 
nuellement,  resoluent,  et  par  longue 
espace  de  temps  emolliasent  les  nerfs  : 


^97 

elles  sont  toutesfois  diuerses  et  varia¬ 
bles,  selon  les  especes  et  diuersités  de 
bitumen  qui  impriment  leurs  qua¬ 
lités  esdites  eaux. 

Les  eaux  qui  retiennent  la  qualité 
de  l’airain  ou  cuyure,  eschauffent, 
desseichent,  detergent,  resoluent, 
incisent  et  astreignent  :  elles  aident 
grandement  contre  les  vlceres  corro¬ 
sifs  ,  fistules,  duresses  des  paupières, 
des  yeux ,  et  corrodent  les  carnosités 
tant  du  nez  que  du  siège. 

Les  ferrées  refrigerent,  desseichent, 
et  grandement  astreignent  :  à  ceste 
cause  sont  profitables  aux  apostemes, 
duretés  et  tumeurs  de  la  ratte,  débilité 
d’estomach,  ventricule,  flux  de  mens¬ 
trues  ,  intempéries  chaudes  du  foye 
et  des  reins  :  telles  sont  aucunes  de 
Luques  en  Italie. 

Lès  plombées  refrigerent,  dessei¬ 
chent  ,  et  retiennent  toutes  les  au- 
très  qualités  du  plomb.  Telles  sont 
celles  qui  passent  par  les  canaux  du 
plomb. 

Ainsi  faut  iuger  des  eaux  gypseu- 
ses ,  ou  ayans  la  nature  de  la  craye  , 
lesquelles  ont  les  mesmes  effets  que 
les  corps  par  où  elles  passent. 

Les  susdites  eaux  chaudes  aident 
grandement  contre  les  maladies  froi¬ 
des  et  humides ,  paralysie  ,  spasmes , 
rigueurs  des  nerfs,  tremblement,  pal¬ 
pitations  ,  gouttes  froides  ,  inflations 
des  membres,  hydropisies,  iaunisse 
procédant  d’humeur  visqueux ,  dou¬ 
leurs  de  costés,  coliques,  douleurs  ne- 
phritiques ,  à  la  stérilité  des  femmes , 
à  la  suppression  des  mois  d’icelles,  à 
la  suffocation  de  la  matrice ,  aux  las¬ 
situdes  spontanées ,  aux  defedations 
du  cuir,  dartres,  morphées,  galles, 
gratelles,  à  la  lepre ,  et  autres  mala¬ 
dies  prouenantes  d’obstruction  faite 
d’humeur  visqueux  et  froid ,  à.  raison 
qu’elles  prouoquent  sueurs  ;  mais 


5q8  I-E  vingt-ci NQVl EM E  LIVRE  , 


icelifts  faut  euitcr  és  natures  choléri¬ 
ques,  et  és  inlemperatures  chaudes 
du  foye  :  car  elles  pourroient  causer 
cachexie  et  hydropisie ,  par  la  mau- 
uaise  complexion  acquise  au  foye 
pour  l’vsage  desdites  eaux. 

Les  froides  sont  fort  conuenables 
aux  in  températures  chaudes,  tant  de 
tout  le  corps  que  des  parties  d’iceluy  : 
et  sont  plustost  prises  au  dedans , 
qu’appliquées  au  dehors.  Elles  con¬ 
fortent  grandement  et  roborent  les 
parties  internes  relaxées  :  comme  la 
vertu  retentrice  du  ventricule,  des  in¬ 
testins,  des  reins,  de  la  vessie,  et  des 
autres  parties  du  ventre  inferieur.  Et 
pourtant  elles  corrigent  lesexcessiues 
chaleurs  du  foye ,  le  remettans  à  sa 
naturelle  température ,  et  grandement 
le  corroborent  :  elles  arrestent  flux 
de  ventre,  dysenteries,  flux  de  mens¬ 
trues  ,  flux  d’vrine ,  gonorrhées , 
sueurs  immodérées,  flux  de  sang,  et 
guarissent  beaucoup  d’autres  mala¬ 
dies  causées  par  imbécillité  des  par¬ 
ties  dudit  ventre  inferieur.  Entre  les¬ 
quels  ceux  du  Liege,  et  de  Spa,  et  de 
Plombiere,  pris  par  dehors  et  par  de¬ 
dans  ,  ont  mesme  effet,  faisans  d’vne 
mesme  main  plusieurs  offices  sans 
rien  gaster  :  veu  que  ces  eaux  sont 
tellement  potables,  que  ceux  du  pays 
en  vsent  ordinairement  en  leurs 
potages  et  breuuages  sans  mal  en 
receuoir  ». 

On  fait  des  baings  artificiels  à  l’imi¬ 
tation  des  naturels,  pour  suppléer  le 
defaut  d’iceux ,  en  y  mettant  poudre 
des  dessusdits  minéraux,  comme  soul- 
phre ,  alum ,  sel  nitre ,  bitumen.  Au- 
cunesfois  on  fait  chauffer  fer,  cuyure, 
or,  argent,  iusques  à  rougeur,  et  les 
fait-on  esteindre  plusieurs  fois  en  eau 

1  Cette  dernière  phrase  est  une  addition 
de  1679. 


commune  ou  do  pluye,  pour  en  don¬ 
ner  à  boire  aux  patients.  Et  telles 
eaux  retiennent  souuent  la  vertu 
du  métal  qui  a  esté  esteint  en  icelles, 
comme  l’on  volt  par  les  effets ,  tant 
és  dysenteries  qu’és  autres  excrétions 
immodérées  des  humeurs  bons  et  su¬ 
perflus  au  corps  humain,  quand  elles 
débilitent  nature. 

Outre  ceux- cy,  il  y  a  d’autres  sortes 
de  baings  artificiels ,  desquels  lesvns 
sont  faits  d’eau  simple  seulement 
sans  autre  mixtion  ;  les  autres  sont 
faits  auec  décoction  de  quelques  me- 
dicamens. 

Les  baings  d’eau  simple  doiuent 
estre  tiedes  et  médiocrement  chauds, 
Car  l’eau  estant  ainsi  tiede ,  humecte, 
relasche  ,  amollit  les  parties  solides 
trop  seiches,  dures  et  tendues,  ouure 
les  pores  par  vne  chaleur  accidentale, 
digéré,  attire  et  resoult  les  excremens 
tant  fuligineux  qu’autres,  acres  et 
mordans  ,  arrestés  entre  cuir  et 
chair  ‘  :  aussi  est  fort  commode  aux 
combustions  imprimées  sur  le  corps 
et  visage  par  insolations,  c’est  à  dire, 
trop  grandes  ardeurs  du  Soleil,  et 
aux  lassitudes ,  ausquelles  les  parties 
similaires  sont  desseichées 2.  D’auan- 
tage  soit  que  nous  soyons  eschauffés, 
ou  réfrigérés,  ou  desseichés,  ou 
qu’ayons  nausée ,  ou  quelque  autre 
intempérie,  et  que  le  corps  demande 
quelque  euacuation ,  nous  trouuons 
manifestement  grand  secours  aux 
baings  d’eau  tiede,  et  peuuent  seruir 
de  frictions  ou  d’exercice.  Car  ils  ap¬ 
portent  au  corps  médiocrité  du  tem¬ 
pérament  ;  ils  augmentent  la  chaleur 
et  la  vertu ,  et  auec  sueurs  viennent 
à  discuter  ventosités.  Partant  sont 
conuenables  aux fiéures hectiques,  et 

‘  Galien, au Hu.  3.  de  Sanit.  tuend.—/i..Ÿ, 

*  Gallan,  au  llu.  10  delà  Meih.  A.  P. 


DES  MEDICAMËNS. 


à  la  déclination  de  toutes  les  autres 
fiéures  :  ioint  qu’outre  les  commodi- 
dités  susdites  ils  prouoquent  le  repos 
et  dormir,  ainsique  dit  Galien*.  Mais 
pour  autant  que  l’eau  seule  ne  peut 
longuement  adhérer  au  corps ,  on  y 
mesle  de  l’huile  d’oliue  pour  la  faire 
demeurer  plus  longuement  :  et  iceux 
baings  sont  grandement  loüés  pour 
ceux  qui  sont  de  température  chaude 
et  seiche  :  aussi  sont  proffitables  aux 
inflammations  des  poulmons,  et  aux 
pleuretiques,  parce-ce  qu’ils  appai- 
sent  la  douleur,  et  aident  à  suppu¬ 
rer  les  crachats,  pou rueu  qu’ils  soient 
faits  après  les  choses  vniuerselles  : 
pource  que  s’ils  estoient  pris  auant  la 
purgation  et  saignée,  ils  seraient  fort 
dangereux,  à  raison  qu’ils  pour¬ 
raient  causer  fluxion  sur  les  parties 
affligées.  Le  baing,  dit  Galien,  est  ad¬ 
ministré  sans  danger  aux  maladies, 
quand  la  matière  est  cuitte  et  digé¬ 
rée  :  ils  sont  vtiles  aux  fiéures  arden¬ 
tes  causées  de  cholere,  par-ce  qu’ils 
refrigerent  et  humectent ,  et  aussi 
qu'ils  euacuent  portion  de  la  cholere. 
Pour  tels  effets  sont  choisies  les  eaux 
de  pluye  :  puis  celles  de  riuiere  non 
limonneuse,  en  après  celles  de  bonnes 
fontaines  :  le  dernier  rang  tiennent 
les  eaux  de  paluds  et  estangs  :  car  il 
faut  que  l'eau  pour  le  baing,  que 
nous  appelions  aqua  dulcis ,  soit  lege- 
re,  et  de  substance  ténue  et  subtile. 
Les  baings  d’eau  trop  chaude  ou 
froide  n’ont  pas  tel  vsage ,  mais  plus- 
tost  apportent  vne  incommodité  :  car 
ils  serrent  et  ferment  les  pores  du 
corps ,  et  par  conséquent  retiennent 
les  excremenset  autres  humeurs  à  la 
peau. 

Les  autres  baings  artificiels  sont 

’  Galien,  liu  2.  de  la  Comp,  des  medic, 
parliculiers.  —  A.  P. 


^99 

faits  de  mesme  matière  que  les  fomen¬ 
tations  humides  ;  parquoy  aucuns 
d’iceux  sont  relaxatifs  :  les  autres  sé¬ 
datifs  des  douleurs  :  les  autres  mondi- 
ficatifs  et  detersifs  :  les  autres  prouo¬ 
quent  ou  arrestent  les  menstrues  des 
femmes ,  et  ainsi  des  autres. 

Les  relaxatifs  sont  faits  de  la  décoc¬ 
tion  et  permixtion  des  medicamens 
remollitifs  et  résolutifs  descrits  par  cy 
deuant,misen  grande  quantité.  On  y 
adiouste  aucunesfois  du  vin,  quel- 
quesfois  de  l’huile,  quelquesfois  du 
beurre  frais,  du  laict  :  et  d’iceux  nous 
vsons  aux  suppressions  d’vrine,  et 
douleurs  nephritiques,  et  contractions 
de  nerfs,  et  habitudes  des  corps  hec¬ 
tiques.  Car  par  medicamens  relas- 
chans,  l’aridité  du  cuir  est  corrigée  : 
et  par  les  humectans  ,  qui  peuuent 
penetrer  et  enuoyer  leur  humidité 
grasse  et  aérée,  iusques  au  dedans  du 
corps  ja  raréfié  et  ouuert  par  la  tié¬ 
deur  du  baing ,  afrousée  et  nourrie , 
comme'd’vn  gras  et  fertile  limon. 

Les  anodyns,  qui  allègent  ou  dimi¬ 
nuent  douleur,  sont  faits  des  medica¬ 
mens  anodyns  et  tempérés ,  ausquels 
on  adiouste  quelquesfois  des  medica¬ 
mens  relaxans,  autresfois  des  forts 
résolutifs ,  et  les  fait-on  cuire  en  eau 
et  vin,  principalement  és  douleurs  de 
coliques  prouenans  de  pituite  vitrée , 
ou  des  ventosités  grosses  encloses  au 
ventre.  Nous  vsonsde  telsbaings  pour 
les  douleurs  du  ventre  inferieur,  des 
reins ,  de  la  matrice ,  et  de  l’intesti- 
num  colon.  Toutesfois  ne  faut  que  le 
malade  sue  en  iceux,  mais  seulement 
qu’il  y  nage  quelque  espace  de  temps, 
iusques  à  ce  qu’il  sente  sa  douleur  al¬ 
légée,  de  peur  de  prosterner  d’auan- 
tage  la  vertu  affoiblie  par  douleur. 

Les  detersifs  sont  faits  des  medica¬ 
mens  mondificatifs  et  desseichans. 

,  Quelquesfois  nous  vsons  des  remol- 


600  LIÎ  VINGT-rrNQVIEME  LIVRE  , 


litifs  meslés  aiiec  légers  detersifs,  où 
il  y  a  quelque  dureté  à  la  peau  ,  ou 
que  les  croustes  et  escailles  de  la 
galle  et'  autre  vice  du  cuir  sont  dures 
excessiuement,  pour  venir  par  après 
aux  forts  detersifs  et  desiccatifs.  ils 
sont  fort  requis  és  affect'ons  du  cuir, 
galles,  gratelles,  prurit ,  morphées, 
et  autres  telles  defedalions  du  cuir  : 
après  lesquels ,  pour  troisième  baing, 
faut  faire  décoction  de  choses  dessei- 
chantes  et  astringentes  legerement, 
pour  corroborer  la  peau  et  habitude 
du  corps ,  à  ce  qu’elle  ne  soit  désor¬ 
mais  si  prompte  et  ouuerte  à  rece- 
uoir  nouuelles  fluxions ,  et  que  le  mal 
ne  retourne  comme  parauant. 

On  fait  aucunesfois  d’autres  baings 
composés  et  meslès  ensemble  des  des¬ 
susdits,  selon  les  indications  compli¬ 
quées.  Les  baings  appropriés  aux  fem¬ 
mes  sont  faits  des  medicamens 
appropriés  à  la  matrice ,  selon  les  in¬ 
tentions,  comme  deprouoquer  ou  ar- 
rester  lés  mois  d’icelles.  Vne  seule  des¬ 
cription  d’vn  seruira  pour  toute 
description  de  baing. 

Baing  relaxant  et  anodyn. 

'2f.  Rad.  lilior.  albor.’etbismaluæ  ana  îb.  ij. 

Maluæ,  parietariæ,  viol,  ana  m.  vj. 

Semin.  Uni,  fœnugr.  et  bismal.  analb.  j. 

Flor.  chamæm.,  melil.  et  anethi  ana  p.vj. 
Fiat  decocUo  insufficienti  aquæquantitate, 

cui  permisceto  : 

Oleililiorum  etlini,  ana  Ib.  ij. 

Vini  albi  Ib.  vj. 

Fiat  balneum ,  in  quo  diutius  patet  æger. 

Les  baings  tant  naturels  qu’artifi¬ 
ciels  ,  sont  remedes  fort  loüables  et 
sains,  s’ils  sont  pris  en  temps  deu,  et 
quantité  et  qualité  conuenables , 
comme  tous  autres  remedes  :  mais 
s’ils  ne  gardent  telles  reigles ,  ils  nui¬ 
sent  grandement  :  car  ils  exciteut 


horreurs ,  frissons  et  douleurs ,  den¬ 
sité  de  la  peau  ,  débilitent  les  facultés 
de  nostre  corps,  et  apportent  plu¬ 
sieurs  autres  dommages  *.  Parquoy 
faut  auoir  esgard  aux  considérations 
cyaprésescrites.  Premièrement  auant 
qu’entrer  au  baing  ,  faut  qu’il  n’y  ait 
aucune  partie  principale  debile^.  Car 
telles  parties  debiles  attirent  et  reçoi- 
uent  promptement  les  humeurs  fon¬ 
dus  et  liquéfiés  par  le  baing,  veu  que 
lesvoyes  sontouuertes.  Secondement, 
faut  qu’il  n’y  ait  abondance  et  multi¬ 
tude  d’humeurs  cruds  aux  premières 
veines  ;  car  tels  humeurs  par  le 
baing  seroient  dispersés  par  tout  le 
corps.  Parquoy  il  est  fort  bon  que  les 
purgations  vniuerselles ,  et  vacua- 
t’ons  desdits  humeurs .  precedent 
auant  qu’entrer  au  baing.  Et  non  seu¬ 
lement  telles  purgations  vniuerselles 
sont  necessaires  auant  le  baing,  mais 
aussi  les  excrétions ,  tant  de  l'vrine 
que  d’autres  excremens.  Après  telles 
purgations,  tant  .vniuerselles  que  par¬ 
ticulières  ,  faut  que  la  vertu  et  force 
du  patient  soit  suffisante ,  tant  pour 
entrer  et  demeurer  au  baing,  que 
pour  se  tenir  sans  manger  et  à  ieun, 
Tiercement ,  faut  que  tel  baing  soit 
administré  sans  frisson,  à  cause  qu’il 
pourrait  causer  vne  fiéure. 

Le  temps  commode  pour  se  mettre 
au  baing  est  après  le  soleil  leué ,  à 
ieun ,  ou  six  ou  sept  heures  après  le 
repas,  si  d’aduenfure  on  veut  vser 
deux  fois  le  iour  des  baings.  Car  si  la 
viande  estoit  encore  aux  premières 
veines,  ou  au  ventricule,  elle  seroit 
attirée  auant  sa  parfaite  coction ,  à 
raison  de  la  chaleur  du  baing  qui 
eschaufferoit  toutes  les  parties  du 

^  Galien  ,  au  liu.  iOde  la  Meth, — Galien, 
au  liu.  3.  de  Caus.  puis,  —  A.  P. 

«Galien,  U.  de  la  Meth. -- A.V. 


Ï)KS  MKDICAMENS, 


corps,  dont  elles  seroient  pins  promp¬ 
tes  à  attirer  l’aliment  encore  crnd 
Ancnns  eslisent  la  partie  de  l’année 
commode  pour  lesdils  baings ,  le  Prin¬ 
temps  et  ün  de  l’Eslé  :  autres  vn  iour 
beau  et  clair, ny  froid,  ny  venteux, 
ny  plunieux.  Ainsi  la  disposition  et 
vertu  du  corps  et  les  temps  considé¬ 
rés,  faut  entrer  bien  chaudement  au 
baing,  dans  lequel  ne  faut  boire  ny 
manger  pour  les  causes  ja  dites  :  si 
d’auenture,pour  le  regard  des  forces, 
l’on  ne  prend  vn  peu  de  pain ,  ou 
quelques  raisins,  ou  quelque  orange, 
ou  grenade  pour  la  soif. 

Le  temps  d’y  demeurer  ne  se  peut 
dire  ny  escrire.  Aucuns  toutesfois 
veulent  qu’il  soit  d’vne  demie  heure 
iusques  à  vne  heure  :  mais  ne  se  faut 
fier  à  cela,  ains  auoir  esgard  ù  la 
vertu.  Car  il  ne  faut  que  le  patient 
demeure  au  baing  iusques  à  l’extreme 
débilité  et  foiblesse  :  à  raison  qu’és 
baings  est  faite  grande  résolution  des 
esprits  et  de  l’humeur  substanliflque. 

Au  sortir  du  baing  faut  estre  dili¬ 
gemment  couuert,  et  se  mettre  au 
lict  pour  y  suer,  et  euacuer  par  sueurs 
quelques  excremens  attirés  à  la  peau 
par  la  chaleur  du  baing.  Après  la 
sueur  diligemment  nettoyée,  faut 
faire  ou  frictions  legeres ,  ou  déam¬ 
bulations  :  puis  se  nourrir  de  viandes 
de  bon  suc,  de  facile  digestion  et  dis¬ 
tribution  :  car  la  vertu  concoctrice 
du  ventricule  a  esté  affoibiie  par  le 
baing.  La  quantité  desdites  viandes 
sera  modérée ,  quand  elle  ne  fera  pe¬ 
santeur  à  l’estomach.  Finablemenl, 
après  les  baings  faut  euiter  la  compa¬ 
gnie  des  femmes  :  car  le  coït ,  outre 
rirnbecillité  acquise  du  baing,  il  ab- 
bat  grandement  les  forces  et  venus, 
tant  de  tout  le  corps  que  principale¬ 
ment  des  parties  nerueuses. 

Ceux  qui  se  baignent  pour  Uuresso, 


6oi 

ou  retrecissement  des  nerfs ,  ou  pour 
appaiser  les  douleurs  d’iceux,doiuent 
frotter  et  entourer  les  parties  malades 
de  la  fange  du  baing  :  car  par  ce 
moyen  la  vertu  du  baing  est  conser- 
uée  plus  longuement  en  la  partie  :  et 
reçoit-on  plus  grand  profit  en  se  frot¬ 
tant  et  endui  ant  la  partie  d’icelle 
fange,  que  si  on  vsoit  du  seul  baing  L 
Ces  reigles  icy  diligemment  obser- 
uées  et  gardées,  l’vsage  des  baings 
est  d’vn  effect  diuin  et  merueilleux, 
comme  il  a  esté  prédit  :  et  non  seule¬ 
ment  telles  reigles  sont  à  garder  en 
vsant  des  baings,  mais  aussi  en  pre¬ 
nant  des  estuues,  desquelles  nous 
parlerons,  pour  ratflnitéetvsage  com¬ 
mun  qu’elles  ont  auec  les  baings  ; 
ioiut  aussi  que  les  anciens  vsoient 
des  estuues  seiches  et  baings  l’vn 
après  l’autre ,  et  le  tout  auoit  le  nom 
de  baing ,  comme  il  est  facile  à  con- 
noistre  par  les  liures  de  la  Méthode 
de  Galien. 


CHAPITRE  XLIII. 

DES  ESTVVES. 

Les  estuues  sont  seiches ,  ou  humi¬ 
des.  Les  seiches  sont  faites  auec  vne 
euaporation  d’air  chaud  et  sec  ,  qui 
en  eschauffant  tout  le  corps  ouure  les 
pores  d'iceluy,  et  esmeut  sueurs.  On 
peut  exciter  et  faire  telle  euaporation 
d’air  chaud  et  sec  en  plusieurs  manié¬ 
rés  :  communément  et  publiquement 
est  faite,  tant  en  ceste  ville,  qu’en 
autre  lieu  où  sont  estuues  publiques, 
auec  vn  fourneau  vousté  sous  lequel 
on  fait  grand  feu,  à  fin  que  ledit 
fourneau  estant  eschaiiffé,  puisse 
faire  telle  euaporation.  Toutesfois 
chacun  en  peut  faire  particuliere- 

‘  Ce  paraifraphe  a  (5lé  ajouté  en  1W9. 


Celle  figure  manque  dans  l’édition  de 


DES  MEDICAMENS. 


Si  l’on  n’a  tels  tuyaux,  on  peut 
faire  telles  estuues  humides,  ainsi 
qu’il  s’ensuit.  Faut  faire  cuire  les  her¬ 
bes  en  vn  chauderon ,  puis  les  met¬ 
tras  aux  pieds  du  patient  en  la  cuue, 
estant  bien  couuerte  par  dessus  :  et 
pour  exciter  vapeur  humide,  faut 
mettre  pierres  de  grais  ardentes  dans 
le  chauderon  :  car  elle  boüillira  en  la 
décoction,  et  excitera  grandes  vapeurs 
humides  qui  esmouueront  sueurs. 


CHAPITRE  XLIV. 

DES  FARDS  POVR  DECORER  ET  EMBELLIR 
LA  FACE  DES  FEMMES. 

A  telles  femmes  qui  se  fardent  pour 
leur  plaisir  et  delices ,  ie  ne  leur  vou¬ 
drais  donner  aucun  aide  :  mais  bien 
à  celles  qui  sont  honnestes ,  fuyans 
les  marques  de  vieillesse  et  de  turpi¬ 
tude  ,  desirans  euiter  l’indignation  de 
leurs  maris  :  et  à  icelles  ces  moyens 
qui  s’ensuiuent  s’adressent,  pour  pal¬ 
lier  leurs  rides  et  couleur  mauuaise. 

Or  la  couleur  du  visage  demonstre 
la  bonne  température  ou  mauuaise , 
et  la  domination  des  humeurs  :  car 
chacun  humeur  donne  sa  teinture  au 
cuir,  et  principalement  à  celuy  de  la 
face.  Car  si  la  cholere  domine,  la 
couleur  sera  iaunastre  et  citrine  ‘  :  si 
le  phlegme,  blafarde  :  si  la  melancho- 
lie ,  plombine  ou  liuide  ;  et  si  le  sang, 

la  rencontre  déjà  dans  les  Dix  Hures  de  chi¬ 
rurgie  de  16G4  avec  cette  note  ; 

Cuue  à  double  fons,  entre  lesquels  vne  va¬ 
peur  conduiite  par  tuyau  de  fer  blanc  qui  sort 
d'vne  martniUe ,  de  certaine  décoction  pour 
prouoquer  le  suer,  que  nous  appelions  Estuues 
seiches, 

1  Hippocrates  ,  au  commencement  du  Hure 
des  Humeurs,  —•  A.  ?, 


6o3 

la  couleur  sera  vermeille.  Il  y  a  au¬ 
tres  choses  qui  donnent  la  couleur  au 
cuir,  et  luy  changent  sa  couleur  na¬ 
turelle  :  telles  sont  les  choses  exté¬ 
rieures,  comme  le  soleil,  le  froid  , 
luxure ,  tristesse ,  peur ,  veilles ,  ieus- 
nes ,  douleur,  longues  maladies ,  l’v- 
sage  des  mauuaises  viandes  et  breu- 
uages,  comme  vinaigre  et  mauuaises 
eaux  :  au  contraire ,  les  bonnes  vian¬ 
des  et  le  bon  vin  aident  à  faire  bonne 
couleur,  à  raison  qu’elles  engendrent 
bon  suc. 

Si  telles  turpitudesprouenoienl  par 
les  humeurs  pechans  en  quantité  et 
qualité ,  faut  purger  et  saigner.  Et  si 
tel  vice  prenoit  sa  source  de  quelque 
in  température  des  parties  principales, 
il  faudroit  premièrement  icelle  robo- 
rer  ;  ce  qui  se  fera  par  l’aduis  du 
docte  Médecin.  Maintenant  nous  vien¬ 
drons  aux  remedes  particuliers  ,  qui 
ont  faculté  de  pallier  les  rides  et 
blanchir  le  cuir. 

Premièrement  on  lauera  la  face  en 
eau  distillée  des  fleurs  de  lis,  ou  de  fé- 
ues ,  ou  nénuphar,  ou  laict  de  vache 
pareillement  distillé,  ou  bien  auec 
eau  d’orge  ou  d’amidon ,  de  ris ,  dé¬ 
layés  en  eau  tiede  :  et  la  face  en  es¬ 
tant  lauée  sera  desseichée,  puis  ointe 
des  onguens  que  dirons  cy  après  :  car 
tels  lauemens  detergent  et  préparent 
la  face  à  receuoir  Faction  d’iceux  on¬ 
guens  ,  comme  fait  la  lexiue  alumi¬ 
neuse  au  poil ,  lors  que  l’on  le  veut 
noircir.  Après  auoir  detergé  et  pré¬ 
paré  la  face  ,  on  vsera  des  remedes 
qui  s’ensuiuent ,  lesquels  ont  faculté 
d’embellir,  de  teindre  le  cuir,  et  effa¬ 
cer  les  rides ,  comme  : 

7f.  Gumini  tragaganthæ  conquass.  3.  ij. 
Distemp.  in  vase  vitreo  cumft.ij.  aquæ 
communU. 


6o4  VmGT-CrPTQVIKME  LIVRE  , 


Icelle  gomme  se  fondra ,  et  l’eau 
demeurera  blanche. 

Autre. 

"if.  Lithargyri  auri  5 .  ij. 

Ceriissæ  et  salis  communls  ana  5  .  ft . 

Aceti ,  aquæ  piantagiti.  ana  5  •  Ü- 

Caphuræ  5.  6 , 

Faut  faire  tremper  la  litharge  et  ce- 
ruse  en  vinaigre  l’espace  de  trois  ou 
quatre  heures  à  part,  et  le  sel  et 
camphre  en  l’eau  que  prendrez ,  puis 
les  faut  distiller  le  tout  à  part  par  le 
filtre  :  et  après  estre  distillés ,  à  me¬ 
sure  que  vous  en  vserez ,  les  mesler. 

£au  de  laid  de  vache, 

Lact.  vaccin.  tt>  ij. 

Aurant.  et  limon,  ana  n.  iiij. 

Sacchar.  albiss.  et  alum.  roch.  ana  g  j. 
Distillentur  omnia  simul. 

L’on  mettra  les  citrons  et  oranges 
par  petites  pièces, puis  seront  infusées 
dedans  le  laict ,  et  adioustant  vostre 
sucre  et  alum  ,  et  le  tout  sera  distillé 
in  lalneo  Maria.  Geste  eau  est  excel¬ 
lente  pour  tenir  le  teint  net  et  frais , 
et  embellir  la  face  :  lors  qu’on  se  cou¬ 
che,  on  mettra  linges  qui  en  seront 
imbus,  sur  la  face. 

Autre  eau  fort  excellente  pour  rendre  le  teint 
clair  et  beau 

Faites  distiller  limaçons  de  vignes, 
et  jus  de  limons  ,  fleurs  de  bouillon 
blanc ,  de  chacun  quantité  égalé , 
puis  y  soit  adiousté  autant  d’eau  con- 
tenuededanslesboursettes  de  l’orme, 
et  en  soit  vsé  comme  auons  dit. 

i  Cette  formule  est  une  addition  de  1579, 


Autre  eau. 

If.  Micæ  panis  alb.  tb.  iiij. 

Flor.  fab.  rosar.  alb.  florum  nenuph.  li- 
lior.  et  ireos  ana  Ib.  ij. 

Lact.  vacc.  îb.  vj. 

Oua  n.  viij. 

Aceti  opt.  Ib.  j. 

Distillentur  omnia  simili  in  alembico  vitreo, 
et  üat  aqua. 

D’icelle  on  se  peut  lauer  les  mains 
et  la  face. 

Autre,  en  forme  de  Uniment, 

Tf.  Olei  de  tartar.  g  .  iij. 

Mucag.  semin.  psyllij.  g.  j. 

Cerussæ  in  oieo  rosar.  dissol.  g  .  j,  fi. 
Roracis,  salis  gemmæ  ana  5.  j. 

Fiat  linimentum. 

Toile  cirée  pour  contregarder  le  teint  i. 

Geste  toile  cirée  est  fort  propre  pour 
porter  la  nuit  sur  le  visage ,  en  mode 
de  masque. 

Prenez  cire  blanche  grenée  quatre 
onces ,  graisse  de  chéureau  fondue  , 
suif  de  bouc ,  et  terebenthine  de  Ve¬ 
nise  vne  once  ,  nature  de  Balaine 
deux  onces ,  camphre  vne  drachme  : 
faites  foudre  le  tout  ensemble  ,  et  y 
tremper  la  toile  :  laquelle  lisserez  par 
après ,  et  la  garderez  soigneusement 
pour  faire  masques. 

Pour  rendre  le  cuir  de  la  face  tendu  et  délié, 
et  pour  le  blanchir. 

If.  Caponern  vnum ,  et  caséum  ex  lacté  ca- 
prino  recenter  confectum. 

Limon,  n.  iiij.  oua  n.  vj. 

Cerussæ  lolæ  in  aqua  rosar.  g  .  Ij. 
Borac.  g .  j.fi 
Camphor.  3.  ij. 

Aquæ  florum  fabarum  Ib.  iiij. 

Fiat  omnium  infusio  perviginti  quatuor  ho> 
ras ,  poslea  distillentur  in  alembico  vitreo. 

‘  Celte  formule  ne  date  que  de  1M6. 


Î)ES  MEDICAMENS. 


Autre. 

De  la  moelle  d’os  de  mouton  se 
fait  vn  fard  fort  excellent ,  lequel 
adoucit  la  face  et  la  rend  fort  claire. 
La  façon  de  l’extraire  est  de  pren¬ 
dre  les  os  qui  auront  esté  séparés  de 
leur  chair  par  ébullition  :  puis  iceux 
concassés,  les  faire  longuement  cuire 
dans  de  l’eau  :  lesquels  estans  bien 
bouillis ,  sera  le  tout  tiré  du  feu  et  re¬ 
froidi,  et  au  dessus  de  la  décoction 
amasserez  la  graisse  qui  nage,  et  d’i¬ 
celle  vous  en  frotterez  le  visage  au 
soir,  et  le  lendemain  le  lauerez  de  la 
susdite  eau. 

Autre  1. 

Prenez  cire  blanche  deux  onces , 
huile  d’amandes  douces  quatre  onces, 
graisse  recente  des  reins  de  chéiireau 
deux  onces  :  poudre  de  ceruse  de  Ve¬ 
nise  lauée  en  eau  rose ,  ou  blanc  d’a¬ 
midon  ,  autant  qu’il  en  faut  pour  les 
incorporer  en  maniéré  d'onguent, du¬ 
quel  oignez  la  face  au  soir  :  et  le  len¬ 
demain  la  lauerez  auec  eau  coulée 
de  son  de  froment ,  puis  l’essuyerez 
d’vn  linge  blanc  et  délié. 

Autre. 

Prenez  l’eau  qui  se  trouue  és  foli- 
cules  d’orme  :  meslée  auec  laict  d’as- 
nesse ,  ou  toute  seule ,  est  singulière 
pour  tenir  la  face  polie  et  luisante , 
et  faut  s’en  lauer  au  soir,  et  puis  se 
lauer  d’eau  claire. 

.Autre. 

If..  Salis  cerussæ  3.  ij , 

Vnguent.  citrini  vel  spermat.  celi.  § .  J. 
Malaxentur  simul ,  et  liât  linimcniurn , 
addendo  olci  Quorum  3.  ij. 

‘  Cette  formule  et  la  suivante  n’ont  été 
intercalées  ici  qu’en  1586. 


6o5 

La  maniéré  de  faire  le  sel  de  ceru.se, 
c’est  qu’il  faut  prendre  de  la  ceruse 
bien  puluerisée,  et  la  mettre  auec 
vinaigre  distillé  (  tellement  que  pour 
liure  y  soit  mis  quatre  liures  de  vi¬ 
naigre)  laissant  le  tout  infuser  l’es¬ 
pace  de  quatre  ou  cinq  iours  :  puis 
sera  distillé  par  filtre,  laquelle  distil¬ 
lation  sera  mise  sus  le  feu,  envn 
vaisseau  de  terre  plombé ,  et  tarie 
iusques  à  ce  qu’elle  se  rende  en  sel, 
comme  quand  l’on  fait  les  cautères. 

Autre  L 

Prenez  fiente  de  petits  lézards ,  os 
de  seche ,  tartare  de  vin  blanc ,  ra¬ 
clure  de  corne  de  cerf ,  farine  de  ris> 
ana  :  faites-en  poudre,  faites  la  trem¬ 
per  en  eau  faite  et  distillée  d’amandes 
douces,  de  limaces  des  vignes  et  de 
fleurs  de  nénuphar.  Ce  fait ,  adioustez 
le  poids  d’autant  de  miel  blanc ,  et  de 
rechef  incorporez  le  tout  en  vn  mor¬ 
tier  de  marbre,  et  gardez  ceste  mix¬ 
tion  en  vn  vaisseau  de  verre  ou  d’ar¬ 
gent  ,  et  vous  en  frottez  le  soir  le 
visage ,  et  verrez  chose  merueilleuse 
pour  les  rougeurs  du  visage.  Nota , 
qu’il  faut  laisser  vn  linge  trempé  en 
ladite  eau  sur  le  visage ,  y  ayant  mis 
l’onguent. 

Autre  excellent. 

'if.  Sublimati  5.  j. 

Argenli  viui  extincti  in  saliua  3.  ij. 
Margaritarum  non  perforât.  3.  j. 
Caphuræ  3.  j.  fi, 

Incorporentur  simul  in  morlario  marmoreo 
cum  pislillo  ligneo,  per  1res  horas  du- 
canlur  et  fricentur,  reducanturque  in  le- 
nuissimum  puluerem  :  deinde  hic  puluis 
ablualur  aquamyrtiet  desiccelur,  serue- 
turque  ad  vsum. 

Addc  foliorum  auri  etargenti ,  numéro  x. 

1  Cette  formule  est  de  l’édition  de  1578, 


6o6  LE  VINGT-CIWQVJEMK  LIVRE, 


Quand  tu  voudras  vser  de  ceste 
poudre ,  mets  dans  ta  main  tant  soit 
peu  d’buile  de  lentisque  ou  d’a¬ 
mandes  douces  ,  auquel  dissous  aussi 
bien  peu  de  la  poudre  susdite ,  et  in¬ 
corpore  ces  deux  ensemble,  de  la¬ 
quelle  faut  s’en  oindre  le  visage  lors 
que  l’on  se  va  coucher  :  mais  premiè¬ 
rement  se  faut  lauer  la  face  des  eaux 
susdites ,  aussi  pareillement  le  lende¬ 
main  au  malin. 

Après  auoir  descrit  la  maniéré  de 
nettoyer  et  estendre  le  cuir,  aussi  pa¬ 
reillement  de  le  blanchir,  reste  à  luy 
bailler  la  couleur  rouge  et  vermeille 
au  milieu  des  iouës  et  des  léures  :  car 
le  blanc  et  le  rouge  estans  ainsi  mes- 
lés  ensemble  ,  font  la  couleur  viue  et 
naturelle  :  et  pour  ce  faire  on  dissou¬ 
dera  rasure  de  bresil  et  orcanete  en 
eau  alumineuse ,  de  laquelle  on  se 
frottera  la  pommette  des  iouës  et 
des  léures  ,  la  laissant  seicher;  ou 
bien  on  vsera  du  rouge  d’Espagne , 
ou  l’on  se  frottera,  lesdites  parties  de 
peau  de  mouton  teinte  en  rouge.  Pa¬ 
reillement  la  friction  faite  auec  la 
main  rougit ,  à  cause  qu’elle  y  attire 
le  sang  et  esprit  L 

Autre, 

Prenez  eau  alumineuse,  en  laquelle 
aurez  fait  tremper  plusieurs  fois  vne 
piecede  torne-sel  rouge,  et  en  frottez 
les  iouës  et  les  léures,  voire  tout  le  vi¬ 
sage,  s’il  es  toit  blaffard,  ou  trop  blanc. 

Autre. 

Prenez  vne  once  d’alum  de  roche , 
faites-le  boüillir  en  vne  liure  d'eau 
claire ,  et  quand  il  sera  fondu ,  tirez 
le  vaisseau  d’auprès  le  feu ,  et  le  laissez 
refroidir  :  iettez  vne  once  de  vermil- 

‘  Le  chapitre  s’arrêtait  là  en  1575  et  1579; 
U>ut  le  reste  a  été  ajouté  eu  1585. 


Ion  subtilement  puluerisé  sur  le  mar¬ 
bre,  faites-lc  boüillir  iusques  à  la 
consomption  de  la  moitié ,  coulez-la 
et  la  gardez  en  vne  fiole  de  verre ,  et 
en  frottez  les  iouës  et  les  léures. 

Autre  en  onguent. 

Prenez  vne  pinte  d’eau  de  vie  bien 
rectifiée,  vne  once  de  bresil,  dix  clous 
de  girofle  ,  autant  de  grains  de  para¬ 
dis  ,  cinq  grains  de  cucube  :  pulueri- 
sez  tout  cela ,  et  les  faites  infuser  en 
l’eau  de  vie,  sur  les  cendres  chaudes, 
en  vn  vaisseau  bien  couuert  de  peur 
que  l’eau  ne  s’exhale ,  et  en  frottez 
le  visage  et  les  léures. 

Pour  blanchir  le  visage  trop  coloré  et  rouge. 

Prenez  jus  de  limon,  blancs  d’œufs, 
de  chacun  égalé  partie ,  vn  peu  de 
soulphre  vif  puluerisé,  battez-les  as¬ 
sez  longuement  ensemble,  puis  les 
mettez  dedans  vne  cassole  sur  le  feu, 
les  remuant  auec  vn  baston  de  bois  , 
iusques  à  ce  qu’ils  acquierentvnecon- 
sistence  de  beurre:  puis  ostez-les  hors 
de  dessus  le  feu,  et  gardez  ceste  mes- 
lange  pour  vous  en  frotter  le  visage 
au  soir ,  après  l'auoir  laué  de  son,  ou 
de  mie  de  pain  blanc. 


CHAPHRE  XLV. 

DE  LA  GOVTTE  ROSE. 

Maintenant  nous  parlerons  d’vne 
rougeur  estrange  qui  se  fait  au  nez 
et  aux  iouës ,  et  quelquesfois  par  tout 
le  visage,  auec  tumeur,  et  quelques¬ 
fois  sans  tumeur,  aucunesfois  auec 
pustules  et  croustes  :  qui  se  fait  pour 
certaines  humeurs  salées  et  adustes. 
La  goutte  rose  est  plus  grande  en 
hyuer  qu’en  esté,  parce  que  le  froid 


DES  MEDICAMENS. 


clost  les  pores ,  et  partant  la  matière 
ne  se  peut  euacuer  ,  mais  est  tenue 
sous  le  cuir ,  qui  fait  qu’elle  acquiert 
vne  acrimonie  et  mordacité,  faisant 
esleuer  des  boutons  et  croustes ,  ren¬ 
dant  la  couleur  du  visage  plombine. 
Geste  maladie  est  difficile,  et  souuent 
impossible  à  curer. 

Pour  la  cure  generale ,  il  faut  que 
le  malade  euite  le  vin ,  s’il  n’est  bien 
trempé ,  et  generalement  toutes  cho¬ 
ses  qui  eschauffent  le  sang  et  qui  sont 
vaporeuses,  aussi  toute  chaleur  et 
froideur  excessiue  :  pareillement  que 
le  malade  aye  le  ventre  lasche,  soit 
par  art ,  ou  par  nature.  Il  sera  saigné 
de  la  veine  basilique ,  puis  de  celle 
du  front ,  et  de  celle  du  nez  :  et  se¬ 
ront  semblablement  appliquées  sang¬ 
sues  en  plusieurs  lieux  de  la  face, 
aussi  ventouses  auec  scarification  sus 
les  espaules. 

Si  le  mal  est  inueteré ,  on  commen¬ 
cera  la  cure  par  choses  emollientes , 
puis  on  vsera  des  onguens  qui  s’en- 
suiuent ,  lesquels  seront  changés  à  la 
discrétion  du  Médecin  présent,  les 
diuersifiant  selon  que  le  mal  sera  pe¬ 
tit  ou  grand. 

Exemple, 

Succi  citri  § .  iij. 

Cerussæ  quantum  suflicit  ad  inspissan- 

dum  prædictum  succum. 

Argenti  viui  § .  ô.  extincli  cum  axung. 

porci,  et  cum  3.  fi.  sulphur.  viui. 
Incorporentur  simul ,  et  fiat  vnguentum  *. 

Ame, 

7f,  Boracis  3,  ij. 

Far.  cicer.  et  fab.  ana  3,  j.  fi. 

Camph.  3.  j. 

Et  cum  mcllc  et  succo  cepæ  fiant  trochiscl. 

‘  Bon  el  expérimenté. — A.  P.— Cette  note 
date  seulement  de  1679. 


607 

Quand  on  en  voudra  vser,  seront 
destrempés  en  eau  rose  ou  de  plan¬ 
tain  ,  et  en  sera  appliqué  dessus  le 
lieu  auec  linge  délié ,  et  laissés  des¬ 
sus  la  nuit ,  les  renouuellant  souuent. 

Autre. 

Of.  Vng.citrini ,  recent,  dispens.  § .  ij. 
Sulph.  viui  §  .  fi. 

Et  cum  modico  olei  semin.  cucur.  et  suc.  li¬ 
mon.  fiat  vng.  quo  illinatur  faciès  hora 
somni. 

Le  lendemain  sera  lauée  la  face  auec 
eau  rose,  blanchie  auec  du  son. 

Autre. 

Faut  faire  boüillir  du  vinaigre  bien 
fort  auec  du  son  et  eau  rose ,  et  en 
sera  appliqué  comme  dessus  :  ledit 
vinaigre  esteint  fort  la  rougeur. 

Autre. 

"if.  Cerussæ  et  litharg.  auri,  sulph.  viui  pul  î 
ueris.  ana  § .  fi. 

Ponantur  in  phiala  cum  aceto  et  aqua 
rosarum. 

D’icelle  composition  en  faut  appli¬ 
quer  auec  linges ,  et  les  y  laisser  toute 
la  nuit  :  puis  seront  ostés ,  et  sera 
lauée  la  face  auec  eau  de  son.  D’ice- 
luy  remede  on  vsera  l’espace  d’vn 
mois',  plus  ou  moins. 

Autre  *. 

"if.  Sang.  taur.  îb.  j. 

Butyri  recent.  a.  fi. 

Fiat  distill.  vtatur. 

Faut  noter  que  ladite  eau  est  trou¬ 
ble  et  puante  au  commencement  : 
mais  quelques  iours  après  deuient 
claire  et  perd  sa  puanteur. 

*  Cette  formule  et  la  suivante  sont  de  1679. 


()0  8  LE  VINGT-CllVQVIEMB  LIVRE, 


Autre. 

Faites  boüillir  du  son  en  vinai¬ 
gre  et  eau  de  nénuphar ,  et  dissou¬ 
drez  du  soulphre  et  vn  peu  de  cam¬ 
phre,  et  de  ce  en  tremperez  linges 
qui  seront  mis  sus  le  visage  au  soir. 

Pour  desseicher  les  pustules  ou  saphirs. 

"if.  Âlb.  Quorum  num.  ij. 

Aquæ  rosar.  §.j.  &. 

Succi  plantaginis  et  lapathi  acuti  ana 

§.  ù. 

Sublimât.  9 .  j. 

Incorpor.  in  mort,  marmoreo. 

Pour  les  lentilles  *. 

Touchez  les  lieux  auec  eau  forte. 

Autre. 

Faites  tremper  vn  ou  plusieurs 
œufs  en  fort  vinaigre  iusques  à  ce 
qu’ils  soient  mois,  incorporez  auec 
semence  puluerisée  en  forme  d’on¬ 
guent,  et  en  frottez  les  lentilles,  tant 
que  la  peau  s’esleue. 

Autre. 

Axungiæ  porci  decies  in  aceto  lotæ 

3-iiij. 

Argenti  viui  g .  j. 

Alum.  sulphur.  viui  ana  3  j. 

Pistentur  omnia  diu  in  mortario  plurabeo , 

et  fiat  vnguentum. 

L'argent-vif  ne  se  doit  mettre  qu’à 
la  Gn. 

Autre, 

Radie,  lapathi  acuti  et  asphod.ana  § .  ij, 

*  Les  deux  remèdes  qui  suivent  pour  les 
lentilles  ne  datent  que  de  1685  ;  il  en  résulte 
que  les  formules  qui  viennent  après  étaient 
données  dans  l’origine  contre  les  pustules  ou 
saphirs. 


Coquant.  in  aceto  scillltico,  postea  pistentur 
et  passentur,  addendo  : 

Auripigmenti  3.  ij. 

Sulphur,  viui  3.  i, 

Incorporentur,  et  flat  vnguentum. 

Duquel  en  sera  mis  sur  les  pustules 
pour  les  desseicher. 

Autre, 

"if.  Rad.  lilior.  sub.  cinerib.  coct  § ,  iij. 
Pislis  et  passatis  adde  butyri  recent,  et 
axung.  porci  lotæ  in  aceto  ana  §  j. 
Sulphur.  viui  3.  iij. 

Camph.  9.  ij. 

Succi  limon,  quant.  suCf. 

Malax.  simul,  et  fiat  vnguentum. 

Autre, 

"if.  Lact.  vîrg.  îb.  fi. 

Alum.  §.  fi, 

Sulphur.  viui  § .  j. 

Suce,  limon.  3,  vj. 

Sal.  comm.  5  •  ^  * 

Distillentur  omnia  in  alemb.  vitreo. 

Et  d’icelle  eau  on  vsera  comme 
dessus. 

Autre. 

y,  Succi  lapat. acuti,  plantag.  etasphodelo. 

an5.  j.  G. 

Olei  vitelli.  ouor,  §.j. 

Tereb.  Venetæ  g .  fi . 

Succi  limonum  3.  iij. 

Aluminis  combusti  5  j. 

Argent,  viui  extincti  g .  j. 

Olei  liliorum  g.  fi. 

Pistentur  omnia  in  mortario  plumbeo,  ad¬ 
dendo  sub  finem  argentum  viuum  ne 
mortario  adhœret. 

Autre  >. 

Prenez  eau  de  nénuphar,  de  plan- 

^  Les  trois  ou  quatre  formules  qui  suivent, 
jusqu  4  celle  qui  est  prescrite  pour  oster  les 
saphirs  du  visage,  sont  de  1586. 


DES  MEDICAMENS. 


lain,  de  n(iorelle,de  chacune  deux 
onces ,  vinaigre  fort  vne  once  et  de¬ 
mie  :  esteignez  dedans  cinq  ou  six 
coquilles  d’œufs  toutes  rouges  ve- 
nans  du  feu ,  et  les  y  laissez  tremper 
et  ramollir,  comme  à  se  rédiger  en 
poudre ,  puis  coulez  le  tout ,  et  ver¬ 
sez  dedans  vne  bouteille  de  verre,  en 
laquelle  tremperez  un  petit  nouët 
plein  d’vne  drachme  et  demie  de 
soulphre  vif  subtilement  puluerisé. 

Autre. 

Prenez  soulphre  vne  once,  ce- 
ruse  lauée  deux  drachmes ,  os  de  sé¬ 
ché,  camphre,  de  chacun  vne  drach¬ 
me  ,  jus  de  limons  de  chacun  demie 
liure ,  jus  d’oignons  deux  onces  :  tri¬ 
turez  subtilement,  et  incorporez  auec 
les  jus:  oignez-enla  face  au  soir  allant 
au  lit ,  et  au  matin  lauez-la  auec  dé¬ 
coction  de  son. 

Et  au  cas  que  les  pustules  ou  bou¬ 
tons  ne  voulussent  ceder  aux  reme- 
des,il  faut  appliquer  des  vésicatoires 
non  faits  de  cantharides ,  à  fin  d’atti¬ 
rer  du  profond  le  sangadusteetbruslé 
qui  cause  lesdites  pustules. 

Autre  bien  approuiié. 

"îf.  Sulphuris  viui  ignis  expert.  § .  ij.  3.  j. 
Zinziberis  optimi  §.j. 

Piperis  nigri  3.  ij. 

Fiat  puluis  subtilissimus ,  et,  incorporelur 
cum  § .  iiij.  pommaci  optimi. 

Faut  oindre  la  partie  rouge  et  bou¬ 
tons  ,  le  soir ,  et  lendemain  matin  la- 
uer  ledit  onguent  auec  de  l’eau  qui 
aura  esté  tiedie  dans  la  bouche. 

Pour  ester  les  saphirs  du  visage  «. 
Prenez  suc  d’oignon  ,  pilé  auec  sel, 

1  Les  quatre  formules  qui  suivent  ont  été 
ajoutées  en  1679. 

lit. 


609 

ou  autrement  pilé  auec  moyeux 
d’œufs. 

Pour  amortir  les  dartres. 

Fueilles  d’ellebore  pilées  auec  vin  ai¬ 
gre,  ou  laict  de  figuier  tout  seul ,  ou 
laict  de  tithymal ,  ou  moustarde  dis¬ 
soute  auec  vinaigre  fort,  auec  vn 
peu  de  soulphre. 

Autre. 

Prenez  couperose  ,  soulphre  et 
alum,  de  chacun  vne  drachme,  et 
les  faites  tremper  en  fort  vinaigre: 
puis  soyent  passées  par  vn  linge ,  et 
en  soit  appliqué  dessus. 

Autre. 

Prenez  vn  œuf,  et  le  faites  trem¬ 
per  en  fort  vinaigre ,  auec  cou¬ 
perose  et  soulphre  mis  en  poudre , 
puis  passez,  et  en  vsez  comme  dessus. 

Si  les  herpès  ou  dartres  sont  au  vi¬ 
sage,  l’eau  de  sublimé  est  excellente, 
aussi  l’alum  incorporé  auec  blanc 
d'œuf,  et  vn  peu  de  jus  de  citron  : 
aussi  fait  l’aloés  destrempé  auec  oxy- 
mel  scillitic  1. 

Or  il  faut  icy  noter ,  qu’à  cause  que 
les  susdits  remedes  sont  aucunement 
corrosifs,  rendons  le  cuir  aspre  et 
scabre,  pour  l’adoucir  et  polir  on 
vsera  de  ce  liniment. 

Jf.  Terebenthinæ  Venetæ  ,  tam  diu  lotæ  vt 
acrimoniam  nullam  habeat ,  butyrl  sa¬ 
lis  expert,  ana  §  .  j.  G. 

Olei  vitell.  ouor.  § .  j. 

\xung.  porci  inaquarosar.  lot.  §.  fi. 
Ceræ  parum. 

Vt  inde  liât  linirncntum  ad  v.sum. 

On  peut  aussi  vser  des  autres  reme- 
1  Celle  phrase  est  uac  addition  de  1585. 

39 


LE  VINGT-CINQVIEME  LIVRE  , 


des  cy  dessus  mentionnés,  qui  ont 
pareille  vertu 

Pour  affermir  les,  dents,  et  les  tenir  nettes  et 
blanches,  que  nos  dames  de  la  Cour  usent. 

Prenez  eau  commune  et  eau  rose , 
de  chacune  quatre  onces,  deux  drach¬ 
mes  d’alum  de  roche  cuit  et  subtile¬ 
ment  puluerisé,  canelle  entière  demie 
drachme  :  mettez  l’alum  et  la  poudre 
dedans  vne  fiole  de  verre  auec  les 
eaux  ,  puis  exposez  la  phiole  sur  les 
cendres  chaudes,  faites  le  boüillir  ius- 
ques  à  la  consomption  de  la  tierce 
partie  des  eaux  ;  estant  refroidie, 
frqtlez-en  vos  dents  au  matin  auec 
vn  linge  net. 

Pour  affermir  les  dents  qui  lochent  et  branlent. 

Faut  vser  de  toutes  choses  qui  as¬ 
treignent  ,  soit  en  gargarisme  ou 
opiate.  La  décoction  de  berberis ,  su- 
mach,  balaustes,  alura,  vin  de  grena¬ 
des,  meslé  auec  eau  rose  et  verjus , 
est  singulier  remede  pour  reserrer,  et 
affermir  les  genciues. 


CHAPITRE  XLVI. 

LA  MANIERE  DE  FAIRE  NOIRCIR  LE  POIL. 

Il  faut  premièrement  lauer  la  teste 
ou  la  barbe  de  lexiue,  en  laquelle  on 
mettra  vn  peu  d’alum  de  roche ,  à 
cause  qu’icelle  lexiue  préparé  le  poil 
à  mieux  receuoir  la  teinture ,  consu¬ 
mant  la  graisse  qui  peut  estre  aux 
Cheueux  ou  barbe  2.  Les  remedes  par- 

’  Ici  se  terminait  le  chapitre  dans  les  deux 
premières  éditions;  le  reste  a  été  ajouté 
en  1685. 

*  Ces  derniers  mots,  consumant  la  grais¬ 
se  ,  etc,,  ont  été  ajoutés  en  157'J. 


ticuliers  pour  noircir  le  poil  doiuent 
estre  aromatiques  et  céphaliques,  et 
vn  peu  stiptiques ,  à  fin  que  par  leur 
arpmaticité  ils  corroborent  la  vertu 
animale,  et  que  par  leur  stipticité  ils 
aslreignent  ;  aussi  doiuent  estre  de 
spbtile  substance  pour  penetrer  ius- 
ques  à  la  racine  du  poil. 

II  faut  prendre  vne  pierre  de  chaux- 
viue  poisant  vne  liure  et  demie,  et  la 
mettre  ftedaps  vue  terrine ,  auec  as¬ 
sez  grande  quantité  d’eau  :  et  quand 
ladite  chaux  sera  desteinte,  il  la  faut 
remuer  auec  vn  basson,  et  passer  la¬ 
dite  chaux  et  eau  par  vn  sasset  de¬ 
dans  vn  autre  vaisseau.  Et  quand  la 
chaux  sera  rassise,  il  faut  iettej:  toute 
l’eau ,  et  y  en  remettre  de  fraisclie 
autant  et  plus  qu’à  la  desteipdre ,  et 
la  remuer  comme  à  la  première  fois  : 
et  faut  laisser  seicher  ladite  çhaüx , 
tant  qu’on  la  puisse  mettre  en  pou¬ 
dre  :  et  prendre  de  ladite  chaux  cinq 
quarterons,  et  la  mettre  en  poudre, 
et  demie  liure  de  litharge  subtilement 
puluerisée  ;  et  le  tout  passer  ensem¬ 
ble  par  vn  sasset.  Pour  en  faire  paste 
assez  liquide ,  faut  prendre  vne  poi¬ 
gnée  de  sauge  fraiche,  la  concasser 
et  mettre  dedans  vn  pot  de  terre  auec 
vne  pinte  d’eau,  et  la  faire  consumer 
iusques  à  la  tierce  partie ,  et  passer 
par  vn  linge  :  et  de  ladite  décoction 
ferez  yostre  paste ,  de  laquelle  vous 
frotterez  le  lieu  que  voudrez  noircir, 
et  lairrez  ladite  paste  l’espace  de 
quatre  ou  cinq  heures  :  après  lauerez 
le  lieu  auec  de  l’eau  tiede  en  laquellp 
on  aura  mis  du  son  L 

Autre, 

‘2f.  Sulphur.  \itrioli,  gallav.  calpis  viuæ, 
lith.  ana  5.  ij. 

‘  Tout  cc  paragraphe  manque  dans  les 
premières  éditions ,  et  date  seulement  de 
1686. 


DES  MEDICAMENS. 


6l 


Scoriæ  ferri  5.  6 . 

Puluerisentur  omnia  subtil,  et  cum  aqua 
commun!  incorporentur,  vt  indc  fiat 
massa. 

De  laquelle  on  frottera  les  cheueux 
s’en  allant  coucher ,  puis  on  mettra 
vne  compresse  dessus  àuec  vne  coeffe, 
et  le  matin  seront  desueloppés  de  la¬ 
dite  paste. 

Autre. 

2f.  Calcis  lotæ  §  .j. 

Litharg.  vtriusque  § .  fi . 

Et  cum  decpcto  gallarum,  cqrt.  nucum,  fiat 
massa,  addendo  olei  chamom.  3.  ij. 

Autre. 

Of.  Litharg.  aur.  2.  ij. 

Ciner.  claueljat.  §.j.  fi. 

Cale,  viuæ  §.  j. 

Dissol.  omnia  cum  vrina  liominis  donec  ac- 
quirat  consistentiam  vnguenli ,  de  quo 
vngantur  capilli. 

Autre. 

Of.  Calci?  lotae  §  •  i|'i- 

Litharg.  vtriusque  ana  § .  ij. 

Cupi  decocto  saluiæ  et  cortic.  granat.  fiat 
pasta  ad  formam  puUissatisliqu|dæ. 

De  laquelle  on  se  frottera  les  che¬ 
ueux  ou  barbe  s’en  allant  coucher , 
et  le  lendemain  se  lauera  de  vin  et 
eaq. 

Da  chaux  se  doit  lauer  en  ceste 
sqrte  :  Vous  prendrez  vne  liure  de 
chaux ,  que  vous  ietterez  en  cinq  ou 
six  pintes  d’eau  commune,  laquelle  y 
demeurera  l’espace  de  vingt-quatre 
heures,  puis  esterez  vostre  eau  par  in¬ 
clination  ,  en  adioustant  d’autre  eau  ; 
et  pour  la  troisième  fois  en  lieu  d’eau 
commune,  mettrez  de  la  décoction  de 
sauge  et  galles,  qui  y  demeurera 


l’espace  de  vingt-quatre  heures,  puis 
sera  ostée  par  inclination  :  et  par 
ainsi  aurez  vostre  chaux  lauée. 

Il  faut  noter  qu’il  faut  première¬ 
ment  lauer  les  cheueux  et  barbe  auec 
lessiue,  à  fin  que  le  médicament 
puisse  mieux  operer ,  et  n’estre  em- 
pesché  par  la  graisse  qui  poiirroit  es- 
tre  aux  cheueux  ou  barbe 

Autre  remede  singulier 

Le  jus  de  l’escorce  de  noix  verte , 
comme  l’on  peut  connoistre  par  les 
mains  de  ceux  qui  cernent  lés  noix 
nouuellès ,  qui  en  sont  noircies  per- 
tinacitement.  Ce  qui  aduient  d’vne 
astriction  coniointe ,  auec  vne  te¬ 
nuité  de  substance ,  laquelle  fait  que 
son  astriction  descend  au  profond, 
et  se  diffuse  de  toutes  parts  :  et  j’qs- 
triction  empesche  que  sa  teinture  ne 
se  puisse  effacer  qu’à  grande  peipe 
auec  drogues ,  tant  soient-elles  abs- 
tergentes. 

Autre  maniéré  de  noircir  le  poil  par  eaux  s. 

2f.  Argenti  finissimi  3.  ij.  , 

Reducatur  in  tenuissimas  laminas ,  ponatur 

in  fiolâ  vitreâ  vnà  cum  3.  ij.  aquæ  separa- 

tionis  auri  et  argenti,  aquæ  rosarum  3.  vj . 

1  J’ai|  rétabli  ce  court  et  essentiel  para¬ 
graphe  d’après  l’édition  de  1676;  il  avait  été 
retranché  de  toutes  les  autres ,  sans  doute 
par  erreur,  et  dans  les  remaniemens  du 
texte  que  nous  allons  avoir  à  signaler. 

2  Cette  formule  et  la  suivante  datent  seu¬ 
lement  de  1686. 

3  Je  rétablis  ici  dans  le  texte  cette  formule 
qui  se  lit  dans  toutes  les  éditions  faites  du 
temps  de  l’auteur,  et  qui ,  retranchée  je  ne 
sais  pour  quelle  cause  dans  la  première  édi¬ 
tion  posthume  ,  l’a  été  par  suite  dani  toutes 
les  autres. 


LE  VINGT-C!]\QVIEME  LIVRE, 


La  manière  de  faire  ladite  eau  est 
telle  :  c’est  que  l’on  mettra  la  susdite 
bouteille  ou  matelas  auec  l’eau  forte 
et  l’argent  sus  les  charbons ,  à  fin 
qu’il  se  fonde  auec  icelle  ;  puis  le 
matelas  estant  refroidi  vn  peu ,  en¬ 
semble  ce  qui  sera  dedans,  on  ad- 
ioustera  l’eau  rose.  Or  il  faut  noter, 
si  l’on  veut  que  ladite  eau  noircisse 
d’auantage ,  on  y  mettra  aussi  plus 
d’argent  :  et  si  l’on  veut  qu’elle  ne 
noircisse  tant,  on  y  mettra  moins 
d’argent. 

Le  moyen  d’en  vser  est ,  qu’il  faut 
tremper  vn  pigne  dedans,  et  se  pigner 
d’iceluy. 

Autre  de  memeilleux  effet. 

Prenez  de  la  cbaux-viue,  la  laissez 
esteindre  toute  seule  en  lieu  humide, 
et  d’icelle  en  prendrez  trois  onces  : 
plomb  bruslé  sans  estre  laué,  mis  en 
poudre,  deux  onces,  litharge  d’or 
puluerisée  quatre  onces  :  le  tout  sera 
mis  dedans  vn  mortier  de  plomb  ,  et 
auec  eau  sera  fait  comme  vne  pulte  : 
et  de  ce  en  feras  frotter  les  cheueux, 
puis  mettre  vn  bonnet  ou  coeffe  qui 
sera  laissé  la  nuit,  et  au  matin  se  faut 
frotter  la  teste  auec  linges  chauds,  et 
ceste  matière  tombera  toute  en  pou¬ 
dre. 

Autre. 

.  Plumbi  vsti  § .  ij. 

Gall.  non  perfor.  cortic.  nue.  ana  §  .  iij. 

Terræ  sigUl.  ferretæ  Hispan.  ana  §.  ij. 

Vitr.  rom.  g .  vj. 

Sal.  gem.  g  .  j.  G. 

Caryoph.  nue.  mose.  ana  § .  j. 

Sal.  amm.  aloësana  3.  fi. 
fiat  puluis  sublilis. 

Lesdites  poudres  seront  trempées 
par  trois  iours  naturels  dans  de  bon 
vinaigre  :  après  il  faut  le  tout  distiller 


par  l’alembic ,  et  de  l’eau  en  vser 
comme  il  appartient. 

Pour  faire  les  cheueux  blonds. 

7f.  Flor.  genist.  stœcad.  et  cardamo  ana 

3.  j. 

Lupin,  eonquass.rasuræ  buxi.  eort.  citri, 
radie,  gentian.  et  berber.  ana  g  j.  fi. 
Cum  aqua  nitri ,  fiat  Icnta  decoctio. 

De  laquelle  on  lauera  ses  cheueux 
par  plusieurs  iours. 


CHAPITRE  XLVII. 

PSILOTHRA,  OV  DEPILATOIRES  POVR 
FAIRE  CHEOIR  LE  POIL. 

"if.  Recip.  eale.  viuæ  §.  iij. 

Auripig.  §. j. 

La  chaux  sera  esleinte  en  eau  com¬ 
mune,  puis  on  adioustera  l’orpiment 
en  poudre ,  auec  quelque  chose  odo¬ 
riférante. 

La  maniéré  d’en  vser  est ,  que  l’on 
ne  le  doit  tenir  sus  la  partie  sinon 
que  l’espace  de  bien  peu  de  temps , 
autrement  il  brusleroit;  et  aussi  do¬ 
uant  que  l’appliquer ,  faut  fomenter 
la  partie  d’eau  chaude,  et  faut  que  le¬ 
dit  dépilatoire  soit  appliqué  chaude¬ 
ment,  et  espais  comme  boüillie.  On 
connoistra  l’effet  en  frottant  la  partie 
legerement  auec  eau  chaude ,  et  le 
poil  tombera  :  et  s’il  auoit  cscorché 
la  partie,  on  vsera  de  l’onguent  rosat, 
ou  autre  semblable. 

Autre, 

’if..  Cale,  viuæ,  auripigm.  citr.  ana  § .  j. 

Arnyli ,  spumæ  argent,  ana  g  .  fi . 
Xerantur  et  incorporenlur  cmn  aqua  com- 

muni ,  et  bulliant  simul. 


DES  MEDICAMENS.  6l3 


Or  le  signe  de  parfaite  cuisson  est , 
que  l’on  mette  vne  plume  d’oye ,  et 
elle  sera  subit  desplumée. 

Autre. 

Prenez  chaux-viue  et  orpiment  au¬ 
tant  d’vn  que  d’autre  :  soit  le  tout 
puluerisé  et  mis  en  vn  noüet,  lequel 
sera  trempé  en  eau ,  et  d’iceluy  on 
frottera  la  partie,  puis  passant  le 
doigt  par  dessus,  le  poil  tombera. 

Autre  maniéré  *. 

Prenez  vne  liure  de  chaux-viue ,  et 
demie  liure  d’orpin  iaune  ;  mettez  le 
tout  en  poudre  subtilement,  et  quand 
vous  en  voudrez  vser,  en  prendrez 
telle  quantité  que  voudrez  :  et  auec 
de  l’eau  en  ferez  paste  mollasse ,  la¬ 
quelle  mettrez  sur  la  partie  que  vou¬ 
drez  depiler.  Et  pour  sçauoir  quand 
l’action  dudit  dépilatoire  sera  faite , 
vous  lauerez  la  partie  auec  vn  peu 
d’eau  tiede ,  et  verrez  que  le  poil 
tombera. 

le  ne  puis  encore  passer  que  ne 
descriue  certaines  eaux  pour  lauer  les 
mains  et  visage ,  voire  tout  le  corps , 

1  Cette  autre  maniéré  est  une  addition 
de  l&8â. 


et  pour  faire  sentir  bon  les  linges  et 
autres  choses. 

Eau  de  lauande. 

"if.  Flor.  lauand.  îb.  iiij. 

Aquæ  ros.  et  vini  albi  ana  ïb,  ij. 
Aquævitæ  f.  iiij 

Misceantur  omnia  simul ,  et  fiat  distillalio 
in  balneo  Mariæ. 

On  la  peut  faire  sans  distiller,  met¬ 
tant  infuser  des  fleurs  de  la  lauande 
en  vne  fiole  de  verre  au  soleil  auec 
eau  pure ,  ou  au  baing  Marie ,  en  y 
adioustant  vn  peu  d’huile  d’aspic,  ou 
vn  peu  de  musc. 

Eau  de  doux  de  girofle. 

Tf.  Caryopb.  5 .  ij. 

Aquærosarum  îb.  ij. 

Macerentur  spatio  xxiiij.  hor.  et  distill.  Iq 
balneo  Mariæ. 

Eau  de  senteurs. 

Of.  Menth.  maior.  hyssopi ,  saluiæ ,  rorism. 
lauand.  ana  m.  ij. 

Rad.  ireos  § .  ij. 

Caryopb.  cinn.  nue.  mosc.  ana  § •  C- 
Limo.  num.  iiij. 

i^Iacerentiir  omnia  in  aqua  rosar.  xxiiij.  hor. 

omnia  distillenlur  iii  balneo  Mariæ,  ad- 
•  dendo  mosci  9  .  J. 


LE  VINGT-SIXIEME  LIVRE, 


TRAITANT 

DES  DISTILLATIONS 


CHAPITRE  I. 

qve  c’est  qve^distillatîon  ,  ET  com¬ 
bien  DE  SORTES  OV  MANIERES  IL  Y 
A  de]  distiller. 

Or  maintenant  il  nous  reste  encore 
sommairement  traiter  des  medica- 
mens  pyrotiques  et  chimiques ,  c’est- 
à-dire  extraits  par  distillation  de 
quinte-essence,  en  laquelle  il  y  a  vne 
vertu  singulière  et  quasi  diuine  des 
choses  qui  sont  distillées  :  qui  a  tel¬ 
lement  raui  les  esprits  des  hommes,  ! 
que  bien  peu  de  choses  se  trouuent 
ayans  quelques  effets  et  singularités 

I  Ce  livre  est  une  sorte  de  complément 
du  précédent,  ainsi  que  l’auteur  le  fait  en-» 
tendre  dès  la  première  phrase;  c’est  en 
quelque  sorte  la  matière  médicale  moderne 
faisant  suite  à  la  matière  médicale  des  an¬ 
ciens.  Il  a  été  publié  dans  la  première  édi¬ 
tion  des  OEuvres  complètes ,  en  1675,  et  à 
peine  y  a-t-il  été  fait  plus  tard  quelques 
changements.  Quant  à  la  source  d’où  Paré 
l’a  tiré ,  elle  me  paraît  assez  bien  indiquée 
par  une  phrase  qui  se  lisait  en  1575 ,  et  qui 
a  été  retranchée  dans  toutes  les  autres  édi¬ 
tions;  je  l’ai  reproduite  dans  la  note  sui¬ 
vante.  Du  reste,  le  sujet  tout  spécial  de  ce 
livre  me  dispensait  d’y  joindre  des  notes 
historiques  ou  critiques;  je  me  suis  con¬ 
tenté  de  signaler  avec  soin  les  variantes.  11 


en  soy,  que  l’on  ne  soubmette  à  la 
distillation  2. 

Distiller,  c’est  vn  art  et  moyen  par 
lequel  la  liqueur  ou  humidiié  d’au¬ 
cunes  choses,  par  la  vertu  et  force  du 
feu,  ou  de  chaleur  semblable  (comine 
les  matières  lereqüierent)  est  extraite 
et  tirée ,  estant  premièrement  subii- 
liée  en  vapeur,  puis  reserrée  et  és- 
paissie par  froideur.  Aucuns  appellent 
cest  art  sublimer,  qui  ne  signifie  aiitrè 
chose  que  séparer  le  pur  dé  l’impur, 
les  parties  plus  subtiles  et  déliées  d’a- 
uec  lès  plus  corpulentes,  espaisses,  et 
excrementeuses  :  mesmement  faire 
que  les  matières  desquelles  la  sub- 

y  avait  un  certain  nombre  de -figures  Repré¬ 
sentant  des  appareils  à  distillation;  comme 
Paré  n’avait  fait  sans  doute  que  les  copier 
sur  d’autres,  il  m’a  paru  inutile  de  les  con¬ 
server. 

*  L’édition  de  1575  ajoutait  ici  : 

«Ce  qui  a  esté  amplement  descrit  par 
monsieur  Liébault ,  Docteur  regent  en  la 
Faculté  de  medecine  à  faris,  personnage 
doué  d’vn  singulier  esprit,  auquel  sommes 
grandement  attenus ,  tant  pour  la  version 
du  second  tome  d’Euuonyme  traittant  de 
telle  matière,  que  pour  sa  Maison  rustique, 
qu’il  a  ces  derniers  iours  mise  en  lumière , 
au  grand  profit  et  vtilité  du  public.  » 

Cette  phrase  a  été  effacée  dès  1579.  La  tra¬ 
duction  citée  de  Liébault  avait  paru  on  1 573. 


DES  DISTILLATIONS. 


stance  est  grossière  soient  rendues 
plus  pures,  nettes  et  sincères  :  ou 
bien  que  les  parties  terrestres  assez 
mal  vhies  et  cohiointes,  ou  autrement 
par  trop  confuses,  et  espandues  par 
toutë  la  substance  de  leur  corps , 
soient  resserrées ,  mieux  vnies  et 
amassées  ensemble,  de  façon  que,  sé¬ 
parées  par  chaleur,  chacune  demeure 
à  part  au  fond  de  l’alembic  et  vais¬ 
seau.  Ou  bien  distillation  est  vne  ex¬ 
traction  oü  effusion  d’humeur  ,  de- 
coulante  goutte  à  goutte  par  alembic, 
ou  autre  '  iël  vaisseau  :  laquelle , 
moyennant  quelque  coction  qui  se 
fait  par  la  vertu  dé  chaleur,  séparé 
plusieurs  substances  les  vues  d’auec 
les  autres,  et  réduit  quelqùés  vnes 
d’icelles  séparées  et  esleuées  en  vne 
certaine  forme  et  vertu,  qui  par  après 
sert  et  profite  beaucoup  à  plusieurs 
affections  et  maladies. 

Aucunes  matières  demandent  cha¬ 
leur  de  feu  clair,  autres  de  charbon  , 
ou  du  soleil ,  ou  des  cendres ,  ou  arè¬ 
nes  ,  ou  limeures  de  fer  puluerisces  : 
les  autres  veulent  chaleur  de  fiens  de 
cheüal ,  ou  d’eau  bouillante ,  ou  la 
vapeur  d’icelle  seulement. 

On  remarque  quatre  degrés  de  cha¬ 
leur  au  feu  duquel  on  distille,  dont 
le  premier  est  tiede ,  comme  vne  eau 
à  demie  chaude,  ou  la  vapeur  d’vne 
eau  bouillante  :  le  second  est  vn  peu 
plus  chaud,  toutesfois  on  y  peut  souf¬ 
frir  la  main  saUs  offense,  comme  est 
la  chaleur  de  la  cendre  :  le  tiers  est 
encore  plus  chaud  ,  tellement  qu’il 
peut  offenser  griefuement  si  on  y 
tient  la  main  longuement,  comme 
est  la  chaleur  des  arenes  ;  le  quart  est 
si  véhément  que  l’on  n’y  peut  endu¬ 
rer  la  main  sans  brusler,  comme  est 
la  chaleur  d’oscaille  ou  lirnaiure  de 
fer.  Le  premier  degré  est  conueiiable 
pour  distiller  le.S  matières  subtiles  et 


6i5 

humides,  comme  les  fleurs.  Le  second 
pour  les  subtiles  et  seiches,  ainsi  que 
les  choses  odorantes  et  aromatiques, 
comme  canelle,  gingembre,  doux  de 
girofles.  Le  tiers  pour  distiller  lés 
matières  de  substance  espaisse  et  plei¬ 
nes  de  suc,  comme  sont  plusieurs  ra¬ 
cines  et  gommes.  Le  quart  pour  la 
distillation  des  métaux  et  minéraux , 
comme  l’alum,  le  vitriol,  l’ambre,  le 
gagatés,  et  semblables. 

Pareillement  on  peut  distiller  sans 
chaleur,  comme  nous  voyons  és  cho¬ 
ses  qui  sont  distillées  en  forme  de  co- 
latures,  à  sçauoir  quand  la  plus  pure 
partie  est  extraite  et  séparée  de  la 
partie  plus  limonneuse  et  terrestre, 
comme  l’on  fait  du  laict  virginal,  et 
autres  choses  qui  se  font  parle  moyen 
du  feutre  ou  chausse  d’hippocras, 
ou  piece  de  drap  en  forme  de  lan¬ 
guette,  ou  de  sablon,  ou  de  vaisseaux 
faits  de  bois  de  lierre.  Quelquesfoi^ 
aussi  on  distille  des  matières  par  froi¬ 
deur  et  humidité,  ainsi  que  se  fait 
l’huile  de  tartre  et  myrrhe,  vitriol, 
lors  qu’elles  sont  mises  en  lieu  froid 
et  humide  sur  le  marbre. 


CHAPITRE  IL 

DE  LA  MATIEUE  ET  EORME  DES 
FOVBNEAVX. 

Les  matières  et  formes  des  four¬ 
neaux  sont  diuerses  :  car  les  vns  son! 
faits  de  briques  et  de  terfe  grasse 
autres  de  terre  grasse  seule  :  les 
meilleurs  sont  faits  de  terre  grasse 
auec  ciment  et  blanc  d’œuf,  et  bourre  ; 
toutesfois  si  tu  veux  soudainement 
distiller,  tu  en  peux  faire  vn  de  bri¬ 
ques  mises  les  vnes  sus  les  autres, 
propietnent  acéommodées. 


6l6  LIÎ  VINGT-SIX 

La  meillcuro  et  plus  commode 
forme  des  fourneaux  entre  tous  est 
celle  qui  est  ronde  par  tout,  à  raison 
que  le  feu,  porté  en  haut,  va  par  tout 
en  plus  égalé  mesure  ;  ce  qu’il  ne 
feroit  pas  s’il  estoit  d’autre  figure, 
comme  quarré  ou  triangulaire,  à 
cause  que  la  séparation  des  angles 
disioindroit  la  force  du  feu  se  sépa¬ 
rant  çà  et  là.  Ils  seront  de  telle  gran¬ 
deur  qui  sera  requise  selon  le  vais¬ 
seau  qu’on  y  voudra  apposer,  et 
seront  espais  plus  ou  moins  que  tu 
aduiseras  estre  necessaire.  Tels  four¬ 
neaux  doiuent  auoir  deux  fonds,  l’vn 
en  bas  pour  receuoir  les  cendres  du 
charbon  ou  d’autres  telles  matières 
de  feu  :  l’autre  plus  haut  qui  tienne 
les  charbons  allumés,  et  fait  en  façon 
de  gril ,  ou  bien  séparé  par  plusieurs 
petits  trous,  à  fin  que  les  cendres  s’es- 
coulent  au  fond  d’embas  plus  facile¬ 
ment,  et  qu’elles  ne  suffoquent  le  feu 
qui  eschauffe  l’alembic.  Autres,  trois 
fonds,  comme  au  four  de  reuerbera- 
tion  ,  sçauoir  l’vn  pour  receuoir  la 
cendre,  l’autre  pour  mettre  le  char¬ 
bon,  le  tiers  pour  mettre  la  matière 
à  calciner  ou  à  distiller,  lequel  doit 
estre  couuert  d’vne  couuerture  à 
demy  ronde,  pour  reuerberer  la  cha¬ 
leur  ou  la  flamme  sus  la  matière  à 
calciner  ou  à  distiller,  selon  que  la 
matière  le  requiert  ‘ .  Le  fond  d’em¬ 
bas  peut  auoir  vue  ou  plusieurs 
gueulles,  à  fin  d’oster  les  cendres  qui 
y  seront  tombées  ;  et  quant  à  celuy 
d’en  haut,  il  en  doit  auoir  vne  seule , 
de  grandeur  médiocre,  pour  mettre  le 
charbon  ou  bois  dedans,  et  en  haut 
deux  ou  trois  petits  trous ,  pour  don¬ 
ner  air  et  euenter  le  feu ,  lors  que  tu 
voudras  l’augmenter  :  l’vne  et  l’autre 

1  Cette  dernière  phrase,  rclativeaux  four¬ 
neaux  à  trois  fonds ,  aètè  ajoutée  en  1679. 


ÉMK  LIVUE  , 

gueulle  seront  garnies  do  leur  bou¬ 
chon  ou  porte. 

Or  en  defaut  de  fourneau  ou  de 
matière  pour  ce  faire,  tu  peux  ac¬ 
commoder  ton  vaisseau ,  ou  bien  ton 
chaudron  ou  jatte ,  sus  vn  trepié , 
comme  il  le  sera  monstré  cy  après  en 
la  distillation  du  baing  Marie. 


CHAPITRE  III. 

DES  VAISSEAVX  POVR  DISTILLER. 

Les  vaisseaux  propres  aux  distilla¬ 
tions  sont  fails  de  diuerse  matière  et 
forme  :  car  les  vns  sont  de  plomb , 
d’estain,  d’airain,  de  terre  plombée 
et  non  plombée,  de  grais ,  lesquels 
sont  fort  bons,  de  verre ,  d’or,  d’ar¬ 
gent. 

Quant  aux  vaisseaux  de  plomb ,  ils 
sont  du  tout  à  reprouuer,  principale¬ 
ment  si  les  liqueurs  tirées  par  iceux 
se  doiuent  prendre  par  la  bouche  ,  à 
cause  de  la  salsitude  qui  est  de  nature 
de  plomb  ,  et  autres  maléfiques  qua¬ 
lités  du  plomb  :  considéré  mesme- 
ment  que  Galien  condamne  et  re- 
prouue  l’eau  conduite  par  canaux  de 
plomb,  pour-ce  qu’elle  esmeut  flux  de 
ventre ,  à  cause  de  sa  nature  qui  est 
de  substance  de  mercure.  D’auanlage, 
nous  voyons  ordinairement  eaux  dis¬ 
tillées  par  le  plomb  estre  le  plus  sou- 
uent  auec  acre  et  vehemente  vapeur, 
qui  se  fait  à  raison  qu’iceluy  sel  est 
dissout  de  la  voûte  de  l’alembic  .  le¬ 
quel  gaste  les  eaux,  les  rendant  blan¬ 
ches  et  espaisses  comme  laict.  Et 
quant  à  ceux  d’airain  et  cuiure ,  ils 
rendent  les  eaux  airugineuses,  et  en¬ 
core  plus  nuisantes  que  ceux  de 
plomb.  Ceux  d’or  et  d’argent  sont 
moins  nuisans,  ains  en  appareil  sont- 


DES  DISTILLATIONS. 


ils  plus  difficiles,  à  cause  du  coust  qui 
en  oste  le  goust. 

Parquoy  faut  mettre  diligence  que 
les  vaisseaux  distillatoires  soient  ou 
de  terre  plombée,  ou  de  verre,  ou  de 
grais,  nommée  terre  de  Beauuais, 
plustost  que  de  plomb  ou  d’aucun 
métal  :  toutesfois  ceux  de  verre  sont 
les  meilleurs,  en  second  lieu  ceux  de 
terre  plombée  ou  vitrée,  ou  de  grais  : 
après,  ceux  d’estain  :  et  ceux  de  verre 
ne  doiuent  estre  de  fugere. 

Quant  à  la  forme  et  figure  des  vais¬ 
seaux  ,  ils  sont  de  plusieurs  façons  : 
les  vns  sont  de  figure  ronde  et  oblon- 
gue,  les  autres  tortus,  autres  d’autre 
figure,  comme  ils  te  sont  présentés 
au  liure  des  Alcbymistes  :  du  nombre 
infiny  desquels  ie  t’en  donneray  le 
portrait  des  plus  necessaires ,  et  de- 
clareray  leur  vsage  en  leu  r  propre  lieu. 


CHAPITRE  IV. 

QVELLES  CHOSES  DOIVENT  ESTRE  CON¬ 
SIDEREES  ÉS  DISTILLATIONS. 

Après  auoir  monstré  que  c’est  que 
distillation,  faut  connoistre  quelles 
choses  sont  requises  en  icelle. 

Donc  il  faut  premièrement  choisir 
vn  lieu  conuenable  pour  mettre  le 
fourneau,  à  fin  qu’il  ne  face  tort  à  la 
maison  ,  ny 'aussi, que  rien  ne  puisse 
tomber  sus  les  vaisseaux.  Lors  qu’on 
distillera  quelque  matière  qui  soit  de 
qualité  maligne  et  veneneuse,  du¬ 
rant  la  distillation  on  ne  doit  appro¬ 
cher  que  le  moins  qu’on  pourra.  Si 
on  fait  distillation  en  vaisseaux  de 
verre ,  il  les  faut  clioisir  bien  cuits , 
sans  bulles,  non  fissurés,  égaux  de 
toutes  parts.  Le  feu  ne  doit  estre  vio¬ 
lent  du  commencement,  tant  pour  la 


617 

sauuegarde  des  vaisseaux  qui  se 
pourroient  casser,  receuans  la  cha¬ 
leur  trop  subite,  tant  aussi  que  les 
matières  reçoiuent  la  chaleur  tout 
doucement.  Ne  faut  mettre  dans  le 
vaisseau  trop  grande  quantité  de  ma¬ 
tière,  autrement  pourroit  regorger 
et  sortir  hors.  Les  matières  chaudes , 
pour  estre  de  plus  grande  efficace, 
requièrent  bien  d’estre  distillées  par 
deux  ou  trois  fois  ,  en  les  reiettant 
sus  autre  matière ,  ou  bien  les  recti¬ 
fier  à  part,  comme  sont  gommes,  cire, 
axonges,  huiles  d’os,  d’ambres,  iamme 
et  jayet,  et  à  chacune  distillation  faut 
diminuer  la  chaleur  d’vn  demy  de¬ 
gré,  et  ainsi  consequemment,  attendu 
qu’il  n’est  requis  si  grande  chaleur, 
par  ce  que  la  matière,  estant  subti- 
liée  de  plus  en  plus  par  chacune  dis¬ 
tillation,  ne  mérité  si  grande  chaleur 
à  la  fin  qu’au  commencement,  qu’elle 
est  plus  grosse  et  plus  espaisse.  Mais 
quant  aux  choses  aromatiques  , 
comme  girofle,  canelle,  et  sembla¬ 
bles,  et  aussi  ce  qui  est  extrait  de  la 
sauge,  rosmarin,  thym  et  semblables, 
ne  se  doiuent  rectifier,  par-ce  qu’elles 
sortent  toutes  pures  L 

En  toutes  distillations  faut  diligem¬ 
ment  séparer  et  mettre  à  part  le 
phlegme ,  c’est-à-dire  l’humeur  plus 
aqueux,  et  pour  ce  faire  faut  aduiser 
soigneusement  à  la  matière  que  l’on 
distille  :  car  au  commencement  le 
phlegme  sort  du  vinaigre  quand  on 
le  distille,  et  au  contraire  en  l’eau  de 
vie  le  phlegme  sort  le  dernier,  en¬ 
core  qu’elle  soit  distillée  plusieurs 
fois.  Si  on  veut  que  les  eauxayent 
l’odeur  ou  saueur,  ou  autre  qualité 
de  quelque  chose,  comme  de  canelle, 
de  camphre ,  de  musc,  ou  autres  tel- 

*  Celte  dernière  phrase  :  mais  quant  aux 
choses  aromatiques,  estime  addition  de  1579. 


6l8  LE  VlNCT-SlklEME  LIVRE, 


les  matières  odorantes ,  sera  bon  de 
mettre  la  matière  odorante,  comme 
musc,  cànelle,  ou  semblable,  dedans 
et  auec  la  substance  que  vous  vou¬ 
drez  distiller  i,  à  fin  que  par  ces  ma¬ 
tières  l’eau  distillante  en  retienne 
l’odeur,  ou  autre  qualité. 

Les  liqueurs  distillées  au  feu  de 
cendre  ou  au  sable  acquièrent  ordi¬ 
nairement  quelque  empyreume,  et 
pour-ce  est  très  -  expédient  de  les 
mettre  au  soleil ,  la  fiole  bien  bou¬ 
chée,  et  par  fois  l’ouurir,  à  fin  de  faire 
exhaler  telle  odeur,  et  consommer  le 
phlegme ,  si  peu  qu’il  en  seroit  resté. 

Or  combien  qü’en  toute  distillation 
plusieurs  choses  soient  requises  et 
necessaires,  toutesfois  faut  auoir  es- 
gard  principalement  à  ces  deux  cy , 
lesquelles  se  proposent  tous  bons  ou- 
uriers  et  artistes  en  cest  art.  L’vne 
est  la  matière  qu’on  veut  traiter  et 
mettre  en  œuure,  à  sçauoir  quelle 
elle  est ,  à  quoy  de  son  naturel  elle 
est  propre  pour  endurer  ou  agir  : 
l’autre ,  que  l’on  choisisse  les  four¬ 
neaux  et  vaisseaux  conuenables,  tant 
en  leur  matière  que  figure.  Et  si 
l’ouurier  veut  considérer  ces  deux 
points,  il  ne  faut  douter  que  son  œu¬ 
ure  ne  soit  bien  conduite  :  car  tous 
corps  ne  sont  faits  et  formés  de  toute 
sorte  de  matière,  ny  les  artisans  peu- 
uent  indifféremment  faire  d’vn  seul 
bois  tout  ouurage.  Ainsi  en  cest  art 
lors  qu’on  veut  extraire  huile  ou  eau 
de  quelque  matière  ,  faut  sçauoir  si 
elle  est  telle  qu’on  en  puisse  esperer 
huile  ou  autre  chose  semblable  :  puis 

1  Le  texte  de  cette  phrase  était  fort  dif¬ 
férent  en  1575  ;  on  lisait  :  «.Serabon  d’en  frot¬ 
ter  le  chapiteau  auec  ces  matières,  ou  enfermer 
quelques  vues  d'icelles  dans  vn  petit  noüet  de 
toille,et  les  mettre  à  l’ extrémité  du  chapiteau, 
afin  que  par  ces  matières,  etc.  »  La  rédaction 
actuelle  date  de  1579. 


choisir  et  chercher  les  instnimens 
pour  l’œuure  que  l’on  dçsîrc.  Car  si 
l’on  distille  quelque  matière  qui  soit 
destituée  de  la  liqueur  ou  humeur 
que  nous  cherchons,  que  sera -ce 
autre  chose  sinon  que  vouloir  extraire 
de  l’huile  d’vn  mur?  Attendu  que 
tous  corps  sont  mixtionnés  des  quatre 
elemèhs,  et  qu’entre  iceux  les  vns 
participent  plus  de  l’air,  les  autres 
plus  de  l’eau,  autres  plus  du  feu,  au¬ 
tres  plus  de  la  terre.  Ce  considéré 
sera  facile,  moyennant  la  force  du 
feu,  extraire  l’eau  des  matières  plus 
aqueuses,  comme  l’huile  de  celles 
qui  sont  plus  aérées  et  ignées. 

D’abondant  est  à  considérer,  que 
queiquesfois  l’eau  vient  la  première  : 
puis  l’huile  en  donnant  feu  plus  aspre, 
comme  de  toutes  les  herbes  froides , 
bois  et  racines  :  et  des  chaudes,  l’huile 
vient  la  première  auec  l’eau. 


CHAPITRE  V. 

EN  QVELS  VAlSSEAVX  FAVT  DISTILLER 
LES  EAVX. 

Pour  distiller  toutes  sbrtes  d’eaux , 
deux  vaisseaux  sont  principalement 
necessaires,  qu’on  nomme  en  vn  mot, 
alemUc  :  l’vn  d’iceux  est  appelé  pro¬ 
prement  cucurbite,  ou  vaisseau  conte¬ 
nant  :  l’autre  est  dit  chapiteauon  chape, 
auquel  sont  amassées  les  vapeurs 
conuerties  en  eau ,  pour-ce  qu’il  re¬ 
présente  quelque  certaine  forme  et 
figure  de  chef  ou  de  testé ,  au  regard 
du  dessous  qui  est  plus  grand,  large 
et  long.  En  ce  vaisseau  il  y  a  vn  ca¬ 
nal  en  forme  de  bec  d’oiseau,  par  le¬ 
quel  l’eau  distille  goutte  à  goutte  en 
vue  fiole,  ou  autre  vaisseau  <. 

‘  Ici  se  trouvait  la  figute  d’un  ibUrheaü 


DES  DlStlLtATiONS.  61 Q 


Or  à  fin  que  ton  alerabic  ne  vacille 
de  costé  et  d’autre ,  et  qu’il  ne  nage 
estant  à  demy  vuide  :  pareillement 
aussi  craignant  qu’il  ne  se  rompe  es¬ 
tant  immédiatement  contre  la  cuue, 
ie  t’àj  bien  voulu  bailler  vfie  maniéré 
fort  commode  pour  y  obuier 

,  Pareillement  tu  peux  distiller  par 
la  vapeur  de  l’eau  ,  ce  que  tu  lieras 
commodément  par  tel  fourneau  et 

de  baîng  Marie,  auec  les  tdembics  et  recipiens. 
On  peut  s’en  faire  une  idée  d’après  ia  ru¬ 
brique  suivante,  que  j’ai  vouiu  conserver 
au  moins  en  note  : 

«A  Monstre  la  cUue  de  cüiure,  laqueliè 
est  pleine  d’eau. 

B  Le  couuercle  de  ladite  cuue  percée  en 
deux  endroits  pour  passer  le  vaisseau. 
G  Le  canal  de  cuiure  attaché  à  la  cuue , 
auquel  est  contenu  le  feu  pour  es- 
ciiauffer  l’eàu. 

t)  L’aiembic  adec  sdh  chapiteau. 

È  Le  récipient  dans  lequel  distille  l’eau.  » 
iiette  première  figuré  était  suiviè  d’unë 
autre  avec  ce  titre  ;  Autre  màniere  de  baing 
Marie,  lequel  ü’est  si  portatif.  C’est  un  vais¬ 
seau  contenant  l’eàu,  surmonté  de  trois 
alembics;  le  feu  est  placé  au-dessous,  tan¬ 
dis  que  dans  le  précédent  le  feu  était  porté 
dans  la  cuve  même ,  dans  ie  canal  de  cuiure 
indiqué. 

1  Celte  maniéré  fort  commode,  illustrée  par 
deux  figures,  consistait  en  ceci  ;  l’alembic 
était  placé  sur  une  platine  de  plomb  circu¬ 
laire,  de  la  circonférence  de  laquelle  par¬ 
taient  quatre  cordelettes  qui  allaient  em¬ 
brasser  le  col  de  l’alembic  pour  le  tenir  fixe 
et  droit  sur  la  platine.  Voici  d’ailleurs  les 
rubriques  jointes  aux  figures  : 

«A  Monstre  le  vaisseau  oualembic  de  verre. 
B  La  platine  de  plomb ,  sus  laquelle  est 
posé  le  vaisseau  ou  alembic. 

C  Les  cordelettes  qui  tiennent  le  vaisseau 
à  la  platine. 

D  L’anneau  auquel  sont  attachées  les  cor¬ 
delettes.  » 


vaisseaux  qui  te  sont  îcÿ  liresentés 
Quant  à  la  vertu  des  eaux  distil¬ 
lées,  il  est  tout  certain  que  celles  qui 
sont  extraites  in  balneo  Mariœ,  c’est  à 
dire  en  double  vaisseau  de  verre  eh 
eau  bouillante,  ou  sur  la  vapeur  d’i¬ 
celle,  sont  sans  comparaison  meilleu¬ 
res  et  plus  excellentes  ;  d’aptant  qu’el¬ 
les  retiennent  exactement ,  non  seu¬ 
lement  l’odëur,  mais  aussi  la  saueur 
et  couleur  lucide ,  acidité ,  aspérité , 
austérité ,  douceur  ,  amertume ,  et 
autres  qualités  de  leurs  plantes,  sans 
sentir  tant  soit  peu  la  fumée.  Cé  qui 
se  fait,  par-ce  que  le  baing  d’eau 
bouillante  par  son  humidité  retient , 
garde  et  conserue  les  parties  plus 
subtiles  des  plantes  :  par  ce  moyen 
empèschant  qu’elles  ne  sé  fesoluent 

‘  Ici  venait  là  figure  d’un  :  Fourneau  bvéc 
son  vaisseaupour  distiller  à  la  vapeür  d’e  Vts'du. 
On  eu  aura  une  idée  par  la  rubrique  stii- 
vante  ; 

«  A  Monstre  le  chapiteau  ou  chàpé  dé  ton 
alembic. 

B  Monstre  rdlembic  situé  dans  vn  vais¬ 
seau  de  cuiure  à  ce  propre  et  ac¬ 
commodé. 

CG  Monstre  le  vaisseau  de  cuiure  trotté  et 
percé  en  plusieurs  endroit ,  à  fin  de 
receuoir  la  fumée  et  vapeur  de  l’eau  : 
îceluy  vaisseau  contiendra  l’alem¬ 
bic,  ièquel  estant  posé  sera  énui- 
ronné  de  scieure  d’aiS ,  à  fin  qu’il 
rèçoiue  mieux  la  vapeür  :  pdretlle- 
ment  y  sera  mis  de  ladite  scieUte 
de  bols  au  fond ,  de  crainte  que  l’a¬ 
lembic  ne  rompe ,  estant  immédia¬ 
tement  contre  le  vaisseau  de  cuiure. 
D  Monstre  le  vaisseau  d’airain  contenant 
l’eau,  posé  dans  le  fourneau. 

E  Le  fourneau  auquel  estposé  le  vaisseau. 
F  Monstre  vn  entonnoir  ,  lequel  sert  à 
remettre  l’eaü ,  selon  qu’elle  s’esi 
exhalée  en  vapeur. 

G  Le  récipient.  » 


6ao  LE  viNGT-sn 

et  exhalent,  comme  il  se  fait  de  celles 
qui  sont  distillées  par  le  feu  violent 
de  bois  ,  de  charbon  :  lesquelles  re¬ 
présentent  tousiours  au  gouster  quel¬ 
que  nitrosité  et  acrimonie  de  saueur, 
de  fumée ,  et  vne  empyreume  ou 
ignité  d’adustion.  Et  semblablement 
acquièrent  vne  mauuaise  qualité  des 
vaisseaux  où  elles  sont  distillées  ,  et 
principalement  de  plomb,  qui  souuent 
porte  dommage  aux  parties  pectora¬ 
les,  comme  à  l’estomach ,  au  foye,  et 
autres  parties  intérieures.  Qu’il  soit 
vray ,  on  peut  facilement  connoistre 
qu’elles  ne  sont  de  tel  effet  et  ne  re¬ 
tiennent  leurs  qualités,  comme  celles 
qui  sont  distillées  aubaing  Marie.  Car 
celles  qui  sont  distillées  des  plantes 
acres,  poignantes  et  ameres,  ne  se 
ressentent  de  l’amertume  et  acrimo¬ 
nie  de  leurs  plantes,  mais  plustost 
d’vne  douceur  aucunement  fade  :  ce 
qu’on  connoist  aperlement  en  l’eau 
d’aluine  distillée  en  vaisseau  de 
plomb ,  qui  est  douce,  et  non  amere 
comme  sa  plante.  Dont  pour  le  dire 
en  vn  mot ,  les  herbes  distillées  au 
baing  Marie  sont  de  plus  grande 
vertu ,  et  plus  gracieuses  au  gouster, 
et  plus  plaisantes  à  odorer  et  à  voir, 
que  celles  qui  sont  distillées  par  alem- 
bics  de  plomb,  d’estain,  ou  de  cuiure, 
d’airain,  de  terre,  par-ce  que  du  vais¬ 
seau  de  verre  ne  peuuent  acquérir 
nulle  mauuaise  qualité. 

Les  eaux  sont  distillées  non  seule¬ 
ment  d’vne  seule  plante ,  mais  aussi 
de  plusieurs  meslées  ensemble  :  et 
telles  eaux  sont  appelées  eaux  com¬ 
posées,  à  raison  de  la  mixtion  de  plu¬ 
sieurs  plantes  et  matières.  Et  de  ces 
eaux  les  vues  sont  alimenteuses ,  les 
autres  purgatiues,  les  autres  odorifé¬ 
rantes,  les  autres  seruent  aux  fards 
et  orneraens  du  corps ,  lesquelles  se¬ 
ront  cy  après  déclarées. 


LIVRE, 


CHAPITRE  VI. 

COMME  IL  FAVT  PREPARER  LES  MATIERES 
DEVANT  QV’EN  DISTILLER  LES  EAVX. 

Il  faut  que  les  matières  qu’on  veut 
distiller  soient  préparées  auant  que 
les  mettre  aux  alembics  :  et  telle  pré¬ 
paration  n’est  autre  chose  que  les  in¬ 
ciser  ,  piler  et  macerer ,  c’est-à-dire 
tremper  en  quelque  liqueur,  pour 
rendre  les  matières  plus  promptes  et 
faciles  d’estre  distillées,  et  aussi  pour 
en  tirer  plus  de  suc ,  et  pour  garder 
leur  odeur  et  vertu.  Vray  est  que 
ceste  préparation  n’est  necessaire  à 
toutes  matières  :  car  aucunes  n’ont 
besoin  d’estre  infuses  et  trempées, 
mais  au  contraire  desseichées  auant 
que  d’estre  distillées,  comme  la  sauge, 
thym,  rosmarin,  et  semblables,  à  rai¬ 
son  de  leur  trop  grande  humidité  :  les 
autres  se  contentent  d’estre  arrou- 
sées  de  quelque  liqueur. 

Or  en  ceste  préparation  faut  obser- 
uer  deux  choses,  à  sçauoir,  le  temps 
de  l’infusion ,  et  la  liqueur  dans  la¬ 
quelle  les  matières  sont  infusées.  Le 
temps  de  l’infusion  doit  estre  mesuré 
selon  la  diuersité  des  matières  ,  car 
celles  qui  sont  dures  et  solides ,  ou 
seiches ,  ou  entières  :  méritent  plus 
longue  infusion  que  les  tendres  ou 
recentes,  ou  pilées-,  dont  aduient  que 
les  racines  et  les  semences  demandent 
plus  long  temps  d’infusion ,  les  fleurs 
et  fuoilles  moindre  ,  et  aussi  consé¬ 
quemment  de  telles  autres  matières. 
Les  liqueurs  ausquelles  se  fait  l’infu¬ 
sion  doiuent  respondre  à  la  qualité 
des  malicres  qu’on  veut  distiller , 
comme  les  matières  chaudes  doiuent 
estre  infusées  en  liqueurs  chaudes,  et 
les  froides  en  liqueurs  froides.  Pa- 


DES  DISTlLLATfONS. 


rcillcmcnt  les  matières  qui  ont  peu 
de  suc,  comme  la  sauge,  betoine,  ab¬ 
sinthe  ,  et  autres  semblables  ,  ou  qui 
sont  fort  odorantes,  comme  toutes 
sortes  d’espiceries,  toutes  sortesd’her- 
bes,  ou  escorce  de  bois  odorant, 
comme  la  canelle  ,  veulent  estre  in¬ 
fusées  en  vin ,  à  fin  d’en  extraire  leur 
suc,  et  garder  aux  odorantes  leur 
odeur,  qui  se  peut  facilement  eua- 
porcr  par  l’action  du  feu,  à  raison  de 
leur  substance  ténue.  Et  lorsque  l’on 
veut  que  quelque  eau  retienne  mieux 
la  vertu  de  la  matière  dont  elle  est 
distillée,  on  la  doit  infuser  et  distiller 
en  son  suc ,  ou  en  autre  qui  ait  pa¬ 
reille  vertu. 


CHAPITRE  VIL 

LA  MANIERE  DE  DISTILLER  LES  EAVX. 

Auant  que  donner  le  moyen  de  dis¬ 
tiller  les  eaux,  il  m’a  semblé  bon  d’es- 
crire  combien  il  y  a  de  sortes  d’eaux, 
et  de  leurs  diuerses  vertus.  Donc  les 
vnes  sont  médicamenteuses ,  comme 
l’eau  rose  ,  de  plantain  ,  d’ozeille  , 
sauge,  et  autres  :  les  autres  sont  ali- 
menteuses,  comme  les  reslaurans  : 
les  autres  sont  médicamenteuses  et 
alinienteuses ,  comme  les  restaurons 
alimenteux ,  ausquels  on  met  des 
choses  médicamenteuses.  Autres  sont 
purgatiues,  comme  l’eau  ou  liqueur 
derheubarbe,  si  elle  estoit  recente  ou 
verte.  Autres  sont  faites  pour  embel¬ 
lir  la  face  et  mains.  Autres  sont  odo- 
rifiques,  comme  celles  qui  sont  tirées 
des  aromates,  pour  lauer  les  mains  et 
tout  le  corps. 

Eau  de  rose. 

iller  vne  bonne  eau  de 


62 1 

rose ,  il  faut  faire  infuser  ou  tremper 
les  roses  en  eau  de  rose  distillée ,  ou 
bien  en  suc  tiré  d’icelles ,  et  ce  par 
l’espace  de  deux  ou  trois  iours ,  ton 
vaisseau  estant  bien  bouché  et  lu- 
té  :  puis  les  mettre  en  ton  alembic 
de  verre  couuert  de  son  chapiteau 
bien  lu  té  et  accommodé  de  son  réci¬ 
pient  ,  et  le  mettre  au  vaisseau  de 
baing  Marie,  comme  ie  t'aydescrit 
cy  de.ssus. 

Eau  alimenteuse  ou  restauraiiue. 

Les  eaux  alimenteuses  et  restaura- 
tiues  ne  sont  autres  choses  que  res- 
taurans ,  desquels  ie  t’ay  bien  voulu 
donner  le  vray  moyen  de  les  dis¬ 
tiller. 

Prenez  chair  de  veau,  mouton,  ché- 
ureau,  chapon,  poullets,  poulies  gras* 
ses,  perdris,  phaisans,  en  telle  quan¬ 
tité  qu’il  te  semblera  bon,  hachées  bien 
menu  :  et  pour  diminuer  la  chaleur 
qu’ils  acquièrent,  on  mettra  vne  poi¬ 
gnée  d’orge  mondé ,  vne  poignée  de 
roses  rouges  seiches  ou  recentes  ,  qui 
premièrement  auront  trempé  en  jus 
de  grenades  ,  citrons ,  et  eau  rose ,  et 
quelque  peu  de  canelle.  Si  l’on  veut 
faire  le  restaurant  médicamenteux , 
ou  y  adiouslera  choses  contrariantes 
à  la  maladie,  comme  poudres  cor¬ 
diales,  sçauoir  electuaire  diamargari- 
lum  frigidum.^  de  gemmis,  aromaticmn 
rosatum^  conserue  de  buglosse,  bour¬ 
rache  ,  racines,  herbes ,  semences ,  et 
autres  semblables.  Et  si  c’estoit  pour 
bailler  à  yn  pestiféré,  on  y  adioustera 
du  theriaque  ou  methridat,  et  autres 
alexiteres. 

Il  faut  disposer  les  choses  par  petits 
lits  (  dit  ordinairement  stratum  super 
stratum  )  en  l’alembic  de  verre ,  et  le 
faire  distiller  au  baing  Marie,  ou  sur 
cendres  ou  arenes chaudes:  réitérant 


622 


LE  VINGT-SIXIlÎME  LIVRE, 


l’eau  plusieurs  fois  dessus ,  et  le  lais¬ 
sant  infuser 

On  peut  faire  d’autres  restaurons 
plus  subitement,  et  à  moins  de  frais 
ny  tant  de  peine.  Il  faut  bien  battre 
les  chairs,  puis  les  hacher  à  petits 
morceaux,  et  les  faut  enfiler  de  fil 
double  ou  fisselle ,  et  qu’ils  tiennent 
l’vn  à  l’autre  :  après  on  les  mettra 
dedans  une  grosse  bouteille  de  verre, 
et  que  le  fil  sorte  hors  ;  laquelle  sera 
bien  estoupée  par  dessus  auec  linges, 
coton ,  fil ,  trempés  en  lut  fait  de 
blanc  d’œuf  et  farine.  L’on  mettra 
ceste  bouteille  en  vn  chaudron  plein 
d’eau  iusques  au  col ,  et  qu’elle  ne 
touche  le  fond  du  chaudron ,  et  ainsi 
qu’elle  soit  bien  appuyée  de  toute 
part ,  à  fin  qu’elle  ne  vacille ,  comme 
tu  as  veu  par  cy  deuant  :  laquelle 
estant  bien  accommodée,  on  fera 
boüillir  à  petit  feu  par  l’espace  de 
quatre  heures,  plus  ou  moins,  ius¬ 
ques  à  tant  que  la  plus  grande  partie 
de  la  chair  soit  conuertie  en  suc  ou 

1  J’ai  encore  retranché  en  cet  endroit  le 
Portrait  de  baing  Marie,  lequel  peut  sentir  à 
distiller  par  cendres;  et,  comme  pour  les 
figures  précédentes,  je  me  borne  à  en  re¬ 
produire  la  rubrique. 

«  A  Demonstre  le  fourneau  de  terre,  auquel 
t’est  monstré  la  gueule  pour  tirer  les 
cendres. 

B  Monstre  vn  autre  fourneau  posé  dans 
ledjt  fourneau  ,  lequel  est  fait  de  cui- 
ure,  et  passe  tout  au  trauers  de  la 
cuue  faite  de  cuiure,  pour  eschauffer 
l’eau  ou  cendre  contenue  dedans. 

G  La  cuue  où  est  contenue  l’eau,  cendres 
ou  sable.  ’ 

D  Les  alembics  disposés  dans  ladite  eau, 
sable,  ou  cendre,  auec  le  bec  de  leur 
récipient.  » 


jus  :  les  quatre  heures  passées,  on  es¬ 
tera  le  chaudron  du  feu  sans  oster  la 
bouteille  de  dedans  :  car  si  vous  res¬ 
tiez  promptement ,  elle  se  pourroit 
rompre ,  à  raison  qu’elle  seroit  enui- 
ronnée  (estant  chaude)  de  l’air  froid: 
estant  refroidie  on  l’ostera  du  feu,  et 
sera  destouppée  :  puis  tirerez  les  fils 
auec  las  chairs  ,  de  façon  que  le 
suc  demeurera  seul.  Coulez  ceste  li¬ 
queur  en  chausse  d’hippocras,  et  l’aro¬ 
matisez  auec  sucre  et  cannelle,  y  ad- 
ioustant  vn  peu  de  jus  de  citron ,  ou 
verjus,  ou  vn  peu  de  vinaigre  ,  selon 
le  goust  du  malade  :  l’on  peut  selon 
ceste  forme  faire  restaurons  tels  qu’on 
voudra ,  plus  ou  moins  chers  et  déli¬ 
cats  ,  alimenteux  et  médicamenteux. 

Eau  purgatiue. 

On  peut  tirer  la  vertu  des  médica¬ 
ments  purgatifs  ,  turbith ,  agaric , 
rheubarbe  et  autres,  comme  l’on  tire 
l’essence  et  esprit  de  la  sauge,  rosma- 
rin  ,  thym ,  anis ,  fenoil ,  girofle ,  ca- 
nelle ,  muscade ,  et  autres ,  mais  par 
vne  façon  toute  autre  que  les  eaux 
ny  huiles  :  parce  qu’elles  sont  de  na¬ 
ture  subtile  et  aérée,  montant  quand 
on  les  distille  :  mais  la  vertu  purga¬ 
tiue  au  contraire ,  parce  qu’elle  est 
coniointe  inséparablement  auec  sa 
propre  substance,  ne  monte  point, 
mais  demeure  au  fond,  comme  sera 
monstré  cy  après. 

Eaux  pour  embellir  la  face. 

Quant  aux  eaux  pour  embellir  la 
face,  et  autres  qui  sqnt  odorifiques , 
nous  en  auons  traité  cy  deuant  :  les¬ 
quelles  seront  distillées  in  balmo  Ma- 
nœ,  à  sçauoir  ainsi  que  l’eau  de  roses. 


DES  DISTILLATIONS. 


CHAPITRE  VITI. 

DE  LA.  MANIERE  DE  DISTILLER  l’EAV  DE 
VIE  ,  APPELÉE  l’AME  ÔV  l’eSPRIT  DE 
VIN. 

Prenez  de  bon  vin  blanc  ou  clairet, 
fort  vineux ,  pu  de  leur  lie ,  et  non  de 
vin  aigri ,  ny  esuenté ,  ou  irifect ,  la 
guanlité  selon  la  grandeur  du  vais¬ 
seau  auquel  tu  veux  faire  ta  distil-  j 
lation  ;  emply-le  iusques  à  la  tierce 
partie,  puisle  faut  couurir  de  sa  chape 
à  long  bec  ,  et  ainsi  fais  le  distiller  au 
baing  Marie  :  si  tu  veux  auoir  l’eau 
de  vie  excellente,  la  faut  rectifier 
deux  ou  trois  fois ,  voire  iusques  à 
sept.  Et  faut  obseruer  que  pour  ^ 
première  distillation  sera  assez  de  tirer 
la  quatrième  partie,  à  sçauoir,  de 
douze  pintes  trois  ou  quatre  :  pour 
la  seconde,  la  moitié,  qui  seroit  deux 
pintes  :  pour  la  tierce  ,  autre  moitié , 
qui  sera  vne  pinte ,  et  plus  :  tellement 
que  plus  de  fois  sera  distillée  j^moins 
en  y  aura ,  et  aussi  mieux  vaudra.  le 
serois  d’aduis  que  la  preniiere  distil¬ 
lation  fust  au  feu  de  cendres ,  et  les 
autres  au  baing  Marie. 

Or  les  moyens  par  lesquels  on  con- 
noist  l’eau  de  vie  estre  assez  distillée, 
sont ,  qu’estant  posée  en  vne  cuillier 
et  allumée,  elle  se  consomme  du  tout, 
ne  laissant  aucune  marque  d’humi¬ 
dité  au  fond  de  la  cuillier  :  aussi  si  on 
trempe  vu  linge  en  ladite  eau,  estant 
allumé  brusle  sans  offenser  le  drap- 
peau  :  pareillement  si  vne  goutte 
d’huile  est  iettée  en  ladite  eau ,  elle 
va  au  fond  :  comme  si  quelque  peu 
d’icelle  est  espandue  sur  la  main  ,  se 
consomme  et  pénétré  bien  tost.  Les 
vertus  de  l’eau  de  vie  sont  infinies  : 
elle  aide  aux  epilepsies ,  apoplexies , 


623 

et  generalement  à  toutes  maladies 
froides  :  elle  sede  la  dpuleur  des 
dents ,  elle  est  vtile  aux  ppnctiops  , 
és  playes  des  nerfs ,  aux  défaillances 
de  cœur  et  syncopes,  aux  gangrenés 
et  ppurritures ,  mixtionnée  auec  aifr 
très  medicamens ,  à  fin  (le  les  faire 
penetrer  au  profond  des  parties. 

Entre  la  distillation  du  vin  et  vi¬ 
naigre  ,  il  y  a  différence ,  parce  que  le 
vin  est  de  substance  vaporeuse  et 
aérée ,  et  la  meilleure  vertu  qui  est 
en  iceluy  gist  en  la  première  distil¬ 
lation,  p’est-à-dire ,  à  l’eau  qui  est 
distillée  la  première ,  qui  est  la  vertu 
aérée  et  ignée  :  tellement  que  ce  qui 
reste  et  demeupe  au  vaisseau  est  frpid 
et  sec,  de  nature  de  vinaigre.  Au 
contraire  l’eau  première  du  yinaigrp 
est  ipsipide ,  et  n’est  que  phlegme, 
comme  auops  dit ,  parce  qu’en  la  cor¬ 
ruption  et  alteration  du  vin  se  fait 
séparation  de  la  vertu  aérée  et  ignée 
en  s’aigrissant,  et  n’y  demeure  que 
le  phlegme  qui  fait  la  corruption  t}u 
vinaigre,  lequel  prédominant  est  con¬ 
traint  de  sortir  le  premier.  Parquoy, 
pour  auoir  bon  vinaigre  par  distilla¬ 
tion,  après  l’auoir  mis  en  pareille 
quantité  qu’auans  dit  du  vin  pour 
faire  l’eau  de  vie ,  dedans  l’alembic  , 
faut  laisser  distiller  le  phlegme  ou 
l’aquosité ,  et  le  mettre  à  part  :  puis 
quand  on  sentira  au  gouster  que  l’a- 
cetosité  ou  esprit  viendra ,  le  feu  sera 
coiitinuéiusques  à  cequ’il  s’espaississe 
en  forme  de  miel ,  et  lors  cesserez  , 
autrement  aurez  par  l’adustion  vne 
grande  puanteur. 

Or  les  vaisseaux  pour  distiller  tqnt 
l’eau  de  vie  que  le  vinaigre  sont  diuers, 
à  sçauoir,  ralembic,ou  retorte,  posée 
dans  les  cendres  ou  arenes.  On  les 
peut  pareillement  distiller  dedans  vn 
chaudron ,  ou  pot  de  cuiure  d’airain, 
fait  en  forme  de  marmite  appellé  ves- 


LE  VINGT-SIXIÈME  LIVUE, 


624 

gie  vulgairement,  coiuiert  d’vn  cou- 
uercle,  duquel  sortvn  canal  droit, 
courbé  en  angle  droit ,  qui  passe  de¬ 
dans  vn  muy  plein  d’eau  Iraische  , 
lequel  te  sera  portrait  lorsqu’on  don¬ 
nera  la  maniéré  de  distiller  l’huile 
des  végétaux ,  c’est  à  dire  ,  des  herbes 
et  plantes. 


CHAPITRE  IX. 

LA  MANIERE  DE  RECTIFIER  LES  EAVX 
DISTILLÉES. 

Pour  rectifier  les  eaux  qui  ont  esté 
distillées  au  baing  Marie ,  il  les  con- 
uient  mettre  au  soleil  en  vu  vaisseau 
de  verre  bien  bouché  et  à  demy 
plein,  mettant  le  vaisseau  iusques  à 
la  tierce  partie  dans  le  sable ,  à  fin 
qu’estant  eschauffé  par  le  soleil,  le 
phlegme  soit  consommé  :  et  le  laisser 
l’espace  de  douze  ou  quinze  iours , 
plus  ou  moins. 

Il  y  a  vne  autre  maniéré  plus  com¬ 
mode  ,  c’est  de  rechef  lés  distiller  au 
baing  Marie  à  petit  feu  :  ou  bien , 
pour  mieux  faire,  les  mettre  en  vne 
retorte  ou  cornue  auec  son  récipient, 
assise  sur  des  boulles  de  cristal ,  et 
mettre  le  tout  au  soleil  :  ou  bien  l’as¬ 
seoir  en  defaut  de  crystal,  sus  vn 
mortier  de  fer,  ou  boulles  de  fer  *. 

•  Ici  venaient  deux  nouvelles  figures,  la 
première  représentant  une  Cornue  auec  le 
récipient  assise  sus  des  boulles  de  crystal, 
pour  distiller  au  Soleil;  et  la  seconde  une 
Autre  cornue  auec  le  récipient  assise  en 
vn  mortier  de  marbre  ou  de  fer ,  pour  pa¬ 
reillement  distiller  au  Soleil.  Ces  deux  ti¬ 
tres  suffisent  pour  donner  une  idée  des  fi¬ 
gures;  je  noterai  seulement  qu’elles  se 
voyaient  déjà  dans  le  magasin  d’instru- 
mens  des  Dix  Hures  de  chirurgie  de  15G4. 


CHAPITRE  X. 

LA  MANIERE  DE  DISTILLER  PAR  FILTRE. 

Il  faut  auoir  trois  iattes  ou  bassins, 
ou  autres  vaisseaux  faits  de  telle  ma¬ 
tière  qu’il  sera  requis,  selon  la  li¬ 
queur  que  vous  voudrez  distiller. 
Iceux  seront  tellement  situés  que  l’ vn 
soit  plus  haut  que  les  deux  autres  : 
et  le  second  que  le  dernier.  Le  plus 
haut  contiendra  le  jus  qu’on  voudra 
distiller,  et  le  bas  ou  dernier  receura 
la  distillation.  Et  dedans  les  deux 
premiers  vaisseaux  trempera  vne  ou 
plusieurs  pièces  de  drap ,  ou  de  feu¬ 
tre  ,  assez  longue ,  qui  sera  large  par 
vnbout  et  pointue  de  l’autre  :  le  costé 
large  trempera  dans  le  jus  ou  li¬ 
queur,  et  le  pointu  pendra  dehors, 
par  lequel  la  liqueur  plus  subtile 
montera,  et  distillera  goutte  à  goutte 
au  vaisseau  d’embas,  en  sorte  que  le 
plus  limonneux  et  impur  demeurera 
au  premier  et  second  vaisseau.  Si 
l’on  veut  plusieurs  fois  et  en  mesme 
temps  distiller  vne  mesme  liqueur, 
l’on  pourra  disposer  plusieurs  vais¬ 
seaux  en  forme  d’escallier  ou  d’es- 
chelette  :  et  en  chacun  de  ceux  qui 
seront  les  plus  hauts,  mettre  la  piece 
de  feutre  de  la  façon  qu’auons  dit , 
en  sorte  que  le  dernier  vaisseau  soit 
celuy  qui  reseruera  toutes  les  distil¬ 
lations.  En  lieu  de  lisiere  de  drap,  on 
peut  vser  de  cotton  ou  de  laine  filée , 
dix  ou  douze  filets  ensemble  liés  par 
vn  bout,  lequel  trempera  dans  le  pre¬ 
mier  vaisseau 

‘  Ici  venait  le  Portrait  des  vaisseaux 
pour  distiller  par  filtre;  le  texte  est  assez 
clair  peur  qu’il  ne  soit  pas  besoin  d’autre 
explication. 


DES  DISTILLA.T10WS. 


Au  lieu  de  cesle  distillation ,  les 
Apoticaires  vsent  de  manche  de  drap 
faite  en  pointe,  qu’on  appelle  chausse 
d’hippocras.  Or  telle  distillation  n’a 
esté  excogitée  sinon  que  pour  puri¬ 
fier,  depurer,  et  clarifier  toutes  eaux 
et  jus,  et  autres  compositions  qui  sont 
en  eau  :  comme  pour  exemple  te  don- 
neray  ceste  cy  qui  est  dite  vulgaire¬ 
ment  laict  virginal,  lequel  se  purifie 
en  ceste  sorte  par  le  filtre. 

Laid  virginal. 

Prenez  litharge  d’or  bien  pulueri- 
sée  onces  iij.,  faites  les  infuser  en  vj. 
onces  de  bon  vinaigre  par  l’espace 
de  trois  heures  ,  dans  vn  vaisseau  à 
part  :  et  dedans  vn  autre  vaisseau 
mettez  aussi  infuser  sel  commun  en 
eau  de  plantain ,  morelle ,  eau  rose , 
ou  commune ,  faites  distiller  par  feu¬ 
tre  chacun  à  part  :  et  après  qu’ils  se¬ 
ront  distillés,  meslez-les  ensemble,  et 
alors  aurez  le  laict  virginal,  blanc 
comme  laict,  qui  est  propre  pour  la 
goutte  rose,  comme  ay  descrit  en  mon 
Àntidotaire  *. 


CHAPITRE  XL 

LA  MANIERE  DE  DISTILLER  LES  HVILES, 
ET  PAR  COMBIEN  DE  MANIERES  ELLES 
SONT  EXTRAITES. 

Il  y  a  trois  maniérés  d’extraire  les 
huiles.  La  première  est  par  expres¬ 
sion  ,  comme  est  celle  qu’on  tire  des 
oliues,  noix,  semences ,  fruits,  et  au-, 
très  :  ou  bien  par  ébullition,  conquas- 
sant  la  matière ,  et  la  faisant  boüillir 
en  eau ,  et  au  dessus  viendra  huile 

*  11  appelle  ainsi  son  livre  de  la  Composi^^ 
lion  desmedicamens. 


626 

qui  nage,  comme  de  la  graine  de  su* 
reau ,  hieble ,  baie  de  laurier,  et  au¬ 
tres.  La  seconde  est  par  infusion  , 
comme  celle  qu’on  fait  auec  huiles, 
mettant  dedans  tremper  quelques 
parties  des  plantes  ou  des  animaux. 
La  troisième  est  par  distillation , 
comme  celle  qu’on  fait  par  force  de 
feu,  soit  en  montant,  ou  descendant, 
ou  par  rencontre. 

La  première  maniéré  est  conneuë 
d’vn  chacun,  et  se  fait  ainsi  :  comme 
pour  extraire  l’huile  d’amendes ,  les 
faut  piler  sans  peler,  et  les  réduire  en 
pains  qui  seront  enueloppés  en  vn 
sac  fait  de  poil  de  chenal,  ou  toile 
neufue  premièrement  trempée  en  eau 
ou  vin  blanc,  puis  on  les  met  en  la 
presse  :  et  par  tel  moyen  on  en  extrait 
l’huile.  Ce  qu’on  peut  pareillement 
faire  de  pignolas ,  noisettes ,  de  noix 
d’Inde,  muscade  ,  de  noyaux  de  pes- 
che ,  et  pareillement  de  semences  de 
courges,  de  concombres,  pistache,  et 
généralement  de  toutes  autres  se¬ 
mences  huileuses. 

L’huile  de  laurin  se  fait  des  fruits 
de  laurier  meurs  et  recentement 
cueillis ,  lesquels  on  pile  en  vn  mor¬ 
tier,  et  les  fait-on  boüillir  en  eau  in 
duplici  vase  :  puis  on  les  presse  en 
vne  presse,  comme  les  amendes,  ou 
bien  on  les  tire  par  ébullition,  comme 
auons  dit. 

L’huiled’œuf  sefait  de  iaunes  d’œufs 
qu’on  a  fait  durcir  à  force  de  boüillir, 
au  nombre  que  tu  voudras  :  après  es- 
tre  bien  durs,  on  les  émincé  entre  les 
mains  dedans  vne  paesle,  et  les  fait-on 
fricasser  à  feu  médiocre,  les  re¬ 
muant  tousiours  auec  vne  cuillier 
iusques  à  ce  qu’ils  deuiennent  roux 
ou  tanés,  et  qu’on  en  voye  sortir 
l’huile  :  puis  subit  les  faut  mettre  en 
vn  sac  de  toile  ou  estamine  fait  de 
poil  de  cheual,et  les  presser  à  la 
4o 


III. 


LE  VINGT-SIXIÈME  LIVRE  , 


626 

presse  comme  on  fait  l’huile  d’a¬ 
mendes. 

Celles  qui  se  font  par  infusion  se 
pratiquent  en  telle  sorie.  Vous  pren¬ 
drez  de  bonne  huile,  en  laquelle  vous 
mettrez  tremper  ou  infuser  vos  her¬ 
bes  et  plantes ,  ou  bien  quelques  ani¬ 
maux  ou  parties  d’iceux ,  et  ce  par 
l’espace  de  quelque  temps  ;  lesquels 
après  auoir  laissé  leur  vertu  et  faculté 
pour  y  estre  trempés  longuement, 
on  les  fait  bouillir,  puis  on  les  coule 
et  presse ,  et  si  dans  l’huile  demeure 
quelque  humeur ,  on  la  fait  consom¬ 
mer,  la  faisant  boüillir.  Aucuns  ad- 
ioustent  des  gommes  en  cesdites  hui¬ 
les,  lorsqu’on  les  veut  composer; 
desquelles  encore  qu’en  nostre  Anli- 
dotaire  en  ait  esté  escrit,  toutesfois 
ie  donneray  la  copie  de  ceste  cy. 

Huile  d'Hypericon. 

Prenez  fleurs  d'hypericon  îb  fi ,  les¬ 
quelles  mettrez  en  vne  bouteille  auec 
fleurs  de  centaure  q.  s. ,  gomme  elem- 
ni  5 .  ij,  huile  commune  deux  liures  : 
mettez  tout  en  la  bouteille  au  soleil 
le  long  de  Testé ,  lors  que  le  soleil  est 
en  sa  plus  grande  force.  Si  voulez 
adiouster  vn  peu  d’eau  de  vie,  elle 
seroit  singulière,  dans  laquelle  pour¬ 
rez  dissoudre  du  benioin. 

L’huile  de  mastic  est  faite  de  douze 
onces  d’huile  rosat ,  mastic  trois  on¬ 
ces,  bon  vin  huit  onces ,  puis  on  fait 
cuire  le  tout  ensemble  iusques  à  ce 
que  le  vin  soit  consommé  :  en  après 
on  passe  Thuile,  et  est  reseruée  en  vn 
vaisseau. 


CHAPITRE  XII. 

'  LA  MANIKRE  DE  TIRER  LES  HVILES  DES 
VEGETAVX  PAR  DISTILLATION. 

Pre.sque  toutes  les  herbes  qui  por¬ 
tent  leurs  fleurs  et  semence  en  mou- 
chet,  ont  leurs  semences  composées 
de  substance  chaude ,  subtile,  aérée , 
et  partant  il  faut  qu’ils  tiennent  quel¬ 
que  chose  de  la  substance  oléagineuse 
ou  huileuse  :  car  presque ^loute  huile 
est  composée  de  mesmes  parties.  Or 
d’autant  que  Thuile  qui  se  trouue  és 
simples  est  de  deux  sortes ,  ainsi  se¬ 
ront-elles  tirées  par  deux  maniérés  : 
car  Tvneest  grosse,  terrestre,  vis¬ 
queuse  ,  et  entièrement  meslée  auec 
le  corps  duquel  on  la  veut  tirer, 
comme  celles  desquelles  auons  parlé 
cy  dessus ,  qui  sont  tirées  par  expres¬ 
sion  ,  estans  iointes  inséparablement 
auec  leur  substance ,  ne  pouuans 
monter  pour’leur  consistance  grosse 
et  visqueuse.  Il  y  a  vne  autre  sorte 
d’huile  qui  est  de  nature  subtile  et 
aérée ,  laquelle  on  peut  aisément  sé¬ 
parer  du  corps  auecques  lequel 'elle 
est  iointe,  parce  qu’elle  monte  facile- 
menlpar  distillation  ,  et  n’est  mal¬ 
aisée  à  séparer  d’auec  le  corps  qui  la 
contient  :  et  de  telle  nature  sont,  tou¬ 
tes  les  huiles  'des  aromates  ou  sen¬ 
teurs,  comme  Thuile  de  genéure  , 
anis,  fenoil,  doux  de  girofle,  mus¬ 
cade,  candie,  et  leurs  semblables: 
aussi  des  espiceries ,  comme  poyure , 
gingembre  et  autres ,  desquelles  vou- 
lonsjdonner  le  moyen  de  les  extraire. 

Il  faut  pih  ret  concasser  seulement 
la  matière ,  ti'  la  mettre  infuserj  en 
eau  commune ,  et  pour  jvno  liure  de 
matière  dix  d’eau ,  dans  vn  vaisseau 
de  cuiure  ayant  vne  chappe  auec  son 


DES  DISTILLATIONS. 


refrigerion  pleine  d’eau  froide ,  la¬ 
quelle  chappe  sera  estamée  ou  argen¬ 
tée  par  dedans  :  et  iceluy  vaisseau 
sera  posé  sus  vn  fourneau  ayant  du 
feu  dessous ,  sans  sable  ny  cendres  : 
et  quand  l’eau  qui  est  au  refrigerion 
sera  chaude,  il  faudra  la  changer  et  y 
en  remettre  de  la  froide,  à  fin  de  con¬ 
geler  les  esprits  et  empescher  qu’ils 
ne  s’euaporent:  et  au  bout  du  nez  de 
l’alembic  tu  apposeras  vn  récipient  à 
long  col ,  comme  materas .  et  feras 
feu  iusques  à  ce  qu’il  boüille  ,  en  le 
continuant 

Tu  peux  aussi  distiller  en  autre  ma¬ 
niéré  ,  à  sçauoir,  ta  matière  préparée 
et  infusée  comme  dessus  ,  et  mise 
dans  vn  vaisseau  de  cuiure,  ayant  vn 
alembic  au  dessus ,  au  bec  duquel 
alembic  sera  accommodé  vn  tuyau 
d’estain  ou  de  fer  blanc  bien  luté , 
auecques  le  lut  de  sapience  :  lequel 
tuyau  passera  au  trauers  d’vn  muy 
d’eau  froide ,  à  fin  qu’en  distillant  la 
liqueur  qui  sortira  auecques  l’huile 
se  refroidisse  :  au  bout  duquel  sera 
mis  vn  récipient ,  puis  allumerez  des¬ 
sous  vn  petit  feu  au  commencement, 
et  l’augmentant  iusques  à  ce  qu’il 
boüille,  comme  dit  est,  et  se  faut  don¬ 
ner  garde  de  faire  trop  grand  feu,  crai¬ 
gnant  que  la  matière  ne  regorge  : 
lors  verrez  auecques  l’eau  distiller 
au  commencement  vostre  huile  ,  car 
elle  vient  la  première,  et  non  sus  la 
fin  :  et  lors  ne  distillant  plus ,  cesse- 

‘  Cette  première  manière  de  distillera  été 
ajoutée  ici  en  1579,  Dans  la  première  édition, 
l’auteur  voulait  que  la  matière  fût  mise  à  in¬ 
fuser  dans  vn  alembic  de  verre  l’espace  de  vingt 
quatre  heures,  estant  couuert  de  son  chapiteau 
bien  luté  ;  estant  infusee,  l’ alembic  sera  posé  au 
feu  de  cendre  ou  de  sable,  comme  axions  dit  cy 
dessus  !  au  bec  duquel  alembic  sera  accommodé 
vntuyau  de  cuiure,  etc.  On  retrouvera  la  suite 
de  ce  texte  dam  le  paragraphe  suivant. 


627 

rez  de  faire  du  feu,  et  connoistrez  ai¬ 
sément  qu’il  ne  distille  plus  d’huile  , 
tant  par  la  veuë  que  par  le  gousl  de 
la  senteur  de  ce  que  faites  distiller  : 
après  séparerez  vostre  huile  qui  sera 
auecques  l’eau  distillée  le  plus  subti¬ 
lement  qu’il  sera  possible  ,  comme 
auecques  vn  destier  dont  les  femmes 
cousent ,  attaché  à  vn  petit  baston. 

Et  faut  icy  noter  qu’il  y  a  des  huiles 
qui  nagent  dessus  l’eau ,  les  autres 
vont  au  fond  :  comme  l’huile  d’anis 
nage  dessus  l’eau  :  mais  l’huile  de 
canelle,  macis,  et  girofles  va  au 
fond ,  ainsi  que  l’experience  monstre. 
D’auantage  l’eau  d’anis  et  de  canelle 
qui  est  distillée  auecques  l’huile  est 
blanchastre,  de  laquelle  blancheur 
quelque  peu  se  conuertit  auecques 
le  temps  en  huile.  Les  eaux  doiuent 
estre  séparées ,  car  elles  sont  plus  ex¬ 
cellentes  que  celles  qui  sont  distillées 
in  balneo  Mariœ ,  comme  auons  dit 
cy  dessus,  et  principalement  celles 
qui  viennent  au  commencement  auec¬ 
ques  l’huile 

Il  faut  icy  noter  que  les  huiles  ont 
vne  mesme  vertu  que  les  simples 
desquels  on  les  tire ,  voire  beaucoup 
plus  grande.  Car  toute  la  vertu  qui 
estoit  en  vne  liure,  est  enclose  en  quel¬ 
que  peu  de  drachmes  :  comme  pour 
exemple,  la  vertu  qui  estoit  en  vne  li¬ 
ure  de  doux  de  girofle ,  est  contenue 
en  deux  onces  pour  le  plus  :  de  canel¬ 
le  ,  à  vne  drachme  et  demie  ou  deux. 

Or  à  fin  d’en  tirer  en  plus  grande 
quantité  et  à  moins  de  frais ,  et  sans 
crainte  de  rompre  les  vaisseaux  de 

i  On  lit  en  marge  de  cet  endroit,  dans  la 
première  édition  posthume  :  Videtur  contra- 
rium ,  fol.  368.  Ce  renvoi  répond  dans  l’édi¬ 
tion  actuelle  à  la  page  619,  où  Paré  consacre 
en  effet  un  long  article  à  démontrer  la  supé¬ 
riorité  des  eaux  distillées  au  bain  marie. 


LE  VINGT-SIXIIÎME  LlVllE  , 


628 

Terre ,  ie  serois  d’aduis  d’vser  de  ce- 
luy  de  cuiure,  sans  crainte  que  l’huile 
acquière  quelque  mauuaise  qualité 
du  vaisseau  :  ce  qui  ne  se  fait,  à  raison 
que  l’eau  qui  vient  auec  l’huile  em- 
pesche  la  mauuaise  qualité  qui  pour- 
roit  estre  au  vaisseau  ;  ioint  aussi 
qu’il  doit  estre  bien  estamé  ou  ar¬ 
genté  :  duquel  ie  t’ay  voulu  bailler  le 
portrait  auec  son  fourneau 

Or  d’autant  que  nous  auons  parlé 
de  la  canelle,  poiure ,  et  autres ,  et  à 
raison  qu’en  nostre  France  n’auons 
tels  arbres,  il  m’a  semblé  bon  t’en 
donner  le  portrait  de  ces  deux,  en¬ 
semble  la  description  prise  de  ïheuet 
en  sa  Cosmographie,  lequel  comme 
l’ayan  t  veu  nous  l’a  fait  représenter  2. 

*  La  figure  ainsi  indiquée  avait  pour  li¬ 
tre  :  Fourneau  auec  son  vaisseau,  par  lequel 
se  lirenl  toutes  essences  verjelales,  comme  sauge, 
rosmarin ,  thym  ,  lauande,  semences  d’anis , 
fenoil,  doux  de  girofles,  muscade,  canelle, 
poiure,  gingembre  et  autres:  semblablement 
Veau  de  vie  et  le  vinaigre  distillé.  En  lieu 
d’iceluy  vaisseau  tu  peux  vser  de  celuy  qui  a 
son  réfrigérant  au-dessus.  »  Je  l’ai  retranchée 
comme  les  autres;  en  voici  toutefois  la  ru¬ 
brique. 

«  AMonstrelevaisseauappelé  ordinairement 
vessie,  fait  de  cuiure  estamé  par  de¬ 
dans. 

B  Le  chapiteau. 

C  Le  tonneau  plein  d’eau  froide  pour  re¬ 
froidir  l’eau  et  l’huile  qui  coulent  par 
vn  tuyau  qui  passe  au  Irauers. 

D  Le  tuyau  fait  de  cuiure  ou  fer  blanc  pas¬ 
sant  au  trauers  du  inuy. 

E  La  vessie  estant  posée  et  assise  sus  son  four¬ 
neau,  immédiatement  contre  le  feu.  » 

s  Ce  paragraphe,  et  tout  ce  qui  suit  jus¬ 
qu’à  la  fin  du  chapitre,  sont  des  additions  de 
1579.  J’en  reproduis  fidèlement  le  texte; 
mais  je  n’ai  pas  hésité  à  retrancher  deux  fi¬ 
gures  représentant,  l’une  V arbre  qui  porte  le 
poiure,]  et  l’autre  l’arbre  qui  produit  lu  canelle, 


De  l'arbre  qui  porte  le  poivre. 

Le  poiure  croist  en  Indie  ,  en  des 
petits  arbres  qui  iettent  de  petites 
grappes  qui  portent  des  grains  comme 
de  lierre,  ou  petits  raisins  noirs  quand 
ils  sont  bien  meurs.  Les  fueilles  sont 
semblables  au  citronnier ,  quelque 
peu  aiguës  et  poignantes.  Les  Indiens 
sont  fort  curieux  à  recueillir  ceste 
graine ,  lors  qu’elle  est  venue  en  sa 
maturité ,  et  en  remplissent  de  bien 
fort  grands  magazins.  Il  y  a  telle  an¬ 
née  qu’il  aborde,  en  l’isle  de  la  petite 
lane,  plus  de  deux  cens  vaisseaux 
pour  se  charger  de  poiure  et  d’au¬ 
tres  espiceries.  On  en  vse  aux  anti¬ 
dotes  et  contre-poisons.  Il  prouoque 
l’vrine,  digéré,  attire,  resoult,  donne 
secours  aux  morsures  de  serpens.  Il 
est  bon  pour  Festomach  refroidi, 
donné  tant  par  dedans  qu’appliqué 
par  dehors ,  et  aide  à  faire  la  diges¬ 
tion,  et  donne  appétit  mis  en  saulces. 
Il  le  faut  choisir  qui  soit  noir,  pesant, 
et  non  flestri. 

L’arbre  qui  porte  le  poiure  blanc  , 
et  celuy  qui  porte  le  noir,  sont  si  peu 
diflferens  que  ceux  du  pays  ne  les  peu- 
uent  remarquer,  sinon  que  lors  qu’ils 
portent  leurs  fruits  :  comme  l’on  voit 
des  vignes  blanches  et  noires  *. 

De  l’arbre  qui  produit  la  canelle. 

L’arbre  qui  porte  la  canelle  croist 
aux  montagnes  des  Indes,  et  est 
presque  ^mblable  à  nostre  laurier. 

en  reportant  toutefois  dans  le  texte  les  litres 
de  ces  figures. 

^  1  Le  vigneron  connoist  bien  le  sep  l'vn  d’auec 
l’autre  sans  raisins,  si  ie  ne  me  trompe.  Cette 
réflexion  se  lit  en  marge  de  la  première  édi¬ 
tion  posthume,  en  sorte  qu’on  peut  encore 
présumer  qu’elle  est  de  Paré;  elle  manque 
toutefois  dans  les  éditions  précédentes. 


DES  DISTILLATIONS. 


le  Roy  en  fait  couper  par  certains 
mois  de  l’année  certains  iettons  et 
scions ,  et  en  fait  leuer  l’escorce,  qui 
est  ce  que  nous  appelions  canelle,  la¬ 
quelle  est  vendue  à  sa  taxe  aux  estran- 
gers,  n'estant  permis  à  autre  faire 
couper  ce  bois  L 

Galien  dit  la  canelle  estre  de  sub¬ 
tiles  parties,  chaude  au  tiers  degré, 
ayant  quelque  legere  astriction,  au 
moyen  dequoy  elle  incise  et  dissout 
les  superfluités  du  corps ,  et  fortifie 
les  membres'^.  Elle  est  fort  propre  à 
esmouuoir  les  mois  aux  femmes,  ar- 
restés  par  trop  grande  abondance 
et  espaisseur  d’excremens,  de  sorte 
qu’ils  ne  s’euacuent  suffisamment. 
Elle  sert  à  faire  bonne  bouche,  et  aro- 
matizer  les  médecines,  et  faire  hippo- 
cras,  et  donner  goust  aux  saulces. 

On  fait  de  la  canelle  vne  eau  ex¬ 
cellente.  laquelle  est  souueraine  con¬ 
tre  toutes  les  maladies  froides,  dé¬ 
faillance  de  cœur ,  preseruant  de  la 
peste,  et  contrariant  aux  venins  3.  Sa 
prescription  est  telle.  Prenez  vne  liure 
de  la  meilleure  canelle  que  la  pour¬ 
rez  choisir,  et  l’ayant  vn  peu  concas¬ 
sée,  la  ietterez  dans  vn  vaisseau  de 
verre  auec  quatre  liures  de  bonne 
eau  rose  et  demie  liure  de  bon  vin 
blanc  ;  le  tout  ferez  infuser  par  l’es¬ 
pace  de  vingt  quatre  heures ,  le  mou- 
uant  souuent  :  puis  mettrez  à  distiller 
au  baing  Marie,  selon  l’art,  les  vais¬ 
seaux  et  recipiens  bien  lutés  ensem¬ 
ble,  à  fin  que  l’esprit  ne  respire. 

1  Theuet,  en  sa  Cosmographie.  —  A.  P. 

2  Galien ,  liure  7.  des  Simples.  —  A.  P. 

»  Matth. ,  sur  le  liure  de  Dioscoride. — A.  P. 


629 


CHAPITRE  XIII. 

AVTRE  MANIERE  POVR  TIRER  l’eSSENCE 
ET  ESPRIT  DE  TOVS  AROMATES,  TANT 
HERBES,  FLEVRS,  SEMENCES  ET  FRVITS  : 
AVSSI  DE  LA  RHEVBARBE  ,  AGARIC , 
TVKBITH,  HERMODACTE,  ET  AVTBES 
PVRGATIFS. 

L’essence  et  esprit  de  tels  simples 
sont  extraits  en  ceste  sorte  ; 

Prenez  sauge,  rheubarbe,  canelle, 
ou  autre  matière,  et  la  hachez  menu, 
ou  bien  la  concassez  :  cela  fait,  seront 
mis  en  vn  matelas  ou  bouteille  de 
verre  ayant  le  col  bien  haut,  et  ver¬ 
sez  dessus  eau  de  vie  ou  esprit  de  vin 
rectifié,  en  telle  quantité  qu’il  couure 
la  matière  mise  au  vaisseau ,  de  la 
hauteur  d’vn  doigt  ou  deux  :  puis  es- 
toupez  le  vaisseau  diligemment,  qu’il 
ne  puisse  auoir  aucun  air,  et  le  laissez 
huit  iours  tremper  tout  seul  au  baing 
Marie  bien  lent  :  lors  vostre  eau  de 
vie  attire  à  soy  l’esprit  qui  est  im¬ 
planté  à  la  matière ,  dont  vous  faites 
extraction ,  et  le  transforme  en  soy  : 
ce  que  connoistrez  quand  elle  sera 
bien  colorée,  ayant  tiré  la  teinture  de 
la  matière  trempée.  Ces  huit  iours 
expirés,  versez  vostre  esprit  de  vin 
en  vn  autre  vaisseau,  auquel  y  aura 
autre  matière  ainsi  préparée,  à  fin 
qu’il  en  tire  pareillement  la  qualité  ; 
et  reiterez  cecy  par  trois  ou  quatre 
fois ,  iusques  à  ce  que  vostre  eau  de 
vie  aye  parfaitement  pris  la  couleur 
et  teinture  de  vostre  ingrédient. 

Or  si  le  simple  duquel  voulez  ex¬ 
traire  l’essence  estoit  de  grand  prix , 
comme  bois  d’aloés  ou  rheubarbe ,  il 
ne  se  faudroit  contenter  de  verser 
vne  fois  de  l’eau  de  vie  sus  iceluy , 
mais  deux  ou  trois  fois  ,  iusques  à.  ce 


63o  LE  vmGT-SIXIEMB  LIVRE  , 


que  l’essence  fust  du  tout  tirée  :  ce 
que  connoistrez ,  lors  que  la  matière 
sera  du  tout  insipide  de  son  goust  : 
cela  fait  tant  qu’il  sera  besoin ,  met¬ 
trez  toutes  les  eaux  dans  vn  alembic 
couuert  de  son  chapiteau ,  bien  lu  té, 
mis  et  posé  au  baing  Marie ,  à  fin  de 
faire  euaporer  Yostre  eau  de  vie  qui 
doit  estre  soigneusement  gardée  pour 
vne  autre  fois ,  et  au  fond  demeurera 
vostre  esprit  ou  essence.  Laquelle  si 
voulez  auoir  en  consistence  de  miel , 
la  mettrez  en  vn  vaisseau  de  terre 
plombée  sus  les  cendres  chaudes,  fai¬ 
sant  euaporer  le  plus  subtil ,  ou  bien 
dans  l’alembic  :  et  par  tel  moyen  au¬ 
rez  à  la  parfln  vne  substance  ou  es¬ 
sence  très  excellente  et  precieuse  de 
la  chose  extraite ,  et  en  assez  bonne 
quantité,  auec  laquelle  mesme  en 
petite  quantité  ferez  plus  grande 
operation  qu’auec  vn  grand  morceau 
de  racine  ou  herbe  :  comme  auec  vn 
scrupule  de  l’essence  de  rheubarbe , 
agaric,  turbith,  ferez  plus  d’opera¬ 
tion  qu’auec  deux  ou  trois  drachmes. 


CHAPITRE  XIV. 

lA  MANIERE  DE  TIRER  L’hVILE  DES  GOM¬ 
MES,  LARMES,  OV  LIQVEVRS  ESPAIS- 
SES,  ET  RESINES,  ET  MESME  DE  CER¬ 
TAINS  ROIS. 

Toutes  les  huiles  des  gommes  et 
bois  oléagineux,  ensemble  l’huile  des 
métaux ,  sont  tirées  par  vn  vaisseau 
appellé  retorte,  et  cornemuse  des  Fran  • 
çois ,  à  la  semblance  duquel  instru¬ 
ment  est  faite  la  retorte.  Quant  à  la 
matière  dont  il  doit  estre  fait,  il  est 
meilleur  de  verre,  de  pierre,  puis  de 
terre  plombée  et  vernissée  :  quant  à 
la  grandeur,  il  doit  estre  selon  la  ma¬ 
tière  et  quantité  d’huile  qu’il  te  sem¬ 


blera  bon  extraire  ;  toutesfois  nous 
le  prenons  ordinairement  de  telle 
grandeur  que  sa  capacité  intérieure 
puisse  tenir  douze  liures  d’eau ,  ayant 
aussi  vn  col  de  pied  et  demy,  ou  d’vn 
pied  pour  le  moins.  Le  vaisseau  rece- 
uant  le  plus  souuent  est  vne  fiole  de 
verre,  ou  bien  vne  autre  retorte, 
dans  laquelle  soit  accommodé  et  in¬ 
séré  le  col  de  la  retorte.  Icelle  doit 
estre  posée  en  vne  iatte  ou  terrine 
pleine  de  cendre  ou  sable ,  laquelle 
doit  estre  mise  et  accommodée  sus  le 
fourneau 

Entre  les  gommes,  les  vues  sont  liqui¬ 
des  ,  les  autres  solides ,  et  d’icelles  au¬ 
cunes  plus  solides  que  les  autres  : 
les  solides  donnent  plus  de  peine  à 
distiller  que  les  liquides,  à  raison 
qu’elles  ne  se  liquéfient  si  tost  et  n'o- 
beïssent  pareillement  au  feu,  etpour- 
ce  souuentesfois  se  bruslent  deuant 
que  se  dissoudre  ;  et  pour-ce  aucuns 
adioustent  pour  liure  de  gomme  so¬ 
lide  deux  ou  trois  onces  d’huile  de 
terebenthine ,  de  la  plus  claire  et  li¬ 
quide  ,  à  raison  qu’elle  est  tres-pure 
et  nette.  Quant  aux  liquides,  elles 
sont  fascheuses  aussi  à  distiller,  à 
raison  que  souuent  elles  s’enflent  de 
telle  façon  qu’elles  regorgent  dans  le 
receuant ,  telles  qu’on  les  a  mises  à  la 
retorte,  principalement  si  du  com¬ 
mencement  on  y  donne  feu  grand  et 
violent  ;  et  pour  obuier  à  tel  incon- 
uenient ,  aucuns  adioustent  en  la  re- 
lorte  du  sable. 

Ruile  de  résiné  et  terebenthine. 

Prenez  terebenthine  deux  ou  trois 

1  L’auteur  ajoutait  :  comme  tu  peux  voir 
par  ce  portrait.  Le  texte  est  assez  clair  ici 
pour  se  passer  de  la  figure,  qui  d’ailleurs 
ne  méritait  pas  mieux  d’être  conservée  que 
les  précédente». 


DES  DISTILLATIONS. 


liâtes ,  laquelle  mettrez  en  vostre  re- 
torte  de  verre  assez  grande,  telle¬ 
ment  que  les  trois  parties  soient  vui- 
des,  y  adioustant  pour  liure  de  te- 
rebenthine  trois  ou  quatre  onces  de 
sable  :  cela  fait ,  vous  poserez  voslre 
retorte  dans  vne  iatle  ou  terrine 
pleine  de  cendres  sassées  et  bien  ac¬ 
commodées  sus  vostre  fourneau ,  au 
col  de  laquelle  adiousterez  vn  rece- 
uant  bien  luté,  puis  ferez  feu  au 
commencement  bien  leger  :  car  ces 
liqueurs  eschauffées  facilement  s’es- 
leuent  et  enflent;  puis  augmenterez 
vostre  feu  petit  à  petit ,  donnant  garde 
que  la  matière  ne  bouille  trop  à  coup. 
Au  commencement  distillera  vne  eau 
claire  aceteuse,  à  laquelle  ordinaire¬ 
ment  se  concret  vne  hypostase ,  puis 
sortira  vne  huile  fort  claire  appro¬ 
chant  d’iceluy  phlegme,  et  lors  aug¬ 
menterez  vn  peu  vostre  feu,  à  fin 
de  faire  monter  la  troisième  liqueur 
qui  est  vne  huile  de  couleur  d’or 
claire  et  subtile  :  et  de  rechef  donne¬ 
rez  feu  de  cbasse  auec  feu  de  flambe , 
pour  tirer  vne  huile  rouge  et  ver¬ 
meille  de  couleur  de  ruby,  assez  es- 
paisse ,  et  par  ce  moyen  tirerez  de  la 
terebenlhine  ces  quatre  liqueurs  :,„j 
vous  pourrez  changer  à  chaque  fois 
vn  récipient,  mais  il  est  plus  expé¬ 
dient  les  laisser  ensemble ,  à  fin  de  les 
distiller  vne  autre  fois.  D’vne  liure  de 
terebenthino ,  sera  tousiours  tiré  dix 
ou  douze  onces  d’huile  :  elle  est  sin¬ 
gulière  pour  la  paralysie,  conuulsion, 
picqueure  de  nerfs, et  pour  les  playes 
des  parties  nerueuses. 

Pour  extraire  l’huile  de  Cire. 

Prenez  vne  liure  de  cire  ,  laquelle 
ferez  fondre ,  et  la  verserez  en  vostre 
retorte  de  verre  accommodée  au  feu 
d»  sablon  ou  de  condre,  comme 


63 1 

auons  dit  cy  dessus  de  la  térében¬ 
thine  ,  et  d’icelle  sera  fait  distillation, 
augmentant  le  feu  petit  à  petit.  Il  ne 
sort  ordinairement  qu’vne  seule  huile 
et  vn  peu  de  phlegme ,  toulesfois  vne 
partie  d’icelle  se  congele  comme 
beurre,  et  pour-ce  de  rechef  doit  es- 
tre  distillée  et  rectifiée.  D’vne  liure 
de  cire  se  peut  tirer  six  ou  huit  onces 
d’huile,  laquelle  est  recommandée 
sur  toutes  autres  choses  pour  les  con¬ 
tusions  et  douleurs  froides. 


CHAPITRE  XV. 

LA  MANIERE  DE  TIRER  L’HVILE  DB» 

GOMMES  PLVS  SOLIDES,  COMME  MYR¬ 
RHE ,  MASTIC  ET  AVTRES. 

Aucuns  tirent  ces  huiles  par  le  feu 
de  cendre  ou  de  sable ,  comme  auons 
dit  des  precedentes,  y  adioustant 
pour  liure  de  gomme  deux  ou  trois 
onces  d’huile  de  terebenthine  et  deux 
d’eau  de  vie,  et  laissent  macerer  et 
tremper  l’espace  de  huit  ou  dix  iours 
au  baing  Marie,  ou  bien  au  ventre 
de  cheual ,  c’est-à-dire  au  fumier, 
l’espace  d’vii  mois ,  puis  le  distillent 
en  la  retorte. 

Or  le  vray  moyen  de  faire  l’huile 
de  myrrhe  est  telle  : 

Prenez  myrrhe  puluerisée,  laquelle 
ferez  distiller  par  les  œufs ,  les  faisant 
durcir,  et  au  lieu  de  iaune  les  rem¬ 
plir  do  myrrhe,  lesquels  seront  mis 
sur  vne  claye  à  esgoutter,  en  vne 
caue froide  et  humide,  et  au  dessous 
on  mettra  vn  plat  ou  bassin  de  terre 
vernissée  ;  la  myrrhe  se  dissoudra  en 
eau  huileuse,  laquelle  sera  après 
mise  en  vu  matelas  de  verre ,  auec 
autant  d’eau  de  vie  bien  rectifiée  au 
fumier,  l’espace  de  deux  ou  tiois 


632  LE  VINGT-SIXIEME  LIVRE 


mois,  le  matelas  estant  bien  bouché, 
cela  fait,  sera  tirée  dudit  fumier  et 
versée  par  inclination  en  vn  alembic, 
car  au  fond  dudit  matelas  demeurera 
vn  marc  assez  espais  :  puis  l’alembic 
sera  mis  au  baing  Marie,  pour  faire 
euaporer  Teau  de  vie  et  le  phlegme  : 
et  au  fond  demeurera  ton  huile  belle 
et  claire,  laquelle  tu  pourras  colorer 
d’vn  peu  d’orcanete.  Et  si  tu  luy  veux 
donner  quelque  odeur,  tu  y  adious- 
teras  vne  goutte  ou  deux  d’huile  de 
sauge,  canelle  ou  girofle,  selon  ta 
discrétion. 

Description  d’vn  baume  descrit  par  f-^esal  en 
sa  Chirurgie. 

12f.  Tcrebint.  opt.  Ib.  J, 

Olei  laur.  §  .  üij. 

Galb.  O  •  hj- 

Gummielem.  fi. 

Thuris,  myrrhæ,  gummi  hederæ,  cen- 
taureæ  maior.  ligni  aloës  ana  f .  iij. 

Galang.  caryoph.  consol.  maior.  cinam. 
nucis  mosc.  zedoariæ,  zinzib.  dictamiii 
alb.ana  §•  j. 

Olei  verm.  terrest.  § .  ij. 

Aquæ  vitæ  îb,  vj. 

La  maniéré  de  faire  le  baume  est 
telle.  Tous  les  ingrediens  seront  con¬ 
cassés  et  hachés  pour  les  infuser  en 
l’eau  de  vie  l’espace  de  trois  iours, puis 
on  en  fera  distillation  en  la  retorte , 
comme  des  susdites  huiles  de  tereben- 
tliine  et  cire ,  dont  en  sera  tiré  trois 
liqueurs  :  la  première  sera  aqueuse 
et  claire  :  la  seconde  de  couleur  d’or 
tres-subtile  :et  la  tierce  représentant 
la  couleur  de  ruby ,  qui  est  le  vray 
baume.  La  première  liqueur  est  sin¬ 
gulière  contre  l’imbécillité  de  l’esto- 
mach  prouenant  de  matière  froide,  à 
raison  qu’elle  consomme  et  incise  les 
phlegmes ,  et  dissipe  les  ventosités  :  la 
seconde  est  souueraine  pour  aggluti¬ 
ner  les  playes  recentes  ,  et  piqueures 


des  nerfs,  contre  la  paralysie  :  la  troi¬ 
sième  surpasse  ks  deux  autres  pour 
suruenir  à  telles  infirmités. 

Autre  de  Fallope. 

Of.  Tereb.  claræ  Ib.  ij 

Olei  de  semine  Uni  Ib.  ]. 

Rcsinæ  pini  §  vj. 

Thuris,  myrrhæ,  aloës,  mast.  sarcoc, 

ana  5 .  il]. 

Macis,  ligni  aloës  ana  § .  ij. 

Croci  û. 

Mettez  tout  en  vne  retorte  de  verre 
sus  les  cendres ,  et  le  faites  distiller  : 
au  commencement  sortira  une  eau 
claire ,  puis  vne  huile  rougeastre  : 
icelle  est  souueraine  pour  les  playes. 

le  te  veux  aduertir  que  par  tel 
moyen  tu  peux  distiller  toutes  axon- 
ges  et  graisses,  et  toutes  parties  d’ani¬ 
maux,  ensemble  tous  bois ,  escorces  , 
semences ,  pourueu  qu’elles  soient 
auparauant  bien  macérées ,  desquel¬ 
les  toutesfois  on  tirera  d’eau  en  plus 
grande  quantité  que  d’huile  :  tu  peux 
pareillement  extraire  l’huile  de  ga- 
gatésL 

De  l’arbre  qui  porte  l’Encens. 

Ayant  ce  portrait  de  l’encens,  de 
Theuel ,  comme  il  le  descrit  en  sa 
Cosmographie,  ien’ay  voulu  faillir  à 
le  représenter,  et  d’en  escrire  en  bref 
ce  qu’il  en  dit  comme  l’ayant  veu. 

L’encens,  dit-il,  est  vn  arbre  qui 
croist  en  Arabie,  qui  ressemble  aux 
pins,  iettant  vne  liqueur  qui  s’en- 

^  1  Le  chapitre  se  terminait  ici  en  1575^ 
L  arlicle  qui  suit  sur  Y  encens,  et  qui  ne  se 
rapporte  nullement  au  titre  du  chapitre,  a 
été  ajouté  en  1579;  j’ai  supprimé  sans  scru¬ 
pule  la  méchante  figure  de  V Arbre  qui  porte 
fencm,  en  conservant  toutefois  ce  titre  pour 
séparer  ce  qui  va  suivre  du  reste  du  chapitre. 


DES  DISTILLATIONS. 


633 

durcit  puis  après,  et  se  forme  en  pe-  i  mis  en  poudre,  pour  estreencores  cal- 


lits  grains  de  couleur  blanch  astre  et 
transparens ,  gras  au  dedans ,  s’allu- 
mans  quand  on  les  iette  au  feu.  On  le 
sophistique  auec  résiné  de  pin ,  qui 
est  cause  que  nous  ne  l’auons  tel 
qu’il  le  descrit ,  ce  qu’on  peut  con- 
noistre  :  car  la  résiné  ny  autre  gomme 
ne  s’allaume  au  feu,  ny  ne  sent  si  bon 
comme  fait  l’encens.  Les  Arabes  inci¬ 
sent  ces  arbres ,  pour  en  mieux  faire 
distiller  la  liqueur ,  dont  ils  en  font 
grand  proffit. 

11  remplit  les  vlceres  profonds ,  ag¬ 
glutine  les  playes  profondes ,  et  pour 
ce  est  mis  aux  baumes  comme  princi¬ 
pal  ingrédient  :  appliqué  seul  en  pou¬ 
dre  ,  arreste  le  sang  qui  flue  des 
playes.  Matthiole  dit  qu’il  est  singu¬ 
lier  meslé  auec  cimolée  et  huile  ro- 
sat,  aux  inflammations  des  mam- 
melles  des  femmes  nouuellement  ac¬ 
couchées. 


CHAPITRE  XVI. 

DE  LA  MANIERE  DE  FAIRE  l’HVILE 
DE  VITRIOL. 

Prenez  vitriol  dix  liures,  et  les  met¬ 
tez  bien  puluerisées  en  vn  pot  de 
terre ,  lequel  sera  enuironné  de  char¬ 
bons  ardens ,  à  fin  de  le  faire  calci¬ 
ner,  ce  que  connoistrez  lors  qu’il  de- 
uiendra  rouge  ;  lequel  pot  estant  de¬ 
meuré  cinq  ou  six  heures,  et  refroidi, 
sera  cassé,  et  ledit  vitriol  de  rechef 


ciné  vne  fois  :  et  ce  reïterereziusques 
à  ce  qu’il  soit  bien  calciné  :  ce  que 
connoistrez  lors  qu’il  sera  parfaite¬ 
ment  rouge.  Cela  fait,  sera  subtile¬ 
ment  puluerisé,  puis  mis  en  la  retorte 
de  terre,  comme  celle  en  laquelle  on 
tire  l’eau  forte,  adioustant  pour  liure 
du  vitriol  calciné ,  vn  quarteron  de 
ciment  de  tuille  :  en  après  vostre  re- 
torte ,  accommodée  de  son  récipient , 
sera  mise  au  fourneau  de  reuerbera- 
tion ,  faisant  tousiours  feu  de  flambe,  et 
ce  par  l’espace  de  deux  fois  vingt  qua¬ 
tre  heures  ,  plus  ou  moins,  selon  que 
vostre  distillation  durera  ;  laquelle 
connoistrez  estre  parfaite,  lors  que 
vostre  récipient  viendra  clair,  n’estant 
plus  rempli  d’esprits  ;  car  tant  que  la 
distillation  durera  ,  il  sera  tousiours 
plein  comme  de  fumée  blanche  *. 

Or  ie  te  veux  aduertirde  deux  cho¬ 
ses  touchant  ton  récipient,  c’est  en 
premier  lieu  qu’il  doit  estre  fort  grand, 
à  fin  qu’il  ne  se  rompe ,  à  raison  de 
l’abondance  des  esprits  qui  souuen- 
tesfois  y  affluent  :  en  second  lieu ,  il 
sera  accommodé  dans  vne  cuue  pleine 
d’eau  froide  pour  le  tenir  fraische- 
ment,  à  fin  qu’il  ne  soit  pas  trop 
eschauffé ,  qui  seroit  cause  de  le 
rompre. 

Ladite  huile  est  d’admirable  opera¬ 
tion, plus  grande  que  l’eau  forte. 

1  Ici  venait  enlin  la  dernière  figure  du  li¬ 
vre  ,  représentant  le  Fourneau  {de  reuerbe- 
raiion],  accommodé  de  sa  retorle  et  récipient. 
On  en  a  une  suffisante  idée  par  le  texte. 


REGISTRE 

DE  TOVTES  SORTES  DE  MEDICÀMENS  ET  ÏNSTRVMENS 

SERVANS  A  LA  GVARISON  DES  MALADIES  «. 


II  reste  encores  à  déclarer  la  source 
de  tous  medicamens  dont  vsent  les 
Médecins  et  Chirurgiens  pour  curer 
et  pallier  toutes  maladies  qui  aduien- 
nent  aux  hommes ,  desquels  aussi 
quelquefois  se  seruent  pour  alimens 
médicamenteux.  Les  medicamens, 
tânt  ceux  de  ceste  garenne  que  tous 
autres,  sont  pris  desbestes,  des  plan¬ 
tes,  et  des  minéraux. 

Des  lestes  on  vse  : 

Des  cornes, 

Ongles, 

Poil, 

Plume, 

Coquilles, 

Teste, 

Escailles, 

Sueur, 

Cuir, 

Graisse, 

Chair, 

>  Ce  qui  suit  n’appartient  pas  au  livre  des 
Distillations-,  et  de  fait  dans  aucune  édition 
il  n’en  est  fait  mention  à  la  table  des  chapi¬ 
tres  de  ce  livre.  C’est  en  quelque  sorte  un 
résumé  fort  concis,  d’abord  du  livre  des 
Medicamens,  puis  de  celui  des  Distillations , 
et  enfin  des  livres  de  chirurgie  ;  ou  plutôt 
c’est  une  énumération  rapide  de  toute  la 
matière  médicale  et  chirurgicale.  Je  l’ai 
laissée  à  la  place  que  l’auteur  lui  avait  don¬ 
née. 


Sang, 

Entrailles, 

Vrine, 

Fiente, 

Membrane  de  gezier, 

Expiration , 

Soye, 

Toile, 

Larmes, 

Saline, 

Miel, 

Cire, 

OEufs, 

Laict, 

Beurre, 

Fromage, 

Moëlle, 

Os, 

Extrémités, 

Cœur, 

Foye, 

Poulmon, 

Cerueau, 

Matrice, 

Arriere-faix, 

Testicules, 

Verge, 

Vessie, 

Sperme, 

Cul, 

Queue, 

Odeurs  ,  tant  fetides  qu’odorife- 
rantes ,  et  mesmes  de  leur  venin. 

Aussi  quelquesfois  on  vse  de  la  to¬ 
talité  d’icelles,  comme  : 


IVEGISTRU  DES 

Renardeaux  entiers, 

Petits  chiens, 

Hérissons, 

Grenouilles, 

Vers  de  terre, 

Cancres, 

Escreuisses, 

Scorpions, 

Sangsues,  et  autres. 

Les  'plantes  sont  arlres.arlrisseaux,  et 
herbes,  dont  on  prend  : 

Les  racines. 

Mousse, 

Escorces, 

Bois, 

Moelles, 

lettons. 

Boutons, 

Tiges, 

Fueilles, 

Fleurs, 

Calices, 

Cheueleures, 

Espis, 

Semences, 

Farines, 

Suc,  O 

Larmes, 

Huiles, 

Gommes, 

Résinés, 

Pourriture, 

Marc, 

Manne  tombant  du  Ciel  sur  les 
plantes,  etc. 

On  vse  aussi  parfois  de  la  totalité 
des  plantes,  comme  des 

Mauues, 

Oignons, 

Bulbes,  et  autres. 

Les  minéraux  sont  pris,  ou  de  l’eau , 
ou  de  la  terre  :  et  s’ils  sont  de  terre, 
ou  ils  seront  especes  de  terre ,  ou 
pierre,  ou  métaux. 


MEDICA.MEîrS.  635 

Les  especes  de  terres  sont  comme  : 

Bol  armene. 

Terre  sigillée, 

Cimolée, 

Craye, 

Ocre, 

Cailloux, 

ludaïcus, 

Lyncis, 

Pumeœ, 

Antalis, 

Hœmatites, 

Dentalis, 

Amiantus, 

Galactites, 

Lapis  spongiccy 
Adamas, 

Sapphîrus, 

Chrysolitus^ 

Topasius, 

Magnes, 

Gypsum, 

Pyrites, 

Calx, 

Albastre, 

Marbre, 

Cristal ,  et  plusieurs  autres  gem¬ 
mes,  c’est-à-dire  pierres  précieuses. 

Les  moyens  minéraux  sont  : 

Marchasites, 

Antimoine, 

Estain  de  glace, 

Tuthie, 

Arsenic, 

Auripigment, 

Azur, 

Realgal, 

Soulphre, 

Argent-vif, 

Cbalcanthum, 

Chalcitis, 

Psory, 

Misy, 

Atramentum  nigrum. 


636 


REGISTRE 


Colcotar, 

Âlumen  scissile, 

Alumen  rotundum, 

Alumen  liquidum, 

A  lumen  plumosum, 
lameni, 

Borax, 

Bitumen, 

Naphtha, 

Cinnabaris, 

Litharge  d’or, 

Lilharge  d’argent, 

Chrysocolla, 

Sandaracha ,  et  autres. 

Item  les  especes  de  sel^  tant  naturelles 
qu’artificielles,  comme  : 

Sel  nitre, 

Sel  commun, 

Sel  alkali, 

Sel  ammoniacum, 

Sel  d’vrine, 

Sel  de  tartre,  et  generalement  tous 
sels  qu'on  fait  de  toutes  plantes. 

Les  métaux  sont  : 

Or, 

Argent, 

Cuiure, 

Acier, 

Fer, 

Plomb, 

Estain, 

Airain, 

Leton, 

Et  autres  choses  qui  en  prouien- 
nent,  comme  leur  escaille,  roüilleure 
et  autres. 

De  l’eau  on  vse  semblablement 

De  fontaines, 

Estangs, 

Riuieres, 

De  la  mer, 

Du  ciel, 

Et  de  leurs  fanges  et  boues  ; 


Et  d’icelles  sont  pris  les  coraux 
blancs  et  rouges,  perles,  et  vne  infinité 
d’autres  choses  que  Nature,  cham¬ 
brière  du  grand  Architecte,  a  produi¬ 
tes  pour  la  curation  des  maladies  : 
en  telle  sorte,  que  quelque  part  qu’on 
sçache  ietter  l’œil  sur  la  terre ,  ou 
aux  entrailles  d’icelle  ,  on  trouuera 
grande  abondance  et  multitude  de 
remedes. 

De  tous  lesquels  simples  le  choix  et 
élection  (comme  aussi  de  plusieurs 
autres  choses)  se  prend  ou  de  la  sub¬ 
stance,  ou  de  la  quantité,  ou  delà 
qualité,  ou  de  l’action,  ou  du  lieu,  ou 
du  temps,  ou  de  l’odeur,  ou  de  la 
saueur,  ou  de  la  situation,  ou  de  la 
forme  ou  figure,  ou  du  poids.  Toutes 
ces  choses  sont  amplement  déclarées 
par  le  menu  au  liure  de  la  Pharma¬ 
copée  de  lacques  Syluius  :  desquels 
on  fait  plusieurs  compositions  , 


Collyres, 

Caput-purges, 

Lohoc, 

Dentifrices, 

Apophlegmatismes, 

Gargarismes, 

Pilules, 

Bolus, 

Potus, 

Apozemes, 

luleps, 

Syrops, 

Poudres, 

Tablettes, 

Opiates, 

Conserues, 

Condits, 

Confections. 

Medicamens  alimenteux^  comme: 

Restaurans, 

Coulis, 

Pressis, 


DES  MEDICAMENS. 


Gelée, 

Orge-monde, 

Panade, 

Amandé, 

Blanc-manger, 

Massepains, 

Ptisane, 

Potus  diuinus, 

Hipp  ocras, 

Vin, 

Peré, 

Pommé, 

Cormé, 

Biere, 

Ceruoise, 

Vinaigre, 

Verjus, 

Huile, 

Eau  ferrée, 

Eau  panée, 

Eau  sucrée, 

Hippocras  d’eau ,  et  autres  ma¬ 
niérés  de  breuuage. 

Item  des  Eleclmires  , 

Penides, 

Vomitoires, 

Sternutatoires, 

Sudatoires, 

Clysteres, 

Pessaires, 

Suppositoires, 

Parfums, 

Trocliisques, 

Frontaux, 

Coëffos, 

Escussons, 

Baings, 

Demis  baings. 

Mucilages, 

Oxymel, 

Oxycrat, 

Oxyrrhodinuin, 

Hydrelæum. 

Hydromel. 

Pareillement  : 
Emplastres, 


637 

Onguens, 

Linimens, 

Cerats, 

Laict  virginal, 

Fards, 

Epithemes, 

Fomentations, 

Pica  lions, 

Dépilatoires, 

Vésicatoires, 

Cautères  potentiels. 

Infusions, 

Repercussifs, 

Résolutifs, 

Attractifs, 

Suppuratifs, 

Remollilifs, 

Mondificalifs, 

Incarnatifs, 

Cicatrisatifs, 

Digestifs, 

Pulrefactifs, 

Corrosifs, 

Agglutinatifs, 

Carminatifs, 

Anodyns, 

Sacs  pour  agiter  l’air. 

Fontaines  artificielles. 

JEaux  et  huiles  distillées,  et  d’autres  choses 
tirées  par  quinte-essence ,  en  plusieurs  et  di- 
uerses  façons. 

A  sçauoir,  les  eaux  et  huiles  quinte- 
essentielles  des  herbes  chaudes,  sei¬ 
ches,  et  aromatiques,  se  tirent  par 
alembic  de  cuiure,  lequel  a  vn  refri- 
geratoire  au-dessus,  en  adioustant 
dix  fois  autant  d’eau  comme  poisent 
les  herbes,  et  faut  qu’elles  soient 
seiches  pour  estre  meilleures. 

Les  fleurs  se  tirent  au  Soleil  en  vn 
vaisseau  de  rencontre,  en  baing  Ma¬ 
rie,  ou  par  fumier,  ou  par  le  marc 
des  raisins  estans  hors  du  pressoir. 
Tous  sels  après  leur  calcination  et 
>  dissolution ,  se  doiuent  distiller  par 


638  REGISTRE 


filtre  deux  ou  trois  fois  pour  les  mieux 
purifier,  et  les  rendre  aptes  à  faire 
huiles. 

Les  autres  distillations  aux  caues 
et  lieux  froids  et  humides,  sur  le  mar¬ 
bre,  ou  dans  vne  chausse  d’hippocras, 
comme  se  fait  l’huile  de  tartre,  et  de 
tous  autres  sels ,  et  de  tous  fiels ,  et 
autres  choses  semblables,  ou  qui  sont 
de  nature  d’alum. 

Les  os  des  animaux  se  doiuent  dis¬ 
tiller  par  descensoire  ou  par  ren¬ 
contre. 

Tous  bois,  racines,  escorces,  coquil¬ 
les  de  mer,  ou  graines ,  comme  de 
froment,  de  genest,  poix,  féues  et  au¬ 
tres  qui  ne  se  peuuent  tirer  par  ex¬ 
pression,  se  distillent  par  descensoire, 
ou  par  rencontre,  au  four  de  reuer- 
beration. 

Les  minéraux  estant  calcinés  et 
réduits  en  nature  de  sel ,  se  doiuent 
dissoudre  et  distiller  par  filtre  :  puis 
euaporer  iusques  à  ce  qu’ils  soient 
secs  et  resouts  en  vinaigre  distillé, 
puis  de  rechef  euaporés  et  seichés  : 
lesquels  après  facilement  se  distil¬ 
lent  en  la  caue  sur  le  marbre ,  ou 
en  la  chausse  d’hippocras,  ou  en 
vne  cornue  de  verre  posée  sur  vn 
fourneau  auquel  y  aura  du  sable,  fai¬ 
sant  feu  par  dessous,  augmentant  peu 
à  peu, iusques  à  ce  que  l’humidité 
aqueuse  soit  consumée  ;  puis  faut 
changer  de  récipient,  et  le  luter  à  la 
cornue,  faisant  feu  par  dessus  et  par 
dessous,  et  par  ainsi  sortira  l’huile, 
laquelle  sera  fort  rouge.  Ainsi  se  dis- 

1  Cette  phrase  a  été  ajoutée  en  1685. 


tillent  tous  métaux  moyens,  miné¬ 
raux,  atramens,  alums  et  sels. 

Les  remedes  faits  des  minéraux 
sont  de  plus  grande  force  et  efficace 
que  ceux  des  végétaux  et  animaux  L 

Les  gommes  et  axonges,  et  genera- 
lementtoutes  résinés,  se  distillent  par 
cornue  ou  alembic  de  verre ,  auec 
leurs  recipiens  posés  sur  vn  fourneau, 
auquel  y  ait  vne  terrine  auec  cendres 
chautfées ,  augmentant  le  feu  peu  à 
peu,  selon  l’exigence  des  matières. 

Les  vaisseaux  seruans  aux  distillations 
sont  : 

Alembic, 

Refrigeratoires, 

Sublimatoires, 

Reuerberatoires, 

Descensoires, 

Calcinatoires, 

Pellicans, 

Gemini  ou  circulatoires, 

Fours  secrets  des  Philosophes, 
OEufs  des  Philosophes, 

Cornue, 

Cuenne, 

Recipiens, 

Aludel, 

Materas*, 

Vaisseau  de  rencontre. 

Terrines  à  filtrer, 

Marbres  pour  distiller  en  lieu  hu¬ 
mide, 

Fourneaux  auecques  creusets  , 
pour  faire  réduction  des  métaux  cal¬ 
cinés. 

1  On  a  vu  précédemment  que  Paré  écrit 
indifféremment  materas  ou  matelas. 


DES  INSTRVMEîfS. 


63  g 


IL  RESTE  ENCORE  A  DECLARER 

LA  DIVERSITÉ  DES  INSTRVMENS  DOxNT  NOVS  AVONS  FAIT  CY-DES- 
SVS  MENTIONiPOVR  LAGVARISON  DES  MALADIES,  DESQVELS  LES 
NOMS  S’ENSVIVENT  :  ’ 


Bec  de  corbin, 

Bec  de  grue  , 

Bec  de  cygne, 

Bec  de  perroquet, 

Pied  de  griffon, 

Tire-balle, 

Tire-fons, 

Spéculum  oris, 

Spéculum  nasi, 

Spéculum  matricis, 

Foceolles, 

Canons, 

Doubles  canons  pour  donner  clys- 
teres  auec  chausses  et  seringues, 
Eleuatoires, 

Dilatatoires, 

Lenticulaires, 

Tenailles  incisiues, 

Tenailles  non  incisiues, 

Aiguilles  à  selon  et  autres ,  tant 
droites  que  courbées. 

Tentes  cannulées, 

Tentes  non  cannulées, 

Crochets, 

Araignes, 

Poucier, 

Vretere, 

Receptoire  de  Evrine, 

Burins, 

Pincettes, 

Maillets  de  plomb. 

Ciseaux  de  plusieurs  sortes, 
Rugines, 

Scies, 

Trépanés  perforaliues. 

Trépanés  exfolialiuesj  et  autres, 


Rasoirs, 

Lancettes, 

Bistories, 

Flammettes, 

Cautères  actuels  de  plusieurs  et 
diuerses  façons  et  figures, 

Yeux, 

Langues, 

Bras, 

lambes^artificielles, 

Brayers, 

Espaulettes, 

Descbaussoirs, 

Poussoirs, 

Dauiers, 

Policans  à  tirer  et  rompre  les 
dents, 

Entonnoirs, 

Biberons  à  tirer  le  laict  des  mam- 
melles, 

Algaries, 

Sondes  droites  et  courbées,  closes 
et  ouuertes. 

Conducteurs, 

Curettes, 

Canettes, 

Tenons, 

Pitons, 

Forets, 

Ventouses, 

Cornets, 

Compas, 

Espatules  droites  et  renuersées, 
Cuues, 

^Cuuettes, 


hegistre  des  instrvmens. 


64o 

Cuueaux, 

Chaires  à  demis  baings  aueclout 
leur  équipage, 

Marmites, 

Trépieds, 

Tuyaux, 

Ligatures, 

Bandes, 

Bandelettes, 

Bandeaux, 

Bourlets, 

Coussins, 

Coussinets, 

Charpy, 

Estoupes, 

Cotton, 

Compresses, 

Astelles, 

Qu  esses. 

Torches  ou  Tenons, 

Archets, 

Maniuelle, 


Mouffle, 

Tables, 

Chenilles, 

Traiteaux, 

Courge, 

Piliers,  et  généralement  tous  au¬ 
tres  engins  et  machines  qui  seruent 
aux  fractures  et  luxations  des  os, 
nommés  des  anciens  glossocomes. 

Plusieurs  portraits,  tant  de  l’a¬ 
natomie  que  des  choses  monstrueu¬ 
ses. 

Or  pour  conclusion,  nousdeuons 
bien  auec  grande  admiration  louër 
et  remercier  ce  grand  Architecte  et 
facteur  de  toutes  choses  ,  de  nous 
auoir  descouuert  vne  si  grande  mul¬ 
titude  de  remedes  et  moyens,  qui 
seruent  à  la  curation  et  palliation  des 
maladies  ausquelles  rhpmme  est  su- 
iet. 


APHORISMES  D’HIPPOCRATES 

APPARTENANS  A  LA  GHIRVRGIE*. 


«J 


LE  TEMPS  DTIIPPOCRATES  DEVANT  GALIEN. 

Hippocrates  nasquit  en  la  cité  de  Cos,  quatre  cens  cinquante  cinq  ans  auant 
l’incarnation  de  lesus  Christ,  et  fut  Gis  d’Heraclide,  et  de  Praxitée  sa  femme, 
venant  du  costé  paternel  de  la  race  d’Æsculape,  et  du  costé  maternel  de  celle 
d’Hercule. 

Galien  nasquit  en  Asie,  en  la  ville  de  Pergame,  cent  quarante  ans  après 
l’aduenement  de  lesus-Christ,  et  fut  fils  de  Nicon,  geometre  et  architecte. 

Geste  lettre  fut  escrite  par  Artaxerxes,  roy  des  Persans,  à  Hystanes ,  gou- 
uerneur  d’Hellespont,  pour  luy  commander  de  prier  Hippocrates  de  venir  en 
sa  cour,  pour  secourir  ceux  de  Perse  qui  estoient  affligés  de  peste. 

Artax&txe$^  grand  roy  des  roys,  à  Hystanes,  gouuerneur  d'Hellespont,  = 

On  m’a  rapporté  qu’Hippocrates ,  Médecin  natif  de  la  cité  de  Cos ,  issu  de 
la  race  d’Æsculape,  fait  la  medecine  fort  heureusement,  et  auec  grand 
honneur.  Donne  luy  donc  tant  d’or  qu’il  voudra,  et  tout  ce  dont  il  aura 
besoin,  et  nous  l’enuoye  :  l’asseurant  que  ie  le  feray  égal  aux  plus  grands  de 
Perse.  Et  s’il  y  a  encor  quelque  autre  braue  homme  en  l’Europe,  rens-le  amy 
de  la  maison  royale,  n’espargnant  pour  ce  faire  or  ny  argent.  Car  ce  n’est 
pas  chose  facile  de  trouuer  gens  de  bon  Conseil.  Aye  soin  de  ta  santé. 


LETTRES  d’HYSTANES,  GOVVERNEVR  d’hELLESPONT,  A  HIPPOCRATES,  MEDECIN. 

Hystanes,  gouuerneur  d’Hellespont,  à  Hippocrates,  issu  d’Æsculape,  Salut Aq 

Le  grand  roy  Artaxerxes  a  affaire  de  toi,  et  m’a  escrit  et  conimandéi 
comme  à  son  gouuerneur  par  deçà,  de  te  donner  or  et  argent  tant  que  tu  en 
auras  besoin,  et  pour  te  faire  court ,  tout  ce  que  lu  voudras,  et  qu’on  t’en- 
uoye  de  brief  par  deueis  luy,  t’asseurant  qu’il  te  mettra  au  rang  des  plus 
grands  de  tous  les  Persans.  Parquoy  vien  moy  trouuer  incontinent.  Aye 
soin  de  ta  sauté. 


1  J’ai  placé  ici  ce  litre,  qu’on  retrouvera 
un  peu  plus  bas,  afin  de  séparer  nettement 
ce  qu’on  va  lire  des  articles  qui  précèdent. 
Les  Aphorismes  d’Hippocrates  faisaient  déjà 


partie  de  l’édition  de  1575  j  mais  c’est  en 
1579  que  Paré  y  a  joint,  sans  titre  et  sans 
avertissement,  les  données  historiques  qu’on 
va  lire  et  qui  leur  servent  comme  depréface. 


APHORISMES 


64î» 

RESPONSE  D’HIPPOCRATES  AVDIT  HYSTANES. 

Hippocrates,  Médecin,  àHystanes,  gouuerneur  d’Hùlleipont,  Mtt  ic/pe. 

Pour  respondre  à  tes  lettres,  que  tu  dis  estre  de  la  part  du  Roy,  rescry 
luy,  et  le  plus  tost  que  faire  se  pourra,  que  i’ay  des  viures,  des  vestemens  et 
des  maisons  à  suffisance,  et  de  tout  ce  qui  êst  lieCesSaîfe  à  la  Vie.  D’auantage 
qu’il  ne  m’est  pas  licite  d’vser  des  richesses  des  Persans ,  ny  de  secourir  et 
deliurer  de  maladies  les  Barbares ,  qui  sont  ennemis  des  Grecs.  Aye  soin  de 
ta  santé. 

VERS  MIS  SOVS  LA  FIGVRE  DE  CE  GRAND  HIPPOCRATES*. 

Tel  fut  d’Hippocrates  le  port  et  le  visage  : 
t»e  quel  sçauoir  il  fut ,  de  quelle  nation, 

Comme  il  se  comporta  en  sa  profession , 

Les  Hures  qu’il  a  faits  en  donnent  tesmoiguagé. 

Ce  fa’est  rien  que  de  voir  d’Hîppôcrates  l’image, 

11  faut  voir  ses  escrîts,  les  lire  et  contempleï-. 

Conférer  auec  ceux  qui  en  peuuent  parle ri, 

A  fin  de  les  entendre,  et  les  mettre  en  vsage. 

Galien ,  au  premier  commentaire  du  liure  d’Hippocrates  De  l’officinc  du 
Mededn,  dit,  que  ledit  Hippocrates  a  escrit  aucunes  fois  si  obscurément,  que 
pour  l’interpreter  il  requeroit  plustost  vne  deuination  qu’vne  science. 

VERS  MIS  SOVS  LÉ  PORTRAIT  DE  GALIEN^. 

Ce  grand  Hippocrates  doit  son  nom  el  sa  gloire 
A  Claude  Galien,  icy  représenté  : 

Car  sans  luy  ses  escrits,  pour  leur  obscurité, 

Demeuroient  inconneus,  et  n’en  fusl  plus  mémoire. 


Celse  escrit  que  la  medecine  est  art  conieclural ,  et  la  raison  de  la  coniec- 
ture  est  telle,  que  quand  elle  aura  souuent  respondu ,  quelquesfois  nous 
abuse  pour  la  diuersité  des  corps.  Cecy  est  confirmé  par  Galien,  liu.  3.  De  la 
Méthode,  chap.  troisième 3. 


Galien  au  premier  commentaire 

*  Ce  titre  n’est  pas  de  Paré  ;  je  l’ai  mis  là 
pour  tenir  lieu  de  la  figure  de  ce  grand  üip- 
f  ocrâtes ,  que  Paré  avait  représenté  portant 
un  scalpel  sur  une  tête  de  bélier.  La  figure 
et  les  vers  sont  de  1579. 

'■»  Ce  titre  a  été  fnis  également  à  la  place 
d'un  portrait  de  Galien  donné  par  Paré  en 
1579.  Au  reste ,  le  portrait  et  les  vers ,  ainsi 


du  liu.  d’Hippocrates  De  l’officine  du 

que  le  paragraphe  qui  précède  et  qui  était 
placé  en  note  marginale ,  ne  venaient  dans 
les  anciennes  éditions  qu’à  la  fin  des  Apho¬ 
rismes.  J’ai  jugé  plus  convenable  dé  les  réu¬ 
nir  aux  notes  historiques  qui  précédent,  et 
atrxquel  es  ils  se  rallient  hatureilement. 

®  Ce  paragraphe  el  eelüi  qui  suit  ont  ütife 
date  différente  des  précédents ,  et  n’onl  été 


d’hippocrates.  6^3 

JUededn^  dit  qu’auparaiiant  qu’il,  eust  escrit,  il  y  en  avoit  qui  auoient  escrit 
plus  de  trois  cens  ans  deuant  luy,  en  partie  en  parchemin ,  et  en  partie  en 
escorce  de  tillet  *. 


APHORISMES  D’HIPPOCRATES 


APPARTENANS  A  LA  CHIRVRGIE. 


Aphorisme  est  vn  mot,  qui  autant  signifie 
Que  decret  ou  extrait,  ou  sentence  choisie  2. 


Ceux  qui  ont  dans  le  corps  de  la  bouë  croupie , 

Ou  entre  cuir  et  chair  quelque  abondance  d’eau  * 

S’ils  sont  cautérisés,  ou  taillés  au  Cousteau , 

Et  deschargés  à  coup,  ils  en  perdent  la  vie. 

31.  6. 

Ceux  qui  ont  mal  aux  yeux  treuuent  allégement 
Par  boire  du  vin  pur,  par  baing  ou  par  saignée , 

Par  fomentation  deuëment  ordonnée. 

Ou  après  auoir  beu  quelque  médicament. 

38.  6. 

Il  est  beaucoup  meilleur  de  ne  mettre  la  main 
A  ces  chancres  cachés ,  qu’vsér  de  Chirurgie. 

Car  ceux  qui  sont  pensés ,  en  meurent  tout  soudain  : 

Ceux  qui  ne  le  sont  point,  sont  plus  long  temps  en  vie. 


ajoutés  qu’en  1585.  Ils  avaient  été  placés  à 
la  fin  des  Canons  et  Reigles  chirurgiques  de 
l’auteur-,  il  m’a  semblé  plus  méthodique  de 
les  Joindre  en  un  faisceau  commun  avec 
ceux  qui  précèdent,  sauf  à  avertir  le  lecteur 
de  la  liberté  que  j’ai  prise. 

1  II  y  a  ici  une  amphibologie  dans  le  texte 
qu’il  convient  d’expliquer.  Galien  n’a  pas 


dit  que  des  auteurs  eussent  écrit  trois  cents 
ans  avant  Hippocrate,  comme  on  pourrait 
l’éntendre ,  mais  qu’il  existait  de  son  temps, 
à  lui  Galien,  des  manuscrits  d’Hippocrate 
ayant  trois  cents  ans  de  date ,  conservés  no¬ 
tamment  à  Pergame. 

*  Cette  espèce  d’épigraphe  est  de  1579  j  le 
reste  est  de  1575. 


644 


APIIOIUSMI'S 


55.  f). 

La  goutte  qui  les  pieds  engourdit  et  estonne, 

Se  meut  le  plus  souuent  au  Printemps  et  Automne. 
29.  6. 

lamais  la  goutte  es  pieds  les  chastrés  ne  moleste, 
Ni  faute  de  cheueux  au  douant  de  la  teste. 

49.  6. 

De  la  goutte  des  pieds  le  feu  qui  brusle  et  ard, 
Dedans  quarante  iours  s’esteint  pour  le  plus  tard. 


C’est  signe  de  grand  mal  si  en  vne  blesseure 

Qui  est  grande  et  maligne,  on  ne  voit  point  d’enfleure. 

67.  5. 

La  tumeur  qui  est  molle  est  fort  bonne  et  loüable  : 
Mais  celle  qui  est  dure  est  mauuaise  et  damnable. 

25.  6. 

Quand  l’Erysipelas  rentre  dedans  le  corps , 

Tout  va  mal  :  et  tout  bien,  quand  il  ressort  dehors. 

19.  7. 

Quand  PErysipelas  vient  autour  de  l’os  nu, 

Et  descouuert  de  chair,  pour  suspect  est  tenu. 

20.  7. 

A  PErysipelas  s'il  suruient  pourriture. 

Ou  suppuration,  c’est  vn  mauuais  augure. 

21.  6. 

Si  à  gens  furieux  des  varices  suruiennent , 

Ou  flux  de  sang  par  bas ,  à  raison  ils  reuiennent. 

21.  7. 

Si  à  l’vlcere  aduient  flux  de  sang  copieux , 

Pour  la  force  du  poulx  cela  est  dangereux. 

26.  2. 

Il  vaut  mieux  que  la  fiéure  après  le  spasme  aduienne 
Que  le  spasme  à  Paccés  de  la  fiéure  suruienne. 

4.  6. 

Les  vlceres  polis  autour  de  la  bordure, 

Sont  à  cicatriser  de  mauuaise  nature. 


645 


d’hippocra.tbs. 

18.  6. 

Quand  le  foye  est  nauré,  le  cœur  ou  la  vessie , 
L’entre-deux  trauersant,  l’estomach,  le  cerueau, 
Voire  tant  seulement  quelque  menu  boyau, 

Si  le  coup  est  profond,  c’est  pour  perdre  la  vie. 


Aux  vlceres  qui  ont  vn  an  ou  d’auantage, 

L’os  nécessairement  se  pourrit  et  dechet  : 

La  cicatrice  aussi  qui  par  dessus  se  fait 
Se  creuse,  comme  l’os,  par  faute  de  remplace. 

2.  7. 

Si  l’os  estant  gasté,  la  chair  qui  le  voisine 
Prend  la  couleur  de  plomb  ,  c'est  vn  tres-mauuais  signe. 
14.  7. 

L’homme  en  teste  frappé,  qui  du  mal  qui  le  point 
Est  estourdi  ou  resue ,  il  est  en  mauuais  point. 

24.  7. 

Quand  le  test  iusqu’au  vuide  est  coupé  viuement, 

Le  nauré  deuient  fol  et  hors  d’entendement. 

47.  2. 

Quand  l’abcés  se  meurit ,  la  fléure  et  la  douleur 
Aduiennent  bien  plustost ,  que  quand  il  est  ja  meur. 

18.  5. 

Le  froid  est  ennemy  des  nerfs,  des  dents,  des  os, 

De  la  moelle  passant  par  l’espine  du  dos , 

Ainsi  que  du  cerueau  :  mais  le  chaud ,  au  contraire , 

Pour  sa  tiede  douceur,  leur  est  fort  salutaire. 

46.  2. 

Si,  en  vn  mesme  temps,  deux  douleurs  viennent  poindre 
En  diuers  lieux,  la  grand  fait  oublier  la  moindre. 

77.  7. 

Quand  la  chair  iusqu’à  l’os  est  gastée  et  pourrie. 

Incontinent  après  l’os  corrompu  s’esclie 
50.  6.  CiOac. 

L’vlcere  estant  plombé  et  sec .  ou  palle-vort. 

Est  vn  signe  de  mort  bien  clair  et  descouuert. 

•  S’esclie;  c’est  le  mot  de  toutes  les  éditions  du  vivant  de  l’auteur; 
les  posthumes  ont  mis  s'escrie. 


646 


aphorismes  d’hippôcrates. 

19.  6. 

Quand  vn  os  est  coupé,  la  iouë,  vn  cartilage, 

Le  prepuce  ou  vn  nerf,  plus  ne  croist  d’auantago, 

En  sorte  que  ce  soit  :  ni  ce  qui  est  desioint 
Comme  il  estoit  deuant  ne  se  reünit  point. 

24.  6.  Aph.  et  51.  3.  Coac. 

Si  vn  menu  boyau  est  coupé  bien  auant, 

Il  ne  reprend  iamais  comme  il  estoit  deuant. 

50.  7.  Aph. 

Ceux  à  qui  le  cerueau  se  gaste,  en  trois  iours  meurent  : 
Mais  s’ils  passent  trois  iours,  sains  et  sauues  demeurent. 
Autrement. 

Quand  la  conuulsion  vient  de  blesseure  et  playe. 

C’est  de  la  mort  venant  l’anant-coureuse  vraye. 

20.  5. 

Le  froid  mord  en  pinçant  les  places  vicereuses, 

Et  garde  de  purer  les  playes  douloureuses  : 

Il  endurcit  la  peau,  il  fait  des  tensions 
De  nerfs,  roidissemens  et  des  conuulsions, 
Meurtrisseures,  frissons,  et  des  rigueurs  fléureuses. 

50,  6,  Coaç, 

Si  en  la  temple  on  fait  d’vn  muscle  section, 

A‘la  part  opposée  adulent  conuulsion. 

44.  7, 

Ceux  ausquels  on  inpige  en  la  poitrine  creuse , 

Ou  brusle  vne  aposteme ,  et  la  boue  qui  sort 

Est  blanche ,  ils  sonl  sauués  :  mais  si  elle  est  saigneuse, 

Limoneuse  et  puante,  ils  sont  frappés  à  mort  *. 

Gai.  comment,  sur  FAphoris.  29.  Uu.  2.  des  AphoriS. 

Pour  vn  mal  déploré  sois  tousiours  de  serment 
De  n’ordonner  ny  faire  aucun  médicament, 

Celse,chap.  10.  liu.  2. 

Jl  vaut  mieux  essayer  vn  remede  incertain, 

Que  ne  vouloir  prester  au  patient  la  main. 


1  Ici  se  terminait  la  série  des  Aphorismes 
empruntés  à  Hippocrates  dans  i’édition  de 
1575;  en  1579,  Ambroise  Paré  ajouta  les  deux 


aphorismes  suivants,  plus  le  portrait  de  Ga¬ 
lien  dont  il  a  été  parlé  dans  la  note  2  de  la 
page  642. 


CANONS  ET  REIGLES 

CHIRVRGIQYES  DE  L’ÂYTEYRE 


t 


Ce  n’est  autre  chose  Çratiqtia 
Sinon  l’effet  de  Tbeorictup, 

2. 

La  parole  ne  guarit  point , 

Mais  le  remede  mis  à  point* 

3. 

Vn  remede  expérimenté 

Vaut  mieux  qu’vn  nouueau  inuenté. 

4. 

La  playe  ouurant  vn  grand  vaisseau , 

Le  nauré  conduit  au  tombeau. 

5. 

Où  il  y  a  contusion , 

Procure  suppuration. 

6. 

Selon  qu’on  voit  la  maladie, 

Il  faut  que  l’on  y  remedip. 

7. 

S’il  tombe  quelque  os  du  palais , 

Danger  y  a  d’estre  punais. 

Le  flux  de  sang  vient  par  chaleur, 

Et  est  repoussé  par  froideur. 

9. 

La  piqueure  des  nerfs  desire 
Subtil  médicament  qui  tire. 

«  Ces  canons  sopt  de  1575  :  mats  il  y  a  eu  I  l’édition  suivante  qui  seront  notées  avec 
quelques  modifications  et  additions  dans  |  soin. 


648 


CANONS  ET  nElGLKS 

10. 

Au  mal  de  pied ,  ou  iambe ,  ou  cuisse 
Le  lit  est  salubre  et  propice. 

11. 

Toutes  médecines  mordantes 
Aux  vlceres  ne  sont  nuisantes  *. 

12. 

Pour  bien  luxations  curer, 

Tenir  faut,  pousser,  et  tirer. 

13. 

La  gangrené  qui  estja  grande, 
Rien  que  le  Cousteau  ne  demande. 


Le  monstre  est  vne  créature 
Contre  les  reigles  de  Nature. 


La  playe  en  la  poitrine  faicte, 

De  sanie  est  pleine  et  infecte. 

16. 

De  toute  beste  venimeuse 
La  piqueure  est  fort  dangereuse. 

17. 

Quand  Auster  vente,  la  partie 
Qui  est  naurée,  est  tost  pourrie. 

18. 


.1 


.)  ioa‘I 


Le  nauré  doit  faire  abstinence , 

S'il  veut  auoir  prompte  allegence. 

19. 


Raison  n’a  que  voir  ny  chercher 
Là  où  l’on  peut  du  doigt  toucher  2. 

20. 

Le  mal  ne  peust  estre  curé, 

Si  le  corps  n’est  bien  temperé. 

21. 

L’vlcere  rond  ne  reçoit  cure, 

Sïl  ne  prend  vne  autre  figure. 


1  Ceci  est  le  texte  de  1 679  ;  l’édition  de  1 575 
offraitiin  toutautresens;onlisaitalors  : 
Aux  vlceres  sont  fort  nuisantes. 

*  J»  rétablis  ce  canon  d’après  l’édition  d« 


1575.  C’était  une  protestation  bien  hardie 
pour  l’époque  contre  l’abus  du  raisonne¬ 
ment;  et  il  semble  que  Paré  n’osa  ta  main¬ 
tenir,  car  il  la  retrancha  dès  1679. 


CHIRVRGIQVES. 


649 


22. 

En  l’vlcere  Erysipelas, 

On  doit  estre  purgé  par  bas 

23. 

Pleurer  aux  enfans  est  propice , 

Car  cela  leur  sert  d’exercice. 

24. 

A  chacun  nuit  la  desplaisance , 

Fors  qu’à  ceux  qui  ont  grasse  pance. 

25. 

Oysiueté  met  en  langueur 
Nostre  naturelle  chaleur. 

26. 

Science  sans  expérience 
N’apporte  pas  grande  asseurance. 

27. 

I^’vlcere  qui  est  cacoëthe , 

Vn  fort  médicament  souhaite. 

28. 

L’ouurier  qui  veut  braue  paroistre , 

Il  doit  bien  son  suiet  connoistre. 

29. 

L’office  du  bon  médecin , 

Est  de  guarir  la  maladie  : 

Que  s’il  ne  vient  à  ceste  fin , 

Au  moins  faut'il  qu’il  la  pallie. 

30. 

Cil  qui  est  expérimenté 
Besongne  bien  plus  à  seurté , 

Que  celuy  qui  a  grand  science , 

Et  n’a  aucune  expérience 

31. 

Celuy  qui  pour  auoir,  et  non  pas  pour  sçauoir 
Se  fait  Chirurgien,  manquera  de  pouuoir. 

32. 

Celuy  qui  braue  veut  faire  la  Chirurgie, 

Il  faut  qu’il  soit  habile,  accord,  industrieux, 
Et  non  pas  seulement  qu’aux  Mures  il  se  fie , 
Soient  françois  ou  latins,  ou  grecs,  ou  hebrieux. 

1  Variante  de  1575  ! 

Veut  eslre  purgé  par  le  bas. 

>  Encore  un  canon  supprimé  en  1579,  et 


que  je  rétablis  d’après  l’édition  de  1575.  J  a- 
Jüuterai  que  dans  cette  première  édition  la 
série  des  Canons  s’arrêtait  là,  et  que  tous 
ceux  qui  suivent  ont  été  ajoutés  en  1579, 


66o 


CANONS  ET  REIGLES  CHIRVRGIQVES. 


33. 

Celuy  qui  a  bien  leu ,  et  pour  cela  pense  estre 
Braue  Chirurgien,  sans  auoir  assisté 
Aux  operations,  et  lecture  du  maistre , 

Se  trompe  tout  contant,  et  n’est  qu’vn  effronté, 

34. 

Le  baing  résout,  incise  et  retranche  rhinncuCt 
Puis  après  doucement  prouoque  la  sueur. 

35. 

La  froide  maladie  ^  aux  vieils  est  fort  rebelle , 

Aux  ieunes  elle  n’est  si  longue  ny  cruelle. 

36. 

Ceux  qui  sont  par  labeur  bien  souuenl  agités, 

Sont  exempts  de  plusieurs  sortes  d’infirmités. 

37. 

L’homme  humide  est  nourri  de  bien  peu  d’alimens , 
Neantmoins  plus  qu'vn  autre  il  vuide  d’exçremeps. 

38. 

Il  faut  tousiours  donner  au  malade  esperance, 
Encore  que  de  mort  y  ait  grande  apparence, 

39. 

Quoy  que  la  maladie  aye  pris  vn  long  trait, 

Du  malade  ne  sois  eslongné  ny  distrait. 

40. 

Changer  de  Médecins  et  de  Chirurgiens , 

Souuent  n’apporte  rien  que  peine  aux  patiens. 

41. 

La  chaude  maladie  est  beaucoup  plus  mortelle 
Que  la  froide ,  à  raison  du  feu  qui  est  en  elle. 

42. 

On  estime  la  boue  és  viceres  loüable 
Qui  blanchit,  et  qui  est  vnie  et  bien  égalé®. 


‘Ceci  est  le  texte  corrigé  en  1585.  On 
lisait  en  1579  : 

La  maladie  froide  aux  vieils  est  fort  rebelle. 

*  Texte  de  1585.  L'édition  de  1579  portait  : 
On  estime  és  viceres  Içtkouê  estre  lomble. 


*  Ici  s’arrêtait  ré4ition  4e  i&ia,  J’al  déjà 
dit  qu’en  1585  Pevé  avait  ajQnlô  à  la  suite 
de  ces  Canons  deux  paragraphes  en  prose 
qui  ont  été  reportés  plus  haut.  Voyez  la 
note  3  de  la  page  642. 


LE  VINGT-SEPTIÈME  LIVRE, 

TRAITANT  DES 

RAPPORTS,  ET  DV  MOYEN  D’EMBAVMER 

LES  CORPS  MORTS.. 


Il  reste  à  présent  instruire  le  ieune 
Chirurgien  à  bien  faire  rapport  en 
lustice ,  lors  qu’il  y  sera  appellé,  soit 
pour  la  mort  des  blessés ,  ou  impo¬ 
tence  ,  ou  deprauation  de  l’action  de 
quelque  partie.  En  ce  il  doit  estre 
caut,  c’est-à  dire,  ingénieux  à  faire 
son  prognostic ,  à  cause  que  l’euene- 
ment  des  maladies  est  le  plus  souuent 
difficile ,  ainsi  que  nous  a  laissé  par 
escrit  Hippocrates  au  commencement 
de  ses  Aphorismes  ,  à  raison  princi- 

1  Ce  livre  est  encore  une  des  créations  de 
Paré,  et  c’est  le  premier  traité  spécial  que 
Je  connaisse  consacré  à  la  médecine  légale. 
Il  parut  pour  la  première  fois  dans  la  grande 
édition  de  1676;  et  alors  il  contenait  un  fort 
long  article  sur  les  poisons,  que  l’auteur  re¬ 
porta  plus  tard  dans  son  livre  des  Kenins, 
en  supprimant  cependant  tout-à-fait  deux 
histoires  fort  intéressantes.  En  1679,  le  livre, 
ainsi  dépouillé,  reçut  en  d’autres  endroits 
de  notables  additions;  et  enfin  l'édition  de 
1686,  suivie  par  toutes  les  éditions  posthu¬ 
mes  ,  retrancha  quelque  chose  du  texte  de 
1679,  et  le  compléta  par  de  nouveaux  arti¬ 
cles.  On  voit  par  cet  exposé  que  nous  aurons 
à  rencontrer  des  variantes  assez  importan¬ 
tes;  j’aurai  grand  soin  de  les  signaler.  J’a- 
Jouteral  ici  qu’avant  1685  le  livre  n’était 
point  divisé  en  chapitres;  alors  seulement. 


paiement  fie  l’incertitufie  fin  sniet 
sur  lequel  l’art  fie  Chirurgie  est  em¬ 
ployé.  Mesme  le  premier  et  principal 
point  est,  qu’il  ait  vne  bonne  ame* 
ayant  la  crainte  fie  Dieu  fieuant  ses 
yeux,  ne  rapportant  les  playes  gran¬ 
des  petites ,  ny  les  petites  grandes , 
par  faueur  ou  autrement  :  parce  que 
les  lurisconsultes  iugent  selon  qu’on 
leur  rapporte. 

Les  anciens  nous  ont  laissé  par  es-* 
crit,  que  les  playes  estoieut  dites 

pour  établir  sans  doute  plus  de  resseroblanet^ 
entre  cette  partie  de  son  oeuvre  et  toutes  les 
autres,  Paré  le  divisa  en  deux  chapitres 
sans  titres,  et,  il  faut  bien  le  dire,  sans 
beaucoup  de  rapport  avec  les  matières  trai¬ 
tées  dans  l’un  et  dans  l’autre.  C’est  ainsi  que 
la  deuxième  partie  du  livre,  consacrée  à 
l’embaumement ,  faisait  suite  au  deuxième 
chapitre,  lequel  séparait  sans  raison  ni  uti¬ 
lité  les  Rapports  de  la  première  partie.  J’ai 
donc  retranché  cette  division  inutile  et  peu 
rationnelle;  et,  en  revanche,  J’ai  rétabli 
dans  le  texte  plusieurs  titres  des  premières 
éditions ,  qui  dans  les  suivantes  avaient  été 
rejetés  parmi  les  notes  marginales. 

*  Edition  de  1586  :  uinsi  que  nous  a  luissi 
Hippocrates  daris  su  protestation  ;  et  le  reste 
de  la  phrase  est  également  de  1579. 


653  LE  VINGT-SEPTIEME  LIVRE, 


grandes  en  trois  maniérés.  La  pre¬ 
mière  pour  la  grandeur  de  la  diuision, 
comme  vu  coup  de  coutelas ,  ou  au¬ 
tre  instrument,  qui  aura  coupé  la 
moitié  d’vn  bras  ou  vne  iambe  :  ou 
quelque  coup  d’espée,  et  d’autres 
semblables  armes  ,  donné  au  trauers 
du  corps.  La  seconde,  pour  la  princi¬ 
pauté  de  la  partie  qui  doit  estre  esti¬ 
mée  pour  l’action  ;  comme  vne  petite 
playe  faite  d’vn  poinçon ,  ou  autre  ins¬ 
trument  qui  sera  pointu  et  délié,  pé¬ 
nétrant  en  la  substance  de  quelque 
partie  noble ,  comme  cerueau ,  cœur, 
foye,  ou  autre  partie  qui  leur  face  ser- 
uice  necessaire ,  comme  l’œsophague, 
poulmon,  et  vessie ,  etc.  La  troisième 
pour  la  mauuaise  morigeration  et 
cacochymie  de  tout  le  corps  ,  ou 
imbécillité  d’iceluy  ;  comme  si  la  playe 
est  faite  à  vne  vieille  personne ,  où 
les  forces  et  vertus  sont  grandement 
diminuées.  Pareillement  le  Chirur¬ 
gien  se  gardera  d’ estre  trompé  et  de- 
ceu  par  la  sonde  en  cherchant,  ne 
trouuant  la  profondeur  de  la  playe  : 
à  cause  qu’il  n’aura  situé  le  blessé  en 
mesme  situation  qu’il  estoit  quand  il 
fut  blessé  :  ou  que  le  coup  sera  entré 
de  ligne  droite,  et  qu’il  sera  retourné 
à  dextre  ou  à  senestre ,  ou  de  haut  en 
bas ,  ou  de  bas  en  haut  :  de  façon  que 
le  chirurgien  estimera  la  playe  petite, 
et  fera  rapport  que  la  playe  bien  tost 
se  pourra  guarir  ,  neantmoins  le 
blessé  mourra  en  briefs  iours.  A  ceste 
cause  il  ne  doit  asseoir  son  iugement 
aux  premiers  iours ,  mais  doit  atten¬ 
dre  que  le  neufiéme  soit  passé ,  qui 
est  vn  terme  où  le  plus  sonnent  les 
accidens  se  monstrent  plus  grands  ou 
plus  petits ,  selon  la  nature  des  corps 
et  des  parties  blessées,  et  de  l’air  am- 
biens  extrêmement  froid  ou  chaud  , 
ou  ayant  acquis  vénénosité. 

En  general ,  les  signes  par  lesquels 


on  peut  aisément  iuger  des  maladies, 
si  elles  sont  grandes  ou  petites,  brief- 
ues  ou  longues,  mortelles  ou  iegeres, 
sont  quatre  :  car  ils  sont  pris  et  tirés 
ou  de  l’essence  et  nature  de  la  mala¬ 
die  ,  ou  des  causes  d’icelle ,  ou  de  ses 
effets ,  ou  de  la  similitude ,  propor¬ 
tion  ,  et  comparaison  d’icelles  mala¬ 
dies  au  temps  qui  court. 

Exemple  des  signes  tirés  de  l’es¬ 
sence  de  la  maladie.  Si  l’on  propose 
vne  playe  recente ,  qui  n’ait  autre  es¬ 
sence  et  mal  que  de  simple  solution 
de  continuité  en  vn  muscle  ,  incon¬ 
tinent  prononcerons  icelle  estre  sans 
danger  et  de  peu  de  durée.  Mais  si  la 
solution  de  continuité  a  complication 
d’vlcere ,  comme  si  elle  est  sanieuse , 
et  de  plus  de  trois  iours ,  nous  pro¬ 
noncerons  icelle  estre  de  difficile  et 
plus  longue  curation. 

Exemple  des  signes  tirés  des  causes 
de  la  maladie  :  comme  si  la  playe  a 
esté  faite  en  la  teste  d’vn  instrument 
aigu,  pointu ,  et  pesant,  sçauoir  d’vn 
maillet  ;  si  le  coup  est  venu  de  haut , 
de  grande  force,  et  de  droit  fil ,  nous 
prononcerons  la  playe  estre  dange¬ 
reuse,  voire  mortelle,  si  les  autres 
signes  y  consentent. 

Exemple  des  effets  :  comme  si  le 
patient  est  tombé  et  terrassé  du  coup, 
s’il  a  eu  vomissement  de  cholere ,  es- 
bloüissemeut  aux  yeux ,  flux  de  sang 
par  le  nez  et  les  oreilles ,  alienation 
d’esprit  et  de  mémoire,  auec  stupidité 
de  tous  sentimens,  nous  prononce¬ 
rons  iceluy  estre  en  danger  euident 
de  sa  vie. 

Exemple  de  la  similitude  ,  propor¬ 
tion,  et  comparaison  delà  maladie  au 
temps  qui  court  :  Comme  au  temps 
delà  bataille  saint  Denys,  et  siégé  de 
Roüen  ,  pour  l’indisposilion  et  mali¬ 
gnité  de  l’air,  ou  pour  la  cacochymie 
des  corps  et  perturbation  des  hu- 


DES  RAPPORTS. 


meurs ,  presque  toutes  les  playes  es-  1 
toient  mortelles  :  et  principalement  i 
celles  qui  estoient  faites  d’harquebu- 
se.  Parquoy  nous  pouuions  lors  (eu 
esgard  au  temps  qui  couroil)  pronon¬ 
cer  tel  homme  blessé  estre  en  péril 
de  mort.  Ainsi  voyons  nous  en  cer¬ 
taines  années  les  rougeolles  et  ve- 
rolles  des  petits  enfans  estre  pesti- 
lentes  et  mortelles,  et  coniointes  auec 
vomissemens  ou  dysenteries  furieu¬ 
ses  :  parquoy  en  tel  cas  nous  pourrons 
iuger,  et  de  l’euenement  de  la  mala¬ 
die,  et  du  moyen  de  Feuenement. 

Or  les  signes  des  parties  vulnerées 
sont  ceux  qui  s’ensuiuent. 

Les  signes  que  le  cerueau  est  offensé  et  le  crâne 
fracturé  sont  plusieurs. 

Si  le  malade  tombe  du  coup  en 
terre ,  s’il  demeure  quelque  temps 
sans  parler ,  oüyr ,  ne  voir ,  ayant 
perdu  connoissance  et  raison  :  s’il  a 
rendu  ses  excremens  inuolontaire- 
ment,  s’il  luy  semble  que  tout  tourne 
s’en  dessus  dessous ,  s’il  a  ietté  sang 
par  le  nez ,  bouche ,  et  oreilles,  s’il  a 
vomi  de  la  cholere  :  ce  sont  signes  qui 
nous  donnent  à  entendre  par  raison 
que  le  crâne  est  rompu.  Mais  par  les 
sens  iceluy  mesme  se  connoist  estre 
rompu,  quand  en  pressant  des  doigts 
dessus,  on  sent  au  tact  l’os  estre  es- 
leué  ou  enfoncé  contre  le  naturel. 
Pareillement  se  connoist  au  sens  de 
la  veuë ,  lors  qu’il  est  dénué ,  et  qu’on 
frappe  dessus  auecques  vne  sonde  de 
fer ,  et  qu’il  sonne  cassé ,  comme  si 
l’on  frappoil  sur  vn  pot  de  terre  fellé 
et  rompu  ;  voila  les  signes  qui  de- 
monstrent  le  cerueau  estre  offensé , 
et  le  crâne  fracturé. 

On  peutprognostiquer  et  rapporter 
la  mort  du  blessé,  lors  qu’il  a  du  tout 
perdu  sa  raison  et  mémoire ,  ou  s’il 
deuient  du  tout  muet,  ayant  les  yeux 


653 

tenebreux,  et  se  veut  ietter  hors  du 
lit,  ne  se  pouuant  au  reste  nullement 
mouuoir  :  ayant  la  fiéure  continue, 
la  langue  noire  et  seiche,  et  les  léures 
de  la  playe  arides,  ne  iettans  aucune 
chose ,  ou  bien  peu  :  et  mesme  si  elle 
est  de  couleur  blaffarde,  comme  d’ vne 
chair  salée  :  ou  qu’il  ail  apoplexie  , 
frenesie,  spasme,  paralysie,  rete¬ 
nant  son  vrine  et  autres  excremens , 
ou  les  laisse  couler  inuolontairement. 
Si  tels  signes  apparoissent ,  fais  ton 
rapport  que  bien  tost  le  malade 
mourra. 

Les  signes  que  la  trachée  arlere  et  l’œsophage 
sont  coupés. 

Cela  se  connoist  au  sens  delà  veuë  : 
aussi  le  blessé  perd  la  parole ,  et  ne 
peut  plus  boire  ny  manger,  parce  que 
chacune  partie  coupée  se  retire , 
l’vne  en  haut ,  l’autre  en  bas ,  et  tost 
après  la  mort  s’ensuit. 

Les  signes  que  la  playe  pénétré  dans  le  thorax. 

C’est  que  par  la  playe  on  voit  sor¬ 
tir  de  Fair ,  auecques  vn  sifflement , 
et  le  malade  peine  à  respirer,  princi¬ 
palement  quand  il  y  a  quantité  de 
sang  tombé  sur  le  diaphragme ,  le¬ 
quel  il  iette  par  la  bouche  en  cra¬ 
chant;  la  fiéure  suruient,  et  puanteur 
d’haleine ,  à  cause  que  le  sang  se 
pourrit  et  conuertit  en  vne  sanie 
fetide  :  et  le  malade  ne  peut  demeu¬ 
rer  couché  que  sur  le  dos ,  et  a  sou- 
uent  volonté  de  vomir.  Et  s’il  res- 
chappe  ,  le  plus  souuent  sa  playe 
dégénéré  en  fistule ,  et  meurt  tabide 
et  sec. 

Les  signes  du  poulmon  vulneré. 

C’est  qu’il  sort  par  la  playe  vn  sang 
spumeux,  auec  toux  et  grande  dilfi- 


LE  VIINGT-SEPTIÉME  LIVRE, 


664 

culté  de  respirer,  et  douleur  aux 
costés. 

Les  signes  que  le  cœur  est  blessé. 

C’est  qu’il  sort  par  la  playe  grande 
quantité  de  sang,  auec  vn  tremble¬ 
ment  vniuersel  de  tout  le  corps ,  le 
poux  languide  et  fort  petit,  la  couleur 
pâlie,  sueur  froide,  auecques  syn¬ 
cope  ,  et  les  extrémités  fort  froides  : 
et  tost  la  mort  s’ensuit. 

Lés  signes  dû  diaphragme. 

C’est  que  le  malade  sent  vne  grande 
pesanteur  au  lieu  vulneré,  et  a  per¬ 
turbation  de  raison  ,  et  vne  tres- 
grande  difficulté  d’halener,  toux,  et 
douleurs  aiguës,  et  les  flancs  se  retirent 
contre-mont  :  si  tels  signes  apparois- 
sent ,  fay  rapport  de  mort  hardiment. 

Les  signes  que  la  veine  caue  et  grande  arlere 
sont  Vulnerêes. 

C’est  que  le  malade  meurt  promp¬ 
tement,  à  cause  de  la  subite  et 
grande  vacualion  qui  se  fait  du  sang 
et  esprits  qui  remplissent  le  ventre 
inferieur  ou  thorax ,  faisant  cesser 
l’action  des  poumons  et  du  cœur. 

Les  sighes  que  la  tnoëlle  de  l’espine  du  dos  est 
blessée. 

C’est  que  le  malade  subit  tombe  en 
paralysie  ou  conuulsion,  et  le  senti¬ 
ment  et  mouuement  des  parties  infe¬ 
rieures  se  perd,  et  les  excremens, 
comme  la  matière  fecale  et  vrine, 
sont  iellés  inüoloniairement,  ou  du 
tout  retenus. 

Les  signes  que  le  foye  est  vulneré. 

_^C’est  qu’il  sort  grande  quantité  de 
8àng“|^r“'la  j^aye ,  éVlir bl^é  sent 


vne  douleur  poignante  qui  s’estend 
iusques  à  la  cartilage  sculiforme:  et 
le  sang  découlant  dedans  le  ventre 
souuent  se  pourrit ,  et  cause  de  per¬ 
nicieux  accidens ,  et  le  plus  souuent 
la  mort. 

Les  signes  que  l’estomach  est  vulneré. 

C’est  que  le  manger  et  boire  sortent 
par  la  playe,  et  vomit  souuent  pure 
cholere  et  sang  :  il  suruient  sueurs  et 
refroidissement  des  extrémités ,  et  lâ 
mort  tost  après  aduient. 

Les  signes  que  la  râtelle  est  vulnerée. 

C’est  qu’il  sort  parla  playe  vn  gros 
sang  noir ,  et  le  malade  est  grande¬ 
ment  altéré ,  et  a  douleur  au  costé 
senestre:  et  si  le  sang  découlé  dedans 
le  ventre,  souuent  se  pourrit,  dont 
plusieurs  accidens  sourdent,  et  sou¬ 
uent  la  mort  les  saisit. 

Les  signes  que  les  intestins  sont  vulnerés. 

C’est  que  le  malade  sent  vne  grande 
contorsion  et  douleur  au  ventre ,  et 
la  matière  fecale  sort  par  la  playe 
souuent ,  et  grande  quantité  des 
boyaux  sort  par  icelle  hors  le  ventre. 

Les  signes  que  les  rongnons  sont  vulnerés. 

C’est  que  le  malade  a  difficulté  d’v- 
riner,  et  iette  du  sang  auec  l’vrine, 
et  a  douleur  aux  aines,  verge,  et 
testicules. 

Les  signes  que  la  vessie  est  vulnerée  et  les 
pores  Vreteres. 

C’est  que  le  malade  sent  douleur 
aux  flancs,  et  les  parties  du  penil 
sont  tendues,  et  s’il  iette  l’vrine  san¬ 
glante  ,  et  quelquesfois  mesme  par  la 
playo. 


DES  «APPORTS.  ,  655 


Lti  signes  que  la  femme  a  son  amarry  vulneré. 

C’est  que  le  sahg  sort  par  ses  parties 
honteuses ,  et  a  presque  semblables 
accidens  que  ceux  qui  ont  la  vessie 
Vulnerêè. 

Les  signes  que  les  nerfs  sont  piqués  ou  à  demy 
coupés. 

C’est  que  le  malade  sent  vne  dou¬ 
leur  vehemente  au  lieu  blessé,  et 
aussi  que  promptement  luy  suruient 
inflammation,  fluxion,  spasme,  fié- 
ure,  aposteme,  et  conuulsion  *,  et 
quelqtiesfois  aussi  gangrené  et  mor^ 
tiflcation  de  la  partie  :  dont  suruient 
la  mort,  si  le  malade  n’est  bien  et 
promptement  secouru,  comme  i’ay 
escrit  cy  deuant  parlant  des  playes 
des  nerfs. 

Après  auoir  baillé  les  signes  pour 
cofinoistre  les  parties  de  nostre  corps 
Vulnerées,  à  fin  d’en  faire  rapport  en 
iustice  ,  pour  plus  grande  et  facile 
intelligence  m’a  semblé  bon  te  don¬ 
ner  le  formulaire  de  ces  quatre  rap¬ 
ports  :  dont  le  premier  sera  de  rap¬ 
porter  de  nécessité  <ie  la  mort  du 
blessé  :  le  second  sera  douteux  de  la 
mort  ou  de  la  vie  :  le  troisième  du 
mehain,  c’est-à-dire  de  l’impotence 
d’vne  partie  blessée  ;  le  quart,  de 
plusieurs  parties  blessées  ensemble. 
Selon  lesquels  formulaires  tu  en 
pourras  faire  d’autres,  ainsi  que  con- 
noislras  par  les  signes  cy  dessus  es- 
crils ,  telles  ou  telles  parties  du  corps 
estre  vulnerées. 

*  J’ai  rétabli  dans  cétte  ènufnêration  le 
ftiDt  Spasme  i  omis  dans  tOüteS  les  éditions 
posthumes.  Il  faut  avertir  aussi  qu’après  lé 
mot  conuulsion ,  l’édition  de  1575  ajoutait  : 
qu’on  appelle  non  proportionnée  à  la  maliere. 
Ce  membre  de  phrase  a  été  eû'acé  dès  1579. 


Exemple  d’vn  rapport  de  nécessité  concluant  à 
la  mort. 

l’ay  A.  P.  ce  iourd’huy  par  l’ordon¬ 
nance  de  messeigneurs  de  la  Cour 
de  Parlement,  me  suis  transporté  en 
la  maison  de  tel,  rue  sainct  Germain, 
à  l’enseigne  de  S.— Lequel  i’ay  trouué 
gisant  au  lit,  ayant  vne  playe  à  la 
teste ,  partie  senestre ,  située  sur  l’os 
temporal,  auec  fracture  et  embar- 
reure ,  dont  aucunes  parties  dudit  os, 
les  deux  membranes  estans  rompues, 
sont  enfoncées  en  la  substance  du 
cerueau.  Au  moyen  dequoy  ledit  tel 
a  perdu  toute  connoissancede  raison, 
auecques  vne  conuulsion,  le  poulx 
fort  petit,  et  sueur  froide  ;  au  reste , 
tant  degousté  qu’il  ne  boit  ny  mange. 
A  cause  dequoy  certifie  que  bien  tost 
mourra  :  tesmoing  mon  seing  manuel 
cy  mis  le ,  etc. 

Exemple  d’vn  rapport  douteux  de  la  mort. 

l’ay  tel,  etc.,  par  le  commande¬ 
ment  de  monsieur  le  Lieutenant  Cri¬ 
minel  ,  suis  allé  en  la  maison  de  N., 
lequel  i’ay  veu  gisant  au  lit ,  ayant 
trouué  sur  son  corps  vne  playe  faite 
d’vn  instrument  trenchant ,  située  au 
milieu  de  la  cuisse  dextre ,  de  gran¬ 
deur  de  trois  doigts  ou  enuiron ,  pé¬ 
nétrante  tout  outre,  auecques  inci¬ 
sion  de  veines  et  arteres  :  à  raison 
dequoy  est  suruenu  vn  bien  grand 
flux  de  sang,  qui  luy  a  prosterné  et 
abbalu  les  forces.  Au  moyen  dequoy 
tombe  souuent  en  défaillance  de 
coeur,  et  toute  la  cuisse  est  grande¬ 
ment  tuméfiée  et  liuide ,  dont  plu¬ 
sieurs  pernicieux  accidens  s’en  poür- 
roient  ensuiure  :  parquoy  ie  dy  que 
ledit  tel  est  en  grand  danger  de  mort. 
Et  tout  ce  cerlifie  estre  vray,  tesmoing 
mon  seing  manuel  cy  mis  le ,  etc. 


056  LB  YlNGT-SEPTIllME  LlVIlE 

Exemple  d’un  rapport  de  mehain  ou  impoience. 


l’ay  tel,  etc.,  par  le  commande¬ 
ment  de  monsieur  le  Procureur  du 
Roy,  me  suis  transporté  en  la  maison 
de  monsieur,  etc.,  ruesainct  Pierre 
aux  Bœufs ,  pour  visiter  vn  tel,  etc., 
sur  lequel  i’ay  trouué  vne  playe  à  la 
iointure  du  jarret  dextre,  de  grandeur 
de  quatre  doigts  ou  enuiron ,  auec- 
ques  incision  des  cordes  ou  tendons 
qui  plient  la  iambe,  ensemble  inci¬ 
sion  de  veines,  arteres,  et  nerfs.  Au 
moyen  dequoy  est  ledit  tel  en  danger 
de  mort,  pour  les  accidens  qui  en 
telles  playes  viennent  le  plus  sou- 
uent,  comme  extreme  douleur,  fié- 
ure,  inflammation,  aposteme,  con-  j 
uulsion,  gângrene,  et  autres.  Parquoy 
a  ledit  tel  besoin  tenir  bon  régime , 
et  estre  bien  et  deuëment  pensé  et 
médicamenté  :  et  où  il  escbappera 
de  la  mort ,  à.  iamais  demeurera  im¬ 
potent  de  la  partie.  Et  tout  ce  certi¬ 
fie  estre  vray,  tesmoing  mon  seing 
manuel  cy  mis  le  iour,  etc.,  mil,  etc. 

Exemple  d’vn  rapport  d’vn  homme  blessé deplu- 
sieurs  coups,  et  en  diuerses  parties  du  corps. 

Nous  soubssignés  Chirurgiens,  ce 
iourd’huy  vingt  et  vniéme ,  etc.,  par 
le  commandement  de  Messeigneurs 
de  la  Cour  de  Parlement ,  sommes 
allés  au  logis  de  tel ,  rue  S.  Denis ,  à 
l’enseigne  desaincte  Catherine,  pour 
visiter  vn  nommé,  etc.,  gentilhomme 
des  ordonnances  du  Roy,  sur  lequel 
auons  trouué  cinq  playes.  La  pre¬ 
mière,  située  à  la  teste ,  au  milieu  de 
l’os  coronal,  de  grandeur  de  trois 
doigts  ou  enuiron,  pénétrante  ius- 
qiies  à  la  seconde  table,  dont  luy 
auons  tiré  trois  esquilles  dudit  os. 
Item ,  vne  autre  playe  au  trauers  de 
la  iouë,  partie  dextre,  comprenant 
depuis  l’oreille  iusques  au  milieu  du 


nez  ;  à  cause  de  ce  a  esté  necessaire 
luy  faire  quatre  points  d’aiguille. 
Item,  vne  autre  playe  au  milieu 
du  ventre,  de  grandeur  de  deux 
doigts  ou  enuiron,  pénétrant  en  la 
capacité  d’iceluy  :  sortant  par  ladite 
playe  vne  partie  de  l’omentum ,  de 
grosseur  de  demy  esleuf,  qu’auons 
trouuée  liuide ,  et  du  tout  destituée 
de  chaleur  naturelle  :  parquoy  a  esté 
besoin  lier  et  couper  ce  qui  estoit 
sorti  dehors.  Item ,  vne  autre  playe 
située  sur  le  métacarpe  de  la  main  se- 
nestre ,  de  grandeur  de  quatre  doigts 
ou  enuiron,  auecques  incision  de 
veines ,  arteres ,  nerfs ,  et  tendons ,  et 
portion  des  os.  Au  moyen  dequoy,  le¬ 
dit  tel  demeurera  après  la  guarison 
mehaigné  de  la  main ,  et  a  besoin  te¬ 
nir  bon  régime ,  garder  la  chambre , 
et  estre  bien  et  deuëment  pensé  et 
médicamenté  :  et  disons  qu’il  n’est 
hors  du  danger  de  la  mort.  Et  tout 
ce  certifions  estre  vray,  tesmoings  nos 
seings  manuels  cy  mis  le  iour,  etc. 

Autre  rapport  d’vn  corps  mort,  fait  en  la  pré¬ 
sence  de  messieurs  le  Lieutenant  Criminel 

et  Procureur  du  Roy  au  Chaslelet  de  Paris 

et  du  Commissaire  Bazin  *. 

Rapporté  par  nous  soubssignés, 
que  ce  iourd’huy  en  la  presence  de 
messieurs  le  Lieutenant  Criminel  et 
Procureur  du  Roy  au  Chastelet  de 
Paris,  nous  auons  veu  et  visité  le 
corps  mort  de  noble  homme,  etc., 
sur  lequel  auons  trouué  vne  playe 
faite  d’estoc  prés  la  mammelle  senes- 
tre,  longue  et  large  de  deux  doigts 
ou  enuiron,  trauersant  le  corps  de 
part  en  part,  passant  tout  au  trauers 

*  La  date  de  ce  rapport  indique  sullisatn- 
ment  qu’ii  n’a  pu  être  publié  pour  la  pre- 
niiére  fois  que  dunv  l’édition  de  1585. 


des  rapports. 


du  cœur.  Plus  vne  autre  grande 
playe  faite  d’estoc  sur  la  iointure  de 
l’espaule  du  bras  senestre,  longue  de 
quatre  doigts  ou  enuiron,  large  de 
trois,  profonde  iusques  à  ladite  ioin¬ 
ture,  auec  incision  des  nerfs  et  liga- 
mens,  veines  et  arteres  dudit  lieu. 
Plus  vne  autre  grande  playe  faite 
aussi  d’estoc  sous  l’aisselle  senestre, 
longue  et  large  de  quatre  doigts  ou 
enuiron,  profonde  iusques  au  dedans 
et  creux  de  ladite  aisselle,  auec  inci¬ 
sion  des  veines,  arteres  et  nerfs.  Plus 
deux  autres  plaies  faites  aussi  d’es¬ 
toc,  situées  en  la  poitrine,  vn  peu 
plus  bas  qu’en  la  mammelle  senes- 
tre,  longues  et  larges  d’vn  pouce  ou 
enuiron ,  et  profondes  iusques  en  la 
capacité  du  thorax.  Plus  vne  autre 
grande  playe  faite  d’estoc,  située  prés 
la  mammelle  dextre,  longue  et  large 
de  quatre  à  cinq  doigts,  profonde 
seulement  iusques  aux  costes.  Plus  ' 
vne  autre  petite  playe  prés  ladite 
mammelle  dextre,  pénétrant  aussi 
sur  les  costes.’  Plus  vne  autre  playe 
faite  de  taille  sur  le  coude  dextre , 
grande  de  trois  doigts  ou  enuiron,  et 
large  de  deux ,  profonde  iusques  aux 
nerfs  et  ligamens  de  la  iointure  dudit 
coude.  Plus  vne  autre  playe  faite  pa¬ 
reillement  d’estoc  au  flanc  dextre, 
longue  et  large  d’vn  pouce  ou  enui¬ 
ron,  et  peu  profonde.  Plus  vne  autre 
playe  faite  aussi  d’estoc  à  la  main 
dextre,  au  doigt  nommé  Médius,  auec 
incision  totale  de  l’os  de  sa  première 
iointure,  pénétrant  le  métacarpe. 
Pour  raison  de  toutes  lesquelles 
playes,  certifions  mort  subite  luy  es- 
tre  aduenue. 

Fait  sous  nos  seings  manuels  le  di¬ 
manche  7.  aoust  mil  cinq  cens  quatre 
vingts  trois. 

Ambroise  Paré ,  lehan  Cointeret,  et 
lehan  Charbonnel. 


667 

Rapport  d’vn  coup  orbe  qui  aura  rompu  et  en¬ 
foncé  les  veriebres  de  l’espine ,  ou  fait  playe 

en  la  moelle  de  l’espine  ' . 

La  moelle  de  l’espine  du  dos  estant 
comme  vn  ruisseau  coulant  du  cer- 
ueau ,  est  faite  pour  la  distribution 
des  nerfs  qui  deuoient  donner  senti¬ 
ment  et  mouuemcnt  à  toutes  les 
parties  situées  au  dessous  de  la  teste  : 
et  alors  que  ladite  moelle 'est  bles¬ 
sée  ,  suruiennent  plusieurs  et  perni¬ 
cieux  .accidens,  et  selon  iceux  le 
Chirurgien  fera  son  rapport.  A  sça- 
uoir,  si  les  bras  et  mains  du  malade 
sont  stupides,  paralytiques,  sans  les 
pouuoir  remuer,  et  aussi  qu’en  les 
piquant  ou  serrant  le  malade  ne  sent 
rien ,  c’est  signe  que  les  nerfs  qui  sor¬ 
tent  de  la  5.  6.  7.  vertebres  du  col 
sont  offensés.  Semblablement  quand 
tels  accidens  se  trouuent  aux  cuisses, 
iambes,  et  aux  pieds,  auec  refroidisse¬ 
ment,  et  que  le  malade  laisse  sortir 
ses  excremens  inudlontairement,  sans 
les  sentir,  ou  qu’ils  soient  retenus  du 
tout  :  cela  monstre  que  les  nerfs  qui 
sortent  des  vertebres  des  tombes  et 
os  sacrum  sont  offensés,  et  que  tous 
ces  accidens  prouiennent  à  cause  que 
la  faculté  animale  ne  peut  reluire  par 
les  nerfs ,  dont  s’ensuit  résolution ,  et 
par  conséquent  difficulté  de  sentir  et 
mouuoir  aux  parties  où  ils  sont  dis¬ 
tribués  :  qui  fait  que  les  muscles  de  la 
vessie  et  siégé  ne  font  plus  leur  action 
naturelle ,  qui  est  d’ouurir  et  fermer. 
Et  si  tels  signes  apparoissent ,  fais  ton 
rapport  que  bien  tost  le  malade 
mourra ,  et  principalement  s’il  a  dif¬ 
ficulté  de  respirer 

*  C’est  ici  que  l’édition  de  1585  plaçait  son 
chap.  2,  sans  aucun  titre,  et  le  titre  actuel 
relégué  en  marge. 

*  Hippocrates ,  2.  pro.  —  A.  P. 


4a 


111. 


gr>8  LE  VINGT-SKPTIÉMK  MVi;r:  , 

Rapport  d'vne  femme  grosse  ayant  esté  blessée  femme  enceinte,  et  (fu’elie  en  f\norte, 

au  ventre'.  si  l’on'ant  est  j.a  formé, qvi’it  en  perde  la 

vie  :  mais  s’il  n’est  encore  formé,  qn’il 
Fay  tel ,  par  le  commandement  de  condamné  à  amende  pecnniaire. 
monsieur  le  grand  Preuost  del’Hostel, 

me  suis  transporté  en  la  rue  Saint  Exemple  de  rapport  d’vnenfanleslantestouffé'  . 
Honoré,  en  la  maison  de  monsieur  M., 

où  i’aytrouuévne demoiselle  nommée  II  y  a  grande  apparence  que  le  pe^ 
Marguerite ,  gisante  au  lit ,  ayant  vne  tit  enfant  mort  aura  esté  eslouffé  par 
grande  fléure ,  conuulsion  ,  et  flux  de  sa  nourri{;e,  qui  se  sera  endormie  sur 
sang  par  sa  nature:  à  raison  d’vne  luy  en  l’allaiclant,  ou  aulrement  par 
playe  qu’elle  a  receuë  au  ventre  in-  malice  ,  si  ledit  enfant  se  portoit  bien, 
ferieur,  située  trois  doigts  au  dessous  et  ne  se  plaignoit  de  rien  au  prece- 
du  nombril,  partie  dextre ,  laquelle  dent  ;  s’il  a  la  bouche  et  nez  pleins 
pénétré  en  la  capacité  d  iceluy,  ayant  d’escume  :  s’il  a  le  reste  de  la  face 
blessé  et  percé  sa  matrice,  au  moyen  non  pâlie  et  blaffarde  ,  mais  violette 
de  quoy  est  accouchée  deuant  son  et  comme  de  couleur  de  pourpre  :  si 
terme  preflx  d’vn  enfant  masle,  mort,  ouuert,  est  trouué  auoir  les  poul- 
bien  formé  de  tous  ses  membres,  le-  mons  pleins  comme  d’air  escumeux. 
quel  enfant  a  aussi  reçu  le  coup  à  la 

teste,  pénétrant  iusques  à  la  propre  Exemple  d’vn  rapport  d’vn  corps  mort  par 
substance  du  cerueau.  Et  pour  ce  la-  tonnerre  et  fouidre. 

dite  damoiselle  en  bref  mourra ,  ce 

que  tout  certifie  estre  vray,  tesmoing  .  escheoir  qu’on  soit  en  doute 

mon  seing  manuel  cy  mis  ce,  ete.  ^  trouué  mort  par  la  cam¬ 

pagne,  ou  seul  en  vne  maison,  est 
Fay  bien  voulu  mettre  ce  rapport,  mort  de  foudre,  ou  autrement.  Par- 

à  fin  d’instruire  le  ieune  Chirurgien  quoy  estant  appellé  par  lustice  pour 

à  faire  rapport  à  messieux's  de  la  lus  en  faire  rapport,  concluras  par  ces 
tice  en  tel  cas,  si  l’enfant  est  formé  de  signes  qu?il  est  mort  de  foudre.  C’est 

tous  ses  membres  ou  non,  à  fin  qu’ils  que  tout  corps  frappé  et  mort  de  fou- 

donnent  tel  iugement  qu’ils  verront  dre  sent  vne  odeur  fascheuse  et  sul- 

estre  necessaire  :  pource  que  la  pu-  phurée  ,  qui  fait  que  les  oiseaux  et 

nition  doit  estre  plus  grande  ayant  chiens  n’en  osent  approcher,  encore 

fait  auorter  vne  femme  l’enfant  es-  moins  gouster  :  la  partie  frappée  de 

tant  bien  formé,  à  raison  que  l’ame  y  foudre  souuent  demeure  entière  sans 

est  infüse,  que  s’il  n’estoit  encore  ac-  apparence  de  playe,  et  neantmoins 

compli  de  tous  ses  membres  :  car  lors  les  os  se  trouuent  comminués  et  bri- 

Fame  n’est  encore  entrée  au  corps,  sés  au  dedans  :  que  s’il  adulent  qu’il 

Ce  que  i’ay  monstré  cy  deuant ,  par-  ait  playe  apparente  ,  subit  qu’on  la 

lant  de  l’Ame,  dé  l’opinion  de  Moyse  touchera,  on  la  sentira  sans  compa¬ 
ct  de  S.  Augustin  2,  disant  que  si  raison  plus  froide  que  le  reste  du 

quelqu’vn  frappe  ou  pousse  vne  corps,  comme  dit  Pline  pource  que 

subit  la  substance  spirilueuse  tou- 

CG®  rapport ,  avec  les  réflexions  qui  s’y 

rapportent,  a  été  ajouté  en  1579.  1  cct  article  a  été  ajouté  en  1679.  , 

*  Exode  22.  — ■  S.  Augustin  80.  —  A.  P.  *  Liu.  2.  ehap.  24*  — ■  A,  P.  ■  ' 


DES  RAPPORTS. 


chée  est  dissipée  par  le  vent  très  sub¬ 
til  et  violent  que  la  foudre  chasse  et 
pousse  tousiours  deuant  soy  :  aussi 
la  foudre  laisse  tousiours  certaine 
marque  de  brusleure,  pource  que 
nulle  foudre  est  sans  feu,  soit  en 
bruslant  ou  en  noircissant.  Or  comme 
ainsi  soit  que  tous  animaux  frappés 
de  foudre  tombent  de  l’autre  costé, 
le  seul  homme  ne  meurt  point  du 
coup,  s’il  ne  tombe  sur  la  partie  frap¬ 
pée  de  foudre,  ou  s’il  n’est  tourné  par 
force  du  costé  dont  la  foudre  vient, 
l/homme  qui  en  veillant  est  happé 
de  foudre  demeure  les  yeux  fermés  : 
au  contraire  ils  luy  demeurent  ou- 
uerts  s’il  est  foudroyé  en  dormant, 
comme  dit  Pline  i. 

Philippes  de  Comines  a  laissé  par 
escrit  que  les  corps  frappés  de  fou¬ 
dre  ne  sont  point  suiets  à  corruption 
comme  les  autres  :  et  que  partant  les 
anciens  n’auoient  de  couslume  les 
brusler  ny  enterrer.  Car  ainsi  que  le 
sel  garde  de  corruption  les  corps  qui 
sont  salés,  ainsi  le  soulphre  que  la 
foudre  charge  et  porte  quant  et  soy, 
entretient  long  temps  les  corps  en 
leur  estre,  sans  pourriture ,  pour  la 
chaleur  ignée  et  seicheresse  toute 
contraire  à  la  pourriture. 

Pmr  faire  rapport  infaillible  qu’vu  corps  soit 
mort  de  peste  *. 

C’est  qu’on  trouue  vne  grande  mol¬ 
lesse  en  tout  le  corps,  à  cause  d’vne 
putréfaction  indicible,  laquelle  du¬ 
rant  la  vie  rendoit  le  corps  fort  las- 
che  et  mollasse ,  et  après  la  mort 
elle  s’augmente  encore  d’auantage 
comme  estant  venue  à  sa  perfection. 
Aussi  tels  corps  se  rendent  pourris 
et  puants  subitement.  D’auantage,  à 

1  Plin.  au  lieu  mesme.  —  A.  P. 

*  Article  ojoulé  en  1686. 


669 

plusieurs  après  la  mort  apparoissent 
bubons,  charbons  et  pourpre  qui  es- 
toient  cachés  dedans  le  corps  :  à  rai¬ 
son  que  la  chaleur  putredineuse,  qui 
s’engendre  par  la  pourriture,  pousse 
et  iette  hors  de  la  peau  les  excremens 
desquels  sont  faits  les  bubons,  char¬ 
bons  et  pourpres.  Plus ,  on  voit  la. 
couleur  du  nez,  des  oreilles  et  des 
ongles  plus  noire,  et  mesmeraent 
tout  le  corps,  qu’elle  n’a  accoustumé 
d’estre  aux  morts  d’autres  maladies. 
Semblablement  le  visage  est  fort  hi¬ 
deux  à  regarder,  et  à  bien  grande 
peine  le  peut' On  reconnoistre  :  et 
qu’en  peu  de  temps  le  corps  se  cor¬ 
rompt  et  pourrit ,  accompagné  d’vne 
puanteur  cadauereuse,  et  principale¬ 
ment  en  temps  chaud.  Si  telles  cho¬ 
ses  semonstrënt,  fais  ton  rapport  que 
le  malade  est  mort  de  peste. 

^utre  rapport  d'vn  corps  trouué  mort  et  blessé, 
ou  noyé,  ou  pendu  après  sa  mort^. 

Semblablement  le  Chirurgien  peut 
estre  appellé  pour  faire  rapport  d’vn 
corps  mort ,  ayant  des  playes  péné¬ 
trantes  dans  le  corpj,  et  autres  non, 
pour  sçauoir  s’il  les  a  receuës  estant 
vif  ou  après  la  mort.  Donc  si  les 
playes  luy  ont  esté  faites  pendant 
qu’il  viuoit ,  elles  seront  trouuées 
rouges  et  sanguinolentes,  et  les  lé- 
ures  d’icelles  tuméfiées  et  plombines. 
Au  contraire,  si  ou  les  luy  a  données 
après  la  mort ,  elles  ne  seront  rouges 
sanglantes,  ny  tuméfiées,  ny  liuides  : 
parce  que  le  corps  estant  mort.  Na¬ 
ture  cesse  toutes  ses  œuures,  et  n’en- 
uoye  plus  de  sang  ny  esprits  aux  lieux 
vulnerés.  Et  partant  le  Chirurgien 
fera  son  rapport  que  les  playes  au¬ 
ront  esté  données  pendant  la  vie  ou 

1  Nous  retombons  dans  le  texte  de  1676; 
mais  ce  titre  n’a  été  ajouté  qu’en  1679. 


LE  VlNGT-SiiPTlÉME  LIVRÉ  , 


660 

apres  la  mort ,  selon  les  signes  qu’il 
trouuera. 

Pareillement  si  le  Chirurgien  est 
appelé  pour  faire  rapport  d’vn  corps 
mort  trouué  pendu,  sçauoir  s’il  a  esté 
pendu  vif  ou  mort.  S’il  a  esté  pendu  ' 
vif,  le  vestige  du  cordeau  à  la  circon¬ 
férence  du  col  sera  trouué  rouge, 
liuide  et  noirastre,  et  le  cuir  d’autour 
amoncellé,  replié  et  ridé,  pour  la 
compression  qu’aura  faite  la  corde  : 
et  queiquesfois  le  chef  de  la  trachée 
artere  rompu  et  lacéré,  et  la  seconde 
vertebre  du  col  hors  de  sa  place. 
Semblablement  les  bras  et  iambes 
seront  trouuées  liuides,  et  toute  la 
face  ,  à  raison  que  tous  les  esprits 
tout  à  coup  ont  esté  suffoqués  :  aussi 
pareillement  il  sera  trouué  de  la  baue 
en  la  bouche,  et  de  la  morue  yssanl  du 
nez,  là  enuoyée  tant  par  l’expression 
du  poulmon  eschauffé  et  suffoqué, 
que  par  la  commotion  conuulsiue 
du  cerueau,  de  mesme  qu’en  l’epi- 
lepsie.  Au  contraire,  si  le  personnage 
a  esté  pendu  estant  mort,  on  ne  trou¬ 
uera  les  choses  telles  :  car  le  vestige 
du  cordeau  ne  sera  rouge  ny  liuide, 
mais  de  couleur  des  autres  parties 
du  corps,  à  cause  qu’ après  la  mort , 
la  chaleur  ny  esprits  ne  sang  ne  cou¬ 
rent  plus  aux  parties  blessées.  Pa¬ 
reillement  la  teste  et  le  thorax  sont 
trouués  pleins  de  sang  L 

D’auantage,  si  le  Chirurgien  est 
appelé  pour  faire  rapport  d’vn  corps 
mort  tiré  hors  de  l’eau,  pour  sçauoir 
s’il  a  esté  noyé  vif  ou  ielté  en  l’eau 
mort.  Les  signes  qu’il  aura  esté  ietté 
vif,  sont  qu’on  trouuera  l’estomach 
et  le  ventre  remplis  d’eau ,  et  sort  du 
nez  quelque  excrement  morueux ,  et 

‘  Ces  derniers  mots  :  pareillement,  etc.,  qui 
se  rapportent  manifestement  au  cas  de  pen¬ 
daison  durant  la  vie,  ont  été  ajoutésen  1585. 


par  la  bouche  escumeux  et  baueux , 
et  le  plus  souuent  saignera  du  nez. 
D’abondant  il  aura  l’extremité  des 
doigts  et  le  front  escorchés ,  à  raison 
qu'en  mourant  il  gratte  le  sable  au 
fond  de  l’eau ,  pensant  prendre 
quelque  chose  pour  se  sauuer,  et 
qu’il  meurt  comme  en  furie  et  rage. 
Au  contraire  s’il  a  esté  ietté  en  l’eau 
mort,  il  n’aura  aucune  tumeur  en 
l’estomach  ,  ny  au  ventre,  parce  que 
tous  les  conduits  sont  affaissés  et  es- 
toupés,  et  qu’il  n’inspire  plus,  et 
aussi  n’aura  morue  au  nez ,  ny  baue 
en  la  bouche ,  ny  vestige  aux  doigts 
ny  au  front  ».  Parquoy,  selon  ces  si¬ 
gnes,  le  Chirurgien  pourra  faire  rap¬ 
port  fideleraenl  des  corps  morts  trou¬ 
ués  en  l’eau,  s’ils  ont  esté  iettés  morts 
ou  viuans.  Et  quant  aux  corps  morts 
qui  s’esleuent  sur  l’eau  ,  c’est  adonc 
qu’ils  sont  ja  cadauereux  et  remplis 
d’air,  qui  les  fait  esleuer  sur  l’eau 
comme  vne  vessie  remplie  de  vent. 

Or  quant  à  faire  rapport  si  vne  per¬ 
sonne  est  morte  de  venin  ou  non,  on 
le  pourra  faire  par  les  signes  cy  des¬ 
sus  escrits  au  liure  des  Venins'K 

1  Ces  mots  :  ny  au  front,  ont  été  ajoutés  en 
1579. 

*  Il  y  avait  ici  dans  l’édition  de  1675  un 
fort  long  article  retranché  dès  1579,  et  com¬ 
mençant  par  cette  phrase,  qui  en  indique 
très  bien  t’objet  : 

«  Or  quant  à  faire  rapport  si  vne  personne 
est  morte  de  venin  ou  non,  il  est  fort  difficile  à 
cognoistre,  si  ce  n’est  par  coniectures  qu’on 
prendra  parce  petit  discours.  » 

Nous  ailons  analyser  rapidement  ce  petit 
Z)iscoi(}-5,  indiquant  seulement  les  endroits 
du  livre  actuel  des  V enins  où  le  texte  en  a 
été  reporté  ;  mais  nous  rencontrerons  chemin 
faisant  des  passages  supprimés  d’une  haute 
importance ,  et  que  nous  reproduirons  avec 
le  pius  grand  soin. 

L’auteur  commençait  donc  par  exposer 
son  but  en  témoignant  son  horreur  pour  les 


DES  RAPPORTS. 


Exemple  de  rapport  de  ceux  qui  auront  esté  en 
danger  d'estre  estouffés  par  la  vapeur  et  fu¬ 
mée  du  feu  de  charbon. 

Le  10  de  mars  1575 ,  ie  fus  appellé 
auec  monsieur  Greaulme,  Docteur 

înuenteurs  de  poison  et  de  la  diabolique  pou¬ 
dre  à  canon;  sauf  cette  assimilation  de  la 
poudre  aux  poisons,  on  retrouvera  les  prin¬ 
cipaux  traits  de  ce  paragraphe  au  chapi¬ 
tre  !''•  du  livre  actuel  des  Fenins. 

Puis  il  indiquait  les  signes  généraux  des 
poisons  :  Wous  cognoissons  en  général  vn 
homme auoir esté  empoisonné,  etc.;  c’est  pres¬ 
que  absolument  te  premier  paragraphe  du 
chap.  5  du  livre  actuel ,  terminé  par  ces 
mots  :  la  racine  est  au  cueur. 

«  Quant  aux  signes  de  venin  de  chaude, 
froide,  seiche,  et  humide  qualité,  i’en  ay  iraiclé 
suffisamment  par  cy-deuant ,  ^  ajoutait -il, 
etil  renvoyait  en  marge  au  Hure  des  Fenins, 
Après  quoi  venant  aux  poisons  en  particu¬ 
lier,  il  traitait  successivement  de  Y^pium 
risus,  du  Napellus  ,  du  Solarium  manicitm  , 
de  Y  Aconit ,  de  la  lusquiame  ,  des  Champi¬ 
gnons  ,  de  Y Ephernerum  ,  de  la  Mandragore 
et  du  Pauot  noir.  Tout  cela  a  été  reproduit 
en  1679  au  chap.  44  du  livre  des  Fenins , 
avec  des  additions  trop  peu  importantes 
pour  que  nous  nous  attachions  à  les  préci¬ 
ser.  Seulement  on  voit  qu’en  1676  Paré 
avait  passé  sous- silence  la  c?Êfî(ë,  l’I/' et  le 
noyer;  il  avait  été  aussi  fort  bref  sur  l’aco¬ 
nit.  En  revanche ,  il  avait  un  article  sur  la 
Salemandre,  qui  manque  dans  toutes  les  au¬ 
tres  éditions  ;  le  voici  : 

«  Salemandre. 

«  Ceux  qui  ont  pris  de  la  salemandre 
tombent  en  vne  grande  inflammation  de  la 
langue  ,  et  deuiennent  brets  ou  begues  :  ils 
sentent  tout  le  corps  amorti,  et  tombent  en 
vn  frisson  et  tremblement,  en  vne  resolu¬ 
tion  et  paralysie  de  tout  le  corps  ;  sur  la 
plus  part  des  parties  de  leur  corps  aduien- 
nent  des  taches  blanches,  qui  deuiennent 
rouges  et  puis  noires:  lesquelles  en  fin  tom¬ 
bant  en  pourriture,  font  tomber  le  poil  de 
tout  le  corps ,  mesme  si  le  poison  demeure 


66 1 

Regent  en  la  faculté  de  Medecine,  en 
la  maison  de  monsieur  du  Hamel, 
Adiiocat  en  la  Cour  de  Parlement  à 
Paris,  vour  visiter  et  faire  rapport  de 
deux  siens  seruiteurs  ,  l’vn  Clerc,  et 
l’autre  palefrenier,  lesquels  on  esti- 

gueres  dans  le  corps,  ils  tombent  en  pièces. 
Le  bezahar  sont  les  œufs  de  la  tortue  tant 
marine  que  terrestre  :  aussi  le  ius  de  gre¬ 
nouilles  dans  lequel  on  aura  cuict  la  racine 
d’eryngium.  » 

.  Entre  l’histoire  de  la  mandragore  et  du 
pauot  noir,  il  avait  placé  l’histoire  de  l’or- 
pin;  et  bien  qu’il  y  soit  revenu  au  chap.  46 
du  livre  actuel  des  Fenins,  le  texte  est  as¬ 
sez  différent  pour  mériter  d’être  reproduit. 

«  Orpin, 

«  L’orpin,  ou  orpiment,  que  les  Grecs  ap¬ 
pellent  Arsenicum,  la  sandaracha,  causent 
non  seulement  de  grandes  passions  et  éro¬ 
sions  en  l’estomach  et  boyaux ,  mais  aussi 
engendrent  vne  alteration  insatiable,  vne 
aspreté  grande  à  la  gorge  et  en  la  bouche 
auec  vne  toux ,  difficulté  et  puanteur  d’ha¬ 
leine  ,  conioincte  à  vne  dysenterie  et  sup¬ 
pression  d’vrine.  Vrayement  l’arsenic  a  vne 
vertu  si  corrosiue  que  mesme  appliqué  par 
dehors ,  il  ronge  la  racine  des  cheueux  et 
les  fait  tomber ,  comme  escrit  Dioscoride. 
Son  bezahar  est  la  pouldre  du  crystal  mine¬ 
rai  ,  bien  puluerisee ,  prenant  vne  drachme 
de  ceste  poudre  auec  l’huile  d’amandes  dou¬ 
ces  ,  comme  escrit  le  Conciliator.  » 

Après  le  pauot  noir,  vient  l’histoire  du 
lieagal ,  ou  Misalgar,  à  très  peu  près  telle 
qu’on  la  lit  encore  aujourd’hui  au  chap.  46. 
Puis  immédiatement  un  long  article  consa¬ 
cré  au  bezahar,  et  dont  le  commencement, 
jusques  et  y  compris  l’histoire  du  cuisinier 
empoisonné,  a  été  reproduit  presque  tex¬ 
tuellement  dans  le  chap,  46  du  livre  actuel  ; 
il  faut  en  excepter  toutefois  un  passage  du 
paragraphe  qui  précède  cette  hisloite,  où, 
à  la  place  de  la  citation  de  Mathiole  et 
d’Ahdanalarach,  l’auteur  disait  seulement; 

«  Car  quant  à  ce  qu'en  escrit  Mathiole  sur 
le  cinquiesme  de  Dioscoride  ,  est  pour  la  plu^ 


662  LE  VINGT-SEPTIEME  LIVRE 


moit  estre  morts  :  parce  que  outre  ce 
qu’il  n’y  auoit  aucune  apparence  de 
poulx  en  eux ,  ils  auoieut  vne  froi¬ 


deur  vniuerselle  de  tout  le  corps» 
sans  parler,  et  sans  mouuoir  aucune¬ 
ment  :  ayans  au  reste  la  face  teipte 


part  fabuleux  et  sans  ordre,  expérience,  et  dis- 
tincle  cognoissance.  » 

Mais  après  cette  histoire  du  cuisinier, 
l’édition  de  1575  en  contenait  deux  autres, 
retranchées  depuis,  et  dont  la  première 
surtout  a  un  intérêt  capital  pour  l’histoire 
d’A.  Paré.  On  ne  savait  pas  qu’à  tous  ses 
périls,  ses  souffrances,  après  avoir  été 
mordu  d’une  vipère ,  attaqué  de  la  peste ,  il 
avait  encore  réuni  cette  terrible  et  doulou¬ 
reuse  épreuve  de  passer  par  le  poison.  Et 
d’un  autre  côté,  un  mot  de  cette  histoire 
ignorée  semble  trancher  d’une  manière  déci¬ 
sive  la  question  de  savoir  si,  du  moins  à  une 
époque  de  sa  vie.  Paré  avait  été  huguenot. 
Voici  le  texte  fidèle  des  deux  histoires  : 

«  Apres  la  prise  de  Rouen  me  trouuay  à 
disner  en  quelque  compaignie ,  où  en  auoit 
quelques  vns  qui  me  hayoyent  à  mort  pour 
la  Religion  :  on  me  présenta  des  choux  où 
il  y  auoit  du  sublimé  ou  arsenic  :  de  la  pre¬ 
mière  bouchee  n’en  apperceu  rien  :  la  se¬ 
conde,  ie  senti  vne  grande  chaleur  et  cui- 
seur,  et  grande  astriction  en  la  bouche,  et 
principalement  au  gosier,  et  saueur  puante 
de  la  bonne  drogue  ;  et  l’ayant  apperçeuë, 
subit  ie  pris  vn  verre  d’eau  et  de  vin ,  et 
lauay  ma  bouche ,  aussi  en  auallay  bonne 
quantité,  et  promptement  allay  chez  le  pro¬ 
che  apoticaire  :  subit  que  fus  parti,  le  plat 
aux  choux  fut  ietté  en  terre.  Là  donc  chez 
ledit  Apoticaire  ie  vomi,  et  tost  apres  beu 
enuiron  vn  posson  d’huile,  et  la  garday 
quelque  temps  en  monestomach,  puis  de¬ 
rechef  la  vomi  :  ladicte  huile  empescha  que 
^e  sublimé  n’adherast  aux  parois  de  l’esto- 
mach  :  cela  faict,  ie  mangeay  et  beu  assez 
bonne  quantité  de  laict  de  vache ,  auquel 
auois  mis  du  beurre  et  le  iaune  de  deux 
œufs  :  et  voila  comme  ie  me  garanti  de  la 
main  de  l’empoisonneur  :  et  depuis  ne  voulu 
manger  des  choux,  ny  autre  viande  en  la- 
dicle  compagnie. 

«  Monsieur  de  Castellan ,  Médecin  ordi¬ 
naire  du  Roy,  et  maistre  lean  d’Amboise, 
Chirurgien  ordinaire  du  Roy,  et  moy,  fus- 


mes  enuoyez  pour  ouurir  le  corps  d’vn  cer¬ 
tain  personnage  qu’on  doubloit  auoir  esté 
empoisonné,  à  cause  qu’aiiparauant  souper 
faisoit  bonne  chere ,  ne  se  ressentant  d’au¬ 
cune  douleur.  Et  tost  apres  souper  disoit 
sentir  vne  grande  douleur  en  l’estomach, 
criant  qu’il  estouffoit,  et  tout  le  corps  de- 
uint  iaune  et  enflé ,  ne  pouuant  auoir  son 
haleine ,  et  haletoit  comme  vn  chien  qui  a 
grandement  couru  :  parcequele  diaphragme 
(principal  instrument  de  la  respiration)  ne 
pouuant  auoir  son  mouuement  naturel ,  re¬ 
double  incontinent,  et  fait  haster  le  cours 
de  la  respiration  et  expiration  :  puis  luy 
suruint  vertigine,  spasme,  et  défaillance  de 
cœur,  et  parconsequent  la  mort.  Or  vérita¬ 
blement  le  matin  on  nous  présenta  le  corps 
mort,  lequel  estoit  tout  enflé  ,  ainsi  qu’vn 
mouton  qu’on  a  soufflé  pour  l’escorcher. 
Ledict  d’Amboise  fist  la  première  incision, 
et  me  retiray  en  arriéré,  sçaehant  qu’il  en 
sortiroit  vne  exhalation  puante  et  cadaue- 
reuse,  ce  qui  se  feit,  dont  tous  les  assistans 
à  peine  la  pouuoyent  endurer  :  les  intestins, 
et  generalement  toutes  les  parties  intérieu¬ 
res  estoyent  fort  enflees  et  remplies  d’air  : 
et  ainsi  trouuasrnes  grande  quantité  de  sang 
espandu  entre  les  entrailles,  et  en  la  capa¬ 
cité  du  thorax,  et  fut  conclu  que  ledict  per¬ 
sonnage  pouuoit  auoir  esté  empoisonné  du 
poison  crapaudin. 

»  Les  remedes  contre  telle  poison  ont  esté 
déclarés  cy-deuant,  au  liure  des  piqueures  et 
morsures  de  lestes  veneneuses.  » 

Il  s’agit  là  du  venin  du  crapaud,  et  je  ne 
sais  pourquoi  Paré  n’a  pas  fait  usage  de  cette 
histoire  dans  ses  éditions  nouvelles,  au  lieu 
de  celle  qu’on  Ut  au  chap.  32  du  livre  des 
V enins  et  qu’il  rapporte  sur  un  ouï-dire. 

Enfin,  après  ces  deux  histoires,  nous  ren¬ 
controns  un  long  passage  sur  les  venins  bail¬ 
lez  par  odeurs  et  parfums,  et  qui  a  été  trans¬ 
porté  tout  entier  à  la  fin  du  chap.  il  du 
livre  des  Fenins  actuel.  Il  n’y  a  eu  d’ajoulé 
en  1579  que  l’histoire  des  deux  Thériacleurs , 
d’après  Mathiolo,  et  le  vœu  de  Paré  que  les 


DKS  RAPPORTS. 


de  couleur  plombine,  de  fait  que  lors 
que  ie  les  pinçois  ou  tirpis  le  poil 
rudement,  ils  n’en  sentoient  rieni 
tellement  que  tous  les  assistans  les 
estimoient  estre  morts.  Mais  la  dis¬ 
pute  estoit  sur  la  façon  de  mort  ;  car 
ledit  du  Hamel  disoit  iceux  auoir  esté 
estoulfés  :  autres  pensoient  qu’ils  se 
fussent  meurdris  l’vn  l’autre,  autres 
philosophoient  iceux  auoir  esté  sur- 
prins  d’apoplexie.  le  deraànday  s’ils 
auoient  point  fait  du  feu  de  charbon, 
à  quoy  vn  chacun  me  respondant 
n’en  sçauoir  rien  ,  ledit  du  Hamel 
preste  l’oreille  à  ce  propos ,  et  s’a- 
uança  luy  mesme  de  chercher  en  leur 
estude  (qui  estoit  fort  petite  et  bien 
close)  où  il  trouua  sous  la  table  vne  I 
grande  terrine  où  il  y  auoit  encore  j 
quantité  de  charbon,  non  du  tout 
bruslé.  Quoy  veu ,  fut  de  tous  conclu 
et  arreslé  que  la  cause  de  tel  désastre 
ne  prouenoit  d’ailleurs  que  de  la 
fumée  maligne  du  charbon  ardent, 
qui  les  auoit  ainsi  assopis  etestoutfés. 
Parquoy  leur  ayant  posé  la  main  sur 
la  région  du  cœur  ,  et  tant  par  la 
chaleur  qui  y  resloit  encore  assez 
manifeste  que  par  le  petit  battement 
qui  s’y  apperceuoit,  ayant  conneu 
iceux  estre  encore  en  vie,  fut  aduisé 
de  les  secourir  promptement.  Pour  à 
quoy  paruenir,  on  leur  fit  par  artifice 
ouurir  la  bouche  (  qu’ils  tenoient  fort 
close,  et  les  dents  serrées)  en  la¬ 
quelle,  tant  avec  vue  cuiller  qu’a- 
uec  vne  syringue,  on  ietta  de  l’eau 
de  vie  rectifiée  en  laquelle  on  auoit 
fait  dissoudre  de  la  hiere  et  théria¬ 
que  ,  pour  la  leur  faire  aualler  :  lors 
iis  commencèrent  à  se  mouuoir,  et 
ietter  certains  excremens  pituiteux 

parfumeurs  empoisonneurs  fussent  chassés 
hofsdu  lioij  iuriie  de  France,  et  envojés  auec 
Ict  Turcs  cl  infidèles. 


66:î 

et  visqueux ,  tant  par  la  bouche  que 
par  le  nez  ;  puis  commencèrent  à  ral- 
lér,  comme  l’on  oit  choux  boüillans 
dans  vn  pot.  Adonc  on  leur  fit  aual- 
1er  des  medicamens  vomitoires,  et 
bonne  quantité  d’oxymel,  leur  bat¬ 
tant  de  la  main  et  genoüil  assez  ru¬ 
dement  sur  le  dos,  vers  la  derniere 
vertebre  d’iceluy  et  première  des 
lombes,  auquel  lieu  respond  l’Orifice 
du  ventricule  se  retournant  en  la 
partie  postérieure  :  à  fin  que  tant  par 
la  vertu  de  ces  vomitoires,  que  par 
la  cojiuulsion  de  l’estomac,  ils  fussent 
contraints  à  rendre  gorge  :  ce  qui 
aduint,  et  ietlerent  du  phlegme  vis¬ 
queux,  de  couleur  iaune ,  auec  sang 
spumeux.  Pareillement  leur  fut  ietté 
auec  vn  tuyau  de  plume  d’oye  de¬ 
dans  le  nez,  de  la  poudre  d’euphorbe, 
à  fin  de  stimuler  la  vertu  expulsiue 
du  cerueau  à  se  descharger ,  et  par 
ce  moyen  tost  après  esternuerent , 
et  ietterent  grande  quantité  de  morue 
par  le  nez  :  à  quoy  ils  furent  encore 
d’auantage  esmeusparde  l’huile  de 
menthe, tirée  par  quinte-essence,  leur 
en  estant  frotté  le  palais  ,  voire  ius- 
qu’à  la  gorge  et  gosier  ,  d’vne  plume 
de  laquelle  l’empan  auoit  esté  graissé 
de  quelques  gouttes  de  ladite  huile. 
Au  reste  leur  fut  pourueu  par  fric¬ 
tions  faites  aux  bras ,  cuisses  et  iam- 
bes,  et  le  long  de  l’espine  du  dos  : 
aussi  par  clysteres  acres  et  forts  ,  par 
le  moyen  desquels  se  deschargea  leur 
ventre  copieusement  :  et  lors  com¬ 
mencèrent  à  parler  et  reuenir  à  soy, 
et  à  boire,  et  manger ,  et  retourner  à 
leur  naturel  peu  à  peu  :  en  l’execu¬ 
tion  de  toutes  lesquelles  choses  fus- 
mesmerueilleusemcnt  bien  aidés  par 
lacqucs  Giiillemeau ,  Chirurgien  iuré 
à  Paris*,  et  maislrc  lean  de  Saint 

l  *  Lo  nom  de  Guillerneau  n’a  été  ajouté  Ici 


LE  VINGT-SEPTIÈME  LIVRE 


664 

Germain,  maistro  Apolicairc  à  Paris, 
homme  de  bien  et  secoiirable  des 
malades.  Sur  l’aprés-disnée  furent 
appelés  Monsieur  Thibault,  et  Mon¬ 
sieur  Hautin,  Docteurs  llegens  en  la 
faculté  de  Medecine  (hommes  doctes, 
tant  en  la  Medecine  qu’en  la  Chirur¬ 
gie)  pour  consulter  auec  nous  de  ce 
qui  restoit’  à  faire  :  lesquels  ayans 
de  point  en  point  approuué  tout  ce 
que  nous  auions  fait ,  furent  d’aduis 
auec  nous  de  leur  pouruoir  quant  au 
reste ,  par  cardiaques  restauratifs  et 
confortatifs  d’esprits ,  pour  suruenir 
aux  parties  tant  vitales  qu’animales 
manifestement  offensées. 

Le  reste  de  la  consultation  fut  con¬ 
sommé  sur  la  recherche  de  la  cause 
d’vn  tel  effect  :  car  que  les  hommes 
puissent  estouffer  de  la  fumée  de 
charbon  allumé ,  ce  n’est  chose  fort 
uouuelle ,  alleguans  auoir  leu  dans 
Fulgose,  liure  9.  chap.  12,  Volaterran 
liure  23,  dans  Egnatius,  que  louian 
Empereur  se  hastant  pour  aller  à 
Rome,  en  temps  d’hyuer ,  se  sentant 
las  et  trauaillé  du  chemin  ,  s’arresta 
pour  loger  en  vne  petite  bourgade, 
nommée  Dadastanes ,  qui  est  entre 
Galatie  et  Bithynie,où  il  coucha  en 
vne  chambre  nouuellement  bastie  et 
enduite  de  chaux,  où  l’on  auoit  fait 
brusler  force  charbon  pour  seicher 
ladite  chambre  :  fut  sur  la  minuict 
estouffé  de  la  vapeur  dudit  charbon , 
le  huitième  mois  de  son  Empire , 
qui  estoit  le  trentième  de  son  aage, 
et  le  vingtième  iour  d’Aoust. 

Mais  icy  ne  nous  faut  tant  soucier 
de  la  preuue  des  anciens,  attendu 
que  de  recente  mémoire,  en  la  maison 
de  lean  de  Begine,  maistre  Orféure  à 
Paris,  demeurant  sous  la  tournée  du 

qu’en  1579 ,  bien  que  l’histoire  ait  paru  en 
1575. 


pont  au  Change,  moururent  trois  de 
ses  seruiteurs,  pour  auoir  fait  du  feu 
de  charbon  en  vne  petite  chambre 
où  il  n’y  auoit  point  de  cheminée  ;  et 
qui  en  voudroit  faire  recherche ,  on 
trouueroit  grand  nombre  de  telles 
histoires. 

Quant  aux  causes,  celles  cy  furent 
mises  en  auant.  Aucuns  estimèrent 
tel  accident  se  faire  seulement  parla 
vapeur  du  charbon  allumé ,  laquelle 
enclose  en  vn  lieu  non  ventilé,  donne 
à  celuy  qui  la  reçoit  tels  ou  presque 
semblables  accidens  comme  fait  la 
vapeur  du  vin  nouueau,  sçauoir  dou¬ 
leur  de  teste  et  vertiginosilés.  Car  ces 
deux  vapeurs  ont  puissance  de  bien 
tost  remplir  l’origine  des  nerfs ,  et 
faire  grandes  conuulsions ,  parce 
qu’elles  sont  chaudes  et  de  substance 
espaisse.  Et  partant  Hippocrates,  par¬ 
lant  des  accidensquiprouiennent  de  la 
vapeur  de  vin,  a  hardiment  prononcé 
ces  mots  :  Siebrius  quispiain  derepentc 
obmutnerit,  conuulsus  moritur,  nisi 
febre  corripiatur,  aut  nisi  vocem  recu- 
peret  tune  cum  crapulœ  soluuntur^. 
Si  quelqu’vu  ayant  fort  beu  ,  iusques 
à  s'estre  enyuré,  perd  la  parole  à 
coup  et  soudainement  ;  si  la  fiéure 
ne  luy  suruient,  ou  s’il  ne  recouure 
la  parole  à  l’heure  qu'il  peut  et  doit 
auoir  cuué,  dormi,  et  digéré  son  vin, 
il  meurt  par  commision  2.  Autant 
en  peut  on  dire  de  la  vapeur  du 
charbon  occupant  le  cerneau  de  ces 
deux  malades,  lesquels  soudainement 
faits  muets  ,  immobiles  et  insensibles 
comme  yurongnes ,  fussent  morts ,  si 
par  remedes  chauds  mis  en  syringues 
par  la  bouche  et  le  nez  ,  on  n’eust 
atténué  l’espalsseur  do  la  vapeur,  et 

‘  Aphor,  5.  —  A.  P. 

*  Cette  traduction  de  l’aphorisme  a  été 
ajoutée  en  1579. 


DES  RAPPORTS. 


665 


excité  la  faculté  expultrice  pour  iet- 
ter  hors  ce  qui  luy  nuisoit.  Et  com¬ 
bien  qu’il  semble  de  prime  face ,  que 
par  l’inspiration  de  la  vapeur  mali¬ 
gne  le  poulmon  soit  blessé  plus  que 
toutes  autres  parties ,  toutes  fois  que 
le  plus  grand  mal  qui  en  aduient  aux 
poulmons  en  ce  cas  cy  venoit  prin¬ 
cipalement  pour  la  connexion  et  mu¬ 
tuelle  amitié  et  accord  qu’il  a  auec  le 
cerueau,  lequel  estoit  grandement 
offensé  :  car  ces  deux  malades  tout 
subit  furent  faits  muets,  priués  de 
sens  et  de  mouuement,  chose  qui  ad¬ 
uient  au  malade  quand  la  première 
origine  des  nerfs  est  occupée  de  quel¬ 
que  matière  estrange  que  ce  soit,  et 
non  pas  quand  les  poulmons  sont  of¬ 
fensés.  Et  tout  ainsi  que  les  apoplec¬ 
tiques  ne  meurent  sinon  que  par 
faute  de  respirer  ,  combien  que  le 
poulmon  en  soy  ne  soit  offensé  :  ainsi 
de  ceste  maladie  ces  deux  malades 
fussent  morts  faute  de  respirer,  non 
pour  vice  du  poulmon  ,  mais  pour  le 
cerueau  et  nerfs  blessés,  qui  donnent 
à  tout  le  corps  mouuement  et  senti¬ 
ment,  et  principalement  aux  inslru- 
mens  de  la  respiration. 

Lesautresestimoientquetellechose 
pouuoit  aduenir ,  non  du  vice  du  cer¬ 
ueau,  mais  par  defaut  de  l’esprit  vital, 
lequel  n’estant  plus  porté  du  cœur  au 
cerueau,  à  cause  des  conduits  du 
poulmon  bouchés,  ne  pouuoit  plus 
fournir  de  matière  à  l’esprit  animal. 
Parquoy,disoienl-iIs,  ces  ieunes  hom¬ 
mes  mouroient  suffoqués  par  faute 
de  respiration ,  sans  laquelle  la  vie 
est  nulle  :  car  outre  ce ,  qu’en  tel  cas 
le  cœur  ne  se  pouuoit  descharger  des 
excremens  fuligineux,  le  poulmon 
restant  bouché  de  ceste  crasse  et 
espaisse  fumée  de  charbon  ,  l’inspira¬ 
tion  ne  sefaisüit  bonnement ,  de  tant 
qu’elle  se  fait  d’air  ambiens,  qui  pour 


faire  ce  qui  est  requis,  sçauoir  est, 
temperer  l’ardeur  du  cœur,  doit  auoir 
quatre  conditions  :  la  première ,  qu’il 
soit  attiré  en  competente  quantité , 
la  seconde ,  qu’il  soit  frais  de  qualité, 
la  tierce ,  qu’il  soit  de  consistence  té¬ 
nue  et  subtile ,  la  quarte,  qu’il  soit  de 
substance  douce  et  benigne.Or  toutes 
ces  quatreconditionsdefailloient  pour 
lors  à  l’air  qui  estoit  attiré  par  ces 
deux  ieunes  hommes  :  car  première¬ 
ment  il  n’estoit  en  quantité  compe¬ 
tente,  de  tant  qu’en  ceste  petite 
estude  ,  si  peu  qu’il  y  en  auoit,  estoit 
deuoré  par  le  feudecharbon  allumé, 
comme  celtiy  d’vne  ventouse  par  la 
chandelle  flamboyante  :  secondement, 
il  n’ostoit  frais  de  sa  qualité,  ains 
eschauffé  et  comme  ignifié  par  l’ar¬ 
deur  du  feu  allumé  ;  tiercement ,  il 
n’estoit  de  consistence  ténue,  ains 
crasse  et  espaisse,  espaissi  par  le  mes- 
langeetpermixtion  des  vapeurs  gros¬ 
sières  du  charbon  :  car  telle  est  la 
nature  de  l’air  et  de  tous  autres  corps 
ténus  de  leur  nature,  d’estre  aisément 
altérés ,  et  receuoir  promptement  la 
forme  de  tous  corps  qui  les  abordent  : 
quartement,  il  n'estoit  de  substance 
douce  et  benigne,  ains  maligne,  à 
cause  que  le  charbon  est  fait  de  bois 
allumé  en  vne  fosse  en  terre,  et 
estouffé ,  estant  esteint  en  sa  fumée 
mesme,  comme  entendent  ceux  qui 
ont  hanté  les  charbonnières. 

Or  toulesfois  ,  pour  conclure  quel¬ 
que  chose  sus  ces  opinions  qui  sem¬ 
blent  aucunement  differentes,  tous 
deux  auoient  raisons  perlinenles  de 
se  maintenir  en  leur  aduis.  Car  pour 
le  moins  il  est  tout  euident  que  les 
conduits  qui  sont  communs  des  par¬ 
ties  pectorales  au  cerueau  ,  esloient 
bouchés  de  la  crassitie  et  espaisseur 
de  telle  vapeur  charbonnière,  dont 
aduenoit  que  les  vnes  et  les  autres 


LR  VINGT-SEPTIEME  LIVRE  , 


666 

parties  estoient  mal  affectées  :  comme 
ainsi  soit  que  telles  parties ,  ni  autres 
quelconques  de  nostre  corps,  ne 
puissent  demeurer  en  leur  intégrité 
sans  l’aide  de  l’autre ,  pour  la  grande 
colligance  et  intelligence  qu’a  tout  le 
corps  en  soy  et  en  ses  parties.  Parquoy 
les  arteres  carotides  et  ventricules  du 
cerueau ,  et  bronchies  du  poulmon 
estans  ainsi  estoupées,  et  l’entrée  au 
cerneau  estoit  deniée  à  l’esprit  vital , 
et  l’issue  à  l’esprit  animal ,  dont  s’en- 
suiuit  le  defaut  de  toutes  les  facultés 
necessaires  à  la  vie. 

Rapport  des  filles,  si  elles  sont  vierges  ou  non  i. 

Or  quant  à  faire  rapport  si  vne  fille 
est  pucelle  ou  non,  cela  est  fort  diffi- 

‘  Cet  article  est  une  addition  de  1579. 

Laurent  Joubert  a  agité  fort  longuement 
cette  question  dans  son  traité  des  Erreurs 
populaires,  publié  à  Bordeaux  en  1570,  liv.  V, 
chap.  4,  s’il  y  a  certaine  cognoissance  du  pu- 
cellage  d'vne  fille  ,  et  il  conclut  par  la  néga¬ 
tive  comme  Paré.  Je  renverrai  à  l’ouvrage 
même  ceux  qui  voudront  suivre  cette  dis¬ 
cussion;  mais  il  ne  sera  pas  sans  intérêt, 
puisqu’il  s’agit  ici  de  Rapports,  de  repro¬ 
duire  trois  rapports  sur  ce  sujet  qu’il  nous 
a  conservés.  Le  premier  est  fait  par  des  ma¬ 
trones  béarnaises. 

Nous  louanne  del  Mon,  et  louanneVerguire, 
et  Beatrix  Laurade,  de  la  parroquie  d’Espoire 
en  Bearn,  matrones  et  tneyroulieres ,  inlerro- 
gades  et  esprouuades.  Certifican  à  tous  et  à 
toutes  que  appartiendro ,  que  par  ordonnance 
de  iusiice ,  et  commandement  du  haut  Magis¬ 
trat,  monsieur  loti  iiige  del  dit  loc  d’ Espéré,  que 
lou  quinziéme  iour  del  mes  de  May  ,  l’an  mil 
cinq  cens  quarante  cinq,  nous  matrones  susdit- 
tes ,  aiten  trouuade,  vhitade  et  reguardade  Ma¬ 
riette  de  Garigues,  de  l’aage  de  quinze  ans  ou 
enuiron,  sus  asso,  que  ladite  Mariette  disie , 
que  ero  forsade,  desflorade,  et  deptiiselade. 
De  là  ou  nous  meyroitlieres  siidittes,  aiien  tout 
visitât  et  regardai,  dam  très  candelous  alucats, 
toucat  dab  las  mas,  et  espiat  dablous  oueils,  et 


elle  :  loulosfois  les  matrones  tiennent 
pour  chose  asseurée  qu’elles  le  peu- 
uent  connoistre,  parce  qu’elles  disent 
trouuervne  ruption  d’vne  taye,  qui 
se  rompt  au  premier  combat  veneri- 
que.  Mais  i’ay  icy  deuant  monstré  au 
liure  de  la  Generalion  ^  chap.  50.  que 
de  vingt  mille  femmes  on  ne  trouue 
ceste  taye.  Partant  nos  matrones  ne 
doiuent  estre  creuës  pour  leur  impé¬ 
ritie  :  la  preuue  gist  en  l’experience, 
et  à  la  grandeur  ou  angustie  du  col 
de  la  matrice  :  mais  elles  y  peuuent 
estre  bien  deceuës  et  trompées.  Car 
selon  la  grandeu  r  du  corps  et  de  l’aage 
de  la  fille,  Pouuerture  sera  plus 
grande  ou  plus  petite  ;  parce  que  vne 
grande  fille  doit  auoir  son  ouuerture 
plus  grande  qu’vne  petite.  Car  toutes 

arreuirai  dab  loits  digts.  Et  auen  trouuat,  que 
non  eron  pas.  Ion  1  broquadés  podads ,  ny  lou 
2  haillon  delougat  ,ny  la  Z  barbole  abaissade  , 
ny  4  l’entrepé  ridât,  ny  lou  5  rejjironvbert,ny  lou 
6  gingibert  ftndut,ny  lou  7  pepillon  recoquillat, 
ny  la  8  dame  dau  miech  rélirade,  ny  lotis  très 
9  desuiadés  ,  ny  lou  1 0  vilipendis  pelai ,  ny  lou 
1 1  guilleuard  alargat,  nylail  barreuidau  des- 
uiade,  ny  foz  13  bertrand  rornput,  ny  lou  14 
bipendix  aucunement  escorgeat.  Lou  lou  nous 
matrones  et  rneyroulieres  sudittes  ainsi  disen 
per  nostre  rapport,  etiugement  adrect. 

«  Voila,  dit  Joubert ,  quatorze  notes  qui 
signifient  le  pucellage,  selon  les  Bearnoises. 
Voyons  maintenant  la  déposition  des  Pari¬ 
siennes,  qui  font  leur  rapport  d’vne  qui  es¬ 
toit  defloree. » 

Nous  Marion  Teste,  lane  de  Meaux ,  îane 
de  la  Giiigans,  et  Magdaleine  de  la  Lippue, 
matrones  itirees  de  la  ville  de  Paris ,  certifions 
à  tous  qu’il  appartiendra ,  que  le  quatorzième 
iour  de  Juin ,  mil  cinq  cens  trente  deux,  pur 
l’ordonnance  de  monsieur  le  Preuost  de  Paris, 
ou  son  lieutenant  en  ladite  ville,  nous  sommes 
transportées  en  la  rue  de  Rrepaut ,  ou  pend 
pour  enseigne  la  jmniouflle ,  ou  nous  ations  veue 
et  visitée  Ueuriette  Peliciere,ieune  fille, aagee 
de  quinze  ans  ,  ou  enuiron,  sur  la  plainte  par 


DES  HAPPORTS. 


les  parties  de  nostre  corps  se  doiuent  1 
rapporter  les  vnes  aux  autres  :  vue 
aagéedequinze  ansl’aura  plus  grande 
que  celle  de  douze. 

loubert  escrit  qu’à  la  ville  de  Lec- 
toure  en  Gascongne,  vne  fille  enfanta 
à  neuf  ans,  et  est  encore  viuante, 
nommée  lanne  du  Perie ,  qui  fut  ma¬ 
riée  à  Videau  Beche ,  en  son  viuant 
Receueur  des  amendes  pour  le  Roy 
deNauarre  audit  lieu  :  qui  est  argu¬ 
ment  qu’aucunes  filles  sont  plus  aptes 
à  auoir  la  compagnie  de  Thomme  à 
neuf  ans  qu’autres  à  quinze,  à  raison 
qu’elles  ont  leur  ouuerture  plus  am¬ 
ple.  Aussi  celle  quiaura  mis  quelques- 
fois  son  doigt  bien  profondément  au 
col  de  sa  matrice  pour  quelque  pru-  ] 
rit  qu’elle  y  auroit ,  ou  y  auroit  mis 

elle  faite  à  iustice  contre  Simon  le  Bragard, 
duquel  elle  a  dit  auoir  esté  forcée  et  defloree, 
El  le  tout  veu  et  visité  au  doigt  et  à  l’oeil,  nous 
trouuons  qu’elle  a  les  1  barres  froissées,  le  2 
haleron  demis,  la  ^  dame  du  milieu  retirée,  le 
4  ponnantdebiffé,  lesà  toutons  deuoyez,  6  l'en- 
chenart  retourné,  la  7  babolle  abbatue,  8  Ven- 
trepent  riddé,  9  V arriéré  fosse  ouverte,  le  10 
guilboquel  fendu,  le  11  lippon  recoquillé,  le  12 
barbidaut  tout  escarché,  et  tout  le  13  lipandis 
pelé,  le  guilleuard  eslargi,  les  15  balunaus 
pendans.  Et  le  tout  veu  et  visité  fueillet  par 
fueillet,  avons  trouvé  qu’il  y  auoii  trace  de  vit. 
Et  ainsi  nous  dûtes  matrones  certifions  estre 
vray  ,  à  vous  monsieur  le  Preuosl,  au  serment 
qu’auons  à  ladite  ville. 

«  En  voila  quinze  de  bon  conte,  poursuit 
Joubert,  qui  respondeiit  assez  bien  aux  qua¬ 
torze  signes  des  Bearnoises ,  sauf  le  dernier 
Balunaus,  qui  n’a  son  respondant  que  ie 
sçache.  »  Et  enfin  il  ajoute  la  déposition  des 
matrones  de  Carcassonne  i 

Nous  autras  Guillaumine  et  lano  iuradas 
de  la  ville  basse  de  Carcassonne,  pressas  d’of- 
flciper  monsieur  l’official  del  dit  Carcassonne, 
per  visitar  Margarite  d’ Astorguin,  .si  elle  ero 
defloradq  et  desuerginado ,  disen  et  attesten  à 
tonj  aquels  qt  ^quelles  que  aquestqs  leitlras 


667 

quelque  pessaire  ou  nodulus,  à  cause 
de  la  rétention  de  ses  mois  ou  autre 
disposition  ,  et  que  par  ce  moyen  son 
ouuerture  lui  fust  trouuéeplus  granr 
de ,  seroit-elle  pour  cela  moins  pu- 
celle?  nenny  :  parce  qu’il  n’y  aura 
différence  entre  y  auoir  mis  vn  pes¬ 
saire  ,  ou  le  doigt ,  ou  autre  chose  de 
la  grosseur  de  la  verge  virile ,  qui 
puisse  remarquer  ces  différences  : 
parquoy  il  me  semble  qu’on  ne  peut 
à  la  vérité  iuger  du  pucelage  (Pvne 
fille. 

D’auantage  les  matrones  ny  Chi¬ 
rurgiens  ne  peuuent  iuger  vne  fille 
n’ estre  pucelle ,  à  laquelle  on  trou- 
uera  auoir  du  laict  aux  mammelles  ; 
Car  Hippocrates  dit  qu’vue  femelle 
sans  estre  grosse,  ou  auoir  enfanté, 

veyran  et  legiran  ,  que  lou  iour  de  huey  ,  nous 
lien  transportadas  en  la  maison  de  ladite 
d’ Astorguin,  et  Pauen  tromado  calcado  sur 
vn  lieck,  et  apres  auer  fach  alluear  très  can- 
delas  de  cero ,  l’auen  regardado  en  lous  yols„ 
palpado  et  toeado  en  lous  digts.  Auen  trouât 
que  l’os  Bertrand  és  rompulel  fendut,la  donna 
del  miech  es  reuirado ,  lous  très  pets  deuiadés, 
lou  quinqueral  tout  esquinsat  ,•  lous  întrans  et 
pindourlets  tous  escoussendus  ,  lous  bons  dal,s 
constats  pla  maserats ,  lous  pels  de  dessus  tous 
recoquillats.  Per  so  disen,  que  ladite  Margua- 
rite,  per  y  auer  estalpassat  lou  bout  del  mescle, 
es  ben  deflorade  et  desuerginade.  A  tal  disen 
et  attesten. 

On  voit  combien  le  langage  vulgaire  était 
riche  à  cette  époque,  et  je  doute  que  la  lan¬ 
gue  française  de  nos  jours  pût  traduire  exac¬ 
tement  ces  Rapports  sans  recourir  aux  ter¬ 
mes  scientifiques.  Mais  je  l’avoue  ,  malgré 
le  secours  de  Joubert,  malgré  les  glossaires 
de  Rabelais  et  autres,  je  n’ai  pas  même  pu 
comprendre  en  son  entier  le  rapport  fran¬ 
çais.  J’ai  donné  ici  ces  trois  pièces  comme 
specimen  de  la  médecine  légale  de  l’époque, 
et  pour  qu’on  puisse  mieux  juger  le  point  de 
départ  où  Paré  la  trouva. 


068  LE  VINGT-SEPTIEME  LIVRE, 


peut  auoir  du  laict ,  si  sa  purgation  1 
naturelle  est  empeschée  ‘.Sur  le  com¬ 
mentaire  de  cest  Aphorisme ,  Galien 
dit,  pource  que  les  glandules  des 
mammelles  estans  exangues,  conuer- 
tissent  le  sang  menstruel  qui  y  re¬ 
gorge  en  humeur  semblable  à  elles 
en  couleur,  par  leur  verlulacliflante. 
Semblablement  Aristotedit^  quel’on 
voit  à  quelques  hommes  du  laict  aux 
mammelles,  qu’on  peut  succer  et  es- 
pandre. 

Cardan  dit  auoir  veu  à  Venise  ^  vn 
nommé  Anthoine  Busse ,  aagé  de 
trente  ans ,  lequel  auoit  du  laict  en 
ses  mammelles  assez  suffisamment 
pour  nourrir  vn  enfant ,  et  ne  couloit 
pas  seulement,  mais  le  faisoit  rayer  , 
ainsi  que  fait  vne  nourrice  de  ses 
mammelles.  Ces  choses  considérées  , 
il  me  semble  qu’on  ne  peut  véritable¬ 
ment  iuger  du  pucelage  d'vne  fille  : 
partant  les  Magistrats  y  doiuent  bien 
aduiser ,  et  plus  encore  les  Médecins 
et  Chirurgiens  à  ce  députés  :  dont  s’il 
y  a  faute ,  le  tout  en  est  plus  sur  eux 
qui  en  ont  mal  rapporté,  qu’aux  luges 
qui  en  donnent  sentence. 

Rapport  de  l’impuissance ,  tant  de  l’homme  que 
de  la  femme 

Souuent  il  se  fait  des  procès  pour 

‘  ^ph.  39.,  lia.  6.  —  A.  P. 

2  Lia.  i ,  histoire  des' Animaux,  chap.  20. 
—  A.  P. 

3  Lia.  12,  de  Subtilitate.  —  A.  P. 

4  Cet  article  se  lit  pour  la  première  fois 
dans  l’édition  posthume  de  1598  ;  il  y  a  ce¬ 
pendant  quelque  probabilité  qu’il  avait  été 
écrit  bien  auparavant.  J’ai  noté  à  la  fin  du 
chap.  45  du  livre  de  la  génération  ,  tome  II , 
page  739,  qu’en  1579  Paré  avait  annoncé  à 
la  table  un  chapitre  sur  ce  sujet  qu’on  ne 
trouve  pas  dans  le  texte.  Il  me  paraît  assez 
vraisemblable  qu’il  s’agissait  de  l’article  ac¬ 
tuel  ,  que  Paré  n’osa  publier  de  son  vivant , 
peut-être  de  peur  d’indisposer  les  magistrats. 


séparer  les  mariages ,  parce  que  la 
femme  tient  que  son  mary  est  impuis¬ 
sant,  ne  faisant  pas  la  bcspngne  de 
la  maison  :  l’homme  dit  qu’il  ne  tient 
à  luy ,  et  que  sa  femme  n’est  pas  as¬ 
sez  percée ,  en  sorte  qu’il  ne  peut  en¬ 
trer  au  cabinet  priué ,  et  partant  le 
defaut  ne  procédé  pas  de  son  impuis¬ 
sance. 

Là  dessus  les  luges  ordonnent  vi¬ 
sitation  estre  faite  tant  de  l’vne  que 
de  l’autre  des  parties,  par  Médecins , 
Chirurgiens,  Matrones,  Prestres  de 
rOffîcialité.  Après  auoir  veu  et  dili¬ 
gemment  visité  leurs  parties  dediées 
à  génération ,  et  si  on  leur  trouue  dé¬ 
fectuosité  en  leurs  dimensions  ;  à  sça- 
uoir,  en  largeur,  longueur,  gros¬ 
seur  ,  profondité  et  situation  :  et  si  on 
trouue  lesdites  parties  en  leur  inté¬ 
grité  ,  le  rapport  en  sera  fait  à’  mes¬ 
sieurs  de  la  lustice,  lesquels  pour 
estre  mieux  asseurés ,  ordonnent  de 
rechef  que  lesdits  mariés  coucheront 
ensemble  en  la  presence  desdits  Mé¬ 
decins  et  autres  cy  dessus  nommés, 
pour  sçauoir  s’ils  pourront  accomplir 
le  ieu  de  Venus. 

Or  il  me  semble  que  telle  espreuue 
n’est  bien  asseurée ,  et  que  ledit  ieu 
ne  se  peut  pas  accomplir  en  la  pre¬ 
sence  de  tant  de  gens  que  l’on  craint, 
et  auec  vne  femme  que  l’on  n’aime 
point.  Joint  que  telle  action  ne  dé¬ 
pend  ny  denostre  esprit,  ny  de  nostre 
corps,  ny  de  volonté;  de  sorte  que 
les  parties  destinées  à  telle  action 
n’obeissent  à  nostre  volonté  comme 
les  autres  membres.  Car  quelque  as- 
seurance  que  tout  homme  se  puisse 
promettre,  si confessera-il  qu’il  n’est 
en  sa  puissance  de  se  faire  paroistre 
capable  du  mariage  enlapre.sence  de 
tant  de  compagnie ,  et ,  comme  i’ay 
dit,  auec  vne  femme  que  l’on  n’aime 
point,  pour  le  different  qu’ils  ont  en- 


DES  RAPPORTS. 


semble  :  veu  pareillement  que  telles 
actions  requièrent  d’elles  mesmcsvne 
asseurance  et  vn  secret ,  et  vne  ami¬ 
tié  entre  l’homme  et  la  femme.  Par- 
quoy  cela  dépend  de  la  conscience  de 
la  femme  plustost  que  de  la  proba¬ 
tion  du  congrès,  pour  les  raisons  allé¬ 
guées* 

Exemple  d’vn  rapport d’vn  lepreux  confirmé  i. 

Nous  Chirurgiens  iurés  à  Paris,  par 
l’ordonnance  de  Monsieur  le  Procu¬ 
reur  du  Iloy  de  Chastelet ,  donnée  le 
■vingt  huitième  iour  d’Aoustmil  cinq 
^cens  quatre  vingts  et  trois  ,  par  la¬ 
quelle  auons  esté  nommés  pour  faire 
rapport,  sçauoir  si  G.  P.  est  lepreux  : 
partant  l’avons  examiné  comme  s’en¬ 
suit.  Premièrement  auons  trouué  la 
couleur  de  son  visage  couperosée, 
blaffarde  et  liuide  ,  et  pleine  de  sa¬ 
phirs  :  aussi  auons  tiré  et  arraché  de 
ses  cheueux ,  et  du  poil  de  sa  barbe 
et  sourcils ,  et  auons  veu  qu’à  la  ra¬ 
cine  du  poil  estoit  attachée  quelque  I 
petite  portion  de  chair.  Es  sourcils  et 
derrière  les  oreilles  auons  trouué  des 
petites  tubercules  glanduleuses  :  le 
front  ridé,  son  regard  fixe  et  immo¬ 
bile,  ses  yeux  rouges,  estincelans,  les 
nai’ines  larges  par  dehors  et  estroit- 
tes  par  dedans ,  quasi  bouchées  auec 
petites  vlceres  crousteuses;  la  langue 
enflée  et  noire,  et  au  dessus  et  au 
dessous  auons  trouué  petits  grains, 
comme  on  voit  aux  pourceaux  la- 

1  Ce  rapport  et  celui  qui  vient  ensuite 
sont  des  additions  de  1585. 


669 

dres  :  les  genciues  corrodées,  et  les 
dents  descharnées,  et  son  haleine  fort 
puante,  ayant  la  voix  enroüée,  par¬ 
lant  du  nez.  Aussi  l’auons  veu  nud  , 
et  auons  trouué  tout  son  cuir  crespy 
et  inégal,  comme  celui  d’vne  oye 
maigre  plumée ,  et  en  certains  lieux 
plusieurs  dartres.  D’auantage  nous 
l’auons  piqué  assez  profondément 
d’vne  aiguille  au  tendon  du  talon  , 
sans  l’auoir  à  peine  senti.  Par  ces  si¬ 
gnes  tant  vniuoques  qu’equiuoques, 
disons  que  ledit  G.  P,  est  ladre  con¬ 
firmé.  Parquoy  sera  bon  qu’il  soit 
séparé  de  la  compagnie  des  sains, 
d’autant  que  ce  mal  est  contagieux. 
Le  tout  certifions  estre  vray,  tes- 
moings  nos  seings  manuels  cy  mis  le 
sixième  May  mil  cinq  cens  quatre 
vingts  et  trois. 

Autre  rapport  d’vn  souspçonné  lepreux. 

Nous  sous-signés  Chirurgiens  iurés 
à  Paris,  par  le  commandement  de  nos 
seigneurs  de  la  Cour  de  Parlement, 
certifions  auoir  veu  et  visilé  diligem¬ 
ment,  par  toutes  les  parties  du  corps 
maistre  lacques,  etc.,  pour  faire  rap¬ 
port  sur  la  disposition  et  santé  de  son 
corps  ;  sçauoir  principalement  s’il  y  a 
en  luy  aucun  souspçon,  signe  tant 
vniuoque  que  equiuoque,  de  la  mala¬ 
die  appellée  vulgairement  ladrerie  : 
lequel  auons  trouué  en  couleur  de 
tout  le  corps,  grosseur,  charactere, 
et  actions,  pur  et  net  de  ladite  mala¬ 
die.  Fait  sous  nos  seings,  le  vingt  qua¬ 
trième  Aoust  mil  cinq  cens  octante 
trois. 


DE  LA  FAÇO^  D’EMBAVMER  LES  CORPS  MORTS. 


ray  bien  voulu  adiouster  à  cest 
OEuure  ce  petit  enseignement  d’em¬ 
baumer  les  corps  morts ,  pour  le  ieune 
Chirurgien ,  à  fln  qu’il  fust  accompli 
de  tout  ce  qui  est  à  faire  enuiron  le 
corps  humain,  tant  vif  que  morte 
Car  bien  à  peine  s’est-il  trouué  nation, 
tant  barbare  fust  elle ,  qui  n’ait  eu 
soin  «d’embaumer  les  corps,  non  pas 
mesme  les  Scythes,  qui  semblent  en 
barbarie  auoir  surpassé  le  reste  des 
hommes.  Car  iceux,  comme  raconte 
Hérodote  liure  quatrième  de  son  His¬ 
toire,  n’enterrent  point  le  corps  de 
leur  Roy ,  que  premièrement  ils  ne 
rayent  mis  en  cire ,  après  auoir  curé 
le  ventre  et  nettoyé ,  puis  rempli  de 
cyprès  concassé,  d’encens,  de  graine 
de  persil,  et  d’anis,  et  en  après  re¬ 
cousu.  De  ceste  mesme  chose  les 
Ethiopiens  se  sont  monstrés  curieux, 
faisans  leurs  sépultures  de  verre  en 
ceste  sorte  :  après  qu’ils  auoient 
H^idé  et  descharnè  les  corps  de  leurs 
amis  defuncls  ,  ils  les  accouslroient 
et  liçoient  de  piastre  ,  sur  lequel  ils 
■iettoient  après  vne  peinture  qui  ap- 
prôchoit  le  vif  tant  qu’il  leur  esloit 
^possible.  Et  ce  fait ,  ils  enfermoient 
Ife  corps  ainsi  peint  et  plastré  dans 
vne  colonne  de  verre  creux  :  le  corps 


1  Tout  ce  qu’on  va  lire  jusqu’au  paragra¬ 
phe,  O)'  pour  embaumer,  etc.,  a  été  depuis 
répété  à  satiété  par  Paré  dans  son  Discours 
de  la  Mumie  et  dans  la  Préface  de  ce  Dis¬ 
cours,  voyez  ci-devant  pag.  470  et  47G;inais 
du  moins  en  retrouvons-nous  ici  la  première 
origine  en  i575. 


ainsi  enchâssé  paroissoit  au  traders  le 
verre,  sans  rendre  mauuaise  odeur,  et 
sans  desagrecr  aucunement ,  encores 
qu’on  n’y  conneust  qu’vne  peinture 
morte.  Les  plus  proches  parens  le 
gardoient  chez  eux  l’espace  d’vn  an, 
en  luy  faisant  offrandes  et  sacrifices, 
et  au  bout  de  l’an  le  transportoient 
et  alloient  planter  ès  enuirons  de  la 
ville ,  comme  escrit  Hérodote  liure 
troisième. 

Mais  ce  soin  et  curiosité  est  entré 
plus  auant  dans  le  cœur  des  Egyp¬ 
tiens,  que  d’aucune  autre  nation  L 
Dont  ils  ont  mérité  grande  loüange, 
s’estant  montrés  tant  affectionnés  à  là 
mémoire  de  leurs  peres,  que  pour 
la  conseruation  d’icelle  ils  estoient 
coustumiers  d’embaumer  les  corps 
entiers  d’iceux  en  vaisseaux  de  verre, 
diaphanes  et  transparahs,  et  les  met¬ 
tre  en  lieu  le  plushonnorableet  emi- 
nent  de  leurs  maisons,  pour  en  auoir 
la  mémoire  tousiours  représentée  dé¬ 
liant  les  yeux,  et  leurseruir  d’aiguil¬ 
lon  et  Stimule  domestique,  pour  en- 
suiure  et  imiter  les  bonnes  parties  et 
vertus  d’iceux,  à  fin  de  ne  degenerer 
et  focligner  de  leur  naturel  et  bonne 
inclination.  Et  d’auantage  seruoient 
iceux  corps  ainsi  embaumés  de  sou- 
uerains  gages  et  asseurance  de  leur 
foy  ;  si  bien  que  s’il  estoit  aduenu 
qu’aucun  Egyptien  eust  affaire  de 
quelque  grosse  somme  d’argent,  il  ne 
failloit  point  de  la  trouuer  à  emprun- 

‘  Tout  le  reste  de  ce  paragraphe  a  été 
ajouté  en  1579. 


DE  LA  FAÇON  D  EMBAVMEll  LES  CORPS  MOUTS.  Gyi 


ter  vers  ses  voisins ,  sur  le  gage  d’vn 
corps  del’vn  de  ses  ayeulx  :  se  tenans 
tous  asseurés  les  créditeurs ,  que 
moyennant  tel  gage  le  debiteur  man- 
queroit  plustost  de  vie  que  de  foy , 
tant  ils  auoient  à  cœur  de  retirer  tel 
gage.  Et  si  la  fortune  faisoit,  et  le 
malheur  fust  si  grand,  qu’aucun  s’ou-^ 
bliast  de  tant  en  ses  nécessités  que  de 
ne  vouloir  ou  sçauoir  trouuer  moyen 
de  retirer  son  gage ,  il  tomboit  en  tel 
deshonneur  et  infamie ,  qu’il  n’eust 
pas  esté  bon  à  manger  aux  chiens,  et 
ne  se  fust  osé  monstrer  en  public  :  car 
on  luy  faisoit  la  huée  ,  comme  l’on 
fa  t  à  vn  loup  ou  chien  enragé  ,  et  de 
liberté  tomboit  en  ignominieuse  ser  ■ 
uitude,  comme  ayant  desauoüé  et 
renoncé  sa  race  et  origine.  Ce  qui  est 
tesmoigné  par  Claude  Paradin ,  en  la 
Préfacé  du  liure  qu’il  a  fait  des  Al¬ 
liances  généalogiques  des  Roys  et  Prin¬ 
ces  de  Gaule. 

D’auantage  comme  escril  Hérodote, 
iceux  Egyptiens  reconnoissans  cesle 
vie  estre  de  peu  de  durée,  au  regard 
de  celle  que  nous  auons  à  viure  après 
la  séparation  du  corps  d’auec  l’ame, 
estoient  fort  negligebs  à  bastir  mai¬ 
sons  pour  eux  loger,  mais  au  reste  si 
magnifiques  à  édifier  Pyramides,  des¬ 
quelles  ils  se  voulaient  seruir  pour 
leurs  sépultures ,  que  pour  le  basli- 
ment  d’Vno  qui  fut  entreprise  par 
Cheopésl’vn  de  leurs  Roys,  trauail- 
loiént  cent  mille  hommes  l’espace  de 
chacun  trois  mois  par  le  temps  de 
vingt  ans  :  laquelle  auoit  de  profon¬ 
deur  cinq  stades ,  et  estant  de  forme 
qüarrée,  auoit  en  chacun  front  huit 
cens  pieds  de  large,  et  autant  de  haut,  • 
estant  chacune  pierre  le  plus  ordinai¬ 
rement  de  trente  pieds,  fort  bien  ou- 
urée ,  comme  raconte  Hérodote  li¬ 
ure  2.  Or  deuantqu’enfermerles  corps 
dans  ces  tant  superbes  sepulchres,  ils 


lesportoient  auec  pompe  magnifique 
vers  les  salleurs  et  embaumeurs ,  qui 
estoient  offices  bien  salariés  du  peu¬ 
ple.  Ils  rembaumoient  de  drogues 
aromatiques,  puis  ils  cousoient  les 
incisions  et  refermoient  le  tout  ;  cela 
fait ,  ils  salloient  tres-bien  le  corps  , 
et  couuroient  le  salloir  iusques  à 
soixante  et  dix  iours  :  lesquels  reuo- 
luSi  ils  retournoient  prendre  le  corps, 
lequel  laué  et  nettoyé ,  le  lioient  de 
bandes  faites  d’vn  drap  de  soye, 
collées  auec  certaine  gomme  ;  alors 
les  parens  reprenoient  le  corps ,  et 
luy  faisoient  faire  vn  estuy  de  bois 
moullé  en  effigie  d’homme,  dans 
lequel  ils  l’estuyoient  ;  et  voila  com¬ 
ment  ils  embaumoient  les  riches.  De 
ceste  mesme  curiosité  nos  François  es- 
meus  et  incités,  font  pour  la  plus  part 
embaumer  les  corps  des  Roys  et 
grands  Seigneurs  ;  Ce  que  chrestien- 
nemeut,  comme  toute  autre  chose,  ils 
ont  euidemment  tiré  tant  du  nou- 
ueau  que  du  vieil  Testament ,  et  fa¬ 
çon  ancienne  de  faire  des  luifs  :  car 
il  est  dit  au  nouueau  Testament  ‘ , 
quelosepb  acheta  vn  linceul,  et  que 
Nicodeme  apporta  vne  mixtion  de 
myrrhe  et  d’aloés,  iusqU’au  poids  en- 
uiron  de  cent  liures,  de  laquelle  auec 
autres  odeurs  aromatiques  ils  em¬ 
baumèrent  et  enseuelirent  le  corps 
de  Iesvs  Christ  (comme  la  coustume 
des  luifs  estoil  d’enseuelir  leurs  morts 
embaumés ,  qui  estoit  signe  de  ceste 
incorruption  qu’ils  esperoient  en  la 
résurrection  des  Morts)  ce  que  mesme 
depuis  eux  voulurent  faire  les  Maries. 
Ce  qu’ils  auoient  appris  de  leurs  peres 
anciens  :  car  loseph  au  vieilTestament 
commanda  à  ses  Médecins  d’embau¬ 
mer  son  porc 

i  S.  lean ,  20.  39.  —  A.  P. 

*  Genes.  50.  2.  --  A.  P. 


LE  VINGT-SEPTIEME  LIVRE  , 


Or  pour  bien  embaumer  vn  corps , 
premièrement  il  faut  vuider  tous  b  s 
entrailles  et  viscères  :  reseruant  le 
cœur  parliculierement ,  à  lin  de  1  em¬ 
baumer  et  mettre  à  part ,  ainsi  qu  il 
sera  aduisé  par  les  amis  du  defunct 
il  faudra  pareillement  vuider  le  cer¬ 
neau  ,  après  auoir  coupé  le  crâne , 
ainsi  qu’on  fait  és  dissections  et  ana¬ 
tomies.  Ce  fait,  il  faut  faire  des  inci¬ 
sions  profondes  et  longues  és  bras ,  ! 
dos,  fesses,  cuisses,  iambes,  et  princi¬ 
palement  à  l’endroit  des  grandes  vei¬ 
nes  et  arteres,  à  fin  d’en  faire  sortir  le 
sang  qui  se  corromproit ,  et  pareille¬ 
ment  aussi  d’y  plonger  des'poudres  ; 
cela  fait,  il  faut  exactement  lauer  tout 
le  corps  auec  vne  esponge  imbue  d’eau 
de  vie  et  fort  vinaigre,  dans  lequel 
auront  boüilli  absinthe,  aloé,  pom¬ 
mes  de  coloquintes,  et  sel  commun  et 
alum  :  en  après  faudra  remplir  lesdites 
incisions  et  toutes  les  ouuertures,  et 
les  trois  ventres,  des  choses  qui  s’en- 
suiuent,  assez  grossement  puluerisées. 

Tf,,  Put.  rosat.  camomil.  melil.  balsanii , 
menthæ,  anelh.  saiuiæ,  lauand.  roris. 
raaior.  thymi,  absinlh.  cyperi,  calam. 
aromat.  gent.  ireos  Flor.  assæ  odoratæ , 
caryophyl.  nue.  mosc.  cinamo.  storac. 
calam.  benioin,  myrrhæ,  aloës,  sandal. 
omnium.  - 

En  après  les  incisions  seront  cou¬ 
sues  :  puis  faut  oindre  tout  le  corps 
de  terebenthine  liquéfiée  auec  huile 
de  camomille  et  de  rose,  y  adioustant, 
si  bon  semble,  huiles  aromatiques, 
tirées  par  quinte-essence  :  puis  au 
reste  sera  en  tout  saupoudré  auec 
portion  des  poudres  dessus  dites  ;  en 
fin  sera  enueloppé  d’vn  linceul,  et 
après  de  toile  cirée,  et  pour  fin  de 
tout  l’appareil ,  sera  mis  en  un  cer¬ 
cueil  de  plomb  bien  ioint  et  soudé, 
rempli  de  bonnes  herbes  aromatiques 


seiches.  Et  si  le  Chirurgien  estoit  en 
quelque  lieu  où  il  ne  peust  recouurir 
les  susdites  poudres,  comme  en  quel¬ 
que  place  assiégée ,  il  se  contentera 
des  suiuantes. 

:if.  Calcis  ext.  ciner.  communis  aul  querc. 

Au  reste,  le  corps  estant  en  tout  et 
par  tout  laué  de  vinaigre,  ou  de  lexiue 
en  lieu  de  vinaigre,  telles  choses  cpn- 
serueront  le  corps  vne  bonne  espace 
de  temps ,  pourueu  que  ne  soit  en 
temps  de  grande  chaleur ,  et  qu’il  ne 
soit  situé  en  lieu  chaud  et  humide  :  ce 
quei’ay  fait  quelquesfois. 

Qui  est  cause  qu’à  présent  les  Roys, 
Princes,  et  grands  Seigneurs  n’estans 
bien  embaumés,  etvuidés,  etlaues 
d’eau  de  vie  et  de  vinaigre ,  et  sau¬ 
poudrés  de  choses  grandement  aro¬ 
matiques  ,  neantmoins  tout  cela ,  en 
cinq  ou  six  iours,  plus  ou  moins,  sen¬ 
tent  si  mal  qu’orî  ne  peut  endurer 
estre  au  lieu  où  ils  sont,  et  est-on  con¬ 
traint  les  enfermer  en  plomb.  Cela 
adulent  par  ce  qu’ils  ne  sont  longue¬ 
ment  gardés  en  saumure  auec  les¬ 
dites  choses  aromatiques,  comme  an¬ 
ciennement  on  faisoit,  et  aussi  par  la 
grande  multitude  de  gens  qui  entrent 
pour  les  voir,  et  le  grand  nombre  de 
torches  et  luminaires  estans  iour  et 
nuit  :  cela  eschauffe  si  fort  l’air ,  que 
le  corps  n’ayant  esté  imbu  de  choses 
qui  gardent  la  pourriture ,  cela  fait 
qu’en  peu  de  iours  se  corrompent  et 
pourrissent,  et  de  leur  pourriture  s’es- 
leue  vne  vapeur  puante  et  cadaue- 
reuse ,  qui  offense  grandement  ceux 
qui  la  sentent  *. 

Parquoy  ma  façon  de  bien  et  deuë- 
ment  embaumer  et  garder  les  corps 

‘  Ce  paragraphe  a  été  ajouté  en  1579  ;  en 
1575  le  suivant  commençait  tout  simple¬ 
ment  :  Or  ma  façon,  etc. 


DE  LA.  FAÇON  D  EMBAYMER  LES  «CORPS  MORTS.  G73 


morts  fort  long-temps,  c’est  qu’aprés 
les  auoir  vnidés  comme  dessus,  il  l  's 
conuient  poser  en  vn  vaisseau  de  bois 
bien  ioint,  rempli  de  fort  vinaigre  au 
quel  on  aura  fait  boüillir  sel  et  herbes 
aromatiqueset  ameres,  commealuine, 
rue ,  aloës  ,  coloquinte  :  puis  adious- 
ter  eau  de  vie  deux  ou  trois  quartes , 
et  laisser  tremper  les  corps  en  ceste 
misture  l’espace  de  vingt  iours  :  après 
les  faut  mettre  debout ,  et  les  laisser 
en  lieu  sec  et  non  humide.  Le  vinaigre 
garde  de  pourriture,  d’autant  qu’il 
est  froid  et  sec ,  qui  sont  deux  choses 
répugnantes  à  putréfaction  :  ce  que 
l’experience  monstre.  Car  en  iceluy 
on  garde  les  herbes ,  fleurs ,  fruits,  et 
autres  choses  sans  qu’elles  se  pour¬ 
rissent.  le  proteste  auoir  vn  corps  , 
lequel  me  fut  donné  par  le  Lieute¬ 
nant  Criminel ,  après  auoir  esté  exé¬ 
cuté  ,  il  y  a  25.  ans  et  plus  que  i’a- 
natomisay ,  et  leuay  presque  tous  les 
muscles  du  corps  de  la  partie  dextre 
(  à  fin  que  lors  queie  veux  faire  quel¬ 
que  incision  ,  voyant  les  parties  de 
recente  mémoire,  que  ie  sois  plus  as- 
seuré  en  mes  œuures  )  la  partie  se- 
nestre  laissée  en  son  entier  :  toutes- 
fois  à  fin  de  le  mieux  conseruer,  ie  le 
piquay  d’vn  poinçon  en  plusieurs  en¬ 
droits,  à  fin  que  la  liqueur  penetrast 
au  profond  des  muscles  et  autres 
parties  :  et  voit- on  encore  entiers  les 
poumons ,  cœur,  diaphragme ,  esto- 

1  Celle  histoire  a  été  également  rapportée  au 
livre  de  la  Mumle;  et  comme  je  n’en  sa¬ 
vais  pas  la  première  origine ,  j’avais  pré¬ 
sumé  que  celte  préparation  avait  dû  être 
faite  vers  1557.  Comme  le  texte  auquel  celte 
note  se  rapporte  a  paru  en  1575,  c’est  donc 
avant  1550  que  Paré  avait  préparé  son  ca¬ 
davre  ,  et  probablement  à  l’époque  où  il  dis¬ 
séquait  avec  Thierry  de  Héry  pour  les  le¬ 
çons  de  la  Faculté  de  médecine. 


mach  ,  râtelle ,  reins  ,  el  semblable¬ 
ment  le  poil  de  la  barbe  ,  de  la  leste, 
et  d’autres  parties ,  voire  les  ongles , 
lesquels  i’ay  apperceus  euidemraent 
croistre ,  après  les  auoir  par  diuerses 
fois  rongnés  C 

Par  ces  miracles  en  la  nature  (  tels 
osé-ie  les  appeler,  puis  que  les  corps 
priués  de  leur  ame  et  substance  ,  qui 
est  le  sang ,  poussent  encor  leurs  ex- 
cremens,  à  sçauoir  le  poil  et  les  on¬ 
gles  )  ayant  fini  mon  œuure ,  i’ay  eu 
aussi  esgard  à  l’ordre  tenu  en  la 
poursuite  d’iceluy.  Car  ayant  déclaré 
ce  qui  estoit  necessaire  pour  la  con- 
seruation  de  ce  corps  estant  en  vie, 
et  pour  le  remettre  en  vigueur ,  y 
ayant  quelque  alteration  :  c’estoit 
bien  raison  aussi  que  la  fin  de  ce  Dis¬ 
cours  fust  du  corps  mort ,  et  des 
moyens  de  le  conseruer  en  son  en¬ 
tier  sans  pourriture ,  et  sans  y  em¬ 
ployer  des  frais  si  exorbitans  que 
faisoienl  iadisles  Roys  (par  trop  scru¬ 
puleux)  d’Egypte,  qui  employ oient 
toutes  les  drogues  aromatiques  que 
l’Orient  produit ,  pour  embaumer 
leurs  corps  :  et  dressoient  des  basti- 

*  L’édition  de  1575  ajoutait  ici  :  «Za  fi¬ 
gure  duquel  l’est  encore  ceste  fois  representee 
tant  du  deuant  que  du  derrière.  L’explication 
des  lettres  ont  esté  déclarées  cy  deuant  en  l’A¬ 
natomie.  »  On  voyait  en  effet  à  la  suite  une 
figure  intitulée  :  Figure  d’vn  corps  analomisé 
el  embaumé  il  y  a  vingt-cinq  ans  et  plus,  sans 
sentir  aucune  feleur. 

C’était  un  sujet  debout ,  couvert  de  la 
peau  du  côté  gauche,  les  muscles  disséqués 
du  côté  droit,  et  du  reste  la  même  figure 
qu’il  avait  employée  dans  son  anatomie  pour 
la  démonstration  des  muscles;  ce  qui  fait 
douter  que  vraiment  ce  fût  là  le  dessin  de 
son  cadavre.  Au  reste  ,  cette  figure  fut  effa¬ 
cée  en  1579,  et  le  livre  complété  par  le  long 
article  que  j’ai  reproduit. 


MI. 


43 


LK  VlüfGT-BBPTIlSMfi  LIVHIÎ 


mens  admirables  pour  leur  seruir  de 
sépulture 

Ayant  doncconduit  mon  œuiire  ius- 
qu’à  la  fin  et  période ,  et  en  iceluy 
(par  la  grâce  de  Dieu)  tout  ce  que 
i’ay  pu  ramasser,  tant  des  anciens  qui 
ont  sceu  vrayement  la  chirurgie,  que 
des  médecins,  hommes  expérimentés, 
et  de  ce  que  moy-mesme  en  ay  pra¬ 
tiqué  :  ie  prieray  tout  lecteur  bening, 
candide  et  de  bon  naturel,  de  s'arres- 
ter  plus  à  ma  bonne  intention  que 
aux  fautes  qu’il  pourroit  trouuer  en 
mon  liure.  Car  estant  homme,  comme 
ie  suis,  il  est  aussi  impossible  que  ie 
ne  sois  suiet  à  faillir,  n’y  ayant  rien 
de  parfait  parmy  l’imperfection  des 
choses  de  ceste  masse  terrestre.  Et  ie 
proteste  que  ie  n’ay  rien  fait,  ny  pour 
desplaire,  ny  pour  paroistre  plus  ha- 

i  Là  se  termine  le  livre  dans  l’édition  de 
ISSSetdans  toutes  celles  qui  ont  suivi  depuis. 
Mais  en  1579,  Paré  complétait  son  œuvre 
par  une  sorte  d’épilogue  ,  où  il  se  montrait 
tout  entier,  modeste,  mais  confiant  en  sa 
force,  amoureux  de  la  gloire,  non  seulement 
pour  lui-même  ,  mais  pour  son  pays  ;  animé 
surtout  du  désir  d’être  utile,  et  rendant  à 
Dieu  un  pieux  hommage  des  talents  qu’il  en 
avait  reçus.  La  traduction  latine  faite  sur 
cette  édition  de  1579  n’avait  gardé  de  ce 
morceau  que  les  lignes  suivantes,  où  l’on  ne 
reconnaît  pas  même  la  pensée  de  Paré. 

Atque  imrnensi  hujtis  nosin  laboris  hœc 
melajiœc  pet-  Dei  graliarn  sit  requies,cui  soli 
oplirno  tnaxirno,  immorlali,  et  mitisibili  honor 
et  gloria  in  scecula  sœculomrn.  Amen. 

Pourquoi  cet  épilogue  fut-il  retranché 
en  1585?  Probablement  parce  que  la  Collec¬ 
tion  ne  finissait  plus  en  cet  endroit ,  se 
trouvant  alongée  et  complétée  par  la  grande 
Apologie.  Mais  comme  le  vrai  Canon  scienti¬ 
fique  de  notre  auteur  se  termine  avec  le  livre 
des  Rapports  ,  je  n’ai  pas  voulu  dérober  au 
texte  un  des  morceaux  les  plus  remarqua¬ 
bles  de  pensée  et  de  style  qui  soient  sortis 
de  la  f)lume  d’A.  Paré. 


bile  que  les  autres  :  seulement  à  fin 
que  la  connoissauce  des  choses  que 
Dieu  m’a  donnée  ne  demouiast  en- 
seuelie,  et  que  ce  thresor  peust  profi¬ 
ter  et  h  ceux  qui  ores  viuent  et  à  ia 
postérité  ;  croyant  que  si  i’eusse  teu  et 
supprimé  cecy,  mon  nom  eust  plus 
mérité  de  blasme  que  de  los  ‘ ,  puis¬ 
que  rousse  enuié  le  salut  à  nos  ne- 
ueux  ,  et  dénié  aux  suruiuans  ce  de 
quoy  l’cxperience  m’a  fait  largesse. 
D’autant  que  nous  ne  sommes  nés 
pour  nous  seuls ,  ains  pour  profiter 
aux  autres ,  et  que  la  raison  veut 
qu’on  connoisse  à  l’auenir  que  nous 
auons  esté  quelqucsfois,  en  laissant  à 
la  postérité  vne  viue  mémoire  de  nos- 
t  re  estre  et  de  nbstre  diligence.  Au  sur¬ 
plus,  si  i’ay  fait  quelque  faute  ,  ou  dit 
des  choses  mal  séantes  ou  desplaisan¬ 
tes  (  comme  il  est  impossible  de  com¬ 
plaire  à  chacun  ;  on  me  fera  vn  singu¬ 
lier  bien,  plaisir  et  faueurde  marquer 
le  lieu  de  ma  faute,  et  m’en  informer 
chrestiennement,et  sans  vser  d’inuec- 
tiues  et  parolles  médisantes ,  et  m’ai¬ 
der  des  raisons  qui  seront  à  leur  cen¬ 
sure  ;  d’autant  que  tout  vieil  que  ie 
suis ,  encor  veux-ie  imiter  Socrate  et 
les  autres  anciens  philosophes ,  et  ap¬ 
prendre  l’amour,  quoique  i’aye  (com¬ 
me  l’on  dit)  vn  pied  dedans  la  fosse.  Et 
ie  proteste  à  foy  d’homme  de  bien  de 
leur  en  sçauoir  bon  gré ,  leur  en  ren¬ 
dre  grâces ,  et  de  corriger  ma  faute , 
si  auec  raison  ils  me  monstrent  que 
ie  ne  la  puisse  defendre  ,  sans  que  ie 
m’opiuiastre  ni  aheurte  en  mes  seuls 
aduis ,  ou  que  ie  sois  vn  présomp¬ 
tueux  louangeur  de  ce  que  i’entens 
ou  de  ce  que  ie  sçay  faire.  A  tant  ie 
mettray  fin  ,  suppliant  Dieu  qu’il 
luy  plaise  adoucir  le  cœur  de  ceux 
qui  me  portent  haine ,  et  les  réduire 

*  Qm  de  los,  qu«  de  louange. 


t)Ë  LA  fAÇOS  ü’ëMBAVMER  LES*  CORK  MORTS-  676 


à  faire  comme  moy ,  et  à  publier  ce 
qu’ils  sçauent  à  la  gloire  de  sa  diuine 
Maiesté,  et  profit  des  FrânÇois  et  hoiï- 
neur  de  la  ‘France  :  laquelle  sera  de 
tant  plus  illustrée  parmy  les  nations 
eslranges  qu’il  y  aura  de  sçauans  es- 
criuains  nés ,  nourris ,  et  instruits  en 
icelle ,  et  que  les  eslrangers  auront 


de  moyen  de  puiser  le  sçauoir  et  F  ex¬ 
périence  és  escoles  et  Vniuersités  de 
ce  royaume.  Prie  aussi  ceste  diuine 
bonté  qu’il  luy  plaise  dresser  nos  ac¬ 
tions  selon  sa  sainte  volonté ,  et  me 
faire  la  grâce  qu’elle  ait  mon  seruice 
pour  agréable. 


APOLOGIE,  ET  TRAITÉ 

CONTENANT 

LES  VOYAGES  FAITS  EN  DIVERS  LIEVX 

PAR  AMBROISE  PARÉ ,  DE  LAVAL , 

CONSEILLER  ET  PREMIER  CHIRVRGIEN  DV  ROY. 


Véritablement  ie  n’ensse  mis  la 
main  à  la  plume  pour  escrire  de  telle 
maniéré  ,  n’eust  esté  que  quelqu’vn 
m’a  taxé  et  iniurié  impudemment,  et 
mesprisé  par  haine  et  affection  parti¬ 
culière  plus  que  de  bon  zele  qu’il 
deuoit  auoir  au  public ,  de  ma  ma¬ 
niéré  de  lier  les  veines  et  arteres ,  es- 
criuant  ce  qui  s’ensuit  : 

*  Voici,  comme  il  a  été  dit  dans  mon  In¬ 
troduction  ,  le  dernier  opuscule  publié  par 
Paré  de  son  vivant.  Il  parut  dans  la  qua¬ 
trième  édition  des  œuvres  complètes,  en  1 685; 
et  la  daie  de  quelques  observations  qu’on 
trouvera  rapportées  plus  bas  (pages  C81  et 
suiv.  )  fait  voir  qu’il  n’a  pu  être  écrit  avant 
l’année  1584.  Le  livre  de  Gourmelen,  auquel 
Paré  répond ,  avait  paru  en  1580  sous  ce  ti¬ 
tre  ,  qui  en  explique  assez  l’esprit  ;  Stephani 
Goiirmeleni  Ctiriosoliiœ  ParUiensis  medici 
Chimrgicœ  artis  ,  ex  Hippocraüs  et  aliorum 
velerum  Medicorum  decreiis,  ad  rationis  nor- 
mam  redaclœ  Libri  III.  C’était  l’adoralion 
des  doctrines  hippocratiques  et  galéniques 
poussée  jusqu’à  l’absurde;  c’était  le  mauvais 
côté  de  l’école  représentée  parParé.et  l’écueil 
où  elle  devait  périr.  Aussi  Paré ,  qui,  comme 


Malè  igîtur  et  nîmîum  arroganter, 
inconsultus  et  temerarius  quidam ,  va- 
sorum  ^tionem  post  emortui  memiri 
resectionem,  à  veteribus  omnibus  pluri- 
müm  commendatam ,  et  semper  proba- 
tam,  (lamnare  ausus  est  :  nouum  quem- 
dam  deligandi  vasa  modum ,  contra 
veteres  omnes  medicos  sine  ratione,  sine 
experientia  et  iudicio ,  docere  cupiens, 

tous  les  hommes  vraiment  éminents ,  tout 
en  résumant  en  lui  l’esprit  philosophique  de 
son  époque,  le  sentait  trop  étroit  pour  son 
génie,  et  pressentait  l’époque  à  venir,  Paré 
se  roiditcontre cette  servilité  aveugle  ;  après 
avoir  vengé  sa  propre  doctrine,  il  attaque  cer¬ 
taines  des  doctrines  anciennes  reproduites 
par  son  adversaire  ;  il  critique,  il  condamne 
ces  puissantes  autorités,  Paul  d’Egine,  Celse, 
et  jusqu’à  Hippocrate  même;  il  donne  enfin 
aux  chirurgiens  du  xvi'  siècle  l’exemple 
d’une  critique  aussi  large  et  aussi  hardie  que 
l’époque  pouvait  peut-être  la  comporter.  J’ai 
dit  dans  mon  Introduction  que  sans  doute 
Paré  avait  eu  communication  de  la  traduc¬ 
tion  de  Courtin.  Il  paraît  d’après  une  indi¬ 
cation  de  Du  Verdier,  rapportée  par  Haller, 
que  cette  traduction  avait  paru  la  môme 


APOLOGIE  ET  VOYAGES. 


nec  anîmaduertit  maiora  multô  peri- 
cula  ex  ipsa  noua  vasorum  deligatione 
(  quam  acu  partem  sanam  profundè 
tranafigendo  administrari  mit  )  im~ 
minere ,  quam  ex  ipsa  vstione  :  Nam  si 
acu  neruosam  aliquam  partem,  vel  ner- 
uum  ipsum  pupugerit ,  dum  ita  nouo  et 
inusitato  modo  venam  absurde  conatur 
constringere  ,  noua  inflammatio  neces- 
sario  consequetur,  à  qua  conuulsio,  et 
à  conuulsione  cita  mors.  Quorum  symp- 
tomatum  metuGalenus  non  ante  trans- 
uersa  ruinera  suere  audebat{quod  tamen 
minus  erat  periculosum)  quàmmuscu- 
lorum  àTTovtvot^atiç  denudasset.Adde  quod 
forcipes ,  quibus  post  sectionem  iterum 
carnem  dilacerat ,  cùm  rétracta  versus 
originem  vasa  se  passe. extrahere  som¬ 
mât  ,  non  minorem  afferunt  dolorem , 
quàm  ignita  ferramenta  admota.  Quod 
si  quis  nouum  hune  laniatum  exper- 
tus  incolumis  euaserit.,  is  Deo  optimo 
maiimo,  cuius  beneficentia,  crudelitate 
ista  et  cartnficina  liberatus  est ,  maxi¬ 
mas  gratia^  et  habere ,  et  semper  agere 
debet  K 

Qui  est  à  dire  : 

«  Mal  doneques  et  trop  arrogam- 
ment,  indiscretteoient ,  et  temerai- 

année  que  l’ouvrage  même ,  c’est-à-dire  en 
1 580  ;  et  on  verra  que  Paré  la  cite  lui-même, 
à  la  page  686,  sous  le  litre  que  Courtin  lui 
avait  donnée,  le  Guide  des  Chirurgiens. 

Du  reste  ,  cette  Apologie  comprend  deux 
parties  bien  distinctes,  la  polémique  et  les 
voyages.  Paré  n’ayant  pu  en  revoir  une 
seconde  édition  ,  nous  y  trouverons  peu  de 
variantes  ;  par  la  nature  même  du  sujet,  cef 
opuscule  se  refusait  à  des  annotations  bien 
nombreuses;  et  la  plupart  des  notes  qui  s’y 
rattachent  appartiennent  à  Paré  lui-même. 

‘  Ce  texte  est  copié  de  l’ouvrage  de  Gour- 
melen ,  page  124  et  suivantes.  J’ai  seule¬ 
ment  rétabli  deux  ou  trois  mots  omis  sans 
doute  par  oubli ,  car  ils  n’ajoutent  ni  ne  re¬ 
tranchent  rien  au  sens. 


677 

rement,  vn  certain  personnage  a 
voulu  condamner  et  blasmer  la  brus- 
lure  des  vaisseaux  après  l’amputa¬ 
tion  d’vn  membre  corrompu  et  pour¬ 
ri  ,  fort  loüée  et  recommandée  des 
anciens  ,  et  tousiours  approuuée  : 
nous  voulant  et  désirant  monstrer  et 
enseigner  sans  raison,  sans  iugement 
et  expérience,  vne  nouuelle  maniéré 
de  lier  les  vaisseaux ,  contre  l’opinion 
de  tous  les  anciens  Médecins  :  ne  s’es¬ 
tant  pas  donné  de  garde  ny  aduisé , 
qu’il  suruient  beaucoup  plus  grands 
périls  et  accidens  de  ceste  nouuelle 
façon  de  lier  les  vaisseaux  (  laquelle  il 
veut  estre  faite  d’ vne  aiguille  perçant 
profondément  la  partie  saine  )  que  de 
la  bruslure  et  vstion  desdits  vais¬ 
seaux.  Car  si  par  l’aiguille  on  pique 
quelque  partie  nerueuse,  voire  mesme 
le  nerf  ,  quand  il  veut  par  ce  moyen 
nouueau  et  inusité  ,  lourdement  con¬ 
traindre  la  veine  en  la  liant ,  néces¬ 
sairement  il  s’ensuiura  vne  nouuelle 
inflammation ,  de  l’inflammation  la 
conuulsion,  de  la  conuulsion  la  mort  ; 
pour  crainte  desquels  accidens,  Ga¬ 
lien  n’a  iamais  osé  coudre  les  playes 
transuersales  (  ce  que  toutesfois  estoit 
moins  dangereux)  deuant  que  des- 
couurir  les  aponeuroses  des  muscles, 
loint  que  les  pincettes  auec lesquelles, 
après  la  section,  de  rechef  il  deschire 
la  chair,  pendant  qu’il  pense  pouuoir 
tirer  dehors  les  vaisseaux  qui  se  sont 
retirés  vers  leur  origine,  n’apportent 
moins  de  douleur  que  les  fers  ardens. 
Et  si  quelqu’vn  ayant  expérimenté 
ceste  façon  nouuelle  de  cruauté ,  en  a 
esté  guari,  celuy-là  doit  rendre  grâces 
à  Dieu  à  tout  iamais,  par  la  bonté  du¬ 
quel  il  est  reschappé  de  telle  cruauté, 
sentant  plus  son  bourreau  que  Chirur¬ 
gien  méthodique  C  » 


Cette  traduction  n’est  pas  de  Courtin, 


APOLOGIE 


678 

O  quels  beaux  mots  !  pour  vu 
homme  ancien  qui  se  dit  sage ,  et 
Docteur.  Il  ne  se  souuient  pas  que  sa 
barbe  blanche  l’admoneste  de  ne  dire 
aucune  chose  indigne  de  son  aage,  et 
qu’il  doit  despouiller  et  chasser  hors 
de  soy  toute  enuie  et  rancune  conceuë 
contre  son  voisin. 

Or  maintenant  ie  luy  veux  prouuer 
par  authorité ,  raison  et  expérience , 
que  lesdites  veines  et  arteres  se  doi- 
uent  lier. 

lequel  a  rendu  moins  fidèlement  Je  texte , 
en  atténuant  quelque  peu  la  grossièreté  des 
expressions  de  Gourmelen.  Mais  il  est  vrai¬ 
ment  remarquable  que  ni  Gourmelen  ni 
Courtin  n’aient  connu  au  juste  la  véritable 
méthode  de  Paré,  et  que  celui-ci  n’ait  pas 
relevé  dans  son  adversaire  ce  défaut  de  con¬ 
science  et  de  bonne  foi.  On  peut  voir  en  effet 
aux  chapitres  22  à  24  du  livre  des  Contusions 
(t.  Il,  p.  224  et  suiv.),  que  l’aiguille  n’était 
entre  les  mains  de  Paré  qu’une  ressource 
extrême,  et  même  qu’il  ne  l’employait 
pas  comme  l’indiquent  les  deux  docteurs 
régents  de  la  Faculté.  Mais  les  chirurgiens  de 
Paris  même ,  qui  auraient  dû  me  prester  la 
main  ,  dit  le  bon  Paré ,  qui  auraient  dû  em¬ 
brasser  avec  ardeur  cette  magnifique  décou¬ 
verte  ,  les  chirurgiens  la  laissèrent  perdre  et 
mettre  en  oubli  ;  et  voici  ce  que  ces  vaillants 
opérateurs  lui  avaient  substitué ,  sans  atten¬ 
dre  pour  ainsi  dire  que  leur  maître  à  tous 
eût  fermé  les  yeux. 

Dans  une  annotation  qui  suit  l’article  de 
Gourmelen  ,  Courtin  écrit  : 

?  ...  La  question  est  plus  grande  de  la  fa¬ 
çon  d’arrester  le  sang  à  l’amputation  des 
membres.  L’autheur  en  veut  à  Maistre  Am¬ 
broise  Paré, qui  a  esté  inuenteur  de  la  liaison 
des  vaisseaux  faicte  par  vn  fil  double ,  et 
tors,  tiré  d’vne  aiguille  qu’on  met  et  fiche 
au-dessous  du  vaisseau ,  et  va  d’outre  en  ou¬ 
tre  ,  ou  d’vn  costé  à  l’autre ,  à  fin  que  le  fil 
se  puisse  lier  des  deu^  costex.  On  met  entre 
le  fil  et  la  peau  vn  peu  de  linge  ,  mais  la  dif¬ 
ficulté  est  que  l’aiguille  peut  rencontrer 
quelque  nerf,  lequel  piqué  fera  les  accidens 
rapportez  par  l’Autheur  :  à  quoy  on  peut 


AUTHORITÉS. 

Quant  aux  authorit6s,ie  viendray  à 
celle  de  ce  grand  personnage  Hippo¬ 
crates,  lequel  veut  et  commande  gua- 
rir  les  fistules  du  siégé  par  ligature , 
tant  pour  absumer  la  callosité ,  que 
pour  euiler  l’hemorrhagie  ‘. 

Galien  en  sa  Méthode^,  parlant  du 
flux  de  sang  fait  par  cause  externe , 
duquel  voicy  les  paroles  ;  c’est  (dit-il) 
le  plus  seur  de  lier  la  racine  du  vais¬ 
seau,  laquelle  i’entens  estre  celle  qui 
est  plus  prés  ou  du  foye ,  ou  du 
cœur. 

Auicenne  comm  ande  de  lier  la  veine 
et  l’artere,  après  l’auoir  descouuerte 
vers  son  origine  *. 

Guy  de  Cauliac  parlant  de  la  playe 
des  veines  et  arteres,  enioint  au  Chi¬ 
rurgien  de  faire  la  ligature  du  vais¬ 
seau 

Monsieur  Hollier  parlant  du  flux  de 
sang,  commande  expressément  de  lier 
les  vaisseaux  5.’ 

respondre  que  les  nerfs  sont  à  demy  relirez, 
et  glissent  fort  aisément  sous  la  pointe  de 
l’aiguille  ,  bref  on  n'en  a  point  veu  arriuer 
d’ accidens,  depuis  que  ceste  practique  est 
en  vsage.  Il  est  vray  que  maintenant  on  a 
trouué  vn  autre  expédient ,  de  ielter  de  la 
poudre  de  bol  armene  dessus  les  vaisseanx 
et  toute  la  chair  de  la  partie  couppee,  puis 
auec  plumaceaux,  estouppes,  couuertes  en- 
cores  d’astringens,  auec  le  repos,  et  le  ré¬ 
gime,  on  garantit  le  malade  de  perte  de  sang 
et  de  l’application  rigoureuse  de  fer  chaud, 
ou  de  la  piqueufe  dangereuse  des  nerfs.  » 

'Voyezle  Guide  des  Chirurgiens,  édition  de 
1619,  p.  162. 

1  Au  liu.  des  Fistules  du  siégé.  >t-*  A,  P, 

*  Au  chap.  Z.  liu.  5.  —  A.  P. 

^  Liu.  4.  fueil.  4.  tract.  2.  chap.  17.— A.  P. 

4  Traité  3.  doct.  1.  chap.  3.  —  A.  P. 

«  Au  liu.  3.  chap.  6.  de  sa  Matière  de  Chi¬ 
rurgie.  —  A.  P. 


ET  VOYAGES. 


Calmethée  au  chap.  den  Playes  des 
veines  et  artères,  traite  \n  tres-seur 
moyen  d’arrester  le  flux  de  sang  par 
ligature  du  vaisseau  K 
Celse,  duquel  ledit  Médecin  a  la  plus 
grand’iifpart  rapsodié  son  Uure,  re¬ 
commande  expressément  de  lier  les 
vaisseaux  au  flux  de  sang  suruenant 
aux  playes,  comme  remede  tres-facile 
et  plusseur*. 

Vesalius  en  sa  Chirurgie ,  veut  que 
l’on  lie  les  vaisseaux  au  flux  de 
sang 

lean  de  Vigo  traitant  de  l’hemor- 
rhagie  aux  playes  recentes,  com¬ 
mande  de  lier  la  veine  et  l’artere  \ 

Tagaut  traitant  les  moyens  d’ar¬ 
rester  vn  flux  de  sang,  commande  de 
pinser  la  veine  ou  l’artere  auec  vn 
bec  de  Corbin  ou  de  Perroquet,  puis 
la  lier  auec  vn  fil  assez  fort 

Pierre  de  Argilata  de  Boulogne, 
discourant  du  flux  de  sang  et  de  la 
maniéré  de  l’arrester,  donne  vn  qua¬ 
trième  moyen  expressément,  qui  se 
fait  par  ligature  du  vaisseau 

loannes  Andréas  à  Cruce  Vénitien, 
fait  mention  d’vne  méthode  d’arrester 
le  flux  de  sang  par  ligature  du  vais¬ 
seau 

D’Alechamp  commande  de  lier  les 
veines  et  arteres  *. 

Or  voila,mon  petit  bon  homme,  des 
authorités  qui  vous  commandent  lier 
les  vaisseaux.  Quant  aux  raisons ,  je 
les  veux  débattre. 

L’hemorrhagie  n’est  pas  tant  à 

1  Uu.  des  Playes,  chap,  12.  —  A.  P. 

*  chap.  26.  du  liu.  —  A.  P. 

*  chap,  4.  du  3.  Hu.  —  A.  P. 

<  .i4u  liu.  i .  iraicl.  1 .  chap,  2.  — A.  P. 

5  Au  chap.  12.  du  2.  liu.  —  A.  P. 

s  Au  traiié  4.  chap.  11.  liu.  1.  —  A.  P. 

f  Au  liv.  1.  seci.  1.  chap.  16.  p.  5.  —  A.  P. 

»  Sur  le  88.  chap,  du  liu,  de  Pqul.  —,  A.  P. 


®79 

craindre  (dites  vous  *)  à  la  section  de 
l’epiploon,  à  celle  des  varices,  et  in¬ 
cision  des  arteres  temporales,  qu’a- 
prés  l’amputation  d’vn  membre.  Or 
vous  mesmes  commandez,  qu'en  cou¬ 
pant  les  varices,  l’on  arreste  le  flux  de 
sang  par  ligature  du  vaisseau.  Le 
mesme  vous  commandez ,  parlant  de 
la  suture  auec  l’amputation  et  section 
de  la  coëffe  altérée  de  Pair  ambient: 
voicy  vos  paroles  2  :  Après  cela,  il  faut 
aduiser  à  la  coëffe,  car  s’il  y  en  a  quelr 
que  partie  gastée ,  pourrie,  corrom¬ 
pue,  ternie  et  noirastre  ‘.premièrement 
l’ayant  liée,  de  peur  du  flux  de  sang , 
et  le  reste.  Vous  ne  dites  pas  après 
Vauoir  cautérisée:  mais  à  dire  vray, 
vous  auiez  les  yeux  fermés  et  tous 
les  sens  hébétés,  lors  que  vous  auez 
voulu  mesdire  d’vne  si  seure  mé¬ 
thode  ,  et  que  ce  n’est  que  par  ire  et 
mauuaise  volonté  :  car  il  n'y  a  rien 
qui  aye  plus  de  puissance  de  chasser 
la  raison  de  son  siégé ,  que  la  cholere 
et  l’ire  :  ioint  que,  comme  l’on  vient  à 
brusler  la  partie  amputée,  le  plussou- 
uent  quand  l’eschare  vient  à  cheoir, 
il  suruient  vn  nouueau  flux  de  sang, 
comme  i’ay  apperceu  plusieurs  fois, 
n’ayant  encore  esté  inspiré  de  Dieu 
d’vn  si  seur  moyen,  lorsque  i’vsois  du 
feu.  Que  si  vous  n’auez  trouué  ou  en¬ 
tendu  ceste  méthode  aux  liu  res  des 
anciens,  vous  ne  la  deuez  ainsi  fouler 
aux  pieds,  et  parler  sinistrement  d’vn 
qui  toute  sa  vie  a  préféré  le  profit  du 
public  au  sien  particulier.  N’est-il 
pas  plus  que  raisonnable  de  se  fonder 
au  dire  d’Hippocrates ,  de  l’authorité 
duquel  vous  vous  seruez  * ,  qui  est 

1  Au  liu.  2.  chap.  de  l’yJngeologie,  fueil. 
176.  — A.  P. 

2  Ad  liu-  t ,  cliap.  de  la  Suture.  —  A.  P. 

s  Au  chap.  de  la  Breuslpure,  liu.  2.  fueil. 
266.  —  A.  P. 


APOLOGIE 


680 

telle  :  que  ce  que  le  médicament  ne 
guarit  point ,  le  fer  le  fait,  et  ce  que  le 
fer  n’amende  point ,  le  feu  l  extermine. 
C’est  vne  chose  qui  ne  sent  point  son 
Chrestien,  de  brusler  tout  du  premier 
coup  sans  s’arrester  aux  plus  doux 
remedes ,  comme  vous  mesmes  escri- 
uez  1,  parlant  des  conditions  requises 
au  Chirurgien  pour  bien  guarir,  le¬ 
quel  passage  vous  empruntez  d’ail¬ 
leurs  2  :  car  ce  qui  se  peut  faire  dou¬ 
cement  sans  feu ,  est  bien  plus  re¬ 
commandable  qu’autrement.  N’est-ce 
pas  vne  chose  que  toute  l’Eschole 
tient  comme  vn  axiome,  qu’il  faut 
tousiours  commencer  aux  plus  aisés 
remedes?  et  s’ils  ne  sont  suffisans,  l’on 
viendra  aux  extremes  ,  suiuant  la 
doctrine  d’Hippocrates. Galien  recom¬ 
mande  tant,  au  lieu  preallegué  ^ ,  de 
traiter  les  malades  tost ,  seurement, 
et  auec  le  moins  de  douleur  que  faire 
se  pourra. 

VENONS  MAINTENANT  A  LA  RAISON. 

Or  est-il  qu’on  ne  sçauroit  appliquer 
les  fers  ardens  qu’auec  vne  extreme 
et  vehemente  douleur,  en  vne  partie 
sensible,  exempte  de  gangrené,  qui 
seroit  cause  d’vneconuulsion,  fiéure, 
voire  souuent  la  mort.  Et  d’auantage 
seroient  apres  les  pauures  patiens 
long  temps  sans  estre  guaris,  à  raison 
que  par  l’action  du  feu  il  se  fait  es¬ 
chare  qui  se  fait  delà  chair suiette, 
laquelle  estant  tombée,  il  faut  que 
Nature  régénéré  vne  autre  chair  nou- 
uelle  au  lieu  de  celle  qui  aura  esté 
bruslée ,  ioiut  que  l’os  demeure  nud 
et  descouuert,  et  par  ce  moyen  y  reste 
le  plus  souuent  vn  vlcere  incurable. 

‘  Au  liu.  l.fueil.  5. 

s  Galien,  au  liu.  4.  de  la  Melhode  et  au  liu. 
de  Hippocrates,  Aph.  6.  liu.  1  .—A.  P. 

3  Au  liu.  de  Ane  panw,  —  A.  P. 


Encoie  y  a-il  vn  autre  accident  : 
c’est  que  souuent  l’eschare  tombée , 
la  chair  n’estant  bien  regenerée ,  le 
sang  en  sort  autant  ouplusiiu’aupa' 
rauant  :  et  quand  on  les  aura  liés ,  la 
ligature  ne  tombera  que  première¬ 
ment  la  chair  no  les  aye  recouuerts. 
Ce  qui  est  prouué  par  Galien  disant 
que  les  medicamens  escharotiques 
qui  engendrent  croustes,  toutesfoiset 
quantes  qu’ils  tombent ,  délaissent  la 
partie  plus  nue  que  sa  naturelle  ha¬ 
bitude  ne  requiert.  Caria  génération 
de  crouste  prouient  des  parties  su- 
iettes,  et  qui  sont  situées  à  l’entour, 
demy  bruslées ,  par  jnaniere  de  dire. 
Parquoy  d’autant  que  la  partie  est 
bruslée,  d’autant  perd-elle  sa  chaleur 
naturelle. 

Or,  dites  vous,  quand  il  est  necessaire 
d’vser  de  medicamens  escharotiques, 
ou  de  ferremens  ardens ,  c'est  quand  le 
flux  de  sang  est  concité  par  érosion ,  ou 
quelque  gangrené  ou  putréfaction.  Or 
est-il  ainsi  qu’aux  playes  recentes  il 
n’y  a  nulle  gangrené  ni  putréfaction  : 
Ergo,  les  cautères  n’y  doiuent  estre 
appliqués.  Et  lors  que  les  anciens 
ont  commandé  de  mettre  les  fers  ar¬ 
dens  en  la  bouche  des  vaisseaux  ,  ce 
n’a  seulement  esté  pour  arrester  le 
sang,  mais  principalement  pour  cor¬ 
riger  la  malignité  ou  pourriture  gan¬ 
greneuse  qui  pourroit  gaster  les  par¬ 
ties  voisines.  Et  faut  icy  noter  que  si 
i’eusse  conneu  tels  accidens  venir, 
qu’auez  déclaré  en  vostre  liure,  pour 
tirer  et  lier  les  vaisseaux ,  iamais  ie 
n’eusse  esté  trompé  deux  fois  ,  et 
n’eusse  voulu  laisser  à  la  postérité 
par  mes  escrits  telle  maniéré  d’arres- 
ter  le  flux  de  sang  :  mais  ie  l’ay  escrit 
après  l’auoir  veu  faire,  et  fait  plu¬ 
sieurs  fois  auec  heureux  succès.  Voila 

1  Au  6.  de  la  Melhode.  ■—  A.  P. 


ET  VOYAGES. 


C8l 


ce  qui  peut  aduenir  de  vostre  conseil 
inconsidéré,  et  sans  examiner  et  s’ar- 
resler  sur  la  facilité  de  lier  lesdits 
vaisseaux.  Car  voicy  vostre  but  et 
proposition  :  Lier  les  vaisseaux  après 
l’amputation  est  vn  remede  nouueau , 
dites  vous  ,  donc  il  nen  faut  vser: 
c’est  mal  argumenté  pour  vn  Doc¬ 
teur. 

Quant  à  ce  qu’il  faut  (  dites  vous) 
vser  du  feu  après  les  amputations  des 
membres,  pour  consommer  et  tarir  la 
putréfaction  qui  est  commune  aux  gan¬ 
grenés  et  mortifications  :  cela  à  la  vé¬ 
rité  n’a  point  de  lieu,  d’autant  que  la 
pratique  est  d’amputer  tousiours  la 
partie  au  dessus  de  ce  qui  est  mortifié 
et  corrompu ,  comme  escrit  et  com¬ 
mande  Celse  1,  de  faire  l’amputation 
sur  ce  qui  est  sain  ,  plustost  que  de 
laisser  quelque  chose  du  corrompu, 
le  vous  demanderois  fort  volontiers , 
si  lors  qu’vne  veine  est  coupée  à  Ira- 
uers,  et  qu’elle  s’est  retirée  fort  auant 
vers  son  principe,  vous  ne  feriez  point 
de  conscience  de  brusler  iusques  à 
ce  qu’eussiez  trouué  l’orifice  de  la 
veine  ou  artere ,  et  s’il  n’est  pas  plus 
facile  auec  vn  seul  bec  de  Corbin  de 
pincer  et  tirer  le  vaisseau  et  le  lier? 
En  quoy  vous  monstrez  apertement 
vostre  ignorance  2 ,  et  qu’auez  vostre 
ame  saisie  d’vne  grande  animosité  et 
cholere.  Nous  voyons  pratiquer  tous 
les  iours,auec  heureux  succès,  ladite 
ligature  du  vaisseau  après  l’amputa¬ 
tion  d’vne  partie  :  ce  que  ie  veux 
maintenant  vérifier  par  expériences 
et  histoires  de  ceux  à  qui  ladite  li¬ 
gature  a  esté  faite ,  et  personnes  vi- 
uantes. 

1  Au  liu.  5.  chap.  26.  ei  au  liu.  7.  chap  33. 

—  A.  P. 

*  Au  chap,  de  la  Coupeure ,  liu,  2,  — A.  P. 


EXPERIENCE. 

Histoire  notable,  —  Operation  faite  par 
Charbonnel, 

Le  seizième  iour  de  luin  mil  cinq 
cens  quatre  vingts  et  deux,  en  la 
presence  de  maistre  lean  Liehauld, 
Docteur  en  la  faculté  de  Medecine 
de  Paris,  Claude  Viard,  Chirurgien 
iiiré ,  maistre  Malhurin  Huron ,  Chi¬ 
rurgien  de  monsieur  de  Souuray,  et 
moy,  lean  Charbonnel ,  maistre  Bar¬ 
bier  Chirurgien  à  Paris,  bien  en¬ 
tendu  à  la  théorique  et  pratique  de 
Chirurgie ,  a  fort  dextrement  amputé 
la  iamb^isenestre  à  vne  femme,  tra- 
uaillée  il  y  auoit  plus  de  trois  ans 
d’vne  extreme  douleur,  à  cause  d’vne 
grande  carie  qui  estoit  aux  os  astra- 
gal,  cyboïde,  grand  et  petit  focile  , 
et  par  toutes  les  parties  nerueuses, 
d’où  elle  senloit  des  douleurs  intolé¬ 
rables  iour  et  nuit.  Elle  s’appelle 
Marie  d’Hostel,  aagée  de  vingthuit 
ans  ou  enuiron,  femme  de  Pierre 
Herué,  Escuyer  de  cuisine  de  ma¬ 
dame  la  Duchesse  d’Vzés ,  demeurant 
rue  des  Verbois,  par  delà  sainct  Mar¬ 
tin  des  champs,  à  l’enseigne  du  chef 
sainct  lean  ;  à  laquelle  leditCharbon- 
nel  coupa  ladite  ïambe  à  quatre 
grands  doigts  au  dessous  du  genoüil  : 
et  après  qu’il  eust  incisé  la  chair  et 
scié  l’os ,  il  pinça  auec  le  bec  de  cor- 
bia  la  veine,  puis  l’artere,  puis  les 
lia  :  dont  ie  proteste  à  Dieu  (  comme 
la  compagnie  qui  y  estoit  le  pourra 
tesmoigner  )  qu’en  toute  l’operation 
qui  fut  soudainement  faite ,  il  n’y  eut 
pas  vne  pallette  de  sang  perdue  ;  et 
commanday  audit  Charbonnel  d’en 
laisser  couler  d’auantage,  suiuant 
le  precepte  d’Hippocrates,  qu’il  est 
bon  en  toute  playe  et  vlcere,  mesme 
inueterée,  de  laisser  fluer  le  sang»  : 

»  En  la  sent,  7.  du  liu,  des  Elceres, — .V.  P, 


682  APor-OGiit 


par  ce  moyen  la  partie  est  moins  su¬ 
jette  à  inflammation.  Ledit  Charhon- 
nel  continua  de  la  traiter  et  médica¬ 
menter,  laquelle  a  esté  guarie  en 
deux  mois ,  sans  que  iamais  il  soit 
suruenu  aucune  hémorrhagie  ou  flux 
de  sang,  ny  autre  mauuais  accident  : 
et  vous  est  allée  voir  en  vostre  logis, 
estant  toute  guarie. 

Autre  histoire, —  Operation  faite  par  F'iard. 

Autre  histoire  de  recente  mémoire, 
d’vn  chantre  de  Nostre  Dame,  nommé 
monsieur  Poulain  ,  qui  se  rompit  les 
deux  os  delaiambe,  qui  estoient  bri¬ 
sés  en  plusieurs  esclats,  de  façon 
qu’il  n’y  auoit  nulle  esperance  de  le 
guarir.  Pour  obuier  à  la  gangrené  et 
mortification  ,  et  par  conséquent  à  la 
mort ,  monsieur  Helin ,  Docteur  Re- 
gent  en  la  faculté  de  Medecine, 
homme  d’honneur  et  de  bon  sçauoir, 
Claude  Viard  et  Simon  Pietre,  Chi¬ 
rurgiens  iurés  àDaris,  hommes  bien 
exercés  en  Chirurgie,  et  Balthasar 
de  Lestre  et  Leonard  de  Leschenal , 
maistres  Barbiers  Chirurgiens,  aussi 
bien  expérimentés  és  operations  de 
Chirurgie,  fusmes  tous  d’auis,  pour 
obuier  aux  accidens prédits,  luy  faire 
entière  amputation  de  la  iambe,  vn 
peu  au  dessus  des  os  rompus  et  es- 
clattés ,  et  des  nerfs  ,  veines  ,  et  artè¬ 
res  dilacerées.  L’operation  fut  dextre- 
ment  faite  par  ledit  Viard ,  et  le  sang 
estanché  par  la  ligature  des  vaisseaux, 
en  la  presence  dudit  Helin,  et  de 
monsieur  Tonsard ,  grand  vicaire  de 
Nostre  Dame  :  et  fut  continuellement 
pensé  par  ledit  Leschenal ,  et  ie  l’al- 
lois  voir  par  fois.  Il  fut  heureusement 
guari  sans  l’application  des  fers  ar- 
dens,  et  chemine  gaillard  sur  vne 
iambe  de  bois. 


Autre  histoire. 

L’an  mil  cinq  cens  quatre  vingts  et 
trois,  le  dixiéme  iour  de  Décembre, 
Toussaint  Po.sson ,  natif  de  Roinuille , 
à  présent  demeurant  à  Beauuoisprés 
Dourdan ,  auoit  la  iambe  toute  vlce- 
rée  et  tous  les  os  carieux  et  pourris , 
me  pria  que  pour  l’honneur  de  Dieu 
ie  luy  eusse  à  couper  la  iambe,  pour 
la  grande  douleur  qu’il  ne  pouuoit 
plus  tolerer.  Après  estre  préparé ,  luy 
fis  couper  la  iambe  à  quatre  doigts 
prés  la  rotule  du  genoüil ,  par  Daniel 
Poullet ,  l’vn  de  mes  seruiteurs ,  pour 
l’apprendre  et  enhardir  à  faire  telle 
œuure,làoù  il  lia  bien  dextrement 
les  vaisseaux  pour  estancher  le  sang, 
sans  application  de  fers  ardens  ,  en  la 
presence  de  lacques  Guillemeau,  Chi¬ 
rurgien  ordinaire  du  Roy,  et  lean 
Charbonnel  ,  maistre  Barbier  Chi¬ 
rurgien  à  Paris.  Et  pendant  la  cure, 
a  esté  veu  et  visité  par  messieurs  Laf- 
filé  et  Courlin ,  Docteurs  regens  en 
la  faculté  de  Medecine  à  Paris.  La¬ 
dite  operation  fut  faite  en  la  maison 
de  lean  Gohel  hostelier,  demeurant 
à  l’enseigne  du  Chenal  blanc  en 
Gréue. 

le  ne  A'^eux  oublier  icy  à  dire  que 
madame  la  Princesse  de  Montpensier, 
sçaehant  qu’il  estoit  panure,  et  qu’il 
estoit  entre  mes  mains,  luy  donna  de 
l’argent  pour  payer  sa  chambre  et 
sa  nourriture.  Il  a  esté  bien  guari, 
Dieu  mercy,  et  s’en  est  retourné  en 
sa  maison  auec  vne  iambe  de  bois. 

Autre  histoire. ■^Gangrené  suruenue  de  cause 
antécédente, 

Vne  gangrené  suruint  à  la  moitié 
de  la  iambe ,  à  vn  nommé  Nicolas 
Mesnager,  aagé  de  soixante  et  seize 
ans,  demeurant  rue  sainct  Honoré,  à 
l’enseigne  de  la  Hotte,  laquelle  luy 


ET  VOYAGES. 


suruint  de  cause  interne,  et  fut-on 
contraint  de  luy  amputer  la  iambe, 
pour  luy  sauuer  la  vie.  Et  fut  am¬ 
putée  par  Antoine  Renaud,  mais- 
tre  Barbier  Chirurgien  à  Paris,  le 
seizième  iour  de  décembre  mil  cinq 
cens  quatre  vingts  et  trois ,  en  la  pré¬ 
sence  de  messieurs  le  Fort  et  la  Noué, 
Chirurgiens  iurés  à  Paris.  Et  le  sang 
fut  estanché  par  la  ligature  des  vais¬ 
seaux  ,  et  est  à  présent  guari ,  et  se 
porte  bien ,  cheminant  auec  vne 
iambe  de  bois. 

Autre  histoire.  —  Operation  faite  par 

Giiillemeau.  \ 

Vn  passeur  d’eau,  au  port  de  Nesle, 
demeurant  prés  monsieur  du  Mas , 
contrerolleur  des  Postes,  nommé 
lean  Boussereau ,  à  qui  vne  harque- 
buse  se  creua  en  la  main,  qui  luy 
brisa  entièrement  les  os,  et  dilacera 
toutes  les  autres  parties,  en  sorte 
qu’il  fust  besoin  et  necessaire  luy 
faire  amputation  de  la  main  deux 
doigts  au  dessus  du  carpe  C  Ce  qui  fut 
fait  par  lacques  Guillemeau ,  à  pré¬ 
sent  Chirurgien  ordinaire  du  Roy, 
qui  demeuroit  pour  lors  auec  moy. 
L’operation  fut  pareillement  faite 
dextrement ,  et  le  sang  estanché  par 
la  ligature  des  vaisseaux,  sans  les 
fers  ardens.  Il  est  encore  à  présent 
viuant. 

Autre  histoire.  —  Operation  faite  par 
l’Autheur. 

Vn  marchand  grossier,  demeurant 
rue  sainctDenys,à  l’enseigne  du  gros 
Tournois,  nommé  le  luge,  lequel 
tomba  sur  la  teste ,  où  il  sp  fit  vne 
playe  prés  le  muscle  temporal ,  où  il 
eust  vne  artere  ouuerte ,  de  laquelle 

1  L’édition  de  t585  dit  seulement  :  luy 
Jaire  amputation  du  bras. 


683 

sortoit  le  sang  fort  impétueusement , 
de  façon  que  les  remedes  communs 
pour  l’estancher  n’y  sçeurent  seruir  : 
i’y  fus  appellé,  où  ie  trouuay  mes¬ 
sieurs  Rasse ,  Cointeret ,  Viard ,  Chi¬ 
rurgiens  iurés  à  Paris,  pour  cstan- 
cher  le  sang  ;  où  promptement  ie  pris 
vne  aiguille  enfilée,  et  luy  liay  l’ar- 
tere ,  et  depuis  ne  saigna ,  et  fut  tost 
guari.  Tesmoin  en  sera  monsieur  Rous¬ 
selet,  n’agueres  Doyen  de  vostre  fa¬ 
culté  ,  qui  le  traitoit  auec  nous. 

,  Autre  histoire. 

Vn  sergent  du  Chastelet,  demeu¬ 
rant  prés  sainct  André  des  Arts ,  qui 
eut  vn  coup  d’espée  à  la  gorge  au 
pré  aux  Clercs,  qui  coupoit  tout  en 
trauers  la  veine  iugulaire  externe , 
subit  qu’il  fut  blessé,  posa  son  mou¬ 
choir  sur  la  playe ,  et  me  vint  trouuer 
en  ma  maison  ;  et  lors  qu’il  osta  son 
mouchoir,  le  sang  iaillissoit  d’vne 
grande  impétuosité.  Suhit  liay  la 
veine  vers  sa  racine  :  par  ce  moyen 
fust  estanché,  et  guarist  grâces  à 
Dieu.  Et  si  on  eust  suiui  vostre  ma¬ 
niéré  d’estancher  le  sang  par  les 
cautères ,  ie  laisse  à  penser  s’il  fust 
guari  ;  ie  crois  qu’il  fust  mort  entre 
les  mains  de  l’operateur. 

Si  ie  voulois  reciter  tous  ceux  aus- 
quelson  a  lié  les  vaisseaux  pour  arres- 
ter  le  sang  ,  lesquels  ont  esté  guaris , 
ie  n’aurois  de  long  temps  fait  :  et  me 
semble  que  voila  assez  d’histoires  al¬ 
léguées,  pour  vous  faire  croire  que  l’on 
estanche  seurement  le  sang  des  veines 
et  arteres,  sans  appliquer  les  cautères 
actuels. 

Du  Bartas. 

Celuy  là  qui  combat  contre  V expérience , 

JS’ est  digne  du  discours  d’vne  haute  science. 

Or,  mon  petit  maistre,  quant  à  ce 
que  me  reprochez  que  ie  n’ay  pas 


APOLOGIE 


684 

escrit  en  mes  OEuures  toutes  les  ope-  | 
rations  de  Chirurgie  que  les  anciens 
escriuent,  i’en  serois  bien  marry  ; 
car  si  ie  l’auois  fait,  à  bon  droit  me 
pourriez  appeller  carnifeæ.  le  les  ay 
laissées,  pource  qu’elles  sont  trop 
cruelles,  et  ay  voulu  ensuiuir  les 
modernes ,  qui  ont  modéré  telle 
cruauté  :  ce  que  toutesfois  auez  suiui 
pas  à  pas ,  comme  il  appert  par  les 
operations  cy  escrites,  extraites  de 
vostre  Liure ,  qu’auez  retirées  çà  et 
là  de  certains  autheurs  anciens,  tel¬ 
les  qui  s’ensuiuent  :  et  lesquelles 
vous  n’auez  iamais  pratiqué  ny  veu. 

Première  operalion. 

Aux  inueterées  fluxions  des  yeux 
et  aux  migraines,  Paul  Æginele 
comme  aussi  Albucasis^, commandent 
de  faire  l’arteriotomie ,  duquel  Ægi- 
nete  voicy  les  paroles  :  Il  faut  mar¬ 
quer  les  arteres  qui  sont  derrière  les 
oreilles  :  puis  les  couper,  en  trenchant 
iusques  à  Vos  ,  et  faire  vne  grande  inci¬ 
sion  de  deux  doigts.  Ce  que  veut  aussi 
Aëce  3 ,  que  l’incision  soit  faite  en 
trauers ,  coupant  ou  incisant  la  lon¬ 
gueur  de  deux  grands  doigts,  ius- 
ques  à  ce  que  l’on  aye  trouué  l’arterc, 
comme  vous  commandez  faire  en 
vostre  Liure  Mais  moy,  me  tenant 
auec  Galien  s,  qui  commande  de  pen¬ 
ser  les  malades  tost,  seurement,  et 
auec  moins  de  douleur  que  faire  se 
pourra ,  renseigne  au  ieune  Chirur¬ 
gien  le  moyen  de  remedier  à  tels 
maux,  en  ouurant  les  arteres  der¬ 
rière  les  oreilles  et  celle  des  temples, 

1  Lia,  6.  chnp.  iel  5.  —  A.  P. 
î  au.  2.  ch.  4.  —  A.  P, 

®  £iu.  3.  chap.  9.  seci,  7. —  A.  P. 

<  chap.  de  l’ tiypospaiisme,’jliu.  2.— A.P, 
5  Liu,  14.  chap.  dernier  de  la  Melhode.  — 
A.  P. 


auec  vne  seule  incision  comme  à  vne 
saignée  ‘  :  et  non  à  faire  vne  grande 
incision,  et  tailler  de  la  besongne 
pour  vn  long  temps. 

Seconde  operation. 

Aux  fluxions  qui  de  long  temps  se 
font  sur  les  yeux,  Paul  Æginete'-^et 
Albucasis  ®  commandent  de  faire  vne 
incision  qu’ils  appellent  Periscgthis- 
mos.,  ou  Angiologie  des  Grecs  :  et 
voicy  les  paroles  de  Paul.  En  ceste 
operation  premièrement  on  rase  la 
teste: puis  se  donnant  garde  de  toucher 
aux  muscles  temporaux  ,  on  fait  vm 
incision  transuerse,  commençant  à  la 
temple  senestre,  et  finissant  à  la  dextre. 
Ce  que  vous  auez  mis  en  vostre  Li¬ 
ure  mot  pour  mot  sans  en  rien  des- 
guiser,  qui  monstre  apertement  que 
vous  estes  vn  vray  plagiaire  :  comme 
l’on  pourra  voir  au  chapitre  que 
vous  appeliez  Taille  couronnée.,  qui 
se  fait  en  demy  rond  au  dessous  de 
la  suture  coronale  d’vne  temple  à 
l’autre,  iusques  à  l’os.  Or  ie  n’en¬ 
seigne  pas  vn  tel  genre  de  remede  si 
cruel  ;  ains  instruis  l’operateur  par 
raison,  authorité,  el  prennes  nota¬ 
bles,  du  seur  moyen  de  remedier  à 
telles  affections ,  sans  bourreler  ainsi 
les  hommes 

Troisième. 

En  la  curation  de  l’empyeme,  Paul 
Æginete®,  Albucasis'^,  et  Celsus®, 

1  .Au  chap.  4.  du  15.  liu.  de  mes  Oeuures. 
—  A.  P.— Voyez  tome  II,  page  412, 

2  au.  G.  ch.  7.  —  A.  P. 

’  Liu.  2.  ch.Ù.  —  K.  P. 

^  .Au  liu.  2.  ch.  du  Periscylhisrne.  —  A.  P. 

*  .Audi.  25.  du  8.  liu.  de  mes  ÜEuures. — 
A.  P.  — Voyez  tome  II ,  page  7G  el  sulv. 

®  Ua,  G.  ch,  44.  —  A.  P. 

[  ’’  Liu.2.ch.Z.~  A.V. 

l  “/viH.S.c/j.  22.  — A.P. 


ET  VOYAGES. 


685 


commandent  d’appliquer  les  vns 
treize,  les  autres  quinze  cautères, 
pour  donner  issue  au  pus  contenu 
dans  le  thorax,  comme  ledit  Celsus, 
lieu  preallegué,  l’ordonne  pour  les 
asthmatiques  :  qui  est  vne  chose 
(sauf  l’honneur  d’eux)  hors  de  toute 
raison,  que  puisque  le  but  du  Chirur¬ 
gien  est  de  donner  issue  à  la  bouë  il- 
lec  contenue,  il  n’est  question  d’autre 
chose  que  de  faire  ouuerture  pour 
euacuer  la  matière  en  la  partie  plus 
decliue  C  l’ay  monstre  seurement  au 
ieune  Chirurgien  le  moyen  de  ce 
faire ,  sans  tourmenter  les  patiens 
pour  néant  2, 

Quatrième.  | 

Aux  maminelles  trop  grosses,  Paul 
Æginete  ^  et  Albucrasis  ^  comman¬ 
dent  de  faire  vne  incision  en  croix, 
ester  toute  la  graisse,  puis  ioindre  la 
playe  par  suture  :  somme,  c’est  escor- 
cher  vn  homme  tout  en  vie  :  ce  que 
ie  n’ay  iamais  pratiqué,  ny  conseillé 
défaire  au  ieune  Chirurgien. 

Cinquième. 

Albucrasis  ^  et  Paul  Æginete  ®  veu¬ 
lent  cautériser  le  foye  et  la  ratte 
auec  fers  ardens  :  ce  que  les  moder¬ 
nes  n’ont  iamais  pratiqué ,  comme 
aussi  la  raison  y  répugné  aperte- 
ment. 

»  Guy.de  Chauliac,  Traict.  2.  doct.  1.  ch. 
1.  —  A.  P. 

>  Liu.G.ch.iQ.  —  k.  P.— Y.  t.  p.391. 

8  Liu.  6.  ch.  46.  —  A.  P. 

4  Ch.  47.  «U.  2.  —  A.  P. 

5  Au  liu.  1.  ch.  29.  et  30,  et  aussi  au  liu.  2. 
c/i,  32.  — A.  P. 

Liu.  G.  ch.  47  ei48.  — A.P. 


Sixième. 

En  la  paracentèse  qui  se  fait  eiJ  la 
troisième  espece  d'bydropisie  appel- 
lée  Ascités.)  Celius  Aurelianus  ‘  com¬ 
mande  faire  plusieurs  ouuertures  au 
ventre.  Albucrasis  2  applique  neuf 
cautères  actuels,  à  sçauoir  quatre  à 
l’entour  du  nombril,  vn  sur  l’esto- 
mach,  vn  sur  la  ratte,  vn  sur  le  foye, 
deux  derrière  le  dos,  prés  les  vertè¬ 
bres,  l’vn  d’iceux  prés  la  poitrine,  le 
dernier  prés  l’estomach.  Aëce  ^  est 
aussi  en  mesme  volonté  d’ouurir  le 
ventre  auec  plusieurs  cautères,  Paul 
Æginete^  commande  d’appliquer  cinq 
cautères  actuels  pour  faire  ladite 
paracentèse.  Mais  abhorrant  vne  telle 
maniéré  de  brusler,  de  laquelle  vous 
parlez  fort  par  tout  vostre  troisième 
liure,  ie  monstre  vne  autre  maniéré 
de  pratiquer,  laquelle  se  fait  en  fai  ¬ 
sant  vne  simple  ouuerture  audit 
ventre,  comme  l’on  pourra  voir  à  mes 
OEuures^,  auec  heureux  succès. 

le  ne  monstre  point  en  mes  OEu- 
ures  la  maniéré  de  brusler  aux  ieu- 
nes  hommes,  que  les  anciens  ont  ap- 
pellé  infibulare  ;  car  cela  ne  se  pra¬ 
tique  point,  combien  que  Celse  l’es- 
criue 

Septième. 

A  la  sciatique  prouenant  de  cause 
interne,  en  tant  que  les  muscosités 
desplacent  l’os  de  léur  lieu  ;  Paul  ^ 
commande  de  brusler  sur  ledit  arti¬ 
cle  iusques  à  l’os  ;  Dioscoride  »  com- 

1  Au  liu.  5.  ch.  1.  de  Diulurnis  morbis.  — 
A.  P. 

2  Liu.  i .  ch.  33.  —  A.  P. 

8  Liu.  3.  secl.  2.  ch.  89.  —  A.  P. 

i/iiu.G.  di.50.  — A.P. 

5  Au  ch.  12.  liu.  6.-  A.  P.  -T.  I ,  p.  399, 

6  Au  ch.  25.  liu.  7,  —  A.  P. 

t  Liu.  G.  ch.  76.  —  A.  P. 

8  Liu.  Z.  ch.  72.  —  A.  P. 


apologie 


6B6 

mande  le  mesme.  Ce  que  ie  ne  trouue 
expédient,  prenant  indication  des 
parties  suiettes  ;  car  là  où  l’on  veut 
brusler,  c’est  à  l’endroit  des  quatre 
muscles  gemeaux,  au  dessous  des¬ 
quels  passe  le  gros  nerf  descendant 
de  l’os  sacrum,  lequel  estant  bruslé, 
ie  vous  laisse  à  penser  ce  qui  en  ad- 
uiendroit,  comme  remarque  Galien  S 
expressément  parlant  de  l’ vstion  qu’il 
faut  faire  en  l’humerus. 

Huitième. 

En  la  luxation  des  vertebres  faite 
en  dehors,  Hippocrates  2  commande 
que  l’on  attache  droit  l’homme  sur 
vne  eschelle,  les  bras  et  iambes  liés 
et  garrotés  :  puis  après  auoir  monté 
l’escheile  au  haut  d’vne  tour  ou  d’vn 
faiste  de  la  maison,  auec  vn  gros  ca¬ 
ble  en  vne  poulie,  qu’on  laisse  tom¬ 
ber  à  plomb  sur  le  paué  dur  et  ferme 
le  patient  :  ce  qu’Hippocrates  dit 
qu’on  faisoit  de  son  temps.  Or  ie  ne 
monstre  pas  vne  telle  maniéré  de 
donner  l’estrapade  aux  hommes  :  mais 
ie  monstre  au  Chirurgien  en  mes 
Œuures®,  la  maniéré  de  les  réduire 
seurement  et  sans  grande  douleur. 

D’auantageieseroismarrydesuiure 
le  dire  dudit  Hippocrates,  au  3.  liure 
De  morhis,  lequel  commande  qu'à  la 
maladie  diteFohiuhts,  faut  faire  en¬ 
fler  le.  ventre  auec  vn  soufflet ,  met¬ 
tant  le  canon  dans  l’intestin  droit, 
puis  y  souffler  iusques  à  ce  que  le 
ventre  soit  bien  tendu  ,  par  après 
bailler  vn  clystere  emollient,  et  es- 
toupper  le  cul  d’vne  esponge.  Telle 
pratique  ne  se  fait  point  auiourd’huy , 

1  Sut'  lu  sent.  49.  de  lu  1.  secl.  du  liure  des 
Articles.  —  A.  P. 

2  Sent.  22  et  23  de  la  3.  sect.  du  tiu.  des 
Articles. —  A.  P 

3  Ch.  IG  du  15.  /«.— A.  P.— T.  II,  p.  363. 


partant  ne  vous  esmerueillez  si  ie 
n’en  ay  voulu  parler. 

Et  ne  vous  estant  pas  contenté 
de  rapsodier  les  operations  des  au- 
theurs  susdits,  en  auez  aussi  pris  plu¬ 
sieurs  en  mes  OEuures,  comme  cha¬ 
cun  peut  connoistre  :  qui  monstre 
aperlement  qu’il  n’y  a  rien  de  vostre 
inuention  en  vostre  Guide  des  Chirur¬ 
giens. 

le  laisse  à  part  vne  autre  infinité 
d’operations  inutiles  que  vous  cottez 
dans  vostre  liure,  sans  sçauoir  quel¬ 
les  bestes  sont,  pour  ne  les  auoir  ia- 
mais  veu  pratiquer  :  mais  pour-ce 
que  vous  auez  trouué  cela  escrit  és 
liures  dés  anciens,  vous  les  auez  mis 
en  vostre  liure. 

D’auantage  vous  dites  que  me 
monstrerez  ma  leçon  aux  operations 
de  Chirurgie.  Il  me  semble  que  ne 
sçaurîez  :  par  ce  que  ne  l’ay  pas  ap¬ 
prise  seulement  en  mon  estude,  et 
d’auoir  ouy  par  plusieurs  et  diuerses 
années  les  leçons  des  Docteurs  en 
medecine  :  mais  comme  i’ay  escrit  cy 
deuant  en  l’epistre  au  Lecteur,  i’ay 
fait  résidence  en  l’Hostel  Dieu  de  Pa¬ 
ris  par  l’espace  de  trois  ans,  où  i’ay 
eu  le  moyen  de  voir  et  apprendre 
beaucoup  d’œuures  de  Chirurgie  sur 
vne  infinité  de  malades ,  ensemble 
l’anatomie  sur  vne  grande  quantité 
de  corps  morts,  ainsi  que  souuent  i’en 
ay  faitpreuue  tres-suffisante  publi¬ 
quement  aux  Escholes  de  medecine 
de  Paris.  Mon  bonheur  m’a  fait  voir 
encore  plus  outre.  Car  estant  appellé 
au  seruice  des  Rois  de  France  (qua- 
ti  e  desquels-i’ay  serui)  me  suis  trou¬ 
ué  en  compagnie,  aux  batailles,  es¬ 
carmouches,  assauts  et  sieges  des 
villes  et  forteresses,  comme  aussi  i’ay 
esté  enclos  és  villes  auec  les  assiégés, 
ayant  charge  de  traiter  les  blessés. 
D’auantage,  i’ay  demeuré  longues 


ET  VOYAGES. 


années  en  ceste  grande  et  fameuse 
ville  de  Paris,  où  grâces  à  Dieu  i’ay 
tousiours  vescu  en  tres-bonne  répu¬ 
tation  entre  tous,  et  n'ay  tenu  le  der¬ 
nier  rang  entre  ceux  de  mon  estât, 
veu  qu’il  ne  s’est  trouué  cure  tant 
grande  et  difficile  fust-elle,  que  ma 
main  et  mon  conseil  n’ayent  esté  re¬ 
quis,  ainsi  que  ie  fais  voir  par  ce  mien 
œuure.  Or  oserez-vous  (ces  choses 
entendues)  dire  que  m’apprendrez  à 
execuler  les  ceuures  de  Chirurgie, 
attendu  que  n’auez  iamais  parti  de 
vostre  estude? 

Les  operations  d’icelle  sont  quatre 
en  general  (comme  bien  auons  dé¬ 
claré  cy  deuant)  ou  vous  n’en  faites 
que  trois,  à  sçauoir,  ioindre  le  sépa¬ 
ré,  séparer  le  continu,  et  ester  le  su¬ 
perflu  :  et  la  quatrième  que  ie  fais,  au¬ 
tant  necessaire  que  d’industrieuse  in- 
uenlion,  est  d’adiouster  ce  qui  defaut, 
comme  i’ay  monstré  cy  dessus. 

Aussi  vous  voulez  que  le  Chirur¬ 
gien  ne  fasse  que  les  trois  operations 
susdites,  sans  s’entremettre  d’ordon¬ 
ner  vu  simple  cataplasme,  disant  que 
c’est  ce  qui  vous  est  venu  à  vostre 
part  de  la  Medecine  ;  et  que  les  an 
ciens  (  au  discours  qu’auez  fait 
au  Lecteur)  ont  diuisé  la  suitte  du 
Médecin  en  trois  bandes,  à  sçauoir, 
Viuandiers  ,  Apoticaires,  et  Chirur¬ 
giens.  Mais  ie  vous  demanderois  vo¬ 
lontiers  qui  est  celuy  qui  en  a  fait  le 
partage  :  et  où  aucun  en  seroit  fait, 
qui  sont  ceux  qui  se  sont  contentés 
de  leur  part,  sans  quelque  entreprise 
sur  l’autre?  Car  Hippocrates,  Galien, 
Ætius,  Auicenne,  bref  tous  les  Méde¬ 
cins,  tant  grecs,  latins,  qu’arabes, 
n’ont  iamais  traité  de  l’vn  qu’ils 
n’ayent  traité  de  l’autre ,  pour  la 
grande  afflnité  et  liaison  qu’il  y  a  en¬ 
tre  les  deux  :  et  seroit  bien  difficile  en 
faire  autrement.  Or  quand  vous  vou¬ 


687 

lez  mettre  si  bas  la  Chirurgie,  vous 
contredites  à  vous  mesmes.  Car  en 
l’epistre  liminaire  que  vous  auez  dé¬ 
diée  ù  defunct  monsieur  de  Martigues, 
vous  dites  que  la  Chirurgie  est  la  plus 
noble  partie  de  la  Medecine,  tant  à 
raison  de  son  origine ,  antiquité,  né¬ 
cessité,  que  certitude  en  ses  actions  ; 
car  elle  opéré  luce  aperta,  comme  es- 
crit  doctement  Celse  au  commence¬ 
ment  du  7.  liure.  Partant  il  est  à 
croire  que  n’auez  iamais  sorti  de 
vostre  estude  que  pour  enseigner  la 
théorique  (si  l’auez  peu  faire). 

Les  operations  de  chirurgie  s’ ap¬ 
prennent  à  l’œil  et  au  toucher. 

le  diray  que  vous  ressemblez  à  vn 
ieune  garçon  bas  Breton,  bien  fessu 
et  materiel  < ,  qui  demanda  congé  à 
son  pere  de  venir  à  Paris  pour  pren¬ 
dre  France.  Estant  arriué,  l’Orga¬ 
niste  de  nostre  Dame  le  trouua  à  la 
porte  du  Palais,  qui  le  print  pour 
souffler  aux  orgues,  où  il  fut  trois 
ans.  Il  veit  qu’il  parloit  aucunement 
françois,  il  s’en  retourne  vers  son 
pere,  et  luy  dit  qu’il  parloit  bonne 
France,  et  d’auantage  qu’il  sçauoit 
bien  iouër  des  orgues.  Le  pere  le  ré¬ 
cent,  bien  ioyeux  dequoy  il  estoit  en 
si  peu  de  temps  si  sçauant  :  il  s’en 
alla  vers  l’Organiste  de  leur  grande 
Eglise,  et  le  pria  de  permettre  à  son 
fiis  de  ioüer  des  orgues ,  à  fin  de  sça¬ 
uoir  si  son  fils  estoit  bon  maistre, 
ainsi  qu’il  disoit  :  ce  que  le  maistre 
Organiste  accorda  volontiers.  Estant 
entré  aux  orgues,  il  se  iette  de  plein 
saut  aux  soufflets  ;  le  maistre  Orga¬ 
niste  luy  dit  qu’il  ioüast,  et  que  luy 
soufîfleroit.  Alors  ce  bon  Organiste 
luy  dit  qu’il  ne  sçauoit  autre  chose 
que  souffler. 

le  croy  aussi ,  mon  petit  maistre, 

*  Bcllti  similitude,  —  A.  P. 


APOLOGIE 


688 

que  ne  sçauez  autre  chose  que  ca¬ 
queter  en  vne  chaire  ;  mais  moy  ie 
iouëray  sur  le  clauier,  et  feray  re¬ 
sonner  les  orgues,  c’est  à  dire  que  ie 
feray  les  operations  de  Chirurgie, -ce 
que  ne  sauriez  nullement  faire,  pour 
n’auoir  bougé  de  vostre  eslude,  et 
des  escholes,  comme  i’ay  dit  :  et  aussi 
comme  cy  deuant  i’ay  escrit  en  l’epis- 
tre  au  Lecteur,  que  le  laboureur  a 
beau  parler  des  saisons ,  discourir  de 
la  façon  de  cultiuer  la  terre,  déduire 
quelles  semences  sont  propres  à  cha¬ 
cun  terroir  ;  car  tout  cela  n’est  rien 
s’il  ne  met  la  main  aux  outils,  et 
n’accouple  ses  bœufs,  et  ne  les  lie  à 
la  charrue.  Aussi  ce  n’est  pas  grande 
chose  si  ne  sçauez  la  pratique  :  car 
vn  homme  feroit  bien  la  Chirurgie, 
encore  qu’il  n’eust  point  de  langue , 
comme  bien  a  noté  Cornélius  Celsus 
au  lin.  1.  quand  il  dit,  Morbos  non 
eloquentia,  st  d  remedijs  curari:  quæ 
si  quis  elinguis ,  vsu  discretus  bene 
norit,  hune  aliquanto  maiorem  medi- 
cum  futurum,  quàm  si  sine  vsu  lin- 
guam  suarn  excoluent.  C’est  à  dire , 
Cornélius  Celsus  dit,  les  maladies 
eslre  guariesnon  par  éloquence,  mais 
par  les  remedes  bien  et  deuëment 
appliqués  :  lesquels  si  quelqu’vn  sage 
et  discret,  n’ayant  point  mesme  de 
langue,  connoisse  bien  par  bon  vsa- 
ge  ,  celuy-là  à  l’aduenir  sera  plus 
grand  Médecin ,  que  si  sans  vsage  il 
ornoit  bien  sa  langue.  Ce  que  vous 
mesmes  confessez  en  vostre  dit  liure 
par  vn  quatrain  qui  est  tel  ‘  : 

Ce  n’eslpas  tout  en  Chirurgie 

De  iargonner  ;  mais  le  plus  beau 

Dsl  que  les  bandes  on  manie , 

Le  feu  ,  les  las ,  et  le  ciseau, 

^  J’ai  déjà  dit  et  répété  que  Paré  faisait 
erreur  en  attribuant  ce  quatrain  français  à 
Gourmelen.  Dans  l’édition  de  Courlin  déjà 


Aristote,  liure  premier  de  la  Méta¬ 
physique,  chapitre  premier,  dit  l’ex- 
perience  estre  presque  semblable  à  la 
science,  et  par  icelle  l’art  et  la  science 
auoir  esté  inuentées.  Et  de  fait  nous 
voyons  ceux  qui  sont  expérimentés 
paruenir  plus  tost  à  ce  qu’ils  préten¬ 
dent  ,  que  ceux  qui  onl  la  raison  sans 
l’experience ,  à  cause  qu’icelle  expé¬ 
rience  est  vne  comioissance  des  choses 
singulières  et  particulières,  et  la  scien¬ 
ce  au  contraire  vneconnoissance  des 
choses  vniuerselles.  Or  ce  qui  est  par¬ 
ticulier  est  plus  sanable  que  ce  qui 
est  vniuersel.  Partant  ceux  qui  ont 
l’experience,  sont  plus  sages  et  plus 
estimés  que  ceux  qui  en  ont  defaut  : 
d’autant  qu’ils  sçauent  ce  qu’ils  font. 
Dauantage  ie  dis  que  : 

Science  sans  expérience , 

jy’ apporte  pas  grande  asseurance  '. 

Alciat,  Docteur  Milanois,  se  glori- 
flant  vn  iour  que  sa  gloire  estoit  plus 
grande  et  illustre  que  celles  des 
Conseillers,  Presidens,et  Maistres  des 
requestes,  parce  qu’il  disoit  les  faire, 
et  que  c’estoit  de  luy  qu’ils  venoient 
tels  :  luy  fut  respondu  par  vn  Con¬ 
seiller,  qu’il  ressembloit  à  la  queu  , 
qui  rendoit  le  Cousteau  aiguisé  et 
prest  à  couper,  elle  ne  le  pouuant 
faire  :  et  luy  allégua  les  vers  d’Ho¬ 
race,  que 

...  Fungebatur  vice  colis,  acutum 
Reddere  quæ  ferrum  valet,  exors  ipsa  secandi. 

Or  voila,  mon  petit  maislre,  ma 
response  à  vos  calomnies  :  et  vous 

citée  ,  on  lit  ce  quatrain  au  verso  du  titre, 
avec  CCS  irois  mots,  qui  ne  laissent  aucun 
doute  :  Quatrain  du  'l'ranslaleur . 

‘  C’est  un  des  canons  de  Paré  que  l’on  a 
lu  plus  haut ,  page  C49. 


LT  VO VICES. 


prie,  si  auez  Famé  bonne,  de  vou¬ 
loir  (  pour  le  public)  reuoir  et  cor¬ 
riger  vostre  liure  le  pluslost  que 
pourrez  ,  pour  ne  tenir  les  icunes 
Chirurgiens  en  cest  erreur  par  la 
lecture  d’iceluy ,  où  vous  les  ensei¬ 
gnez,  d’vser  de  fers  ardens  après 
l’amputation  des  membres  pour  es- 
tancher  le  sang ,  attendu  qu’il  y  a  vn 
autre  moyen  non  si  cruel ,  et  plus 
seur  et  aisé  :  ioint  que  si  aujourd’buy, 
après  vn  assaut  de  ville  où  plusieurs 
soldats  ont  eu  bras  et  iambes  rom¬ 
pues,  et  emportées  de  coups  d’artil¬ 
leries  ,  ou  de  coutelas ,  ou  d’autres 
machines,  pour  estancher  le  sang 
vous  falloit  vser  de  fers  ardens ,  il 
faudroit  pour  ce  faire  vne  forge  et 
beaucoup  de  charbon  pour  les  chauf¬ 
fer  :  et  aussi  que  les  soldats  vous  au- 
roient  en  telle  horreur  pour  ceste 
cruauté,  qu’ils  vous  assommeroienl 
comme  vn  veau ,  ainsi  que  jadis  fut 
l’vn  des  premiers  Chirurgiens  de 
Rome.  Ce  qu’on  trouuera  escrit  cy 
dessus  au  chap.  2.  de  l’Introduction 
de  Chirurgie.  Or,  de  peur  que  les 
sectateurs  de  vos  escrits  ne  tom¬ 
bent  en  tel  inconuenient ,  ie  leur  prie 
suiure  la  méthode  cy  dessus  dite, 
laquelle  ay  monstrée  estre  vraye  et 
certaine,  et  approuuée  par  autho- 
rité ,  raison ,  et  expérience. 


LE  VOVAGE  DE  THVRIN  ».  ~  1536. 

D’aùantage  ie  veux  icy  monstrer 
aux  lecteurs  les  lieux  et  places  où 

1  c’est  ici  le  lieu  de  rappeler  une  note  que 
Paré  avait  placée  à  la  suite  de  VErraUi  de  la 
quatrième  édition ,  et  qui  a  été  oubliée  dans 
toutes  les  autres  : 

*  Touchanties  V oyagcs,  le  Lecteur  ne  s'ar- 

III. 


689. 

i’ay  peu  apprendre  la  Chirurgie,  pour 
tousiours  mieux  instruire  le  ieune 
cbiiurgien. 

Et  premièrement,  en  l’an  mil  cinq 
cens  trente  six,  le  grand  Roy  François 
enuoya  vne  grande  armée  à  Thurin, 
pour  reprendre  les  villes  et  chasteaux 
qu’auoit  pris  le  marquis  du  Guast, 
lieutenant  general  de  l’Empereur  : 
où  monsieur  le  Çonnestable,  lors 
grand  Maistre,  estoit  lieutenant  gene¬ 
ral  de  l’armée,  et  monsieur  de  Monte- 
jan  Colonnel  general  des  gens  de 
pied ,  duquel  lors  i’estois  Chirurgien. 
’Fne  grande  partie  de  l’armée  arriuée 
au  pas  de  Suze ,  trouuasmes  les  en¬ 
nemis  qui  tenaient  le  passage,  et 
auoient  fait  certains  forts  et  tran¬ 
chées  ,  de  façon  que  pour  les  faire 
débusquer  et  quitter  la  place,  il  con- 
uint  combattre ,  où  il  y  eut  plusieurs 
tués  et  blessés,  tant  d’vne  part  que 
d’autre  :  mais  les  ennemis  furent  con¬ 
traints  de  se  retirer  et  gaigner  le 
chasteau ,  qui  fut  pris  en  partie  par  le 
capitaine  Le  Rat,  qui  grimpa  auec 
plusieurs  soldats  de  sa  compagnie  sur 
vne  petite  montagnetle,  là  où  ils  ti- 
roient  à  plomb  sur  les  ennemis  :  il 
receut  vn  coup  d’harquebuse  à  la 
cheuille  du  pied  dextre,  où  tout  subit 
tomba  en  terre ,  et  alors  dit  :  A  ceste 
heure  Le  Hat  est  pris.  le  le  pensay,  et 
Dieu  le  guarist  C 

Nous  entrasmes  à  foulle  en  la  ville, 
et  passions  par  sus  les  morts ,  et  quel¬ 
ques  vus  ne  l’estans  encore,  les  oyons 
crier  sous  les  pieds  de  nos  chenaux, 
qui  me  faisoient  grande  compassion 

restera  à  l* ordre  des  années  ^  lequel  n’y  a  esté 
gardé,  toutes  fois  les  Histoires  et  Discours  n’en 
sont  de  rien  changés  ny  corrompus.  » 

1  Voilà  le  premier  exempie  de  la  fameuse 
phrase  dont  on  a  fait  à  juste  titre  si  grand 
honneur  à  la  modestie  de  Paré. 

44 


APOLOGIK 


690 

eii  mon  cœur.  Et  véritablement  ie  me 
repenti  d’estre  parti  de  Paris,  pour 
voir  si  piteux  spectacle. 

Estant  en  la  ville ,  i’entray  en  vne 
establepour  cuider  loger  mon  chenal 
et  celuy  de  mon  homme,  là  où  ie 
trouuay  quatre  soldats  morts,  et  trois 
qui  estoient  appuyés  contre  la  mu¬ 
raille,  leur  lace  entièrement  défi¬ 
gurée,  et  ne  voyoient,  n’oyoient,  ny  ne 
parloient,  et  leurs  habillémens  flam- 
boyoient  encore  delà  poudre  à  canon 
quilesauoitbruslés.  Les  regardanlen 
pitié,  il  suruint  vn  vieil  soldat  qui  me 
demanda  s'il  y  auoit  moyen  de  les 
pouuoir  guarir  :  ie  dis  que  non  :  subit 
il  s’approcha  d’eux  et  leur  coupa  la 
gorge  doucement  et  sans  cholere. 
Voyant  ceste  grande  cruauté,  ie  luy 
dis  qu’il  estoit  vn  mauua'is  homme.  Il 
me  fit  response ,  qu’il  prioit  Dieu , 
que  lors  qu’il  seroit  accouslré  de  telle 
façon,  qu’il  se  trouuast  quelqu’vn  qui 
lui  en  fit  autant,  à  fin  de  ne  languir 
ipiserablement. 

Et  pour  reuenir  sur  nos  brisées,  les 
ennemis  furent  sommés  de  se  rendre, 
ce  qu’ils  firent ,  et  sortirent  seule¬ 
ment  la  vie  sauue,  le  baston  blanc  au 
poing  :  dont  la  plus  grande  partie 
s’en  alla  gaigner  le  chasteau  de  Vil- 
lane,  où  il  y  auoit  euuiron  deux  cens 
Espagnols.  Monsieur  le  Connestable 
ne  le  voulut  laisser  en  arriéré ,  à  fin 
de  rendre  le  chemin  libre.  Ce  chas¬ 
teau  est  assis  sur  vne  petite  monta¬ 
gne  ,  qui  donnoit  grande  asseurance 
à  ceux  de  dedans  qù  on  ne  pourroil 
asseoir  l’artillerie  pour  les  battre  :  et 
furent  sommés  de  se  rendre,  ou  qu’on 
les  metlroit  en  pièces  :  Ce  qu’ils  refu¬ 
sèrent  tout  à  plat,  faisans  response 
qu’ils  estoient  autant  bons  et  tideles 
seruiteurs  de  l’Empereur,  que  pou- 
uoitestre  monsieur  le  Connestable  du 


lloy  son  maistre  *.  Leur  response  en¬ 
tendue.  on  fit  de  nuit  monter  doux 
gros  canons  à  force  de  bras,  aucc 
cordages,  par  les  Suisses  et  Lansque¬ 
nets  :  où  le  malheur  voulut  qu’estans 
les  deux  panons  assis,  vn  canonnier 
mist  par  inaduertance  le  feu  dedans 
vn  sac  plein  de  poudre  à  canon  , 
dont  il  fut  bruslé,  ensemble  dix  ou 
douze  soldats,  et  en  outre  la  flamme 
de  la  poudre  fut  cause  de  descouurir 
l’arlillerie,  qui  fit  que  toute  la  nuit 
ceux  du  chasteau  tirèrent  plusieurs 
coups  d’harquebuses  à  l’endroit  où 
ilsauoient  peu  descouurir  les  deux 
canons,  dont  tueront  et  blessèrent 
quelque  nombre  de  nos  gens.  Le  len¬ 
demain  de  grand  matin  on  fit  bat¬ 
terie,  qui  en  peu  d'heure  fit  breche. 
Estant  faite,  demandèrent  à  parle¬ 
menter,  mais  ce  fut  trop  tard  :  car 
cependant  nos  gens  de  pied  François, 
les  voyans  estonnés.  montèrent  à  la 
breche  et  les  mirent  tous  en  pièces, 
excepté  vne  fort  belle,  ieune  et  gail¬ 
larde  1  iémontoise,  qu’vn  grand  Sei¬ 
gneur  voulut  auoir  pour  luy  tenir 
compagnie  de  nuit,  de  peur  du  loup- 
garou.  Le  Capitaine  etEnseigne  furent 
pris  en  vie,  mais  bien  tost  après  pen¬ 
dus  et  estranglés  sur  les  créneaux  de 
la  porte  de  la  ville  ,  à  fin  de  donner 
exemple  et  crainte  aux  soldats  Impé¬ 
riaux  den’estre  si  temeraireset  si  fols, 
vouloir  tenir  telles  places  contre  vne 
si  grande  armée  2. 

Or  tous  les  susdits  soldats  du  chas 
teau ,  voy  ans  venir  nos  gens  d’ vne  tres- 
grande  furie  ,  firent  tout  deuoir  de 
se  défendre ,  tuerent  et  blessèrent  vn 
grand  nombre  de  nos  soldats  à  coups 
de  piques  ,  de  harquebuses  et  de 

‘  Brune  responise  de  soldais.  —  A.  P. 

*  Punition  exemplaire,  —  A.  P. 


ET  VOYAGES. 


pierres,  où  les  Chirurgiens  eurent 
beaucoup  de  besogne  taillée.  Or  i’es- 
tois  en  ce  temps-Ià  bien  doux  de  sel, 
ie  n’auois  encores  veu  traiter  les 
playes  faites  par  harquebuses,  pour  le 
premier  appareil.  Il  est  vray  que  i’a- 
UQis  Ipu  en  lean  deVigo,  liure  premier 
des  Playes  en  chapitre  hui¬ 

tième  ,  que  les  playes  faites  par  bas- 
tons  à  feu  parlicipenl  de  vénénosité , 
à  cause  de  la  poudre  et  pour  leur 
curation  commande  les  cautériser 
auec  huile  de  Sambuc  toute  bouil¬ 
lante,  en  laquelle  soit  meslé  vn  peu 
de  theriaque  :  et  pour  ne  faillir,  para- 
Uiant  qu’vser  de  ladite  huile,  sçaehant 
que  telle  chose  pourroit  apporter  au 
malade  extreme  douleur,  ie  voulus 
sçauoir  premièrement  que  d’en  ap¬ 
pliquer,  comme  les  autres  Chirur¬ 
giens  faisoient  pour  le  premier  appa¬ 
reil,  qui  estpit  d’appliquer  ladite  huile 
la  plus  bouillante  qu’il  leur  estoil 
possible  dedans  les  playes ,  auec  tentes 
et  sétons  :  dont  ie  pris  la  hardiesse  de 
faire  comme  eux  >.  En  fin  mon  huile 
me  manqua,  et  fus  conti'aint  d’ap¬ 
pliquer  en  son  lieu  vn  digestif 
fait  de  iaune  d’eeuf,  huile  rosat  et 
terebenthine.  La  nuit  ie  ne  peus  bien 
dormir  à  mon  aise,  craignant  par 
faute  d’auoir  cautérisé,  de  trouuer  les 
blessés  où  i’auois  failli  à  mettre  de 
iafiite  huile  morts  empoisonnés  ,  qui 
me  fit  leuer  de  grand  matin  pour 
les  visiter,  où  outre  mon  esperance 
trouuay  ceux  ausquels  i’auois  nûs  le 
médicament  digestif,  sentir  peu  de 
douleur,  et  leurs  playes  sans  inflam¬ 
mation  ny  tumeur,  ayans  assez  bien 
reposé  la  nuit  :  les  autres  où  l’on 
auoit  appliqué  ladite  huile  bouillante, 
les  trouuay  febricitans ,  auec  grande 
douleur  et  tumeur  aux  enuirons  de 

‘  JExferience  rend  l'hamme  hardy,~î^,  f. 


691 

leprs  playes.  Adonc  ie  me  deliberay 
de  ne  iamais  plus  brusler  ainsi  cruel¬ 
lement  les  paunres  blessés  des  har- 
quebusades. 

Estant  à  Thurin ,  trouuay  vn  Chi¬ 
rurgien  qui  auoit  le  bruit  par  dessus 
tous  de  bien  traiter  les  plaies  faites 
par  harquebuses,  en  la  grâce  duquel 
trouuay  façon  de  m’insinuer  pour 
auoir  la  recepte  qu’il  appelloit  son 
haume,  dont  il  traitoit  les  plaies 
d’harquebuses  :  et  me  fit  faire  la 
cour  deux  ans  auant  que  pouuoir  ti¬ 
rer  sa  recepte.  En  fin  auec  dons  et 
presens  me  la  donna,  qui  estoit  faire 
boüillir  dans  de  l’huile  de  lys  des  pe¬ 
tits  chiens  nouuellement  nés,  et  des 
vers  de  terre  préparés  auec  de  la  té¬ 
rébenthine  de  Venise.  Alors  ie  fus 
bien  ioyeux ,  et  mon  cœur  assouui 
d’auoir  entendu  son  réméré  ,  qui  se 
rapportoit  au  mien  que  i’auois  trouué 
par  cas  fortuit. 

Voila  comme  i’ appris  à  traiter  les 
playes  faites  par  harquebuses  ,  non 
par  les  liures. 

Mondit  seigneur  le  Mareschal  de 
Montejan  demeura  Lieutenant  gene¬ 
ral  pour  le  Roy  en  Piémont,  ayant 
dix  ou  douze  mille  hommes  en  gar¬ 
nison  par  les  villes  et  chasteaux,  les¬ 
quels  se  battoient  souuent  à  coups 
d’espée,  et  d’autres  bastons, et  mesme 
à  coups  de  harquebuses;  et  s’il  y  auoit 
quatre  blessés  i’en  auois  tousiours  les 
trois,  et  s’il  estoit  question  de  couper 
vn  bras  ou  vne  iambe,  ou  trépaner, 
ou  réduire  vne  fracture  ou  disloca¬ 
tion,  i’en  venois  bien  à  bout.  Mondit 
seigneur  le  Mareschal  m’enuoyoit 
tantost  d’vn  costé,  tantost  de  l’autre, 
pour  penser  les  soldats  signalés  qui 
s’estoient  battus  tant  aux  autres  vil¬ 
les  qu’à  Thurin,  de  sorte  que  i’eslois 
tousiours  par  les  champs  d’vn  costé 
et  d’autre.  Monsieur  le  Mareschal 


APüLOGlIÎ 


69'i 

enuoya  quérir  à  Milan  vn  Médecin 
qui  n’auoit  pas  moins  de  repulation 
que  defunct  monsieur  le  Grand  pour 
bien  faire  la  medecine.  pour  le  traiter 
d’vn  flux  liepatiquc,  dont  à  la  fin  en 
mourut.  Ce  Médecin  fut  quelque 
temps  à  Thurin  pour  le  traiter,  et 
estoit  souuent  appelle  pour  visiter  les 
blessés,  où  tousiours  m’y  trouuoit  :  et 
consullois  auec  luy  et  quelques  au¬ 
tres  Chirurgiens,  et  lors  qu’auions 
résolu  de  faire  quelque  œuure  sé¬ 
rieuse  de  la  Chirurgie,  c’estoit  Am¬ 
broise  Paré  qui  y  meltoit  la  main,  là 
où  ie  le  faisois  promptement  et  dex- 
tremenl,  et  d’vne  grande  asseurance  ; 
dont  ledit  Médecin  m’admiroit  d’es- 
tre  si  adextre  aux  operations  de  chi¬ 
rurgie  ,  veu  le  bas  aage  que  i’auois. 
Vn  iour  deuisant  auec  mondit  sei¬ 
gneur  le  Mareschal ,  luy  dit  ‘  : 

Signor,  tu  liai  vn(Mrurgico  giouane 
di  anni,  ma  egli  è  vecchio  di  sapere  é 
ûi  esperienlia  :  Guardalo  iene,  perche 
egli  ti  fara  seruicio  et  honore. 

C’est  à  dire,  ïu  as  vn  ieune  Chirur¬ 
gien  d’aage,  mais  il  est  vieil  de  sça- 
uoir  et  expérience  ;  gardes  le  bien, 
car  il  te  fera  seruice  et  honneur.  Mais 
le  bon  homme  ne  sçauoit  pas  que 
i’auois  demeuré  trois  ans  à  l’hostel 
Dieu  de  Paris ,  pour  y  traiter  les  ma¬ 
lades. 

En  fin  monsieur  le  Mareschal  mou¬ 
rut  de  son  flux  hépatique.  Estant 
mort,  le  Roy  enuoya  monsieur  le 
Mareschal  d’Annebaut  pour  estre  en 
sa  place,  lequel  me  fit  cest  honneur 
de  me  faire  prier  de  demeurer  aue  ; 
luy,  et  qu’il  me  traiteroit  autant 
bien  ou  mieux  que  monsieur  le  Ma¬ 
reschal  de  MonUÿan  Ce  que  ie  ne 
voulois  point,  pour  le  regret  que  i’a- 

‘  Témoignage  de  la  dexlenté  de  l'Aulheur. 

—  A.  P. 


uois  d’auoir  perdu  mon  maistre,  qui 
m’aimoit  intimement,  et  moy  luy  pa¬ 
reillement*.  Ainsi  m’en  reuinsà  Paris. 


VOYAGE  DE  MAROLLE  ET  DE  BASSE- 
BRETAGNE.  —  1513. 

le  m’en  allay  au  camp  de  Marolle 
auec  defunct  monsieur  de  Rohan,  où 
i’estois  Chirurgien  de  sa  compagnie, 
là  où  le  Roy  François  estoit  en  per¬ 
sonne.  Il  fut  aduerti  par  monsieur 
d’Estampes,  Gouuerneur  de  Breta¬ 
gne,  comme  les  Anglois  auoientfait 
voile  pour  descendre  en  la  basse 
Bretagne  :  et  le  prioit  de  vouloir  en- 
uoyerpour  secours  messieurs  de  Ro¬ 
han  et  de  Laual,  attendu  lïue  c’es- 
toient  les  Seigneurs  du  pays  et  que 
par  leurfaueur  ceux  du  payspour- 
roient  repousser  l’ennemy,  et  garder 
qu’il  ne  prinst  terre.  Ayant  receu  cest 
aduertissement,  depescha  lesdits  Sei¬ 
gneurs  pour  aller  en  diligence  au  se¬ 
cours  de  leur  pairie,  et  leur  fut 
donné  à  chacun  autant  de  pouuoir 
comme  au  Gouuerneur  ,  de  façon 
qu’ils  estoient  tous  trois  Lieutenans 
du  Roy.  Ils  prindrent  volontiers  ceste 
charge,  et  partirent  promptement 
en  poste,  et  me  menèrent  auec  eux 
iusques  à  Landreneau,  là  où  nous 
troüuasmes  tout  le  momie  en  armes, 
le  toesein  sonnant  de  toutes  parts, 
voire  à  cinq  ou  six  lieues  autour  des 
haures,  à  sçauoir,  Brest,  Couquet, 
Crozon,  le  Fou,  IJ.  ulac,  Laudanec, 
chacun  bien  munis ü’arlillcrie,comm-.. 
canons,  doubles  canons,  bastardes, 
mousquets,  passe-volants,  pièces  de 
campagne,  couleurines,  serpentines, 

*  Ces  derniers  mots,  ei  moy  luypareUlemçnl, 
sont  de  la  premÜTe  Odilion  posthume. 


ET  VOYAGES. 


basilicques,  sacres,  faulcons,  faulcon- 
neaux,  flustes,  orgues,  harqiiebuses 
à  croc  :  somme  que  toutes  les  adue- 
nues  esloient  bien  munies  de  toutes 
sortes  et  façons  d’artilleries,  et  plu¬ 
sieurs  soldats,  tant  Bretons  que  Fran 
cois,  pour  î,.  deff'tise  <iue  les  Anglois 
ne  feissent  leur  descente,  ainsi  qu’ils 
auoient  délibéré  au  partir  d’Angle¬ 
terre.  L’armée  de  l’ennemy  vint  ius- 
ques  à  la  portée  du  canon,  et  lors 
qu’on  les  apercent  voulans  aborder 
en  terre,  on  les  salua  a  coups  de  ca¬ 
non  ,  et  descouurirent  nos  gens  de 
guerre,  ensemble  nostre  arlilierie. 
Ils  voltigèrent  sur  la  mer,  où  i’estois 
bien  ioyeux  de  voir  leurs  vaisseaux 
faisans  voile,  qui  esloient  en  bon 
nombre  et  bon  ordre,  et  sembîoit  es- 
tre  vne  forest  marcher  sur  la  mer.  le 
vis  aussi  vne  chose  dont  ie  fus  bien 
esmerueillé,  qui  estoit  que  les  balles 
de  bien  grosses  pièces  faisoient  de 
grands  bonds  et  troltoient  sur  l’eau 
comme  elles  font  sur  la  terre.  Or, 
pour  le  faire  court,  nos  Anglois  ne 
nous  firent  point  de  mal,  et  s’en  re¬ 
tournèrent  en  Angleterre  sains  et 
entiers  :  et  nous  laissans  en  paix, 
nous  demeurasmes  en  ce  pays  là  en 
garnison,  iusques  à  ce  que  nous  fus- 
mes  bien  asseiirés  que  leur  armée 
estoit  rompue. 

Ce  pendant  nos  gendarmes  s’exer- 
çoient  souuent  à  courir  la  bague,  au- 
tresfois  combattoient  à  l’espée  d’ar¬ 
mes,  en  sorte  qu’il  y  en  auoit  tous- 
iours  quelqu’vn  qui  auoit  quelque 
chinfreneau,  et  tousiours  auois  quel¬ 
que  chose  à  m’exercer.  Monsieur 
d’Eslampes,  pour  donner  passe  temps 
et  plaisir  à  mesdils  Seigneurs  de  Ro¬ 
han  et  do  Laual,  et  autres  gentils¬ 
hommes,  faisoit  venir  aux  festes 
grande  quantité  de  filles  villageoises 
pour  chanter  des  chansons  en  bas 


693 

Breton,  où  leur  harmonie  estoit  de 
coaxer  comme  grenouilles,  lorsqu’el¬ 
les  sont  en  amour.  D’auantageleur 
faisoit  dancer  le  triori  de  Bretagne, 
et  n’estoit  sans  bien  remuer  les  pieds 
et  fesses.  Il  les  faisoit  moult  bon  ouyr 
et  voir.  Autresfois  faisoit  venir  les 
luitieurs  des  villes  et  villages,  où  il  y 
auoit  prix  :  le  ieu  n’estoit  point 
acheué  qu’il  n’y  eust  quelqu’vn  qui 
eust  vn  bras  ou  iambe  rompue,  ou 
l’espaule  ou  hanche  demise. 

Il  y  eust  vn  petit  bas  Breton  bien 
quadraturé  ,  fessu  et  materiel ,  qui 
tint  long  temps  le  beiian,  et  par  son 
astuce  et  force  en  ietta  cinq  ou  six 
par  terre.  Il  suruint  vn  grand  Datiuo, 
magister  d’eschole,  qu’on  disoit  estre 
l’vn  des  meilleurs  luitteurs  de  toute 
la  Bretagne  :  il  entre  en  lice,  ayant 
osté  sa  longue  iaquette,  en  chausse 
et  en  pourpoint,  et  estant  prés  le  pe¬ 
tit  homme,  il  sembîoit  que  s’il  eust 
esté  attaché  à  sa  ceinture  il  n’eust  pas 
laissé  de  courir.  Toutesfois  quand  ils 
se  prindrent  collet  à  collet,  ils  furent 
long  temps  sans  rien  faire,  et  pensoit- 
on  qu’ils  demeureroient  esgaux  en 
force  et  astuce  :  mais  le  petit  fessu  se 
ietta  en  sursaut  et  d’amblée  sous  ce 
grand  Datiuo,  et  le  chargea  sur  son 
espaule,  et  le  ietta  en  terre  sur  les 
reins  tout  estendu  comme  vne  gre¬ 
nouille  :  et  alors  tout  le  monde  com¬ 
mença  à  bien  rire  de  la  force  et  as¬ 
tuce  du  petit  fessu. Ce  grand  Datiuo  eut 
grand  despitd’auoirestéainsiietté  par 
terre  par  vn  si  petit  hommet  ;  il  se  re- 
leua  tout  en  cholere,  et  voulut  auoir  ' 
sa  reuanche.  Ils  se  prindrent  de  rechef 
colleta  collet,  et  furent  encore  vn 
bien  long  temps  à  leurs  prises,  ne  se 
pouuans  mettre  par  terre  :  en  fin  ce 
grand  homme  se  laissa  tomber  sur  le 
petit,  et  en  tombant  mit  son  coude 
au  creux  de  l’estomach,  et  luy  creua 


APOLOGIE 


69/4 

le  cœur,  et  le  tua  tout  mort.  Et  sça- 
cUant  luy  auoir  donné  le  coup  de  la 
mort,  reprint  sa  longue  iaqucUe,  et 
s’en  alla  la  queue  entre  les  Ïambes, 
et  s’eclipsa.Voyant  que  le  cœur  ne 
reuenoil  point  au  petit  homme,  pour 
vin  et  vinaigre  ny  autre  chose  qu’on 
luy  presentast ,  ie  m’approchay  de 
luy,  tastay  le  poux  qui  ne  battoit 
nullement,  alors  dis  qu’il  esloit  mort. 

À  donc  les  Bretons  qui  assistoient  à 
la  luitte,  dirent  tout  haut  en  leur  ba- 
ragouyn,  Andraze  meuraquet  eues  rac 
m  Uoa  so  abeudeux  henelep  e  barz  dn 
gouvethon  enel  wu  hoo,  engoustun:  c  est 
à  dire,  cela  n’est  pas  du  ieu.  Et  quel- 
qu’vn  dit  que  ce  grand  Daliuo  estoit 
coustumier  de  ce  faire ,  et  qu’il  n’y 
auoit  qu’vn  an  qu’il  auoit  fait  le 
semblable  à  vne  luitte.  le  voulus 
faire  ouuerture  du  corps  mort,  pour 
sçauoir  qui  auoit  esté  Cause  dé  Ceste 
mon  si  subite  :  ie  trouuay  beaucoup 
de  sang  espandü  au  thorax  et  au  ven¬ 
tre  inferieur,  et  m’efforçaÿ  de  COn- 
noistre  quelque  ouUCrture  du  lieu 
d’où  pouuoit  estre  sorti  telle  quan¬ 
tité  de  sang,  ce  que  ie  ne  sceu,  pour 
quelque  diligence  que  i’éusse  sceu 
faire  L  Or  ie  crois  que  c’estoit  per  Dia- 
pedesin  ou  Anastomosin,  C’est  à  dire 
par  l’ouuerture  des  bouches  des  vais¬ 
seaux,  ou  par  leurs  porosités.  Le 
pauure  petit  luitteur  fut  enterré. 

le  pris  congé  de  messieurs  de  Ro¬ 
han  ,  de  Laual ,  et  d’Estampes.  Mon¬ 
sieur  de  Rohan  me  fit  présent  de 
cinquante  doubles  ducats  et  d’vne 
’  hacqueuée ,  et  monsieur  de  Laual 
d’vn  courtaut  pour  mon  homme ,  et 
monsieur  d’Estampes  d’vn  diamant 
de  valleur  de  trente  escus  :  et  ie 
m’en  reuins  en  ma  maison  à  Paris. 

‘  l’eusse  bien  voulu,  mon  péiil  inaistre ,  vous 
voir  pour  sçauoir  trouuer  fàtiuerture.  — •  A.  P. 


VOYAGE  DE  PAIIPIGINAN.  —  1545. 

Quelque  temps  après  monsieur  de 
Rohan  me  mena  en  poste  auec  luy 
au  camp  de  Parpignan.  Estant  là,  les 
ennemis  firent  vne  sortie,  et  vln- 
drent  encloüer  trois  pièces  de  nostre 
artillerie ,  là  où  ils  furent  repoussés 
iusques  prés  la  porte  de  la  ville  :  ce 
qui  ne  fut  sans  qu’il  y  eust  beaucoup 
de  tués  et  de  blessés,  entre  les  autres 
monsieur  de  Brissac(qui  lors  estoit 
I  grand  maistre  de  l’artillerie)  d’vn 
coup  d’harquebuse  à  l’espaule.  S’en 
retournant  à  sa  tente ,  tous  les  bles¬ 
sés  le  suiuirent ,  esperans  estre  pen¬ 
sés  des  Chirurgiens  qui  le  deuoient 
penser.  Estant  arriué  à  sa  tente  et 
posé  sur  son  lit ,  la  balle  fut  cherchée 
par  trois  ou  quatre  Chirurgiens  les 
plus  experts  de  l’armée ,  lesquels  ne 
la  peurent  trouuer,  et  disoient  estre 
entrée  dedans  le  corps.  En  fin  il 
m’appella  pour  sçauoir  si  ie  pourrois 
estre  plus  habile  qu’eux,  pource  qu’il 
m’auoit  conneu  en  Piémont.  Inconti¬ 
nent  ie  le  fis  leuer  de  dessus  son  lit , 
et  luy  dis  qu’il  se  meist  en  mesme 
situation  qu’il  estoit  lors  qu’il  fut 
blessé  ‘  :  ce  qu’il  fit,  et  print  vn  ia- 
uelot  entre  ses  mains,  tout  ainsi 
qu’alors  il  auoit  vne  pique  pour  com¬ 
battre.  le  posay  la  main  autour  de 
sa  playe,  et  trouuay  la  balle  en  la 
chair,  faisant  vne  petite  tumeur  sous 
l’omoplate  :  l’ayant  trouuée ,  ie  leur 
monstray  l’endroit  où  elle  estoit,  et 
fut  tirée  par  M.  Nicole  Lauernault, 
Chirurgien  de  monsieur  le  Dauphin , 
qui  estoit  Lieutenant  du  Roy  en  ceste 
armée  :  toutesfois  l’honneur  m’en 
demeura  de  l’auoir  trouuée. 

'  Aàdr'esse  de  VÀuàeur.-~k.  P. 


ET  VOYAGES. 


le  vis  vne  cKose  de  grande  re¬ 
marque  :  c’est  qu’vn  soldat  donna  en 
ma  presence  va  coup  de  lialebarde 
sur  Ha  teste  d’vn  de  ses  compagnons,  | 
pénétrant  iusques  à  la  cauilé  du  ven¬ 
tricule  senestre  du  cerueau,  sans 
qu’il  toinbast  en  terre.  Cesluy  qu’il 
frappa  disoit  qu’il  auoit  entendu  l’a- 
uoir  pippé  aux  dez,  et  auoit  tiré  de 
luy  vne  grande  somme  d’argent,  et 
estoitcoustumier  depipper.  On  m’ap- 
pella  pour  le  penser  :  ce  que  le  fis, 
comme  par  acquit ,  sçachant  que  bien 
tost  il  deuoit  mourir.  L’ayant  pensé , 
il  s’en  retourna  tout  seul  en  sa  loge, 
où  il  y  auoit  pour  le  moins  deux  cens 
pas  de  distance  :  ie  dis  à  vn  de  ses  com¬ 
pagnons  qu’il  enuoyast  quérir  vn 
prestre,  pour  disposer  des  affaires  de 
son  ame  :  il  luy  en  bailla  vn  qui  l’ac¬ 
compagna  iusques  au  dernier  sous- 
pir.  Le  lendemain  le  malade  m’en- 
uoya  quérir  par  sa  gouge  habillée  en 
garçon,  pour  le  penser  :  ce  que  ie  ne 
voulu ,  craignant  qu’il  ne  mourust 
entre  mes  mains.  Et  pour  m’en  des¬ 
faire  ,  ie  luy  dis  qu’il  ne  falîoit  leuer 
son  appareil  que  le  troisième  iour, 
d’autant  qu’il  mourroit,  sans  plus 
y  toucher.  Le  troisième  i()ur.<  il  me 
vint  trouuer  tout  chancelant,  en  ma 
tente ,  accompagné  de  sa  garse ,  et 
me  pria  affectueusement  de  le  pen¬ 
ser  :  et  me  monstra  vne  bourse  où  il 
y  pouuoit  auoir  cent  ou  six  vingts 
pièces  d’or,  et  qu’il  me  contenteroil  à 
ma  volonté.  Non  encore  pour  tout 
cela  ie  differois  leuer  son  appareil, 
craignant  qu’il  ne  mourust  sur 
l’heure.  Certains  gentilshommes  me 
prièrent  de  l’aller  penser ,  ce  que  ie 
fis  à  leur  requesle:  mais  en  le  pen¬ 
sant  mourut  entre  mes  mains  en  con- 
uulsion.  Or  ce  prestre  l’accompagna 
iusques  à  la  mort ,  qui  se  saisit  de  la 
bour.se,  de  peur  qu’vn  aulre  ne  la 


69Ô 

print,  disant  qu’il  en  diroit  des  mes¬ 
ses  pour  sa  pauure  ame.  D’auantage 
il  s’empara  de  ses  hardes  et  de  tout 
ie  reste. 

l’ay  recité  ceste  histoire  comme 
chose  monstrueuse,  que  le  soldat, 
ayant  receu  ce  grand  cotip ,  ne  tomba 
en  terre ,  et  ratiocina  iusques  à  la 
mort. 

Tost  après  le  camp  fut  rompu  poiir 
plusieurs  causes  :  l’vne  que  nous  fus- 
mes  aduertis  qu’il  estoit  entré  quatre 
compagnies  d’Espagnols  dans  Par- 
pignaii  :  l’autre ,  que  la  peste  corn 
mençoit  fort  à  nostre  camp  :  et  nous 
fut  dit  par  gens  du  pays  qu’en  bref  il 
se  feroit  vn  grand  desbordement  de 
la  mer,  qui  nous  pourroit  tous  noyer  : 
et  le  présagé  qu’ils  en  auoient  estoit 
vn  bien  grand  vent  marin  qui  s’esleua, 
de  sorte  qu’il  ne  demeura  vne  seule 
tente  qu’elle  ne  fust  rompue  et  ren^ 
uersée  par  teri'e ,  quelque  diligence 
et  force  qu’on  y  peust  mettre  :  et  lés 
cuisines  estans  toutes  descou uertes , 
le  vent  esleuoit  les  poussières  et  sa¬ 
bles  qui  saloient  et  saupoudraient 
nos  viandes,  de  façon  qu’on  n’en 
pouuoit  manger,  et  nous  les  fallait 
faire  cuire  en  pots  et  autres  vaisseaux 
couuerts.  Or  nous  ne  decampasmes 
point  de  si  bonne  heure,  qu’il  n’y 
eusi  beaucoup  de  charrettes  et  char- 
tiers,  mulets  et  muletiers,  submer¬ 
gés  en  la  mer,  auec  grande  perle  de 
bagage. 

Le  camp  rompu ,  ie  m’en  reuins  à 
Paris. 


VOYAGE  DE  GANDRIÎSY.  —  15 i4. 

Le  lloy  François  leua  vne  graede 
armée  pour  ennictuailler  Latidrc.sy, 


APOLOGIE 


G96 

De  Taulre  costë ,  l’Empereur  n’auoit 
pas  moins  de  gens,  voire  beaucoup 
plus  :  à  sçauoir,  dix  huit  mille  Alle- 
mans,  dix  mille  Espagnols,  six  mille 
Walons,  dix  mille  Anglois,  et  de 
treize  à  quatorze  mille  cheuaux.  le 
vis  les  deux  armées  proches  les  vnes 
des  autres,  à  la  portée  du  canon  ,  et 
pensoit  on  qu’ils  ne  se  partiroient 
iamais  sans  donner  bataille.  11  y  eut 
quelques  fols  gentils-hommes  qui  se 
voulurent  approcher  au  camp  de 
l’ennemy  ;  il  leur  fut  tiré  des  coups 
de  passe-volans,  aucuns  demeureront 
sur  la  place,  autres  eurent  les  bras 
et  iambes  emportés.  Le  Roy  ayant 
fait  ce  qu’il  desiroit ,  qui  estoit  auoir 
renuictuailléLandresy,se  retira  auec 
son  armée  à  Guise ,  qui  fut  le  lende¬ 
main  de  la  Toussaints ,  mil  cinq  cens 
quarante  quatre:  et  de  là  ie  m’en  re- 
uins  à  Paris*. 


VOYAGE  DE  BOVLOGNE.  —  1545. 

Peu  de  temps  après  nous  allasmes 
à  Boulogne,  où  les  Anglois ,  voyans- 
nostre  armée,  quittèrent  les  forts 
qu'ils  auoient,  à  sçauoir:  Moulam- 
bert,  le  petit  Paradis,  Monplaisir,  le 
fort  de  Chaslillon,  le  Portet,  le  fort 
Dai  delot.  Vn  iour,  allant  par  le  camp 
pour  penser  mes  blessés,  les  ennemis 
qui  cstoicnt  en  la  Tour  d’ordre  tirè¬ 
rent  vne  piece  d’artillerie ,  pensans 
tuer  deux  hommes  d’armes  qui  es- 
toient  arrestés  pour  deuiser  ensem¬ 
ble.  Aduint  que  la  balle  passa  fort 
prés  de  l’vn  d’iceux ,  qui  le  renuersa 

‘  Dans  l'édition  de  1585  ce  Votjage  de 
Lanilresij  venait  après  le  Voyage  de  Bou¬ 
logne;  mais  sans  le  moindre  changement 
dans  la  rédaction. 


par  terre,  et  pensoit-on  que  ladite 
balle  luy  eust  touché  :  ce  qu’elle  ne 
fit  nullement,  mais  seulement  le 
vent  de  ladite  balle  au  milieu  de  sa 
tassette ,  qui  fit  telle  force,  que 
toute  la  partie  extérieure  de  la  cuisse 
deuintliuide  et  noire,  et  ne  sepou- 
uoit  soustenir  qu’à  bien  grand  peine, 
le  le  pensay,  et  luy  fis  plusieurs  sca¬ 
rifications  pour  euacuer  le  sang 
meurtri  qu’auoit  fait  le  vent  de  la¬ 
dite  balle  :  et  des  bonds  qu’elle  fit 
sur  terre ,  tua  quatre  soldats  demeu- 
rans  tous  morts  en  la  place. 

le  n’estois  pas  loin  de  ce  coup ,  de 
façon  que  i’en  sentis  aucunement  l’air 
agité,  sans  me  faire  aucun  mal  que 
d’vne  peur  qui  me  fit  baisser  la 
teste  assez  bas,  mais  la  balle  estoit  ja 
bien  loin.  Les  soldats  se  moquèrent 
de  moy  d’auoir  peur  d’vne  balle  qui 
estoit  ja  passée.  Mon  petit  maistre ,  ie 
croy  que  si  eussiez  esté  là ,  que  ie 
n’eusse  eu  la  peur  tout  seul ,  et  qu’en 
eussiez  eu  vostre  part. 

Que  diray  plus?  Monseigneur  le 
Duc  de  Guise,  François  de  Lorraine, 
fut  blessé  deuant  Boulogne d’vn  coup 
de  lance  qui  au  dessus  de  l’œil  dextre, 
déclinant  vers  le  nez,  entra  et  passa 
outre  de  l’autre  part,  entre  la  nuque 
et  l’oreille ,  d’vne  si  grande  violence 
que  le  fer  de  la  lance,  auec  portion 
du  bois,  fut  rompue  et  demeura  de¬ 
dans:  en  sorte  qu'il  ne  peust  eslre  tiré 
hors  qu'à  grand’force,  mesme  auec 
des  tenailles  de  mareschal.  Nonob¬ 
stant  toutesfois  ceste  grande  violen¬ 
ce,  qui  ne  fut  sans  fracture  d’os, 
nerfs,  veines,  et  arteres,  et  autres 
parties  rompues  et  brisées,  raondit 
seigneur,  par  la  grâce  de  Dieu ,  fut 
guari.  Ledit  seigneur  alloit  tousiours 
guerroyer  à  face  descouuerte  ;  voila 
pourquoy  la  lance  passa  outre  do 
l’autre  part. 


ET  VOYAGES. 


VOYAGE  d’ALLEMAGNE. —  1552. 

Te  m’en  allay  au  voyage  d’Allema¬ 
gne,  l’an  1552  ,  aucc  monsieur  de 
Rohan ,  Capitaine  de  cinquante  hom¬ 
mes  d’armes,  où  i’estois  Chirurgien 
de  sa  compagnie,  ce  que  i’ay  dit  cy 
dessus.  En  ce  voyage  monsieur  le 
Connestable  estoit  General  de  l’ar¬ 
mée  :  monsieur  de  Chastillon ,  depuis 
Admirai ,  estoit  chef  et  Colonel  de 
l’infanterie,  ayant  quatre  regimens 
de  Lansquenets  sous  la  conduite  des 
Capitaines  de  Recrod  et  Ringraue , 
ayans  chacun  deux  regimens  :  cha¬ 
que  régiment  estoit  de  dix  enseignes, 
et-  chacune  enseigne  de  cinq  cens 
hommes.  Et  outre  ceux  cy  estoit  le 
Capitaine  Charte! ,  lequel  conduisoit 
les  trouppes  que  les  Princes  Protes- 
tans  auoient  enuoyées  au  Roy.  Ceste 
infanterie  estoit  fort  belle ,  accompa¬ 
gnée  de  quinze  cens  hommes  d’armes, 
auec  la  suitte  chacun  de  deux  Ar¬ 
chers,  qui  pouuoient  faire  quatre 
mil  cinq  cens  chenaux  ;  et  outre  deux 
mille  chenaux  légers,  et  autant  de 
harquebusiers  à  chenal  ,  desquels 
estoit  General  monsieur  d’Aumalle, 
sans  le  grand  nombre  de  noblesse  qui 
y  estoit  venue  pour  son  plaisir.  D’a¬ 
bondant  le  Roy  esioit  accompagné  de 
deux  cens  gentils-hommes  de  sa  mai¬ 
son  ,  ausquels  commandoit  le  sieur  de 
Boisy,  et  l’autre  le  sieur  de  Canappe, 
et  pareillement  de  plusieurs  Princes. 
A  sa  suite  y  auoit  encore  pour  luy 
seruir  d’escorte  les  gardes  Françaises, 
et  Escossoises,  et  Suisses,  mon  tans  à 
six  cens  hommes  de  pied  ;  et  les  com¬ 
pagnies  de  monsieur  le  Dauphin , 
messieurs  de  Guise,  d’Aumalle  et  du 
Mareschal  S.  André,  qui  montoient 


697 

à  quatre  cens  lances ,  qui  estoit  vne 
chose  mer  ucilleuse  de  voir  vne  si  belle 
compagnie  :  et  en  cest  équipage  le 
Roy  entra  dans  Thoul  et  Mets.  ' 

le  ne  veux  laisser  à  dire  qu’il  fut 
ordonné  que  les  compagnies  de  mes¬ 
sieurs  de  Rohan  ,  du  Comte  de  San- 
cerre,  de  larnac  (qui  estaient  chacune 
de  cinquante  hommes  d'armes)  che¬ 
mineraient  sur  les  ailes  du  camp  :  et 
Dieu  sçait  comme  nous  auions  disette 
de  viures,  et  proteste  à  Dieu  que  par 
trois  diuerses  fois  ie  cuiday  mourir  de 
faim  :  et  n’ estoit  faute  d’argent ,  car 
i’en  auois  assez,  et  ne  pouuions  auoir 
viures  que  par  force ,  à  raison  que  les 
paysans  les  reliroient  dedans  les 
villes  et  chasteaux.  Vn  des  seruiteurs 
du  Capitaine  enseigne  de  la  compa¬ 
gnie  de  monsieur  de  Rohan ,  alla 
auec  d’autres  pour  cuider  entrer  en 
vne  Eglise  où  les  paysans  s’estoient 
retirés,  pensant  trouuer  des  viures 
par  amour  ou  par  force  :  mais  entre 
les  autres  cestuy  là  fut  bien  battu, 
et  s’en  reuint  auec  sept  coups  d’espée 
à  la  teste  ;  le  moindre  penetroit  la 
seconde  table  du  crâne  :  et  en  auoit 
quatre  autres  sur  les  bras,  et  vn  sur 
l’espaule  droite,  qui coupoit  plus  de 
la  moitié  de  l’omoplate  ou  paleron. 
Il  fut  rapporté  au  logis  de  son  mais- 
tre  ,  lequel  le  voyant  ainsi  nauré ,  et 
qu’aussi  deuoit-on  partir  le  lende¬ 
main  dés  la  pointe  du  iour,  et  n’es¬ 
timant  pas  qu’il  deust  iamais  guarir , 
fit  cauer  vne  fosse,  et  le  vouloit 
faire  ietter  dedans,  disant  qu’aussi 
bien  les  paysans  le  massacreroient 
et  tueroient.  Meu  de  pitié  *,  ieluy  dis 
qu’il  pourroit  encore  guarir  s’il  estoit 
I  bien  pensé  :  plusieurs  gentils-hom¬ 
mes  de  la  compagnie  le  prièrent  de 
le  faire  mener  auec  le  bagage ,  puis 

I  Chnriif  de  l’/tiilhonr.  —  A.  P. 


APOLOGIE 


G98 

quei’auoisceste  volonté  de  le  penser  : 
ce  qu’il  accorda,  et  après  que  ie  l’eus 
habillé,  fut  mis  en  vne  charrette,  sur 
vn  lict  bien  couuert  et  bien  accom¬ 
modé,  qu’vn  chenal  Irainoit.  le  luy 
fis  office  de  Médecin  ,  d’Apoticaire, 
de  Chirurgien,  et  de  cuisinier  :  ie  le 
pensay  iusques  à  la  fin  de  la  Cure ,  et 
Dieuleguarist  :  dont  tous  ceux  de  ces 
trois  compagnies  admiroient  ceste 
cure.  Les  hommes  d’armes  de  la  com¬ 
pagnie  de  monsieur  de  Rohan,  la  pre¬ 
mière  monstre  qui  se  fit,  me  don¬ 
nèrent  chacun  vu  escu,  et  les  archers 
demy  escu. 


VOYAGE  DE  DANVII.UE8S  —  1552. 

Au  retour  du  camp  d’Allemagne, 
le  Roy  Henry  assiégea  Danuilliers,  et 
ceux  du  dedans  ne  se  vouioient  ren¬ 
dre.  Ils  furent  bien  battus  ;  ta  poudre 
nous  manqua,  cependant  tiroient 
tousioUrs  sur  nos  gens.  Il  y  eut  vn 
coup  de  couleurine  qui  passa  au  tra- 
uers  de  la  tente  de  monsieur  de  Ro¬ 
han  ,  qui  donna  contre  la  iarnbe  d’vn 
gentilhomme  qui  estoit  à  sa  suilte, 
qu’il  me  fallut  paracheuer  de  couper, 
qui  fut  sans  appliquer  les  fers  ardens. 

Le  Roy  manda  quérir  de  la  poudre 
à  Sedan  ;  estant  arriuée,  on  com¬ 
mença  la  batterie  plus  grande  qu’au- 
parauant,  de  façon  qu’on  fit  breche. 
Messieurs  de  Guise  et  le  Coniiestable 
estans  à  la  chambre  du  Roy ,  luy  di¬ 
rent  et  conclurent  que  le  lendemain 
il  falloit  donner  l’assaut ,  et  estoient 
asseurés  qu’on  entreroit  dedans  :  et 
falloit  tenir  cela  secret ,  de  peur  que 
l’énnemy  n’en  fust  aduerti  :  et  pro¬ 
mirent  chacun  de  n’en  parler  à  per¬ 
sonne.  Or  il  y  auoit  vn  valet  de 


chambre  du  Roy ,  qui  s’estaut  couché 
sous  son  lict  de  camp  pour  dormir, 
entendit  qu’on  auoit  résolu  donner  le 
lendemain  l’assaut.  Subit  le  rcuela  à 
vn  certain  Capitaine,  et  luy  dist  que 
pour  certain  le  lendemain  on  donne¬ 
rait  l’assaut,  et  l’auoit  entendu  du 
Roy ,  et  pria  ledit  Capitaine  de  n’en 
parler  à  personne:  ce  qu’il  promit, 
mais  sa  promesse  ne  tint  pas ,  et  de  ce 
pas  s’en  alla  le  déclarer  à  vn  Capi¬ 
taine,  et  du  Capitaine  à  vn  Capitaine, 
et  des  Capitaines  à  qtielques-vns  de 
leurs  soldats ,  disans  tousiours  :  n’en 
dites  mot.  Cela  fut  si  bien  celé,  que 
le  lendemain  du  grand  malin  ,  on 
voyoit  la  plus  grand’part  des  soldats 
auec  leurs  roiulaches  et  leurs  chaus¬ 
ses  coupées  au  genoüil ,  pour  mieux 
monter  à  la  breche.  Le  Roy  fut  ad- 
uerli  de  ce  bruit  qui  couroit  parmy 
cecamp  qu’on  deaoil  donner  l’ assaut  : 
dont  il  fut  fort  esmerueillé.  attendu 
qu’ils  n’estoient  que  trois  en  cest  ad- 
uis,  qui  auoient  p  omis  i’vn  à  l’autre 
n’en  parler  à  pei  sonne.  Le  Roy  en- 
uoya  quérir  monsieur  de  Guise,  pour 
sçauoir  s’il  n’auoit  point  parlé  de  cest 
assaut  ;  il  luy  iura  et  affirma  qu’il  ne 
l’auoit  déclaré  à  personne  Autant  en 
dist  monsieur  le  Connestable ,  lequel 
dist  au  Roy  qu’il  falloit  expressément 
sçauoir  qui  auoit  déclaré  ce  conseil 
secret ,  attendu  qu’ils  n’estoient  que 
trois.  Inquisition  fut  faite  de  Capi¬ 
taine  en  Capilaine,  enfin  on  Irouua 
la  vérité  :  car  i’vn  disoit,  c’a  esté  vn 
tel  qui  me  l’a  dit  ;  vn  autre  autant, 
tant  que  l’on  vint  au  premier  qui  dé¬ 
clara  l’auoir  appris  du  valet  de  cham¬ 
bre  du  Roy,  nommé  Guyard,  natif 
de  Rlüis,  fils  d’vn  Rarbier  du  defunct 
Roy  François.  Le  Roy  l’enuoya  qué¬ 
rir,  en  sa  tente ,  en  la  présence  de 
monsieur  de  Guise  et  de  monsieur  le 
Conneslable,  pour  entendre  de  luy 


ET  VOYAGES. 


d’où  il  tenolt  et  qui  luy  aüoit  dit 
qu’on  deuoit  donner  cest  assaut.  Le 
Hoy  luy  dist  que  s’il  ne  disoit  la  vérité, 
qu’il  le  feroit  pendre.  Alors  il  déclara 
qu’il  s’estoit  mis  sous  son  lict  pensant 
dormir  :  l’ayant  entendu  ,  l’auoit  dit 
à  vn  Capitaine  qui  estoit  de  ses  amis, 
à  fin  qu’il  se  préparas!  auec  ses  sol¬ 
dats  d’aller  des  premiers  à  l’assaut. 
Alors  le  Roy  conneut  la  vérité,  et 
lüy  dist  que  iamais  ne  s’en  seruiroit , 
et  qu’il  auoit  mérité  le  pendre,  et  que 
iamais  plus  il  ne  se  trouuastà  la  c  )ur. 

Mon  valet  de  chambre  s’en  alla 
auec  ce  bonnet  de  nuict ,  et  coUchoit 
auec  vn  chirurgien  ordinaire  du  Roy, 
nommé  maistre  Louys  de  la  coste 
sainct  André  :  la  nuict  se  donna  six 
coups  de  Cousteau,  et  se  coupa  la 
gorge ,  sans  que  ledit  Chirurgien 
s’en  apperceust  iusques  au  matin, 
qu’il  trouua  son  lict  tout  ensanglanté, 
et  le  corps  mort  auprès  de  luy.  Dont 
il  fut  fort  esmerueillé  de  voir  ce  spec¬ 
tacle  à  son  resueil ,  et  eut  peur  qu’on 
eust  dit  qu’il  fust  cause  de  ce  meur¬ 
tre.  Mais  subit  fut  deschargé,  con- 
noissant  la  cause,  qui  fut  par  vn 
desespoir  d’auoir  perdu  la  bonne  ami¬ 
tié  que  luy  portoit  le  Roy.  Ledit 
Guyard  fut  enterré. 

Et  ceux  de  Danuilliers,  lorsqu’ils 
virent  la  breche  raisonnable  pour 
entrer  dedans ,  et  les  soldats  préparés 
à  l’assaut,  se  rendirent  à  la  discrétion 
du  Roy.  Les  chefs  furent  prisonniers, 
et  les  soldats  renuoyés  sans  armes. 

Le  camp  rompu,  ie  m’en  retournay 
à  Paris,  auec  mon  gentilhomme  au- 
qüel  auois  coupé  la  iambe  :  ie  le  pen- 
say,  et  Dieu  le  guarist.  le  ie  renuoyay 
en  sa  maison,  gaillard,  auec  vne 
iambe  de  bois  :  et  se  conteutoit,  disant 

1  Que  c'est  de  reiieler  les  secrets  desPrinces. 

—  A.  P. 


^99 

qu’il  en  estoit  quitte  à  bon  marché,  de 
n’auoir  esté  misérablement  briislé 
pour  luy  estancher  le  sang,  comme 
escriuez  en  voslreliure,  mon  petit 
maistre. 


VOYAGE  DE  CIIASTEAV  LE  COMTE.  — 
1552. 

Quelque  temps  après,  le  Roy  Henry 
fit  leuer  vne  armée  de  trente  mille 
hommes ,  pour  aller  faire  degast  à 
l'ehtour  de  Hedin.Le  Roy  de  Nauarre, 
qu’on  appelloit  polir  lors  monsieur  de 
Vendosme  ,  estoit  chef  de  l’armée ,  et 
Lieutenant  du  Roy.  Estant  à  S.  Denys 
en  France ,  attendant  que  les  com¬ 
pagnies  passaient,  m’enuoya  quérir  à 
Paris  pour  aller  parler  à  luy.  Estant 
là  ,  me  pria  (  sa  priere  m’estoit  cOih- 
mandement)  de  le  vouloir  suiure  à 
ce  voyage  ;  et  voulant  faire  mes  ex¬ 
cuses,  disant  que  ma  femme  estoit  au 
lit  malade ,  me  fit  response  qu’il 
y  auoit  des  Médecins  à  Paris  pour  la 
traiter,  et  qu’il  laissait  bien  la  sienne, 
qui  estoit  d’aussi  bonne  maison  que 
la  mienne,  me  promettant  qu’il  me 
traiteroit  bien  ;  et  des  lors  (it  com¬ 
mandement  que  fusse  couché  en  son 
estât.  Voyant  ceste  grande  affection 
qu’il  aüoit  de  me  mener  auec  luy,  ie 
ne  l’osay  refuser. 

le  l’allay  trouuer  au  Chasteau  le 
Comte ,  trois  ou  quatre  lieues  prés  de 
Hedin ,  là  où  il  y  auoit  des  Impériaux 
soldats  en  garnison  auec  nombre  de 
paysans  d’alentour.  Il  les  fit  sommer 
de  leur  rendre  :  ils  firent  response 
qu’il  ne  les  aurait  iamais  que  par  piè¬ 
ces  ,  et  qu’ils  fissent  du  pis  qu’ils 
pourroient,  et  eux  feroient  du  mieux 
à  se  défendre.  Ils  se  fiaient  en  leurs 


APOLOGIE 


700 

fossés  qui  estoient  pleins  d’eau  ;  et 
en  deux  heures ,  auec  grand  nombre 
de  fascines  et  certains  tonneaux ,  on 
fit  chemin  pour  passer  les  gens  de 
pied,  quand  il  faudroit  aller  à  l’as¬ 
saut:  et  furent  battus  de  cinq  canons, 
et  fit  on  breche  aucunement  suffi¬ 
sante  pour  y  entrer  :  où  ceux  de  de¬ 
dans  receurent  l’assaut  bien  viue- 
ment,et  ne  fut  sans  tuer  et  blesser 
grand  nombre  de  nos  gens  de  coups 
d’harquebuses,  de  piques,  et  de  pier¬ 
res.  En  fin  quand  ils  se  virenl  fort  és, 
ils  mirent  le  feu  en  leurs  poudres  et 
munitions,  qui  fut  cause  de  bru.sler 
beaucoup  de  nos  gens,  et  d’entr’eux 
semblablement ,  et  furent  presque 
tous  mis  au  fil  de  l’espée.  Toutesfois 
quelques  -  vns  de  nos  soldats  en 
auoient  pris  vingt  ou  trente ,  espe- 
rans  en  auoir  rançon.  Cela  fut  sceu  , 
et  arresté  par  le  conseil  qu’il  seroit 
crié  à  son  de  trompe  parmy  le  camp, 
que  tous  soldats  qui  auoient  des  Es¬ 
pagnols  prisonniers  eussent  à  les 
tuer ,  sur  peine  d’estre  pendus  et  es- 
tranglés.  Ce  qui  fui  fait  de  sang- 
froid. 

Delà  nous  nous  en  allasmes  brus- 
1er  plusieurs  villages,  dont  les  granges 
estoient  toutes  pleines  de  grain  ,  à 
mon  très- grand  regret.  Nous  nous  en 
allasmes  iusques  à  Tournaban  ,  où  il 
y  auoit  vne  bien  grosse  tour,  où  les 
ennemis  se  retiroient ,  mais  il  n’y  fut 
trouué  personne  :  tout  fut  pillé,  et 
fit-on  sauter  la  tour  par  vne  mine , 
auec  la  poudre  à  canon  ,  qui  la  ren- 
uersa  s'en-dessus-dessous.  Après  cela, 
le  camp  se  rompit,  et  m’en  retournay 
à  Paris. 

le  ne  veux  encore  oublier  à  escriro, 
que  le  lendemain  que  Chasteau  le 
Comte  fut  pris ,  monsieur  de  Ven- 
dosme  enuoya  vn  gentil-homme  si¬ 
gnalé  deuers  le  Roy,  pour  luy  faire 


rapport  de  tout  ce  qui  esloil  passé:  et 
entre  autres  propos  disl  au  Roy,  que 
i’auois  grandement  fait  mon  deuoir  à 
penser  les  blessés ,  et  que  ie  luy  auois 
monstré  dixbuit  balles  que  i’auois 
tirées  des  corps  des  blessés  :  et  qu'il  y 
en  auoit  encore  bien  d’auantage  que 
ien’auois  pas  pu  trouucr  ni  l  rer,  et 
luy  dist  plus  de  bi(Mi  de  uioy,  qu'il 
n’y  en  auoil  la  moitié.  Alors  le  Roy 
dist  qu’il  vouloit  que  ie  fusse  à  son 
seruice,  et  commanda  à  monsieur  du 
Goguier  ,  son  premier  Médecin,  qu’il 
eust  à  m’es,  rire  qu'il  me  relenoit  à 
son  seruice  pour  l’vn  de  ses  Chirur¬ 
giens  ordinaires ,  et  que  ie  l’allasse 
trouueràReims  dedans  dix  ou  douze 
iours.  Ce  que  ie  fis  :  là  où  il  me  fit 
cest  honneur  de  me  commander  que 
i’eusse  à  demeurer  auprès  de  luy,  et 
qu’il  me  feroil  du  bien.  Alors  ie  le 
remerciay  bien  humblement  de  l’hon¬ 
neur  qu’il  luy  plaisoit  me  taire  de 
m’appeler  à  son  seruice. 


VOYAGE  DE  METS.  --  1552. 

L’Empereur  ayant  assiégé  Mets 
auec  plus  de  six  vingts  mille  hommes, 
et  au  plus  fort  de  l’hyuer,  comme 
chacun  sçait  de  recente  mémoire  :  et 
y  auoit  en  la  ville  de  cinq  à  six  mille 
hommes,  et  entre  autres  sept  Princes , 
à  sçauoir  monsieur  le  duc  de  Guise  , 
Lieutenant  du  Roy,  messieurs  d’An- 
guien,  deCondé,  de  Monlpensier,  de 
la  Roche-sur-Yon,  monsieur  de  Ne¬ 
mours,  et  plusieurs  autres  gentils¬ 
hommes  ,  auec  vn  nombre  de  vieux 
Capitaines  et  gens  de  guerre  :  les¬ 
quels  faisoienl  souuent  des  saillies  sur 
les  ennemis  (comme  nous  dirons  cy 
après)  où  n’estoit  sans  qu’il  on  de- 


ET  VOYAGES. 


meurast  beaucoup  tant  d’vne  part 
que  d’autre.  Nos  gens  blessés  mou- 
roient  quasi  tous  ,  et  pensoit-on  que 
les  drogues  dont  ils  estoient  pensés 
fussent  empoisonnées.  Qui  fut  cause 
que  monsieur  de  Guise,  et  messieurs 
les  Princes,  firent  tant  qu’ils  deman¬ 
dèrent  au  Roy  que  s’il  estoit  possible, 
on  m’enuoyast  vers  eux  auecdes  dro¬ 
gues,  et  qu’ils  croyoienl  que  les  leurs 
fussent  empoisonnées  ,  veu  que  de 
leurs  blessés  peu  reschappoient.  le 
croy  qu’il  n’y  auoit  aucune  poison  : 
mais  les  grands  coups  de  coutelas,  et 
d’harquebuses ,  et  l’extreme  froid , 
en  estoient  cause.  Le  Roy  fit  escrire 
à  monsieur  le  Mareschal  de  sainct 
André,  qui  estoit  son  Lieutenant  à 
Verdun  ,  qu’il  trouuast  moyen  de  me 
faire  entrer  à  Mets,  par  quelque  façon 
que  ce  fust.  Le  seigneur  Mareschal  de 
sainct  André,  et  monsieur  le  Mares¬ 
chal  de  Vieille-Ville,  gaignerent  vn 
Capitaine  Italien,  lequel  leur  promit 
m’y  faire  enirer ,  ce  qu’il  fit:  et  pour 
ce ,  eut  quinze  cens  escus.  Le  Roy 
ayant  entendu  la  promesse  qu’auoit 
fait  le  Capitaine  Italien  ,  m’ennoya 
quérir,  et  me  commanda  de  prendre 
de  son  Apothicaire  nommé  Daigne  , 
tant  et  tehes  drogues  que  ie  verrois 
esire  necessaires  pour  les  blessés  as¬ 
siégés;  ce  que  ie  üs,  tant  qu'vn  che- 
ual  de  pos.e  en  pouuoit  porter.  Le 
Roy  me  donna  charge  de  parler  à 
moii.'>i<'u/(ie Guise,  et  aux  l^iinces  et 
Capilaineï,  qui  estcient  à  ;VIets, 

Estant  arriué  à  Verdun,  quelques 
iours  après  monsieur  le  Mareschal  de 
sainct  André  me  fit  hailler  des  che¬ 
naux  pour  moy  et  pour  mon  homme, 
et  pour  le  Capitaine  Italien  ,  lequel 
parlait  fort  bon  Alleman,  Espagnol, 
et  Walon  ,  auec  sa  langue  mater¬ 
nelle.  Lors  qu’estions  à  huit  ou  dix 
lieuë»  prés  de  Mets  ,  n’allions  que  de 


701 

nuit  :  ou  estant  prés  du  camp  ie  vis 
à  plus  d’vne  lieuë  et  demie  des  feux 
allumés  autour  de  la  ville ,  ressem¬ 
blant  quasi  que  toute  la  terre  ardoit, 
et  m’estoit  aduis  que  nous  ne  pour¬ 
rions  iamais  passer  au  trauers  de  ces 
feux  sans  estre  descouuerts ,  et  par 
conséquent  estre  pendus  et  estranglés, 
ou  mis  en  pièces ,  ou  payer  grosse 
rançon.  Pour  vray  dire ,  i’eusse  bien 
et  volontiers  voulu  estre  encore  à 
Paris,  pour  le  danger  eminent  que  ie 
preuoyois.  Dieu  conduit  si  bien  nostre 
affaire,  que  nous  entrasmes  en  la  ville 
à  minuit ,  auec  vn  certain  signal  que 
le  Capitaine  auoit  auec  vn  autre  Ca¬ 
pitaine  de  la  compagnie  de  monsieur 
de  Guise  :  lequel  seigneur  i’allay 
trouuer  en  son  lict,  qui  me  receut  de 
bonne  grâce,  estant  bien  ioyeux  de 
ma  venue.  le  luy  fls  ma  légation  de 
tout  ce  que  le  Roy  m’auoil  commandé 
luy  dire.  le  luy  dis  que  i  auois  vne 
petite  lettre  à  luy  bailler,  et  que  le 
lendemain  ie  ne  ferois  faute  la  luy 
donner.  Cela  fait ,  commanda  qu’on 
me  donnas!  logis ,  et  que  ie  fusse  bien 
traité ,  et  me  dist  que  ie  ne  faillisse 
le  lendemain  me  trouuer  sur  la  brè¬ 
che  ,  où  ie  trouuerois  tous  les  Princes 
et  Seigneurs  et  plusieurs  Capitaines  : 
ce  que  ie  fls  :  et  me  receurent  auec 
vne  grande  ioye,  me  faisans  cest 
honneur  de  m'embrasser,  et  me  dire 
qu  '  i  estois  le  bien  venu;  adioustans 
qu  i.s  u’auoient  plus  de  peur  de  mou¬ 
rir  s’il  aduenoit  qu’ils  fussent  blessés. 

Monsieur  le  prince^de  la  Roche- 
sur-Yon  fut  le  premier  qui  me  festoya, 
et  s’enquist  de  moy  ce  qu’on  disoit  à  la 
Cour  de  la  ville  de  Mets.  le  luy  dis 
tout  ce  queie  voulus.  Puis  subit  me 
pria  d’aller  voir  l’vn  de  ses  gentils¬ 
hommes  ,  nommé  monsieur  de  Ma- 
gnane,  à  présent  Cheualier  de  l’or¬ 
dre  du  Roy  et  Lieutenant  des  gardes 


APULOtilE 


702 

de  sa  Majesté,  lequel  eut  la  iambe 
rompue  d’vu  esclal  de  canon.  le  le 
trouuay  au  lit,  sa  iambe  ployée  et 
courbée,  sans  aucun  appareil  dessus  : 
parce  qu’vn  gentil-homme  luy  pro- 
mettoit  guarison  ,  en  ayant  son 
nom  et  sa  ceinture ,  auec  certaines 
paroles  :  et  le  pauure  genlil-bomme 
pleuroit  et  crioit  de  douleur  qu’il 
sentoit,ne  dormant  ne  iour  ne  nuit,  il 
y  auoit  quatre  iours.  Alors  ie  me  moc- 
quay  fort  de  ceste  imposture  et  faulse 
promesse  :  promptement  ie  racous- 
tray  et  habillay  si  dexlrement  sa 
iambe,  qu’il  fut  sans  douleur  el  dor¬ 
mit  toute  la  nuit  :et  depuis  fut,  grâces 
à  Dieu,  guari,  et  est  encore  à  présent 
viuant,  fraisant  seruice  au  Roy.  Ledit 
seigneur  de  la  Roche-sur-Yon  m’en- 
uoya  vn  tonneau  de  vin,  plus  gros 
qu’vne  pipe  d’Anjou,  en  mon  logis,  et 
me  fit  dire  que  lors  qu’il  seroitbeu, 
il  en  enuoyeroit  d’autre.  C’estoit  à 
qui  me  Iraiteroit,  me  faisans  tous 
bonne  chere. 

Cela  fait,  monsieur  de  Guise  me 
bailla  vne  liste  de  certains  Capitaines 
et  Seigneurs,  et  me  commanda  de 
leur  dire  ce  que  le  Roy  m’auoit  donné 
en  charge  :  ce  que  ie  fis  :  qui  estoit 
faire  ses  recommandations,  et  vn  re¬ 
merciement  du  deuoir  qu’ils  auoient 
fait, et  faisoient  à  la  garde  de  sa  ville 
de  Mets,  et  qu’il  le  reconnoistroit.  le 
fus  plus  de  huit  iours  pour  acquitter 
ma  charge,  parce  qu’ils  estoient 
plusieurs.  Pi’eraierement  à  tous  les 
Princes  et  autres,  comme  le  Duc  Ho¬ 
race,  le  Comte  de  Martigues,  et  son 
frere  monsieur  deBaugé,  les  sei¬ 
gneurs  deMontmorency,et  d’AnpilIe, 
à  présent  Mareschal  de  France,  mon¬ 
sieur  de  la  Chapelle  aux  Vrsins,  Bon- 
niuet,  Carouge  auiourd’huy  gouuer 
nour  deRouen,le  vidasmede  Char¬ 
tres,  le  comte  de  Lude,  rnonsieur  de 


Biron,  à  présent  mareschal  de  France, 
monsieur  de  Randan,  la  Roche-fou- 
caut,  Bordaille  ,  d’Estrés  le  ieune, 
monsieur  de  sainct  lehan  en  Dauphiné, 
et  plusieurs  autres  qui  seraient  trop 
longs  à  reciter  ;  et  mesmes  i»  plu- 
siqurs  Capitaines  qui  auoient  tous 
bien  fait  leur  deuoir,  à  la  defense  de 
leurs  vies  et  de  la  ville.  le  demanday 
puis  après  à  monsieur  de  Guise,  qu’il 
luy  plaisait  que  ie  feisse  des  drogues 
quci’auois  apportées  :il  me  dist  que 
ie  les  départisse  aux  Chirurgiens  et 
Apolicaircs,  et  piincipalement  aux 
paumes  soldats  blessés,  qui  estoient 
en  grand  nombre  à  l’hostel  Dieu  :  ce 
que  ie  fis  ;  et  puis  asseurer  que  ne 
pouuois  assez  tant  faire  que  d’aller 
voir  les  blessés,  qni  m’enuoyoient 
quérir  pour  les  visiter  et  penser. 

Tous  les  seigneurs  assiégés  me  priè¬ 
rent  de  solliciter  bien  soigneusement 
sur  tous  les  autres,  monsieur  de 
Pienne,  qui  auoit  esté  blessé  sur  la 
breche,  d’vn  esclat  de  pierre  d’vn 
coup  de  canon ,  à  la  temple ,  auec 
fracture  et  enfonceure  de  l’os.  On 
me  dist  que  subit  auoir  receu  le  coup, 
tomba  en  terre  comme  mort,  et  ietta 
le  sang  par  la  bouche ,  par  le  nez  et 
par  les  oreilles,  auec  grands  vomis- 
semens,  et  fut  quatorze  iours  sans 
pouuoir  parler,  ny  ratiociner  :  aussi 
luy  suruindrent  des  tressaillemens 
approchans  de  spasme ,  et  eut  tout  le 
visage  enOé  et  fort  liuide.  Il  fut  tré¬ 
pané  à  costé  du  muscle  temporal,  sur 
l’os  coronal.  le  le  pensay  auec  autres 
Chirurgiens,  et  Dieu  le  guarist  ;  et 
auiourd’huy  est  encore  viuant.  Dieu 
merci. 

L’Empereur  faisoit  faire  la  batterie 
de  quarante  doubles  canons,  où  la 
poudre  n’estoit  espargnée  iour  ny 
nuit.  Subit  que  monsieur  de  Guise  vit 
l'aitillefie  assise  et  braquée  pour  faire 


ET  VOYAGES. 


breche ,  fit  abbattre  les  maisons 
les  plus  proches  pour  remparer, "et 
les  pouUres  et  soliues  f  estoient  ar- 
rengéesbout  à  bout,  et  entre  deux 
des  fascines,  de  la  terre,  des  licts  et 
balles  de  laine  :  puis  on  remetloit 
encore  par  dessus  autres  poultres  et 
soliues  ,  comme  dessus.  Or  beaucoup 
de  bois  des  maisons  des  faulx  bourgs 
qui  auoient  esté  mises  par  terre  (de 
peur  que  l'ennemy  ne  s’y  logeast  au 
couuert,  et  qu’ils  ne  s’aidassent  du 
bois),  seruit  bien  à  remparer  la  bre¬ 
che.  Tout  le  monde  estoit  empeschéà 
porter  la  terre  pour  la  remparer  iour 
et  nuict.  Messieurs  les  Princes,  Sei¬ 
gneurs,  et  Capitaines,  Lieutenans, 
Enseignes,  porloient  tous  la  hotte, 
pour  donner  exemple  aux  soldats  et 
citoyens  à  faire  le  semblable  ;  *ce  qu’ils 
faisoient,  voire  iusques  aux  dames  et 
damoiselles,  et  ceux  qui  n’auoient 
des  hottes  s’aidoient  de  chauderons, 
panniers,  sacs,  linceuls,  et  tout  ce 
qu’ils  pouuoient  pour  porter  la  terre  : 
en  sorte  que  l’ennemy  n’auoît  point 
si  tost  abbatu  la  muraille,  qu’il  ne 
trouuast  derrière  vn  rempart  plus 
fort.  La  muraille  estant  tombée ,  nos 
soldats  crioient  à  ceux  de.dehors.  Au 
regnard ,  au  rcgnard ,  au, regnard:  et 
se  disoient  mille  iniures  les  vns  aux 
autres.  Monsieur  de  Guise  fit  defense 
sous  peine  de  la  vie,  que  nul  n’eust  à 
parler  à  ceux  de  dehors,  de  peur  qu’il 
n’y  eust  quelque  traistre  qui  leur 
donnast  aduertisseinent  de  ce  qu’on 
Çïisoit  dedans  la  ville.  La  defense 
faite,  attachèrent  des  chats  viuans  au 
bout  de  leurs  piques,  et  les  meltoient 
sur  la  muraille,  et  crioient  auec  les 
chats,  Miuut ,miaut ,  miaut.  ’V^eritable- 
ment  les  Impériaux  auoient  grand 
despit  d’auoir  esté  si  long  temps  à 
faire  breche  auec  grande  despense, 
qq|  estoit  large  de  quatre  vingls  pas, 


703 

pour  entrer  cinquante  hommes  de 
front,  où  trouuerentvn  rempart  plus 
fort  que  la  muraille.  Ils  se  iettoient 
sur'les  pauures  , chats,  et  les^tiroient 
à  coups  de  hârquebuses  comme  l’on 
fait  au  papegault. 

Nos  gens  faisoienfsouuentMes  sor¬ 
ties,  par  le  commandement  de'mon- 
sieur  de  )|Guise.  Vn  )iour  deuant  il  y 
au  oit  presse  à  se  faire  enroller  [de 
ceux’fqui  deuoienCsortir,  et  principa¬ 
lement  la  ieune  noblesse ,  menés  par 
Capitaines  expérimentés,  de  maniéré 
que  c’estoit  leur  faire  jvne  grande 
faneur  de  permettre  de  sortir  et  cou¬ 
rir  sus  l’ennemy  :  et  sortoient  tou- 
iours  en  nombre  de  cent  ou  de  six 
vingts[bien  armés  ,  auec  rondaches, 
coutelas,  hârquebuses  et  pistoles, 
piques,  pertuisanes,  et  halebardes: 
lesquels)  alloient  [iusques  aux  |  tran¬ 
chées  les  l'esueiller  en  sursaut.  Là  où 
l’alarme  se  donnoit  en  tout  leur  camp, 
et  leurs  tabourins  sonnoient  plan , 
plan,  ta,  ti.  ta.  ta,  ta,  ti,  ta,tQu,touf, 
touf.  Pareillement  [leurs  trompettes 
et  clairons  ronflaient  et  sonnoient 
boutte  selle ,  boutte  selle ,  boutte  selle , 
monte  à  chei-ol,  monte  a  chepal,  monte 
à  cheual ,  boutte  selle,  monte  è^caual,  à 
caUaL  Et  tous  leurs  soldats  crioient 
à  l'arme,  à  l’arme,  à  l’arme,  aux 
armes,  aux  armes,  aux  arme  ,àV  arme, 
aux  armes,  à  l’aime,^aux  armes,  à 
l’arme,  comme  l’on  fait  la  huée  après 
les  loups ,  et  tous  diuers  langages , 
selon  les  nations  :  et  les  voyoil-on 
sortir  de  leurs  tentes  et  petites  loges, 
drus  comme  fourmillons  lors  qu’on 
descouure  leurs  fou r minières ,  pour 
secourir  leurs  compagnons  qu’on  de- 
gosilloit  comme  moulons.  La  caual- 
Icrie  pareillement  venait  de  toutes 
parts  au  grand  gnilop.,  patati,putata, 
patali ,  patata,  fa,  ta,  ta,  patata,  pata, 
ta,  et  leur  lardoit  bien  qu’ils  ne  fussent 


APOLOGlJi 


7ü4 

à  la  meslée  où  les  coups  se  depar- 
toient,  pour  en  donner  et  en  receuoir. 
Et  quand  les  nostres  se  voyoient 
forcés,  reuenoient  en  la  ville  tous- 
iours  en  combattant,  et  ceux  qui  cou- 
roient  après  estoient  repoussés  à 
coups  d’artillerie,  qu’on  auoit  chargée 
de  cailloux  et  gros  carreaux  de  fer 
de  figure  quarrée  et  triangle.  Et  nos 
soldats  qui  estoient  sur  ladite  murail¬ 
le  ,  faisoienl  vne  escopeterie  et  pleu- 
uoir  leurs  balles  sur  eux  dru  comme 
gresle,  pour  les  renuoyer  coucher, 
où  plusieurs  demeuroient  en  la  place 
du  combat  :  et  nos  gens  aussi  ne  s’en 
reuenoient  tous  leur  peau  entière,  et 
en  demeuroient  tousiours  quelques- 
vns  pour  la  disme ,  lesquels  estoient 
ioyeux  de  mourir  au  lict  d’honneur. 
Et  là  où  il  y  auoit  vn  cheual  blessé, 
il  estoit  escorché  et  mangé  par  les  sol¬ 
dats  :  c’estoit  en  lieu  de  bœuf  et  de 
lard.  Et  pour  penser  nos  blessés,  c’ es¬ 
toit  à  moy  à  courir.  Quelques  iours 
après  on  faisoit  autres  sorties,  qui 
faschoient  fort  les  ennemis .  pource 
qu’on  les  laissoit  peu  dormir  à  seu- 
reté. 

Monsieur  de  Guise  fit  vn  strata¬ 
gème  ou  ruse  de  guerre  :  c’est  qu’il 
enuoya  vn  paysan,  qui  n’estoit  pas 
trop  habile  homme,  auec  deux  paires 
de  lettres  vers  le  Roy,  auquel  il 
donna  dix  escus ,  et  promesse  que  le 
Roy  luy  en  donneroit  cent ,  pourueu 
qu’il  luy  baillast  ses  lettres  En  l’vne 
il  luy  mandoitquel’ennemy  ne  faisoit 
nul  semblant  de  se  retirer,  et  à  toutes 
forces  faisoit  vne  grande  breche  : 
qu’il  esperoit  la  bien  garder,  iusques 
à  y  employer  sa  vie  et  celle  de  tous 
ceux  qui  estoient  dedans  :  et  que  si 
l’ennemy  eust  aussi  bien  assise  son 
artillerie  en  vn  certain  lieu  qu’il 
nommoit,  à  grande  difficulté  l’cust 
on  peu  garder  qu’il  n’eust  entré  de¬ 


dans,  attendu  que  c’estoît  le  lieu  le 
plus  foible  de  toute  la  ville  :  mais 
bien  tost  il  esperoit  de  le  bien  rem- 
parer,  en  sorte  qu’on  n’y  pourroit 
entrer.  L’vne  de  ces  lettres  luy  fut 
cousue  en  la  doublure  de  son  pour¬ 
point  ,  et  luy  fut  dit  qu’il  se  donnas! 
bien  garde  de  le  dire  à  personne  :  et 
luy  en  fut  donné  vne  autre,  là  où 
mondit  seigneur  de  Guise  mandoit  au 
Roy,  que  luy  et  tous  ses  assiégés  es- 
peroient  de  bien  garder  la  ville,  et 
autre  chose  que  ie  laisse  icy  à  dire.  Il 
fit  sortir  ce  paysan  la  nuit ,  où  il  fut 
pris  par  vn  corps  de  garde ,  et  mené 
au  duc  d’Albe,  pour  prendre  langue 
de  ce  qu’on  faisoit  en  la  ville  :  et  luy 
fut  demandé  s’il  auoit  des  lettres  :  dist 
que  ouy,  et  leur  en  bailla  vne  :  et 
l’ayant  veuë,  luy  fut  demandé  par 
serment  s’il  n’en  auoit  point  d’autre , 
dist  que  non  :  lors  fut  fouillé,  et  luy 
fut  ti  ouuée  celle  qu’il  auoit  cousue  à 
son  pourpoint,  et  le  panure  messager 
fut  pendu  et  estranglé. 

Lesdites  lettres  furent  communi¬ 
quées  à  l’empereur,  lequel  fil  [appel- 
1er  son  conseil,  là  où  il  fut  résolu , 
puisque  on  n’auoit  peu  rien  faire  à  la 
première  breche ,  que  promptement 
l’artillerie  seroit  menée  à  l’endroit 
qu’on  eslimoit  le  plus  foible  :  là  où  ils 
firent  grands  efforts  à  refaire  vne 
autre  breche ,  et  sapperenl  et  minè¬ 
rent  la  muraille,  et  taschoient  à  sur¬ 
prendre  la  tour  d’Enfer,  neantmoins 
n’oserent  venir  à  l’assaut.  Le  duc 
d’Albe  remonslra  à  l’Empereur,  que 
tous  les  iours  les  soldats  mouroient , 
voire  au  nombre  de  plus  de  deux 
cens,  et  qu’il  y  auoit  aussi  peu  d’es- 
perance  d’entrer  en  la  ville ,  veu  le 
temps,  et  le  grand  nombre  de  gens 
de  guerre  qui  y  estoient  L’Empereur 
demanda  quelles  gens  c’estoient  qui 
se  mouroient,  et  si  c’estoient  gentils- 


ET  voyages. 


;o5 


hotnmeselhommes  de  remarque:  Iiiy  i 
fut  fait  responsc  que  c’estoient  tous  ! 
pauures  soldats.  Alors  dist  qu’il  n’y 
aiioit  point  de  danger  qu’ils  mourus¬ 
sent  ,  les  comparant  aux  chenilles, 
sauterelles  et  hannetons  qui  mangent 
les  bourgeons  et  autres  biens  de  la 
terre,  et  que  s’ils  estoient  gens  de 
bien,  ils  ne  seroient  en  son  camp 
pour  six  liures  par  mois,  et  partant 
qu’il  n’y  auoit  nul  danger  qu’ils 
mourussent.  D’auantage ,  disoit  qu’il 
ne  partiroit  iamais  de  deuant  la  ville 
qu’il  ne  la  prist,  par  force  ou  par 
famine,  quand  il  deuroit  perdre  toute 
son  armée  :  à  causedu  grand  nombre 
de  Princes  qui  y  estoient  enfermés, 
auec  la  plus  grande  part  de  la  no¬ 
blesse  de  France,  desquels  il  esperoit 
qu’ils  payeroient  au  quadruple  sa 
despense,  et  iroit  encore  vne  fois  à 
Paris  pour  visiter  les  Parisiens,  et  se 
faire  Roy  de  tout  le  royaume  de 
France. 

Monsieur  de  Guise  auec  les  Princes, 
Capitaines  et  soldats,  et  généralement 
tous  les  citoyens  de  la  ville,  ayans  en¬ 
tendu  l’intention  de  l’Empereur  qui 
estoit  de  nous  tous  exterminer  :  alors 
il  ne  fut  permis  aux  soldats  et  ci¬ 
toyens,  et  mesme  aux  Princes  et  Sei¬ 
gneurs,  de  manger  marée  fraiche  ny 
venaison  :  pareillement  aucunes  per¬ 
drix,  becaces,  alloüettes,  francolins, 
pluuiers  et  autres  gibiers,  de  peur 
qu’ils  eussent  acquis  quelque  air  pes- 
tilent,  qui  nous  eust  peu  donner  vne 
contagion  :  mais  auroient  à  se  con¬ 
tenter  de  l’amonilion,  à  sçauoir  du 
biscuit,  bœufs,  vaches  salées,  lards, 
ceruelas,  iambons  de  Maïence  :  sem¬ 
blablement  poissons,  comme  molues, 
merlus,  saulmons,  alouses,  tonnine, 
balaine,  anchois,  sardines,  harencs  : 
aussi  poix  ,  feues ,  ris ,  ails ,  oignons , 
pruneaux,  fromages,  beurre,  huile 
111. 


et  sel  :  poyure,  gingembre,  mani- 
guet,  et  autres  espicerios  pour  mettre 
en  nos  paticeries  :  principalement  des 
chenaux,  qui  sans  cela  auroient  vn 
tres-mauuaisgoust. Plusieurs  citoyens 
ayans  des  iardins  en  la  ville,  y  auoient 
enterré  grosses  raues,  nauets,  carot¬ 
tes  et  porreaux,  qu’ils  gardoient  bien 
et  chèrement ,  pour  l’extreme  neces  ■ 
sité  de  la  faim.  Or  toutes  ces  muni¬ 
tions  estoient  distribuées  par  poids , 
mesure  etiustice,  selon  la  qualité  des 
personnes,  parce  que  nous  ne  sça- 
uions  pas  combien  de  temps  le  siégé 
dureroit.  Car  ayant  entendu  de  la 
bouche  de  l’Empereur  qu’il  ne  parti¬ 
roit  iamais  de  deuant  Mets  qu’il  ne 
l’eust  prise  par  force  ou  par  famine  : 
alors  les  viures  furent  retranchés,  en 
sorte  que  ce  qu’on  distribuoit  à  trois 
soldats  estoit  baillé  pour  quatre  :  et 
defense  à  eux  de  vendre  le  reste  qui 
pouuoit  demeurer  de  leur  repas,  mais 
permis  le  donner  à  leurs  goujats. 
Et  se  leuoient  tousiours  de  table 
auec  appétit,  de  peur  qu’ils  fussent 
suiets  à  prendre  medecine.  Et  au- 
parauant  nous  rendre  à  la  mercy  des 
ennemis,  auions  délibéré  de  manger 
plustost  les  asnes,  mulets  et  cheuaux, 
chiens ,  chats  et  rats ,  voire  nos  bot¬ 
tes  et  collets,  et  autres  cuirs  qu’on 
eust  peu  amollir  et  fricasser.  Généra¬ 
lement  tous  les  assiégés  delibererent 
de  valeureusement  se  defendreauec 
toutes  machines  de  guerre  :  à  sçauoir, 
de  braquer  et  charger  l’arlillerie  (à  la 
pantiere  de  la  breche)  de  boulets, 
cailloux,  clous  de  charrette,  car¬ 
reaux, et  chaisnes  de  fer  :  aussi  toutes 
especes  et  différences  d’artifices  de 
feu,  comme  boettes,  bariquades, 
grenades,  pots,  lances,  torches  et 
fusées ,  cercles  entourés  de  chausses- 
Irappes ,  fagots  bruslans  :  d’abon¬ 
dant  eau  bouillante  et  plomb  fondu, 

45 


apologie 


706 

et  poudre  de  chaux  viiie,  pour  leur 
creuer  les  yeux.  Aussi  eust-on  percé 
les  maisons  de  coslé  et  d’autre  pour 
y  loger  des  harquebusiers  ,  pour  les 
battre  en  liane  et  les  haster  d’aller, 
ou  les  faire  du  tout  demeurer.  Pareil- 
lemen  t  on  eust  donné  commission  aux 
femmes  de  depauer  les  rues ,  et  leur 
ietter  par  les  feneslres  des  miches  de 
sainct  Eslienne ,  busches,  tables,  tré¬ 
teaux  ,  bancs  et  escabelles ,  qui  leur 
eussent  effondré  la  ceruelle.  D’auan- 
tageil  y  auoit  vn  peu  plusauantvn 
gros  corps  de  garde  remparé  de  char¬ 
rettes  et  palissades,  tonnes  et  ton¬ 
neaux,  et  bariquades  remplis  de  terre 
pour  seruir  de  gabions ,  entrelardés 
de  fauconneaux  et  faucons,  pièces  de 
campagne,  harquebuses  à  croq,  et 
harquebuses  et  pistoles,  et  artifices  1 
de  feu  ,  qui  leur  eussent  rompu  iam-  ' 
bes  et  cuisses,  de  façon  qu’ils  eussent 
esté  battus  en  teste,  en  flanc  et  en 
queue  ;  et  où  ils  eussent  forcé  ce 
corps  de  garde ,  il  y  en  eust  eu  d’au¬ 
tres  aux  carrois  des  rues ,  de  cent  pas 
en  cent  pas ,  qui  eussent  esté  autant 
mauuais  garçons  ou  plus  que  les  pre¬ 
miers  :  et  n’eusl  esté  sans  faire  beau¬ 
coup  de  femmes  vefues  et  orfelins. 
Et  si  la  fortune  eust  tant  voulu  contre 
nous ,  qu’ils  eussent  fendu  et  rompu 
nos  corps  de  gardes ,  il  y  eust  eu  en¬ 
core  sept  gros  hocs  et  bastillons  or¬ 
donnés  en  quarréet  en  triangle, pour 
combattre  tous  ensemble,  accompa¬ 
gnés  chacun  d’vn  Prince ,  pour  leur 
donner  hardiesse  de  mieux  combat¬ 
tre  et  mourir  tous  ensemble,  iusques 
au  dernier  souspir  de  leur  ame.  D’a- 
uantage,  ilsestoienl  tous  résolus  que 
chacun  porteroit  leurs  thresors,  ba¬ 
gues  et  loyaux,  et  leurs  meubles  les 
meilleurset  plusricheset  plus  beaux, 
pour  les  brusier  en  la  grande  place 
et  les  mettre  eu  cendres ,  de  peur  que 


les  ennemis  ne  s’en  preualussent  et 
en  fissent  trophée.  Pareillement  il  y 
auoit  gens  qui  eussent  eu  charge  de 
mettre  le  feu  et  brusier  toutes  les 
munitions,  ensemble  d’effondrer  aux 
canes  tous  les  vaisseaux  à  vin  :  au¬ 
tres  de  mettre  le  feu  en  chacune 
maison,  pour  brusier  nos  ennemis  et 
nous  ensemble.  Les  citoyens  l’anoicnt 
ainsi  tous  accordé ,  plustost  que  de 
voir  le  Cousteau  sanglant  sur  leur 
gorge  et  leurs  femmes  et  filles  violées 
et  prendre  à  force,  par  les  Espagnols 
cruels  et  inhumains. 

Or  nous  auions  certains  prisonniers 
que  monsieur  de  Guise  renuoya  sur 
leur  foy ,  ausquels  taciturnement  on 
auoit  voulu  qu’ils  conceussent  nostre 
derniere  volonté  et  desespoir,  lesquels 
estant  arriués  en  leur  camp,  ne  diffé¬ 
rèrent  de  la  publier  :  qui  fut  cause  de 
refrener  la  grande  impétuosité  et  vo¬ 
lonté  des  soldats,  de  non  plus  vouloir 
entrer  dans  la  ville  pour  nous  couper 
la  gorge,  et  s’enrichir  de  nostre  pil¬ 
lage.  L’Empereur  ayant  entendu  ceste 
deliberation  de  ce  grand  guerrier 
monsieur  de  Guise ,  mit  de  l’eau  en 
son  vin,  et  réfréna  sa  grande  cholere, 
disant  qu’il  ne  pourroit  entrer  en  la 
ville  sans  faire  vne  bien  grande  bou¬ 
cherie  et  carnage,  et  espandre  beau¬ 
coup  de  sang,  tant  des  defendansque 
des  assaillans ,  et  fussent  tous  morts 
ensemble  ,  et  à  la  fin  il  n’eust  sceu 
auoir  autre  chose  que  des  cendres  :  et 
qu’ après  on  eust  peu  dire  que  c'eust 
esté  vne  pareille  destruction  que  celle 
de  la  villede  lerusalem,  faite  jadis  par 
Titus  et  Vespasian.  L’Empereur  donc 
ayant  entendu  nostre  derniere  reso¬ 
lution  ,  et  voyant  le  peu  qu’il  auoit 
auancé  par  sa  batterie,  sappes  et  mi¬ 
nes,  et  la  grand’  peste  qui  estoit  en 
tout  son  camp,  cl  f  indisposition  du 
temps ,  et  la  nécessité  do  viures  et 


ET  VOYAGKS. 


(l’argent,  et  que  ses  soldats  se  des- 
bandoient  et  par  grandes  troupes 
s’en  alloient  ;  conclud  en  fln  se  reti¬ 
rer,  accompagné  de  la  cauallerie  de 
son  auant-garde,  auec  la  plus  grande 
part  de  son  artillerie  et  delà  bataille. 
Le  Marquis  de  Brandebourg  fut  le 
dernier  qui  deslogca  ,  soustenu  de 
quelques  bandes  d’Espagnols,  de  Boë- 
miens,  et  ses  compagnies  d’Allemans, 
et  y  demeura  après  vne  iournée  et 
demie,  au  grand  regret  de  monsieur 
de  Guise ,  lequel  fit  sortir  de  la  ville 
quatre  pièces  d’artillerie  qu’il  fit  tirer 
sur  luy  à  tort  et  à  Irauers,  pour  le 
haster  d’aller  :  ce  qu’il  fit  bien  tost , 
auec  toutes  scs  troupes.  Estant  à  vn 
quart  de  lieuë  de  Mets,  fut  espris  d’vne 
frayeur,  craignant  que  nostre  caual¬ 
lerie  ne  luy  donnas!  sur  la  queuë  :  qui 
fut  cau.se  qu’il  fit  mettre  le  feu  en  ses 
poudres  de  munition ,  et  laisser  quel¬ 
ques  pièces  d’artillerie,  et  beaucoup 
de  bagage  qu’il  ne  sceut  faire  mener, 
pource  que  l’auant-garde  et  la  ba¬ 
taille  et  les  gros  canons  auoienf 
rompu  et  effondré  les  chemins.  Nostre 
gendarmerie  youloit  à  toutes  forces 
sortir  de  la  ville  pour  luy  aller  donner 
en  queuë  ;  mais  monsieur  de  Guise  ne 
le  voulut  iaraais  permettre  ,  ains  au 
contraire  leur  dist  qu’on  leur  deuoit 
plustost  applanir  les  chemins,  et  leur 
faire  des  ponts  d’or  et  d’argent  pour 
les  laisser  aller,  ressemblant  au  bon 
pasteur  et  berger,  qui  ne  veut  perdre 
vne  seule  de  ses  ouailles. 

Voila  comme  nos  chers  et  bien  ai¬ 
més  Impériaux  s’en  allèrent  de  de- 
uant  Mets,  qui  fut  le  lendemain  de 
Noël ,  au  grand  contentement  des  as¬ 
siégés,  et  louange  des  Princes,  Sei¬ 
gneurs,  Capitaines,  et  soldats,  qui 
auoient  enduré  les  trauaux  do  ce 
siégé  l’espace  de  deux  mois.  Toulesfois 
ne  s’en  allerentpas  tous,  il  s’en  fallut 


707 

plus  (le  vingt  mille,  qui  estoumt  morts 
tant  par  l’arlillerie  et  coups  de  main, 
(lue  de  la  peste,  du  froid,  et  delà  faim 
(et  de  despit  et  grand  rage  qu’ils  ne 
pouuoient  entrer  en  la  ville  pour 
nous  couper  la  gorge,  et  en  auoir  le 
pillage)  et  aussi  moururent  grand 
nombre  de  leurs  cheuaux,  desquels 
en  auoient  mangé  la  plus  grand 
part,  en  lieu  de  bœuf  et  de  lard.  On 
alla  où  ils  auoient  campé,  où  l’on 
trouua  plusieurs  corps  morts  non 
encore  enterrés ,  et  la  terre  toute  la¬ 
bourée,  comme  l’on  voit  le  cime¬ 
tière  sainct  Innocent  durant  quelque 
grande  mortalité.  En  leurs  tentes, 
pauillons  et  loges,  y  auoient  laissé 
pareillement  plusieursmalades.  Aussi 
boulets ,  armes ,  charrettes ,  chariots 
et  autres  bagages ,  auec  vn  grand 
nombre  de  pains  de  munition,  gastés 
et  pourris  par  les  neiges  et  pluyes  : 
encore  les  soldais  n’en  auoient  pas 
que  par  mesure  et  compas.  Et  sem¬ 
blablement  laissèrent  grande  proui- 
sion  de  bois,  du  reste  des  maisons 
qu’ils  auoient  démolies  et  abbattues, 
des  villages  à  deux  et  à  trois  licuës 
d’alentour  :  pareillement  plusieurs 
autres  maisons  de  plaisance ,  appar- 
tenans  aux  citoyens,  accompagnées 
de  iardins  et  beaux  vergers ,  remplis 
de  diuers  arbres  fruitiers  ;  aussi  sans 
cela  ils  fussent  tous  transis  et  morls 
du  froid,  et  eussent  esté  contrainls 
de  leuer  plustost  le  siégé.  Mondit 
seigneur  de  Guise  fit  enterrer  les 
morts ,  et  traiter  leurs  malades.  Pa¬ 
reillement  les  ennemis  laissèrent  en 
l’Abbaye  de  S.  Arnoul  beaucoup  de 
leurs  soldais  blessés,  qu’ils  n’eurent 
moyen  de  faire  emmener.  Mondit 
seigtjeur  de  Guise  leur  enuoya  à  tous 
viures  à  suffisance,  et  me  commanda 
et  aux  autres  Chirurgiens  de  les  aller 

penser  et  medicamenter  :  ce  que  nous 


Al’OLOGlE 


708 

faisions  de  bonne  volonté  ;  et  croy 
qu'ils  n’eussent  fait  le  semblable 
enuers  les  noslres,  parce  que  l’Espa¬ 
gnol  est  tres-cruel ,  perfide  et  inhu¬ 
main  ,  et  partant  ennerny  de  toutes 
nations’:  ce  qui  se  prenne  par  Lopcz 
Espagnol  et  Kenzo  Milanois,  et  au¬ 
tres  qui  ont  escrit  l’histoire  de  l’Ame' 
rique  et  Inde  Occidentale ,  ont  esté 
contraints  confesser  que  la  cruauté, 
auarice,  blasphémés  et  meschanceté 
des  Espagnols ,  ont  du  tout  aliéné  les 
panures  Indiens  de  la  religion  que 
lesdits  Espagnols  disoient  tenir  ;  et 
tous  escriuent  qu’ils  valent  moins 
que  les  Indiens  Idolâtres,  par  le  cruel 
traitement  fait  ausdits  Indiens. 

Et  quelques  iours  après,  enuoya  vne 
trompette  à  Thionuille  versles  enne¬ 
mis  ,  qu’ils  eussent  à  renuoyer  quérir 
leurs  blessés  en  bonne  seureté  :  ce 
qu’ils  firent  auec  charrettes  et  cha¬ 
riots,  mais  non  à  suffisance.  Monsieur 
de  Guise  leur  fit  bailler  charrettes  et 
chartiers,  pour  les  aider  à  conduire 
audit  Thionuille.  Nosdits  chartiers 
estans  de  retour,  nous  rapportèrent 
que  les  chemins  estoient  tous  paués 
de  corps  morts ,  et  n’en  ramenèrent 
iamais  la  moitié,  car  ils  mouraient 
en  leurs  charrettes  :  et  les  Espagnols 
les  voyans  estre  aux  traits  de  la 
mort,  auparauant  qu'ils  eussent  ietté 
le  dernier  souspir  ,  les  iettoient  hors 
leurs  charrettes,  et  les  enseuelis- 
soient  en  la  boue  et  fange ,  disans 
qu’ils  n’auoient  nulle  commission  de 
remmener  les  morts.  D’abondant  nos¬ 
dits  chartiers  disoient  auoir  trouué 
par  les  chemins  beaucoup  de  char¬ 
rettes  embourbées,  chargées  de  ba- 
gages,  qu’ils  n’osoient  renuoyer  qué¬ 
rir  ,  craignans  que  ceux  de  Mets  ne 
leur  courussent  sus. 

le  veux  encore  retourner  à  la  cause 
de  leur  mortalité,  qui  estoit  princi¬ 


palement  de  la  faim,  peste,  et  du 
froid  :  car  la  neige  estoit  sur  la  terre 
plus  de  hauteur  de  deux  pieds ,  et  es¬ 
toient  logés  en  des  cauernes  sous 
terre ,  couuertcs  d’vn  peu  de  chaume 
seulement.  Neantmoins  que  chacun 
soldat  auoit  son  lit  de  camp  et  vne 
couuerture  toute  semée  d’estoiles 
luisantes  et  brillantes,  plus  claires 
que  fin  or  ;  et  tous  les  iours  auoient 
draps  blancs ,  et  logés  à  l’enseigne  de 
la  Lune,  et  faisoient  bonne  chere 
quand  ils  auoient  deqiioy  :  etpayoient 
si  bien  leur  hoste  dés  le  soir,  que  le 
matin  s’en  alloient  quilles,  secouant 
les  oreilles.  Et  ne  leur  falloit  nul 
peigne  pour  deslacher  leduuet  et  la 
plume  de  contre  leurs  barbes  et  che- 
ueux  :  et  trouuoienl  tousiours  nappe 
blanche,  perdans  de  bons  repas  prr 
faute  de  viandes.  Aussi  la  plusgrande 
part  n’auoit  bottes ,  ny  bottines,  pan¬ 
toufles,  chaus.ses,  ny  souliers  :  etiplu- 
sieurs  aimoient  mieux  n’en  auoir 
point  que  d’en  auoir,  pource  qu’ils 
estoient  tousiours  en  la  fange  iusques 
à  my-iambes  :  et  à  cause  qu’ils  al¬ 
loient  nuds  pieds ,  nous  les  appellions 
les  Apostres  de  l’Empereur. 

Après  que  le  camp  fut  entièrement 
rompu ,  ie  distribuay  mes  malades 
entre  les  mains  des  Chirurgiens  de  la 
ville,  pour  lesparacheuer  de  penser  : 
puis  ie  pris  congé  de  monsieur  de 
Guise,  et  m’en  reuins  deuers  le  Roy, 
qui  me  receut  auec  bon  visage,  le¬ 
quel  me  demanda  comme  i’auois  peu 
entrer  en  sa  ville  de  Mets.  le  luy  ra- 
contay  entièrement  tout  ce  que  i’a¬ 
uois  fait.  Il  me  fit  donner  deux  cens 
escus,  et  cent  que  i’auois  eu  au  par¬ 
tir  :  et  me  dist  qu’il  ne  me  laisscroit 
iamais  pauuro.  Alors  ie  le  remorciay 
tres-humblcment  du  bien  et  de  l’hon¬ 
neur  qu’il  luy  plaisoit  me  faire. 


KT  VOYAGF!-’, 


VOYAGE  DE  IIEDIN.  ~  1553. 

L’Empereur  Charles  fit  assiéger 
la  ville  de  Tlieroüonne,  où  monsieur  le 
Duc  de  Sauoye  esloit  general  de 
toute  l’armée.  Elle  fut  prise  d’assaut, 
où  il  y  eut  de  uos  gens  grand  nombre 
de  tués  et  de  prisonniers. 

Le  Roy,  voulant  preuoir  que  l’en- 
nemy  ne  vint  aussi  assiéger  la  ville 
et  chasteau  de  Hedin,  enuoya  mes¬ 
sieurs  le  Duc  de  Boüillon ,  le  Duc 
Horace,  le  Marquis  de  Villars,  et  vn 
nombre  de  Capitaines,  et  enuiron  dix- 
huit  cens  soldats:  et  pendant  le  siégé 
de  Theroüenne ,  lesdits  seigneurs  ti¬ 
rent  fortifier  ledit  chasteau  de  Hedin, 
de  façon  qu’il  sembloit  eslre  impre¬ 
nable.  Le  Roy  m’enuoya  vers  lesdits 
seigneurs  pour  les  secourir  de  mon 
art,  si  d’aduenlure  ils  en  auoieut  af¬ 
faire. 

Or  tost  après  la  prise  de  ïheroüen- 
ne ,  nous  fusmes  assiégés  de  l’armée. 
Il  y  auoit  vue  viue  et  claire  fontaine 
à  la  portée  de  nostre  canon ,  où  il  y 
auoit  enuiron  quatre  vingts  ou  cent 
goujats  et  putains  de  nos  ennemis, 
qui  estoient  autour  de  cesfe  fontaine 
pour  puiser  de  l’eau,  l’estois  sur  vn 
rampart  regardant  asseoir  le  camp  : 
et  voyant  ceste  multitude  de  fai¬ 
néants  autour  de  ladite  fontaine,  ie 
priay  monsieur  du  Pont,  commissaire 
del’arlillerie,de  faire  tirer  vn  coup  de 
canon  à  ceste  canaille  :  il  m’en  lit 
grand  refus,  meremonstrant  que  tou¬ 
te  ceste  maniéré  de  gens  ne  vaudroit 
point  la  poudre  qu’on  y  despendroit. 
De  rechef  le  priay  de  braquer  le  ca¬ 
non,  luy  disant  que  plus  de  morts 
moins  d’ennemis,  ce  qu’il  lit  par  ma 
priere  :  et  de  ce  coup  en  furent  tués 
quinze  ou  seize,  et  beaucoup  de 


7^9 

blessés.  Nos  soldats  firent  saillies  sur 
les  ennemis ,  où  il  en  fut  beaucoup  de 
tués  et  blessés  de  coups  d’harque- 
buses  et  de  main,  tant  d’vne  part  que 
d’autre  :  et  nos  soldats  faisoient  sou- 
uent  des  saillies  sur  les  ennemis,  au- 
parauant  que  leurs  tranchées  fussent 
faites,  là  où  i’eus  beaucoup  de  be- 
songne  taillée  :  de  façon  que  n’auois 
repos  ny  iour,  ny  nuit,  à  penser  les 
blessés. 

Et  diray  cecy  en  passant,  que  nous 
en  auions  mis  beaucoup  en  vue 
grosse  tour,  couchés  sur  vn  peu  de 
paille  ;  et  leurs  oreillers  estoient  do 
pierres  ,  leurs  couuertures  estoient 
manteaux,  à  ceux  qui  en  auoient. 
Lors  que  la  batterie  se  faisait ,  autant 
de  coups  que  leurs  canons  liroient , 
les  malades  disoient  sentir  douleur 
en  leurs  playes,  comme  si  on  leur 
eust  donné  des  coups  de  baston  :  l’vn 
crioit  la  teste,  l’autre  le  bras,  et 
ainsi  des  autres  parties  :  et  à  plusieurs 
leurs  playes  resaignoient,  voire  en 
plus  grande  abondance  qu'à  l’heure 
qu’ils  furent  blessés,  et  lors  c’estoit  à 
moy  à  courir  pour  les  estancher.  Mon 
petit  maistre ,  si  vous  eussiez  esté  là  , 
vous  eussiez  esté  bien  empesché  auec 
vos  fers  ardens.  Il  vous  eust  fallu 
beaucoup  de  charbon  pour  les  rou¬ 
gir,  et  croy  qu’on  vous  eust  assommé 
comme  vn  veau  pour  ceste  cruauté. 
Or  par  ceste  tempeste  diabolique  de 
l’echo  de  ceste  machine  canonique, 
et  grande  et  vehemente  agitation  de 
la  collision  de  l’air,  retentissant  aux 
playes  de  ces  blessés ,  plu.sieurs  mou- 
roient  :  et  d’autres  parce  qu’ils  ne 
pouuoient  reposer,  à  cause  des  cla¬ 
meurs  et  cris  qu’ils  faisoient  iour  et 
nuit ,  et  aussi  faute  de  bons  alimens , 
et  autres  traitemens  necessaires  aux 
blessés.  Or  mon  petit  maistre,  si  vous 
eussiez  esté  là  ,  vous  eussiez  bien  peu 


APOLOGIK 


710 

leur  dotiner  de  là  gàlée,  restaurans , 
coulis,  pressiS,  patiadé,  orge-tnon- 
dés,  amandes,  blanc-manger,  pru¬ 
neaux,  raisins  de  damas  ,  et  autres 
viandes  propres  aux  malades  :  vostre 
ordonnance  eust  esté  seulement  ac¬ 
complie  en  papier,  mais  à  Teffet  ils 
n’eussent  sceii  autre  chose  auoir  quë 
de  la  chair  de  vieilles  vaches  em-‘ 
preintes,  qui  furent  prises  autour  de 
Hedin  pour  nostre  munition ,  salées 
et  demy  cuites  :  en  sorte  que  qui  la 
vouloit  manger,  il  la  falloit  tirer  à 
force  de  dents,  comme  font  les  oi¬ 
seaux  de  proye  leur  viande. 

le  ne  veux  laisser  leurs  linges  dont 
ils  estoient  pensés ,  qui  estoient  seu¬ 
lement  reloués  tous  les  iours  et  sei- 
chés  au  feu ,  partant  endurcis  comme 
parchemin.  le  laisse  à  penser  comme 
leurs  playes  se  deuoient  bien  porter. 

Il  y  auoit  quatre  grosses  putains  de' 
haute  graisse ,  à  qui  fut  donnée  la 
charge  de  blanchir  le  linge ,  qui  s’en 
acquittoient  à  coups  de  baston  ;  et 
aussi  qu’elles  n’auoient  l’eau  à  com¬ 
mandement,  ny  moins  le  sauon.  Voila 
comme  les  panures  malades  mou- 
roient,  par  faute  d’alimens  et  autres 
choses  necessaires. 

Vn  iour  nos  ennemis  feignirent  de 
nous  donner  vn  assaut  general,  pour 
attirer  nos  soldats  sur  la  breche ,  â 
lin  de  reconnoistre  nostre  contenan¬ 
ce  :  tout  le  monde  y  courut  ;  nous 
auions  fait  grande  prouision  d’arlifl- 
ces  de  feu  pour  defendre  la  brechfe. 
Vn  prestre  de  monsieur  le  Duc  de 
Boüillon  print  vne  grenade ,  pensant 
la  ietter  sur  les  ennemis ,  et  y  mit  le 
feu  plustost  qu’il  ne  deuoit  :  elle  se 
creuaj,  et  le  feu  se  mit  en  nos  arliti- 
ces  qui  estoient  en  vne  maison  prés 
la  breche,  qui  nous  fut  vn  merueil- 
leux  desastre,  pource  qu’il  brusla 
pauures  soldats  :  mes- 


mes  se  print  en  la  maison,  et  eussions 
esté  tous  bruslés ,  n’eust  esté  le  se¬ 
cours  qu’on  lit  pour  l’esteindre.  Il 
n’y  auoit  qu’vn  seul  puits  là  où  il  y 
eust  de  l’eau  en  nostre  chasteau ,  qui 
fut  presque  du  tout  tari,  et  en  lieu 
d’eau  on  prit  de  la  biere  pour  l’es- 
teindre.  Puis  après  eusmes  grande 
disette  d’eau  :  et  pour  boire  le  reste 
qui  demeura ,  il  la  nous  falloit  passer 
au  trauers  des  seruiettes.  Or  l’en- 
nemy,  voyant  ceste  foudre  et  tem- 
peste  de  ces  artiflces  qui  ietterent 
vne  merueilleuse  flambe  et  tinta¬ 
marre  ,  eslimoient  que  nous  eussions 
mis  le  feu  exprès  pouf  la  defense  de 
nostre  breche,  pour  les  brusler,  et- 
que  nous  en  auions  bien  d’autres. 
Cela  leur  fit  prendre  autre  opinion 
de  nous  auoir  par  autre  voye  que  par 
assaut  :  ils  firent  des  mines ,  et  sap- 
perent  la  plus  grande  partie  de  nos 
murailles  :  tellement  que  cela  estoit 
pour  renuerser  entièrement  nostre 
chasteau  s’en-dessus-dessous  :  et  lors 
que  les  sappes  furent  acheuées  de 
faire ,  et  que  leur  artillerie  tiroit , 
tout  nostre  chasteau  branloit  sous 
nous ,  comme  vn  tremblement  de 
terre,  qui  nous  estonna  fort.  D’a- 
uantage,  ils  auoient  braqué  cinq 
pièces  d’artillerie  qu’ils  auoient  as¬ 
sises  sur  vne  petite  colline  pour  nous 
donner  à  dos ,  lors  que  fussions  allés 
pour  la  defense  de  la  breche. 

Le  Duc  Horace  eut  vn  coup  de  ca¬ 
non  à  vne  espaule,  qui  luy  emporta 
le  bras  d’vn  costé  et  le  corps  de  l’au¬ 
tre,  sans  que  iamais  sceust  dire  vne 
seule  parole.  Geste  mort  là  nous  fut 
vn  grand  désastre,  pour  le  rang  qu’il 
lenoit  en  ceste  place.  Semblablement 
monsieur  de  Mariigues  eut  vn  coup 
de  boulet  qui  luy  perça  les  poulmons  : 
ie  le  pensay,  comme  le  diray  cy 
après.  Alors  nous  demandasmes  à 


ET  VOYAGES. 


parlementer,  et  fut  enuoyé  vne  trom¬ 
pette  vers  le  Prince  de  Piémont , 
pour  sçauoir  quelle  composition  il 
luy  plaisoit  nous  faire.  Sa  response 
fut  que  tous  les  Chefs ,  comme  Gen¬ 
tilshommes,  Capitaines,  Lieutenans, 
Enseignes,  seroient  pris  à  rançon ,  et 
les  soldats  sortifoient  sans  armes  :  et 
que  s’ils  refusoient  ce  beau  et  hon- 
neste  party^  le  lendemain  nous  dé¬ 
nions  estre  asseurés  qu’on  nous  au- 
roit  par  assaut  ou  autrement.  Le 
conseil  fut  tenu ,  où  ie  fus  appellé , 
pour  sçauoir  si  ie  voulois  signer, 
comme  plusieurs  Capitaines,  Gentils¬ 
hommes  ,  et  autres ,  que  la  place  fust 
rendue,  le  fis  response  qu’elle  n’estoit 
pas  tenable ,  et  que  ie  le  signerois 
de  mon  propre  sang,  pour  le  peu 
d’esperance  que  i’auois  que  l’on  ne 
peust  résister  aux  forces  des  enne¬ 
mis,  et  aussi  pour  le  grand  désir  que 
i’auois  d’estre  hors  de  cest  enfer  et 
grand  tourment  :  car  ie  ne  dormois 
ne  nuict  ne  iour,  pour  la  grande 
quantité  des  blessés,  qui  pouuoient 
estre  en  nombre  de  deux  cens.  Les 
morts  rendoient  vne  grande  putré¬ 
faction,  estans  entassés  les  vns  sur 
les  autres  comme  fagots,  n’estans 
point  couuerls  de  terre ,  à  cause  que 
n’en  auions  pas.  Et  si  i’entrois  en  vn 
logis,  il  y  auoit  des  soldats  qui  m’at- 
tendoient  à  la  porte  lors  que  i’en  sor- 
tirois,  pour  en  penser  d’autres  ;  c’es- 
toit  à  qui  m’auroit,  et  me  portoient 
comme  vn  corps  sainct ,  ne  touchant 
du  pied  en  terre,  malgré  les  vns  des 
autres,  et  ne  pouuois  satisfaire  à  ce 
grand  nombre  de  blessés  :  ioint  que 
ie  n’auois  ce  qui  m’estoit  necessaire 
pour  les  medicamenter.  Car  il  ne 
suffit  au  Chirurgien  faire  son  deuoir 
enuers  les  malades,  mais  il  faut  que 
le  malade  face  le  sien ,  et  les  assis- 
tans»  et  les  choses  extérieures,  lesmoin 


711 

Hippocrates  ^  Aphorisme  premier. 

Or  ayant  entendu  la  résolution  de 
la  reddition  de  nostre  place,  ie  con- 
neu  que  nostre  affaire  n’alloit  pas 
bien  :  et  de  peur  d’estre  conneu,  ie 
donnay  vn  saye  de  velours,  vn  pour¬ 
point  de  satin,  vn  manteau  d’vn  fin 
drap,  paré  de  velours,  à  vn  soldat  qui 
me  donna  vn  meschant  pourpoint 
tout  deschiré  et  deschiqueté  d'vsure, 
et  vn  collet  de  cuir  bien  examiné ,  et 
vn  meschant  chappeau  ,  et  vn  petit 
manteau  :  ie  barboüillay  le  collet  de 
ma  chemise  auec  de  l’eau  où  i’auois 
destrempé  vn  peu  de  suye.  Pareille¬ 
ment  i’vsay  mes  chausses  auec  vne 
pierre  à  l’endroit  des  genoüils  et  au- 
dessus  des  talions,  comme  si  elles 
eussent  longtemps  esté  portées  :  i’en 
fis  autant  à  mes  souliers ,  de  façon 
qu’on  m’eust  plustost  prins  pour  vn 
ramonneur  de  cheminée  que  pour  vn 
Chirurgien  de  Roy.  le  m’en  allay  en 
cest  equippage  vers  monsieur  de 
Martigues  ;  où  ie  le  priay  qu’il  fist  en 
sorte  que  ie  demeurasse  auprès  de 
luy  pour  le  penser,  ce  qu’il  m’ac¬ 
corda  bien  volontairement  :  et  auoit 
aussi  grande  enuie  que  ie  demeu¬ 
rasse  auprès  de  luy  que  moy-mesme. 

Tost  après  les  Commissaires  qui 
auoient  charge  d’eslire  les  prison¬ 
niers,  entrèrent  dedans  le  Chasteau, 
le  dix-septiéme  iour  de  luillet  mil 
cinq  cens  cinquante  trois  :  où  ils  fi 
rent  prendre  Messieurs  le  duc  de 
Boüillon,  le  Marquis  de  Villars,  de 
Iloye,  le  Baron  de  Culan,  monsieur 
du  Pont,  Commissaire  de  l’artillerie: 
et  de  Martigues,  et  moy  auec  luy 
(par  la  piiero  qu’il  leur  en  fit)  et 
tous  les  Gentils-hommes  qu’ils  peu- 
rcnt  reconnoistre  pouuoir  payer  quel¬ 
que  rançon ,  et  la  plus  grand’part 
des  soldais  et  chefs  des  compagnies, 
ayans  des  prisonniers  tant  et  tels 


apologie 


712 

qu’ils  voulurent.  Après,  les  soldats 
Espagnols  entreront  par  la  broche 
sans  aucune  résistance  :  les  nostres 
estimoient  qu’ils  tiendroient  leurfoy 
et  composition  qu’ils  auroient  la  vie 
sauue  ;  ils  entreront  dedans  d’vne 
grande  furie  pour  tout  tuer,  piller  et 
saccager  ;  ils  en  retindrent  quelques 
vns,  esperans  en  auoir  rançon,  leur 
lièrent  les  coüillons  auec  leurs  cor¬ 
des  d’harquebuses ,  qui  esloient  iet- 
tées  par  dessus  vne  pique  que  deux 
tenoient  sur  leurs  espaules,  puis  ti- 
roient  ladite  corde  par  vne  grande 
violence  et  dérision  ,  comme  s’ils  eus¬ 
sent  voulu  faire  sonner  vne  cloche, 
leur  disans  qu’il  falloit  qu’ils  se  meis- 
sent  à  rançon ,  et  dire  de  quelles 
maisons  ils  esloient  :  et  s’ils  voyoient 
n’en  auoir  aucun  profit,  les  faisoient 
mourir  cruellement  entre  leurs  mains  : 
ou  tost  après  leurs  parties  génitales 
tomboient  en  gangrené  et  en  totale 
mortiflcation.  Et  les  tuerent  tous  à 
coups  de  dagues,  et  leur  coupoient 
la  gorge.  Voila  leur  grande  cruauté 
et  perfidie  :  qui  s’y  fle  qui  voudra. 

Or  pour  retourner  à  mon  propos, 
estant  mené  du  chasteau  en  la  ville 
auec  monsieur  de  Martigues,  il  y  eut 
xn  gentilhomme  de  monsieur  de  Sa- 
noye  qui  me  demanda  si  la  playe  de 
monsieur  de  Martigues  se  pourroit 
guarir  ;  ie  luy  dis  que  non,  et  qu’elle 
estoit  incurable.  Promptement  s’en 
alla  le  dire  à  monseigneur  le  duc  de 
Sauoye.  Or  ie  pensois  bien  qu’il  en- 
uoyeroit  des  Médecins  et  Chirurgiens 
pour  visiter  et  penser  monsieur  de 
Martigues  :  cependant  ie  fis  vn  diS' 
cours  en  mon  ame,  si  ie  deuois  faire 
le  niais,  et  ne  me  donner  à  connois- 
tre  estre  Chirurgien,  de  peur  qu’ils  ne 
me  retinssent  pour  penser  leurs  bles¬ 
sés,  et  qu’en  fin  ie  fusse  conneu  estre 
Chirurgien  du  Roy,  et  qu’ils  ne  me 


fissent  payer  vne  grosse  rançon.  D’au, 
tre  costé,  ie  craignois  que  si  ie  ne  me 
montrois  estre  Chirurgien  et  auoir 
bien  pensé  le  seigneur  de  Martigues, 
qu’ils  ne  me  coupassent  la  gorge  :  su¬ 
bit  ie  prins  resolution  de  leur  faire 
paroistre  qu’il  ne  mourroit  pas  par 
defaut  d’auoir  esté  bien  pensé  et  se¬ 
couru. 

ïost  après  voicy  arriuer  plusieurs 
Gentilshommes,  accompagnés  d’vn 
Médecin  et  vn  Chirurgien  de  l’Empe¬ 
reur,  et  ceux  dudit  seigneur  de  Sa¬ 
uoye,  auec  six  autres  Chirurgiens 
suiuans  l’armée,  pour  voir  la  blessure 
dudit  seigneur  de  Martigues,  et  sça- 
uoir  de  moy  comme  ie  l’auois  pensé 
et  médicamenté.  Le  Médecin  de  l’Em¬ 
pereur  me  dit  que  i’eusse  à  déclarer 
l’essence  de  la  playe,  et  comme  ie 
l’auois  traitée.  Or  toute  l’assistance 
auoit  l’oreille  fort  attentiiie,à  sçauoir 
si  la  playe  estoit  mortelle  ou  non. 

le  commence  à  leur  discourir,  que 
monsieur  de  Martigues  regardant  par 
dessus  la  muraille,  pour  reconnoistre 
ceux  qui  la  sappoient,  receut  vn  coup 
d’harquebuse  au  Irauers  du  corps  , 
où  tout  subit  ie  fus  appellé  pour  le 
penser  :  ie  vis  qu’il  iettoit  le  sang 
par  la  bouche  et  par  ses  playes. 
D’auantage,  il  auoit  vne  grande  dif¬ 
ficulté  de  respirer  et  expirer  ;  et 
iettoit  le  vent  par  lesdites  playes, 
auec  vn  sifflement,  en  sorte  qu’il  eust 
peu  es  teindre  vne  chandelle  :  et  di¬ 
soit  auoir  vne  tres-grande  douleur 
poignante  h  l’entrée  de  la  balle, 
l’estime  et  croy  que  ce  pouuoient 
estre  quelques  esquilles  ,  qui  pi- 
quoient  les  poulmons  lors  qu’ils  fai¬ 
soient  leur  systolé  et  diastolé.  le  luy 
mis  le  doigt  dedans,  où  ie  trouuay 
que  l’entrée  de  la  balle  auoit  rompu 
la  quatrième  coste  en  son  milieu,  et 
des  esquilles  que  ladite  balle  auoit' 


ET  VOYAGES. 


7.3 


poussées  au  dedans  :  et  la  sortie  auoil 
semblablement  rompu  la  cinquième 
coste,auec  des  esquilles  qui  auoient 
esté  chassées  du  dedans  au  dehors, 
l’en  liray  quelques  vnes,  et  non  tou¬ 
tes,  à  cause  qu’elles  estoient  trop 
profondes  et  adhérantes.  le  mis  à 
chacune  playe  vne  tente  ayant  la 
teste  assez  grosse,  attachée  par  vn 
filet,  de  peur  que  par  l’inspiration  ne 
fussent  attirées  en  la  capacité  du 
thorax  :  ce  qu’on  a  conneu  par  ex¬ 
périence,  au  détriment  des  paumes 
blessés  :  car  estans  tombées  dedans, 
on  ne  les  peut  retirer,  qui  est  cause 
qu’elles  engendrent  vne  pourriture, 
comme  chose  estrange  à  nature.  Les- 
dites  tentes  furent  ointes  d’vn  médi¬ 
cament  fait  de  iaune  d’œuf  et  tere- 
benlhine  de  Venise,  auec  vn  peu 
d’huile  rosat.  Mon  intention  d’y  met¬ 
tre  lesdites  tentes  estoit  pour  arres- 
ter  le  sang ,  et  pour  garder  que  l’air 
extérieur  n’entrast  dans  la  poitrine, 
qui  eust  peu  refroidir  les  poulmons, 
et  par  conséquent  le  cœur  :  lesdites 
lentes  y  estoient  mises  aussi  à  fin  de 
donner  issue  au  sang  respandu  de¬ 
dans  le  thorax.  le  mis  sur  les  playes 
vne  grande  emplastre  de  diachalci- 
leos.en  laquelle  i’auois  fait  fondre  de 
l’huile  rosat  et  vinaigre ,  à  fin  d’eni- 
ler  l’inflammation  :  puis  après  ie  mis 
de  grandes  compresses  trempées  de¬ 
dans  de  l'oxycrat,  et  le  banday,  non 
pas  fort,  à  fin  qu’il  respiras!  à  son 
aise.  Cela  fait,  ie  luy  tiray  cinq  pal- 
lettes  de  sang  de  la  veine  basilique  du 
bras  droit,  à  fin  de  faire  reuulsion  du 
sang  qui  decouloit  de  ses  playes  dans 
le  thorax ,  ayant  premièrement  prins 
indication  des  parties  blessées,  et  prin¬ 
cipalement  des  vertus,  considérant  sa 
ieunesseetson  tempérament  sanguin, 
ïüst  après  alla  à  ses  affaires,  et  par 
ses  vriiuis  et  selles  ielta  grande  quan¬ 


tité  de  sang,  Et  quant  à  la  douleur 
qu’il  disoit  sentir  à  l’entrée  de  la  balle, 
comme  s’il  eust  esté  piqué  d’vn  poin¬ 
çon  :  cela  se  faisoit  à  cause  que  les 
poulmons,  par  leurs  mouuemens, 
battoient  contre  les  esquilles  de  la 
coste  rompue.  Or  les  poulmons  sont 
couuerts  d’vne  tunique  venant  de  la 
membrane  pleuretique,  estant  issue 
des  nerfs  de  la  sixième  coniugaison 
du  cerueau  ,  qui  estoit  cause  de  la 
douleur  qu’il  sentoit. 

Pareillement  auoit  vne  grande 
difficulté  de  respirer  et  expirer,  qui 
prouenoit  du  sang  espandu  en  la  ca¬ 
pacité  du  thorax  et  sur  le  diaphragme, 
principalinstrumentdela  respiration: 
et  de  la  dilacération  des  muscles  qui 
sont  entre  chacune  coste,  qui  aident 
aussi  à  faire  la  respiration  et  expira¬ 
tion  :  et  pareillement  à  cause  que  les 
poulmons  estoient  vulnerés,  et  rom¬ 
pus  et  dilacerés  par  la  balle,  qui  a 
fait  qu’il  a  tousiours  craché  vn  sang 
noir  et  pourri  en  toussant. 

-  Lafiéure  le  print  tost  après  qu’il 
fut  blessé,  auec  défaillance  de  cœur. 
Ladite  fiéure  me  sembloit  prouenir 
des  vapeurs  putredineuses  esleuées 
du  sang  qui  est  hors  de  ses  vais¬ 
seaux,  qui  a  découlé  et  découlera  en¬ 
core.  La  playe  du  poulmon  est  ag- 
grandie  et  aggrandira,  parce  qu’il 
est  en  perpétuel  mouuement ,  soit  en 
donnant  ou  en  veillant,  et  se  dilate 
et  comprime  pour  attirer  l’air  au 
cœur  et  ietter  les  vapeurs  fuligineu¬ 
ses  dehors.  Par  la  chaleur  estrange 
est  faite  inflammation  :  puis  la  vertu 
expulsiue  s’efforçant  à  ietter  par  la 
toux  ce  qui  luy  nuit.  Car  le  poumon 
ne  se  peut  purger  qu’en  toussant ,  et 
en  toussant  la  playe  se  dilate  tous¬ 
iours  et  aggrandit  d’auantage  ;  dont 
le  sang  en  sort  en  plus  grande  abon¬ 
dance,  lequel  sang  est  attiré  du  cœur 


ÀrOLOGiR 


714 

par  la  veine  àrterieuse,  pour  leur 
donner  nourriture,  et  du  coeur  de  la 
veille  eaUe.  Son  mdnger  cstoit  de 
l’orge  Inondé,  des  pruneaux  auec  du 
succre ,  autresfois  de  la  pannade  : 
son  boire  esloit  de  la  ptisane.  Il  ne  se 
peut  tenir  coüché  que  sur  le  dos  ;  qui 
demonstre  auoir  grande  quantité  de 
sang  espandu  en  la  capacité  du  tho¬ 
rax  :  et  s’espanchant  au  long  de  l’es- 
pine,  ne  cottiprinie  tant  les  poumons 
comme  il  se  fait,  estant  coüché  sur 
les  costes ,  ou  àssis. 

Quediray-ie  plus?  c'est  que  mon- 
dit  seigneUr  dé  Martigues,  depuis 
qu'il  fut  blessé,  iamais  n’a  sceu  re¬ 
poser  Vne  seule  heure ,  et  a  tousiours 
ielté  ses  selles  et  vrittés  sanguinolen¬ 
tes.  Ces  choses  considérées,  Mes^ 
sieurs,  on  ne  peut  faire  autre  pro- 
gnoslic,  sillon  qu’il  mourra  en  briefs 
iDurS,qui  est  auec  mon  grand  regret, 

Ayant  àcheué  mon  discours ,  ie  le 
penSay  comme  i’auois  accoustuiilé. 
Ayant  descouUert  ses  playes,  les  Mé¬ 
decins  et  Chirurgiens,  et  autres  as- 
sistans  presens,  conneurent  ia  vé¬ 
rité  de  ce  que  ie  leur  auois  dit.  Lesdits 
Médecins  ayans  touché  le  pouls ,  et 
conneü  ses  forces  quasi  prosternées  et 
abbaltues,  conclurent  auec  moy  qu’en 
peu  de  jours  il  tnourroit.  Et  de  Ce  pas 
s’en  allèrent  tous  vers  mondit  sei¬ 
gneur  de  Sauoye ,  ou  ils  dirent  que 
ledit  seigneur  de  Martigues  mourroit 
en  brief  temps.  Il  leur  fit  response  , 
que  possible  s’il  eust  esté  bien  pensé, 
il  en  eust  peu  reschapper.  Alors  tous 
d’vne  voix  dirent,  qu’il  auolt  esté 
tres-bien  pensé  et  sollicité  de  tout  ce 
qu  il  appartenoit,  pour  la  guarison 
de  ses  playes,  et  ne  pouuoit  estre 
mieux  :  et  qu’il  estoit  impossible  de 
le  pouuoir  guarir,  et  que  sa  playe 
estoit  mortelle  de  nécessité.  Alors 
monseigneur  de  Sauoye  tnonslra 


estre  fort  desplaisant ,  et  pleura,  et 
leur  demanda  de  rechef  si  pour  cer¬ 
tain  ils  le  tenoient  tous  pour  déploré. 
Ils  respoiidirent  que  ouy. 

Là  se  présenta  vn  imposteur  Espa¬ 
gnol  ,  qui  promit  sur  sa  vie  qu’il  le 
guariroit ,  et  s’il  failloit  à  le  guarir  , 
qu’on  ie  meist  en  cent  pièces  :  mais 
qu’il  ne  vouloit  auoir  nuis  Médecins, 
ny  Chirurgiens,  ni  Apothicaires  auec 
luy  ;  et  sur  l’heure  ledit  seigneur  de 
Sauoye  dit  aux  Médecins  et  Chirur¬ 
giens  qu’ils  n'allassent  aucunement 
voir  ledit  seigneur  de  Martigues. 
Aussi  m’enuoya  vn  gentilhomme  me 
defendre,  sur  peine  de  la  vie,  de  ne 
toucher  aucunement  à  monsieur  de 
Martigues  :  ce  que  ie  lui  promis  faire  : 
dequoy  ie  fus  fort  ioyeux,  voyant 
qu’il  ne  mourroit  pas  entre  mes 
mains  :  et  commanda  à  cest  impos¬ 
teur  de  penser  ledit  seigneur  de  Mar¬ 
tigues  ,  et  qu’il  n’y  auroit  autres  Mé¬ 
decins  ny  Chirurgiens  que  luy.  Il 
arriua  bien  tost  après  vers  ledit  sei¬ 
gneur  de  Martigues,  qui  luy  dist  : 

Semr  Cauallero ,  el  senor  Duque  de 
Saboya  me  ha  mandado  que  viniesse  à 
curar  vostra  herida,  yo’os  iuro  à  Bios, 
que  antes  de’ ocho  dias  yo’os  haga  subir 
à  cauallo  con  lalansa,  enpuno  con’tal 
que  no  ayo  que  yo  qu’os  toque  Comereis 
y  bebereis  todas  comidas  que  fueren 
de  vostro  gusto,  y  yo  hare  la  dicta  pro 
V.  m.  y  desto’  os  de  vêts  aseguirar  sobre 
demi  :  yo  he  sanado  munchos  que  tenian 
mayorvs  heridas  que  la  vostra.  C’est  à 
dire  :  Seigneur  Cheualier ,  Monsei¬ 
gneur  le  Duc  de  Sauoye  m’a  com¬ 
mandé  de  te  venir  penser  de  ta  bles- 
seure.  le  te  iure  Dieu ,  que  deuant 
huitioursie  te  feray  monter  à  che- 
ual ,  la  lance  au  poing ,  pourueu  qu’il 
n’y  ait  que  moy  qui  te  louche.  Tu 
mangeras  el  boiras  toutes  viandes  qui 
seront  à  ton  goust:  ie  feray  dielte 


ET  VOYAGES. 


pour  loy,  et  de  ce,  lu  te  dois  asseurer 
sur  ma  promesse.  l’enayguari  plu¬ 
sieurs  ,  qui  auoient  de  plus  grandes 
playes  que  la  tienne. 

Et  les  seigneurs  luy  respondirent  : 
Dieu  vons  en  donne  la  grâce. 

Il  demanda  vne  chemise  dudit  sei¬ 
gneur  de  Martigues,  et  la  mit  en 
petits  lambeaux,  qu’il  posa  en  croix  , 
marmotantet  barbotant  certaines  pa¬ 
roles  sur  les  playes  :  et  l’ayant  ha¬ 
billé,  luy  permit  manger  et  boire  tout 
ce  qu’il  voudroit ,  luy  disant  qu’il  fe- 
roit  diette  pour  luy  :  ce  qu’il  faisoit , 
ne  mangeant  que  six  pruneaux  et 
six  morceaux  de  pain  pour  repas,  ne 
beuuantque  de  la  biere.  Neantmoins 
deux  iours  après  ledit  seigneur  de 
Martigues  mourut  :  et  mon  Espagnol 
le  voyant  en  agonie  s’éclipsa,  et  gai- 
gna  le  haut  sans  dire  à  Dieu  à  per¬ 
sonne  :  et  croy  que  s’il  eust  esté  at- 
trappé,  il  eust  esté  pendu  et  estranglé, 
pour  la  fausse  promesse  qu’il  au  oit 
faite  à  monseigneur  le  Duc  de  Sauoye 
et  à  plusieurs  autres  Géntils-hommes. 

Il  mourut  sur  les  dix  heures  du 
mâtin  :  et  sur  l’apres  -  disnée  ledit 
seigneur  de  Sauoye  renuoya  des  Me^ 
decins  et  Chirurgiens ,  et  son  Apothi¬ 
caire  ,  auec  quantité  de  drogues  pour 
l’embaumer,  ils  vindrent  accompa¬ 
gnés  de  plusieurs  Gentils-hommes  et 
Capitaines  de  l’armée. 

Le  Chirurgien  de  l’Empereur  s’ap¬ 
procha  de  moy,  ét  me  pria  bien  affec¬ 
tueusement  d’en  faire  l’ouuerture  : 
ce  que  ie  refusay,  luy  remonstrant 
que  ie  ne  meritois  pas  de  porter  son 
estuy  après  luy  :  il  me  pria  de  rechef 
que  ie  le  fuisse  pour  l’amour  de  luy, 
et  qu'il  l’auroit  fort  aggreable.  le 
voulusencore  d’auantage  m’excuser, 
que  puis  qu’il  n’aüoit  ceste  volonté 
de  l’embaumer,  qu’il  donnast  ceste 
charge  à  vn  autre  Chirurgien  de  la 


7IÔ 

compagnie.  Il  ihé  fit  encore  responsé 
qu’il  vouloit  que  ce  fust  moy,  et  où  ie 
ne  le  voudrois  faire ,  que  ie  m’ett 
pourrais  bien  repentir.  Connoissant 
ceste  sienne  affection  ,  de  crainte  qu’il 
ne  me  fist  quelque  desplaisir,  ie  prins 
le  rasoir  ,  et  le  presentay  à  tous  en 
particulier ,  leur  remonstrant  que  ie 
n’estois  bien  stilé  à  faire  telle  ope¬ 
ration  :  ce  qu’ils  refusèrent  tous. 

Le  corps  posé  sur  vne  table,  vérita¬ 
blement  ie  me  proposay  de  leur  mdhs- 
trer  que  i’estois  anatomiste,  leur  dé¬ 
clarant  beaucoup  de  choses ,  qui  se- 
roient  icy  trop  longues  à  reciter;  le 
commençay  à  dire  à  toute  la  compa¬ 
gnie,  que  i’auois  tenu  pour  asseuré 
que  la  balle  auoit  rompu  deux  costes 
et  auoit  passé  au  trauers  des  poul- 
mons  ,  et  qu’on  trouueroit  la  playé 
fort  aggrandie ,  parce  qu’ils  sont  en 
perpétuel  mouuement ,  soit  en  dor¬ 
mant  ou  en  veillant,  et,  par  ce  mou¬ 
uement  ,  la  playe  se  dilaceré  d’auan- 
tage  ;  aussi  qu’il  y  auoit  grandé 
quantité  de  sang  respandu  en  la  poi¬ 
trine  et  sur  le  diaphragme  :  et  des 
esquilles  des  costes  fracturées ,  que 
rentrée  de  la  balle  auoit  poussées 
dedans ,  et  la  sortie  les  auoit  poussées 
en  dehors.  Or  véritablement  tout  ce 
que  ie  leur  auois  dit  fut  trouué  en 
ce  corps  mort, 

L’vn  des  Médecins  me  demanda  pat- 
où  pouuoit  passer  le  sang ,  pour  estrè 
iettépar  les  vrines,  estant  cohtenu  au 
thorax.  le  luy  fis  respofise  qu’il  auoit 
vn  conduit  manifeste  :  c’est  que  la 
veine  Azygosj  ayant  nourri  toutes  les 
costes,  son  reste  descend  sous  le  dia¬ 
phragme,  et  dti  costé  gaüchë  se  fcon- 
ioint  auec  la  veine  emulgente  ,  qui 
est  la  voÿe  pat-  laquelle  la  «laiiere 
dé  la  pleurésie,  et  la  boüë  des  éhipÿe- 
mes,  se  vuideht  manifestement  par 
les  vrines  et  par  le  siégé  :  comme  on 


apologik 

me  dist  que  i’estois  vu  fol,  et  que  s’il 


716 

voit  pareillement  le  laict  pur  des  ma¬ 
melles  des  femmes  nouuelleraent  ac¬ 
couchées  ,  descendre  par  les  veines 
raammillaires  ,  et  esire  vacué  embas 
par  le  col  de  la  malrice  ,  sans  se  mes- 
1er  auec  le  sang  ‘  ;  et  telle  chose  se 
fait  (comme  par  vn  miracle  de  Na- 
ture)par  sa  vertu  expulsiueetseques- 
irice.  Ce  qui  se  voit  par  expérience 
de  deux  vaisseaux  de  verre  ,  appelés 
Monte-vins.quel’vn  soit  rempli  d’eau 
et  l’autre  de  vin  clairet ,  et  soient  po-  | 
sés  l’vn  sur  l’autre ,  à  sçauoir  celuy 
qui  sera  rempli  d’eau ,  sur  l’autre 
rempli  de  vin  :  on  voit  à  l’œil  le  vin 
monter  au  haut  du  vaisseau  au  tra- 
uers  de  l’eau  ,  et  l’eau  descendre  au 
trauers  du  vin  ,  et  aller  au  fond  du 
vaisseau,  sans  meslange  des  deux.  Et 
si  telle  chose  se  fait  ainsi  extérieu¬ 
rement  et  apertement,  au  sens  de 
nostre  veuë,  par  choses  inanimées,  il 
faut  croire  en  nostre  entendement 
que  Nature  peut  faire  passer  la 
bouë  et  le  sang  ayant  esté  hors  de 
ses  vaisseaux ,  par  les  veines  ,  voire 
au  trauers  des  os  ,  sans  qu’ils  soient 
meslés  auec  le  bon  sang  2. 

Noslre  discours  fini ,  i’embaume  le 
corps ,  et  fut  posé  en  vn  cercueil. 
Après  cela,  le  Chirurgien  de  l’Empe¬ 
reur  me  lira  à  part,  et  me  dist  que  si  ie 
voulois  demeurer  auec  luy,  qu’il  me 
traiteroit  bien  ,  et  qu’il  m’habilleroit 
tout  à  neuf  :  aussi  qu’il  me  fer  oit  aller 
à  cheual.  le  le  remerciay  bien  fort  de 
Thonneur  qu’il  me  faisoit ,  et  que  ie 
n’auois  aucune  enuie  de  faire  seruice 
aux  estrangers  de  ma  patrie»  :  alors  il 

*  Galion  ,  de  Decretis,  et  Hippocrates,  de 
Lacis  affeclis.  —  A.  P. 

Cette  comparaison  était  familière  à  Paré; 
nous  l'avons  vue  employée  à  diverses  re¬ 
prises:  t.  I,  p.  55;  t.  II,  p.  501,  etc. 

*  liratte  response,  —  A.  P. 


cslolt  prisonnier  comme  moy,  qu’il 
seruiroit  vn  diable  pourestre  mis  en 
liberté.  En  fin  ie  luy  dis  tout  à  plat 
que  ie  ne  voulois  point  demeurer 
auec  luy. 

Le  Médecin  de  l’Empereur  s’en  re¬ 
tourna  vers  ledit  seigneur  de  Sauoye, 
où  il  déclara  la  cause  de  la  mort  du¬ 
dit  seigneur  de  Martigues,  et  luy  dist 
qu’il  estoit  impossible  à  tous  les  hom¬ 
mes  qui  sont  au  monde  de  l’auoir  peu 
guarir  :  et  luy  confirma  encore  que 
i’auois  fait  tout  ce  qu’il  estoit  neces¬ 
saire  de  faire,  et  le  pria  me  retirer  à 
son  seruice ,  et  luy  dist  plus  de  bien 
de  moy  qu’il  y  en  auoit. 

Ayant  esté  persuadé  me  prendre  ù 
son  seruice  ,  il  donna  la  charge  à  l’vn 
de  ses  maistres  d’hoslels  ,  nommé 
monsieur  du  Bouchet ,  me  dire  que 
si  ie  voulois  demeurer  à  son  seruice  , 
qu’il  me  traiteroit  bien  :  ie  luy  fis  res¬ 
ponse  que  ie  le  remerciois  bien  hum¬ 
blement  ,  et  que  i’auois  délibéré  de 
ne  demeurer  auec  nul  estranger, 
Ce.ste  mienne  response  entendue  par 
le  Duc  de  Sauoye ,  se  colera  aucune¬ 
ment  ,  et  dist  qu’il  me  falloit  enuoyer 
aux  galeres. 

Monsieur  de  Vaudeuille  ,  Gouuer- 
neur  de  Graueline,el  Colonel  de  dix- 
sept  enseignes  de  gens  de  pied,  le  pria 
de  me  donner  à  luy ,  pour  le  penser 
d’vne  vieille  vlcere  qu’il  auoit  à  vne 
iambe,il  y  auoit  six  ou  sept  ans.  Mon¬ 
sieur  de  Sauoye  lui  dist,  pour  ce 
que  ie  vallois  ,  qu’il  estoit  content  :  et 
que  si  ie  luymetlois  le  feu  ù  la  iambe, 
que  ce  seroit  bien  fait.  Il  luy  respondit 
que  s’il  en  apperceuoit  quelque  chose, 
qu’il  me  feroit  couper  la  gorge. 

Bien  lost  après  ,  ledit  seigneur  de 
Vaudeuille  m’enuoya  quérir  par  qua- 
1  lie  hallebardiers  Allenuins  de  sa 


ET  VOYAGES. 


garde,  lesquels  m’estonnercnt  bien 
fort ,  ne  sçachanl  où  ils  me  inenoient  : 
iis  ne  parloient  non  plus  François 
que  moy  Alleman.  Estant  arriué  à 
son  logis,  il  me  dit  que  i’estois  le  bien 
venu ,  et  que  i’estois  à  luy  :  et  que  si 
tost  queie  Faurois  guari  d’vn  vlcere 
qu’il  auoit  à  la  iambe  ,  qu’il  me  don- 
neroit  mon  congé  sans  prendre  au¬ 
cune  rançon  de  moy.  le  luy  dis  que 
ie  n’auois  nul  moyen  de  payer  au¬ 
cune  rançon. 

Lors  il  fit  appeler  son  Médecin  et 
Chirurgien  ordinaire,  pour  memons- 
trer  sa  iambe  vlcerée.  L’ayant  veué 
et  considérée,  nous  retirasmes  à  part 
en  vne  chambre,  où  ie  commençay  à 
leur  dire,  que  ladite  vlcere  estoit  an¬ 
nuelle,  n’estant  simple,  mais  compli¬ 
quée,  à  sçavoir  de  figure  ronde  et 
obstracqueuse ,  ayant  les  bords  durs 
et  calleux  ,  caue  et  sordide,  accom¬ 
pagnée  d’vne  grosse  veine  variqueu¬ 
se,  qui  perpétuellement  l’abreuuoit  : 
d’abondant,  vne  grosse  tumeur  et 
intemperature  phlegmoneuse  et  dou¬ 
loureuse  en  toute  la  iambe,  en  vn 
corps  de  température  fort  colérique , 
comme  le  poil  de  sa  barbe  et  son  ! 
visage  le  demonstroient.  La  méthode 
de  la  giiarir  (si  guarir  se  pouuoit)  est 
qu’il  fallait  commencer  aux  choses 
vniuerselles,  àsçauoiràla  purgation, 
et  à  la  saignée,  et  à  sa  maniéré  de 
viure  :  qu’il  n’vsast  nullement  de  vin, 
ny  de  viandes  sallées  et  de  haut 
goust ,  et  generalement  de  celles  qui 
eschauffent  le  sang.  Après,  qu’il  fal- 
loit  commencer  la  cure  en  faisant 
plusieurs  scarifications  autour  de 
ladite  vlcere  :  et  couper  totalement 
les  bords  calleux,  et  donner  vne 
figure  longue  ou  triangle.  Car  la 
ronde  ne  se  peut  que  difficilement 
guarir,  comme  les  anciens  ont  laissé 
par  escrit,  ce  qu’on  voit  par  expe- 


7'7 

rience.  Cela  fait, il  fallait  mondlfierla 
sordicie  et  chair  pourrie  de  l’vlcere, 
qui  se  ferait  auec  l’onguent  egyptiac, 
et  par  dessus  vne  compresse  trempée 
en  jus  de  plantin  et  de  morelle  et 
oxycrat  :  et  lalloit  bander  sa  iambe  , 
commençant  au  pied  et  finissant  au 
genoüil,  et  n’oublier  à  mettre  vne 
petite  compresse  sur  la  veine  vari¬ 
queuse,  à  fin  qu’il  ne  fluast  rien  de 
superflu  à  ladite  vlcere.  D’auantage , 
qu’il  se  tint  à  repos  sur  le  lict,  ce  qui 
est  commandé  par  Hippocrates,  qui 
dit  que  ceux  qui  ont  mal  aux  iambes 
ne  se  doiuent  tenir  debout  ny  assis, 
mais  couchés.  Et  après  ces  choses 
faites,  et  l’vlcerebien  mt  ndifié,  on  iuy 
appliquerait  dessus  vne  lamine  de 
plomb,  frottée  et  blanchie  de  vif-ar¬ 
gent.  Voila  les  moyens  par  lesquels 
ledit  seigneur  de  Vaudeuille  pourra 
guarir  de  son  vlcere. 

Tout  cela  trouuerent-ils  bon.  Lors 
le  Médecin  me  laissa  auec  le  Chirur¬ 
gien  ,  et  s’en  alla  vers  le  seigneur  de 
Vaudeuille,  luy  dire  qu’il  s’asseurast 
que  ie  le  pourrois  guarir,  et  luy  dist 
tout  ce  que  i’auois  délibéré  de  faire 
pour  la  guarison  de  son  vlcere  ,  dont 
il  fut  fort  ioyeux.  Il  me  fit  appeler, 
et  me  demanda  si  i’auois  opinion  de 
la  cui’e  de  son  vlcere  :  ie  luy  dis  que 
ouy,  pourueu  qu’il  fust  obéissant  à 
faire  ce  qu’il  falloit  ;  il  me  fit  pro¬ 
messe  qu’il  feroit  entièrement  ce  que 
ie  voudrois  luy  faire  et  ordonner,  et 
que  si  tost  que  son  vlcere  seroit  guari, 
qu’il  me  donneroit  liberté  de  m’en 
retourner,  sans  payer  aucune  ran¬ 
çon.  Alors  ie  le  suppliay  venir  à  vne 
meilleure  composition  auec  moi ,  luy 
remonstrant  que  le  temps  me  seroit 
trop  long,  pour  eslre  en  liberté,  ius- 
quesà  ce  qu’il  fust  entièrement  guari, 
et  que  dedans  quinze  iours  i’esperois 
faire  que  son  vlcere  seroit  diminuée 


Al'OLOGlIÎ 


de  plus  de  luoilié ,  el  seroit  sans  dou¬ 
leur  :  et  ce  qui  resteroit,  son  Chirur¬ 
gien  et  Médecin  paracheueroient  de  le 
guarir.  U  s’y  accorda  :  et  dés  lors  ie 
pris  vn  peu  de  papier  pour  prendre  la 
grandeur  de  son  vlcere,  que  ie  lu  y 
baillay ,  et  en  retins  autant  par  deuers  ] 
moi.  le  luy  priay  qu’il  me  tint  pro¬ 
messe  lors  qu’il  connoistroit  besogne 
faite.  Il  me  iura  foyde  gentilrhomme, 
qu’il  le  feroit  :  adonc  ie  me  deliberay 
de  le  bien  penser,  selon  la  méthode 
de  Galien,  qui  fut  qu’aprés  auoir 
esté  les  choses  estranges  de  l’ vlcere, 
et  qu’il  ne  resteroit  que  repletion  de 
chair,  ie  ne  le  pensois  plus  qu’ vne  fois 
le  iour  :  et  trouuoit  cela  bien  estrange, 
et  pareillement  son  Médecin,  qui 
estoit  bien  doux  de  sel,  lequel  me 
vouloit  persuader  auec  le  malade,  de 
le  penser  deux  ou  trois  fois  le  iour. 
le  luy  priay  qu’il  me  laissas!  faire,  et 
ce  que  i’en  faisois  n’estoit  pour 
allonger  la  cure  ,  au  contraire  de 
l’abreger,  pour  le  désir  que  i’auois 
d’estre  en  liberté  :  et  qu’il  regardas! 
en  Galien ,  au  4.  liure  De  la  composi¬ 
tion  des  medicamens  selon  les  genres, 
qui  dit ,  que  si  vn  médicament  ne 
seiourne  long  temps  sur  la  partie,  il 
ne  profite  si  bien  comme  lors  qu’il  y 
est  laissé  long  temps  :  chose  qu’au¬ 
cuns  médecins  ont  ignoré,  et  ont 
pensé  qu’il  est  mieux  de  remuer  les 
emplastres  souuent  :  et  ceste  mau- 
uaise  coustume  est  tant  inueterée  et 
enracinée,  que  les  malades  mesme 
accusent  souuent  les  Chirurgiens  de 
négligence,  qu’ils  ne  changent  plus 
souuent  les  emplastres  :  mais  ils  sont 
deceus.  Car  comme  auez  entendu  et 
leu  en  plusieurs  lieux  de  mes  œuures, 
les  qualités  de  tous  corps  quis’entre- 
touchent ,  agissent  l’vne  contre  l’au¬ 
tre  :  et  tous  deux  palissent  quelque 
chose,  fust  l’vne  d’icelle  beaucoup 


plus  forte  que  l’autre  ;  au  moyen  de- 
quoy  lesdites  qualités  s’vnissent  et 
familiarisent  auec  le  temps,  combien 
qu’elles  soyent  de  beaucoup  diffe¬ 
rentes  :  de  maniéré  que  la  qualité  du 
médicament  s’vnit ,  et  quelquesfois 
deuient  semblable  à  celle  du  corps  , 
qui  est  chose  fort  vtile.  Parquoy 
doit-on  beaucoup  louer  celny  qui 
premier  a  inuenté  de  n’vser  si  sou¬ 
uent  de  nouuelles  emplastres  ,  d’au¬ 
tant  qu’on  a  conneu  par  expérience 
ceste  inuention  estre  bonne.  D’auan- 
tage,  dit  qu’on  fait  encore  grande 
faute  d'habiller  souuent  les  vlcercs, 
les  es.suyant  bien  fort  :  car  on  oste 
non  seulement  l’excrement  inutile, 
qui  est  la  boue  ou  sanie  des  vlceres, 
mais  aussi  la  matière  dont  est  faite  la 
chair.  Parquoy  pour  les  raisons  sus¬ 
dites,  il  n’est  besoin  de  si  souuent 
penser  les  vlceres. 

Ledit  seigneur  de  Vaudeuille  vou¬ 
lut  entendre  si  ce  que  i’alleguois 
de  Galien  estoit  vray,  et  commanda 
audit  Médecin  d’y  regarder,  et  qu’il 
le  vouloit  sçauoir  :  il  se  fit  apporter 
le  liure  sur  la  table ,  où  mon  dire  fut 
trouué  véritable,  où  lors  ledit  Méde¬ 
cin  fut  trouué  honteux ,  et  moy  bien 
ioyeux.  Alors  ledit  seigneur  de  Vau¬ 
deuille  ne  desira  plus  d’estre  pensé 
qu’vne  fois  le  iour  :  de  façon  que 
dedans  les  quinze  iours  son  vlcere 
estoit  presque  tout  cicatrisé.  La  com¬ 
position  entre  nous  faite,  ie  commen- 
çay  à  me  resioüir.  Il  me  faisoit  man¬ 
ger  et  boire  à  sa  table ,  lors  qu’il  n’y 
auoit  point  de  plus  de  gens  de  bien  que 
luy  et  moy. 

Il  me  fit  donner  vne  grande  es- 
charpe  rouge,  qu’il  me  commanda  do 
porter.  le  puis  dire  que  i’en  estois 
autant  ioyeux ,  comme  vn  chien  à 
qui  on  baille  vn  tribal,  de  peur  qu’il 
n’aille  aux  vignes  manger  les  raisins. 


ET  VOYAGES. 


Le  Médecin  et  Chirurgien  me  me- 
noient  parmy  le  camp  pour  visiter 
leurs  blessés ,  où  ie  prenois  garde  que 
faisoient  nos  ennemis  ;  ie  recpnneu 
qu  ilsn’auoient  plus  de  grosses  pièces 
de  batterie,  mais  seulement  vingt- 
cinq  ou  trente  de  campagne. 

Monsieur  de  Vaudeuille  tenoit  mon¬ 
sieur  de  Bauge  prisonnier,  frere  de 
monsieur  de  Martigues  qui  mourut  à 
Hedin.  Ledit  seigneur  de  Baugéestoit 
prisonnier  au  chasteau  de  la  Motte  au 
Bois,  appartenant  à  l’Empereur,  le¬ 
quel  auoit  esté  pris  à  TCberoüenne  par 
deux  soldats  espagnols.  Ledit  sei¬ 
gneur  de  V  aud  euille  l’ ay  an  t  enuisagé, 
concluoitdeuoir  estre  quelque  gentil¬ 
homme  de  bonne  maison  :  le  fit  des¬ 
chausser,  et  voyant  ses  chausses  et 
pieds  nets,  avec  la  petite  chaussette 
bien  blanche  et  deliée  ,  telle  chose  le 
confirma  d’auantage  estre  homme  à 
payer  quelque  bonne  rançon.  Il  de¬ 
manda  ausdits  soldats,  que  s’ils  vou- 
lolent  trente  escus  de  leur  prisonnier, 
qu’il  les  bailleroit  présentement  :  ce 
qu’ils  accordèrent  volontiers,  par-ce 
qu’ils  n’auoient  pas  moyen  de  le  gar¬ 
der,  et  moins  de  le  nourrir ,  ioint 
qu’ils  ne  sçauoient  sa  valeur  :  par¬ 
tant  liurerent  leur  prisonnier  entre 
les  mains  dudit  sieur  de  Vaudeuille  , 
lequel  subit  par  quatre  soldats  de  sa 
garde  l’enuoya  audit  chasteau  de  la 
Motte  au  Bois,  -auec  autres  prison¬ 
niers  gentils-hommes  des  nostres.  Le 
soigneur  de  Baugé  ne  se  vouloit  des- 
couurir  qu’il  estoit,  et  endura  beau¬ 
coup,  estant  au  pain  et  à  l’eau,  et 
couchoit  sur  vn  peu  de  paille.  Ledit 
seigneur  de  Vaudeuille,  après  la  prise 
de  Hedin ,  enuoya  vers  ledit  seigneur 
de  Baugé,  et  autres  prisonniers, 
comme  la  place  de  Hedin  auoit  esté 
pi'ise ,  et  la  liste  do  ceux  qui  auoient 
esté  tués,  et  entre  les  autres  monsieur 


de  Martigues  :  et  lors  que  ledit  sei¬ 
gneur  de  Baugé  entendit  sonner  à  ses 
oreilles  que  son  frere  monsieur  de 
Martigues  estoit  mort ,  commença  à 
s’escrier,  pleurer  et  lamenter.  Ses 
gardes  luy  demandoient  pourquoy  il 
faisojt  tant  de  si  piteuses  lamenta¬ 
tions  :  il  leur  déclara  quec’estoit  pour 
l’amour  de  monsieur  de  Martigues 
son  frere!  Ayant  entendu  cela,  le  ca¬ 
pitaine  du  chasteau  despescha soudain 
vn  homme  pour  annoncer  à  mon¬ 
sieur  de  Vaudeuille  qu’il  auoit  vn 
bon  prisonnier  :  lequel  ayant  receu 
ceste  bonne  nouuelle,  s’en  resioüit 
grandement,  et  le  lendemain  m’eu- 
uoya  auec  quatre  soldats  et  son  Mé¬ 
decin  au  chasteau  de  la  Motte  au 
Bois,  pour  sçauoir  si  son  prisonnier 
luy  vouloit  donner  quinze  mil  escus 
de  rançon,  le  renuoyeroit  libre  en  sa 
maison,  et  que  pour  le  présent  il  ne 
demandoit  qu’vne  response  de  deux 
rnarchans  d’Anuers  qu’il  nommeroit. 
Ledit  de  Vaudeuille  me  persuada  que 
ie  fisse  accorder  cela  à  son  prisonnier  : 
voila  pourqüoy  il  m’enuoya  au  chas¬ 
teau  de  la  Motte  au  Bois.  H  com¬ 
manda  au  capitaine  du  chasteau  de 
le  bien  traiter  et  mettre  en  vne  cham¬ 
bre  tapissée  :  aussi  qu’on  renforçast 
sa  garde,  et  dés  lors  on  luy  fit  bonne 
chei’e ,  à  ses  despens. 

La  response  dudit  seigneur  de 
Baugé  fut,  que  de  se  mettre  à  rançon 
il  ne  pouuoit ,  et  que  cela  dependoit 
de  monsieur  d’Estampes  son  oncle  , 
et  de  mademoiselle  de  Bressure  sa 
tante,  et  qu’il  n’ auoit  nu]  moyen  de 
payer  (elle  rançon,  le  retournayavec 
mes  gardes  vers  ledit  seigneur  deVau- 
deuille,  et  luy  fis  la  response  de  sondit 
prisonnier  :  lequel  me  dit,  que  possi¬ 
ble  ne  sortiroit  il  à  si  bon  marché.  Ce 
qui  fut  vray,  car  il  lut  descouuert  : 
dont  subit  la  Boyne  de  Hongrie  çt 


APOLOGIE 


720 

monsieur  le  duc  de  Sauoye  niande 
rent  audit  seigneur  de  Vaudeuiüe 
que  ce  morceau  estoit  un  peu  trop 
gros  pour  luy,  et  qu’il  eust  à  leur 
enuoyer  (ce  qu’il  fit),  et  qu’il  auoit 
assez  d’autres  prisonniers  sans  ces- 
tuy-là.  Il  fut  mis  à  rançon  à  quarante 
mil  escus,  sans  les  autres  despens. 

M’en  retournant  vers  le  sieur  de 
V  audeuille,  ie  passay  par  sainct  Orner , 
là  où  ie  vis  leurs  grosses  pièces  de 
batterie,  dont  la  plus  part  estoient 
esuenlées  et  rompues.  le  repassay  pa-  | 
reillement  par  Theroiienne,  où  ie  ne 
vis  plus  pierre  sur  pierre,  fors  vn  ves¬ 
tige  de  la  grande  Eglise  ;  car  l’empe¬ 
reur  fit  faire  commandement  aux 
villageois,  à  cinq  ou  six  lieues  d’alen¬ 
tour,  qu’ils  eussent  à  vuider  et  trans¬ 
porter  les  pierres  :  en  sorte  qu’à  pré¬ 
sent  on  y  charie  dedans  la  ville.  Aussi 
fait  on  à  Hedin,  sans  nulle  apparence 
de  cliasteau  et  forteresse.  Voila  le 
malheur  qu’apportent  les  guerres. 

Et  pour  retourner  à  mon  propos, 
tost  api’és  mondit  seigneur  de  Vau- 
deuille  so  porta  bien  de  son  vlcere,  et 
estoit  presque  guari  ;  qui  fut  cause 
qu’il  me  donna  congé  ,  et  me  fit  con¬ 
duire  auec  passeport ,  par  vne  trom¬ 
pette,  iusques  à  Abbeuille  :  là  où  ie 
pris  la  poste,  et  m’en  allay  trouuer  le 
roy  Henry  mon  maistre  à  Aufimon  , 
qui  me  receut  auec  vne  aliegresse,  et 
de  bonne  grâce. 

Il  enuoya  quérir  messieurs  de 
Guise,  et  Connestable,  et  d’Estrés, 
pour  entendre  de  moy  ce  qui  s’estoit 
passé  à  nostre  prise  de  Hedin  :  et  leur 
en  fis  fidele  rapport,  et  leur  asseuray 
auoir  veu  les  grosses  pièces  de  batte¬ 
rie  qu’ils  auoient  menées  à  sainct 
Orner:  dont  le  I\oy  lut  ioyeux, parce 
qu’il  craignoit  que  l’ennemy  ne  vint 
plus  auant  en  France.  Il  me  Ht  don¬ 
ner  deux  cens  escus  pour  me  retirer 


en  ma  maison  :  et  moy  fort  ioyeux 
d’estre  en  liberté,  et  hors  de  ce  grand 
tourment  et  bruit  de  tonnerre  de  la 
diabolique  artillerie,  etloingdes  sol¬ 
dats  blasphémateurs  et  renieurs  de 
Dieu. 

le  ne  veux  icy  laisser  à  dire,  qu’a  • 
prés  la  prise  de  Hedin,  le  roy  fut  ad- 
uerti  que  n’auois  esté  tué  ,  et  que 
i’estois  prisonnier.  H  fit  escrire  par 
monsieur  du  Goguier  son  premier 
Médecin  à  ma  femme,  que  i’estois 
viuant,  et  qu’elle  ne  se  donnasl  peine, 
et  qu’il  payeroit  ma  rançon. 


BATAILLE  DE  SAINCT-QVENTIN.  —  1557. 

Après  la  bataille  de  sainct  Quenlin , 
le  Roy  m’enuoya  à  la  Fere  en  Tarle- 
nois  vers  monsieur  le  Mareschal  de 
Bourdilion  ,  pour  me  faire  donner 
passeport  au  Duc  de  Sauoye,  pour 
aller  penser  monsieur  le  Connestable 
qui  auoit  esté  grandement  blessé  d’vn 
coup  de  pistolle  au-  dos,  dontilcuida 
mourir  :  et  estoit  demeuré  prisonnier 
entre  les  mains  des  ennemis.  Mais  ia- 
mais  le  Duc  de  Sauoye  ne  voulut  con¬ 
sentir  que  i’allasse  vers  ledit  seigneur 
le  Connestable,  disant  qu’il  ne  de- 
meureroit  sans  Chirurgien  :  et  qu’il 
se  douloit  bien  que"  ie  n’y  fusse  allé 
seulement  pour  le  penser ,  mais  plus- 
tost  pour  bailler  quelque  aduertisse- 
ment  audit  seigneur  le  Connestable, 
et  qu’il  sçauoit  que  ie  sçauois  bien 
faire  autre  chose  que  la  Chirurgie,  et 
qu’il  me  connoissoit  pour  auoir  esté 
son  prisonnier  à  Hedin.  Monsieur  le 
Mareschal  de  Bourdilion  aduerlit  le 
Roy  du  refus  qu’auoit  fait  le  Duc  de 
Sauoye.  11  escrit  audit  seigneur  do 
Bourdilion  ,  que  si  Madame  la  Con- 


F.T  VOYAGES. 


nestJible  cnuoyoit  quelqu’vn  de  sa 
maison  qui  fust  habile  homme,  que  ie 
luy  baillasse  vue  lettre,  et  que  ver¬ 
balement  i’eusse  aussi  à  luy  dire  de 
bouche  ce  que  le  Roy  et  monsieur  le 
Cardinal  de  Lorraine  m’auoient 
donné  charge.  Deux  iours  après,  il 
arriua  vn  valet  de  chambre  dudit 
sieur  le  Connestable,  qui  luy  portoit 
des  chemises  et  autres  linges,  auquel 
mondit  seigneur  le  Mareschal  fil 
donner  passeport  pour  aller  vers  le¬ 
dit  seigneur  Connestable.'  le  fus  fort 
ioyeux,  et  luy  baillay  ma  lettre,  et 
luy  fis  sa  leçon  de  ce  que  deuoit  faire 
son  maistre  estant  prisonnier. 

le  pensois,  estant  deschargé  de  ma 
légation,  m’en  retourner  vers  le  Roy. 
Mais  ledit  seigneur  deRourdillon  me 
pria  de  demeurer  à  la  Fere  auec  luy, 
pour  penser  vn  bien  grand  nombre 
de  blessés  qui  sy  estoient  retirés 
après  la  bataille,  et  qu’il  rescriroit  au 
Roy  la  cause  de  ma  demeure  :  ce  que 
ie  lis.  Les  playes  des  blessés  estoient 
grandement  puantes,  et  pleines  de 
vers ,  auec  gangrené  et  pourriture  : 
où  il  me  fallut  ioüer  des  couteaux 
pour  amputer  ce  qui  estoit  gasté,  et 
ne  fut  sans  couper  bras  et  iambes,  et 
aussi  en  trépaner  plusieurs.  Or  on  ne 
Irouuoit  point  nuis  medicamens  à  la 
Fere,  parce  que  les  Chirurgiens  de 
noslre  camp  auoient  tout  emporté, 
le  dcscouuris  que  le  chariot  de  l’artil¬ 
lerie  estoit  demeuré  à  la  Fere,  et  n’y 
auoit-on  encore  louché.  le  dis  audit 
seigneurie  Mareschal ,  qu’il  me  feist 
deliurer  vne  partie  des  drogues  qui 
estoient  dedans:  ce  qu’il  fit,  et  m’en 
fut  donnée  la  moitié  seulement  pour 
vne  fois,  et  cinq  ou  six  iours  après  il 
me  fallut  prendre  toute  la  reste,  en 
core  n’y  en  auoit-il  pas  à  moitié  pour 
penser  le  grand  nombre  des  blessés. 
Et  pour  corriger  et  arrester  la  pour- 
111. 


û  i 

riture,  et  tuer  les  vers  qui  estoient 
en  leurs  playes,  ie  les  lauois  d’Egyp- 
tiac  dissout  en  vin  et  eau  de  vie,  et 
leur  faisois  tout  ce  que  ie  pouuois  : 
neantmoins  toutes  mes  diligences,  il 
en  mourut  beaucoup. 

Il  se  trouua  à  la  Fere  des  gentils¬ 
hommes  qui  auoient  charge  de  trouuer 
le  corps  mort  de  monsieur  de  Bois- 
Dauphin  l’aisné,  qui  auoit  esté  tué 
en  la  bataille  :  ils  me  prièrent  les 
vouloir  accompagner  au  camp  pour 
le  choisir,  s’il  estoit  possible,  entre  les 
morts  :  ce  qui  estoit  impossible  le 
pouuoir  reconnoistre ,  attendu  que 
les  corps  estoient  tous  effondrés  par 
pourriture,  et  deuisagés.  Nous  veis- 
mes  plus  de  demie  lieuë  autour  de 
nous ,  la  terre  toute  couuerte  de 
corps  morts  :  et  n’y  demeurasmes 
gueres,  pour  la  grande  puanteur  ca- 
dauereuse  qui  s’esleuoit  des  corps, 
tant  des  hommes  que  des  chenaux  : 
et  croy  que  nous  fusmes  cause  de 
faire  esleuer  de  ces  corps  vne  si 
grande  quantité  de  grosses  mousches, 
qui  s’estoient  procréées  de  l’humidité 
des  corps  morts  et  de  la  chaleur  du 
Soleil,  ayans  le  cul  verd  et  bleu, 
qu’estans  en  l’air  faisoient  ombre  au 
Soleil.  On  les  oyoit  bourdonner  à 
grand  merueille,  et  croy  que  là  où 
ils  s’assirent,  c’ estoit  pour  rendre  l’air 
pestilent,  et  y  causer  la  peste. 

Mon  petit  Maistre ,  ie  voudrois 
qu’eussiez  esté  là  comme  moy,  pour 
discerner  des  odeurs,  et  pour  aussi 
en  faire  rapport  à  ceux  qui  n’y  ont 
esté. 

Il  m’ennuyoit  beaucoup  là.  lepriay 
mon.sieur  le  Mareschal  de  me  donner 
congé  de  m’en  aller,  et  auois  peur  de 
demeurer  malade,  pour  le  trop  grand 
trauail  de  puanteur  des  blessés,  qui 
mouroient  quasi  tous,  quelque  dili¬ 
gence  qti’on  y  peust  faire.  11  lit  venir 


APOLüGIK 


'j'2'2 

(les  Cliirurgions  pour  paracheucr  à 
Irailer  les  blessés,  et  m’eu  allay  auec 
sa  b(june  grâce.  Il  escriuit  vue  lettre 
au  Roy,  de  la  diligence  que  i’auois 
l’aile  enuei  s  les  panures  blessés.  Puis 
ic  m’en  reuinsà  Paris,  où  ie  Irouuay 
eacore  beaucoup  de  genlils-bommes 
qui  auoient  esté  blessés  ,  qui  s’y  es- 
toient  retirés  après  la  bataille. 


VOYAGE  DV  camp  d’amIENS.  —  1558. 

Le  roym’enuoya  à  Dourlan,  et  me 
flt  conduire  par  le  capitaine  Gouast, 
auec  cinquante  hommes-d’ armes,  de 
peur  que  ie  nefussepris  des  ennemis  : 
et  voyant  que  par  chemin  estions 
tousiours  en  alarmes, ie  fis  descendre 
mon  homme,  et  fis  qu’il  estoit  mais- 
tre.  Car  ie  montay  sur  son  chenal  qui 
portoit  ma  malle,  et  alloit  bien  du 
pied  s’il  eust  fallu  gaigner  le  haut,  et 
pris  son  manteau  et  chapeau,  et  luy 
baillay  ma  monture,  qui  estoit  vne 
belle  et  petite  haquenée.  Mon  homme 
estant  dessus,  on  l’eust  pris  pour  son 
maistre,  et  moy  pour  son  valet.  Ceux 
de  Dourlan  nous  voyansdeloin,pen- 
soient  que  fussions  ennemis,  et  nous 
tirèrent  des  coups  de  canon.  Le  capi¬ 
taine  Gouast,  mon  conducteur,  leur 
fit  signe  auec  son  chapeau  que  n’es¬ 
tions  ennemis  :  en  fin  cessèrent  de 
tirer,  et  enlrasmes  à  Dourlan  auec 
vne  grande  ioye. 

Ceux  de  Dourlan  auoient  fait  vne 
sortie  sur  l’ennemy,  cinq  ou  six  iours 
auparauant  ;  lesquels  tuerent  et  bles¬ 
sèrent  plusieurs  de  nos  Capitaines  et 
bons  soldats,  et  entre  les  autres  le 
Capitaine  sainct  Aubin ,  vaillant 
comme  l’espée  ,  que  monsieur  de 
Guise  aiinoit  fort ,  et  pour  lequel 


principalement  le  Uoy  m’enuoyoit  là. 
Lequel  estant  en  accès  de  liéure 
quarte,  voulut  sortir  pour  comman¬ 
der  à  la  plus  grande  partie  de  sa 
compagnie  :  vn  espagnol  voyant  qu’il 
commandoit,  apperceut  estre  vn  Ca¬ 
pitaine,  et  luy  tira  vn  coup  d’harque- 
buse  tout  au  trauers  du  col.  Mon 
capitaine  sainct  Aubin  pensoit  de  ce 
coup  estre  mort, et  delà  peur,  ie  pro¬ 
teste  à  Dieu  qn’il  perdit  sa  liéure 
quarte,  et  en  fut  du  tout  deliuré.  le 
le  pensay  auec  Anthoine  Portail,  Chi¬ 
rurgien  ordinaire  du  Itoy,  et  plusieurs 
autres  soldats  :  les  vns  mou r oient, 
les  autres  reschappoient,  quittes  pour 
vn  bras  ou  vne  iambe,  ou  perte  d’vn 
œil,  et  ceux-là  disoit-on  estre  quittes 
à  bon  marché  :  eschappe  qui  peut. 
Lors  que  les  ennemis  eurent  rompu 
leur  camp,  ie  m’en  retournay  à 
Paris. 

Icy  ie  me  tais  de  mon  petit  Maistre, 
qui  estoit  plus  aise  en  sa  maison  que 
moy  à  la  guerre. 


VOYAGE  DV  HAVRE  DE  GRACE.—  1563. 

Encores  ie  ne  veux  laisser  à  parler 
du  camp  du  Haure  de  Grâce.  Lors 
qu’on  faisoit  les  approches  pour  as¬ 
seoir  l’artillerie,  les  Anglois  qui  es- 
toient  dedans  tuerent  quelques  vns 
de  nos  soldats,  et  plusieurs  pionniers 
qui  gabionnoient  :  lesquels  lors  qu’on 
voyoit  estre  tant  blessés  qu’il  n'y 
auoit  nulle  esperance  de  guarison , 
leurs  compagnons  les  despoüilloient , 
et  les  inettoient  encores  viuans  de¬ 
dans  les  gabions,  (jui  leur  seruoient 
d’autant  de  remplage.  Les  Anglois 
voyans  qu’ils  ne  pourroient  soustenir 
vu  assaut,  par-ce  (lu’ils  esloient  fort 


ET  VOYAGES. 


attainis  de  maladies,  et  principale¬ 
ment  de  la  peste,  ils  se  rendirent  ba¬ 
gues  sauues.  Le  Uoy  leur  fit  bailler 
des  vaisseaux  pour  s’en  retourner  en 
Angleterre  ,  bien  ioyeux  d’estre  hors 
de  CO  lieu  infecté  de  poste.  Il  en  mou¬ 
rut  la  plus  grande  part:  et  portèrent  la 
peste  en  Angleterre ,  qui  depuis  n’en 
ont  esté  exempts.  Le  capitaine  Sarla- 
bous,  maistre  de  Camp,  y  fut  laissé 
en  garnison ,  auec  six  enseignes  de 
gens  de  pied,  lesquels  n’auoient  nulle 
peur  de  la  peste  :  et  furent  bien  ioyeux 
d’y  entrer,  esperans  y  faire  bonne 
chere. 

Mon  petit  Maistre ,  si  vous  y  eussiez 
esté ,  vous  eussiez  fait  comme  eux. 


VOYAGE  DE  ROYEN. —  1562. 

Or  quant  à  la  prise  de  Rouen ,  ils 
firent  mourir  beaucoup  des  nostres 
deuant  l’assaut ,  et  à  l’assaut  ;  le  len¬ 
demain  mesme  qu’entrasmes  en  la 
ville  ,  i’en  trepanay  huit  ou  neuf  qui 
auoient  esté  blessés  à  la  broche ,  de 
coups  de  pierre.  Il  y  auoit  vn  air  si 
malin ,  qui  estoit  cause  que  plusieurs 
mouroient ,  voire  de  bien  petites  blés- 
seures,  de  façon  qu’aucuns  estimoient 
qu’ils  auoient  empoisonné  leurs  bal¬ 
les.  Ceux  du  dedans  disoient  le  sem¬ 
blable  de  nous  :  car  encore  qu’ils  fus¬ 
sent  bien  traités  de  leurs  nécessités 
dedans  la  ville ,  ils  ne  laissoient  point 
à  mourir  comme  ceux  du  dehors. 

Le  Roy  de  Nauarre  fut  blessé  quel¬ 
ques  iours  deuan  t  l’assaut  d’ vn  coup  de 
boulet  à  l’espaule.  le  le  visilay,  et  ai- 
day  à  le  pen.ser  auec  vn  sien  Chirur¬ 
gien  nommé  maistre  Gilbert ,  vn  des 
premiers  de  Montpellier,  et  autres. 
On  ne  peust  Irouuer  la  balle:  ie  la 


79.3 

chercbay  bien  exactement ,  i’apper- 
cou  par  coniecture  qu’elle  estoit  en¬ 
trée  par  la  teste  de  l’os  du  haut  du 
bras ,  et  qu’elle  auoit  coulé  en  la  ca- 
uité  dudit  os ,  qui  faisoit  qu’on  ne  la 
pouuoit  pas  trouuer.  La  plus  grand’ 
part  la  disoient  estre  entrée ,  et  per¬ 
due  dedans  le  corps.  Monsieur  le 
Prince  de  la  Roche-sur-Yon  ,  qui  ai- 
moit  intimement  le  Roy  de  Nauarre  , 
me  tira  à  part ,  et  s’enquist  si  le  coup 
estoit  mortel  :  ie  luy  dis  que  ouy , 
par-ce  que  toutes  les  playes  faites 
aux  grandes  iointures ,  et  principale¬ 
ment  des  playes  contuses,  estoient 
mortelles  ,  selon  tous  les  auteurs  qui 
en  ont  éscrit.  Il  s’enquist  des  autres 
ce  qu’il  leur  en  sembloit,  et  principa¬ 
lement  audit  Gilbert  :  qui  luy  dist 
auoir  grande  esperance  que  le  Roy 
son  maistre  guariroit,  et  fut  ledit 
Prince  bien  ioyeux.  Quatre  iours 
après ,  le  Roy  et  la  Royne  mere ,  et 
monsieur  le  Cardinal  de  Rourbon  son 
frere,  et  monsieur  le  Prince  de  la  Ro¬ 
che-sur-Yon  ,  et  monsieur  de  Guise  , 
et  autres  grands  personnages ,  après 
que  nous  eusmes  pensé  le  Roy  de 
Nauarre,  voulurent  faire  faire  vne 
consultation  en  leurs  présences ,  où 
il  y  auoit  plusieurs  Médecins  et  Chi¬ 
rurgiens.  Chacun  en  dit  ce  qu’il  luy 
en  sembloit ,  et  n’y  eut  pas  vn  d’i- 
ceux  qui  n’eussent  bonne  esperance 
(disoient-ils)  que  le  Roy  guariroit  : 
et  moy  persistois  tousiours  au  con¬ 
traire.  Monseigneur  le  Prince  de  la 
Roche-sur-Yon ,  qui  m’aimoit,  me  re¬ 
tira  à  part ,  et  me  dist  que  i’estois  seul 
contre  l’opinion  de  tous  les  autres,  et 
me  prioit  de  n’estre  opiniastre  contre 
tant  de  gens  de  bien.  le  luy  respons , 
que  lors  que  ie  connoislrois  bons 
signes  de  guarison,  iechangeroismon 
aduis.  Plusieurs  consultations  furent 
faites ,  où  iamais  ne  changeay  de  pu- 


rôle,  et  prognostic  (el  que  îe  Taucis 
fait  au  proinier  appareil,  et  disois  toiis- 
ioursquele  bras  tomberoit  en  gangre¬ 
né  :  ce  qu’il  fit,  quelque  grande  dili¬ 
gence  qu’on  y  peust  mettre  :  et  rendit 
l’esprit  à  Dieu  le  18.  ionrde  sa  bles¬ 
sure. 

Monsieur  le  Prince  de  la  lloche-sur- 
Yon,  ayant  entendu  la  mort  dudit 
Roy,  enuoya  vers  moy  son  Chirur¬ 
gien  et  Médecin  nommé  le  Féure,  à 
présent  Médecin  ordinaire  du  Roy  et 
de  la  Royne  mere  ,  me  dire  qu’il  vou- 
loit  auoir  la  balle ,  et  qu’on  la  cher- 
cbast  à  quelque  endroit  que  ce  fust. 
Alors  ie  fus  ioyeux ,  et  leur  dis  que 
i’estois  bien  asseuré  la  trouuer  bien 
tost  :  ce  que  ie  fis  en  leurs  présences, 
et  de  plusieurs  gentils-hommes  :  elle 
estoittout  au  beau  milieu  de  la  cauité 
de  l’os  du  haut  du  bras.  Mondit  sei¬ 
gneur  Prince  l’ayant,  la  monstra  au 
Roy  et  à  la  Royne,  qui  tous  dirent 
que  mon  prognostic  estoit  Irouué  vé¬ 
ritable.  Le  corps  fut  mis  reposer  au 
chasteau  Gaillard  :  etie  m’en  retour- 
nay  à  Paris ,  où  ie  trouuay  plusieurs 
malades  qui  auoient  esté  blessés  à  la 
breche  de  Roüen,  et  principalement 
des  Italiens,  lesquels  me  desiroient 
fort  pour  les  penser  :  ce  que  ie  fis  vo¬ 
lontiers.  Il  y  en  eu  t. plusieurs  qui  gua- 
rirent,  les  autres  moururent. 

le  croy,  mon  petit  Maistre  ,  que 
fustes  appellé  pour  en  penser  quel- 
ques-vns,  pour  le  grand  nombre  qu’il 
y  auoit. 


VOYAGE  DE  LA  BATAILLE  DE  DREVX. 
—  1562. 

Le  lendemain  après  la  bataille  don 
née  à  Dreux»,  le  Roy  me  commanda 


d’aller  penser  mon, sieur  le  Comte 
d’Eu,  qui  auoit  esté  blessé  d’vn  coup 
de  pistole  à  la  cuisse  dextre,  prés  la 
iointure  de  la  hanche,  qui  auoit  fra¬ 
cassé  et  brisé  l’os  femoris  en  plusieurs 
esclats  ,  dont  plusieurs  accidcns  luy 
suruindrent,  puis  la  mort;  qui  fut  à 
mon  très-grand  regret.  Le  lendemain 
que  ie  fus  arriué,  ie  voulus  aller  au 
camp  où  s’estoit  donné  la  bataille, 
pour  voir  les  corps  morts.  le  vis  à 
vne  grande  lieue  d’alentour  la  terre 
toute  couuerte  :  on  auoit  en  estime 
de  vingt  cinq  mille  hommes  ou  plus  : 
tout  cela  fut  depesché  en  moins  de 
deux  heures. 

le  voudrois,  mon  petit  Maistre,  pour 
l’amour  que  ie  vous  porte ,  qu’y  eus¬ 
siez  esté  pour  en  raconter  à  vos  es- 
choliers  et  à  vos  enfans, 

Or  cependant  que  ie  fus  à  Dreux , 
ie  visitay  et  pensay  grand  nombre 
de  gentils-hommes,  et  panures  sol¬ 
dats,  et  entre  les  autres  beaucoup 
de  Capitaines  suisses.  l’en  pensois 
quatorze  estans  en  vne  seule  cham¬ 
bre  ,  tous  blessés  de  coups  de  pis 
tôles  et  d’autres  instrumens  à  feu 
diaboliques,  et  n’en  mourut  pas  vn 
des  quatorze.  Monsieur  le  Comte  d’Eu 
estant  mort ,  ie  ne  fis  grand  seiour  à 
Dreux.  Il  vint  des  Chirurgiens  de  Pa¬ 
ris,  qui  faisoienl  bien  leur  deuoir  vers 
les  blessés ,  comme  Pigray,  Cointerct, 
Hubert ,  et  autres  :  et  ie  m’en  relour- 
nayàParis,  où  ie  retrouuay  beau¬ 
coup  de  gentils  hommes  blessés  qui 
s’y  estoient  retirés  après  ladite  ba¬ 
taille,  pour  estre  pensés  de  leurs 
blessures ,  où  ne  fus  sans  en  voir 
plusieurs. 


La  bataille  fut  donnée  le  19  décembre. 


KT  VOYaOKS. 


VOYACIÎ  DIÎ  I,A  IIAÏAILI.R  DE  MONT- 
CONTOVK.  —  1509. 

Pondont  la  balaille  de  Monlcon- 
tour,  le  Roy  Charles  estait  au  Plessis 
lez  loors ,  où  il  entendit  l’auoir  gai- 
gnée.  Il  se  retira  grand  nombre  de 
gentils-hommes  et  soldats  en  la  ville 
et  faiixboiirgs  de  ïonis,  blessés,  pour 
se  faire  penser  et  medicamenter  :  où 
le  Roy  et  la  Royne  mere  me  comman¬ 
dèrent  en  foire  mon  deuoir,  auec  les 
autres  Chirurgiens  qui  lors  cstoient 
en  quartier,  comme  Pigray,  du  Bois, 
Portail,  et  vn  nommé  Siret,  Chirur¬ 
gien  de  Tours ,  homme  bien  entendu 
en  la  Chirurgie,  estant  alors  Chirur¬ 
gien  de  Monseigneur  frere  du  Roy  : 
et  pour  la  multitude  des  naurés,  n’es¬ 
tions  gueres  à  repos,  ny  les  Médecins 
pareillement. 

Monsieur  te  Comte  de  Mansfeld, 
gouuerneur  de  la  duché  de  Luxem¬ 
bourg,  Cheualier  de  l’ordre  du  Roy 
d’Espagne,  fut  grandement  blessé  à 
la  bataille,  axi  bras  senestre,  d’vn 
coup  de  pistolle  qui  luy  rompit 
grande  partie  du  coude ,  et  s’estoit  re¬ 
tiré  à  Bourgueil ,  prés  Tours.  Estant 
là,enuoya  vn  gentilhomme  vers  le 
Roy,  le  supplier  bien  affectueusement 
luy  vouloir  enuoyer  vn  de  ses  Chirur¬ 
giens  pour  le  secourir  de  sa  blessure. 
Le  conseil  fut  tenu  quel  Chirurgien 
.seroit qu’on  y  enuoyeroit.  Mon.sieurle 
Mareschal  de  Montmorency  dist  au 
Roy  et  ù  la  Royne ,  qu’il  seroit  bon  de 
luy  enuoyer  son  premier  Chirurgien , 
et  leurremonstra  que  ledit  .seigneur 
de  Mansfeld  auoit  esté  vue  grande 
partie  cause  du’gain  de  la  bataille.  Le 
Roy  dist  tout  à  plat,  qu’il  ne  vouloit 
que  i’y  allasse ,  et  vouloit  que  ie  de¬ 
meurasse  prés  de  luy.  Adoncla  Royne 


mere  luy  dist  que  ie  ne  ferois  qu’aller 
et  venir,  et  falloit  auoir  esgard  que 
c’estoit  vn  seigneur  eslranger,  qui  es- 
toit  venu  de  la  part  du  Roy  d’Espa¬ 
gne  pour  son  secours.  Alors  il  me  per¬ 
mit  y  aller,  pourueu  que  ie  reuin.sse 
bien  tost.  Adonc  il  m’enuoya  quérir, 
et  pareillement  la  Royne  mere  ,  et 
me  commandèrent  d’aller  trouuer 
ledit  seigneur  Comte  de  Mansfeld  , 
la  part  où  il  seroit,  pour  luy  seruir 
en  tout  ce  que  ie  pourrois  faire  pour 
la  guarison  de  sa  bles.sure.  le  l’allay 
trouuer,  accompagné  d’vne  lettre  de 
leurs  Maiestés.  L’ayant  veuë ,  il  me 
receut  de  bonne  volonté  ,  et  desiors 
donna  congé  à  trois  ou  quatre  Chirur¬ 
giens  qui  le  pensoient:  qui  fut  à  mon 
très-grand  regret,  par  ce  que  sa  bles¬ 
sure  me  sembloit  estre  incurable. 

Or  audit  Bourgueil  s’estoient  re¬ 
tirés  plusieurs  gentils-hommes ay ans 
esté  blessés  à  ladite  bataille,  sçaehans 
que  Monsieur  de  Guise  y  estoit,  qui 
auoit  esté  aussi  fort  blessé  d’vn  coup 
de  pistolet  au  trauers  d’vne  iambe  , 
et  estans  bien  asseurés  qu’il  auroit  de 
bons  Chirurgiens  pour  le  penser,  et 
aussi  qu’il  est  débonnaire  et  fort  libe¬ 
ral,  qu’il  les  assisteroit  d’vne  grande 
partie  de  leurs  nécessités.  Ce  que  vé¬ 
ritablement  foisoit  volontiers ,  tant 
de  leur  manger  et  boire ,  que  autres 
nécessités  :  et  de  ma  part ,  de  mon 
art  estaient  soulagés  et  aidés  ;  les  vns 
mouroient,  autres  guarissoient,  selon 
leurs  blessures  Le  comte  Ringraue 
mourut,  qui  auoit  vn  coup  à  l’es- 
paule  semblable  à  celuy  qu’eut  le 
Roy  de  Nauarre  deuant  Roüen.  Mon¬ 
sieur  de  Bassompierre ,  colonel  de 
douze  cens  chenaux  ,  fut  semblable¬ 
ment  blessé  de  pareil  coup  et  en¬ 
droit  que  celuy  de  monsieur  le 
comte  de  Mansfeld ,  que  ie  pensay, 
et  Dieu  le  guarist.  Dieu  benist  si  bien 


APOLOGir: 


mon  œuiire  ,  que  dans  trois  sepmai- 
nes  ie  les  ramenay  à  Paris,  où  fallut 
faire  encore  (juelques  incisions  au 
bras  dudit  comte  de  Mansfeld ,  pour 
extraire  les  os  qui  esloient  grande¬ 
ment  fracassés,  rompus,  et  carieux, 
Ilguarist  par  la  grâce  de  Dieu,  et  me 
lit  vn  honnesle  présent ,  de  sorte 
que  ieme  contentay  bien  fort  de  luy, 
et  1-uy  de  moy,  comme  il  m’a  fait  pa- 
roislre  depuis.  Il  escriuit  vue  lettre  à 
monsieur  le  duc  d’Ascot ,  comme  il 
esloit  guari  de  sa  blessure ,  et  aussi 
monsieur  de  Bassompïerre  de  la 
sienne ,  et  plusieurs  autres  que  i’a- 
uois  pensés  après  la  bataille  de  Mont- 
contour,  qui  luy  conseilloit  do  sup¬ 
plier  le  Roy  de  France  me  permettre 
d’aller  xoir  monsieur  le  Marquis 
d’Auret  son  frere  :  ce  qu’il  fit. 


VOYAGE  DE  FLANDRES. 

Monsieur  le  duc  d’Ascot  ne  fit 
faute  d’enuoyer  vn  gentilhomme 
vers  le  Roy, accompagné  d’vne  lettre, 
pour  le  supplier  humblement  luy 
faire  tant  de  bien  et  d’honneur,  que 
de  permettre  et  commander  à  son 
premier  Chirurgien  venir  voir  mon¬ 
sieur  le  marquis  d’Auret  son  frere , 
qui  auoit  receu  vn  coup  d’harquebuse 
prés  le  genoüil,  auec  fracture  d’os  , 
il  y  auoit  eiiuiron  sept  mois,  et  que 
les  Médecins  et  Chirurgiens  do  par 
delà  esloient  bien  empeschés  à  sa 
guarison.  Le  Roy  m’enuoya  quérir, 
et  me  commanda  d’aller  voir  ledit 
seigneur  d’Auret,  et  le  secourir  en 
tout  ce  que  ie  pourrois  pour  la  gua¬ 
rison  de  sa  blessure.  le  luy  dis  que 
i’employerois  tout  le  peu  de  sçauoir 
qu’il  auoit  pieu  à  Dieu  me  donner. 


le  m’en  allay  ,  conduit  par  deux 
gentilshommes,  au  chastcau  d’Aurel, 
qui  est  à  vne  lieuë  et  demie  de  Mens 
en  Hainaut ,  où  esloit  ledit  mar¬ 
quis.  Subit  estant  arriué ,  ie  le  vi- 
sitay,  et  luy  dis  que  le  Roy  m’a- 
uoit  commandé  de  le  venir  voir,  et 
penser  de  sa  blessure.  Il  me  dist  qu’il 
esloit  bien  ioyeux  de  ma  venue ,  et 
estoit  grandement  tenu  au  Roy,  luy 
ayant  fait  tant  d’honneur  de  m’auoir 
enuoyé  vers  luy.  le  le  trouuay  auec 
vne  grosse  fiéure,  les  yeux  fort  en¬ 
foncés  ,  auec  vn  visage  moribonde  et 
iaunastre  ,  la  langue  seiche  et  aride, 
et  tout  le  corps  fort  émacié  et  mai¬ 
gre  ,  la  parole  basse  comme  d’vn 
homme  fort  prés  de  la  mort  ;  puis 
trouuay  sa  cuisse  fort  enflée,  apos- 
tumée  et  vlcerée  ,  ieltant  vne  sanie 
verdoyante  et  fort  fetide.  le  le  son- 
day  auec  vne  sonde  d’argent.  Par 
icelle  trouuay  vne  cauilé  prés  l’aine, 
finissant  au  milieu  de  la  cuisse ,  et 
d’autres  autour  du  genoüil  sanieuses 
et  cuniculeuses  :  aussi  certaines  es¬ 
quilles  d’os,  les  vnes  séparées,  lès  au¬ 
tres  non.  La  iambe  esloit  fort  tumé¬ 
fiée,  et  imbue  d’vn  humeur  pituiteux, 
froid  et  humide  et  flatulent(de  sorte 
que  la  chaleur  naturelle  estoit  en 
chemin  d’estre  suffoquée  et  csleinle) 
et  courbée  et  retirée  vers  les  fesses  ; 
le  croupion  vlceré  de  la  grandeur  de 
la  palme  de  la  main  :  et  disoit  y  sentir 
vne  exlreme  cuiseur  et  douleur ,  et 
semblablement  aux  reins;  de  façon 
qu’il  ne  pouuoit  aucunement  reposer 
iour  ny  nuit ,  et  n’ auoit  nul  appétit  do 
manger ,  mais  de  boire  assez.  Il  me 
fut  dit,  que  souuent  tnmboit  en  dé¬ 
faillance  de  cœur  ,  et  quelquesfois 
comme  en  epilepsie  :  et  auoit  souuent 
volonté  de  vomir,  auec  vu  tremble¬ 
ment  tel  qu’il  ne  pouuoit  porter  ses 
mains  à  sa  bouche.  Voyant  et  consi- 


KT  VOYAGES. 


(lerant  tous  ces  grantls  accidens  ,  et 
les  vertus  grandement  abballues,  vé¬ 
ritablement  i’eus  vu  très-grand  regret 
d’estre  allé  vers  luy,  par  ce  qu’il  me 
sembloil  auoir  peu  d’apparence  qu’il 
peust  reschapper  de  la  mort.  Toutes- 
fois  pour  luy  donner  courage  et 
bonne  esperance ,  ie  luy  dis  que  bien- 
tost  ie  le  meltrois  debout,  par  la 
grâce  de  Dieu ,  et  l’aide  de  ses  Méde¬ 
cins  et  Chirurgiens.  L’ayant  veu,ie 
m’en  allay  promener  en  vn  iardin ,  là 
où  ie  priay  Dieu  qu’il  me  fit  ceste 
grâce,  qu’il  guarist  :  et  qu’il  benist 
nos  mains  et  les  medicamens,  à  com- 
ballre  tant  de  maladies  compliquées, 
le  discourus  en  mon  esprit  les  moyens 
qu’il  me  falloit  tenir  pour  ce  faire. 
On  m’appela  pour  disner  :  i’entray  à 
la  cuisine ,  là  où  ie  vis  tirer  d’vne 
grande  marmite  demy  mouton ,  vn 
quartier  de  veau ,  trois  grosses  pièces 
de  bœuf,  et  deux  volailles,  et  vn 
bien  gros  lopin  de  lard ,  auec  force 
bonnes  herbes  :  alors  ie  dis  en  moy- 
mesrne,  que  ce  boüillon  de  marmite 
estoit  succulent,  et  de  bonne  nourri¬ 
ture. 

Après  le  disner ,  tous  les  Médecins 
et  Chirurgiens  assemblés,  nous  en- 
trasmes  en  conférence,  en  la  pré¬ 
sence  de  monsieur  le  duc  d’Ascot ,  et 
quelques  gentilR-hommes  quU’accom- 
pagnoient.  le  commençay  à  dire  aux 
Chirurgiens  ,  que  ie  rn’esmerueillois 
grandement  comme  ils  n’auolent  fait 
des  ouuerlures  à  la  cuisse  de  mon¬ 
sieur  le  Marquis  ,  qui  estoit  toute 
apostumée ,  et  quo  la  boué  qui  en 
sortoit  estoit  grandement  fetide  et 
puante,  qui  demonslroit  y  estre  de 
long  temps  croupie ,  et  que  i’auois 
trouué  auec  la  sonde  carie  d’os,  et 
des  esquilles  qui  estoient  ja  séparées. 
Ils  me  firent  response  que  iamais 
ne  l’auoil  voulu  consentir,  et  mesme 


7-37 

qu’il  y  auoit  prés  de  deux  mois  qu’on 
n  auoit  peu  gaigner  à  mettre  des  draps 
blancs  en  sou  lit ,  et  n’osoit-ou  qu’à 
peine  toucher  à  la  couuerture,tantil 
sentoit  de  douleurs.  Lorsie  disque 
pour  le  guarir  ,  il  falloit  toucher 
autre  chose  que  la  couuerluredu  lie*. 
Chacun  dist  ce  qu’il  luy  scmbloit  de  la 
maladie  dudit  seigneur,  et  pour  con¬ 
clusion,  le  tenoienl  tous  déploré.  le 
leur  dis  qu’il  y  auoit  encore  quelque 
esperance,  pour  sa  ieunesse ,  et  que 
Dieu  et  Nature  font  quelquesfois  des 
choses  qui  semblent  aux  Médecins  et 
Chirurgiens  estre  impossibles. 

Ma  consultation  fut,  que  la  causé  de 
tous  ses  accidens  estoient  venus  par 
le  coup  de  boulet  donné  prés  la  ioin- 
ture  du  genoüil,  qui  auoit  rompu  les 
ligamens  ,  tendons ,  et  aponeuroses 
des  muscles,  qui  lient  ladite  ioinlure^ 
ensemble  l’os  feuioris  :  aussi  nerfs , 
veines,  et  artères,  dont  s’en  estoit 
ensuiui  douleur,  inflammation,  apos- 
leme,  et  vlcere  :  et  qu’il  falloit  com¬ 
mencer  la  cure  à  la  maladie  qui  estoit 
cause  de  tous  les  susdits  accidens 
qu’il  auoit ,  à  sçauoir ,  faire  des  oU- 
uerturespour  donner  issue  à  la  sanie 
retenue  entre  les  spaciosités  des  mus¬ 
cles,  et  en  leur  substance  (sembla¬ 
blement  aux  os) laquelle  causoit  vue 
grande  corruption  en  toute  la  cuisse, 
dont  les  vapeurs  en  estoient  esleuées 
et  portées  au  cœur ,  qui  causoient 
syncope  et  la  fiéure ,  et  de  la  fléure  vn 
feu  vniuersel  en  tout  le  corps ,  et  par 
conséquent  depraualion  de  l’œcono- 
mie.  Pareillement  lesdiles  vapeurs  es- 
loient  communiquées  au  cerueau  , 
qui  causoient  l’epilepsie  et  tremble¬ 
ment  ,  et  à  l’eslomach  nausée  ,  et 
l’engardoit  faire  ses  fonctions ,  qui 
sont  principalement  de  digerer  et 
cuire  les  viandes  j  et  les  conuertir  ch 
chyle  I  lesquelle»  si  elles  ne  sont  biett 


AT'OI.OGIIÎ 


7^8 

cuUles  ,  il  s’engendre  des  crudités  et 
obstructions  qui  font  que  les  parties 
ne  sont  nourries ,  et  par  conséquent 
le  corps  desseiche  et  maigrit  :  et 
pour-ce  aussi  qu'il  ne  faisoit  nul  exer¬ 
cice.  Et  quant  à  Tœdcme  de  sa  iambe, 
celaestoitprouenu  à  cause  du  defaut 
de  l’aliment ,  et  de  la  chaleur  natu¬ 
relle  arrestée  en  toute  la  cuisse,  et 
aussi  faute  qu’elle  ne  se  pouuoit  mou- 
uoir  ;  car  toute  partie  qui  n’a  son 
niouuement ,  demeure  languide  et 
atrophiée  :  par-ce  que  la  chaleur  et 
esprit  n’y  sont  point  enuoyés  ny  atti¬ 
rés,  dont  ensuit  morlificalion  :  et  que 
pour  refociller  et  engraisser  le  corps, 
il  falloit  faire  des  frictions  vniuersel- 
les  auec  des  linges  chauds,  en  haut, 
en  bas,  à  dexlre,  à  senestre,  et  en 
rond  ,  à  fin  d’atlirer  le  sang  et  esprits 
du  dedans  au  dehors ,  et  résoudre 
quelques  vapeurs  fuligineuses  déte¬ 
nues  entre  cuir  et  chair  :  partant  les 
parties  seront  puis  après  nourries  et 
refaites  (  comme  i’ay  dit  cy-deuant  au  ] 
liure  9.  traitant  dei  playes  d’har- 
qutbuses).  Et  les  falloit  laisser  lors 
qu’on  verroit  au  cuir  chaleur  et  rou¬ 
geur,  de  peur  de  résoudre  ce  qu’on 
auroit  attiré ,  et  par  conséquent  le 
rendre  encore  plus  maigre.  OrTvlcere 
qu’il  a  sur  le  croupion,  est  venue  pour 
auoir  esté  trop  long  temps  couché 
dessus ,  sans  se  remuer  :  qui  a  esté 
cause  que  les  esprits  n’ont  peu  re¬ 
luire.  A  ceste  cause  s’est  faite  in¬ 
flammation  ,  de  l’inflammation  apos- 
teme,  puis  vlcere,  voire  auec  déper¬ 
dition  de  substance  de  la  chair 
sujette,  auec  vne  tres-grande  dou¬ 
leur,  à  cau.se  des  nerfs  qui  se  dissémi¬ 
nent  en  ceste  partie.  Il  faut  pareille¬ 
ment  faire  tant  qu’on  le  mette  en  vn 
autre  lict  bien  mol,  et  luy  bailler  che- 
mi.se  et  draps  blancs  :  autrement  tou- 
tps  les  choses  qu’on  luy  pourroit  faire 


no  luy  seruiroient  de  rien ,  à  cause 
que  ces  excremens  et  vapeurs  de  la 
sanie  retenue  do  .si  long  temps 
en  son  lict ,  sont  attirées  par  le  sys- 
tolé  et  diastolé  des  artères  qui  sont 
disséminées  par  le  cuir,  et  font  que 
les  e.sprits  s’altèrent ,  et  acquièrent 
vne  mauuaise  diathese  ou  qualité 
et  corruption  :  ce  qui  se  voit  de 
quelqu’vn  qui  couchera  en  vn  lit  là 
où  vn  verollé  aura  couché  et  sué  ,  le¬ 
quel  prendra  la  verolle  par  les  va¬ 
peurs  putrides  qui  seront  imbues  et 
demeurées  aux  draps  et  couucrtures. 
Or  quant  à  ce  qu’il  ne  peut  nulle¬ 
ment  dormir,  et  est  quasi  en  atrophie, 
c’est  à  raison  qu’il  mange  peu ,  et  ne 
fait  nul* exercice,  et  qu’il  est  vexé 
de  grandes  douleurs  ;  car  il  n’y  a  rien 
qui  abbatte  et  prosterne  plus  les  ver¬ 
tus  que  la  douleur.  La  cause  qu’il  a 
la  langue  aride  et  seiche,  cela  vient 
par  la  vehemence  de  la  chaleur  de  la 
fiéure,  par  les  vapeurs  qui  montent 
de  tout  le  corps  à  la  bouche  :  car , 
comme  on  dit  en  commun  prouerbe  , 
quand  on  chauffe  bien  vn  four,  la 
gueulle  s’en  ressent.  Ayant  discouru 
des  causes  et  accidens,  ie  dis  qu’il 
falloit  les  guarir  par  leurs  contraires  : 
et  premièrement  appaiser  les  dou¬ 
leurs  ,  faisant  des  ouuertures  à  la 
cuisse  pour  euacuerla  boue  retenue, 
ne  l’euacuant  tout  à  coup,  de  peur 
que  par  la  grande  euacuation  subite 
se  fist  vne  resolution  d’esprits,  qui 
pourroit  grandement  débiliter  le 
patient  et  abréger  ses  iours.  Seconde¬ 
ment  ,  auoir  esgard  à  la  grande  tu¬ 
meur  et  froideur  de  la  iambe  ,  crai¬ 
gnant  qu’elle  ne  tombast  en  gan¬ 
grené  ,  et  qu’il  luy  falloit  appliquer 
vne  chaleur  actuelle  ,  parce  que  la 
potentielle  ne  pourroit  réduire  l’in- 
ternperie  depolentia  ad  aclum.  A  ceste 
cause ,  qu’il  falloit  y  appliquer  au- 


T.T  VOYAGF.S, 


tour  (les  briques  chaudes,  sur  les¬ 
quelles  ou  ietteroit  vue  decoclion 
faite  d’herbes  neruales  cuiltes  en  vin 
et  vinaigre, puis  enueloppées  en  quel¬ 
que  seruiettei  et  aux  pieds  vne  bou¬ 
teille  de  terre  remplie  de  ladite  de¬ 
coclion,  bouchée  et  emudoppée  en 
quelques  linges.  Aussi  luyfalloit  faire 
des  fomentations  sur  la  cuisse  et 
toute  la  iambe,  d’vne  décoction 
faite  de  sauge,  rosmarin  ,  thym ,  la- 
uande,  fleurs  de  camomille  et  meli- 
lol ,  roses  rouges  cuiltes  en  vin  blanc, 
et  lexiue  faite  de  chesne ,  et  vn  peu 
de  vinaigre,  et  demie  poignée  de  sel. 
Geste  decoclion  a  vertu  de  sublilier, 
atténuer,  inciser,  résoudre,  tarir  et 
seicher  l’humeur  gros  et  visqueux. 
Lesdites  fomentations  se  feront  lon¬ 
guement,  à  fin  que  la  résolution  soit 
plus  grande  :  car  estant  ainsi  faite 
longuement,  on  résout  plus  qu’on  | 
n’attire,  à  cause  qu’on  liquéfié  l’hu¬ 
meur  contenu  en  la  partie,  on  raréfié 
le  cuir,  et  la  chair  des  muscles.  Tier- 
cemenl,  qu’il  falloit  appliqué'  sur 
l’vlcere  du  croupion  vne  grande  em- 
plastre,  faite  de  l’onguent  desiccalif 
rouge  et  l'onguent  Comilissœ,  par¬ 
ties  égalés,  incorporé(;s  ensemble,  à 
fin  de  luy  appaiser  sa  douleur  et  des- 
seicher  fvlcere  :  aussi  luy  faire  vn 
bourrelet  de  duuet  qui  portast  le 
croupion  en  l’air ,  sans  estre  appuyé 
dessus.  Quartenuml,  pour  rafraischir 
la  chaleur  des  reins,  on  luy  applique- 
roit  dessus  de  l’onguent  réfrigérant 
de  Galien,  recentement  fait,  et  par 
dessus  des  fueilles  de  nénuphar  ré¬ 
centes  :  puis  vne  seruietle  trempe^e  en 
oxycrat,  espreinte  et  renouuellée 
sonnent.  El  pour  la  corroboration  du 
c(eur,  on  appliquera  (hîssus  vn  médi¬ 
cament  réfrigérant ,  fait  d’huile  de 
nénuphar  et  l’ongmmt  rosat  et  vn 
peu  de  sallVan  ,  dis.souls  en  vinaigre 


7^0 

rosat  et  lheriaque ,  estendus  sur  vne 
piece  d’esrailalle.  Pour  la  syncope 
qui  procedoit  de  la  débilitation  des 
forces  naturelles,  faisant  aussi  trou¬ 
bler  le  cerueau ,  falloit  vser  de  bons 
alimens  succulens,  comme  œufs  mol¬ 
lets  ,  raisins  de  damas  confits  en  vin 
et  succre,  aussi  panade  faite  de  bouil¬ 
lon  de  la  grande  marmite  (de  la¬ 
quelle  i’ay  parlé  cy  deuanl)  auec 
blancs  de  chappon  ,  ailes  de  perdrix 
hachées  bien  menu,  et  autres  vian¬ 
des  roslies ,  faciles  à  digerer,  comme 
veau  ,  chéureau,  pigeonneaux,  per¬ 
dreaux^  griues,  et  autres  sembla¬ 
bles.  La  saulse  sera  orenge  ,  verjus 
d’ozeille,  grenades  aigres  :  il  en 
pourra  pareillement  manger  deboüil- 
lis  auec  bonnes  herbes,  comme  ozeil- 
le,  laictuë,  pourpié,  cichorée,  bu- 
glose,  soucy,  et  autres  semblables. 
La  nuit ,  il  pourra  vser  d’orge-mon- 
dé,  auec  jus  d'ozeille  et  nénuphar, 
de  chacun  deux  onces,  auec  quatre 
ou  cinq  grains  d’opium,  et  des  quatre 
semences  froides  conquassées,  de 
chacun  demie  once,  qui  est  vn  re- 
mede  alimenteux  et  médicamenteux, 
qui  le  prouoquera  à  dormir.  Son  pain 
sera  de  metail,  et  ne  sera  trop  rassis 
ny  tendre.  Et  pour  sa  grande  douleur 
de  l(^ste,  il  faudra  couper  ses  che- 
ueux  ,  et  la  frotter  d’oxyrrhodinum 
vn  peu  liede,  et  y  laisser  vn  linge 
double  trempé  dedans.  On  luy  fera 
pareillement  vn  frontail  d’huile  ro¬ 
sat  et  nénuphar  et  de  pauot ,  et  vn 
peu  d’opium  et  vinaigre  rosat ,  auec 
vn  peu  de  camphre,  et  renouuellé 
■  par  fois.  D’auantage,  on  luy  fera 
sentir  au  nez  fleurs  de  iusquiarne  et 
nénuphar,  broyées  auec  vinaigre  et 
eau  rose,  auec  vn  peu  de  camphre  , 
enueloppés  ensemble  en  vn  mouchoir, 
lequel  sera  tenu  longuement  contre 
le  niîz,  à  lin  que  l’odeur  se  puisse 


APOf.OGtE 


7.30 

communiquer  au  cerueau  :  et  seront 
ces  choses  continuées  seulement  ius- 
ques  à  ce  que  la  grande  inflammation 
et  douleur  soient  passées ,  de  ])ei]r  de 
réfrigérer  par  trop  le  ceruesiu.  D’a¬ 
bondant  on  fera  pleiiuoir  par  arti¬ 
fice,  en  faisant  découler  de  l’eau  de 
quelque  lieu  haut  dans  vn  chaude- 
ron,  et  qu’elle  face  tel  bruit  que  le 
malade  le  puisse  entendre  :  par  ces 
moyens  iuy  sera  prouoqué  le  dormir. 
Et  quant  à  la  retraction  de  sa  iambe, 
il  y  a  esperance  la  redresser,  lors 
qu’on  aura  fait  vacuation  du  pus  et 
autres  humeurs  contenus  à  la  cuisse, 
qui ,  par  leur  extension  (  faite  par  re- 
pletion)  ont  attiré  ladite  iambe  :  la¬ 
quelle  se  pourra  redresser,  en  liiy 
frottant  premièrement  toute  la  ioin- 
ture  du  genoüil  auec  vnguenlum  de 
althea,  et  huile  de  lys,  et  vn  peu 
d’eau  de  vie,  et  par  dessus  de  la  laine 
noire  auec  son  suc  :  pareillement  en 
mettant  sous  le  iarret  vn  oreiller  de 
plume,  ployé  en  double,  et  peu  à 
peu  on  luy  fera  estendre  la  iambe. 

Lequel  mien  discours  fut  bien  ap- 
prouué  des  Médecins  et  Chirurgiens. 

La  consultation  acheuce,  nous  en 
allasmes  vers  le  malade ,  où  ie  luy 
fis  trois  ouuerlures  à  sa  cuisse ,  des¬ 
quelles  sortit  vne  bien  grande  quan¬ 
tité  de  bouë  et  sanie,  et  dés  l’heure 
ie  luy  tiray  quelque  petite  esquille 
d’os:  et  ne  voulus  laisser  sortir  trop 
grande  abondance  de  ladite  sanie,  de 
peur  de  trop  débiliter  ses  forces. 
Deux  ou  trois  heures  après ,  ie  luy 
fis  faire  vn  lict  prés  le  sien ,  où  il 
auoit  de  beaux  draps  blancs  :  puis  vn 
homme  fort  le  posa  dedans:  et  fut 
ioyeux  d’auoir  esté  tiré  hors  de  son 
lict  sale  et  puant.  Tost  après  demanda 
à  dormir,  ce  qu’il  fit  prés  de  quatre 
heures  :  où  tout  le  monde  de  la  mai¬ 
son  se  commença  à  resioüir,  et  prin¬ 


cipalement  mon.siour  le  Duc  d’Àscot 
son  frere. 

Les  iours  suiuans ,  ie  luy  faisais 
des  iniections  au  profond  et  canités 
des  vlceres,  faites  d'Egyptiac  dissout 
tantost  en  eau  de  vie,  et  autresfois 
en  vin.  l’appliquois  pour  mondifier 
et  seicher  les  chairs  spongieuses  et 
mollasses,  des  compresses  nu  fond 
des  sinuosités,  et  tentes  de  plomb 
cannulées ,  à  fin  do  tousiours  donner 
issue  à  la  sanie:  et  par  dessus  vne. 
grande  emplastre  de  diachalcitheos 
dissout  en  vin.  Pareillement  ie  le 
bandois  si  dextrement  qu’il  n’auoit 
nulle  douleur  :  laquelle  sedée,  la 
fleure  commença  fort  à  se  diminuer. 
Alors  ie  luy  fis  boire  du  vin  trempé 
médiocrement  d’eau,  sçaehant  qu’il 
l'estaure  et  viuifie  les  vertus.  Et  tou¬ 
tes  les  choses  que  nous  arrestasmes 
en  la  consultation  furent  accomplies 
selon  le  temps  et  ordre  :  et  ses  dou¬ 
leurs  et  la  fiéure  cessées ,  commença 
tousiours  à  se  mieux  porter.  11  donna 
congé  à  deux  de  ses  Chirurgiens  et  à 
vn  de  ses  Médecins,  de  façon  que 
n’estions  plus  que  trois  auec  luy. 

Or  i’y  demeuray  enuiron  deux 
mois,  et  ne  fut  sans  voir  plusieurs 
malades,  tant  riches  que  panures, 
qui  venoient  à  moy  de  trois  ou  quatre 
lieues  à  l’entour.  Il  faisoit  bailler  à 
manger  et  à  boire  aux  nécessiteux  : 
tous  lesquels  me  recommandoit,  et 
qu’en  faueur  de  luy  ie  les  secourusse, 
le  proteste  que  ie  n’en  refusay  vn 
seul,  et  leur  faisois  à  tous  ce  qu’il 
m’esloit  possible,  dont  il  estoit  ioyeux. 
-Lors  que  ie  vis  qu'il  commençoit  à 
se  bien  porter ,  ie  luy  dis  qu’il  falloit 
auoir  des  violes  et  violons,  et  quelque 
larceur  pour  le  resioüir  ;  ce  qu’il 
fit.  En  vn  mois  nous  iismes  en  sorte, 
qu’il  se  pouuoit  tenir  en  vne  chaire , 
et  se  faisoit  porter  et  promener  en 


ET  VOYAGES. 


son  iardin ,  et  à  la  porte  de  son  chas- 
Icau  ,  pour  voir  passer  le  monde.  Les 
villageois  de  deux  et  trois  licuës  d’au¬ 
tour,  sçachans  qu’on  le  pouuoit  voir, 
venoient  aux  festes  chanter  et  danser, 
masles  et  femelles,  pesle-mesle  à  ti- 
relerigot ,  en  resioüissance  de  sa 
bonne  conualcsccnce ,  estons  tous 
ioyeux  de  le  voir,  et  n’estoit  sans  bien 
rire  et  bien  boire.  Il  leur  faisoit  tou- 
siours  donner  vne  barrique  de  biere , 
et  beuuoient  tous  à  tirelerigot  à  sa 
santé.  Et  les  citoyens  de  Monts  en 
Hainault.et  autres  gentils  hommes 
ses  voisins,  le  venoient  voir  par  vne 
admiration,  comme  vn  homme  sor¬ 
tant  du  tombeau  :  et  dés  lors  qu’il  se 
porta  bien  ,  ne  fut  sans  compagnie  : 
et  comme  l’vn  sortoit ,  l’autre  y  en¬ 
troit  pour  le  visiter  :  sa  table  estoit 
tousiours  bien  couuerte.  Il  estoit 
grandement  aimé  de  la  noblesse  et 
du  commun  peuple,  tant  pour  sa  li¬ 
béralité  ,  que  de  sa  beauté  et  honnes- 
telé ,  ayant  le  regard  doux  et  la  pa¬ 
role  gracieuse,  en  sorte  que  ceux 
qui  l’auoient  enuisagé  estaient  con¬ 
traints  de  l’aimer. 

Les  principaux  de  la  ville  de  Monts 
vindrent  vn  samedy,  pour  le  supplier 
qu’il  permist  que  i’allasse  à  Monts, 
où  ils  auoient  bonne  volonté  de  me 
festoyer  et  me  faire  bonne  chere  pour 
l’amour  de  luy.  Il  leur  dist  qu’il  me 
prieroit  d’y  aller ,  ce  qu’il  fit  :  mais 
ie  luy  fis  response,  qu’à  moy  n’ap- 
partenoit  me  faire  tant  d’honneur, 
ioint  aussi  qu’ils  ne  me  sçauroient 
donner  meilleures  viandes  que  les 
siennes.  Et  d(î  rechef  me  pria  bien 
atléctueusement  d’y  aller,  et  que  ie 
fisse  cela  pour  l’ amour  de  luy  :  ce 
que  luy  accorday.  Le  lendemain  ,  ils 
me  vindrent  quérir  auec  deux  cha¬ 
riots  :  et  estans  arriués  à  Monts,  trou- 
uasmeg  le  disner  prest,  et  des  princi¬ 


7-31 

paux  de  la  ville  auec  leurs  femmes , 
qui  m’attendoient  auec  bonne  deuo- 
tion.  Nous  nous  mismes  à  table,  et 
me  mirent  au  haut  bout,  et  beuuoient 
tous  à  moy  et  à  la  san  é  de  monsieur 
le  Marquis  d’Auret,  disant  qu’il  estoit 
bien-heureux  ,  et  eux  pareillement, 
de  m’auoir  recouuert  pour  le  mettre 
sus  :  et  conneus  en  ceste  compagnie 
qu’il  estoit  grandement  honoré  et 
aimé.  Après  le  disner,  me  ramenèrent 
au  chasteau  d’Aurel,  où  monsieur  le 
Marquis  m’y  altendoit  en  grande  de- 
notion,  pour  luy  raconter  ce  que 
nous  auions  fait  en  noslre  banquet  : 
où  ie  luy  dis  que  toute  la  compagnie 
auoit  beu  plusieurs  fois  à  sa  santé. 
En  six  sepmaines  il  commença  à  se 
soustenir  vn  peu  sur  des  potences , 
et  à  se  bien  fort  engraisser,  et  pren¬ 
dre  vne  viue  et  naturelle  couleur. 
Vouloirluy  print  d’aller  à  Beaumont, 
qui  est  la  demeure  de  monsieur  le 
Duc  d’Ascot,  et  se  fit  porter  en  vne 
chaire  à  bras  par  huit  hommes  de  re¬ 
lais.  Et  les  paysans  des  villages  par 
où  nous  passions ,  sçaehans  que  c'es- 
toit  monsieur  le  Marquis,  se  battoient 
à  qui  le  porteroit,  et  nous  conlrai- 
gnoient  de  boire  ;  mais  ce  n’estoit 
que  de  la  biere ,  et  croy  que  s’ils 
eussent  eu  du  vin,  voire  de  l’hippo- 
cras,  ifs  nous  en  eussent  donné  de 
bonne  volonté.  Et  esloient  tous  fort 
ioyeux  de  voir  ledit  Marquis ,  et 
priaient  tous  Dieu  pour  luy. 

Estant  arriué  à  Beaumont,  tout  le 
peuple  venait  au  deuant  de  nous  luy 
faire  la  reuerence,  et  prioient  Dieu 
qu’il  le  benist  et  le  tinst  en  bonne 
santé.  Nous  entrasrnes  au  Chasteau  , 
où  il  y  auoit  plus  de  cinquante  Gen- 
lils-homraes  que  monsieur  le  Duc 
d’Ascot  auoit  mandés  pour  venir  faire 
bonne  chere  auec  inonsieurson  irere: 
et  fut  trois  iours  entiers  sa  maison 


Ai’oroGin 


73!2 

ouuerte,  Après  disiier  les  Gentils¬ 
hommes  conroient  la  bague  ,  se 
battoientà  l’espée  d’armes  ,  et  se  res- 
ioüissoient  grandement  de  voir  mon¬ 
sieur  d’Auret  :  parce  qu’ils  auoient 
entendu  que  iamais  ne  pnurroit  par¬ 
tir  du  lict,  et  guarir  de  sa  blessure. 
Feslois  à  table  tousiours  au  haut 
bout,  là  où  tout  le  monde  beuuoit  ca¬ 
mus  à  luy  et  à  moy,  pensans  m’eny- 
urer  ,  ce  qu’ils  ne  sceurent  :  car  ie  ne 
beuuois  que  comme  i’auois  accous- 
tumé. 

Quelques  iours  après  nous  en  re- 
tournasmes,  et  pris  congé  de  madame 
la  Duchesse  d’Ascot,  laquelle  tira 
vn  diamant  de  son  doigt ,  qu’elle  me 
donna  en  reconnoissance d’au oir  bien 
pensé  son  frere  :  et  estoit  le  diamant 
de  la  valleur  de  plus  de  cinquante 
escus.  Monsieur  d’Auret  se  portoit 
tousiours  de  mieux  en  mieux ,  et  che- 
minoit  tout  seul  autour  de  son  iardin 
sur  des  potences.  le  luy  demanday 
congé  par  diuerses  fois  ,  pour  m’en 
reuenir  à  Paris,  luy  remonslrant  que 
ce  qui  restoit  à  faire  à  sa  blessure , 
sonMedecinetCbirurgien  le  feroient. 
Et  pour  commencer  tousiours  à  m’es- 
loigner  de  luy  ,  ie  luy  priay  qu’il  me 
permist  d’aller  voir  la  ville  d’Anuers  : 
ce  quil  m’accorda  bien  volontiers,  et 
commanda  à  son  Maistre-d’Hostel 
m’y  conduire,  accompagné  de  deux 
pages.  Nous  passasmes  par  Malignes 
et  Bruxelle,  là  où  des  principaux  de 
la  ville  prièrent  ledit  Maistre  d’Hos- 
tel ,  qu’au  rapasser  il  leur  fist  enten¬ 
dre,  et  qu’ils  auoient  volonté  de  m’y 
festoyer,  comme  auoient  fait  ceux  de 
Monts.  le  les  remerciaybien  humble¬ 
ment  ,  leur  disant  que  ce  n’estoit  à 
moy  qu’appartenoit  tel  honneur.  le 
fus  deux  iours  et  demy  pour  visiter  la 
ville  d’Anuers,  où  aucuns  marchands 
connoissans  le  Maislre-d’llostcl ,  le 


prieront  leur  faire  cesl  honneur  nous 
donner  à'disner  ou  souper  :  c’estoit 
à  qui  nous  auroit,  et  esloient  tous 
fort  ioyeux  d’entendre  la  bonne  dis¬ 
position  de  monsieur  d’Auret,  me 
faisansplusd’honneur  que  ne  deman-  • 
dois.  Enfin  nous  en  reuinsmes  Irou- 
uer  monsieur  le  Marquis,  faisant 
bonne  chere  ;  et  cinq  ou  six  iours 
après  ie  luy  demanday  congé  ,  qu’il 
m’accorda  auec  grand  regret  (ce  di- 
soit-il)  :  lequel  me  donna  vn  pre.scnt 
honnesle  et  de  grande  valleur,  et  me 
fit  reconduire  par  sondit  Maislre- 
d’Hoslel  auec  deux  pages ,  iusques 
en  ma  maison  à  Paris. 

le  me  suis  laissé  dire  que  les  Espa¬ 
gnols  ont  depuis  ruiné  et  démoli  son 
chasteau  d’Auret ,  saccagé ,  pillé  et 
bruslé  toutes  les  maisons  et  villages 
à  luy  appartenans.  à  cause  qu’il  n’a 
voulu  eslre  de  leur  meschant  parti 
en  leurs  assassinats  et  ruine  du  Pays 
Bas. 


VOYAGE  DE  IlOVRGES.  —  1562. 

Le  Iloy  auec  son  camp  ne  demeura 
gueres  à  Bourges  que  ceux  de  de¬ 
dans  ne  se  rendissent  :  et  sortiront 
leurs  bagues  saunes.  le  ne  sçache 
rien  digne  de  mémoire,  fors  vn  gar¬ 
çon  de  cuisine  de  la  bouche  du  Boy , 
lequels’estant  approché  des  rmirailies 
delà  ville  auparauant  que  l’on  eiist 
fait  la  composition, cria  à  haute  voix  ; 
Huguenot,  huguenot,  lire  là,  tire  là. 
Ayant  le  bras  leué  et  la  main  eslen- 
due,  vn  soldat  luy  perça  la  main  tout 
outre  d’vn  boulet.  Ayant  receu  ce 
coup,  il  tne  vint  trouuer  pour  le  pen¬ 
ser.  Monsieur  le  Connestahle  voyant 
ce  garçon  ayant  sa  main  toute  san- 


KT  V( 

glanle  et  tout  esploré,  hiy  demanda 
qui  i’auoit  blessé  :  alors  il  .y  eut  vu 
gentilhomme  ,  qui  ayant  veu  donner 
le  coup ,  dist  que  cela  estoit  bien  em¬ 
ployé,  parce  qu’il  crioit  :  Huguenot 
frapc  là ,  donne  là.  Alors  ledit  sei¬ 
gneur  Conncstable  dist  que  ce  hu¬ 
guenot  estoit  bon  harquebusier  et 
auoit  l’ame  bonne ,  parce  qu’il  estoit 
vray  semblable  que  s’il  eust  voulu 
tirer  à  la  leste ,  il  eust  encore  fait 
plus  aisément  qu’à  la  main.  le  pensay 
ledit  cuisinier ,  qui  fut  fort  malade. 
Ilguari.«l,  mais  auec  impotence  de  la 
main  ,  et  depuis  ses  compagnons  l’ap- 
pellerent  Huguenot  :  il  est  encore 
viuant. 


bataille  SAINCT  DENYS.  —  1567. 

Et  quant  à  la  bataille  S.  Denys,  il 
y  en  eut  plusieurs  de  tués  tant  d'vne 
part  que  d’autre.  Les  noslres  blessés 
se  retirèrent  à  Paris  pour  se  faire  pen¬ 
ser,  ensemble  les  prisonniers  qu’on 
auoit  pris,  dont  i’en  pensay  vne 
grande  partie. 

Le  Roy  me  fit  commander  fpar  la 
priere  de  madame  la  Connestable) 
d’aller  en  sa  maison  pour  penser  mon¬ 
sieur  le  Connestable,  qui  eut  vn  coup 
de  pistole  au  milieu  de  l’espine  du 
dos  :  où  tout  subit  perdit  le  sentiment 
et  raouucment  des  cuisses  et  iambes, 
et  ses  excrernens  retenus,  ne  pouuant 
ieller  l’vrine,  ny  rien  par  le  siégé:  à 
raison  que  Tcspinc  médullaire,  de 
laquelle  naissent  les  nerfs  (pour  bail¬ 
ler  senlimentet  moiiuement  aux  par¬ 
ties  inferieures)  fut  brisée,  rompue  et 
dilacerée  par  la  vehemence  de  la 
balle.  11  perdit  pareillement  l’enten- 
dement  et  ratiocination,  et  en  peu  de 
iuurs  il  mourut. 


fAGES.  ..33 

Les  Chirurgiens  de  Paris  furent 
long  temps  empeschés  pour  traiter 
les  susdits  blessés.  le  croy ,  mon  pe¬ 
tit  Maistre,  que  vous  en  vistes  quel¬ 
ques  vns. 

le  supplie  ce  grand  Dieu  des  vic¬ 
toires,  queiamaisne  soyons  employés 
en  tel  malenconlre  et  désastre. 


VOYAGE  DE  BAYONNE.  — -  1564. 

Or  ie  dis  encore  d’auantage,  que 
i’ay  fait  le  voyage  auec  le  Roy  à 
Bayonne,  où  nous  auons  esté  deux 
ans  et  plus  à  circuir  presque  tout  ce 
royaume  :  où  en  plusieurs  villes  et 
villages  i’ay  esté  appellé  en  consul¬ 
tation  de  diuerses  maladies ,  auec  de- 
funct  monsieur  Chapelain ,  premier 
Médecin  du  Roy,  et  monsieur  Castel - 
lan,  premier  de  la  Royne  mere, 
hommes  d’honneur  et  tres-sçauans  en 
la  Medecine  et  Chirurgie.  Faisant  ce 
voyage ,  ie  me  suis  tousiours  enquis 
aux  Chirurgiens,  s’ils  auoient  remar¬ 
qué  quelque  chose  rare  en  leurs 
pratiques,  à  fin  d’apprendre  quel¬ 
que  chose  de  nouueau. 

Estant  à  Rayonne ,  il  aduint  deux 
choses  de  remarque  pour  les  ieunes 
Chirurgiens. 

La  première ,  c’est  que  je  pensay 
vn  gentil-homme  Espagnol ,  lequel 
auoit  vne  aposteme  grande  et  enorme 
à  la  gorge.  Il  vint  pour  se  faire  tou¬ 
cher  au  defunct  Roy  Charles,  des  es- 
crouëlles.  le  fis  ouuerture  de  son 
aposteme,  où  il  se  trouua  grande 
quantité  de  vers  tous  groüillans,gros 
comme  la  pointe  d’vn  fuzeau,  ayans 
la  teste  noire:  et  auoit  grande  quan¬ 
tité  de  chair  pourrie.  D’auantage, 
auoit  sous  la  langue  vne  aposteme 
nommée  llunula,  qui  l’empeschoit  à 


apologie  et  voyages. 


734 

proférer  sa  parole ,  et  à  inascher  et  j 
aualler  ses  viandes.  Il  me  pria  à 
iointes  mains  la  Iny  ouurir,  s’il  se 
pouuoit  faire  sans  péril  de  sa  per¬ 
sonne  :  ce  que  ie  fis  promptement, 
et  trouuay  sous  ma  lancette  vn  corps 
solide,  qui  estoient  cinq  pierres  sem¬ 
blables  à  celles  qu’on  tire  de  la  vessie. 
La  plus  grosse  pouuoit  estre  d’vne 
petite  amande,  et  les  autres  comme 
petites  féues  longuettes,  qui  estoient 
en  nombre  de  cinq.  En  ceste  apos- 
teme  estoit  contenu  vn  humeur  glai¬ 
reux,  de  couleur  iaunastre,  en  quan¬ 
tité  plus  qu’il  ne  pourrait  entrer  en 
quatre  cuilliers  d’argent.  le  le  laissay 
entre  les  mains  d’vn  Chirurgien  de  la 
ville ,  pour  paracheuer  d’ estre  guari. 

Monsieur  de  Fontaine ,  Cheualier 
de  l’ordre  du  Roy ,  eut  vue  grande 


fleure  continue,  pestilenle,  accom¬ 
pagnée  de  plusieurs  charbons  en  di- 
uerses  parties  du  corps,  lequel  fut 
deux  iours  sans  cesser  de  saigner  du 
nez  ,  et  ne  le  pouuoit-on  estancher  : 
et  par  iceluy  flux  la  fleure  cessa, auec 
vne  Ires-grande  sueur ,  et  tost  après 
les  charbons  suppurèrent:  et  fut  par 
moy  pensé  ,  et  par  la  grâce  de  Dieu 
guari. 

l’ay  publié  ceste  Apologie,  à  fin 
que  chacun  connoisse  de  quel  pied 
i’ay  marché  tousiours  :  et  ne  pense 
qu’il  y  ait  homme  si  chatoüilleux 
qui  ne  prenne  en  bonne  part  ce  que 
i’ay  dit,  puis  que  mon  discours  est 
véritable  ,  et  que  l’effet  monstre  la 
chose  à  l’œil ,  la  raison  m’estant  ga- 
rand  contre  toutes  calomnies. 


LE  LIVRE  DES  ÂNIMÂVX, 

ET 

DE  L’EXCELLEINCE  DE  L’HOMME 


CHAPITRE  I. 

DE  LA  NATVRE  DES  RESTES  BUVTES. 

Les  bestes  brutes  different  grande¬ 
ment  les  vnes  des  autres ,  pource  que 
leurs  natures  sont  differentes  2.  Car 
des  animaux  les  vns  sont  hardis ,  les 
autres  timides,  les  vns  farouches,  les 
autres  priués  et  comme  ciuilisés , 
autres  comme  solitaires  :  aucuns 
sont  armés  de  coquilles  et  escailles , 
comme  le  Crocodile  et  la  Tortue ,  et 
plusieurs  poissons:  autres  d’aiguil¬ 
lons  et  espines.  Le  cheual  a  Tongle 
forte  ,  et  comme  animal  leger  ,  su¬ 
perbe  et  courageux,  il  a  estépourueu 
et  fait  braue  de  ses  crins  ;  le  corps 
du  Lion  ,  magnanime,  hautain  et 
cruel ,  est  armé  de  dents  et  ongles. 

1  Ce  livre,  qui  n’a  nul  rapport  avec  le 
reste  de  la  Collection ,  et  que  j’en  ai  séparé 
par  celte  raison,  avait  été  publié  pour  la 
première  fois  dans  l’édition  de  1579,  où  il 
formait  le  premier  livre,  placé  entre  l’In¬ 
troduction  et  les  Livres  d’Anatomie.  Il  n  a- 
vait  pas  changé  de  place  plus  tard,  et,  sauf 
une  phrase  ajoutée  dans  la  première  édition 
posthume,  il  avait  reçu  sa  forme  définitive 
en  f5«6.  Les  changements  opérés  de  la  pre¬ 
mière  à  la  seconde  édition  consistent  dans 
quelques  additions  éparses ,  quelques  sup¬ 
pressions  par  renvoi  des  articles  au  Ducouvs 
de  la  fJcorne ,  et  enfin  la  division  en  deux  du 
chapitre  20,  ce  qui  a  porté  à  vingt-six  le 
nombre  total  des  chapitres. 


Ce  qui  se  voit  au  Taureau  et  Sanglier  : 
car  le  Taureau  a  des  cornes  ,  et  le 
Sanglier  des  dents  descouuertes , 
comme  naturelles  armeures.  Le  Lié- 
ure  ,  comme  estant  animal  paoureux 
et  craintif,  a  le  corps  desarmé,  et 
totalement  nud  :  mais  en  recom¬ 
pense,  il  est  viste  et  soudain  à  la 
fuite  :  car  aux  animaux  paoureux  la 
vitesse  leur  est  donnée,  et  aux  hardis 
les  armes.  Il  y  a  vne  infinité  d’autres 
propriétés  admirables  et  de  singulier 
artifice  aux  animaux,  en  sorte  qu’il 
est  impossible  les  comprendre  et  es- 
crire  *.  Somme,  les  animaux  ont  cha¬ 
cun  vne  chose  particulière,  comme  le 
bœuf  la  force,  le  serpent  l’astuce,  la 
furie  du  taureau,  la  patience  du  mou¬ 
ton,  la  fierté  du  crapaud,  la  subtilité 
du  renard,  la  stolidité  de  Tasne,  la 

Je  ne  me  suis  pas  beaucoup  occupé  de  sa¬ 
voir  où  Paré  avait  puisé  les  matériaux  de  ce 
livre;  il  cite  fréquemmentPlularque,  Pline, 
et  aussi  Thevet.  11  y  avait  joint  les  ligures  du 
Succarath,  des  Lions  conduits  par  la  ville  de 
Constantinople ,  des  Dragons  qui  tuent  les 
Elephans,  du  Hérisson  de  mer,  du  Chameau 
d’Asie  ayant  deux  bosses  sur  le  dos,  et  enfin 
du  Crocodile:  celle  simple  énuméralion  ex¬ 
pliquera  suffisamment  pourquoi  j’ai  re¬ 
tranché  de  l’édition  actuelle  ces  tristes  illus¬ 
trations. 

2  Galien  ,  liu.  1.  de  t’ Tsage  des  parties.— 

A.  P. 

3  Ce  paragraphe  se  terminait  là  en  1579  ; 
ce  qui  suit  a  été  ajouté  en  1585. 


^36  LIVIIE  l) 

cruauté  du  tigre,  la  douceur  de  la 
colombe,  la  preuoyance  du  fourmy, 
la  négligence  du  tesson,  la  fidelité  du 
chien,  l’infidélité  du  mulet ,  la  glou- 
tonnie  du  loup,  la  sobriété  du  camé¬ 
léon,  la  prudence  de  l’elephant,  l’o¬ 
deur  de  la  ciuette,  la  puanteur  du 
bouc,  la  docilité  du  barbet,  la  saleté 
du  porc,  la  netteté  de  l’escuricu,  la 
hardiesse  du  lion,  la  timidité  du  üé- 
ure,  et  plusieurs  autres  choses  qui 
seront  déclarées  cy  après. 

Si  nous  voulons  contempler  leurs 
façons  de  faire ,  nous  Irouuerons 
qu’elles  sont  doüées  de  certaines  ver¬ 
tus  naturelles  en  ehacune  affection 
de  courage,  en  prudence,  force,  clé¬ 
mence,  discipline.  Elles  se  connois- 
sent  les  vnes  les  autres,  discernent 
entre  elles,  appetent  les  choses  qui 
leur  sont  vtiles,  fuyent  le  mal,  eui- 
tent  le  périt,  pouruoyent  àl’aduenir, 
amassent  ce  qui  leur  est  necessai¬ 
re,  présagent  le  beau  et  mauuais 
temps  :  elles  ont  monstré  plusieurs 
choses  aux  hommes:  elles  ont  vn  sen¬ 
timent  exquis,  elles  chantent  en  mu 
sique,  elles  ont  vne  industrie  et  ami¬ 
tié  à  la  conseruation  de  leurs  petits, 
elles  ont  intelligence  du  pays  où  elles 
naissent,  elles  gardent  vne  singulière 
chasteté,  concorde  et  amour  les  vnes 
enuers  les  autres  ;  elles  sont  armées 
pour  combattre  et  se  defendre ,  elles 
se  laissent  appriuoiser  aux  hommes, 
elles  parlent  et  sifflent,  elles  connois- 
sent  la  voix  Tvne  de  l’autre,  elles 
font  entre  elles  comme  vne  petite  ré¬ 
publique  :  elles  connoissent  ce  qui 
leur  est  bon  ou  mauuais,  tant  pour 
preseruer  leur  santé  que  pour  se  gua- 
rir  elles  mesmes  :  elles  sçauent  quelle 
diete  il  leur  faut  tenir,  et  de  quelle 
viande  elles  doiuent  vser,  et  quels 
remedes  elles  doiuent  chercher  con¬ 
tre  leurs  maladies  :  et  si  n’ont  point 


KS  ANIMAVX 

appris  ceste  science  des  hommes, 
mais  au  contraire  elles  ont  appris  en 
partie  aux  hommes.  Ce  qu’estant  con¬ 
sidéré  de  plusieurs  anciens  Philoso¬ 
phes,  ils  n’ont  point  eu  do  honte  de 
disputer  ou  reuoquer  en  doute  si  les 
bestes  brutes  esloient  participantes 
de  raison  :  mesme  le  sage  Salomon 
nous  renuoye  quelquesfois  à  leurs 
escoles,  et  Esaïe  reproche  aux  Israé¬ 
lites  leur  ingratitude  enuers  Dieu , 
leur  proposant  pour  exemple  le  bœuf 
cl  l’asne  qui  reconnoissenlleur  mais- 
tre,  mais  Israël  a  mescenneu  son  Sei  • 
gneur. 

Pareillement  Pline  dit  ',  que  les 
hommes  doiuent  rendre  grâces  aux 
bestes  de  plusieurs  médecines  et  re¬ 
medes  qu’iis  ont  appris  d’icelles  : 
qu’ainsi  soit,  les  cerfs  nous  mons- 
trent  que  l’herbe  nommée  1). clame 
est  bonne  pour  tirer  les  traits  ou  les 
pièces  de  fléchés  de  ccluy  qui  en  est 
frappé,  puis  que  les  mesmes  cerfs, 
quand  ils  en  sont  naurés,  vsent  de  ce 
mesme  remede.  Aristote  dit  que  les 
chéures  sauuages  de  Candie  font  le 
semblable.  La  propriété  de  l’herbe 
nommée  Esclaire  nous  a  esté  ensei¬ 
gnée  par  les  hirondelles,  et  qu’elle 
estoit  propre  pour  la  veuë,  voyant 
qu’elles  en  vsoient  pour  les  yeux  de 
leurs  petits.  Les  serpents  v.sent  de  fe- 
noil,  et  scillans  les  yeux  en  frottent 
les  paupières  pour  recouurer  la  veuë. 
La  tortue  mange  de  la  sariette  con¬ 
tre  la  morsure  des  viperes.  La  be- 

1  Pline,  liu.  8.  chap.  27.  —  A.  P. 

Voici  le  long  article  qui  avait  paru  ,  en 
partie  au  moins ,  dans  la  préface  de  l’éiiition 
de  l-Wô,  et  qui,  ayant  été  reporté  ici 
en  1570  avec  do  notables  additions,  avait 
disparu  de  la  préface.  On  peut  comparer  le 
texte  actuel  avec  la  réduction  primitive  que 
j’ai  donnée  en  note,  tome  I,  page  10, 


r.T  df  l’excellence  de  l’homme. 


Iclle  mange  de  l’herbe  nommée  lap¬ 
sus  barbalus,  et  s’en  frotte  tout  le 
corps ,  se  couchant  et  traînant  par 
dessus.  Les  ours  enuenimés  pour 
auoir  mangé  des  pommes  de  Man¬ 
dragore,  se  guarissent  en  mangeant 
des  fourmis  ;  aussi  après  s’eslre  long 
temps  veautrés,  sortons  de  leurca- 
uerne,  mangent  l’herbe  appelée  Aron 
saunage,  pour  leur  amollir  le  ventre, 
qu’ils  ont  eu  tousiours  dur  et  con¬ 
stipé  pendant  qu’ils  ont  esté  en  leur 
caiierne  :  et  après  s’en  vont  à  vne 
fourmilière,  où  ils  se  couchent,  ti- 
rans  la  langue,  de  laquelle  il  degoute 
quelque  humidité  douce ,  la  tenons 
tousiours  tirée  iusques  à  ce  qu’ils  sen¬ 
tent  qu’elle  soit  couuerte  de  four¬ 
mis,  lors  qu’ils  se  sentent  malades  ,  j 
puis  les  auallent  pour  se  purger. 
Nous  voyons  ordinairement  les  chiens 
qui  mangent  de  l’herbe  nommée 
Dent  de  chien,  pour  se  vuider  par  vo¬ 
missement.  Les  pourceaux  cherchent 
les  escreuisses  et  les  mangent,  quand 
ils  sont  malades.  Les  ramiers,  les 
mei  les ,  les  perdrix,  v.sent  de  fueilles 
de  laurier  pour  leur  purgation  :  les 
pigeons ,  tourterelles  et  poullailles , 
pour  se  purger,  mangent  de  la  pari- 
toire.  L’ibis,  semblable  à  lacicongne, 
nous  a  monslré  l’vsage  des  clysteres, 
lequel,  se  sentant  aggraué  d’hu¬ 
meurs,  estant  au  riuage  de  la  mer, 
remplit  son  bec  et  .son  col  d’eau  ma¬ 
rine  ,  puis  se  seringue  par  la  partie 
où  il  ici  te  ses  excremens,  et  peu  de 

temps  après  se  vuide  et  se  purge. 
L’inuenlion  d’abbatre  les  tayes  des 
yeux  ,  appellées cataractes,  fut  trou 
uée  par  vne  chéure  qui  auoit  vne 
taye  deuant  la  pupille,  se  frottant  et 
gallant  contre  des  espines,  abbalit 
ladite  taye  de  deuant  la  pupille,  et 
par  ce  moyen  recouura  la  veue. 
l.’hippopotamc  (qui  est  vu  cheual  de 

lit. 


'^7 

la  riuiere  du  Nil)  nous  a  enseigné  la 
phlébotomie,  lequel,  estant  de  na¬ 
ture  gourmand  et  glout,  se  sentant 
aggraué  de  plénitude  de  sang ,  se 
frotte  contre  les  roseaux  rompus  les 
plus  piquans,  et  s’ouure  vne  veine 
de  la  cuisse,  pour  se  descharger  tant 
que  besoin  luy  est  ;  puis  se  veautrant 
dedans  la  fange ,  s’estanche  le  sang. 
La  tortue,  lors  qu’elle  a  mangé  de  la 
chair  de  serpent,  mange  de  l’origan , 
autrement  marjolaine  sauuagc. 

Les  anciens  entre  leurs  secrets  ont 
expérimenté  certaines  choses  qui  ré¬ 
sistent  aux  tonnerres  et  foudres ,  et 
entre  les  autres  les  plumes  d’aigles 
portées  en  panache  :  aussi  la  ceinture 
de  veau  marin  empesche  que  ceux 
qui  l’ont  n’en  sont  iamais  atteints. 

Or  quivoudra  raconter  par  le  menu 
toutes  les  médecines  et  remedes  que 
lesbestes  ont  enseignés  aux  hommes, 
desquels  Aristote  et  Pline,  et  autres 
semblables  ont  escrit ,  la  chose  seroit 
fort  longue  ;  car  ils  font  un  long  récit 
des  herbes  et  remedes  qu’elles  ont 
montrés  aux  hommes. 

D’auantage,  nos  vestemens  sont 
faits  des  leurs ,  comme  peau ,  laine  , 
poil, et  sommes  nourris  de  leur  chair; 
la  graisse,  moelle,  os ,  et  excremens 
nous  seruent  à  nos  infirmités,  et 
guarison.  Exemple  des  brebis.  De 
la  laine  des  brebis  nous  sommes 
vestus ,  laquelle  estant  blanche 
peut  prendre  toutes  sortes  de  tein  : 
turcs  :  on  en  fait  tapisseries ,  aussi 
fourrures,  et  autres  choses.  De  leur 
peau  on  fait  parchemin  pour  escrire, 
et  toutes  maniérés  de  vestemens  ,  et 
autres  vsages  à  diuerses  choses.  Leur 
chair  est  Ircs-bonne  et  délicieuse 
à  manger  :  de  leur  suif  sont  faits 
flambeaux  ,  chandelles ,  onguens  ,  et 
plusieurs  autres  choses  :  de  leurs 
boyaux  sont  faites  cordes  seruans  aux 


73B 

înslrumons  musicaujf  ;  levH’  flpcp,c-  . 
tipn  sert  à  faire  clysteres  çt  fqinen^{\- 
lions  rèmollientps.  Ét  (pliant  à  leurs  | 
crottes  et  vrines ,,  ij  ne  se  trouve  nu^ 
fiens  plus  excellent  pqur  pp^rai^ser 
la  leVre.  D’auap|,age ,  ieurs'  ps  p| 
moelle  serpent  à  faire  far^s  pour 
embellir  les  femmes:  niesmes  leurs 
cornes  seruent  à  faire  produire  des 
asperges  en  abondance',  estans  pn- 
lerrées  aueç  leurs  racines.  Et  pour 
conclusion  ,  les  Brebis  sont  |rantjp- 
ment  profitables  ppur  rYsage  4es 
liornpies.  Il  est  esprit  en  l’Escriture 
sainte.  qu’aucunsBoysfuventbergers, 
gardani  les  ouailles  en  propres  per¬ 
sonnes  ,  pour  le  profit  et  excellpnce 
de  ces  bestes  :  comme  Abraham,  Isaaç, 
lacob,  Laban,Moyse,  Dauid,  et  aptres- 


GTUPITRE  IL 

DV  PaOGNOSTIG  DES  ANIMAVX. 

D’auantage  les  animaux  ,  tant  ter¬ 
restres  qu’aquaticjues  et  yolalilles, 
ont  donné  aux  hotnmes  la  copnois- 
sapcq  de  la  piutation  du  temps  :  s’il 
doit  faire  vents,  pluyes,  orage,  et 
tpmpesle  ,  [rpidure ,  gelée  ^  gresle ,  pu 
hequ  tepips  :  comme  nous  voyons  les 
heiiers  et  aigneaux  ,  lors  qu’ils  s’en- 
trebeu  rient  et  choquent  l’vn  coptre 
raut\-e,  corne  à  corne,  Ips  pieds  en 
l’air,  auec  le  petit  sault  leur  corps  es- 
braqlanl,  signifient  changement  de 
tcrpps.  Le  pareil  nous  est  dempnstré 
par  le  bœuf,  quand  jj  seleche  çpntpe- 
poil,  pt  hausse  le  n\pf{le  vers  le  ciel, 
et  mugd.  et  flepre  Ig  terpe,  et  s’ef- 
fprçp  çlÇ  Ifiilfiger  au  dpmenp  Apssi 
qpand.  les  fpurn^is  ,  plus  drii  e^  ep 
plus  grqnd  npmpre  qup  de  çoustp- 
rac^  s’eulrerençpntrem  pvpe  l’UUli  e. 


AÇilMaVX 

conpne  pslpurdies,  plies  depptentla 
pluyp  spudain  adupnir.  §i  les  taupes 
hesongnenten  terre  plusqpe  de  ppus- 
tutUp  1  Pt  VPmpeat  pn  pièces  bien 
ippnues,  c’est  sigpe  de  plpye.  ^i  le 
chat  passe  sa  pqtte  par  dessus  Ip  col , 
comme  s’il  se  peignqlt,  c'est  sigpe  in¬ 
faillible  de  pluye. 

Las  poisspns  ont  aussi  vpe  pqer- 
j  ueilleuse  propripté  it  sentir  la  muta¬ 
tion  du  temps  :  qpand  en  lenips  sprain 
sp.  ioüept  sus  l’paq,  en  se  lapeant  avt 
dessus,  signiflppt  plpyp.  Quand  les 
dauphins  Pt  piarsoüins  sautent ,  et  se 
descppurpnt  spr  V?au  >  e’pst  signp  dp 
gyand  of  âge  et  tcpipeste  sur  la  nier  : 
ce  que  vpyaps ,  les  piariniers  inoüil- 
lent  Vancre,  et  donnent  ordre  à  leurs 
vaisseaux.  Quand  ou  voit  les  oriips 
de  mer  nager  sur  l’eau ,  c’est  signe 
de  tepipestp  ;  ils  spnt  de  çouleur  dp 
cristal  yeluisaut  >  aueç  du  persrneslé, 
dp  substance  si  frqgUe  qu’à  peiue 
en  pent-QU  tiçer  d’entlerp  dÇ  la  mer. 
§i  un  en  frptte  yn  bastpn  )  il  reluit 
de  nuit,  cpinme  si  c’pstpit  yne  torche, 
ailuntçe,  qui  pst  chose  adniirable. 
Quand  aussi  Iq  grenouille  chanlp 
et  crie  Plus  hqut  gpe  die  çoustunie- 
Eps  oiseaux  ne  spnt  frustrés,  dp  çp 
priuUpgp  :  car  on  pput  auiant  pu  plps 
parlev  d’uux  à  ce  propos ,  que  de  tou¬ 
tes  les  hestp-s-  Si  les  grpes  volent  en 
l’air  sans  faire  hruit,  ç’pst  signe  de 
beau  tenaps  :  si  elles  crient  ef  vont 
sans  ordre,  c’est  signe  çputraire. 
Quand  les  pispaux  aquatiques  sortept 
dp  la  napr,  pi  vipa^neut  assez  auant 
sur  terre,  ç’est  signe  de  pluye  et 
grande  tepipeste.  Si  la  chcueçhe 
chante  huauepup  pp  lenaps  de  pluyp, 
deupte.  qup  fe  Ipuips  se  vept  esçlair- 
cir  :  Pt  au  PPUtrairp,  si  elle  çhantc 
en  beau  temps,  p’est  signe  dp  pluye. 
l^iniarque  dû  que  quanti  le  cprhoau 

chan.te  pn  voix  onrpUée ,  pt  qu’il  se 


LE  Eiv'fiiî  UPS 


lîT  DE  l’eXCE^UîNCE  DE  EUPWME.  '^3{) 


|)at  dosi  ailes ,  C'est  signe  de  vent  et 
do  tempeste.  Quand  les  poulies  et 
antres  piseAnx  domestiques  se  bat¬ 
tent  des  ailes,  sautent  en  chantant, 
p’estsigncde  pluyeetde  grands  vents. 
Quand  les  oyes,  canes  et  canars,  se 
baignent  votontiers,  et  s’espluchent, 
et  dressent  leurs  plumes  auec  le  bec, 
et  ensemble  jargonnent,  c’est  signe 
de  pluye-,  Si  les  irondelles  valent  si 
prés  de  l’eau  et  de  la  terre  qu’elles 
frappent  contre,  cela  dénoté  que  tost 
il  pleuura  :  aussi  quand  elles  volent 
haut  en  l’air  en  s’esbatlant,  chercUans 
les  mouscbes,  cela  signifie  beau 
temps.  Le  petit  roytelet ,  se  resioüys- 
sant  plus  que  de  coustmne ,  saulelant 
et  plaisamment  chantant ,  dénoté  la 
pluye  aduepir.  Lors  que  la  pye  crie 
et  se  tempeste  prés  des  bayes  ou 
buissons,  demonstre  qu’elle  voit  le 
loup,  QU  renard,  ou  quelque  serpent, 
Si  le  coq  chante  incontinent  après  le 
soleil  couchant  (comme  l’on  dit  entre 
chien  et  loup)  outre  sa  coustume,  et 
que  sa  voix  soit  enrouée ,  c’est  signe 
de  pluye.  Si  les  mouscbes  et  puces 
mordent  et  piquent,  et  aiguillonnent 
plus  que  de  coustume,  c’est  signe  de 
pluye.  Quand  le  héron  vole  fort 
haut,  il  dénoté  beau  temps,  et  s’il 
vole  prés  de  l’eau  en  criant, il  pré¬ 
sagé  de  la  pluye,  Lors  que  les  pigeons 
se  retirent  uu  soir  en  leurs  colom¬ 
biers  plus  tard  que  de  coustume, 
c’est  présagé  de  vent  et  pluye.  Les 
milans  fuyeut  l’air  infect  et  pestilent, 
et  le  quittent,  de  sorte  qu’il  n’y  a 
rien  si  certain  qui  monstre  la  sérénité 
et  bon  air,  que  les  lieux  où  les  mi¬ 
lans  habitent,  PareUlcment  autres 
oiseaux  laissent  leurs  œufs  et  leurs 
peliis,  et  s’enfuyent. 

Quand  his  cbauue  souris  volent  au 
vespre,  plustosl  que  de  couslmne, 
Cl  en  plus  grand  nombre,  c’est  signe 


de  chaleur  et  de  beau  temps  pour  le 
iour  suiuant- 

Le  crocodile  fait  ses  œufs  iuslement 
Ù  la  hauteur  que  la  riuiere  du  Nil 
doit  desborder  et  cQuurir  la  terre ,  de 
façon  que  le  paysan  qui  premier  les 
treuue  de  fortune ,  sçait  et  prédit  à 
ses  compagnons  iusques  où  le  fleuue 
doit  monter  et  desborder  l’esté  en- 
suiuant  :  mesurant  et  compassant 
iiistement  ce  qui  doit  estre  couuert 
d’eau,  à  fin  que  luy  sans  estre  baigné 
puisse  couuer  ses  œufs,  Or  cela  est 
plus  vue  preconnoissance  de  ceste 
beste ,  procédante  de  dinipation,  que 
de  ratiocination ,  chose  digne  d’ad¬ 
miration. 

Nous  dirons  en  passant,  quand  la 
lune  est  rouge,  signifie  vents;  paile, 
signifie  pluyes  ;  claire,  beau  temps. 
Et  aussi  qif  on  la  pleine  lune  ne  faut 
couper  le  bois  pour  bastir,  mais  en 
la  déclinaison  :  et  si  on  le  fait ,  il  se 
rend  vermoulu  et  pourri  K 


ClUPÎTRü  UL 

DE  l’artifice  et  INDVSTRIE  DES 
ANIMAVX. 

Les  poissons  de  la  mer  en  general, 
toutes  et  quanles  fois  qu’ils  senfent 
les  flots  QU  lompesies  venir,  ils  se 
chargent  d’arene ,  à  fin  qu’ils  soyent 
plus  fermes,  et  qu’ils  ne  soyent  si 
facilement  transportés  et  agités,  par 
la  tempeste  suruenante.  Autres  se 
mussent  en  certaines  cauerues  et 
trous  tics  rochers.  Et  quant  ù  ce  que 
les  poissons  nagent  contre  le  fil  de 
l’eau,  cela  aduieut  à  lin  que  U  s  ondes 

’  Uü  tleiTuei'  caragiiud*®  •  aai  sai  t  an  uqh 
tlQ  l’oinijet  da  Eivve,  oüi  ainxiddifiondo 


LE  LIVEE  des  AÏ^IMAVX 


74o 

et  vagues  ne  leur  leuent  et  rebour- 
sent  leur  escaille  et  ouye,  lesquelles 
repliées  ne  ppurroient  aucunement 
respirer  ;  et  par  ainsi  l’eau ,  venant 
par  la  partie  de  deuant,  leur  serre 
lesouyes,  et  applanit  leur  escaille, 
qui  foit  que  plus  facilement  ils  na¬ 
gent. 

Le  semblable  est  des  grues,  les¬ 
quelles  volent  contre  le  vent  à  fin 
qu’iceluy  ne  souffle  par  le  derrière 
leurs  plumes,  qui  seroit  cause,  eslans 
ainsi  escartées ,  de  rendre  leurs  corps 
nuds  et  descouuerls,  ce  qui  les  em- 
pescheroit  de  voler. 


CHAPITRE  IV. 

DE  l’iNDVSTEIE  ST  AUTIFICE  DES 
OISEAVX  A  FAIRE  LEVES  NIDS. 

L’industrie  et  artiflce,  laquelle  tous 
les  oiseaux  ont  à  faire  leurs  nids,  est 
faite  tant  proprement ,  qu’il  n’est 
possible  de  mieux  :  tellement  qu’ils 
surpassent  tous  les  maçons ,  char¬ 
pentiers ,  et  édificateurs  ;  car  il  n’y  a 
homme  qui  sceust  faire  ediüce  plus 
propre  pour  luy  et  pour  ses  enfans, 
que  ces  petits  animaux  les  font  pour 
eux ,  tellement  que  nous  en  auons  vn 
proiierbe,  que  les  hommes  sçauent 
tout  faire,  sinon  les  nids  des  oiseaux. 
Et  ont  cest  artifice,  qu’ils  les  garnis¬ 
sent  de  plume ,  laine ,  ou  d’autre  ma¬ 
tière  molle ,  comme  s’ils  leur  prepa- 
roient  vne  coulte  ou  vn  matelaspour 
les  loger  plus  à  leur  aise.  L’irondelle 
fait  son  nid  en  figure  spherique  et 
ronde ,  laquelle  figure  est  plus  ferme 
et  contient  plus  que  toute  autre  :  el 
les  le  bastissent  de  fange  et  petits 
fétus,  comme  s’il  cstoit  de  ciment  et 
de  chaux.  Les  oiseaux  qui  font  leurs 


nids  sus  les  arbres,  cslisent  les  bran¬ 
ches  sur  lesquelles  font  leurs  nids, 
comme  sur  vn  fondement  bien  as- 
seuré ,  et  qu’ils  puissent  estre  bien 
couuerts  '.  Or  pendant  que  la  femelle 
est  empeschée  à  couucr  ses  œufs  el  à 
faire  ses  petits,  le  masle  luy  sert  à 
son  tour,  pour  donner  loisir  à  la  fe¬ 
melle  d’aller  querre  sa  vie;  et  quand 
ses  petits  sont  esclos,  le  masle  et  la 
femelle  ensemble  ne  cessent  jamais  à 
leur  porter  viande,  l’ostant  de  leur 
bec,  l’espargnant  pour  leur  bailler  : 
qui  est  cause  qu’ils  ne  sont  trop  gras 
lors  qu’ils  les  nourrissent,  pour  le 
grand  soin  qu’ils  en  ont ,  ne  les  aban- 
donnans  iusques  à  ce  qu'ils  mangent 
d’eux-mesmes. 

l’ay  en  ma  maison  assez  bonne 
quantité  de  passereaux  qui  font  leurs 
nids  en  certains  pots  de  terre  ;  et  lors 
que  leurs  petits  sont  grandelets  et 
couuerts  de  plume ,  i’en  fais  dénicher 
et  mettre  en  vne  cage  pour  le  plaisir 
de  mes  amis  et  de  moy,  à  voir  que  le 
pere  et  la  more  les  viennent  appasle- 
1er,  el  quand  il  y  en  a  vn  qui  ja  a  re- 
ceu  sa  becquée ,  et  neantmoins  qu’il 
se  vienne  représenter  ouurant  le  bec, 
le  pere  et  la  niere  le  laissent,  connois- 
sans  ceux  à  qui  il  en  faut  bailler  ;  et 
ainsi  font  leur  distribution,  comme  il 
appartient ,  selon  l’ordre  el  réglé  de 
iustice  dislribuliue.  l’ay  fait  mettre 
vn  passereau  eslranger  auec  les  au¬ 
tres  de  mesme  aage,  pour  connoistre 
et  sçauoir  si  le  pere  et  la  mere  des 
autres  auraient  cure  de  l’appasteler  : 
véritablement  non, mais  au  contraire 
le  laissoient  mourir  de  faim ,  neant¬ 
moins  qu’il  ouurist  le  bec  comme  les 
autres  légitimes. 

On  voit  aussi  les  petits  chéureaux 
et  aignelets,  estans  aux  champs  en 


*  Aristol.  de  Animal.,  lin.  6,c/i.8.  — A  T. 


ET  DE  L  EXCELLENCE  DE  l’hOMME. 


grand  nombre,  que  chacun  recon- 
noisl  sa  mere,  neantinoins  qu’elles 
sont  veslues  toutes  d’vne  couleur  : 
parcillemenl  la  mere  ne  permettra 
vue  autre  l’allaicter. 

Le  chéureau  ,  l’aigneau  ,  le  pou 
lain  ,  et  semblables  animaux,  si  tost 
qu’ils  sont  nés,  d’eux-mesmes  cher¬ 
chent  et  courent  aux  mammelles  do 
leurs  meres ,  sçachans  naturellement 
que  là  est  leur  nourriture  :  et  deue- 
nus  grands,  ils  choisissent  de  mille 
diuerses  plantes  en  vu  terroir  et  pas- 
lurage,  celles  qui  leur  sont  piopres 
pour  les  alimenter  ». 


CIIAPITllE  V. 

T)E  l’aBTIFICE  des  ARAIGNÉES. 

L’aiaignée  fait  sa  toile  d’vn  mer- 
ueilleux  artifice ,  trauersant  mainte¬ 
nant  d’vn  costé,  et  maintenant  de 
l’autre,  empoignant  tout  ce  qui  luy 
peut  seruir  pour  l’estendre  et  alla- 
cher.  Et  encore  qu’on  rompe  et  de.s- 
face  souuent  son  ouurage ,  et  qu’on 
la  dechasse  d’vn  costé  ou  d’autre,  ce 
neantmoins  elle  n'estpoint  tant  crain- 
tiiie  qu’elle  desloge  de  son  logis  pour 
cela ,  mais  tousiours  retourne  ^  sa  be- 
songne,  de  sorte  qu’on  ne  luy  en 
sçauroit  tant  desfaire  et  gasler, 
qu’elle  n’en  reface  et  raccoustre ,  fai¬ 
sant  tousiours  ouurages  nouueaux, 
et  ce  d’vn  merueilleux  artifice  ;  telle 
ment  que  les  tisserans  et  lingeres,  ta¬ 
pissiers  et  brodeurs,  passementiers, 
pescheurs,  veneurs,  viennent  à  l’es 
cole  pour  apprendre  d’elles  à  faire 
leurs  ouurages  et  rets,  soit  qu’on  re¬ 
garde  à  la  perfection  et  subtilité  du 

*  Ce  dernier  paragraphe  a  été  ajouté  en 
1685. 


fil ,  OU  aux  nœuds  indissolubles  de  la 
toile  sans  filamcns,eslant  comme  vne 
peau  deliée  et  gluante ,  comme  s’il  y 
auoit  de  la  colle.  Finalement  on  ne 
croiroit  iamais  qu’elles  fussent  tant 
bien  enseignées  à  retirer  leurs  filets, 
et  le  gouuernement  de  leurs  ouura 
ges:  tellement  que  s’il  y  a  quelque 
mousche  ou  autre  proye  prise  à  leurs 
filets,  la  sentent,  et  tout  en  vn  mo¬ 
ment  retirent  leur  toile ,  et  courent 
sus  comme  vn  chasseur  bien  expéri¬ 
menté  ;  ce  que  sine  le  voyions  tous  les 
iours  deuant  nos  yeux ,  on  penseroit 
que  ce  fust  fable. 


CHAPITRE  VI. 

des  movsches  a  miel. 

le  ne  veux  laisser  en  arriéré  la  pru¬ 
dence  des  mousches  à  miel  :  c’est 
qu’elles  foi^t  entre  elles  comme  vne 
petite  republique ,  elles  ont  vn  Roy  , 
lequel  est  plus  beau ,  plus  gros  et 
fessu  deux  fois  que  les  autres  mous¬ 
ches  :  il  a  les  ailes  courtes  et  les  iam- 
bes  droites,  vn  marcher  plus  graue 
que  les  autres,  ayant  vne  tache  au 
front  qui  luy  sert  de  diadesme  ou  de 
couronne,  qui  est  le  signal  royal 
d’auihorité  et  de  maiesté  :  il  est  plus 
poli  que  les  autres  mousches  à  miel. 
Elles  ont  vn  aiguillon  pour  leurs  ar¬ 
mes  et  defenses,  loutesfois  le  Roy 
n’en  a  point,  ou  pour  le  moins  il  n’en 
vse  point  :  lors  qu’il  marche  ,  il  a  sa 
garde  qui  l’enuironne,  et  toute  la 
troupe  le  suit  :  il  ne  sort  point  de  la 
ruche  sinon  quand  tout  son  régiment 
doit  sortir ,  ce  qu’on  connoist  par  le 
bruit  qu’elles  font  dedans  la  ruche , 
bruyans  et  bourdonnans  comme 
trompes  et  tabours,  pouraimoncîr 
qu’il  faut  debti.squer  pour  aller  aux 


tîî  LIVhE  DËS  AiyiSîÀ.VX 


dhattips.  GhabUHB  ü’ëiies  ûesit’ë  ëstfe 
pfes  lé  Rcÿ ,  et  s'il  est  las ,  le  peétetit, 
et  ën  (jüeliîue  patt  tlii’il  s’arteste,  tout 
le  letton  s’arrestera  et  se  campera. 
S’il  meurt,  toutes  sont  tristes  et  thor- 
nes,  et  Ue  sortent  point  dehors  pOUr 
aller  eu  queste ,  mais  s’assemblent  â 
l’entour  de  son  corps ,  puis  le  portent 
dehorsjOt  luy  font  compagnie  comme 
és  runerailles,  et  l’ettseuelissent  eti 
terre  ;  Cela  fait  5  en  esliseut  vn  autre 
promptement ,  car  eues  ne  peuuent 
viure  sans  Roy*  Il  a  rtfeil  par  toülï  ce 
pendant  que  toutes  les  mousches  tra^ 
uaillent ,  leur  donnant  CCeur  ,  volti¬ 
geant  autour  de  la  besongne ,  comme 
s’il  vouloit  exhorter  les  ouurièrs. 
Après  qu’elles  ont  trauaillé ,  si  elles 
veulent  sortir  dehors,  elles  eslisent 
vn  temps  propre  ,  car  véritablement 
elles  preuoyeiit  et  sentent  lès  pluyes, 
vents  et  tempestes ,  lors  qu’ils  doi- 
uént  Venir.  Elles  Ont  Cestë  iüstiCe  et 
équité ,  que  sus  les  champs  iamais  ne 
font  mal  aux  animaui,  tels  qn’îis 
Soyént ,  et  fié  piquent  aucUH  de  leur 
aiguillon ,  SihOrt  pOür  la  défense  dé 
leur  maisofi  :  et  peut-ou  dire  qu’elles 
otil  quelque  portion  dé  l’eSprlt  diuin  ' . 


CËÀPITRÈ  VIL 

nv  fioyyEaaÉiMÊtijî  dès  MOVsetiÈs  À 

iWlËL. 

Éliés  se  goüueriiënt  en  leur  fait 
coiriitié  s’efisUÎt  :  dë  ioUr  elles  fotit 
faire  le  güét  à  la  porte,  et  reposent 
de  nuit  iUsqUè's  à  ce  qUfene  les  id- 
Ueille  auëc  deux  ou  trois  sons  de  leurs 
Bouidounefftens,  comme  Ü’vne  troni- 


1  Ces  derniers  mots  :  et  peui-on  dire^  ètCi, 
ont  ôté  ajoutés  en  15S5. 


pelle  qui  leur  commande  ainsi  qti’cn 
yfi  camp  :  lors  s^assëtnblertt  polir  voir 
s’il  fera  beau  temps:  et  s’il  fait  beau , 
sortent  et  s’en  vont  en  queste.  Les 
vnes  apportent  les  fleurs  à  leürs  pieds 
et  Cuisses ,  les  autres  de  l’eau  en  leur 
boUche  :|les  antres  qui  Ont  encore 
quelque  menu  poil ,  apportefit  l’eau 
sur  leurs  corps  en  forme  de  petite 
rbsée.  Èt  ainsi  chargées  entrent  de¬ 
dans  la  ruche,  Où  promptement  il  y 
efi  a  qui  les  deschargent,  puis  les 
distribuent  aux  lient  et  places  à  ce 
Ordonnées.  Or  celles  qui  vont  adk 
champs,  sont  les  plus  iëUttes  et  me¬ 
nues  :  que  si  de  fortune  estans  dehors 
il  s’esleue  vent ,  attendent  qu’il  soit 
passé  pour  estre  plus  aisément  con 
duites.  S'il  dure  trop  et  qii’il  leur  soit 
contraire,  se  chargent  d’vne  petite 
pierre  de  peur  d’estre  emportées ,  et 
volent  bas  contre  la  terre. 

Elles  sont  fort  vigilantes  en  leurs 
affaires,  et  ont  l’œil  sur  celles  qui 
sont  faitardes  et  ne  font  rien ,  et 
quelquesfois  les  chastient  iusques  ù 
la  mort.  Les  vnes  bastissent ,  les  au¬ 
tres  polissent,  autres  apportent  vi- 
ures.  Elles  commencent  à  basllr  en 
leurs  ruches,  en  voûte,  d’vn  arlifice 
merueilleux,  depuis  le  bas  iusques 
en  haut  du  plancher,  laissans  deux 
limites  ^  l’vne  pour  l’entrée  et  l’autre 
pour  la  sortie:  et  viuent  toutes  en¬ 
semble,  à  fin  qu’il  n’y  ait  inégalité 
entre  elles,  ny  en  viandes ,  ny  en  tra- 
uail.  Elles  tiennent  leur  manoir  fort 
nettement,  iettans  toutes  ordures 
dehors  :  et  ont  vne  chose  encore  di¬ 
gne  d’estre  bien  notée  ,  c’est  qu’elles 
chassent  de  leurs  ruches  les  bourdons 
et  les  abeilles  bastardes,  qui  ne  leur 
seruent  de  rien  sinon  à  manger  leur 
miel  et  à  gaster  leur  ouuràge,  et  par¬ 
tant  elles  les  chassent  et  les  tuent 
comme  leurs  ennemis.  Celles  qui  ont 


ET  DF  l’exCELLI 
pc'idii  leur  aiguillon  <  sont  Un  tout 
inutiles^  et  peii  après  leurs  eutrailles 
sortent  et  meurent.  Elles  sont  de 
grand  prolit  ft  leurs  inaistresj  Icür 
laissans  cire  et  miel. 

Aristomücbus  philosophe  dit  eh 
auoir  nourri  cinquante  huit  ans^  auec 
Ires-grande  diligence,  pour  cbnnois- 
lie  tout  ce  qu’elles  faisoientj  et  dit 
qu’elles  soht  compagnahles  et  asso¬ 
ciables  ensembie  de  leur  nature*. 


CflAPiTRÈ  Vlil. 


DÈS  FOVRMiS. 

Les  Fourmis  ne  sont  pas  de  moin¬ 
dre  admiration  que  les  mousches  à 
miel,  en  leur  industrie,  prudence  et 
diligence,  de  sorte  que  Salomon  n’a 
pas  eu  bonté  d’emioyer  les  paresseux 
à  l’escole  d’icelles.  Or  ce  seroit  chose 
incroyable  si  n’en  auions  l’experience 
pour  tesnibing,  que  ces  bestioles  tdnt 
petites  puissent  amasser  les  biens 
(lü’elles  amassent  pour  leur  proui- 
sion ,  et  teiiir  feutre  elles  vu  tël  ordre 
qu’elles  tlehiifemt.  Pline  dit  qu’il  ÿ  a 
entre  elles  ordÈfe  de  république  ,  mé¬ 
moire,  seing  et  cüre  2;  N’fesl-bè  pds 
TU  passetemps  de  leur  voir  mordre 
les  fruits  qu’elles  veulent  porter?  s’ilè 
Sont  trop  gros;  elles  se  tournent  en 
arriéré ,  ét  s’appuyént  cOntre  leurs 
espuules,  et  les  pou.ssetlt  dé  leurs 
pieds.  Et  à  celle  flh  qub  les  sémerices 
qu’elles  cachent  en  terre  ne  puissent 
germer  et  repréhdrfe  ;  elles  les  ron¬ 
gent  auant  que  les  mettre  en  letirs 
greniers.  Et  si  les  grains  sOnt  trop 
gros,  et  qu’ils  ne  pufssenl  facilement 

'  Cos  derniers  mots  :  et  dit  qu'elles  sont 
ctinipa^nubtes,  ètè.,  sont  une  aUdllIWt  dé  16^5. 

»  Pline,  Uu.  11  «130.  —  A.  P. 


RNCP  btî  L’Mommf. 


74à 


tntn»  par¬ 

tissent  par  lë  miiiêu  :  al  m  ïm 
^mim  m  ployé,  éüpg  lëg  détient 

dehors  et  lëS  foot  seichëK  Ëilëê 
bot  rëht  dé  niilct  qiiànd  la  iorië  ést 

U  d’icëilg, 

eri  tjUoÿ  ëlléfe  mOHstrénl  qÜ’ëÜës  éh- 

f*"  oèiliii-ës,  quel  labeur  et 
El  pourtant 
q  éiieS  dmàSSolil  letir  pi'ouisîbh  dé 

dmersliétii.cttiÜel’ynëriësçaUrieh 

de  lautrëi  Eüne  tesnioigHe  qü’éÜes 
ont  fcënaihs  loiirs  tlé  tbirës  pour  së 
cOnnOiSirè  l’Viié  i’dütrë.  Vn  ëliâcÜh 
peut  pënèëi-  qilfellë  ëOiiise  ët  qÜëlië 
lliiigeHcëll  y  defatrë  feUës.  Mais  Hui 
lés  fcbntëlnplërolt ,  Pë  dirolî-il  pas 
tili’eMeS  parlëHt  ëhsëmbië  ét  Oü'ëllës 
ihtërrogtlëht  ët  rëspondëhl  l’vHfc  à 
l’ftutrè?  Në  voybtjs-hous  pa§  lës 
piëél  ëà  ët  fcdiilOliS  rbrîgéS  ët  eh^r'üïiëâ 
en  leur  ePënnii  ;  de  la  troëë  dë  lëUrà 
pléds,  ët  lë  senliëi-  qtil  ëst  tdlt  par 
leur  muiirè?  En  ^hoy  nouSpoüuOns 
biën  fednnbistrë  ëbmbiëh  la  dlUgeiiëg 
et  feierfeicë  valënt  ët  petinëht  ën  vfië 
cliacUHë  fcbOâë  :  ëar  si  lës  plëüs  tant 
peiits  (plë  fcëtix  dës  Fonrmis,  ysent 
ët  Cabent  lës  piëi  reS  pdr  fbrfcë  ët  pat- 
continuation  d’aiiër  et  de  tenir,'  <jüë 
peut  le  ëbntinuël  labëtir  üës  bOtomes?’ 

Jfïàis  Outré  tout  Cfeéy ,  il  est  ënébrë 
eSërit  d’ëllës  tpl’èiles  S’ëiiSëileliSSènt 
lës  vnëS  ië's  anti-ës ,  cémUie  lës  hotb- 
mës.  Plütar-qUë  S’àcëOrdë  eti  cë  qüë 

piiHë  ëH  a  ësfcrit  *,  mais  anssi  ii 
mortslrë  midtii  ëb  spëfeial  ët  pàë  lë 
menu,  les  grandes  vëritiàt|m  sont  en 
cfeilëS  pëtilëS  bëStes,  deStjùëllès  il 
parié  dltisl. 

«  Mais  éOmmcrtl  ëSt-il  pbSSiblë  dé 
parler  dssëz  dignenient  dë  la  disci- 


1  më;ihi:  m.à  sd.' 
etpiératé.  i  P. 


-  piaiài'daê  i  i. 


LE  LIVRE  DES  ANIJMAVX 


pline  et  industrie  des  Fourmis  ?  si  n 
les  faut-il  pas  passer  sans  en  parler 
aucunement  ;  Nature  n’a  point  de  plus 
grand  miroir  des  grandes  et  excel¬ 
lentes  choses  :  car  en  iceluy  reluit  le 
signal  (le  toute  vertu,  comme  en  vno 
pure  gouttelette.  Geste  communica¬ 
tion  qu’elles  ont  entre  elles,  est  l’i¬ 
mage  d’amitié  :  ceste  force  et  allé¬ 
gresse  qu’elles  ont  aux  trauaux ,  est 
vne  image  de  force  et  magnanimité  : 
somme ,  elles  ont  beaucoup  de  se¬ 
mence  et  de  lesmoignage  de  tempe- 
rance,  et  de  prouidence,  et  de  iustice  ; 
chacun  peut  connoistre  leurbeneuo- 
lence  lors  qu’ellçs  se  rencontrent, 
quand  celles  qui  sont  vuides  font 
place  aux  chargées,  à  fin  qu’elles 
passent  à  leur  aise  :  quand  aussi  elles 
partissent  en  beaucoup  de  pièces  vn 
fardeau  trop  pesant ,  ou  à  porter  ou 
à  trainer  :  semblablement  quand  elles 
mettent  les  grains  au  soleil  pour  les 
faire  seicher,  lors  qu’ils  sentent  qu’ils 
se  nyellent,  ou  flétrissent,  ou  pourris¬ 
sent.  Et  encore  d’abondant  le  soing 
qu’elles  ont  que  leurs  grains  ne  ger¬ 
ment,  surpasse  tout  entendement  : 
car  elles  rongent  le  nombril  du  grain, 
qui  est  la  partie  par  laquelle  il  iette 
le  germe,  le  chastrant  long  temps  dé¬ 
liant  On  dit  que  la  première  descente 
et  entrée  de  leurs  cauernes  n’est  pas 
droite,  à  fin  qu’il  n'y  eust  point  d’au¬ 
tres  besles  qui  y  poussent  aller ,  mais 
qu  elle  est  tortue,  auec  de  grands  re¬ 
tours  et  circuits ,  ayans  plusieurs  sen¬ 
tiers  detrauers,  lesquels  se  rendent 
en  trois  cauernes  ;  l’vne  est  celle  là 
où  elles  font  leur  assemblée  etparle- 
mens:  l’autre  où  elles  retirent  leurs 
prouisions  de  toute  l’année  :  et  la 
tierce  est  le  cimetiere  des  morts.  D’a- 
uantage  iamais  ne  font  mal  les  vnes 
aux  autres ,  et  viuront  cent  mille  en- 
.semble  en  leurs  petites  cauernes  de 


terre  :  et  deux  hommes  le  plus  sou- 
uent  ne  peuuent  viure  en  paix  dans 
la  republique.  » 

Voila  ce  qu’en  escrit  Plutarque. 

Les  mousches  à  miel,  les  fourmis, 
et  d’autres  animaux  recueillent  pour 
l’hyuer,  et  semblent  auoir  quelque 
ombre  de  raison  ;  mais  ce  qu’elles  font 
n’est  seulement  que  par  vn  instinct 
naturel,  et  non  par  prudence.  Les 
bestes  appellées  insectes  sont  comme 
fourmis  et  autres  petites  bestioles, 
pource  qu’idles  ont  des  incisions,  tail¬ 
lades  ou  decouppurcs  par  dessus  le 
dos  ou  par  dessous,  ou  en  tous  les 
deux,  qui  sont  accouplées  et  con- 
iointes  d’vu  petit  filet  creux ,  selon 
Pline  et  Aristote*. 


CHAPITRE  IX. 

DES  VEnS  QVI  FONT  LA  SOYE. 

Nous  pouuons  aussi  adiouster  à 
ces  bestes  les  vers  qui  font  la  soye, 
desquels  les  Philosophes  ont  escrit 
merueilles,  à  sçauoir  de  la  maniéré 
de  faire  leurs  nids,  et  de  leurs  laines 
et  toilles,  desquelles  elles  font  braues 
les  Roys,  Roynes,  et  autres  hommes  et 
femmes.  Mais  qui  est  celuy  qui  ne  se 
doiue  grandement  esmerueiller  de 
l’industrie  et  entendement  qui  sont 
en  ces  petites  bestioles?  La  proui¬ 
dence  de  Dieu  se  monstre  en  la  na¬ 
ture  quil  a  donnée  aux  animaux  : 
elle  se  manifeste  encore  mieux  en  ce 
que  les  plus  petits  d’entre  eux  sont 
ceux  ausquels  il  a  plus  donné  d’in¬ 
dustrie  et  de  prudence,  à  fin  que  par 
icelle  ils  puissent  recompenser  la 
force  qui  leur  defaut. 

*  Ce  dernier  paragraplic  est  une  addition 
de  1585. 


F,T  DK  l’kXCELLENGF.  DE  l’iIOMME, 


CHAPITRE  X. 

DE  l’inDVSTRIE  DES  ANIMAVX  ,  ET  DE 
I.A  CONSERVATION  ET  ASIITIÉ  QV’lES 
ONT,  ET  PRINCIPALEMENT  DE  LEVRS 
PETITS. 

Les  animaux  portent  vne  extreme 
ainilié  enuers  leurs  faons  ou  petits: 
que  souuent  elles  se  pourroient  sau- 
uer  et  escliapper  en  fuyant  le  chas¬ 
seur  qui  les  veut  prendre  :  mais  s’il 
faut  par  ce  moyen  abandonner  leurs 
petits,  elles  aiment  mieux  estre  mises 
en  pièces  que  les  perdre  et  laisser  en 
arriéré.  Et  la  saison  qu’elles  sont 
plus  furieuses,  c’est  alors  qu’elles  les 
nourrissent. 

Plutarque  dit  que  toutes  les  bestes 
en  general  aiment  ardemment  ce 
qu’elles  engendrent,  et  le  nourrissent 
.soigneusement,  et  ont  vne  affection 
et  (inesse  singulière  en  telle  matière. 
Et  quant  à  l’industrie  de  conseruer 
leurs  petits,  les  perdrix  vsenl  en  cela 
d’vne  grande  üne.sse  :  car  tandis  que 
leurs  petits  nepeuuent  encore  voler 
pour  leur  ieune  aage,  elles  les  ac- 
coustument  à  se  coucher  sur  le  dos , 
et  à  se  couurir  de  mottes  de  terre 
comme  de  quelquecouuerlure. Quand 
les  chasseurs  sont  prés  d’elles,  elles 
les  mènent  d’vu  autre  costé,  et  tour- 
noyenl  et  volent  comme  à  peine,  et 
font  semblant  qu’elles  ne  peuuent 
plus  courir,  et  se  feignent  ainsi  ius- 
ques  à  ce  qu’elh'S  ayent  retiré  les 
chasseurs  loing  de  leurs  petits.  Voila 
donc  vne  grande  finesse ,  coniointe 
auec  vn  amour  et  vn  grand  soing  en¬ 
uers  ses  petits. 

Ce  que  nous  lisons  des  heures  à  ce 
mesme  propos  n’est  moins  digne  d’ad 
niiration  :  caries  heures  se  voulinsre- 


45 

tirer  à  leurs  gisles,  mènent  leurs  petits 
l’vn  à  vn  lieu  et  l’autre  à  vn  autre  :  et 
quelquesfois  ils  les  séparent  l’vn  de 
l’autre  bien  d’vu  arpent  de  terre,  à 
fin  que  si  d’auenture  il  suruient  vn 
homme  ou  vn  chien,  ils  ne  soyent 
pas  tous  en  vn  mesme  danger.  El  puis 
après  auoirbien  Iraquassé  et  voltigé, 
et  imprimé  force  traces  de  leurs 
pieds,  faisant  vn  grand  saut,  ils  se  re¬ 
tirent  de  là,  et  vont  en  leurs  gistes. 

Or  si  le  liéure  est  fin  et  caul  pour 
la  garde  de  ses  petits,  le  hérisson  ne 
l’est  pas  moins,  non  seulement  pour 
nourrir  ses  petits,  mais  aussi  à  se 
sauner  luy-mesrne,  et  pource  oyez  ce 
que  Plutarque  en  a  escrit. 

«  Quand  le  renard  poursuit  le  hé¬ 
risson,  il  s’enroùlle  dans  ses  espines, 
ainsi  que  la  chastaigne  est  cachée  en 
sa  coquille  ou  escorce ,  et  par  ces 
moyens  il  se  lient  là  caché  en  embus¬ 
cade,  sans  pouuoir  estre  nullement 
blessé.  Mais  le  soing  et  la  prudence 
de  SOS  petits  est  encore  plus  digne 
d’admiration.  Il  s’en  va  aux  vignes 
au  temps  des  vendanges ,  et  auec  ses 
pieds  il  abbalen  terre  les  grains  des 
raisins  :  puis  il  roulle  par  dessus  et 
les  pique  de  ses  espines.  » 

Plutarque  qui  en  a  escrit  ainsi  in¬ 
troduit  vn  personnage  auoir  veu  cela 
de  ses  yeux.  Et  pource  il  dit  :  «  Il  me 
souuienl  que  quelque  iôur  nous  en 
vismes  vn  que  nous  estimions  que  ce 
fust  vn  raisin  qui  cheminast,  tant  il 
estoit  chargé  de  graines.  Quand  il 
est  entré  en  sa  cauerne,  il  en  met  vne 
partie  pour  ses  petits  et  relient  l’au¬ 
tre  pour  soy.  H  fait  le  semblable  des 
pommes  ,  poires ,  et  autres  fruits,  et 
sçail  bien  choisir  les  meilleures  et  les 
plus  meures,  se  roullant  dessus,  et  en 
porte  tant  qu’il  peut,  et  si  peu  qu’il 
luy  jilaisl.  » 

Il  se  (rouiie  en  la  Floride  vne  sorte 


740 

dcbesie,  laquelle,  laht  ptitir  sii 
que  deformile,  ié  h’aÿ  voülü  bbttiëi;- 
tre  en  ce  traité,  èh  ayant  pris  lé 
portrait  de  tlieilet ,  liiire  ,  cha¬ 
pitre  1.  Tome  2.  de  sa  Vosmographié 
Elle  est  nommée  de  ce  peuple  Süc'ca- 
raih,  et  des  Caiilbales  Su.  Cëst  àrîi- 
màl  la  plupart  dü  temps  fait  sa  rési¬ 
dence  au  riuage  des  tieuüéÉ ,  et  est 
rauissantë  et  d’vrié  façon  fort  ëS- 
trange,  telle  qiië  la  voyez  figurée.  Si 
elle  ëst  poursuiüië,  ëllë  prend  sës  dé¬ 
lits  sur  son  dos,  lésqliëîs  elle  Cdiitire 
de  sa  queue,  qu’ellë  à  assëzlbngüë  ët 
large,  et  sësaüüè  â  la  fuitë.  Tbülës- 
fois  les  Sauuagès  pour  la  prebdrë  fdiit 
vne  fosse  dedans  laqUëllë  ëllë  tbrfibë; 
sans  se  douter  dé  tëllë  èriibliscàdë. 

Entre  lës  àniinàüi,  là  nàtürë  pësë 
autant  d’vri  cbsld  tjüe  d’àütre ,  iiüant 
au  courage  ët  4  là  hârdiëSsë  ;  ët  në 
cede  point  là  fëifiëllë  ait  rtiàslë,  sbil  à 
süpportër  les  tràuàüx  pbtir  lë  rëcbü- 
urement  dés  viufës,  soit  à  ëbfbbàttrë 
pour  la  deferisë  dë  lelits  bëtil^. 

Eësbichès  font  drditiairëttiehl  lëurs 
faons  prés  dés  gfàfids  fcfietrtibs,  bëürtë 
qüé  les  bëstës  raüî^sàbtës,  dtti  tiüëfit 
de  pibÿë ,  ii’y  bàiilëbt  pas  ëbifitilÜiie- 
ment. 


CëaEIïrë  îi. 

Le  temps  gyfe  tM4  AittiwÂfx  ^kccÔŸ- 
PLÈSf  ÈüisÉàBife. 

La  prime-vere  lës  animaüx  sont 
espris  du  désir  de  s’accoupler  :  car 
alors  sont  excités  à  mettre  hors  là 
concupiscence  generatiue  ,  ne  plus 
ne  moins  qu’elle  fait  la  séue ,  et  les 
boutons  des  arbres  ët  herbages,  à  firt 
de  perpétuer  leur  semblable.  Les 
layes  attirent  leurs  sangliers ,  et  les 


bft; 

chéures  Iciirs  bottes,  et  àüîrës  fcliiël- 
les  leurs  masles,  par  leurs  propres 
odeurs  :  les  oiseaux  s’ehtrëfont  l’a¬ 
mour  des  aiies  et  du  bec  ,  les  autres 
par  ieuts  chants  ët  voix  dlüërsës  s’eti- 
tre-àppellent  chacune ëh  lëürlargbn, 
s’ëiitrefàlsànS  carëssës,Së  relbuïssdtis 
pour  l’esperance  qu’elles  ont  de  s’afc- 
coupler,  monstrant  par  cela  que  Na- 
tttrë  ieslnëiteâfcë  faire,  fcë  qu’on  toit 
aüx  gi’bnoülllëS ,  qill  ëdrrihiëriçaris  à 
eütrër  ëti  aiîibür  s’ënlrë-appëlleHt 
aUëë  vu  chant  de  hbpces ,  d’viie  ibix 
atribufeuse  :  puis  qliafid  lë  màslë  à 
fait  vënir  sà  fetnëllë,  iis  attendent  à 
s^aëbbuplël'  dë  nuit ,  pbür  -  ce  que 
dedatis  l’ëali  elles  në  peüUent  bàbi- 
iëi'  iiyàuoir  ëoiripàgtüel’vuë  de  l’ati- 
tfë,  et  sür  là  terre  elles  ci  àiguënt  lë 
iour  qu’on  ne  les  trouueliéës  ensem¬ 
ble  :  itiàis  qitàbd  là  ritlit  ëst  vënüë, 
elles  sbrtëbt  de  l’ëàü  sedtëitlërit  dü 
ëllëS  S’ëfitfë  ëiübràsSëht.  Cëlà  Aiëfit 
dë  là  Sàpiëfiëe  dluifie ,  qtii  à  dortriê 
afii  àtilmàtli  së  gàrdct  d’ëslfë  fiàp- 
pés,  falëssés  dü  tüés,  àütànt  qü^l  lèür 
estpdssibie. 

leiîàd  dit  que  si  là  libftrië  à  ëil 
ebinpapië  fi’ vit  àUtrëlidn,sdn  hiàslë 
lë  ëofinoist  â  fodedr,  ët  là  chastie  ët 
bat  ërüellëhieiit. 

AücÜtis  àftitflàux  fdht  plüsiëürs  pe¬ 
tits,  lès  àÜtrëS  h’ëtl  fdiit  iàitiàîs  qU’ln 
seul  eü  lëUr  vië,  fcdüüflë  l’elëpharit , 
leqüël  üeàhttnoibs  vit  deux  bü  tidis 
ëëns  àfiS.' 


CMÂËîtRÈ  XII. 

D’é  u’AiWdvà  Èf  cÜAàiTÉ  dès  disÉAti 
et  chiens. 

tà  cicông'nê  nburrll  sbri  pëfë  et  sâ 
mérë  ëii  lèüf  viëillëssé ,  ët  leè  petits 


F.T  DK  î/RXCEIit,ï?rfCK  CE  l’hOMME. 


sçaclians  bien  voler  aident  aussi  et 
supportent  ceux  d’entre  eux  qui  ne 
peuucnt  encore  bien  voler.  Et  par 
ainsi  ils  ne  sont  pas  seulement  hu¬ 
mains  enuers  leurs  peres  et  meres, 
mais  aussi  entre  eux,  comme  freres  et 
sœurs  les  vns  enuers  les  autres. 

La  poulie  porte  vne  fi  grande  af¬ 
fection  à  ses  petits  poussins ,  qu’elle 
les  congregeet  assemble;  les  gardant 
sous  ses  ailes ,  et  s’il  vient  vn  chien  , 
ou  vn  loup ,  ou  S  n  ours ,  qui  sont  de 
terribles  bestes  au  prix  d’elle,  pour 
en  empoigner  vn ,  elle  sautera  contre 
eux,  voire  et  fusl  vn  homme  armé  de 
toutes  pièces,  pour  les  defendre,  sans 
auoir  esgard  à  sa  vie,  ny  au  danger 
auquel  elle  se  met  :  autant  en  font 
toutes  les  autres  bestes. 

Il  se  faut  esmeruciiler  de  la  loyauté 
que  le  chicri  tient  à  son  maistre,  et 
de  l’affection  qu’il  a  enuers  luy,  et  de 
la  mémoire  et  nourriture  qu’il  en  a 
receu  :  caf  iamaisil  ne  i’ abandonne, 
et  quelque  desplaisir  que  son  maistre 
luy  face ,  encores  qu’il  iuy  donnas! 
cent  coups  de  baston ,  si  ne  je  peut-il 
delaisseï*  qu’il  ne  retourne  tousiours 
vers  luy.  Il  n’y  a  beste  qui  connoisse 
si  bien  sdn  maistre  :  encores  qxi’il  àye 
esté  long-temps  sans  le  voir,  il  le 
recoiinoist  tousiours.  Il  entend  la 
voix  des  domestiques.  Le  commun 
de  tous  chiens  est  do  garder  la  mai¬ 
son  ,  et  abbayer  aiix  estrarigers ,  et 
estre  mauuais  aux  pàüures  nial-ves- 
tus.  Et  s’il  est  question  de  trouuer 
des  gardes  bien  scures ,  on  n’eii 
pourra  pas  trouuer  de  plus  certaines 
que  celles  des  chiens.  Et  pourtant 
Cicéron  leur  fait  cet  honneur,  qu’il 
les  appcilltî  garde  lldelb  par  dessus 
tous  autres  animaux.  11  a  vn  senti¬ 
ment  exquis,  par  lequel  il  connoist  à 
la  trace  soii  maistre,  et  la  proye. 
Aucuns  chiens  ont  demeuré  long- 


7^7 

teinps  sut  lë  totubedti  dë  lëüf  fSdlStfëi 
tousiours  hurlans  pitëtlsëtnëfit ,  sühs 
qu’ils  en  poussent  ëStrë  dëëHËSëëS^  ne 
voulons  nlanÿet  ny  bolfë. 

Pline  recite  *  qü’vrt  ëliietl  tië  depdf- 
tit  iamais  prés  du  corps  de  Son  ttiàlS- 
tre ,  qui  auoit  esté  exëcUté  pdf  iUs- 
tice ,  ietlant  de  trlstéS  hUrlëfîiëdS , 
enuironné  d’vh  grand  ceftië  dé  peu¬ 
ple  romain  :  et  qüelqu’vh  luy  ayant 
ietté  de  la  viartdO;  ce  clliërl  la  pdrta 
à  la  bouche  de  Sbn  maistte;  Püis 
quand  on  eut  ietté  le  corps  dedans  lë 
Tibre;  le  chiert  se  mit  à  nager;  es¬ 
sayant  de  lesauüer  et  soüstenir  t  Qëttt 
le  peuple  Romain  fut  grandement 
esmerueillé  de  la  fidelité  de  ëestë 
beste  2. 

On  lit  plusieurs  histoires  de  là  fi¬ 
delité  des  chiefls^  qui  serdlërlt  iëÿ 
trop  long-temps  à  reciter.  Ils  ab- 
bayënt  et  fclàbaudent  oyaiis  lé  bruit 
des  trompettes  ,  et  le  cry  des  asnes  et 
autres  grands  bruits ,  et  ce  elabaude- 
ment  et  abbayement  leur  est  vn  pleur 
pour  rimpatience  de  leur  ire.- 

Le  cheual  semblablement  cônnoist 
son  maistre ,  ce  que  Plutarque  a 
laissé  par  escrit  du  cheual  d’Alexan¬ 
dre  ,  nommé  Bucefal  :  quand  il  estoit 
nud  ,  enduroit  bien  que  le  palfreniër 
montast  à  poil  dessus  luy:  mais  qliand 
il  cslolt  paré  de  ses  harnois  royadx  , 
et  de  ses  riches  couleurs  ;  il  n’en  soüf- 
froit  pas  vn  seul  monter  sur  luy, 
qu’Alexandre  tout  seul  ;  et  Si  d’autres 
s’efforçoient  y  monter,  il  leur  Coufoit 
sus,  en  ronflant  et  hennissant i  et  se 
cambroit  sous  eux  ;  et  les  fouloit  dux 
pieds  ;  s'ils  ne  se  liastoient  biëb  tost 
de  se  retirer  arriéré  et  s’enfuin 

Combien  que  la  colombe  soit  des 

1  Lju/'fc  8;  É-ftj  40;  —  A.  P; 

»  Cette  hisWlte ,  errtplüritêa  â  PHliëfttêlë 
intercalée  Ici  en  188ffi 


LE  LIVRE  DES  AIVIMA-VX 


7/48 

bestes  bien  fertiles ,  toiitesfois  tant  le 
masle  qne  la  femelle  garde  vne  sin¬ 
gulière  chasteté ,  concorde  et  amour, 
et  charité  l’vn  eriuers  l’autre,  et  ne 
commettent  point  d’adultere,  et  ne 
violent  point  la  foy  en  leur  mariage  ; 
si  la  femelle  a  vn  masle  difficile  et 
fascheux,  elle  le  supporte  neantmoins 
en  toute  patience  :  après  le  courroux 
ils  se  flattent  et  baisent ,  en  faisant 
paix,  et  retournent  l’vn  auprès  de 
l’autre.  Ils  sont  d’amour  égalé  en¬ 
tiers  leurs  petits. 

Les  tourterelles  en  font  autant ,  et 
d’auantage  :  car  en  signe  de  viduité, 
iamais  ne  couchent  sus  branche  ver¬ 
te,  après  qu’elles  ont  perdu  leur 
party,  et  demeurent  en  perpétuelle 
viduité,  sans  prendre  autreparty.  Ils 
ont  vn  amour  mutuel  et  réciproque. 


CHAPITRE  XIII. 

DE  LA  FORCE  DE  l’eLEPHANT  ,  DE  SA 
RELIGION  ,  DOCILITÉ  ,  CLEMENCE  , 
BONTÉ,  CHASTETÉ,  VENGEANCE  DES 
MAVX  QV’ON  LVY  A  FAITS,  ET  RE¬ 
CONNAISSANCE  DES  BIENS. 

Il  ne  se  trouue  beste  terrestre  plus 
grande,  plus  puissante,  nyespouuan- 
table  que  les  elephans.  Car  il  faut 
qu’ils  soyent  merueilleusement  puis- 
sans  et  robustes  ,  quand  ils  peuuent 
[lorter  en  bataille  de  si  gros  édifices 
et  de  si  grosses  tours  de  bois  plei¬ 
nes  de  gens  d’armes,  qui  combat¬ 
tent  en  icelles.  Et  qu’ils  soyent  espou- 
nantables,  quand  ils  viennent  equip- 
pés  en  tel  ordre,  il  appert  parla  peur 
et  frayeur  que  l’armée  des  Romains 
en  eut,  lorsqu’Antiochus  le  Roy  de 
Syrie  commença  premièrement  à  les 
amener  en  bataille  contre  eux.  Car 
les  gens  d’armes,  qui  n’auoienl  iamais 


veu  tels  monstres,  conceurcnt  grande 
frayeur  de  voir  tels  animaux,  qu’ils 
ne  sceurenl  faire  que  se  mettre  en 
fuite. 

Depuis  ,  les  Indiens  auoicnt  de 
coustume  en  la  guerre  de  lier  an 
bout  de  la  trompe  desdits  elephans 
vne  espée  longue  de  deux  coudées , 
auec  laquelle  estant  chassés  tuoient 
leurs  ennemis.  Ils  mettoicnl  pareil¬ 
lement  des  bats  ,  qu'ils  lioient  de 
chaisnes  de  fer  sous  le  ventre,  et  des¬ 
sus  metloient  vn  chasleau  de  bois,  en 
maniéré  de  tours,  où  quatorze  hom¬ 
mes  estoient  debout ,  et  batailloient 
de  toutes  sortes  de  leurs  armes  et 
bastons.  Mais  depuis  ,  sçaehans  leurs 
ennemis  que  les  elephans  craignent 
le  feu ,  ceste  façon  est  abolie  ,  à 
cause  des  bastons  à  feu  qu’ils  ont ,  et 
aussi  des  torches  allumées  qu’ils  pré¬ 
sentent  aux  elephans ,  desquels  ils 
sont  tant  espouuanlés ,  qu’ils  font 
plus  de  mal  à  leurs  maistres  en  s’en¬ 
fuyant  ,  qu’ils  ne  font  aux  ennemis 
en  bataiilant. 

Ce  neantmoins  tant  estranges  bes¬ 
tes  qu’ils  soient ,  c’est  vne  chose  in¬ 
croyable  des  vertus  que  les  philoso¬ 
phes  leur  attribuent,  et  les  choses 
qu’ils  en  racontent.  Pline  dit  ‘  qu’ils 
approchent  fort  des  sens  humains,  et 
qu’ils  ont  quelque  intelligence  du  lan¬ 
gage  du  pays  auquel  ils  sont  nés,  et 
qu’il  y  a  vne  grande  obéissance  en 
eux  en  ce  qui  leur  est  commandé , 
ayans  mémoire  des  seruices  et  offices 
qu’ils  ont  accoustumé  de  faire  :  mais 
qui  plus  est,  bonté  et  clemence  se 
trouuent  entre  eux.  Quant  à  la  reli¬ 
gion  ,  Plutarque  a  escrit  qu’ils  l'ont 
prières  aux  dieux  immortels  :  car  de 
leur  bon  gré  ils  se  purgent  et  lauent 
en  la  mer,  et  adorent  le  Soleil  leuant, 


'  Plir.o,  Un.  R.  rh.  1.  —  A.  P. 


El'  DE  l’ EXCELLE] 
auec  vue  grande  rciierencc ,  leuans 
leur  trompe  en  haut  vers  le  ciel  au 
lieu  des  mains.  El  Pline  à  ce  mesme 
propos  lesmoigne  qu’ils  font  hon¬ 
neur  et  reuerence,  non  seulement  au 
Soleil,  mais  aussi  à  la  Lune  et  aux 
esloiles  :  et  après  auoir  fait  leur  ado¬ 
ration  ,  ils  s’en  retournent  aux  bois, 
et  portent  douant  eux  leurs  petits  ou 
faons  qui  sont  tas.  Les  Arabes  en 
font  bon  tesinoignage,  qui  voient 
ordinairement  la  grande  quantité 
d’elephans  à  la  nouuelle  Lune  des¬ 
cendre  à  grands  troupeaux  aux  ri- 
uiercs ,  où  ils  se  lauent  et  baignent: 
et  après  qu’ils  sont  puriflés  ,  ils  se 
mettent  ù  genoux,  et  font  leur  ado¬ 
ration  ,  piris  s’en  retournent  aux  bois, 
et  le  plus  ancien  conduit  la  troupe, 
et  celuy  d’après  les  assemble. 

On  dit  aussi  qu’on  a  trouué  que  de 
nuit  pensoient  à  ce  dequoy  auoient 
esté  chastièsde  iour.  Plutarque  tes- 
inoigne  qu’il  est  tout  certain,  que 
coinrae  aucuns  elephans  eussent  esté 
instruits  à  Home  longtemps  deuant, 
pour  apprendre  à  faire  des  tours  raer- 
ueilleux  ,  et  difficiles  ù  refaire ,  on 
en  trouua  vn  ayant  l’entendement 
plus  dur  que  les  autres,  et  pour 
ce  il  estoit  hay  de  tous  les  autres 
et  battu  souuent,  par-ce  qu’il  ne 
pouuoit  retenir  tels  tours  de  passe- 
passe  ,  lequel  toulesfois  les  repetoit  à 
par-soy ,  et  s’efforçoit  les  laire  de 
nuit  à  la  Lune.  Adrianus  récité  auoir 
veu  va  éléphant ,  lequel  ayant  deux 
cymbales  pendues  aux  oreilles,  les 
tüuchoit d’accord  alternatiuement  de 
son  museau  (ou  trompe)  et  dansoit 
selon  la  mesure  de  l’accord,  et  les 
autres  le  suiuoient  en  dansant  comme 
liiy. 

Les  Elephans  portent  leurs  petits 
deux  ans  en  leurs  matrices,  pour  la 
grande  corpulence  de  leurs  corps, 


CE  DE  L’irOBIlME. 

parce  qu’vn  gros  fruit  n’est  si  tost 
meur  qu’vn  petit  L  Ils  sont  de  nat  ure 
tant  amiables  et  pitoyables,  que  ia- 
mais  ne  font  rien  à  personne,  si  on 
ne  les  y  prouoque.  Jamais  le  masle  et 
la  femelle  ne  se  connoissent  ensemble 
qu’en  secret ,  à  cause  de  honte  qu’ils 
ont.  On  lient  qu’ils  ont  si  bon  enten¬ 
dement,  qu’ils  n’entreront  iamais  en 
vn  naulre,pour  passer  la  mer  etestre 
menés  en  pays  eslrange,  que  leur 
gouiierneur  n’aye  promis  et  iurè  les 
ramener  en  leur  pays.  Aussi  eslans 
irrités ,  ils  chargent  les  hommes  sur 
leurs  cornes,  et  les  iettent  si  haut, 
que  deuant  qu’ils  tombent  ils  sont 
eslouifés  et  morts.  Nous  parlerons 
encore  de  la  nature  des  Elephans  cy 
après  au  liure  des  Monstres  2. 


CHAPITRE  XIV. 

DES  BESTES  QVI  SONT  ÉS  EAVX. 

Après  auoir  parlé  des  bestes  qui 
conuersent  sur  la  terre ,  il  faut  pa¬ 
reillement  dire  quelque  chose  de  celles 
qui  font  és  eaux:  dont  la  Lamproye 
emporte  le  prix  ,  et  mérité  la  palme 
pardessus  tous  les  poissons,  en  cas 
d’amour  paternelle  et  de  bonté  et 

douceur  enuers  leurs  petits.  Première¬ 
ment  elles  font  leurs  œufs,  et  puis  les 

1  Aristote ,  liu.  4.  dei  Animaux.  —  A.  P. 

a  L’édition  posthume  de  1598  ajoutait  ici  : 
oh  la  figure  de  l’ Eléphant  defaut.  En  effet , 
celte  figure ,  qui  y  existait  en  1579,  avait  été 
reportée  én  1582  au  Discours  de  la  Licorne. 
Mais  le  texte  qui  accompagnait  celle  ligure 
avait  été  omis  et  oublié  dans  ce  changement 
de  livre,  cl  il  manque  dans  toutes  les  gran¬ 
des  éditions,  à  partir  de  celle  de  1585.  Je 
l’ai  rétabli  dans  celle-ci ,  et  on  le  trouvera 
plus  loin  dans  l’Appendice  au  livre  des- 
Monslren, 


LP  LIVKü  üPSi  ANIMA.VX 


7Ôa 

petits  :  ittajs  eUes  ne  mettent  pas  hors 
teprs  petits ,  comme  font  lea  autres 
poissons:  mes  tes  pourrissent  en  leurs 
ventres,  oqmme  s’ils  les  engendraient 
deux  fois  :  et  qu^nd  ils  sont  grande- 
lets,  spntiettés  debors  leur  ventre, 
leur  enseignant  4  nager  et  à  s’esba- 
tre  à  l’enlnur  d'eux  :  puis  subit  elles 
les  reçoiuent  de  reébef  en  elles  mesr 
mea  parleur  bnuebe, et  leur  baillent 
leurs  corps  pour  habiter ,  leur  don¬ 
nant  xiapde  et  refuge ,  tant  qu’elles 
çonnoissBut  que  leur  aide  leur  est 
certaine,  et  asseurée. 


CH/VPITRE  XV. 

QVE  LES  BESTES  PEVVENT  ESTRE 
APPRIVOISÉES. 

ïbeuet  en  sa  Cosmographie ,  Tome 
second ,  chap.  f . ,  dit  que  le  Tur^s  fait 
nourrir  de  toutes  sortes  de  bestes, 
comme  liions,  Tigres  ,  Léopards, 
Loups  ceruiers  ,  Chameaux ,  Ele- 
phans ,  Porcs-espics,  et  autres  bestes 
estranges  :  et  souuent  les  hommes 
qui  les  gouuernent  sont  en  Constan¬ 
tinople  ou  au  Çair-e.  Ils  les  meinent 
par  la  ville  auec  vue  grosse  chaisne 
de  fer,  et  principalement  les  Lions, 
ayans  de  petites  Glochettes  ,  à  fin  que 
le  peuple  se  retire ,  et  que  ces  bestes 
ne  gastent  quelqu’vn,  cequesouuen- 
tes  fois  est  aduenu.  Et  si  ceux  qui  les 
gouuernent  sont  aduerlis  de  quelque 
grand  seigneur  ou  ambassadeur  qui 
soit  arriué  ,  ils  ne  faudront  hiy  ame¬ 
ner  en  son  logis  cesdils  Lions ,  auec 
compagnie  d’autres  bestes  estranges, 
ausquelb’S  ils  font  faire  mille  passe- 
tomps:  leurs  maistres  semblablement 
ioüent  do  plusieurs  sortes  d’instm- 
mens  4  laTurquesque,  mesme  iftüenl 


Comédies,  et  luttent  ;  s’asseurans  tous 
d’auolr  quelque  présent  dudit  sei¬ 
gneur  qnl  aura  receu  tel  passe-temps. 

Mais  ce  n’est  chose  merueilleuse 
que  les  bestes  terrestres  puissent  es- 
Ire  appriuoisées  auec  les  hommes, 
veu  que  les  Aquatiques  le  pcuuent 
estre ,  entre  lesquelles  on  nomme  les 
anguilles.  Plusieurs  aulheurs  ont  es- 
ciit  de  la  Murene  :  semblablement 
que  Crassus  a  eu  vne  Lamproye ,  la¬ 
quelle  estoit  si  appriuoisée,  qu’elle 
luy  obeïssoit,  dont  luy  auoil  donné 
vn  nom  comme  à  vne  beste  domesti¬ 
que,  et  l’appe liant  la  faisoit  venir 
vers  luy.  Icelle  estant  morte ,  en 
pleura  :  ce  que  Domitius  luy  ayant 
reproché d’auoirplor'sa  Murene, luy 
respondil  qu’il  auoit  eu  trois  femmes 
sans  en  auoir  ploré  vne  seule  *. 


CHAPITRE  XVI. 

COMME  LES  ANIMAVX  OST  APPRIS  AVX 
HOMMES  A  EOVRBIR  ET  A*GVISEP 
LEVRS  ARMEVBES,  ET  FAIRE  EHBVS- 
CADES. 

Les  guerriers  sont  fort  songneux  à 
eontregarder  leurs  armes ,  à  fin 
qu'elles  ne  seroüillent  et  g-astent,  et 
pour  ce  ils  les  font  souuenlefois  four¬ 
bir  ;  mais  il  y  a  plusieurs  bestes  qui 
ne  leur  doiuent  de  retour. 

Et  quant  à  ce  point ,  les  Pores  san¬ 
gliers  aiguisent  leurs  dénis. 

Les  Elepbans,  pour  ce  que  l’vne  de 
leurs  dents ,  auec  laquelle  ils  fouil¬ 
lent  ,  arrachans  les  plantes,  herbes 
et  racines  dont  ils  se  nourrissent ,  eu 
est  ordinairement  moussce,  vsée  et 
espointéa ,  ils  conlregardcnt  loiis- 

‘  Plutarque.  — A.  P. 


KT  X)li  l’exCELLI 

jours  rajijre  poiijtue  et  affilée,  pour 
s’en  seruir  aux  (  pmbals  contre  les 
lUjiqocerQs  et  autres  ennemis.  Le¬ 
dit  Rhinocéros  est  aussi  long  que 
i’Rlpphant ,  mais  phis  bas  de  iambes , 
et  a  son  pelage  de  couleur  de  bouïs, 
piccoté  eu  plusieqrs  epdroits  ,  et  fa¬ 
çonné  et  armé  comme  il  se  verra  par 
sa  figure  py  après  L 

Les  Sangliers  aiguisent  pareille¬ 
ment  leurs  (lefenses  pour  pssaillir  ou 
se  défendre. 

Le  Lion  chemine  tpusiours  les  pat¬ 
tes  fermées,  à  fin  que  ses  ongles 
soyent  enserrés  au  dedans  comme  en 
vnegueine,  de  peur  que  la  pointe  ne 
se  rompe ,  et  aussi  (^u’on  ne  les  puisse 
suiure  à  la  trace  :  car  à  peine  la  peut 
on  trouuer,  ains  seulement  de  petites 
marques  de  ses  pieds,  et  peu  appa¬ 
rentes  .-  et  ainsi  les  animaux  contre- 
gardent  leurs  armes ,  pour  s’en  seruir 
au  besoin. 

Les  Taureaux  présentent  le  combat 
auec  les  cornes,  et  s’equippent  au 
cornbat ,  comme  vaillans  gendarmes 
et  çheualiers. 

Le  rat  d’Inde,  conime  dit  Plutar¬ 
que,  ne  différé  en  rien  d’vn  gendarme 
pour  Ixatailler,  tant  fiien  il  se  sçaij 
çonnrif  de  boue  et  de  fange,  qu’if 
semble  proprement  qu’il  sqit  armé 
d’vn  halerret  et  cuirasse,  lors  qu’il 
doit  batailler  contre  le  crocodile  : 
neantipoips  que  ledit  crocodile  soit 
vne  beste  si  forte  et  cruelle  qu’elle 
piapge  Ips  boRinies,  et  ce  rat  d’Inde 
est  si  petit  qu’il  le  fait  fuiç.  Cela  se 
fait  par  vpe  pbqsp  indicible,  que  Na- 

•  L’édition  de  L'iXft  disait  :  conmc  ilso  vaU 
par  cesle  figure ,  Cl  dotiiiait  en  elïet  le  Pour- 
iraicl  du  UivQueros,  çt  combat  contre  l’-J^lc' 
pliant.  Celle  (ignre  fivail  clé  reportée  dés  1^82 
OU  Diseoips  de  la  Ideorne,  d'oà  \içnt  le 
elmu^caiciil  du  ‘^alç  (le  lù_85. 


NCE  DE  l’homme.  y5  l 

ture  met  aux  cœurs  des  grands  ani¬ 
maux,  pour  les  espouuenter  d’vne 
peur  et  crainte,  mesme  où  il  n’y  a 
point  de  danger  pour  eux  :  comme 
l’elephant  est  espouuenté  par  vn 
pourceau  ,  et  le  lion  par  vn  coq ,  veu 
qu’il  est  escrit  du  lion  ,  qu’il  ne  se 
retourne  point  pour  quelque  chose 
que  ce  soit.  Telles  craintes  autresfois 
sont  aduenues  à  de  bien  grandes  ar¬ 
mées,  prestes  à  combattre,  qui  ont 
esté  mises  en  routle  et  fuite  pour  vn 
liéure  qui  sortit  d’vn  buisson  ;  car 
depuis  qu’il  y  en  eut  vn  ou  deux  ef¬ 
frayés  par  la  soudaine  sortie  de  ce 
liéure ,  tous  les  autres  furent  sembla¬ 
blement  effrayés  et  espouuentés, 
comme  si  tout  eustesté  perdu  et  des¬ 
confit  ,  pensons  qu’il  y  eust  quelque 
grand  danger. 

On  trouue  à  ce  propos,  en  Phistoire 
de  Philippe  de  Gomines,  que  des  char¬ 
dons  qui  esloient  en  vn  champ  fl- 
fent  peur  aux  Bourguignons  auprès 
de  Paris ,  en  la  guerre  qu’eut  le  Roy 
Loys  onzième  auec  le  Comte  de  Cha- 
rolois.  11  aduint  qu’aucuns  de  l’ar¬ 
mée  virent  des  chardons  en  grand 
nombre ,  plantés  en  vn  champ  prés 
Charenton  :  et  pource  que  le  temps 
estoit  couuert  et  obscur,  il  leur  sem- 
bloit  que  c’estoit  l’armée  du  Roy  qui 
estoit  sortie  de  Paris ,  et  là  arrestée , 
leur  faisant  alte  :  et  après  qu’ils  en 
eurent  porté  les  nouuelles  à  leur  ar- 
inée ,  et  qu’on  en  eut  enuoyé  d’autres 
pour  les  reconnoistre,  trouuerent  que 
ceste  armée  demeuroit  tousiours  là 
plantée  sans  bouger,  dont  la  peur 
leur  fut  encore  redoublée,  et  toute  la 
nuit  se  tindrent  tous  en  armes.  Et  le 
lendemain,  le  iour  estant  vn  peu  plus 
esclairci,ils  conneurent  que  c'estoient 
chardons  :  parquoy  ce  n’csloit  pas 
meruoille  s’ils  auoicnl  tenu  bon  sans 
reculer,  (mais  aussi  iis n’auoient point 


LK  LIVRIÎ  B 

auancé)  :  et  ceux  qui  eu  auoient 
porté  les  nouuelles  furent  bien  fort 
honteux ,  toulesfois  ils  furent  excu¬ 
ses  pour  l’obscurité  du  temps. 

Les  Coqs  sont  oiseaux  royaux;  aussi 
sont-ils  couronnés,  et  exercent  leur 
régné  en  quelque  lieu  qu’ils  soient 
de  leur  hardiesse  et  courage,  et  ba¬ 
taillent  du  bec  et  des  argots,  comme 
l'experience  le  monstre,  donnans 
crainte  et  peur  aux  lions,  qui  sont 
les  plus  nobles  et  courageux  entre 
les  bestes  saunages. 

Les  Connins  ont  monstré  aux  hom¬ 
mes  à  faire  les  mines  sous  terre,  pour 
miner  et  renuersers’en  dessus-dessous 
les  forteresses  de  leurs  ennemis. 
Marc  Vairon  dit  qu’en  Espagne  y 
eut  vn  gros  bourg,  situé  eu  pays  sa¬ 
blonneux  ,  qui  fut  tellement  foui  et 
caué  par  les  connins,  que  finalement 
il  fut  ruiné  et  déshabité. 

Les  Loups  ont  monstré  à  faire  la 
guerre  aux  hommes  :  ils  se  mettent 
en  troupes,  et  demeurent  en  embus¬ 
cades  à  l’entrée  d’vn  village.  Il  y  en 
a  vn  qui  entre  dedans  pour  donner 
l’alarme  aux  chiens,  puis  recourt 
vers  ses  freres  et  compagnons,  et  les 
chiens  après  :  et  lors  qu’il  les  a  passés, 
retourne  vers  les  chiens ,  leur  faisant 
teste  :  cependant  l’embuscade  desco- 
che ,  et  prennent  chacun  vn  chien ,  et 
luy  couppent  la  gorge,  et  le  man¬ 
gent. 

Le  Regnard  est  le  plus  caut  cl  le 
plus  fin  de  toutes  les  bestes  en  gene¬ 
ral.  Lors  qu’il  est  chassé  des  chiens, 
et  les  sent  prés  de  sa  queue,  leur 
ielte  ses  excremens  à  leurs  museaux 
et  aux  yeux  :  les  ayant  ainsi  esblouïs 
et  estonnés,  il  gaigne  le  douant,  et 
les  laisse  en  arriéré.  Il  a  aussi  vne 
astuce  que  pour  faire  desnicher  les 
poulies,  il  feint  de  leur  ietler  sa  queue, 
et  par  ceste  peur  les  desnichc,  et  à 


RS  ANIM/VVX 

la  descente  en  prend  vne  et  la  deuo- 
re.  Pareillement  s’il  veut  passer  vne 
riuiere,  encore  qu’elle  soit  gelée  et 
prinse,  marche  doucement  sur  la 
glace ,  et  approche  son  oreille ,  et  s’il 
peut  entendre  aucunement  le  bruit 
de  l’eau  cachée,  il  connoist  que  la 
glace  n’est  pas  espaisse,  ny  assez 
ferme  :  parquoy  il  s’arreste,  et  ne 
passe  outre  :  et  ainsi  s’il  ne  peut  en¬ 
tendre  le  bruit,  il  passe  de  l’autre 
coslé  hardiment.  Or  ne  sçauroit-on 
dire  que  cela  soit  seulement  vne  vi- 
uacilé  de  sentiment  de  l’ouye,  sans 
aucun  discours  de  raison.  Car  c’est 
vne  ratiocination ,  et  conséquence 
tirée  du  sens  naturel,  en  ceste  sorte  : 
ce  qui  fait  bruit  se  remue  :  ce  qui  se 
remue  n’est  pas  gelé  ;  ce  qui  n’est 
pas  gelé  est  liquide  :  ce  qui  est  li¬ 
quide  ployé  sous  le  faix,  et  ne  tient 
pas  ferme  ;  ergo,  etc. 

Si  les  pourceaux  oyent  crier  en 
vne  forest  l’vn  d’eux,  ils  s’assemblent 
tous  pour  le  secourir,  comme  si  vne 
trompette  auoit  sonné  pour  assem¬ 
bler  vne  compagnie  de  gendarmes,  à 
fin  d’aller  au  secours  de  leur  compa¬ 
gnon  ,  et  tous  bataillent  pour  luy. 

Plutarque  dit  des  poissons  appellés 
Stares  et /lat/ies,  qu’aussi  tost  qu’ils 
ont  auallé  le  haim  du  pescheur,  les 
autres  qui  lors  sont  presens  accou¬ 
rent  tous  pour  luy  aider,  et  rongent 
le  filet  et  le  petit  cordeau,  et  ainsi 
eschappe.  Les  anlhes  se  secourent  pa¬ 
reillement  les  vus  les  autres  auecplus 
grande  violence  :  car  ils  iettent  sur 
leurs  espaules  le  filet  et  petit  cor¬ 
deau  auquel  l’hameçon  est  attaché, 
et  dressent  leurs  espines  et  escailles , 
dont  ils  le  couppent  et  rompent. 

Il  y  a  vne  grande  admiration  de  la 
société  et  amitié  qui  est  entre  le 
poisson,  appelle  üouuerncur^Gl  la  Ra- 
iaine.  Quant  au  gouuerneur,  il  n’est 


Ët  DË  lV^XCëLLëNCE  bË  l’iiOMMF.  *753 


plus  grand  qu’vn  goujon  ;  loquel  est 
lousioiirs  auec  la  baleine  ,  et  va  dé¬ 
liant  elle,  luy  dressant  son  chemin, 
la  conduisant  de  peur  qu’elle  ne  se 
ieltc  en  quelque  destroit  ou  en  la 
fange,  dont  elle  ne  se  puisse  retirer, 
ha  baleine  le  suit ,  et  souffre  vo¬ 
lontiers  eslre  conduite  par  luy.  S’il  se 
veut  reposer,  il  se  met  en  sa  gueulle 
et  y  dort,  et  elle  aussi,  ne  le  laissant 
iamais  neiour  ne  nuict. 

Les  Grues  ,  lors  qu’elles  départent 
pour  aller  en  pays  lointain ,  elles  se 
mettent  si  bien  en  ordonnance ,  que 
iamais  Capitaine  de  gendarmerie  ne 
sçauroit  tenir  meilleur  ordre  :  car 
auant  qu’elles  délogent, elles  ont  leur 
héraut  et  leurs  trompettes  qui  les 
assemblent  :  quand  elles  marchent , 
elles  consentent  toutes  ensemble,  et 
volent  en  haut  pour  regarder  de 
loing  :  elles  eslisent  vn  capitaine,  le¬ 
quel  elles  suiuent  :  elles  ont  aussi 
leur  sergent  de  bande,  et  aucunes 
disposent  au  derrière  de  la  bande 
pour  hucher  et  crier  chacune  en  son 
tour ,  à  fin  d’entretenir  tousiours  la 
bande  en  ordonnance  par  leur  voix. 
Elles  ont  leurs  veilles  bien  disposées, 
et  leurs  guettes  qui  font  le  guet  de 
nuict  *.  Plutarque  dit  qu’elles  sous- 
tiennent  vne  petite  pierre  de  leurs 
pieds,  à  fin  que  si  la  guette  s’endort, 
la  pierre  l’esueille  en  tombant,  et  la 
reprenne  de  sa  négligence.  Le  Capi¬ 
taine  a  la  teste  leuce  et  col  estendu , 
regardant  au  loing,  et  les  admoneste 
des  dangers  ausquels  elles  peuuent 
estre.  Et  quand  elles  sont  en  ordon¬ 
nance  ,  les  plus  fortes  se  mettent  do¬ 
uant  pour  rompre  l’air,  et  quand  les 
vues  sont  lasses,  les  autres  vont  en 
leur  lieu  pour  les  soulager,  et  sous- 
tenir  la  peine  à  leur  tour.  Et  pour 

1  Pline ,  tiu.  10.  ch.  23.  — •  A.  P. 


mieux  trencher  l’air,  elles  se  mettent 
en  ordonnance  de  gens  de  pied,  es- 
troitte  do  front  et  large  par  derrière, 
en  forme  de  triangle.  Et  si  ont  encore 
ceste  prudence  et  science  d’Astrono- 
mie,  qu’elles  preuoyent  les  tempestes, 
et  se  iettent  en  terre  subit  qu’elles  les 
sentent,  et  se  reposent. 

Les  Oyes  de  Sicile  vsent  d’vne  fort 
bonne  grâce  ,  pour  se  garder  de  se 
descouurir  par  leur  gazouillement  ; 
car  combien  qu’il  leur  soit  naturel , 
si  est-ce  toutesfois  qu’elles  ont  bien 
sceu  trouuer  ce  moyen  pour  corriger 
ce  vice,  à  fin  qu’il  ne  les  mist  en  dan¬ 
ger  de  leurs  aduersaires.  Plutarque 
dit  que  quand  il  leur  faut  passer  la 
montagne  nommée  ïaurus,  crai- 
gnans  les  Aigles ,  elles  mettent  cha¬ 
cune  vne  pierre  assez  large  en  leur 
bec,  à  fin  d’empescher  leur  gazoüil- 
lement  et  bruit  naturel  (qu’elles  fe- 
roient  )  iusques  à  ce  qu’elles  ayent 
passé  leurs  ennemis,  lesquels  elles 
trompent  en  ceste  sorte. 

Le  Cerf  se  sentant  pressé  des  chiens, 
se  couche  et  met  ses  quatre  pieds  sous 
le  ventre,  et  expire  son  haleine  contre 
terre,  tellement  que  les  chiens  passent 
et  repassent  contre  luy,  sans  en  auoir 
le  vent  ny  sentiment.  Voila  comme 
Nature  donne  à  chacun  animal  con- 
noissance  de  sauuer  leur  vie. 

En  cest  endroit  les  dragons  n’au¬ 
ront  pas  moins  de  gloire,  car  par  leur 
finesse  et  malice  ils  vainquent  bien 
les  elephans,  qui  sont  les  plus  fortes 
bestes  que  la  terre  porte  ;  ce  qu’ils 
ne  pourroient  faire  par  leur  force  : 
et  pourtant  ils  se  mettent  en  embus- 
ches  et  au  guet,  et  se  ruent  sur  eux 
par  trahison,  et  puis  les  embrassent 
soudain  et  enueloppcnt,  et  s’entortil¬ 
lent  autour  d’eux,  et  leur  lient  les 
iambes  de  leurs  queues  pour  leur  em- 
pescher  do  marcher  :  et  cachent  leur 

'18 


III. 


754 


LE  LIVRE  DES  ANIMA VX 


teste  dedans  leurs  narines,  leur  es¬ 
tant  l’halcine,  les  piquent  et  mor¬ 
dent  en  la  chair  qu’ils  trouuenl  la 
plus  tendre,  et  leur  creuent  les  yeux 
et  leur  succent  le  sang',  en  sorte  qu’il 
faui  que  les  elephans  meurent.  Pline 
dit  qu’il  y  a  des  dragons  en  Ethiopie 
de  dix  coudées  de  longueur  K  Et  en 
Indie,  il  s’en  est  trouué  de  cent  pieds 
de  long,  et  aucuns  voler  si  haut  en 
l'air  qu’ils  prenoient  les  oiseaux  vo- 
lans 

Le  poisson  appellé  Pesc/rmr,  à  cause 
qu’il  chasse  aux  autres  poissons,  il 
vse  de  mesnae  finesse  que  fait  la  sei¬ 
che  Il  a  vne  petite  poche  qui  luy 
pend  du  col,  laquelle  il  retire  et  las- 
che  :  comme  il  luy  plaist  en  vn  mo¬ 
ment,  ainsi  que  fait  le  coq  d’Inde  sa 
cresle.  Or  il  l’allonge  en  forme  d’vn 
haim,  et  la  prescrite  à  mascher  aux 
petits  poissons  qui  nagent  auprès  de 
luy,  puis  la  retire  à  soy  petit  à  petit, 
si  prés  qu’il  puisse  happer  les  petits 
poissons  de  sa  bouche. 

Plutarque  escrit  de  la  seiche,  que 
combien  qu’il  y  ait  cent  mille  exem¬ 
ptes  de  telles  finesses,  ruses  et  eschap- 
patoires  aux  bestes,  lesquels  ie  pour- 

'  PUoe,  lin.  8.  ch.  1 1;  et  II.  — ■  A.  P. 

“  lei  se  lisent  dans  toutes  tes  éditions  deux 
histoires  tirées  de  Jean  Léon ,  touchant 
certains  serpents  de  CalLcut  et  du  royaume 
de  Senegua.  Paré  avait  sans  doute  oublié 
que  dans  son  livre  des  renim,  à  partir  de 
Éédition  de  1579,  il  avait  l’ait  un  chapitre 
spécial  avec  ces  deux  histoires ,  racontées 
presque  absolument  dans  les  mêmes  termes. 
La  seule  différence  notable  est  que  dans  le 
Livre  des  Venins  il  cite  le  livre  d’Afrique  de 
.tean  Léon,  tandis  qu’ici  il  citait  son  livre 
des  Nauigaiiom.  En  conséquence,  j’ai  cru 
devoir  retrancher  en  cet  endroit  ces  deux 
histoires,  en  renvoyant  le  lecteur  au  ch.  27 
du  livre  des  Venins ,  ci-devant ,  page  317. 
.\rlst.  de  Nat.  anim.  —  A.  P. 


rois  icy  alléguer,  loutesfois  ie  ne  puis 
aucunement  passer  cestuy  de  la  sei¬ 
che  :  laquelle  a  comme  vne  vessie  pen 
due  au  col,  toute  pleine  d’ vne  liqueur 
fort  noire  comme  ancre,  laquelle  elle 
vuide  quand  elle  se  sent  prise,  et 
ainsi  tasche  à  tromper  celuy  qui  la 
chasse. 


CHAPITRE  XVII. 

DES  ARMES  DES  RESTES. 

Les  bestes  ont  toutes  leurs  armeu- 
res  naturelles  :  parquoy  elles  n’ont 
besoing  d’en  faire  forger  d’autres,  ou 
d’emprunter,  d’ailleurs  comme  les 
hommes.  Il  y  en  a  mesmes  de  celles  ^ 
qui  ont  telles  armes,qu’elles prennent 
par  icelles  ceux  qui  les  veulent  pren¬ 
dre.  Et  pour  exemple,  la  torpille  ne 
blesse  pas  seulement  ceux  qui  la  tou¬ 
chent  à  nud  :  mais  aussi  par  entre  les 
rets ,  elle  iette  vne  distillation  qui 
stupéfié  et  engourdit  les  mains  des 
pescheurs,  en  sorte  qu’ils  sont  con¬ 
traints  dé  tout  lascher  :  et  par  ainsi 
la  torpille  se  sauue. 

André  Theuel  escrit  ^  que  la  mer 
Persiqiie,  vers  l’Arabie,  nourrit  vn 
poisson  de  la  grandeur  et  grosseur 
d’vne  carpe,  garni  d’aiguillons  et 
pointes,  comme  nostre  hérisson,  auec 
lesquelles  il  combat  contre  tous  au¬ 
tres  poissons.  C’est  chose  toute  as- 
seurée,  que  s’il  en  a  donné  vne  at¬ 
teinte  à  vn  homme  ou  beste,  comme 
aussi  de  ses  dents,  en  vingt  et  quatre 
heures  on  se  peut  tenir  prest  pour 
mourir  2. 

‘  Liu.  10.  ch.  10.  tome  1,  de  la.  Cosmogra¬ 
phie.  —  A.  P. 

*  Après  ce  paragraphe ,  auquel  était  jointe 


ET  DE  l’excellence 

Les  cancres  et  escreuissos,  encore 
qu’ils  soyent  petits  animaux  à  com¬ 
parer  aux  susdits,  si  est-ce  qu’ils  se 
seruent  do  leurs  pieds  de  deuant,  qui 
sont  fourclius,  non  seulement  à  man¬ 
ger,  mais  aussi  à  se  défendre  ou  as¬ 
saillir. 


CHAPITRE  XV 111. 

LES  BESTES  SONT  DOCILES. 

Les  bestes  sont  dociles  pour  ap¬ 
prendre  ce  que  les  hommes  leur  veu¬ 
lent  enseigner  :  en  quoy  elles  nous 
baillent  quelque  tesmoîgnage  qu’el¬ 
les  ne  sont  pas  sans  quelque  partici- 

ta  Figure  du  Hérisson  demer,  l’édition  de  1579 
en  conltMialt  deux  autres  également  illustrés 
par  des  ligures,  qui  furent  transportés  en 
1582  dans  le  Discours  de  la  Licorne  ,  où  ils 
sont  restés.  Le  premier  concerne  le  Pois¬ 
son  nommé  Vletif,  appelé  en“1579  Stelifet 
Vielif;  on  le  trouvera  au  chapitre  13  du 
Discours  de  la  Licorne,  ci-devant,  page  503. 
Seulement,  au  lieu  de  la  dernière  phrase  : 
Plusieurs  estiment  ledit  animal  estre  vne  Li¬ 
corne  ,  etc.,  on  lisait  en  1579  :  Plusieurs  es¬ 
timent  ladite  corne  estre  vne  langue  de  poisson, 
ce  que  n’est  pas. 

L’autre  paragraphe  était  consacré  à  l’his¬ 
toire  du  poisson  nommé  Caspitly.  On  peut 
aussi  retrouver  cette  histoire  au  chapitre  12 
du  Discours  de  la  Lfcorue,  ci-devaut,  p.  502  ; 
mais  le  teste  de  1579  présenlo  des  dillérences 
assez  singulières  pour  être  reproduit  à  part: 

«  Il  y  a  vn  autre  poisson,  qui  se  trouve  en 
risle  duPeru  ,  portant  vne  corne  fort  agüe, 
en  façon  d’vue  espee  bien  tranchante,  longue 
de  plus  de  trois  pieds.  Iceluy  voyant  venir 
la  Balaine,  il  se  cache  soubs  les  ondes,  et  choi¬ 
sit  l’endroit  le  plus  aisé  à  blesser,  qui  est  le 
nombril ,  que  la  frappant ,  il  la  met  en  telle 
nécessité  ,  que  le  plus  souuent  meurt  de  telle 
blesseuro.  Laquelle  ses  eniunt  touchée  au  vif, 
commence i  faire  vn  grand  bruit,  se  tour- 


DE  l’homme.  1^55 

palion  (le  raison.  On  les  voit  estre  en¬ 
seignées  par  les  hommes,  y  prenons 
leurs  esbals  et  plaisirs  outre  leur  na¬ 
turel  :  comme  les  chiens,  singes,  che¬ 
naux  ,  passent  et  repassent  par  les 
cercles  des  basteleurs,  et  s’csleuent 
sur  les  pieds,  sautans  et  dançans,  et 
font  plusieurs  autres  tours  de  passe- 
passe. 

Plutarque  récité  »  qu’vu  chien  ser- 
ttoit  à  vn  basleleur,  lequel  ioüoit  vne 
fiction  de  plusieurs  mines  et  plusieurs 
personnages,  et  ce  chien  y  represen- 
toît  plusieurs  choses  conuenables  à  la 
matière  suiette  :  mesmernent  l’es- 
preuue  que  l’on  faisoit  sur  luy  d’vne 
drogue  qui  auoit  fert^e  de  faire  dor¬ 
mir,  mais  ainsi  que  l’on  supposolt 

mentant  et  battant  les  ondés,  escumant 
comme  vn  verrat,  et  va  d’vne  (res  grande 
roideur  (  se  sentant  près  les  traits  de  la  mort) 
qu’elle  culebute  et  renuerse  les  nauires 
qu’elle  rencontre,  et  fait  telle  naufrage  qu’elle 
les  enseuelit  au  profond  de  la  mer.  Il  se  voit 
au  goufre  d’Arabie ,  que  les  Arabes  nomment 
Caspilli ,  qui  est  presque  aussi  large  que 
long,  et  sa  longueur  n’excede  point  deux 
pieds.  Il  a  la  peau  comme  vn  petit  chien  de 
mer  ;  il  est  armé  d’esguillons ,  dont  il  en  a 
vn  au  milieu  du  front  long  d’vn  pied  et 
demy,  et  aussi  aigu  et  tranchant  qu’vue  lan¬ 
cette  :  et  auec  ce  genre  d’arme,  quand  il  est 
affamé,  il  vieot  à  se  ielter  contre  le  premier 
poisson  qu’il  trouue,  et  de  telle  façon  qu’il 
demeure  pour  les  gages,  traînant  sa  proye 
où  bon  lui  semble  ,  pour  en  auoir  sa  curer, 
ainsi  qu’escrit  André  ’feuet,  disant  l’auoir 
veu.  » 

Il  est  évident  qu’il  y  a  là  deux  descriptions 
dill'érentes  confondues  mal  à  propos  ;  et  tou¬ 
tes  les  deux  s’écartent  encore  en  quelque 
chose  de  la  description  du  Discours  de  la  Li¬ 
corne.  Du  reste.  Paré  cite  en  marge  Theuet 
liu,  5.  ch,  'l.tom.  l.  de  sa  Cosmographie ,  où 
les  lecteurs  curieux  d’éclaircir  cette  énigme 
en  trouveront  probablement  le  mot. 

1  Plutarque ,  tome  2,  —  A.  P. 


tË  LtVKË  ÜES  ANIMAVX 


7^^ 

faire  mourir  :  il  print  le  pain  où  la 
drogue  estoit  meslée,  et  peu  d’espace 
après  l’auoir  aualé,  commença,  ce 
sembloit,  à  trembler  comme  s’il  eust 
esté  tout  estourdi  :  finablement  s’es- 
tendant  et  se  roidissant  comme  s’il 
eust  este  mort ,  il  se  laissa  tirer  et 
traîner  d’vn  lieu  en  autre,  ainsi  que 
portoit  le  suiet  de  la  farce  :  puis 
quand  il  conneut  à  ce  qui  se  faisoit  et 
disoit  qu’il  estoit  temps ,  alors  il  com¬ 
mença  premièrement  à  se  remuertout 
bellement ,  comme  s’il  fust  reuenu 
d’vn  profond  sommeil,  et  leuant  la 
teste  regarda  çà  et  là,  dont  chacun 
des  assistans  fut  fort  esbabi  :  puis  se 
leuant  du  tout,  s’en  alla  deuers  celuy 
qu’il  falloit  qu’il  receust,  et  le  cares¬ 
sa  ;  de  sorte  que  tous  les  assistans,  et 
mesmes  l’Empereur  Vespasien  y  es¬ 
tant,  en  personne  dedans  le  theatre 
deMarcellus,  en  demeurèrent  tous 
resiouïs. 

Le  singe  est  vn  animal  ridicule, 
beau  toulesfois  au  iugement  des  en- 
fans,  et  leur  est  vn  passe  temps  pour 
rire  :  car  s’essayant  d’imiter  tous  ac¬ 
tes  d’homme,  il  ne  le  peut  faire,  et 
parlant  appreste  à  rire  à  ceux  qui  le 
regardent.  On  a  veu,  dit  Galien  *,  vn 
singe  s’efforcer  à  ioüer  de  la  fluste, 
danser  et  escrire,  et  faire  autres  choses 
que  l’homme  peut  bien  faire. 

Il  me  souuient  auoir  veu  en  la 
maison  du  Duc  de  Some,  vu  gros 
singe  malfaisant ,  et  pource  on  luy 
couppa  les  deux  mains,  souffrantes- 
tre  habillé  de  ses  playes.  Estant  gua- 
ri,  se  voyant  sans  mains  deuint  doux, 
affable  et  docile  :  on  luy  bailla  vn 
habit  verd,  et  ceint  autour  du  corps: 
cl  à  sa  ceinture  estoit  pendu  vn  estiiy 
de  lunettes,  auec  vue  paire  de  cou¬ 
teaux  et  vn  mouchouër,  comme  l’on 

*  Liure  i.  del’f^satje  des  parlief.~^A,  P. 


baille  aux  enfans.  Estant  ainsi  habillé, 
le  maistre  cuisinier  voulut  estre  son 
pédagogue,  à  cause  qu’il  faisoit  sa 
demeure  à  la  cuisine,  à  vn  coing  de 
la  cheminée.  Il  l’instruit  à  luy  faire 
faire  plusieurs  singeries  :  et  où  il  fail- 
loit,  coups  de  baston  ne  luy  man- 
quoyent,  non  plus  que  la  parollc,  luy 
diminuant  sa  portion,  le  faisant  son¬ 
nent  ieusner  par  cœur  :  car,  comme 
dit  Perse,  Le  ventre  est  ingénieux  et 
maistre  des  arts  (et  celuy  qui  baille 
l’entendement).  Et  par  ce  moyen  le 
cuisinier  enseigna  au  singe  à  ioüer 
de  passe-passe,  à  sauter  et  danser  au 
son  d’vn  petit  flageol,  courir  la  lance, 
passer  et  repasser  entre  les  iambes  : 
il  portoit  la  viande  auec  les  pages 
pour  la  poser  sur  la  table  auec 
grande  reuerence,  et  faisoit  plusieurs 
autres  bons  seruices,  tenant  tous- 
iours  sa  vaisselle  nette  auec  la  lan¬ 
gue  ,  de  façon  qu’on  l’appeloit  frere 
lean  factotum.  Après  le  disner  et  sou¬ 
per,  on  le  mettoit  dans  vne  chaire, 
contrefaisant  le  prescheur,  tournant 
les  yeux  s’en  dessus  dessous,  frap¬ 
pant  sa  poitrine  de  ses  moignons  en 
disant  ses  patenostres,  clacquetant 
des  dents,  et  monstroit  son  cul,  qui 
estoit  tousiours  à  descouuert  (à  cause 
que  son  habit  estoit  court ,  de  peur 
qu’il  ne  fust  saffrané)  ;  bref,  faisoit 
plusieurs  autres  singeries  et  risées, 
marchant  tousiours  debout,  à  cause 
qu’il  ne  sepouuoit  tenir  autrement  s’il 
n’estoit  sur  son  cul,  parce  qu’il  auoit 
perdu  ses  mains. 

On  voit  semblablement  les  Faucon¬ 
niers  qui  apprennent  aux  oiseaux  de 
proye  aller  combattre  en  l’air  autres 
oiseaux,  et  les  abattre  en  terre  :  voire 
voilent  si  haut  au  profond  des  nues, 
qu’on  les  perd  de  veut*.  Et  le  faucon 
ayant  gaigné  le  dessus  d’vn  héron,  et 
se  voyant  eslre  presque  vaincu,  met 


KT  nrî  L  EXCF.LLÊNCF,  hft  l'îIOMME.  'tS'/ 


son  boe  long  et  aigu  sons  scs  ailes,  la 
pointe  en  haut,  à  fin  que  le  faucon  le 
voulant  abattre,  donne  contre  ius- 
ques  à  entrer  au  trauers  du  corps, 
qui  est  cause  que  tous  deux  quel- 
quesfois  tombent  en  terre  morts.  Et 
oû  le  faucon  l’aura  abattu  sans  estre 
blessé,  estant  descendu  en  terre,  le 
fauconnier  l’appellant ,  retourne  se 
remettre  sus  son  poing. 

D’auantage,  aucuns  petits  oiseaux 
sont  enseignés  à  besongner  des  pieds 
et  du  bec,  desquels  ils  vsent  en  lieu 
de  mains,  tirans  de  petits  vaisseaux 
pendus  à  vne  corde,  (ausquels  est 
leur  manger  et  boire),  comme  vn 
homme  tireroit  des  seaux  d’vn  puys 
auec  les  mains. 

Et  quant  au  Chien,  chacun  sçait 
comme  il  est  docile,  et  comme  il  va 
quérir  vne  Cane  au  profond  de  l’eau, 
et  l’apporte  à  sou  maistre ,  viue  ou 
morte  :  et  fait  encore  plusieurs  au¬ 
tres  choses,  outre  celles  deuant  dites, 
qui  seroient  trop  longues  à  descrire. 

Le  chameau  est  un  animal  fort  do¬ 
mestique,  quis’appriuoise  facilement, 
apprenant  à  quoy  on  l’addresse  pour 
s’en  seruir.  Il  est  bien  vray  qu’il  y 
en  a  de  bien  farouches  et  sauuagos, 
lesquels  pour  n’auoir  esté  appriuoisés 
sont  fascheux,  et  mordent  et  ruent 
aussi  bien  que  pourroit  faire  le  plus 
vicieux  cheual  qu’on  sçauroit  trou- 
uer.  Le  soir  qu’on  est  à  repos ,  on  n’a 
peine  que  les  laisser  en  la  campagne 
pour  paistre  vn  peu  d’herbe,  ou 
brouter  quelque  espine,  chardon  ou 
rameau,  et  le  lendemain  le  recharger, 
et  si  ne  fera  iamais  faute.  On  ne  leur 
met  point  la  somme  sur  le  dos,  qu’ils 
n’ayent  quatre  ans  pour  le  moins. 
Les  Arjibes  ont  ceste  astuce  de  les 
chastrer  ieunes ,  à  fin  qu’ils  s’en  ser- 
iient  plus  longuement  ;  et  ne  sont  si 
furieux  au  printemps,  lors  qu’ils  vieti- 


nent  en  amour.  Ceste  besle  souffre 
huit  iours  la  faim  et  soiL  Elle  est  de 
douce  et  amiable  nature,  veu  que  les 
esclaues  et  marchans  Turcs,  la  vou- 
lans  charger  ou  descharger  de  leur 
fardeau,  ils  ne  font  que  toucher  d’ vne 
vergette  sur  le  col,  et  soudain  se 
couche  par  terre,  et  ne  se  leue  qu’elle 
ne  se  sente  assez  chargée,  ou  qu’on 
les  face  releuer.  Il  a  quatre  genoux  : 
pour  ceste  cause  il  fléchit  ses  cuisses 
de  derrière  comme  ses  iambes  de 
deuant  :  et  partant  il  demeure  à  ge- 
noüil  tant  qu’il  soit  chargé.  Telle 
chose  a  esté  faite  par  vne  grande  pro- 
uidence  de  nature ,  pour  satisfaire  à 
la  commodité  de  sa  hauteur  :  car  au¬ 
trement  il  eust  fallu  des  eschelles  ou 
escabelles  à  l’homme  pour  le  charger. 
11  y  en  a  qui  n’ont  qu’vne  bosse  sur 
le  dos  ,  qui  sont  d’Afrique  ou  Arabie. 
Il  y  en  a  d’autres  qui  en  ont  deux,  qui 
sont  amenés  d’Asie  et  Tar tarie  :  les 
vns  sont  grands,  et  bons  à  porter 
grande  charge  :  les  autres  petits, 
propres  à  faire  iournée ,  comme  nous 
faisons  sur  nos  cheuaux.  La  viande 
qu’ils  aiment  le  mieux  sont  les  féues, 
et  ne  leur  en  faut  que  quatre  poi¬ 
gnées  pour  les  contenter  tout  vn 
iour.  C’est  la  plus  grande  richesse  que 
les  Arabes  ayent,  tellement  que  s’ils 
vouloient  monstrer  quelques  vus 
d’entre  eux  estre  opulent  et  riche,  ils 
ne  disent  point:  Vn  tel  a  tant  de  mille 
escus  vaillant,  mais  bien  diront-ils  : 
Il  a  tant  de  cent  ou  mille  chameaux. 
Le  grand  Turc  (comme  ditTheuet) 
a  vn  Capitaine  quia  sous  luy  nomb:e 
d’esclaucs  Mores  et  Chrestiens,  qui  a 
le  seing  des  chameaux  ,  lesquels  sont 
pensés,  frottés  et  estrillés  par  lesdils 
esclaues.  El  me  suis  laissé  dire,  ce  dit 
Theuet,  aux  Arabes,  Mores,  et  à 
quelques  marchands  luifs,  qui  es- 
toienl  du  temps  que  Sultan  Selim 


LE  LIVRE  DES  ANIMAVX 


758 

premier  du  nom  vint  en  Egypte  pour  j 
assiéger  et  prendre  la  ville  du  Caire,  ] 
qu’il  auoit  pour  le  moins  soixante 
mille  chameaux,  etvn  grand  nombre 
de  mulets.  Et  l’escurie  du  grand  Sei¬ 
gneur,  qui  est  fort  superbe,  à  cause 
du  grand  nombre  des  plus  beaux 
chameaux  qui  soyent  au  monde'. 

Le  seigneur  du  Haillan  historio¬ 
graphe,  liure  7.  en  son  Histoire  de 
France,  dit  que  les  Chrestiens  don¬ 
nèrent  vne  bataille  contre  Corbane, 
Lieutenant  de  l’armée  du  Boy  de 
Perse, en  laquelle  demeurèrent  morts 
sur  la  place ,  cent  mille  des  ennemis, 
quinze  mille  chameaux  et  iuments. 
Les  deux  Historiographes  nous  don¬ 
nent  à  connoistre ,  que  l’on  se  sert 
desdits  chameaux  en  paix  et  en  guerre, 
et  qu’il  s’en  trouue  vn  nombre  infiny 
en  Arabie  et  Afrique. 


CHAriTRE  XIX. 

LES  OISEAVX  ONT  MONSTRE  AVX  HOMMES 
A  CHANTER  EN  MVSIQVE. 

Les  rossignols  sont  chantres  fort 
excellens ,  feignans  à  former  la  voix 
humaine  :  ils  gringoltent  et  desgor- 
genl  ainsi  que  peut  faire  le  plus  par¬ 
fait  chantre  du  monde ,  en  sorte 
qu’on  dit  par  excellence  :  Il  chante, 
il  se  clegoise ,  il  gringotte  comme  vn 
rossignol  :  et  partant  quand  les  hom¬ 
mes  veulent  rendre  vne  belle  harmo¬ 
nie  par  leur  chant,  ne  sont  ils  pas 
contraints  de  contrefaire  leurs  voix, 
et  d’emprunter  celles  des  bestes bru¬ 
tes?  Et  partant  les  oiseaux  ont  bien 
l’auantage  par  dessus  les  hommes  : 

1  /.tu,  tt.  ch,  7.  (me  1»  iîe  sa  Camographiet 
ii'.i  A»  Pi 


car  Nature  leur  apprend  à  chanter 
sans  labeur ,  cl  no  leur  a  point  fallu 
tirer  les  oreilles  à  l’cscole  de  musi¬ 
que  pour  leur  apprendre  leur  chant, 
comme  les  Chantres  les  tirent  aux  en- 
fans,  ausquels  leur  font  longues 
comme  celles  des  asnes.  Ils  discernent 
et  connoissent  leurs  voix  par  certaine 
connoissance  qu’ils  ont. 

Il  semble  aussi  qu’aucuns  animaux 
parlent  :  et  aussi  apparence  de  rire 
est  veuë  en  eux ,  quand  en  blan- 
dissant  des  oreilles,  ils  retirent  les 
nazeaux  et  regardent  doucement. 
Combien  que  l’homme  parle  autre 
langage  que  les  bestes,  toutesfois  la 
voix  et  le  langage  qui  est  donné  aux 
bestes  leur  sert  autant  en  leur  en¬ 
droit  ,  que  celuy  qui  est  donné  aux 
hommes. Car  toutes  lesbeslesd’vne  es¬ 
pece,  de  quelque  pays  qu’elles  soient, 
s'entendent  l’vne  l’autre,  ce  que  nous 
ne  pouuons  dire  des  hommes  :  car  il 
y  a  autant  de  différence  de  langage 
entre  eux ,  non  seulement  qu’jl  y  a 
de  diuerses  nations,  mais  autant  qu’il 
y  a  de  villes  et  de  villages ,  tellement 
qu’à  peine  l’vn  peut  entendre  l’au¬ 
tre  ,  mais  semble ,  quand  les  hommes 
de  pays  estrange  se  rencontrent  l’vn 
auec  l’autre,  qu’ils  soyent  sourds  et 
muets  :  car  ils  ne  peuuent  parler  le 
langage  par  lequel  l’vn  entende 
l’autre.  Parquoy  autant  leur  protite 
parler  comme  s’ils  estoient  muets , 
et  celuy  qui  l’oit  n’entend  non  plus 
que  s’il  estoit  sourd.  Or  que  ce  soit 
vray,  combien  de  fois  nous  trouuous- 
nous  tous  fort  estonnés,  quand  nous 
passons  par  des  pays  estranges ,  à 
cause  que  nous  ne  pouuons  pas  de¬ 
mander  seulement  ce  qu’il  nous  faut , 
ny  entendre  ce  qui  nous  est  dit ,  non 
plus  que  les  bestes  nous  entendent 
ou  que  nous  les  entendons;  nous  no 
bons  pouüons  wi'uit*  ny  rte»  youst  >  ny 


ET  DE  L  EXCELLENCE  DE  l’HOMME.  yOÛ 


des  oreilles ,  ny  de  la  langue  que  le 
Dieu  de  nature  nous  a  donnés ,  mais 
nous  faut  parler  des  yeux ,  de  la  teste, 
des  mains  et  des  pieds ,  et  par  signes 
et  mines  et  gestes,  comme  si  nous  es¬ 
tions  basteleurs:  et  nous  faut  contre¬ 
faire  nos  membres  à  autre  vsage  que 
Dieu  les  a  créés ,  pour  nous  seruir  au 
lieu  de  langue  et  d’oreilles,  Lesbestes 
ne  sont  point  tant  misérables;  car  en- 
cores  que  nou  s  ne  les  entendions  point, 
ny  elles  nous,  toutesfois  vne  chacune 
d’elles  s’entend  encores  mieux  en  son 
espece,  ie  ne  dis  pas  seulement  de  di- 
uerses  nations,  mais  aussi  ceux  d’vn 
mesme  pays. 

Il  seroit  bien  necessaire  que  les 
hommes  n’eussont  qu’vn  langage , 
par  lequel  ils  se  peussent  bien  en¬ 
tendre  les  vns  les  autres.  Car  qui  or- 
roit  vn  Alleman,  vn  Breton  breton- 
nant,  vn  Basque,  vn  Anglais,  vn 
Poulonnois,  vn  Grec,  sans  les  voir, 
il  seroit  fort  diffleile  à  iuger  s’ils  sont 
hommes  ou  bestes. 


CHAPITRE  XX, 

DES  OlSEAVX  QVI  PARLENT,  SVBLENT, 
ET  SIFFLENT. 

Les  linottes ,  cocheuis ,  pies ,  cor¬ 
neilles,  chucas,  corbeaux,  estour- 
neaux,  perroquets,  et  autres  sem¬ 
blables,  parlent  et  chantent,  sifflent, 
et  imitent  la  voix  humaine  et  celle 
des  autres  animaux.  Les  papegaux  et 
perroquets  sont  à  louer  sur  tous, 
pour  parler  et  prononcer  lesparolles 
qu’ils  oyent ,  et  sont  fort  ioyeux  et 
gais,  principalement  quand  ils  ont 
beu  du  vin.  C’est  aussi  vn  plaisir 
comme  ils  se  tiennent  du  bec,  quand 
il»  yeitleftl  monter  otl  descendrei 


Plutarque  raconte  qu’il  y  auoitvn 
Barbier  à  Rome ,  lequel  auoit  en  sa 
boutique  vue  pie  merueilleusement 
babillarde ,  laquelle  sans  contrainte, 
mais  de  son  bon  gré  parloit ,  si  elle 
oyoit  parler  les  hommes ,  et  contre» 
faisoit  toutes  bestes  qu’elle  pouuôit 
ouyr,  mesme  le  son  des  tambours, 
flustes,  et  trompettes,  et  autres ins- 
trumens,  et  ne  delaissoit  rien  qu’elle 
ne  s’estudiast  à  contrefaire  et  imiter. 

On  a  VGU  des  corbeaux  parler  et 
chanter  des  chansons  comme  les 
hommes, voire  mesmes  des  pseaumes, 
d’vn  assez  long  trait. 

Macrobe  raconte  ceste  histoire 
plaisante  d’vn  corbeau.  Il  dit  que 
quand  Auguste  César  reuinl  de  la 
guerre  contre  Marc  Antboine ,  entre 
ceux  qui  luy  venaient  faire  feste  et 
dire  la  ioye  de  sa  victoire,  il  s’en 
trouua  vn  qui  tenoit  vn  corbeau,  au¬ 
quel  il  auoit  appris  à  dire  parolles 
qui  valent  autant  à  dire  que  si  nous 
disions  :  Dieute  gardj  César ^  Empereur 
victorieuop.  Auguste ,  estant  esmer- 
ueilié  de  cest  oiseau  tantseruiable, 
l’acheta  mille  pièces  d’argent. 

Pline  et  Valere  ont  escril,  entre 
les  prodiges,  qu’on  trouue  les  bœufs 
et  asnes  auoir  parlé. 

Il  y  a  epeores  beaucoup  de  choses 
à  esprire  de  la  nature  des  animaux, 
qui  seroient  trop  longues  à  raconter  : 
mais  il  suflira  d’ auoir  recité  en  bref 
ce  que  ces  grands  personnages,  com¬ 
me  Aristote,  Platon,  Plutarque  , 
Pline ,  nous  ont  laissé  par  escrit.  Et 
véritablement  ie  croy  que  ne  sont 
pas  fables ,  et  qu’il  n’en  soit  quelque 
chose,  et  qu’ils  n’en  ayept  eu  quel¬ 
que  expérience  ou  bon  tesmoignage. 
Car  puis  qu’ils  ont  esté  hommes  sça- 
uans,  et  de  grande  aulhorilé  et  re- 
iidnl,  Ü  ne  noua  faut  pas  estimer 
nyetit  escfU  ft  rttaefltürtl  pour 


Lft  LIVAE  DES  ANIMAVX 


760 

se  faire  moquer  d’eux,  sçachans  bleu 
que  leurs  escrils  seroient  bien  exa¬ 
minés  par  plusieurs  hommes  de  sça- 
uoir,  qui  auront  expérimenté  les  cho¬ 
ses  desquelles  ils  ont  escrit.  Parquoy 
il  ne  nous  faut  pas  reietter  comme 
fables  tout  ce  que  n’auons  pas  veu , 
et  qui  nous  est  nouueau. 


CHAPITRE  XXL 

DE  d’antipathie  ET  SYMPATHIE 

Après  auoir  descrit  la  nature  des 
hestes ,  il  m’a  semblé  n’estre  hors  de 
propos  mettre  icy  certaines  choses 
remarquables  qui  se  trouuent  entre 
icelles,  touchant  leur  sympathie  et 
antipathie  :  c’est  à  dire  ,  qu’elles  ont 
vue  certaine  amitié  et  inimitié ,  non 
seulement  eslans  en  vie,  mais  aussi 
après  leur  mort ,  par  vne  occulte  et 
secrette  propriété  :  au  moyen  dequoy 
les  vues  se  cherchent ,  les  autres  se 
fuyent ,  autres  se  font  guerre  mortel¬ 
le  ,  ne  demandans  que  la  ruine  les 
vnes  des  autres. 

Et  pour  preiiue  de  ce,  le  Lion, 
prince  des  hestes ,  qui  est  le  plus  fort, 
et  de  plus  grand  cœur  que  toutes  les 
autres  :  et  combien  qu’il  soit  aussi 
fier,  et  plein  de  grande  animosité  et 
fureur,  rugissant  et  cruel  contre  les 
furieuses  et  terribles  ,  neantmoins  il 
a  vne  peur  merueilleuse  du  coq, 
comme  nous  l'auons  dit  cy  dessus. 
Car  non  seulement  il  le  fuit  en  le 
voyant,  mais  aussi  en  le  sentant  de 
loin  ,  ou  l’oyant  chanter.  L’elephant 
a  vne  semblable  peur  du  pourceau  : 

1  Ce  chapilie  élail  confondu  avec  le  pré¬ 
cédent,  sans  former  même  un  alinéa  dis¬ 
tinct,  en  1579;  il  en  a  été  séparé  en  1585. 


aussi  ayant  vne  telle  haine  aux  rats 
et  souris,  que  s’il  appercoit  sa  pasture 
estre  touchée  ou  sentie  d’iceux,  il  ne 
la  voudra  toucher.  Le  rhinocéros  et 
l’elephant  ont  vne  guerre  mortelle , 
lequel  elephant,  estant  en  furie, la 
remet  et  s’adoucit,  ayant  Veu  et  ap- 
perceu  vn  mouton.  Le  cheual  a  telle 
horreur  et  inimitié  et  crainte  du 
chameau  ,  qu’il  ne  peut  soustenir  sa 
presence.  Le  chien  hait  le  loup  ,  le 
liéure  le  chien  ;  la  couleuure  craint 
l’homme  nud,  et  le  poursuit  estant 
vestu.  L’aspic  a  vne  perpétuelle 
guerre  contre  le  rat  d’Inde ,  lequel  se 
i  barhoüille,  couure  et  enduit  de  li- 
I  mon  de  terre  grasse ,  puis  se  seiche 
I  au  soleil  :  et  estant  ainsi  armé  (le 
plusieurs  cuirasses  de  terre  ,  il  mar¬ 
che  au  combat,  esleuant  sa  queue, 
présentant  tousiours  le  dos  ,  iusques 
à  ce  qu’il  aye  espié  la  commodité  de 
se  ietter  de  trauers  à  sa  gorge  :  ce 
qu’il  fait  pareillement  au  crocodile  , 
comme  nous  auons  dit  de  l’aspic.  Le 
lézard  verd  est  ennemi  iuré  et  capi¬ 
tal  du  serpent,  et  grand  amy  de 
l’homme  :  ainsi  que  par  plusieurs 
belles  histoires  et  discours  on  le  pourra 
voir  et  connoistre,  en  lisant  vn  dialo¬ 
gue  escrit  par  Erasme ,  dest  diverses 
sympathies  et  antipathies  de  plusieurs 
choses  :  lequel  dialogue  se  trouue 
imprimé  auecques  VHarmonie  du  ciel 
et  de  la  terre,  n’agiieres  mise  en  lu¬ 
mière  par  Antoine  Mizault,  homme 
de  grande  recherche  et  érudition. 

Il  y  a  vne  grande  inimitié  et  con¬ 
trariété  entre  l'homme  et  le  loup,  la¬ 
quelle  se  déclaré  en  ce  que,  si  le  loup 
voit  l’homme  premier  que  l’homme 
le  loup,  il  luy  fait  perdre  la  voix,  et 
1  empesche  décrier.  La  belette  vou¬ 
lant  faire  guerre  à  son  cnnemy  l’as¬ 
pic,  qui  est  vne  dangereuse  espece  de 
serpent,  se  prémunit  et  arme  deuant 


l.T  DE  E  JiE  i/noMUin. 


foult’s  choses  de  l’herbe  appel  lée  Hue. 
Le  singe  a  vue  singulière  frayeur, 
crainte  et  horreur  de  la  tortue,  ainsi 
qu’on  le  pourra  facilement  connois- 
tre  d’vne  plaisante  histoire  traitée  au 
Dialogue  d’Erasme,  cy  deuant  allé¬ 
gué  :  comme  aussi  la  mortelle  et 
iurée  inimitié  qui  est  entre  l’araignée, 
le  serpent  et  crapaut:  chose  pleine 
de  plaisir,  et  singulière  récréation.  11 
y  a  pareillement  vne  mortelle  inimi¬ 
tié  entre  lechahuan  et  les  corneilles, 
de  façon  qu’il  n’ose  se  monslrer  le 
iour,  et  ne  vole  que  de  nuict,  faisant 
ses  prouisions  la  nuict  pour  viure  le 
iour.  L’oiseau  de  riuiere  craint  si  fort 
le  faucon,  que  s’il  le  sent,  et  oit  ses 
sonnettes,  se  laisse souuent  assommer 
à  coups  de  baston  et  de  pierre  plus- 
tost  que  s’esleuer  ;  ce  que  i’ay  veu 
plusieurs  fois.  L’alouette  semblable¬ 
ment  se  laisse  prendre  à  la  main  de 
l’homme,  de  peur  qu’elle  a  de  l’eme- 
rillon ,  ou  espreuier.  L’aigle  a  pour 
ennemy  mortel  l’oiseau  de  proye.  La 
crescerelle  de  son  naturel  espouuentè 
les  espreuiers,  de  sorte  qu’ils  fuyent 
sa  veuë,  et  sa  voix.  Le  corbeau  et  le 
millan  ont  tousiours  guerre  :  car  le 
corbeau  luy  rauittousiours  sa  meil¬ 
leure  viande.  Les  poullailles  baissent 
amerement  le  renard.  Le  petit  pou.1- 
let,  n’estant  à  grand’  peine  esclos,  ne 
craint  ny  le  cheual,  ny  l’elephant , 
maisil  craint  le  millan  :  de  sorte  que 
l’ayant  apperceu,  voire  de  bien  loing, 
soudain  court  et  se  cache  sous  les  ai¬ 
les  de  la  poulie.  L’aigneau  et  le  ché- 
ureau  s’enfuyent  vers  leurs  meres, 
s'ils  sentent  le  loup,  combien  que  ia- 
mais  ne  rayent  veu.  Pareillement  il  y 
a  vue  telle  antipathie  entre  le  cerf  et 
le  serpent,  que  le  cerf  passant  par 
de.ssuslelrou  où  se  retire  le  serpent, 
s’arreste  tout  court,  etparson  haleine 
l’attire  hors  et  le  tue. 


Or  quant  à  l’amitié  qu’ont  les  bes* 
tes  ensemble,  cela  ne  mérité  estre  es- 
crit,  parce  qu’on  le  voit  ordinaire¬ 
ment  :  les  grues  auec  les  grues,  les 
estourneaux  auec  les  estourneaux, 
les  pigeons  auec  les  pigeons,  les  moi¬ 
neaux  auec  les  moineaux  :  et  ainsi  de 
toutes  les  autres  bestes  de  mesme  es¬ 
pece. 

Inimitiés  implacables  sont  entre  les 
brebis,  moulons,  aigneaux,  et  les 
loups  :  voire  si  grandes,  qu’aprés  la 
mort  des  vns  et  autres,  si  deux  tabou- 
rins  sont  faits,  l’vn  depeau  de  brebis, 
et  l’autre  de  loup,  estans  sonnés  et 
frappés  tous  deux  ensemblement  - 
bien  difficilement  se  pourra  ouyr  le 
sondeceluy  de  brebis,  tant  sont  im¬ 
mortelles  les  inimitiés  et  discordances 
de  ces  animaux,  soyent  vifs  ou  morts. 
Mesmes  aucuns  estiment,  que  si  vu 
luth  ou  autre  instrument  est  monté 
de  cordes  faites  de  boyau  de  brebis  et 
de  loup,  il  sera  impossible  de  l’accor¬ 
der.  Plusieurs  disent  auoir  esprouué 
que  la  teste  ou  queue  du  loup  pendue 
sur  la  mangeoire  ou  creche  des  bre¬ 
bis,  ou  bien  cachée  en  leur  estable, 
pour  la  peur  et  frayeur  qu’en  con- 
çoiuent  lesdites  brebis,  elles  ne  pour¬ 
ront  manger,  et  ne  feront  que  se 
mouuoir  et  pétiller,  iusques  à  ce  que 
tout  soit  dehors. 

Il  y  a  vne  grande  contrariété  et 
inimitié  entre  les  rats  et  la  belette, 
laquelle  inimitié  se  manifeste  en  ce 
que,  si  l’on  adiouste  quelque  peu  de  la 
substance  de  la  ceruelle  d’vne  be¬ 
lette  auecques  la  preseure  pour  faire 
formages,  iainais  les  rats  ou  souris 
n’approcheront  de  tels  formages,  et 
ne  se  pourront  aucunement  corrom¬ 
pre.  La  linotte  hait  tellement  le 
bruant,  que  l’on  lient  pour  asseuré 
que  leur  sang  ne  se  inesle  iamais.  La 
panthère  et  hyene  ont  vne  si  grande 


■yÔQ  LE  LIVRE 

inimitié,  que  si  les  peaux  de  toutes  ] 
deux  sontpendues  vis-à-vis  l’vne  de 
l’autre,  tout  le  poil  de  la  panthère 
cherra,  demeurant  en  son  entier  ce- 
luy  delà  hyene.  Tout  ainsi  que  l’on 
dit  eslre  des  plumes  et  plumages  des 
oiseaux  meslés  auec  celles  de  l’aigle  : 
car  elle  les  consommée!  met  à  néant, 
les  siennes  demeurans  en  leur  en¬ 
tier. 

Vu  taureau  farouche  et  furieux, at¬ 
taché  à  vn  figuier,  deuient  doux  et 
appriuoisé.  Les  escarbots  meurent  à 
l'odeur  des  roses.  Si  on  tire  auec  les 
mains  la  barbe  d’vne  chéure  rangée 
au  troupeau  d’autres,  tout  iceluy 
s'arreslera ,  et  lairra  sa  pasture  ;  et 
toutes  deuiendront  estonnées,  et  ne 
cesseront  de  s’emarmeller ,  iusques 
à  ce  qu’on  Paye  laissée. 

Il  ne  se  treuue  seulement  contra¬ 
riété  entre  les  animaux ,  mais  aussi 
entre  les  plantes.  Exemple  du  chou  et 
de  la  vigne.  Le  chou  et  la  vigne  sont 
pernicieux  l’ vn  à  Faulre,  et  leur  com¬ 
bat  est  digne  d’estre  considéré.  Car 
combien  que  la  vigne  par  ses  ten¬ 
drons  ou  capreoles  tortus,  soit  ac- 
coustumée  d’embrasser  toutes  cho¬ 
ses,  neantmoins  elle  hait  le  chou  , 
tant  grande  esllHnimitié  qu’elleporte 
à  ceste  plante,  que  seulement  prés  de 
soy  ,  elle  se  retourne  en  arriéré  , 
comme  si  quelqu’vn  l’auoit  admo¬ 
nestée  que  son  ennemy  fust  prés 
d’elle.  Au  contraire  aime  les  or¬ 
meaux  ,  et  les  peupliers ,  voire  si 
heureusement ,  qu’elle  croist  et  se 
fait  plantureuse  auprès  d’eux  :  car 
elle  estant  prés  d’eux,  espart  ses  ten¬ 
drons  montant  en  haut ,  et  embrasse 
comme  liens  les  branches ,  et  ainsi 
s’esgayant  apporte  foison  de  raisins. 

Il  y  a  vne  combination  de  masle 
et  femelle  aux  choses  vegetatiües, 
ctumne  toutes  sorloii  dé  ttlitrttes  et 


DES  ANIMAVX 

arbres  :  ce  qu’on  voit  s’ils  sont  plan¬ 
tés  l’vne  prés  de  l’autre,  ils  font 
grande  admonestation  de  leur  natu¬ 
relle  amitié  :  car  les  branches  du 
masle  se  iettent  hors  de  leur  lieu  na¬ 
turel,  pour  s’encliner  vers  sa  femelle, 
comme  s’il  la  vouloit  embrasser. 
Ceste  merueilleuse  amitié  d’arbres  se 
monstre  fort  apparente  en  la  palme 
plus  qu’en  nulle  autre  :  car  si  la 
palme  femelle  est  plantée  prés  son 
masle,  les  branches  et  fueillesd’iceux 
s’entremeslent  et  ioignept  si  estroite- 
ment  ensemble,  qu’à  peine  on  les 
pourroit  disioindre  sans  les  rompre*. 

Les  citrouilles  aiment  l’eau  ,  en 
sorte  que  si  on  met  vn  vaisseau  sous 
leur  fruit ,  estant  pendu  à  leur  tige , 
il  s’allongera  cuidant  aller  à  l’eau  : 
ce  qu’on  voit  iournellement  à  ceux 
qui  sont  curieux  mettre  des  vais¬ 
seaux  remplis  d’eau  dessous  le  vin  , 
quand  la  grappe  commence  à  fleurir. 
Il  semble  aussi  fleurir  lors  qu’il  est  en 
vn  voirre.  Les  aulx  ou  oignons ,  et 
generalement  toutes  les  plantes  ayans 
teste ,  lors  que  les  au  très  commencent 
à  germer  dedans  la  terre,  mesmes 
pendus  en  l’air,  germent  et  sentent 
très-fort ,  pourueu  qu’elles  ne  soient 
rances ,  seiches  et  pourries.  Car  la 
vertu  naturelle  et  ingenerée  qui  est 
dedans  les  vnes  et  les  autres ,  alors 
suruient. 

D’auantage,  le  sanglier,  et  le  cerf, 
lors  qu’ils  sont  en  rut,  et  qu’on  en 
ait  mis  au  salloir  long  temps  aupara- 
uant,  les  faisant  cuire,  s’endurcissent 
et  enflent  si  fort  dans  le  pot,  qu’iceluy 
n’estant  qu’à  demy  plein  s’enfuit  par 
dessus  ,  iettant  vne  cscume  de  mau- 
uaise  odeur,  de  sorte  qu’à  peine  on 
en  peut  manger.  La  peau  de  bouc  es- 

*  Ce  paragraphe  lur  tel  RmouM  dei  planlen 
A  Até  Intercalé  kl  An  laASi 


ET  DE  E  EXCELLENCE  DE  l’hOMME.  ^63 

corchéo,  seichëe  et  courroyée  par  les  crocodile.  Entre  les  aquatiques  et  les 
taneurs ,  sent  le  boucquiu  en  la  sai-  oiseaux,  sont  les  poissons  volans  ;  et 
son  que  tes  boucs  sont  en  rut ,  con-  entre  les  autres  bestes  et  les  hommes, 
uersansauecteschéures,  ainsi  comme  sont  les  singes.  Les  corails  sont  plan- 
fait  le  bouc  viuant.  Ce  qui  démons-  tes  lapidifiées,  qui  produisent  racines 
tre  vne  grande  sympathie  et  har-  et  branches' 


monie  aux  choses  naturelles.  La  dis¬ 
position  seule  de  ces  bestes  peut  faire 
ceste  sympathie  et  similitude,  de  sen¬ 
tir  la  peau  du  mort ,  et  en  vn  autre 
viuant.  Parquoy  on  peut  dire,  que  la 
première  et  principale  cause  de  mal¬ 
sentir  est  en  Icelle  habitude  et  tem¬ 
pérament  du  corps  :  mais  l’accroisse¬ 
ment  de  la  cause  est  en  la  coïtion  et 
compagnie  de  leurs  femelles. 

L’onguent  rosat  et  eau  rose  per¬ 
dent  leur  forcent  odeur  au  temps  que 
les  roses  sont  en  fleur  et  vigueur, 
qu’ils  auoient  au  parauant  qu’ils  fus¬ 
sent  fleuries,  et  paruenues  à  perfec¬ 
tion  :  ce  qui  se  fait  par  vne  doleance 
mutuelle  de  nature  ,  qui  est  entre  h  s 
choses  qui  se  font  par  sympathie. 

Il  y  a  plusieurs  autres  antipathies 
et  sympathies  cachées ,  desquelles  la 
coniecture  et  pensée  de  l’humain  en¬ 
tendement  ne  peut  fureter  et  déclarer 
les  causes ,  ny  les  comprendre  :  car 
elles  gisent  enseiielies  en  l’obscurité 
de  nature ,  et  en  vne  maiesté  cachée. 
Au  moyen  dequoy  plustost  on  les  doit 
admirer, que  rechercher  sa  confusion  : 
car  elles  sont  seulement  conneuës  de 
l’incomprehensible  puissance  de  la 
grandeur  de  Dieu. 

Que  diray-ie  plus?  Entre  les  plantes 
et  les  animaux  sont  les  zoophytes, 
c’est-à  dire  ,  plante-bestes,  qui  ont 
sentiment  et  mouuernent,  tirans  leurs 
vies  par  leurs  racines  attachées  con¬ 
tre  les  pierres  comme  les  esponges. 
Entre  les  animaux  terrestres  et  aqua¬ 
tiques  sont  les  amphibies  :  comme 
sont  les  biéiire»,  louslres,  tortues, 
t'tutcfoi  (  tiscl'euluscii  i  cttiHphitif ,  et 


CHAPITRE  XXII. 


COMME  l’homme  EST  PLVS  EXCELLENT 

et  parfait  OVE  TOVTES  LES  BESTES 

ENSEMBLE. 

Maintenant  nous  viendrons  à  dé¬ 
duire  la  grande  excellence  de  l’hom¬ 
me  ,  et  que  ce  grand  Dieu ,  facteur 
de  rvuniuers  ,  est  grandement  à 
admirer ,  qui  n’a  point  attribué 
à  l’homme  certaines  commodités , 
comme  il  a  fait  aux  animaux ,  sça- 
chant  que  la  sapience  luy  pouuoit 
rendre  ce  que  la  condition  de  nature 
luy  auoit  dénié.  Car  encore  qu’il 
vienne  nud  sur  terre,  et  sans  aucunes 
armes  (  ce  qui  n’aduient  aux  bestes , 
qui  ont  cornes,  dents ,  ongles ,  griffes , 
poil,  plume,  et  escailles)  11  est  pour 
son  grand  profit  et  auantage  armé 
d’entendement ,  et  vestu  de  raison  , 
non  par  dehors  ,  mais  par  dedans  :  a 
mis  sa  defense,  non  au  corps,  mais  en 
l’esprit  :  de  sorte  qu’il  n'y  a  ny  gran¬ 
deur,  ny  force  des  bestes ,  ny  la  fer¬ 
meté  de  leurs  cornes,  ny  la  grande 
masse  de  chair  et  d’os  dequoy  ils 
sont  composés ,  qui  puisse  empescher 
qu’ils  ne  soient  domptés ,  ou  prins  et 
assuiettis  sous  la  puissance  et  autho- 
rité  de  l’homme.  Eu  luy  se  trouue  re¬ 
ligion  ,  lustico,  prudence,  pieté,  mo¬ 
destie  ,  clemence  ,  vaillance  ,  har- 

»  Go  deralei'  iiaiagraahû  est  enflore  «ntî 
«ddlilfrt  UB  158êt 


IK  LlViiî!  1) 

(liesse ,  foy ,  et  telles  vertus  bien 
autres  et  differentes  ,  qui  ne  sont 
trouuées  aux  animaux  ,  ce  qui  sera 
déclaré  présentement. 

Tout  ce  que  nous  auons  escrit  de 
la  nature  desbestes,  n’est  pour  don¬ 
ner  matière  aux  naturalistes ,  épicu¬ 
riens  et  atheistes ,  qui  sont  sans  Dieu, 
de  conclure  par  ces  raisons  qu'il  n’y 
a  point  de  différence  entre  les  hom¬ 
mes  et  les  bestes  :  mais  pour  mons- 
trer  à  l’homme  qu’il  n’a  matière  de 
se  glorifier  qu’en  Dieu.  Car  quelque 
chose  que  nous  ayons  dite  des  bestes 
et  de  l’homme ,  il  n’y  a  point  de  com 
paraison  de  luy  à  elles.  Car  l’homme 
tout  seul  a  en  soy  tout  ce  qui  peutes- 
tre  excellent  entre  tous  les  autres 
animaux  ,  et  est  plus  parfait  que  nul 
d’eux.  Car  puis  qu’il  a  esté  créé  à  l’i¬ 
mage  de  Dieu ,  il  n’est  possible ,  quél- 
que  abolition  qu’il  ait  en  luy  de 
ceste  image,  qu’il  n’y  en  soit  demeuré 
quelque  trait  et  rayon  de  la  puis¬ 
sance  ,  sagesse ,  et  bonté  de  Dieu  son 
créateur.  Etiaçoit  qu’il  soit  vne  créa¬ 
ture  fort  debile  et  foible ,  au  pris  de 
certains  animaux,  toutesfois  ils  n’ont 
puissance  ne  force  à  comparer  à  la 
sienne,  si  nous  en  voulons  parler  à  la 
vérité.  Car  Dieu  a  imprimé  en  luy  vn 
tel  caractère  de  sa  puissance ,  qu’il 
n’y  a  nul  de  tous  les  autres  animaux 
qui  ne  le  craignent ,  et  qui  ne  luy 
soient  suiets ,  et  contraints  de  luy 
obéir.  Et  nonobstant  qu’il  semble 
par  les  choses  deuant  dites ,  que  la 
raison  ait  esté  donnée  à  tous  ani¬ 
maux ,  toutesfois,  comme  dit  Lac- 
tance  ,  elle  a  esté  donnée  seulement 
pour  la  conserualion  de  leur  vie  cor¬ 
porelle  ,  mais  à  l’homme  pour  viure 
elernellement.  Et  pource  que  celle 
raison  est  parfaite  en  l’homme ,  elle 
est  comme  sapience  et  sagesse,  qui  le 
fait  excellent  en  ce ,  qu'à  luy  seul 


ES  \NIMAVX 

est  donné  à  entendre  les  choses  diui- 
nes  :  de  laquelle  chose  Cicéron  a  eu 
vraye  opinion,  disant,  qu’en  tous  les 
genres  et  especes  d’animaux  il  n’y  en 
a  aucun,  excepté  l’homme,  qui  ait 
connoissance  de  Dieu.  Et  luy  a  donné 
par  grande  excellence  raison,  et  la 
parolle,  et  les  mains  :  et  par  ces  trois 
prerogatiues ,  l’a  séparé  des  autres 
animaux ,  et  doué  d’vne  nature  plus 
singulière  que  pas  vne  des  autres 
créatures.  Il  a  trouué  premièrement 
par  raison  les  choses  plus  necessaires. 
Il  a  imposé  nom  à  toutes  choses,  in- 
uenté  les  lettres,  dressé  les  arts  mé¬ 
caniques  et  liberaux ,  iusques  à  me¬ 
surer  la  terre  et  la  mer,  réduire  par 
instruction  la  tres-ample  masse  du 
ciel ,  et  la  variété  et  distinction  des 
astres ,  et  i’entresuite  des  iours  et 
nuits,  mois  et  ans,  continuellement 
renaissans,  et  l’obseruation  du  cours 
des  estoilles,  et  leur  pouuoir  qu’elles 
ont  icy  bas.  il  a  escrit  les  loix ,  et  gé¬ 
néralement  forgé  tous  les  instrumens 
des  arts.  A  rédigé  par  escrit  les  mé¬ 
moires  et  spéculations  des  philoso¬ 
phes,  tellement  que  par  ce  moyen 
nous  pou  lions  maintenant  parler  et 
discourir  auec  Platon  ,  Aristote  et 
autres  anciens  auteurs. 


CHAPITRE  XXIII. 

l’ho.mme  a  le  cours  desaumé. 

Or  comme  l’homme  a  le  corps  dé¬ 
sarmé  ,  et  despouriieu  d’armes  ,  aussi 
a-il  l’ame  destituée  d’arts.  Et  en  re¬ 
compense  de  ce  qu’il  est  nud  et  dé¬ 
sarmé  ,  il  a  la  main  i ,  et  en  lieu  que 
son  ame  n’a  aucun  art,  il  a  la  raison 


Galien,  t.  de  iTsuparti  chap,  4.  —  A.  IV 


ÊT  DE  l’excellence  DE  l’hoMME. 


et  parolle  :  et  de  ces  trois  estant 
garni,  il  arme  son  corps,  le  couurant, 
et  remparant  en  toutes  choses,  et  en¬ 
richit  son  ame  de  tous  arts  et  scien¬ 
ces. 

Or  s’il  auoit  quelques  armes  natu¬ 
relles  ,  il  auroit  tousiours  celles-là 
seules  :  semblablement  si  de  nature  il 
sçauoit  quelque  art,  il  n’apprendroit 
iamais  les  autres.  Pource  donc  qu’il 
luy  ostoil  trop  meilleur  s’aider  de 
toutes  armes,  et  de  tous  arts,  Nature 
ne  luy  a  donné  ne  l’vn  ne  l'antre  ; 
parquoy  Aristote  dit  de  bonne  grâce,  j 
la  main  estre  l’instrument  qui  sur¬ 
passe  tous  autres  instrumens.  Et  sem¬ 
blablement  quelqu’vn ,  à  l’imitation 
d’Aristote,  pourroit  dire  :1a  raison 
estre  vn  art  qui  surmonte  tous  les 
arts.  Car  ainsi  que  la  main  est  instru¬ 
ment  plus  noble  que  tous  instru 
mens  ,  pource  qu’elle  les  peut  faire , 
manier,  et  mettre  en  besongne,  com¬ 
bien  qu’elle  ne  soit  aucun  des  instru¬ 
mens  particuliers  :  aussi  la  raison  et 
la  parolle  n’estant  aucun  art  particu¬ 
lier  ,  les  comprend  naturellement 
tous.  A  ceste  cause,  la  raison  est  vn 
art  qui  auance  tous  les  autres. 
L’homme  donc  seul  entre  tous  les 
animaux,  ayant  en  son  ame  vn  art 
pins  excellent  que  tous  autres,  à  sça- 
uoir  la  raison ,  à  bon  droit  possédé 
vn  instrument  plus  noble  que  tous 
autres  ,  sçauoir  la  main. 

Et'aiusi  l’homme,  animal  seul  diuin 
entre  tous  ceux  qui  sont  en  terre 
pour  toutes  armes  defensiues  a  les 
mains,  qui  luy  sontinstrumens  à  tous 
arts ,  et  non  moins  conuenables  en 
guerre  qu’en  paix.  Il  n’a  eu  besoin  de 
coi  nes  naturelles,  comme  le  taureau- 
ny  de  défenses  ,  comme  le  sangiiier, 
ny  d’ongles,  comme  le  chenal,  ny 
autres  armes,  ainsi  qu’ont  les  bestes  : 
car  il  peut  prendre  auec  ses  mains 


765 

des  armes  qui  sont  meilleures,  comme 
vne  pique ,  vne  espée ,  vne  hallebar¬ 
de,  vne  pertuisane,  qui  sont  armes 
plus  auanlageuses ,  qui  coupent  et 
percent  plus  aisément  que  les  cornes 
et  les  dents.  Il  n’a  eu  aussi  besoin  des 
ongles  comme  le  cheual,  car  vn  cail¬ 
lou  ou  vn  leuier  assènent  et  froissent 
mieux  qu’vn  ongle.  En  outre ,  on  ne 
se  peut  aider  de  la  corne  ou  de  l’on¬ 
gle  que  de  prés  ;  mais  les  hommes  se 
seruent  de  leurs  armes  de  prés  et  de 
loing,  comme  ci’ vne  harquebuse  et 
d’vne  fronde  et  fléché,  et  d’vn  leuier 
plus  commodément  que  d’vne  corne. 
Voire-mais,  dira  quelqu’vn,  le  lion  est 
plus  viste  et  leger  que  l’homme.  Eh 
bien,  que  s’ensuit-il  pour  cela?  L’hom¬ 
me  auec  sa  main  et  sa  sagesse,  qui 
aura  dompté  le  cheual,  animal  plus 
viste  que  le  lion,  maniant  le  cheual, 
il  chasse  et  poursuit  le  lion  .-  en  re¬ 
culant  et  fuyant  il  se  saune  de  deuant 
luy  :  estant  assis  sur  le  dos  du  che¬ 
ual,  comme  en  lieu  haut  et  reloué,  il 
choisit  et  frappe  ,  et  tue  le  lion  d’vn 
espieu  ou  d’vne  pertuisane ,  ou  d’vne 
pistole ,  ou  autre  arme  qu’il  voudra 
choisir.  Et  partant  l’homme  a  tous 
moyens  pour  se  defendre  des  autres 
animaux  :  il  ne  serernpare  point  seu¬ 
lement  d’vn  corcelet,  mais  d’vne  mai¬ 
son  ,  d’vne  tour  ou  rempart.  11  fait 
toutes  armes  auec  ses  mains  ;  il  our¬ 
dit  vn  habillement,  il  lance  et  tire  vn 
rets  et  vn  filet  à  peschcr,  et  fait  tou¬ 
tes  autres  choses  plus  commodément 
que  les  animaux,  et  par  la  puissance 
qu’il  a  eue  de  Dieu  son  créateur,  il 
domine  sus  les  animaux  qui  sont  en 
terre.  Il  charge  l’elephant  et  le  rend 
en  son  obéissance ,  mais  aussi  ceux 
qui  sont  en  la  mer,  comme  cest  hor¬ 
rible  monstre  et  grand,  la  balaine,  la 
tue  et  l’ameine  au  riuage.  Pareille¬ 
ment  ceux  qui  sont  en  l’air  :  car  le 


766 


le  LIVBE  DES  ANIM4VX 


Yol  ne  saune  l’aigle  du  trait  de  1  liotn* 
me,  combien  que  de  loing  il  lelte  sa 
Yeuë.  Et  pour  le  dire  en  vn  mot,  il  ne 
se  trouue  beste,  tant  soit-elle  armée 
de  forces  de  corps  ou  pourueuë  de 
sens ,  que  l’homme  ne  vienne  au  des¬ 
sus.  Ce  qui  est  prouué  par  le  grand 
poëte  diuin,  quand  il  dit  ‘  : 

Regner  le  fais  sur  les  œuures  tants  belles 
De  tes  deux  mains  comme  Seigneur  d’icelles  : 
Tu  as  de  vray  sans  quelque  exception , 

Mis  sous  ses  pieds  tout  en  subiection. 


plus  excellente  perfection  que  tout  le 
reste,  à  cause  des  grâces  qu’il  luy  u 
données.  Quelques  sages  d’Egypte  ap- 
pellerent  l’homme  Dieu  terrestre, 
animal  diuin  et  celeste,  messager  des 
dieux,  seigneurs  des  choses  inferieu¬ 
res,  familier  des  supérieures,  et  fina¬ 
lement  miracle  de  nature. 


CHAPITRE  XXV. 

LA  CAVSE  POVRQVOY  LES  HOMMES  NE 
PBPftAftF.NT  COMME  LES  ANIMAVX. 


CHAPITRE  XXIV. 

COMME  DIEV  s’eST  monstre  ADMIRABLE 

EN  LA  CREATION  DE  l’HOMME. 

Dieu  s’est  monstré  admirable  et  ex¬ 
cellent  en  la  création  de  l’homme,  et 
en  sa  prouidence  autour  dlceluy. 
Car  il  ne  l’a  manifesté  si  grande  aux 
bestes  brutes,  lesquelles  il  n’a  créées 
sinon  que  pour  seruir  l’homme.  Nous 
pouuons  bien  estimer  combien  elle 
est  plus  grande  autour  des  hommes, 
et  quel  soin  il  en  a  d’auantage,  et  de 
quels  dons  il  les  a  doüés  plus  que  les 
bestes  brutes,  veu  qu’il  les  a  créés  les 
plus  excellens  de  tous  les  animaux. 
Et  comme  son  chef-d’œuure  entre  ] 
iceux ,  il  a  voulu  faire  reluire  son 
image  comme  vne  image  de  sa  majes¬ 
té  diiiine,  incompréhensible  à  l’esprit 
humain.  Parquoy  il  n’a  pas  esté  sans 
bonne  cause  appellé  d’aucuns  anciens 
Petit  monde,  à  raison  qu’en  iceluy, 
comme  au  grand  monde,  toutes  cho¬ 
ses  reluisent  ^  par  la  puissance,  bonté 
et  sagesse  de  Dieu.  Dieu  créant 
l’homme  a  fait  vn  chef-d’œuure  d’vne 

*  Pseau.  8. —  A.  P. 

2  Le  chapitre  se  terminait  là  en  1679  ;  le 
reste  est  de  1686. 


La  cause  pourquoy  les  hommes 
n’ont  tel  sentiment  pour  apperceuoir 
la  mulation  du  temps,  c’est  parce 
qu’ils  ont, prudence  naturelle,  par  la¬ 
quelle  ils  iugent  des  choses  par  cer¬ 
tain  iugeraent.  Ils  ne  suiuenl  pas  la 
disposition  de  l’air  et  du  temps, comme 
les  bestes  :  et  pource  ils  pourront  es- 
tre  ioyeux  en  temps  trouble  et  tem- 
pestueux ,  tristes  en  beau  temps  et 

clair,  selon  leurs  appréhensions  et  af¬ 
fections  qu’ils  auront  selon  leurs  af¬ 
faires.  Mais  les  bestes  sont  esmeuës  à 
ioye  ou  à  tristesse,  non  pas  par  iuge- 
ment  qu’elles  ayent  comme  les  hom¬ 
mes,  mais  selon  que  le  temps  est  pro¬ 
pre  ou  mal  conuenable  à  leurs  corps, 
et  selon  que  maintenant  il  se  relas - 
che  et  ouure  en  elles  ce  qui  estoit 
auparauant  clos  et  serré  en  leurs 
corps  ;  et  par  ainsi  elles  suiuent  la 
disposition  de  l’air  et  du  temps,  et 
donnent  signe  de  ce  qu’elles  en  sen¬ 
tent. 

Et  quant  à  ce  que  les  hommes  em¬ 
pruntent  la  voix  dos  bestes,  cela  n’est 
pas  au  deshonneur  des  hommes,  mais 
à  leur  grand  honneur  ;  car  ils  sont  à 
I  préférer  aux  bestes,  en  ce  qu’ils  peu- 
1  lient  contrefaire  toutes  voix. 


ET  DE  l’excellence  DE  l’HOMME. 


tu  glîipissenl  comme  Regnards , 

Ils  miaullcnt  comme  les  ChaU , 

Ils  grongnent  comme  Pourceaux  , 

Us  mugissent  comme  Taureaux, 

Us  muglcnt  comme  Haleines  , 

Ils  hanissent  comme  Chenaux, 

Us  croüaillent  comme  Corbeaux , 

Us  gringotlcnt  comme  Rossignols , 

Us  hurlent  comme  les  Loups, 

Us  gémissent  comme  les  Ours , 

Us  rugissent  comme  Lions , 

Us  gresillonnent  comme  Grillons , 

Us  caquettent  comme  Cicongnes , 

Us  coqueliquent  comme  les  Coqs, 

Us  Gloussent  comme  tes  Poulies , 

Ils  piolcnt  comme  Poullets, 

Ils  cageollent  comme  les  Gays , 

Ils  cacabent  comme  Perdris, 

Us  baricquent  comme  Elephanis  '  , 

Us  jargonnent  comme  les  lars , 

Us  raucoulent  comme  Colombes, 

Ils  brament  comme  les  Cerfs , 

Us  trompettent  comme  les  Grues , 

Ils  puputent  comme  les  Huppes , 

Us  gazouillent  comme  Hirondelles, 

Us  brayent  comme  les  Asnes , 

Us  bcllenl  comme  les  Chéures, 

Us  sifflent  comme  Serpens , 

Us  huyenl  comme  Millans , 

Us  coaxent  comme  Gienoüillcs, 

Ils  clabaudent  comme  Limiers , 

Us  claquetent  comme  Cigalles , 

Us  bourdonnent  comme  les  Mousches , 

Us  abbiyent  comme  les  Chiens, 

Us  crocaillent  comme  les  Cailles 

Le  seigneur  du  Bartas  au  c'nquiéme  1 
our  de  la  sepinaine  contrefait  le  chant 
de  l’alouette  chantant, ïtre,  Ure.aiire, 
et  tirelivant  tire,  adieu,  adieu,  adieu, 
adieu  •*. 

Et  pour  le  dire  en  vn  mot,  les  hom¬ 
mes  contrefont  toutes  voix  des  aui- 

1  Ces  deux  lignes  ont  été  ajoutées  en  1585. 

a  Celte  ligne  est  également  une  addition 
faite  en  1585. 

3  Voilà  le  seul  paragraphe  qui  ne  se  lise 
ni  en  1579  ni  en  1585  ;  il  ne  date  que  de  la 
première  édition  posthume  en  1598. 


767 

maux.  Et  quant  à  ce  que  les  oiseaux 
chantent,  ce  n’est  rien  au  prix  des 
Musiciens ,  lesquels  resonnans  en¬ 
semble,  font  vne  voix  fort  mélodieuse 
et  plaisante  à  ouyr,  voire  aux  oreilles 
des  Boys  et  Princes,  et  plus  harmo¬ 
nieuse  sans  comparaison  que  tous  les 
oiseaux  ne  sçauroient  faire  ensem¬ 
ble. 

D’auantage ,  l’homme  appriuoise , 
non  seulement  les  bestes  domesti¬ 
ques,  mais  aussi  les  saunages  et  les 
plus  estranges  de  toutes  ,  comme  les 
éléphants,  lions,  ours,  tigres,  léo¬ 
pards,  panthères,  crocodiles  et  autres. 
Plutarque  le  tesmoigne  des  crocodi¬ 
les,  qui  toutesfois  sont  les  besles  plus 
inhumaines  et  cruelles  qu’on  puisse 
trouuer. 

«  LesCrocodilles,  dit-il,  ne  connois- 
sent  pas  tant  seulement  la  voix  des 
hommes  qui  les  appellent,  mais  aussi 
souffrent  qu’ils  les  manient  :  et  qui 
plus  est ,  ouurent  fort  la  gueulle ,  et 
leur  baillent  leurs  dents  à  curer  de 
leurs  mains ,  et  les  essuyer  d’ vne  ser- 
uiette.  » 

El  combien  que  N ature  ait  appris  aux 
bestes  la  science  de  Medecine ,  toutes¬ 
fois  c’est  bien  peu  de  chose  de  tout 
ce  qu’elles  en  sçauent,  au  prix  de  ce 
qu’vn  homme  seul  en  peut  sçauoir, 
pour  peu  qu’il  ail  esludié  eu  Mede¬ 
cine,  et  pour  peu  qu’il  en  puisse  auoir 
d’expérience.  Il  est  vray  qu’elles  n’ap¬ 
prennent  pas  des  hommes  leurs  mé¬ 
decines  ,  d’autant  qu’elles  n’ont  l’en¬ 
tendement  comme  les  hommes.  Or  ce 
qui  est  escrit  des  Eléphants  ,  qui  ont 
quelque  religion,  c’est  qu’ils  n’ont  pas 
adoré  le  Soleil  et  la  Lune ,  comme 
ayant  la  connoissance  de  Dieu ,  la¬ 
quelle  il  a  mise  au  cœur  des  hommes 
autrement  qu’elle  n’est  pas  és  bestes 
,  brutes.  Car,  à  parler  proprement, 
1  les  bestes  n’ont  aucune  connoissance 


•jôâ  Liî  tivnr, 

do  Dieu  qui  procédé  de  quelque  lu¬ 
mière  et  l’iiison ,  qui  leur  soit  don¬ 
née  pour  estre  capables  de  telle  con- 
noissance ,  laquelle  a  esté  baillée  au 
seul  homme.  Car  combien  que  l’Ele- 
phant  se  tourne  vers  le  Soleil,  et  qu’il 
semble  qu’il  l’adore,  si  l’adore -il 
point  par  intelligence,  ny  foy,  ny  par 
raison  qu’il  aye  que  le  Soleil  soit  leur 
Dieu ,  et  qu’ils  soient  tenus  de  lui 
porter  honneur  et  reuerence  :  mais  le 
font  par  vn  instinct  et  mouuement  de 
Nature,  selon  qu’ils  se  trouuent  dis¬ 
posés  naturellement  par  la  conuc- 
nance  que  le  Soleil  a  auec  leur  nature, 
et  par  le  bien  qu’ils  en  sentent ,  sans 
penser  neanmoins  à  ce  qu’ils  font , 
sinon  ainsi  que  Nature  les  pousse  , 
sans  religion  qui  soit  en  eux.  Et  pour¬ 
tant  lorsque  nous  leur  attribuons  re¬ 
ligion  ,  nous  ne  la  prenons  pas  en  sa 
propre  signiflcation  ,  mais  par  vne 
maniéré  de  dire  ,  et  par  abusion  de 
langage ,  et  par  comparaison,  à  cause 
de  la  similitude  et  façon  de  faire 
qu’ont  les  Eléphants. 


CHAPITRE  XXVI. 
l’uommë  a  la  dextetrité  d'apprendre 

ÏOVTES  LANGVES. 

Nous  voyons  l’homme  auoir  telle 
dextérité,  qu’il  ne  sçait  seulement  pas 
apprendre  les  diuers  langages  qui 
sont  entre  ceux  de  son  espece,  mais 
aussi  apprend  ceux  des  oiseaux  :  ce 
qu’on  voit  par  expérience  d’aucuns 
bons  compagnons,  qui  contrefont 
tous  chants  des  oiseaux ,  et  la  voix  de 
toutes  besles ,  comme  nous  auons  dit 
cy  dessus,  et  entendent  le  jargon  de 
plusieurs  autres  animaux. 

Et  pour  vérifier  cecy,  Apollonius, 


DES  ANIiU.U'X 

philosophe ,  qui  estoit  excellent  eu 
ceste science,  vniour  estant  en  vne 
grande  compagnie  de  ses  amis  où  il 
regardoit  des  passereaux  qui  estoient 
branchés  sur  vn  arbre,  ausqucls  il 
vint  vn  autre  d’ailleurs,  qui  com¬ 
mença  ù  gazouiller  au  millieu  d’eux, 
puis  s’en  va ,  et  tous  les  autres  le  sui- 
uirent:  Apollonius  ayant  veu  cela  (et 
tons  ceux  qui  estoient  auec  luy)  disl  ; 
Ce  passereau  a  annoncé  à  ses  compa  • 
gnons  qu’vn  asne  chargé  de  forment 
estoit  tombé  prés  la  porte  de  la  ville, 
et  que  le  bled  estoit  versé  en  terre.  Et 
ceux  qui  ouvrent  cela , voulurent  ex¬ 
périmenter  s’il  disoit  vray,  et  allèrent 
sur  les  lieux  ,  où  trouuerent  la  chose 
comme  il  auoit  dit,et  quant-et-quant 
les  passereaux ,  qui  estoient  venus 
pour  manger  le  bled. 

Or  quant  aux  Corbeaux ,  Pies  et 
autres  oiseaux  ,  qui  parlent  pour  des- 
guiser  leur  ramage,  et  leur  gazouil¬ 
lement,  et  sifflement ,  et  son  de  voix 
humaine ,  ils  ont  bien  tost  dit  tout  ce 
qu’ils  sçauent ,  et  qu’ils  ont  appris  de 
longtemps.  Et  quoy  qu’ils  sçaehent 
gazouiller,  ils  demeurent  tousiours 
bestes  brutes  sans  raison.  Mais  à 
l’homme,  la  raison  luy  a  esté  donnée 
naturellement  de  monter  plus  haut 
que  celle  des  bestes,  de,sirant  tousiours 
sçauoir,  et  ne  se  contentant  point  seu¬ 
lement  d’auoir  la  connoissance  des 
choses  qui  appartiennent  à  la  vie  pré¬ 
senté  :  mais  s’enquiert  des  choses  plus 
hautes,  et  des  celestes  et  diuines  :  qui 
est  vn  certain  argument  que  la  na¬ 
ture  de  I  homme,  et  l’ame  qui  luy  est 
donnée ,  est  bien  differente  à  celle  des 
autres  animaux ,  laquelle  ne  peut  nul¬ 
lement  estre  conneuë.  l.’Homme  a  en 
son  ame  trois  principales  puissances 
nécessairement  concurrentes  ù  toute 
loiiable  et  vertueuse  action  ;  à  sçauoir 
rentendement,  la  volonté,  et  la  me- 


lir  ÜK  l'exCKLLENCE  de  LlIOflIME. 


7^9 


rnoii’o  :  vne  pom’  comprendre  ce  qu’il 
faut  faire,  l’autre  pour  l’executer:  et 
la  mémoire ,  comme  tidele  tutrice  , 
qui  garde  ce  qui  a  esté  conclud  et 
arresté  en  l’entendement.  Aucuns 
philosophes  l’ont  appelée  lethresor  de 
science ,  d’autant  qu’elle  est  comme 
va  cabinet  auquel  est  gardé  ce  que 
nous  apprenons  et  voyons.  Ces  puis¬ 
sances  et  perfections  sont  grâces  sin¬ 
gulières,  et  dons  spéciaux,  prouenans 
de  la  sagesse  diuine  du  sainct  Esprit, 
qui  ne  sont  données  aux  besles  :  les¬ 
quelles  puissances  seront  cy  après 
plus  amplement  déclarées  au  Liurc 
de  la  Génération^  parlant  des  Facultés 
de  Faîne. 

Et  pour  conclusion ,  l’Homme  est 
ingénieux,  sage ,  subtil ,  memoratif , 
plein  de  conseil ,  excellent  en  condi¬ 


tion,  qui  a  esté  fait  du  souuerain 
Dieu,  et  luy  seul  entre  tous  les  ani¬ 
maux  a  esté  orné  de  raison  et  d’intel¬ 
ligence,  de  laquelle  tous  animaux  ont 
esté  priués  :  et  en  luy  reuit  vne  image 
de  l’essence  diuine ,  qui  ne  se  trouue 
en  nulle  autre  créature  *, 

Semence  d’JEuripide^. 

L’homme  a  bien  peu  de  force  corporelle, 
Mais  sa  prudence  et  raison  naturelle 
Ya  iusqu’au  fond  de  la  mer  captiuant  : 

Sur  terre  aussi  s’estend  iusqu’aux  especes, 
Où  plus  y  a  de  ruses  et  finesses. 


1  Ce  paragraphe  est  de  1585. 

2  Le^vers  qui  suivent  se  lisaient  déjà  en 
1579,  mais  sans  ce  litre,  et  de  plus  ils  ne 
présentaient  pas  un  rhythme  régulier;  ils 
ont  été  arrangés  ainsi  en  1585. 


iir. 


49 


APPENDICE 


AV 

LIVRE  DES  MONSTRES*. 


CHAPITRE  I. 

DES  MONSTRES  MARINS.  ^ 

Il  ne  fatit  douter  qu’ainsi  qu’on 
voit  plusieurs  monstres  d’animaux  de 

I  Le  travail  qu’on  va  lire  faisait  suite, 
dans  toutes  les  éditions  de  Paré,  au  livre  des 
Monstres  ;  j’ai  exposé  ailleurs  (voyez  ci-de¬ 
vant  page  1  )  pour  quelles  raisons  j’avais 
jugé  à  propos  de  l’en  séparer.  Il  faut  dire  ici 
un  mot  de  sa  composition. 

Dans  les  deux  hures  de  Chirurgie  de  1573, 
il  constituait  le  32“  chapitre  du  livre  des 
Monstres;  et  tandis  que  les  31  premiers 
chapitres  étaient  rangés  sous  ce  titre  cou- 
rant  :  des  Monstres  terrestres,  il  portait  ce 
titre  courant  spécial  :  des  Monstres  marins. 
En  effet,  il  ne  s’y  agissait  encore  que  des 
animaux  vrais  ou  fabuleux  que  l’on  disait 
vivre  dans  les  eaux,  à  part  cependant  qua¬ 
tre  petits  articles  sur  l’autruche ,  l’oiseau 
de  paradis,  le  rhinocéros  et  le  caméléon,  qui 
terminaient  le  chapitre  et  le  livre. 

En  1575,  il  y  eut  peu  de  chose  de  changé; 
c’était  toujours  un  chapitre  unique,  inti¬ 
tulé  :  des  Monstres  marins ,  avec  l’histoire 
des  quatre  animaux  indiqués  en  dernier 
lieu.  Mais  en  1579,  avec  l’histoire  de  l’autru¬ 
che  et  de  l’oiseau  de  paradis,  à  laquelle  il 
ajouta  deux  autres  articles.  Paré  constitua 
un  deuxième  chapitre  intitulé  :  des  Mons¬ 
tres  volatiles  ;  avec  l’histoire  du  rhinocéros 


diuersô  façon  sus  la  terre,  aussi  qu’il 
n’en  soit  en  la  mer  d’estrange  sorte  ; 
desquels  les  vns  sont  hommes  depuis 
la  ceinture  en  haut,  nommés  Tritons, 
les  autres  femmes,  nommées  Serenes, 
qui  sontcouuerts  d’escailles,  ainsique 

et  du  caméléon,  augmentée  de  bon  nombre 
"  d’autres ,  il  fit  un  troisième  chapitre  qui 
reprit  l’ancien  titre  des  Monstres  terrestres  ; 
le  tout  couronné  par  un  quatrième  consacré 
aux  Monstres  celesies.  En  1582  et  1585,  il 
reprit  les  histoires  des  monstres  à  cornes 
pour  les  transplanter  dans  le  Discours  de  ta 
licorne  al  le  livre  des  Venins-,  mais  il  ajouta 
un  dernier  chapitre  sans  titre,  et  qui  n’est 
véritablement  que  la  suite  du  quatrième,  tel 
qu’il  avait  été  conçu  en  1579. 

Il  n’y  a  pas  dans  tout  ceci  un  mot  qui  ait 
trait  directement  à  la  médecine  ou  à  la  chi¬ 
rurgie  ,  sauf  deux  ou  trois  annonces  de  ver¬ 
tus  fabuleuses  attribuées  à  certains  ani¬ 
maux.  Aussi  me  suis-je  peu  occupé  de 
rechercher  les  sources  où  avait  puisé  l’au¬ 
teur  ;  il  les  annonce  d’ailleurs  lui-même  pres¬ 
que  à  chaque  article.  Il  y  avait  une  grande 
quantité  de  figures  d’animaux,  les  uns  pure¬ 
ment  imaginaires ,  les  autres  qui  représen¬ 
tent  peut-être  des  êtres  réels,  mais  grossiè¬ 
rement  défigurés  ;  quelques  uns  enfin  assez 
bien  tracés  d’après  nature.  J’ai  tout  retran¬ 
ché,  à  l’exception  de  la  figure  d’uii  sque¬ 
lette  d’autruche  préparé  par  Paré  lui-rnéme. 
J’ai  dù  en  conséquence  éliminer  du  texte 


APPENDICE  AV 
(ïescrit  Pline  sans  loutesfois  que  les 
raisons  lesquelles  auons  alléguées  par 
cy-deuant ,  de  la  commixtion  et  mes- 
lange  de  semence  2,  puissent  seruir  à 
la  naissance  de  tels  monstres.  D’a- 
uanlage  on  voit  dans  des  pierres  et 
plantes  ,  efligies  d’hommes  et  autres 
animaux  ,  et  de  raison  il  n’y  en  a  au¬ 
cune,  fors  de  dire  que  Nature  se  ioüe 
en  sesœuures. 

Fn  triton  et  vne  serene  vêtis  sur  le  JVil. 

Du  temps  que  Mena  estoitgouuer- 
neur  d’Egypte ,  se  proumenant  du 
matin  sus  lariuedu  Nil,  vil  sortir  vn 
homme  hors  de  l’eau  iusques  à  la 
ceinture,  la  face  graue,  la  cheueleure 
iaune,  entremeslée  de  quelques  che-  1 
ueux  gris,  l’estomach,  dos,  et  les  bras 
bien  formés,  et  le  reste  de  poisson.  Le 
tiers  iour  d’après,  vers  le  point  du 
iour,  vn  autre  monstre  apparut  aussi 
hors  de  l’eau  auecques  vn  visage  de 
femme  :  car  la  douceur  de  la  face,  les 
longs  cheueux  ,  et  les  mammelles  le 
monstroient  assez  :  et  demeurèrent  si 
longtemps  dessus  l’eau ,  que  tous  ceux 
de  la  ville  les  virent  l’un  et  l’autre  à 
leur  aise. 

Monstre  marin  ayant  la  teste  d’vn  Moyne, 
armé  et  couvert  d’escailles  de  poisson. 

Rondelet,  en  sonliure  des  Poissons, 
escrit,  qu’on  a  veu  vn  monstre  marin 
en  la  mer  de  Norwege ,  lequel  si  tost 

ces  fréquents  renvois:  comme  tu  vois  parceste 
figure;  la  figure  dmptel  l'est  icy figurée-,  et  j’ai 
pris  seulement  aux  titres  des  figures  de  quoi 
marquer  chaque  article  d’un  titre  spécial, 
en  n’ajoutant  cependant  en  aucune  manière 
au  texte  de  mon  auteur. 

'  Pline  9.  llu.  de  son  Histoire  naturelle.  — 
A.  P. 

2  Voyez  le  chapitre  20  du  livre  des  Mons¬ 
tres,  cl-devanl  page  43. 


771 

qu’il  fut  pris,  chacun  lui  donna  le 
nom  de  Moyne,  et  estoit  tel. 

Monstre  marin  ressemblant  à  vn  Euesque 
vestu  de  ses  habits  pontificaux. 

Vn  autre  monstre  descrit  par  ledit 
Rondelet ,  en  façon  d’vn  Euesque  , 
vestu  d’escaille,  ayant  sa  mitre  et  ses 
ornemens  pontificaux ,  lequel  a  esté 
veu  en  Polongne,  mil  cinq  cens  trente 
et  vn,  comme  descrit  Gesnerus. 

Monstre  marin  ayant  la  teste  d’vn  Ours  et  les 
bras  d’vn  Singe. 

Hieronymus  Cardanus  enuoya  ce 
monstre  icy  à  Gesnerus,  lequel  auoit 
la  leste  semblable  à  vn  ours,  les  braset 
mains quasicommevn  singe,  et  le  reste 
d’vn  poisson  :  et  fut  trouuéenMacerie. 

Lion  marin  couvert  d’escailles. 

En  la  mer  Tyrrhene ,  prés  la  ville 
de  Castre,  futprins  ce  monstre,  ayant 
la  forme  d’vn  lion  couuert  d’escaiiles, 
lequel  fut  présenté  à  Marcel  ',  pour 
lors  Euesque,  lequel  après  la  mort 
du  Pape  Paul  troisième  succéda  au 
Papat.  Iceluy  Lion  iettoit  vne  voix 
semblable  à  celle  d’vn  homme  ;  et 
auec  grande  admiration  fut  amené 
en  la  ville ,  et  tost  après  mourut , 
ayant  perdu  son  lieu  naturel  ;  comme 
nous  tesmoigne  Philippe  Forestus,  au 
liure  3.  de  ses  Chroniques. 

Monstre  marin  ayant  figure  humaine. 

L’an  mil  cinq  cens  vingt  trois,  le 
troisième  iour  do  nouembre  ,  fut  veu 
ce  monstre  marin  à  Rome,  de  la  gran¬ 
deur  d’vn  enfant  de  cinq  ou  six  ans  , 

1  Ceci  est  le  texte  de  1585,  suivi  par  le.s  édi¬ 
tions  postérieures;  les  précédentes  disaient  : 
à  Martinus. 


LIVRE  DES  MONSTRES. 


ayant  la  partie  supérieure  humaine 
iusques  au  nombril,  hors  mis  les  oreil¬ 
les,  et  l’inferieure  semblable  à  un 
poisson. 

F n  Diable  de  mer. 

Gesnerus  fait  mention  de  ce  mons¬ 
tre  marin,  dont  il  auoit  recouuert  le 
portrait  d’vn  peintre  qui  l’auoit  veu 
en  Anuers  au  naturel,  ayant  la  teste 
fort  furieuse,  auec  deux  cornes,  et 
longues  oreilles ,  et  tout  le  reste  du 
corps  d’vn  poisson ,  hors  les  bras  qui 
approchoient  du  naturel  ;  lequel  fut 
pris  en  la  mer  Illyrique,  se  iettant 
hors  du  riuage  ,  taschant  à  prendre 
vn  petit  enfant  qui  estoit  prés  d’ice- 
luy ,  et  estant  poursuiui  de  prés  des 
mariniers  qui  l’avoient  apperceu,  fut 
blessé  de  coups  de  pierres,  et  peu 
après  vint  mourir  au  bord  de  l’eau. 

Vn  Chenal  de  mer. 

Ce  monstre  marin  ayant  la  teste,  et 
les  crins,  et  le  deuant  d’vn  Cheual , 
fut  veu  en  la  mer  Oceane  :  la  figure 
duquel  fut  apportée  à  Rome,  au  Pape 
pour  lors  régnant. 

V a  Veau  marin. 

Olaus  Magnus  dit  auoir  eu  ce  mons¬ 
tre  marin  d’vn  Gentil-homme  An- 
glois:  et  auoit  esté  pris  prés  le  riuage 
de  Bergue,  lequel  ordinairement  y 
habitoit.  Encore  de  n’agueres  on  en 
fil  présent  d’vn  semblable  au  Royde- 
funct  *,  qu’il  fit  nourrir  assez  long¬ 
temps  à  Fontainebleau,  lequel  sortait 

^  Charles  9.  Roy  de  France.  —  A.  P. _ 

Cette  fois  Paré  parle  d’un  animal  qu’il  a  vu  ; 
aussi  la  figure  qu’il  en  donnait  représentait 
fort  exactement  un  phoque.  J’ai  jugé  toute¬ 
fois  inutile  de  la  reproduire. 


soutient  hors  de  l’eau,  puis  s’y  remet- 
toil 

Truie  marine. 

Ce  monstre  marin ,  comme  dit 
Olaus ,  fut  veu  en  la  mer,  prés  l’isle 
deThylen,  située  vers  le  Septentrion, 
l’an  de  grâce  mil  cinq  cens  trente 
huit,  de  grandeur  presque  incroya¬ 
ble,  à  sçauoir  de  soixante  et  douze 
pieds  de  longueur ,  et  quatorze  pieds 
de  hauteur,  ayant  distance  entre  les 
deux  yeux  de  sept  pieds  ou  enuiron  : 
son  foye  estoit  si  grand  qu’on  en  rem¬ 
plit  cinq  tonneaux,  la  teste  semblable 
à  vue  Truie,  ayant  vn  croissant  si¬ 
tué  sus  le  dos ,  au  milieu  de  chaque 
coslé  du  corps  trois  yeux,  et  le  reste 
tout  couuert  d’escailles. 

Poisson  nommé  Orobon^. 

Les  Arabes  habitans  le  mont  Ma- 
zouan  ,  qui  est  le  long  de  la  Mer- 
Rouge,  viuent  ordinairement  d’vn 
poisson  nommé  Orobon ,  grand  de 
neuf  à  dix  pieds,  et  large  selon  la  pro- 
portion  de  sa  grandeur,  ayant  escail- 
les  faites  comme  celles  du  Crocodile. 
Icelny  est  raerueilleusemeiit  furieux 
conlre  les  autres  poissons.  André 
Theuet  en  fait  assez  ample  déclara¬ 
tion  en  sa  Cosmographie. 

Des  Crocodiles  3. 

Le  Crocodile,  comme escrit Aristote 

‘  Il  y  avait  ici ,  dans  les  éditions  de  1573 
et  1575,  l’instüirc  et  la  figure  d’ra  sumjlicr 
marin.  Mais  en  1583,  Paré  la  transporta  dans 
son  Discours  de  la  licorne,  où  elle  est  restée 
dans  Icsédiiions  suivantes. 

“  Ici  SC  trouvait,  dans  les  éditions  de  1573 
à  1575,  l’histoire  et  la  figure  d'vn  éléphant  de 
mer;  Paré  les  a  transportées  en  1583  dans 
son  Discours  de  la  Licorne. 

^  Cet  article  a  été  ajouté  en  1579. 


AV  IIVRE  DES  MO^STHF.S. 


és  liiiros  (le  VH isloîre  et  parties  des  ani- 
manx  ,  est  vn  grand  animal  long  de 
quinze  concilies.  Il  n’engendre  point 
vn  animal ,  mais  des  œufs  ,  non  plus 
gros  que  ceux  d’oye  ;  il  en  fait  soixante 
au  plus.  Il  vit  longtemps  ,  et  d’vn  si 
petit  commencement  sort  vn  si  grand 
animal  :  car  les  petits  esclos  sont 
proportionnés  ù  l’œuf.  Il  a  la  langue 
si  empeschée  qu’il  semble  n’en  auoir 
point ,  qui  est  cause  qu’il  vit  partie 
en  terre ,  partie  en  eau  :  comme  es¬ 
tant  terrestre ,  elle  luy  tient  lieu  de 
langue,  et  comme  estant  aquatique, 
il  est  sans  langue. Car  les  poissons,  ou 
ils  n’ont  point  du  tout  de  langue,  ou 
ils  l’ont  fort  liée  et  empeschée.  Le 
seul  Crocodile  entre  toutes  bestes ,  ! 
remue  la  mâchoire  de  dessus  :  celle 
de  dessous  demeure  ferme,  parce  que 
les  pieds  ne  luy  peuuent  seruir  à 
prendre  ny  retenir  L  II  a  les  yeux 
comme  vn  pourceau,  les  dents  lon¬ 
gues  qui  luy  sortent  hors  la  gueulle, 
les  ongles  fort  pointus  ,  le  cuir  si  dur 
qu’il  n’y  alléché  ne  trait  qui  le  sceust 
percer.  On  fait  vn  médicament  du 
Crocodile  nommé  Crocodilée  ,  contre 
les  suffusions  et  cataractes  des  yeux  : 
il  guarit  les  lentilles,  taches  et  bour¬ 
geons  qui  viennent  à  la  face.  Son  fnd 
est  bon  contre  les  cataractes  appliqué 
és  yeux  :  le  sang  appliqué  és  yeux 
clarifie  la  veuë. 

Theuet,  en  sa  Cosmographie,  tora.  1. 
chap.  8.  dit  qu’ils  habitent  és  fontai¬ 
nes  du  Nil,  ou  en  vn  lac  qui  sort  des¬ 
dites  fontaines ,  et  dit  en  auoir  veu 
vn  qui  auoit  six  eniambées  de  long, 
ef  plus  de  trois  grands  pieds  de  large 
sur  le  dos,  tellement  que  le  seul  re¬ 
gard  en  est  hideux.  La  maniéré  de 
les  prendre  est  telle.  Subit  que  les 

»  Le  perroquel  remue  son  bec  dessus  et 
dessous. —  A.  P. 


773 

Egyptiens  et  Arabes  voyent  que 
l’eau  du  Nil  deuient  petite  ,  ils  lan¬ 
cent  vne  longue  corde,  au  bout  de 
laquelle  y  a  vn  hameçon  de  fer  assez 
gros  et  large,  pesant  enuiron  trois 
Hures,  auquel  ils  attachent  vne  piece 
de  chair  de  chameau  ,  ou  d’autre 
beste  :  et  lors  que  le  Crocodile  apper  - 
çoit  la  proye,  il  ne  faut  à  se  ietter  des¬ 
sus  .  et  l’engloutir  :  et  estant  l’hame¬ 
çon  auallé  bien  auant,  se  sentant  pi¬ 
qué,  il  y  a  plaisir  à  luy  voir  faire  des 
sauts  en  l’air,  et  dedans  l’eau.  Et 
quand  il  est  pris ,  ces  barbares  loti¬ 
rent  peu  à  peu  iusques  prés  le  bord 
de  la  riue,  ayant  posé  le  cordeau  des¬ 
sus  vn  palmier  ou  autre  arbre ,  et 
ainsi  le  suspendent  quelque  peu  en 
l’air,  de  peur  qu’il  ne  se  ielte  contre 
eux  et  ne  les  deuore.  Ils  luy  donnent 
plusieurs  coups  de  leuier,  l’assom¬ 
ment  et  tuent ,  puis  l’escorchent ,  et 
en  mangent  la  chair  qu’ils  trouuent 
tres-bonne. 

lean  de  Lery,  au  chapitre  10.  de 
son  Histoire  de  la  terre  du  Brésil ,  dit 
que  les  sauuages  mangent  les  Croco  • 
diles,  et  qu’il  en  a  veu  apporter  de 
petits  aux  sauuages  tous  en  vie  en 
leurs  maisons,  à  l’entour  desquels 
leurs  petits  enfans  se  ioüent ,  sans 
qu’ils  leur  facent  aucun  mal. 

Deux  poissons,  Vvn  comme  vne  panache,  ci 
l’autre  comme  vne  grappe  de  raisin  L 

Rondelet  en  son  liure  des  poissons 
insectes ,  c’est-à-dire  qui  sont  de  na¬ 
ture  moyenne  entre  les  plantes  et 
animaux,  baille  ces  deux  figurc.s, 
r  vne  appellée  Panache  de  mer,  par  ce 
qu’elle  représente  les  panaches  qu’on 
porte  aux  chapeaux  :  les  pescheurs 
pour  la  similitude  qu’elle  a  au  bout 
du  membre  viril,  l’appellent  Vil- 

‘  Article  ajouté  en  1579. 


774 


A  PP  EN  1)  IC  K 


volant  :  estcint  vif  il  s’enflo  et  se  rend 
plus  gros,  estant  priué  de  vie  deuient 
tout  flétri  et  mollasse.  Il  reluist  de 
nuit  comme  vne  estoile. 

Pline  escrit  qu’en  la  mer  on  trouue 
non  seulement  des  figures  des  ani¬ 
maux  qui  sont  sur  la  terre  :  mais  ie 
croy  que  ce  portrait  est  la  grappe 
de  laquelle  il  parle  ;  car  par  tout  le 
dessus  représenté  vne  grappe  de  rai¬ 
sin  qui  est  en  fleur  :  elle  est  longue 
comme  vne  masse  informe,  pendante 
d’vne  queüe. 

L’Aloés,  poisson  monstmenx^. 

En  la  mer  de  l’isle  Espagnolle ,  aux 
terres  neuues,  se  trouuent  plusieurs 
poissons  monstrueux.  Entre  lesquels 
ïheuet,  liure  22.,  chap.  12.,  Tome  2. 
de  sa  Cosmographie,  dit  en  auoir  veu 
vn  fort  rare  qu’ils  nomment  en  la 
langue  du  pays  aloés,  et  est  sembla¬ 
ble  à  vne  oye,  ayant  son  col  haut 
esleué,  la  leste  faite  en  pointe  comme 
vne  poire  de  bon  chreslien  ,  le  corps 
gros  comme  celuy  d’vne  oye,  sans 
escailles ,  ayant  ses  quatre  nageoires 
sous  le  ventre  ;  et  d’.lez  à  le  voir  sur 
l’eau  estre  vne  oye  faisant  le  plon- 
get  parmy  les  ondes  de  la  mer. 

Limaçon  de  la  mer  sarmalique 

La  mer  Sarmatique,  qu’on  dit  au  ¬ 
trement  Germanique  orientale  nour 
rit  tant  de  poissons  inconneus  à  ceux 
qui  habitent  és  régions  chaleureuses, 
et  tant  mon.strueux  que  rien  plus. 
Entre  autres  il  s’en  trouue  vr  tout 
ainsi  fait  qu’vn  limaçon  :  ma;s  -  ros 
comme  vn  tonneau  ,  ayant  les  cornes 
quasi  commeceliesd’vn  cerf,  au  boni 

1  Article  ajouté  en  1679. 

*As'ilcle  ajouté  à  la  même  daie  que  le 
précédentt 


desquelles,  et  aux  rameaux  d’icelles, 
y  a  de  petits  boutons  ronds  et  luysans 
comme  fines  perles.  Il  a  le  col  fort 
gros,  les  yeux  luy  esclairent  comme 
vne  chandelle ,  son  nez  est  rondelet 
et  fait  comme  celu  ,  <V  .  r.  chat ,  auec 
vn  petit  de  poil  t»  ot  r  -i'-fuir ,  ayant  la 
bouche  fort  fendue ,  au  dessous  de 
laquelle  luy  pend  vne  eminence  de 
chair  assez  hideuse  à  voir.  Il  a  quatre 
iambes,  et  des  pattes  larges  et  cro¬ 
chues  qui  roruent  de  nageoires, 
auecun:  /  -  longue,  toute 

martelée  et  coulour^.c  de  diuerses 
couleurs,  comme  celle  d’vn  tigre.  Il 
se  tient  en  nloici.  ,  de.  force  qu’il 
est  craintif  :  env  io  suis  asseuré  qu’il 
est  amphibie ,  participant  de  l’eau  et 


de  la  îc.re;  Quand  le  temps  est  se- 
rain  ,  il  •  met  en  terre  sur  1-’  riuage 
de  la  marine ,  là'ou  U  paist^et  mange 
ô.  ,i"I  trouue  de  meilleur.  La 
ch  v:  (  O  'St  fort  délicate  et  plaisante 
à  manr  ;  r  :  le  sang  duquel  est  propre 
contre  ceux  qui  sont  gastés  du  foye 


et  qu  sont  pulmoniques,  comme  est 
coiuy  des  grandes  tortues  à  ceux  qui 
sont  atteints  de  lepre.  Theuet  dit 
t’auoir  eu  du  pays  de  Damnemarch  K 

Du  Hogçt,  poisson  monstrueux 

En  la  grande  largeur  ii».  iac  Doux, 
sur  lequel  la  grande  ville  de  - 
tam,  ap  Boyaume  de  iVlf  ;,jqe,  est 
bastie  sur  piliotis  comme  '  .'ruse,  se 
ir  ÎUU0  vn  poisson  '  >  ;  ;  ,ciomjm<^  yj? 
yoau  marin.  Les  de  l’An- 

tartique  l’appelliml  Andura  :  ’.is  bar¬ 
bares  du  pays  .et  Espaqpoig,  qu»  Sf 
.îonl  faits  mnstrçs  de  jue  :ieu|p.jrjles 
conquegi'e.'-,  /je  In;.'?:  neuues, 

Theuet  lin.  20.  chap.  18.  tom.  2.  desa 
PmiwgrnMe.  —  A,  f, 

‘ArUcle  ajouté  «1  J  570, 


AV  LIVRE  DES  MONSTRES. 


l’appellent  Hoga.  Il  a  la  teste  et 
oreilles  peu  differentes  d’vn  pourceau 
terrestre  :  il  a  cinq  moustaches  lon¬ 
gues  de  demy  pied  ou  enuiron ,  sem  ¬ 
blables  à  celles  d’vn  gros  barbeau  : 
la  chair  en  est  tres-bonne  et  déli¬ 
cieuse.  Ce  poisson  produit  ses  petits 
en  vie ,  à  la  façon  de  la  baleine.  Si 
vous  le  contemplez  lors  qu’il  se  ioüe 
nouant  dans  l’eau  ,  vous  diriez  qu’il  ! 
est  tantost  verd ,  ores  iaune,  et  puis 
rouge ,  ainsi  que  le  caméléon  :  il  se 
tient  plus  au  bord  du  lac  qu’ailleurs , 
où  il  se  nourrit  des  fueilles  d’vn  ar¬ 
bre  appellé  Hoga ,  dont  il  a  pris  son 
nom.  11  est  fort  dentelé  et  furieux , 
tuant  et  deuorant  les  autres  poissons, 
voire  plus  grands  qu’il  n’est  :  c’est 
pourquoy  on  le  poursuit,  chasse  et 
occit,  à  cause  que  s’il  entroil  aux 
conduits  ,  il  n’en  laisseroit  pas  vu  en 
vie  :  parquoy  celuy  qui  plus  en  tue 
est  le  mieux  venu.  Ce  qui  est  escrit 
par  ïheuet,  chapitre  22.  tome  2.  de 
sa  Cosmographie. 

Certains  poissons  volons  K 

André  Theuet, tome  2.  de  sa  Cosmo¬ 
graphie,  chapitre  10.,  en  nageant  sur  | 
mer  dit  auoir  veu  vne  infinité  de 
poissons  volans  que  les  sauuages  ap-  ' 
pellent  Bulampech ,  lesquels  se  lan¬ 
cent  si  haut  hors  de  l’eau  d’où  ils 
sortent,  qu’on  les  voit  cheoir  à  cin¬ 
quante  pas  de  là  :  ce  qu’ils  font  d’au¬ 
tant  qu’ils  sont  poursumis  d’autres 
grands  poissons  qui  en  prenneut  leur 
curée.  Ce  poisson  est  petit  comme  vn 
inacquereau ayant  la  teste  ronde, 
le  dos  de  couleur  azurée ,  et  deux 
ailes  aussi  longues  presque  que  tout 
le  corps ,  lesquelles  il  cache  sous  les 

'  Article  de  ISTO. 

*  l'en  ay  vn  en  mon  cabinet  que  l’on  m’a 
donné,  que  (a  garde  pm  memofr#»  A.  P» 


775 

mâchoires,  estans  faites  tout  ainsi 
que  les  fanons  ou  ailerons  auec  les¬ 
quels  les  autres  poissons  s’aident  pour 
nager.  Ils  volent  en  assez  grande 
abondance,  principalernent  la  nuit, 
et  en  volant  heurtent  contre  les 
voilles  des  nauires,  et  tombent  de¬ 
dans.  Les  Sauuages  se  pourrissent  de 
leur  chair. 

I  lean  de  Lery  en  son  Histqipe  de  la 
terre  du  Brésil,  chapitre  3,,  çonQrme 
cecy,  et  dit  auoir  veu  sortir  de  la 
mer  et  s’esleuer  en  l’air  de  grosses 
troupes  de  poissons  (  tout  ainsi  que 
sur  terre  on  voit  les  alouettes  ou  es- 
tourneaux)  volans  presque  aussi  haut 
hors  l’eau  qu’vue  pique,  et  queiques- 
foisprésde  cent  pasloip-  Mais  aussi 
il  est  souuent  aduepu  que  quelques- 
vns  se  heurtans  contre  les  mats  de 
nos  nauires,  tombans  dedans,  nous  les 
prenions  à  la  main.  Ce  poisson  est  de 
forme  d’vn  haranc,  toutesfois  vn  peu 
plus  long  et  plus  gros  ;  il  a  de  petits 
barbillons  sous  la  gorge ,  et  les  ailes 
comme  d’vne  chauue-souris ,  et  pres¬ 
que  aussi  longues  que  tout  le  corps  : 
et  est  de  fort  bon  goust,  et  sauou- 
reux  à  manger.  H  y  a  encore  vne  au¬ 
tre  chose  (dit-il)  que  i’ay  obseruée; 
c’est  que  ny  dedans  l’eau ,  ny  hors  de 
l’eau ,  ces  pauures  poissons  volans  ne 
sont  iamais  à  repos  :  car  estans  de¬ 
dans  la  mer ,  les  grands  poissons  les 
poursuiuent  pour  les  manger,  et  leur 
font  vne  continuelle  guerre  :  et  si 
pour  euiter  cela  ils  se  veulent  sauuer 
en  l’air  ,  et  au  vol ,  il  y  a  certains  oi¬ 
seaux  marins  qui  les  prennent  et  s’en 
repaissent. 

F'n  autre  poisson  volant  fort  monstrueux  ' . 

Entre  Venise  et  Rauenne,  vne  licuë 
I  au  dessus  de  Quinze,  en  la  mer  des 

1  ‘Article de  lûtOi 


APPENDICF. 


776 

Vénitiens,  l’an  1550,  fut  pris  vn  pois¬ 
son  volant  terrible  et  merueilleux  à 
voir ,  de  grandeur  de  quatre  pieds  et 
plus,  de  largeur  d’vne  pointe  àll’autre 
de  ses  ailes,  deux  fois  autant,  de 
grosseur  d’vn  bon  pied  en  quarré.  La 
teste  estoit  merueilleusement  grosse , 
ayant  deux  yeux ,  l’vn  dessus,  l’autre 
dessous  ,  deux  grandes  oreilles  et 
deux  bouches  :  son  groüin  estoit  fort 
charnu ,  verd  en  couleur  :  ses  ailes 
estoient  doubles ,  en  sa  gorge  il  auoit 
cinq  trous  en  façon  de  Lamproye  : 
sa  queue  estoit  longue  d’vne  aulne, 
au  haut  de  laquelle  estoient  deux 
petites  aisles.  Il  fut  apporté  tout  vif 
en  ladite  ville  de  Quioze ,  et  présenté 
aux  seigneurs  d’icelle,  comme  chose 
qui  n'auoit  iamais  esté  veuë. 

Diuerses  coquilles ,  ensemble  du  poisson  qui 
est  dedans  icelles,  dit  Bernard  l’Ermite^. 

Il  se  trouue  en  la  mer  de  si  estran 
ges  et  diuerses  sortes  de  coquilles , 
que  l’on  peut  dire  que  Nature,  cham¬ 
brière  du  grand  Dieu ,  se  iouë  en  la 
fabrication  d’icelles:  dont  ie  t’ay  fait 
portraire  ces  trois  ,  qui  sont  dignes 
de  grande  contemplation  et  admira¬ 
tion  ,  dans  lesquelles  il  y  a  des  pois¬ 
sons  comme  limaçons  en  leurs  co¬ 
quilles  :  lesquels  Aristote,  liure  4. 
de  l’histoire  des  Animaux ,  nomme 
Cancellus  ^  estans  compagnons  des 
poissons  couuerts  de  cocques ,  et  de 
test  dur,  et  semblables  aux  langous¬ 
tes,  naissant  à  par  soy. 

Rondelet  en  son  liure  de  VHistoîre 
des  poissons  ,  dit  qu’en  Languedoc  ce 
poisson  se  nomme  Bernard  l’Ermite  : 

i  Les  dix  premières  lignes  de  cet  article  se 
lisaient  déjà  en  1573;  mais  la  citation  d’Aris¬ 
tote  qui  termine  le  premier  paragraphe ,  et 
tout  le  leste  de  l’article,  sont  des  additions 
de  1579.  * 


ila  deux  cornes  longnelteset  menues, 
sous  lesquelles  il  a  ses  yeux ,  ne  les 
pouuant  retirer  au  dedans  comme 
font  les  Cancres,  mais  tousiours  ap- 
paroissent  aduancés  au  dehors  :  ses 
pieds  de  deuant  sont  fendus  et  four¬ 
chus  ,  lesquels  luy  seruent  à  se  dé¬ 
fendre  et  à  porter  en  sa  bouche.  Il 
en  a  deux  autres  courbés  et  pointus 
desquels  il  s’aide  à  cheminer.  La  fe¬ 
melle  fait  des  œufs ,  lesquels  on  voit 
pendus  par  derrière  comme  petites 
patenostres  enfilées ,  toutesfois  enue- 
loppées  et  liées  par  petites  membra¬ 
nes. 

,  Elian  au  liure  7.  chapitre  31.  en 
escrit  ce  qui  s’ensuit  ;  «  Gancellus 
naist  tout  nud  et  sans  coquille,  mais 
après  quelque  temps  il  en  choisit  de 
propre  pour  y  faire  demeure  quand 
il  s’en  trouue  de  vuides,  comme  colle 
de  pourpre,  ou  de  quelque  autre 
trouuée  vuide  :  il  s’y  loge ,  et  estant 
deuenu  plus  grand  en  sorte  qu’il  n’y 
[  peut  plus  tenir  (ou  lors  que  nature 
l’incite  à  frayer) ,  il  en  cherche  vne 
plus  grande  où  il  demeure  au  large 
et  à  son  aise.  Souuent  il  y  a  combat 
entre  eux  pour  y  entrer,  et  le  plus 
fort  iette  le  plus  foible ,  et  ioüit  de  ta 
place.  » 

Le  mesnie  tesmoigne  Pline,  li¬ 
ure  9. 

Il  y  a  vn  autre  petit  poisson  nom¬ 
mé  Pinothere  \  de  la  sorte  d’vn  can¬ 
cre,  lequel  se  lient  et  vit  touiours 
auec  la  pine,  qui  est  ceste  espece  de 
grande  coquille  qu’on  appelle  nacre, 
demeurant  tousiours  assis  comme  vn 
portier  à  l’ouuerture  d’icelle,  la  te¬ 
nant  entre-ouuerte  iusques  à  ce  qu’il 
y  voye  entrer  quelque  petit  poisson, 
de  ceux  qu’ils  peuuent  bien  prendre, 
lequel  mordant  la  nacre,  ferme  sa  co- 


‘  Plutarque,  —  A.  P. 


AV  r.lVRE  DF8 

quille  :  puis  tous  deux  grignotent  et 
mangent  leur  proye  ensemble. 

De  la  Lamie  *, 

Rondelet,  au  3.  liure  des  Poissons, 
chap.  Il,  escrit  que  ce  poisson  se 
trouue  aucunesfois  si  merueilleuse- 
ment  grand,  qu’à  peine  peut  cstre 
trainé  par  deux  cheuaux  sur  vne  char¬ 
rette.  11  mange  (dit-il)  les  autres  pois¬ 
sons,  et  est  tres-goulu,  voire  deuore 
les  hommes  entiers  ;  ce  qu’on  a  con- 
neu  par  expérience.  Car  à  Nice  et  à 
Marseille,  on  a  autresfois  pris  des  la¬ 
mies  dans  l’eslomach  desquelles  on 
a  trouué  vn  homme  entier  tou* 
armé. 

«  l’ay  veu  (dit  Rondelet)  vne  lamie 
en  Xaintonge,  qui  auoit  la  gorge  si 
grande,  qu’vn  homme  gros  et  gras 
aisément  y  fust  entré  ;  tellement  que 
si  auec  vn  haillon  on  luy  tient  la  bou¬ 
che  ouuerte,  les  chiens  y  entrent  ai¬ 
sément  pour  manger  ce  qu’ils  trou- 
uent  dedans  l’estomach.» 

Qui  en  voudra  sçauoir  d’auantage 
lise  Rondelet  au  lieu  allégué.  Pareil¬ 
lement  Conradus  Gesnerus  en  ses  His¬ 
toires  des  animaux,  fueillet  151.  ordre 
10.  confirme  ce  que  Rondelet  en  a 
escrit  ;  et  dit  d’auantage,  s’estre  trou¬ 
ué  des  chiens  tous  entiers  dans  lesto- 
mach  de  ladite  lamie,  ayant  fait  ou- 
uerture  d’icelle  :  et  qu’elle  a  les  dents 
aiguës,  aspres  et  grosses.  Rondelet 
dit  aussi  qu'elles  sont  de  figure  trian¬ 
gulaire,  découpées  des  deux  costés 
comme  vne  scie,  disposées  par  six 
rangs  :  le  premier  duquel  se  monstre 
hors  de  la  gueule,  et  tendant  vers  le 
douant  ;  celles  du  second  sont  droites, 
celles  du  troisième,  quatrième,  cin- 

‘  Cet  article  est  de  date  plus  récente  que 
les  autres;  on  le  lit  seulement  dans  rédition 
de  1585. 


Mo^"ST^.T•;.s. 

/  /  / 

quiéme,  sixième,  sont  courbées  vers 
le  dedans  de  la  bouche  pour  la  plus- 
part.  Les  Orféures  garnissent  ces 
dents  d’argent,  les  appellans  dents  de 
serpent.  Les  femmes  les  pendent  au 
col  des  en  fans,  et  pensent  qu’elles 
leur  font  grand  bien  quand  les  dents 
leur  sortent  ;  aussi  qu’elles  les  gar¬ 
dent  d’auoir  peur. 

l’ay  souuenance  d’auoir  veu  à 
Lyon,  en  la  maison  d’vn  riche  mar¬ 
chand,  vne  teste  d’vn  grand  poisson, 
lequel  auoit  les  dents  semblables  à 
ceste  description,  et  ne  sceu  sçauoir  le 
nom  de  ce  poisson,  le  croy  à  présent 
que  c’estoit  la  teste  d’vne  lamie,  l'a- 
uois  proposé  la  faire  voir  au  defunct 
Roy  Charles,  qui  estoit  fort  curieux 
de  voir  les  choses  serieuses  et  mons¬ 
trueuses  :  mais  deux  ioiirs  après  que 
ie  voulus  la  faire  apporter,  il  me  fut 
dit  que  le  marchand,  sa  femme,  et 
deux  de  ses  seruileurs  estaient  frap¬ 
pés  de  peste  :  qui  fut  cause  qu’il  ne  la 
veit  point. 

Du  poisson  dit  Nauticus  i. 

Pline,  chap.  30.  liu.  9.  de  son  His¬ 
toire  naturelle ,  nomme  ce  poisson 
Nautüus  ou  Nauticus,  auquel  est  gran¬ 
dement  à  considérer,  que  pour  venir 
au  dessus  de  l’eau,  se  met  à  l’enuers, 
remontant  peu  à  peu  pour  escouler 
l’eau  qui  seroit  en  sa  coquille,  à  fin 
de  se  rendre  plus  leger  à  nauiger, 
comme  s’il  auoit  espuisé  lasentine  de 
son  nauire.  Et  estant  au  dessus  de 
l’eau,  il  recourbe  en  amont  deux  de 
ses  pieds,  qui  sont  ioints  ensemble 
auec  vne  pellicule  fort  mince  pour 
luy  seruir  de  voile,  se  seruanl  de  ses 
bras  comme  d’auirons ,  tenant  toiis- 
iours  sa  queue  au  milieu ,  au  lieu  de 

‘  Cet  article  c«t  une  addition  de  1579. 


APPENDICE 


778 

timoD  :  et  va  ainsi  sur  la  mer,  contre¬ 
faisant  les  fustcs  et  galeres.  Que  s’il 
se  sent  auoir  peur,  il  serre  son  équi¬ 
page,  et  remplit  sa  coquille  d' eau  en 
la  plongeant,  et  ainsi  s’en  va  au  fond. 

Description  de  la  Baleine  l . 

Nous  abusons  aucunement  du  mot 
de  Monstre  pour  plus  grand  enrichis¬ 
sement  de  ce  traité  :  nous  mettrons 
en  ce  rang  la  Baleine ,  et  dirons  es- 
tre  le  plus  grand  monstre  poisson  qui 
se  trouue  en  la  mer,  de  longueur  le 
plus  souuent  de  trente  six  coudées, 
de  huit  de  largeur,  l’ouuerture  de  la 
bouche  de  dixhuit  pieds,  sans  auoir 
aucunes  dents  ;  mais  au  lieu  d’icelles, 
aux  costés  des  maschoires ,  a  des  la¬ 
mes  comnie  de  corne  noire,  qui  finis¬ 
sent  en  poils  semblables  à  soye  de 
pourceau,  qui  sortent  hors  de  sa  bou¬ 
che,  et  luy  seruent  de  guide  pour 
monstrer  le  chemin,  à  fin  qu’elle  ne 
se  heurte  contre  les  rochers.  Ses  yeux 

iCet  article  se  lit  déjà  dans  l’édition  de 
1573;  mais  auparavant  il  s’en  trouvait  un 
autre  qui  a  été  retranché  dès  1575.  11  était 
ainsi  conçu  : 

«  Figure  d’vn  chancre  de  mer,  que  les 
Médecins  et  Chirurgiens  ont  comparée  à  la 
tumeur  chancreuse,  à  cause  qu’elle  est  ronde 
et  aspre,  et  les  venes  d’autour  aux  pieds 
tortus  de  cest  animal  :  aussi  lorsqu’il  est 
accroché  contre  les  rochers,  difïicilemcpt  en 
est  destaché  :  d’auantage  ii  est  de  couleur 
fresque  et  noirastre,  comme  sont  les  tumeurs 
chancreuses  :  et  voyla  pourquoy  les  anliens 
ont  donné  le  nom  de  chancre  à  telle  tu¬ 
meur,  à  cause  de  la  similitude  qu’ils  ont  l’vn 
à  l'autre.  Les  chancres  sont  trouués  dedans 
les  tests  durs  des  moulles  et  des  huystres 
et  autres  poissons,  qui  ont  tests  pour  y  eslie 
nourris  et  conserués,  comme  dedans  des 
cauernes  et  maisons  fortes ,  pareequ’il  n’y 
a  beste  qui  n’ait  ce  don  de  nature  de  pour¬ 
chasser  CO  qui  luy  est  tant  pour 


sont  distans  l’vn  de  l’autre  de  quatre 
aulnes,  et  plus  gros  que  la  teste  d’vn 
homme  :  le  museau  court ,  et  au  mi¬ 
lieu  du  front  vn  conduit  par  lequel 
attire  l’air  et  iette  vne  grande  quan¬ 
tité  d’eau,  comme  vne  nuée,  de  la¬ 
quelle  elle  peut  remplir  les  esquifs, 
et  autres  petits  vaisseaux,  et  les  ren- 
uerser  en  la  mer.  Quand  elle  est 
saoule,  brame  et  crie  si  fort  qu’on  la 
peut  ouyr  d’vne  lienë  françoise  :  elle 
a  deux  grandes  ailes  aux  costés,  des¬ 
quelles  elle  nage  et  cache  ses  petits 
quand  ils  ont  peur,  et  au  dos  n’en  a 
point  :  sa  queue  est  semblable  à  celle 
du  Dauphin,  et  la  remuant  esmeut 
si  fort  l’eau  qu’elle  |ieut  renuerser 
vn  esquif  ;  elle  est  couuerte  de  cuir 
noir  et  dur.  Il  est  certain  par  l’anato¬ 
mie  ,  qu’elle  engendre  ses  petits  vifs, 
et  qu’elle  les  allaicte  :  car  le  masle  a 
des  testicules  et  membre  génital,  et 
la  femelle  vne  matrice  et  mammelles. 

Elle  se  prend  en  certain  temps  d’hy- 
uer  en  plusieurs  lieux,  mesmement  ù 

se  nourrir  que  pour  se  retirer  et  heberger. 
Les  pescheurs  (se  dict  Aristote)  disent  qu’ils 
naissent  auec  ceux  dans  les  tests  desquels 
ils  sont  trouués.  Les  chancres  ont  dix  pieds, 
comprenant  leurs  deux  bras  fourchus,  et 
audedans  dentelés  pour  s’en  seruir  comme 
de  mains.  Ils  ont  la  queue  replyee  par  des¬ 
sus  :  ils  sontcouuers  de  coques  aspres,  faic- 
tes  de  demys  cercles  :  ils  ont  six  cornes  a  la 
teste ,  et  les  œils  sortans  fort  audehors  et 
fort  séparés  l’vn  de  l’autre  ;  au  printemps 
ils  se  despoüillent  de  leur  coque,  comme  vn 
serpent  de  sa  peau ,  et  se  seiitans  afoiblis  et 
désarmés,  ils  se  tiennent  cachés  aux  creux 
des  rochers  iusques  4  ce  que  leur  coquille 
soit  reuenueel  dure.  » 

Suivait  la  figure  du  chancre,  que  Paré 
reporta  en  1575  au  livre  des  Tumeurs  en 
general,  ch.  2  ,  et  c’est  pour  cela  sans  doute 
qu’il  supprima  en  cet  endroit  l’histoire  du 
chancre ,  ne  voulant  pas  en  répéter  la  ü** 
gure.  Voyez  tome  Lf,  page  302i 


AV  HVRB  DES  MONSTRES.  -yyg 

la  cosle  de  Bayonne,  prés  vn  petit  fait  :  qui  se  connoist  pour  la  quantité 
village  distant  de  trois  lieues  ou  en-  des  dards  qu’ils  auront  iettés  et  se  se- 
uiron  de  ladite  ville,  nommé  Biarris  ;  ront  trouués,  lesquels  demeurent  de- 
auquel  lus  enuoyé  par  le  commande-  dans  :  et  les  reconnoissent  à  leur  mar- 

ment  du  Roy  (qui  estoit  pour  lors  à  que.  Or  les  femelles  sont  plus  faciles 

Bayonne)  pour  traiter  monseigneur  à  prendre  que  les  masles,  pource 
le  Prince  de  la  Roche-sur-Yon,  qui  y  qu’elles  sont  soigneuses  de  sauuer 
demeura  malade  ;  où  i’appris  et  con-  leurs  petits,  et  s’amusent  seulement 
firmay  le  moyen  qu’ils  vsent  pour  ce  à  les  cacher,  et  non  à  s’eschapper. 
faire,  qu’auois  leu  au  liure  que  mon-  La  chair  n’est  rien  estimée  :  mais  la 
sieur  Rondelet  a  escril  des  poissons,  langue,  pource  qu’elle  est  molle  et 
qui  est  tel.  Contre  ledit  village  il  y  délicieuse,  la  sallent  :  semblablement 
a  vne  montaignette,  sus  laquelle  dés  le  lard,  lequel  ils  distribuent  en  beau- 
long  temps  a  esté  édifiée  vne  tour  coup  de  prouinces,  qu’on  mange  en 

tout  exprès  pour  y  faire  le  guet,  tant  Caresme  aux  pois  ;  ils  gardent  la 

le  iour  que  la  nuit ,  pour  descouurir  graisse  pour  brusler,  et  frotter  leurs 
les  baleines  qui  passent  en  ce  lieu  ;  et  bateaux,  laquelle  estant  fondue  ne 

les  apperçoiuent  venir,  tant  pour  le  se  congele  iamais.  Des  lames  qui  sor- 

grand  bruit  qu’elles  font,  que  pour  tent  de  la  bouche,  on  en  fait  des  yer- 
l’eau  qu’elles  iettent  par  vn  conduit  tugales,  busqués  pour  les  femnies,  et 
qu’elles  ont  au  milieu  du  front;  et  manches  de  couteaux,  et  plusieurs 
l’apperceuans  venir,  sonnent  vne  cio-  autres  choses  :  et  quant  aux  os,  ceux 
che,  au  son  de  laquelle  promptement  du  paysen  font  des  clostures  aux  iar- 
tousceux  du  village  accourent  auec  dins:  et  des  vertebres,  des  marches 

leur  équipage  de  ce  qui  leur  est  ne-  et  selles  à  se  seoir  en  leurs  maisons, 

cessaire  pour  l’attraper.  Ils  ont  plu-  l’en  fis  apporter  vne,  que  ie  garde 
sieurs  vaisseaux  et  nacelles,  dont  en  en  ma  maison  comme  vne  chose  mons- 
d’aucuns  il  y  a  des  hommes  seule-  Irueuse. 
ment  constitués  pour  pescher  ceux  ‘ 
qui  pourroient  tomber  en  la  mer  : 

les  autres  dédiés  pour  combattre,  et  Vraye  portraiture  de  l’vne  des 
en  chacun  il  y  a  dix  hommes  forts  et  paieines  qui  furent  prises  le 

puissanspourbien  ramer,  et  plusieurs  (jeuxiéme  luillet  1577,  en  la  riuiere 
autres  dedans,  auec  dards  barbelés,  i’Escault,l’vne  à^lessingues,^au- 
qui  sont  marqués  de  leur  marque  ^  Saflingbe ,  et  ceste  cy  à  Hastin- 
pour  les  reconnoistre,  attachés  à  des  gj^g  gy  Doël ,  enuiron  cinq  lieues 
cordes  ;  et  de  toutes  leurs  forces  les  d’Anuers  ;  elle  estoit  de  couleur  de 
iettent  sus  la  baleine,  et  lors  qu'ils  obscur,  ^elle  auoit  sur  la  leste 

apperçoiuent  qu’elle  est  blessée ,  qui  yj,g  |iiarine  par  laquelle  elle  ieloit 
se  connoist  pour  le  sang  qui  en  sort,  pg^u  ;  gHe  auoit  de  longueur  en  tout 
laschent  les  cordes  de  leurs  dards,  et  cinquante  huit  pieds  ,  et  seize  de  hau- 
la  suiuent  à  fin  de  la  lasser  et  pren-  ^gg,. .  la  queue  large  de  quatorze 
dre  plus  facilement  ;  et  l’attirans  au  p^g^g  ;  depuis  l’œil  jusques  au  deuant 
bord ,  se  resioüissent  et  font  gode-  jg  muzeau  il  y  auoit  seize  pieds  d’es- 
chere,  et  partissent,  chacun  ayant  sa 

portion  selon  le  deuolr  qu'il  aura  i  cet  article  e»t  de  i679t 


APPKNDICF 


780 

pace.  La  maschoiie  d’etnbas  csloit  i 
longue  de  six  pieds,  en  chaque  costd 
de  laquelle  esloient  vingt-cinq  dents 
Mais  en  haut  elle  auoit  autant  de 
trous,  dans  lesquels  lesdites  dents 
d’embas  se  pouuoient  cacher.  Chose 
monstrueuse  ,  voir  la  maschoire  su¬ 
périeure  desgarnie  de  dents .  qui  de- 
uoient  estre  opposites  pour  la  ren¬ 
contre  des  viandes  aux  dents  inferieu¬ 
res,  et  en  lieu  d’icelles  dents  voir  des 
trous  inutiles.  La  plus  grande  de  ces 
dents  estoit  longue  de  six  pouces  :  le 
tout  fort  merueilleux  et  espouuenta- 
ble  à  contempler,  pour  la  vastilé , 
grandeur  et  grosseur  de  tel  animal. 

Du  Rémora^. 

Pline,  liure  32,  chap.  1,  dit  qu’il  y  a 
vn  petit  malautru  poisson,  grand 
seulement  de  demy  pied  ,  nommé 
d’aucuns  Echeneis ,  d’autres  Rémora  , 
qui  mérité  bien  estre  misicy  entre  les 
choses  merueilleuses  et  monstrueu¬ 
ses  ,  lequel  retient  et  arreste  les  vais¬ 
seaux  de  mer  tant  grands  soient-ils , 
lorsqu’il  s’attache  contre  ,  quelque 
effort  que  la  mer  ni  les  hommes  sça- 
chent  faire  au  contraire ,  comme  les 
flots  et  les  vagues ,  et  le  vent  estant 
en  golfe  des  voiles ,  et  seconde  des 
rames  ou  cables ,  et  ancres  quelques 
grosses  et  pesantes  qu’elles  fussent. 
Et  de  fait ,  on  dit  qu’à  la  deffaite 
d’Actium,  ville  d’Albanie ,  ce  poisson 
arresta  la  gallere  capitainesse  où  es¬ 
toit  Marcus  Antonius,  qui,  à  force  de 

*  Cet  article  a  paru  pour  la  première  fois, 
en  grande  partie  du  moins,  en  1376. 


ranics,  alloit  donnant  courage  à  ses 
gens  de  gallere  en  gallere  ;  et  pen¬ 
dant  l’armée  d’Auguste  ,  voyant  ce 
desordre  ,  inuestit  si  brusquement 
celle  de  Marcus  Antonius,  qu’il  luy 
passa  sur  le  ventre.  De  mesme  aduint 
en  la  gallere  de  l’Empereur  Caligula. 
Ce  Prince  voyant  que  sa  gallere  seule 
entre  toutes  celles  de  l’armée  n’auan- 
çoit  point,  et  neantmoins  estoit  à  cinq 
par  bancs ,  entendit  subit  la  cause  de 
l’arrest  qu’elle  faisoit  :  promptement 
force  plongeons  se  ietterent  en  mer , 
pour  chercher  à  l'entour  deceste  gal¬ 
lere  ce  qui  la  faisoit  arrester,  et  trou- 
uerent  ce  petit  poisson  attaché  au 
timon  :  lequel  estant  apporté  à  Cali¬ 
gula  ,  fut  fort  fasché  qu’vn  si  petit 
poisson  auoit  le  pouuoir  de  s’opposer 
à  l’effort  de  quatre  cents  espaliers  et 
galliots  qui  estoient  en  sa  gallere 

Escoutez  ce  grand  et  sage  Poète  le 
Seigneur  du  Bartas,  lequel  dit  de 
bonne  grâce  au  cinquième  liure  de 
la  Sepmaine,  les  vers  qui  s’ensuiuent  : 

^  Dans  les  deux  éditions  de  1675  et  1679, 
on  lisait  a  la  suite  de  ce  paragraphe  • 

«  Dauantagc  Pline  au  mesme  liure  et 
chapitre,  dit  qu’il  y  a  vn  autre  poisson 
nommé  torpille,  lequel  touchant  seulement 
de  la  ligne  stupéfié  et  amortist  le  sentiment 
du  bras  de  celuy  qui  tient  la  ligne.  » 

Mais  en  1685,  Paré  voulant  insérer  la  lon¬ 
gue  citation  de  Dubartas  qu’on  va  lire, 
raya  cette  phrase  qui  aurait  rompu  le  sens  : 
retranchement  d’autant  plus  facile  qu’il  a 
parlé  en  divers  endroits  de  la  torpille  aux 
livres  des  Venins  et  des  Animaux  ,  et  qu’au 
chapitre  ?8  du  livre  des  Venins  il  cite  même 
à  son  occasion  d’autres  vers  de  Dubartas. 


AV  LIVRE  DES  MONSTRES. 


781 


La  Remore  fichant  son  débité  museau 
Contre  la  moitte  bord  du  tempesté  vaisseau  , 

L’arreste  tout  d’vn  coup  au  milieu  d’vue  fiole 
Qui  suit  le  vueil  du  vent,  et  levueil  du  pilote. 
Lt'sresnesde  la  nef  on  lasche  tant  qu’on  peut  : 

Mais  la  nef  pour  cela  charmée  ne  s’esmeut , 

Non  plus  que  si  la  dent  de  mainte  ancre  fichée 
Vingt  pieds  dessous  Thetis  la  tenoit  accrochée  , 

Non  plus  qu  vn  chesneencor,  qui  des  vents  irrités 
A  mille  et  mille  fois  les  efforts  despités  , 

Ferme ,  n’ayant  pas  moinspour  souffrir  ceste  guerre 
Des  racines  dessous  que  des  branches  sur  terre. 

Dy  nous ,  arresle-nef ,  dy  nous,  comment  peux-tu 
Sans  secours  t’opposer  à  laiointe  vertu 
Et  des  vents,  et  des  mers ,  et  des  cieux ,  et  des  gasches? 
Dy  nous  en  quel  endroit ,  ô  Remore ,  tu  caches 
].,’ ancre  qui  tout  d’vn  coup  bride  les  mouuemens 
D’vn  vaisseau  combatu  de  tous  les  elemens  ? 

D’où  lu  prens  cest  engin ,  d’où  tu  prens  ceste  force , 
Qui  trompe  tout  engin ,  qui  toute  force  force  ? 


Or  qui  voudra  sçauoir  plusieurs 
autres  choses  monstrueuses  des  pois¬ 
sons,  lise  ledit  Pline ,  et  Rondelet  en 
son  liure  des  Poissons. 


CHAPITRE  II. 

DES  monstres  volatiles. 

De  l’Juiruche. 

Cest  oiseau  est  dit  Autruche ,  et  est 
le  plus  grand  de  tous ,  tenant  quasi 
du  naturel  des  bestes  à  quatre  pieds, 
fort  commun  en  Afrique  et  en  Ethio¬ 
pie;  il  ne  bouge  de  terre  pour  pren¬ 
dre  l’air,  neantmoins  passe  vn  chenal 
de  vislesse. C’est  vn  miracle  de  nature, 
que  cest  animal  digéré  indifférem¬ 
ment  toutes  choses  Ses  œufs  sont  do 


merueilleuse  grandeur,  iusques  à  en 
faire  des  vases  :  son  pennage  est  fort 
beau,  comme  chacun  peut  connoislre 
et  voir  par  ce  portrait  ‘. 

le  ne  veux  laisser  passer  sous  si¬ 
lence  de  la  rarilé  que  i’ai  veu,  tou¬ 
chant  les  os  de  l’Autruche.  Le  feu 
Roy  Charles  en  faisoit  nourrir  trois 
au  logis  de  monsieur  le  mareschal  de 
Rets ,  vne  desquelles  estant  morte , 
me  fut  donnée,  et  en  fis  vn  scelette. 
Le  portrait  duquel  ay  voulu  icy  in¬ 
sérer  auec  sa  description. 


1  Ici  était  le  portrait  d’une  autruche ,  da¬ 
tant  ,  avec  le  paragraphe  qui  précède ,  de 
l’édition  de  1573.  Mais  le  reste  de  l’article, 
avec  la  ligure  du  squeiette  de  l’autruche ,  a 
été  ajouté  seulement  en  1579,  et  se  trouvait 
alors  placé  après  l’histoire  de  l’oiseau  de  pa¬ 
radis.  L’arrangement  actuel  est  de  1585. 


78a 


appendice 


A  La  teste  est  vn  peu  plus  grosse  que  celle 
de  la  grue,  longue  d’un  empan  depuis 
la  sommité  de  la  teste  tirant  au  bec, 
estant  platte,  ayant  le  bec  fendu  ius- 
ques  enuiron  le  milieu  de  l’œil ,  estant 
iceluy  aucunement  rond  en  son  extré¬ 
mité. 

B  Son  col  est  de  longueur  de  trois  pieds, 
composé  de  dix  sept  vertébrés,  lesquel¬ 
les  ont  de  chacun  costé  vne  apophyse 
transuerse  tirant  contre  bas,  de  lon¬ 
gueur  d’vn  bon  poulcc,  excepté  que  la 


première  et  seconde  proche  de  la  teste 
n’en  ont  point ,  et  sont  coniointes  par 
ginglyme. 

C  Son  dos,  de  longueur  d’vn  pied,  est  com¬ 
posé  de  sept  vertebres. 

D  L’os  Sacrum  est  de  longueur  de  deux 
pieds  ou  enuiron,  au  haut  duquel  y  a 
vne  apophyse  transuerse,  sous  laquelle 
y  a  vn  grand  pertuis ,  K  ,  puis  trois  au¬ 
tres  moindres,  1<’  C  II:  suiuant  lesquels 
y  a  la  boëtle  où  l’os  de  la  cuisse  s’insi¬ 
nue  ,  I,  produisant  de  sa  partie  externe 


AV  LIVRE  UES 

latérale  vn  os  Dcrcé,  K ,  quasi  en  son 
coininencemcnt,  puis  est  vni  :  après  le¬ 
dit  os  se  fourche  en  deux,  dont  i’vn  est 
plus  gros,  L,  et  lautre  est  moindre, 

M,  chacun  de  longueur  de  demy  pied  et 
quatre  doigts  :  puis  se  reünissent,  ayant 
entre  le  lieu  où  ils  se  fourchent  et  le 
lieu  où  ils  se  reünissent,  vn  pertuis  large 
de  quatre  doigts,  N,  et  plus  long  d’vn 
empan  :  puis  ce  que  reste  de  l’os  est  de 
ligure  d’vne  serpe  ou  Cousteau  crochu , 
large  de  trois  trauers  de  doigts,  longue 
de  six  poulces ,  O  :  puis  en  son  extré¬ 
mité  se  ioint  par  synchondrose. 

P  L’os  de  la  queue  a  neuf  vertebres  sembla¬ 
bles  à  celles  de  l’homme. 

Il  y  a  deux  os  en  la  cuisse ,  dont  le  premier, 

Q,  l’os  de  la  cuisse,  est  de  longueur  d’vn 
grand  pied  et  gros  comme  celuy  d’vn 
cheual  et  plus  :  R,  l’autre  qui  le  suit,  est 
d’vn  pied  et  demy  de  longueur,  ayant  par 
haut  vn  petit  focille  de  la  longueur  de 
l’os  en  espointant  vers  le  bas. 

S  La  iambe  où  est  attaché  le  pied  est  de  la 
longueur  d’vn  pied  et  demy,  ayant  en  son 
extrémité  deux  ongles,  vn  grand  et  l’au¬ 
tre  petit:  à  chacun  ongle  y  a  trois  os. 

T  Huit  cosles  qui  s’insèrent  à  l’os  du  Ster- 
non ,  dont  aux  trois  du  milieu  de  cha¬ 
que  costé  y  a  vne  production  osseuse 
ressemblante  à  vn  croc. 

V  L’os  du  Sternon,  est  d’vne  piece  de  gran¬ 
deur  d’vn  pied  représentant  vne  targe, 
auquel  se  ioint  vn  os  qui  cheuauche  les 
trois  premières  costes,  qui  tient  le  lieu 
des  clauicules. 

X  Le  premier  os  de  l’aile,  est  de  longueur 
d’vn  pied  et  demy. 

ï  Au-dessus  de  luy  y  a  deux  autres  os  res- 
semblans  au  Radius  et  Cubitus,  au  boni 
desquels  sont  attachés  six  os,  Z,  qui  sont 
l’extremité  de  l’aisle. 

L’animal  enlier  est  de  longueur  de 
sept  pieds ,  et  de  sept  pieds  et  plus  de 
haut,  commençant  au  bec,  et  tinis- 
sant  aux  pieds. 

11  y  a  plusieurs  autres  choses  re¬ 
marquables,  que  ie  laisse  pour  hriel’ 
uel6. 


MONSTRES.  -^33 

De  l’oiseau  nommé  Toucan  L 

Theuet ,  en  sa  Cosmographie  dit 
qu’il  a  veu  aux  terres  neufues  vn  oi¬ 
seau  que  les  Sauuages  appellent  en 
leur  gergon  Toucan ,  lequel  est  fort 
monstrueux  et  difforme ,  en  tant  qu’il 
a  le  bec  plus  gros  et  plus  long  que 
tout  le  reste  du  corps.  11  vit  de  poi- 
ure,  comme  nos  tourtes,  merles  et 
estourneaux  font  icy  de  graine  de 
lierre  ,  qui  n’est  pas  moins  chaude 
que  le  poiure. 

Un  gentilhomme  Prouençal  en  fit 
présent  d’vn  au  feu  Roy  Charles  neu- 
fiéme ,  ce  qu’il  ne  peut  faii'e  vif,  car 
en  l’apportant  mourut  :  neantmoins 
le  présenta  au  Roy,  lequel  apres  l’a- 
uoir  veu  ,  commanda  à  Monseigneur 
le  Mareschal  de  Rets  me  le  bailler, 
pour  l’anatomiser  et  embaumer ,  à 
fin  de  le  mieux  conseruer  :  toutesfois 
bienlost  après  se  putréfia.  Il  estoit 
de  grosseur  et  plumage  semblable 
à  vn  Corbeau ,  reste  que  le  bec  estoit 
plus  grand  que  le  reste  du  corps ,  de 
couleur  iaunastre  transparent,  fort 
leger,  et  dentelé  en  maniéré  de  scie, 
le  le  garde  comme  vne  chose  quasi 
monstrueuse. 

De  l’oiseau  de  Paradis 

Hierosme  Cardan  ,  en  ses  liure 
la  Subtilité  ,  dit  qu’aux  Isles  des  Mo_ 
lucques ,  on  trouue  sur  la  terre  ,  ou 
sur  la  mer,  vn  oiseau  mort  appelé  Ma- 
nueodiata ,  qui  signifie  en  langue  Indi¬ 
que,  oiseau  de  Dieu, lequel  on  ne  voit 
point  vif.Ilhabiteen  l’air  haut,son  bec 

1  Cet  article,  comme  la  ün  du  précédent, 
est  de  1579  J  mais  il  était  alors  placé  à  la  fin 
du  chapitre. 

2  Lia.  21.  c7iap.  12.— A.  1>. 

*  Cet  article  se  lisait  déjà  dans  l’édition  de 
1573. 


APl’KJNÜlCE 


781 

et  corps  semblable  à  l’arondelle,  mais 
orné  (le  diuerses  plumes  :  celles  qui 
sont  sus  la  teste  sont  semblables  à 
l’or  pur ,  et  celles  de  sa  gorge  à  celles 
d’vn  canard  :  sa  queuë  et  ailes  sem¬ 
blables  à  celles  d’vne  panasse.  Il  n’a 
aucun  pied ,  et  si  quelque  lassitude  le 
prend ,  ou  bien  qu’il  vueille  dormir, 
il  se  pend  par  ses  plumes,  lesquelles 
il  entortille  au  rameau  de  quelque 
arbre.  Iceluy  vole  d’vne  merueilleuse 
vistesse,et  n’est  nourri  que  de  l’air  et 
rosée.  Le  masle  a  vne  cauité  sur  son 
dos  ,  où  la  femelle  couue  ses  petits  L 
l’en  ay  veu  vn  en  ceste  ville/que 
l’on  donna  au  feu  Roy  Charles  neu- 
liéme  :  et  aussi  i’en  garde  vn  en  mon 
cabinet,  qu’on  m’a  donné  par  grande 
excellence. 


CHAPITRE  III. 

DES  MONSTRES  TERRESTRES. 

D’vne  besle  nommée  Huspalim. 

André  Theuet,  tome  1.  liure  4. 
chap.  11 ,  dit  qu’en  l’isle  de  Zocotere  , 
qu’on  voit  vne  beste  qui  s’appelle 
Huspalim^  grosse  comme  vn  marmot 

1  La  fin  de  l’article  était  différente  dans 
les  premières  éditions.  En  1573  et  1676 ,  on 
lisait  : 

«L’interieur  de  cest  oiseau,  comme  des- 
crit  Melchior  Giiillaudin  Beruce,  est  farcy  et 
replet  de  graisse,  et  dit  en  auoir  veu  deux  : 
Quant  à  moy  i’en  ay  veu  vn  en  ceste  ville, 
qu’vn  homme  notable  auoit,  dont  en  faisoit 
grande  estime  :  duquel  oiseau  tu  as  icy  le 
portraict.  » 

En  1679,  tout  cela  fut  rayé,  et  Paré  écrivait 
en  place: 

«  l’en  ay  veu  vn  en  ceste  ville  que  Ion 
donna  au  deffund  Roy  Charles.  « 

Et  cnüu  le  texte  actuel  est  de  1686. 


Ethiopien ,  fort  monstrueuse ,  que  le® 
Ethiopiens  tiennent  en  de  grandes 
cages  de  ionc,  ayant  la  peau  rouge 
comme  escarlate ,  quelque  peu  mou¬ 
chetée  ,  la  teste  ronde  comme  vne 
boule,  les  pieds  ronds  et  plats  sans 
ongles  offensiues,  laquelle  ne  vit  que 
de  vent.  Les  Mores  l’assomment,  puis 
la  mangent,  après  luy  auoir  donné 
plusieurs  coups  de  baston,à  fin  de 
rendre  sa  chair  plus  délicate  et  aisée 
à  digerer. 

Du  Giraffe. 

Au  Royaume  de  Camota ,  d’Ahob , 
de  Benga,  et  autres  montaignes  de 
Gangipu  ,  Plimatiq,  et  Caragan,  qui 
sont  en  l’Inde  intérieur,  par  delà  le 
fleuue  de  Ganges,  quelques  cinq  de¬ 
grés  par  delà  le  Tropiq  de  Cancer,  se 
trouue  la  beste  appelée  des  Germains 
Occidentaux,  Giraffe.  Cest  animal  dif¬ 
féré  peu  de  teste  et  oreilles ,  et  de 
pieds  fendus,  à  nos  Biches.  Son  col  est 
long  d’enuiron  vne  toise ,  et  subtil  à 
merueille  ,  et  différé  pareillement  de 
iambes ,  d’autant  qu’il  les  a  autant 
haut  esleuéesque  beste  qui  soit  sous 
le  Ciel.  Sa  queuë  est  ronde ,  qui  ne 
passe  point  les  jarrets ,  sa  peau  belle 
au  possible.  Elle  est  mouchettée  eu 
plusieurs  endroits,  de  tache  tirant 
entre  blanc  et  tanné,  comme  celle 
du  Leopart ,  qui  adonné  argument  à 
quelques  Historiographes  grecs  de 
luy  donner  le  nom  de  Chamœleopar- 
dalis.  Ceste  beste  est  si  saunage  auant 
que  d’estre  prise ,  que  bien  peu  son¬ 
nent  se  laisse  voir,  se  cachant  par  les 
bois  et  deserts  du  pays,  où  autres 
bestes  ne  repaissent  point  :  et  dés 
aussi  tost  qu’elle  voitvn homme,  elle 
tasche  à  gaigner  au  pied  :  mais  fina¬ 
lement  on  la  prend ,  parce  qu’elle  est 
lardiueen  sa  course.  Au  reste  prise 
qu’elle  est,  c’est  la  besle  la  plus  douce 


AV  LIVRE  DES  MONSTRES, 
â  goiiuerner ,  qu’autre  qui  viue.  Sur 
sa  teste  apparoissent  deux  petites  cor¬ 
nes  longues  d’vu  pied  ou  enuiron  , 
lesquelles' sont  assez  droites  et  enui- 
ronnées  de  poil  tout  autour  ;  vne 
lance  n’est  point  plus  haute  qu’elle 
leue  sa  teste  en  haut.  Elle  se  paist 
d’herbes ,  et  vit  aussi  de  fueilles  et 
branches  d’arbres  ,  et  aime  bien  le 
pain,  chose  qu’atteste  et  figure  André 
ïheuet ,  liure  11 ,  chap.  13 ,  tome  l , 
de  sa  Cosmographie. 


85 


Des  Elephans  ‘ . 

Les  Elephans  naissent  en  Afrique , 
delà  les  deserts,  en  la  Mauritanie,  et 
aussi  eu  Ethiopie.  Les  plus  grands 
sont  ceux  qui  naissent  és  Indes.  Ils 
passent  en  grandeur  tous  les  autres 
animaux  à  quatre  pieds  ;  neantmoins , 
comme  dit  Aristote,  ils  s’apriuoisent 
si  fort,  qu’ils  demeurent  les  plus  doux 
et  priués  de  toutes  les  bestes  :  on  les 
enseigne,  et  entendent  à  faire  plusieurs 
charges.  Ils  sont  couuerts  d’vn  cuir 


1  Au  lieu  de  cet  article;,  l’édition  de  1579 
en  offrait  ici  quatre  :  le  premier  traitant 
du  pyrassouppi,  le  second  ducarnphurch,  le 
troisième  de  l’elephant,  te  quatrième  du  tau¬ 
reau  de  la  Floride.  Trois  de  ces  articles  ont 
été  depuis  reportés  au  Diseoursde  la  licorne. 

Il  est  à  remarquer  que  ce  déplacement  se  fit 
avec  tant  de  négligence,  que  rhistoirc  de  la 
teste  thanacht  avait  sauté  en  même  temps 
dans  l’édition  de  1585,  et  n’ayant  point 

Irouvéplaceau Diseoursde  la  licorne,  n’avait 

point  été  remise  ici,  bien  que  la  figure  de  la 
bôtey  fût  conservée.  Celte  lacune  a  été  ré¬ 
parée  dès  la  première  édition  posthume.  Mais 
d’un  autre  côté,  ia  figure  de  l’éléphant 
ayant  été  aussi  transportée  au  Discours  de  la 
licorne,  le  texte  qui  s’y  rapporte  avait  été 
oublié,  et  il  avait  été  conséquemment  effacé 
d’un  endroit  sans  être  reproduit  dans  l’au¬ 
tre  :  je  l’ai  rétabli  ici  d’après  l’édition  de 
J  579. 


semblable  à  vn  bulle,  clair  semé  de 
poil  de  couleur  cendrée.  Ils  ont  la 
teste  grosse,  le  col  court,  les  oreilles 
larges  de  deux  empans  ;  le  nez  très 
long  et  creux  comme  vne  grande 
trompe ,  louchant  presque  iusques  à 
terre  ,  duquel  se  seruent  en  lieu  de 
mains.  Ils  ont  la  gueule  prés  la  poi¬ 
trine,  assez  semblable  à  celle  d’vn 
pourceau  ;  du  dessus  sortent  deux 
dents  fort  grandes.  Leurs  pieds  sont 
ronds  comme  tailloirs,  larges  de  deux 
ou  trois  empans,  et  autour  sont  cinq 
ongles.  Ils  ont  les  iambes  grosses  et 
fortes,  non  composées  d’vn  seul  os 
entier  comme  aucuns  ont  estimé , 
mais  plient  les  genoüils  comme  autres 
bestes  à  quatre  pieds  ;  et  partant 
quand  on  veut  monter  dessus  ou  les 
charger,  ils  s’agenoüill8nt,puis  ils  se 
relouent.  Iis  ont  la  queue  comme  vn 
bufle,  peu  garnie  de  poil ,  longue  en¬ 
uiron  de  trois  empans;  par  quoy  ils 
seroient  maltraités  des  mouches,  si 
Nature  ne  les  auoit  pourueus  d’vn 
autre  moyen  pour  s’en  défendre  ;  c’est 
qu’ alors  qu’elles  les  mordent  et  pi¬ 
quent,  ils  resserrent  leur  cuir,  qui  est 
du  tout  ridé  et  remplié  :  par  ainsi  ils 
les  escachent  prises  entre  ses  rides.  Il 
n’y  a  homme  qu’il  n’atteinde  ,  encore 
n’allant  que  son  pas  :  sa  grande  cor¬ 
pulence  en  est  cause ,  car  ses  pas  sont 
si  longs  qu’ils  outrepassent  la  grande 
vistesse  des  hommes.  Us  viuent  de 
fruits  et  fueilles  d’arbres,  et  si  il  n’y  a 
arbre  si  gros  qu’ils  n’atterrent  et  met 
tent  en  pièces.  Ils  croissent  iusques  à 
la  hauteur  de  seize  empans  :  pour  ce 
ceux  qui  n’ont  accoustumé  d’aller 
dessus  sont  aussi  eslonnés  que  ceux 
qui  n’ont  coustume  d’aller  sur  mer. 
Ils  sont  si  effrénés  de  leur  nature  , 

SX  Heur  liberté  Uoutesfois 


6o 


XII. 


APPENDICE 


786 

ils  sont  fort  obeïssans  aux  bommes 
de  leur  nation,  entendans  bien  leur 
langage  :  parquoy  il  est  aisé  à  les 
gouuerner  par  parolles.  Lorsqu’ils 
veulent  molester  quelque  personne, 
ils  l’eleuent  en  l’air  auec  leur  grand 
nez,  puis  d’vne  ardente  furie  le  ruent 
eontre  terre  et  le  foulent  aux  pieds , 
iusques  à  ce  qu’ils  leur  ayent  fait  ren¬ 
dre  l’esprit. 

Aristote  dit  qu’ilsn’engendrent  point 
que  iusques  à  vingt  ans  *  :  ils  ne  sont 
point  adultérés,  car  ils  ne  touchent 
iaraais  qu’à  vne  femelle,  et  quand  ils 
la  connoissent  pleine ,  ils  n’ont  garde 
d’y  toucher.  On  ne  peut  sçauoir  com¬ 
bien  de  temps  la  femelle  porte,  car 
les  masles  les  couurent  en  secret,  de 
honte  qu’ils  ont.  Les  femelles  font 
leurs  petits  auec  douleur  comme  les 
femmes,  et  les  leschent  incontinent. 
Ils  voient  et  marchent  soudain  qu’ils 
sont  nés.  Ils  viuent  deux  cens  ans. 

On  voit  des  dents  d’Elephans  , 
appellées  luoire ,  merueilleusement 
grandes ,  en  plusieurs  villes  d’Italie , 
comme  à  Venise,  Rome,  Naples, et 
mesraement  en  ceste  ville  de  Paris , 
desquelles  on  fait  coffres,  lucts,  pei¬ 
gnes,  et  plusieurs  autres  choses  à  l’v- 
sage  de  l’homme. 

De  la  teste  Thanaclh. 

André  Tbeuet,  tome  1.  chap.  lO. 
en  sa  Cosmographie,  dit  que  du  temps 
qu’il  estoit  sur  la  Mer  Rouge,  arriue- 
rent  certains  Indiens  de  terre  ferme 
qui  apportèrent  vn  monstre  de  gran¬ 
deur  et  proportion  d’vn  Tygre,  n’ayant 
point  de  queue,  mais  la  face  toute 
semblable  à  celle  d’vn  homme  bien 
formé ,  fors  que  le  nez  estoit  camus  : 
les  mains  de  douant  comme  d’vn 
homme,  et  les  pieds  de  derrière  res- 

i  Liu.  chap,  de  £lisl.  animal,  ■—  A.  F. 


semblans  à  ceux  d’vn  Tygre,  tout 
couuert  de  poil  bazané.  Et  quant  à  la 
leste,  oreilles,  col ,  et  bouche  comme 
homme,  ayant  les  cheueux  bien  peu 
noirs  et  crespelus,  de  mesme  les  Mo¬ 
res  qu’on  voit  en  Afrique.  C’estoit  la 
nouueauté  que  ces  Indiens  appor- 
toient  pour  faire  voir,  pour  l’honnes- 
teté  et  courtoisie  de  leur  terre ,  et 
nommoient  ceste  gentille  beste  Tha- 
nacth  :  laquelle  ils  tuent  à!  coups  de 
fléchés,  puis  la  mangent. 

D’vne  beste  monstrueuse  laquelle  ne  vit  que  de 
vent ,  dite  Haiit. 

Theuet  en  sa  Cosmographie,  tom.  2. 
chap.  13.  dit  qu’en  Afrique  se  trouue 
vne  beste ,  nommée  des  Saunages 
Haiit ,  fort  difforme,  et  est  presque 
incredible  qu’il  en  soit  de  telle  qui  ne 
l’auroil  veuë.  Elle  peut  esire  de  gran¬ 
deur  à  vne  grosse  Guenon ,  ayant  son 
ventre  auallé  et  proche  de  terre  , 
quoy  qu  elle  soit  debout  :  sa  face  et 
teste  sont  presque  semblables  à  celles 
d’vn  enfant.  Ce  Haiit  estant  pris, 
ietle  de  grands  soupirs,  ne  plus 
ne  moins  que  feroit  vn  homme  at¬ 
teint  de  quelque  grande  et  excessiue 
douleur.  Elle  est  de  couleur  gri¬ 
se,  n’ayant  que  trois  ongles  à  cha¬ 
cune  patte ,  longue  de  quatre  doigts, 
faits  en  forme  d’arestes  d’vne  carpe, 
auec  lesquelles  griffes  qui  sont  au¬ 
tant  ou  plus  trenchanles  que  celles 
d’vn  Lion ,  ou  autre  beste  cruelle , 
elle  monte  sus  les  arbres ,  où  elle  fait 
plus  sa  résidence  qu’en  terre.  Elle  a 
la  queue  longue  seulement  de  trois 
doigts.  Au  reste  c’est  vn  casestrange, 
que  iamais  homme  ne  sçauroit  dire 
l’auoir  veuë  manger  de  chose  quel¬ 
conque,  quoy  que  les  Sauuages  en 
ayent  tenu  longtemps  dedans  leurs 
loges,  pour  voir  si  elles  mangeroient 


AV  LIVRE  DES  MONSTRES. 


quelque  chose  ;  et  disoient  les  Sauna¬ 
ges  que  seulement  elles  viuoient  de 
vent. 

Dvn  onithal  foft  Monstrueux  naissant 
en  Afrique 

i’ay  retiré  de  lean  Leon ,  en  son 
Histoire  d’Afrique,  cest  animal  fort 
monstrueux,  de  forme  ronde,  sembla¬ 
ble  à  la  Tortue  :  et  sur  le  dos  sont 
croisés  et  signés  deux  lignes  iaunes, 
en  figure  de  croix ,  à  chaque  bout 
desquelles  lignes  est  vn  œil  et  vne 
oreille,  tellement  qu’en  quatre  parts 
et  de  tous  costés  ces  animaux  voient  et 
oyent ,  des  quatre  yeux  et  des  quatre 
oreilles ,  et  toutesfois  n’ont  qu’vne 
seule  bouche  et  ventre,  où  descend 
ce  qu’ils  boiuentet  mangent.  Ces  bes- 
tes  ont  plusieurs  pieds  autour  du 
corps ,  auecques  lesquels  peuuent 
cheminer  de  quelque  costé  qu’ils 
veulent  sans  contourner  te  corps  :  la 
quetiê  assez  longue,  le  bout  de  la¬ 
quelle  est  fort  touffu  de  poil.  Et  af¬ 
ferment  les  habitans  de  ce  pays  que  le 
sang  de  ces  animaux  est  de  mer- 
ueilleusé  vertu  pour  conioindre  et 
consolider  les  playes,  et  n’y  a  baume 
qui  ait  plus  grande  puissance  de  ce 
faire. 

Mais  qui  est  celuy  qui  ne  s’esmer- 
ueillera  grandement  de  contempler 
ceste  beste,  ayant  tant  d’yeux,  oreil¬ 
les  et  pieds,  et  chacun  faire  son  of¬ 
fice?  où  peuuent  estre  les  instrumens 
dédiés  à  telles  operations?  Véritable¬ 
ment  quant  à  moy  l’y  perds  mon  es¬ 
prit,  et  ne  sçauroîs  autre  chose  dire , 

1  Cetarticleest,  comme  les  autres,  de  15Î9, 
et  U  a  été  reproduit  en  1585.  Mais,  par  je  ne 
sais  quelle  négligence,  le  premier  paragra¬ 
phe  avait  été  omis  dans  la  première  édition 
posthume,  et  par  suite  dans  toutes  les  au¬ 
tres.  C’était  une  nécessité  de  le  rétablir. 


787 

fors  que  Nature  s’y  est  ioûée,  pour 
faire  admirer  la  grandeur  de  ses  œu- 
ures. 

Du  Caméléon  1, 

On  ti’ouue  cest  animal  nommé  Ca¬ 
méléon  en  Afriqoe ,  et  est  fait  comme 
vn  lézard,  sinon  qu’il  est  plus  haut 
de  iambes  :  d’auantage  il  a  les  flancs 
et  le  ventre  ensemble  comme  les  pois¬ 
sons  :  aussi  a-il  des  arestes  sur  le  dos, 
comme  on  voit  aux  poissons  :  il  â  mu¬ 
fle  comme  vn  petit  cochon,  la  queue 
fort  longue,  qui  va  lousiours  en  ap¬ 
pointant  ,  ses  ongles  fort  aigus  ,  et 
marche  ainsi  pesamment  qu’vne  Tor¬ 
tue  ,  et  a  le  corps  rude  et  escaillé 
comme  vn  Crocodile  :  il  ne  ferme  ia- 
mais  l’œil,  et  ne  bouge  point  la  pru¬ 
nelle.  Au  reste  c’est  vue  chose  admi¬ 
rable  de  parler  de  sa  couleur  :  car  à 
toutes  heures ,  principalement  quand 
il  s’enfle,  il  la  change  :  qui  se  fait  à 
cause  qu’il  a  le  cuir  fort  délié  et  min¬ 
ce,  et  le  corps  transparant  1 2  tellement 
que  de  deux  choses  T  vne,  ou  qu’en 
la  tenuité  de  son  cuir  transparant 
est  aisément  représentée  ,  comme  en 
vn  miroir,  la  couleur  des  choses  qui 

1  Cet  article  existait  déjà  en  1573,  où, 
comme  nous  avons  dit ,  il  terminait  le  cha¬ 
pitre  et  le  livre;  il  a  cependant  subi,  en 
1575  et  1579,  quelques  changements  qui  se¬ 
ront  indiqués. 

Immédiatement  auparavant  les  trois  édi* 
tiens  de  1573  à  1579  avaient  un  article  sur 
le  Rhinocéros,  lequel  a  été  reporté  depuis  au 
Discours  de  la  Licorne. 

2  En  1579  l’article  était  plus  court;  l’au¬ 
teur  ajoutait  seulement  : 

«  Et  outre  ce  a  vne  propriété  indicible 
pour  ce  faire  :  estant  mort  il  est  palle  :  i’ay 
obserué  ceste  description ,  etc.  » 

En  1575,  le  paragraphe  fut  rédigé  à  peu 
près  comme  on  le  lit  aujourd’hui;  et  la  ci¬ 
tation  de  Matthiolc  est  de  1579< 


AFPENDICE 


7S8 

luy  sont  voisines  (ce  qui  est  le  plus 
vraisemblable)  :  ou  que  les  humeurs 
en  luy  esmeus  diuersemont  selon  la 
diuersilé  de  ses  imaginalions ,  repré¬ 
sentent  diuerses  couleurs  vers  le  cuir, 
non  autrement  que  les  pend  ans  d’vn 
coq  d’Inde.  Estant  mort  il  est  pâlie. 

Matthiole  dit  que  si  on  luy  arra¬ 
che  l’oeil  droit  quand  il  est  en  vie,  il 
nettoye  les  taches  blanches  qui  sont 
sus  la  cornée,  meslé  auec  du  laict  de 
chéure:  si  on  se  frotte  de  son  corps,  le 
poil  tombe  :  son  fiel  digéré  et  oste  les 
cataractes  des  yeux. 

l’ay  obserué  ceste  description  en 
celuy  que  i’ay  en  mon  logis. 


CHAPITRE  IV. 

DES  MONSTRES  CELESTES- 

Les  anciens  nous  ont  laissé  par  es- 
crit  que  la  face  du  Ciel  a  esté  tant  de 
fois  défigurée  de  Cometes  barbues, 
cheuelues  ,  de  torches ,  flambeaux  , 
coulonnes ,  lances ,  boucliers,  batail¬ 
les  dénuées ,  dragons,  duplication  de 
Lunes  et  Soleils ,  et  autres  choses  ;  ce 
que  ie  n’ay  voulu  obmettre,  pour  ac¬ 
complir  ce  liure  des  Monstres  :  et 
pour  ce  en  premier  lieu  ie  produiray 
ceste  histoire ,  figurée  aux  histoires 
prodigieuses  de  Boistnau ,  lequel  dit 
l’auoir  tirée  de  Lycosthene. 

L’antiquité ,  dit-il ,  n’a  rien  experi. 
meuté  de  plus  prodigieux  en  l’air,  que 
la  Comete horrible  de  couleur  de  sang 
qui  apparut  en  Wesirie,  le  neufiéme 
iour  d’Oclobre  mil  cinq  cens  vingt 
liuict.  Ceste  Comete  estoit  si  horrible 
et  espouuentable,  qu’elle  engendroit 
si  grande  terreur  au  vulgaire  qu’il  en 
mourut  aucuns  de  peur  :  les  autres 
lomberenl  palades.  Ceste  estrange 


Comete  dura  vne  heure  et  vn  quart  ^ 
et  commença  à  se  produire  du  costé 
du  Soleil  leuant ,  puis  tira  vers  le 
Midy  :  elle  apparoissoil  estre  de  lon¬ 
gueur  excessiue,  et  si  estoit  do  cou¬ 
leur  de  sang  ;  à  la  sommité  d’icelle 
on  voyoit  la  figure  d’vn  bras  courbé, 
tenant  vne  grande  espée  en  la  main , 
comme  s’il  eust  voulu  frapper.  Au 
bout  de  la  pointe  il  y  auoil  trois  es- 
toiles  :  mais  celle  qui  estoit  droite- 
inent  sur  la  pointe,  estoit  plus  claire 
et  luisante  que  les  autres.  Aux  deux 
coslés  des  rayons  de  ceste  Comete,  il 
se  voyoit  grand  nombre  de  haches, 
couteaux,  espées  coulouréesde  sang, 
parmy  lesquelles  il  y  auoit  grand 
nombre  de  faces  humaines  hideuses, 
auec  les  barbes  et  cheueux  hérissés. 

losephe  et  Eusebe  escriuent  qu’a- 
pres  la  passion  de  lesus-Christ ,  la 
misérable  destruction  de  la  ville  de 
Hierusalem  fut  signifiée  par  plusieurs 
signes ,  et  mesme  entre  les  autres 
vne  espouuentable  comete  en  forme 
d’espée  luisante  en  feu ,  laquelle  ap¬ 
parut  bieu  l’espace  d’vn  an  sur  le 
temple  ;  comme  demonstrant  que 
l’ire  diuine  se  vouloit  vanger  de  la 
nation  ludaïque ,  par  feu  ,  par  sang, 
et  par  famine.  Ce  qui  aduint,  et  y  eut 
vne  si  calamiteuse  famine,  que  les 
meres  mangèrent  leurs  propres  en- 
fans  :  et  périrent  en  la  cité,  du  siégé 
des  Romains ,  plus  de  douze  cens  mille 
luifs  ,  et  en  fut  vendu  plus  de  quatre 
vingts  dix  mille 

Les  comètes  ne  sont  iamais  appa¬ 
rues  sans  produire  quelque  rnauuais 
effet,  et  laisser  vn  sinistre  euene- 
ment,  J.e  poète  Claudian  : 

*  Ce  paragraphe,  et  tout  ce  qui  suit  jus¬ 
qu’aux  citations  des  Psaumes  inclusivement, 
sont  des  additions  de 


A.V  LIVRK 

Oncquos  au  ciel  Comcte  on  n’a  peu  voir, 
Que  quelque  mal  ne  nous  face  apparoir. 

Les  astronomes  ont  diuisé  les  corps 
celesies  en  deux  bandes  :  Tviie  appe¬ 
lée  estoiles  fixes  et  arrestées,  que 
l’on  voit  bluetter  ou  estinccler  au 
Ciel ,  comme  s’ils  feussent  feux  em¬ 
brasés  :  les  autres  sont  errantes,  ap¬ 
pelées  planètes  ,  qui  ne  bluettent 
point,  et  sont  au  nombre  de  sept, 
ayant  chacune  son  ciel,  cercle,  rond, 
ou  estage  ;  leurs  noms  sont ,  Saturne, 
Jupiter,  Mars ,  Sol ,  Venus ,  Mercure , 
et  Lune.  Les  estoiles  sont  corps  sphé¬ 
riques  apparans  et  luisans ,  composés 
de  simple  et  pure  matière ,  comme  le  I 
Ciel ,  et  nul  n’en  sçait  le  nombre  ny 
les  noms ,  fors  que  Dieu.  Or  lesdites 
planètes  font  leurs  cours  par  le  Zo¬ 
diaque  (qui  est  vn  des  principaux  et 
le  plus  grand  cercle  du  Ciel,  et  la 
vraye  route  du  Soleil  )  qui  trauerse 
ou  enuironne  biaisement  le  Ciel ,  la 
nuict  et  le  iour,  à  fin  que  toutes  les 
contrées  de  la  terre  ioüissent  alter- 
naliuement  des  quatre  saisons  de 
l’année,  par  le  moyen  du  Soleil  qui 
sans  cessemonte  etdeualle,  esclairant 
et  nourrissant  en  l’espace  d’vn  an 
tout  le  rond  de  la  terre.  Il  est  le  cha¬ 
riot  et  fontaine  de  la  lumière  des 
corps  celestes ,  n’en  eslans  que  petits 
ruisseaux  :  parquoy  est  nommé  Roy 
des  estoiles,  et  le  plus  grand  de  tous 
les  corps  celestes.  Il  est  de  trois  épi- 
cycles,  c’est  à  dire,  ciels  ou  estages, 
au  dessus  de  la  Lune  :  il  marche  au 
milieu  de  six  planètes  ;  si  elles  s’ap¬ 
prochent  de  luy,  pour  n’empescher 
sa  route  se  retirent  à  l’escart  au  plus 
haut  de  leurs  pedits  epicycles  ou  cer¬ 
cles  :  puis  luy  passé  ,  elles  deuallent 
au  plus  bas ,  pour  l’accompagner  et 
ac.co.ster  comme  les  princes  font  leur 
Hoy.  Lt  lors  ayans  fait  leur  deuoir, 


DES  MONSTRES. 

s’arrestent ,  et  d’vne  reuereuce  hon¬ 
teuse  reculent  en  arriéré,  descendans 
au  fond  de  leurs  epicycles ,  pour  con¬ 
templer,  comme  de  loing ,  la  face  de 
leur  seigneur.  Et  quand  il  rapproche, 
en  reculant  elles  regaignent  le  haut 
de  leurs  epicycles  pour  aller  au  dé¬ 
liant  de  luy  :  de  sorte  que  le  fentans 
à  quatre  signes  près ,  elles  font  sem¬ 
blant  de  l’attendre ,  puis  luy  ayans 
fait  la  bien  venue  marchent  deuant 
luy  vn  peu  à  l’escart,  pour  ne  donner 
empeschement  à  sa  carrière  et  course 
naturelle. 

Celle  qui  est  nommée  Saturne ,  par 
l’estimation  des  astronomes,  est  qua¬ 
tre  vingts  dix  fois  ou  enuiron  ,  plus 
grosse  que  toute  la  terre ,  de  laquelle 
elle  est  loing  de  plus  de  trente  six 
millions  de  lieues  françoises.  La  gran¬ 
deur  de  celle  nommée  lupiter  est  es¬ 
timée  nonante  et  six  fois  plus  grosse 
que  le  diamètre  de  la  terre ,  et  en  est 
esloignée  de  plus  de  vingt  deux  mil¬ 
lions  de  lieues.  La  planete  de  Mars  est 
aussi  grosso  que  la  terre ,  et  est  esloi¬ 
gnée  d’icelle  de  trois  millions  cin¬ 
quante  quaîre  mil  deux  cens  quatre 
lieues.  La  Lune  signifie  mois ,  par-ce 
quêtons  les  mois  elle  se  renouuelle  ; 
elle  est  esloignée  de  la  terre  deocr 
tante  mil  deux  cens  treize  liéuës  ; 
elle  est  plus  espaisse  et  obscure  que 
les  autres  estoiles  ,  attachée  à  sa 
spherequi  la  porte  par  certains  mou- 
uemens ,  tours  et  retours  estans  limi¬ 
tés:  creée  de  Dieu  pour  remarquer 
aux  hommes  les  temps  et  saisons,  et 
besongner  par  sa  lumière  et  mouue- 
ment  és  corps  inferieurs 

Le  globe  du  Soleil  est  .soixante  et 
six  fois  plus  grand  que  celuy  de  la 
terre,  et  est  presque  .sept  mille  fois 
plus  grand  que  la  Lune.  Ptolomée 
et  autres  astronomes  ont  trouué  par 
inuetdioiis  geomelriques  qu’il  estoit 


APPENDICE 


790 

cent  soixante  et  six  fois  plus  grand 
que  toute  la  terre  :  il  viuifie  tous  les 
animaux  ,  non  seulement  ceux  qui 
sont  sus  la  terre ,  mais  aussi  ceux  qui 
sont  au  profond  des  eaux.  Le  sei¬ 
gneur  du  Bartas  l’appelle  postillon 
continuel,  fontaine  de  chaleur,  source 
4e  clairté,  vie  de  l’vniuers,  flambeau 
du  monde,  et  ornement  du  Ciel.  B’a- 
uantage  le  Soleil  fait  son  tour  du 
Ciel  aTitour  de  la  terre  en  vingt  qua¬ 
tre  heures,  et  cause  îes commodités 
et  agréables  reuolutions  du  iouret 
de  la  nuict ,  pour  le  soulagement  e,t 
contentement  de  l'homme ,  et  de  tous 
animaux. 

Que  le  lecteur  considéré  et  adore 
icy  l’admirable  sagesse  et  puissance 
du  Créateur,  en  la  grandeur,  vistesse 
continuelle  ,  incroyable  rapidité  , 
lueur  et  chaleur  immense,  et  con- 
ionctions  et  mouuemens  contraires 
en  vn  si  noble  corps  que  celuy  du  So¬ 
leil,  qui  en  vne  minute  d’heure  fait 
plusieurs  milliers  de  lieues  sans  qu’on 
l’apperçoiue  bouger,  et  n’en  recpn- 
nojst-on  rien  qu’aprés  qu’il  est  fort 
auancé  en  sa  course.  Qui  plus  est ,  la 
moindre  estoile  est  dix  huit  fois  plus 
grande  que  toute  la  terre.  Cecy  soit 
dit  non  seulement  pour  vne  grande 
spéculation,  mais  à  la  louange  du 
Créateur,  et  pour  humilier  l’homme, 
qui  fait  tant  de  bruit  en  la  terre ,  qui 
n’est  rien  qu’vu  point  au  regard  de  la 
machine  celeste. 

Outre  plus  il  y  a  au  Ciel  douze  si¬ 
gnes,  à  sçauoir  Àries .  Taurus,  Ge¬ 
mini,  Cancer,  Léo,  Virgo  ,  Libra, 
Scorpius ,  Sagittarius ,  Capricornus , 
Aquarius ,  Pisces  ,  tous  lesquels  sont 
diftérens.  L’vsage  d’iceux  est  que  par 
leur  conioriction  auec  le  Soleil,  ils 
augmcutciil  ou  diminuent  la  chaleur 
d’iceUiy,  à  oe  que  par  telle  variété  de 
chaleur  soient  Iproduites  les  quatre 


saisons  de  l’année,  la  vie  et  conserua- 
tion  soit  donnée  à  toutes  choses.  Les 
cieux  sont  vne  quinte-essence  des 
quatre  elemens  faits  de  rien,  c’est  à 
dire ,  sans  matière. 

Hola,  ma  plume,  arreste  toy  :  car 
ie  ne  veux  ny  ne  puis  entrer  plus 
auant  au  cabinet  sacré  de  la  diuine 
maiesté  de  Dieu.  Qui  en  voudra  sçu- 
uoir  d’auantage  lise  Ptolomée,  Pline, 
Aristote,  Milichius,  Cardan,  et  autres 
astronomes,  et  principalement  le  sei¬ 
gneur  du  Bartas,  et  son  interprète, 
qui  en  ont  très  doctement  et  diuine- 
ment  escrit  au  4.  iour  de  la  Sepmaine, 
où  l’on  trouuera  pour  se  contenter  : 
et  confesse  en  auoir  retiré  les  choses 
cy  dessus  mentionnées,  pour  instruire 
le  ieune  Chirurgien  à  la  contempla¬ 
tion  des  choses  celestes.  Et  icy  chan¬ 
terons  auec  ce  grand  prophète  diuin, 
Psal.  19. 

Les  cieux  en  chacun  lieu 
La  puissance  de  Dieu 
Racontent  aux  humains  : 

Ce  grand  entour  espars 
Publie  en  toutes  parts 
L’ouurage  de  ses  mains. 

Et  au  Pseaume  viij . 

Et  quand  ie  voy  et  contemple  en  courage 
Les  Cieux, qui  sont  de  tes  doigts  haut  ouurage, 
Estoîles ,  Lune  ,  et  signes  differans, 

Que  lu  as  faits  et  assis  en  leurs  rangs  : 

Alors  ie  dis  à  par  moy,  ainsi  comme 
Toutesbahl  :  et  qu’est-ce  que  de  l’homme, 
D’auoir  daigné  de  luy  le  souuenir, 

Et  de  vouloir  en  ton  solng  le  tenir  .î* 

D’auantage  ie  ne  veux  laisser  icy  à 
escrire  choses  monstrueuses  et  admi¬ 
rables  qui  se  sont  faites  au  ciel.  Et 
premièrement  Boistuau  oseriten  se.s 
histoires  prodigieuses,  qu’en  Sugolie 
située  sur  les  contins  de  Hongrie,  il 
tomba  vne  pierre  du  ciel  auec  vn 


AV  LIVRE  DES  MONSTRES. 


horrible  esclatement ,  le  septième 
iour  de  septembre  1514,  de  la  pesan¬ 
teur  de  deux  cens  cinquante  liures, 
laquelle  les  citoyens  ont  fait  enclauer 
en  vne  grosse  chaisne  de  fer,  au  mi¬ 
lieu  de  leur  temple  :  et  se  monstre 
auec  grand’  merueille  à  ceux  qui 
voyagent  par  leur  prouince,  chose 
merueilleuse  comme  l’air  peut  sous- 
tenir  telle  pesanteur. 

Pline  escrit  que  durant  les  guerres 
des  Cimbres,  furent  otiis  de  l’air  sons 
de  trompettes  et  clairons,  auec  grands 
cliquetis  d'armes.  Aussiil  dit  d’auan- 
tage,  que  durant  le  consulat  de  Ma- 
rius,  il  apparut  des  armées  au  ciel, 
dont  les  vnesvenoient  de  l’Orient,  les 
autres  de  l’Occident,  et  se  combatti¬ 
rent  tes  vnes  contreles  autres  longue¬ 
ment,  et  que  celles  d’Orient  repous¬ 
seront  celles  d’Occident.  Ce  mesme  a 
esté  veu  l’an  1535.  en  Lusalie,  vers  vn 
bourg  nommé  luben  ,  sur  les  deux 
heures  après  midy.  D’auanlage  l’an 
1550,  le  19.  de  luillet,  au  pays  de  Saxe, 
non  fort  loing  de  la  ville  de  Witem- 
berg,  fut  veu  en  l’air  vn  grand  cerf  i, 
enuironné  de  deux  grosses  armées, 
lesquelles  faisoient  vn  grand  bruit  en 
se  combattant,  et  à  l’instant  mesmele 
sang  tomba  sur  la  terre,  comme  vne 
forte  pluye  ;  et  te  soleil  se  fendit  en 
deux  pièces,  dont  l’vne  sembloit  estre 
tombée  en  terre.  Aussi  auant  ta  prise 
de  Constantinople  il  apparut  vne 
grande  armée  en  l’air,  auec  vne  infi¬ 
nité  de  chiens,  et  autres  besles. 

Iulius  Obsequens  dit,  que  l’an  458. 
en  Italie,  il  pleut  de  la  chair  par  gros 
et  petits  lopins,  laquelle  fut  en  partie 
deuorée  par  les  oiseaux  du  ciel,  auant 
qu’elle  tombast  en  terre  ;  et  le  reste 
qui  cheutàtorre  demeura  long  temps 

»  Chapitre  17.  — A.  P.  Ce  renvoi  se  rap¬ 
porte  au  livre  de  UoaistuâU. 


791 

sans  se  corrompre ,  ny  changer  de 
couleur  ny  d’odeur.  Et  qui  plus  est, 
l’an  989,  régnant  Otton  Empereur 
troisième  de  ce  nom,  pleut  du  ciel  du 
froment.  En  Italie  l’an  180,  il  pleut  du 
laict  et  de  l’huile  en  grande  quantité, 
et  les  arbres  fruitiers  portèrent  du 
froment.  Lycosthenes  raconte,  qu’en 
Saxe  il  pleut  des  poissons  en  grand 
nombre  :  et  que  du  temps  de  Loys 
Empereur,  il  pleut  trois  iours  et  trois 
nuits  durant,  du  sang  :  et  que  l’an 
989,  il  tomba  vers  la  ville  de  Venise  , 
neige  rouge  comme  sang  :  et  que 
l’an  1565,  eni’EueschédeDole.ilpleut 
du  sang  en  grande  quantité.  Ce  quj 
aduint  la  mesme  année,  le  mois  de 
luin ,  en  Angleterre. 

Et  non  seulement  se  fait  des  choses 
monstrueuses  en  l’air,  mais  aussi  au 
soleil  et  en  la  lune.  Lycosthenes  es¬ 
crit  que  durant  le  siégé  de  Magde- 
bourg,  du  tempsde  l’Empereur  Char¬ 
les  cinquième,  sur  les  sept  heures  du 
matin,  il  apparut  trois  soleils,  des¬ 
quels  celuy  du  milieu  estoitfort  clair, 
les  autres  deux  tiroient  sur  le  rouge 
et  couleur  de  sang,  et  apparurent 
tout  le  iour  :  aussi  sur  la  nuict  appa¬ 
rurent  trois  lunes.  Ce  mesme  est  ad- 
uenu  en  Bauiere,  1554. 

Et  si  au  ciel  s’engendrent  telles 
nouuelles,  nous  trouuerons  la  terre 
produire  d’autant  ou  plus  admirables 
et  dangereux  effets.  L'an  642.  toute 
la  terre  trembla,  et  mesme  le  mont 
Ætna  vomit  force  flammes  et  flammè¬ 
ches,  dont  la  plus  grande  part  des 
villes,  et  villages,  et  biens  de  ladite 
Isle  furent  embrasés  •. 

1  Tout  ced  est  de  la  rédaction  de  1579  j 
mais  le  chapitre  ne  s’arrêtait  point  là  : 

«  D’auantage  l’an  1531  en  Portugal  il  ad¬ 
uint  que  la  terre  trembla  huict  iours  durant, 
et  par  chaque  Iour  sept  ou  huict  fois,  telle¬ 
ment  qu'en  la  seule  ville  de  Lyspotma  1050 


APPENDICE 


792 


CHAPITllE  V  *. 

Abraham  Ortelius,  au  theatrede 
l’vniuers ,  descrit  qu’il  y  a  en  Sicile 
vne  monlagne  bruslante,  nommée 
Ætna  :  de  ceste  montagne  ont  escrit 
plusieurs  philosophes  et  poêles  ,  par¬ 
ce  que  continuellement  elle  iette  feu 
et  fumée,  laquelle  a  plus  de  trente 
lieues  d’Italie  de  hauteur,  et  plus  de 
cent  lieues  de  circuit  par  embas  : 
comme  Facellus  escrit,  qui  l’a  très 
bien  regardée,  et  auec  non  moindre 
curiosité  descrite.  Par  dessus  de  ceste 
continuelle  flambe  qui  ne  s’esteint 
point,  elle  iette  aucunesfois  telle 
quantité  de  feu,  que  tout  le  pays  cir- 
conuoisin  en  est  totalement  gasté  et 

maisons  furent  ruinées,  sans  plus  de  six  eents 
qui  furent  fendues  et  creuees  :  et  de  n’ague- 
res  la  ville  de  Ferrare  a  esté  presque  ruinee 
par  pareil  tremblement  (l’an  1561).  Pline 
raconte  et  dit,  que  de  son  temps  sous  l’em¬ 
pire  de  Néron,  que  Yasseus  Marcellus,  che- 
ualier  Romain ,  auoit  au  territoire  Marrucin 
quelques  champs ,  vn  de  ça  l’autre  delà 
le  grand  chemin,  l’vn  estant  vn  pré,  et 
l’autre  planté  d’oliuiers  ;  Aduint  par  vne  es- 
merueillable  vertu  que  ces  deux  champs 
changèrent  déplacé  :  car  lesoliuiersse  trans¬ 
portèrent  là  où  estoit  le  pré ,  et  le  pré  au  cas 
pareil  fut  veu  se  transporter  au  lieu  où  es- 
toyent  les  oliuiers,  ce  qui  fut  iugé  procéder 
par  tremblement  de  terre.  » 

Après  ceci  il  y  avait  un  dernier  paragra¬ 
phe  qui  se  retrouvera  ,  au  moins  en  partie, 
dans  le  chapitre  suivant  ;  et  le  livre  était 
terminé  par  une  histoire  digne  d’eslre  bien 
considérée,  tant  des  Médecins  que  des  Chirur¬ 
giens.  Celte  histoire  est  celle  d’Isabeau  Ro- 
lant,  reportée  en  1585  au  Livre  des  Tu¬ 
meurs  en  general:  Voyez  tome  I,  page  356. 
Il  n’y  a  eu  d’autre  changement  que  l’omis¬ 
sion  du  nom  ûa Rebours,  cité  en  1579  parmi 
les  Docteurs  qui  avaient  vu  l’autopsie,  et 


brtislé.  Mais  combien  de  fois  cela  est 
venu,  nos  prédécesseurs  ne  l’ont  pas 
couché  par  mémoire  :  neanlmoins  ce 
queles  autheursen  ont  escrit,  nous 
le  raconterons  icy  briefuement,  et  se¬ 
lon  le  dire  de  Facelle. 

L’an  de  la  fondation  de  la  ville  de 
Rome  350  ,  ceste  monlagne  vomist 
tant  de  feu,  que  par  les  brasiers  et 
charbons  qui  en  sortirent ,  furent 
bruslés  plusieurs  champs  et  villages  : 
250.  ans  après  aduint  le  semblable  ; 
37.  ans  après  cecy  elle  desgorgea  et 
ietta  tant  de  cendres  chaudes,  queles 
toits  et  couuertures  des  maisons  delà 
ville  de  Calana,  située  au  pied  de  ceste 
montagne,  de  la  pesanteur  d’icelles 
furent  ruinées.  Elle  fit  semblable¬ 
ment  grand  dommage  du  temps  de 

effacé  en  1585.  Après  cette  histoire  Paré 
poursuivait  : 

«  A  ce  propos  ledict  sieur  Milot  m’a  dict 
auoir  leu  vue  presque  semblable  histoire, 
escrite  par  lean  Philippe  Ingrassias,  docte 
Médecin  de  Sicile,  etc.  » 

Ceci  a  été  égalemen  t  reporté  au  même  cha¬ 
pitre  du  Livre  des  Tumeurs,  tome  I ,  p.  353, 

.  jusqu’au  milieu  du  premier  paragraphe  de 
la  page  354 ,  après  ces  mots  :  Ce  qui  est  con¬ 
forme  à  la  doctrine  de  Galien,  lequel  veut  les 
escrouëlles  n’estre  autre  chose  que  les  glandules 
scirrheuses  et  endurcies.  Mors  l’auteur  ajou¬ 
tait  ,  ce  qui  terminait  le  livre  ; 

«  Or  qu’il  y  ayt  plusieurs  glandules  au 
mesentere ,  cela  a  esté  demonstré  cy  dessus 
en  nostre  Anatomie.  On  a  veu  pareillement 
des  femmes  estant  decedees  auoir  leur  ma¬ 
trice  toute  squirrheuse  et  de  grosseur  de  la 
teste  d’vn  homme  ,  qu’on  eslimoit  estre  vne 
molle,  ce  qui  n’cstoitpas  :  aussi  on  en  voit 
estre  la  matrice  squirrheuse  en  vne  partie 
seulement ,  tous  lesquels  squires  sont  incu¬ 
rables.  n 

‘  Ce  chapitre  presque  tout  entier  est  de 
1585.  1!  ne  porte  pas  de  titre;  et  en  délini- 
live  il  fait  directement  suite  au  dernier  pa¬ 
ragraphe  du  chapitre  précédent. 


AV  LIVRE  DI 
l’Empereiii'  Caligiila  ,  et  puis  après  ] 
l’an  254.  Le  premier  iour  de  feurier,  1 
l’an  1169  elle  abbatit  par  le  feu  con¬ 
tinuel  qui  en  sortoit,  plusieurs  ro¬ 
chers,  et  causa  tel  tremblement  de 
terre  que  la  grande  Eglise  de  la  ville 
de  Catana  en  fut  démolie  et  abbatue  : 
etl’Euesque,auec  les  Preslres,  et  gens 
qui  y  estoient  pour  lors,  furent  assom¬ 
més  et  froissés.  L’an  1329,  le  premier 
iour  de  iuillet,  ayant  fait  nouuelle  ou- 
uerture,  abbatit  et  ruina  par  ses  flam¬ 
mes  et  tremblement  de  terre  qui  en 
aduint,  plusieurs  Eglises  et  maisons 
situées  à  l’entour  de  ladite  montagne  : 
elle  fit  tarir  plusieurs  fontaines  , 
ietta  dans  la  mer  plusieurs  bateaux 
qui  estoient  à  terre,  et  au  mesme  ins¬ 
tant  se  fendit  encore  entrois  endroits 
de  telle  impétuosité,  qu’elle  renuersa 
et  ietta  en  l’air  plusieurs  rochers, 

•  voire  aussi  des  forests  et  vallées,  iet- 
tant  et  vomissant  tel  feu  par  ces 
quatre  conduits  infernaux,  qu’il  de- 
couloit  de  ladite  montagne  en  bas, 
comme  de  ruisseaux  biuyans,  rui¬ 
nant  et  abbattant  tout  ce  qu’il  ren- 
controit  ou  lu  y  faisoit  résistance  ; 
tout  le  pays  circonuoi.sin  fut  couuert 
de  cendres  sortans  hors  de  cesdites 
gueules  ardantes  au  sommet  de  la 
montagne ,  et  beaucoup  de  gens  en 
furent  eslouffés  :  de  maniéré  que  les- 
dites  cendres  de  ceste  odeur  sulphu- 
rée  furent  transportées  du  vent  (  qui 
souffloit  alors  du  Septentrion)  iusques 
à  risle  de  Maltba,  qui  est  dlsiante  de 
160.  licuës  Italiques  de  ceste  monta¬ 
gne  là.  L’an  1444,  se  demenoit  de  re¬ 
chef  fort  terriblement,  en  vomissant 
feux  et  cailloux.  Après  ce  temps  là 
elle  cessoit  de  ietter  feux  et  fumée, 
tellement  qu’on  l’estimoit  totalement 
esteinte,  et  ne  deuoir  plus  brusler. 
Mais  ce  beau  temps  là  (par  manière 
de  dire)  estoit  bien  tost  passé.  Car 


S  MONSTRES, 

l’an  1536,  le  22.  de  mars,  elle  recom¬ 
mença  à  vomir  force  flambes  ardantes, 
qui  abbalirent  tout  ce  qu'elles  ren¬ 
contrèrent  en  chemin.  L’Eglise  de 
S.  Leon ,  située  dedans  la  forest , 
tomba  par  le  tremblement  de  la  mon- 
•  tagne,  et  incontinent  après  elle  fut 
tellement  embrasée  du  feu,  qu’il 
n’en  reste  plus  rien,  sinon  vn  mon¬ 
ceau  de  pierres  bruslées. 

Tout  cecy  estoit  vne  chose  bien 
horrible.  Mais  ce  n’estoit  encore  rien 
au  prix  de  ce  qui  est  aduenu  depuis  en 
l’an  1537,  le  premier  iour  de  may. 
Premièrement  toute  ITsle  de  Sicile 
trembla  douze  iours  durant  ;  après 
il  fut  oüy  vn  horrible  tonnerre,  auec 
vn  esclat  bruyant,  tout  ainsi  que  les 
grosses  artilleries,  dont  plusieurs  mai¬ 
sons  se  démentirent  par  toute  ceste 
Isle.  Cecy  dura  enuiron  l’espace 
d’onze  iours  :  après  cela  elle  se  fendit 
en  plusieurs  et  diuers  endroits,  des¬ 
quelles  fentes  et  creuasses  sortit  telle 
quantité  de  flambes  de  feu,  qui  des¬ 
cendirent  de  ladite  montagne,  qu’en 
l’espace  de  quatre  iours  ruineront  et 
mirent  en  cendres  tout  ce  qu’il  y  auoit 
à  quinze  lieues  à  la  ronde,  voire  aussi 
plusieurs  villages  furent  entièrement 
bruslés  et  ruinés.  Les  habitans  de 
Catana,  et  plusieurs  au  très,  abandon- 
nans  leurs  villes  s’enfuirent  aux 
champs.  Vn  peu  de  temps  après,  le 
trou  qui  est  au  sommet  de  la  monta¬ 
gne  ietta  trois  iours  consecutifs  telle 
quantité  de  cendres,  que  non  seule¬ 
ment  ceste  mon  tagne  en  fut  couuerte, 
mais  qui  plus  est,  elle  s’espandit  et 
fut  chassée  du  vent  iusques  aux  ex¬ 
trémités  de  ceste  isle,  voire  outre  la 
mer  iusques  en  Calabre.  Certaines 
nauires  voguans  en  la  mer  pour  aller 
deMe.ssina  à  Venize,  distant  de  ceste 
isle  trois  cens  lieuës  Italiques,  ont 
esté  entachées  des  cendres  susdites. 


APPENDICE  AV  LIVRE  DES  MONSTRES. 


794 

Voicy  ce  que  Facelius  en  escrit  en 
langue  latine  de  ses  histoires  ti  agi- 
ques,  mais  beaucoup  plus  au  long.  11 
y  a  enuiron  trois  ans  que  les  nouucl' 
les  vindrent  à  Anuersqueladite  mon¬ 
tagne  auoit  grandement  endommagé 
le  pays  par  ses  feux.  En  ceste  isle  fu-  J 
ren  t  iadis  plusieurs  villes  magnifiques, 
comme  Syracuse,  Agrigente  et  autres  ; 
pour  le  présent  Messine,  Païenne,  y 
sont  les  principales. 

Marc  Paul  Vénitien  au  2.  liure  des 
Pays  orientaux ,  chap.  64.  dit  que  la 
ville  de  Quinsay  est  la  plus  grande 
ville  du  monde,  et  qu’elle  a  cent  mil 
les  d’Italie  de  circuit,  où  il  y  a  douze 
mille  ponts  de  pierre,  sous  lesquels 
les  vaisseaux  à  masts  esleuéspeuuent 
passer.  Elle  est  en  mer  comme Yenize. 
Il  affirme  y  auoir  seiourné  :  ce  que 
i’ay  recueilli  de  l’interprete  de  Sa- 
luste  du  Bartas,  en  son  quatrième 
iour  de  la  Sepmaim,  fueillet  cent 
soixante  six. 

Il  aduient  pareillement  choses  ad¬ 
mirables  és  eaux.  Car  on  a  veu  sortir 
des  abysmes  et  gouffres  de  la  mer 
grosses  flammes  de  feu  au  trauers  de 
Peau,  chose  fort  monstrueuse,  comme 
si  grande  quantité  d’eau  ne  suffo- 
quoit  le  feu  ^  :  en  cela  Dieu  se  monstre 

>  Ce  commencement  du  paragraphe  est 
textuellement  copié  du  texte  de  1579.  Mais 
tout  le  reste  est  de  rédaction  nouvelle  ;  et 
en  1579,  voici  comment  l’auteur  continuait  : 

«  Dauantage  les  eaux  se  sont  si  estrange- 
ment  et  prodigieusement  débordées  que 
l’an  1530  la  mer  se  déborda  tellement  en 
Hollande  et  Zelande  que  toute  l’isle  cuida 
oslre  noyee,  et  toutes  les  villes  et  villages  fu¬ 
rent  rendues  navigables  par  longue  espace 


incompréhensible  comme  en  toutes 
ses  œuures.  Lucio  Maggio  en  son  dis¬ 
cours  du  tremblement  de  terre,  dit 
qu’on  a  veu  que  par  vn  tremblement 
de  terre ,  l’eau  de  la  mer  s’eschaulfa 
de  telle  sorte  qu’elle  fit  fondre  toute 
la  poix  autour  des  nauires  qui  es- 
toient  pour  lors  à  la  rade,  iusques  à 
voir  les  poissons  nager  sur  l’eau 
quasi  tout  cuits,  et  moururent  infinies 
personnes  et  bestes  par  l’extreme 
chaleur.  Pareillement  on  a  veu  en 
mer  calme,  en  vn  moment  les  nauires 
abysmer,  à  raison  qu’elles  passent 
sur  quelques  abysmes,  où  l’eau  est 
morte  et  impuissante  de  soustenir 
faix.  D’auantage  en  la  mer  il  y  a  des 
rochers  de  pierre  d’aimant,  que  si  les 
nauires  passent  trop  prés,  à  cause  du 
fer,  sont  englouties  et  perdues  au  pro¬ 
fond  de  la  mer.  Somme  il  se  trouue 
d’estranges  et  monstrueuses  choses 
en  la  mer,  ce  qui  est  prouué  par  ce 
grand  Prophète  Dauid,  qui  dit, 
pseanme  lot. 

En  ceste  mer  hauircs  vont  errant. 

Fuis  la  Baleine,  horrible  monstre  et  grand, 

Y  as  formé,  qui  bien  à  l’aise  y  noue, 

Et  à  son  gré  par  les  ondes  se  loué. 


de  temps.  Aussi  à  Rome  le  Tibre  se  déborda 
auec  telle  violence  qu’il  submergea  vne 
grande  partie  de  la  ville ,  tellement  qu'en 
aucunes  rues  l’eau  surmontoit  la  hauteur  de 
trente  six  pieds.  Et  rnesmes  ces  années  pas¬ 
sées,  le  Rosne  se  déborda  do  telle  façon,  qu’il 
renuersa  vne  partie  du  pont  de  Eyon  et  plu¬ 
sieurs  maisons  de  la  Guillauliere.  » 

Je  ne  sais  pourquoi  ce  passage  a  été  re¬ 
tranché  en  1585,  et  Je  ne  l’ai  retrouvé  dans 
aucun  autre  endroit  des  œuvres  de  Paré. 


VIN  DU  TROISIEME  ET  DERNIER  VOLUME, 


TABLE  DES  MATIÈRES 

CONTENUES  DANS  CE  VOLUME. 


Pbéface  du  troisième  volume.  j 

§  I.  —  Additions  à  l'histoire  de  la  chi¬ 
rurgie  au  moyen  âge.  iv 

S  il.— Additions  à  l’histoire  d’A.  Paré,  ix 
S  111.— Additions  relatives  aux  écrits 
d’A.  Paré.  xy 

Table  des  auleurs  cités  par  A.  Paré,  xx 
§  IV.— Inauguration  de  la  statue  de 
Paré.  xxij 

Discours  prononcé  par  M.  Pariset.  xxvj 
LE  DIX-NEVFIÉME  LIVRE 
Traitant  des  monstres  et  prodiges. 
Pbefack.  1 

Chapitre  i.  Des  causes  des  monstres.  .3 
Chap.  II.  Exemple  de  la  gloirede Dieu.  Ib. 
Chap.  III.  Exemple  de  l’ire  de  Dieu.  Ib. 
Chap.  iv.  Exemple  de  la  trop  grande 
quantité  de  semence,  6 

Chap.  v.  Des  femmes  qui  portent  plu¬ 
sieurs  enfans  d’vne  ventrée.  14 

Chap.  vi.  Des  hermafrodites  ou  andro- 
gynes,  c’est-à-dire,  qui  en  vn  mcsme 
corps  ont  deux  sexes.  15 

Chap.  vu.  Histoires  mémorables  de 
certaines  femmes  qui  sont  dégénérées 
en  hommes.  16 

Chap.  viii.  Exemple  du  defaut  de  la 
quantité  de  la  semence.  30 

Chap.  ix.  Exemple  des  monstres  qui 
se  font  par  imagination.  SU 

Chap,  x.  Exemple  de  l’angustie  ou  pe¬ 
titesse  de  la  matrice.  36 

Chap.  xi.  Exemple  des  monstres  qui  se 
font,  la  mere  s’estant  tenue  trop  longue¬ 
ment  assise,  ayant  eu  les  cuisses  croi¬ 
sées  ,  ou  pour  s’estre  bandé  et  serré  trop 
le  ventre  durant  qu’elle  estoit  grosse.  Ib. 
CiiAP.  XII.  Exemple  des  monstres  qui 


sont  engendrés  ,  la  mere  ayant  reçu 
quelque  coup ,  ou  cheute,  estant  grosse 
d’enfant. 

Chap.  XIII.  Exemple  des  monstres  qui 
se  font  par  les  maladies  héréditaires. 

Chap.  xiv.  Exemple  de  choses  mons¬ 
trueuses  qui  sont  aduenues  en  maladies 
accidentales, 

Chap.  XV.  Des  pierres  qui  s’engendrent 
au  corps  humain. 

CiiAp.xvi.  De  certains  animaux  mons¬ 
trueux  qui  naissent  contre  nature  aux 
corps  des.hornmes,  femmes,  et  petits 
enfans. 

Chap.  xvii.  De  certaines  choses  es- 
tranges  que  Nature  repousse  par  son  in¬ 
compréhensible  prouidence. 

Chap.  xviii.  De  plusieurs  autres  choses 
estranges. 

Chap.  xix-  Exemple  des  monstres  qui 
se  font  par  corruption  et  pourriture. 

Chap.  xx.  Exemple  de  la  commistion 
et  meslange  de  semence. 

Chap.  xxi.  Exemple  de  l’artifice  des 
meschans  gueux  de  l’ostiere. 

Chap.  xxii.  L’imposture  d’vne  belis- 
tresse  feignant  auoir  vn  chancre  à  la 
mammelle. 

Chap.  xxiii.  L’imposture  d’vn  certain 
maraul  qui  contrefaisoil  le  ladre. 

Chap.  xxiv.  D’vne  cagnardiere  fei- 
gnantestre  malade  du  mal  Sainct  Fiacre, 
et  luy  sortoit  du  cul  un  long  et  gros 
boyau,  fait  par  artifice. 

Chap.  xxv.  D’vne  grosse  garce  de  Nor¬ 
mandie  ,  qui  feignoit  auoir  vn  serpent 
dans  le  ventre. 

Chap.  xxvi.  Exemple  des  choses  mons¬ 
trueuse»  fai  le»  par  le»  démon»  et  sorcier». 


27 

Ib. 

28 
29 

33 

38 

41 

42 

43 

46 

Ib. 

47 

61 

52 

64 


TATîT.i; 


?agM. 


Chap.  XXVII.  De  ceux  qui  sont  possé¬ 
dés  des  démons,  qui  parlent  en  diuerses 
parties  de  leurs  corps.  ^6 

Chap.  xxviii.  Comme  les  démons  ha¬ 
bitent  és  carrières.  57 

Chap.  xxix.  Comme  les  démons  nous 
peuuent  deceuoir.  58 

Chap.  xxx.  Exemple  de  plusieurs  illu¬ 
sions  diaboliques.  60 

Chap.  xxxi.  De  l’art  magique.  61 

CiiAP.  xxxii.  De  certaines  maladies  es- 
tranges.  62 

Chap.  xxxiii.  Des  incubes  et  succubes 
selon  les  médecins.  66 

Chap.  xxxiv.  Des  nouëurs  d’esguillette.  67 
Chap.  xxxv.  Autres  histoires  non  hors 
de  propos.  Ib. 


LE  VINGTIEME  LIVRE 

Traitant  des  fléures  en  general  et  en 
particulier. 

PREFACE  AV  LECTEVR.  69 

Table  ou  indice  de  tout  ce  discours 
des  fiéures.  73 

PREMIERE  PARTIE 

Du  discours  des  fiéures,  etc. 


Chapitre  i.  La  définition  des  fléures.  74 
Chap.  ii.  Des  causes  generales  de  la 
fiéure.  77 

Chap.  iii.  Des  signes  des  fléures  en 
general.  79 

CiiAP.  IV.  De  la  curation  des  fléures 
en  general.  SI 

Chap.  v.  Des  moyens  desquels  on  se 
sert  à  guérir  les  fléures.  84 

Chap.  vi.  La  différence  des  fléures.  87 
Chap.  vu.  Des  fléures  en  particulier , 
et  premièrement  de  la  fiéure  ephemere.  88 
Chap.  viii.  De  la  fiéure  humorale,  et 
de  ses  différences.  92 

Chap.  ix.  De  la  fiéure  synoque  simple.  94 
Chap.  x.  Des  causes  et  signes  de  la 
synoque  simple.  90 

Chap.  xi.  De  la  cure  de  la  synoque 
simple.  97 

CiiAP.  XII.  Des  fléures  putrides  en  ge¬ 
neral  ,  et  de  leurs  différences.  99 


P«rm. 

Chap.  xiit.  Des  causes  et  signes  des 
fléures  putrides.  102 

Chap.  xiv.  De  la  cure  des  fléures  pu¬ 
trides  en  general.  105 

Chap.  xv.  De  la  fiéure  synoque.  107 

Chap.  xvi.  De  la  cure  de  la  synoque 
putride.  110 

Chap.  xvii.  Des  fléures  intermitten¬ 
tes  ,  de  leurs  especes ,  et  comment  elles 
sont  distinguées  des  continues.  113 


Chap.  xviii.  Pourquoy  les  accès  des 
fiéures  intermittentes  retournent  à  cer¬ 
tains  iours,  sçauoir  des  quotidianes  tous 
tes  iours,  des  tierces  de  trois  en  trois , 
de  quartes  de  quatre  en  quatreMours.  117 
Chap.  XIX.  Des  fiéures  faites  de  la  bile, 
et  premièrement  de  la  tierce  intermit¬ 


tente  vraye  et  légitimé.  121 

Chap.  xx.  Des  signes  de  la  fiéure  tierce, 
où  il  s’agit  de  la  rigueur  et  de  l’horreur.  123 
Chap.  xxi.  De  la  cure  de  la  liéure 
tierce  légitimé.  126 

Chap.  xxii.  De  la  fiéure  tierce  bas- 
tarde  ,  de  ses  causes ,  signes  et  cure.  1.30 
Chap.  xxiii.  De  la  fiéure  ardente,  es¬ 
pece  de  fiéure  tierce  continue.  1.33 

CiiAP.  xxiv.  De  la  fiéure  tierce  conti¬ 
nue.  136 

Chap.  xxiv.  Des  fiéures  pituiteuses , 
et  premièrement  de  laquotidiane  inter¬ 
mittente,  légitimé  et  illégitime.  138 

CiiAp.  XXVI.  De  la  fiéure  quotidiane 
continue.  142 

Chap.  xxvii.  De  la  fiéure  epiale,  et 
de  la  lypirie.  143 

Chap.  xxviii.  Des  fiéures  faites  de  l’hu¬ 
meur  mclancholiqne ,  et  premièrement 
de  la  quarte  intermittente  vraye.  146 

Chap.  xxix.  De  la  fiéure  quarte  inter¬ 
mittente  bastarde.  153 

(’.iiAp.xxx.  Des  fiéures  quintaine,  sex- 
taine  ,  octainc ,  etc.  l  .56 

Chap.  xxxi.  De  la  fiéure  quarte  con¬ 
tinue.  158 

Chap.  xxxii.  Des  fiéures  humorales 
composées ,  et  premièrement  de  l’he- 
rnitritée.  160 

Chap.  xxxiii.  De  la  double  et  triple 
tierce,  double  (luotidiane,  double  et  tri¬ 
ple  quarte.  166 


DBS  MATIÈBES. 


797 


Pngc» 

tiliAP.  XXXIV.  Des  (iéures  confuses.  iG9 

Giiap.  XXXV.  De  la  fiéure  hectique,  de 
ses  différences,  causes,  sijjties  et  cure.  170 
Chap.  XXXVI.  Des  fiéurcs  symptomati¬ 
ques,  de  leur  différence  et  curation.  ne 

Chap.  xxxvii.  Des  fiéures  extraordi¬ 
naires.  J  30 


CiiAP.  XXVI.  De  la  scicheresse,  noir¬ 
ceur,  et  autres  acciclcns  de  la  langue.  205 
Cm\p.  xxvii.  De  la  froideur  des  extré¬ 
mités  du  corps.  iij 

Chap.  xxviii.  De  l’excessiue  chaleur.  206 
Chap.  xxix.  De  la  tension  des  hypo- 
chondres.  i. 


secondk  partie 

Du  discours  des  fiéures,  louchant  leurs 
symptômes. 


LE  VINGT-VNIÉME  LIVRE 
Traitant  de  la  maladie  arthritique,  vul- 


Chap.  I.  De  la  diuision  des  symptô¬ 
mes,  et  suite  de  ce  discours.  12 

Chap.  ii.  Des  symptômes  de  l’action 
lesée,  et  premièrement  de  la  douleur,  184 
Chap.  iii.  Des  veilles  immodérées.  187 
Chap,  iv.  De  l’assoupissement  et  som¬ 
meil  profond.  188 

Chap.  v.  Du  déliré  ou  resuerie.  189 
Chap.  VI.  De  la  conuulsion  et  iectiga- 
tion.  190 

Chap.  vu.  De  la  paralysie.  191 

Chap.  viii.  De  l’esbloüissement  des 
yeux.  Jb. 

Chap.  IX.  De  la  surdité.  192 

Chap.  x.  De  la  difficulté  de  respirer.  193 
Chap.  xi.  De  la  toux.  Ib. 

Chap.  xii.  De  la  difficulté  d’aualler.  194 
Chap.  xiii.  Du  degoust  et  appétit 
perdu.  195 

Chap.  xiv.  Des  nausées  et  enuies  de 
vomir.  196 

Chap.  xv.Du  sanglot  et  hocquet.  Ib. 
Chap.  xvi.  Du  vomissement.  197 

Chap.  xvii.  De  la  soif  desregiée.  198 
Chap.  xviii.  De  ia  lipothymie  et  syn¬ 
cope,  199 

Chap.  xix.  Des  symptômes  qui  sui- 
uenl  l’ametrie  des  excremens  :  et  pre¬ 
mièrement  du  flux  de  ventre.  200 

Chap.  xx.  De  la  dureté  du  ventre,  201 
Chap.  xxi.  De  la  suppression  d’vrine.  202 
Chap.  xxii.  Du  flux  excessif  d’vriiie,  Ib. 
Chap,  xxiii.  Des  sueurs  immodérées.  203 


Chap,  xxiv.  Du  flux  de  sang  immo¬ 
déré.  Ib. 

CiiAP,  XXV.  Des  symptômes  des  fiéures 
qui  appartiennent  à  lu  simple  uflection 
du  corps  :  et  premlcrcinent  de  la  iuu- 
nisse.  204 


gairemem  appellée  goule. 


Chap.  i.  Description  de  la  maladie  ar¬ 
ticulaire,  dite  vulgairement  goûte.  208 

Chap,  ii.  Des  causes  occultes  des 
goules.  209 

Chap.  ni.  Histoires  mémorables.  211 

Chap.  iv.  Des  causes  acquises  et  ma¬ 
nifestes  des  goûtes.  213 

Chap,  v.  De  l’origine  de  la  defluxion 
des  goûtes.  215 

Chap.  vi.  Signes  que  la  fluxion  vient 
du  cerueau,  216 


Chap.  vu.  Les  signes  que  la  fluxion 
vient  du  foj  e  et  de  la  masse  sanguinaire.  217 
Chap.  viii.  Les  signes  pour  connois- 
Ire  quelle  humeur  accompagne  le  virus 


arthritique.  Ib. 

Chap.  ix.  Les  signes  de  la  cholere.  Ib. 

Chap.  x.  Signes  de  l’humeur  pitui¬ 
teux.  218 

Chap.  xi.  Signes  de  l’humeur  meian- 
cholique.  219 

Chap.  xii.  Prognostic  de  la  goûte.  Ib. 

Chap.  xiii.  Cure  preseruatrice  et  cu- 
ratiue  des  goûtes.  222 

Chap.  xiv.  Du  vomissement.  224 

CiiAP.  XV.  Diuers  remedes  pour  les 
gouteux.  226 

Chap.  xvi.  De  la  maniéré  de  viure  des 
gouteux.  229 

Chap.  xvii.  Du  boire  des  gouteux.  230 

CiiAP. XVIII. Pour  roborer les  iointurcs.  231 
Chap.  xix.  De  la  cure  palliatiue  des 
goûtes.  232 

Chap.  xx.  Des  remedes  topiques  ou 
particuliers  pour  matière  froide.  235 


Chap.  xxi.  Remedes  locaux  pour  la 
goûte  de  matière  chaude,  principale¬ 
ment  faite  de  sang. 


79» 


TABLE 


Vdgei. 


Chap.  XXII.  Remedes  topiques  pout 
l’humeur  cholérique, 

Chap.  ixiii.  Des  aides  de  la  douleur 
faite  d’intemperature  sans  matière.  2^ 

Chap.  xxiv.  Ce  qu’il  faut  faire  la  dou¬ 
leur  cessée  des  goûtes.  2 

Chap.  xxv.  Des  tophes  ou  nœuds  qui 
viennent  aux  iointures  des  gouteux.  2 

Chap.  xxvi.Des  ventosités  qoî  le  plus 
souuent  sont  trouuées  auec  les  goules, 
et  de  leurs  remedes.  ‘ 

Chap.  xxvn.  De  la  sciatique.  5 

Chap.  xxviii.  Cure  de  la  sciatique.  ! 
Chap.  xxix.  De  la  goûte  grampe.  ! 


LE  VINGT-DEVXIÉME  LIVRE 

Traitant  de  la  petite  veroUe,  rougeollefet 
vers  des  petits  enfanst  et  de  la  lepre. 

Chap.  i.  Des  causes  de  la  petite  ve- 
rolle  et  rougeolle.  2E 

Chap.  ii.  De  la  cure  de  la  petite  te- 
rolle  et  rougeolle.  2i 

Chap.  in.  Quelles  parties  faut  pteser- 
uer  de  la  verolle.  2( 

Chap.  iv.  Des  vers  qui  s’engendrent 
és  boyaux,  2i 

Chap.  v.  Cure  des  ver».  2 

Chap.  vi.  Des  poux,  morpions  et  ci¬ 
rons.  2 

Chap.  vu.  Briefue  description  de  la 
lepre  ou  ladrerie.  2 

Cbap,  vi«.  Des  causes  de  lepre.  2 

Chap.  ix.  Des  signes  qui  monstrent  la 
préparation  de  la  lepre.  2 

Chap.  x.  Signes  qui  monstrent  la  Ic- 
pte  estreja  confirmée. 


LE  VINGT-TROISIEME  LIVRE 

Traitant  des  venins  et  morsure  des  chiens 
enragés,  et  autres  morsures  et  piqtteures 
de  testes  veneneuses. 

Chap.  i.  Pourquoy  l’autheur  a  escrit 
des  venins,  283 

Chap.  n.  Question.  286 

Chap.  iu.  Autre  question.  281 

Chap.  iv.  A  sçauoir  si  les  animaux 
viuans  des  bestes  venimeuses  sont  ve¬ 
nimeux,  et  si  on  en  peut  manger  sans 
danger.  288 

Chap.  v.  Les  signes  des  venins  en  ge¬ 
neral.  289 

Chap.  vi.  L’opinion  d’aucuns  re- 
prouttêe.  292 

Chap.  vu.  Pour  se  donner  garde  d’es- 
Ire  empoisonné.  293 

Chap.  vin.  Des  dîuersions.  294 

Chap.  ix.  Des  venins  en  particulier.  296 

Chap.  x.  De  la  corruption  de  l’air.  Ib. 

Chap.  xï.  Prognostic  des  venins  en 
general.  297 

Chap.  xii.  Prognostic  du  venin  des 
Restes.  298 

Chap.  xiu.  Cure  de  la  morsure  et  pi- 
qaeure  des  bestes  vcnîmeoses.  300 

1  Chap.  xiv.  De  la  cure  vniuerselle.  303 
!  Chap.  xv.  La  cause  pourquoy  les 
chiens  deniennent  plustost  enragés  que 
)  les  autres  bestes.  304 

Chap.  xtï.  Signes  pour  connoistre  le 
I  chien  estre  enragé.  306 

I  Chap.  xvii.  Les  signes  pour  connoîs- 
tre  vn  homme  auoir  esté  mordu  d’vn 
4  chien  enragé.  It, 

Chap.  xviii.  Des  aceidens  qui  vien- 
K  nent  à  ceux  auxquels  le  venin  du  chien 


Chap.  XI. Du  prognostie  delà  lepre.  279  enragé  est  commencé  d'estre  imprimé 


Chap.  xii.  De  faire  séparer  les  ladres 
de  la  conuersatlon  et  compagnie  des 
sains.  2 

Chap.  xïh.  De  la  cure  pour  ceux  qui 
sont  préparés  à  la  lepre.  2 

Chap.  xir.  De  la  lepre  des  Grecs,  diefe 
du  vulgaire  Mal  sainct  Main,  qui  est 
vne  roBgne.  2 

Chap.  xv.  Des  dartre». 


aux  parties  nobles.  3i 

Chap.  xrx,  Prognostic.  3 

Chap.  xx.  Cure  de  la  morsure  d’vn 
chien  enragé.  3 

Chap.  xxi.  De  la  cure  de  ceux  qui  sont 
ja  tombés  en  hydrophobie,  et  neanl- 
moins  se  reconnoissent  cncores  en  vn 
miroir.  3 

Chap.  xxn.  Du  régime  de  ceux  qui 


DES  MATIÈRES. 


ont  esté  empoisonnés  et  mords  des 
chiens  enragés,  et  des  piqueures  et 
morsures  des  Restes  venimeuses.  Ib. 

Chap.  xxui.  De  la  morsure  ou  pi- 
queure  delà  vipere,  et  de  ses  aceidens.  313 
Chap.  xxiv.  Du  serpent  appelé  coule- 
sang.  315 

Chap.  xxv.  Du  serpent  nommé  pour- 
risseur.  Ih. 

Chap.  xxvi.  Du  basilic.  316 

Chap.  xxvii.  De  certains  serpens  es- 
tranges.  317 

Chap.  xxvin.  De  la  salamandre.  Ib. 

Chap.  xxix.  De  la  torpille.  318 

Chap.  xxx.  De  la  morsure  d’aspics.  Ib. 
Chap.  xxxi.  De  la  morsure  de  cou- 
leuure.  320 

Chap.  xxxu.  De  la  morsure  du  cra- 
paut.  321 

Chap.  xxxui.  De  lapiqueure  du  scor¬ 
pion  terrestre.  323 

Chap.  xxxiv.  De  la  morsure  et  pi- 
queure  des  mouscbes  et  chenilles.  324 

Chap.  xxxv.  De  la  morsure  des  arai- 
gnes.  325 

Chap.  xxxvi.  Des  mouscbes  cantha¬ 
rides.  326 

Chap.  xxxvni.  De  la  mousche  nommée 
bupreste.  329 

Chap.  xxxvm.  De  la  sangsue  ou 
suce-sang.  330 

Chap.  xxxix.  De  la  murene.  Id. 

Chap.  xl.  De  la  piqueure  d’vne  viue.  331 
Chap.  xli.  Piqueure  de  la  tarerondc 
ou  paslenaque.  332 

Chap.  xlii.  De  la  vénénosité  du  lié- 
ure  marin.  333 

Chap.  xliii.  Du  venin  du  chat.  Ib. 

Chap.  xliv.  De  la  vénénosité  de  cer¬ 
taines  plantes.  334 

Chap.  xlv.  Du  bezahar.  339 

Chap.  xlvi.  Des  métaux  et  minéraux 
venimeux.  342 

CuAP,  xLvii.  De  la  propriété  de  l’ar- 
gent-vif.  344 


LE  VINGT-QUATRIÈME  LIVRE 
Traitant  de  la  peste. 

Chap.  I.  Description  de  la  peste.  350 


Chap,  ii.  Des  causes  diuines  de  la 
peste.  252 

Chap.  m.  Des  causes  humaines  ou  na¬ 
turelles,  et  semences  generales  de  la 
peste,  prises  de  la  corruption  de  l’air.  356 

Chap.  iv.  De  l’alteration  des  hu¬ 
meurs  ,  qui  se  fait  principalement  par 
la  maniéré  de  viure.  360 

Chap,  v.  Signes  ou  présagés  de  la 
peste  à  aduenir ,  pris  de  la  corruption 
de  l’air.  302 

CiiAp.  VI.  Signes  de  la  peste,  pris 
de  la  corruption  qui  est  en  terre.  364 

Chap.  vu.  La  cure  preseruatine ,  et 
premièrement  de  l’air,  du  viure,  et  de 
la  maison.  365 

Chap.  viu.  Description  d’eaux  cor¬ 
diales,  electualres ,  opiates ,  pilules,  et 
autres  remedes  à  prendre  par  la  bouche, 
preserualifs  et  curatifs  de  la  peste.  368 

Chap.  ix.  Des  remedes  particuliers, 
ou  choses  qu’on  applique  par  le  deho'^s.  ;373 
Chap.  x.  D’aucunes  choses  que  l’on 
doit  obseruer  outre  les  precedentes, 
pour  la  preseruation.  375 

Chap.  xi.  De  l’office  des  magistrats 
et  officiers  publies,  qui  ont  la  charge 
de  la  police.  377 

Chap.  xii.  Comment  l’on  doit  procé¬ 
der  à  Felectîon  des  médecins ,  chirur¬ 
giens  et  apoticaires ,  pour  médicamen¬ 
ter  les  pestiférés.  378 

Chap.  xiii.  Ce  que  doiuent  faire  ceux 
qui  seront  esleus  à  penser  et  médica¬ 
menter  les  pestiférés.  379 

Chap.  xiv.  Des  signes  de  la  pestepre- 
sente.  381 

Chap.  xv.  Des  signes  mortels  de  la 
peste,  384 

Chap.  xvi.  Des  signes  par  lesquels 
on  peut  connoistre  que  le  malade  est 
infecté  de  la  peste  venant  du  vice  de 
l’air,  et  non  des  humeurs.  385 

Chap.  xvii.  Signes  que  le  malade  est 
infecté  de  la  peste  prouenant  de  la  cor¬ 
ruption  des  humeurs.  3*3 

Chap.  xviii.  Du  prognostic.  388 

Chap.  xix.  Comment  se  fait  la  fiéure 
pestilentielle, 

Chap.  xx.  Comment  le  malade  se  doit 


8oo 


TABLE 


Page» 

retirer  du  lieu  infect,  subit  qu’il  se  sent 
frappé  de  peste.  393 

Chap.  XXI.  De  la  situation  et  habita¬ 
tion  de  la  maison  du  malade  de  peste , 
et  moyen  d’y  rectifier  l’air.  Id. 

CiiAP.  xxii.  Du  régime  et  maniéré  de 
viure  du  malade,  et  premièrement  dü 
manger.  396 

CiiAP.  xxin.  Du  boire  du  pestiféré 
malade.  400 

Chap.  xxiv.  Des  medicamens  alexi- 
teres,  c’est  à  dire  contrepoisons,  qui 
ont  vertu  de  chasser  le  venin  pestiféré.  404 


Chap.  xxv.  Des  epithemes  ou  fomen¬ 
tations,  pour  corroborer  les  parties  no¬ 
bles.  409 

Chap.  xxvi.  A  sçauoir  si  la  saignée  et 
purgation  sont  necessaires  au  commen¬ 
cement  de  la  maladie  pestilente.  410 
ÇiiAP.  XXVII.  Des  medicamens  purga¬ 
tifs.  413 

Chap.  xxviii.  Des  accidens  et  compli¬ 
cations  des  maladies  qui  aduiennent 
aux  pestiférés  :  et  premièrement  de  la 
douleur  de  teste.  418 

Chap.  xxix.  De  la  chaleur  des  reins.  421 
Chap.  xxx.  Accidens  de  peste.  422 

Chap.  xxxi.  Des  éruptions  et  pustules 
appelées  pourpre.  423 

Chap.  xxxii.  De  la  cure  des  éruptions.  424 
Chap.  xxxiii.  De  l’aposteme  pestiféré, 
appellée  bubon  ou  bosse.  427 

Chap.  xxxiv.  De  la  cure  de  l’aposteme 
pestiferéei  Ib. 

Chap.  xxxv.  Du  charbon  non  pestiféré.  434 
Chap.  xxxvi.  Description  du  charbon 
pestiféré ,  et  de  ses  causes,  signes  et 
marques.  435 

Chap.  xxxvii.  Prognostic  des  aposte- 
mes  et  charbons  pestiférés.  436 

Chap.  xxxviii.  De  la  cure  du  charbon 
pestiféré.  439 

Chap.  xxxix.  Du  prurit  et  démangeai¬ 
son  qui  vient  autour  de  l’vlcere,  et  de 
la  maniéré  de  produire  la  cicatrice.  441 

Chap.  xl.  De  plusieurs  euacuations 
qui  se  font  outre  les  precedentes,  et 
premièrement  de  la  sueur.  443 

Chap.  xli.  Du  vomissement.  444 

Chap.  xlu.  Du  cracher  et  bauer.  445 


Page». 


CiiAP,  XLiii.  De  l’esternüer  et  mou¬ 
cher.  Ib. 

Chap.  xliv.  De  l’éructation  ou  rouc- 
tement ,  et  du  sanglot. 

Chap.  xlv.  De  l’vrine.  Ib. 

Chap.  slvi.  Du  flux  menstruel.  447 

Chap,  xlvii.  Des  hemorrhoidcs.  448 

Chap.  xlviu.  Pour  prouoquer  le  flux 
de  ventre.  449 

Chap.  xlix.  Pour  arrester  le  flux  de 
ventre.  451 

Chap.  t.  De  l’eiiacuation  faite  par  in¬ 
sensible  transpiration.  454 

Chap.  li.  De  la  curation  des  enfans 
espris  de  la  peste.  455 

Chap.  lu.  Discours  des  incommodités 
que  la  peste  apporte  entre  les  hommes, 
et  du  souuerain  remede.  457 

Chap.  lui.  Epilogue  ou  conclusion  de 
ce  discours  de  la  peste.  48 1 

Aduertissement  de  l’auteur.  464 

CHAPITRE  COMPLÉMENTAIRE. 

De  l’vsage  de  l’antimoine.  465 


DISCOVRS 

HE  LA  MVMIE  ET  HE  LA  LICORNE. 

A  très  haut  et  puissant  seigneur,  messire 


Christophe  des  Vrsains.  468 

DISCOVRS 
De  la  Mumie, 

Chapitre  i.  474 

Chap.  ii.  47g 

Chap.  m. 

Chap.  iv.  477 

Chap.  v.  ^7g 

Chap.  vi. 

Chap.  vu.  4gj 

Chap.  vui.  ^g2 

Chap.  ix.  485 

Chap.  x.  483 

DISCOVRS 
De  la  Licorne, 

Chapitre  i.  Introduction  de  l’aii- 
theur  :  description  de  la  licorne.  491 

CiiAp.  II.  Variétés  d’opinions  touchant 
la  description  de  la  licorne.  492 


DES  MATIÈRES. 


Pagcj. 


Chap.  m.  494 

CiiAP.  IV.  495 

Chap.  v.  497 

Chap.  vi.  Discord  des  autheurs  tou¬ 
chant  le  naturel  de  la  licorne.  498 

Chap.  vu.  Description  du  rhinocéros.  600 
Chap.  viii.  Ib. 

Chap.  ix.  Du  taureau  de  la  Floride.  601 
Chap.  x.  Description  du  Pirassoipi, 
espece  de  licorne  d’ Arabie.  Ib. 

Chap.  xi.  Eléphant  de  mer.  603 

Chap.  xii.  Du  poisson  nommé  Caspilly.  Ib. 
Chap.  xiii.  Du  poisson  nommé  Vletif, 
espece  de  licorne  de  mer.  603 

Chap.  xiv.  Poisson  ressemblant  par  la 
teste  au  porc  sanglier.  Ib. 


Chap.  xv.  Question  touchant  les  ver¬ 
tus  prétendues  de  la  licorne.  Response.  606 
CiiAP.  xvi.Preuue  faite  par  authorité.  607 
Chap.  xvii.  Preuue  faite  par  raison.  609 
Chap.  xviii.  Des  perles  et  pierres  pré¬ 
cieuses,  suiuant  l’opinion  de  loubert.  610 
Chap.  XIX.  Du  pied  d’Hellend.  611 

REPLIQUE 

D’Ambroise  Paré,  premier  Chirurgien  du 
Roy,  à  la  response  faite  contre  son  dis¬ 
cours  de  la  licorne.  516 

LE  VINGT-CINQUIÈME  LIVRE 


Traitant  de  la  faculté  et  vertu  des  medica- 
mens  simples,  ensemble  de  la  composi¬ 
tion  et  vsage  d’iceux.  520 

PREFACE.  tb. 

Chapitre  i.  Que  c’est  que  médica¬ 
ment,  et  la  différence  entre  médicament 
et  aliment.  Ib. 

Chap.  ii.  Diuision  des  medicamens 
selon  leur  matière  et  substance.  521 

Chap.  iii.  Diuision  des  medicamens 
simples  selon  leurs  qualités  et  effets.  622 
Chap.  iv.  De  la  seconde  faculté  des 
medicamens.  ô27 

Chap.  v.  De  la  troisième  faculté  des 
medicamens.  Ib. 

Chap.  vi.  De  la  quatrième  faculté  des 
medicamens.  628 

Chap.  vu.  Des  saucurs,  629 

m. 


80 1 


Pag,,. 


Chap.  viii.  De  la  façon  de  préparer 
les  medicamens.  633 

Chap.  ix.  Des  medicamens  repercus- 
sifs  ou  repoussans.  534 

Chap.  x.  Des  medicamens  attractifs.  636 
Chap.  xi.  Des  medicamens  résolutifs.  637 
CiiAP.  XII.  Des  suppuratifs.  539 

Chap.  xiii.  Des  medicamens  emolliens 
ou  remollitifs.  540 

Chap.  xiv.  Des  detersifs  ou  mondifi- 
catifs.  542 

Chap.  xv.  Des  medicamens  sarcoti- 
ques.  543 

Chap.  xvi.  Des  medicamens  epuloti- 
ques  ou  cicatrisatifs.  544 

Chap.  xvii.  Des  medicamens  aggluti- 
natifs.  545 

Chap.  xviii.  Des  medicamens  causti¬ 
ques  et  corrosifs.  546 

Chap.  xix.  Des  medicamens  anodyns.  547 
Chap.  xx.  De  la  composition  des  me¬ 
dicamens  et  de  leur  vsage.  660 

Chap.  xxi.  Des  poids  et  mesures,  et  de 
leurs  figures.  661 

Chap.  xxii.  Des  clysteres.  562 

Chap.  xxiii.  Des  suppositoires,  noüetS, 
et  pessaires.  558 

Chap.  xxiv.  Des  huiles.  560 

Chap.  xxv.  Des  linimens.  662 

Chap.  xxvi.  Des  onguens.  663 

Chap.  xxvii.  Des  ceroüennes  et  em- 
plâstres.  668 

Chap.  xxviii.  Des  cataplasmes  et  pul- 


tes.  675 

Chap.  xxlx.  Des  fomentations.  676 

Chap.  xxx.  Des  embrocations.  677 

Chap.  xxxi.  Desepithemes.  678 

Chap.  xxxii.  Des  ruptoires  ou  cautè¬ 
res  potentiels.  579 

Chap.  xxxiii.  Des  vésicatoires.  684 

Chap.  xxxiv.  Des  collyres.  685 

Chap.  xxxv.  Des  errhines  et  slernuta- 
toires.  586 


Chap.  xxxvi.  Des  apophlegmatismes, 
ou  masticatoires. 

Chap.  xxxvii.  Des  gargarismes. 

Chap.  xxxviii.  Des  dentifrices. 

Chap.  xxxix.  Des  sachets. 

Chap.  xl.  Des  suffumigations  et  par¬ 
fums. 

5i 


8o2 


ÏABLÉ 


Pages. 


Chap.  xli.  Des  insessions  ou  demis 
baings,  59Ô 

Chap.  xlii.  Des  baings.  Ib. 

Ghap.  xliii.  Des  estuues.  GOl 

Chap.  xliv.  Des  fards  pour  decorer 
et  embellir  la  face  des  femmes.  603 

Chap.  xlv.  De  la  goutte  rose*  606 

Chap.  xlvu  La  maniéré  de  faire  noir¬ 
cir  le  poil.  610 

CnAPi  xLviii  Psilothra^  ou  dépilatoires 
pour  faire  cheoir  le  poil.  612 


LE  VINGT-SIXIÈME  LIVRE , 

tmiiàrii  dei  âisiiUaiiohs. 

Chap.  t.  Que  c’est  que  distillation ,  et 
combien  de  sortes  ou  maniérés  il  y  a  dO 
distiller.  6l4 

Chap.  ii.  De  la  matière  et  forme  des 
fourneaux.  6l5 

Chap.  iu.  Destaisseaux  pour  distiller.  616 
Chap.  it.  Quelles  choses  doiuent  eStre 
considérées  és  distillations.  617 

Chap.  v.  En  quels  vaisseaux  faut  dis¬ 
tiller  les  eaux.  618 

ChaP;  VI.  Gomme  il  faut  préparer  les 
matières  deuant  qu’en  distiller  leseâttx.  620 
Chap.  vu.  La  manière  de  distiller  les 
eaux.  621 

Chap.  via.  De  la  maniéré  de  distil¬ 
ler  Teau  dévie  y  appelée l’ame  ou  l’esprit 
de  vin.  6^8 

Chap*  IX,  La  maniéré  de  rectifier  les 
eatix  distillées.  624 

Ghap.  x.  La  maniéré  de  distiller  par 
filtre.  Ib. 

Ghap.  xi.  La  maniéré  de  distiller  les 
huiles  y  et  par  combien  de  maniérés 
elles  sont  extraites.  625 

Ghap.  xii.  Là  maniéré  de  tirer  les 
httiles  des  végétaux  par  distillation.  626 
Chap.  xiii.  Autre  maniéré  pour  tirer. 
Péssence  et  esprit  de  tous  aromates ,  tant 
herbes,  fleurs,  semence  set  fruits:  aussi 
âë  la  rheubarbe,  agaric ,  turbith,  her- 
modacte,  et  antres  purgatifs. 

Ghap.  xiv.  La  maniéré  de  tirer  l'huile 
dès  gommes ,  larmes ,  ou  liqueurs  es- 
paisses  y  et  résinés,  et  mesmede  cer- 
falhs  bois. 


Pages. 

Chap.  xv.  La  maniéré  de’  tirer  l’huile 
dés  gommes  plus  solides ,  comme  myr-» 
rbe,  mastic  et  autres.  631 

CiiAP.  xvi.  De  la  manière  de  faire 
l’huile  de  vitriol.  683 

REGISTRE 

De  toutes  sortes  de  medicamens  et  inslru- 
mens  seruans  à  la  guarisoti  des  malades^  634 

aphorismes  d’hippocrates 
AppartendriS  â  td  cUyurglé. 

Le  temps  d’Hippocrates  devantGalien.  64 1 
Aphorismes  d’Hippocrates.  643 

CANONS  et  REIGLES 
Chifkfgitpiés  de  Vaùtèùr.  647 

LE  vWgt-séMémé  livre, 

Traitant  des  rappôtts ,  et  dû  mdgeri  d’èin- 

baumer  les  corps  morts.  651 

De  la  façon  d’embaumer  les  corps.  670 

APOLOGIE  ET  TRAITÉ 

Contenantlesvoyagesjaiis  en  diuers  lieux, 
par  Ambroise  Paré ,  de  Laual,  conseil¬ 


ler  et  premier  chirurgien  du  Roy.  676 

Le  voyage  de  Thurin.  —  1536,  689 

Voyage  de  MaroUe  et  de  Basse-Bre¬ 
tagne.  — 1543.  692 

Voyage  de  Parpignan.  — 1544.  694 

Voyage  de  Landresy. — 1544,  695 

Voyage  de  Boulogne*  — 1545*  696 

Voyage  d’Allemagne.  —  1552.  697 

Voyage  de  Danuilliers.  —  1652.  698 

Voyage  de  Chasteau  le  Comte.  — 
1552.  699 

Vojage  de  Metz*  —  1552.  700 

Voyage  de  Hedin.  — 1553.  709 


Bataille  de  Saint-Quentin.  —  1557.  720 

629  Voyage  du  camp  d’Amiens.-^1558,  722 

Voyage  du  Havre  de  Grâce,  —  1563.  Ib. 
Voyage  de  Rouen.  — 1562.  723 

Voyage  de  la  bataille  de  Dreux. 

630  l  1562. 


724 


DES  MATIÈRES. 


8o3 


Pagesj 

Voyage  de  la  bataille  de  Montcontoar. 


—  1569.  725 

Voyage  de  Flandres.  726 

Voyage  de  Bourges.— 1562.  732 

Bataille  de  Saint-Denys.  733 

Voyage  de  Bayonne.— 1564.  Ib. 


LE  LIVRE  DRS  ANIMAUX, 

Et  de  l’e^c^denee  de  l’homtne. 

\ 

Chapitre  i.  De  la  nature  des  bestes 
brutes.  735 

Chap.  II.  Du  prognostic  des  animaux.  738 
Chap.  ui.  De  l’artifice  et  industrie 
des  animaux.  739 

Chap.  iv.  De  l’industrie  et  artifice  des 
oiseaux  à  faire  leurs  nids.  740 

Chap.  v.  De  l’artifice  des  araignées.  741 
Chap.  vi.  Des  mousches  à  miel.  Ib. 

Chap.  vu.  Du  gouuernement  des 
raouscbes  à  miel.  742 

Chap.  viii.  Des  fourmis.  743 

Chap.  ix.  Des  vers  qui  font  la  soiç.  744 

Chap.  x.  De  l’industrie  des  animaux, 
et  de  la  conseruation  et  amitiéqu’ils  ont, 
et  principalement  de  leurs  petits,  145 

Chap.  xi.  Le  temps  que  les  animaux 
s’accouplent  ensemble.  746 

Chap.  xn.  De  l’amour  et  charité  des 
oiseaux  et  chiens.  Ib. 

Chap.  xni.  De  la  force  de  l’éléphant, 
dç  sa  religion,  docilité,  clémence,  bonté, 
chasteté,  vengeance  des  maux  qu’on  luy 
a  faits,  et  reconnaissance  des  biens.  748 


P**ei. 

Chap.  xiv.  Des  bestes  qui  sont  és 
eaux.  749 

Chap.  xv.  Que  les  bestes  peuuent 
estre  appriuoisées.  750 

Chap.  xvi.  Comme  les  animaux  ont 
appris  aux  hommes  à  fourbir  et  aigui¬ 
ser  leurs  armeures,  et  faire  embuscades.  Ib. 
Chap.  xvn.  Des  armes  des  bestes.  754 
Chap.  xviii.  Les  bestes  sont  dociles.  755 
Chap.  xix.  Les  oiseaux  ont  monstré 
aux  hommes  à  chanter  en  musique.  758 
Chap.  xx.  Des  oiseaux  qui  parlent , 
syblent  et  siflent.  759 

Chap.  xxi.  De  l’antipathie  et  sym¬ 
pathie.  760 

Chap.  xxii.  Comme  l’homme  est  plus 
excellent  et  parfait  que  toutes  les  bestes 
ensemble.  763 

Chap.  xxiu.lL’homme  a  le  corps  des,? 
armé.  764 

Chap.  xxiv.  Comme  Dieu  s'est  mons¬ 
tré  admirable  en  la  création  de  l’homme.  765 


Chap.  xxv,  L»  cause  pourquoy  les 
homrnes  ne  présagent  comme  les  ani¬ 
maux.  Ibf 

Chap.  xxvi.  L’homme  a  la  dextérité, 
d’apprendre  toutes  langues.  768 

APPENDICE 
linre,  des  menstres. 

Chapitre  i.  Des  monstres  marins,  770 

Chap.  II.  Des  monstres  volatiles,  781 

CifAP.  UI.  Des  monstres  terrestres.  784 

Chap.  iv.  Des  monstres  çelestes.  788 

Crap.  V,  792 


EIN  DE  LA  TABLE  DU  TOME  TROISIÈME  ET  DERNIER, 


TABLE  ANALYTIQUE, 


Nota  Pour  le  tome  premier,  à  part  l’Introduction ,  la  pagination  seule  est 
indiquée;  pour  les  tomes  II  et  III,  on  renvoie  au  tome  et  à  la  page.  La 
table  spéciale  des  observations  contenues  dans  l’ouvrage  se  trouvera  au 
mot  Observations. 


A 

Abcès  du  foie  succédant  aux  plaies  de  tèlej 
II,  32.  —  Métastatiques  ou  internes;  II, 
142,  176;  III,  361. 

Abeilles.  Accidents  résultant  de  leur  pi¬ 
qûre;  III,  324. —Remèdes;  III,  326.— 
Moeurs  des  abeilles;  III,  741. 

Abenzoar,  traduit  par  Jean  de  Campanie, 
Paravieini  et  Jacob;  Int.,  lx. 

ÂBR.4CADABRA.  Puissancc  prétendue  de  ce 
mot;  III,  66. 

Abraham  de  Tortose.  Sa  version  du  xxviii® 
livre  de /a  A/Jdecincd’Albucasis;  Int.,  lix. 

Abstiiseisce.  Son  influence  sur  l’embon¬ 
point;  121. — Sur  l’avortement;  II,  624, 
714.  — Sur  la  fécondité;  II,  734. 

Acatastasia.  Ce  que  c’est;  II,  419. 

Accès.  Ce  que  c’est;  III,  118. 

Accidents  qui  surviennent  dans  le  traite¬ 
ment  des  plaies;  438,  440  à  451.  — Cure 
des  accidents  qui  adviennent  au  crâne; 
II,  43.  — Accidenis  résultant  d’une  trop 
grande  compression  des  parties  du  corps; 
11,292.  —  Accidents  qui  surviennent  aux 
fractures;  II,  304.  —  Accidents  complica- 
lifsdes  fractures  des  côtes  eu  particulier; 
11,314. 

Accouchées.  Evacuation  du  lait  des  nou¬ 
velles  accouchées  par  la  matrice;  II,  602. 
—Régime  de  la  nouvelle  accouchée;  II,  706. 
— Ce  qu’il  faut  faire  aux  mamelons  de  la 
nouvelle  accouchée;  II,  709.  —  Position  à 
donner  à  l’acçouchée;  II,  7i3. 

Accouchement.  Doctrine  de  Roeslin  sur  les 
accouchements;  Int.,  ccvi. —  Accouche¬ 
ments  naturels  ;  II,  623, 665, 673.— Contre 
nature  ;  II,  624,  673.  —  Manière  d’opérer 
dans  les  accouchements  contre  nature  : 
version  par  les  pieds;  II ,  623,  628, 702.— 
Manière  d’extraire  l’enfant  mort  de  la  ma- 

•  trice;  II,  629,  702.  — Manière  d’extraire 
l’enfant  vivant  hors  de  la  matrice  de  la 
mère  morte;  II,  631 , 702.  —  Causes  qui 


font  demeurer  l’arrière-faix  dans  la  ma¬ 
trice  ;  II ,  630.  —  Manière  de  l’extraire  ; 
II,  63 1 ,  681 .  —  Pronostic  tiré  de  la  rupture 
de  la  poche  des  eaux;  II,  663.  —  Sur  l’é¬ 
cartement  des  symphyses  pubiennes  dans 
l’accouchement;  II,  665. —  Le  premier 
accouchement  est  plus  pénible  que  les 
suivants;  II,  672. —  Signes  d’un  accou¬ 
chement  prochain;  positions  à  donner  à 
l’accouchée;  II,  673,  674,  701.  —  Moyens 
de  faciliter  l’accouchement;  II,  676. — 
Soins  à  donner  à  l’enfant  aussitôt  après 
sa  naissance;  II,  676.  —  Soins  à  donner  à 
la  mère  après  la  délivrance;  II,  676,  706. 
—  Quand  doit  être  extrait  l’arrière-faix; 

II,  677,  682.  —  Recherches  historiques 
sur  l’accouchement  forcé  dans  les  cas  de 
pertes  utérines;  II,  698.  —  Causes  de 
l’accouchement  difficile  venant  de  la 
mère;  II,  711.  —  Idem  venant  de  l’en¬ 
fant;  II ,  712.  —  Pronostic  de  l’accouche¬ 
ment;  II,  713. 

Accouplement.  Epoque  de  l’accouplement 
des  animaux;  III,  746. —  Accouplement 
des  palmiers;  111,762. 

Acép’hale.  Figure  d’un  monstre  acéphale  ; 

III,  23. 

Acétables.  Ce  que  c’est;  II,  645. 

Achlys.  Ce  que  c’est;  II,  418. 

Ackerman.  Ce  qu’il  dit  sur  la  culture  delà 
médecine  en  Occident  avant  le  xi'  siècle; 
Int. ,  XIX.  —  Son  opinion  sur  la  Grande 
chirurgie  de  Guy  de  Chauliac;  Int.,  lxv. 

Acmastiqüe  (fièvre  synoque-);  III,  95. 

Aconit.  Lieux  où  il  croît;  son  action  sur 
les  animaux;  accidents  qu’il  cause  à 
l’homme;  son  antidote;  ses  caractères; 
III,  338. 

Acrisius.  Médecin  cité  par  Gariopontus; 
Int.,  XXV. 

Acrochordon.  Description;  358,  787.— Trai¬ 
tement;  358. 

Actions.  Ce  que  c’est;  55.  —  Actions  natu¬ 
relles  ou  volontaires;  56. 


table  analytique. 


SàB 


Adam.  Ce  que  c'est  que  le  morceau  d'Adam  ; 
255. 

Adhérenck  des  doigts  ;  II ,  456.  —  Adhérence 
complète  du  prépuce  ;  II,  460. 

Adnata.  Ce  que  c’est;  237. 

Adocescence.  Quel  est  le  tempérament  des 
adolescents;  36. 

Akromanciens  ;  III,  60. 

Aegilops.  Ce  que  c'est;  II,  419,  431.  — Va¬ 
riétés,  traitement;  II,  431. 

Aétiüs  est  inconnu  aux  Occidentaux  au 
XIV”  siècle  ;  Int.,  lx.  —  Inconnu  dans  tout 
le  XV”  siècle  ;  Int.,  cix.  —  Son  opinion  sur 
les  dragonneaux;  434. 

Affections.  Influence  des  affections  de 
l’âme  sur  la  guérison  des  piaies  de  la  tête  ; 

Agaric.  Ses  propriétés  anti-vénéneuses  ;  III, 
414.  —  Procédé  pour  extraire  l’essence  de 
l’agaric;  III,  629. 

Age.  Définition  ;  influence  de  l’âge  sur  les 
tempéraments  ;  36.  —  Aliments  qui  con¬ 
viennent  aux  différents  âges  ;  69.  —  In¬ 
dications  résultant  de  l’âge;  86.  —  In¬ 
fluence  de  l’âge  sur  la  guérison  des  plaies 
en  général;  433.— Sur  celle  des  plaies  delà 
tête  ;  II,  26.  —  Sur  la  formation  du  cal; 
JI,  66.  —  Sur  le  traitement  des  plaies 
par  harquebuses;  II,  161.  —  Sur  la  gué¬ 
rison  des  fractures;  II,  298.  —  Quel  doit 
être  l’âge  d’une  bonne  nourrice;  II,  685. 
—  Influence  de  l’âge  sur  les  accouche¬ 
ments;  II,  711.  —  Age  auquel  la  femme 
peut  concevoir;  II,  738.  —  Auquel  les 
jeunes  filles  commencent  à  avoir  le  flux 
menstruel  ;  II,  770.  —  Influence  de  l’âge 
sur  la  curabilité  de  la  goutte;  III,  221. 
—  Sur  la  production  delà  peste  ;  III,  389. 

Agglutinatifs  (médicaments);  III,  545. 

Ag-neau.  Histoire  d’un  agneau  fruit  d’une 
brebis  et  d’un  porc;  III,  43.  —  Figure 
d’un  agneau  à  trois  têtes;  III,  45. — 
Agneaux  s’entrechoquant  présagent  chan¬ 
gement  de  temps;  III,  738.  —  Instinct 
des  agneaux  pour  reconnaître  leur  mère 
et  les  herbes  qui  leur  conviennent;  III, 
741. 

Agnelettk.  Ce  que  c’est  ;  II,  647,  676. 

Agnina.  Ce  que  c’est;  II,  647,  676. 

Agyrias.  Ce  que  c’est;  II,  419. 

Aigis.  Ce  que  c’est;  83;  II,  418. 

Aigle.  Maladie  de  l’œil;  II,  417. 

Aiguille  enclavée  dans  une  pierre;  28  ;  III, 
29.  —  Figures  d’aiguilles  a  faire  les  su¬ 
tures,  439;  II,  84,  85,  430.  —  Figu¬ 
res  d’aiguilles  à  séion;  II,  81,  152.  —  Fi¬ 
gure  d’une  aiguiile  à  suture  pour  les 
plaies  des  yeux  ;  II,  430.  —  Figure  d’une 
aiguille  pour  abaisser  les  cataractes  avec 
son  manche;  II,  439.  —  Histoire  d’une 
aiguiile  sortie  spontanément  du  corps 
après  un  long  séjour  ;  IH,  38. 

Aiguillette.  Ligature  de  l’aiguillette,  cause 
de  stérilité;  II,  733.  —  Ce  que  c’est  que 
nouer  l’aiguillette;  III,  62. —  Résultats 
des  manoeuvres  des  noueurs  d’aiguillette  ; 
111,67. 


Ail.  Son  efficacité  comme  préservatif  de  la 
peste  ;  III,  367. 

Ailerons.  Figure  d’ailerons  pour  l’extrac¬ 
tion  de  la  pierre  ;  II,  485,  486.  • 

Aimalops.  Ce  que  c’est;  II,  419. 

Aimant.  Emploi  de  l’aimant  dans  le  traite¬ 
ment  des  hernies;  407.  —  Pour  extraire 
le  fer  resté  dans  une  plaie;  II,  160.  —  Son 
action  sur  l’économie  humaine,  et  contre¬ 
poison;  III,  343. —  Rochers  d’aimant; 
III,  794. 

Aines.  Hernie  inguinale;  404.  —  Plaies  des 
aines;  II,  109.  —  Corps  étranger  dans 
l’aine;  III,  29. 

.Air.  Ses  qualités  premières;  32.— Ses  quali¬ 
tés  secondes;  33.  —  Son  influence  sur  la 
vie  et  la  santé;  63,  II,  138;  III,  359,  360, 
363,  393.  —  Modifications  que  lui  fait 
subir  le  vent  ;  64.  —  Influence  de  i’élat 
de  l’air  sur  le  traitement  des  plaies  par 
harquebuses  ;  II,  161 ,  174.  —  Moyens  de 
purifier  l’air;  II,  167;  III,  366,  378,  394. 
—  Action  funeste  de  l’air  extérieur  sur 
les  os  nus;  II,  580.  —  Influence  de  l’air 
froid  sur  la  difficulté  des  accouchements  j 
II ,  712.  —  Air  qui  convient  aux  fébri¬ 
citants;  III,  84.  —  Causes  de  la  corrup¬ 
tion  de  l’air;  111,295,  356,  —  Pourquoi 
la  putréfaction  de  l’air  n’engendre  pas 
toujours  la  peste  ;  III ,  .358.  —  La  consti¬ 
tution  chaude  et  humide  de  l’air  est  la 
plus  dangereuse;  III,  359.  —  Présages  de 
la  peste  tirés  de  la  corruption  de  l’air  ;  III, 
362. —  Signes  indiquant  que  la  peste  vient 
de  la  corruption  de  l’air;  III,  385.  —  Là 
peste  venant  de  la  corruption  de  l’air  est 
la  plus  contagieuse;  III,  389.  —  Médica¬ 
ments  tirés  de  l’air  ;  III,  522. 

Airain.  Action  de  l’écaille  d’airain  sur  i’é- 
conomie  humaine,  et  contre-poisons  ;  III, 
342. 

Aisselles.  Pronostic  des  plaies  des  aisselles, 
433.  —  Brûlures  des  aisselles  ;  II,  208. 

Aithemoma.  Ce  que  c’est;  II,  419. 

Alambic  ;  III,  618. 

ALBERICÜS;  Int.,  XX!, 

Albiciüs,  collaborateur  de  Gariopontus  au 
XI”  siècle;  Int.,  xxi. 

Albiciüs,  médecin  de  Venceslas,  roi  de 
Bohême  au  xv'  siècle  ;  Int.,  xxi. 

Albricius.  Ses  ouvrages;  Int.,  xxi. 

Albricos;  Int.,xxi. 

Albucasis.  Son  traité  de  chirurgie,  traduit 
par  Gérard  de  Crémone  ;  Int.,  xxvii. — 
Pris  pour  guide  par  Brunus  ;  xxxvi.  — 
Est  cité  par  Lanfranc;  Int.,  xlvi.  —  Si  le 
grand  Albucasis  doit  être  confondu  avec 
ceiui  qui  a  été  traduit  par  Simon  de  Gê¬ 
nes;  Int.,Lix  ;  III,  V. 

Alchimistes.  Leur  invasion  dans  la  méde¬ 
cine  au  XV'  siècle;  Int.,  cvi.  —  Idem  dans 
la  chirurgie  ;  Int.,  cvi,  cxxv. 

Alexandre  est  cité  par  Lanfranc;  Int.,  xlvi. 

Alexandre  vi  est  embaumé  par  Pierre  d’Ar- 
gelatu;  Int.,  Lxxvi, 

Ali-Abbas.  Gruner  y  aurait  retrouvé  tout 
ce  que  le  livre  de  Trotula  renferme  de 


8b6  TA] 

bon-  Int,,  XXIV. —  Son  grand  ouvrage  j 
imité  dans  le  Pantegni  de  Constantin; 
Int.,  XXV,  lU,  IV.  —  Traduit  par  Etienne-  1 
le-Phiiosot)be  ;  Int.,  xxvi.  —  Pris  ppur 
guide  par  Brunus  ;  Int,,  xxxvi.  —  PUé  par 
Lanfranc;  Int.,  XLVj. 

Ahmexts.  Qualités  des  divers  aliinepts;  66. 
—  De  la  quantité  qu’il  en  faut  prendre, 
et  de  leurs  vertus  ;  66.  —  Influence  de 
l'habitude  sur  leur  choix;  préférences 
qu’ils  inspirent  ;  67.  —  Dans  quel  ordre  et 
quel  moment  il  convient  de  les  prendre; 
,68.  —  De  la  nécessité  de  les  varier;  de 
ceux  qui  conviennent  aux  différentes 
époques  de  la  vie  et  de  l’année;  69.  t- 
Quels  sont  ceux  qui  conviennent  dans  le 
traitement  des  blessnrps  de  la  tête  ;  II,  3ê. 
—  Leur  influence  sur  la  formation  du  C8l 
des  fractures;  II,  341.  —  §ur  la  généra¬ 
tion  des  monstres  ;  III,  27.  —  Alirnepts 
qui  conviennent  aux  fébricitants;  Il|,  §4. 

. —  Leur  influence  sur  la  production  dgs 
vers  intestinaux  ;  III,  265.  —  Sur  la  pro¬ 
duction  de  la  peste  ;  III,  360.  —  Alirnepts 
convenables  pour  les  pestiférés;  IH,  396. 
—  Distinction  entre  les  aliments  et  les 
médicaments;  III,  520.  —  Manière  de 
distiller  l’eau  alimenteuse;  III,  621. 
AMSME.  Ce  que  c’est;  III,  124,  187. 
AJLI.A1TEMENT.  Ce  qu’il  faut  faire  prendre  à 
l’enfant  ayant  de  le  faire  teter  ;  II,  682. 
"TT  Quand  la  nouvelle  accouchée  doit  don¬ 
ner  é  teter;  avantages  de  Itallaitement 
maternel;  II,  683,  —  Quelques  femmes 
peuvent  avoir  leurs  menstrues  quoique 
nourrices;  II.  764. 

ALpiNTOlDE.  Si  cette  tunique  existe;  170. 
Allemagne.  Origine  dç  la  chirurgie  alle¬ 
mande  ;  Int.,  cxcyu, —  Ecole  de  Stras¬ 
bourg;  Int.,  ccu.  —  Ecole  de  Parapçise  ; 
Int.,  cevni.  — Etat  de  la  chirurgie  en  Al¬ 
lemagne  au  XVI.  siècle;  Int.,  ccLxxxy.  — 
Voyage  d’Ambroise  paré  en  Allemagne  ; 
III,  697. , 

Almageste  de  Ptolémée;  Int.,  xxyi. 
Almansou  pris  pour  guide  par  BrunitS  ; 
-xxxvi. 

Aloès.  Poisson  monstrueux;  pi,  774. 
ApppéciE  ;  82.  —  Déflnition  et  causés  de  cette 
maladie  ;  II,  4Q5.  : —  Pronostic  et  traite¬ 
ment;  II,;  406.  —  Suite  de  la  yérqle;  p, 
628.  —  Idem  de  la  lèpre  ;  III,  274.  -:- 
Voyez  Pelade. 

Alouette.  Effroi  que  lui  inspire  l’épervier; 
III,  76!. 

Alphitidqx.  Espèce  de  fracture  ;  P,  295. 
AniN.  Propriétés  cicatrisantes  dp  l’alun; 
P,  338,  —  Vertus  et  usage  déS  Caux  alû- 
m i lieuses  ;  III,  597, 

Amatus  Lusitanus;  Int,,  ccLxxyv.  —  Ce 
qu'il  dit  des  rétrécissements  de  l’urètre 
et  de  leur  traitement;  P,  574,  5'i6.  — 
Moyens  proposés  par  lui  pour  allonger 
le  niameloii  ;  II,  694. 

Amaurose.  Ce  que  c’est;  p,  419. 

AwÈs.  Eigure  de  l’ambés  propre  d’pippo- 
,  crate  ;  II,  376. 


Ambi.  Figures  de  deux  ambis  ;  II,  376, 377. 
Ambidextre.  Le  chirurgien  doit  être  ambi¬ 
dextre;  II,  282. 

Amblyopie,  Ce  que  c^est;  p,  414. 

Ame.  Ce  que  c’est  que  l’àme  des  bêtes  et 
des  plantes  ;  33.  —  Perturbations  de  l’âme; 
75.  —  La  joie,  la  colère;  76. —  La  tris¬ 
tesse;  77.  —  La  crainte,  la  honte;  78.  — 
Influence  des  perturbations  de  l'ânie  sur 
le  corps;  78,  97.  —  Qivision des lacultés 
de  l’âme;  111.  —  Le  cœur  est  le  domicile 
de  Hâme;  188,  —  influence  des  affections 
de  l’âme  sur  la  guérison  des  plaies  de  la 
tête;  II,  38.  —  Sur  la  procréation;  p, 
639,  —  Péflnition  de  Pême;  II,  652,  665. 
—  Corélation  de  son  action  et  de  celle 
des  organes;  II,  724.  —  A  quelle  époque 
l’ême  vient  aniiflcr  le  corps  ;  p.  652.  — 
Ses  facultés;  II,  654.  —  Ses  opérations, 
ses  noms  divers;  H,  656.-::  Supériorité 

de  l’àme  humaine  sur  l'dme  des  piaules 
et  sur  pelle  des  bêtes;  11,656.  —  Faeul- 
tés  principales  dé  l’âme;  II,  657,  658, 

.  659,  66Q.  r-r  Facnliés  attractive,  réten- 
tripç,  concoptrice,  génératrice,  expultricp, 
réparatripe;  P,  661. 

AaîFNOes  qu’infligeaient  aux  médecins  les 
lois  des  Wis'jgpths;  Ipt.,’xvii. 

AMÉaiQUE.  Influppcp  dp  la  découverte  fle 
l’imériflue  sur  l’étude  de  la  chirurgie; 
Ipt.,  exil. 

AjviiEiys.  Voyage  d’Ambrpise  Paré  au  camp 
d’Amiens;  IP,  722.’ 

Amnios.  Anatomie  de  l’amnios;  171.  —  Uti¬ 
lité  des  eaux  de  râmoios  ;  H,  626, 647, 
676. 

AiUPfllBiES  ;  IP,  753. 

AiMPHiBLisTRoipE;'(  description  «le  la  tuni- 
qup);  239. 

AaipiUMERmos  ;  II|,  138. 

AMBqpLEs.  Théorie  de  fa  conception  parlçs 
trois  aiuppulps  ;  Ip  649,  65Q, 

AjyfSR'TATioN'  du  mpmhrê  gangceijé  ;  p,  220, 
|21.  — du  il  faullacpmmepcpr;  p,  221. 
—  prtipédé;  p,  2’?$,  —  iWoyens  héinttsié- 
tiques;  p,  224,  226.  —  Spite  «ju  traite¬ 
ment;  II,  225,  230;  III,  681;  682,  683.  — 
Médiçameijts  emplastiqpes  ;  H,  226.— 
Sur  l’emplQi  du  caùlère  acfftpl  pôqc  ar¬ 
rêter  le  sang  après  Tâpiputation  ;  p,  227; 
III,  680.  -7  ipas  'd’amputation  «ju  bras 
dans^U  joiptnré,  à  la  siffle  de  gangrène'; 

Amygdales.  Descriptipp  des  amygdales  :  254. 

Anasabia.  Ce  que  c’.pst;  394, 

AiNASTPMflSE  ;  149. —  Cas  présumé  d’anasto¬ 
mose;  Ifl,  694.  r.  ,  I 
Amatomie.  L’anatomie  humaine  pst  professée 
pour  la  première  fqjs  à  Bologne  parllliin- 
dinus  ;  Int.,  Lxii.  — Premiers  essais  dianà- 
tomie  pathologique  ;  |ni. ,  cxix.  —  impor- 
laoce  et  néoossiié  de  la  conhaissance  d® 
l’apaiomie ;  15,  t05;  P,  60fl.  — Sqn  nti- 
lité,  ordre  dans  lequel  il  convient  de  i’étn- 
' .  dier;  107. — Üéfinition  de  ranatom|e.  108. 


ArTALTTfQtJE. 

ANCpï,pFg.  Ce  que  c’est  ;  ir,  41 9 

ArjCHyLQSE.  Ce  que  c’est:  II,  320 _ Résiil 

tant  (Je  1  immpbiljié  du  bi-qs  :  H,  334  ^ 

AjsçfEiss  Emprunts  queleupa  /aits  l’auteur; 
dêdnp®”t7°^'"'r  *“'■  la  mé¬ 
decins;’  20.’  ~  P"»»'  î«é- 

ArmYLoBLEPiiARprj.  Ce  que  c’est;  II  4i6  — 

Causas  traitement, pronostic:  11,423  42S 

Atoe  Chirurgien  (Je Montpellier  aü'xff  si^I 
cie  J  ipt.,  ' 

A^jibE4s  DK  VIPEKCE.  Prupusachève  sagraipie 

cElrprgie  a  sa  prip^e,  mf., 

Awdbe  DK  La  Cpoix.  int.  ccLxxxy. 

Androgyne.  Voyez  Jïemapfirodite. 

ApipRONic  n’pntnpreur).  Enypie  a  Robert, 
rot  Pe  mcilp,  le^  puvrages  de  Caliep: 

Ipt,,  XLVIII.  ^ 

ANENcÉEHA^m.  Cas  présuiné  d’apenpépbaJie; 

Anévrisme.  Définition,  causes,  signes,  cura- 
^^^•-Ti’AiteFPept 
373. —Théorie;  374.  —  Cangrèpes  résul¬ 
tant  tj^névrjsfpes;  11,212,  216. 

Anges  ;  III ,  54. 

Angiologie;  m,  684. 

ÀNctEETEitBE.  premiers  écrivains  dp  l’écqle 
anglaise;  Int.,  Lfii ,  lv. —  Caractère  in¬ 
téressé  de  cette  école;  Int.,  lvi.— Sa  dé- 
caiience  ;  Jnt. ,  Lypi.  —  État  de  Ip  ebirpr- 
gie  au  xyi'  siècle  ep  Angleterre;  Ipt., 
ccpxxxv. 

ANGüiLi-a.  Histoire  (J’nne  anguille  engendrée 
par  une  femme;  III,  37. -r-  Educabijité 
des  anguilles;  Ht,  7S0. 

Animale  (  faculté  ).  Est  de  trqis  espèces  :  mo¬ 
tive,  sensitive,  principale;  ^3. 

Animaux.  Maladies  qpi  ont  emprunté  leprs 
noms  à  des  animauit  ;  Sl—  Rerpèfjes  en¬ 
seignés  apx  nPinmes  par  les  animaux;  t9. 

—  De  j’^me  des  animo'ix;  p.  -r-  Ralsops 
de  rporreur  qu’jpspjre  le  coi[l  aux  femeilps 
des  anirnaqx  aprpS  qu'elles  put  cppçu  ; 

II ,  639.  — Animaux  paonstrueux  quj  s’en- 
genilrpnl  au  epros  dC  l’homme  :  IC,  34.— 
Enumération  des  bêtes  yepimeuses;  jll, 

295.— Pronostic  4u  vepjn  des  beles  yepi- 
meuses;  III,  298.  —  Cure  des  morsures  et 
Piqfires  (Jcs  bêtes  vepimeusès;  ill,  3OO. 

—  Copnatssaucp  que  les  animaux  ont  dps 
changements  aimusppériques ;  jjl,  ^64, 

738,  — Action  (Jes  vapeqrs  terrestres  sur 
les  animaux;  III,  364.  — Méijipampnls  ti¬ 
rés  4^8  aniwiuuii;  JIJ,  6?1.  — parties  di¬ 
verses  des  animaux  spiyapt  A  la  médica¬ 
tion  ;  IH,  634.— NatureJ,  formes  pi  qualités 
qui  qistingqent  les  animaux  entre  eux; 

III,  7  )5.  — preuves  de  leqr  instinct:  cho¬ 
ses  qu’ils  opt  enseignées  aux  hommes; 

19;  ÎII,  7g,  750,  756. - Uti|ité  don  ils 
nous  sont:  III,  737.  — Instinct  des  pois¬ 
sons;  lll,  JS9.  —  Sollicitude  des  animaux 
jiogr  Icuys  petits  ;  J (1  ,  745.  —  Epoqqe  de 
racoupjement;  Ijl,  746.  —  Eijucabilité 
des  animaux;  lll  ,750,  Tg.  — Des  armes 
dos  animaux  1 111,764.— pps  animaux  s’en¬ 
tendent  entre  aux  J  lU,  768, —Antipathies 


807 


animaux;  lll,  760.  — 
Tous  les  animaux  craignent  l’homme  et 
lui  sont  soumis;  III,  764.  * 

Ahis.  Caractère  de  l’huile  d’anis;  III  627 
Anodins  (médicaments);  331,  3.32:  III  547 
Anopsie.  Ce  que  c'est;  li,  414.  ’ 

Antiies.  Secours  qu’ils  se  portent;  III,  752 
Anturacosis.  Ce  que  c’est  ■  II  415  ^ 

Anthrax  ;  427.  ’ 

Antidotes.  Contre  le  venin  du  crocodile  • 

II,  20. --Du  coule-sang;  111,315.— De 

40**“^  couleuvre;  III. 

320.  — Des  chenilles  et  des  bourdons;  III 
325.  —  Des  araignées  ;  III ,  326  —  Du  do- 
rychium  ;  III,  335.  —  Du  cojehique  et  des 
champignons  ;  III ,  336.  —  De  la  cisiié  • 

III,  337. -De  l’aeînit;  III,  338.-be  Pé- 
caille  d  airain  et  du  crapaud  ;  III  342 
De  l’aimant,  de  l’arsenic,  de  la  chaux  et 
de  1  eau  forte;  III ,  343.  -  De  la  céruse  ; 
III,  344.  —  De  la  peste  ;  III,  367.  —  Il  v  â 
deux  sortes  d’aniidoles  ;  III,  404.  —  Ex¬ 
plication  de  leur  action  ;  III,  405.  — Prô- 
priéiés  anti-vénéneuses  de  l’agaric  •  m 
414.  —  De  l’armoise;  III,  415.  —De'  l'àn-î 
timoine;  ni,  465,  466.  -  Antidotes  de 
lorp  n  et  de  la  salamandre;  III,  661.-- 
Voyez  Contrepoison. 

Antimoine.  De  son  usage;  7nt.,  ccLxxip; 
III,  414.  —  Son  efficacité  contre  l'hydro- 
phobie;  III,  312.  —  Son  emploi  dans  le 
traitement  de  la  peste;  mode  d’adminis¬ 
tration  ;  ses  effets  ;  III,  465,  466.  -Objec¬ 
tions  faites  contre  l’usage  de  l’antimoine; 
III ,  id.—  Son  efficacité  dans  le  traitement 
des  maux  d’yeux,  des  ulcères,  des  brûlu¬ 
res  ;  ses  caractères  ;  III,  467. 

Antoine  (  Feu  saint-).  Diverses  acceptions 
de  ce  nom;  II,  211.  ^ 

Anus.  Traité  de  Jean  de  Ardern  sur  la  fis¬ 
tule  à  l’anus  ;  Intr. ,  lv.  —  Imperfora- 
liori  de  l’anus  ;  II,  460,  678. -Prurit' de 
l’anus;  II,  790.  —  Causes  et  traitement: 

II,  791.  ■  ’ 

Aphorisme.  Définition  du  mot  aphorisme  s- 

aphorismes  chirurgicaux  d’Hippocr'aîe  ; 

III,  643.  — Aphorismes  de  Galien  et  de 
Gelse;  III,  646. 

Aphthes;  Il  26-1. 

Apochema.  Espèce  de  fracture;  II,  296. 
Apologie;  III,  676. 

Apophlegmatismes  ;  III,  688. 

Apophyses  mainillaires;  218.  —  Glinoïdes; 
225. —  Du  col  droites,  obliques,  trans¬ 
verses  ;  259.  —  Du  métaphrène  et  des 
lombes;  265. 

AyoRRExis.  Ce  que  c’est;  II,  419. 

Apüspasma.  Ce  que  c'est  ;  Il ,  403. 

Apostèmes.  Ce  que  c’est;  310.—  Leurs  diffé¬ 
rences;  319,  320.  —  Leurs  causes  généra¬ 
les;  320.  —  Leurs  périodes;  322.  — Leurs 
quatre  modes  de  terminaison;  323. — Pro¬ 
nostic  général  ;  324.— Cure  générale;  ib.— 
Enumération  des  diverses  espèces  d’apo- 
slèmes  ;  326  ;  III,  427.— Quand  et  comment 
H  faut  les  ouvrir;  333,  334,  — Apostèmes 


TABLE 


808 


du  fondement;  419.— Exemple  d’aposteme 
du  cerveau  ;  II,  70. 

Apothicaire.  Nécessité  pour  l’apothicaire  de 
connaître  l’anatomie;  106. — Avidité  des 
apothicaires;  III,  125.  —  Comment  doi¬ 
vent  être  choisis  les  apothicaires  chargés 
de  soigner  les  pestiférés;  III ,  378.  —  Su¬ 
percherie  des  apothicaires  pour  faire  de  la 
fausse  mumie  ;  III,  481. 

Apozème.  Préservatif  de  la  pierre  ;  II ,  468 , 
469.  —  Pour  provoquer  les  menstrues  ;  II , 
768. 

Appareie.  Figure  d’un  appareil  pour  les  frac¬ 
tures  du  bras  avec  plaie  ;  II,  320. —  Opé¬ 
ration  de  la  pierre  par  le  petit  appareil  ; 
II,  475.— idem,  par  le  grand  appareil; 
II,  478. 

Appétit.  Appétit  canin  ;  83.— D’où  vient  l’ap- 
pétit;  137. — Dépravation  de  l’appétit  chez 
les  femmes  grosses;  II,  642,  714.  —  Idem, 
chez  les  filles  qui  ont  les  pûtes  couleurs  ; 
II,  780. — Traitement  ;  II,  781. 

Apprenti.  Ce  qu’étaient  les  apprentis  en  chi¬ 
rurgie;  Int.,  cxxxi. 

Apüleïüs.  Ses  ouvrages  suivis  par  les  méde¬ 
cins  au  VI®  siècle  ;  Int. ,  xviii. 

Apyrexie;  III,  101. 

Arabes.  Indigence  de  la  bibliothèque  de  la 
Faculté  de  Pàris  en  ce  qui  concerne  leur 
époque;  Int.,  v.— Les  Arabes  brillent 
dans  la  culture  de  la  médecine  ;  transpor¬ 
tent  leurs  écoles  en  Espagne;  Int.,  xix. — 
Manuscrits  arabes  traduits  en  latin  par 
ordre  de  l’empereur  Frédéric  ;  Int.,  xxxvii. 
—  Leur  voisinage  profite  peu  à  l’école  de 
Montpellier  jusque  vers  le  xiv®  siècle; 
Int. ,  LViii.  —  Epoque  à  laquelle  ils  sont 
délaissés  ;  Int.,  cxi. 

Arabistes.  Indigence  de  la  bibliothèque  de 
la  Faculté  de  Paris  en  ce  qui  les  con¬ 
cerne;  Int.,  V.  —  Guy  de  Chauliac  est  la 
plus  brillante  expression  de  leur  époque  ; 
Int.,  VII.  —  Derniers  chirurgiens  arabistes 
en  Italie;  Int.,  lxxiii. 

Arachnoïde.  Description  de  l’arachnoïde; 
239. 

Araignées.  Leur  industrie;  III,  325,  741. — 
Variéiés  ;  accidents  résultant  de  leur  mor¬ 
sure,  et  remèdes  ;  III,  326. 

Arbres.  Parties  diverses  des  arbres  servant 
à  la  médication  ;  III ,  635. 

Archagatus.  Sa  mort  ;  30. 

Arculanüs.  Son  époque;  ses  commentaires 
sur  Rhazès  et  sur  Avicenne  ;  Int.,  Lxxxviii. 
Idée  générale  de  ses  écrits  ;  Int.,  lxxxix. 
—  Sur  ses  procédés  pour  Tectropion  ;  Int., 
Lxxxvm ,  III ,  VI. 

Ardern  (Jean  de).  Son  traité  sur  la  fistule  à 
l’anus  ;  sa  biographie  ;  Int. ,  ev,,  —  Son 
charlatanisme  et  son  avarice;  Int.,  lvii. 

Arêtes.  Manière  d’extraire  les  arêtes  enga¬ 
gées  dans  la  gorge  ;  II,  443. 

Argelata  (Pierre  d’)  ;  chirurgien  de  Bologne, 
son  époque  ;  Int.,  lxxvi.  —  Larcins  faits 
par  lui  a  Guy  de  Chauliac;  idée  générale 
de  son  livre  ;  Int.,  lxxvii.  —  Sa  pratique; 
Int.,  Lxxviii.  —  Honneurs  que  lui  décer¬ 


nèrent  ses  contemporains;  Int.,  txxix.  — 
Il  est  annoté  par  Marcellus  Gumanus;  Int., 
Lxxxiv.  —  Son  opinion  sur  le  pronostic 
tiré  du  pouls;  II,  31.  — Sur  la  suture  dans 
les  plaies  de  tête;  II,  40. —  Sa  doctrine 
sur  l’opération  du  trépan;  II,  6i._ce 
qu’il  dit  des  fanons;  II,  289. 

Argema.  Ce  que  c’est;  II,  417. 

Argemon  ;  II ,  259. 

Aristote.  Est  cité  par  Lanfranc;  Int. ,  xlvi. 
—Ce  qu’il  dit  du  cœur  des  monstres  ;  III,  9. 

Arland  (Etienne).  Chirurgien  de  Montpel¬ 
lier  au  XIV»  siècle  ;  Int.,  lxiii,  lxviii. 

Arles  (Pierre  d’).  Chirurgien  à  Avignon; 
Int. ,  Lxviii. 

Armes.  Premières  notions  qu’on  trouve  des 
armes  à  feu;  Int.,  lxix.  — Diffusion  de  la 
doctrine  d’A.  Paré  sur  les  plaies  d’armes  à 
feu;  Int.,  ccLii.  —  Invention  des  armes  à 
feu;  II,  121.  —  Leurs  différents  noms;  II, 
122,  123. 

Armingandus  Blasius ,  traducteur  d’Aver- 
rhoès;  Int. ,  lx. 

Armoise.  Ses  propriétés  anti -vénéneuses; 
III,  41,5. 

Aromates.  Substances  aromatiques  em¬ 
ployées  dans  les  médicaments;  III,  532. — 
Procédé  pour  extraire  l’essence  des  aro¬ 
mates  ;  III ,  629. 

Arnaud  (Etienne.).  Chirurgien  de  Montpellier 
cité  par  Guy  de  Chauliac;  Int.,  lxviii. 

Arnaud,  chirur.  du  18®  siècle;  description  de 
ses  fanons  et  faux  fanons  ;  II,  289. 

Arnaud  de  Villeneuve,  iraducteur  d’Avi¬ 
cenne;  Int.  ,  LX.  —  Traduction  provençale 
de  son  livre;  Int.,  lxv. 

Arracheurs  de  dents;  Int.,  clxxi. 

Arrière-faix.  Causes  qui  retiennent  l’arrière- 
faix  dans  la  matrice  après  l’accouchement  ; 
II ,  630.  — Moyens  d’extraction;  H  ,  631 , 
681. —  De  quoi  se  forme  l’arrière-faix  ; 
II ,  643  ,  644.  — Son  utilité  ;  II ,  644.  — 
L'arrière-faix  doit  être  extrait  sitôt  que 
l’enfant  est  sorti;  II,  677,  682.— L’arrière- 
yaii  venant  le  premier  rend  l’accouche¬ 
ment  dangereux  ;  II,  696,  712, —Dans 
les  cas  de  superfétation,  il  y  a  autant  d’ar¬ 
rière-faix  que  d’enfants  ;  II,  721. 

Arsenic.  Son  emploi  dans  le  traitement  des 
chancres;  367.  —  Son  action  sur  l’écono¬ 
mie  humaine,  et  contre-poison  ;  III,  342, 
343.  —  Cas  d’empoisonnement  par  l’arse¬ 
nic  ;  III,  662. 

Artaxerces.  Lettre  écrite  par  lui  à  Hystanes 
au  sujet  d’Hippocrate;  III,  641. 

Artère.  Ce  que  c’e.»t;  128,  —  Origine  et  di¬ 
vision  de  l’artère  descendant  aux  parties 
naturelles  :  Artères  intercostale ,  dia¬ 
phragmatique,  cœliaque,  rénale,  sperma¬ 
tique;  149.  — Lombaire,  iliaque;  150.  — 
Artères  de  la  matrice  ;  164.- Distribution 
de  l’artère  veineuse;  193.  — Division  des 
artères  :  artère  sous-clavière,  intercostale, 
mamillaire,  cervicale,  musculeuse,  hu¬ 
mérale,  thorachique,  axillaire,  carotide; 
199.  — Distribution  de  l’artère  axillaire, 
275. — Distribution  de  l’artère  crurale  ;  291 . 


anIlytioue.  809 


—  Pronostic  des  plaies  des  artères;  433.— 
Ligature  des  artères  ;  II,  8.-  Pronostic  et 
traitement  des  plaies  des  artères  carotides  ; 
II,  90.  —  Signes  des  blessures  de  la  grande 
artère;  II,  96;  III,  664.  — Autorités  en  fa¬ 
veur  de  la  ligature  des  artères;  III,  678, 
—  Raisonnements  ;  III,  680.  —  Expérien¬ 
ces;  111,681. 

Artériotomie.  De  l’emploi  de  cette  opération 
dans  le  traitement  de  la  migraine;  II,  411, 
621.  —  Appréciation  de  cette  opération; 
II,  412.  —  Emploi  de  l’artériotomie  dans 
les  fluxions  invétérées  des  yeux;  III,  684. 

Arthritis.  Voyez  Goutte. 

Arthrodie;  313,  316. 

Arthrose;  313. 

Articles.  Table  des  articulations;  316. — 
Luxations  résultant  du  peu  de  profondeur 
ou  de  la  fracture  des  cavités  articulaires  ; 
11,361. 

Artificiels  (Membres).  Yeux  ;  II,  603 ,  604. 
—Nez;  II,  606.  — Dents;  II,  607. —  Pa¬ 
lais;  II,  608.  — Langue;  II,  609.— Oreil¬ 
les;  II,  611.— Verge;  II,  613.  — Mains; 
II,  616,  617.  — Bras  ;  II,  617.  —  Jambes  ; 

II,  619,  620. 

Artillerie.  Aperçu  historique  sur  l’inven¬ 
tion  de  l’artillerie;  II,  121.  —  Influence 
des  détonations  d’artillerie  sur  les  blessés  ; 

III,  709. 

Arts.  Comment  ils  progressent  ;  8,  9. 

Aryténoïde.  Du  cartilage  aryténoïde;  266. 

Ascarides  ;  III ,  264. 

Ascite.  Ce  que  c’est ,  causes  ;  394.— Symp¬ 
tômes  ,  curabilité  ;  396. 

Asie.  Berceau  de  la  chirurgie;  Int.,  xvi. 

Asphyxie.  Cas  d’asphyxie  par  la  vapeur  du 
charbon  ;  III  ,  661  ,  664.  —  Symptômes , 
traitement  ;  III ,  663.  —  Théorie  ;  III,  664 
à  666. 

Aspic.  Violence  de  son  venin  ;  III ,  299.  — 
Caractères  de  sa  morsure,  accidents  qui 
en  résultent;  III,  318. —  Remèdes;  III, 
319. 

Assoupissement.  Causes  et  remèdes  de  l’as¬ 
soupissement  des  fébricitants  ;  III,  189. 

Assyriens.  Comment  ils  traitaient  les  ma¬ 
lades  ;  19. 

Astragale.  Luxation  de  l’os  astragale;  II,  40 1 . 

Astrologie.  Traité  de  Guy  de  Chauliac  ; 
Int. ,  Lxv.  —  Immixtion  des  astrologues 
dans  le  traitement  des  maladies  ;  Int.,  cc. 

Astronomie.  Traité  de  Guy  de  Chauliac  ; 
Int.,  LXV. 

Astruc.  Ce  qu’il  dit  de  Guy  de  Chauliac; 
Int. ,  Lxii. 

Athènes.  Comment  Hippocrates  fit  cesser 
la  peste  d’Athènes  ;  III,  378. 

Athérome;  341.  —  Caractères  particuliers 
de  i’athérome;  346  ;  II,  416. 

Atmosphère.  Changements  atmosphériques 
présagés  par  les  animaux  ;  III,  73». 

Atonie.  Atonie  des  paupières;  II,  416. 

Atrophie.  Accident  consécutif  des  luxations 
et  fractures,  traitement  d’iccile;  11, 402. 
—  Atrophie  de  l’œil;  H,  4l4.  —  Défini¬ 
tion  et  traitement  ;  II,  428. 


Attelles.  Description,  qualités  et  usages 
des  attelles;  II,  288.  —  Attelles  de  cuir 
pour  les  fractures  de  la  mâchoire  infé¬ 
rieure;  II,  307. 

Attractifs  (médicaments) ,  lll,  634. 

Auction.  Ce  que  c’est;  66. 

Audition.  Théorie  de  l’audition  ;  248. 

Aurelius  Coelius  ;  Int.,  xviii. 

Aurillac  (Pierre  d’), chirurgien  à  Avignon; 
Int.,  Lxviii. 

Aurispa.  Voyage  en  Grèce ,  en  rapporte  238 
manuscrits  ;  Int.  cviii. 

Automne.  Tempérament  de  l’automne  ;  38. 
—  Aliments  dont  il  faut  user  dans  cette 
saison  ;  69. 

Autopsie.  Danger  des  autopsies  précipitées; 
II,  766. 

Autreppe  (Hlppolyte  d’),  chirurgien  du  duc 
de  Guise  à  Marignan  ;  Int.,  clxvi. 

Autruche.. Sa  description;  III,  781. —  Sque¬ 
lette  d’une  autruche  ;  III,  782. 

Averrhoès.  Est  cité  par  Lanfranc;  Int., 
XL VI. — Es  ttraduil  par  Armingandus  Bla- 
sius ;  Int.,  Lx. 

Avicenne.  Canon  d’Avicenne,  traduit  par 
Gérard  de  Crémone;  Int.,  xxvii.  —  Avi¬ 
cenne  est  suivi  par  Hugues  de  Lucques  ; 
Int.,  XXXV. — Pris  pour  guide  parBrunus  ; 
Int.,  XXXVI. — Traduit  par  Arnauld  de  Vil¬ 
leneuve  ;  Int.,  LX.  —  Cité  par  Lanfranc; 
Int.,  xLvi.  ^ — Ses  écrits  forment  le  fond  de 
l’ouvrage  de  Nicolas  de  Florence  ;  Int.  ; 
Lxxv. — Commenté  par  Arculanus;  Int., 
Lxxxviii.  —  Son  opinion  sur  la  paracen¬ 
tèse;  397.  —  Son  opinion  sur  les  dragon¬ 
neaux  ;  424. 

Avortement.  Définition  de  l’avortement  ;  II , 
624,  713.  —  Causes  ;  II,  624,  714,  737.  — 
Signes  et  pronostic  de  l’avortement;  II , 
626,  716.  —  Signes  indiquant  que  l’en¬ 
fant  est  mort  dans  le  ventre  de  la  mère; 
II ,  626.  —  Extraction  de  l’enfant ,  ver¬ 
sion  par  les  pieds  ;  II,  628.  — Extraction 
de  l’enfant  mort;  II,  629.  —  Extraction 
de  l’enfant  vivant  hors  de  la  matrice  de  la 
mère  morte  ;  H,  631.  —  Moyen  pour  pré¬ 
venir  Tavortement;  H,  716. 

B 

Baccy  (André).  Son  livre  sur  les  vertus  de 
la  licorne  ;  III,  492. 

Bachelier.  Ce  que  c’était  que  ce  grade;  Int., 

CXXXII. 

Babyloniens.  Comment  ils  traitaient  les  ma¬ 
lades  ;  19. 

Baigneurs.  La  chirurgie  est  leur  patrimoine 
en  Allemagne  jusqu’au  xvi'  siècle  ;  Int., 
cxcvii.  —  Condition  des  baigneurs  en  Al¬ 
lemagne  au  XV'  siècle;  Int.,  cxcviii. 

Bailleurs.  Ce  que  c’était;  Int.,  clxxi. 

Bains  qui  conviennent  dans  le  traitement 
de  l’hydroplsie  ;  396.  —  bons  dans  le  trai¬ 
tement  du  spasme  ;  446.  —  Emploi  des 
bains  dans  le  traitement  des  grandes  con¬ 
tusions  ;  H ,  197.  —  Figure  d’une  chaise  à 
demi-bain  ;  H,  47i.— Bain  composé  pour 


$to 


lesnouvelles  accouchées;  II,  TIO.— L’usage 
des  bains  peut  causer  l’avortement;  II, 
625, 715.— Administration  des  bains  dens 
le  traitement  des  fièvres  hectiques;  III,  175. 
—dans  celui  de  la  goutte;  III,  245,  252.  — 
Bains  vermifuges  ;  IH,  269.— Ingrédients, 
usage  et  administration  des  demi-baips  ; 
III,  595.  —  Définition  du  bain;  lïl,  595.— 
Bons  effets  desbaips;  III,  596, 598,  COD,  601 . 
—  Bains  médicinaux  naturels;  III,  596. 
—  Propriétés  et  usages  des  eaux  sulfureu¬ 
ses,  alumineuses ,  salées,  pitreiises^-bilU" 
piipeuses ,  cuivreuses ,  fecrées ,  plorqbées, 
gypseusps  ;  III ,  5^7.  —  Propriétés  et  usage 
des  eaux  froides  ;  composition  des  bains 
artificiels  ;  propriétés  des  pains  d’eau  sini- 
ple;  ill,  598.  —  Bains  artificiels  laxatifs, 
sédatifs,  anodins,  mondlficatifs,  détersifs; 
III ,  599.  —  Règles  à  suivre  dans  l’usage 
des  bains;  III ,  6PQ. 

Baleine.  Attachement  de  la  baleine  pour 
le  Gouverneur;  III,  752.  —  Despripfion 
de  la  baleine  ;  Ifl ,  778 ,  779.  —  Pêcfie  dé 
la  baleine;  utilité  qu’on  pn  re|ire;III, 
779. 

BALpscoN ,  de  Tarante.  Son  Traité  des  épidé¬ 
mies;  son  Pftiloriiutn  pfiarrriaceuticutn  et 
chinirgiçum  ;  lxX!.  —  Son  Traité  de 
chirurgie  ;  Int.,  t%xu. 

Balle.  Gersdorf ,  premier  inventeur  !|és 
instruments  propres  à  extraire  les  baUps; 
Int.,  ccy.  —  Les  bàllés  fie  peuvent  brûler; 
II,  134.—  Figures  de  divers  tire-balips; 
II,  147, 149, 149.  —  Des  balles  qui  de¬ 
meurent  pn  quelques  parties  lopg-temps 
après  la  guérison  des  plaies;  ÏI,  }65. 

—  Balle  retrouvée  en  faisant  prendre  au 
blessé  la  position  qu’il  avait  au  moment 
pù  j]  a  été  frappé  ;' ill ,  (|94‘. 

B^lthaïar  PAybNE;Int.,  CI, 

BAifSEs.  pominent elles  doiyent  être;  437. 
'  —  Préparation  préalable  des  bandes;  |f, 
303,  —  Du  bandage  dés  u|cèrps;  jir,  258. 

—  figuré  d’une  bande  pour  aidef  à  lever 
le  pied  '  11»  Voyez  Pajidages. 

BANgApas.  pilférentes  inatierès  dpnt  sent 
faites  les  bandes:  quelles  Sfint  les  bonnes; 
II,  277. — Leürs  ligures,  usages  et  parties; 
influence  de  la  partie  affectée  sur  la 
manière  dont  il  faut  bander;  II,  278. — 
Ipfluepce  de  la  maldd'ê;  n,  279.  —  Pré¬ 
ceptes  généraux  sur  la  manière  de  faire 
les  bandages;  II,  279, 289,  284.  — :  Com¬ 
ment  doivent  être  faits  les  bandages  dés 
fractures  et  luxation^;  Il ,  280.  —  Trois 
bandes  sont  nécessaires  aux  fractures  ;  II, 
291.—  Inconvénients  d’un  bandage  trop 
serré;  II,  293, 294.— Bandages  des  fractures 
àÿep  plaies;  il,  293,  332;  — Quand  il  faut 
délier  les  bandages;  H,  295 ,303.— Leur 
utilité  ;  If ,  295.  —  Manière  dé  bander  l'ps 
fjactures  de  l'ps  claviculaire;  II ,  309.  — 
Bandage  pour  le®  fractures  dé  la  puisse  ; 
P,  323.—  Quand  il  faut  le  délier; II,  325. 

—  Figure  d’uu  bandage  pqur  les  beruies; 
II ,  799.  Yoyez  Bandes. 


BApiERs.  Quand  ils  commencent  à  s’immis¬ 
cer  dans  la  chirurgie  ;  Int.  xxxu.  —  Lut¬ 
tes  de  la  Corporation  des  barbiers  et  des 
chirurgiensdeSaint-Côme;Int.,  cxxxv.— 
Ses  statuts;  Int.,  cxxxvi.  —  Elle  prend  le 
titre  de  Corps  des  Barbiers  Chirurgiens; 
Int.,  CLi.  —  Fin  de  la  lutte  des  barbierset 
des  chirurgiens  ;  Int.,  cm.— Corporation 
des  barbiers  de  Montpellier  ;  lof.,  clv.  — 
Leqrs  statuts  ;  Int.,  clvi.  —  Leurs  querel¬ 
les  ayec  la  Faculté  ;  Int.,  clxiu.  —  Leur 
enseignement;  Int.,  clxiv. — Corporation 
des  barbiers  de  Figeac  et  de  Saint-Jean- 
d’Angeiy;  Int.,  clyu. — .(dem  des  barbiers 
de  Carcassonne,  deTonrsefiie  Ronen;int. 
CLViii.  —  Idem  des  barbiers  de  Bordeaux; 
Int.,  eux,  CLXU.  —  Idem  des  barbiers  de 
Toulouse  ;  Int.,  cçx ,  cryii.  —  Querelles 
des  barbiers  de  Sens  et  de  Rouen  avec  les 
chirurgiens  ;  Int.,  clxiii.  —  Condition  des 
barbiers  en  Allemagne  au  xv'  et  au  xvi« 
siècles;  Int.,  cxovip.  —  Condition  des 
apprentis  chez  les  barbiers-chirurgiens  ; 
Int.,  ccxxx.  —  Description  de  la  boutique 
d’un  barbief  au  xvE  sièple  ;  III,  xii. 

Baetholin.  Son  opinion  sur  le  livre  de 
Trotula  ;  Int.,  xxii. 

Basile  Valentin  ;  Int.,  cvii. 

Basii-ïg.  Singulière  propriété  attribuée  au 
basilic  ;  lil,  35.' — Effets  de  son  regard; 
III ,  295.  —  Violence  de  sop  venin  ;  iii , 
299,  3t6.  —  Incurabilité  dp  sa  morsure  ; 
IÎI,'3I6. .  H,  , 

Battement.  Causes  et  traitement  des  batte¬ 
ments  de  cœur;  II,  799. 

Battista  de  Rappallo;  Int.  cyi  ;  IH,  vi. 

Baubin.  Ce  qu’il  dit  des  pessaires;  II,  743. 

BApip  pour  les  plaies  du  cou;  11,99.— 
Epur  les  blessures  des  nerfs;  11,116.— 
Manière  de  faire  les  baumes .  et  vertus 
d’ippux  ;  III ,  032. 

Baye  ;  73.  —  Moyens  de  la  provoquer  ;  III  , 
445, 

Bayonne.^  Voyage  d’A.  Paré  à  Bayontie  ; 

Beauté.  f»ench4pt  dps  enfants  pour  ce  qui 
pst  beau  et  brillant;  11,699. 

Bec.  Figure  d’un  bec  de  cane  cave  pour  ex¬ 
traire  les  halles  ;  II,  449.  —  Figqre  d’un 
bpe  de  cane  cave  en  sa  partie  extérieure  , 
pour  l’pxtrapljon  de  la  pierre  ;  fl ,  484.  — 
Figures  dfi  tenailles  pn  beede  cané,  courbé 
Rpiir  l’extraction  de  la  pierre;  11, 486^  — 
Figure  d  un  bec  de  corbin  dentelé  pour 
extraire  les  corps  étrangers  ;  II,  147.— 
Figures  de  becs  de  corbin  pr'opyes  à  tirer 
les  vaisseaux  poqr  les  lier;  II,  224  ,  225. 
—  Figures  de  deux  becs  de  corbin  dpnte- 
lés  POUf  briser  Ips  piprres  dans  la  vessie  ; 
II,  488,  489.  —  Figure  de  deux  becs  de 
pygne  popr  l’extraction  des  corps  étran¬ 
gers;  44  J  149,  1^0.  —  Figure^  de  becs 
de  grne  droits  et  coudés  pour  extrai¬ 
re  les  corps  étrangers;  II,  148.  — Fi¬ 
gure  q’un  bec  de  corbin  courbé  pour  l’ex- 
IracHpn  des  corps  étrangers;  II,  486.— 
Figure  d'un  bec  4e  grue  ;  44  ,  188.  ~  Fl- 


ANALYTIQUE.  8ll 


gure  d’un  bec  de  lézard  pour  extraire  jps  i 
balle?  aplaties;  II,  148.  — Figure  des  te¬ 
nailles  incisives,  dites  bec  de  perrequet; 

II,  16  —Figure  d’un  l)ep  dp  perroqupt 
pour  l’extraction  des  corps  étrangers;  Il , 
149. 

Bpc  OE  f-iÈVRE;  82.  —  Aperçu  iiistonquespr 
le  bec  de  lièvrp;  trailprppnt  ;  Il ,  84. 
BÉGAjEaiKNT.  Hérédité  de  celte  iptirfpité  ; 

III, 27. 

Belette.  Son  inimitié  envers  eeFla|ps  ser¬ 
pents;  III,  316.—;  Son  anlipathte  popr 
les  rats;  III,  76). 

Béliers  s’entrechoquant  présagent  qn  chan¬ 
gement  de  temps  ;  III ,  738. 

Bell.  Ce  qu’il  entend  par  l'anons  ;  II ,  2^0. 
Benedetti  (Alexandre).  Traitement  pour  lés 
entéroceles  et  épiplocèles ,  publié  par  Iqi 
pour  la  première  fois  ;  Iqt.,  cm.— Sayie, 
ses  écrits,  leur  caractère;  Int.  cxcv. — 
Ce  qu’il  dit  de  la  lilhotritje  et  de  la  fai|)e 
médiane  ;  Int.,  cxcvi. 

Benedict  de  Leonibus,  médecin  dp  s'ip- 
cle;  Ini.,xcn. 

Benivieni  (Antoine).  Ses  essais  d’apatomie 
pathologique;  première  expression  des  ppi- 
nions  nouvelles;  Int.  xcix.— Son  époque; 
Int.  cxii.  —  Ses  écrits  ;  erreurs  de  Sprèji- 
gel  à  son  égard  ;  Int.,  cxin.  —  Aperçu  de 
son  livre;  Int.,  cxv. — Appréciation;  Inf., 
cxvin. — Ablation  d’une  loupé  remarqpa- 
ble;35l.— Sa  doctrine  sur  la  paracenièsp 
abdominale  ;  401. 

BÉMiviENi  (Jérôme).  Sa  part  daiis  l’qqvrage 
d’Antoine  Benivieni;  Int.,  cxijii. 

Benjamin  Tudela.  Ce  qp'il  dit  de  l’éccde  de 
Salerne;  Int.,  xxvi. 

BÉQP1H.E.  Figure  d’une  béquille  propre  à 
suppléer  une  jambe  trop  courte  ;  H,  ((21. 
Beiicement.  Il  ne  laqt  pas  bercer  fort  ;  H , 
690,  693. 

Berengkr  de  Carpi.  Détails  biqgrapltiqpes  ; 

Int.,  cpxxxiv.— Ses  ouvrages;  lju.,  CLpxvi. 
—  Appréciation;  Int- ,  clxxiiix. — Sa  doc¬ 
trine  sur  les  enfopçure's  dd  prâne;  II  ,  17. 
—  Sa  méthode  de  traitement  des  incisfons 
dq  crâné;  H,  19.  —  S»  doctrine  sur  la 
cpinmoiion  ;  II ,  24.  —  Son  opiniqn  sur  le 
pronostic  tiré  du  ppuls;  11,  ^1-  —  Sq  doc¬ 
trine  sur  l’opération  du  trépan;  Il.âi , 62. 
—  Sur  les  plaies  du  c^rvean;  H ,  73. 
Bernard-Lhermite.  Description  de  ce  pois¬ 
son  ;  UI,  776. 

Bernier.  Ce  qu’il  dit  sur  le  Cmineni  de 
Ithasès;  Int.,  Lix. 

Bertapa(ilia  ((.éonard  de).  Jplte  quelque 
éclat  sur  l’école  de  PadPue  au  pominepcp- 
menl  du  xv'  siècle;  Int.,  lxxix  —Sa  Ujort, 
son  ouvrage;  Int.,Lxxx.  —  Idée  générale 
de  ce  livre;  Int. ,  lxxxu—  Détails  qù’il 
dpnne  sur  le  traitement  du  cor;  3â8. 
Bfrtiiéonée  ,  ouvrage  de  Farapelse  ;  Int.  > 
ccxi. 

Bertrand!.  Modification  qu’il  l'ail  subir  aux 
fanons  ;  D ,  290. 

Bertrücius.  Guy  de  Chauliac  le  voit  dUsé-’ 
([uer  à  Bologne;  Int.,  lai. 


BESfcLES.  Figure  de  besicles  propres  à  cor¬ 
riger  le  sirabisme;  II,  605. 

BESTiALCrÉ;  III,  43.  , 

Bezahar.  Etymologie  ,  définition  et  descrip¬ 
tion  ;  111,  339.  • —  Formaiion  et  effets  du 
Bezahar  ;  340.  —  Expérience  du  Bezahar 
faite  par  ordrp  de  Charles  IX  ;  III ,  341. 
Bicliographiiî  d’A.  Paré;  rnt.,ccciii;  III,  xv. 
Biceps.  Déscriplion  du  biceps;  282. 

Biches.  Pourquoi  elles  font  leurs  petits  aux 
bords  des  chemins;  III,  746. 

Bile.  Des  fièvres  bilieuses;  III,  121,130; 

136.  —  Deux  sortes  de  bile;  III,  122. 
Bistouri.  Définition  ;  383.  —  Figure  de  deux 
bistouris  courbés  •  389.  —  Driglne  de  ce 
mot;  390.  —  Bislouri  boutonné;  II,  107. 
—  Figure  d’un  bistouri  pour  opérer  Pun- 
gula  ;  II,  430. 

Bitume.  Venus  et  usage  des  eaux  bitumi¬ 
neuses  ;  III ,  697. 

Blé.  Propriété  attribuée  au  blé;  397. 
Blessures.  Caractères  des  ble.'-sures  faites 
ayant  ou  après  la  mort;  III,  659.  —  Ip- 
flpenee  du  bruit  sur  les  fessés;  ÏU ,  7Q9. 
Blondus  (M'cbel-Ange  ).  Sa  vie,  ses  ouvra¬ 
ges;  Int.  cxcui. —  Demi-réforme  apportée 
par  lui  dans  le  traiteménl  des  plaies  ;  438, 
442. 

BpÀisTU4u  (Pierre).  Emprunts  qug  lui  a 
faits  A.  Paré  ;  ID,  2- 

Bogcace.  Sa  visite  au  mont  Cassip;  lut., 
jcLVfi.  —  Son  ardeur  à  rechercher  les  ma¬ 
nuscrit?;  Int.  yLvip. 

Bqepf.  OEü  dé  boeuf;  U ,  414-  —  Emploi  de 
la  fiente  de  bœuf  dans  le  traitement  de  la 
goutte;  III,  239.  — Quand  les  boeufs  pré¬ 
sagent  un  changement  de  temps;  lU,  738. 
Bois.  Manière  d’extraire  les  huiles  des  bois  ; 
DI,  630,  632.  —  Distillation  du  bois; 
ill ,  638.  — :  Les  bois  pour  bâtir  ne  doi¬ 
vent  pas  être  coupés  pendant  la  pleine 
lune;  111,739.  '  ^ 

Boissons.  Quelles  sont  celles  qui  convien¬ 
nent  dan»  ie  traitement  des  plaies  de  la 
télé;  il,  34- —  Boissons  propres  pour  les 
goutteux;  III .  230. 

Bojano.  Détails  sur  cette  famille  d’empiri¬ 
ques  ;  Int.,  pi. 

Bologne.  Ecole  de  Bologne;  Int.,  xxvp.  — 

Université  de  Bologne  ;  ïni-  35tvin.  —  No¬ 
tions  qiie  le  père  Sarti  donne  sur  les  Pe- 
depins  de  petP  ville  ;  Int-  xxix.  —  passes 
de  son  école;Iiil..  xxxvii,xxxix.  — :  Bivai|té 
des  écoles  de  Bologqe  et  dé  Sajerné;  Ipt.,; 
yxv}v~Apprécifti>dU  «le  t^Uï  de  chauliac 
Int.,  ib.  — Défense  que  rUiUYprsiié  dé  »p- 
jogne  fait  en  1334,  d’empofier-  dPf  MYffs 
hors  dp  la  yi||e;  Iqt-  Vid'^  i  xf-YU-  “  RÇjâf 
que  jettent  sur  l’école  de  Pologne  les  dis¬ 
sections  dp  Mundinns;  Int.  vpvil.  — :  ué- 
cole  de  pohigne  essaie  de  sé  relever 
l’élude  de  raoatom'e  i  î'tL,  pru.  —  Révpil 
de  Vécolc  de  Bologne;  Int.  clxxxi». 

BüLüGN|Ni  (ANGiqpo).  DéiailS  ifiir  sa  YÎe;  Int-, 

cLXxxii.  — Idcegénôralp  tj®  «P?  Wcplps- 
Int.,  GLXXXm, 

BOMDARup.  (itymd!b8*P  i 


TABLE 


8l^ 

Bonet,  chirurgien  de  Montpellier  cité  par 
Guy  de  Chauliac;  Int.,  lxvui. 

Bonnant  (Pierre  de),  chirurgien  à  Lyon  ; 
lut.,  txyiii. 

Bosse.  Les  parents  bossusengendrent  le  plus 
souvent  des  enfants  bossus  ;  II ,  350.  — 
Curabilité  des  diverses  gibbosités  ;  II , 
366.  —  Pourquoi  les  bossus  ont  l’haleine 
fétide;  II,  600.—  Causes  de  la  gibbosité 
et  moyen  de  la  redresser  ou  dissimuler  ; 
II;  611.—  Bosses  pestilentielles;  III ,  361. 
Voyez  Bubons  et  Gibbosité. 

Botal.  Ses  travaux  sur  les  plaies  d’armes  à 
feu;  Int.,  ccLiv. 

Bothryon  ;  II,  259. —  Ce  que  c’est;  II,  417. 

Bottines.  Figures  de  bottines  propres  à  re¬ 
dresser  le  pied-bot  ;  II ,  614,  615. 

Bouc.  L’odeur  du  bouc  est  un  préservatif 
contre  la  peste;  III ,  366. 

Bouche.  À.natomie  de  la  bouche;  254.— 
Figure  d’un  dilalatoire  pour  ouvrir  la 
bouche  ;  447.  —  Ulcères  de  la  bouche  ;  II, 
261.  —  Traitement  des  ulcères  vénériens 
de  la  bouche  ;  flux  de  bouche  des  vérolés; 
II ,  549. — Imperforation  de  la  bouche  ;  II, 
678. 

Boue.  Ce  que  c’est;  II,  244. 

Bougie.  Epoque  de  l’invention  des  bougies  ; 
Int.,  Lxxxvn.  —  Détails  siir  l’emploi  des 
bougies  de  cire;  II,  571  ei  suiv. 

Bouillie.  Manière  de  préparer  la  bouillie; 
II ,  691  ;  III ,  267.  —  Epoque  à  laquelle  on 
peut  en  donner  aux  enfants;  II,  692.  — 
11  n’en  faut  pas  donnera  l’enfant  qui  a  la 
petite  vérole;  III,  260. 

Bouillon  préservatif  de  la  pierre;  II ,  468. 

Boulet.  LeselTets  du  boulet  ne  résultent  pas 
d’un  poison  ;  II ,  133.  —  Ni  de  la  combus¬ 
tion;  II,  134.  —  Contusion  et  dilacération 
produites  par  les  boulets;  II ,  166. 

Boulimie  ;  83. 

Boulogne.  Voyage  d’A.  Paré  à  Boulogne;  II, 
696. 

Bouquin  ;  83. 

Bourdons.  Accidents  résultant  de  leurs  pi¬ 
qûres  ;  III ,  324.  —  Remèdes  d’iceux  ;  Ilf, 
325. 

Bourges.  Voyage  d’A.  Paré  à  Bourges;  III, 
732. 

Bourgeois  (Louise)  a  été  regardée  à  tort 
comme  auteur  du  procédé  d’accouche¬ 
ment  forcé  dans  les  cas  de  pertes  utérines. 
II,  699. 

Bourgeon.  Ce  que  c’est  ;  II ,  418. 

Bourses.  Histoire  d’un  morceau  de  miroir 
descendu  dans  les  bourses  ;  lli,  40. 

Boursouflure.  Causeset  traitement; II,  780. 

Bouts  de  sein.  Figure  d’un  bout  de  sein  en 
plomb;  II ,  693. 

Boyau.  Relaxation  du  gros  boyau  culier  ; 
418.  —  Réduction;  419.  —  Longueur  des 
boyaux  de  l’homme;  III,  265.  Voyez  In¬ 
testins. 

Boyer.  Description  qu’il  donne  des  fanons  et 
des  faux  fanons  ;  II,  290. 

Branca  (  père  et  fils  ) ,  créateurs  de  procédés 
autoplastiques  importants;  Int.,  c. 


Branlement  des  dents  ;  II  ,448. 

Bras.  Nerfs  du  bras  ;  277.  —  Distribution 
de  la  veine  du  bras;  271.  — Description 
de  l’os  du  bras  ;  278  ;  H ,  317.  —  Muscles 
qui  le  meuvent  ;  279.  —  Brûlures  du  pli 
du  bras;  II,  208.— Pronostic  des  fractures 
des  os  du  bras  ;  II ,  299.  —  Réduction  des 
fractures  de  l’os  du  bras;  II,  317.  — Pronos¬ 
tic  des  luxations  du  bras;  II,  353— .Figure 
de  bras  artificiel  ;  II ,  61 7.  —  Figure  d’un 
monstre  ayant  quatre  bras  et  quatre  jam¬ 
bes  ;  III ,  12.  —  Figure  d’un  monstre 
ayant  quatre  bras,  quatre  pieds  et  deux 
natures  de  femme  ;  III ,  18. — Figure  d’un 
monstre  ayant  deux  têtes  et  un  seul  bras; 
III,  21.  —  Figure  d’un  homme  sans 
bras  ;  III ,  23. 

Brassavola  ;  ses  ouvrages  ;  Int.,  cxcvi. 

Brayers.  Trois  sortes  de  brayers  au  xv'  siè¬ 
cle;  Int.,  xc.  —  Figure  de  deux  brayers 
propres  à  la  réduction  des  hargnes  ;  408  , 
409. 

Brebis  sont  les  hêtes  les  plus  utiles  à  l’hom¬ 
me  ;  III,  737.  —  .Antipathie  des  brebis  et 
des  loups;  III,  761. 

Brechet.  Fractures  et  enfonçures  du  bre- 
chet;II,  311. 

Bretagne.  Voyage  d’A.  Paré  en  Basse-Bre¬ 
tagne  ;  III ,  692. 

Brise-pierre.  Quel  était  cet  instrument  ;  II , 
488. 

Brissot  ;  Int.,  clxxiv. 

Brisure.  Plspèce  de  fracture  ;  III ,  295. 

Bronchocèle.  Description;  390,  394.  —  Trai¬ 
tement;  391. 

Brosse  (  Pierre  de  la  )  ;  barbier  de  saint 
Louis  ;  Int.  xLix. 

Bruant.  Son  antipathie  pour  la  linotte;  III, 
761. 

Bruit.  Influence  du  hruit  sur  la  guérison  des 
plaies  de  la  tête  ;  II,  38  ;  III ,  709. 

Brûlures.  Efficacité  de  l’oignon  dans  le  trai¬ 
tement  des  brûlures;  II;  128.  —  Brûlures 
superficielles  ou  profondes  ;  11,202. —  Re¬ 
mèdes  Indiqués  par  leurs  différences  ;  II. 
203,  204, 205,  206, 207,  208.— Les  brûlures 
profondes  sont  moins  douloureuses  que 
les  superficielles;  11,208. —  Leur  traite¬ 
ment,  11.209  . — Brûlure  cause  de  gangrè¬ 
ne;  II,  211.  — Signe  de  cette  gangrène; 

II ,  216.  —  Emploi  de  l’antimoine  dans  le 
traitement  des  brûlures  ;  III ,  467. 

Brünus.  Ce  qu’il  dit  de  la  plupart  de  ceux 
qui  exerçaient  la  chirurgie  au  xiii*  siècle; 
Int.,  xxxii,  XXXVI.— Théodoric  lui  a  beau  ¬ 
coup  emprunté  ;  Int.,  xxxviii,  lvi.'—  Ap¬ 
préciation  de  Guy  de  Chauliac  ;  Int.  , 
xxxix. 

Bubons;  82.— Ce  que  c’est,  II,  528;  III,  427,— 
Causes  et  traitement  des  bubons;  II ,  578; 

III ,  427.  —  Quand  les  bubons  des  pestifé¬ 
rés  paraissent  avant  la  fièvre  c’est  bon  si¬ 
gne;  III ,  390.  —  Quand  il  convient  ouvrir 
les  bubons.  430. 

Bubonocèi.e.  Ce  que  c’est;  signes;  404;  II, 
796. 

Bucton.  Ce  que  c’était;  II,  487. 


ANALYTrQUE.  8l3 


Buglosse.  Son  efficacité  contre  la  morsure 
des  serpents;  III  ,301. 

Bulampech  ;  III,  775. 

Bulles  relatives  à  la  faculté  de  Montpellier  ; 
Int.,  XXIX. 

Bupreste.  Description  ;  accidents  résultant 
de  sa  piqûre  ;  III ,  329 ,  366. 

Butrol.  Description  du  butrol  ;  III,  501. 

C 

Cachexie;  II,  780. 

Cachots.  Ce  que  c’est;  III,  279. 

Cacochvmie.  Ce  que  c’est;  73.  — Cause  an¬ 
técédente  de  toute  maladie  ;  III,  96. 

Cacots;III,  351. 

Cadavre.  Définition  ;  II,  662. 

Cagots.  Ce  que  c’est  ;  III,  279. 

Caisses.  Leur  usage  dans  le  traitement  des 
fractures  ;  II,  289.  —  Figure  d’une  cas- 
sole  pour  les  jambes  fracturées  ;  II,  338. 

Cal  des  os;  434.  —  Temps  qu’il  met  à  se 
former;  II,  33,  65.  —  La  chair  calleuse 
s’oppose  à  l’agglutination  ,  II,  272.  —  For¬ 
mation  ducal;  II,  298  ,  299.  —  For¬ 
mation  du  cal  des  fractures  du  nez  et 
de  la  mâchoire  inférieure;  II;  307.— 
De  l’os  claviculaire  ;  II,  309.  —  De  l’os 
du  bras;  II,  318. —  Des  os  des  doigts; 

II,  321.  —  De  la  cuisse;  II,  325,  326.  — 
Emplâtres  pour  aider  à  la  formation  du 
cal;  II,  339.  —  Signes  de  la  formation 
du  cal  ;  II,  340.  —  Théorie  du  cal  ;  II,  341 . 
—  Temps  qu’il  met  à  se  former  dans  les 
fractures  de  la  jambe;  II,  342.  —  Choses 
qui  empêchent  la  formation  du  cal  ,11, 
343  et  suiv.  —  Moyens  de  corriger  le  cal 
vicieux;  II,  345. 

Cambium.  Ce  que  c’est,  45  ;  II,  244,  267. 

Caméléon.  Description  du  caméléon;  pro¬ 
priété  qu’il  a  de  changer  de  couleur;  III, 
787.  —  Ses  vertus  médicinales;  III,  788. 

Camphur.  Description  de  cet  animal  ;  111, 
497. 

Canapé  (Jean)  ;  Int.,  ccxxxviii,  cccxxxi. 

Canards.  Présagent  la  pluie;  III,  739. 

Cancellus.  Ses  mœurs  ;  III,  776. 

Cancer;  82.— Origine  et  mode  d’extirpation 
du  cancer  avec  l’instrument  tranchant  et 
le  fer  rouge  attribué  à  Jean  de  Vigo  ;  III, 
vu.  Voyez  Chancre. 

Cane.  Voyez  Bec. 

Cannelle.  Caractères  de  l’huile  de  cannelle  ; 
jjj^  (;27.  — Description  du  cannellier  ;  III, 
628.— Propriétés  et  usages  de  la  cannelle  ; 

III,  629. 

Canon.  Comparaison  du  tonnerre  et  du  ca¬ 
non  ;  II,  124,  177.  —  Différence  entre  le 
canon  et  le  tonnerre;  II,  135.  —  Contu¬ 
sions  et  dilacérations  produites  par  les 
boulets  de  canon;  II.  166. 

Canons.  Canon  d’.Vvicenne  traduit  par  Gé¬ 
rard  de  Crémone;  Int.,  xxvii.  —  Canons 
chirurgicaux  d’A.  Paré;  III,  647. 

Cantharides.  Emploi  de  la  poudre  de  can¬ 
tharides  dans  l’bydropisie  ;  396.  —  Des¬ 
cription  des  accidents  résultant  de  leur 


ingestion  ;  III ,  326.  —  Remèdes  ;  lll 
327. 

Canule.  Figure  d’une  canule  fenêtrée  avec 
son  cautère  actuel  ;  385.  —  Figure  d’une 
autre  canule  avec  son  cautère  pour  tes 
abcès  de  la  gorge;  386.  —  Figure  d’une 
canule  employée  pour  la  paracenièse; 
400.  —  Figure  d’une  canule  pour  l’opé¬ 
ration  de  la  hernie  étranglée;  410.  —  Fi¬ 
gures  de  canules  à  sutures;  439.  —  Figu¬ 
res  de  deux  canules  utiles  après  l’ampu¬ 
tation  ;  II,  229. — Emploi  des  canules  dans 
le  traitement  des  fractures  du  nez;  II, 
306.  — Figures  de  canules  pour  mettre 
dans  la  plaie  après  l’extraction  de  la 
pierre;  II,  489,  490.  —  Figure  d’une  ca¬ 
nule  propre  à  couper  les  carnosilés  de  la 
verge;  II,  569.  —  Figure  d’une  canule 
pour  remplacer  la  verge  perdue;  II,  613. 

Capots.  Ce  que  e’est;  III,  279. 

Caque-sangue ;  III,  351.  —  Ses  symptômes; 
ni.  422. 

Caractère.  Influence  du  cœur  sur  le  carac¬ 
tère  ;  79. 

Carboucle  ;  320  ;  III,  427. 

Carcinome.  Ce  que  c’est  ;  II,  418. 

Cardialgie;  III,  185. 

Carie.  De  la  carie  des  os  de  la  tête;  II,  64. 
—  Signes  et  curation  ;  H,  65.  —  Carie  de 
l’os  du  talon  incurable  ;  II,  400.  —  Cau¬ 
ses  de  la  carie  des  os  ;  II,  580.  —  Symptô¬ 
mes;  II,  581.  —  Traitement  des  os  cariés 
par  les  poudres  et  emplâtres  calagmali- 
ques;  II,  583.  —  Par  la  trépanation  et  la 
rugination  ;  II,  584.  —  Pronostic  de  la  ca¬ 
rie  des  os  longs;  II,  585.  —  Traitement 
de  la  carie  des  os  par  les  cautères  poten¬ 
tiels;  II,  688.  —  Par  les  cautères  actuels  ; 
11,589.  —  Inconvénients  de  la  mauvaise 
application  du  cautère  actuel;  II,  591. 

Carnosités.  Des  carnosités  qui  s’engen¬ 
drent  au  conduit  de  l’urine  après  quel¬ 
ques  chaudes-pisses;  II,  564.  —  Signes 
de  ces  carnosités  ;  II,  565.  —  Pronostic  et 
cure  générale  des  carnosités;  II,  566; 
—  Cure  particulière;  II,  667.  —  Traite¬ 
ment  des  carnosités  vénériennes  de  la 
verge;  II,  569.  —  Remèdes  propres  à  ci¬ 
catriser  les  ulcères  après  l’ablation  des 
carnosités;  II,  576.— Premières  mentions 
des  carnosités  urétrales  ;  III,  v. 

Carpe.  Os  du  carpe;  283.  —  Muscles  exten¬ 
seurs  du  carpe;  285.  —  Muscles  fléchis¬ 
seurs  du  carpe;  287.  —  Situation  qu’il 
faut  donner  aux  plaies  du  carpe;  II,  119; 
—  Luxations  des  os  du  carpe,  et  moyens 
de  les  réduire;  II,  386. 

Cartilages.  Les  cartilages  s’ossifient  chez 
les  vieillards;  175.  —  Définition  et  ana¬ 
tomie  des  cartilages;  176.  —  Cartilages 
du  nez;  243.  —  Cartilages  du  larynx;  256. 
— Pronostic  des  ploies  des  cartilages;  433. 
—  Fracture  des  cartilages  du  nez  ;  II,  306. 

Caspilly.  Histoire  du  Gaspilly  ;  IH,  502. 

Cassiodore.  Auteurs  dont  il  recommande 
la  lecture  aux  moines  de  son  eonvent; 
Int.,  xviii. 


TABLE 


8i4 


Castration.  Les  castrats  doivent  être  rap¬ 
portés  à  la  nature  des  ferrimes  ;  60.  —  Ef¬ 
fets  de  la  castration  :  156.  —  Indigne  cou¬ 
tume  dès  châireurs  dans  le  traitement  des 
hernie^:  407.  —  Intluence  dé  la  castra¬ 
tion  Sur  le  naturel  dé  rhorhme.et  de  I  ani¬ 
mal  ;  4  l4.—Castràlioii  cause  de  stérilité; 
jl^  7^1.—  Emploi  de  là  castration  contre 
la  lèpre  ;  ni,  281.  , 

ÇâtalepsIe.  Ce  iiue  c.’est;  II,  753. 

CÀTAPLASMÈS.  Formüles  de  cataplasmes  pjjur 
lé  phlcgnrton  vràî,  330,  ,331  ,,332,  333. — 
Four  i’œdème,  343. —  Four  lèS  tiimëurs 
àqiièusés  et  vehieiisés,  345j — ^  Four  .  les 
écrouelles,  354.  — Poür  lés  chànci  és,  366, 
3^9.  —  Foiir  les  tumeiirs  dé  l’orèillé,  380. 
Pdiir  iésliérnîes,  40è(.  — Four  leS  turiieurs 
dû  gehoii,  42l.  — Contré  la  douleur  qui 
sürvieiit  aux  plaies ,  442.  —  Four  l’èrjsi- 
pièle;  II,  28.  — Foiir  les  plaies  dè  la  iete; 
II,  40.  —  Poiir  les  cohtusions.dù  cuir  niüs- 
ciileilx  ;  il,  42.  —  Pour  la  p'iqûré  dès  tiëffs ; 
11,114,115.— Pour  les  plaies  des  jointures; 
II,  ll7. — Poiif  les  plaiës  d’harqiiebusés  ; 
II,  164.  — Pour  les  plaies  envenimées; 
II,  191.  —  Pour  léscènldsiôns  avec  plàiè; 
II,  198. -Pour  la  gangrène;  il, 219, 234, 
235.  —Pour  les  plaies  après  amputation  ; 
II,  232.  —  Aidant  à  la  formation  du  çàl  ; 
II ,  344.  —  Four  l'ophthalmie ^  Il  ;  427.  — 
Pour  les  dilatations  de  la  pupille  ;  Ü,  434. 
—Pour  les  calculs  éngagés  dans  les  ufetè- 
rës;  Il ,  472. —  Pour  les  carhositês  de  la 
verge;  II,  5ëî.  — Répercü.ssifs  contré  la 
goutte  causée  dé  pituite  ;  lll,  235,  236.— 
Résoiutiis  contre  ta  .goutte  càiiséé  dé  pi¬ 
tuite;  III,  23ë.  —  Répercüssifs  poutre  la 
goülie  de  matière  chaude;  III ,  23Ô ,  240. 
—  Contre  la  goutté  provenant  d’humeur 
cholérique  ;  III,  242, 244.  — Pour  iés  vèn- 
tosités  qui  accompagnent  les  doulèurs  ar¬ 
thritiques;  III;  249  ,  250.  —  Corilre  là 
goutte  sciatique;  III,  253.  —  Vermifuges  ; 
lit,  268.  —  Contre  les  doulèurs  de  tete; 
ilï,  420.  —  Attractifs  des  bubons  pestilen¬ 
tiels;  III,  428.  429.  —  Résolutifs  des  bu¬ 
bons  pestilentiels;  lïl,  430.  —  Pour  le 
charbon  pestiféré  ;  III ,  439  ,  44Ô.  —  Pour 
les  ecchymoses  ;  III ,  485.  —  Ce  que  c’est 
qu’un  cataplasme;  ingrédients,  variétés, 
utilité ,  formules  de  cataplasmes  anodin , 
maturatif,  résolutif;  III,  575. 

Cataracte.  Prix  de  l’opération  de  la  cata¬ 
racte  aux  termes  des  lois  des  Visigoths  ; 
Int.,  XVIII.  — Traité  de  Guy  deChauliac; 
int.,  Lxv, — Procédé  d’abaissement  con¬ 
seillé  par  Arculanus  ;  ïni. ,  lxxxix.  —  Les 
«hèvres  ont  donné  l’idée  de  l’abaissement 
de  la  cataracte,  20;  III,  737. — Définition; 
II,  418,  435. — Variétés,  causes,  signes; 
II ,  435.  —  Cure  des  cataractes  qui  com¬ 
mencent  à  se  former;  II,  436,  —  Signes 
pour  connaître  les  cataractes  confirmées  ; 
II ÿ  437. —idem,  les  cataractes  curables  j 
II,  438.  —  Curé  des  cataractes  par  fœu- 
vre  de  main;  II,  438.  — Temps,  lieu  et 
position  convenables  à  l’opération;  U, 


439. —Manuel  opératoire  ;  traitement  con* 
sécutif  ;  it,  446.—  fcéqü’il  faut  faire  qiiàrid 
la  cataracte  remonte  où  (jù’elle  s’est  divi¬ 
sée;  II,  441.  —  Ponction  deS  mémbranès 
de  l’œil  dans  lés  cas  de  cataractes;  11,  625 

Catarrhe;, III,  209. 

Càtelàn  (Nicolas)  ;  chirurgien  à  Toulouse  ; 
Int. ,  Lxvii. 

CÀTHÊRÉTK^UES  ;  lll,  546. 

Catherinaire,  22. 

Cathétérisme  pratiqué  par  Gilbert  l’An¬ 
glais;  III,  v.  , 

Catopsis.  Ce  que  c’est;  II,  414. 

Qausüs;  III,  133,  134,  137. 

tAusTiQUEs;  III,  546. 

Cautère.  Figuré  d’ùn  cautère  actuel  pour  le 
traiiement  de  la  grenouillette  ,  382.-j^ti’iin 
cautère  actiièl  avec  sa  canule  fënétrééj 
385.  —  Figiiie  d’ùh  cautère  poür  lés  abcès 
dè  la  gorgé  avec  sa  canule ,  386.  —  D’un 
cautère  actuel  avec  sa  platine  pour  opérer 
l’empÿême,  393. —Du  èauière  actuel  à 
séton;  il;  81.  — Sur  l’emploi  du  cautère 
actuel  pour  àrrêier  le  sang  après  l’ampu¬ 
tation;  II,  227;  lit,  680.— Figures  de  cau¬ 
tères  actuels  applicables  après  les  amputa¬ 
tions  ;  II,  227,  228.— Figure  d’un  cautère  ; 
li ,,  42't. — :  Emploi  du  cautère  actuel  dans 
le  tfaitemënt  des  fistules  lacrymales  ;  II , 
431. — Figure  d’un  cautère  actuel  pour  les 
fistules  lacrymales  ;  II,  432.  —  Figure  d’un 
cautère  actuel  pour  cautériser  les  dents  ; 

II,  450.  —  'Fraitement  des  hubons  par  le 
caütèfe  actuel:  II,  578. —  Supériorité  des 
çaütèrés  actuels  sur  les  cautères  poten¬ 
tiels  :  matière  dé  ces  derniers  ;  II ,  288  ; 

III ,  57Ô.  —  Figures  de  cautères  aciùels 
cultellàires,  ponctuels  èt  olivaires  poür  la 
carie  des  os;  II,  589,  590. — Inconvénients 
de  là  inauvàisé  application  des  cautères 
aclùéls  :  soins  à  prendre  après  la  càutéri- 
sgtion;  il,  691,  —  Emploi  deS  càülères 
dans  le  traitement  des  fièvres  ;  III,  86.  — 
Application  du  càutère  potentiel  au  trai¬ 
tement  de  la  goutte;  III,  211 ,  212,  226, 
254.  —  Manière  d’établir  un  cautère  ;  III , 
227.  —  Emploi  du  càutère  contre  lès  mor¬ 
sures  des  bêtes  venimeuses;  lïI,  3o2. — 
lisage  du  càutèré  potentiel;  IH  ,  579.  — 
Exemples  ;  580,  681. — Fropriétés,  histOri- 
qüëet  cornposition  du  cautère  de  velours; 
III,  581 ,  582,  583.  — Elu  cautéré  dans  la 
paracentèse  ;  III,  685. 

Cautérisation.  De  l’emploi  dè  la  càutérl- 
sation  dans  le  traitement  des  hernies  ;  416. 
—  Cautérisation  des  plaies  fenveniinées; 
II,  192,  193.  —  Emploi  de  la  cautérisa¬ 
tion  dans  le  traitement  de  la  gangrène  ; 
II,  220.  —  Cautérisation  des  ülcères;!!, 
253,  254.  —  Cautérisation  des  ulcères  de 
la  bouche;  II,  262.  —  Ces  cors;  II,  468. 
— Des  dents;  11,  446,  448. — Premier  em¬ 
ploi  du  mot  Cauierizare  ;  III,  iV;, —  Cauté¬ 
risation  du  charbon;  III,  4il, 514.  —  Du 
foie,  de  la  rate  ;  III,  685. —  ïncqnvéniènts 
de  la  cautérisation  dans  le  iraitèment 
des  hémorrhagies  d  la  suite  d’ampula- 


ANALYTIQUE.  0l5 


lions;  11*2275111,  680.  —  De  la  cautéri- 
sation^dans  le  traitement  de  la  sciatique; 

Cécité  résultant  de  la  petite-vérole  et  de 
la  rougeole  ;  III,  259. 

Celse;  Int.,  XIX.  —  Inconnu  de  Gariopon- 
lus  et  de  Trolula;  Int.,  xxv.  —  Ignoré 
des  Occidentaux  au  xiv»  siècle;  Int.,  lx. 

—  Epoque  où  il  fut  retrouvé;  Int.,  xciii. 

—  Est  retrouvé  par  Thomas  de  Sarzane  ; 
Int^cix.  —  Dates  des  premières  éditions 
de  Celse;  Int.,  ex.  —  Cité  par  Benivieni  ; 
Int.,  cxviii.  —  Son  opinion  sur  la  para-  “ 
centèse;  398.  —  Sa  doctrine  sur  les  fis¬ 
sures  du  crâne;  II,  10.  — Ses  procédés 
pour  l’ectropion;  III,  vi.  —  Aphorisme 
emprunté  à  Celse  ;  III,  646. 

CÉRAT  pour  les  écrouelles  ;  354.  —  Pour  les 
plaies  de  la  tête;  II,  44.  —  Pour  les  com¬ 
motions  ducerveau;II,  69.  —  Pour  la  pi¬ 
qûre  des  nerfs  ;  II,  113.  —  Pour  les  nœuds 
des  jointures  ;  Ili,  248. 

Cerf  a  enseigné  l’iitilité  de  la  dictame;  19; 
III,  736.  —  Vertu  de  la  corne  de  cerf  con¬ 
tre  les  vers  ;  III,  268.  —  Contre  la  peste  ; 
III ,  369  ,  50T.  —  Stratagème  du  cerf 
pour  dépister  les  chiens;  III,  753.  —  An¬ 
tipathie  du  cerf  et  du  serpent;  III,  761. 

Cermison  (Antoine),  médecin  italien  du 
xv=  siècle;  Int.,  xciv. 

Qéroüknnes.  Définitions,  différences,  ingré¬ 
dients  ;  III,  568. 

CÉRUSE.  Son  action  sur  l'économie  animale  ; 
ni,  343. — Contre-poison;  III,  844. 

Cerveajo.  Anatomie  du  cerveau  ;  212.  — Ven¬ 
tricules  du  cerveau  ;  214. — Des  sept  paires 
de  nerfs  du  cerveau  ;  22Q.  —  Pronostic  des 
plaies  du  cerveau  ;  433  ;  II,  27.-r-Effe,ts  de  la 
compression  du  cerveau ,  II,  17.  —  Danger 
de  découvrir  le  cerveau  ;  il,  20.  —  Causes 
et  effets  de  la  commotion  du  cerveau  ;  II, 
23.  —  Explication  de  ces  phénomènes  ; 
doctrine  de  Bérenger  de  Garpi  ;  II,  24. — 
Exemples;  II,  23,25.  — Traitement  de  la 
commotion  du  cerveau;  II,  68.  —  Plaies 
du  cerveau  avec  perte  de  substance  ;  II, 
70.  —  Cas  remarquable  de  hernie  du 
cerveau;  Ü,  212. —  Le  cerveau  est  fait 
de  substance  spermatique;  II,  651.  —  Le 
cerveau  est  le  siège  des  sens  intérieurs  ; 
II,  658,  659,  660.  —  Canaux  par  où  se 
purge  le  cerveau;  il,  662.  —  La  goutte 
vient  du  cerveau  ou  du  foie  ;  III,  21 5.  — 
Signes  de?  lésions  du  cerveau  ;  III,  653. — 
Cas  de  plaie  pénétrante  du  cerveau  ;  III, 
695. 

Cervelet. Description  du  cervelet;  214. 

Cervelle.  Venin  contenu  en  la  cervelle  des 
chats  ;  lÜ,  333. 

Césarienne  (opération).  Cas  d’opération  cé¬ 
sarienne  ;  il,  718.  —  Opinion  de  Paré  sur 
l’opération  césarienne;  11,718.—  Détails 
historiques  sur  celte  opération  ;  II,  7 19. 

ruAOHiN.  Son  influence  sur  la  fièvre  ;  III,  85. 

CHAIR.  Ce  que  c’est;  128.  —  Bégénéralipn 
de  la  chair  selon  les  parties  de  la  tête; II, 
43.  —  influence  do  l’alimentation  sur  la 


qualité  de  la  ehair  des  animaux;  III,  2S8i 

289.  , 

Chaise,  Figure  d’une  chaise  à  demi-bain  ; 

II,  471.  —  Figure  d’une  chaise  pour  les 
accouchements;  il,  674. 

Chalazion.  Définition  ;  II,  416,  422.— Trai¬ 
tement;  II,  422, 

Chaleur.  Condition  de  la  vie;  59;  —  La 
femme  en  a  moins  que  l’homnae  ;  60.  — 
La  chaleur  immodérée  dessèche  et  en¬ 
durcit  la  graisse;  121.— Chaleur  qui  con¬ 
vient  dans  le  traitement  des  plaies  de  la 
tête;  II,  34. — Chaleur  considérée  comme 
remède  des  petites  brûlures;  II,  203. 

—  Pierres  causées  par  chaleur  ;  II,  465. — 
Influence  de  la  chaleur  sur  la  difficulté 
des  accouchements,;,  II,  712.  —Propriétés 
de  la  chaleur  ;  11,737; — Chaleur  cause. d.e 
fièvre  ;  III;  78.— S^fmpti&me  de  fièvre  ;  ÎH; 
80.— Elément  de  putréfaction;  Ili,  103.— 
Remèdes  contre  la  chaleur  qui  brûle  les 
fébricitants  ;  III ,  206. —  Influence  de  la 
chaleur  sur  le  développement  de  la  rage, 

III,  704. 

Chameau.  Sa  docilité,  sa  frugalité,  son  pays  ; 
111,  757. 

Champier  (Sympborien  ).  SesLunecies  des 
chirurgiens  et  barbiers  ;  Int.,  ccxxxvii. 

Champignons.  Espèces  diverses,  accidents 
qu’ils  peuvent  causer,  manière  de  les  pré¬ 
parer  ;  III,  335.  —  Leur  mode  d’action , 
leurs  contre-poisons  ;  III,  336. 

Chancre.  —  Descfipiion  du  chancre; 361. — 
Causes,  espèces;  362.  — Pronostic,  cure 
du  chancre  non  ulcéré  ;  363.  —  Cure  du 
chancre  ulcéré  ;  364.  —  Opération  chirur¬ 
gicale  ;  365.  —  Remèdes  locaux  ;  366.  — 
—  Des  chancres  de  la  matrice  en  particu¬ 
lier;  368.  —  Simulation  d’un  chancre  à 
la  mamelle  ;  III,  46.  Voyez  Cancer. 

Chancre.  Histoire  du  chancre  de  mer  ;  III , 
778. 

Chape;  III*  618. 

Chapelain.  Son  opinion  sur  la  corne  de  li¬ 
corne  ;  lil,  471,  ,  508, 

Chapiteau  ;  III,  618.  ,  .  , 

Chapons.  Sont  souvent  podagres  ;  ni,-229. 

Charbon;  iD,  351,  427.  —  Caqses  et  trai¬ 
tement  du  charbon  bénin;  lil,  434. — 
—  Description  du  charbon  pestilentiel; 
ses  causes  et  symptômes  ;  III,  435. —  Pro¬ 
nostic;  III,  436. — Cure;  111,439. — Remè¬ 
des  du  prurit  qui  accompagne  le  charbon  ; 
III,  441.  —  Moyens  de  cicatriser  l’ulcère. 
III,  442.  —  Moyens  de  dissimuler  la  cica¬ 
trice  ;  III,  443.  —  Cautérisation  des  char¬ 
bons;  III,  514.  —  Cas  d’asphyxie  par  la 
vapeur  du  charbon;  iD,  661,  664. 

Charité.  Sentiment  naturel  à  l’homme  ;  7. 

Charlatans.  Stratagème  des  vendeurs  de 
thériaque;  III,  3i9.  —  Supercherie  des 
charlatans;  III,  511. 

Charlemagne.  Il  ne  parait  pas  qu’il  ait  eu 
réellement  de  médecin  arabe;  Int.,  xix. 

Charles  I”  d’Anjou,  roi  de  Sicile.  Son 
ambassade  au  souverain  de  Tunis  pour 
obtenir  le  Continent  de  Rhasès  ;  Int. ,  lix. 


TABLE 


Charles  V.  Son  édit  sur  l’exercice  de  la 
chirureie:  Int.,cxxvn. — Son  ordonnance 
de  1372,  réglant  les  droits  des  barbiers  et 

des  chirurgiens;  Int.,  cxxxyui. 

Charles  IX.  Histoire  du  roi  Charles  IX; 

III  115.  Voyez  Æezaliai'. 

Char’olles  (  Jean  de  )  ;  Int.,  cxxviii. 

Chat  Histoire  d’un  chat  engendré  par  une 
femme  ;  III,  36.  —  Vénénosité  de  la  cer¬ 
velle,  du  poil  et  de  l’halcine  des  chats, 
III,  333.  —  Remèdes  contre  les  accidents 
qui  en  résultent  ;  III,  334.  —  Les  chats 
présagent  la  pluie  ;  III,  738. 

Chat-Huant.  Son  antipathie  pour  la  cor¬ 
neille;  111,761.  .  . 

Chateau-le-Comte.  Voyage  d’A.  Pare  a 
Château-le-Comte  ;  III,  699. 
Chauche-Poulet  ;  III,  66. 

Chaude  (fièvre)  ;  HI,  104.  V.  Fiivre. 
Chaude-pisse.  Définition  ;  H,  655.  —  Chau¬ 
de-pisse  résultant  de  réplélion  ;  II,  557. 
—  Idem  d’inaction  et  de  contagion  ;  II , 

558.  —  Pronostic  des  chaudes-pisses  ;  II , 

559.  —  Cure  générale;  II,  561.  —  Cure 
particulière;  II,  562.— Des  carnosités  qui 
s’engendrent  au  coeduit  de  l’urine  après 
quelques  chaudes-pisses;  II,  564. — Signes 
de  ces  carnosités;  11,  565. — Pronostic  et 
cure  générale  des  carnosités  ;  II,  566.  — 
Cure  particulière;  II,  567,  569,  576. —  En 
quoi  diffère  la  chaude-pisse  chez  les  fem¬ 
mes,  des  fleurs  blanches;  II,  775. 

Chaumet  (Antoine);  son  Enchiridion  chirur- 
gicum;  Int.  ,  CCLXXXV. 

Chausse  d’hippocras.  Ce  que  c’est  ;  III,  625. 
Chauves-souris  présagent  le  beau  temps; 
III,  739. 

Chaux.  Son  action  sur  l’économie  animale, 
et  contre-poison  ;  III,  343. 

Chemosis. Définition;  II,  415,  428.— Causes, 
traitement  ;  II,  428. 

Chenille.  Histoire  d’une  espèce  de  chenille 
engendrée  dans  la  cuisse  d’un  homme; 
III,  35. — Accidents  résultant  de  leur  mor¬ 
sure,  et  remèdes;  III,  325. 

Cheval.  Affection  du  cheval  pour  son  maître; 
III,  747.  —  Son  antipathie  pour  le  cha¬ 
meau  ;  III,  760.  —  Cheval  de  mer;  III. 
772. 

C  hëvêche.  Présages  tirés  de  son  chant  ;  III, 


CupiLLER.  Ce  que  c’est  ;  III,  62. 

Chèvre.  Les  chèvres  ont  donné  l’idée  de 
rabaissement  de  la  cataracte  ;  20,  III,  737. 
—  OEil  de  chèvre;  II,  419.  —  Chevreau 
engendré  d’une  chèvre  et  d’un  homme  • 
III,  44.  —  Vertus  attribuées  à  la  corne  de 
chèvre;  III,  607.  —  Les  chèvres  nous  ont 
appris  les  propriétés  de  la  diclame  ;  III , 
736.  —  Instinct  des  chevreaux  pour  recon¬ 
naître  leur  mère  et  les  herbes  qui  leur 
conviennent;  III,  741. 

Chiens.  Huile  de  petits  chiens;  II,  127,  155. 
—Enfant  engendré  d’une  femme  et  d’un 
chien;  111,43.— Enfant  ayant  la  figure  d’un 


chien  ;  III,  44.  —  Pourquoi  les  chiens  de¬ 
viennent  plutôt  enragés  que  les  autres  ani¬ 
maux  ;  III ,  304.— Signes  indiquant  qu’un 
chien  est  enragé  ;  III,  305.—  Traitement 
delà  morsure  d’un  chien  enragé;  III,  309. 
—  Vertu  de  la  fiente  de  chien  pour  arrêter 
le  flux  de  ventre  ;  III,  452. — Comment  les 
chiens  se  purgent  ;  HI,  737.  —  Fidélité  du 
chien;  III,  747.— Son  éducabilité;  111,755, 
757.— Son  antipathie  pourle  loup;  III,  760. 

Chiragra;  III,  209. 

Chiron.  Regardé  par  Pline  comme  l’inven¬ 
teur  de  la  médecine  ;  18. 

Chiromanciens  ;  III,  60. 

Chirurgie.  Faveur  dont  jouit  aujourd’hui 
l’histoire  de  la  chirurgie  ;  difficultés  de 
cette  étude;  Int.,  v.  —  Plan  d’une  ency¬ 
clopédie  chirurgicale;  Int.,  vi. — L’histoire 
de  la  chirurgie  est  intimement  liée  à  celle 
des  révolutions  de  l’esprit  humain;  Int. , 
XV. — La  chirurgie  prend  naissance  en 
Asie;  Int.,  xvi. — Par  qui  elle  était  exer¬ 
cée  au  vu  siècle  ;  Int.,  xviii. —  Causes  qui 
peuvent  expliquer  comment  au  commen¬ 
cement  du  xiiu  siècle  elle  émigra  du  midi 
au  nord  de  l’Italie  ;  trois  sortes  de  per¬ 
sonnes  l’exerçaient  au  xiiu  siècle  ;  Int. , 
XXII.  — Abandon  de  cette  science  en  Occi¬ 
dent  au  xiu  siècle,  Int.,  xxvi.  —  Ensei¬ 
gnement  et  pratique  de  la  chirurgie  au 
xiiF  siècle;  Int.,  xxviii,xxix. —  La  chirur¬ 
gie  n’est  pas  encore,  au  xiiu  siècle,  nette¬ 
ment  séparée  de  la  médecine;  Int, ,  xxix. 
—  Etait  exercée  aussi  par  des  femmes; 
Int. ,  XXIX ,  XXX ,  XXXI ,  xxxii.  —  Comment 
elle  était  considérée  au  xiiu  siècle;  Int., 
XXX. — Ressources  de  la  pratique  chirurgi¬ 
cale  au  xiiu  siècle;  Int.,  xxxi.— Influence 
de  la  découverte  de  l’imprimerie  sur  l’é¬ 
lude  de  la  chirurgie;  Int.,  cxi.— Idem  de 
la  découverte  de  l’Amérique  ;  Int,,  cxii. — 
Etat  de  la  chirurgie  en  France  au  xv'  siè¬ 
cle;  Int.,  cxx.  —  De  la  chirurgie  dans  les 
villes  de  province  ;  Int,,  clv.  —  De  la  chi¬ 
rurgie  militaire  au  xv®  siècle  ;  Int.,  clxvii. 
—  De  la  chirurgie  dans  les  campagnes; 
Int, ,  ULxviii,  — Pourquoi  l’Italie  ne  mar¬ 
cha  pas  en  tête  du  mouvement  de  cette 
science  au  xvi«  siècle;  Int.,  clxxii.— Cau¬ 
ses  qui  en  arrêtèrent  l’élan  en  France  ; 
Int.,  cLxxiv. — Origine  de  la  chirurgie 
allemande;  Int.,  cxcvii.  — Etat  de  la  chi¬ 
rurgie  en  France  de  l’an  1515  à  l’an  1545; 
Int. ,  ccxxxvii.  — Fondation  d’une  chaire 
de  chirurgie  au  collège  de  France;  Int., 
ccxxxix.-— Etat  de  la  chirurgie  en  Europe 
au  xvu  siècle;  Int.,  cclxxxv.— Nouveaux 
documents  sur  l’histoire  de  la  chirurgie 
au  moyen  ûge  ;  III ,  iv,  —  Rapports  de  la 
chirurgie  et  de  la  médecine,  10,  12,  24. 
—  Invention  de  la  chirurgie ,  18.  — 
Antiquité  de  la  chirurgie;  ses  difficultés, 
p.  —  Son  excellence,  24.  —  Définition  de 
la  chirurgie  ,  23,  25.  —  Elle  comprend 
cinq  genres  d’opérations ,  26.  —  Ces  opé¬ 
rations  no  se  peuvent  faire  sans  douleurs, 
30,  —  Emploi  des  moyens  ehlrurgicttus 


ANALYTIQUE, 


817 


dans  le  traitement  des  fièvres;  III,  86. 

CniRURGiEiNS.  Ils  étaient  compris  au  ’vi'  siè¬ 
cle  sous  le  nom  de  médecins;  Int.,  xvii.— 
Dispositions  des  lois  des  Visigolhs  cl  des 
Lombards  qui  les  concernaienl  ;  Int. ,  xvii. 
—  Quand  il  leur  était  permis  de  pratiquer 
en  Italie  au  xiii=  siècle;  Int.,  xxx.— Clii- 
rurgiens  du  xiii'  siècle  ;  Int.,  xxxiii.  —  Les 
simples  chirurgiens  considérés  jusqu’au 
XIV'  siècle  presque  comme  des  manœu¬ 
vres;  Int.,  XLiii.  —  Quel  était  le  bagage 
d’un  chirurgien  au  xiv'  siècle  ;  Int.,  lxvii. 
— Rarelé  des  chirurgiens  lettrés  en  France 
au  XIV'  siècle;  lut.,  lxxi.  —  Comment  on 
les  désignait  en  Italie  au  xv'  siècle;  Int., 
Lxxvi.  —  Procès-verbal  de  réception  d'un 
chirurgien  au  x;vi'  siècle;  Int. ,  ccxxxiii. 
—  Détails  sur  la  réception  des  maîtres  chi¬ 
rurgiens  à  Saint-Côme;  Int.,  cclix. — lin 
quoi  consistait  l’épreuve  laline  ;  Ini.,  cclx. 
— Let'res  de  maîirise;  Int.,  cclxi. —  Nou¬ 
velles  querelles  des  chirurgiens  avec  la 
Faculté;  Int, ,  cclxxxvi.  —  Liste  des  chi¬ 
rurgiens  du  roi  pour  1585;  Int.,  ccxciii. 
—  Réponse  d’A.  Paré  aux  attaques  des 
chirurgiens ,  12. — Quelle  doit  être  la  con¬ 
duite  du  chirurgien  pendant  l’opération, 
30.  — Connaissances  premières  qu’il  doit 
avoir,  31. — Il  doit  connaître  les  chosesna- 
turelles,  31.  — Les  annexes  des  choses  na¬ 
turelles,  60.  —  Les  choses  non  naturelles, 
62, —  Les  accidents  ou  perturbations  de 
l’âme,  75. —  Les  choses  contre  natme,  80. 
—  Les  indications,  84.  —  Ce  qui  le  distin¬ 
gue  de  l’empirique  ,  87.  —  Le  chirurgien 
connaît  et  juge  des  maladies  par  les  cinq 
sens,  93.  —  Nécessité  pour  le  chirurgien 
de  connaître  l’anatomie,  106,— Ne  doit 
jamais  abuser  le  malade,  432.  —  Son  mi¬ 
nistère  consiste  à  aider  la  nature;  111,66. 
—  Utilité  de  la  connaissance  des  fièvres 
pour  le  chirurgien  ;  IH ,  71.  —  Comment 
doivent  êire  choisis  les  chirurgiens  char¬ 
gés  de  soigner  les  pestiférés;  III ,  378,  — 
Précautions  que  doivent  prendre  les  chi¬ 
rurgiens  chargés  de  ce  soin;  HI,  379  — 
Prudence,  discernement  et  probité  néces¬ 
saires  au  chirurgien  chargé  de  faire  un 
rapport  en,  justice;  111,  651. 

Cbo CRADES.  Écrouelles;  82. 

Cholère.  Nature,  1  onsistance  ,  couleur,  sa¬ 
veur,  usage  delà  cholère,  42.  —  De  quoi 
et  quand  elle  se  fait,  43.  —  Quand  elle  se 
met  en  mouvement  ;  cholère  jaune  et 
noire ,  44.  —  De  la  cholère  contre  naiure, 

46.  —  Carac  ère  de  l’homme  cholérique, 

47.  _ Ce  qui  peut  donner  un  lempérarnenl 

cholérique,  49. —Tumeurs  qu’engendre 
celle  humeur,  336;  Il ,  662.  —  Signes  in¬ 
diquant  que  c'est  la  cholère  qui  accompa¬ 
gne  le  virus  arthritique;  111 ,  217.  —  To¬ 
piques  pour  la  goutte  provenant  d’humeur 
cholérique;  111,  241. 

CiioMEi..  Ce  qu’il  dit  sur  la  culture  de  la 
médecine  en  Occident  avant  le  xi'  siècle  ; 
Int.,  XIX, 


Chorion  ,  166.  —  Anatomie  du  chorion,  171. 
—  Son  usage;  II,  644. 

Chrysolore  iKinmanuel).  Son  voyage  en  Ita¬ 
lie,  ses  leçons;  Int. ,  cviii. 

Chute.  Exemple  d’une  phrénésic  guérie  à  la 
suite  d’une  chute,  95. — Chutes  cause  d’a¬ 
vortement;  II,  624,  714. —  Influence  des 
chutes  sur  la  génération  des  monstres; 
III,  27. 

Chyle.  Ce  que  c’est ,  40.  —  Quand  il  com¬ 
mence  à  prendre  couleur  de  sang,  144. 
Cicatrices  des  brûlures;  II ,  210.  —  Le  poil 
ne  croît  jamais  sur  les  cicatrices  ;  II ,  406. 
—  Moyens  pour  effacer  les  cicatrices  de  la 
petite-vérole;  III ,  263.  —  Moyens  d’ame¬ 
ner  à  cicatrice  l’ulcère  charbonneux  ;  III, 
441.  —  Moyens  de  dissimuler  la  cicatrice; 
III,  442. 

Ciel.  Prodiges  célestes  ;  III,  790. 

Cigognes.  Ont  inventé  le  clyslère  ;  III ,  557, 
737.— Amour  filial  des  cigognes;  111,  746. 
Ciguë.  Ses  propriétés  vénéneuses;  traitement 
des  accidenis  qu  elle  cause;  lli,  337. 
Circoncision.  De  la  circoncision  des  femmes, 
169. — Manières  de  rallonger  le  prépuce  des 
circoncis;  II,  458. 

Cire.  Manière  de  faire  l’huile  de  cire;  III, 
631. 

Cirons.  Description,  origine,  et  manière  de 
les  détruire  ;  111,  270. 

CiRSocÈLE.  Ce  que  c’est,  404,  417  ;  II,  796. — 
Causes,  signes,  traitement,  4i7. 

Ciseau.  Figure  d’un  ciseau  pour  séparer  le 
péiicrâne;  II,  8.  —  Figures  de  divers  ci¬ 
seaux  pour  aplanir  les  os  ;  11,  16.  —  Figu¬ 
res  de  ciseaux  pour  couper  les  os  ;  II,  585. 
Citations.  Inductions  tirées  des  citations 
faites  par  A.  Paré  ;  III ,  xviii.  —  Liste  des 
auteurs  cites  par  A.  Paré  ;  III,  xx. 

Clarté.  Action  de  la  clarté  sur  l’économie  ; 

II ,  34. 

Claudication.  Suite  ordinaire  des  fractures 
de  la  cuisse;  II,  326.  — /dewi,  de  celles  de 
la  rotule  ;  II,  .327,  —  Hérédité  de  cette  dif¬ 
formité  ;  III,  27.—  Claudication  simulée  ; 

III,  50.— Résultant  de  la  goutte  ;  III,  220. 
Clavicules.  Description  anatomique  des  cla¬ 
vicules,  180.  —  Fracture  de  l’os  clavicu¬ 
laire;  procédés  divers  de  réduction  ;  11, 
308.  —  Luxation  de  l’os  claviculaire  ou 
jugulaire  ;  II,  359, 

Cleisagra  ;  III,  209. 

Clément  YI.  Il  appelle  auprès  de  lui  Guy 
de  Chauliac;  Int.,  Lxiii. 

Cléopâtre.  Mise  à  contribution  dans  le  livre 
de  Trotula;  Int.,  xxiv. 

Clercs.  Exerçaient  la  médecine  au  vi'  siè¬ 
cle.  Où  ils  allaient  puiser  leur  enseigne¬ 
ment;  Int.,  xviii.  —  Etaient  seuls  admis 
à  prendre  les  degrés  dans  les  Facultés  de 
médecine;  Int.,  xxix. — Exception  laite  en 
laveur  des  chirurgiens;  Ini. ,  xxx. 
Clignotement  des  yeux;  II,  415. 

Clitoris.  Mention  qu’en  font  quelques  ana¬ 
tomistes,  169.  .  ,  ,  . 

Cloporte,  Histoire  d’une  espece  de  cloporte 
rendu  pur  la  verge  ;  Hl,  35. 

52 


111. 


TABLE 


818 

Ctoüs*  Description,  368}  II,  418.-^  Traite¬ 
ment,  358.  ,  ^ 

Clystère.  L’ibis  a  donné  l’idée  des  clystèreS, 
20-  III,  739.  —  Ce  qu’il  faut  faire  en  pre¬ 
nant  un  clystère,  132;  III,  66t;— Dangers 
de  ces  remèdes  dans  le  traitement  des 
plaies  des  intestins;  II,  109.  —  Diystéres 
préservants  de  la  pierre;  II,  469;  410. — 
Pour  les  coliques  venteuses  ;  li;  617.  — 
Pour  lés  coliques  résuliant  de  la  rétention 
des  excrémenis  ou  de  l’entortillement  des 
boyaux;  II,  618.  —  four  les  sulîocatiotts 
de  la  matrice  ;  II,  769.  — Emploi  des  clys- 
térCs  dans  le  traitement  de  la  fièvre  syno- 
que-putride  ;  III,  112,  —  Dans  celui  de  la 
goutte;  III ,  262;  — clystères  sopofaiifs; 
III ,  420.  —  Excitants;  III,  450.  --Rafraî¬ 
chissants  et  anodins;  III,  452,  453.  —  Dé¬ 
tersif  et  astringent  ;  III,  463.  —  Nutritifs; 
III ,  454,  565.  —  Définition  des  clystères  ; 
espèces  diverses;  lll .  552.  —  Substances 
Végétales  et  animales  qui  entrent  dans  ledr 
composition;  quantité,  chaleur,  mode 
d’administration;  formules  de  clystères 
émollient ,  laxatif  ;  III ,  563.  —  Anodin  et 
astringent;  III,  654.  —  Clystères  sarcoti- 
ques;  épUlCRiques,  détersifs;  régies  poUr 
l’administration  des  clystères  nutritifs; 
III,  656. —  Preuve  de  l’efficacité  de  ces 
clystères  ;  quand  il  faut  prendre  les  clyslè- 
res;  usage  des  clystères;  III,  556. —  In¬ 
vention  ;  mani;ère  de  prendre  un  clystère; 
figure  d’un  instrument  pour  s’en  donner 
un  soi-même  ;  lll,  667. 

Coccyx.  Fractures  du  coccyx  et  leur  réduc¬ 
tion;  11,316.— Luxation  du  coccyx;  II,  387. 

CocHLEAB.  Description  et  Usagé  de  cet  instru¬ 
ment;  II,  487. 

Cochon.  Figure  d’ün  cochon  monstrueux; 
III,  13. --Cochons  ayant  le  visage  ti’Uh 
homme  ;  III,  44. 

COECUM,  139. 

GoEt-éE,  135. 

COEtiüs  AUrelianüs ;  Int., tix.--Sbn  opinion 
sur  la  paracentèse,  398, 

CoELOMA.  Ce  que  c’est;  II,  259,  4lt. 

Coeur.  Influence  de  son  volume  ét  de  sa 
densité  sur  le  caractère  ;  79.  —  Anato¬ 
mie  du  cœur;  188.  —  Son  action;  ses 
éplphyses;  190.  —  Ventricules  du  ctSur; 
191.  — Orifices  et  valvules  du  cœur,  192. 
—  Pronostic  des  plaies  du  cœur;  433.  -- 
Symptôrries  des  blessures  du  cœur  ;  II,  96; 
III,  654.  —  Exemple  de  hernie  dü  cœur; 
II,  99.  —  Formaiion  du  cœur  du  fœtus; 

II, 660.  —  Causes  et  traitement  des  bat¬ 
tements  de  cœur;  188;  II,  780.  — Diux 
corps  joints,  mais  n’ayant  qu’un  cœur, 
ne  font  qu’un  individu  ;  III,  9.  —  Exem¬ 
ple  de  pierre  engendrée  dans  le  cœur  ;  III, 
32.  —  Exemple  d’un  cœur  couvert  de  poil  ; 

III,  41  .—Le  cœur  est  le  siège  de  la  fièvre  ; 
III,  74,  76. 

CooiTATiON.  Voyez  Maison. 

Coing.  Ses  propriétés  ;  III,  231. 

Coït.  Son  action  sur  la  grandeur  de  la  ma¬ 
trice;  164.  ~  Dangers  du  coït  pour  les 


personnes  blessée^àlâ  tête;  It,  88.— Pour 
les  pefsohnes  affligées  de  cataractes  ;  it, 
436. — Transmlsslrtll  du  virUs  vénéHéti  par 
le  coït;  11, 328.--La  trop  longue prlvaiion 
du  èoït  est  une  Cause  de  chaUdé-pisse; 
II,  657.  —  Sa  trop  fréqUenté  répétition 
aussi;  II,  568.  —  Théorie  tlU  coït;  II, 
636.  —  Raisons  de  la  répugnance  qü’é- 
ntouVeOt  les  femelles  des  ahlmallx  pour 
le  colt  aptèS  qu’elles  ont  conçu  ;  it,  639. 

—  Influence  fâcheuse  du  coït  sut  le  lait 
des  nourrices  ;  II,  696.  —  Les  nourrices 
doivent  s’en  abstenir;  il,  086,  689.— 
Coït  trop  fréqlieht  cause  d’avortement  ; 

II,  714.  —  Idèm  de  stérilité;  II,  7.30.  — 
Inconvêrtienis  du  Colt  pendant  les  mens¬ 
trues  ;  iil,  4i  --  Coït  immodéré  causé  de 
goutte;  Itl,  214.  —  Attraits  ét  dangers 
des  plaisirs  de  l’amour  pour  les  goutteux; 
îll,  222.  —  Pour  les  lêpreiit;  lll,  273.  — 
Dangers  des  plaisirs  Vénériens  ett  temps 
de  peste  ;  111,  375. 

Col.  Anatomie  du  COl  de  la  mairicé  et  du 
col  de  la  véssie;  167.  ---  Maladiès  qui 
peuvent  affecter  le  col  de  la  matrice;  169. 
—  Dangers  déS  fractures  du  col  de  l’ortio- 
platé;  II,  311. 

CôLCHiqtife.  Ses  propriétés,  Vénéheusés  et 
contre-poison  ;  lll,  336. 

ColeRé.  Ses  effets  ;  77.  --  Exemple  d’Une 
guérison  suite  d’uh  accès  de  Colère  ;  96. 

—  influencé  de  la  colère  sur  la  fièvre; 

III,  85. 

Colique.  Cas  dé  colique  néphrétiquê  Causée 
par  des  pierres  rénales;  II,  463.--- üefini- 
tion;  If,  513.—  Coliques  venteuses;  344; 
11  ,  514.  —  Colique  néphrétique;  co¬ 
lique  résultant  d’éxcrélrtents  retenus,  de 
l’entortillement  dés  boyaux  ou  d’inflam¬ 
mation  bilieuse;  II,  51 4.— Signés  de  ces 
diverses  coliques;  H,  515.  —  Pronostics; 
cure  de  la  colique  néphrétique,  de  la  co¬ 
lique  résultant  de  l'entortillement  des 
boyaux  et  de  la  colique  venteuse;  II,  6I6. 
—  Cure  de  la  toiique  bilieuse  et  de  cel¬ 
les  qui  résultent  dé  là  rétention  des  ex¬ 
créments  ou  de  rentortiilement  des 
boyaux;  II,  518. 

CoLLETic  (médicament)  pour  les  frâCtUres 
de  l’os  claviculaire;  II,  309. 

Collyres  poür  les  yeux;  II,  76,  77,  78.  — 
four  les  ulcères  des  yeox;  II,  260. —  Pour 
le  prUrlt  des  pàupières;  II,  424.  —  Pour 
l’ophlhalmie;  II,  427.  —  Pour  les  catarac¬ 
tes  qui  commencent  â  se  former;  II,  436. 
—  Pour  lesülcèros  véhérCns  de  la  \erge; 
D,  55.3.  —  Ce  que  c’est;  les  collyres  sont 
de  trois  sortes;  leur  Usage;  modèles  de 
collyres  répercussif,  anodin,  détersif;  III, 
585, 586.  ’ 

Colmet  Gandillon,  organtfaleut  de  la  bar- 
berie  en  Frani  e;  Int.,  clxi. 

CoLOBOMA,  Ce  que  c’est;  II,  416. 

Colombes.  Tendresse  réciproque  des  Colom¬ 
bes  ;l!l,  747. 

Colon;  140. 

Colonnes  de  pierres  fondues  ;  III,  600. 


ANALYTIQUE.  8ig 


CôLOT.  La  vérité  sur  Germain  Colot:  Int., 
cLiit.-- Laurent  Colot;  lut.,  ccmn, 
eoLxxi.  —  llécit  de  plusieurs  opérations 
faites  parles  frères  Colol;  IIl,  20. 

Combustion.  Des  différentes  combustions; 

11,  202.  ’ 

CôsiB  (confrérie  de  Saint-).  Son  origine;  oxxi. 
^Sa  marche;  Int.,  cxxvii.— Ses  mites  avec 
la  faculté  de  méaecine;  Int.,  cxxviii.-— 
Histüiiqüe  de  ses  statuts;  lot.,  exxx. — 
Idée  générale  de  ces  statuts;  Int.,  cxXxi. 
—  Rivalité  de  la  confrérie  de  Salnl-Gôme 
et  des  barblerS;  Int.,  cixxv.  ■*“  Siatuis 
nouveaux;  Int.,  cxli,  cXlIu.  dXLViit.  -- 
Lutte  avec  la  facuilé  de  médecine;  Int., 
CXLVI.  “  Fin  de  cette  lutte  ;  Int.,  glü.-- 
Transformalion  de  la  Confrérie  de  Saini- 
Côme  en  collège;  Int.,  CdLvt.  —  Details 
sur  la  réception  dés  maîtres  chirurgiens; 
Int.,  ccLix.  --  En  quoi  Constslait  l’é¬ 
preuve  latine;  Int.,  cclx.  Lettres  de 
hiiiît  ise;  Int.,  cclXi.  -.*■  Nouvelles  que¬ 
relles  des  chirurgiens  avec  la  Faculté;  Int., 
ccLXXxvi.  ^  Nouveaux  statuts;  Int., 
ccLSXxViI.  ^  Décadence  et  fin  dü  col- 
lége  de  Saint-Côme  ;  Int.,  etet. 

CoMÉîËS;  111,  188. 

Commercé.  Influence  désastreuse  de  la  peste 
sur  le  commerce;  III,  457. 

COMMOBÉRATtON.  Ce  que  c’est;  61. 

Commotion.  Causes  et  effets  de  la  commo¬ 
tion  du  cerveau;  II,  23.  —  Explication 
de  ces  phénomènes;  doctrine  de  Béren¬ 
ger  de  Carpi;II,  24.  —  Exemples  de  com- 
mollon  du  Cerveau;  II,  23,  25.  —  Traite¬ 
ment  de  la  commotion  du  cerveau;  II, 
68.—  Commotion  de  la  moelle;  II,  366. 
—  Commotion  cause  d’aVortement  ;  II , 
714. 

Compas.  Figure  d’un  compas  pour  couper 
l’os  du  crâne;  II,  59,  60. 

CôMPÉRAT.  Son  libelle  contre  A.  Paré;  Int., 
ccxci,  cccxxxv. 

CoMPLExiuN.  Ce  que  t’est  ;  33. 

Compressés.  Leur  uUlitéi  il,  286,  286.  -- 
Comment  elle.s  doivent  être  faites;  II, 
286.  —  Préparation  préalable  des  com¬ 
presses  ;  II,  303. 

Compression.  Effets  de  là  compression  du 
cerveau;  il,  17.  — Effets  de  la  compres¬ 
sion  sur  la  taille  des  jeunes  filles  ;  II, 
350.  —  La  compression  exercée  sur  le 
ventre  amène  l’avoriement;  H,  624,  714. 

Conarium  ;  210. 

Conception.  Symptômes  indiquant  qu’une 
femme  a  conçu  ;  II,  612.  —  Théorie  de  la 
conception;  li,  050.  —  SI  une  femme 
non  réglée  peut  concevoir;  II,  762.  — 
Age  auquel  la  femme  peut  concevoir  ;  II, 
738. 

CoNolLËs.  Défenses  faite»  aux  moines  par 
les  conciles  de  l.alraii,  de  Montpellier  et 
de  Tours  d’exercer  et  u’enselgner  la  méde¬ 
cine;  lut.,  XXVIII. 

Concussion.  Voyez  Commoiioh. 

Conducteurs.  Figures  de  deux  conducteurs 
pour  l’extiacUoa  de  la  pierre;  U,  483. 


CoNDYLOMEs/Définition  et  traitement;  ii. 
790. 

CoNcit/ATioN  cause  de  gangrène;  II,  211. 
—  Signes  do  cette  gangrène;  II,  216.  — • 
Con«èlation  des  dents;  11,451. 

Congestion.  Ce  que  c’est  ;  320. 

Conjonctive.  Description  de  la  conjonctive; 
237.  —  Inflarninaiions  de  la  conjonctive; 
H,  78.  —  Excroissances;  II,  79. 

CoNsiUiA  MKDicA.  Ouvrage  attribué  à  Guy 
de  Chauliac,  par  J.ScUenkius;Int,,  lxv. 

Constantin.  Restauraieur  des  sciences  mé¬ 
dicales  en  Occident;  Int., xix.— Son  Pan- 
tegui,  Int.,  xxiv  ;  III,  iV.  —  Ses  travaux  ; 
Int., XXV.— Ses  tradiiions  fontseules  pres¬ 
que  tous  les  frais  de  l’enseignement  médi¬ 
cal  au  XIII'  siècle  ;  Int.,  xlii.— Est  cité  pat 
Lanfraiic  ;  Int.,  xuvi.  —  Ses  ouvrages  fai¬ 
saient  partie  de  la  bibliothèque  de  l’École 
de  Montpellier  au  xiv'  siècle;  Int.,  tix. 

Constantinople.  Influence  de  la  prise  de 
Constantinople  sur  les  progrès  des  scien¬ 
ces  en  Occident;  Int.,  cvilt. 

Constipation.  Remède  contre  la  constipa¬ 
tion  ;  092  ;  III,  103. 

Constitution.  Quelle  doit  être  la  constitu¬ 
tion  d’une  bonne  nourrice;  III,  685.  — In¬ 
fluence  de  la  constitution  sur  la  fécondité  ; 
II ,  734. 

Contagieuses  (fièvres);  III,  180. 

Contagion  de  la  lèpre;  111,272. 

Contes.  Inconvénients  des  contés  de  nour¬ 
rices  ;  II,  686. 

Continence.  Doit  être  rigoureuse  dans  la 
cure  du  phlegmon  vrai;  330.  —  Son  in¬ 
fluencé  dans  le  traitement  de  l’œdème , 
342. 

Continent.  Le  Continent  de  Rhasès  est  tra¬ 
duit  en  latin  par  Farragius  ;  Int.,  tix.  — 
Ëmprunts  faits  à  ce  livre  par  Nicolas  de 
Florence;  Int.,  lxxv. 

Continentes  (fièvres);  III,  95. 

C0NTiNUE8(flèvres);  III,  96,100, 104,114,116, 
136,  142,  158. 

Contre-fENtbs  du  crâne  ;  II ,  2.—  Difficulté 
de  les  reconnaître  ;  II ,  20,  22.  —  Opinion 
dès  auteurs  sur  les  contre-fentes  ;  II,  21.— 
Exemples; II, 21,22.— Tiailemenl; II,  23. 

Contre-poison.  Mode  d’action  des  contre¬ 
poisons  ;  II,  286,  304.  —  Contre-poison  du 
venin  des  frelons  ;  III,  325.  — De  la  li¬ 
maille  de  fer;  IIl,  343.  —  Contre-poison 
universel  de  Mithridate;  III,  372.  —  Pro¬ 
priétés  antivénéneuses  du  frêne  et  du 
geiltèvre;  lit,  395.  y Antidotes. 

Contusion.  Pronostic  des  plaies  contuses; 
433.  —  Contusions  du  crâne  ;  U,  2,  3.  — 
Traitement;  II,  il. —  Pronostic  des  plaies 
contusesde  la  tête;  II,  26.  — Traitement 
des  contusions  du  cuir  musculeux  ;  K,  42. 
— Contusions  produites  par  les  boulets  de 
canon;  II,  Kiü.  —  Définition  des  contu¬ 
sions;  II,  194.  —  Traitement  général  des 
grandes  contusions;  II,l95;  111,484.— Trai¬ 
tement  des  contusions  avec  plaie;  II,  108. 

Traitement  dçs  contusions  sans  plaie  ; 
II,  199.  —  Moyens  de  prévenir  la  gan- 


TABLE 


8ao 

grénc;  II,  200.— Accidents  des  contusions 
des  côtes;  II,  201.—  Inefflcaeilô  de  la 
Murr.iedans  le  traitement  des  contusions  ; 
ji  202. —  Grandes  contusions,  causes 
de  gangrène  ;  II,  212.  —  Signes  de  celle 
gangrène;  II ,  2l6.  —  Accidents  résultant 
de  contusion  au  talon  ;  II ,  400. — Con¬ 
tusion  complicative  des  luxations  et  frac¬ 
tures  ;  II,  402.  —  Traitement  des  contu¬ 
sions  des  yeux  et  des  doigts;  III ,  486.  — 
üu  talon ,  III,  487. 

Convulsion.  Convulsio  canina  ;  83. —  Défini¬ 
tion  des  convulsions,  variétés,  causes,  443. 
—  Signes,  traitement  ;  444,  446.— Théorie 
des  convulsions  ;  II ,  29.  —  Convulsions 
symptomatiques  des  fièvres  ;  III ,  190. 

CoPHON-  Obscur  médecin  de  Salerne  cité 
dans  le  livre  de  Trolula  ;  Int.,  xxiii. 

Coq.  Le  coq  présage  la  pluie;  III,  739.  — 
Effroi  qu’il  inspire  au  lion;  111,  751,  752 , 
760.  —  Manière  de  se  battre  du  coq  ;  III , 
752. 

Coqueluche;  III,  351.  —  Ses  symptômes; 
111,  362,411,422. 

Coquilles  (distillation  des)  ;  III,  638. 

COEAIL  ;  111,763. 

CoBBEAu.  Présage  tiré  de  son  chant;  III, 
738. — Aptitude  du  corbeau  à  imiter  la 
voix  humaine  ;  III,  759.  —  Son  antipathie 
pour  le  milan;  III,  761. 

CoRBiN.  V.  Bec. 

CoRCELET.  Figures  de  corcelefs  pour  redres¬ 
ser  l’épine  dorsale  ;  II,  611,612. 

Cordon.  Section  du  cordon  ombilical;  II,  632. 
—Formation  du  cordon  ombilical;  II,  648. 
— Ligature  du  cordon  ombilical  ;  II,  677. 

CoRDouE.  Ecole  arabe  de  Cordoue  ;  Int. , 
XXVI. 

Cornes.  Animaux  dont  les  cornes  sont  ré¬ 
putées  bonnes  contre  les  venins  ;  III,  495, 
497,  501,  502,  503,  504.  —Preuve  de  l’in¬ 
efficacité  de  la  corne  de  licorne  ;  III,  505. 
— Vertus  attribuées  à  la  corne  de  cerf  et 
de  chèvre;  111,  507. 

Cornée.  Description  de  la  cornée;  2.37.  — 
Rupture  de  la  cornée  ;  II,  79. — Enuméra¬ 
tion  des  maladies  de  la  cornée;  II,  417. 

Corneille.  Son  antipathie  pour  le  chat- 
huant  ;  III,  761. 

Cornemuse.  Ce  que  c’est  ;  III,  630. 

CoRNETS.Manièrede  les  appliquer;  11,522. — 
Figures  de  cornets  avec  flammeltes  et  lan- 
cetle;II,523. — Figures  de  trois  cornets  atti¬ 
rant  par  l’aspiration  ;  II,  524.— Leur  em¬ 
ploi  dans  le  traitement  des  fièvres  ;  III,  86. 
— Contre  la  morsure  des  bêles  venimeuses; 
111,302. 

Corps.  Théorie  du  corps  humain  de  Para¬ 
celse  ;  Int.,  ccxv.  —  Perfection  du  corps 
de  l’homme;  15.  —  Eléments  du  corps; 
33.  —  Division  du  corps  en  trois  parties  ; 
111.  —  Animales,  vitales;  112.  —  Natu¬ 
relles  ;  113. 

Corps  étrangers.  Procédés  d’extraction  d’Ar- 
culanus;  Int.,  lxxxviii,  xc.  —  Extraction 
des  corps  étrangers  des  yeux;  26;  11,76,416. 
—  Des  oreilles; 26 ;  II,  442.— Du  nez,  27. 


—De  la  gorge  ;  27;  H,  443.— De  l’estomac, 
de  la  verge,  delà  matrice;  28. — Delà  pré¬ 
sence  des  corps  étrangers  dans  certaines 
tumeurs  ;  346.  — Ce  qu’on  appelle  corps 
étrangers;  435.  —  Des  moyens  de  les 
extraire;  436.  —  Figures  d’instruments 
propres  a  l’exlraclion  des  corps  étrangers  ; 
H,  186.— Précepte  de  Gersdoif  sur  l’ex¬ 
traction  des  corps  étrangers  des  plaies; 
III,  vil. — Cas  de  corps  étrangers  ;  III,  28, 
29. —  Corps  étrangers  chassés  par  la  force 
de  la  nature  ;  III,  38  à  41. 

Cors.  Description  et  traitement  des  cors; 
358;  II,  458,  789. 

CÔTES.  Sept  vraies  et  cinq  fausses  de  chaque 
côté;  180.  —  Leur  substance,  consistance, 
figure  et  utilité  ;  181.  —  Accident  des  con¬ 
tusions  des  côtes;  II,  201.  —  Courbures 
des  os  des  côtes  ;  II,  296.  —  Fractures  des 
côtes;  signes  de  ces  fractures;  II,  312. 
—  Accidents  qui  surviennent  aux  fractu¬ 
res  des  côtes  ;  11,314.  —  Luxation  des  cô¬ 
tes;  III ,  367.  —  Cas  de  contusion  grave 
des  rôles  suivie  de  guérison  ;  ÏII ,  489. 

CoTTiER.  Ce  qu’il  recevait  de  Louis  XI  ;  21. 

Cotylédons.  Ce  que  c’est;  165,  170;  II,  645. 

Cou.  Définition  du  cou  ;  examen  de  ses  sept 
vertèbres  ;  2.)9.  —  Des}virigl  deux  muscles 
du  cou;  262.  —  Nerfs  du  cou;  276. — 
Pronostic  et  traitement  des  plaies  du  cou; 
II,  90.  —  Luxations  des  vertèbres  du  cou; 
II;  361. 

Coude.  Définition  du  mot  coude  ;  280.  — 
Description  des  os  du  coude  ;  281. —  Mus¬ 
cles  qui  les  meuvent;  282,  285.  —  Situa¬ 
tion  qu’il  faut  donner  aux  plaies  du 
coude;  II,  119.  —  Fracture  de  l’os  du 
coude;  II,  318.  —  Pionostic  des  luxations 
de  l’os  du  coude;  II,  352. — Variétés,  ra¬ 
reté  et  pronostic  des  luxations  du  coude  ; 
difficulté  de  leur  léduclion;  II,  380. — 
Causes  et  sjmpiômes  de  ces  luxations  ;  II, 
381.  —  Réduction  de  la  luxation  du  coude 
faite  en  la  panie  extérieure, II,  382. — Idem 
de  la  luxaiion  en  la  partie  intérieure  ;  II, 
383. — Idem  de  la  luxation  incomp  été  en  la 
partie  supérieure  ou  inférieure  ;  Il ,  384. 

CouLE-sANG.  Accidenis  qui  résultent  de  sa 
morsure  et  remèdes  d’iceux;  III,  315. 

CouLET.  Sa  traduciion  de  Freind  ;  Int.,  lvi. 

Couleur.  In  iicalion  que  fournit  la  couleur 
de  la  peau  ;  61. 

Couleuvre.  Accidents  provenant  de  sa  mor¬ 
sure  ,  et  remèdes;  III,  320.  —  Sou  anti¬ 
pathie  pour  l’homme;  III,  760. 

CouLL'SE.  Ce  que  c’e>t  ;  II,  418. 

Coup  de  fouet  ;  H.  110. 

Cours.  Influence  îles  coups  reçus  parla  mère 
sur  la  genéralion  des  monstres  ;  III,  27. 

Courage.  Modification  de  l’àme  ;  II,  655. 

Courbure  des  ôs  des  membres ,  du  crâne  et 
des  cô  es  sans  fraciurc;  II,  296. 

Couteau.  Figure  d’un  couieau  propre  à  cou¬ 
per  une  grande  quaniiié  de  chair;  11,188. 

Figure  d’un  couleau  courbé  pour  les 
amputations;  II,  222. —  Figure  d’un  cou- 
tèau  courbé  pour  fendre  le  ventre  d’un  en- 


ANALYTIQUE.  8îi  I 


fant  mort  dans  la  matrice;  II,  705.  — His-  , 
toire  d’un  couteau  chassi'  du  corps  après 
un  séjour  de  six  mois  ;  III,  39. 

Coutures.  Voyez 

CoxALOiES.  Observations  de  coxalgies  faites 
P  ir  A.  Benivieni  ;  Int.,  cxvn. 

Crachement;  74.  —  Moyen  de  le  p'rovoauer: 
111,  445. 

Crainte.  Ses  effets;  78.  —  Théorie  delà 
crainte  ;  II,  661.— Influence  de  la  crainte 
sur  la  difficulté  des  accouchements;  II, 
712.  —  Sur  le  développement  de  la  rage; 
III,  311.  Voyez  Peur. 

Crampe.  Définition,  cause,  traitement  ;  III , 
255. 

Crâne.  Anatomie  du  crâne;  207.  —  Trous 
de  la  base  interne  du  crâne;  225.  — 
Trous  de  la  base  externe  ;  226.  —  Diver¬ 
ses  espèces  de  fractures  du  crâne  ;  II,  1. 
—  Tables  de  ces  fractures  ;  II,  3,  4.  — 
Causes  et  signes  conjecturaux;  II,  5. 
—  Signes  sensuels  ;  II ,  6  ;  III  ,  653.  — 
Scissure;  II,  7.  —  Contusion  ;  II,  11.  — 
Embarrures  ou  enfonçures  ;  II,  15.  —  In¬ 
cision  ;  II ,  17.  —  Conire-fente  ;  II,  20.  — 
Pronostic  des  fraciures  du  crâne  ;  II,  26  , 
31,  33.  —  Soins  généraux  à  donner  aux 
fractures  du  crâne;  II,  33.  —  Cure  des 
accidents  qui  advienneni  au  crâne  ;  II,  43. 
—  Pourquoi  on  trépane  les  fractures  du 
crâne;  II,  .50. — Courbure  des  os  du  crâne; 
11 ,  296.  —  Perte  de  substance  aux  os  du 
crâne  sans  carie;  II,  584. 

Crapaud.  Violence  de  son  venin  ;  III ,  299  , 

321 ,  622.  —  Crapaud  trouvé  dans  une 
pierre;  III,  43. — Accidents  causés  par  le 
venin  du  crapaud  et  remèdes  d  iceux  ;  III , 

322.  — Cas  d’empoisonnement  par  le  venin 
du  crapaud  ;  III ,  662. 

Crapaudink.  Erreur  du  vulgaire  au  sujet  de 
cette  prétendue  pierre;  III,  22. 

Crasis.  Ce  que  c’est;  83. 

•  Crem asters  ;  155. 

Cri.  Moyens  d’apaiser  les  cris  des  enfants  ; 

utilité  des  cris  ;  II ,  693. 

Cridons.  Description  et  traitement  de  cette 
maladie  ,  439. 

CRiTna.  Ce  que  c’est  ;  II  ,  416. 

Crochet.  Figure  d’un  crochet  pour  l’extrac¬ 
tion  des  corps  étrangers;  II ,  186.  —  Fi¬ 
gures  de  crochets  propres  à  opérer  l’un- 
gula  ;  II ,  430.  —  Figures  de  deux  crochets 
propies  à  extraire  une  petite  pierre  de¬ 
meurée  à  l’extrémité  de  la  verge  ;  II,  473. 
—  Figure  d’un  crochet  propre  à  extraire 
la  pierre  aux  petits  enfants;  II,  477.  — 
Figures  de  trois  crochets  pour  tirer  un  en¬ 
fant  mort  hors  du  ventre  de  la  mère;  II, 
704. 

Crocodile.  Remède  contre  la  morsure  du 
crocodile;  II ,  20.  —  Peur  que  lui  inspire 
le  rat  d’Inde;  III,  751.  —  Description 
du  crocodile,  son  pays,  manière  de  le 
prendre  ;  ni ,  773. 

Crocodilék.  Son  efficacité  contre  diverses 
maladies;  111  ,  773.  ^ 

CüiiiTOS.  Description  du  euhitus,  281. 


Cucurbite;  III,  618. 

CuFFON  est  ciié  par  Lanfranc;  Int.,  xlvi. 
Cuir.  Deux  sortes  de  cuir  :  le  non-vrai  ou 
épiderme;  116. — Le  vrai  ou  derme;  117. 
—  Anatomie  du  cuir  chevelu  ;  205.  — 
Traitement  des  plaies  simples  du  cuir 
musculeux;  II,  39.  —  Idem  des  morsures; 

II ,  41.  —  Idem  des  contusions ,  II ,  42. 
Cuisse.  Nerfs  de  la  cuisse,  293.  —  Os  de  la 

cuisse;  294.  —  Muscles  qui  meuvént  la 
cuisse  ;  297.  —  Pronostic  des  plaies  des 
cuisses;  433  ;  II ,  120.  —  Traitement  ;  II , 
120.  —  Fracture  de  la  cuisseau  milieu  de 
l’os;  Il ,  321.  —  Pronostic  des  fractures 
de  cuisse  ;  II,  326.  —  Histoire  d’une 
espèce  de  chenille  engendrée  dans  la  cuisse 
d’un  homme;  III,  35.  — Douleurs  des 
cuisses  des  fébricitants;  III ,  186. 

Cuivre.  Vertus  et  usage  des  eaux  cuivreuses; 

III,  597. 

Curette.  Figure  d’une  curette  pour  l’extrac¬ 
tion  de  la  pierre  ;  II ,  487. 

D 

Dalechamps.  Hommage  par  lui  rendu  à 
A.  Paré  ;  Int.,  cclxxiv.  —  Sa  théorie  du 
spasme  ;  II,  29. 

Damien  (Pierre)  fixe  d’une  manière  à  peu 
près  certaine  l’époque  de  Gariopontus; 
Int.,  XXI. 

Danse  cause  d’avortement;  II,  624,  714. 
Danvilliers.  Voyage  d’A.  Paré  à  Danvilliers, 
III,  698. 

Dards.  Diverses  espèces  de  dards;  11,  283. 

—  Figures  de  ces  différents  dards  ;  II,  184. 
Dartres.  Causes  et  pronostic  des  dartres; 

II,  597.  —  Signes  et  traitement;  II,  597  ; 

III,  282,  609. 

Dauphins.  Les  dauphins  sautant  présagent 
la  pluie;  111,738. 

David.  Sa  statue  d’A.  Paré;  III,  xxiii. — 
Description  de  cette  statue;  III,  xxv. 
Davier.  Figure  d’un  davier  pour  extraire 
les  denU;  II,  452.  —  Recherche  sur  cet 
instrument  et  sur  l’orthographe  de  son 
nom;  II,  453. 

Décadence  de  la  chirurgie  en  Italie  au  xvi* 
siècle;  Int.,  cxciv. 

Déchaussoirs.  Figures  de  deux  déchaussoirs 
pour  déchausser  les  dents  ;  II,  452. 
Décoction  pour  les  tumeurs  du  genou  ;  422. 
—  Pour  résoudre  les  ventosités  de  la  ma¬ 
trice  tombée  ;  II,  744.  —  Contre  la  goutle 
causée  de  pituite;  III,  236. 

Décrépitude.  Tableau  delà  décrépitude  ;  37. 
Déglutition.  Cause  et  remède  de  la  diffi¬ 
culté  d’avaler  ;  symptomatique  des  fièvres; 
III,  194. 

Degrés. Institution  des  degrés  à  Montpellier, 
Salerne  et  Paris;  Int.,  XXIX. 

Délire.  Définition  du  délire  comme  acci¬ 
dent  des  plaies  ;  causes;  traitement;  461. 
—  Délire  essentiel  et  symptomatique  ;  III, 
189.  — Délire  symptomatique  de  la  lè¬ 
pre;  III,  278. 

Déli  vrance.  Voyez  Arrière-faix, 


TABLE 


Deltoïde;  249. 

Déjiangeaijon.  Voyez  Prurit, 

Démons.  Des  démons  qui  habitent  le*  mines; 
lit,  56.  Comment  les  démons  peuvent 
nous  décevoir;  III,  57.  ■r-  S  les  démons 
ayant  commerce  avec  les  femmes  peu¬ 
vent  engendrer;  ni,  58,  50.  Voyez  Diables. 

Deneux  (M,),  Analyse  de  la  partie  histori¬ 
que  de  son  mémoire  sur  les  bouts  de 
sein  et  mamelons  attificiels;  II,  693. 

Dentifrices;  II,  455.  Ce  que  c’est;  com¬ 
position;  ingrédients;  modèles  divers;  III, 
591.  —  Usage;  III,  592. 

Dentiste.  Gualter  Bylï,  auteur  du  premier 
ouvrage  spécialement  consacré  à  l'art  du 
dentiste;  Int,,  ccvii. 

Dents.  Leur  nombre,  leurs  noms  et  fonc¬ 
tions;  231.  —  En  quoi  elles  diffèient  des 
autres  os;  du  sentiment  qui  leur  appar¬ 
tient;  232.  —  Leur  influence  sur  la  pa¬ 
role;  232,  233.  T.-  Ligature  des  dents;  II, 
307.  —  Violence  des  maux  de  dents  ; 
exemple  de  cette  violence  ;  II,  443.—  Cau¬ 
ses  et  signes  de  la  douleur  des  dents; 
II,  444.  —  Remèdes  sédatifs;  II,  445.  — 
Branlement  de  dents;  ses  cause*;  II,  448, 
—  Ratrerroissement  et  reimplantaiion 
des  dents  ébranlées  ou  arrachées; carie 
des  dents  et  moyen  de  l’arrêter;  II,  449. 
—  Causes  pour  lesquelles  on  arrache  les 
dents;  précautions  générales  à  prendre 
dans  cette  extraction  ;  causes  et  traite¬ 
ment  de  la  congélation  des  dents;  U,  451, 
—  Manière  d’arracher  les  dents;  11,  452. 
—  Soins  qui  doivent  suivre  l’extraction 
des  dents  ;  moyens  d’enlever  la  rouillure 
des  dents;  II,  454,— /dm  de  les  conserver 
saines;  11,  465,— La  caiie  des  dents  rend 
1  haleine  fétide  ;  II,  600.— Des  dents  ai  tlfl- 
cielles  et  de  la  manière  de  les  adapter  ;  U, 

606.  —  Figures  de  dénis  artificielles;  II, 

607,  —  Epoque  de  la  dentition;  11,  604, 
796.  —  Symptômes  et  moyens  sédatifs; 
II,  797.—  Incision  des  gencives;  II,  799, 
—  Exemple  de  dentition  nouvelle;  III, 
41.  —  Prétendus  remèdes  contre  les  maux 
de  dents;  III,  65.  —  Etat  des  dents  chez 
les  lepreuxj  lii,  276.  —  Poud<  es  denti¬ 
frices;  iii,  591,  ;,92.  —  Remèdes  pour 
blanchir  et  affermir  les  dents;  lif,  610, 

attribuées  aux  dents  de  lamie; 

DÉPILATOIRES;  III,  612. 

Derme.  Ce  que  c’est;  117.  —  Son  utilité; 

fanon*;  H. 

Descente;  III,  209. 

Désespoir.  Son  influence  sur  la  fièvre;  1  IL  85. 

Désirs.  Théorie  des  désirs  charnels;  II.  630 

DETERSIFS  (médicaments);  III,  542. 

Dettes.  Le  médecin  poursuivi  pour  dettes 
devait  fournir  caution  aux  termes  des 
lois  des  Wisigoth*;  Int.,  xvii. 

Devaux.  Ce  qu’il  dit  des  qua're  maîtres; 
Ini.,  XXXV.— Sa  biographie  de  Pitard;  Int., 


Dezeimerm  (M.\  Son  interprétation  de  la 
doctrine  d’A.  Paré  sur  les  anévrismes;  372. 
—  Son  opinion  sur  le  Paniegni  et  sur  lé 
Liber  servitoris ;  III,  IV.— t>ur  le  livrç  de 
Gilbert  l’anglais  ;  III ,  v. 

Diabètes.  Définition  du  diabètes;  II,  510  ■ 
JH,  202.  —  Causes ,  signes  ;  II,  5u  ;  ml 
202.  —  Pronostic  et  truiiement;  II,  512! 

Diables,  Leur  puissance;  III,  53,  54,  — ^ 
Preuves  historiques  de  leur  existence;  III, 
54.  —  Noms  divers  des  diables;  lit,  65. 
—  Diable  de  mer  ;  Hl,  772. 

Diagnostic  de  la  fièvre  ;  III,  79.  —  Des 
plaies;  lit,  652. 

Diaire  (fièvre);  III,  88. 

Diaphragme,  Description  anatomique  du 
diaphragme  5  1 84.  —  Symptômes  de*  bles¬ 
sures  du  diaphragme;  II,  96  ;  Hl,  663.  — 
Exemples  de  hernies  diaphragmatiques: 

II,  95. 

Diarrhée.  Symptômes  du  flux  diarrhéique  ; 

III,  449. 

Diarthrose;  313,316. 

Diastole.  Ce  que  c’est;  192. 

Dictame.  Par  qui  nous  a  été  enseignée  l’u¬ 
tilité  de  celle  herbe;  19;  III,  736. 

Diète. Définition;  III,  84. 

Diététique.  Ce  que  c’est;  23. 

Dieu.  Sur  sa  nature  et  *on  incompréhensi- 
bilité;II,  653.  —  De*  monstres  qui  ont 
pour  cause  la  gloire  ou  la  colère  de  Dieu; 
m,  3.  —  Dieu  est  la  cause  des  causes 
moyennes;  III,  353.—  La  peste  est  le 
résultat  du  courroux  de  Dieu  ;  lU,  354,— 
L’homme  est  de  tous  les  êtres  créés  le 
seul  qui  ail  la  connaissance  de  Dieu  ;  IH, 
764. 

Difformités;  81.  —  Difformités  résultant 
du  virusaithritique;  m,  220, 

Digestif  (médicament);  336. 

Dilatatoire.  Figure  û’un  dilatatoire  pour 
ouvrir  la  bouche;  447.  —  Figure  de  deux 
dilatatoires  pour  f  cililer  l’extraction  des 
corps  étrangers;  il,  l5L  —  Figure  d’un 
dilatatoire  cave;  11,  188. —  Figure  d’un 
dilatatoire  pour  ouvrir  la  bouche;  H, 
237.  —  Figure  d  un  dilatatoire  ouvert  et 
fermé  pour  la  vessie;  II,  484, 

Diomède  Bonardüs,  traducteur  de  Galien; 
tnt.,  ex. 


Dissection.  Principes  de  dissection;  lt4, 
115.  — Dissectiou  du  thorax;  J77.  —  De 
la  tete;  205,  — Du  muscle  lairge;  233 
Distillation.  Définition  ;  III,  614.  —  Dif¬ 
ferentes  manières  de  distiller;  m,  615. 
^.*'\*’9'es  des  fourneaux  à  distiller;  III, 
615,  616.  —  Quels  s-unl  les  vases  propres 
pour  distiller;  III,  616.  —  Précautions 
diyerses  qu’exigent  les  opérations  de  dis- 
tillation;  III,  qiy,  —  qm.)*  vases  il 

taut  distiller  les  eaux;  III,  618.  —  Ver¬ 
tus  des  eaux  distillées;  lit,  6i9.  —  Pré¬ 
paration  des  matières  à  distiller;  III,  620. 
--  Distiiiaiiun  de  l’eau  de  rose,  de  l’eau 
aliimnciise;  III,  621.—  Dislillaliun 
d  eau  purgative  et  pour  embellir  la  face  ; 


AîTALYTIQÜE. 


823 


ÏII,  622.  T— Manière  de  dislillor  l’eau-de- 
vio;  lir,  623.—  Manière  de  rectifier  les 
eaux  distillées;  manière  de  distiller  avec 
le  «lire,  III,  C24.  —  Manière  de  distiller 
les  huile»  ;  lll,  626,  037,  —  Manière  ^'ex¬ 
traire  l’hnile  des  résines,  gommes  et 
bois;  111,  630,  631.— Manière  défaire 
l’huile  de  vitriol  ;HI,  633.  —  Distillation 
des  huiles,  des  fleurs,  des  sels  ;  lit,  637.— 
Des  DS,  de»  bois,  racines,  coquilles,  grai¬ 
ne»,  minéraux,  gommes  et  graisses;  énu¬ 
mération  des  vases  servant  à  distiller;  III, 
638. 

DiarvoniAsis.  Ce  que  c’est;  il,  416, 
Diurétiques  (médicaments).  Quand  il  con¬ 
vient  de  les  employer  contre  les  rétentions 
d’urine;  II,  608.  —  Formules  de  diverses 
potions  diurétiques;  II,  608,  ôûfl.  —  Em¬ 
ploi  des  diurétiques  dans  le  traitement 
de  la  goutte;  iii,  226. 

Docteur.  Premier  exemple  de  ce  titre;  xxxiv. 
Doigts.  Description  des  doigt»;  271.  —  Os 
de»  doigts  ;  283,  —  Muscles  extenseurs 
de»  doigts;  285,  —  Musdes  fléchisseurs 
de»  doigt»;  287.  —  Situation  qu’il  faut 
donner  aux  doigts  blessé»;  II,  120.— Brû¬ 
lure»  des  doigts  ;  H,  208.—  Luxations  des 
doigts,  et  moyen  de  les  réduire;  D,  386. 
Doigt»  superflus;  aohérences  des  doigts; 
cure  de  ces  deux  infirmités;  II,  456,  — 
Moyen  pour  lepir  droits  les  doigt»  dont  les 
tendons  sont  coupé»;  II,  613-  —  Traite¬ 
ment  des  contusions  des  doigt»  ;  ni,  486. 
DoRvqniüRi.  Accident»  qu’il  cause,  et  contre¬ 
poison;  III,  336, 

Do».  Moyen  d'emçècher  le  dos  de  s’ulcérer; 
II,  336  — Luxation  de»  vertèbres  du  do», 
D,  362.  —  Les  petits  enfants  doivent  être 
couchés  sur  le  dOS;  II,  690.  —  Corps 
èiraiigeradu  dos;  lll,  20, 

DoypEpR.  C'est  le  pins  fréquent  et  le  plus 
importun  symptOroe  de  la  fièvre  ;  III,  184. 
—  Définition  de  la  douleur  ;  lll.  647, 
DsAcn  (Barthélemy  de).  C’est  sur  se»  comp¬ 
tes  qu  on  trouve  la  première  mention  des 
armes  à  l'eu  ;  Int.,  pxix. 

Drachme  ;  Ul,  562. 

DRAOûjdiEAüX  ;  82.—  Opinions  de  (Talien  , 
de  Paul  d’Égine,  d’Avicenne  et  d’Aélips 
sur  cette  maladie;  424.  —  Opinion  de 
Bhasès,  de  Soranos,  de  Manardus,  de  Gor- 
reus;  426.  Pinms  divers  qui  lui  OPt 
été  donnés;  recherches  de  Dalechamps ; 
réfutation  de»  opinion»  citée»;  426.  — 
Doctrine  de  fauteur;  427, 

DfiAoons.  Comruent  ils  attaquent  les  élé¬ 
phants;  III,  763. 

DuAMimii»;  Int.,  cLXxi, 

Dreux.  Voyage  d’A.  Paré  a  Dreux  ;  IH,  724. 
Drvander,  anatomiste  allemand;  Int.,  ccvii. 
Dwooeisum;  139.  ,  ,  ,  ,  , 

Dwre'MÈrk.  Anatomie  de  la  dure-mère;  2ii. 
—  .‘vjmpalhie  de  la  dUi'P-mère  et  de» 
autres  inemhranesj  206.  —  Dure  des  ac¬ 
cident»  qui  advieiineiit  a  la  durcymère; 
U,  46,  —  Enumération  de  ces  accident»; 
U,  48,  —  Ineisirnt  de  la  dure-mère  pour 


donner  issue  à  la  matière  épanchée;  li, 
48,  72, 

Düret.  Son  opinion  sur  la  corne  de  licorne  ; 
III,  508. 

Duvehnev.  Description  des  fanons  employés 
par  lui;  II,  290. 

Dynamidies,  de  Gariopontus;  Int.,  xxi. 

Dysderis,  espèce  d’araignée  ;  III,  326,- 

Dysentkrie.  Causes  et  symptômes  du  flux 
dysentérique  ;  III,  449. 

Dyspnée.  Caractères  et  traitement  de  la  dys¬ 
pnée  symptomatique;  III,  193, 196. 

Dysürik.  Traitement  de  la  dysurie;!!,  613. 

E 

Eau.  —  Ses  qualités  premières  ;  32.  —  Ses 
qualités  secondes  ;  33.  —  Du  traitement 
des  plaies  par  l’eau  pure;  97,  438. — Opi¬ 
nion  de  Marianus  sur  l'usage  de  l’eau 
comme  boisson;  II,  493.  —  Horreur  des 
enragés  pour  l’^au  ;  III,  307.— Action  des 
eaux  croupissantes  sur  les  qualités  de 
l’air  ;  IH,  367.  —  Quelle  est  Peau  qu’il 
faut  boire  en  temps  de  peste;  III,  368.  — 
Des  divers  degrés  de  bonté  de  l’eau  ;  IH, 
403.  —  Médicaments  tiré»  de  l’eau;  III, 
622.  —  Vertus  et  usages  des  eaux  sulfu*. 
reuses,  alumineuses ,  nitreuses,  bitumi¬ 
neuses,  cuivreuses,  ferrugineuses,  plnm„ 
bées,  et  gypseuses;  III,  697.— Eaux  diver¬ 
ses  employées  en  médecine;  lll,  636.  — 
Vertus  des  eaux  distillées;  IH,  619.— Ma¬ 
nières  de  distiller  les  eaux;  111,621. 

Eau  de  cannelle  souveraine  contre  les  mala¬ 
dies  froides;  IH,  629.  - 

EAu-DErviE.  Vertus  de  l’eaurde-vie ,  manière 
de  la  distiller;  III,  623. 

Eau  forte.  Son  action  sur  l'économie  ani¬ 
male,  et  contre-poison;  III,  343. 

Eaux  pour  les  dartres  ;  li,  697,  —  Eau  thé- 
riacale  ;  II,  699,  600.—  Eau  pour  cautéri¬ 
ser  les  verrues;  II,  787. —  Eaux  cordiales 
contre  la  peste  ;  III,  366,  —  Eau  présprva- 
tivo  de  la  peste  ;  III ,  380.  —  Eaux  pour 
effacer  les  rides  et  blanchir  la  peau  ;  III, 
604,  606.  —  Contre  la  goutte  rose;  III, 
607,  608.  —  Contre  les  pustules;  III,  608. 
—Pour  blanchir  et  affermir  les  dents  ;  III, 
610.  —  Pour  noircir  le  poil  ;  III,  611.  — 
Pour  le  faire  tomber;  IH,  612,  613. 

Eblouissement.  Est  nn  symptôme  assez  or¬ 
dinaire  de  la  fièvre  ;  III,  192. 

Ebranlement.  V,  Commotion, 

Ecchymose.  Définition;  I|,  195  ;  III,  486.— 
Tiaitement;  II,  199;  111,485. 

Eclaire.  Pur  qui  nous  a  été  enseignée  l’uti-p 
lilé  de  cette  herbe  ;  19  ;  III ,  706,i 

Ecpiesme.  Ce  que  c’est  ;  H,  414. 

Ecrevisses.  Emploi  de  la  poudre  d’écrevis¬ 
ses  brûlées  dans  le  traitement  du  chancre; 
368.  — Contre  la  rage;  111,311.  —  Contre 
le  charbon  ;  III,  440. 

Ecroueules.  Description  ;  341, 362.— Causes; 
363.  —  Traitement  médical;  354.  —  Trai- 
leinentchirurgical;  366.— Cas  d'écrouelles; 
363,  366.  366. 


TABLE 


8q4 

Ectropion.  Procédés  d’Arculanusj  Int., 
Lxxxviii  ;  111,  VI.  —  Ce  que  c’est;  II,  415, 
420,422. 

Edition.  Valeur  relative  des  diverses  édi¬ 
tions  d’A.  Paré;  III,  i.  —  Un  mot  sur 
l’ordre  suivi  dans  l’arrangement  des  livres 
de  cette  édition;  III,  xvii. 

Educabilité  des  animaux  ;  III,  750,  755. 
Effluxion.  Ce  que  c'est  ;  II,  713. 

Egyptiac.  Composition  de  l’onguent  égyp- 
tiac;336;  III,  567. —Défense  de  l’on- 
guenl  égyptiac  dans  le  traitement  des 
plaies  d’arquebuses  ;  II,  174. 

Egyptiens, Leurs  procédés  d’embaumement, 
111,470,475,476,671.— Comment  ils  trai¬ 
taient  leurs  morts  ;  III,  670. 

Elan.  Inefficacité  du  pied  d’élan  ;  III,  511. 
Elcosis.  Ce  que  c’est;  II,  417. 

Electüaire  contre  la  peste;  III,  513.  —  Pré¬ 
servatif  de  la  peste;  III,  369.  —  Piécapi- 
tulalion  des  électuaires;  III,  637. 

Eléments.  Déflniiion  et  nombre  des  élé¬ 
ments;  31. —  Leurs  qualités  premières, 
leurs  combinaisons  ;  32.  — Leurs  qualités 
secondes  ;  éléments  du  monde,  de  la  géné¬ 
ration  et  du  corps  ;  33.  —  Leur  propor¬ 
tion  fait  les  tempéraments;  34. 

Eleotates.  Médecin  cité  par  Gariopontus, 
Int.,  XXV. 

Eléphant.  Inimitié  de  l’éléphant  et  du  rhi¬ 
nocéros;  III,  501,  760.  — Description  de 
l’éléphant  de  mer  ;  III,  502.  —  Durée  de 
la  vie  de  l’éléphant;  III,  746  ,  786.  —  Sa 
force,  sa  grosseur,  usage  qu’en  faisaient 
les  Indiens  à  la  guerre,  son  intelligence; 
III,  748.  —  Dévotion  qu’on  lui  a  attri¬ 
buée  ;  III,  748,  767.  —  Sensibilité  des 
éléphants,  leur  zèle;  temps  de  la  gesta¬ 
tion,  leur  douceur,  leur  pudeur,  leur  pru¬ 
dence,  leur  rancune;  III,  749,  786. — Soin 
que  l’éléphant  prend  de  ses  défenses  ;  III, 
750.  —  Guerre  que  font  les  dragons  à  ] 
l’éléphant;  III,  753. — Son  antipathie  pour 
les  porcs,  les  rats  et  les  souris  ;  111,  760.— 
Description  et  mœurs  des  éléphants;  111, 
785. 

Elephantiasis;  82. 

Elévatoires.  Figures  de  divers  élévatoires  ; 
II,  13,  15.  — Observation  sur  le  manie¬ 
ment  de  l’élévatoire;  II,  16. 

Elève.  Salaire  qu’accordaient  au  médecin 
les  lois  des  Wisigoths  pour  l’instruction 
d’un  élève  ;  Int.,  xvii. 

EMBARRUREdu  crâne  ;  II,  23.  — Traitement  ; 
II,  15. — Doctrineet  pratique  de  Bérenger 
de  Carpi  ;  II,  17., 

Embaumement.  Procédés  d’embaumement 
des  Egyptiens;  III,  470,  475,  476,  671.— 
Procèdes  des  Juils,  des  Scythes  et  des 
Ethiopiens;  III,  476,  670.  —  Motifs  des 
embaumements;  111,470,  476,  477,  479, 
670,  671.  —  Procédé  suivi  et  conseillé  par 
l’auteur;  III,  672. 

Embula  ;  390. 

Embrocation.  Formule  d’embrocation  pour 
les  plaies  de  la  lôte  ;  II,  44.  —  Définition  , 
lieux  où  se  font  les  embrocations  ;  sub¬ 


stances  qui  les  composent;  exemple  d’em¬ 
brocation  répercussive,  III,  577.  —  Utilité 
des  embrocations  ;  III ,  578. 

Eaibryon  Voy.  Fœtus. 

Emollients.  Topiques  émollients  pour  les 
scirrhis  ;  361.  —  Médicaments  émollients; 
III ,  541. 

Empédocle.  Comment  il  délivra  la  Sicile  de 
la  peste;  lit ,  358. 

Emphysème  ;  Il ,  201.  —  Emphysème  consé¬ 
cutif  des  fractures  des  côtes  ;  II ,  314,  — 
Emphysème  des  paupières  ;  II ,  415. 

Empiriques  du  xv'  siècle  ;  Int.,  c.  — Ce  qui 
distingue  le  chirurgien  de  l’empiri¬ 
que;  88. 

Emplâtre.  Pour  le  phlegmon  vrai ,  330, 331, 
333.  —  Pour  les  tumeurs  aqueuses  et  ven¬ 
teuses,  345.  —  Pour  les  loupes,  350. — 
Pour  les  écrouelles ,  354.  —  Pour  les  gan¬ 
glions  ,  357.  —  Pour  les  scirrhes  ,  361 .  — 
Pour  les  chancres ,  366. —  Pour  les  contu¬ 
sions  du  cuir  musculeux  ;  II ,  42,  43.  — 
Pour  les  plaies  des  joues  ;  II ,  83.  —  Pour 
les  plaies  du  thorax  ;  II,  99.  —  Pour  les 
plaies  envenimées;  II,  191.  —  Pour  les 
contusions  nouvelles  et  anciennes  ;  II,  199. 
—  Pour  les  ecchymoses;  II,  2 il.  —  Mé¬ 
dicaments  ernplasliqnes  applicables  après 
l’amputation  ;  11 ,  226.  —  Emplâtres  pour 
les  ulcères  putrides;  II,  254.  —  Pour 
les  ulcères  chironiens;  11,257. — Pour 
redres  er  les  côtes  ;  II ,  313.  — Pour  aider 
à  la  formation  du  cal  ;  II ,  339,  344. — 
Pour  amollir  le  cal  difforme;  II,  345.  — 
Pour  l’atrophie  des  membres  ;  Il ,  402.  — 
Traitement  de  la  i  école  par  les  empl⬠
tres;  II,  547.- Leurseffets;  II,  548,  549. 
— Où,  comment  et  pendant  combien  de 
temps  ils  doivent  être  appliqués;  II,  548. 
—Emplâtres  pour  les  exostoses  vénérien¬ 
nes;  II,  579.  —  Emplâtres  catagmati- 
ques;II,  583.  —  Pour  détourner  le  lait 
des  mamelles;  II,  709. — Contre  l’a-orte- 
menl  ;  II ,  7 1 6.  —  Contre  les  suffocations 
de  la  matrice;  II,  759.  —  Contrela  goutte 
causée  de  pituite;  111,237,239. — Contre 
la  goutte  provenant  d’humeur  choléri¬ 
que  ;  III ,  244.  —  Pour  forlitier  les  join¬ 
tures;  III,  246.  —  Pour  les  nœuds  des 
jointures;  III,  248.  — Contre  la  goutte 
scialique;  III,  252,  254. —  Pour  les  ec¬ 
chymoses  ;  111,-486.— Répercussifs;  III, 
535.  —  Attractifs;  III,  537.  —  Résolu¬ 
tifs;  III,  538. —  Suppuratifs;  HI,  540. — 
Emollients;  III,  5il.  —  .Sarcotiques  ;  III, 
544.  —  Epuloiiques;  III,  545.—  Défini¬ 
tion  des  emplâtres,  différences,  ingré¬ 
dients  ,  manière  de  les  faire;  III ,  569.  — 
Composition  de  i’emplâlre  de  Vigo  cum 
mercurio  ;  m ,  571.  —  Des  emplâtres  de 
gratiâ  Dei ,  dejanuâ-,  III,  572.  —  Oxy- 
croceum  ,  de  cerussa  nignm  ,  palmeurn  , 
contra  rupturarn  ;  ]M  ,  573.  —  De  miicagi- 
nihus ,  de  rninio  ,  diachyton  magnum  ;  III , 
574.  —  Utilité  des  emplâtres  ;  ill,  574. 
Empoisonnement.  Cas  de  mort  par  le  char¬ 
bon  pestilentiel  prise  pour  un  einpoison- 


AlfALYTtQUE. 


8î25 


Jiement;  III,  438.  —  Signes  d’empoison¬ 
nement  par  la  salamandre  et  l’orpin  avec 
leurs  antidotes  J  m  ,  661.  YoyczPoiscmset 
V  eniiis, 

ILmphosthotonos.  Ce  que  c’est,  443. 

Empvkme.  Causes  de  rempyème,39l. — Entre 
quclies  côtes  doit  être  laite  la  section,  392. 

—  Guérison  spontanée  ;  indices  ,  393.  — 
Dangers  du  traitement  prescrit  par  Paul 
d’Egine,  Albucasis  et  Celse  ;  III,  684. 

Empyreump.  Ce  que  c’est;  II,  202,  203,  228. 

Enarïhrose,  313,  3 16. 

Encanthis.  Ce  que  c’est;  II,  419. 

Encaüma.  Ce  que  c’est;  II,  417. 

Encens.  Description  de  l’arbre  qui  porte 
l’encens;  III ,  632.  —  Propriétés  de  l’en¬ 
cens  ;  III,  633. 

Encéphaeocèle.  Exemple  d’encéphalocèle 
probable  ;  III ,  7. 

Encyclopédie.  Pian  d’une  encyclopédie  chi¬ 
rurgicale;  Int;,  Yl. 

Endémie.  Ce  que  c’est;  III,  350. 

Enfant.  Aliments  qiii  conviennent  aux  en¬ 
fants,  69  —Les  enfants  se  purgent  par  les 
évacuations  nasales ,  74.  —  Réduction  des 
hernies  des  petits  enfants,  405.  —  Enfon¬ 
cement  du  crâne  chez  les  enfants  ;  II,  12. 
—  Des  aphihes  chez  les  petits  enfants;  II, 
261 .  —  Fréquence  de  la  pierre  chez  les  en¬ 
fants;  II,  461.  — Manière  d’extraire  par 
incision  les  pierres  de  la  vessie  des  enfants 
mâles;  II ,  475.  —  Quand  il  faut  saigner 
les  enfants;  II,  520. Transmission  du 
virus  vénérien  de  l’enfant  à  la  nourrice  ,' 
et  réciproquement;  II,  529.— Traitement 
des  entants  atteints  de  vérole;  II,  598.— 
Symptômes  indiquant  que  l'enfant  est 
mort  dans  le  ventre  de  la  mère  ;  II ,  626, 
696.  —  M.inière  d’extraire  les  enfants  tant 
morts  que  vivants  :  version  par  les  pieds; 
II,  623,  628,629,  702  —Manière  d’extraire 
l’entant  vivant  hors  de  la  matrice  de  la 
mère  morte  ;  H,  631, 716. — Quand  l’enfant 
commence  à  remuer;  II,  652. — Comment 
l’enfant  à  terme  s’efforce  de  sortir  du  ventre 
de  sa  mère;  II,  664.  —  Positions  diverses 
de  l’enfant  au  ventre  de  la  mère;  II,  669. 
—  Figures  de  ces  positions;  II,  670, 671. 
—  Soins  a  donner  à  l'enfant  aussitôt  après 
sa  naissance;  II,  676.  —  Penchant  des en- 
fads  pour  ce  qui  est  joli  et  brillant;  II , 
687.  —  Comment  il  faut  placer  l’enfant 
dans  son  berceau  ;  II,  689.  — Les  nourri¬ 
ces  ont  quatre  moyens  d’apaiser  les  cris 
des  enl'anis;  II,  693.  — Epoque  à  laquelle 
il  faut  sevrer  tes  enfants;  II,  694. — Théo¬ 
rie  de  la  respiration  intra-utérine;  II,  7 17. 
—  'fumeurs  du  nombril  chez  les  enfants  ; 

II,  795.  —  Enfant  engendié  d’une  femme 
et  d’un  chien  ;  III ,  43. — Les  enfants  sont 
sujets  aux  vers  ;  III,  266,  268.— Aux  poux  ; 

III,  270. — Dangers  de  laisser  coucher  des 
chais  dans  le  berceau  des  enfants;  III  , 
334.  —  Les  petits  enfants  sont  exposes  â 
être  atteints  de  la  pesle;  III,  389.  —  Trai¬ 
tement  des  enfants  pestiférés  ;  III,  4.55. — 
Signes  indiquantqu’un  enfanta  étéétuullé; 
III ,  658.  Voyez  Fœtus. 


Enfantement.  Influence  de  l’enfantement 
sur  la  grandeur  de  la  matrice,  164. 

Enfle-boeuf;  III,  329,  365. 

Enfonçure  du  crâne;  II.  2,  3,  12. — Traite¬ 
ment  ;  II,  15. —  Doctrine  et  pratique  de  Bé¬ 
renger  de  Carpi  ;  II,  17,  295.— Enfonçures 
du  sternum  ;  11,  311,  367. — Des  côtes  sans 
fractures  ;  II ,  312. 

Enseignement.  Ses  ressources  au  xii'  siècle  ; 
Int.,  XXVII. —  Enseignement  de  la  chi¬ 
rurgie  au  XIII'’  siècle  ;  Int. ,  xxvii ,  xxix.  — 
Liberté  de  l'enseignement  jusqu’au  xiii* 
siècle;  monopole  d’enseignement  que  s’ar¬ 
rogent  quelques  maîtres  à  MonIpellier; 
Int.,  XXIX. — Règlements  relatifs  â  l’ensei¬ 
gnement  de  la  médecine  en  Italie  ;  Int. , 

XXX. 

Entendement.  Voyez  Raison. 

Entérocèle.  Ce  que  c’est ,  404;  II ,  796.  — 


Entorse.  Traitement  des  entorses  ;  III,  487. 

Entre-fesson.  Ce  que  c’est ,  i61. 

Entortillé.  Du  muscle  entortillé  ,  262. 

Epacmastique  (Fièvre  synoqoe);  III,  95. 

Epanastasis  HYMENON;  II,  417. 

Epanastema  ochthodes.  Ce  que  c’est  ;  II , 
416,  417. 

Epanchement.  Signes  d’un  épanchement  de 
sang  dans  le  thorax  ;  II,  96.  —Traitement 
des  plaies  du  thorax  avec  épanchement  de 
sang;  II,  100.— Causes  des  épanchements 
de  sang;  II,  194. —  Moyens  de  prévenir 
l’épanchement  du  sang  dans  le  scrotum 
après  la  taille;  II,  491,  492. 

Epaule.  Situation  qu’il  faut  donner  aux 
plaies  de  l’épaule  ;  II,  119.  — Comment  se 
font  les  luxations  de  l’épaule:  luxations 
en  la  partie  inférieure;  II,  368. — Manière 
de  les  réduire  avec  le  poing  ou  les  doigts 
joints  ensemble  ;  II,  369.— Avec  le  mouille; 
II ,  370.  —  Avec  le  talon;  II ,  371.  —  Avec 
l’épaule  mise  sous  l’aisselle  ;  avec  un  bâton 
ou  courge;  II,  372.  — Avec  une  échelle; 
II,  373,  374. — Sur  une  porte  ;  avec  famées 
pur  d’Hippocrate;  II,  375.  —  Avec  l’ambi; 
II ,  376,  377,  —  Luxation  en  la  partie  an¬ 
térieure  ;  II ,  377.  —  Sa  rareté,  ses  signes, 
sa  réduction;  II,  378.  — Luxation  en  la 
partie  extérieure,  sa  rareté,  ses  signes;  II, 
378.— Sa  réduction  ;  II,  379.— Luxation  en 
la  parlie  supérieure;  sa  réduction  ;  II,  379. 

Epaulière.  Figure  de  deux  épaulières  ,  408 , 
409. 

Epée.  Sorte  de  conducteur  ;  II ,  484.  —  His¬ 
toire  d’une  pointe  d’épée  rejetée  par  l’anus 
après  douze  jours  de  séjour;  III,  39. 

Epervier.  Elïroi  que  lui  inspire  la  créce¬ 
relle;  III,  761. 

Ephémère  (Fièvre)  ;  III,  88,  116,  117, 166. 

Epi.  Histoire  d’un  épi  chassé  spontanément 
du  corps  après  un  séjour  as«cz  long  ;  III,  39. 

Epiales  (Fièvres)  ;  III,  80,  143. 

Epic.vuma.  Ce  que  c’est;  II,  259,  417. 

Epicure.  Sa  secte  est  la  seule,  au  dire  de 
saint  Augustin ,  qui  n’ait  pas  porté  de 
peine  contre  les  sorciers;  III,  5b. 


826 


TA-BIiE 


Epidaube.  Usaae  fait  par  Hippocrate  des  ta¬ 
bleaux  d’Epulaure,  19. 

Epidémie;  III,  351,  3G?. 

Epiüeume,  Ce  que  c’est  ,116.  —  Son  utilité , 
117. 

Epididymis.  Ce  que  c’est,  166,  166, 163. 

Epigastre.  Muscles  de  l’épigastre ,  129.  — 
Plaies  de  l’épigastre;  II,  104,— Traileinont 
des  plaies  simples  de  l’épigastre  ;  II,  106. 
—  Idem,  des  plaies  profondes  ;  II,  107, 

Epigrotte.  Anatomie  de  l’épiglotte,  267. 

Epilepsie,  Description  de  l’épilepsie,  211  ; 

II,  80,  763.  —  Hérédité  de  cette  maladie; 
lU,  28.  —  Simulation  de  l’épilepsie  ;  III, 
62,  —Remède  de  vieille  contre  l’épilepsie  ; 

III,  66. 

Epine.  Anatomie  de  l’épine  dorsale,  227, 260  ; 
III ,  360. —  Son  utilité,  261.  —  Ruxations 
intérieures  et  extérieures  de  l’épine  dor¬ 
sale  :  manière  de  réduire  la  luxation  exté¬ 
rieure  ;  II ,  363.  —  Pronostic  des  luxations 
de  l’épine  ;  II,  366.— Déviations  de  l’épine 
dorsale  et  moyens  de  les  redresser;  H, 
611. 

Epineux  ( Muscle),  264. 

Epinyctis.  Ce  que  c’est;  II,  419. 

Epipephycos.  Ce  que  c’est,  237. 

Epiphyses.  Anatomie  des  épiphyses  du  cœur, 
190 ,  192,  —  Disjonction  des  épiphyses  des 
os;  11,326,  327.  »  * 

Epiphora.  Ce  que  c’est  ;  II,  414. 

Epiplocèle.  Ce  que  c’est ,  135,  404  ;  III,  796. 
—  Signes,  404,  414, —  Causes  et  traite¬ 
ment,  414. 

Epiploon,  135. 

Epituèiue.  Applicable  dans  les  cas  de  mor¬ 
sures;  II,  41.  — Fortiflant;II,  167— Pour 
la  gangrène;  II,  218.  — Applicable  après 
l’arapmation  :  H,  234,  —  Contre  la  peste  ; 
IH,  374.  — Pour  les  pestiférés  ;  III,  409,— 
Ce  quec’estqu’unépitbème;  composition  ; 
exemple  d’épithème  pour  le  cœur  ;  IIl,  678. 
—  Usage  des  épithèmes,  manière  de  les 
appliquer;  III,  679. 

Epulides,  Définition  et  traitement  de  ces  tu¬ 
meurs,  331. 

Epuloïiqübs  (  Médicaments  )  ;  III ,  644. 

Ebasist8ate. Comment  il  futrécompensé  par 
Ptolémée  ,21,  —  Son  opinion  sur  la  para¬ 
centèse,  397. 

Errata,  m,  xv,  xvi,  xyii. 

Erratique  ^Fièvre).  Ses  causes;  II,  383. 

Erbiiine.  Pour  les  ulcères  des  oreilles  ;  II , 
263. —  Ce  que  c’est;  III,  586.  — Variétés, 
ingrédients,  exemples;  lU  ,  587,  668.— 
Usage ,  manière  de  les  prendre  ;  III ,  688. 

Eructation.  Causes,  pronostic  et  traitement  ; 
III ,  446. 

Erysipèle.  Description,  variétés,  signes  et 
causes  de  l’érysipèle ,  320 ,  337  ;  II  27,  — 
Terminaisons  et  cure,  338;  ii,  28, 

Erytroïs.  Ce  que  c'est,  155, 163, 

Escarotiques  (médicaments);  lU,  433,  647. 

Esculape  ,  dieu  de  la  médecine,  18, 

Espagne.  Les  médecins  arabes  y  transpor¬ 
tent  leurs  lumières;  Int,,  xix.  —  Ecoles 
d’Espagne  ;  Ipt.,  xxvui.  —  Etat  de  la  chi¬ 


rurgie  en  Espagne  au  xvi»  alècle  ;  int. 
CCLXXXV. 

E'-péranck,  Son  Influence  sur  les  malades,  18. 

Esi'rit.  Définition ,  68;  11,665,666. — Trois 
sortes  d’esprits  :  esprit  animal,  68.— Esprit 
vital ,  esprit  naturel  ;  69.— Importance  de 
la  connais-ance  des  esprits  ;  60. 

Esprit-de-vin,  Manière  de  distiller  l’esprit- 
de-vin  ;  m,  623. 

Esquilles.  Extraction  des  esquilles  enfon¬ 
cées  ;  II ,  15,  18.  —  Extraciion  des  esquil¬ 
les  oubliées  dans  les  plaies  par  barque- 
buses  ;  II  ,  160.  —  Il  vaut  mieux  que  les 
esquilles  tombent  naturellement  que  par 
médicaments  ou  instruments  ;  II ,  692. 

Esquinancie,  Définition  et  variétés  de  l’es- 
quinancie;  386.  —  Causes,  signes,  termi¬ 
naisons,  régime;  387.  —  Traitement  mé¬ 
dical  ,  opération  ;  388. —  06  doit  être  faite 
la  .saignée  dans  les  cas  d’esquinancie  ;  II, 
620. 

Esthiomène.  Ce  que  c’est,  320;  II,  211. 

Estomac.  Description  de  l’estomac,  137.— 
Pronostic  des  plaies  de  l’estomac,  433  ;  II, 
106. —  Signes  des  blessures  de  l’estomac; 

II,  106;  III,  664.  — Traitement;  II,  109, 
—  Ulcères  de  l’estomac  ;  II,  264.  — Dan¬ 
ger  de  trop  serrer  l’estomac  ;  II,  293. — 
Excréments  de  l'estomac  ;  U,  662.  —  Dou¬ 
leurs  d’estomac  des  fébricitants;  III,  185. 

Eté.  Tempérament  de  l’été ,  38.  —  Aliments 
dont  il  faut  user  dans  celte  saison  ,  69. 

Eternuement.  Gomme  moyen  de  faciliter 
l’accouchement  ;  Il ,  628, 676.  —  Causes  de 
J’éiernuement  et  moyen  de  le  provoquer; 

III, 445.  . 

EtumoIpe.  Description  de  l’ethmoide  ,  209. 

Ethiopiens.  Procédés  d’embaumement  usités 
cbe?  les  Ethiopiens  ;  III ,  476 , 670. 

Etienne  le  philosophe  traduit  le  grand  traité 
d’AlhAbbas;  ini.,  xxvi. 

Etna.  Description  de  l’Ema,  historique  de 
ses  éruptions  ;  III,  792. 

Etoiles;  III ,  789, 

Etouffement.  Signes  indiquant  qu’un  en¬ 
fant  a  été  étoulfé  ;  III ,  668. 

Etuve.  Figure  d’une  étuve  en  fer  avec  son 
carreau  et  son  couvercle;  III ,  642.  —  Ce 
que  c’est  qu’une  étuve;  UI,  601.  — Etu¬ 
ves  sèches ,  étuves  humides ,  figure  d’une 
çiive  à  double  fond  avec  ses  tuyaux  et 
chaudière  pour  les  étuves  humides;  iii, 
602. 

Eunuques,  Qaractère  des  eunuques;  414. 

Evacüaïuins.  Deux  espèces  d’évacuations, 
généraies  et  particulières  j  73.— Légitimes 
et  illégi tiines  ;  voies  di  verses  d’évacuation, 
—  Points  a  considérer  dans  les  évacua¬ 
tions  ,  76. 

Evanouissement.  Traitement  de  l’évanouis¬ 
sement  résultant  d’un  trouble  menstruel  ; 
H,  783, 

Evêque.  Monstre  marin  ressemblant  à  un 
évêque;  lit,  771. 

Examen,  Comment  se  passaient  les  examens 
dans  la  eunlrérie  de  St-Cùme  ;  Int.,  cxxxii, 


ANALYTIQUE. 

Excréments  Enumération  des  excréments 

naturels  ;  U ,  66) . —  Leur  rétention  est  une 
^  cause  de  Oèvre;  III,  78, 85. 

Exercice.  Ses  ellets ,  quand ,  combien  et 
quelle  sorte  d’exercice  il  faut  prendre;  70. 

~  L  exercice  endurcit  la  graisse  j  12).  — 

L’exercice  immodéré  cause  la  goutte;  III, 

214..  Utilité  de  l’exeicice  modéré  pour 
les  goutteux  ;  UI,  231. -^Dangers  des  exer¬ 
cices  violents  en  temps  de  peste  :  III,  367, 

376. -- L’exercice  doit  être  interdit  aux 
lébriciiants;  III,  85. 

ExfOLiATiON.  Au  bout  de  quel  temps  a  lieu 
l’exfoliation  des  os  trépanés;  II,  65. 
Exompiiale.  Causes  et  variétés  de  cette  tu- 
_  meur;  402.— -Cure,  403. 


837 


Exopiitualmie.  Ce  que  c’est;  II,  414. 
Exostoses.  Traitement  des  exostoses  venant 
du  virus  vérolique;  II,  579. 

Expérience.  Son  importance;  II,  19;  III, 
649,  687,688. 

Expiration.  Ce  que  c’est;  187. 

Extase.  Ce  que  c’est;  II,  754. 

Extrémités.  Remèdes  contre  le  froid  des 
extrémités  ;  III ,  205. 


Fabrice  d’Aquapendente.  Mention  qu’il  fait 
d’un  Horace  de  Norsia;  Int.,  en.  — Sa 
doctrine  sur  la  position  à  donner  aux 
membres  blessés  ;  II ,  279.  —  Son  silence 
sur  les  fanons;  11,289. 

Fabrice  de  Hilden.  Sou  silence  sur  les  fa¬ 
nons  ;  II ,  289. 

Face.  Indications  de  l’état  de  la  face;  79.  — 
Ce  que  c’est;  204.  —  Description  de  la 
face;  228.  —  Enumération  des  os  de  la 
face  ;  229.  —  Des  muscles  de  la  face  ;  244. 
—  Suture  propre  aux  plaies  de  la  lace  ; 
440.  —  Plaiesde  la  Lice;  II,  73.  —  Moyen 
de  dissimuler  les  plaies  ou  cicatrices  de  la 
face;  H ,  610.  —  Etat  de  la  face  chez  les 
lépreux;  III,  275,  276. 

Faculté.  Luttes  de  la  Faculté  de  médecine 
et  de  la  corporation  de  Saint-Côme;  Int., 
cxxviii,  cxLvi,  —  Fin  de  cette  lutte  ;  Int., 
CLii.  — Opposition  que  met  la  Facubé  à  la 
publication  des  OEuvres  complètes  d’A. 
Paré;  Int.,  cclxxxiii.— Nouvelles  querel¬ 
les  des  chirurgiens  avec  la  Faculté  ;  Int., 

CCLXXXVI. 

Facultés.  Déünition  ;  trois  facultés  princi¬ 
pales;  l’unirnale,  la  vitale,  la  naturelle; 
63.  — Faculté  attractrice,  réleijlrice,  coii- 
coctrlce  ou  altératrice  ,  expultrice;  54. 
séquestrice;  55.  —  Corrélation  des  facul¬ 
tés  ;  98,  —  Division  des  facultés  de  l’âme; 
Il  1  ;  IJ,  657  à  661.—  Sympathie  des  facul¬ 
tés  animales  ;  219.  —  Les  lacultés  naturel¬ 
les  ne  sont  que  les  instruments  de  notre 
ftine  ;  II ,  604.—  Quatre  facultés  naturel¬ 
les;  111,215. 

Falcün  (Jean).  Aperçu  de  son  livre  Woia- 
bilia  super  (iuidomrnscripla  ;  Int.,  ci.xv. 

1< alcohnet-Bahtiiélemv  ,  médecin  distin¬ 
gué  du  xv*  siècle  ;  Int.,  xcii. 


Fallope.  Conseils  sur  l’usage  des  onguents; 
330.  —  Ce  qu’il  dit  do  l’incision  des  ab¬ 
cès;  335.  —  Sa  classification  des  fissûres 
du  crâne  ;  H ,  1 1 .  —  Sa  méthode  de  trai.r 
tement  des  incisions  du  crâne  ;  II ,  19.  — 
Son  opinion  sur  le  pronostic  tiré  du  pouls; 
IL  32.  —  Sa  doctrine  sur  l’opération  du 
trépan  ;  II  ;  52.  —  Baume  décrit  par  Fal¬ 
lope  ;  III,  632. 

Famine  est  la  suite  ordinaire  de  la  peste  ; 
III ,  458, 

Fanons  Description,  usages  et  histoiredes  fa^^ 
nous;  II,  288.  Appréciation;  II,  291  ,  331. 
Fantaisie.  Voyez  hmginaiion. 

Fards  ;  III,  603,  606. 

Farines  réperciissives  ;  III,  534.  —  Résolu¬ 
tives;  III,  538,— Suppuratives;  III,  640. 
Farraoiüs.  Erreur  de  Riolan  à  son  sujet;  sa 
traduction  du  Continent  de  Rhasès  ;  Int., 

LIX. 

Faucéole  ;  390. 

Fauces,  255. 

Faucille,  instrument;  335,  390. 

Faucons;  III,  756. 

Faux;  300. 

Faux  fanons;  II,  289,  290. 

Fécondité.  Influence  de  la  température  de 
la  matrice  sur  la  fécondité;  11  ,  734.— 
Exemples  de  fécondité;  II,  735,  III,  14. 
—  Cas  de  fécondité  prolongée  ;  II ,  738. 
Fe.mmes.  Les  femmes  exerçaient  la  chirurgie; 

,  Int.,  XXIX,  XXX,  XXXI,  xxxu,  cxxvi.— Guil¬ 
laume  de  Salieet  est  le  premier  chirur¬ 
gien  d’Italie  qui  ait  écrit  sur  les  affections 
des  femmes  ;  Int.,  xlii.  —  La  femme  a 
toujours  moins  de  chaleur  que  l’homme; 
60.  —  Des  vaisseaux  spermatiques  de  la 
femme;  162.  —  Des  testicules  et  des  vais¬ 
seaux  éjaculatoires  ;  163.  —  Anatomie 
delà  partie  honteuse  de  la  femme;  168. 
—  Les  femmes  sont  moins  sujettes  à  la 
pierre  que  les  hommes;  II  ,  466,  —  De 
l’opération  de  la  pierre  chez  les  femmes; 
II ,  405.  —  Depuis  et  jusqu’à  quel  âge  la 
femme  peut  engendrer;  II ,  738.  —  Qua¬ 
lité  de  la  semence  dont  sont  engendrées 
les  femelles  ;  II ,  63, .  —  Histoires  de  fem¬ 
mes  changées  en  hommes;  III,  18.  — 
Causes  de  cette  métamorphose  ;  III  ,  20. 
—  Figure  d’une  femme  sans  tête  ;  III,  22. 
Fémur.  Fractura  du  col  du  fémur  ;  II ,  325. 
—  Pronostic  des  luxations  du  fémur  ;  II 
353. 

Fenouil.  Par  qui  a  été  enseignée  son  utilité; 

19;  III,  736.—  Ses  propriétés;  II,  436. 
Fentes  du  cràne;Il,  1,  3.  — 'l'raitonient 

II,  7. 

Fer.  Action  de  la  limaille  de  fer  «ur  l’éco¬ 
nomie  animale  ,  et  contre-poisons  ;  III  , 
343.  —  Vertus  et  usage  des  eaux  ferrées; 

III ,  597. 

Fkrnham  (Nicolas  de),  tour  à  tour  professeur 
de  philosophie  et  de  médecine ,  et  évêque 
de  Durham  ;  Int.,  xliii, 

Ferrari,  médecin  du  xui*  siècle;  III,  vi. 
Fehrahe,  Ecole  de  Ferrare;  Int.,  xxvm. 
Ferri.  Ses  travaux  sur  les  pluies  d’ariuei  à 


TABLE 


828 

feu  ;  Int,,  ccLiH.  —  Analyse  de  son  Traité 
des  carnosiiés;  II,  664,  665,  566,667,472, 
67  3  ,  676, 

Férules,  Description ,  qualités  et  usage  des 
férules  J  II ,  288. 

Feu,  Ses  qualités  premières  ;  32,—  Ses  qua¬ 
lités  secondes;  33,  —  Degrés  de  chaleur 
du  feu  suivant  les  corps  ;  II,  202,  —  Ex¬ 
plication  du  feu  souterrain;  III,  696, 

Feu  Saint-Antoine,  Diverses  acceptions  de 
ce  nom  ;  II ,  21 1, 

Fez,  Coutume  des  habitants  de  Fez;  II,  749, 

Fiacre  (Fie  St.)  II ,  64,  786,  787.  — Traite¬ 
ment;  II,  788.  —  Simulation  de  ce  mal  ; 
III,  61. 

Fibres.  Ce  que  c’est;  127.  —  Des  fibres  du 
cœur;  188. 

Fie  Saint-Fiacre;  II,  64,  786,  787.  -  Traite¬ 
ment  ;  II,  788.  —  Simulation  de  ce  mal; 
III,  61. 

Ficus.  Ce  que  c’est;  II,  787. 

Fiel.  Substance,  figure,  composition  ,  con¬ 
nexion  ,  tempérament  et  action  de  la  ves¬ 
sie  du  fiel  ;  145, 

Fiente.  Emploi  de  la  fiente  de  bœuf  dans 
le  traitement  de  la  goutte;  III,  239. — 
Emploi  de  la  fiente  de  chien  pour  arrêter 
le  flux  de  ventre;  III,  462, 

Fièvre.  Le  chirurgien  doit  connaître  les  fiè¬ 
vres;  13;  III,  71. — Pourquoi  la  fievre 
quarte  peut  être  guérie  par  une  grande 
peur  ou  une  grande  joie  ;  97;  III,  722.  — 
Pronostic  tiré  de  la  fièvre  dans  les  plaies 
de  la  tète;  II,  27.  — Causes  de  la  fièvre 
erratique  ;  II ,  783.  —  Oraisons  contre  la 
fièvre  ;  III,  64. — Prétendus  remèdes  con¬ 
tre  la  fièvre  ;  III,  66.  —  Reproches  adres¬ 
sés  à  l’auteur  a  propos  de  son  Traité  des 
fièvres  ;  III ,  70.  —  Division  du  Traité  des 
fièvres;  III,  72,  73.  —  Définition  de  la 
fièvre;  III,  74,  75.  —  Sa  fréquence,  son 
siège,  ses  dangers,  ses  avaniages;  III, 
74, — Causes  efficientes;  111,77. — Causes 
matérielles  ;  III ,  77  ,  79.  —  Signes  des 
fièvres  en  général;  III,  79.  —  Traitement 
général  de  la  fièvre;  III,  81.  — D»,  2«, 
3*  indications  ;  III,  82.—  Cas  où  les  indi¬ 
cations  ne  s’accordent  pas;  III,  83.  — 
Moyens  pour  guérir  la  fièvre  :  moyens  dié¬ 
tétiques;  III,  84. — Moyens  chirurgicaux 
et  pharmaceutiques;  III,  86.  — Divisions 
diverses  des  fièvres;  III,  87.  — Division 
suivant  Galien  modifiée  par  l’auteur:  de 
la  fièvre  éphémère  en  particulier;  III,  88. 
—Définition,  ses  causes  ,  III,  89.— Symp¬ 
tômes;  III,  90.  —  Traitement  général; 
III ,  91.  —  Définition  de  la  fièvre  humo¬ 
rale;  III,  92.  — Ses  variétés;  III,  93.  — 
Tableau  de  ces  -vanéiés;  III ,  94.  —  Défi¬ 
nition  de  la  fièvre  synoque  simple,-  III, 
95.  —  Causes;  III,  96. — Signes,  traite¬ 
ment  diététique;  III,  97.  —  Chirurgical 
et  pharmaceutique  ;  III,  98. — -Définition 
de  la  fièvre  putride;  III,  100.  —  Division 
prise  des  lieux  où  les  humeurs  se  pour¬ 
rissent;  III,  101.  —  Division  prise  des 
humeurs  elles-mêmes;  III,  102.  —  Cau¬ 


ses;  III ,  102. —Signes  ;  III,  103.  — Pro¬ 
nostic;  III,  104.  -  Traitement  des  fièvres 
putrides  en  général  ;  lit,  106.—  Définilion 
de  la  fièvre  synoque  putride;  lll,  107. 

—  Causes,  signes;  III,  108. —  Pronostic; 
III,  109. — Traitement;  111,  110.  —  Ca¬ 
ractères  distinctifs  des  fièvres  inlermii- 
tenles  et  des  fièvres  continues;  III,  li4. 
— Variétés  des  fièvres  continues  ;  III,  1 16. 
—Variétés  des  fièvres  intermittenles;  III, 
117.  —  Pourquoi  les  accès  des  lièvres  in¬ 
termittentes  reviennent  à  certains  jours; 
lit,  118.  —  De  la  fièvre  tierce  vraie;  III , 
121.  —  Théorie  de  sa  formation  ;  III,  122. 

—  Ses  causes;  III,  123.  —  Pronostic ;  TU, 
125.  —  Traitement  diététique;  III,  126. 

—  Chirurgical  et  pharmaceutique;  III, 
127.  — Définition  ,  causes  et  signes  de  la 
lièvre  tierce  bâtarde;  III,  131.  —  Pronos¬ 
tic,  traitement;  III,  132.— Caractères  de 
la  fièvre  ardente  ;  III,  133.  —  Causes  ,  si¬ 
gnes  ,  pronostic;  III ,  134.  —  Traitement  ; 
III,  135.  —  Définition  de  la  fièvre  tierce 
continue;  III,  136.  - —  Causes,  caractères, 
traitement;  III ,  137.  —  Fièvres  pituiteu¬ 
ses  ;  causes  de  la  fièvre  quotidienne  in¬ 
termittente;  III,  138.  —  Signes;  III,  139. 

—  Pronostic;  III,  140.  —  Traitement; 
III,  141.  — Causes  et  diagnostic  de  la  fiè¬ 
vre  quotidienne  continue;  III,  142. — 
Traitement;  III,  143.  —  Définition,  si¬ 
gnes  de  la  fièvre  épiale;  III,  144.  — 
Traitement;  III,  146.  — Lypirie;  III,  146. 

—  Fièvres  faites  de  l’humeur  mélan¬ 
colique  ;  Fièvre  quarte  intermittente 
vraie;  III,  147, — Causes,  signes;  III, 
148.  — Pronostic;  III,  149.  — Traitement  ; 
III,  150.  —  Causes  de  la  fièvre  quarte  in¬ 
termittente  bâtarde  ;  III ,  163. —Signes; 
III ,  154.  —  rraitemeut;  III ,  166.  —  Fiè¬ 
vres  quintaine,  sextaine,  octaine;  III, 
166.  —  Signes,  causes,  traitement  et  pro¬ 
nostic  de  la  fièvre  quarte  continue;  III, 
158.  —  Fièvres  humorales  composées; 
III,  160,  — Définition  de  l’hérnitritée  ; 
III,  161.— Espèces,  signes;  III,  162,  163. 

—  Causes,  pronostic;  III,  164. — Traite¬ 
ment;  III,  16.6. —  Double  tierce  ;  III,  166. 
— Double  quotidienne ,  Double  quarte. 
Triple  tierce  ;  111 ,  167.  — Triple  quarte  ; 
III,  168.  —  Des  fièvres  confuses  ;  III,  169. 

—  Fièvre  hectique  ;  III,  I70.  —  Ses  dill’é- 
rences ,  causes ,  signes;  III,  171.  —  Trai¬ 
tement;  III,  172.  —  Des  fie.vres  sympto¬ 
matiques;  III,  176.—  Distinction  entre 
les  fièvres  symptomatiques  et  les  fièvres 
essentielles  ;  III,  177.  —  Trois  différences 
de  fièvres  symptomatiques;  IH,  178.— 
Signes  et  traitement  de  ces  trois  espèces, 
III,  179. — Fièvres  extraordinaires;  III, 
180.  —  Division  des  symptômes  des  fiè¬ 
vres  ;  III ,  183.  —  Symptômes  de  1,’artion 
lésée:  douleur  de.  tête;  III,  184,  — Dou¬ 
leur  d’estomac  et  de  ventre;  III,  186. 

—  Douletir  des  reins,  des  cuisses  et  des 
jambes;  III,  ,.S6.  —  Insomnies  ;  III,  187. 

—  Assoupissement  et  sommeil  profond. 


ANALYTIQUE. 


899 


tll,  188. —Délire OU  rêverie;  Hl,  189.— 
Convulsion  el  jectigation  ;  III,  igo. —  Pa¬ 
ralysie  et  éblouisseinenl;  III,  191.  —  Sur¬ 
dité;  III,  192.  — Difficulté  de  respirer; 
III,  193, 19i).— Toux;  ni,  193.— Difficulté 
d’avaler  ;  111,  194.  —  Dégoût  ;  III.  195.  — 
Nausées,  sanglots  et  hoquets;  III,  196. 
—Vomissements;  III,  197.  —  Soif  déré¬ 
glée;  III,  198.  —  Lipothymie  et  syncope; 
111,  199. — Symptômes  qui  suivent  l’a- 
métrie  des  excréments  :  flux  <ie  ventre, 
III ,  200.  —  Dureté  de  ventre;  III,  201.  — 
Suppression  et  flux  excessif  d’urine;  III, 
202.  —  Sueurs  immodérées ,  flux  de  sang 
immodéré  ;  IIl,  203.  —  Symptômes  ap¬ 
partenant  à  la  simple  affection  du  corps,: 
jaunisse  ;  IH,  204.  —  Accidents  de  la  lan¬ 
gue  ,  froideur  des  extrémités  ;  III,  205. — 
Ardeur,  tension  des  hypocoudres;  III, 
206. —  Fièvre  pestilentielle  ;  III ,  35l.— 
Causes  de  la  fièvre  pestilentielle;  III, 
391. — Ses  signes  et  ses  variétés;  III,  392. 

FiLELPHE.  Piapporte  de  Grèce  de  nombreux 
manuscrits;  Int.  cvm. 

Filet.  Ce  que  c'est  ;  II ,  il,  678. 

Filtre.  Manière  de  distiller  avec  le  filtre; 
III.  624. 

FlORAVANTl  ;  Int.  CCLXXXV. 

Fissure.  Espèce  de  fraciure;  II,  295. —  Fis¬ 
sures  des  côtes  ;  II ,  312. 

Fissüle.  Causes  de  la  fistule  lacrymale,  236. 
—Causes  des  fistules  du  fondement  et  du 
périnée,  420.  —  Exemple  de  fistule  sali¬ 
vaire;  II,  86.  —  Curabilité  des  fistules 
du  thorax;  II,  101.— Pourquoi  les  plaies 
du  poumon  dégénèrent  en  fistules;  II, 
104.  — Définition,  causes  et  signes  des 
fistules;  II,  270.—  Pronostic  et  traite¬ 
ment;  II,  271.  — Fistules  du  fondement; 
II;  273. —  Fistules  lacrymales;  II,  4l9. 
—  Théorie  des  fistules  lacrymales,  varié¬ 
tés,  pronostic,  traitement;  II,  431.— 
Traitement  des  fistules  de  la  vessie;  II, 


Flabellation  ;  II ,  305. 

Flaminius  crassus,  rhinoplaste;  Int.  cii. 

Flandre.  Etat  de  la  chirurgie  en  Flandre  au 
xvi»  siècle;  Int.  cclxxxv.  —Voyage  dA. 
Paré  en  Flandre;  III,  726. 

Flèches.  Différences  des  plates  faites  par 
flèches  et  de  celles  qui  sont  faites  par 
harquebuses;  diiférent<*s  espèces  de  flé¬ 
chés;  n,  183. —Figures  de  ces  diffé- 
rentes  flèches;  II,  184. -  Instruments 
nropres  à  l’extraction  des  fléchés  ;  11,  185, 
186^  —  Extraction  d’une  fléché  rompue  ; 
U  187.  — Extraction  d’une  flèche  insérée 
en’ l’os  •’  188.  —  Signes  des  plaies  de  flè¬ 
ches  empoisonnées  ;  II ,  189.  —Traitement 
par  les  scarifications  et  la  succion;  II, 
191),  —  Par  les  topiques;  II ,  191,  —  Par 
la  cautérisation  et  la  ligatmc  ;  II,  192. 

Fleurs  répercu'sives;  III  ,  58i.  —  Uésolu- 
lives;  III,  538.  -  Epulotiques;  III,  545. 
_  Ano.lines  ;  III,  549.  -  Fmcedés 
extraire  l’essence  des  fleurs  ;  III ,  629,  637. 

Fleurs  blanches  ;  H  ,  761 , 774.  —  En  quoi 


elles  diffèrent  des  menstrues,  de  la  go¬ 
norrhée  et  de  la  chaude-pisse;  II,  775  — 
Humeurs  dont  elles  procèdent;  II,  770. 
—  Causes  et  traitement  des  fleurs  blan¬ 
ches;!!,  777.— Effets  des  fleurs  blanche»  ; 

II, 777. 

Fleurs  rouges;  II,  761, 

Florent  Philippes.  Son  procédé  de  para¬ 
centèse,  400. 

Flüguss  (George).  Son  livre  intitulé  Expéri¬ 
menta  chirurgica ,  etc. ,  Int,  ccvii. 

Flux  de  bouche  des  véndés  ;  II ,  549.  — 
Flux  de  sang,  cause  d’avortement  ;  II , 
624,714.  — Caractères  et  traitement  du 
flux  de  sang,  symptôme  de  fièvre;  III , 
203. —  Flux  de  sang  concomitant  delà 
pelite-vérole  ;  III,  260.  —  Flux  de  ventre 
des  fiévreux  ;  III ,  200.  —  Ses  caractères, 
ses  causes,  son  traitement;  III,  201. — 
Moyens  pour  provoquer  le  flux  de  ventre  ; 

III,  449.  —  Moyens  pour  l’arrêter  ;  III  ; 
450.— Flux  mulièbre;  v.  Fleurs  blanches. 

Fluxion.  Ce  que  c’est,  320. 

Fociles. Luxation  du  petit  focile  delà  jambe; 
Il ,  398.  —  Idem  du  grand  focile  ;  H ,  399. 
—  Fracture  des  deux  fociles  du  bras;  Il , 
318. 

Foetus.  Par  où  le  foetus  est  alimenté  dans 
la  matrice,  1(16;  H,  648,—  Putréfaction 
du  fœtus  dans  la  matrice  ;  II ,  627 , 697  , 
729.  — Théorie  de  la  formation  du  lœlus  ; 
II,  644, —  Détails  sur  les  enveloppes  du 
fœtus  ;  II ,  645 ,  647.  —  Formation  du 
nombril  du  fœtus  ;  II ,  646.  —  Vaisseaux 
qui  forment  le  cordon  ombilical,  voies 
par  lesquelles  le  fœtus  respire  ;  II ,  648  , 
717.  —  Formation  du  foie;  11  ,  649. — 
Du  cœur  et  de  la  tête  ;  II ,  650.  — Quand 
le  fœtus  commence  à  remuer  ;  III,  652. — 
Des  excréments  du  fœtus  dans  la  matrice; 
II ,  663.  —  Comment  l’enfant  à  terme 
s’efforce  de  sortir  du  ventre  de  sa  mère; 
II,  665. —  Positions  diverses  de  l’enfant 
au  ventre  de  la  mère;  II ,  669.  —  Figures 
de  ces  positions;  II,  670 , 671.  —  Signes 
indiquant  que  l’enfant  est  mort  dans  le 
ventre  de  la  mère;  II ,  696.  —  Coexistence 
d’un  fœtus  avec  une  môle  ;  Il ,  727;  voy. 
Enfant. 

Foie.  Action  du  foie  sur  le  chyle,  40.  — 
Toutes  les  veines  mésaraïques  viennent 
du  foie,  142.  —  Substance  et  volume  du 
foie;  143.  —  Ses  divisions,  sa  figure,  sa 
composition,  sa  connexion,  son  tempéra¬ 
ment,  son  action  ;  144.  —  Pronostic  des 
plaies  du  foie ,  433  ;  II ,  105,  —  Abcès  du 
foie  succédant  aux  plaies  de  tète;  H,  32.— 
Signes  des  blessures  du  foie  ;  II,  105  ;  III, 
654, —  Les  maladies  du  foie  peuvent  occa¬ 
sionner  une  rétention  d’urine; II,  497.— 
Formation  du  foie  chez  le  fœtus  ;  II ,  649. 
—  Excréments  du  foie;  H,  662.  —  La 
goutte  vient  du  cerveau  ou  du  foie  ;  III , 
215.  —  De  la  cautérisation  du  foie;  III , 
685, 

Folie.  Hérédité  de  cette  maladie  ;  III,  28. 

Fomentations  pour  l’œdème,  343.  —  Pour 


TABLE 


83o 

les  tumeurs  aqueuses  et  ventouses,  345. 

—  Pour  les  chancres ,  360.  —  Pour  la  ré¬ 
duction  des  hernies  et  pour  la  matrice , 
406.  —  Pour  les  contusions  du  cuir  mus¬ 
culeux;  11,42,43.  — Pour  les  commotions 
du  cerveau  ;  II,  69.—  Pour  les  inflamma¬ 
tions  delà  conjonctive  ;  II ,  78.— Pour  les 
ulcères  intempérés  humides  ;  II,  261.  — 
Pour  faire  tomber  les  vers  des  ulcères  ; 
Pour  les  ulcères  sordides  ;  II,  254. — Pour 
le  prurit  des  fractures;  II,  306.— Pour  so¬ 
lidifier  le  cal  ;  II ,  344.—  Pour  amollir  18 
cal  difforme; II, 346.— Objet  des  fomen¬ 
tations  dans  le  traitement  des  fractu¬ 
res  ;  Il ,  347.  —Fomentations  pour  les 
carnosités  de  la  verge;  II ,  667.  —  Pour 
les  nouvelles  accouchées;  II  ,  711.  — 
Pour  la  goutte  causée  de  pituite  ;  III ,  238 , 
—  Pour  les  pestiférés-;  lll;  409.  —  Réso¬ 
lutives  des  bubons  pestilentiels  ;  III ,  432. 
—  Définition,  objet  et  composition  des 
fomentations  ;  III ,  576,  —  Modèle  de  fo¬ 
mentation  émolliente  et  résolvante  ,  ma¬ 
nière  de  faire  les  fomentations  ;  III ,  577. 
Fondement.  Causes  des  tumeurs  et  aposlemes 
du  fondement,  419,  —  Traitement  médi¬ 
cal  et  chirurgical  ;  causes  des  fistules  du 
fondement,  420  ;  II,  273.— Signes  ;  II,  273. 
—  Accidents,  traitement;  II,  274. 
Fontaine.  Qualités  de  l’eaü  de  fontaine  ;  III, 
403. 

Fontanelle.  C’est  sur  la  fontanelle  que  doi¬ 
vent  être  appliqués  les  remèdes  destinés 
au  cerveau ,  208. 

Foret.  Figure  d’un  foret  poUr  commencer  à 
ouvrir  le  crâne  dans  l’opération  du  trépan, 
11,63. 

Forme.  Influence  de  la  forme  des  plaies  Sur 
leur  guérison,  433. 

Formigatio  ,  82. 

Formillon.  Espèce  d’araignée;  III,  326. 
Fornix,  216. 

Foudre.  Signes  indiquant  qu’un  individu 
est  mort  frappé  de  la  foudre  ;  III ,  668  ;  v. 
TonnerrCi 

Fourchette.  Ce  que  c’est;  176.  ■—  La  four¬ 
chette  ne  peut  se  luxer  ;  II,  368. 

Fourmis.  Les  ours  se  purgent  en  mangeant  des 
fourmis;  I,  19;  III,  737.— Quand  elles  pré¬ 
sagent  la  pluie  ;  III,  738.  —  Prévoyance  , 
industrie  et  mœurs  des  fourmis  ;  III,  743. 
Fourneaux.  Description  des  fourneaux  à 
distiller;  lit,  615. 

Fournier.  Ce  qu’il  dit  des  fanons  ;  II,  289. 
Fractures.  Leur  traitement  en  Allemagne 
au XV'  siècle;  Int.,  CCI.— Comment  traitées 
par  Paracelse;  Int.,  eexx. —Fractures  du 
crâne  ;  II,  1.— Tables  de  ces  fractures  ;  II, 
3,  4. — Causes ei  signes  conjecturaux;  11,6. 
—  Signes  sensuels;  II,  6;  III,  663.— Scis¬ 
sure  ;  II,  7.  — Contusion  ;  II,  il.  —  Em- 
barrures  ou  enfonçures  ;  II,  16.—  Incision; 
II,  17.—  Contre-fente  ;  II ,  20.— Pronostic 
des  fractures  du  crâne;  II,  26,  31,  33.  — 
Soins  généraux  à  donner  aux  fractures  du 
crâne;  II,  .33.  —  Pourquoi  on  trépane  les 
fractures  du  crâne;  11, 60.  —  Causes  de  la 


gangrène  ;  n,  212.  “■  Des  bandages  des 
fractures;  II,  280.  —  Comment  doivent 
être  faits  les  bandages  des  fractures,  II, 
281.—  Bandages  des  fractures  avec  plaies; 
II,  283.  —  Définition,  diverses  espèces  ; 
II,  294.  —  Causes  des  fractures;  H  ,  206. 

—  Signes,  pronostic;  207,  298.  —  Cure 
générale;  II,  300.  —  Procédés  de  réduc¬ 
tion;  II,  301.  —  Signes  auxquels  on  re¬ 
connaît  que  la  réiluelion  est  bien  faite; 
II,  302,  —Application  du  bandage;  II, 
303.  —  Traitement  des  aci  irients;  II,  804 

—  Fractures  du  nez;  II,  306.— Leur  trai¬ 
tement  ;  II ,  306.  —  Fta'  lures  de  la  mâ 
choire  inférieure;  II,  307.— De  l’os  cla¬ 
viculaire  ou  furculaire;  II,  308,  — De 
l’omoplale;  II,  309.  —  Uü  sternum  et  ré¬ 
duction  ;  II,  311.  —  Des  rôles  ;  signes  de 
Cês fractures;  II,  312. — Réduction  , II;  313. 

—  Fractures  des  vertèbres,  leur  proitoslic 
ét  leur  cure;  II,  315.  —  Fractures  de  l’os 
sacrum  ;  II ,  316.— De  l’os  de  la  hanche  ; 
ses  signes  et  réduction;  II,  316.  —  Fiac- 
tures  des  os  du  croupion  ;  II ,  3l6.  —  De 
l’os  du  bras  ;  leur  réduction;  II,  317.  — 
Fractures  de  l’os  du  coude  et  du  radius  j 

II,  318.  —  De  la  main,  II ,  320.  —  De  la 
cuisse  au  milieu  de  l’os;  II ,  321.  —  Du 
col  du  fémur;  326.  —  De  la  rotule  du 
genou;  II,  327.  — De  la  jambe;  II,  329. 
—Cause  des  tressaillements  des  membres 
fracturés;  II,  336.  —  Fractures  des  os  du 
pied;  II,  347.— Complicati  ins  et  accidents 
qui  peuvent  survenir  à  la  partie  fractu¬ 
rée;  II,  401. 

FhAisEs.  Goût  des  crapauds  pour  les  fraises; 

III,  821. 

France.  Origine  des  écoles  en  France;  Int. 
xxtm.  —  Etat  de  la  chirurgie  en  France 
au  XVI'  siècle;  Int.,  cglxxXV. 

FranciieVillè  (  Jean  de)  ;  Int.  cxxix. 

Franco.  Ses  travaux;  Int.  cotxx  — Mention 
qu'il  fait  du  séton  ;  II ,  83.  —  Indication 
des  procédés  de  taille  décrits  par  Franco 
et  omis  par  A.  Paré;  II,  477.  —  Plagiats 
commis  par  Franco  aü  préjudice  d’A.Paré; 
II,  623,624,  626,  626,627,  629,  630,  631, 
632,  646,675,  698,  714,  716,  717. 

Frédéric.  Cet  empereur  fait  traduire  en  la¬ 
tin  toutes  sortes  de  manuscrits  arabes;  Int. 
xxxvih— Son  ordonnance  relative  à  l’exer¬ 
cice  de  la  médecine  dans  le  royaume  de 
Naples;  int.  xxx  ,  xxxi.  —  Défend  à  ses 
sujets  d’aller  étudlerà  Bologne;  Ferme  les 
écoles  de  cette  ville  ;  Rétracte  son  décret; 
Int.  xxxa. 

Freind.  Son  Opinion  sur  Jean  deCadde-sden; 
Ce  qu’il  nous  apprend  sur  Jean  Ardern  , 
Int.  Lv. 

Frelons.  —  Accidents  résultant  de  leur  pi- 
^ûre  ;  III,  324.  —  Remèdes  d’ièeux  ;  III , 


Ses  propriétés  antivénéneuses;  III, 


Frictions.  Leurs  effets  ;  09.  —  Leur  em¬ 
ploi  dans  le  traitement  de  l’œdème  ; 
343.—  Contre  le  prurit  des  fractures  ;  II, 


ANALYTIQUE. 


83l 


304.  —  Traitement  de  la  vérole  par  les 
frictions  j  II,  540.  —  Manière  d’exécuter 
lés  frictions  ;  11,  543,  544  et  suiv. _ Em¬ 

ploi  des  frictions  mercurielles  dans  le  trai¬ 
tement  du  pourpre;  lll,  426. 

Frissons.  Frissons  symplômatiques  des  pâles 
couleurs;  II,  781;  lll,  123. 

Froid.  Son  action  funeste  aux  plaies  ;  63  ; 
II,  118  ,  177.  —  Son  action  sur  l’homme; 
II,  34. — Comment  le  froid  produit  la  gan¬ 
grène;  II,  214.  —  Pierres  causées  parle 
froid;  II,  465.— -Influence  du  froid  sur  la 
production  des  rétentions  d’urine;  II,  504. 
—  Nécessité  de  préserver  du  froid  les  ma¬ 
lades  soumis  aux  frictions  ihercurielles  ;  , 

II ,  543. —  Propriétés  du  froid  ;  11,  737. — 
Son  influence  sur  le  développement  delà 
rage;  lll,  304. —  Remèdes  contre  le  froid 
des  extrémités  ;  lll,  205. 

Front.  Figure  de  deux  tilles  jumelles  unies 
par  le  front;  III,  10. 

Frontaux.  Fortiflantset  soporatifs;  II,  167. 
—  Pour  les  fébricitants;  III,  1S4. —  Con¬ 
tre  les  douleurs  de  tête;  III,  420. 

Fruits.  Procédé  pour  extraire  l’essence  des 
fruits;  lu,  629.  —  Fruits  répercussifs; 

III,  534.  —  Suppuratifs  et  émollients  ,  lll, 
540.  —  Epulotiques;  III,  545. 

Fumigations.  Pour  les  ulcères  delà  matrice; 
II,  268.  —  Appareil  fumigatoire  pour  les 
maux  de  dénis;  II,  446.  —  Traitement  de 
la  vérole  parles  fumigationsmercurlelles; 
II,  551.  —  Figure  d’un  tonneau  propre  à 
administrer  une  fumigation  aux  parties 
génitales;  Il ,  568.— Appareil  fumigatoire 
pour  lé  col  de  la  matrice  ;  II,  758.  —  Fu¬ 
migations  pour  provoquer  les  menstrues; 
II,  767. 

Fungus.  Description  et  traitement;  359; 
ïl,  64. 

Gabets.  Ce  que  c’est  ;  III ,  280 , 350. 
Gaddksden  (Jean  de).  Premier  chirurgien 
anglais  dont  les  écrits  nous  soient  connus  ; 
Int.,  LUI. —  Son  livre  liosamedieince-,  Int., 
Liv.  —  Opinions  de  Guy  de  Cbauliac  et 
de  Freind  sur  Jean  de  Gaddesden.  — Son 
orgueil  ;  Int.,  lvi.  —  Son  charlatanisme  et 
son  avarice;  Int.,  LVii.  ■ 

Gaiac.  Traitement  de  la  vérole  parla  dé¬ 
coction  de  gaïac;  II,  535.  —  Effets  du  bois 
degaïac;  signes  auxquels  on  reconnaît  le 
meilleur  ;  II,  536.  —  Manière  de  préparer 
la  décoction  de  gaiac  ;  II.  537.  —  Précau¬ 
tions  qui  doivent  précéder,  accompagner 
et  suivre  l’administration  de  cette  décoc¬ 
tion  ;  U ,  538.  —  Régime  à  observer  pen¬ 
dant  cette  médication;  II,  539. 

Galeatius  de.  Sainte-Sophie.  Son  époque  ; 

son  commentaire  de  Rhasès  ;  Int.,  lxxxvi. 
Galien;  lut., xviii.— Cité  par  Garioponlus; 
Int.,  XXI.  —  Source  commune  qui  arrivait 
aux  Latins  comme  aux  Arabes;  mis  à 
contribution  dans  le  livre  de  TrOlula; 
Int.,  xxiv.  —  Ses  commentaires  sur  les 
Aphorismes  d’ilippocrales  ;  Int.,  xxv. — 
Ses  traités  traduits  pur  Gérard  de  Cré¬ 
mone;  Int.,  Xxvii.  — Suivi  par  Hugues 


de  Lucques  ;  Int.,  xxxv.-— Pris  pour  guide 
par  Rrunus  ;  Int.  xXxVl.  —  Ses  livres ,  ba¬ 
se  de  la  doctrine  de  Salerne  et  de  celle  de 
Bologne;  Int.,  xxxiX. — Idem,  de  celle  de 
Guillaume  de  Salicet;  Int.,  xl.  —  Est  cité 
par  Lanfronc  ;  Int.,  XLVi.  —  Ses  ouvrages 
sont  traduits  en  latin  par  Nicolas  de  Reg- 
gio  ;  Int. ,  xLviii.  —  Traduction  proven¬ 
çale  de  quelques  uns  de  ses  livres;  Int., 
Lxv. — Ses  commentaires  inconnus  dans 
tout  le  XV'  siècle;  InU,  cix.  —  Premières- 
éditions  de  Ses  ouvrages;  Int.,  ex.  —  Cité 
par  Benivieni;  Int.,  cxviit.  —Son  époque, 

18  ;  III ,  641.  —  Ses  travaux  j  18.  —  Son 
opinion  sur  la  paracentèse  ;  397.  —  Sur 
les  dragonneaux;  424.  —  Sa  doctrine  sur 
les  fissures  du  crâne;  II,  10.  —  Ge  qu’il 
dit  du  bec-de-lièvre;  II,  85.  Vers  sur 
Galien  ;  III ,  642.  —  Aphorisme  emprunté 
à  Galien  ;  III,  646. 

Gama  (M.).  Détaiis  historiques  sut  Gersdorf; 
III,  vu. 

Gamaut;  335.— Détaiis  sur  cét  instrument  ; 
389. 

Gamedin  ;  390. 

Ganglions.  Description,  càuséS  et  traite¬ 
ment  des  ganglions  ;  357. —  Ganglions  des 
paupières;  11,416. 

Gangrène.  —  Description  de  la  gangrène 
sénile ,  par  A.  Benivieni  ;  Int.,  cxvii  ;  320. 
—  Signes  de  la  gangrène;  323.  —  Moyens 
de  prévenir  la  gangrène  à  la  suite  des 
contusions  ;  H  ,  200.  —  Définition  de  la 
gangrène  ;  II,  210.  —  Causes  générales  ; 
causes  particulières ,  primitives  et  exter¬ 
nes  ;  II,  2l  1.  —  Causes  antécédentes  ;  II , 
212.  —  Signes  de  la  gangrène  résultant 
d’inflammation  phlegmoneuséet  du  froid; 
II,  215.  —  Idem  des  gangrènes  faites  par 
ligatures, luxations  et  grandes  contusions; 
11,216.— /dem  des  gangrènes,  suite  de  mor¬ 
sures,  piqûres,  anévrismes,  venins  ;  pro¬ 
nostic  des  gangrènes;  II,  216.  — Cure  gé¬ 
nérale;  II,  217.  —  Cure  particulière;  in¬ 
cisions  ,  scarifications;  II,  218.—=^  Lotions, 
onguents  ;  II,  219.  —  Gaulérisalion ,  am¬ 
putation  ;  signes  de  mortification  parfaite; 
II,  220.  —  Où  doit  commencer  l’amputa¬ 
tion  ;  II,  221.  —  Moyen  d’y  procéder;  II, 
222.—  Moyens  hémostatiques  ;  II,  224, 
226.  —  Suite  du  traitement;  II,  225.  — 
Médicaments  emplasliques  ;  H  ,  226.  — 
Suite  du  traitement  ;  II ,  230.  —  Cas  d’am- 
putation  du  bras  dans  la  jointure  à  la  suite 
de  gangrène  ;  II,  239.  —  Gangrène  résul-* 
tant  d’une  trop  grande  compression;  II , 
293.— Gangrène  des  yeux  ;  II,  415. 
Gargareon;  266. 

Gargarismes  pour  Tesquînancie;  388.— Pour 
les  plaies  de  l’œsophage  ;  II,  9l,  —  Pour 
les  ulcères  de  la  bouche  ;  II,  262.  —  Pour 
les  maux  de  dents  ;  II ,  440.  —  Ce  que 
c’esl;  composition,  modèles  de  gnrgarls-* 
mes  astringent  et  i  épercussif,  anodin,  mon- 
dificallf;.lll,  590.  —  Usage  des  gargaris¬ 
mes;  lll,  591. 

GAnioronxus.  Son  ,^Pastionnaire  ;  Int.,  xxi« 


T4BLE 


832 

—  Ses  Dynamidies  ;  Int.,  xxi ,  xxii.  —  Son 
co'laborateur  Albicius;  Int.,  xxi.  —  Mal¬ 
traité  par  les  critiques  ;  Int.,  xxii.  —  Peut 
encore  être  consulté  comme  une  des  sour¬ 
ces  les  plus  abondantes  du  langage  médi¬ 
cal  moderne;  Int.,  xxii.  —  Semble  avoir 
connu  le  Pronostic  d’Hippocrate  ;  Int. , 
XXV. — N’a  pas  le  premier  employé  les  mots 
caulerizare  et  gargarizare  ;  III ,  iv. 
Gastroraphie.  Description  de  cette  opéra¬ 
tion;  440;  II,  108. 

Gatenaria.  Ce  qu’il  dit  du  séton;  II,  82. 
Gaz-.  Ponction  des  intestins  gonflés  de  gaz; 

II,  107.  Voy.  p'entosités. 

Gaza  CThéodore).  Ses  traductions  d’Aristote, 
de  Théophraste  et  d’Hippocrate  ;  Int. , 
CVIII. 

Gémissements.  Manière  d’arrêter  les  gémis¬ 
sements  résultant  de  la  suppression  des 
menstrues;  II,  782. 

Gencives.  Tumeurs  des  gencives;  381. — Ul¬ 
cères  fistuleuxdes  gencives;  II,  262.  —  Il 
faut  comprimer  les  gencives  après  l’extrac¬ 
tion  des  dents;  II,  454.  —  Incision  des 
gencives  pour  faciliter  la  dentition;  II, 
799. —  Etat  des  gencives  chez  les  lépreux; 

III,  276. 

Génération.  Eléments  de  notre  génération  ; 
33.  —  Ce  que  c’est;  56.  —  Plaisir  attaché 
à  l’acte  de  la  génération  ;  lil.  —  Causes 
de  ce  plaisir  ;  II ,  635.  —  Choses  néces¬ 
saire»  à  la  génération  ;  II,  640,736.  — 
Manière  d’engendrer  ;  II,  649.  —  Age 
auquel  la  femme  peut  engendrer  ;  II ,  738. 
—  Si  une  femme  non  réglée  peut  engen¬ 
drer  ;  II,  762.  — Si  tes  démons  ayant  com¬ 
merce  avec  les  femmes  peuvent  engen¬ 
drer;  II,  58,  59. 

Genga  (Bernardini).  Ce  qu’il  dit  des  Nor- 
sini  ;  Int. ,  cm. 

Genièvre.  Ses  propriétés  antivénéneuses; 
III,  395. 

Genoux.  Tumeurs  des  genoux;  421.  —  Trai¬ 
tement  ;  422.  —  Situation  qu’il  faut 
donner  aux  genoux  blessés  ;  Il ,  120.  — 
Fracture  de  la  rotule  du  genou  ;  H  ,  327. 
—  Causes  des  déviations  des  genoux;  II, 
350.  — Luxations  de  la  rotule  du  genou; 
II,  396.  —  Causes  et  signes  des  luxations 
du  genou;  réduction  de  celle  faite  en 
arrière;  II,  397. — Idem  de  celle  faite  en 
devant  ;  Il ,  398.  —  Exemple  de  pierre  en¬ 
gendrée  dans  le  genou;  III,  32. 
GÉOMANCIENS  ;  III ,  60. 

George  Valla,  traducteur  de  Galien  ;  Int., 
ex. 

Gérard  de  Crémone;  Int.,  xxvi.  —  Ses  tra¬ 
vaux;  Int.,  XVII. —  Ses  ouvrages  faisaient 
_artie  de  la  bibliothèque  de  l’Ecole  de 
onipellier  au  xiv®  siècle  ;  Int.,  nx. 
GeRbert.  Ce  qu’il  dit  de  Celse;  Int.,  xix. 
Germe  {  mauvais).  Voy.  Mole.  . 

Gersdorf.  Auteur  du  premier  livre  en  lan¬ 
gue  vulgaire  qu’on  puisse  citer  avec  hon¬ 
neur;  Int.,  cciv.  —  Idée  de  sa  thérapeu¬ 
tique  ,  d’après  Haller  et  Percy  ;  Int.,  ccv. 
—  Détails  historiques  sur  Gersdorf;  III, 
vu. 


Gervaisot  Merlin;  Int.,  clx. 

Gesner  (  Conrad  )  ;  Int.,  xxi.  —  Ses  travaux  ; 
Int.,  ccxxi. 

Ge.station.  La  gestation  de  la  femme  n'a 
point  de  terme  fixe  ;  II,  671.  —  Exemple 
de  gestation  prolongée;  III,  26. 

Gibbosité.  Hérédité  de  cette  difformité  ;  III, 
27. 

Gilbert  l’Anglais  doit  être  classé  parmi  les 
médecins  ;  III,  v.  —  Epoque  où  il  a  vécu  ; 
III,  VI. 

Gilles  de  Corbeil.  Mention  qu’il  fait  de 
maître  Maurus  ;  Int.,  xxvi. 

Ginglyme;  313,316. 

Girafe.  Son  pays,  sa  description,  ses  mœurs; 
111,784. 

Girofle.  Caractères  de  l’huile  de  girofle  ; 
III ,  627. 

Glace.  Qualité  de  l’eau  de  glace;  III,  403. 
Gland,  162. —Perforation  vicieuse  et  im- 
perforalion  du  gland  ;  II .  460. 

Glandüla.  Ce  que  c’est;  348. 

Glandules.  Substance,  quantité,  ligure, 
nombre  des  glandules;  142.  — Leur  .situa¬ 
tion,  connexion  ,  tempérament  et  utilité; 
143. 

Glaucoma.  Ce  que  c’est;  II ,  418. 
Glossocomes.  Ce  que  c’est  ;  Il ,  291 , 323.  — 
Figure  d’un  glossocome;  II,  321. 

Gluten.  Ce  que  c’est  ;  45  ;  II ,  244 , 257. 
Godin  (Nicolas).  Sa  traduction  de  Jean  de 
Vigo;  Int.,  ccxxxvn. 

Goître.  Description  ;  390. — Trailement  ;  391. 
Gommes.  Attractives  ;  III.  536. — Résoluti¬ 
ves  ;  III ,  538.  —  Suppuratives  ;  Ht ,  540. 
—  Emollientes  ;  III,  541.  —  Dé  ersives  ; 
III,  542.  —  Sarcotiques;  III,  544.  — Ag- 
glutinatives  ;  III,  546.  —  Manières  d’ex¬ 
traire  les  huiles  des  gommes;  III,  630, 
631 ,  638. 

Gomphose;  314,  316. 

Gongrona.  Voyez  Goîlre. 

Gonorrhée.  En  quoi  elle  diffère  de  la  chaude- 
pisse;  II,  555.  —  Cure  de  la  gonorrhée; 
11  ,  560.  —  En  quoi  elle  diffère  des  fleurs 
blanches  ;  II ,  775. 

Gonthier  (d’Andi  rnach  ).  Sa  traduction  de 
Paul  d’Egine;  Int.,  ccxxxviii. 

Gordon.  Est  cité  et  imitç  par  Jean  de  Gad- 
de»den;  Int.,  liv.  —  Eloge  de  sou  livre 
Lilhim  medicinœ  ;  Int.,  lx;  III,  v.  —  Tra¬ 
duction  provençale  de  son  livre  ;  Int.,  lxv. 
—  Son  opinion  sur  la  paracentèse;  397. 
—  Emprunt  fait  à  Gordon  par  A.  Paré; 
II,  04d. 

Gorge.  Extraction  des  corps  étrangers  de  la 
gorge,  27;  II,  443;  111,  28.  — Nœud  de 
la  gorge;  255.— Prono.siic  et  traitement 
des  plaies  delà  gorge;  II,  91.  — Biûlures 
de  la  gorge  ;  II ,  208.  —  Danger  des  com¬ 
pressions  de  la  gorge  ;  II ,  293.  —  Moyens 
de  préserver  la  gorge  des  ravages  de  la  pe¬ 
tite-vérole;  111  ,  262,  263. 

Gorreus.  Son  opinion  sur  les  dragonneaux; 
I  425. 

Synopsis  chirurgîœ;  Int.,ccLX.xv. 
l  Son  hostilité  envers  A.  Paré;  Int., 


Xîf  A  LYTIQUE. 


ccLxtxm.  —  Nouvelles  attaques  contre 
A.  Paré  ;  Int. ,  ccxc. 

Goût  ;  67.  —  De  quel  secours  il  est  au  chi¬ 
rurgien  ;  03.  —  Théorie  du  sens  du  goût  ; 
252.  —  Dépravation  du  goût  chez  les  fem¬ 
mes  grosses;  II,  642,  714.  — Cause  et  re¬ 
mède  de  la  dépravation  du  goût  chez  les 
fiévreux  ;  III ,  196. 

Goutte*  Goullesereine;  II,  419.— Différence 
entre  les  gouttes  vénériennes  et  les  gouttes 
ordinaires  ;  II ,  533.  —  Raison  de  la  non- 
hérédité  de  certaines  gouttes;  II,  638.— 
Hérédité  de  la  goutte  ;  III ,  28.  —  DéOni- 
lioii  de  la  goutte ,  étymologie ,  variétés  ; 
III ,  208.  —  Causes  occultes;  III ,  209.  — 
Causes  manifestes;  III,  213.  —  Origine  de 
la  défluxion  des  gouttes  ;  III ,  216.  —  Si¬ 
gnes  indiquant  que  la  fluxion  vient  du 
cerveau;  IH,  216.  —  Signes  indiquant  si 
la  fluxion  vient  du  foie  et  de  la  masse  san¬ 
guinaire  ;  si  c’est  le  sang  ou  la  faire  qui 
accompagne  le  virus  arthritique  ;  III,  217. 
—  Si  c’est  la  pituite;  III,  218. —  Si  c’est  la 
mélancholie  ;  pronostic  des  diverses  gout¬ 
tes  ;  III,  219. — Influence  de  la  température 
sur  les  douleurs  arthritiques  ;  III ,  221. — 
Degrés  de  curabilité  de  la  goutte  ;  sujets 
qu’elle  attaque;  III,  222. —  Traitement 
préservatif;  III,  223.  — Par  le  vomisse¬ 
ment  ;  III,  224.  —  Par  les  diurétiques  et  le 
cautère;  111,  226.—  Par  les  purgatifs  ;  III, 
227. —  Par  les  fumigations;  III,  228.— 
Régime  des  goutteux;  III,  229. — Boissons 
qui  leur  conviennent  ;  III,  230. — Remèdes 
pour  roborer  les  jointures;  III,  231. — 
Cure  palliative  diverse  suivant  l’humeur 
dont  procède  le  mal  ;  III,  232. — Consiste 
en  quatre  points;  III,  233.  —  Remèdes  to¬ 
piques  contre  la  goutte  provenant  de  la 
pituite  ;  III,  235.  —  Pour  la  goutte  de  ma¬ 
tière  chaude  ;  III ,  239.  —  Pour  la  goutte 
provenant  d’humeur  cholérique;  111,  241. 
Soins  à  prendre  après  la  disparition  de  la 
douleur,  III,  246.— Des  tophes,  ou  nœuds 
qui  viennent  aux  jointures  des  goutteux , 
et  de  leur  caractère;  III,  247.  —  Des  ven¬ 
tosités  qui  accompagnent  les  douleurs  ar¬ 
thritiques  et  de  leurs  remèdes  ;  III,  249.— 
Caractères,  causes,  signes;  III,  250. — 
Traitement  par  la  saignée;  111,251. — Les 
clysières  et  les  purgatifs  ;  III ,  252.  —  Par 
les  topiques;  111, 253.  —  Par  les  cautères; 
III,  264.  —  Définition,  causes  et  traite¬ 
ment  de  la  goutte  crampe  ;  III,  255. 
Goutte  rose.  Ce  que  c’est  ;  III ,  606.  —  Pro¬ 
nostic ,  traitement  ;  III ,  607. 

Gouverneur.  Description  et  mœurs  du  gou¬ 
verneur;  III,  752. 

Graines.  Résolutives;  III,  538. — Emollientes; 
III,  540.— Détersives;  III,  542,551.— Pro¬ 
cédés  pour  extraire  l’eisence  des  graines; 
III,  629,  638. 

Graisse.  Ce  que  c’est;  119.—  Sa  composi¬ 
tion  ,  son  tempérament ,  son  utilité  ;  120. 
—  Traitement  des  plaies  de  la  graisse;  II, 
109. —  Graisses  attractives;  111,636.— 
Résolutives  ;  III ,  538.  —  Suppuratives  ; 

m. 


833 

III ,  540.  —  Emollientes  ;  III,  541.  —  Ano¬ 
dines;  III,  549.— Distillation  des  graisses; 
III,  638.  —  La  graisse  de  baleine  ne  gèle 
jamais;  III,  779. 

Grand  dentelé  (muscle)  ;  266. 

Gratelle;  320. 

Gravelle  des  yeux;  II,  416. 

Grecs  (Lèpre  des)  ;  III ,  282. 

Grêle  des  paupières;  11,422. 

Grenouille.  Histoire  d’un  enfant  à  tête  de 
grenouille;  III ,  24.  —  Emploi  des  gre¬ 
nouilles  dans  le  traitement  des  gouttes  ; 

III ,  242.  — Dans  celui  des  charbons  ;  III, 
440.  —  Les  grenouilles  présagent  les  chan¬ 
gements  atmosphériques;  III,  738. — Ac¬ 
couplement  des  grenouilles  ;  III ,  746. 
Grenouillette.  Description ,  cause  et  trai¬ 
tement  de  cette  tumeur  ;  382. 

Grevin.  Emprunts  que  lui  a  faits  A.  Paré  ; 
Int. ,  cccxxxiu. 

Grossesse.  Danger  de  trop  serrer  le  ventre 
pendant  la  grossesse;  H,  293.  —  Symp¬ 
tômes  de  la  grossesse  ;  II,  642.  —  Moyen 
externe  de  prouver  la  grossesse  d’une 
femme  ;  H ,  643.  —  Quelques  femmes  con¬ 
tinuent  d’avoir  leurs  menstrues  pendant 
la  grossesse ,  II ,  763.  —  Par  où  coulent  les 
menstrues  aux  femmes  grosses;  II,  772. 
—  Simulation  de  grossesse  ;  III ,  49. —  Les 
femmes  grosses  sont  exposées  aux  attein¬ 
tes  de  la  peste  ;  111 , 389. 

Grues.  Présages  tirés  de  leur  vol  ;  III ,  738. 
— Pourquoi  les  grues  volent  contre  le  vent  ; 
III ,  740.  —  Leur  manière  de  voyager;  III, 
753. 

Gruner.  Retrouve  dans  Ali-Abbas  tout  ce 
que  le  livre  de  Trotul*  renferme  de  bon; 
Int.,  XXIV. — Son  supplément  à  YAphrodi- 
■siacus  de  Luisini  ;  111,  iv. 

Güainer  (Antoine).  Son  époque;  ses  Com- 
mentarioli  ;  Int. ,  lxxxvu.  — Passage  de  ses 
écrits  sur  un  alchimiste;  Int.,  cvi. 

Guêpes.  Accidents  résultani  de  leur  piqûre  ; 

III,  324. —Remèdes;  111  ,  325. 

Guérin  de  Vérone  ;  Int. ,  cvii. 

Guérisons.  Exemples  de  guérisons  diverses  ; 
94.— Influence  de  la  joie  sur  la  guérison 
de  certaines  maladies;  98. 

Guetteur.  Description  de  cet  instrument  ; 
II,  483. 

Guillaume  ,  seigneur  de  Montpellier,  établit 
la  liberté  d’enseignement;  Int. ,  xxix. 
Guillaume  de  Salicet  s’appuie  sur  un  apho¬ 
risme  de  Galien  ;  Int. ,  xL.  —  Sa  vie  ;  Int., 
ib. —  Caractère  particulier  de  sa  Chirurgie  ; 
Int.,  xLi.  —  Il  est  le  premier  chirurgien 
d’Italie  qui  ait  écrit  sur  les  alTections  des 
femmes;  Int.,  xLii.  —  Rapports  entre  lui 
et  Laiifranc;  Int. ,  xliv.  —  Est  cité  parce 
dernier  ;  Int. ,  xlvi.  — Ce  qu’il  dit  du  sa¬ 
laire  des  chirurgiens;  Int. ,  lvi. 
Guillemot  (M.).  Extrait  de  son  travail  sur 
l’accouchement  forcé;  H,  699. 
Gutta-Zala.  Ce  que  c’est  ;  II ,  418. 
Guttemberc  invente  l’imprimerie  ;  Int.,  ox. 
Guï  DE  Chauliac.  Est  la  plus  brillante  ex- 
;  pression  de  l'époque  des  Arabistes  ;  Int., 

53 


T  AB  LU 


834 

Vit,  XXIV.— Injusle  critique,  qu’il  a  fuite 
lié  Hugues  dé  Lücques;  Int.,  xxxii.  — 
Ce  qu’il  dit  de  Jainerius;  Int.,  xxxv.— 
Son  appréciation  des  écoles  de  Salcrne  et 
de  Bologne  J  Int.,  xxxix.  —  Son  opinion 
sur  Jean  de  Gaddesden  ;  Int. ,  Liv.  —  Ri¬ 
chesse  de  sa  bibliothèque  ;  Int.,  lx.  —  Sa 
vie ,  ses  études  ;  Iht.,  txi.  —  Ses  voyages } 
Int.,  Lxii.  —  Sa  conduite  pendant  la  peste 
d’Avignon;  Int.,  Lxiii. — Enumération  de 
ses  ouvrages;  Int.,  lxiv.  —  Appréciation 
de  sa  Grande  chirurgie;  Int.,  Lxv. — Sa  pra¬ 
tique;  Int.,  LXvi,  Lxvii.  —  Son  érudition, 
sa  méthode  ;  Int.,  txvn.  —  Ses  contempo¬ 
rains  ;  Int. ,  Lxviii.  —  Parallèle  entre  Guy 
de  Chauliac  et  Nicolas  de  Florence  ;  Int. , 
LXXV.  — -  A  été  pillé  par  Pierre  d’Argelata; 
Int. ,  LXxvu.  —  Parallèle  de  Guy  de  Chau¬ 
liac  et  d’A.  Paré;  Int. ,  cclxxxiv. —  Em¬ 
prunts  faits  à  Guy  de  Chauliac  par  A.  Paré  ; 
319.  —  Sa  doctrine  sur  la  paracentèse  ab¬ 
dominale;  401.  — Il  est  le  premier  auteur 
qui  parle  des  fanons;  II,  288.  —  Ce  qu’il 
dit  de  l’opération  de  la  cataracte  ;  II,  440. 
—  Moyen  indiqué  par  lui  pour  allonger  le 
mamelon  ;  II,  693. 

GüY  Patin.  Ce  qu’il  dit  sur  la  composition 
du  livre  de  la  Licorne;  Int.,  cccxxXi. — 
Réfutation;  Int.,  cccxxxii. 

Gypse.  Vertus  et  usage  des  eaux  gypseuses  ; 
III,  597. 


Habitudes.  Influence  des  habitudes  sur  l’a¬ 
limentation,  7.  — Sur  le  traitement  des 
plaies  d’harquebuses  ;  II ,  ICI. 

Haut.  Description  de  l’haiit  ;  III ,  786. 

Halèiné.  'Transmission  du  virus  vénérien 
par  Thaleine;  H,  528.  —  Causes  de  la 
puanteur  de  Thaleine;  II,  600.— Fétidité 
de  Thaleine  des  lépreux  ;  III ,  276.  —  Pro¬ 
priétés  vénéneuses  de  Thaleine  des  chats: 
III,  333. 

Haller.  Son  opinion  sûr  Gariopontus;Int. 
XXII.  —  Haller  se  trompe  quand  il  dit  que 
Guillaume  de  Salicei  n’a  pas  parlé  des  affec¬ 
tions  des  femmes  ;  Int.,  xlii.— Ce  qu’il  dit 
de  Bienvenu  :  Int.,  lxviii.  —  Son  opinion 
sur  le  livre  de  Nicolas  de  Florence  ;  Int. 
Lxxiv.  —  Sur  Gatenaria  ;  Int.,  xcvii.  — 
Sur  Benivieni  ;  Iht.,  cxvln.—  Sur  Jérôme 
de  Bruhswich  ;Int.,  cciii.— Ce  qu’il  dit  de 
Gersdorf;  Int.  ,ccv. 

Hanche.  Situation  qu’il  faut  donner  aux 
plaies  de  la  hanche;  II,  120.  —  Fracture 
des  os  de  la  hanche;  ses  signes  et  sa  réduc¬ 
tion;  II,  316.  —  Luxation  spontanée  de 
la  hanche;  II ,  340. —  De  combien  de  ma- 
nières  se  font  les  luxations  de  la  hanche  ; 
ne  peuvent  être  incomplètes  ;  symptômes 
de  celles  faites  en  dedans;  pronostic  gé¬ 
néral  ;  II ,  387. —  Pronostic  des  luxations 
de  ia  hanche  en  dehors  et  en  dedans  ;  II, 
389  — Idem  en  devant  ;  II ,  390.  —  Signes 
des  luxations  faites  en  dehors  et  de  celles 
faites  en  devant;  II,  390.  —  Idem  de  la 


même  luxation  fuite  en  arrière;  H,  391. 

—  Prineipes  généraux  de  réduction;  H, 
392.  —  Manière  de  réduire  la  luxation  de 
la  cuisse  faite  en  dedans  ;  II ,  343,  394. 

—  Idem  celle  qui  est  faite  en  dehors;  II , 
395.  —  Idem  celles  qui  sont  faites  en  de¬ 
vant  et  en  arrière  ;  II ,  396. 

Hans  de  pockenbourg  ;  Int. ,  cxcviii ,  ccii. 

Hargne.  Etymologie ,  4,03. —  Espèces  diver¬ 
ses,  causes  et  signes,  404.  — Indices  delà 
rupture  du  péritoine,  curabilité ,  réduc¬ 
tion  des  hargnes  des  enfants,  405.  —  Au¬ 
tres  moyens  ,  407.  —  Régime  après  la 
réduction  ,  409.  —  Opération  de  la  hernie 
étranglée,  410.— Diverses  manières  de  faire 
le  point  doré,  411 , 412, 413. —Causes, 
signes  et  traitement  de  la  hargne  zirbale, 
4l4.  —  Idem  de  la  hargne  aqueuse,  415. 
—  Idem  de  la  hargne  venteuse ,  4l6.  — 
Idem  de  la  hargne  charneuse  et  de  la  har¬ 
gne  variqueuse,  illi-^Idem  delà  hargne 
humorale  ,  4l8.  —  Hargne  des  petits  en¬ 
fants  ;  causes ,  signes .  engouement ,  trai¬ 
tement;  H,  796.  Voyez  Hernies. 

Harmonie.  Ce  que  c’est  que  l’harmonie  des 
os;  314, 316. 

Harpies.  Ce  que  c’est;  III ,  36. 

Harqüebüses.  Etymologie;  II,  121 ,  123.. — 
Sur  la  non  vénénosité  des  plaies  d’harque- 
buse;  II,  128,  131 ,  181.  —  Division  des 
plaies  faites  par  harquebuses;  II,  143.  — 
Signes  ;  II ,  145,  —  Premier  pansement  ; 

II,  146.  —  Description  des  instruments 
propres  à  extraire  les  balles  et  autres 
corps  étrangers;  II,  147.  —  Manière  de 
panser  les  plaies  au  premier  appareil  après 
l’extraction  des  corps  étrangers  ;  II,  152. 
—  Comment  il  faut  traiter  lesdites  plaies 
après  le  premier  appareil  ;  II ,  157.  —  Ex¬ 
traction  des  corps  etrangers  oubliés  dans 
la  plaie;  inductions  tirées  de  l’essence  et 
de  la  cause  de  la  maladie;  II,  160.  — 
Des  temps  universels;  de  la  température, 
de  l’âge,  des  habitudes ,  de  la  force  du 
patient  ;  de  l’atmosphère  ;  II,  161 .—  De  la 
température  ,  de  la  dignité  et  de  lacolli- 
gance  des  parties  blessées  ;  des  affections 
concomitantes;  II,  162.— Suite  du  traite¬ 
ment  des  plaies  d'harquebuse;  II,  163.— 
Ad)ologie  touchant  les  plaies  d’harquebu¬ 
ses;  IL  172— Différences  des  plaies  faites 
par  flèches  et  de  celles  qui  sont  faites  par 
harquebuses;  II,  183.— Rectifications  re¬ 
latives  au  Traité  des  plaies  d  harquebuses  ; 

III,  XVI,  XVII. 

Havre-iie-Grace.  Voyage  d’A.  Paré  au  Ha- 
vre-de-Grâce;  III,  722. 

Hectique  (fièvre);  III,  no. 

Hei^ter.  im^scription  des  fanons  connus  de 

Helos.  Ce  que  c’est  ;  II,  418. 

Héméralopie.  Ce  que  c’est;  ir,  4i6. 
Hemitritée;  III,  161, 

Hémorrhagie.  Moyens  d’arrêter  Thémorrha- 
gie  des  plaies  :  440.  —  Moyens  de  répri- 
rner  1  hémorrhagie  trop  abondante  â  la 
suite  de  1  extraction  dé  la  pierre  ;  II,  493. 


ANALYTIQUE. 


835 


—  Prétendus  remèdes  contre  l’hémorrha¬ 
gie;  IH  ,  65.  —  Manière  de  provoquer 
l’hémorrhagie  nasale;  III ,  419.  —  Incon¬ 
vénients  de  la  cautérisation  dans  ie  trai¬ 
tement  des  hémorrhagies  à  la  suite  d’am¬ 
putation  ;  ÎII ,  680. 

Hemorrhoïbks.  Définition  ;  diverses  espèces; 

II ,  275.  —  Cure  ;  Il ,  276.  —  Hémorrhoï- 
des  résultant  de  la  présence  d’un  calcul 
dans  la  vessie  ;  II ,  462.  —  Hémorrhoides 
qui  naissent  au  col  de  la  matrice  ;  II,  785. 

—  Causes ,  symptômes  et  traitement  ;  II , 
586. —  Il  faut  se  garder  de  supprimer  les 
hémorrhoides  en  temps  de  peste  ;  III,  376. 

—  Manière  de  les  provoquer  et  de  les  ar¬ 
rêter;  III,  448, 

Henri  III,  Épîlre  dédicatoîre  à  Henri  III ,  1. 
Herbes.  Répercussives ,  III ,  535.  —  Attrac¬ 
tives  ;  III ,  536.  —  Résolutives  ;  III ,  537. 
Emollientes  ;  III ,  540.—  Détersives  ;  III , 
542.  —  Agglutinatives;  III,  546.  —  Pro¬ 
cédé  pour  extraire  l’essence  des  herbes  ; 

III ,  629.  —  Parties  diverses  des  herbes 
employées  en  médecine;  III ,  635. 

Hérédité.  Causes  héréditaires  des  luxations; 

II ,  350.  —  Incurabilité  des  gouttes  héré¬ 
ditaires  ;  III,  210 , 212  ,  213 , 219.  —  Hé- 
ré,dité  de  la  lèpre,  III,  272,279, 

Hérisson.  Manière  dont  il  échappe  à  scs  en¬ 
nemis  et  dont  il  fait  sa  provision  ,  III , 
745.  —Hérisson  de  mer;  III,  754. 
Hermaphrodite.  Participe  de  l’homme  et  de 
la  femme  ;  61.  —Monstre  hermaphrodite  ; 

III,  4.— Figure  d’un  hermaphrodite  à 
deux  têtes  ;  III ,  11.  —  Définition  de  l’her¬ 
maphrodisme  ;  III,  15. — Causes,  va¬ 
riétés,  obligations  imposées  par  les  lois 
aux  hermaphrodites  ;  indices  du  véritable 
sexe;  III,,  16.  —  Figure  de  deux  enfants 
jumeaux’  hermaphrodites  joints  par  le 
dos;  III,  17. 

Hermodacte.  Procédé  pour  extraire  l’essence 
de  l’hermodacte  ;  III ,  629. 

Hernies.  Traitement  dés  hernies ,  conseillé 
par  Arculanus;  Int.,  xci.— Espèces  de  her¬ 
nies  connues  par  Montagnaiia  ;  int.,  xciii. 

—  Par  Gatenaria  ;  Int.,  xcvii.  —  Procédés 
desNorsini  dans  le  traitement  des  hernies; 
Int.,  cm  ;  404.— Exemplesdeshernies  dia¬ 
phragmatiques;  11,95. — Hernie  du  cœur; 
II,  99.  —  Du  poumon  ;  II,  100.  —  Cas  re¬ 
marquable  de  hernie  du  cerveau  ;  II,  212. 

—  L’incision  des  hernies  pratiquée  par 
Gilbert,  l’anglais;  premières  notions  des 
hernies  delà  ligne  blanche  ;  III,  v.— Voyez 
Hargne. 

Herniers,  Ce  que  c’était  ;  Int.,  clxviu. 
Héron.  Présages  tirés  de  son  vol;  III,  739, 
756. 

Herpes.  Exedens  et  miliaris  ;  320.  —  Dé¬ 
finition,  variétés  et  traitement;  340.— 
Inefficacité  de  la  corne  de  licorne  contre 
l’herpes  miliaris  ;  III,  505. 

Hésiode.  Conseil  qu’il  donne  relativement 
à  la  génération  ;  II ,  639. 

Hétérooeautis.  Ce  que  c'est;  II,  419. 
HiÈDES.  Set  propriétéi  contre  la  goutte  ;  III, 
243. 


Hippocras d’eau;  III,  400, 

Hippocrate  ;  Int.,  xvni.— Cité  par  Garîopon- 
tus  ;  Int.,  XXI. —  Mis  à  contribution  dans 
le  livre  deTrotula;  Int.,  xxiv.  —  Com¬ 
mentaires  de  Galien  sur  ses  aphorismes; 
Int.,  XXV.— Ses  traités  traduits  par  Gérard 
de  Crémone;  Int., xxvii. — Ses  aphorismes 
cités  par  Brunus;  Int.,  xxxvi.—  Il  est  cité 
par  Lanfranc;  Int.,  xlvi. —  Rareté  de  ses 
livres  au  xiv«  siècle;  Int.,Lx. — Ses  traités 
de  chirurgie  sont  inconnus  pendant  tout 
le  XV'  siècle  ;  Int.,  cix. — Premières  éditions 
d’Hippocrate  et  de  ses  traductions;  Int., 
cxi.  —  Sa  naissance,  ses  travaux;  18. 
—  Usage  qu’il  fit  des  tableaux  d’Epidaure; 
19.  —  Honneurs  qui  lui  furent  rendus 
à  Abdère  et  à  Athènes;  21.  —  Comment 
il  fit  cesser  la  peste  d’Athènes;  III,  378.— 
Détails  biographiquessur  Hippocrate;  III, 
641.  —  Vers  sur  Hippocrate;  III,  642,  — 
Aphorismes  chirurgicaux  d’Hippocrate; 
III,  643. 

Hippopotame.  A  donné  l’idée  de  la  phlébo¬ 
tomie;  20;  III,  737. 

Hippos;  83  ;  II,  415. 

Hirondelles.  Nous  ont  appris  les  propriétés 
de  l’éclaire;  III,  736.  —  Présages  tirés  de 
leur  vol;  111,739. 

Histoire.  L’histoire  de  la  chirurgie  intime¬ 
ment  iiée  àcelle  de  l’esprit  humain  ;  Int., 

Hiver,  Tempérament  de  l’hiver  ;  38.  — 
Aliments  dont  il  faut  user  dans  cette  Sai¬ 
son;  69. 

Hocquet.  Causes  et  traitement  du  hocquet 
des  fiévreux;  III,  196.  —  Définition, cau¬ 
ses ,  pronostic  et  cure  du  hocquet;  Itl, 
446. 

Hommasses.  Ce  que  c’est;  II,  765. 

Homme.  Perfection  du  corps  de  l’homme; 
15.  — Supériorité  de  l’homme  sur  les  ani¬ 
maux;  III,  763.  —  Pourquoi  l’homme  ne 
présage  pas  les  changements  de  temps 
comme  les  animaux  ;  l’homme  est  le  chef- 
d’œuvre  de  Dieu  ;  III ,  766.  —  Aptitude  de 
l’homme  à  imiter  la  voix  de  tous  les  ani¬ 
maux  ;  III,  767,  768. — Empire  qu’il  exerce 
sur  eux  ;  III,  767, —  Aptitude  de  l’homme 
à  apprendre  toutes  les  langues;  principales 
facultés  de  son  âme  ;  III,  768. 

Homoeopathie.  On  retrouve  son  principe 
dans  Paracelse;  Int.,  ccxvin. 

Honain.  Est  cité  par  Lanfranc;  Int.,XLVi.— 
Traduction  provençale  de  ses  livres  ;  Int., 

LXIV. 

Honte.  Ses  effets;  78.  —  Théorie  de  la 
honte  ;  II,  661. 

Hordeolum.  Description  et  traitement  ;  II, 
422. 

Horreur.  Ce  que  c’est  ;  III,  123. 

Hotel-Dieu.  Esquisse  historique  de  l’Hôtel- 
Dieu;  Int.,  ccxxxi.  —  Séjour  d’A.  Paré  à 
l’Hôtel-Dieu;  10. 

Huile.  Huile  de  petits  chiens;  II,  189,  — 
Huile  d’œufs  pour  les  brûlures;  II,  206. 
—  Huiles  répercussives;  III,  535.  —  At¬ 
tractives;  ni,  536.  —  Résolutives;  UI, 


TABLE 


836 

638.  —  Suppuratives  ;  III ,  6i0.  —  Sar- 
cotiques  ;  III,  544.  —  Anodines  ;  III,  649. 
—  Acceptions  du  mot  huile  ;  huiles 
faites  par  expression,  par  décoction, 
par  macération;  III,  660.  —  Par  insola¬ 
tion,  par  résolution  ;  III,  561. — Utilité 
des  huiies;  III,  662.— Extraction  des  huiles 
par  expression ,  par  ébullition',  par  infu¬ 
sion  ;  manières  de  faire  l’huile  de  Laurin , 
l’huile  d’œuf;  III.  625.—  Manière  de 
faire  l’huile  d’hypérion  et  l’huile  de  mastic; 
III,  626.  —  Distillation  des  huiles;  III, 
626,  627,  637.  —  Caractères  et  vertus  des 
huiles;  111,627.  — Autre  procédé  pour  ex¬ 
traire  les  huiles  des  plantes  aromatiques  ; 
III,  629.—  Manières  d’extraire  l’huile  des 
bois ,  des  résines  et  des  gommes  ;  III,  63o, 
631.— Huile  de  résine  et  de  térébenthine; 
111,630.— Huile  de  cire, huile  de  myrrhe, 
III,  631.  —  Manière  de  faire  l’huile  de  vi¬ 
triol  ;  III ,  633. 

Huîtres.  Emploi  des  huîtres  dans  le  traite¬ 
ment  du  charbon  ;  III,  440. 

Hugues  de  Lucques.  Premier  chirurgien 
que  puisse  citer  avec  honneur  l’Europe 
moderne  ;  Int.,  xxxi. —  Injustement  criti¬ 
qué  par  Guy  de  Chauliac  ;  Int.,  xxxii.— 
Chef  de  l’école  de  Bologne  (xni'  siècle)  ; 

Int.,  XXXV. 

Humeurs.  Tempérament  des  humeurs  ;  im¬ 
portance  de  la  connaissance  des  humeurs; 
39.  —  Définition  ;  40  —  La  combinaison 
des  humeurs  forme  le  sang;  41.  —  Na¬ 
ture,  consistance,  couleur,  saveur  et  usage 
des  humeurs;  42.  — Quand  et  de  quoi 
elles  se  forment;  42,  43  ,  44.  —  Quand 
elles  se  meuvent;  44. — Humeurs  secondai¬ 
res;  humeurs  contre  nature;  4.6. —  Deux 
sortes  de  réplétions  d’humeurs;  73.  — 
Humeurs  contenues  dans  l’œil  :  humeur 
aqueuse,  239. — Humeur  cristalline;  240. 
—  Humeur  vitrée  ou  albugineuse;  241. 
—  Sur  l’humeur  des  jointures  II ,  118.  — 
Énuméralion  des  maladies  des  humeurs 
de  l’œil  ;  H,  418.  — Variétés  de  la  fièvre 
humorale;  111,93. —  Causes  de  la  corrup¬ 
tion  des  humeurs;  111,360. — Signes  indi¬ 
quant  que  la  peste  vient  de  la  corruption 
des  humeurs  ;  IIl ,  386.— La  peste  venant 
de  la  corruption  des  humeurs  est  la  moins 
contagieuse; III,  389. 

Humidité.  Propâé'ésde  l’humidité;  11,737. 
—  L’humidité  est  un  élémentde  putréfac¬ 
tion  ;  III,  103. 

Humorale  (Gè  re);  111,92,  160. 

HusPALiM.Descripiion  de  ce  monstre;  111,784. 

Hydatis.  Ce  que  c’est;  11,416,  422.— Trai¬ 
tement;  II,  423. 

Hydrocèle.  Traitement  de  l’hydrocèle  selon 
Arculanus  ;  Int.,  xci.  —  Définition  ;  341 , 
394,  404,  415,  II,  796.  —  Exemple  d’inci¬ 
sion  d’une  hydrocèle;  346.  —  Causes  et 
jsignes  de  l’hydrocèle;  415. —  Traitement; 
416.  • 

Hydrocéphale.  Définition  et  causes  de  l’hy¬ 
drocéphale;  376,  394;  11,679. —Signes  et 
traitement;  377. 


Hydromanohns  ;  Itl,  60. 

Hydropiiobie:  III,  306. 

Hyduopiiysocele.  Ce  que  c’est;  404. 

Hydropisie;  341.  —  Définition,  espèces  di¬ 
verses ,  causes  ;  394.  —  Symptômes,  cu¬ 
rabilité;  395.  —  Traitement  médical;  396. 
—  Paracentèse  ;  opinion  des  auteurs  sur 
cette  opération;  397. — Hydropisie  de  la  ma¬ 
trice  ;  II,  791 . —  Causes  et  traitement  ;  II, 
792. 

Hyène.  Son  antipathie  pour  la  panthère; 
lII,  761. 

Hygiène  ;  62. 

Hymen.  Si  cette  membrane  existe?  167.  — 
Sa  rareté;  H,  747,  748. —Opinion  des 
auteurs;  contradictions  des  matrones  à  ce 
sujet;  H,  748.  —  Section  de  la  membrane 
hymen;  H,  748,  750. 

Hyoïde.  Anatomie  de  l’os  hyoïde  ;  250. 

Hypéricon.  Manière  de  faire  l’huile  d’hypé- 
ricon;  III,  626. 

Hypkropsie.  Ce  que  c’est;  II,  414. 

Hypochondre.  Causes  diverses  et  remèdes  de 
la  tension  des  hypochondres;  111,206. 

Hypochyma.  Ce  que  c’est;  H,  418. 

Hypochysis.  Ce  que  c’est;  II,  419. 

Hypoglottides  ;  III,  550. 

Hypopion.  Définition;  H,  418,  433.  — Cau¬ 
ses,  traitement;  II,  433.  —  Confondu  par 
beaucoup  d’anciens  auteurs  avec  la  cata¬ 
racte;  II,  441. —  Ponction  des  membranes 
de  l’œil  dans  les  cas  d’hypopion;  III,  526. 

Hypospadias  ;  II,  460,  678. 

Hyposphagma. Ce  que  c’est;  H,  417. 

Hystanes.  Sa  lettre  à  Hippocrate  ;  HI,  641. 

Hystérie;  II,  751. 


Ibis  ;  a  donné  l’idée  des  clyslères  ;  20  ;  III , 
737. 

IcHOR.  Ce  que  c’est  ;  II,  244,  248. 

ICOLOPOMACHOERION  ;  390. 

Ictère  ;  83. 

If.  Ses  propriétés  vénéneuses,  et  remèdes; 
IH,  339. 

Iléon;  139;  II,  513. 

Illusions.  Exemples  de  plusieurs  illusions 
diaboliques;  III,  69, 

Imagination,  définition  ;  58;  II,  658.  — 
Exemples  divers  de  maladies  venant  de 
l’imagination  ;  98.  —  Où  réside  la  faculté 
imaginative;  215;  H,  659.  —  Puissance 
de  l’imagination  ;  II,  658.  —  Monstres  qui 
se  font  par  imagination  ;  III,  23. 

Immobilité.  Immobilité  absolue,  signe  de 
mortification  parfaite;  H,  220. 

iMPERFORATioN  de  la  Verge  et  de  l’anus  ;  II , 
461,678.  —  Des  oreilles,  du  nez,  delà 
bouche  ;  H,  678,  —  Du  col  de  la  matrice; 
H,  678,  750,  793. 

Imposteurs.  Des  diverses  espèces  d’impos¬ 
teurs;  101.  —  Devraient  être  chassés  des 
Etats  ;  103. 

Imprimerie.  Invention  de  l’imprimerie;  Int., 
ex. —  Son  influence  sur  l’étude  de  la  mé¬ 
decine  et  de  la  chirurgie;  Int.,  cxi. 


A^NXLTTIQUlî. 


iMPuisiAHci.  Impossibilité  de  constater  ju¬ 
diciairement  l’impuissance;  III,  668.  — 
Voy.  Siéi-iliié. 

Inanition  ;  73. 

Inappétence.  Cause  et  remède  de  l’inappé¬ 
tence  chez  les  fiévreux  ;  III ,  195. 
Incarna^tif.  Coliyre  incarnatif  pour  les  yeux; 

Incisiürs.  Ce  que  c’était  ;  Int.,  cxlvi,  clxix. 
Incision.  Précautions  à  prendre  dans  l’inci¬ 
sion  des  abcès  ;  334,  335,  336.  —  Incision 
ou  marque  du  crâne  ;  II,  13.  —  Espèces 
diverses;  II,  17.  —  Traitement;  II,  19. 
—  Emploi  des  incisions  dans  le  traitement 
de  la  gangrène;  Il ,  218. 

Incombustibilité  ;  lit ,  67.—  La  salamandre 
n’est  pas  incombustible  ;  III ,  318. 
Incontinence.  Cause  de  l’incontinence  d’u¬ 
rine  des  vieillards  ;  II ,  498, 

Incubes.  Ce  que  c’est  ;  III,  67.  —  Impossi¬ 
bilité  du  commerce  charnel  attribué  aux  ! 
incubes;  111,58.  — Ce  que  c’est,  suivant 
les  médecins  ;  causes  de  ce  mal ,  III,  66. 
—  Traitement;  III ,  67. 

Indications.  Ce  qu’entendent  par  ce  molles 
chirurgiens;  trois  espèces  générales  d’in¬ 
dications  ;  84.  —  Indications  résultant 
du  tempérament  général  ou  partiel;  85. 
—  De  l’âge,  do  sexe ,  de  la  saison,  des  cir¬ 
constances,  de  l’étal,  delà  manière  de  vivre; 
86.  —  Des  symptômes  ;  utilité  de  toutes 
ces  indications  ;  87.  —  Des  indications 
contraires  ;  89.  —  Indications  de  simili¬ 
tude  ;  90.  —  Table  des  indications  ;  92. 
Induration.  Signes  de  l’induration  des  tu¬ 
meurs;  323.  —  Terminaison  ordinaire  de 
l’œdème  ;  342. 

Inflammation.  Fièvre  symptomatique  ve¬ 
nant  d’inflammation;  III,  177. 

Influence  de  la  joie  sur  la  guérison  de  cer¬ 
taines  maladies  ;  98.  —  Des  convulsions 
sur  le  pronostic  des  plaies  ;  433.  —  Du 
tempérament  sur  la  production  de  la  peste; 
III,  388. 

INGRASSIAS.  Son  latrapologia  ;  Int.,  cxcvi. 
Injections  pour  les  ulcères  de  la  matrice  ;  II, 
267.  —  Contre  la  chaudepisse  ;  II ,  563 , 
564.  —  Injection  propre  dans  le  traitement 
des  carnosités  de  la  verge;  II,  570.— Pour 
cicatriser  les  ulcères  de  la  verge  après  l’a¬ 
blation  des  carnosités;II,  576.  — Pour  les 
suffocations  de  la  matrice  ;  II,  759. — Pour 
arrêter  le  flux  menstruel  excessif  ;  II,  774. 
— Contre  les  fleurs  blanches;  II,  778. 
Innocent  VI  s’attache  Guy  de  Chauliac; 
Int.,  Lxiv. 

INNOMINÉ.  Du  cartilage  innominé;  256. 
Inondations  ;  III,  794. 

Insectes.  Présages  de  peste  tirés  de  leur 
abondance;  III,  364.  —  Définition  du 
mot  insecte  ;  III ,  744. 

iNlENSiBiLiTÉ.  Insensibilité  absolue  signe  de 
mortification  complète;  II,  220. —  In¬ 
sensibilité  symptomatique  de  la  lèpre;  III, 
277. 

iNSKssioNS.Ce  que  c’est  ;  ingrédients,  usage, 
administration;  III,  595. 


837 

Insomnies  résultant  d’un  trouble  menstruel  ; 

II ,  784.— Insomnies,  diagnostic  de  fièvre  ; 

III,  81.— Remèdes  contre  l’insomnie;  III, 
187. 

Inspiration.  Ce  que  c’est;  187. 

Instinct  des  animaux;  III,  736,  739,740. 
Instruments.  Instruments  tranchants  en 
usage  aux  XV'  et  xvi'  siècles  ;  389. — Figure 
d’un  instrument  propre  à  presser  la  dure- 
mère;  II,  46. —  Instruments  propres  à 
extraire  les  balles  et  autres  corps  étran¬ 
gers;  II,  147.  —  Instruments  servant  A 
réduire  les  luxations  ;  II ,  355.  —  Figure 
d’instruments  pour  arracher  les  dents;  II, 
452.  —  Instruments  propres  à  extraire  la 
pierre  après  l’incision  de  la  verge  ;  II ,  475. 
—  Figure  d’un  instrument  propre  à  sup¬ 
pléer  à  l’absence  de  la  langue  ;  II ,  609.  — 
Récapitulation  des  instruments  de  chirur¬ 
gie  mentionnés  dans  l’ouvrage;  III,  639. 
Intempératüre  ;  80. 

Intermittentes  (fièvres)  ;  III,  95,  100,  101, 
104,  113, 114,  117,  138,  147,  153. 
Intestins.  Leur  substance  ;  138.  —  Leur 
quantité,  figure,  nombre;  139.  —  Leur 
situation,  leur  connexion;  140.  —  Leur 
tempérament,  action,  utilité  et  longueur; 
141.  — Instruction  pour  ôter  les  intestins; 
150.  —  Hargne  intestinale;  404.  —  Pro¬ 
nostic  des  plaies  des  intestins  grêles;  433. 
—  Suture  propre  aux  plaies  des  intestins  ; 
440.  —  Signes  et  pronostic  des  lésions  des 
intestins;  II,  105;  III,  654. —  Ponction 
des  intestins  gonflés  de  gaz.  Suture  et  ré¬ 
duction  des  intestins;  II,  107. —  Ulcères 
des  intestins;  II,  265.  —  Chute  et  réduc¬ 
tion  du  gros  intestin  ;  II,  794.  — Exemple 
de  pierre  engendrée  dans  les  Intestins  ; 
III,  32. — Des  vers  des  intestins;  III, 
264.  Voy.  Boyaux. 

Introduction.  Objet  et  division  de  l’intro¬ 
duction  de  cette  édition  ;  Int. ,  xi.  — 
Première  partie  :  Histoire  de  la  chirurgie 
en  Occident  du  vi'auxvi'  siècle  ;  Int.,  xv. 
—  Deuxième  partie  :  Delà  chirurgie  pen¬ 
dant  la  première  moitié  du  xvi'  siècle; 
Int.,  cLxxii.— Troisième  partie  :  Ambroise 
Paré;  Int.,  ccxxiv. 

Iris.  Description  de  l’iris  ;  238. 

Isaac.  Est  cité  par  Lanfranc  ;  Int,,  xlvi. 
IscHüRiE.  Caractères  et  traitement  de  l’is- 
churie  ;  III ,  202. 

IscHiAS  ;  III ,  209. 

Italie.  Origine  des  universités  et  des  Ecoles 
d’Italie  ;  Int.,  xxviii.— Règlements  relatifs 
à  renseignement  de  la  médecine  dans 
cette  contrée  ;  Int.,  xxx. — Déclin  des  uni¬ 
versités  italiennes  ;  Int.,  xlvii.  — Ce  que 
dit  Guy  de  Chauliac  des  chirurgiens  ita¬ 
liens;  Int.,  Lxvit.  —  Derniers  chirurgiens 
arabistes  en  Italie  ;  Int.,  lxiiu.— Elatdela 
chirurgie  en  Italie  au  xvt"  siècle;  Int., 

CCLXXXV. 

Ivoire;  HJ,  786. 


838 


TA.BLE 


J 

Jacob.  Sa  traduction  d’Abenzoar;  Int.,  i.x. 

Jacopo  de  Bertinoro,  prend  à  Bologne  le  titre 
de  maître  dés  1199  j  Int.,  xxix. 

Jacques  I«S  seigneur  de  Montpellier.  Son 
édit  relatif  à  la  Faculté;  Int.,  xxx. 

Jacques  de  Forli  ;  Int.,  Lxxxvi. 

Jalousie.  Son  Influence  sur  la  fièvre  ;  III,  86. 

Jambe.  Description  générale  de  la  jambe; 
288. —  Os  de  la  jambe;  299.  —  Muscles 
de  la  jambe-,  3ü0. — Plaies  des  jambes; 
II,  110.  — Exemple  d’amputation  de  la 
jambe;  II,  221.  —  Préceptes  pour  l’am¬ 
putation  de  la  jambe;  II,  222.— Pronostic 
des  fractures  des  os  des  jambes;  II.  299. 
— Fractures  de  la  jambe;  II,  328.— Figure 
d’une  jambe  rompue  avec  plaie;  II,  332. 
—  Figures  de  jambes  artificielles  ;  II,  619. 
—Figure  d’une  jambe  de  bols  pour  les 
pauvres;  II,  620. — Moyen  de  remédier 
au  défaut  d’une  jambe  trop  courte  ;  II, 
621.  —  Figure  d’un  enfant  ayant  quatre 
jambes ,  deux  bras  et  deux  têtes  ;  III,  8. 
— Figure  d’un  monstre,  ayant  quatre 
jambes  et  quatre  bras;  III,  12. — ^Figure 
d’un  cochon  ayant  huit  jambes  ;  III,  13. — 
Figure  d’un  monstre  sans  jambes  ;  111,21, 
—Simulation  d’un  ulcère  à  la  jambe;  III, 
47. —Douleur  des  jambes  des  fébrici¬ 
tants;  III,  186. 

Jamerius  ,  chirurgien  dq  xiii'  siècle  ;  Int. , 
XXXV. 

Jakgon  des  mendiants  ;  III,  49. 

Jarrets,  Brûlures  des  jarrets  ;  II,  208, 

Jaunisse.  Causes,  caractères  et  traitement  de 
la  jaunisse ,  symptôme  de  fièvre  ;  III,  104. 
—  Simulation  de  la  jaunisse  ;  III ,  49.  — 
Amulette  contre  la  jaunisse  ;  III ,  64. 

Jean.  Son  édi  t  sur  l’exercice  de  la  chirurgie  ; 
Int. ,  cxxvi. 

Jean  DE  Campanie.  Sa  traduction  d’Abenzoar  ; 

Int. ,  Lx. 

Jean  Dondi.  Lettre  que  lui  adresse  Pétrarque  j 
Int. ,  XLvm, 

Jean  de  Luxembourg.  Détails  sur  ce  roi  de 
Bohême;  Int. ,  lxii. 

Jean  ,  fils  de  Mésué.  Est  cité  par  Lanfranc  ; 
Int. ,  xLvi, 

Jean  de  Parme,  reçoit  le  premier,  à  Bologne, 
des  émoluments  du  trésor  public  en  1308  : 
Int.,  XXIX. 

Jean  des  Romains  ;  Int, ,  cvi. 

Jean  de  Saint-Paul.  Est  cité  par  Lanfranc  ; 
Int. ,  xLvi;  III,  V. 

Jean  de  Troyes.  Aperçu  historique  sur  ce 
chirurgien  ;  Int. ,  cxlii. 

Jean  (St.).  Mal  St -Jean  ;  II ,  80.  —  Simula¬ 
tion  du  mal  St-Jean  ;  III ,  52. 

Jectigation.  Causes  et  traitement  de  ce 
symptôme  des  fièvres;  III,  190. 

Jéjunum;  139. 

JÉRÔME  DE  Brunswick.  Son  époque  ;  Int. , 
ccn.  —  Son  livre;  idée  qu’en  donnent 
Haller  et  Sprengel  ;  Int. ,  cciii. 

Jeunesse.  Quel  est  le  tempérament  de  cet 
Jge  ;  36. 


Joie.  Ses  effets,  76.  —  Influença  de  la  joie 
sur  la  guérison  de  certaines  maladies,  98. 
—  Théorie  de  la  joie  ;  II ,  661. 

JOINTURES.  Pronostic,  des  plaies  des  jointures, 
433  ;  II ,  117.  —  Traitement;  II ,  117.  — 
Danger  de  trop  serrer  les  jointures  ;  II , 
293.  — Pronostic  des  fractures  des  join¬ 
tures;  II,  299.  —  Dangers  des  fractures 
faites  près  des  jointures  j  II ,  326.  —  Gra¬ 
vité  des  maladies  des  jointures  ;  III,  219. 
—  Remèdes  pour  fortifier  les  jointures  des 
goutteux  ;  IIl ,  231 ,  246.  —  Douleurs  des 
jointures  faites  d’intempérature  sans  ma¬ 
tière  ;  III,  246.  —  Des  noeuds  qui  viennent 
aux  jointures  des  goutteux  et  de  leur  cu¬ 
ration  ;  III,  247. 

Jordan  ;  Int. ,  cccxxxv. 

JouBERT.  Hommage  par  lui  rendu  à  A.  Paré; 
Int.,  ccLxxv.  —  Certificats  de  matrones 
extraits  de  son  traité  des  Erreurs  popu¬ 
laires  ;  III,  666. 

Joue.  Pronostic  des  plaies  des  joues ,  433. — 
Plaies  des  joues  ;  II,  82.  —  Danger  de  trop 
serrer  les  plaies  des  joues  ;  II,  292. 

JouMALiÈRE  (Fièvre)  :  III,  88. 

Juifs,  Brillent  dans  la  culture  de  la  méde¬ 
cine  ;  Commencent  à  se  répandre  en  Eu¬ 
rope  avant  les  croisades;  Int.,  xix. — 
Leur  influence  sur  i’état  de  la  médecine 
en  Allemagne  au  xv*  siècle  ;  Int, ,  cc. 
—Accusation  portée  contre  eux  lors  de  la 
peste  de  1348  ;  III,  461.  —  Procédés  d’em¬ 
baumement  des  Juifs;  III,  476,671. 

JuLEPS  pour  le  spasme  ;  445.  —  Pour  les  pes¬ 
tiférés;  III ,  401. 

Jumeaux.  Figures  de  deux  filles  jumelles 
unies  par  les  parties  postérieures;  III,  6. 
—Figure  de  deux  jumeaux  n’ayant  qu’une 
seule  tête;  III,  9.  — Figure  de  deux  filles 
jumelles  unies  par  le  front,  et  de  deux 
jumeaux,  mâle  et  femelle  ,  joints  par  les 
parties  inférieures;  III ,  10.  —  Figure  de 
deux  filles  jointes  par  les  parties  anté¬ 
rieures;  III,  11.  —  Figure  de  deux  ju¬ 
meaux  n’ayant  qu’un  seul  sexe  ;  III,  13. — 
Figure  de  deux  enfants  jumeaux  herma¬ 
phrodites  joints  par  le  dos  ;  III,  17. 

Juridiction.  Ce  que  c’était  que  le  droit  de 
juridiction;  Int.,  cxxxii. 

Jus  répercussifs  ;  III,  634.  —  Résolutifs  ;  III, 
638.  — Agglutinatifs;  III,  646, 

JpsQuiAME,  Ses  propriétés  vénéneuses ,  et 
contre-poisons;  III,  335. 

L 

Lacs.  Diverses  espèces  de  lacs  ;  II ,  292. 

Lacuna.  Savant  chirurgien  espagnol;  II,  574. 

Ladres  blancs  ;  III,  351. 

La  Fére.  Voyage  d’A.  Paré  à  La  Fère ,  après 
la  bataille  de  Saint-Quentin;  III ,  721, 

Lagophthalmie,  82.— Définition,  82  ;  II,  416, 
421.  —  Causes  et  traitement,  75,  421.— 
Pronostic ,  421. 

Laideur.  Répugnance  des  enfants  pour  ce 
qui  est  laid;  II,  687. 

Lait.  Emploi  du  lait  de  femme  dans  le 


ANA.LVTIQUE.  83o 


traitement  de  l’ophthalmle  ;  il  ,  77.  _ 
Dans  celui  des  plaies  de  poitrine  Ilj 
103.  Dans  celui  des  lièvres  hectiques  ! 
III  ;  173.—  Evacuation  du  lait  des  nou¬ 
velles  accouchées  par  la  matrice;  11,602. 
—  Inlluence  de  la  qualité  du  lait  sur 
la  santé  du  nourrisson  ;  II ,  685.  —  In¬ 
fluence  fâcheuse  du  colt  sur  le  lait  des 
nourrices;  II,  686.  —  Influence  du  lait 
sur  lecaractère  du  nourrisson;  II,  686,  687. 
—Qualités  du  lait  d'une  bonne  nourrice; 

II,  688.  —  Influence  du  sexe  de  l’enfant 
sur  la  qualité  du  lait;  II ,  689.  —  Moyens 
do  détourner  le  lait;  II  ,  709.  —  Il  y  a 
des  vierges  et  même  des  hommes  qui  ont 
du  lait  ;  II ,  771  ;  III,  667.  —  Le  lait  des 
nourrices  médicamentées  devient  médi¬ 
camenteux  ;  III ,  259.  —  Influence  de 
l’alimentation  sur  les  qualités  du  lait  ;  III , 
288 , 455. 

Lait  virginal.  Manière  de  distiller  le  lajt 
virginal;  III,  625. 

Lame  de  myrte ,  389. 

Lamie.  Description  ,  mœurs ,  usage  qu’on 
fait  de  ses  dents  ;  III ,  777. 

Lamproie.  Sollicitude  de  la  lamproie  pour 
ses  petits;  III ,  749.— Educabilité  des  lam¬ 
proies;  III,  750. 

Lancette.  Description  et  figure  de  la  lan¬ 
cette  à  jeton  et  à  anneau,  333,  334,  338. — 
Figure  d’une  lancette  courbée  pour  les  am¬ 
putations  ;  II ,  223, —  Figure  d’une  lancette 
pour  faire  les  saignées;  II,  522.  —  Figure 
d’une  lancette  propre  à  faire  des  scarifi¬ 
cations;  II  ,  623. 

Landré.  Son  opinion  sur  la  corne  de  licorne  ; 

III,  507, 

Lahdrecies.  Voyage  d’A.Paré  à  Landrecies  ; 
III ,  695. 

Lanfranc.  Véritable  créateur  de  la  chirurgie 
en  France  ;  ses  rapports  avec  Guillaume 
de  Salicet;  Int. ,  xliv.— Son  exil;  vient  à 

P  Lyon,  puis  à  Paris;  écrit  sa  Petite  et  sa 
IGrande  Chirurgie  ;  Int.,  XLv.  —  Ses  em¬ 
prunts,  son  érudition  ;  la  chirurgie  dé¬ 
cline  entre  ses  mains  ;  Int.,  xlvi.' —  Dote 
la  Faculté  de  Paris  d’un  large  enseigne¬ 
ment  chirurgical  ;  Int. ,  lix.  —  Moyens 
indiqués  par  lui  pour  allonger  le  mame¬ 
lon  ;  II ,  693. 

Langage.  Nécessité  d’un  langage  universel  ; 
III,  759. 

Lange.  Ce  qu’il  dit  de  i’état  de  la  chirurgie 
allemande;  Int.,  cxcviii.  —  Ce  qu’il  dit 
des  chirurgiens  de  son  siècle; Int,,  cxoïx. 
—  Détails  biographiques  ;  ce  qu’il  a  écrit 
sur  les  plaies  d’armes  à  feu  ;  Int.,  cclv, — 
Histoire  de  sorcellerie  rapportée  par  lui  ; 
III ,  60, 

Langue.  Anatomie  de  la  langue  ,  252.  — 
Traitement  des  plaies  de  la  langue;  II, 
88.  —  Ulcères  de  la  langue  ;  II ,  262.  — 
Causes  naturelles  et  accidentelles  de  la 
rétraction  de  la  langue,  opération  ;  II , 
465.  —  Moyen  de  suppléer  h  l’absence  de 
la  langue  ;  II ,  608.  —  Exemple  de  pierre 
engendrée  sous  la  langue;  III,  32.—  Cau¬ 


ses  de  la  sécheresse,  noirceur  et  âpreté  de 
la  langue  des  fiévreux  ,  remède  contre  ces 
accidents  ;  III ,  205.  —  Etat  de  la  langue 
chez  les  lépreux;  III ,  276. 

Languette  ,  267. 

Lapins.  Ont  appris  aux  hommes  à  faire  des 
mines  ;  III ,  752. 

La  Rivière  (Etienne  de).  Son  procès  ayec 
Charles  Etienne;  son  livre;  Int. ,  ccxli. 

Larrey  (M.).  Dernier  défenseur  des  fanons  en 
France  ;  II ,  290. 

Larynx.  Sa  part  dans  la  formation  de  la  voix, 
186.  —  Anatomie  du  larynx,  265. 

Lassus.  Ses  recherches  pour  découvrir  les 
descendants  d’Ambroise  Paré;  III,  xi. 

Laurin.  Manière  de  faire  l’huile  de  laurin  ; 
III ,  625. 

Lavauguyon.  Son  silence  sur  les  fanons  ;  II , 
289. 

Lazare  de  Padoue.  Brunus  lui  dédie  l'Abrégé 
de  sa  chirurgie  ;  Int. ,  xxxvi. 

Lefèvre  (François).  Sa  traduction  des  livres 
d’Hippocrate;  Int.,  cclxv. 

Lenticulaire.  Figure  d’un  instrument  len¬ 
ticulaire  pour  aplanir  les  aspérités  des  os 
du  crâne  ;  II ,  58. 

Lenticules.  Ce  que  c’est;  III,  423. 

Leonina,  82;  III,  275.  Voyez  Lèpre. 

Lepaulmier.  Son  livre  sur  les  plaies  d’armes 
à  feu  ;  son  pamphlet  contre  A.  Paré  ;Int., 

CCLXXVI. 

Lèpre.  320.  —  Simulation  de  la  lèpre  ;  III, 
47.— Nom  donné  à  la  lèpre  par  les  anciens, 
définition  tirée  des  auteurs  ;  III ,  271.  — 
Causes  et  contagiosité  de  la  lèpre;  III, 
272.  —  Signes  des  prédispositions  et  des 
différentes  périodes;  III,  274  à  278.  — 
Pronostic; III,  279.— Nécessité  de  séques¬ 
trer  les  lépreux;  111,280.^ — Traitement  pré¬ 
ventif;  111,281. — Lèpredes  Grecs;  III,  282. 
—Rapports  sur  des  cas  de  lèpre  ;  III ,  669. 

Léthargie,  Maladie  propre  du  cerveau ,  212. 

Leucoma.  Ce  que  c’est;  II ,  419. 

Leucophlegmatie.  Ce  que  c'est,  394.  Voyez 
Pâles  couleurs, 

Lèvres.  Muscles  des  lèvres  ,  244.  —  Suture 
propre  aux  plaies  des  lèvres ,  440  ;  H  ,  84. 
—  Brûlures  des  lèvres ,  II ,  208.  —  Dan¬ 
ger  de  trop  serrer  les  plaies  des  lèvres;  II, 
292, — Moyen  de  dissimuler  l’ablation  des 
lèvres  ;  Il ,  6i0.  —  Etat  des  lèvres  chez 
les  lépreux;  111,276. 

Lézard.  Remède  contre  la  morsure  du  lé¬ 
zard;  11,205.  —  Amitié  du  lézard  vert 
pour  l’homme  ;  III ,  760. 

Liberté  de  l’enseignement  médical  jusqu’au 
xiiu  siècle  ;  Int.  xxix.  —  Influence  de  la 
liberté  sur  les  progrès  de  la  chirurgie  en 
Allemagne  ;  Int.  ccii. 

Libraires.  On  commence  â  en  trouver  dans 
certaines  grandes  universités  au  xiii*  siè¬ 
cle  ;  Int,  XLiii. 

Licencié.  Ce  que  c’était  que  ce  grade  ;  Int. 
cxxxii. 

Lichen  ;  II ,  533. 

Licorne.  Origine  du  discours  sur  la  licorne  ; 
Opinions  diverses  sur  l’existence ,  le  pays. 


TAILI 


84o 

la  figure  et  les  tnœursde  cel  animal  ;  111 , 
470 ,  et  493  à  497.  —  Fausseté  des  vertus 
attribuées  à  la  corne  de  licorne  ;  III  j  471, 
472.  _  Prix  énorme  de  cette  corne  ;  III , 
471-,  606.  —  Doutes  sur  l’existence  de 
la  licorne;  III,  492.  —  Opinions  dif¬ 
férentes  des  auteurs  sur  la  forme  et  la 
couleur  de  la  corne  de  licorne  ;  III,  493  , 
494,  495 , 496  ,  497.  —  Vertus  attribuées 
à  la  corne  de  licorne  ;  III ,  494 ,  495 ,  498. 
—  Contradictions  des  auteurs  sur  le  natu¬ 
rel  de  la  licorne  ;  III ,  498.  —  Lieux  où 
l’on  garde  des  cornes  de  licorne  ;  III ,  499. 

Preuves  de  la  fausseté  des  vertus  attri¬ 
buées  à  la  corne  de  licorne,  résultant 
d’expériences  ;  III ,  505.  —  Preuves  tirées 
des  écrits  des  anciens  et  des  modernes  ; 
111 ,  607.  —  Preuves  tirées  du  raisonne- 
'  ment  ;  III ,  509. 

Lier  ;  II.  Voyez  Arrière-faix. 

Liège.  Propriétés  des  eaux  de  Liège;  III,  598. 
Liens.  Diverses  espèces  de  liens  ;  II .  292. 
Lienterie.  Causes  et  symptômes  du  flux 
lientérique  ;  III ,  449. 

Lierre.  Par  qui  a  été  enseignée  son  utilité; 
19. 

Lièvre.  Effets  du  venin  du  lièvre  marin  , 
et  remèdes  ;  III ,  :<33.  —  Sollicitude  du 
lièvre  pour  ses  petits;  III,  745. — Son 
antipathie  pour  le  chien  ;  III ,  760. 
Ligaments.  Constitution  des  ligaments ,  34. 
—  Définition  ;  127,  261.  —  Diverses  ac¬ 
ceptions  du  mot  ;  261.  —  Plaies  des  liga¬ 
ments  ;  II ,  120.  —  Signes  de  l’extension 
des  ligaments  ;  II ,  351. 

Ligatures.  Précautions  préalables  ;  cas'  où 
il  faut  y  recourir  ;  436.  —  Trois  sortes  de 
ligatures  :  glutinative  ou  incarnative  ,  ex- 
.  pulsive,  retentrice;  437.  — Ligature  des 
artères  ;  II ,  8.  —  Ligature  des  plaies 
envenimées  ;  II  192.  —  Fortes  ligatures , 
causes  de  gangrène  ;  II ,  212.  —  Signes  de 
cette  gangrène  ;  II ,  216.  —  Application 
de  la  ligature  aux  vaisseaux  ouverts  dans 
les  amputations  ;  441  ;  II,  224,  226.— Uti¬ 
lité  des  ligatures  dans  les  amputations  ; 
II,  222,  285,  286.— Ligature  des  dents;  II, 
307.  —  Ligatures  pour  les  luxations  ;  II , 
356.  —  Pour  les  luxations  de  l’épaule  ;  II, 
370.  —  Ligature  prescrite  par  Marianus 
pour  l’opération  de  la  taille  ;  II ,  479.  — 
Ligature  du  cordon  ombilical  ;  II ,  677.— 
Ligature  magique  ;  II .  733.  —  Ligature 
des  verrues  de  la  matrice;  II ,  788.  —  Fi¬ 
gure  d’un  instrument  propre  à  la  faire  ; 
11,789.  —  Autorités  en  faveur  de  la  bonté 
de  la  ligature  des  veines  et  artères  ;  III , 
678.  —  Raisonnements  ;  III ,  680.  —  Ex¬ 
périences  ;  III ,  681. 

Ligne  blanche  ;  133.— Premières  notions  des 
hernies  de  la  ligne  hianche  ;  III,  v. 
Limaçons.  Leur  emploi  dans  le  traitement 
des  hernies  ;  407.  —  Emploi  de  l’écume 
de  limaçons  dans  la  réduction  du  gros 
boyau  culier;  419.  —  Utilité  des  lima¬ 
çons  dans  le  traitement  de  la  fièvre  hec¬ 
tique  ;  III ,  1 76.—  Dans  celui  de  la  goutte  ; 


III  ;  242.  —  Dans  celui  des  charbons  ;  III, 
440.  —  Limaçon  de  la  mer  Sarmatique  ; 
III  ,  774. 

Limes.  Figures  de  limes  à  limer  les  dents  ; 
II,  450. 

Liniments  pour  le  phlegmon  ,  330.  —  Pour 
l’érysipèle  ;  339.  —  Pour  les  tumeurs 
aqueuses  et  venteuses  ;  346.  —  Pour  les 
écrouelles  ;  354.  —  Pour  les  chancres  , 
366,  367.  —  Pour  les  tumeurs  de  l’oreille, 
380.  —  Pour  l’hydropisie  ;  396.  —  Pour  le 
spasme  ;  445.  —  Pour  les  paralysies  ;  448 , 
449.  —  Pour  les  plaies  de  la  tête  ;  II ,  45. 
—  Pour  les  plaies  par  harquebuses  ;  II , 
156.  —  Pour  les  grandes  contusions;  II , 

1 96  ;  III ,  485.—  Pour  les  plaies  résultant 
d’amputation  ;  II,  231,234.  —  Pour  amol¬ 
lir  le  cal  difforme  ;  II ,  345. —  Pour  les  co¬ 
liques  venteuses;  II,  517.  —  Liniment 
mercuriel  de  Vigo  ;  II ,  542.  —  Liniment 
pour  les  caruosités  de  la  verge  ;  II ,  567. 
— Pour  les  dartres  ;  II ,  598.  — Pour  faci¬ 
liter  l’accouchement  ;  II ,  675. —  Pour  dé¬ 
tourner  le  lait  des  mamelles  ;  II ,  709.  — 
Pour  la  goutle  de  matière  chaude;  III  , 
239,  240.  —  Contre  la  goutte  provenant 
d’humepr  cholérique  ;  III ,  24 1 .  —  Contre 
les  ventosités  qui  accompagnent  les  dou¬ 
leurs  arthritiques;  III,  249.  —  Pour  effa¬ 
cer  les  cicairices  de  la  petite-vérole  ;  III , 
263.  —  Pour  détruire  les  cirqns ,  poux  et 
morpions  ;  III,  271.  —  Linlrhent  résolutif 
des  buhons  pestilentiels  ;  III,  427.  —  Li¬ 
niment  escarotique  ;  III ,  4.33.  —  Liniment 
pour  effacer  les  cicatrices  ;  III,  443.—  Dé¬ 
finition  des  liniments  ,  usage  .  qualités 
diverses  ,  ingrédients  ;  formules  de  linl- 
ments  échauffant,  alténuatit  et  digérant  ; 
humectant  et  rémollitif  ;  III ,  562.  —  Par¬ 
ties  où  ils  s’appliquent;  III,  563.  —  Linl- 
rnent  pour  tenir  le  teint  frais  ;III ,  604. 
Linotte.  Son  antipathie  pour  le  Bruant;  III, 
761. 

Lion.  Lion  engendré  d’une  brehis  ;  III ,  45.— 
Crainte  que  la  licorne  inspire  au  lion  ;  III, 
498.  — Jalousie  du  lion;  III,  746.—  Soin 
qu’il  prend  de  ses  griffes  ;  III,  761.— Effroi 
que  lui  inspire  le  coq;  III,  751,  752,  760. 
—  Lion  marin  Couvert  d’écailles  ;  lion  ma¬ 
ri  n  ayant  figure  humaine;  III,  771. 
Lippitude.  Définition,  pronostic  et  traite¬ 
ment  de  cette  maladie;  II,  425. 
Lipothymie.  Cause  de  la  lipothymie  des  fié¬ 
vreux;  III,  199. —  Traitement;  III,  200. 
Liqueur  pour  préserver  des  rides  le  ventre 
des  nouvelles  accouchées  ;  II,  708. 
Lisfranc  (M.).  Son  interprétation  de  la  doc¬ 
trine  d’A.  Paré  sur  les  anévrismes  ;  372. 
Litharge.  Son  action  sur  l’économie  hu¬ 
maine,  et  contre-poison  ;  III ,  342. 
Lithiasis.  Ce  que  c’est;  II,  416. 
Lithotüme.  Figure  d’un  lithotome  à  tran- 

I  chant  concave  ;  II ,  188. 

Lithotritie.  Premier  exemple  de  la  litho- 
tritie  pratiquée  avec  succès;  Int.,  exiv. — 
Mentionnée  par  Benedetti;  Int.,  cxctij 
II,  477. 


Alfi  LYTIQUE, 

Livre.  Mesure  employée  en  pharmacie;  lii, 

Livkes.  Leur  rarelé  et  leur  cherté  au  xiu»  siè¬ 
cle;  iiu.  ,  xtiii,  —  Défense  une  fait  l’uni- 

inlligcaient;  Int.,  xvii.  —  Obligations 
qu  elles  imposent  aux  hermaphrodiies;  III, 

Lombards.  Dispositions  de  leur  code  re'ati- 
ves  aux  médecins;  Int ,  xvii. 

Lombes.  Nerfs  des  lombes  ;  292.  —  Pronostic 


841 


n  *  vertèbres  des  lombes  ; 

Long.  Du  muscle  long;  264. 

Lotions  pour  la  gangrène  ;  II ,  219.  —  Pour 
les  plaies  cautérisées;  U,  235. 

Loup.  Espèce  de  chancre;  364.  —  OEil  de 
loup;  II,  419.--  Espèce  d’araignée;  III, 
326.  —  Antipathie  du  loup  pour  riiomme; 
III,  760.  —  Les  loups  ont  appris  aux  hom¬ 
mes  à  faire  des  embuscades  ;  III ,  752. 

Loup-garou  ;  82. 

Loupes.  Ce  que  c’est;  341  ,  349.  — Causes  . 
signes,  résolution,  incision,  eitirpaiion; 
350.—  Exemples  d’opérations?  351 .—  His¬ 
toire  d’une  loupe  remplie  de  poils;  III,  41. 

Luette.  Description  de  la  luette;  255. 

Lumière.  Horreur  des  hydrophobes  pour  la 
lumière  ;  III,  307. 

Lune.  Influence  de  la  lune  sur  la  menstrua¬ 
tion  ;  II,  762. —Sur  la  production  de  la 
peste;  III,  367.  —  Sur  l’économie  ani¬ 
male  en  général  ;  III,  390.  —  Présages  des 
changements  atmosphériques  tirés  de  l’as¬ 
pect  de  la  lune  ;  III,  739. 

Luxations.  Leurtraitement  en  Allemagne  au 
XV'  siècle;  Int.,  cci.  —  Causes  de  gan¬ 
grène  ;  II ,  212.  —  Signes  de  cette  gan¬ 
grène  ;  II,  216,  —  Des  bandages  des  luxa¬ 
tions  ;  II,  280.  —  Comment  doivent  être 
faits  les  bandages  des  luxations  ;  II ,  281. 

—  Procédé  de  réduction  des  luxations  ;  II, 
301.  —  Déflnition  du  mot  luxation;  diver¬ 
ses  espèces  de  luxations;  II,  348.  —  Dif¬ 
férence  des  luxations;  causes  internes  et 
externes;  II,  349.  —  Causes  héréditaires; 
II ,  350.  —  Signes  généraux  des  luxations  ; 
pronostic  ;  les  luxations  sont  plus  fréquen¬ 
tes  chez  les  hommes  maigres  que  chez  les 
hommes  gras;  II,  351. —  Traitement  des 
luxations  accompagnées  de  fracture  et  de 
plaie  ;  cure  générale  ;  II ,  353.  —  l",  2',  3' 
et  4'  intentions;  II,  354.  —  5'  intention, 
traitement  particulier  des  luxations  invé¬ 
térées;  II,  355. — Luxationsde  la  mâchoire 
inférieure  ;  Il ,  357.  —  De  l’os  claviculaire 
ou  jugulaire  ;  variétés  ;  réduction  ;  II,  359. 

—  Difficulté  de  reconnaître  cette  luxation  ; 
luxations  de  l’épine  dorsale;  II,  360.— 
De  la  tête  avec  la  première  vertèbre  du 
col  ;  luxation  des  autres  vertèbres  du  col  ; 
Il ,  361.  — Des  vertèbres  du  dos;  U,  362.— 
De  l’épine  dorsale  ;  II ,  363.  —  Des  vertè¬ 
bres  résultant  d«  cause  interne  ;  II ,  364. 


—  Pronostic  de  ces  luxations;  II ,  365.  — 
Luxations  du  coccyx  ;  II ,  366.  —  Des  cô- 
‘es  ;  II,  367.  —  De  l’épaule  ;  II,  368.  —  Ma¬ 
niérés  de  les  réduire  ;  II ,  369  à  379.  Du 
coude  ;  de  combien  de  manières  le  coude 
peut  SP,  luxer;  rareté  de  ces  luxations  ; 
pronostic;  difficulté  de  leur  réduction; 
Il ,  380.  — Causes  et  symptômes  des  luxa¬ 
tions  du  coude  ;  II,  381.— Manière  de 
réduire  les  diverses  taxations  du  coude;  II, 
382,  383,  384.  —  Luxations  de  l’apophyse 
styloïde  ;  11  ,  384. — Luxation  isolée  du 
radius;  II,  385.  —  Luxation  du  poignet; 
II ,  385.  —  Des  os  du  carpe,  du  métacarpe 
et  des  doigts  ;  II ,  386.  —  De  la  hanche  : 
de  combien  de  manières  elles  se  font;  ne 
peuvent  être  Incomplètes  ;  symptômes  des 
luxations  en  dedans  ;  pronostic  général  ; 
II ,  387.  —  Pronostic  de  chacune  des  luxa¬ 
tions  de  la  hanche  en  particulier;  II, 
389.  —  Signes  des  luxations  de  la  hanche 
en  dehors  et  en  dedans  ;  II ,  390.  —  Idem, 
de  la  même  luxation  faite  en  arrière  ;  II , 
391.  —  Principes  généraux  de  réduction  ; 
II,  392.  —  Manière  de  réduire  les  luxa¬ 
tionsde  la  cuisse  faites  en  dedans;  II, 
393,  394,  395.  —  Idem,  celles  qui  sont 
faites  en  devant  et  en  arrière;  II,  396. 

—  Luxations  diverses  de  la  rotule  ; 
II,  396. — Réduction  de  ces  luxations; 
II ,  397.  —  Causes  et  signes  des  luxa¬ 
tions  du  genou  ;  réduction  de  celle  faite 
en  arrière;  II,  397. — Idem,  de  la  luxa¬ 
tion  faite  en  devant;  II,  398. — Luxa¬ 
tion  et  disjonction  du  péroné;  II,  398. — 
Luxation  du  grand  focile  ;  II ,  399.  —  Du 
talon  ;  II ,  399. —  Des  os  du  tarse,  du  pe- 
diurn  ,  de  la  plante  du  pied  ,  des  orteils  , 
de  l’os  astragale;  complications  et  acci¬ 
dents  qui  peuvent  survenir  à  la  partie 
luxée;  II,  401. —  Les  luxations  intérieures 
des  vertèbres  lombaires  peuvent  causer 
des  rétentions  d’urine;  II,  504.Voyez  aux 
Observations. 

Lycosthènes.  Emprunts  que  lui  a  faits 
A.  Paré;  III,  2. 

Lypirie;  III ,  60,  143  ,  146, 


Macer,  écrivain  du  ix*  ou  x'  siècle;  Int. , 

XXI. 

Machaon.  Considéré  par  les  anciens  comme 
inventeur  de  la  chirurgie  ,  18. 

Mâchoire.  Muscles  de  la  mâchoire  inférieure, 
245.  —  Fracture  de  la  mâchoire  inférieure, 
réduction  ;  II,  307.  —  Luxations  de  la  m⬠
choire  inférieure ,  signes  et  pronbstic;  II, 
357.  —  Manière  de  réduire  la  mâchoire 
luxée  en  la  partie  antérieure  des  deux 
côtes;  II,  358.  —  Manière  de  réduire  la 
mâchoire  luxée  d’un  seul  côté  ;  II,  359. 

Maoarosis.  Ce  que  c’est;  H,  416. 

Maggi.  Ses  discussions  et  son  livre  sur  les 
plaies  d’armes  à  feu  ;  Int.,  cclii. 

Magie,  DilTérents  genres  de  magie  ;  IH.  60. 


TABLE 


84a 

Magistrats.  Deroirs  des  magistrats  de  po¬ 
lice  en  temps  de  peste  j  lit ,  377. 

Maigreur.  Symptomatique  de  la  lèpre;  III, 
277. 

Maille.  Ce  que  c’est;  II,  4l8. 

Maillet.  Figure  d’un  maillet  de  plomb  pour 
aplanir  les  aspérités  des  os;  II,  16. — Fi¬ 
gure  d’un  maillet  pour  couper  les  os  ;  II , 
685. 

Maillot.  Danger  de  trop  serrer  le  maillot 
d’un  enfant;  II,  293. 

Main,  Description  de  la  main  en  général , 
269.  —  Muscles  internes  de  la  main  ;  287. 
—  Fractures  de  la  main;  II,  320.  —  Figu¬ 
res  de  mains  artificielles;  II,  616,  617, 
618.  —  Figure  d’un  dresse-main  ;  II ,  618. 
—  Verrues  des  mains  ;  II,  789.  —  La  main 
est  le  plus  noble  de  tous  les  instruments; 
III,  765. 

Main  (Mal  St-).  Simulation  du  mal  St-Main  ; 
III ,  53.  — Description  et  traitement;  III, 
282 ,  348. 

Maître.  Ce  que  c’était  que  le  grade  de  maî¬ 
tre';  Int. ,  cxxxii.  —  Droits  et  devoirs  des 
maîtres  ;  lut.,  cxxxiii. 

Maîtres  (Quatre).  Chirurgiens  du  xiii'  siè¬ 
cle;  Int. ,  XXXV. 

Maîtrise.  Lettre  de  maîtrise  ;  Int.,  cclxi. 

Mal  delà  mère;  II,  751, 

Mal  fiançais;  Int.,  cxv. 

Mal  St-Fiacre  ;  II ,  786,  787.  — Traitement; 

II,  788.  — Simulation  du  mal  St-Fiacre  ; 

III,  51. 

Mal  St-Jean;  II,  80.  —  Simulation  du  mal 
St-Jean  ;  III,  62. 

Mal  St-Main.  Ce  que  c’est;  48.  — Simula¬ 
tion  du  mal  St-Main  ;  III ,  63.  —  Descrip¬ 
tion  et  traitement  ;  III ,  282 , 348. 

Mal  St-Vitus;  52. 

Malacia.  Voyez  Appétit  dépravé. 

Maladies.  Causes  internes  et  externes  des 
maladies;  trois  sortes  principales  de  ma¬ 
ladies;  80. —  Des  symptômes  des  mala¬ 
dies;  81.  — Maladies  qui  ont  emprunté 
leur  nom  à  des  animaux  ;  82.  —  De  l’ordre 
à  suivre  dans  le  traitement  des  maladies 
compliquées  ;  89.— Table  méthodique  pour 
connaîire  les  maladies  par  les  cinq  sens  ; 
93.  —  Maladies  qui  peuvent  être  guéries 
par  une  grande  peur  ou  une  grande  joie  ; 
97. -J- Exemples  divers  de  maladies  venant 
de  l’imagination  ;  98.  —  Maladies  qui  peu¬ 
vent  affecter  la  matrice  et  le  col  de  la  ma¬ 
trice;  169.  — Cause  des  maladies  hérédi¬ 
taires;  II,  638.  —  Influence  de  certaines 
maladies  sur  la  menstruation  ;  II ,  764.— 
Influence  des  maladies  héréditaires  sur  la 
génération  des  monstres  ;  III,  27.  —  Mala¬ 
dies  simulées  par  les  mendiants  ;  III ,  46. 

Male.  Qualités  de  la  semence  dont  sont  en¬ 
gendrés  les  mâles  ;  II,  637.  —  Signes  indi¬ 
quant  qu’une  femme  est  grosse  d’un  enfant 
mâle;  II,  663. 

Malignes  (Fièvres);  III,  180. 

Malpropreté.  Influence  de  la  malpropreté 
sur  le  développement  de  la  peste;  III, 


Mamelles.  Connexion  de  la  matrice  et  des 
mamelles;  131,  178.  — Description  anato¬ 
mique  des  mamelles  ;  178.  —  Gonflement 
des  mamelles,  symptôme  de  grossesse;  II, 
642.  —  Fissures  des  mamelles;  II,  692.— 
Diminution  subite  des  mamelles,  pronos¬ 
tic  d’avortement;  11,715.  —  Simulation 
d'un  chancre  à  la  mamelle;  III,  46. — 
Dangers  du  traitement  prescrit  par  Paul 
d’Egine  et  Albucasls  contre  le  gonflement 
des  mamelles:  III,  685. 

Mamelon.  Description  du  mamelon  ,  179. — 
Premier  lieu  où  se  manifeste  le  virus  vé¬ 
nérien  ;  II ,  529,  —  Moyens  pour  prévenir 
les  gerçures  du  mamelon  ;  II,  693.— Moyens 
pour  allonger  le  mamelon  ;  II ,  694.  —  Ce 
qu’il  faut  faire  au  mamelon  de  la  nouvelle 
accouchée;  II,  709. 

Manardi  de  Ferrare  ;  Int, ,  cxcvi.  —  Son 
opinion  sur  les  dragonneaux  ;  425. 

Mandragore.  Ses  propriétés;  III,  336. —  Son 
contre-poison  ;  III ,  337. 

Manivelle.  Figure  d’une  manivelle  pour  ré¬ 
duire  les  luxations;  III,  367. 

Mahubriolum;  390. 

Manuscrits.  Recherche  des  manuscrits  grecs 
et  latins  au  xv'  siècle  ;  Int.,  cviii. 

Marais.  Action  des  vapeurs  qui  s’élèvent  des 
marais  sur  les  qualités  de  l’air;  III ,  357. 
—  Qualités  de  l’eau  des  marais;  III, 
403. 

Marcellus  de  Bordeaux.  Ses  ouvrages  suivis 
par  les  médecins  au  vi‘  siècle  ;  Int. , 

XVIII. 

Marcellus  Cumanus,  Son  époque  ;  ses  an¬ 
notations  sur  le  livre  de  Pierre  d’Argelata; 
Int,,  Lxxxiv.— Idée  générale  de  ces  notes  ; 
Int.,  Lxxxv. 

Marconville  IJean  de).  Histoire  de  sorcelle¬ 
rie  rappor.ee  par  lui  ;  III,  60. 

Marcus  Gatenaria,  Son  époque;  Int.,  xcvi. 
—  Réputation  et  idée  de  son  livre;  Int., 
xcvii. —  Invente  la  seringue;  Int.,  xcii. 
Voyez  Gatenaria. 

Marianus  Sanctus.  Inventeur  du  grand  ap¬ 
pareil;  Int,,  cvi.  —  Son  Compendium  in 
chirurgiâ;  Int.,  CLxxxi,  — Détails  biogra¬ 
phiques;  Int.,  cLxxxix.  —  Ses  ouvrages; 
Int.,  cxc. —  Leur  valeur;  Int,,  cxci. — 
Analyse  rapide  de  son  Libellus  aureus  ;  II, 
478.  —  Sa  manière  de  procéder  à  l’extrac¬ 
tion  de  la  pierre;  II,  479  à  488.  —  Traite¬ 
ment  consécutif  prescrit  par  lui;  II,  492, 
493.  —  Son  opinion  sur  l’usage  de  l’eau 
comme  boisson;  II,  493,  —  Ce  qu’il  dit 
des  rétrécissements  de  l’urètre;  II,  571. 

Marin  (André).  Son  opinion  sur  la  licorne; 
111,492, 

Marolles.  Voyage  d’Ambroise  Paré  à  Ma- 
rolles;  III,  692. 

Marque,  Fracture  la  plus  ordinaire  des  os 
de  la  main;  II,  320. 

Marsouins.  Les  marsouins  sautant  prôsa- 
gent la  pluie  ;  III,  738. 

Masque.  Figure  d'un  masque  propre  ùco»- 
riger  le  strabisme;  II,  605. 

Massa  de  Venise.  Ses  ouvrages;  Int.,  cxovi. 


INALYTJQUl.  843 


“ASTic^^Manière  de  faire  l’huile  de  Mastic  j 

Masticatoires  pour  les  ulcères  des  oreilles  ; 

263.  — Préservatifs  de  la  peste;  III, 
369.  —  Ce  que  c’est;  quatre  espèces  diffé- 
mi.  688.  — Ingrédients,  usage, 
modèles;  III,  689,  »  e» 

Mastoïde.  Du  muscle  mastoïde;  263. 

Matrice,  Extraction  des  corps  étrangers  de 
la  matrice;  28.— Connexion  de  la  ma¬ 
trice  et  des  mamelles;  131,  178. —  Sub¬ 
stance,  (jualité,  figure,  composition  de 
la  matrice;  164. — Nombre,  division, 
situation,  connexion,  action,  utilité  et 
tempérament  de  la  matrice;  165.  — Face 
intérieure,  substance,  dimension  du  col 
de  la  matrice;  166.  —  Dilatabilité  ,  fi¬ 
gure  ,  composition  ,  connexion  de  la 
membrane  hymen;  167,—  Anatomie  de 
la  partie  honteuse;  168.  —  Maladies  qui 
peuvent  affecter  la  matrice  et  le  col  de 
la  matrice;  169. —Des  chancres  de  la 
matrice;  368,  —  Signes  et  pronostics  des 
lésions  delà  matrice;  II,  105;  III,  655. 

—  Traitement;  II,  109.  ,— Ulcères  de 
ta  matrice;  II,  266,  —  Évacuation  du 
lait  des  nouvelles  accouchées  par  la  ma¬ 
trice;  II,  502. —  Ses  fonctions  dans  le 
colt;  II,  636.— Dilatation  de  la  matrice 
au  moment  de  l’enfantement;  II,  672,— 
Imperforalion  du  col  de  la  matrice;  II, 
678,  750.  —  Influence  de  l’habitude  de  la 
matrice  sur  la  difficulté  de  l’accouche¬ 
ment;  If,  712. — Figures  d’une  matrice 
entière  et  d’une  matrice  ouverte,  avec  la 
môle  y  contenue;  II,  726. —  Influence  de 
la  température  de  la  matrice  sur  la  fécon¬ 
dité  des  femmes  ;  II,  734.  —  Signes  de  la 
matrice  inlempérée;  II,  737.  — Causes  de 
la  précipitation  ou  perversion  de  la  ma¬ 
trice;  II,  739.  — Signes,  pronostic,  trai¬ 
tement;  II,  740.  —  Autres  procédés  de 
réduction;  II,  741 , 744,  —  Extirpation  de 
la  matrice;  11,744.  —  Pronostic  et  exem¬ 
ples  de  cette  opération;  II,  745,  —  Exem- 
pies  de  chute  complète  de  la  matrice  ;  II, 
747,  — Suffocation  delà  matrice;  défini¬ 
tion,  causes,  signes;  II,  761,  753. — 
Théorie;  II,  762,  753.  —  Pronostic;  II, 
763.  —  Symptômes  précurseurs  des  suffo¬ 
cations  de  la  matrice;  II,  763.— Signes 
auxquels  on  peut  reconnaître  qu’une 
femme  est  morte  ou  non  par  une  suffo¬ 
cation  de  matrice;  II,  764.  —  Variétés 
des  suffocations  de  la  matrice  ;  II ,  755,  — 
Signes  auxquels  on  peut  reconnaître  que 
la  suffocation  vient  de  la  semence  retenue  ; 
traitement  de  cette  maladie;  II,  766,— 
Des  verrues  qui  viennent  au  col  de  la 
matrice;  II,  786,  787. —  Variétés,  pro¬ 
nostic,  traitement;  II,  787. —  Figure  de 
divers  spéculums  de  la  matrice;  II,  788. 

—  Rhagadies,  condylomes  et  prurit  de  la 
matrice;  II,  790.  —  Ilydropisie  de  la  ma¬ 
trice;  II,  791.  — Causes  et  traitement  de 
cette  hydropisie  ;  causes  et  traitement  de 
la  paralysie  et  de  l’inflation  de  la  ma¬ 


trice;  II,  792.  —  Signes  et  traitement  des 
pierres  de  la  matrice;  Imperforation  et 
dilatation  du  col  de  la  matrice;  II,  793. 
—  Traitement  de  cette  dernière  ;  II  , 
794. — Horreur  de  la  matrice  pour  les 
mauvaises  odeurs  et  son  goût  pour  les 
bonnes;  II,  758.  — Diagnostic  et  pronos¬ 
tic  des  maladies  de  la  matrice;  II,  777. — 
Hémorrhoïdes  qui  naissent  au  col  de  la 
matrice;  II,  785.  —  Causes,  symptômes 
et  traitement;  II,  786.  — Il  est  faux  qu’il 
y  ait  plusieurs  cellules  dans  la  matrice  de 
la  femme;  III,  14,  15.— Monstruosités 
résultant  de  l’étroitesse  de  la  matrice;  III, 
25.  —  Exemple  de  pierre  engendrée  dans 
la  matrice;  III ,  32,  —  Animaux  qui  s’en¬ 
gendrent  dans  la  matrice  ;  III ,  35.  —  Ex¬ 
plication  de  ce  phénomène;  III,  36, — 
Effets  de  la  suffocation  de  matrice;  III, 
40.  —  Simulation  d’une  chute  de  la  ma¬ 
trice;  III,  51, 

Matrones.  Certificats  de  matrones  extraits 
de  Joubert;  III,  666. 

Matthieu  de  Gradi.  Son  époque  ;  Int,,  xciv. 
—  Son  testament  ;  ses  commentaires  sur 
Avicenne  et  Rhasès  ;  Int.,  xcv. 

Maürus  (Maître).  Son  opuscule  sur  la  sai¬ 
gnée;  Int,,  XXVI,  xxxii. — Est  cité  par 
Lanfranc  ;  Int. ,  xlvi  ;  III ,  vi. 

Médecin.  Salaire  que  lui  accordaient  les  lois 
des  Wisigoths  pour  l’instruction  d’un 
élève;  Int.,  XVII.  —  Ne  pouvait,  aux 
termes  de  ces  lois ,  être  mis  en  prison  sans 
avoir  été  ente.ndu ,  sauf  le  cas  d’homicide  ; 
Int.,  XVII.  — Etait  au  vi®  siècle  confondu 
avec  les  chirurgiens;  Int.,  xvii.  —  Ne 
devait  point,  sous  peine  d’amende,  soi¬ 
gner  une  femme  de  condition  libre  sans 
témoins  ;  Int.,  xvii.  —  N’avait  droit  à  au¬ 
cun  salaire  en  cas  de  mort  de  son  malade; 
Int.,  xviii. —  Ce  qu’il  recevait  pour  l’opé¬ 
ration  de  la  cataracte  ;  Int.,  xviii.  —  Sa¬ 
laire  des  médecins  en  Italie  au  xiii*  siècle  ; 
Int,,  XXXI.  —  Médecins  du  xv'  siècle  çui 
ont  aidé  aux  progrès  de  la  chirurgie  ; 
Int.,  txxxvi. —Réponse  d’Ambroise  Paré 
aux  chicanes  des  médecins  ;  12.— Respect 
des  anciens  pour  les  médecins;  20.  — 
Nécessité  pour  le  médecin  de  connaître 
l’anatomie;  106. — Comment  doivent  être 
choisis  les  médecins  chargés  de  soigner  les 
pestiférés;  III,  378. 

médecine.  Par  qui  elle  était  exercée  au  vi» 
siècle  ;  Int.,  xviii.  —  Règlements  relatifs  à 
son  enseignement  en  Italie  ;  Int.,  xxx,  — 
Déclin  de  l’étude  de  la  médecine  en  Italie 
au  xiv«  siècle  ;  Int.,  xlvii,  —  La  médecine 
est  seule  étudiée  sérieusement  à  Mon  tpellier 
jusqu’au  xiv®  siècle;  Int.  ivm.  —  Manière 
dont  on  enseignait  la  médecine  au  moyen 
âge;  Int.’ I.XXXVI.— Rapports  de  la  médecine 
et  de  la  chirurgie;  10 , 12,  24.  —  Origine 
céleste  de  la  médecine  ;  17,  — Ses  progrès; 
18.  —  Noblesse  de  cet  art;  20. —  Division 
delà  médecine  en  trois  parties; 22.— Uti¬ 
lité  des  connaissances  médicales  pour  la 
chirurgie;  ni,  71. 


TABLE 


844 

Mkdiastin.  Description  anatomique  du  mé- 
diastin  ;  183. 

Mébicaments.  Leur  invention  attribuée  a 
Apollon;  repoussés  par  Asclépiades  ;  23. 
—  Tempérament  des  médicaments  ;  39. — 
Définition;  distinction  entre  médicament 
et  aliment  ;  III ,  520.  —  Division  des  mé¬ 
dicaments  selon  leur  substance;  III,  52t. 
—  Division  des  médicaments  simples  sui¬ 
vant  leurs  qualités  et  effets;  III,  522. — 
Médicaments  lensifs,  atténuants,  emplas- 
liques,  rémollitifs,  laxatifs ,  raréfactifs , 
condensatifs  ;  lll,  527. —  Répercussifs;  III, 
527, 534.— Attractifs;  111,527, 536.— Déter¬ 
sifs;  III,  527,  542.— Seconde  et  troisième 
faculté  des  médicaments;  III,  527.— Médi¬ 
caments  simples,  chauds  au  premier,  deu¬ 
xième  et  troisième  degrés;  III,  524.  — 
idem  au  quatrième  degré  ;  simples  froids 
au  premier,  deuxième ,  troisième ,  qua¬ 
trième  degrés  ;  simples  humides  au  pre¬ 
mier  degré;  III,  525.  -  Idem  au  deuxième 
degré  ;  simples  secs  au  premier,  deuxième, 
troisième  et  quatrième  degrés;  III,  526. 
—  Quatrième  faculté  des  médicaments  : 
céphaliques,  pulmoniques,  cordiaux,  sto¬ 
machiques,  hépatiques,  spléniques,  né¬ 
phrétiques  ,  arthritiques;  III ,  528.  —  De 
la  connaissance  et  de  l’appréciation  des 
médicaments;  III,  529. —  De  la  prépara¬ 
tion  des  médicaments;  III,  533.  —  Mé¬ 
dicaments  anodins;  III,  547. —  Résolutifs; 
III,  537.— Suppuratifs;  III,  539.— Emol¬ 
lients;  III,  540.  —  Sarcotiques ;  III,  543. 
— Epulotiques;  III ,  544. —  Agglutinaiil's  ; 
III,  545.  —  Caustiques;  III,  546.  —  Des 
médicaments  composés  et  de  leur  usage  ; 
III,  550.  —  Manière  d’écrire  les  prescrip¬ 
tions  ;  III ,  55 1 .  —  Des  clystères  ;  III ,  552. 
Suppositoires;  III,  558.— Nouets et  pes- 
saires;  III,  559.  —  Huiles;  III,  560.— 
Liniments;  III,  562.  —  Onguents;  III, 
563.—  Ceroüennes  et  emplâtres;  III,  568. 
—  Cataplasmes  ;  III ,  575.  —  Fuites , 
fomentations  ;  III  ,  576.  —  Embroca¬ 
tions;  III,  577.  —  Ruptoires  ou  cautères 
potentiels  ;  III,  579.  —  Vésicatoires  ;  III , 
584.  —Collyres;  III,  585.  —  Errhines  et 
sternutatoires;  III,  586.  —  Masticatoires; 
III,  588.—  Gargarismes  ;  III,  590.  —  Den¬ 
tifrices;  III,  591.  —  Sachets;  III,  592.  — 
—  Suft'umigations  et  parfums;  III,  593. 
Demi-bains,  bains;  III,  595.  —  Etuves; 
III,  601.—  Fards;  III,  603.  —  Remèdes 
contre  la  goutte  rose;  III,  606.  —  Eaux 
pour  teindre  le  poil  ;  III,  610.  —  Dépila¬ 
toires;  III,  612.  —  Récapitulation  des  mé¬ 
dicaments  composés  et  alimentaires  ;  III, 
636.  —  Des  médicaments  électuaires  et 
emplastiques;  III,  637. 

Médicée;  22. 

Mblancholie.  Nature,  consistance,  couleur, 
saveur,  usage  de  l’humeur  mélancholique; 
42.  —  Quand  et  de  quoi  elle  se  fait;  ses 
effets;  quand  elle  entre  en  mouvement  ; 
44.  —  Caractères  de  l’homme  mélancho- 
lique;  47.--  Ce  qui  peut  rendre  mélancho¬ 


lique;  49.  —  Sur  l’humeur  mélancholi¬ 
que;  II,  662.  —  Signes  Indiquant  que 
l’humeur  mélancholique  accompagne  le 
virus  arthritique;  III,  219.  —  Aversions 
des  mélancholiques;  III ,  307. 

Melciiisedek;  Int.  xxvi. 

Mélicéride.  Caractères  particuliers  du  mé- 
licéride;  341, 346.  —  Mélicérides  des  pau¬ 
pières;  II,  416. 

Melon.  Ce  que  c’est;  II,  418. 

Membrane.  Définition  de  ce  mot;  119.  — 
Sympathie  de  la  dure-mère  et  des  autres 
membranes;  205.  —  Membranes  du  nez; 
243.  —  Enumération  des  maladies  des 
membranes  de  l’œil;  II,  417.—  Sur  la 
membrane  hymen;  II,  747. 

Mémoire.  Définition;  58;  11,660.  —  Ses 
opérations  ;  93  ;  II ,  660.—  Influence  de  la 
température  du  cerveau  sur  la  mémoire; 
2i3.  —  Où  réside  la  mémoire  ;  219  ;  11 , 
660. 

Mendiants.  Maladies  simulées  par  les  men¬ 
diants  ;  III ,  46. —  Leurs  mœurs  et  usages  ; 
leur  jargon  ;  III,  49. 

Menstrues.  Influence  de  la  menstruation 
sur  la  grandeur  de  la  matrice;  164.  —  Par 
où  s’écoule  le  sang  menstruel  ;  166;  II, 
766.  —  Les  menstrues  retenues  peuvent 
être  évacuées  par  l'urine;  II,  499. —  Sup¬ 
pression  des  menstrues,  symptôme  de 
grossesse;  II ,  643.  —  Les  menstrues  sont 
supprimées  aux  femmes  qui  ont  des  mô¬ 
les  ;  II ,  724.  —  Leurs  qualités  indiquent 
la  température  de  la  matrice;  11,737.  — 
Leur  rétention  cause  la  suffocation  de  la 
matrice;  II, 751, 753.— Théorie  de  la  mens¬ 
truation;  II,  761.  —  Si  une  femme  non 
réglée  peut  concevoir  :  influence  du  tem¬ 
pérament  et  de  la  lune  sur  la  menstruation; 
762.  —  Pourquoi  la  nature  a  voulu  que  les 
femmes  eussent  des  menstrues  ;  causes  des 
menstrues;  II,  763.  —  Causes  de  la  sup¬ 
pression  des  menstrues;  II,  764.  —  Symp¬ 
tômes  indiquant  que  les  menstrues  sont 
retenues  et  accidents  qui  résultent  de  cette 
suppression  ;  symptômes  de  ta  prochaine 
venue  des  menstrues;  II,  765. —  Symptô¬ 
mes  des  menstrues  retenues  ;  II,  766.  — 
Moyens  pour  provoquer  le  flux  menstruel  ; 
II,  767,  784  ;  III,  447.  —  Temps  favorable 
pour  provoquer  les  menstrues  ;  signes  in¬ 
diquant  que  les  menstrues  veulent  couler  ; 
II ,  769.  —  Du  flux  menstruel  excessif;  II, 
772.  — Des  moyens  de  l’arrêter;  II,  772, 
773;  III,  448. — En  quoi  les  menstrues  dif¬ 
fèrent  des  fleurs  blanches  ;  II,  775.  —  Ré¬ 
sultats  du  trouble  menstruel;  II,  779-784. 
— Inconvénients  du  coït  pendant  le  temps 
des  menstrues;  III,  4. — Le  flux  menstruel 
préserve  de  la  peste;  III,  375.— Les  filles 
nouvellement  réglées  sont  exposées  à  être 
atteintes  de  la  peste  ;  III ,  389.— La  goutte 
n’attaque  pas  les  femmes  au  temps  des 
menstrues  ;  III,  222. 

Mentagre  ;  II ,  533. 

Mer.  Prodiges  dont  la  mer  est  le  théâtre  ; 


ANALYTIQUE.  §45 


MERcADANT.Chirurgîen  à  Bologne  au  xiv*  siè¬ 
cle  ;  Int. ,  Lxï. 

Mercure.  Emploi  du  mercure  dans  le  trai¬ 
tement  de  la  çcsle  et  de  la  vérole  j  III , 
417.  —  Emploi  des  frictions  mercurielles 
dans  le  traitement  du  pourpre  ;  III,  426, 

—  Manière  de  faire  la  poudre  dé  mercure  ; 
III ,  584.  Voyez  Vif  argent. 

Mère. Supériorité  de  l’allaitement  maternel  ; 

II ,  683. 

Mesareon,  142. 

Mésentère.  Substance  du  mésentère,  141. 

—  Sa  quantité ,  sa  figure,  sa  qualité ,  ses 
parties,  sa  connexion  ,  son  tempérament, 
son  action ,  son  utilité,  142. 

Mésocolon  ;  142. 

Mesures  employées  en  pharmacie,  et  ma¬ 
nière  de  ies  écrire  ;  III,  552. 

Métacarpe.  Os  du  métacarpe ,  283.  —  Luxa¬ 
tions  des  os  du  métacarpe  et  moyens  de 
les  réduire;  II,  386. 

Métaphrène.  Description  du  métaphrène, 
265.  —  Nerf  du  métaphrène  ;  276.  —  Pro¬ 
nostic  des  luxations  des  vertèbres  du  mé¬ 
taphrène  ;  II ,  365. 

Métaux.  Métaux  vénéneux;  III,  342. — 
Répercussifs ;  III,  534.  —  Attractifs;  III, 
536. —  Résolutifs;  III,  538.— Détersifs  ; 

III,  542.— Sarcotiques;  III,  544.— Epu- 
lotiques;  III,  545.  — Agglutinalifs  ;  III, 
546.  —  Métaux  employés  en  médecine  ; 
III,  636. 

Metz.  Voyage  d’A.  Paré  à  Metz;  III,  700. 

Meurisse  ;  Int. ,  cxxi. 

Meurtrissure.  Définition  ;  II  ;  194. 

Microcosme,  15;  II,  652.  —  Comparaison 
du  corps  humain  et  de  l’univers  ;  III ,  33. 

Midi.  Tempérament  des  Méridionaux  ;  50. — 
Nature  du  vent  du  Midi  ;  64. 

Migraine.  Définition  ,  causes  et  symptômes 
de  la  migraine;  II,  4l0.  —  Cure  par  l’ar¬ 
tériotomie  ;  II,  411. 

Milan.  Ecole  de  cette  ville;  Int. ,  xxviii. 

Milans.  Leur  antipathie  pour  le  corbeau  ; 
III,  761.  —  Les  milans  fuient  l’air  infect; 
III ,  739. 

Milphosis.  Ce  que  c’est;  II ,  416. 

Minéraux.  Minéraux  vénéneux;  III,  342.  — 
Minéraux  employés  en  médecine;  III  ,635. 
—  Distillation  des  minéraux  ;  III ,  638. 

Mines.  Sur  les  démons  qui  habitent  les  mi¬ 
nes;  III,  .56.  —  Par  qui  nous  a  été  appris 
l’art  de  faire  des  mines.  Voy.  Lapins. 

Miroir.  Histoire  d’un  morceau  de  miroir 
descendu  dans  les  bourses;  III.  40. 

Miserere  mei.  Description  de  ce  genre  de 
hernie  ;  opération  ;410  ;  II ,  503 ,  513, 514, 
516. 

Mitiiridate.  Contre-poison  universel  trouvé 
après  la  mort  de  Mithridate  ;  III ,  372.  — 
Ses  vertus  et  son  administration  ;  III ,  406. 

Modène  (école  de);  Int. ,  xxtiii. 

Moelle.  De  la  moelle  épinière  ;  227.—  Sen¬ 
sibilité  de  la  moelle  des  os;  296.  Signes 
des  blessures  de  la  moelle  épinière  ;  II , 
96  ;  III ,  654.  —  La  moelle  est  te  principe 
de*  nerf*  j  11 ,  360.  —  Commotion  de  la 


moelle  ;  II,  366.  —  Pronostic  des  plaies 
de  la  moelle  épinière  ;  III ,  657.  —  Moel¬ 
les  émollientes  ;  III ,  541. 

Moeurs.  Quelles  doivent  être  les  mœurs 
d’une  bonne  nourrice;  II,  686. 

Moines.  Exerçaient  la  médecine  au  vi'  siè¬ 
cle;  Int.,  xviii.  —  Défense  que  leur  font 
les  conciles  de  Latran ,  de  Montpellier  et 
de  Tours ,  d’exercer  et  enseigner  la  méde¬ 
cine;  Int.,  xxviii.— Monstre  marin  ayant 
la  tête  d’un  moine  couvert  d’écailles  de 
poisson;  III,  771. 

Mois.  Voyez  Menstrues. 

Mole.  Etymologie  et  définition  ;  II ,  722.  — 
Causes  ,  symptômes  ;  II ,  723.  —  Mouve¬ 
ment  des  môles;  II,  724.  —  Procédés 
d'extraction  ;  sortie  spontanée  ;  coexistence 
d’un  fœtus  avec  une  môle  ;  Il ,  727. 

Monde.  Eléments  du  monde;  33. 

Mondeville  (Henri  de).  Détails  S':r  sa  vie  et 
sur  son  Traité  ;  Int. ,  li  ,  lu.  —  Est  copié 
par  Jean  de  Gaddesden  ;  Int. ,  liv. 

Mondificatifs  (Médicaments);  336;  II,  235  ; 
III ,  433.  —  Pour  les  plaies  envenimées  ; 
II ,  192.  —  Pour  les  plaies  par  harquebii- 
ses;II,  158,  260. — Pour  les  ulcères  putri¬ 
des  et  sordides  ;  II,  254. —  Collyre  mondifi- 
catifpour  les  yeux;  II,  78. — Pour  les  plaies 
résultant  d’amputation  ;  II ,  231  ,  232.  — 
Pour  les  ulcères  des  reins  ;  II,  266  ,  509. 
—  Pour  les  plaies  de  la  jambe  ;  II,  338. — 
Pour  les  ulcères  de  la  vessie;  H  ,  509.  — 
Pour  les  os  exfoliés;  593. 

Monocerosj  III ,  492. 

Monopole  d’enseignement  que  s’arrogent 
quelques  maîtres  à  Montpellier  ;  lut.  , 

XXIX. 

Monstres.  Définition;  III,  1. —  Causes  des 
monstres  ;  gloire  et  colère  de  Dieu  ;  III,  3. 
—Présages  tirés  autrefois  de  la  génération 
des  monstres  ;  III,  4.  — Monstruôüités  ré¬ 
sultant  de  la  trop  grande  quantité  de  se¬ 
mence  ;  figure  d’une  fille  à  deux  têtes  ; 
III  ,5.  —  De  deux  filles  jumelles  jointes 
par  les  parties  postérieures;  HI,  6.  — 
D’un  homme  du  ventre  duquel  sortait  un 
autre  homme;  III,  7.  —  D’un  monstre 
trouvé  dans  un  œuf;  d’un  enfant  ayant 
deux  têtes,  deux  bras  et  deux  jambes;  III, 
8.  —  De  deux  jumelles  n’ayant  qu’une 
seule  tête  ;  III  ,9.  —  De  deux  filles  jumel¬ 
les  unies  par  ie  front;  et  de  deux  enfants, 
mâle  et  femelle ,  joints  par  les  parties  in¬ 
férieures  ;  111 ,  10.  — De  deux  filles  jointes 
ensemble  par  les  parties  antérieures,  et 
d’un  enfant  ayant  deux  têtes,  l’une  de  mâle 
et  l’autre  de  femelle;  III,  11.— D’un  en¬ 
fant  mâle  ayant  quatre  bras  et  quatre  jam¬ 
bes  ;  d’un  homme  ayant  une  tête  au  milieu 
du  ventre;  III,  12. — De  deux  enfants  mons¬ 
trueux  n’ayant  qu’un  seul  sexe,  et  d’un 
cochon  â  huit  jambes;  III,  13.— Des  mons¬ 
tres  hermaphrodites  ;  III,  15.  —  Figure 
de  deux  enfants  jumeaux  hermaphrodites 
Joinis  par  le  dos;  III,  17.  — D’un  monstre 
ayant  quatre  bras ,  quatre  pieds  et  deux 
natures  de  femme;  III,  18. — Monstruosités 


TABLE 


846 

résuUan  t  du  défau  t  de  quanti  lé  de  la  semen¬ 
ce  ;  III,  20.  —  Figures  d’un  monstre  ayant 
deux  têtes  et  un  seul  bras,  et  d’un  mons¬ 
tre  sans  jambes  ;  III ,  21.  —  D’un  monstre 
sans  tête:  III ,  T2.  —  D’un  homme  sans 
bras  ■  111,23.— Monstruosités  résultant  de 
l’imagination  ;  III,  33.  (Voyez /maj/iiian'ou 
ei  maladies).  —  De  l’étroitesse  de  la  ma¬ 
trice  ;  III ,  2&.  —  Dis  habitudes  de  la  mère; 
Figure  de  deux  enfants  estropiés  dans  le 
sein  de  la  mère;  III ,  26.  — Monstruosités 
résultant  de  maladies  héréditaires  (Voyez 
Hérédité,  Maladies).— hts,  coups  ou  chutes 
éprouvés  par  la  mère;  111 ,  27.  —  Mons¬ 
tres  engendrés  par  la  corruption  ;  III ,  42. 
—  Par  un  mélange  de  semence  ;  III , 
43.  Monstruosités  résultant  d’enrhante- 
inents  et  maléfices  ;  III ,  63.  —  Monstres 
marins;  III,  770.  —Tritons,  sirènes, 
monstre  marin  ayant  la  tête  d’ un  moine , 
autre  ressemblant  à  un  évêque;  autre 
ayant  la  tête  d’un  ours  et  les  bras  d’un 
singe  ;  lion  marin  couvert  d’écailles  ,  lion 
marin  à  figure  humaine  ;  III,  77 1 . — Diable 
de  mer ,  cheval  de  mer ,  veau  marin , 
truie  marine,  orobon, crocodiles;  III,  772. 
—  Panache  de  mer  ;  III ,  773.  —  Aloës , 
limaçon  de  la  merSarrnatique ,  hoga;III, 
774,  — Poissons  volants  ;  III ,  776. —  Can- 
cellus,  Bernard  l’berrnite,  pinothère  ; 
111,776.  —  Lamie,  Nauticus;  III,  777, 
—Baleines  ;  III,  778.  —  Rémora  ;  III,  780. 
—  Monstres  volatiles  :  autruche  ;  III,  781. 
—  Toucan  ;  oiseau  de  Paradis  ;  III ,  783, 
Monstres  terrestres  :  huspalim,  girafe; 
III ,  784.  —  Monstres  célestes  :  Comètes  ; 
III,  788. 

Mointagnana  (Barthélemy).  Son  époque  ,  sa 
valeur  médicale  et  chirurgicale  ;  Int.,  xcii, 
—  Idée  de  son  livre  intitulé  Consilia  ; 
Int.,  xciii. 

Montaojnes.  Tempérament  des  montagnards, 
62. 

MoîiTPELLiEH.  Ecole  de  Montpellier;  Int. , 
xxviu.  —  Monopole  d’enseignement  que 
s’y  arrogent  quelques  maîtres  ;  quand  on 
commença  à  y  conférer  des  degrés  ;  Int. , 
XXIX.  —  Eclat  de  l’Ecole  de  Montpellier  ; 
Int. ,  Lvui.  —  Ses  richesses  littéraires  ; 
Int.,  nx. — Déclin  de  la  chirurgie  à  Mont¬ 
pellier;  Int.,  Lxviii.  — Influence  des  évé¬ 
nements  politiques  duxiv'  siècle  sur  cette 
décadence ,  Int.,  lxx.  Voyez  Médecine. 

MonGAGNi.Ce  qu’il  dit  du  Hegirnen  sanüatis; 
Int. ,  XX.  —  Son  opinion  sur  le  livre  de 
'l'rotula  ;  Int. ,  xxiii. 

Morphée.  Ce  que  c’est  ;  III ,  277. 

Morpions.  De  quoi  ils  sont  engendrés  ;  ma¬ 
nière  de  les  détruire;  III ,  270.  —  Le  vif- 
argent  les  tue  ;  III ,  348, 

Morstède  (Thomas  ).  Chirurgien  de  Henri  V 
d’Angleterre;  Int. ,  lvii. 

Morsure.  Pluies  de  la  tète  résultant  de  mor¬ 
sures  ;  II,  41. —  Gangrènes  résultant  de 
morsures  ;  II ,  212 , 216.  —  Pourquoi  les 
morsures  sont  plus  difliclles  à  guérir  que 
les  plaies  ordinaires;  III ,  298.  —  Cure 


des  morsures  des  botes  vénimeuses  ;  III , 
300.  —  Signes  indiquant  qu’une  morsurô 
est  celle  dmn  animal  enragé;  III.  306.  — 
Traitement  de  la  morsure  d’un  chien  en¬ 
ragé  ;  III,  309.  —  Régime  à  suivre  dans 
le  traitement  des  morsures  des  chiens  en¬ 
ragés  et  autres  animaux;  III,  312. — 
Morsures  de  la  vipère;  III,  313.  —  Du 
coule-sang  et  du  ipourrisseur;  III,  315.— 
Du  basilic;  III ,  316. — De  la  salamandre; 
III ,  317.  —  De  l’aspic  ;  III ,  318.  —  De  la 
couleuvre;  III,  320 

Mort,  Différence  du  poids  d’un  homme 
mort  et  d’un  homme  vivant  ;  II ,  696.  — 
Moyens  de  constater  la  mort  ;  II ,  764.  — 
Moyens  d’extraire  l’enfant  du  sein  de  la 
mère  morte  ;  II ,  716.  —  Motifs  de  conso¬ 
lation  pour  les  mourants ,  tirés  de  la  re¬ 
ligion  ;  III ,  461 .  —  Honneurs  rendus  aux 
morts  par  les  Égyptiens;  IJI,  470,  475, 
476,  477, —  Par  les  Juifs;  III,  476.— 
Par  les  Scythes;  III,  476,  476.  — Par  les 
Ethiopiens  ;  III ,  476.  —  Par  les  Romains , 
par  les  Grecs  ,  par  les  Colches  ;  III ,  477. 
—Caractères  des  blessures  faites  avant  ou 
après  la  mort;  III,  669. 

MoRTincAiioN.  Voyez  Gangrène. 

Motion.  Ce  que  c’est;  67. 

Mouches,  présagent  la  pluie  ;  III,  739. 

Moufle.  Figure  d’une  moufle  pour  réduire 
les  luxations  ;  II ,  366. 

Mouvement,  Ce  que  c’est;  57,  69.  —  Des 
mouvements  volontaires  et  involontaires; 
122.  —  Différences  du  mouvement  des 
enfants  et  de  celui  des  môles;  II ,  724.  — 
Le  mouvement  est  une  cause  de  fièvre; 
III,  77. 

Moyen  âge.  Histoire  de  la  chirurgie  au 
moyen  âge  ;  III,  iv, 

Mumie.  Ce  que  c’était  suivant  Paracelse  ; 
Int.,  ccxviii.  —  Sur  l’usage  de  la  mumie  ; 

II,  202.  —  Origine  du  discours  sur  la 
mumie;  III,  468. —  Ce  que  c’est;  III, 
470,  476,  480,  481,  482.  — Son  ineffica¬ 
cité  ;  III ,  47 1 .  —  Ses  mauvais  effets  ;  III , 
483. 

Mundinus.  Eclat  que  jettent  ses  dissections 
sur  l’école  de  Bologne;  Int.,  xlvu. —  Pre¬ 
mier  professeur  d’anatomie  humaine  à  Bo¬ 
logne;  Int.,  Lxii. 

MURENE.  Description  ;  III,  330.  —  Accidents 
résultants  de  leur  piqûre,  et  remèdes; 

III,  331. —  EdUcabilité  des  murènes; 
III,  760. 

Musa,  Comment  il  fut  récompensé  par  Au¬ 
guste  ,  2l. 

Muscles.  De  la  tunique  commune  des  mus  ¬ 
cles;  121.— Définition  des  muscles;  leurs 
différences  prises  de  leur  substance  et  de 
leurorigine  ;  122.— De  leurinseriion,  delà 
partie  qu’ils  meuvent,  de  leur  forme  ;  123. 
—De  l’opposition  de  leursaclions,  deleur 
office;  126. — Des  parties  du  muscle;  127. 
—Muscles  de  l’épigastre;  129.  — Leur  ac¬ 
tion  ;  130,  131, 132, — Muscles  suspensours; 
166. — Muscles  de  la  verge;  161. — Muscles 
de  la  matrice;  166.— Muscle  large  ou  peau- 


ANALYTIQUE.  847 


cicr;  233 .—Muscles  dos  yeux  ;  23G.— Mus¬ 
cles  du  nez;  243.— Muscles  des  lèvres;  244. 
—  De  la  mâchoire  inférieure;  245.  —  Des 
huit  muscles  de  l’os  hyoïde;  251.  — Des 
dix  muscles  de  la  langue;  253.  — Des  dix- 
huit  muscles  du  larynx;  266.  —Des  qua¬ 
tre  muscles  de  Tépiglolte;  258.— Des  vingt- 
deux  muscles  du  col  ;  262.  —  Muscles  du 
thorax  ;  265. —De  l’omoplate;  268.— Mus¬ 
cles  qui  meuvent  l’os  du  bras  ;  279.— Mus¬ 
cles  du  coude;  285.  —  Muscles  internes  de 
la  main  ;  287.  —  Muscles  qui  meuvent  la 
cuisse  ;  297.  —  Muscles  qui  meuvent  le 
pied;  305.— Muscles  qui  meuvent  les 
doigts  des  pieds;  307.  —  Récapitulation 
de  tous  les  muscles  du  corps  humain  ; 
309. 

Mirsiqüfi.  Influence  de  la  musique  sur  cer¬ 
tains  malades  ;  94.  —  Exemple  de  l’in¬ 
fluence  de  la  musique  Sur  l’homme  ;  II , 
659. 

Mutilations.  Dêfinîlîon;  III,  2.  —  Mutila¬ 
tions  simulées  ;  III,  50,  52. 

Mydesis.  Ce  que  c’est;  II,  416. 

MYDftiASis.  Définition;  II,  418, 434.  — Cau¬ 
ses,  traitement  ;  II,  434. 

MyocéphaloN  ;  83. 

Myopie.  Ce  que  c’eSt;  II,  414. 

Myrmeciks.  Description  et  traitement  des 
myrmecies,  357;  II,  787. 

Myrrhe.  Manière  de  faire  l’huile  de  myrrhe  ; 
III,  631. 


N 

Naissance.  Pronostic  des  naissances  à  6 ,  7 
et  8  mois  ;  II,  671  .—Soins  à  donner  à  l’en¬ 
fant  aussitôt  après  sa  naissance;  II,  676. 
V.  Taches. 

Napel.  Accidents  qu’il  cause  ;  III ,  334.  — 
Contre-poisons  ;  III ,  335. 

Naples  (Université  dej,  Int.,  xxviii. 

Nates.  Ce  que  c’est ,  216. 

Nature.  Des  choses  naturelles  et  de  leurs 
annexes  ,31.  —  Humeurs  contre  nature , 
45.  —  Annexes  des  choses  naturelles ,  60. 
—  Des  choses  non-naturelles ,  62.  —  Des 
choses  contre  nature ,  80.  —  C’est  la  na¬ 
ture  qui  guérit,  95. 

Narcotiques.  Contre  ta  goutte  provenant 
d’humeur  cholérique ,  III ,  243,  244,  420, 
649. 

Nausées.  Causes  et  traitement  des  nausées, 
781.  —  Causes  et  traitement  des  nausées 
des  fébricitants;  III,  196. 

Nauticus.  Description  de  ce  poisson  ;  III , 
777. 

Nécromanciens  ;  III ,  60. 

NÉCROSE.  Ce  que  c’est  ;  II ,  21 1 . 

Neige.  Qualités  de  l’eau  de  neige  ;  III ,  403. 

Nepheliün.  Ce  que  c’est;  II,  418. 

Nerfs.  Ce  que  c’est  ;  127.— Des  nerfs  distri¬ 
bués  aux  parties  naturelles;  150.'— Nerfs 
des  testicules  ;  155.  — Nerfs  de  la  matrice  ; 
165.— Distribution  des  nerfs  de  la  sixième 
conjugaison  ;  nerf  costal ,  195.  —  Nerf 
récurrent ,  nerf  stomachique  ;  1 96.  —  Dè» 


sept  conjugaisons  ou  paires  de  nerfs  du 
cerveau;  220. —  Nerfs  de  la  langue;  252. 

—  Du  col  ;  264 , 276.  —  Du  métaphrène  ; 
276.  —  Du  bras  ;  277.  —  Des  lombes  et  de 
l’os  sacrum  ;  292.  —  De  la  cuisse  ;  293.  — 
Pronostic  des  plaies  des  nerfs,  433;  II,  112.— 
Causes  et  variétés  des  plaies  des  nerfs  et  des 
parties  nerveuses;  II,  111.  — Accidents  et 
traitement;  II,  112. —Cautérisation  des 
nerfs;  II,  114.— Section  des  nerfs;  II,  115. 

—  Enumération  des  maladies  du  nerf  op¬ 
tique;  II,  419. —  Les  nerfs  dérivent  du 
cerveau  et  de  lu  moelle  ;  II ,  651.— Action 
du  vif-argent  sur  les  nerfs;  III,  348.— 
Signes  des  lésions  des  nerfs  ;  III ,  655. 

Nez.  Extraction  des  corps  étrangers  du  nez , 
27.  —  D’où  procède  le  cartilage  du  nez; 
209.  —  Description  du  nez,  242. —Tu¬ 
meurs  du  nez ,  378.  —  Plaies  du  nez  ;  II , 
86.  —  Ulcères  du  nez  ;  II ,  260.  —  Danger 
de  trop  serrer  les  plaies  du  nez  ;  II ,  292 , 
306.  —  Fracture  du  nez  ;  II,  305.  —  Figu¬ 
res  de  nez  artificiels  et  manière  de  les 
adapter  ;  II,  606.  —  Procédés  de  rhinoplas- 
tie  italienne;  II,  606.  —  Obstruction  con- 
géniale  du  nez;  11,678.  —  Histoire  de  vers 
engendrés  dans  le  nez;  III ,  35.  —  Moyens 
de  préserver  le  nez  des  ravages  de  la  pe¬ 
tite  vérole;  III,  262 ,  263.  —  Etat  du  nez 
chez  les  lépreux;  III,  275.  — Manière  de 
provoquer  l’hémorrhagie  nasale;  III,  419. 

Nicolas  de  Florence.  Son  époque,  son  ou¬ 
vrage  ;  Int. ,  Lxxiv.  —  Idée  générale  de  ce 
livre;  parallèle  entre  Nicolas  de  Florence 
et  Guy  de  Chauliac;  Int.,  lxxv.  —  Sa  doc¬ 
trine  sur  l’opération  du  trépan;  II,  51. 

Nicolas  de  Reggio.  Traduit  en  latin  les  ou¬ 
vrages  de  Galien  ;  Int.,  xlviu. 

Nicolas  le  dentiste.  Chirurgien  du  duc 
Sigismond  d’Autriche;  III,  vu. 

Nithe.  Vertus  et  usage  des  eaux  nitreuses  ; 
III ,  597. 

Nobles.  Accusés  d’avoir  causé  la  peste  de 
1348;  III,  461. 

Nodus;  320.  —  Définition  du  nodus;  cas  re¬ 
marquable  de  guérison  ;  348.  —  Traite¬ 
ment  des  nodus  venant  du  virus  vérolique  ; 
II,  579. — Noeuds  qui  se  font  aux  jointures 
des  goutteux  et  leur  curation  ;  III,  247. 

Noguer.  Sa  traduction  de  Freind;  Int. ,  lvi. 

Noli  me  tangere;  364 ,  367. 

Noix.  Efficacité  de  l’eau  de  noix  vertes  con¬ 
tre  les  contusions;  III,  484. 

Nombril.  Anatomie  du  nombril ,  172.— Tu¬ 
meur  et  relaxation  du  nombril ,  402.  — 
Ligature  nombrillère;  II,  286,  677.— 
Quand  est  formé  le  cordon  ombilical  ;  II  ,■ 
448  ,  449.  —  Pronostic  des  douleurs  du 
nombril;  Il ,  516.  —  Formation  du  nom¬ 
bril  du  fœtus  ;  II,  640. —  Vaisseaux  qui 
forment  le  cordon  ombilical  du  fœtus;  II, 
648.  —  Le  nombril  ne  sort  point  aux  fem¬ 
mes  qui  ont  des  môles  comme  aux  femmes 
grosses;  II,  724.  — De  la  relaxation  et  en¬ 
flure  du  nombril  des  enfants  ;  II,  795. 

Non»,  ’rempérament  des  septentrionaux  ;  50. 

—  Nature  du  vent  du  nord;  64. 


TABLK 


848 

Norsa  (Pierre  de).  Chef  d’une  famille  d’em¬ 
piriques  célèbres  ;  Int.,  lxxxv,  cii. 

Norsini;  Détails  sur  cette  famille  d’empiri¬ 
ques  ;  Int.,  eu. 

Notes.  Deux  sortes  de  notes  dans  cette  édi¬ 
tion  ,  celles  de  l’auteur  et  celles  de  l’édi¬ 
teur;  Int.,  X.  —  Importance  des  notes  de 
cette  édition  ;  III,  ii. 

NouETS.  Formule  de  noiiets  excitants  ;  III , 
451.  —  Description  ,  composition  et  usage 
des  nouets;  III ,  659. 

Nourrice.  Transmission  du  virus  vénérien 
de  la  nourrice  à  l’enfant  et  réciproque¬ 
ment  ;  II ,  529.  —  Des  mœurs  de  la  nour¬ 
rice  ;  II,  G86.  —  Comment  doivent  être  sa 
poitrine  et  ses  mamelles  ;  U,  68".  —  De  la 
nature  du  lait  de  la  nourrice  ;  II ,  688.  -r- 
Les  mères  sont  les  meilleures  nourrices; 
II,  683. — Qualités  d’une  bonne  nourrice  ; 

II ,  684. — Quels  doivent  être  son  âge,  l’ha¬ 
bitude  de  son  corps  ;  il,  685.  —  Du  temps 
qui  doit  s’écouler  entre  l’accouchement  de 
la  nourrice  et  te  moment  où  elle  donne  à 
teter;  influence  du  sexe  de  son  enfant  sur 
son  lait;  régime  qu’elle  doit  suivre;  II, 
689.  —  La  nourrice  doit  suivre  le  régime 
au  lieu  et  place  de  son  nourrisson  malade , 

III,  259.  —  Doit  être  médicamentée  au 
lieu  et  place  de  son  nourrisson;  III  ,  455. 

NoùvEAU-NÉ.  Soins  immédiats  à  donner  au 
nouveau-né;  II,  676.  —  Ce  qu’il  faut  lui 
faire  prendre  avant  de  lui  donner  à  teter; 
II ,  682.  Voyez  Enfant. 

Noyer.  Ses  propriétés  vénéneuses,  et  remè¬ 
des;  III,  339. 

NuRsiisus  (Benedictus).  Son  opuscule  sur  Thy- 
giène;  Int.,  eu. 

Nutrition.  Ce  que  c’est,  56. 

Nyctalopie.  Ce  que  c’est;  II ,  415. 

Nymphes.  Description  des  nymphes  ;  de  leur 
résection  ;  168;  III,  18. 

O 

Obliques.  Des  muscles  obliques  ;  263. 

Obole;  III,  551. 

Obsekvations  propres  a  Paré  ,  ou  com¬ 
muniquées  PAR  ses  amis.  —  1°  Observa¬ 
tions  anatomiques. —  Communication  na¬ 
turelle  de  la  veine  et  de  l’artère  bra¬ 
chiale  ;  129.  —  Communication  naturelle 
des  veines  et  artères  mammaires  avec 
les  épigastriques;  131.  — Estomac  descen¬ 
dant  jusqu’à  la  vessie;  139.  —  Divisions 
les  plus  ordinaires  de  la  veine-porte;  148. 
— Orifice  des  canaux  éjaculateurs  au  veru- 
montanum  recevant  le  petit  bout  d’une 
spatule  ;  158.  —  Recherches  inutiles  pour 
trouver  l’allanloïde  ;  170.  —  Recherches 
inutiles  pour  trouver  l’ouraque;  171. — 
Crâne  d’une  femme  réduit  en  quelques 
endroits  à  l’épaisseur  d’un  ongle  ;  208.  — 
Expérience  faite  parl’auteursurla  section 
des  nerfs  récurrents  ;  198.  —  Embaume¬ 
ment  des  rois  de  France  par  Paré;  pour¬ 
quoi  ils  se  pourrissent  ;  III ,  479.  —  Cada¬ 
vre  disséqué  et  conservé  sec  plus  de  27  ans 


par  Paré  ;  111 ,  479  et  678.  —  Squclefte 
d’une  autruche  préparée  par  Paré;  III, 
782. —  Histoire  de  Vésale,  qui  fit  l’autop¬ 
sie  d’une  femme  vivante  ;  Il ,  755. 

— 2®  Plaies  en  général;  plaies  des  membres. — 
Plaies  guéries  avec  de  la  charpie  sèche  ou 
mouillée,  sur  laquelle  des  charlatans  di¬ 
sent  des  paroles  ;  102.  —  Poudre  à  canon 
avalée  par  des  soldats  et  appliquée  sur 
les  plaies  sans  inconvénients;  II,  133. — 
Effet  du  bruit  de  l’artillerie  sur  les  blessés 
à  Hesdin  ;  II ,  38  ;  111  ,  709.  —  Exemple 
de  vers  engendrés  dans  les  plaies,  et  d’ab¬ 
cès  multiples  en  diverses  régions  du  corps; 

II ,  141 ,  176.  —  Accidents  survenus  aux 
blessés  après  la  bataille  de  Saint-Denis  ; 
abcès  dans  le  foie  et  les  poumons  ;  111 , 361 . 
—  Histoire  de  31.  de  la  Croix  ;  coup  d’épée 
au  bras  gauche  ,  transport  du  pus  par  les 
selles  et  urines  ,  mort  ;  II ,  500  ;  111 , 38. 
—  Succès  obtenus  dans  le  traitement  des 
plaies  sans  tentes,  435  ;  H,  109.  —  His¬ 
toire  d’un  serviteur  de  31.  de  Rohan  blessé 
de  douze  coups  d’épée,  guérison  ;  III,  697. 
—  Plaies  de  la  paume  de  la  main  réunies 
par  première  intention  ;  histoire  de  31.  Le 
Coq  et  d’un  voisin  d’A.  Paré  ;  II ,  112.  — 
Histoire  d’un  gentilhomme  qui  eut  les  ten¬ 
dons  extenseurs  du  pouce  coupés  ;  cure 
palliative  à  l’aide  d’un  poucier;II,  613. — 
Histoire  d’un  31ore  de  31.  de  Roussy; coup 
de  lance  à  travers  le  bras  ;  mauvais  effet 
du  vinaigre  ;  II ,  179.  —  Histoire  de  Char¬ 
les  Vérigiiel  ;  piaie  du  jarret  avec  division 
des  tendons  fléchisseurs;  suture  des  ten¬ 
dons  par  Etienne  Teissier  ;  III  ,42.— Plaie 
du  tendon  d’Achille  cicatrisée  et  se  rou  3 
vrant  par  la  marche  ;  II ,  110.— Rupture 
du  tendon  d’ Achille  ;  H  ,  1 10.  —  Plaies  de 
l’artère  crurale  et  de  la  grande  veine  sa¬ 
phène  ,  mortelles;  III,  110. 

—  30  Plaies  envenimées  et  empoisonnements. 
—  31orsures  de  bêles  venimeuses  guéries 
par  la  thériaque  ;  III ,  301.  —  Observa¬ 
tion  d’une  morsure  de  chien  enragé 
guérie  par  la  thériaque;  III,  311. — 
Histoire  de  Paré  lui-même  ;  morsure  de 
vipère  guérie  par  la  ligature  au-dessus  et 
la  thériaque  ,  III ,  314.  —  Histoire  du  cui¬ 
sinier  de  madame  deCastelpers  ;  morsure 
de  couleuvre  guérie  par  des  scarifications 
et  la  thériaque  ;  III ,  320.  —  Histoire  de 
deux  marchands  empoisonnés  par  la  bave 
de  crapauds;  III ,  321. — Hisloired’un  abbé 
empoisonné  par  des  cantharides;  gangrène 
de  la  verge,  mort  ;  III ,  327.  —  Accidents 
occasionnés  par  nn  vésicatoire  sur  toute  la 
face,  guérison,  couperose  guérie  ;  III,  328. 
— Histoire  de  madame  Frotnageol  ;  piqûre 
d’une  vive  ,  guérison  ;  III ,  331. — Histoire 
de  madame  de  Bargelonnc;  piqûre  d’une 
vive  ,  mort  ;  III ,  331. —  Histoire  du  cuisi¬ 
nier  de  31.  de  Soüssy  ;  piqûre  d’une  vive, 
guérison  ;  III ,  332.  —  Expérience  faite 
avec  le  bezahar  sur  un  cuisinier  condamné 
à  la  mort  et  qu’on  empoisonna  avec  du 
sublimé  ;  III  ,341.—  Histoire  de  l’empoi- 


ANALTTIOUE.  840 


«onncment  de  Paré  après  la  prise  de 
Rouen  ;  III ,  CC2.  —  Histoire  d’un  empoi¬ 
sonnement  présumé  par  le  venin  du  cra¬ 
paud,  autopsie  ;  III,  662. 

Observations. —  4“  Plaies  par  armes  à  feu.  — 
Ecchymose  produite  par  le  vent  du  boulet  ; 
III ,  696.  —  Gangrène  des  membres  attri¬ 
buée  au  vent  d’un  boulet;  II,  137. — 
Exemples  de  fractures  des  membres  attri¬ 
buées  au  vent  d’un  boulet;  II,  178. — 
Exemple  d’une  balle  pénétrant  dans  la 
cuisse  sans  avoir  intéressé  le  taffetas  des 
chausses  du  blessé;  II,  136.  —  Exemples 
de  balles  d’harquebuses  creusant  dans  les 
poumons  une  cavité  à  contenir  un  esteuf; 
II ,  104.  —  Exemples  de  balles  restées 
dans  le  corps  sept  ou  huit  ans  et  plus;  II, 
165.  —  Histoire  de  la  prise  du  pas  de  Suze; 
premiers  essais  de  Paré  dans  le  panse¬ 
ment  des  plaies  d’armes  à  feu  ;  II ,  126  et 
suiv.  ;  III ,  691 .  —  Histoire  de  M.  de  Bris- 
sac  ;  elliiaciié  delà  position  pour  l’extrac¬ 
tion  de  la  balle;  II,  746  ;  III,  694.  — 
Histoire  de  Jacques  Pape  ;  coup  de  feu  au 
col ,  balle  restée  dans  le  corps;  traité  par 
Jacques  Dalam ,  III,  28.  —  Hisioire  du 
capitaine  Le  Rat  :  coup  de  feu  à  la  malléole 
droite;  guérison;  111,689.  —  Histoire  de 
M.  de  Magnane  :  fracture  de  jambe  par  un 
éclat  de  canon  ;  guérison  ;  III,  702.  —  His¬ 
toire  du  comte  de  Courdon  :  coup  de  feu  à 
travers  les  deux  cuisses  guéri  en  trente-deux 
jours;  II,  129. — Hisioire  d’un  gentilhomme 
blessé  d’un  coup  de  feu  à  la  cuisse;  fis¬ 
tule;  escarre  prise  pour  un  morceau  de 
linge;  guérison;  II,  272.  —  Histoire  du 
comte  d’Eu  :  coup  de  pistolet  à  la  cuisse  , 
fracture  en  éclats,  mort;  III,  724.  —  His¬ 
toire  du  duc  d’Avrel  :  coup  d  harquebuse 
à  la  cuisse  à  trois  doigts  au-dessus  du  ge¬ 
nou,  avec  fracture  en  éclats  du  fémur,  ac¬ 
cidents  graves,  guérison;  II,  170;  III,  726 
et  suiv.  —  Histoire  d'un  cuisinier  :  main 
traversée  d  une  balle  ;  guérison  ;  HI,  732. 
—  Histoire  du  comte  de  Mansfeldt  :  frac¬ 
ture  comminulive  des  os  du  coude  par  un 
coup  de  pistolet  ;  guérison  avec  ankylosé , 
abcès  nombreux,  II,  168  ;  III,  38 ,  725. — 
Histoire  de  M.  de  Bassompière  :  blessure 
analogue  à  celle  du  précédent;  II,  170; 

IH,  725.  — Coups  de  feu  à  l’articulation 
de  l’épaule,  mortels;  exemp  es  du  roi  de 
Navarre,  du  duc  de  Guise,  du  comieRhin- 
grave  Philibert  ;  H ,  31 1  ;  III ,  723 , 785.  — 
Histoire  du  marquis  de  Villars  :  coup  de 
feu  à  l’omoplate;  cicatrice  rouverte  plus 
tard  et  de  nouveau  fermée  ;  11,310.— His¬ 
toire  du  seigneur  de  Villeneuve  :  enfonce¬ 
ment  du  sternum  par  un  coup  de  feu  ;  gué¬ 
rison;  II,  311.  —  Histoire  du  connétable 
de  Montinorenci  :  coup  de  pistolet  au  mi¬ 
lieu  de  l’épine  du  dos  ;  mon  ;  III ,  733.  — 
Exemples  de  fractures  du  sacrum  par  un 
coup  de  feu  guéries;  II,  316,  317. 

—  it°P laies  du  crâne. — Histoire  d’une  enfant 
de  douze  ans  mordue  à  la  tète  par  un  lion  ; 

II,  42. —  Large  lambeau  du  cuir  chevelu 


réuni  par  suture  ;  guérison  ;  II,  39.— His¬ 
toire  du  capitaine  Hydron;  lambeau  du 
crâne  avec  un  fiagmenl  d’os  réuni  par  su¬ 
ture;  II,  19. Plaie  de  té  e  avec  hémor¬ 
rhagie  arrêtée  par  la  ligature  médiate  de 
l’artère;  II,  8.  —  Plaie  de  la  temporale; 
ligature  par  A.  Paré  ;  III,  683.  —  Excision 
des  parties  molles  du  crâne  dans  le  cas  de 
fissure;  II,  7.  —  Histoire  du  laquais  de 
M.  de  Goulaines  :  plaie  de  tête ,  vive  in¬ 
flammation  ,  large  exfoliation  du  crâne  ; 
guérison;  II,  66. —  Contusion  du  crâne, 
inflammation  violente  ;  27  palettes  de  sang 
tirées  en  quatre  jours  (  plus  de  81  onces); 
guérison;  II,  37.  — Histoire  de  M.  de  Sl- 
Jean;  plaie  pénétrante  du  crâne  par  un 
éclat  de  lance  ;  guérison  ;  II ,  25.  —  Coup 
de  hallebarde  pénétrant  dans  le  cerveau  , 
sans  lésion  notable  du  sentiment  et  du 
mouvement;  mort  subite  le  3' jour;  III , 
695.— Histoire  de  M.  de  laBretesche  :  frac¬ 
ture  de  l’os  temporal,  trépan  ;  guérison;  II, 

'  63.  —  Hisioire  de  M.  de  Pienne  :  fracture 
du  temporal,  trépan  ,  fongus  de  la  dure- 
mère,  guérison  ;  H,  63;  lil,  702.— Trépan 
appliqué  le  7«  et  le  10'  jour  ;  II,  10.— His¬ 
toire  d’un  serviteur  de  M.  Grolo  :  large 
fragment  osseux  ducrâneenfoncé,  relevé  et 
bien  réuni;  II,  16. — Histoiredu  serviteur  de 
M.  du  Mats  :  fracture  du  crâne  par  contre¬ 
coup;  mort  le  21'  jour  ;  autopsie;  Il ,  21. 
—  Histoire  d’un  gentilhomme  de  la  com¬ 
pagnie  de  M.  d’Etarnpes  :  coup  de  feu  au 
crâne;  fracture  de  la  2'  table  sans  lésion 
de  la  l'«  ;  II  ;  22.  —  Histoire  analogue  sur 
un  geo  tilhomme  blessé  à  l’assaut  de  Rouen  ; 
II ,  22. — Hisioire  de  Henri  II  :  commotion 
cérébrale  ;  mort  le  11'  jour;  autopsie;  II, 
25.— Hisioire  rapportée  par  PiothaisCou- 
lon  :  commotion  cérébrale  guérieau7' jour 
par  des  sueurs,  et  rejet  du  pus  par  le  nez, 
les  oreilles  et  la  bouche;  II,  70.  —  Amas 
de  pus  entre  les  deux  tables  du  crâne;  II, 
27.  —  Ouverture  des  abcès  situés  sous  la 
dure-mère;  H,  48.  —  Histoire  rapportée 
par  Pierre  Aubert  ;  fracture  de  la  2'  table , 
abcès  sous  la  dure-mère,  trépan  ;  guéri¬ 
son  ;  II,  72.  —  Abcès  dans  le  cerveau  ;  11, 
70.  — Sphacèle  du  cerveau  constaté  à  l'au¬ 
topsie  ;  H  ,  28.  —  Abcès  du  foie  à  la  suite 
de  plaie  du  crâne  :  trois  cas;  11,31. —  His¬ 
toire  d’un  page  de  M.  de  Montejan  :  plaie 
du  crâne  avec  issue  du  cerveau ,  guérison  ; 
II ,  71.  —  Histoire  de  deux  patients  bles¬ 
sés  à  là  tète  avec  issue  du  cerveau  ;  guéri¬ 
son;  II,  71,  238. — Histoire  de  Robert 
Court-Genou  :  plaie  du  crâne  avec  issue 
du  cerveau;  guérison;  II,  72. 

—  6°  Plaies  de  la  face  et  du  cou. —  Fistule 
des  sinus  frontaux ,  suite  de  fracture  du 
coronal;  H,  43.  —  Histoire  du  duc  de 
Guise;  coup  de  lance  à  travers  la  façe; 
guérison  ;  11,  25;  lit,  696.—  Hisioire  d’un 
gentilhomme  de  M.  de  Biron  :  plaie  faite 
par  une  épée  boutonnée,  traversant  de 
l’orbite  gauche  à  la  quatrième  vertèbre 
du  cou  ;  guérison  en  vingt-quatre  jours  ; 

54 


III. 


TA-BÏ^E 


ni,  488.-r- Plaie  de  la  joue  réunie  par  su¬ 
ture;  fistule  salivaire  l'onsécutiye;  enuté- 
risation,  guérison;  11,86.  —  Histoire  du 
fils  fie  M.  Coüet  ;  plaie  delà  langue  réunie 
par  suture,  eué'json;  II,  88.  —  sem¬ 
blable  sur  le  fils  de  M  deMarigny;  U,  88.— 
Histoire  «ie  Wailee  Jfeau  Piel;  plaie  de  la 
langue  réunie  pa.r  suture;  H, 8&,— Histoire 
d’on  homme  qu.i  eut  la  lapgoç  coupée  et 
parvint  à  recouvrer  la  parole  ;  H,  608,  — 
Autre  histoire  analogue;  II,  609.  —  His¬ 
toire  de  François  Brege  ;  plaies  de  la  tra¬ 
chée  et  d’une  des  veines  jugulaires;  em¬ 
physème;  suture;  scarifications  faites  par 
Jean  le  jeune;  guérison,  ;  II,  91. — Plaie  de 
la  jugulaire  externe;  ligature  par  A. Paré; 
lit ,  683.  —  Histoire  de  François  Prévost; 
plaie  du  cou  avec  division  du  plexus  bra¬ 
chial;  guérison;  II,  92.  — Plaies  de  la 
trachée  guériés;  884. —  Histoire  d’un  ser¬ 
viteur  de  M.  de  Champagne  ;  plaie  de  la 
trachée  et  d’une  veine  jugulaire,  guéri¬ 
son  ;  II ,  92.  —  Histoire  d’un  Anglais  as¬ 
sassiné  par  son  compagnon;  division  de 
la  trachée  et  de  1  œsophage  -  H  ,  93..  — 
Histoire  d’un  Allémand  qui  s’était  suicidé; 
division  de  la  trachée  et  de  l’œsophage  ; 

II,  93. 

Obsérm!ions.-~-1o  P((^ies  de  poitrine  et  du  ven¬ 
tre.—  Histoire  du  soldât  Levçsque  ;  plaie 
pénétrante  de  poitrine  ;  épanchement  de 
sang;  guérison  obtenue  en  laissant  la  plaie 
ouverte ,  II ,  97.  —  Histoire  d’up  quidam  à 
VHôtel-PiçudeParis;  fistule  au  thorax  ;  la 
saveur  des  in|ectiü,ns  revenant  à  la  bouche; 
H,  98.  —  Histoire  d’un  gentilhomme  alle¬ 
mand  ;  plaie  pénétrante  de  la  poitrine  sans 
épanchement  ;  réunion  de  la  plaie  ;  guéri¬ 
son  ;  11,98.-— Histoire  deM.  deHartigues; 
coup  de  feu  à  la  poitrine,  mort,  autopsie, 
102  ;  II ,  600;  m,  110 et  suiv.—  Plaié  du 
coçur  constatée  à  l’autopsie,  qui  avait  per¬ 
mis  an  blessé  de  courir  la  longueur  de  200 
pas  ;  H,  95.—  Histoire  d’un  aide  à  maçon  ; 
hernie  de  l’estomac  dans  la  poipine  à  tra¬ 
vers  une  plaie  du  diaphragme  II,  95.  — 
Histoire  dit  capitaine  François  d’AÎon  ; 
coup  de  feu  à  travers  le  diaphragme  ;  gué- 
rispn  ;  hernie  coiisécutiye  du  colon  dans  la 
poilpine ,  constatée  huit  moia  après  par 
l’autopsie  ;  11,95. — Histoire  de  l’argentier 
de  l’arobassadenr  rie  Poiiugal;  cuuptl’épée 
an  travers  du  corps  avec  plaie  des  intés- 
guérison  ;  II,  106.  —  Autre  histoire 
semblable  d’un  gentilhomme  de  Vilrev  en 
Bretagne;  H,  106.-  Hbtolre  du  seigrîeur 
de  Belle-Jambe  ;  plaie  des  intestins;  gué¬ 
rison;  II,  106. —  Histoire  de  Francisque; 
coup  de  feu  au  veutre,  traité  par  Sinion 
Crtnay  ;  balle  sortie  par  l’anus  ;  guérison- 

III,  28.  PiqOre  des  intestins  avec  une 
aigmllepour  évacuer  les  vents,  avec  heu¬ 
reuse  issue;  H,  107.—  Dans  les  plaies  des 
ipteslins ,  la  tension  du  ventre  et  la  dou¬ 
leur  des  testicules  est  un  signe  de  mort- 
II,  109. 

— •  8®  fractures,  luxations,  maladies  des  çs  et 


des  articulations.  —  Fracture  partielle  de 
la  mâchoire,  suite  de  l’arrachement  trop 
brusque  des  dents;  11,451.  — Hisli  ire 
d’Antoine  de  la  Rue  ;  Iracturede  la  m⬠
choire  avec  renversement  de  trois  dent*  ; 
gucrisdii  eomplète  ;  II ,  449.  —  Ankylosé 
au  coude,  suite  de  fracture  mal  trai  ée  de 
l’avani-bras;  H,  319.  —  Histoire  delà 
fracture  de  jambe  d’A.  Paré  lui-même; 
II,  328.  —  Observation  de  fracture  auool 
du  fémur;  II,  327.  —  La  fracture  en  tra¬ 
vers  de  la  rotule  amène  toujours  la  clau¬ 
dication;  11,  328.  —  Mâchoire  luxée  en 
bâillant  ;  247.  —  Erreur  de  plusieurs  chi¬ 
rurgiens  confondant  la  luxation  de  la  cla¬ 
vicule  avec  celle  de  l'humérus;  II,  360. — 
Luxation  de  l’humérus  réduite  presque 
sans  efforts  ;  II,  370.  —  Luxation  de  l’hu¬ 
mérus  réduite  par  l’échelle,  par  Nicolas 
Picart;  II,  374.— Succès  du  procédé  de  La 
Porte  entre  lès  mains  de  Henri  Arvet  ;  II, 
375.  —  Observation  d’une  luxation  de 
l’humérus  en  avanlchez  unenoniiain;  H, 
378.  —  Ankylosé  survenue  après  la  ré¬ 
duction  des  luxations  du  coude,  suite  d’un 
trop  long  repos;  II,  384. — Effet  d’un  cor¬ 
set  trop  serré,  les  côtes  chevauchant  les 
unes  sur  les  autres;  11,292.  —  Paré  a  vu 
les  os  dénudés  devenir  si  durs  que  le  tré¬ 
pan  y  mordait  à  peine;II, 581.— Exemple 
de  prurit  occasionné  par  la  cautérisation 
desbs;  II,  237. —  Tumeurs  blanches;  les 
douleurs  apaisées  , par  l’application  de  15 
pu  16  sangsues  ;  422. — Histoire  de  Gréaul- 
me  ;  tumeur  blanche  ouverte  par  un  cau¬ 
tère  contre  l'avis  de  Paré;  suites  fâcheuses; 
423.  — Histoire  de  l’avocat  Marchant; 
séparation  de  l’apophyse  inférieure  du  fé¬ 
mur  par  suite  de  carie  du  genou;  II,  327. 
—  Calcul  extrait  du  genou  avec  succès  ; 
histoire  de  Jean  Bourlier;  IH,  32. 

—  d'^i-'ontusions ;  brûlures;  congélations;  gan¬ 
grènes.  —Histoire  dir  fils  de  Malburin  Le- 
beau,  snr  leq^uel  avait  passé  une  roue  de 
voiture  publique;  guérison;  III,  489.— 
Histoire  de  messire  Christophe  des  Ursins  ; 
chute  de  cheval;  énorme  épanchement 
-sanguin  aux  lombes;  inci.sions  multiples, 
guérison;  III,  468.  —  Histoire  d’un  Bas- 
Bieton  tué  dans  une  laltç;  autopsie; 
épancheruenl  de  sang  dans  la  poitrine, 
sansvaisseau  notable  lésé;  HI,  693. — 
Histoire  d’un  garçon  de  cuisine  tombé 
dans  une  chaudière  d’huile  bouillante, 
pansé  avec  des  oignons  crus;  bon  résul¬ 
tat;  II,  128. -Histoire  d’un  Allemand 
brûlé  aux  mains  et  au  visage;  bons  effets 
des  oignons  cru^;  !!,  128.  —  Histoire  de 
soldats  brûlés  par  une  traînée  dé  poudre 
à  canon,  traités  par  les  oignons;  H,  204. 
—  Histoire  d’un  enfant  qui  eut  la  jambe 
brûlée  ;  scar  ficalions ,  guérison  ;  If  ,  269. 
—  Exemple  de  gangrène  sui  venue  parle 
iroid;!!,  177.  —  Exemples  de  congéla¬ 
tion  de  divers  membres  ;  II ,  2t4.  —  His¬ 
toire  d’un  Breton  qui  eut  la  jambe  gelée, 
puis  le  pied  brûle;  amputation,  mort; 


ANALYTIQUE. 


85l 


H ,  214.  —  Histoire  du  chanoine  Bouquet  ; 
gangrène  sénile  j  refus  d’ampulerla  cuisse, 
mortj  in,  612.— Histoire  d’une  gangrène 
sénile  suivie  de  mort;  h,  214.—  Pareil 
cas  communiqué  par  François  Vostre,  de 
Turin  J  H,  214.  —  Exemples  de  bras  et 
ïambes  séparés  par  la  gangrène,  sur  des 
pestiférés,  à  l'Hôtel-Dieu;  III,  612. 

Observatious, —  10«  Anmuiaiiom.  —  Obser¬ 
vations  sur  la  sensibilité  de  la  moelle 
des  os  dans  l’amputation;  296,  —  Histoire 
dune  amputation  au  coude,  sur  un 
soldat,  pour  cause  de  gangrène  trau¬ 
matique;  guérison}  H,  233.  —  Histoire 
d  un  gentilhomme  auquel  Paré  coupa  la 
jambe  ;  premier  exemple  de  la  ligature  ; 
III,  698,  699. — Histoire  du  capitaine 
iecierc;  jambe  emportée  au-dessus  de 
la  cheville  par  un  coup  de  canon ,  et 
amputée  plus  tard  pour  son  incommo¬ 
dité}. H,  221,  —  Histoire  de  Pirou  Gar- 
bier;  amputation  de  la  jambe,  guérison; 
H ,  230  et  232  ;  III ,  xvi.  —  Histoire  d’une 
amputation  de  jambe  faite  par  Cbarbon- 
nei,  pour  cause  de  carie,  avec  ligature 
des  vaisseaux;  lll,  681. —  Amputation 
de  jambes  faite  par  Viard,  pour  une  frac¬ 
ture  compliquée,  avec  ligature }  111 , 681. 
—  Amputation  pour  carie,  par  Daniel 
PouUet.  avec  ligature  ;  Ht ,  681,  —  Am¬ 
putation  pour  gangrène  de  cause  interne, 
avec  ligature;  HI ,  683,  —  Amputation  de 
l’avant-bras ,  pour  une  fracture  cororoi- 
oulive  deia  main,  faite  par  Guillemeau; 
IIl ,  683. 

—  11“  'J  umeurs;  ukèeesi  abcès;  anévrismes. — 
Scrolubs  traités  a'CC  succès  par  ia  saliva¬ 
tion  mercurielle  ;  364.  —  Histoire  du  fils 
de  Sermon  ;  aWation  d’une  loupe  sur  le 
sourcil  contenant  des  poUs;  111,41,— Loupe 
du  poids  de  boit  livres  enlevée  par  Puré 
ei  L,  Coloi  i  361 .  —  Histoire  d’une  demoi¬ 
selle  affectée. d’un  névrome  vers  la  hanche, 
avec  d’excessives  douleurs;  destruction 
da  la  tumeur  par  les  caustiques;  guéri¬ 
son;  IH,  211.  — Htsioire  analogue  sur 
la  femme  du  cochet  de  la  reine;  IH ,  212. 
—  Histoire  de  M.  de  Vaudeville;  vieil 
ulcère  à  la  jambe;  lU,  'î»6  «1  suw,— 
Douleurs  du  cancer  uicéré  apaisées  par 
les  sangsues  et  l’application  d’animaux 
coupés  en  deux  tout  vivants;  366.  —  Ver 
ex  rait  d’un  abcès  de  la  cuisse  par  Guil¬ 
lemeau  ;  III }  36.  —  Hisioire  de  Jean 
Mallet  anévrisme  sous-clavieulaireouyert 
pat  un  barbier  contre  l'avis  de  Paré  ;  mort  ; 
^12,  —  Histoire  de  Belanger;  anévrisme 
de  l’anère  veineuse,  avec  auiopsie;  373. 

— 12»  ArUnolomie,  soiÉinda,  emières. — Arié- 
riutomie  :  plaie  fermée  le  lendemain  ;  III, 
418  —  Saigne^e  de  la  veine  puppis  faite 
avec  succès;  196. —Exemple  de  sang  vi¬ 
cié  tiré  par  la  saignée  dans  certaines  an¬ 
nées  ;  H,  141. —Histoire  du  roi  Charles  IX; 
uiqùre  d’un  nerf  dans  une  saignée  5  traite¬ 
ment  dirigé  par  Paré  ;  guérison;  U,  116. 

—  Histoire  de  madame  la  batlUve  Cuur- 


tin;  saignée  malheureuse;  gangrène  du 
bras;  mort;  II,  116.  —  Histoire  du  cau¬ 
tère  de  velours;  IH,  681. 

Maladies  chirurgicales  du  tronc,  etapé- 
rations  ,  disposées  par  régions.  —  Histoire 
de  Dufrénoy  :  encéphalocèle  ouvert  mal¬ 
gré  l’avis  de  Paré;  mort;  II,  212.  —  Quatre 
hydrocéphales,  tous  morts;  autopsie  de 
l’un  d’eux;  377. — Ëxempled’une  grande 
tuméfaction  de  la  conjonctive  :  Paré  dé¬ 
fend  de  l’exciser  et  de  ia  cautériser;  II, 
78.— Histoire  de  messire  Paul  :  fluxion  sur 
les  yeux  guérie  par  le  séton;  II,  79.— His¬ 
toire  d’une  femme  qui,  pour  un  prurit  des 
paupières ,  se  lavait  les  yeux  avec  du  vi¬ 
naigre;  II,  425,  790.  — Ouverture  d'un 
hypopion  faite  avec  succès;  11,434.— His¬ 
toire  de  la  sœur  de  Loys  de  Billy  :  rupture 
des  yeux  par  inflammation;  H,  47  (note), 
292, 428. — Histoire  du  cadet  deSt-Thoan  : 
rhiuoplastie  ilalieniie;  II,  606.  — Paroti¬ 
des  traitées  par  l’applicaliOD  de  topiques 
mercuriels  ;  381.  —  Cancer  de  la  lèvre  en¬ 
levé  par  un  procédé  propre  à  l'auteur; 
365. —  Epulides  volumineuses  avec  altéra¬ 
tion  des  alvéoles,  enlevées  par  le  fer  et  le 
feu;  381- —Epulides  dégénérées  en  car¬ 
tilages  et  en  os  ;  382.  —  Histoire  d’un  va¬ 
let  de  chambre  du  connétable  :  douleur  de 
dent  suivie  d’abcès  à  la  gencive  et  de  chute 
de  la  dent  ;  II,  444.— Histoire  de  Paré  lui- 
même  :  douleur  de  dent  apaisée  par  l’ap- 
ptication  d’une  gousse  d’ail  cuite;  II,  447. 
—  Douleur  de  dents  apaisée  par  an  vésica¬ 
toire  au-dessus  de  l’oreille  ;  II,  448. — His¬ 
toire  d’un  villageois  auquel  on  arrache  trois 
bonnes  dents  eu  laissant  la  mauvaise;  II, 
463. — Hi.'toire  d’une  Iransplanlation  u’une 
dent;  II,  449. — Malades  suûoques  par  es- 
quluancie  ;  388,— Cautérisation  de  la  luette 
avec  l’eau-forte,  suivie  de  succès;  384.— 
Histoire  d’un  gentilhomme  e.'pagnol  :  apos- 
tème  à  ia  gorge  rempli  de  vers  vivants  ;  iH, 
733.  —  Lemê^me;  grenouillette  contenant 
cinq  pierres  ;  III,  733.  — Histoire  du  capi- 
taineAuguslin:  exlr«ction  d  un  calcul  sali¬ 
vaire  so us-1  in gual  ;  Il  1 , 32,— Corps  étran ger 
dans  l'œsophage,  poussé  a  l’aide  d’un  por¬ 
reau  dans  l’estomac;  28. —Histoire  de  Bé- 
nédict  Vallée  :  empyème  guéri  spontané¬ 
ment;  393.  — Tumeur  squirrheuse  du  sein 
chez  madame  de  Montigny,  oégénéréesous 
l’influence  d’un  traitement  actif ,  contre 
l’avis  de  Pare  ;  370. — Tumeur  dure  comme 
une  pierre  trouvée  è  l’aulopsie  dans  la  naa- 
melle  d’une  dame;  362. —  Tumeur  dure 
comme  une  pierre  sur  le  vivant,  et  n’ayant 
jamais  subi  de  dégénérescence;  362. — "Fu¬ 
meur  squirrheuse  du  mésentère  pesant  10 
livres  et  demie ,  autopsie;  356. —  Histoire 
de  l’écolier  Chambellan  ;  épi  de  gramen 
avalé,  sorti  par  un  espace  iniercostal;  IH, 
39. —  Histoire  du  fol  de  M.  de  Bohan  : 
pointe  d’épee  avalée  et  rendue  parl’anus; 
Ht,  39.  — Couteau  avalé  sorti  par  un  ab¬ 
cès  au-dessous  de  l’aine  ;  HI,  39.  —  Frag- 
menl  d’un  miroir  d’acier  avalé  par  un  en- 


I  A  BLE 


855 

ftaftt;(fescendu  dans  les  bourses;  mort;  lil,  ( 
-  40;'— Hÿdropiquequl  se  donne  un  coup  de 
poinçon  dans  le  ventre ,  mort;  400.  — His- 
tôire  de  l'enfant  de  Jean  de  Gourmont: 
abcès  de  l’ombilic  ouvert  spontanément , 
isWe  des  inieSlins,  mort  ;  II,  795.— Histoi re 
dé  vers  sortis  par  un  abcès  du  ventre  com- 
mtniiqtiant  avec  l’intestin  ;  anus  anormal  ; 
guérison  ;  III,  37.— Histoire  de  l’enfant  de 
M.  de  Martigues  :  exomphale  ouvert  mal  à 
propos  ;  mort  ;  II ,  795.  —  Enfants  guéris 
de  hernies  inguinales  par  les  topiques  et 
le  brhyériiOO.*— Histoire  d’uncbirurgien 
qui  disait  guérir  les  hernies  par  les  topi¬ 
ques  à  l’intérieur  ;  407. —  Histoire  de  Jean 
Morct, 'guéri  d’une  hernie  scrotale  à  l’aide 
d’unhrayer  porté  cinq  à  six  ans;  autopsie; 
403.  Autres  guérisons  pareilles  ;  409.— 
Autopsie  de  sujets  morts  de  la  castration 
pour  des  hernies  ;  413. —  Histoire  d’un  en¬ 
fant  chez  qui  l’on  avait  pris  le  testicule  à 
l’anneaü  pour  une  hernie;  418.— Histoire 
d’Un  miserere  mortel  par  amas  de  matiè¬ 
res  fécales  durcies  dans  les  intestins  ;  II , 
515.— Calcul  rendu  par  l’anus;  111,32. 
/de>ft,  -sur  la  dame  de  St-Eustache;III,.32. 
—  Hydrocèle  chez  une  petite  fille  de  sept 
ans  Qpérée  par  excision  ;  346.— Gangrène 
dans  les  abcès  de  l’anus  provoquée  par  des 
médicarnents  trop  répercussifs  ou  matu- 
"ratifs  ;  420.  —  Les  enfants  à  qui  l’on  ouvre 
l’anus  imperforé  ne  vivent  pas  long-temps  ; 
H',  461. -—Exemple  de  malades  ayant  le 
rectum  sortiduvolumed’unegrosse  boule; 

II ,  795.  —  Histoire  de  Catherine  Parlan  : 
aiguille  restée  quatre  mois  dans  la  fesse  et 
sortie  par  l’anus  ;  III,  29.  —  Procédé  d’un 
:  vieux  chirurgien  de  Milan  pour  le  para- 
phimosis,  pratiqué  avec  succès  ;  II,  554. — 
Chaudepisse  gardée  dix  ans;  rétention 
d’urine,  mort,  autopsie;  II,  559. —  Belles 
cdreS  faites  par  une  sonde  destinée  à  cou¬ 
per  les  brides  dans  les  rétrécissements  de 
l’urètre  ;  II,  569,  —  Sonde  placée  dans  l’u¬ 
rètre  et  s’enfonçant  spontanément  dans  ce 
canal  ;  '28,  —  Cloporte  jeté  par  la  verge 
par  Duret  ;  III ,  35.  —  Histoire  du  comie 
Charles  de  Mansfeldt  :  issue  par  la  verge 
d’une  matière  semblable  à  un  animal;  III, 
35;  — Broiement  des  calculs  dans  l’urètre 
fait  par  Paré  ;  II,  473.  —  Calculs  urétraux 
extraits  par  une  incision  latérale  à  la  verge  ; 
H,  474. —  Histoire  d’une  rétention  d’urine 
pour  s’être  trop  long-temps  retenu  de  pis¬ 
ser;  H,  498.— Hématurie  survenue  à  Paré 
pour  avoir  été  trop  long-temps  à  cheval  ; 
IL  500.— Histoire  d’un  homme  qui  vomis¬ 
sait  dë  l’urine  ;  mort,  autopsie  ;  uretères 
bouchés  par  des  calculs;  II ,  503.  —  His¬ 
toire  de  l’avocat  Goyet  :  slrangurie,  mort, 
abtopsié  ;  vessie  calleuse  et  parsemée  de 
petits  abcès  ;  II,  510.  —  Histoire  de  Pierre 
Cocquin  :  calcul  vésical  formé  sur  une  ai- 
ghilie,  extrait  par  les  fils  de  Laurent  Colot; 
Iir,  29.  —  Histoire  d'un  pâtissier  de  Mon- 
targis  :  calcul  de  neuf  onces  extrait  par 
Jean  Colot;  guérison;  III,  30,—  Histoire 


de  Tirevit  :  aiguille  formant  le  noyau 
d’un  calcul  (Golot)  ;  28.  —  Autre  histoire 
de  Tirevit  :  trois  calculs ,  chacun  du  vo¬ 
lume  d’un  gros  œuf  de  poule,  extraits  par 
Laurent  Colot  le  fis;  III,  30, —  Exem¬ 
ples  de  pierres  de  figures  bizarres  ,  trou¬ 
vées  par  Paré  dans  les  reins  des  cadavres  ; 
111,31. 

Observations. —  14°  Accouchements  ;  mons¬ 
truosités;  maladies  des  femmes  et  des  en- 
.  fonts. — Histoire  delà  femme  de  P.  Lefèvre  : 
règles  rendues  par  les  mamelles;  II,  766. 
— Histoire  de  la  femme  de  Paré  qui,  étant 
fille ,  eut  ses  règles  par  le  nez  un  an 
entier;  II ,  766.  —  Dame  chlorotique  qui 
pleurait  sans  cause;  II,  782. —  Histoire  de 
deux  tilles  hystériques  qui  riaient  de  façon 
désordonnée;  II,  782.  —  Exemple  unique 
d’hymen  (presque  imperforé)  trouvé  par 
Paré  chez  une  jeune  fille;  division;  II, 
747.  —  Histoire  d’une  femme  devenue 
homme  à  quatorze  ans;  III,  19.— Histoire 
de  Germaine-Marie,  d’abord  fille,  devenue 
garçon  à  quinze  ans  ;  III,  19.  —  Exemples 
de  femmes  feignant  d’ètre  enceintes  dé¬ 
masquées  par  A.  Paré;  III,  49.—  Ecarte¬ 
ment  de  toutes  les  symphy>^es  du  bassin 
sur  deux  femmes  mortes  après  l’accouche¬ 
ment;  295.  —  Ecartement  des  symphyses 
sacro-iliaques  dans  l’accouchemeni;  11,665. 
—Autopsie  d'une  femme  accouchée  quinze 
jours  auparavant  :  écartement  de  la  sym¬ 
physe  pubienne  ;  II,  669. — Exemple  d’une 
femme  accouchée,  dans  cinq  couches  suc¬ 
cessives,  de  2, 3,  4,5,  6  enfants;  III,  14. 

—  Femme  accouchée  d’un  enfani,  et  huit 
jours  après  d’un  autre;  IIL  i4.— Accou¬ 
chements  où  le  bras  de  l’enfant  était  sorti 
et  gangrené,  et  où  Paré  l’amputait;  II-, 
629,  703. — Histoire  de  la  femme  de  Pierre 
Gœurly  :  arrière-faix  sorti  le  premier;  en¬ 
fant  mort;  II,  696.  —  Opérations  césa¬ 
riennes  sur  des  femmes  mortes  ;  II,  646, 

—  Deux  cas  de  suture  du  périnée;  II,  718. 

—  Fœtus  putréfié  trouvé  dans  le  cadavre 
d’une  femme  de  soixante-huit  ans;  III,  26. 

—  Histoire  de  la  femme  de  Guillaume  Pio- 


ger:  môle  volumineuse  de  la  matrice,  avec 
autopsie  ;  II,  724.  —  Môle  du  volume  d’un 
œuf  d’oie; mort;  II,  727.— Polypes  du  col 
utérin  guéris  par  l’application  de  la  pou¬ 
dre  de  Sabine;  359. —  Histoire  d’une  ca- 
gnardiére  simulant  une  chute  de  matrice; 
III,  51.  —  Histoire  d’une  femme  guérie 
dune  chute  de  l’utérus  et  ayant  eu  des 
enfants  aptès;  H,  740.  —  Histoire  d’une 
lemme  à  qui  la  matrice  fut  extirpée  :  mort 
trois  rnois  après;  autopsie;  11,745.— Fi¬ 
gure  d’un  enfant  avec  deux  pieds-bots  et 
deux  mains-botes  ;  III,  26.-Exemple  d’un 
entant  qui  eut  le  cours  de  ventre  parce 
que  la  nourrice  avait  pris  médecine;  Ilf, 
288.  --  Histoire  des  enfants  de  Paré  :  inci¬ 
sion  des  gencives  pour  favoriser  l’issue 
des  dents  ;  II,  799.  —  Autopsie  de  l’enfant 
de  M.  de  Nevers  mort  à  huit  mois  ;  les 
dents  retenues  par  la  dureté  des  gencives; 


ANALYTIQUE. 


853 


n,  799.  Deux  exemples  de  monstres  avec 
deux  têtes  et  quatre  jambes  ;  II ,  626.  — 
Monstre  à  deux  têtes,  quatre  jambes,  deux 
bras  et  un  seul  cœur;  autopsie  par  Paré  ; 
III ,  8.  —  Monstre  à  une  tête  ,  quatre  bras 
et  quatre  jambes;  III ,  9.  — Monstre  bi- 
corps  à  trois  jambes,  réuni  par  le  bassin  ; 
III,  10.  —  Monstre  bi-corps  réuni  par  la 
poitrine  et  l’abdomen;  lll,  il.— Pourceau 
monstrueux  bi-corps  à  une  tête;  HI  ,  13. 
—  Monstre  sans  jambes  n’ayant  que  deux 
doigts  à  la  main  droite;  III,  21.— Monstre 
sans  tête  ;  lit,  21.  —  Monstre  sans  bras  ar¬ 
rivé  là  l’âge  adulte ,  et  embrassant  divers 
objets  avec  l’épaule  et  la  tête;  III,  22.— 
Monstre  femme  sans  bras,  qui  cousait; 
III,  23.  — Agneau  à  trois  têtes  observé  par 
Jean  Bellanger;  III,  45. 

Observations. — 15“  Douleurs  ;  migraine /scia¬ 
tique,  etc. —  Histoire  de  M.  la  Roche-sur- 
Yon:  migraine  guérie  par  l’artériotomie; 
Il ,  411.  -  Migraine  soufferte  par  Parélui- 
même,  guérie  par  le  même  moyen;  11,411. 
—  Douleur  sciatique  survenue  à  Paré  lui- 
mêrne;  guérison;  II,  119. — Douleur  scia¬ 
tique  chez  Paré  même  guérie  par  des 
topiques  chauds  ;  III ,  245.  —  Histoire  de 
M.  de  Longemeau  :  sciatique  guérie  par 
l’application  de  limaçons  cuits  dans  du 
vinaigre;  III,  242.  —  Histoire  d’un  gentil¬ 
homme  génevois  affecté  d’une  douleur  à 
l’épaule  gauche  avec  impotence  du  bras  , 
guéri  par  le  vomissement;  lll,  225.— 
Douleurs  de  goutte  apaisées  par  l’appli¬ 
cation  de  feuilles  d’hièble;  III  ,  243.  — 
Colique  venteuse  apaisée  par  l’injection 
de  3  onces  d’huile  et  d’une  balle  de  plomb  ; 
11,518. 

—  1 6“  Histoire  d’une  mort  su- 

atbite  chezîune  jeune  mariée,  attribuée  à  la 

striction  trop  l'orte  du  corset;  II,  293. — 
Histoire  de  cinq  hommes  asphyxiés  dans 
une  fosse  d’aisances;  III ,  358.  —  Histoire 
de  deux  serviteurs  de  l’avocat  Duhamel , 
asphyxiés  par  la  vapeur  du  charbon  ;  III, 
661 .  —  Histoire  de  trois  serviteurs  de  Jean 
de  Begin  ;  III,  664. 

—  l7°Maladies  de  la  peau;  maladies  internes. 
—  Teigne  guérie  par  l’emplâtre  de  \'igo 
par  maître  Simon  Leblanc;  II,  409. — Vé¬ 
role  communiquée  par  une  nourrice  à  l’en¬ 
fant,  et  par  celui-ci  à  la  mère  et  à  toute  la 
famille; II, 530.— Observation  d’un  enfant 
atteint  d’un  feu  volage,  traité  par  de  l’eau 
pure  au  lieu  d’eau  de  licorne,  et  guéri  ;  lll, 
506. — Exemple  d’une  puanteur  des  pieds 
rendue  plus  insupportable  par  le  musc;  II, 
601.  —Epreuve  des  ladres  par  une  aiguille 
enfoncée  au  talon;  111,277. — Exemple  d’un 
rapport  de  ce  genre  ;  III ,  669 — -Epilepsie 
guérie  parle  séton;  H,  80.  —  Histoire  de 
niademoiselle  de  Ghalenges  :  pleuro-pneu- 
inonie  ;  douleur  de  tête  donnée  par  iiuret 
comme  signe  de  mort;  pronostic  véiillô  : 
II ,  776.  —  Histoire  analogue  ;  autopsie  ; 

•  abcès  entre  la  pie-mère  et  le  cerveau  ;  Il , 
776.— Histoire  deTiennette  Chartier  :  trois 


vers  semblables  à  des  chenilles  rendue  par 
le  vomissement;  III,  41.-rYer8  intesti¬ 
naux  rejelés  par  le  nez;  III,  264. 

—  18“  Epidémies;  peste;  petite  vérole. — Dys- 
senterle  contagieuse  au  camp  d’Amiens  ; 
autopsies  faites  par  Paré  ;  lll ,  422.  —  Epi¬ 
démie  causée  par  la  putréfaction  de  cada¬ 
vres  accumulés  dans  un  puits,  au  château 
de  Pêne,  en  1562;  III,  358.  —  fllstoire 
de  l’auteur  tombé  en  défaillance  en  visi¬ 
tant  un  pestiféré;  III,  380.  — Histoire  de 
madame  La  Mare  :  bubon  pestiféré  dis¬ 
paru  par  métastase;  mort  sgbite;  111,^88 
et  438.  —  Efficacité  de  l’armoise  contre 
la  pesie;  III,  415.  —  Enquête  ^ite  par 
Paré  sur  les  fâcheux  effets  de  la  saignée 
et  des  purgatifs  dans  la  peste  ;  IIJ  ,  411. 
—  Efficacité  de  la  semence  d’a.ncbpks  : 
histoire  rapportée  par  Gilbert-  Erouard; 
III ,  415.  —  Histoire  de  M.  de  Fontaines , 
affecté  de  la  peste,  guéri  par  unabondâiit 
épistaxis;  III,  419,  734, — Frictions  mer- 
curielles  essayées  par  Paré  conire  la  peste  ; 
III,  425.  —  Vésicatoires  appliqués  avec 
succès  au-dessous  des  phlegmons  pesti¬ 
férés  ;  III ,  428.  —  Histoire  de  Paré  lui- 
même  :  charbon  pestiféré  au  ventre;  III, 
436,  472.  —  Observations  sur  l’ouverture 
des  charbons  chez  les  pestiférés,  de  l'Hô- 
tel-Dieu;  III,  437.  —  Dissection  de  char¬ 
bons  disparus  par  métastase  ;  III,  437. — 
Histoire  du  gouverneur  des  dames  de 
l’Hôlel-Dieu  :  charbon  de  peste  à  l’esto¬ 
mac;  mort,  autopsie;  III, ,439.,— Obser¬ 
vation  d’un  enfant  suçant  encoïe;  les  ma¬ 
melles  de  sa  mère  morte  de  la, peste  ;  tll, 
459.  —  Histoire  d’un  individu  sain  trans¬ 
porté  à  l’Hôtel-Dieu  comme  pestiférç,  et 
mort  de  désespoir;  III,  458., ■— Histoire 
d’un  prêtre  de  Saint-Eustacbe,  qui ,  dans 
le  délire  de  la  peste,  tua  trois  malades  à 
l’Hôlel-Dieu;  III,  460.  —  Histoire  dé  la 
femme  d’Amy  Bâton,  qui,  dans  le  délire 
de  la  peste,  se  jeta  avec  son  enfant  par  la 
fenêtre  ;  III ,  460.  —  Histoire  de,  la  flUe 
de  Jean  de  Saint-Jean,  atteinte  de  Ig  peste 
et  guérie  par  cinq  grains  d’antimoine; 
III,  465.  —  Histoire  de  la  fille  de  Ciâùde 
Piqué  ;  abcès  consécutifs  à  la  petite  vé¬ 
role,  avec  carie  du  sternum  et  des  épi- 
physes  ;  autopsie  ;  III ,  >258.  — jHisloire  de 
la  petite  fille  de  Rolin  Marie  ;  os  des  bras 
et  des  jambes  pourris  et  fracturés  en  suite 
de  la  petite  vérole  ;  HI  ,i25,8.i-:  Le  S^igném' 
de  Guimenay  devenu  aveugle  par  4  .l’é- 
role  ;  III ,  259.  -r  Autopsie,  fait^  -avçc  Ri¬ 
chard  Hubert  :  éruption  variolique  a  1’, in¬ 
térieur  du  corps  comme  à  r  l’exterieur  ; 
111,260.  . 

— 19“  Charlatans;  maladies  slpiuléps  ;.tf,ai(e- 
ments  simulés;  guérisons  bizarre? 
toire  du  juif  fabricant  de  mdinieSriap- 
portée  par  Gui  de  Ja  Fontaine  S  HL 
—  Exemple  d’un  charlatan  qui  arletaitle 
.sftiig  avec  des  .paroles  ; ,111.^. 
d’un  charlatan  qui  voulatt., guérir,  Mf  ,de 
Martigues  f  Voyez  aux  ipiuws,  de,  joz- 


TABLE 


854 

trine.)  —  Histoire  d’une  grosse  garse  de 
Normandie  qui  feignait  avoir  un  serpent 
dansie  ventre;  III,  52.  — Histoire  d’un 
coquin  qui  feignait  avoir  ie  bras  spha- 
célé;  III,  46.  — Histoire  d’une  cagnar- 
dière  qui  feignait  avoir  un  chancre  à  la 
mamelle,  démasquée  par  Jeh  m  Paré  ; 
III ,  46.  —  Histoire  d’un  gros  maraut  qui 
contrefaisait  le  ladre ,  démasqué  par  Jehan 
Paré;  III,  47.  —  Rapport  fait  par  Paré, 
Pigray  et  Viart  sur  un  gros  maraut  qui 
feignait  être  sourd,  muet  et  boiieux;  III, 
50. —  Histoire  d’une  cagnardière  simu¬ 
lant  une  chute  du  rectum  (mal  Saint- 
Fiacre)  démasquée  par  Flesselles;  III,  50. 
—  Histoire  d'une  femme  qui  riait  et  pleu¬ 
rait  sans  motif;  99.  —  Histoire  d’une 
femme  qui  se  croyait  empoisonnée  par  du 
mercure;  guérie  par  un  bain  où  l’on  avait 
jeté  du  mercure  ;  lOO.  —  Histoire  du  curé 
de  Montlnéry  se  croyant  empoisonné,  et 
guéri  par  ruse;  100.  —  Gentilhomme  fou 
voulant  qu’on  lui  mit  un  autre  cerveau; 
100.  —  Histoire  d’un  homme  qui  croyait 
avoir  la  vérole ,  guéri  par  des  frictions  si¬ 
mulées  ;  100.  —  Fièvre  quarte  guérie  par 
une  chute  dans  laVistule;  95.  —  Phré- 
nêsie  guérie  par  une  chute  dans  la  ri¬ 
vière  ;  96.  —  Phrénésie  guérie  sur  un  Gas¬ 
con  par  une  chute  du  deuxième  étage  sur 
le  pavé;  95. — Observation  semblable  sur 
un  gentilhomme;  103. — Fièvre  quarte 
guérie  par  un  coup  d’barquebuse  sur  le 
capitaine  Saint- Aubin  ;  95;  III,  722.— 
Exemple  d’une  jaunisse  guérie  par  amu¬ 
lette  ;  III ,  64.  —  Exemples  de  fièvres 
guéries  par  oraison,  mais  revenaniensuite; 
III ,  64. 

Observations. —  20”  Physique;  histoire  natu¬ 
relle  ;  dêmonotogie. —  (.rap.iud  trouvé  vif 
dans  une  pierre  solide  ;  III ,  43.  —  Histoire 
d’un  homme  qui  se  lavait  les  mains  avec 
du  plomb  fondu,  après  les  avoir  mouil¬ 
lées  de  son  urine;  III,  68. —  Expérience 
sur  des  autruches  pour  savoir  si  elles  di¬ 
gèrent  le  fer  ;  HI,  518.  —  Expérience  sur 
la  corne  de  licorne;  preuve  qu’elie  n’a 
aucune  action  sur  les  scorpions  ;  lll ,  470. 
—  Idem  sur  les  crapauds  ;  III ,  505.  — 
Autre  expérience  sur  les  bulles  d’air  qui 
s’élèvent  de  la  corne  de  licorne  plongée 
dans  l’eau;  on  voit  la  même  chose  sur  des 
08  de  mouton  ;  III,  471  et  505.  —  Corne 
du  poisson  vlétif  donnée  à  l’auteur  par 
M.  Le  Coq  ;  Ifl,  503.  —  Histoire  des  pas¬ 
sereaux  de  Paré;  III,  740.  —  Histoire 
du  singe  du  duc  de  Some  ;  III,  756.— 
Histoires  fantastiques  des  mineurs  d’Alle¬ 
magne,  racontées  à  Paré  par  un  gentil¬ 
homme  du  duc  d’Ascot  ;  III ,  56.  —  His¬ 
toire  d’un  sorcier  véritable  vu  par  Am¬ 
broise  Paré;  III,  55,  61.  — Histoire  d’un 
individu  tombé  en  délire  après  avoir 
mordu  dans  une  pomme  ;  III,  63,  —  His¬ 
toire  d’un  jeune  gentilhomme  possédé 
du  démon  ;  III,  63. 

Obstruction.  Obstructions  naturelles  et  ac¬ 


cidentelles  de  l’oreille;  11,  443;  III,  103. 
—  Fièvre  symptomatique  venant  d'ob¬ 
struction  ;  III,  178. 

Obturateurs.  Figures  d’obturateurs  du  pa¬ 
lais  ;  II,  608. 

Occident.  Constantin  y  est  le  réformateur 
des  sciences  médicales  ;  par  qui  y  était 
cultivée  la  médecine  avant  le  xi»  siècle  ; 
Int.  XIX.  —  La  chirurgie  y  est  complète¬ 
ment  oubliée  au  XII'  siècle  ;  Int.  xxvi.  — 
Tempérament  des  Occidentaux;  61. —  Na¬ 
ture  du  vent  d’Occident;  64. 

Occiput.  Ce  que  c’est  ;  204.  —  De  l’os  occi¬ 
pital  ;  208. 

OcTAiNE  (fièvre);  III,  156. 

Odeur.  Une  mauvaise  odeur  chasse  l’autre  ; 
111 ,  366.  —  Influence  des  odeurs  sur  l’é¬ 
conomie  ;  III ,  395. 

Odorat;  57.—  De  quel  secours  il  est  au  chi¬ 
rurgien  ;  93,  —  Théorie  de  l’odorat  ;  243. 

OEdème;  320.— Définition,  espèces  diverses, 
causes,  signes;  341.  —  Terminaisons  et 
Iraiiement;  342. —  Cas  remarquables  de 
plaies  d’harquebuses,  accompagnées  d’œ¬ 
dème  ;  II,  168.  —  OEdème  résultant  d’un 
bandage  trop  serré;  II,  283,  284.  —  Pro¬ 
duit  par  une  fracture;  II,  283.— OEdème 
des  yeux  ;  II,  415. 

OEil  de  bœuf ,  de  cochon ,  de  chat ,  de  loup, 
de  chèvre,  de  lion;  83. 

OEïophage.  Anatomie  de  l’œsophage;  201.— 
Pronostic  et  traitement  des  plaies  de  l’œ- 
sophage;  II ,  90. —  Ulcères  de  l’œsophage; 
II ,  264.  —  Signes  de  la  section  de  l’œso¬ 
phage  ;  III,  653. 

OEüPS,  Huile  d’œufs  pour  les  brûlures;  II, 
206.  —  Formaiion  de  l’œuf  humain;  II, 
644,  —  Figure  d’un  monstre  trouvé  dans 
un  œuf  ;  111, 8.  —  Manière  de  faire  l’huile 
dœufs;  111,625. 

Officiers.  Devoirs  des  officiers  chargés  delà 
police  en  temps  de  peste;  III ,  377. 

Oies.  Présagent  la  pluie;  III,  739.  —  Leur 
stratagème  pour  échapper  aux  aigles  ;  111, 
753. 

Oignons.  Leur  efficacité  dans  le  Iraiiement 
des  brûlures  ;  II ,  128,  204. 

Oiseaux.  Les  oiseaux  piésagent  les  chan¬ 
gements  atmosphériques  ;  111,738. —  Leur 
habileté  à  faire  leur  nid;  leur  sollicitude 
pour  leurs  petits;  111,740.— Accouplement 
des  oiseaux;  III,  746.  —  Educabililé  des 
oiseaux;  III,  756.  —  Oiseaux  qui  parlent 
et  qui  sifileni  ;  III,  759, 

Omagra;  111 ,  209. 

Ombilic.  Voyez  Nombril. 

Omentum;  135. —  Réduction  deromentum: 
Il ,  108. 

Omoplate.  Description  de  l’omoplate  et  de 
ses  muscles;  268  ;  II,  309.  —  Fractures  de 
l’omoplate  ;  signes  de  ces  fractiii  es  ;  réduc¬ 
tion;  II ,  310.  —  Dangers  des  fractures  du 
col  de  l’omoplate;  Il,3ll,  —  Pronostic 
des  luxations  de  l’omoplate;  Il ,  352. 

Ongles.  Leur  origine  ;  284.  —  Traitement 
de  l’ongle  incarné;  11,  457. 

Onguents.  Conseils  de  F'allopesur  l’usage  des 


onguënls;  SâÛ.-Onguents  pour  les  feèrpe.. 
340.-^Pour  les  chancres  :  366,  36l  369.— 
Pour  les  polypes }  378.—  Pour  les  plaies  du 
cuir  musculeux; II,  39.  — tour  les  plaies 
par harquebUses;  II,  154.— tourles plaies 
envenimées;  It,  191.—  Pour  la  biùhirè; 

—  Pour  la  gangrène  ; 
—  Onguënls  hémostatiques  ;  11, 
228.  —  Pour  les  plaies  après  arhputalion  j 
11,235.  —  Pour  les  ulcères  inlempérés 
secs;  II,  25i.  —  Pour  les  hémorroïdes  ; 

II ,  276.  —  Pour  la  telgné;  II,  4()8,  499.— 
Contre  la  vérole;  II,  543.—  Pourdéiroire 
les  carnosilés  delà  verge;  lli5^0)  574, 675. 
—  Pour  les  dartres  ;  Il ,  597,  599.  —  Pour 
faciliter  l  enfantement;  II,  673.  —  Pbur 
mettre  sur  le  ventre  des  nouvelles  acbou- 
chèes;  II,  768.  —  Pour  arrêtèr  lé  flux 
menstruel  excessif  ;  II ,  773.  —  Coali  c  la 
graitelle  ;  II,  791. —  Poürlésmàux  dé  tête 
des  febricilanis;  III,  185.  —  Contre  la 
goutte  causée  de  pitüilè;  lll ,  236,  237, 
238.  — Contre  la  goutte  provenant  d'hu¬ 
meur  cholérique;  III,  242.  —  Contré  les 
noeuds  des  jointures;  ÜI ,  247.  —  Pôtirla 
rogne  ;  lll,  282.—  Préservatif  dë  là  peste  ; 

III,  375.—  Pour  rafraîchir  les  feiris;  llI, 
421,  422.  —  Onguent  tnereurièl  pour  fric¬ 
tions;  III ,  426.  —  Onguents  répëfcüssifs 
pour  les  bubons  pestilentiels;  lll,  43l. — 
Onguents  détersifs;  lll,  433.  —  Pour  ef¬ 
facer  les  cicatrices;  lll ,  443. — Ohgiiehk 
contré  les  ecchymoses;  lll ,  485.  —  On¬ 
guents  répercussifs;  III ,  .535.  —  Attrac¬ 
tifs  ;IlI,  536.  —  Résolutifs;  111,  538.— 
Suppuratifs;  lll,  540.  —  Sarcôtiqües  ;  IlI, 
544.  —  Epulotlques;  III,  545.  —  Défini¬ 
tion,  qualités  diverses,  ingrédients  des 
onguents;  lll,  563.  —  Manière  dé  faire  les 
onguents  :  composition  des  ongUetils  ré- 
pCrcussif,  nülrilum  aureum  ;  lll,  5ô4,  — 
Telrapharmacum,diapompholygo.s,déssicca- 
iivumrubrum,  cœmlaium,  album  nkasis ;  lll, 
566. —  De  alihœa,  popiiUonis,  appsiolo- 
rurri  ;  lll ,  566.  —  Ægyptiac,  comîlissœ  ; 
III ,  267.  —  De  hedrus  pour  Ibdtes  les 
morsürpà  et  les  rbagailiës  de  Paiius;  lll, 
468.—  Onguent  contre  la  goutte  rose  ;  lll, 
607.  —  Contre  lès püsluléS  ;  lll,  608i 

Onyx.  Ce  qüé  c’est;  11,  4l8. 

OpiRÂtEORS;  Int.,  cxLvi. 

Ophiasis  ;  82. 

OpHTHALMiÈ;  320;  II,  417,  —  Définition  ; 

II ,  426  ;  III ,  76.  —  causes ,  signes  et  Ifai- 
temétit;  II,  426. 

ÔPIAT.  Opial  préservatif  de  là  pèsté;  III,  370. 

OpistMotonos.  Ce  que  c’est;  443. 

ÔPluM.  Ses  propriétés  et  son  contre-poison  ; 

III ,  337. 

pR.  Inefficacité  de  l’or  potable  ;  lll,  5l2. 

OhDeiiic  V1TAI.IS.  Mention  qu'il  fait  d’une 
matrone  de  Sàleriiè;  Int.,  xxiv. 

Oreiéles.  Exlraet’on  dés  Cofps  étfàhgéïS  des 
oreilles,  26;  II,  442.  —  Description  des 
oreilles;  247,  —  tiuiieüf  des  orèillès;  379. 
traitettient  des  plaies  des  oreilles;  II,  89. 
—  Ulcérés  des  oréitlés;  11,263. — Obstfuc- 


ANALŸTipUE. 


855 


tioti  hatürellé  dit  cofiduit  dé  l'orëllle  et  sa 
çdré;  11,  442.  —  Causes  de  là  surdité; II, 
60,ï.  —  Moyens  de  masquer  là  pette  de  l’o¬ 
reille;  11,  6i0.  —  Figuré  d'une  oreille  ar¬ 
tificielle  ;  11,  6i  1.  —  État  des  oreilles  chez 
les  1.  preux  ;  lll,  275. 

Organks.  Causes  divérses  des  vicès  des  or- 
gahes;  obsiaclés  que  ces  vices  apportent  à 
l’action  de  l’àrae  j  11 ,  653. 

Orgükil.  Maladie  des  yeux;  II,  4i6. 

DrIbàse.  Cité  par  Gariopohtüs  ;  Int.,  jtxi. 

pRiÉNTi  Tempérament  des  Orientaux;  51. — 
Nature  du  vent  d'OrienU  64. 

ORiÈicES  dü  feœur;  192. 

Orliac  (  Pierre  d’ ),  chirurgien  à  Avignon  j 
Inli ,  iixvm. 

Orobon  ;  lll , 

Orpin.  Symptômes  et  antidotes  de  l’empoi-»- 
sonhemént  par  l'orpin  ;  lll,  66Î. 

pRpiMENT.  Son  action  sur  l’écohoinie  ani¬ 
male,  et  contre-poisonj  111,343. 

Orteils.  Os  des  orteils ,  30A  —  Musclés  qui 
meiiyeht  les  orteils  ;  307.  —  Luxation  des 
orteils  ;  11,  461. 

pRTHobRAPHE.  Rechercfiés  surl’orihogi'àphe 
de  la  langue  française  au  xyi'  siècle  ;  De 
l’orthographe  d’A.  f afé  ;  Int, ,  gcgxl.- 

Ortïes  de  mer;  III,  738. 

Oüraque.  Recherches  inutiles  pour  trouver 
l’ouraque;  171.  —  Sur  ce  conduit;  II, 
648,  663. 

Os.  Constitution  des  os ,  34,  179.  —  Les  os 
n’ont  point  de  sentiment  manifeste  ;  179. 
—  Des  veines  et  des  arièrès  des  os  ;  de 
leurs  différences;  180.  —  Quels  sont  les 
huit  os  du  crâne  ;  207.  —  Occipital,  coro- 
nal ,  pariétaux  ;  208.  —  Os  pétreux,  sphé¬ 
noïde,  ethmoïdé  ;  209. — Énumératipn  des 
os  de  la  face;  229.  —  Anatomie  de  l’os 
hyoïde;  250. — Description  dé  l’os  sacrum  ; 
260.. —  De  l’ôs  du  bras  ;  278. — De  ceux  du 
coude;  280.  —  Du  carpe,  du  métacarpe  et 
dès  doigts;  282.  — Os  sésamoidés;  284.— 
Os  dé-  la  cuisse  ;  294.  —  De  la  moelle  des 
os  ;  296.  —  ps  de  la  jambe ,  299.  —  fléca*- 
pitulation  dè  toits  les  os  du  corps  humain  ; 
308.  —  Connexion  des  os  5  313. —  Manière 
de  conjoindre  iesos;  317.  — Pronostic  des 
plaies  des  ps;  433.  — Du  cal  des  os  ;  434. 
—  Figure  d’une  scie  propre  à  couper  les 
os  de  la  tête  ;  II,  14,  — Sur  la  réunion  na¬ 
turelle  des  os  fracturés  ;  Il ,  16,  17,  18.*  — 
Pronostic  tiré  de  ||ètat  des  os  dans  les  plaies 
de  la  tête;  11,  27, 28., —  Temps  que  met 
le  cal  à  se  forrnér;  II,  33. — Altération  des  , 
os  de  la  tête  ;  II ,  65,  —  Mortification  des 
ôs;  II ,  213. —  Section  des  os ,  196î  II , 
223.  — Traitement  des  fistules  causées  par 
une  carie  des  os;  II,  272.  —  Fractures  dés 
OS;  II,  294.  —  Courbure  des  os  du  crâne 
et  des  côtes  ;  courbure  des  os  des  mem¬ 
bres  sans  fràcture;  U,  296,  —  Nécessité 
de  la  connaissance  de  l’anatomie  des  os 
pourtiàiter  les  fraclurés;  Ü  ,  3Ô0.-7-LnjIii- 
tioiis  des  os  ;  Il ,  348.  —  G{inses  de  la  carie 
des  ôs;  II,  680,  — Symptôrnes;  il,  581. 
Tràitemeut  dès  os  cariés  par  les  poudres 


TABLE 


866 


et  einplâtres  catagmatiques  ;  Il ,  f>83.  — 
Par  la.rugitiation  et  la  trépanation;  II, 
584'-  — ^'PronpsUc  de  la  carie  des  os  longs  ; 
II,  &86.  —  Traitement  de  la  cariç  des  os 
par  les  cautères  pôtentiels  ;  II,  588.— Par 
leS; cautères  actuels;  H, ,589.  —  Inconvé- 
nteiits  dB  1  1  mauvaise  application  du  cau- 
tèèe  pctüél;  soins  à  prendre  pendant  et 
après  Jâ  cautérisation  ;  II,  691.  —  Les  os 
'.des^'bi|Ÿèaiu-nés  sont  très  mous  ;  II,  614. 

—  Fomaïiôn  des  os  chez  le  fœtus;  II,  65l. 

—  ÇàsL , d'un  enfant  sans  os  ;  III ,  23. 

—  câriè  des  os  consécutive  dé  la  rou- 
geolePt  de  la  petite- vérole;  Ili,  258. — 
Di^lHIation  des  os  ;  III ,  638. 

OsEiLi,E..  Son  emploi  dans  le  pansement  des 
mo'Pstfres  d’animaux  enragés  ;  III ,  310. 
Ostéotomie  ;  317. 

dijïÊ;‘57,  —  De  quel  secours  elle  est  aux 
chirurgiens;  93.— -Causes  de  ta  perte  de 
l’ouïe  ;  II,  601. 

Oulæù  Ce  que  c’est;  II,  418. 

Ours.  Comment  ils  se  guérissent  quand  iis 
ont  mangé  des  pommes  de  mandragore  ; 
19;  III,  737.  —  Monstre  marin  ayant  la 
télé  d’un  ours;  III,  771. 

OxicRAT  pour  les  pestiférés  ;  III ,  401. 
OxiMEL  ;  III,  400. 

OzoiÉNA;  II,  260. 


P 

Padouk.  Université  de  Padoue;  Int.,xxvni. 

■  —.Décadence  de  l’éeole  de  Padoue;  Int., 
xLvii.  —  Léonard  Bertapaglia  jette  quel¬ 
que  éclat  sur  cetté  école  au  commencement 
du  XV'  siècle;  Int.,  Lxxix.— L’Université 
de  Padoue  revendique  Bertapaglia  ,  Arçu- 
UnusetMontagnana  ;  Int. ,  xcii.  —  Carac¬ 
tères  de  l’école  de  Padoue  ;  Int.  cxcvii. 

Palais.  Description  rju  palais ,  254.  —  Ulcè¬ 
res  du  palais  ;  II ,  262.  —  Causes  des  plaies 
du  palais  qui  nuisént  à  la  parole  ;  II ,  607. 
—  Moyens  d’y  remédier  ;  II ,  608. 

Pales-couleurs.  Causes  des  pâles-couleurs; 
II,  779.  —  Symptômes  et  traitement  ; 
battement  du  cœur,  boursouflure,  ap¬ 
pétit  dépravé;  II,  780.  —  Nausées ,  vomis¬ 
sements,  frisson;  Il  ,781.— Soupirs,  géiriis- 
sements ,  ris ,  rêveries  ;  II ,  782.  Eva¬ 
nouissement;  fièvre  erratique;  H .  783.— 
Soif  et  altération  ;  insomnie  et  autres  ac¬ 
cidents,  cure  générale;  II,  784. 

Palette.  Capacité  des  palettes  de  Paris;  II, 

Palmiers.  Accouplement  des  palmiers;  III, 

PAtPiTATiONS.  Causes  des  palpitations  de 
coeur,  188. 

Panache  de  mer  ;  III ,  773. 

Panaris.  Définition,  causes ,  traitement,  420. 
—  Soins  consé  cutifs ,  421 . 

Pancréas.  Description  du  pancréas,  143. 

Pannicùle.  Ce  que  c’est  que  le  pannicule 
charneüx  ,  118.  —  Son  utilité,  119. 

PANSEjMKNT.  A  qiipl  intervalle  doivent  se  suc¬ 


céder  les  pansements  des  plaies  par  har- 
quebuses  ;  U ,  156. 

Panteoni  (le).  Ouvrage  de  Constantin  imité 
du  grand  ouvrage  d’Ali-Abbas  ;  Int.,  xXv. 
—  Rectification  de  cette  hypothèse;  III, iv. 

Panthère.  Son  antipathie  pour  la  hyène  ; 
III;  761. 

Papier.  Epoque  de  l’invention  du  papier  de 
chiffon  ;  Int. ,  lxx. 

Papillots.  Ce  que  c’est;  III ,  423. 

Paracelse.  Sa  naissance;  Int.,  ccviu.— Ses 
premiers  travaux,  ses  incertitudes,  ses 
voyages;  Int.,  ccix.  —  Ses  premières  ré¬ 
formes  ,  sa  réputation  ;  Int. ,  ccx.  —  Idée 
de  sa  doctrine  et  de  sou  langage  ;  Int. , 
ccxi.  —  Cause  de  .ses  erreurs  ;  Int.  ,ccxii. 
Ses  nouveaux  voyages  ;  Int.  ,cciv.  —  Exa¬ 
men  de  son  géniê;Int.,  ccxv. —  Sa  théorie 
du  corps  humain  ;  Int. ,  ccxvi.  —  Sa  thé¬ 
rapeutique  ;  Int.  ccxvii.  —  Ce  qu’il  dit  de 
la  miirnie-,  Int.,  ccxviii.  —  Résultats  de  son 
système;  Int.,ccxxi.  —  Son  étiologie  des 
tumeurs,  321. 

Paracentèse.  Opinion  des  auteurs  sur  celte 
opération, 397.— Manière  d’operer,399. — 
Autre  procédé ,  400.  —  Détails  historiques 
sur  la  paracentèse,  401,  —  De  l’emploi  du 
cautère  dans  la  pa  âcentèse;  III,  685. 

Paracmastiqüe  (fièvre  synoque)  ;  III ,  95. 

Paradis  (oiseau  de).  Description  et  mœurs 
de  l’oiseau  de  Paradis  ;  III ,  783. 

Paralampsis.  Ce  que  c’est  ;  II ,  4l8- 

Paralysie.  Définition  ,  causes  ,  curabilité, 
447.  — Traitement,  448.  —  Paralysie  de 
l’œil  ;  II,  414. —  Des  paupières;  H  ,  4l6. — 
Causes  et  traitement  de  la  paralysie  de 
la  matrice;  II ,  792.  —  De  quelle  fièvre  la 
paralysie  est  symptomatique;  III  191.  — 
Parahsie  résultant  du  virus  arthritique; 
111,221. 

Paraphimosis.  Définition,  causes,  et  opéra¬ 
tion;  11,459,  554. 

Parastates.  Substance,  situation,  action 
des  parastates  ;  156.  — Leur  quantité,  fi¬ 
gure,  composition ,  tempérament  et  nom¬ 
bre;  157. 

Paravicini.  Traducteurd’ Abenzoar,  Int.,  lx. 

Paré  (Ambroise).  Obscurité  qui  entoure  sa 
vie;  ses  biographes;  Inl. ,  ccxxui,  — Sa 
naissance  ;  Int.  ,  ccxxiv;  III,  ix,  x.  —  Sa 
famille;  Int.,  ccxxvi;  lII,  x,  xi.— Erreurs 
dé  ses  biographes;  Int. ,  ccxxviii.  —  Ses 
premières  études  ;  Int. ,  ccxxix.  —  Son 
séjour  à  l’Hôtel-Dieu  ;  Int. ,  ccxxxi  ;  III, 
686.  _ — Sa  réception  comme  maître  chi- 
rursien-barbier  ;  Int.,  ccxxxiii.  —  Sa  pre¬ 
mière  campagne  à  la  suite  du  maréchal 
de  Montejan  ;  lut.,  ccxxxiv  ;  III,  689, 
—  Son  mariage  :  sa  seconde  campagne 
a  la  suite  de  M.  de  Rohan  ;  son  entrevue 
avec  Sylvius  ;  Int. ,  ccxxxvi.  —  Son  pre¬ 
mier  livre;  Int.,  ccxxxvii.  —  Nouvelles 
campagnes  ;  Int, ,  ccxlii.  —  Etudes  d’a¬ 
natomie,  publication  de  la  linefve  col¬ 
lection  anatomique;  Int.,  ccxLiv.  —  Se¬ 
conde  édition  ou  Traité  det  plnyci  d'fiar- 
quebutea;  Int,,  ocxlv.  —  Cures  remar- 


ANALYTIQUE.  857 


quables  ;  Int.,  ccxlv.  —  Il  est  nommé  chi¬ 
rurgien  ordinaire  du  roi;  Int.,  ccxlvii  • 
III,  700.  —  Il  assiste  aux  sièges  de  Metz  et 
de  Ilcsdin  ;  Int.,  ccxi.ix  ;  III,  700  et  700.— 
II  est  f.it  prisonnier;  Int. ,  xxl.  — Périls 
divers;  il  recouvre  sa  liberté;  Int.,  ccn. 

—  Diflusion  de  sa  doctrine  sur  les  plaies 
d’armes  à  feu  ;  Int. ,  cclu.  —  Sur  la  prio¬ 
rité  de  sa  découverte;  Int.,  ccliii.  —  Ré- 
ceplion  d’Ambroise  Paré  au  collège  de  St- 
Côme;  Int.,  cclviii.— Railleries  deRiolan 
à  ce  sujet  ;  Int.,  ceux.  —  Premières  tenta¬ 
tives  d’anatomie  chirurgicale  ;  Int. ,  cclxi. 

—  Il  recommence  sa  vie  militaire;  mort 
de  Henri  II  ;  Int.,  ccLXit.  —  Mort  de  Fran¬ 
çois  II;  Int.,  ccLxiii.  —  Odieux  soupçons 
élevés  à  cette  occasion  contre  A.  Paré  ;  Int., 
ccLXiv.  —  Publication  de  V Anatomie  uni¬ 
verselle  et  du  Traité  des  plaies  de  tête  ;  Int. , 
CCLXIV,  ccLxy.  —  Il  a  la  jambe  cassée; 
Int.,  ccLxvi. — Il  assiste  au  siège  de  Rouen; 
InU,  ccLxvii  ;  III,  723. — Il  est  nommé  pre¬ 
mier  chirurgien  du  roi  ;  Int. .  cclxvui.  — 
Publication  des  Dix  livres  de  chirurgie; 
Int. ,  ccLxix.  —  Il  suit  Charles  IX  dans  les 
provinces;  Int.,  ccLxxi.  —  Il  est  atteint  de 
la  pesie;  publication  du  Traité  de  la  peste, 
de  la  petite  vérole  et  rougeole;  Int.,ccLXXii. 

—  Cures  diverses  ;  Int.,  cclxxiii.  —  Hom¬ 
mages  qui  lui  sont  rendus;  Int. ,  cclxxiv. 

—  Publication  des  Cinq  livres  de  chirurgie; 
Int. ,  ccLxxv.  —  Première  apologie  contre 
Le  Paulmier  ;  pamphlet  du  compagnon  bar¬ 
bier;  Int.,  ccLxxvi. —  A.  Paré  était-il  hu¬ 
guenot?  Int.,  ccLxxviii  ;  III, XIV.— Publica¬ 
tion  des  Deux  livres  de  chirurgie  ;  second 
mariage;  il  e-t  nommé  valet  de  chambre  et 
conseiller  de  Henri  III;  Int.,  cclxxxii.  — 
Première  édi  ion  des  œuvres  complètes;  op¬ 
position  de  la  Faculté  ;  Int,,  cclxxxiii. — At¬ 
taques  des  chirurgiens  de  St-Cônie;  paral¬ 
lèle  d’A.  Paré  et  de  Guy  de  Chauliac  ;  Int., 
ccLxxxiv.  —  Conduite  d’A.  Paré  dans  les 
nouvelles  querelles  des  chirurgiens  et  de  la 
Faculté;  Int.,  cclxxxvii. — Voyage  en  Lor¬ 
raine;  2'édition  des  œuvres  complètes;  Int., 
cci.xxxviii.  ■ —  Le  Discours  de  la  Licorne  ; 
Int.,ccLxxxix  ;  III,  468,  470.— Polémique  y 
relative;  nouvelles  attaques  de  Gourmelen; 
Inl.,ccxc. —  Lagran  leapologie;\iü,,  ccxci. 

—  Allocution  de  Paré  à  l’archevêque  de 
Lyon  ;  Int.,  ccxciv, — Sa  mort;  Int.,  ccxcv. 
— Son  portrait; son  caractère; Int., ccxcvi. 
— Son  dévouement  à  la  science,  sa  fortune; 
Int.  ,  ccxcvii.  —  Son  cabinet  de  raretés; 
Int.,  ccxcviii.  — Ses  amis;  Int.,  ccxcix.— 
Anecdotes  diverses  ;  Int.,  ccc. — Bibliogra¬ 
phie  d’A.  Paré  :  éditions  françaises  origi¬ 
nales;  Int.,  ccciii. —  Editions  latines;  Int., 
cccxxvi.  —  Traduciions  anglaises  ;  Int. , 
cccxxviii.  —  Traductions  hollandaises  et 
allemandes;  Int.,  cccxxix.  —  Composition 
des  ouvrages  d’A.  Paré  ;  Int. ,  cccxxx.  — 
S’il  a  eu  des  collaborateurs  ?  Int. ,  cccxxxi. 

—  De  son  style;  Int ,  cccxxxiii.  —  Accusa¬ 
tions  de  plagiat;  Int.,  cecxxxv.  —  De  l’ar¬ 
rangement  des  livres  de  sa  collection ,  lnt„ 


cccxxxviii.  —  De  l’orthographe d’A.  Paré; 
Int. ,  cccxL.  —  Caractère  général  de  ses 
écrits;  Int.,  cccxLvn.  —  Leur  influence  ; 
décadence  et  fin  deson  école;  Int.,  cccxlix. 

—  Valeur  relative  des  diverses  éditions  de 
ses  œuvres;  III,  i.  —  Valeur  des  traduc¬ 
tions;  III,  a.  —  Bibliothèques  où  se  trou¬ 
vent  ses  traités  ;  III,  xv.  —  Sonnet  placé 
par  A.  Paré  en  lêle  de  ses  œuvres ,  III , 
xxa.  —  Historique  du  monument  élevé  à 
Paré  dans  la  ville  de  Laval;  III,  xxai.  — 
Cérémonie  d’inauguration;  III,  xxiv.  — 
Description  du  monument  et  de  la  statue; 
III,  XXV.  —  Discours  prononcé  dans  cette 
occasion  par  M.  Pariset;  III,  xxvi.— Rela¬ 
tion  du  voyage  d’A.  Paré  au  camp  d’A¬ 
miens  ;  III ,  522.  —  Canons  et  règles 
d’A.  Paré;  III,  647.  —  Tentative  d’empoi¬ 
sonnement  dirigée  contre  lui  ;  III,  xiv,  662. 

—  Son  voyage  a  Turin  ;  occasions  qu’il  y 
eut  d’exercer  son  art  ;  III,  689.— Comment 
il  fut  amené  à  renoncer  à  l’emploi  de  l’huile 
bouillante  dans  le  traitement  des  plaies 
d’armes  à  feu  ;  III ,  69 1.  —  Relation  de  ses 
voyages  à  Marolle  et  en  Basse-Bretagne  : 
occasions  qu’il  y  eut  d’exercer  son  art  ; 
témoignage  que  lui  rend  un  médecin  mi¬ 
lanais  ;  III  ,  692.  —  Cure  de  M.  de  Bris- 
sac;  autopsie  faite  en  Bretagne;  relation 
de  son  voyage  de  Perpignan;  III,  694. 

—  Relation  de  son  voyage  à  Landrecies  ; 
III,  695.  —  Idem  de  son  voyage  à  Boulo¬ 
gne;  cure  du  duc  de  Guise;  III ,  696,  — 
Relation  de  son  voyage  en  Allemagne;  cure 
d’un  des  soldats  de  la  compagnie  de  M.  de 
Rohan;  III,  697, —  Relation  de  son  voyage 
à  Danvilliers;  cure  d’un  gentilhomme 
de  la  suite  de  M.  de  Rohan;  III,  698.  — 
Relation  de  son  voyage  à  Château-Le¬ 
comte  ;  III,  699.—  Cure  de  M.  de  M  i- 
gnane  ;  ill,  701 . — Cure  de  M.  de  MartigueS;: 
III,  711.  — Cure  de  M.  de  Vaudeville;  lil, 
717.  —  Relation  du  voyage  d’A.  Paré  à  La 
Fère  après  la  bataille  de  Si-Quentin;  111, 
721.  —  Relation  de  son  voyage  au  Havre- 
de-'Jrâce  ;  III,  722.  —  Pronostic  de  la  mort 
du  roi  de  Navarre;  III,  723.  —  Voyage  de 
la  bataille  de  Dreux  ;  cure  du  comte  o’Eu  ; 
III,  724.— Voyage  à  la  suite  de  la  bataille 
de  Montcontour;  cure  du  comte  de  Man- 
sfeldl  ;  m,  725.— Voyage  de  Flandre  ;  cure 
du  marquis  d’Avret;  III,  726.  — Voyage 
à  Bourges;  III ,  732.  —  Bataille  de  Saint- 
Denis  ;  voyage  à  Bayonne  ;  III,  733. 

Paremptosis.  Ce  que  c’est;  II ,  419. 

Parenchyme;  144. 

Parfums.  Traitement  de  la  vérole  par  les  par¬ 
fums:  accidents  tjiii  en  résultent;  dans  quel 
cas  il  faut  y  avoir  recours  ;  II,  551 . — Mode 
d’administration;  éléments  principaux;  for¬ 
mules  ;  II ,  552.  —  Parfums  empoisonnés  ; 
III,  297.  — Ce  que  c’est  que  parfums; 
combien  d’espèces,  ingrédients;  III ,  593. 
— Modèles  pour  le  cerveau,  les  nerfs,  les 
restes  de  vérole;  usage  des  parfums  ,  ma¬ 
nière  de  parfumer;  III,  694. 

Paris.  Ecole  de  Paris;  Int.,  xxviii.  —  Quand 


ÎABL* 


868 

oti  commèttçâ  à  y  tojiférer  dès  degfés  ; 
Int.,  mx.-“  Éclat  de  l’école  de  Éarls  sous 
Lanfranc,  Pilard  et  Henri  de  Mondevllle; 
Int.,  XLix.  —  Sa  décadence;  Int.,  i.itt. 

PariSrt  (M.).  Hiscoürs  prononcé  par  lui  lors 
de  l’inauguration  de  la  statue  d’A.  Talé  à 
Lavai;, III.  XKVI. 

Parms.  Ecole  de  Parme  ;  Int.,  xxvitl.  — 
Jean  de  Parme,  chirurgien  a  Avignon  ; 
Int.,  Ltviii. 

Parolè.  Influence  des  dents  sur  la  parole; 
232.  —  Excellence  de  la  parole  ;  253.— 
La  parole  est  une  des  trois  prérogatives 
de  rhomme  ;  tll,  764. 

Paronychie  ;  320. 

Parorasis.  Ce  que  c’est;  II,  414. 

Parotides.  Leurs  fonctions  ;  250.  320.  - 

Déflnitiott  ;  Causes j  curabll'té  ;  traitement 
résolutif;  379.  —  Opération  chirurgicale; 
38').  —  Guérison  par  le  vif  argent;  381. 

Partiès.  Des  parties  univer.selles  et  parti¬ 
culières  ,  simples  et  composées  du  corps  ; 
108.  —  Origine  et  division  de  Parlèrê  des¬ 
cendant  aux  parties  natUreiles  ;  149.  — 
Des  nerfe  distribués  aux  parties  natu¬ 
relles;  150.  —  Substance,  dimension, 
forme,  composition,  situation,  connexion, 
tempérament,  usage  de  la  partie  honteuse 
de  la  femme;  I68. 

PassioküJairb  de  Garloporttus;  Int.,  xxl. 

Passions.  Leur  influence  sur  le  corps;  78, 
—  I.eurs  rapports  avec  lui;  79. —  Leur 
influence  sur  la  santé  ;  97,  —  Sur  la  gué¬ 
rison  des  plaies  de  la  tête;  II,  38  — Théorie 
des  passions;  II,  661.  — Influence  des 
passions  violentes  sur  l'avortement;  II, 
625.  714.  —  sur  la  fièvre  ;  lit,  85.  —  Sur 
le  développement  de  là  peste;  III,  376. 

PAsT^NAquE.  Accidents  résultant  de  sa  pi¬ 
qûre  ;  IIl ,  332.  —  Remèdes  ;  III .  333 

PATES  pour  noircir  le  poli;  ili,  eio,  6ii. 

Patte  d’oie.  Ce  que  c'est;  il,  678. 

PaUl  d'Êgine  est  inconnu  aux  Occidentaux 
avant  Ouy  de  Ghauliac;  Int.,  tx.  —  Est 
cité  par  Montagnana;  fnt.,  xcm  —  Est 
retrouvé  au  xv«  siècle;  Int.,  cix.  —  Est 
cité  par  BenlVlent;  Int.,  cxvm.  — Son 
Opinion  sur  les  dragonneaux;  424. 

Paul  Diacre.  Son  histoire  de  Constantin  ; 
int.^  XIX. 

Paurieres.  Description  des  paupières;  235. 
—  Brûlures  des  paupières;  II,  208.  — 
Efiumérâtiondes  maladies  des  paupières; 
Il ,  4 15.  —  Moyen  de  rehausser  la  paupière 
supérieure;  li,  420.  -  Prurit  de.s  pau- 
pieres;  II,  424.  —  GonJoncllOtt  COfigé- 
niale  des  paupières;  il,  679. 

Pavie  (Ecole dé);  lut.,  xxviii. 

Pavot.  Propriétés  du  pavot  noir  et  Son 
contre-poison  ;  III,  337. 

Pax  de  Eabianü  ,  prerniei  inventeur  supposé 
du  pap  er  de  chiffon,-  im.,  lXx. 

Peaü.  Etiitde  la  peau  des  lépreux;  III,  277. 
—  Remèdes  pour  blanchir  cl  unir  la 
peau;  IH  ,  60.1,  606.  Voyez  Cuu. 

PÊCHEUR.  Gomment  il  fait  la  chaise  aux 
autres  poissons;  III,  764. 


ÉÈcilŸA&ftA;  Ht,  209. 

PECTÉtt.  Ce  quéc’èst*  108. 

PeDIcULARiS  MORbUS;  88. 

Pédiüm.  Os  du  pediutn;  303.  “  Luxation 
des  os  du  pedlum  ;  II,  401. 

Pelade.  Ce  què  c’est;  li,  406,  628,  531. 
—-causes,  signes  et  traitement;  il,  534. 
Voyez  Aiopéck. 

Pélican.  Elgure  de  trois  pélicans  pour  ex¬ 
traire  les  dents;  H,  452. “*■  Récherches 
sur  cet  Instrument  et  sur  l’Orthographe 
de  son  hom;  II,  458. 

Pelletiers.  Suturé  des  pelletiers;  440. 

Telvis.  Ce  que  c’est;  216. 

PémrhygodëS;  ni,  ÜO. 

PëndaiSon.  signes  Indiquant  qu’nn  IhdtVidu 
a  été  pendu  avant  ou  après  la  ùioH;  lll, 
660. 

Pensés.  Définition;  58;  II,  666. 

PëNsILes  (verrues):  il,  737. 

Percy.  Eloge  qu’il  fait  de  Gérsdorf;  int., 
cct.  —  Dêlaiis  qu’il  donné  Sür  Ambroise 
Paré;  Int.,  ccxXVii.  —  Ce  qu’il  dit  sur  la 
composition  des  livres  d’ Ambroise  Paré; 
1ht.,  cccxxXi. — Réfutation;  Int., Ccctxxii. 
— •  Son  opinioH  sür  le  livre  des  Monstres 
et  Prodiges;  lll,  1. 

Perdrix.  Sollicitude  des  perdrix  pour  leurs 
petits;  lll,  745. 

PlREgrin.  Chirurgien  à  Bologne  au  Xiv 
sièclë;  lut.,  lxi. 

Përeoration.  Perforation  viciêuse  du  gland; 
II,  460. 

PflRiBRosis.  Ce  que  c’est;  II j  419. 

Péricarde.  Anatomie  du  péricarde*  187. 

Péricrane.  Anatomie  du  pêricrâne;  206, 

PÉRiNÉË.  Ce  qUe  c’est;  161.—  Causes  des 
fistules  du  périnée;  420.  •— Suture  du 
périnée;  II,  718. 

PÉRIOSTE.  Ses  fonctions;  109 , 206,  — •  Alté¬ 
rations  du  périoste;  II,  314. 

PÉRiRRiiÉÈ.  Ce  que  c’est;  ili,  202. 

PiiilscYTHiSMOs  ;  III ,  684. 

Péritoine.  3â  substance,  son  étendue,  sa 
figure,  sa  eompOsition ,  son  nombre;  183. 
—  Sa  siluaUoh,  son  tempérament ,  Bon 
utilité,  son  exténsibiiité;  134.  -^Signes 
de  la  rupture  du  péritoine;  406. 

Perles.  Vertu  médicinale  attribuée  aux 
perles;  lll,  510. 

PÉRONÉ.  Luxation  et  disjonction  du  péroné; 
II,  398. 

Perrignan.  Voyage  d’Ambroise  Paré  à  Per¬ 
pignan;  III,  694. 

Perroquets.  Aptitude  du  péffoquet  à  Imi¬ 
ter  la  parole;  lll,  769. 

Perversion  de  la  matrice.  Causes;  11,739. 
—  Signes ,  pronostic ,  traitement  ;  II ,  740. 

Pëssairè.  Première  mention  d’un  pessalre 
solide;  Int. ,  xcV.  —  Modèle  de  pessalre; 
369. —  Figures  d’ün  pessalre  rond  et  d'un 
pes.saîre  ovale;  H,  742.-— Historique  du 
mot  et  de  l’instrument;  II,  742,  743,  744. 

Figure  d’un  pessalre  à  ressort  pour  te¬ 
nir  le  col  de  la  matrice  ouvert;  II,  767. — 
Pessairés  pour  les  suffocations  de  la  ma¬ 
trice  ;  II,  767,  769.  —  Pessaires  pour  p»o- 


analytiqüe. 

voquer  tes  menstrues  i  II ,  76»  •  lîr  m 

excessif,  Il ,  7,4  ;  IIi,  659, —  Description 
et  objet  des  pessalresj  IH  ,  659. 

X®  Pi’omplitude  de  la  mort 
des  pesnféiés;  669.  —  Description  de  la 
pesic;  son  nom  ancien;  III,  360.  — Acci- 
denls  qui  l'aci  ompagnent;  raison  de  leur 
diversité;  noms  divers  de  la  peste  suivant 
ses  accidents;  III,  351.  —  Causes  divines 
de  la  peste  ;  III,  352. -Faits  historiques 
prouvant  que  ce  fléau  est  le  résultat  de  la 
colère  deD  eu  ;  III ,  354.  —  La  peste  recon¬ 
naît  deux  causes  naturelles  :  l»  la  corrup¬ 
tion  de  l’air  ;  III,  366. — 2»  L’altération  des 
humeurs  résultant  de  la  manière  de  vivre; 
ni,  360.  —  Dangers  de  la  fréquentation 
lieux  infects  et  des  pestiférés  ;  III,  359, 

376.  — La  pe  te  se  communique  plus  faci¬ 
lement  aux  individus  de  même  espèce; 

III ,  360.  —  Présages  de  la  peste  tires  de 
la  roriuptlon  de  l’air;  III,  362.  — Présa¬ 
ges  de  la  peste  tirés  de  l’exhalaison  des 
vapeurs  terrestres r  III,  364.  — Cure  pré- 
servative  de  la  peste;  III,  365.  — La  peste 
attaque  plus  facilement  les  individus  à 
Jeun  ;  III ,  366.  —  Pendant  le  soleil  ;  III , 

367.  —  Eaux  cordiales,  électuaires,  opiats 
et  pilules  préservatifs  et  curatifs  de  la 
peste,  III,  368, —  Préservatifs  externes, 

III,  373.  — Autres  observances  préserva- 
tives;  III,  375.  —  Devoirs  dis  magistrats 
de  police  en  temps  de  peste;  rapidité 
avec  laquelle  les  cadavres  des  pestifé¬ 
rés  tombent  en  putréfaction;  III,  377. 

—  Comment  doivent  être  choisis  les  mé¬ 
decins  ,  chirurgiens  et  apothicaires  char¬ 
gés  de  soigner  les  pestiférés;  Ht ,  378.  — 

Signes  indiquant  qu’un  cadavre  e>t  celui 
d’un  pestiféré;  III,  .378,  679.  — Signes  de 
l’invasion  de  la  peste;  III,  381.— Pronos¬ 
tic  de  mort;  IH,  384. — Signes  indiquant 
que  la  peste  vient  de  la  corruption  de 
l’air;  III ,  385.  — Idem  ,  de  la  corruption 
des  humeurs;  III,  386.  —  Incertitude  du 
pronostic  de  la  peste  ;  III ,  388.  —  Cau.ses 
de  la  fièvre  pesillentielle;  III,  391.  — Ses 
signes  et  ses  variété-  ;  III,  392.  —  Cure  gé¬ 
nérale  :  de  l’air  et  de  l'exposition  ;  III,  393. 
—Desaliments;  111,396. — Des  boissons;  III, 

400.  —  Résolution  que  demande  le  traite¬ 
ment  de  la  peste;  III,  404,  412.  —  Il  doit 
commencer  par  l’administration  des  anti¬ 
dotes;  III,  404. — Antidotes  du  venin  pes¬ 
tilentiel  ,  et  de  leur  administration  ;  III, 

406.  — Epithémes  ou  fomentations  pour 
corroborer  les  parties  nobles;  III,  409. — 

Désaccord  entre  les  médecins  sur  l’oppor¬ 
tunité  de  la  saignée  et  de  la  purgation  au 
commencement  de  la  maladie;  lit,  410.— 

Cas  exceptionnels  où  la  saignée  convient 
et  manières  de  la  faire;  III ,  412. —  Pur¬ 
gatifs;  III,  4(3.  —  Accidents  et  complica¬ 
tions  de  la  peste  :  dou  eurs  de  tète  ,  leurs 
causes  et  traitement;  III,  418.  —  Chaleur 
des  reins,  et  remèdes  ;  III ,  421.  —  Pustu¬ 
les  ;  leurs  caractères  et  leurs  causes  ; 


85g 


III ,  458. —Leur  traitement  ;  ili ,  454.  - 
Bubons  :  description .  pronostic ,  traite¬ 
ment  ;  III ,  427.  —  Description  ,  causes  et 
symptômes  du  charbon  pestilentiel;  III, 
435.  —  Pronostic;  lit.  436.  — Cure;  III, 
439. —  Moyens  d’apalscr  le  prurit  et  de 
cicatriser  l’ulCêre  ;  III ,  442. —  Moyen  de 
dissimuler  la  cicatrice;  III,  443.— Moyens 
pour  faciliter  l’évacuation  du  venin  pesti¬ 
lentiel  par  la  sueur;  III ,  443.  —  Par  le 
vomissement;  III,  444. —  Par  la  bave, 
l’expectoration,  l’éternuement  et  le  mou- 
chement;lll,  446.  — Par  l’éructation  et 
l’urine;  III,  446.  — Par  le  flux  menstruel; 
III ,  447.  —  Par  les  hémorroïdes;  III ,  448. 
—  Par  le  flux  de  ventre  ;  III ,  449.  —  Par 
la  transpiration  insensible;  II! ,  464.— 
Traitement  spécial  des  enfants  atteints  de 
la  peste;  III ,  466.  —  Tableau  des  désas¬ 
tres  causés  par  la  peste;  lll,  467. — Motift 
de  consolation  tirés  de  ta  religion;  lll, 
461 .  —  De  remploi  de  l’antimoine  dans  le 
traitement  de  la  peste;  III,  465. 

Pestilentielles  (fièvres);  III,  180. 

Petit  (J.-L.'.  Description  de  ses  fanons  et 
faux  fanons;  II,  289. 

Pétrarque.  Se.s  regrets  sur  la  splendeur  ef¬ 
facée  de  l’Italie;  Int.  XLVii.  —  Sa  haine 
contre  les  Arabes  ;  Int.  XLlriii. 

Peteus  Aponensis.  Quels  étaient  seS  hono¬ 
raires;  21. 

Petom;  22. 

Peur.  Exemple  de  son  influence  sur  certains 
malades;  94,  95,  96.  —  Influencé  de  la 
peur  sur  la  menstruation;  II,  764.  —  Cas 
de  fièvre  guérie  par  la  peur;  III,  722. 

Peyrilhe.  Sun  opinion  Sur  les  manuscrits  de 
Guy  de  chauliac  ;  inl.  Lxtv. 

Phagouë.  Ce  que  c’est;  20o. 

PHALANGosts.  Ce  que  c’ést;  Il ,  416, 

PuARMACEutlQUE.  Ce  qucc’esi  ;  23.—  Emploi 
des  moyens  pharmaceutiques  dans  le  irai* 
tementdes  fiéVr'es;  111,86. 

Pharynx.  Ce  que  c’est  ;  255. 

Philippe  de  Flësselles.  Ce  que  lui  a  pns  A, 
Paré  ;  Int.  cccxxxvi. 

Philippe-le-Bel.  Son  ordonnance  de  1311 
I  elative  à  l’exercice  de  la  chirurgie  ;  Int., 


cxxv. 

Phinion.  Définition;  II,  750.  —  Traitement  ; 
II,  751. 

Phimosis.  Description,  causes,  et  opération  ; 
II ,  469. 

PhlérotoMe  ;  389. 

PHLÉBOToriHiE.  Origine  de  là  phlébotomie  ;  20. 
—  Sort  emploi  dans  le  traitement  de  l’é- 
rysipèle  ;  338.—  Quand  elle  convient  dans 
le  traitement  des  plaies  ;  437.  —  La  pblé- 
botomie  a  été  enseignée  à  l’homme  par 
l’hippopotame;  III,  737.  Voy.  Saignée. 
Phlegme;  tempérament  du  phlegffle;  39.  — 
Nature,  consistance,  couleur,  saveur  et 
usage  (lu  phlegme;  42— De  quoi  et  com¬ 
ment  il  se  lait;  son  influence;  43.— Quand 
llsemeten mou» em eut; 44.— Du  phlegme 
C()ntrenature;46,— Caractéresdel’hôrnme 

phlegmatique  ;  47.  —  Ce  qui  peut  donner 


TABLE 


8^0 


,  ,un!  tempérament  phlegfiMtique;  49,  Voy. 

ÇâLE,9;MQ|i  î  320i-'  Du  phlegmon  en  général; 
.i32Cr  -n  Du,  phlegmon  vrai;  326,  327. — 

,  Da.sa  mrmalion  ;  327.  —  Ses  causes;  328. 
—  Ses  signes,  ses  terminaisons;  cure  du 
.phl^mou  vrai  ;  329.i^«Cure  du  phlegmon 
dégénéré  en  abcès  ;  332. 

Phl^ctknbs  ;  H  ,  417,,  ■ 

PiiRKNÉsiB,  Ce  que  ciest;  III,  76. 
Pa'£ma{s<Q.uèl4e  est  cette  maladie  des  yeux  ; 
11,418. 

P,^¥atqiBi)îS!.teur(.dédain  pour  let  opérations 
' ,  chirurgicales  ;  Int.,  XLvi,  xLvu. 
ÇKy&iOLOGtE.;62..rt  Physiold^ie  du  cerveau  ; 

2-lh.|-  f.. ■ 

PjYsiQpf;,  Théorie  physique  ;  II,  136. 
PUYS0CEJ,£.  Ce.que  c’est;  404,  416;  11,796. 

jr- Çpyses,  signes ,  traitement  ;  416. 

PlGA,; ‘IL  Vo-yez ddpj-âvd.' 

Pie.  Présage  tiré  detses  cris;  IIIi739.  — Ap¬ 
titude  des  pies  à  imiter  la  voix  humaine  ; 

PlE-MÈRE.  Anatomie  de  la  pie-mère  ;  212. 
Pied.  Os  du  pied;  302.  — De  la  forme  du 
pied;  ,304.  —  Muscles  mouvant  le  pied; 
305!^ -- Fractures  des  orteils  des  pieds;  II, 
321.  —  Fractures  des  os  du  pied;  II.  347. 
—  Luxation  des  os  de  la  plante  du  pied  ; 
IL,  401.  T- Causes  de  la  puanteur  des 
pieds;  II,  601.— Figure  d’une  bande  pour 
aider  à  lever  le  pied  ;  II  ,  621.  —  Verrues 
,  des  pieds<  II,  769.  —  Figure  d’un  monstre 
ayant  quatre  pieds,  quatre  bras,  et  deux 
vulves  il II,  18. 

PrED7Bo:r.  Causes ,  variétés  et  redressement 
du  pied-bot;  II,  613. 

Pied  de  aRiFFON.  Figures  de  deux  instru¬ 
ments  dits  pieds  de  grilTons  pour  extraire 
la  tête  d’un  enfant  demeurée  dans  la  ma¬ 
trice;  H,.  706,  T- Figure  d’un  pied  de  grif¬ 
fon  pour  extraire  les  môles;  II,  729. 
Pierres.  En  quel  endroit  dp  corps  elles  s’en- 
geiKjrent;  leurs  causes  matérielles  et  efli-s 
cientes;  mode  de  formation;  II ,  461.  — 
Symptômes  de  la  présence  d’un  calcul  dans 
les  reins  et  dans  la  vessie;  manières  de 
Sonder;  II,  462. — Degré  de  certitude 
de  ce  diagnostic;  II,  463., —  Pronostic  des 
pierres  ;  il,  464.  —  Caractères  des  pierres 
rénales  et  vésicales  ;  II ,  i465.  —  Les  fem- 
,  mes  sont  moins  sujettes  à  la  pierre  que  les 
,,  homntes;  U,  466, Cure  préservative ; 
II  ,,  4^7. Moyens  pour  faire  descendre 
qn, calcul  engagé  dans  un  des  uretères; 
II,  47.0,  “Moyens  pour  expulser  la  pierre 
descendue  dans  la  vessie  ;  II,  472.— Moyens 
.pour  expulser  la  pierre  demeurée  au  col 
ige  la  vessie  ou  au  conduit  de  la  verge;  II, 
473.  — Manière  d’extraire  par  incision  les 
pierres  de  la  vessie  des  enfants  mâles  ;  II, 
475.  —  Autre  moyen  d’extraire  une  pierre 
e^agée  dans  leipooduit  de  la  verge  en  in- 
^ci«au,t  ce,co;i4uil;  It,, 471. Manière  de 
traiter  là  plaie  résultant  de  ccltrrmcision  ; 
'  dqlîrfpiûrre.imx  hom- 

rtfé's  par  le  grand  appareil  ;  soins  préala¬ 


bles  ,  position  du  patient;  II ,  478.  — •  In¬ 
troduction  de  la  sonde  ;  II,  480. — Incision  ; 
II ,  481.— Introduction  du  conducteur;  11, 
482.  —  Dilatation  de  la  plaie  ;  II ,  484.  — 
Extraction  de  la  pierre  ;  II,  486.  —  Brise¬ 
ment  de  la  pierre  trop  grosse;  Il ,  488.  — 
Pansement  de  la  plaie  après  l’extraction  ; 

II ,  489.  — Position  à  donner  au  malade 
après  l’opération;  II,  491. —  Traitement 
consécutif;  II,  492. — Moyens  de  guérir 
les  ulcères  par  lesquels  l’urine  passe  en¬ 
core  long-temps  après  l’extraction;  11,493. 

—  De  l’opération  de  la  pierre  chez  les  fem¬ 
mes;  H,  495.  — L’opération  de  la  pierre 
est  une  cause  de  stérilité;  II,  731. — Pier¬ 
res  de  la  matrice;  II,  792. — Causes, signes 
et  traitement;  II,  793.  —  Hérédité  de  la 
pierre  ;  III ,  28.  —  Relation  de  l’extraction 
d’une  pierre  ayant  une  aiguille  pour  noyau; 

III ,  2’J. —  Figure  de  plusieurs  pierres  ex¬ 
traites  de  la  ves>ie  ;  111,  30,  31,  41. — Cas 
de pierreengendrécdatis  les  reins;  III,  31. 

—  Dans  la  matrice,  le  cœur,  le  genou,  les 
intestins,  sous  la  langue;  III ,  .32.  —  Co¬ 
lonnes  de  pierre  fondue;  III,  500. — Pierre 
tombée  du  ciel  ;  lil,  79o. 

Pierre  ,  chirurgien  de  Mont  pellier  au  xiv'  siè¬ 
cle;  Int..  Lxm. 

Pigeon.  EiTicaciié  du  sang  de  pigeon  dans 
les  maladies  des  yeux  ;  III,  488.  —Les  pi¬ 
geons  présagent  le  vent  et  la  pluie  ;  HI , 
7.39. 

Pilules,  Contre  la  goutte;  III,  227, 228. — 
Préservatives  Ue  ia  peste;  IH,  37),  372.— 
Contre  la  peste;  111,  4l4. 

Pince.  Figure  d’une  pince;  II,  16, —  Figure 
de  pinces  pour  enlever  les  esquilles  d’os  ; 
II,  58.5. 

PlNE;  III,  776. 

Pineau,  Extrait  de  son  Opusculum  phtjsiolo- 
gicum  et  (inaiomicum  relatif  à  la  diduction 
des  symphyses  pubiennes;  II,  666. 

PiNuTHÈRE.  Ses  mœurs  ;  776. 

Piqûre,  Danger  de  la  piqûre  des  nerfs;  II, 
112.  — Traitement  ;  II ,  113.  —Exemple  ; 

II,  115.  —  Des  gangrènes  résultant  de  pi¬ 
qûres;  n,  212,  216. —Cure  des  piqûres 
des  bêles  venimeuses;  111,  300.  —  Régime 
à  suivre  dans  le  traitement  des  piqûres 
des  bêles  venimeuses  ;  III ,  312.  —  Piqûre 
de  la  bupreste;  III,  320.— Des  scorpions; 

III,  323.  — Des  mouches  et  des  chenilles  ; 
I  H,  324.  —  Des  araignées  ;  IH,  325.  —  De 
la  murène;  IH,33i.— De  la  vive  et  de 
la  pastenaqiie;  III,  332. 

Pnussoipi.  Description  du  pirassoipi  ;  III, 

PissEMENï.  Des  pissements  de  sang  ;  II,  499, 

Pistolet.  Figure  du  pistolet  à  ressort  pour 
les  incisions;  334. 

PiTARD.  Détails  biographiques  sur  ce  chirur¬ 

gien  ;  Int.,  xlix. 

Pituite.  Tumeurs  qu’elle  engendre;  34i. — 
La  pituite  peui  engendrer  une  rélenlion 
d’urine;  II,  497.  — La  piluile  esllc  fon¬ 
dement  du  virus  véTOliquc  ;  U,  530. -r- La 
pituite  est  après  le  sang  rhuméiir  lii  plus 


abondante;  III,  118.— Fièvres  pituiteuses; 
iri ,  188. -^'Signes  indiquant  que  la  pi¬ 
tuite  accompagne  le  virus  arthritique  ;  III, 
218i  — Topiques  loutro  la  goutte  causée 
de  pituite  ;  III ,  235.  Voyez  Phlegme. 
Pladaroïis.  Ce  que  c’est;  II,  4lü. 

Plagiat.  Accusations  de  plagiat  portées  con¬ 
tre  A.  Paré;  lut.,  eccxxxv. — Considéra¬ 
tions  sur  le  plagiat;  Ini.,  cccxxxvi,  10. 
Plaies.  Comment  eiiés  étaient  envisagées 
par  Paracelse;  Int.,  ccxvul.  —  Traitement 
des  plaies  par  l’eau  pure;  97. —  Défini¬ 
tion  ;  430. — Table  des  différences  des  plaies; 
431. — Causes,  signes  et  jugements  des 
plaies;  432.  —  Pronostic  des  plaies  ;  433  ; 
III,  652.  — Traitement  des  plaies  en  géné¬ 
ral  ;  435.  —  Sutures  des  plaies  ;  438.  —  Du 
flux  de  sang  qui  survient  aux  plaies  ;  440. 
—  De  la  douleur  qui  survient  aux  plaies  ; 
442.  —  Du  spasme  ;  413. — De  la  paraljsie; 
447.  —  De  la  syncope  ;  450.  —  Du  délire  , 
451.  —  Pronostic  des  plaies  de  tête  ;  II|; 
26,  31,  33.  —  Soins  généraux  à  donneraux 
plaies  de  tète;  11,  33.  —  Traitement  des 
plaies  simples  du  cuir  musculeux;  II,  39. 
—  Traitement  des  plaies  du  cuir  muscu¬ 
leux  faites  par  morsure;  11 ,  4 1.  — Plaies 
du  cerveau  ;  II,  70.  De  la  face  ;  II,  73.— 
Des  sourcils;  II ,  75.  —  Des  joues  ;  II ,  82. 
—  Du  nez  ;  II,  86.  —  De  la  langue  ;  II,  88. 
—  Des  oreilles  ;  II ,  89.  —  De  la  poitrine  ; 
II,  94.  -Traitement  des  plaies  de  poitrine; 

II,  100, —Plaies  de  l’épigastre:  II,  104. 
—  Traitement  de  ces  plaies;  II  ,  106. 
—  Plaies  des  aines  et  des  testicules;  II, 
109. —  Des  cuisses  et  des  jambes;  II ,  110. 
—  Des  nerfs  et  des  parties  nerveuses  ;  II , 

III.  — Traitement  de  ces  plaies;  II,  112. 
Plaies  des  jointures  ;  II ,  1 17.  —  De  la  si¬ 
tuation  à  donner  aux  parties  blessées;  II, 
119.  — Plaies  des  ligaments;  II,  120.— 
Plaies  faites  par  harquebuses;  II ,  143,  — 
Action  du  froid  sur  les  plaies;  II,  177.  ■ — 
Traitement  des  contusions  avec  pluie  ;  H, 
198.  —  Bandages  des  fractures  avec  plaies  ; 

II,  283,  303.  — Fracture  à  la  jambe  avec 
plaie;  II,  328,  —  Caractères  des  plaies  fai¬ 
tes  avant  ou  après  la  mort  ;  111,  659. — Cas 
de  plaie  pénétrante  du  cerveau;  III,  695. 

Plaines.  Tempérament  des  habitants  des 
plaines;  52. 

Plaisance  (Université  de);  Int.,  xxvm. 
Planches.  Choix  et  exécution  de  celles  de 
celte  édition;  Int.,  viii. 

Planètes;  III,  789. 

Plantes.  De  l’ûmc  des  plantes  ;  33.  —  Médi¬ 
caments  tirés  des  plantes  ;  III,  522.— Plan¬ 
tes  vénéneuses  ;  III ,  334.— Répercussives  ; 

III,  ,534.  — Parties  diverses  des  plantes  em¬ 
ployées  en  médecine;  III,  635.  —  Accon- 
piement  des  plantes;  plantes  antipathi¬ 
ques  ;  III ,  702. 

Platearius.  Est  cité  par  Lanfranc  ;  Int.,  xr.vi; 
Plâtre,  Son  action  sur  l’économie  animale, 

et  contre-poison  ;  III ,  344. 

Platycoria.  Ce  quo  c’est;  II,  418. 


tique, 

Pléthore.  Ce  que  c’est;  73,  87.  — Est  une 
'  eau  “c  an  técé  (IttH  I  e  de  to  nie  mula  die  t  lt,:*j6 

Pleurésie.  Définition;  391;  II,  76.-i'Causes’ 
traitement  chirurgicaF;  391 .  —  Exeifipledl 
g'iérison  spontanéeiindicesdela  pleurésie; 
093.  —  Diagnostic  dé  la  pleuréSiè  llî,'  «0. 

PLpRocÈLEi.r,  Ge  queeffist;  394.'-  ^  - 

PLÈVRE.^Descriptiori  anatomique  dé  fa  J^lè- 

Plexus  choroïdes.  Ce  que  c’éÉt;  200, *215;  ’ 

Pline.  Cité  par  BenivieUl;  Int.*,  txvrrtt  ’  ■  * 

Plisïonicus.  Médecin  cité  par  Gariopontus^: 

lut.,  XXV.  i  ; 

Plomb.  Emploi  de?  lames  de  plomèTrQtlèes 
de  vif-argent  dans  le  traitement  des*  tt'icè- 
res  ;  370..—^  Aflinilé  du  plomb  avec  le  cérps 
de  l’homme;  II,  311.— Moyens  de  toucher 
du  plomb  fondu saos-se  brûler-;  III,  67.— 
Aelion  de  la  limaille  de  plomb  sur  l'éco¬ 
nomie  animalet  et  contrei-noison  ;  III,  343. 
—  Innocuitédu  plomb  ;  III,  347; -*•  Vertus 
et  usage  des'  eaux  plombées  ;  III,*  69'7. 

Plombièkk.  Effic.icité  des  eaux-de  Pldmbière 
contre  les  fleurs  blanches  et  chaudépissès  ; 

II,  728.-*^’Propriétés  des  eahx  de  Plomi 
bière;  III,  598, 

Plumasseaux.  Ce  que  c’est;  II,  291. 

Pluie.  Qualités  de  l’eau  de  pluie;  III,  403.— 
Pluies  surnaturelles;  IH,  791. 

Pneumatocèle.;  341. 

Poche.  Pronostic  tiré  de  la  rupture  de  la  po¬ 
che  des  eaux;  II,  663. 

Podagra;  III,  209, 

PoDAHRE,  Considéré  par  les  anciens  comme 
inventeur  de  ta  chirurgie;  18. 

Poids.  Différence  du  poids  d’un  homme  mort 
et  d’un  homme  vivant;  II ,  696.  —  Poids 
employés  en  pharmacie;  III ,  551. — Ma¬ 
nière  de  les  écrire;  III,  552. 

Poignet.  Luxations  du  poignet;  II,  385. 

Poils.  Le  poil  ne  croît  jamais  sur  les  cicatri¬ 
ces  ;  II ,  406.—*  Histoire  d’un  cœur  et  d’une 
loupe  remplis  de  poils  ;  III,  41. — Propriétés 
vénéneuses  du  poil  des  chats;  III,  333. 

Point  doré  ;  41 1.— -Seconde  manière  et  figure 
des  instruments  propres  à  le  faire;  4l2, — 
’l'roisième  manière  ;  413. 

Pois.  Figures  de  pois  à  cautères  en  métal  ; 

III, 227. 

Poisons.  Voyez  Venins. 

Poissons.  Poissons  venimeux  :  murène  ;  III , 
330.  —Vive  ;  III,  331 .  —  Tareronde  ou  pas- 
lenaque;  III,  333.  —  Action  de  la  peste  sur 
les  poissons  d’eau  douce;  III ,  357.  —  Les 
poissons  présagent  les  changements  atmo¬ 
sphériques;  HI,  738. —  Pourquoi  ils  na¬ 
gent  contre  le- fil  de  l’eau  ;  111,  739.— Pois¬ 
sons  volants;  III,  775. 

Poitrine.  Signes  des  plaies  de  la  poitrine  ; 

II ,  94.  —  Cure  des  piales  de  poitrine  ;  II , 
100. 

Poivre.  Description  du  poivrier;  vertus  du 
poivre;  III,  628, 

Pouce.  Devoirs  des  magistrats  et  olïicier*  pu¬ 
blics  chargés  de  la  policeen  temps  de  peste  ; 

III ,  377. 

Polypes}  82.  —  Description  ;  cinq  espèces  de 


862 

polypes  ;  traitement  palliatif;  arrachement; 
378.  —  àautérisatioii  ;  379. — lolypes  de  la 
matrice;  U,  736. 

Pommes  de  senteur;  II,  167  ;  III  ,  37u  ,  374. 

Pommettes.  Ce  que  c’est;  II,  418. 

PoifCTiON  des  intestins  gonflés  de  gaz  ;  II,  107. 

—  Des  membranes  de  l'œil  dans  tes  cas  de 
cataracte  et  d’hjpopion;  U,  525. 

Pqrales  (verrnes);  II,  787.  . 

Porcs.  Se  purgent  en  mangeant  des  écrevis¬ 
ses  ;  III,  737.— Leur  compassion  entre  eux; 
III ,  762.  —  Peur  qu’ils  inspirent  à  l’élé- 
phanl;  m,  760. 

PoRosis.  Ce  que  c’est;  II,  415,  417. 

Porreaux.  Leur  traitement;  358. 

Portail;  Int.,  ccxciu. 

Porte- LIGATURE.  Figure  d’un  porte-hgature 
pour  lier  l’uvule;  385. 

PolruGAL.  Etat  de  la  chirurgie  en  Portugal 
au  XVI®  siècle  ;  Int.,  çclxxxv. 

Possession.  Puissance  des  possédés;  III,  55. 
—  Ce  qu'lis  font;  III,  62.  — Exemples  de 
possession  ;  III,  63. 

Potence.  Figure  d’une  potence  à  siège  pour 
les  boiteux;  II,  621. 

Potion  pour  tes  grandes  contusions;  II,  196, 
197.  —  Préservalive  de  la  pierre;  II,  469. 
—^Potion  vulnéraire  ;  II,  593,— Potion  pour 
hâter  l’accouchement;  H,  676.  — Potion 
narcotique;  III ,  420, 

PouciEK.  Figure  d’un  poucier  de  fer-blanc 
pour  tenir  te  pouce  élevé;  II,  613. 

Poudre.  Si  la  poudre  est  vénéneuse  ;  II,  128. 
—  Preuves  tirées  de  sa  composition  ;  II, 
132.  —  Onguent  pour  les  taches  de  poudre 
à  canon  ;  II,  207.  —  Indêlébililé  des  taches 
de  poudre  à  canon;  IIj  208. 

Poudres  pour  l’hydroplsie;  896.  —  Pour  les 
plaies  du  cuir  musculeux  ;  II ,  39.  —  Pour 
les  plaies  de  la  tête  ;  II,  44.  —  Pour  les  ex¬ 
croissances  de  la  conjonctive;  II,  79, — 
Pour  les  plaies  des  jointures;  II,  117. — 
Pour  les  grandes  contusions;  il,  197.- 
Poudres  hémostatiques  ;  II ,  229.  —  Pou¬ 
dres  pour  les  ulcères  du  nez;  II,  261.— 
Préservalive  de  la  pierre  ;  il ,  469 , 470.  - 
Pour  détruire  les  caroosités  de  la  verge, 
II,  570. —  Pour  cicatriser  les  ulcères  de 
la  verge  après  l'ablation  des  carnosUés 
II,  577. —  Poudres  calagmatiques  ;  Il 
583.  —  Régénératrices  de  la  chair;  II,  593! 
—  Pour  faéililer  l’accouchement  ;  H,  675, 
676.  —  Comre  les  tranchées;  U,  708, 
Contre  la  goutte  ;  III,  228.  —  Aromatiqu 
présers  alives  de  la  peste  ;  m,  374,  —  Cor¬ 
diales  contre  la  peste  ;  lit ,  398.  —  Sudo¬ 
rifiques  ;  111,  40'7.  —  Poudre  contre  le  flux 
de  ventre;  III,  451 .  — Dentifrices  ;  III, 
691,592. 

Poulain.  Histoire  d’un  poulain  ayant  une 
tète  d’homme  ;  III,  4,  44. 

Poulains.  Ce  que  c’est;  II ,  528.  —  Causes 
•  et  iraitement  des  poulains  ;  II,  678. 
Poules.  Présagent  les  changements  de 
temps;  III,  739. —  Sollicitude  des  poules 
pour  leurs  petits;  III ,  747.  —  Les  poules 
ont  horreur  du  reattrd;  III,  761. 


TABLE 

Pouls.  Degré  de  certitude  du  pronostic  tiré 
du  pouls;  H,  31.  —  Diagnostic  du  pouls; 

’ouMONsl  Description  anatomique  des  pou¬ 
mons  ;  185.—  Raison  de  leur  légèreté  ;  187. 

—  Pronostic  des  plaies  des  poumons  ;  433  ; 

II,  102.  —  Symptômes  des  blessures  des 
poumons;  II,  95;  IH,  653.  -  Hernie  du 
poumon;  H,  lOO.  — Traitement  des  plaies 
du  poumon;  II,  102.  -  Pourquoi  les 
plaies  du  poumon  dégénèrent  en  fistules; 
il,  104.  — Moyens  de  préserver  les  pou¬ 
mons  des  ravages  de  la  petite-vérole  ;  IH, 

PouRVRE;  III.  110,  8.5t.  —  Caractères  et 
causes  du  pourpre;  lU,  423.  —  Traite¬ 
ment;  III,  424.  ......  . 

PoüRRissEOR.  Accidents  qui  résultent  de  sa 
morsure  :  remèdes  ;  IH ,  315. 

Poussoir.  Figure  d’un  poussoir  pour  extraire 
les  dents;  H.  457..  . 

Poux.  Où  et  comment  ils  s’engendrent;  in¬ 
commodité  qu’ils  causent  ;  manière  de  les 
détruire;  ni,  270.348. 

Pratique.  Importance  de  la  pratique  en 

chirurgie;7;IU,  687,  688. 

Précipitation  de  la  matrice.  Causes  ;  H,  <39. 

—  Signes;  pronostic;  traitement  :  11,740. 
Prédestination.  Théoiie  de  la  prédesllua- 
ton;Il,  653.  ^ 

Prépuce;  1 62.  —  Pronostic  des  plaies  du 
prépuce;  433. —  Manière  de  rallonger  le 
prépuce  <les  circoncis  ;  U,  458.  —  Des  di¬ 
verses  constrictions  du  prépuce  et  des 
moyens  d’y  remédier;  U,  459. 

Pressis.  Pre.'S  s  restaurants;  398  399. 
Prêtres.  Exerçaient  la  médeclneauvi'slèclc; 
Int.,  xvin. 

Prévôt.  Ordonnance  du  prévôt  de  Paris  de 
i254,  relative  aux  chirurgiens  ;  lut.,  cxxii. 
—  Son  ordonnance  de  1301  ;  lut.,  cxxiv. 
—  Sa  commission  de  1423  eu  faveur  des 
chirurgiens;  Int.,  cxnu. 

Priapisme.  Détiuition;  H,  556.  — Traite¬ 
ment;  II,  557. 

Piuapisqües.  Ce  que  c’était;  H,  742,  751. 
Prin’vemps.  Tempérament  du  printemps;  37. 
—  Aliments  dont  il  faut  user  dans  cette 
saison  ;  69.  —  Le  printemps  est  l’époque 
de  l'accouplement  des  animaux  ;  HÎ,  746. 
Priscien  (Théodore),  principal  gui'ie  de  Ga- 
riopoutus;  Int.,  xxi,  — Copié  par  lu». 
Int..  xx«.  — Est  probablement  le  Théo, 
doric  cité  dans  le  livre  de  Troluta;  InL, 
XXIV. —  Emploie  le  premier  les  mots  eau. 
temare  et  imnarhava  ;  UI,  iv, 

PRoniaES.  Définition  ;  Ul,  t. 

Proeesseubs.  Leur  salaire  dans  les  anciennes 
écoles;  Int.,  xxix. 

Professions.  Leur  influence  sur  le  tempé¬ 
rament;  61.— Indications  à  prendre  de 
la  profession  ;  86. 

ROWAïiON.  Pronatiou 
320. 

Pronostic  des  plaies  en  général  ;  H,  26  ;  Ul, 
652.— Des  plaies  de  la  tête;  U,  26,  3i,  33. 
—  Des  plaies  de  l’épigastre  «t  des  parllea 


ANALYTIQUE. 


86a 


y  contenues;  II,  105.  —  Des  gangrènes; 
TI,  216.  -  Des  ulcères  de  la  vessie;  II,  266, 
5C7.—  Des  ulcères  de  la  matrice;  II,  267. 

—  Des  fistules;  II,  271.  —  Des  fractures 
des  os  en  général  ;  II ,  297.  —  Des  luxa¬ 
tions  en  général  ;  II,  351.-:-  Des  luxations 
del.i  hanche;  II,  387,  389.  —  De  chacune 
des  luxations  de  la  hanche  en  particulier; 
II,  389.  —  Des  pierres;  Il ,  464.  -r^De  la 
rétention  d’urine;  II,  504.  --  Des  ulcères 
des  reins;  II,  507.—:  Des  chaudes-^pisses; 

II,  559.—  De  la  carie  des  os  longs  ;  II ,  585. 

—  Des  suffocations  de  la  matrice;  11,753. 

—  De  la  fièvre  en  général;  III  ,79,  81.  — 
De  la  rage;  111,  308. 

Proptosis.  Définition  ;  II ,  418,  427.  —  Cau¬ 
ses,  traitement  ;  II ,  428. 

Prosphysis.  Ce  que  c’est;  II,  416,  419. 
Prostates.  Substance,  tempérament,  quan¬ 
tité  ,  figure,  composition ,  nombre ,  con¬ 
nexions,  usage;  158. 

Prunelle.  Enumération  des  maladies  de  la 
prunelle  ;  II,  418. 

Prurit.  Causes  et  traitement  du  prurit  qui 
survientaux  fractures;  II,  304.— Prurit  des 
paupières ,  II,  424.— Du  prurit  de  la  ma¬ 
trice  et  du  siège;  II,  790.— Causes  et  trai¬ 
tement;  II,  79i. —  Remèdes  contre  le  pru¬ 
rit  consécutif  de  la  petite  vérole;  III,  263. 
—Prurit éprouvé  par  les  lépreux;  III,  277. 
—  Prurit  qui  accompagne  le  charbon  ; 

III ,  441.  —  Sa  cure;  lU,  442. 

PsoRA.  Ce  que  c'est;  48. 

PsoROPHTHALMiE.  Ce  qucc’est;  II,  415. 
Ptervgion.  Ce  que  c’est;  II,  417. 
Pterygoides  ;  209. 

Pterïgomata.  Ce  que  c’est  ;  168. 

Pthiriasis.  Ce  que  c’est  ;  II,  416. 

Ptilosis.  Ce  que  c’est;  II,  4l5. 

Ptolémée.  Son  Almageste  ;  Int.  xeth. 
Puanteur.  Causes  de  la  puanteur  de  I  ha- 
leine  et  des  aisselles;  II,  600.—  Uem  des 
pieds  et  de  la  sueur  ;  II,  601. 

Puberté.  Age  et  symptômes  delà  puberté; 
11,770,  779. 

Pubis.  Ecartement  dclasymphyse  pubienne; 

PucÊs^lbe  vif-argent  les  tue  ;  III,  348.  —  Les 
puces  présagent  la  pluie;  III,  "ISO. 
PuÉRiLurl.  Influence  de  la  puénltté  sur  le 
tempérament;  36. 

Puits.  Qualités  de  l’eau  de  puits;  III,  4(«. 
Pultes.  Caractères,  ingrédients,  utilité, 
exemples  de  pultes  maturalive,  mondifi- 

BunaÎshs’.  L»  vif  argent  les  tue  ;  III ,  348. 

PuPiSèfla  d^uUon  de  l»  mtpiUft  et  des 
moyens  d®  i®  réduire;  H,  434. 
Purgations.  Leur  emploi  dans  le  traitement 
Trnlaies  •  437.  —  Les  purgations  sont 
mauvaises  au  début  de  la  vérole;  II,  535. 

Idem  au  commencement  de  la  Iievre 
I7noaue;  1»,  -  Emploi  des  purp- 

îCdans  le  traitement  de  la  goutte  ; 
II»  923  234  252.  —  Inopportunité  de  la 
purgation  ^  début  de  laVle  ;  «L  410. 


—  Purgatifs  contre  la  peste;  III,  413.Voy. 

Menstrues. 

PuRPüRÉE  (fièvre);  ITI,  110,  180. 

Pus.  Ce  que  c’est;  II,  244,  247.  —  Figure 
d’one  seringue  pour  vider  le  pus  des  oreil¬ 
les;  II,  263. —  Du  pus  qui  peut  être 
éwieué  par  les  urines;  Il  ,  498,  5o5. — 
Signes  auxquels  on  reconnaild’où  il  vient; 
II,  499,  500,502,  50G.— Curation  ;  II,  5ü6. 
—  Du  pus  évacué  parles  voies  supérieures; 
II,  503.  — D’où  provient  le  pus  des  chau- 
des-pisse»  ;  II,  659. 

Pustules;  320.  —  Remèdes  pour  prévenir 
les  pustules  des  brûlures;  II,  205.  —  Ca¬ 
ractères  et  causes  des  pustules  pestilen¬ 
tielles  ;  III,  423.  —  Traitement  ;  III ,  424. 
—  Ongu^l  coDlre  les  pustules  ;  III ,  608. 
PüTRÉEACTfos  du  fœius  dans  la  mairiee  ;  II, 
637  ,  697.  —  'rhéorie  de  la  putréfaction; 
II,  697.  —  La  putréfaction  est  une  cause 
de  fièvre;  III,  78.  —  Eléments  de  la  pu- 
Défaction  ;  ill,  103.  —  Fièvre  symptoma- 
lique  de  putréfaction  ;  III,  178.  —  Action 
des  corps  en  putréfaction  sur  les  qualités 
de  Pair;  HI,  356.  —  Pourquoi  la  putré¬ 
faction  de  l’air  n’engendre  pas  toujours  la 
peste;  Itl,  358. 

Putrides  (fièvres)  ;  III,  100. 

Pylore.  Deseription  du  pylore;  138. 

Pyosis.  Ce  que  c’est  ;  II,  418. 

PyoDLcas.  Figure  d  une  seringue  dite  pyoul- 
cos  pour  vider  le  pus  des  oreilles  ;  Il ,  263. 
Pyroiuanciens ;  III,  60. 

Q 

Quarte  (fièvre);  III,  116,117,  147,  153, 
158,166. 

Qüintaine  (  fièvre  )  ;  III ,  166. 

Quotidienne  (  fièvre }j  |II,  116 , 117,  138, 
142,  166. 

H 

Rachis.  Causes  des  déviations  dm  rachis  ;  II, 

350.. 

Rachisagra  ;  III ,  208. 

Racines.  Attractives  ;  lU ,  636.  —  Résoln- 
li\  > ,  m,  538  .—Emollientes  ;  IH,  540,  — 
Delcrsives,  lU,  542.  —  Epulotiques  ;  III, 
515.  —Distillation  des  racines;  HI,  638. 
Radus  Diestripiiondu radius;  281.—  Luxa¬ 
tion  isolée  du  radius;  II ,  385. 

Raffe  (  Rieuveuu).  Son  éjiuque;  sou  traité 
des  maladies  des  yeux  ;  Int. ,  lxvih, 
rags.  Prétendu  remède  contre  la  rage;  HI, 

65.,  —  Pourquoi  les  ohiens  deviennent 
plutôt  enragés  que  les  autres  animaux;  lU, 
304,  — Signes  indiquant  qu’un  chien  est 
enragé;  III ,  305.  —  Symptômes  de  la  riige 
che4  l’homme;  HI ,  306,  —  Pronostic  de 
la  rage;  111,308.—  Développement  spon¬ 
tané  de  la  rage  cheï  l’homme  ;  traitement 
de  la  morsure  d’un  chien  enragé;  lU,  309. 
—  Régime  que  doivent  suivre  les  gen» 
mordus  par  un  ohieo  enragé.;  lU,  81?. 


TAfeLE 


Raifort.  Emploi  du  raifort  dans  le  tralle- 
menl  des  charbons  ;  III,  440. 

Raimond  üeMolièrks.  Guy  de Ghîuiliac  étudié 

sous  lui  à  Montpellier  ;  Int. ,  lxi. 

Raimond  de  Vinario.  Conduite  de  ce  médecin 
pendant  la  peste  d’Avignon  ;  Int. ,  LXiii. 

Raison.  La  première  des  trois  actions  voioii- 

'  .taires;  68.  —  Délinition  de,  la  raison  ;  II, 
(555  ,  659. —  Siège  de  cetle  faculté;  II  ;  660. 
—La  raison  est  une  des  trois  prérogatives 
de  l’homme;  III,  764.—  Excellence  de  la 
raison  ;  III,  765. 

Raîîula.  Voyez  Grenouilleiie, . 

Raphanidon.  Espèce  de  fracture;  II,  295. 

Raphi.  Ce  que  c’est;  161. 

Rapport  sur  des  inUrmités  simulées  ;  III, 
àO.  —  Qualités  nécessaires  au  chirurgien 
cliai  gé  de  faire  un  rapport  en  justice  ;  III, 
651 ,  —  Diagnostic  et  pronostic  des  plaies, 
III ,  652.—  Sianes  des  lésions  du  cerveau; 
des  fractures  du  crâne  ;  des  blessures  de 
la  trachée-artère,  de  l’oesophage,  du  tho¬ 
rax,  du  poumon  ,  III.  053.  —  Du  cœur, 
du  diai  hragme,  de  la  veine  cave,  de  la 
grande  a  tcre  ,  de  la  moelle  épinière,  du 
foie  ,  de  l’estomac,  de  la  rate  ,  des  intes¬ 
tins,  des  rognons,  de  la  vessie,  des  uretè¬ 
res;  III ,  654.— De  la  matrice ,  des  nerfs  ; 
rapport  coiicluint  à  une  mort  inévitable, 
rapport  concluant  à  une  mort  probable; 
III,  655. —  Rapport  concluant  à  une  in¬ 
firmité  incurable;  rapport  concluant  à 
une  mort  possible,  et  en  tout  cas  à  une 
inürmité  ;  III ,  656.  —  Rapport  déclarant 
que  le  sujet  a  dû  mourir  subitement  de  ses 
blessures  ;  quelles  doivent  être  les  conclu¬ 
sions  d’un  rapport,  le  cas  étant  donné  d’un 
coupi  orbe  qui  aura  rompu  et  enfoncé  les 
vertèbres  de  l’épine  ou  fait  plaie  en  la 
moelle;  III,  657. —  Rapport  sur  une  femme 
grosse  blessée  au  ventre ,  conc  uant  à  la 
mort;  signes  dont  on  peut  conclure  qu’un 
enfanta  étéétouH'é;  S'gnes  indi  (liant  qu’un 
homme  est  mort  frappé  de  lafoudre;  III, 
658.  —  Signes  indiquant  qu’un  individu 
est  mort  de  la  peste;  que  les  blessures 
d’un  cadavre  ont  élé  laites  avant  ou  après 
la  mort;  III,  659.—  Signes  indiquant 
qu’ün  individu  est  mort  par  pendaison,  ou 
vpar  submersion  ;  III,  660. — Symptômes 
et  antidotes  de  l’empoisonnement  par  la 
salamandre  et  l’orpin,  III,  661.— Rapports 
sur  la  question  de  savoir  si  une  fille  est 
vierge;  III,  666.—  Les  rapports  sur  l’im¬ 
puissance  ne  peuvent  rien  prouver;  III, 
668. —  Rapport  sur  un  sujet  trouvé  lépreux 
et  sur  un  autre  soupçonné  à  tort  de  l’être: 
111,669. 

Rasoir;  389.  —  Figure  d’un  rasoir  pour  in¬ 
ciser  le  cuir  chevelu;  II,  7.  —  Figure 
d’un  rasoir  à  deux  tranchants  pour  l'opé¬ 
ration  lie  la  pierre;  II ,  476. 

Raspatoires.  Figures  des  divers  raspaloires; 
11,10,11. 

Rat.  Histoire  d’un  rat  enfanté  par  une 
femme  ;  III,  36. —  Antipathie  que  les  rats 
inspirent  à  l’éléphant ,  III ,  760.  —  Anti¬ 


pathie  des  rais  et  des  belettes  5  IU , 

Manière  de  combattre  du  rat  d  Inde  ;  III, 
751 ,  760.  —  Peur  qu’il  inspirp  au  croco¬ 
dile  ;  III  ,  7,51. 

Rate  ou  Râtelle.  Substance,  volume,  figure, 
composition,  connexion,  tempérament, 
action  cl  utilité  de  la  rate  ;  146. —  Cautéri¬ 
sation  de  la  raie;  111,  685.  — Signes  èt 
pronostic  des  lésions  de  la  rate;  II ,  105  ; 
111 , 654.  —  Traitement;  II,  109.  — Pré¬ 
tendu  remède  pour  la  rate;  III,  65. 

Ratiocination.  Voyez /laisoii. 

Read  (Jean).  Sa  Iraduclioii  du  traité  de 
Jean  de  Ardern  sur  la  fistule  à  l’anus  ; 
Int. ,  Lv.  .  . .  ■ 

Reagal.  Son  aclion  sur  l’économie  ajiiotal® 
et  contie-poisons;  111 ,  343.  , 

Réclusion.  Condition  favorable  en  temps 
de  peste;  III,  393  .  1 

Rebouteors.  Ce  que  c’éliiil;  Int.  ,  glxviii. 

Rectum;  140  —  Rétention  d’urine  résultant 
d’une  inflammation  du  rectum;  11,^97. 

Réduction  des  intestins;  II,  107.  —  Ôé.lTi* 
menlum;  II,  108.  —  Quand  il  faut  ré¬ 
duire  les  membres  rompus  ou  luxiis;  II, 
300. —  Procédé  de  réduciion  des  f  actures 
et  luxations;  II,  301.  —  Réduction  de(f 
fractures  du  nez  ;  II,  3(16.— De  la  mâchoire 
inférieure;  II,  307.  —  De  l’os  clavicu¬ 
laire;  II,  304.  —  De  l’ornôpiale  ;  II,  310. 
— Du  sternum;  II,  311.—  Des  04  de  la  han¬ 
che;  du  coccyx;  II,  316. —  De  i’os  du  bras; 
II,  317. — Signes  delà  réduction  des  luxa¬ 
tions;  II,  354.— Réduciion  de  la  mâchoire 
luxée  en  la  partie  antérieure  des  deux 
côtés;  II,  358.  —  De  la  mâchoire  luxée 
d’un  seul  côté;  II,  359.  —  Des  luxations 
des  vertèbres  duc  lu;  H,  362.— Des  luxa¬ 
tions  extérieures  de  l’épine  dorsale  ;  11^ 
363.  —  Des  luxations  du  coccyx;  de  celles 
des  côtes;  II,  367. — De  l’épaule,  procid'S 
divers;  II,  369  à  379.  —  Réduction  des 
luxaiions  du  coude;  II,  382,  383. —  De 
l’apophyse  styloide  ;  II,  385.  —  Des  os  du 
carpe,  nu  métacarpe  et  des  doigts  ;  H,  386. 
—  Des  luxaiions  ne  la  hanche;  II,  392  à 
395.  —  De  la  rotule  ;  II,  397,  398.  —  Des 
luxations  des  deux  os  de  la  jambe  et  de 
celles  du  talon  ;  II,  399.  —  lies  luxat  ons 
de  l’os  astragale,  des  os  du  tarse,  du  pé- 
dium,  de  la  plante  du  pied  et  des  or  eils; 
II,  401. —  Réduction  delà  pupille;  11,434’ 
—De  l’alvéole  après  l’exlractipii  de»  dents- 
II,  454.— De  la  matrice  ;  II,  740,  74 1.  ’ 

RÉFRIGÉRATIF.S  (cataplasmes)  pour  les  yeuX' 
H,  78.  —  Pour  les  brûlures;  II,  203.  * 

Refroidissement;  lit,  123.  ' 

Ueggio.  Ecole  de  cetle  ville  ;  Int.,  xxym.  , 
Régime.  Son  influence  sur  le  temperuiueut; 
61.  —  Indications  a  prendre  du  rég'tmiB' 
86.  — Régime  à  suivre  dans  la  euro  dû 
phlegmon  vrai;  329.  —  Dans  le  Iraile- 
nieni  de  l'œdème  ;  342.  —  Dans  le  ira  le- 
ment  des  tumeurs  aqueuses  et  venleu*c.xj 
345.  —  Dans  le  traitement  de  l’esquinan- 
cie  ;  387,  -T.  Dans  letrailement  général  4es 
ploies;  437.  —  Dans  le  traitement  des 


analytique. 


blessures  de  la  tête,;  II,  33, —  Régime  que 
doivent  suivre  les  nourrices;  II,  689. — 
Influence  du  régime  sur  la  fécondité;  II, 
734.  —  Régime  fortifiant  préservatif  de  la 
peste;  lU,  365. 

Règles  chirurgicales  d’A.  Paré;  111,647. 
Rbgma.  Cë  que  c’est;  II,  403. 

Keinesius.  Ce  qu’il  dit  de  Gariopontus;,Int., 
xiu. . 

Reins.  Substance,  quantité,  figure,  compo¬ 
sition,  nombre,  situation,  connexion, 
tempérament  et  action  des  reins;  253,  — 

;  Ulcère  des  reins  ;  II,  .265,  —  Symptômes 
accusant  la  présence  d’un  calcul  dans  les 
‘reins;  II ,  462.  —  Pourquoi  la  pierre 
s’engendre  le  plus  souvent  aux  reins 
chez  les  vieillards;  caractères  des  pier¬ 
res  rénales;  II,  4651  —  Les  affections  des 
feins’  peu  veut  oCcasiopner  des  rétentions 
d’urine;  II,  497.  —  Symptômes  des  ulcè¬ 
res  des  réins;  II,  506. — Pronostic  ;  II, 
507.  —  Exempïé  de  pierre  engendrée 
dstns  les  reins  ;  Ilï,  31.— Douleurs  de  reins 
des  fébricitants  ;  lïl,  186.  —  Chaleur  de 
reins  éprouvée  parles  pesliférés,  ët  moyens 
•  de  la  diminuer,  III,  421. 
fcÈtAXATiôN'du  gros  boyau  culier;  41_8. 
Religion.  Motifs  de  ‘consblaiion  pour  les 
mourants,  tirés  de  la'religion  ;  III,  ,461. 
Remèdes.  Les  bêtes  ont  enseigné  aux.  hom¬ 
mes  plusieurs  remedes;  19;  111,  737.— 
Remèdes  pour  détourner  lè  lait  des  ma¬ 
melles;  II,  709.  Contre  le  mal,  de 
dents;  II,  445,  448.  Des  remèdes  de 
bonnes'  femmes;'  III 64.  —  Rémè.des 
contré’  les  vers  intestinaux;  III,  267.  — 
Contre  la  peste  ;  Itl, .  368  à  375,  380,  3,96, 
398,  400,401,  462,  406, 407,  408,' 409,  414, 
.415,416.  .  , 

Rémission  ;  III,  lOf.  , 

Rémora.  Histoire  de  cë  poisson;  111,780. 
RenàEd.  Ruses  de  guerre  du  renard  ■  {11,752. 
Renùüèürs.  Cé  que  c’était;  II,  300.  , 

RépércüsSifs  (médicaments)  ;  330',  331;  III , 
'534. Utilité  et  danger  des  répërcussifs 
dans  le  traitement  de  resquinanciè';  388 
—  Cataplasmes  répërcussifs  .coii'tre  la 
goutté  causée  de  pituite  ;  III,  236,  236.  — 
Contre  la  goutte  de  matière  chaude;  III, 

REPLKTiolt.  Deux  sortes  derépiélion  ;  73. 
ReBos.  Inconvénients  d’un  repos  prolongé; 
71.  —  Le  fepos  peut  être  une  cause  de 
fièvre;  III,  78.  —  Doit  être  commandé 
aux  fébricitants;  III,  85. 

RÉèineS.  Résines  émollientes  ;  III,  541.  — 
Maniéré  de  faire  l’huile  de  résine  ;  III,  630. 
Résolutifs  (médicaments);  331  ;  IIl,  537.  — 
Cataplasmes  résolutifs  contre  la  goutte 
causée  de  pituite  ;  236. 

Résolution.  Terminaison  la  plus  favora¬ 
ble  de  l’esquinancie  ;  387. — Terminaison 
ordinaire  de  l’oedème;  342.  —  Signes  de 
la  résolution  des  tumeurs;  III,  323. 
Respiration.  Du  double  mouvement  delà 
respiration  ;  187.  —  Théorie  de  la  jrcspira- 
tiôn  intra-utérine;  II,  648,  717.  —  L'ab- 


m 

sence  de  la  respiralion  n’est  pas  un  signe 
certain  de  mort;  II,  755.  —  Caractères  et 
traitement  de  la  dyspnée  symptomatique; 
111,193,195.  . 

Ressemblançe.  Théorie  des  ressemblances 
héréditaires,  II,  637.' 

Ret;aillés.  Ce  que  c’était  ;  II,  458k 
Rétention.  Causes  intérieures  des  rétentions 
d’urine;  11,  497.  —  Causes  extérieures; 
pronostic  ;  II ,  504.  Traitement.de  la 
rétention  d’urine  ;  II,  507.  -r- Des  réten¬ 
tions  d’ùrines  causées  par  lesi  carnosités 
de  la  verge;  II  ,  565.  —  Rétention  résul¬ 
tant  de  l’abus,  des  plaisirs  charnels  ;  .11 , 
636.  , ,  ;  .  ,  .  . 

Retorte.  Ce  qqe  c’est;  III,;630.. 

Rétraction  fle  la  langue  ;  II,  455> 
RÉTR4çiÿ>EMENT.  Première,  luënliou,  dcs  ré¬ 
trécissements  de  rurèlre  ;  U,,  564.—  Trai¬ 
tement;  II,  .5,66.  ,  , 

ï\ets  ADMIRABLE.  Description  du  rets  admi¬ 
rable;  223.,  . 

Réunion, par  première  et  seconde  inteqtion; 

, ce. qu’est;  434  — -Réunion  immédiate  des 
plates  après  l’amputation  indiquée  par 
Gersdorf;III,vii. 

Rêveries,  Traitement.deç  rêveries  résultant 

â;un  trouble  mepstruej  ;  II,  782.  —  Remè- 
ps  contre  la  rêverie  des  fébricitants;  III, 
1,89. 

Révulsion;  H ,  52t. 

Réxis.  Ce  que  c’ést;  II,  414. 

RhabillÉürs.  Ce  (iiie  c’était;  II,  300. 

Rimeas.  Ce. qiie  c’est;  H,  419. 

PfiAGADiES,  Définition  et  trailernent;  11,  790. 
Rhagion.  Espèce  d'araignée;  III ,  326, 
Riiasès.  Livres  de  Rhasès  traduits  par  Gé- 
Tard .'de  Crémpne  ;  Int.,,  xxvu.—  Il  est  cité 
par  Lahfranc  ;  Int.,  xLvi.— Son.C'o/dineni 
traduit  par  Farragius;  Int.,  —  Après 
Avicenne,  c’est  à  Rhasès  que  Nicolas  de 
,  Florence. doit  le  plus;  Int.,  lexv.  — Il  est 
.  commenté  parGalealiusde, Sainte-Sophie; 
Jnt.  ,  4.XXXV1.  —  Par  Arculanus;  Int. , 

I  LÉxxyin,  —  Par  Matthieu  de  Craqi  ;  Int., 
Ecv.  —  Son  opinion  sur  les  dragopneaux  ; 
425.  , 

Rhinoçéros.  Description  du  rhinocéros;  III , 
500,  751.  — Ses  moeurs;,  111,  501-  -r-  Son 
antipathie  pour  l’ éléphant;  III,  7§0'. 
RinNOPLÂSTiE.  Invention  de  l.ajnéthode  ita¬ 
lienne  de  Rhinoplastie  par  .firaijça,  fils; 
Int.,  c.  —  Tagliaçozzi  attachpjson  nom  à 
cette  .découverte;  Ifit.  , CW-  —,  Description 
du  procédé  dé  rhinoplastiè  italienne  ;  II, 
è05.  —,  Appréciation  de  cette  opération  ; 
II,  606.  . 

Rhubarbe.  Préservatif  dé  la  peste;  .III,  371. 

, —  Son  eflicacité  dans  le  traitement  des 
contusions;  III,  484.  —  Procédé  pour  ëx- 
Iraire  l’esprit  de  la  rhubarbe  ;  111,629. 
Rhume  ;  III,  209.  , 

Richter.  Description  des  fanons  ;  II,  290. 
RIgord;  Seinble  parler  de  l’existencp,  d’.qne 
faculté  de  médecine  à  Paris,  en  1209;  Int., 

,  XXVIU.  .  ,  ,  .  '1,'  -I.,.-.  ' 

RicuEUR.  Ge  que  C’est  ;  III,  123. 

65 


III, 


866 

Riolan.  Menlion  Tn'î" 

corps  des  médecins  à  P®"®  » 
xxviii.  —  Erreur  de  Riolan  au  sujet  de 
Farragius;  Int.  lix.  -  Ses  railler.es  sur 
la  réception  d’Ambroise  Paré;  lui.,  cçlix. 

—  Ce  uu’il  dit  de  l’usage  de  l  antimoine  ; 
Int.,  ccLxxiii.  —  Ce  qu’il  dit  sur  la  com¬ 
position  de  l’anatomie  dA.  Paré;  Int., 
cccxxxï.“"  réfutation  ;  Int,,  cccxxxn. 

Rire,  Exemple  d’une  guérison  causée  par  un 
accès  de  rire;  95.  —  Moyen  d’arreter  le 
rire  résultant  de  la  suppression  des  mens¬ 
trues;  II,  782.  .... 

Rivièrk.  Qualités  de  leâu  de  rivière  j  9 

Robert  (roi  de  Sicile)  reçoit  de  l’empereur 
Aiidronic  les  ouvrages  de  Galien  ;  Int., 

RofôSLiN  (Eucher).  Son  livre  sur  les  accou¬ 
chements;  Int.,  ccvi.  —  Emprunts  faitsa 
Roesslin  par  A.  Paré  ;  II,  669,  674. 

Roger  de  Parme ,  chirurgien  du  xiii'  siècle; 
ssi Rogérine;  son  livre  sur  la  saignée  ;  Int., 
xxxiii.  —  Commentaire  de  sa  chirurgie 
par  les  quatre  maîtres  ;  Int.,  xxxv. —  Com¬ 
ment  Théodoric  lui  riposte;  apprécia¬ 
tion  de  Guy  de  Chauliac;  Int.,  xxxix. 
—  Il  est  cité  par  Lanfranc;  Int.,  xlvi. 
—  Ce  qu’il  dit  du  séton  ;  II ,  83. 

Rogne.  Description ,  causes ,  pronostic  et 
traitement; III,  282,348. 

Rognons.  Signes  des  lésions  des  rognons  ;  II, 
105;  III,  654.  — Pronostic;  II,  105. 

Rois.  Plusieurs  ont  donné  leur  nom  à  des 
plantes;  21.  —  Plusieurs  ont  étudié  la 
médecine;  22. 

Roitelet.  —  Présage  la  pluie  ;  III,  739. 
Roland.  Chirurgien  italien  du  xui' siècle; 
Int.  xxxiv.  —  Ses  travaux  ;  commentaire 
de  sa  chirurgie  par  les  quatre  maîtres 
Int.,  xxxv.  —  Comment  Théodoric  lui  ri¬ 
poste;  appréciation  de  Guy  de  Chauliac; 

'  Int.,  xxxix.  —  Il  est  cité  par  Lanfranc  ; 
Int.,  XLVI. 

Rondelet.  Son  opinion  sur  la  corne  de  li¬ 
corne;  111,507. 

Ronsard.  Sa  liaison  avec  Ambroise  Paré  ; 
Int.,  CGC. 

Ros.  Ce  que  c’est;  45;  II,  244,  258. 

Rosatus  (  Jean);  Int.,  cxiii. 

Rose.  Distillation  de  l’eau  de  rose;  III,  621. 
Rota.  Son  livre  sur  les  plaies  d’armes  à  feu; 

Int.  ccm. 

Rots;  73;  II,  446. 

Rotule  ;  299.—  Luxations  de  la  rotule  ;  II, 

396.  —  Réduction  de  çes  luxations  ;  II , 

397.  —  Signes  des  fractures  de  la  rotule; 

II, 327.—  Réduction,  pronostic;  II,  328. 
Rouen.  Voyage  d’A.  Paré  à  Rouen  ;U1,  723. 
Rougeole.  Description;  en  quoi  elle  diffère 

de  la  petite  vérole;  111,257.— Pronostic; 

III, 258.  —  Traitement;  III,  259. 
Rouillure  des  dents  ;  il ,  454. 

Rousset.  Extrait  de  son  Bysteroiomotokie  ; 

II,  718.  —  Ce  qu’il  dit  des  pessaires;  II , 
743. 

Rue.  Ses  propriétés  abortives;  III,  372. 


Rüeff.  Emprunts  faits  à  Rueff  par  A.  Paré  ; 
Il ,  664,  669. 

Rügines.  Figures  de  diverses  rugines;  U, 
10,  11.  —  Figures  de  neuf  rugines  pour 
ratisser  les  os  cariés;  II,  584  — Figur’S  de 
deux  rugines  pour  couper  l’os  profondé¬ 
ment  ;  Il  ,  586.  .... 

Rusticus  Elpidiüs  ,  médecin  de  Théodoric  ; 
Int.,  xviii. 

Ryff  (Gualter)  ;  Int.  cciv,  ccv.—  Ses  ouvra¬ 
ges;  Int.,  ccvii. 


Sahacat.  Ce  que  c’est;  III,  18. 

Sachets.  Leur  emploi  dans  l’hydropisie; 
396.  —  Sachets  contre  la  goutte;  III,  228. 

—  Description  des  sachets;  différentes  es¬ 
pèces;  ingrédients;  III,  592.  —  Modèles 
de  sachets  pour  l’estomac ,  le  cerveau  et 
le  cœur;  usage  des  sachets;  III,  593. 

Sacrum.  Description  de  l’os  sacrum  ;  260.  — 
Nerfs  de  l’os  sacrum;  292. —  Fracture  de 
l’os  sacrum  ;  II,  316.— Moyen  d’empêcher 
le  sacrum  de  s’ulcérer;  II ,  336. 

Sages-femmes.  Luxations  produites  par  les 
sages-femmes;  II,  350. — Résultats  de 
l’ignorance  des  sages-femmes;  II,  711, 
712.  —  Leurs  prétentions  à  reconnaître  la 
virginité  des  femmes  ;  11,  748. 

Saignée.  Peine  qu’encourait,  aux  termes 
des  lois  des  Wisigoths,  le  médecin  qui 
tirait  trop  de  sang  à  son  malade;  Int., 
XVII.  —  Opuscule  sur  la  saignée  de  maître 
Maurus;  Int.,  xxvi.  —  La  saignée  aban¬ 
donnée  aux  barbiers;  Int.,  xxxii.  —  Con¬ 
ditions  auxquelles  elle  était  soumise  en 
Allemagne  au  xv»  siècle;  Int.,  ce.  —Pro¬ 
cédé  des  barbiers  au  xvi'  siècle  ;  III,  xii. — 
L’homme  sanguin  endure  la  saignée  sans 
danger;  47. — Dilficuliés  de  la  saignée 
sur  les  tempéraments  mélancoliques;  48. 
—  Considérations  sur  la  saignée  du  bras  ; 
273.  —  Emploi  de  la  saignée  dans  le  trai¬ 
tement  des  plaies  de  la  lê  e;  II,  30.— 
Son  opportunité  dans  le  traitement  des 
plaies  par  harquebuses;  II,  164.  —  Son 
emploi  dans  le  traitement  des  grandes 
contusions;  II,  196.  —  Dans  celui  des 
ecchymoses;  II,  199.  —  Dans  celui  des 
maux  de  dents  ;  II ,  445 , 447.  —  Définition 
de  la  saignée;  II,  519.  — Des  cinq  inten¬ 
tions  de  la  saignée;  considérations  préa¬ 
lables;  quantité  de  sang  qu’on  doit  tirer; 
où  et  quand  il  faut  saigner;  11,520.— 
Manière  de  bien  faire  la  saignée-,  II,  621. 
—  La  saignée  est  mauvaise  au  débul  de  la 
vérole;  II,  635.  —  Son  emploi  dans  le 
traitement  des  fièvres  en  général;  III, 
86,  132,135,  141,  143,  151, 158,  165.  — En 
particulier  dans  celui  de  la  fièvre  synoque 
simple;  III,  98.  —  De  la  fièvre  synoque 
putride;  III,  111.  — Delà  fièvre  tierce 
vraie  ;  III,  128.  —  Dans  le  traitement  de 
la  goutte;  III,  223,  234,  261.  — Dans  ce- 
lui  de  la  peste;  III,  410,  418. 

Saisons.  lepipéraments  de»  saison»;  37.— 


ANAïi-tTÎQUE. 


Des  aliments  qui  conviennent  aux  (iif- 
ftrçntes  saisons;  69,  —  Indications  à 
prendre  des  saisons;  86.  — Influence  des 
Saisons  sur.les  plaies  de  la  tète;  II,  26. 

—  Sur  la  fréquéncé  des  fraçtpres;  II,  298. 

—  Influence  au  renverseipenl  des  saisons 
sur  les  quiililés  de  l’air  ;  III,  856. 

Salaire  qu’accordaient  au  médecin  les  lois 
des  Wisigoths,  pc-ur  rinslruction  d'un 
élève;  Int.,  xvi|.  — Ces  lois  n’accordaient 
aucun  salaire  au  médecin  dont  le  malade 
mourait;  Int.',  j^vin.  —  Salaire  des  pro¬ 
fesseurs  dans  les  anciennes  écoles;  Int., 
XXIX.  —  Des  médecins  en  Italie  au 
xiii*  siècle;  Int. ,  xxxi. 

Salamandre.  Ses  propriété^  vénéneuses;  III, 
317. —  Description  de  la  salamaridrej  sa 
eopibuslibilité;  III,  318. — Symptômes 
et  antidotes  de  l'ejppoisonnernent  par  la 
salamandre  ;  III,  318,  661. 

Salerne.  Son  école  ;  Int.,  jtix.  Origine  de 
cette  école;  Int.,  xx. —  Elle  s’adonne 
à  peu  près  uniquement  à  la  médecine; 
les  Juifs  en  élèvent  la  renommée;  Int., 
jxvi.—  Eile  soutient  avec  peine  la  riva¬ 
lité  de  celle  de  Bologne;  int.,  xxvii. — 
Quand  on  cpmrnença  a  V  conférer  des  de¬ 
grés;  Int,,  x^ix.-^kivaliié  des  écoles  de 
Salerne  et  de  Bologne;  appréciation  de 
Guy  de  Chauliac;  Int.,  xxxix.  —  Déca¬ 
dence  de  l’école  dè  Salerne  ;  Int.,  xlvii. 

Sauve.  Guérit  les  petits  ulcères;  III, 

S4LSEPAREILLK.  Emploi  de  la  salsepareille 
dans  le  traitement  de  la  vérole;  II,  540. 

Sang.  Tempérament  du  sang;  89.  —  Géné¬ 
ration  du  sang;  40. Nature,  consis¬ 
tance,  couleur,  saveur  et  usage  du  sang; 
de  quoi  et  quand  il  se  fait  ;  42.  —  Quand 
il  se  met  eq  mouvement;  44. —  Signes 
de  Thornme  sanguin;  46.  —  Par  où 
s’écoule  le  sang  menstruel;  166.  —  Par 

S'  ‘  è  yoiplcsang  est  porté  du  ventricule 
au  gauche;  194.  Signes  d’un 
épanchement  de  sang  dans  ie  thorax;  If, 
96.  —  Les  plaies  d'ùarquebuses  jettent 
d’abord  peu  de  sang;  II,  164.  — Causes 
des  épanchements  de  sang;  II,  194. — 
Moyens' pour  arrêter  Ip  flux  de  sang  après 
l'amputation;  II,  224.  — Moyen  de  pré¬ 
venir  l’épanchement  du  sang  dans  le  scro¬ 
tum»  URvès  la  taille;  II,  491  ,  492, —  Du 
aa'ng  qui  peut  è|re  évacué  par  les  urines; 
II,  498,  505.  —  Signes  auxquels  on  reèon- 
naît  d’où  il  vient;  II,  499,  600,  602,  606. 
■^'Curation;  jl,  .506.  — Du  sqng  évacué 
par  les  voies  supérieures  ;  II,  6Q8.  —  Flux 
dp  sang,  cause  d'qvortemenl;  H,  624, 
7j4,_,Les  femmes  ont  le  sang  plus  abon¬ 
dant,  mU'S  moins  bon  que  celui  des 
hommes;  II,  764.  —  Fièvre  venant  du 
sang  ou  synoque:  III,  93  à  99,  102,  107, 
liq.  — Caractères  et  traitement  du  flux 
de  sang  comme  symptôme  des  fièvres; 
ÏH,  203. —  Signes  indiquant  que  c’est  le 
sang  qui  accompagne  le  virus  arthritique  ; 
Ilï,  217.  •—  Flux  de  sang  concomitant  de 


8G7 

la  petite  vérole  ;  III ,  260,  —  Caractères 
du  sang  des  lépreux;  III ,  278.  —  Indivi¬ 
dus  ayant  sué  le  sang;  III,  407.  —  Pluies 
de  sang;  III,  791. 

SANGHER.Description  du  sanglier  marin;  III, 
504.  —  Soins  que  le  sanglier  prend  de  ses 
défenses;  III,  751. 

Sanglot.  Définition,  causes,  pronostic,  cure; 
lit,  196,  446.  ■ 

Sangsues.  De  leur  application  dans  le  trai¬ 
tement  des  chancrès;  366,  368.  —  Des¬ 
cription  des  sangsues  ;  caractères  distinc¬ 
tifs  des  venimeuses  et  des  bonnes  ;  II,  524. 
—  Lieux  où  on  les  applique,  manière  de 
les  appliquer  et  de  les  bien  faire  tirer; 
moyens  de  les  faire  tomber  et  d’arrêter  le 
sang  ;  II,  525.  —  Leur  emploi  dans  le  trai¬ 
tement  des  fièvres  ;  HI,  86.  — Leur  véné¬ 
nosité;  ce  qu’ii  faut  faire  avant  de  s’èn 
servir  ;  moyen  d’extraire  une  sangsue  ava¬ 
lée;  III,  330. 

Sanie.  Ce  que  c’est;  II,  244,  248. 

Sanson  (M.).  Sa  description  des  fanons;  II, 
290. 

Saphirs.  Remèdes  contre  les  saphirs;  III, 
608,  609.  r  » 

Saporta.  Sa  doctrine  sur  la  paracentèse; 
401. 

Sarcocèlb.  Ce  que  c'est  ;  404,  417  ;  III,  796. 
—  Causes,  signes,  traitement; 417. 

Sarcoma^  Description  et  traitement;  369. 

Sarcosis.  CTe  que  c’est  ;  II,  416.  ' 

Sarcotiqoes  (médicaments);  III,  643. 

Sardonia.  Accidents  qu’elle  cause;  IIÏ,  834- 

Sarti.  Notions  qu’il  donne  sur  les  médecins 
de  Bologne  ;  Int.,  xxix.  —  Sa  conjecture 
sur  la  mort  de  Hugqes  de  Lucques  ;  Int., 

XXXI. 

Sariette.  Ses  propriétés  anti-vénéneuses 
nous  ont  été  apprises  par  les  tortues  :  Ilî, 
736. 

Satan.  Ses  actions;  III,  55. 

Satiété.  Deux  espèces  de  satiété;  73. 

Satyriasis.  Définition;  82;  II,  556.  — 
Traitement  ;  II,  557. 

SAUMupE.  Ses  propriétés  anti-vénéneuses; 
III,  415. 

Saveurs.  Définition;  d’où  proviennent  les  sa¬ 
veurs  ;  III,  529.  —  Saveurs  froides  :  acerbe, 
acide,  austère;  saveurs  tempérées:  fade, 
oléeuse,  douce  ;  III,  530.—  Saveurs  chau¬ 
des  ;  âcre,  amère,  salée  ;  III,  631. 

Savonarola  ;  Int. ,  lxxxvi. 

Saxonia  (Pierre  de),  chirurgien  d’Avignon 
cité  par  Guy  de  Chauliac;  Int.,  lxviii. 

ScABiEüSE.  Son  emploi  dans  le  traitement 
des  charbons;  III,  440. 

ScALÈNK.  Du  muscle  scalène;  264. 

ScAjiES.  Secours  qu’ils  se  portent;  III,  752. 

Scarificateur.  Figure  d’un  scarificateur; 
II,  200. 

Scarifications  abandonnées  aux  barbiers; 
Int.,  xxxti.  —  Leur  emploi  dans  le  traite¬ 
ment  des  plaies  envenimées;  II,  190.— 
Dans  celui  des  brûlures  profondes;  II, 
209,  —  Dans  celui  de  la  gangrène  ;  II,  Ô18. 
—  Contre  les  maux  de  dents  ;  II,  445.  — 


TABLE 


868 

Dans  le  traitement  des  fièvres;  III,  8G.  —  i 
Contre  les  morsures  des  beles  venimeu¬ 
se' ;III.  302. 

ScHENKius  (J.).  Ouvrage  qu’il  attribue  a  Guy 
de  Ghauliac;  Int.,  Lxv.  * 

Sciatique;  29().  — C’est  la  plus  cruelle  de 
toutes  les  gouttes  ;  III,  220.  Caractères, 
causes,  signes;  111,250. — Traitement;  III, 
251,  —  De  la  cautérisation  dans  le  traite¬ 
ment  de  la  sciatique  ;  III,  685. 

Scie.  Figure  d’une  scie  propre  à  couper  les 
os  de  la  tête;  II,  14.  —  Figure  d'une  scie 
pour  scier  les  os  ;  II,  223. 

SciRRHEs  ;  320.  —  Quatre  espèces  de  scirrhe , 
causes,  signes,  traitement;  360. 

SclRROPHÏHALMIE  ;  II,  415. 

SciRRosis.  Ce  que  c’est;  II,  415. 

Scissure  du  crâne  ;  II,  1 13.— Traitement  ;  II, 
7.—  Causes,  pronostic,  signes  et  traite¬ 
ment  des  scissures  serpigineuses  ;  II,  597. 

ScLEROPiiTHALMiE.  Ce  quc  c’csl  ;  II,  415.  ] 

ScLERosis.  Ce  que  c’est;  II,  4l5. 

ScoLOPioN;  389. 

Scorpion.  Remède  contre  la  piqûre  du  scor¬ 
pion;  II,  205;  III,  65,  324 , -372.  —  His¬ 
toire  d’un  animal  semblable  à  un  scorpion 
trouvé  dans  le  cerveau  d’un  homme;  III , 
34.  —  Description  du  scorpion;  pays  où  il 
se  trouve,  accidents  résultant  de  sa  piqûre  ; 
III ,  323.  —  Emploi  de  l’huile  de  scorpion 
dans  le  traitement  de  la  peste;  III ,  417. 

ScoTOMiE.  Ce  que  c  est  ;  II ,  409.  —  Causes , 
signes  et  cure  ;  II,  410. 

Scrofules  ;  320 ,  352.  Voyez  Ecrouelles. 

Scrotum.  Ce  que  c’est;  155.  —  Exemple  de 
guérison  d’une  hydrocèle  par  l'incision  du 
scrotum;  416.  —  Moyens  de  prévenir  l’é¬ 
panchement  du  sang  dans  le  scrotum  après 
la  taille;  II,  492. 

Scrupule  ;  III ,  552. 

ScuLTET.  Son  silen^  sur  les  fanons;  II,  289. 

Scythes.  Procédés 'd’embaumement  usités 
chez  les  .Scythes;  lïl,  476,  670. 

Skcondine.  Ce  que  c’est;  II',  644. 

Section  complète  et  incomplète  des  nerfs; 

II,  1 12.  — Des  ulcères  putrides  ;  II,  254. 

Seiche.  Comment  elle  échappe  à  ses  ennemis  ; 

III, 754. 

Sein.  Ce  que  c’est;  120. 

Seings.  Leurs  variétés,  leurs  caractères  ;  II, 
679.  —  Causes  ;  II ,  680 , 738.  —  Pronostic 
et  traitements  divers;  II ,  680. 

Sels.  Employés  en  médecine;  III  ,  636. — 
Distillation  des  sels  ;  III,  637. 

Semaines.  Voyez  Menstrues, 

Semence.  Pourquoiles  femmes  jettent  moins 
de  semence  que  les  hommes;  163. — Ce  que 
c’est  que  la  semence;  II,  633. — Ses  carac¬ 
tères,  son  origine,  plaisir  attaché  à  son 
émission  ;  II,  634.  —  Comment  la  semence 
de  l’homme  est  transmise  à  la  femme  ;  II 

636.  —  Semence  masculine  et  féminine  , 
qualités  de  ces  semences;  influence  de  la 
semence  sur  la  formation  des  sexes;  If, 

637.  —  Sympathie  entre  la  semence  et  le 
tempérament  général;  II,  638.  —  De  l’é¬ 
bullition  de  la  semence  dans  la  matrice  ; 


II,  649.—  La  semence  est  la  seule  sub¬ 
stance  du  cerveau;  II,  651.  —  Est  le 
principe  des  môles;  II,  723.  — Influence  de 
la  température  de  la  semence  sur  la  stéri¬ 
lité;  II,  730. —  La  corruption  de  la  se¬ 
mence  cause  les  suffocations  de  la  matrice  ; 
II,  751,753  — Signes  auxquels  on  peutre- 
connaitre  que  la  suffocation  de  la  matrice 
vient  de  la  semence  retenue;  II,  756.1 — 
Monstruosités  résultant  de  la  trop  grande 
quantité  de  semence;  III.  5. —  Mons¬ 
truosités  résultant  du  défaut  de  quan¬ 
tité  de  la  semence;  III,  20.  —  Monstres 
engendrés  par  un  mélange  desemence;  III, 
43.  —  Corrélation  entre  la  semence  et  la 
constitution;  III,  213. 

Sens.  Table  méthodique  pour  connaître  les 
ma'adies  par  les  cinq  sens  ;  93.  —  Modi¬ 
fication  de  l’âme;  II ,  655.  • — Sur  les  sens 
intérieurs;  définition  du  sens  commun; 
II,  657.  —  Son  siège  ;  II,  658. 

Sensation.  Ce  que  c’est  ;  56. 

Sensibilité.  Fausse  sensibilité  des  parties 
mortes  et  amputées;  II ,  221. 

Sentiment.  Ce  que  c’est;  56. —  Les  os  n’oilt 
point  de  sentiment  manifeste;  180. 
Sepedon.  Ce  que  c’est  ;  II ,  415. 

^Tiqu^HS  (médicaments)  ;  HI,  546. 
SÉPULTURE.  Les  cadavres  des  pestiférés  doi¬ 
vent  être  inhumés  sans  retard  ;  111,  377.' 
SÉRAPiON.  Son  ouvrage  iradnil  par  Gérard 
de  Crémone;  Int.,  xxvii.  --  Est  cité  par 
Lanfranc  ;  Int.,  xLVi. 

Seringue.  Invention  de  la  seringue  par  Ga- 
tenaria  ;  Int.,  xcix.  —  Figures  de  seringues 
à  injections;  II,  63,  lOl,  473.  —  Figtite 
d’une  seringue  pour  yiderle  pus  des  oreil¬ 
les;  II,  263. — Figuré  d’une  seringue  pour 
faire  des  injections  dans  la  vessie  par  la 
plaie  après  l’extraction  de  la  pierre  ;  II , 
491. —  Figure  d’une  seringue  avec  laqdelle 
les  femmes  peuient  se  donner  un  ciystère 
elles-mêmes;  II,  760;  III,  557.  — Figote 
d’une  seringue  droite;  III,  558. 

Serpent.  Histoire  d’un  serpent  engendré  par 
une  femme;  III,  36.  —  Serpent  trouvé 
dans  un  cercueil  de  plomb  ;  III ,  42.  — 
Femme  prétendant  avoir  un  serpent  dans 
le  ventre;  Ilf ,  52.  —  Efficacité  de  la  bu- 
glosse  contre  la  morsure  des  serpents;  III, 
301. — Serpents  divers;  vipère;  III,  313, 

—  Coule-sang ,  pourrisseur;  III ,  315,  _ 

Basilic;  III,  316.— Salamandre  ;  III,  317. 
—  Aspic;  III,  318.—  Couleuvre;  III,  320. 
—  Les  serpents  nous  ont  appris  les  proprié¬ 
tés  du  fenouil  ;  III ,  736. 

SÉTON.  De  l’emploi  du  séton  dans  le  traite- 
nient  de  I  hydrocèle  ;  416.  —  Son  effica¬ 
cité  dans  le  traitement  de  l’ophthalmie  • 
II ,  79.  —  Idem  dans  celui  de  l'épilepsie  • 
manière  de  l’appliquer;  H,  80.  —  Recher¬ 
ches  historiques  sur  l’emploi  et  le  mode 
d’application  du  séton  ;  ligures  des  tenail¬ 
les  et  aiguilles  à  séton  ;  II ,  81 .  —  Précep¬ 
tes  sur  l’application  du  séton  dans  le  trai¬ 
tement  des  blessures  par  harquebuses  j  II, 


ANALYTIQUE.  86g 


Shttala.  Ce  qu’il  dit  des  Norsini  ;  Int.j  eu. 

Sevrage.  Epoque  à  laquelle  il  faut  sevrer  les 
enfants;  11,694.  —  Inconvénient  d’un  se¬ 
vrage  prématuré;  manière  de  sevrer;  II, 

Skxk.  Ce  que  c’est;  60.  —  Indications  prises 
du  sexe;  86.  —  Théorie  de  la  formation 
des  sexes  ;  II ,  637.  —  Signes  auxquels  on 
peut  reconnaîtic  le  sexe  de  l’enfant  dont 
une  femme  est  grosse  ;  II,  663.—  Impuis¬ 
sance  de  l’homme  à  engendrer  les  sexes  ,i 
volonté  ;  II ,  664.  —  Influence  du  sexe  du 
nouveau-né  sur  la  qualité  du  lait,  de  la 
mère;  II,  689.  — Indices  du  véritable  sexe 
des  hermaphrodites;  III,  16. 

Sextaine  (fièvre);  III,  256. 

Sextus  Placiïüs  de  Pavie.  Ses  ouvrages  sui¬ 
vis  par  les  médecins  au  vi'  siècle  ;  Int., 
xviii. —  Livre  de  lui  arrangé  par  Con¬ 
stantin;  Int.,  XXV. 

SlAGONAGRA;  III  ,  208. 

Sidération.  Ce  que  c’est;  III,  357. 

.Simler.  Ouvrage  qu’il  attribue  à  Guy  de 
Chauliac  ;  Int.,  lxv. 

Simon  de  Gênes.  Sa  version  du  xxviu'  livre 
d’Albucasis;  Int.,  nx. 

Simulation  de  diverses  maladies  ;  III,  46,  47. 

Sinapismes.  Leur. emploi  dans  le  traitement 
des  fièvres;  III,  86. 

SiNcipUT.  Ce  que  c’est;  204. 

Singe.  Educabilitédu  singe;  III,  756. —  Son 
antipathie  pour  la  tortue;  III,  760.  — 
Monstre  marin  ayant  les  bras  d’un  singe; 
III,  771. 

Sirop  préservatif  de  la  pierre;  II ,  468. 

Sm  YEN  ION  ;  389. 

Sodomites.  Fruits  de  leurs  abominables  pra¬ 
tiques  ;  III,  43. 

Soif.  Soif  résultant  d’un  trouble  menstruel; 

II,  784. —  Symptôme  de  fièvre;  III,  81. — 
Cause  et  traitement  de  la  soif  des  fiévreux; 

III,  198. 

SoLANüM  MANicuM.  Scs  propriétés  vénéneu¬ 
ses,  et  contre-poisons;  III,  335. 

Soleil  ;  III ,  789. 

Sommeil.  Définition  du  sommeil;  ses  cau¬ 
ses  ;  ses  effets;  temps  le  plus  favorable  au 
sommeil  ;  71.  —  Inconvénients  du  som¬ 
meil  pendant  le  jour  ;  inconvénients  du 
sommeil  prolongé;  de  la  position  qu’il 
faut  prendre  72.  —  Comment  il  doit  être 
réglé  dans  le  traitement  des  blessures  de 
la  tête  ;  II ,  35.  —  Son  influence  sur  le  cer¬ 
veau;  III ,  190. 

Sondes.  Origine  des  sondes  en  cuir  ;  Int., 
xcii.  —  Précautions  qu’il  faut  prendre  en 
introduisant  la  sonde  dans  la  vessie;  158. 
—  Manière  de  sonder  les  fistules;  11,271. 
— Figure  d’une  sonde  creuse  pour  opérer 
les  fistules  à  l’anus  ;  II,  274.  —  Manières 
de  sonder  les  calculeux  ;  II,  462. —  De¬ 
gré  de  certitude  de.ee  diagnostic;  II ,  463. 
r-  Figures  de  trois  sondes  pour  les  calcu¬ 
leux;  II,  464. —  Figure  d’une  .sonde  ouverte 
en  sa  partie' extérieure  pour  l’opération  de 
la  pierre;  II ,  480. — Figure  d’une  sonde 
pour  extraire  les  piérres  aux  femmes  ;  II, 


495.  —  Figure  d’une  sonde  propre  à  cou¬ 
per  les  carnogltés  de  la  verge;  II  ,  569, 

Songes.  Pronostics  qu’ils  fournissent  ;  72. 

Sonnet  de  Ronsard  sur  les  ORuvres  de  Paré  ; 
Int.,  CGC.  —  Sonnet  placé  par  A.  Paré  en 
têie  de  ses  oeuvres;  III,  xxu. 

Soporeuses  (fièvres)  ;  III,  189. 

SoRANUs.  Son  opinion  sur  les  dragonneaux; 

Sorciers.  Les  sorciers  ont  renoncé  Dieu;  y 
en  a  toujours  eu  ;  III ,  .53.  —  Toutes  les 
sectes ,  excepté  les  épicuriens  ,  ont  porté 
de  peines  contre  les  sorciers;  III .  56. — 
Pratiques  diverses  des  sorciers;  111,62. 
—  Leur  impuissance;  III,  66. 

SORDES.  Ce  que  c’est  ;  II ,  244  ,  248. 

Soufre;  Vertus  et  usages  des  eaux  sulfu¬ 
reuses  ;  III ,  597. 

Souliers.  Inconvénients  des  souliers  trop 
courts  et  trop  étroits  ;  II ,  293. 

Soupirs.  Manière  d’arrêter  les  soupirs  ré¬ 
sultant  de  la  suppression  des  menstrues, 
II ,  782. 

Sourcils.  Ce  que  c’est;  234.  —  Leur  utilité; 
235. —  Pourquoi  il  ne  faut  pas  appliquer 
le  trépan  sur  les  sourcils  ;  II ,  61 .  —  Plaies 
des  sourcils ,  leur  traitement  ;  II,  75. 

Souris.  Antipathie  qu’elles  inspirent  à  l’élé¬ 
phant  ;  III ,  760, 

Sous-clavier  (muscle);  266. 

Spa.  Efficacité  des  eaux  de  Spa  contre  les 
fleurs  blanches  et  chaudes-pisses;  II,  778. 
—  Propriétés  des  eaux  de  Spa  ;  III,  698. 

Spasme.  Théorie  du  spasme;  II.  29.  —  Dé¬ 
finition  ,  variétés ,  causes  ;  443.  — Signes, 
traitements  ;  44,4  ,  446. 

Spathumen  ,  Spathumile;  390. 

Spéculum.  Figure  de  divers  spéculum  oris-, 
386.  —  Figure  d’un  spéculum  oculi  pour 
dilater  les  paupières  ;  II ,  76.  —  Figure  de 
divers  spéculum  de  la  matrice;  II ,  788. 

Sperme.  Cequ’il  faut  entendre  par  membres 
spermaiiques  ;  II ,  651.  (Voy.  Semence.) 

Sphacèlh;  320.  —  Ce  que  c’est;  II,  211. 

Sphincter.  De  l’anus;  140. —  De  la  vessie; 
160. 

Spirituelle  (fièvre)  ;  III ,  88. 

Splenetique  (muscle);  262. 

Sprengel.  Ce  qu’il  dit  des  médecins  du  vi« 
siècle  ;  Int. ,  xviii.  —  Son  opinion  sur  le 
Cœliiis  Aurélius  mentionné  dans  Cassio- 
dore,  Int. ,  XIX. —  Accable  Garioponlus; 
Int. ,  XXII.  —  Sa  critique  du  livre  d’Ar- 
culanus;  Int.  ,  lxxxviii.  —  Ses  erreurs  à 
l’égard  de  Benivieni  ;  Int. ,  cxiii. —  Ce 
qu'il  dit  de  Jérome  de  Brunswick;  Int. , 
CCIII. 

Squelette.  Confection  d’un  squelette  ;  317. 

Squine.  Emploi  de  la  squine  dans  le  traite¬ 
ment  de  la  vérole  ;  II.  540. 

Stapes.  Ce  que  c’est  :  249, 

Staphylome.  Définition;  II  ,  418,  433. — 
Variétés ,  pronostic,  traitement  ;  II ,  433, 

Statuts.  Historique  des  statuts  de  la  con¬ 
frérie  de  Saint-Côme  ;  Inl. ,  exxx.  —  Dis¬ 
cussion  surces  statuts  ;  Int.,  cxxxi.— Sta¬ 
tuts  des  barbiers  ;Int. ,  cxxxvi. — Statuts 


tAfetE 


870 

des  chirurgiens  de  Paris  j  Int.  >  oati  > 
cxLin ,  cxLvin. 

Steatomataj  341.  , 

Stéatomb.  Caractères  particuliers  du  stéa- 
tome  ;  346. 

Stérilité.  Causes  de  la  stérilité  chez  les 
hommes  ;  II ,  730,  793.  —  Remèdes;  II , 
732.  —  Causes  de  la  stérilité  des  femmes; 
II,  733  ,  777. 

Sternum.  De  combien  d’os  il  se  compose  ; 
175, 180.^— Manières  de  lever  le  sternum; 
181,  182.  —  Signes  des  fractures  et  des 
dépressions  du  sternum;  II,  311.  — Ré¬ 
duction;  II,  312.  — Dépression  ou  enfon- 
çure  du  sternum  ;  II,  367. 

Sternutatoires.  Ce  que  c’est;  III ,  587. 

Strabisme.  Ce  que  cest;  II,  4i4.  —  Ses 
causes,  et  manières  d’y  remédier;  II,  604, 
—  Figures  d’un  masque  et  d’une  paire  de 
bésicles  propres  à  cet  usage;  II,  605.  — 
Causes  du  strabisme  accidentel;  11,690. 

Strangurie.  Définition  de  la  strangurie  ;  II, 
510.  —  Causes  ;  II,  511.  —  Traitement; 
11,513. 

Strasbourg.  Commencement  de  l’école  chi¬ 
rurgicale  de  Strasbourg  ;  Int.  ;  ccii.  —  Sa 
fin  ;  ses  caractères  ;  Int. ,  ccvii. 

Stratagèmes  ;  90. 

Stupéfactifs  (médicaments);  III,  549. 

Styloïde.  Luxation  de  l’apophyse  styloïde  : 
11,  384, 

Sublimé.  Emploi  du  sublimé  dans  le  trai¬ 
tement  des  nodus  ;  349, 

Sublimer.  Ce  que  c’est;  III,  614. 

Submersion.  Signes  indiquant  qu’un  indi¬ 
vidu  est  mort  noyé;  III,  660. 

Süccarath;  lil,  746. 

Succion  des  plaies  envenimées;  lî,  190;  Ili, 
302. 

Succubes.  Ce  que  c’est;  III,  57.  —  Impossi¬ 
bilité  du  commerce  charnel  attribué  aux 
succubes;  III,  58. 

Sudorifiques  (médicaments);  III,  260,  407. 

Suette;  lil,  351.-^ Ses  symptômes;  III, 
363,  423. 

Sueur;  44,  74.  — Identité  de  la  matière  de 
la  sueur  et  de  celle  de  l’urine  ;  Ü ,  505.  — 
Causes  de  la  mauvaise  odeur  de  la  sueur  ; 

II,  611I.  —  Résultats  et  traitement  des 
sueurs  immodérées;  III ,  203.  —  Moyens 
de  provoquer  la  sueur  ;  III ,  260,  444, 456. 
—  Exemples  d’individus  ayant  sué  le  sang; 

III,  407.  —  Dangers  de  trop  faire  suer  les 
enfants;  III,  456. 

Suffocation.  Définition;  causes  et  signes 
des  suffocations  de  la  matrice  ;  II ,  751 
763.  —  Théorie  ;  II,  752,  753.  ^  Pronostic; 
symptômes  précurseurs  des  suffocations 
de  la  matrice;  II,  753. —  Signes  aux¬ 
quels  on  peut  reconnaître  qu’une  femme 
est  morte  ou  non  par  une  suffocation  [de 
matrice;  II,  764.  —  Variété  des  suffo¬ 
cations  de  la  matrice;  II,  755.  —  Signes 
auxquels  on  peut  reconnaître  que  la  suffo¬ 
cation  vient  de  la  semence  retenue;  trai¬ 
tement  de  cette  maladie;  II,  756.  — Effets 
de  la  suffocation  de  matrice;  III,  40. 


Süf  fümicAtIon,  Ce  que  c*e8t;  cspécéS  dllïé- 
rentes;  ingrédients}  llI,  593.  —  MbdcléS; 
usage;  manière  de  fairé  les  sUuumigà- 
Uons;  Ht,  594,  595.  »  „ 

Superfétation.  Définition  ;  II,  645, 719, 720. 

—  Théorie  et  causes;  II,  720.—  Exeth- 
plesde  superfétation;  11,721. 

Supination.  Sur  la  supination  du  bras  dans 
le  traitement  des  fractures  des  deux  fo- 
ciles;  II,  318. 

Suppuratifs.  Cataplasmes  et  emplôlres  sup¬ 
puratifs  ;  332,  333;  III,  539.  —  Cataplasme 
suppuratif  pour  les  écrouelles;  354.— 
Inconvénients  des  suppuraliN  dans  le  Irai- 
teraent  des  plaies  d’harquebuses  ;  II,  173. 

—  Suppuratif  pour  les  aposlèmes;  II, 
338. 

Suppuration.  Signes  de  la  suppuration  des 
tumeurs  ;  323.  —  Dangers  de  celle  termi¬ 
naison  de  l’esquinancie  ;  387. 

Suppositoires  pour  les  suffocations  de  la  ma¬ 
trice:  II,  759.— Süpposiioires  vermifuges; 
III,  268.  —  Excitants  ;  lIl,  450.  —  Descrip¬ 
tion,  différences,  composition  et  usage 
des  suppositoires;  lit,  558. 

Surdité.  Causes  internes  de  la  surdité  ;  Il , 
601.  — Causes  externes;  causes  du  chan¬ 
gement  de  la  voix  chez  les  soilrds;  pro¬ 
nostic  de  la  surdité;  II,  602.  —  Sünlité 
simulée;  III,  50.  —  Caractère  et  traite¬ 
ment  de  la  surdité,  considérée  comhië 
symptôme  de  là  fièvre  ;  III,  192.— Surdilé 
résultant  de  la  rougeolé  et  de  la  petite \é- 
role;  III,  259. 

Sutures  des  bs.  Cinq  Sutures  du  crâné  :  trois 
vraies,  deux  fausses;  206.  —  Sutures  des 
bs;  314,  316.— Dangers  d'appliquéi-  le 
trépan  sur  les  sutures  du  crâne;  il,  fil.- 

Sutures  des  plaies.  Quand  il  faut  y  récoü- 
rir;  438.  — Cinq  principales  sortes  de  su¬ 
turés;  figurés;  canules  et  aiguilles  prbprés 
à  faire  Jes  sutures;  439.  —  Emploi  dé  ia 
suture  dans  les  cas  où  il  y  a  ühe  IiOrtioh 
d’os  comprisé dans  le  lambeaii,  il,  40.  — 
Figure  d’une  suture  des  plaies  dé  la  joué; 
II,  84.  —  Figure  d’une  suture  èhtorlllléë 
pour  le  bec-fle-lièvrè;  II,  85.  — Sütule  de 
là  langue  incompiétémeni  séparée;  II,  8$. 
—  Sur  là  suture  des  plaies  pèhélràhlesde 
poitrine;  II,  97. —  Suture  dés  inlësting; 
II,  1O7.  — Suture  après  l’amputalibn;  II, 
225.  —  Suture  des  plaies  de  la  lèssié;  II, 
489.  — Suture  du  périnée;  II,  718.  —  Su¬ 
ture  des  plaies  pratiquée  par  Gilbert  l’Aii- 
glais;  III,  V. — Suture  dès  tendons  ;jl  il,  42. 

Sylvaticüs.  Ce  qu’il  dit  des  Norsini;  lut.,  cil. 

SYMPHYSEOTOMIE;  11,666. 

Symphyses.  Sur  la  diduclion  des  symphyses 

publerinés;  II,  665à  668. 

SïMPHYsis.  Ce  que  c’ést  :  314 , 3lG;  H,  419. 
—  Causés;  pronostic;  Iràitemertt;  II,  423, 

Symptômes,  trbis  espèces  de  symptômes  des 
maladies;  8I.  —  Inductions  â  tirer  des 
symptômes  ;  87. 

Symptosis.  Ce  quë  c'est;  II,  419. 

Synarthhosb;  313,  314,  3l6. 


ANÀtttlQUE.  87 1 


StsAïMisME.  Ce  que  c’est  ;  IIÏ ,  121. 
SŸNcHbNDRostS.  Ce  qüe  c’est;  314. 

StNCimis.  Ce  que  c’est;  II,  414. 

SŸNCopfe.  Déflnilioh;  causes;  signes  ;  traile- 
nietlt;  450.  —  Cau-es  des  synccpes  des 
fiévreux;  III,  199.— Traitement;  111,200. 
Syîsévrosis  ;  âl4. 

Stnoqüe  (fièvre);  III,  96  à 09,  I02,  107,  i  16. 
Syrene  Ce  que  c’est;  III,  770. 

SyRINGOTOME  ;  390. 

Syssârcosis.  ce  que  c’est;  314. 

Systole.  Ce  qüe  c’est;  192. 


TaSles.  Quéllés  sont  celles  que  contient 
cette  édition;  Int.,  x. 

Tablettes  préservaiives  de  la  peste;  III  , 
371. 

'Tac.  Ce  que  c’ést;  III,  423. 

Tacbès.  Onguent  pour  les  taches  dé  poudre 
à  canon  ;  Il ,  207. 

Taches  de  naissance.  'Variétés,  caractères; 
il ,  679.  —  Causes  ;  II ,  680 ,  738.  —  Pro¬ 
nostic  et  traitements  divers  ;  II ,  680. 

Tact.  De  quel  secours  il  est  au  chirurgien; 

Tagaült  (Jean).  Origine  de  ses  InstiiuHons 
chirurgicales  ;  Int.,  ccxxxix.  —  Valeur  de 
ce  livre;  Iht.,  ccxl.  —  Emprunts  faits  à 
Tagaült  par  A.  Paré;  319. -Silence  de 
Tagaült  sur  ta  paracentèse  abdominale  : 
401. 

Tagliacozzi.  Attaché  son  nom  à  la  décou¬ 
verte  delà  rhinoplastie ;  Int.,  eu. 

Taie.  Ce  que  c’est;  II,  418. 

TAiLLE.Perfectionneinent  apporté  au  xv'  siè¬ 
cle  à  l’opération  de  la  taille  ;  Int.,  cv-.  — 
Procédé  de  frère  Jacques  ;  taille  en  deux 
temps;  lithotritie  à  travers  l’incision  pé¬ 
rinéale;  II,  477.  —  Taille  hypogastrique; 
taille  bilatérale;  grand  appareil  ;  II,  478. 

Talon.  Moyèh  d’empêcher  le  talon  dé  s*ul- 
cérër;  II,  336.  —  Pronostic  des  luxations 
(|[u  talon;  11,365. —  Luxations  du  talon 
et  manière  de  les  réduire;  II,  399,  Ac¬ 
cidents  qui  surviennent  ]par  la  contusion 
faite  au  talon  ;  II,  400. —  Traitement  des 
contusions  dü  talon;  III,  487. 

Talpa;  82.  ^ 

Talparià.  Ce  que  c’est;  348. 

Thon.  Accidents  résultant  de  sa  piqûre;  III, 
324.  —  Remèdès  ;  III ,  325. 

Taraxis.  Ce  que  c’est;  il,  417. 

Tarentule  ;  94. 

■tARSE.  Os  du  tarse;  302.  — Luxation  de  l’os 
du  tarse;  II,  401. 

T'àureaü.  Description  du  taureau  de  la  Flo¬ 
ride;  III,  501.  —  Manière  de  combattre 
du  taureau  ;  III,  751. 

Tauüus.  O  que  c’e»!  ;  161. 

Taupes.  Quand  elles  présagent  la  pluié;  lil; 
738. 

Taxis  pratiqué  par  Gilbert  l’Anglais  ;  Ut,  v. 

Teigne.  Définition  de  la  teigne  ;  II ,  406.  — 
Ses  quatre  Variétés  ;  pronostic  ;  traite- 


meht  de  là  teigne  squameuse  ;  It ,  407.  — 
De  la  croùteuse  et  de  la  corrosive;  II , 

408.  —  Sès  caractères  et  ses  causes  ;  Il , 

409. 

Telosis.  Ce  que  c’est  ;  II ,  416. 

Tempérament.  Définition;  33. —  Deux  tem¬ 
péraments,  rintempéréet  le  tempéré; -34. 
—  Tempéraments  des  parties  du  corps  ; 

35.  —  Modifications  amenées  par  l’âge  ; 

36,  — Tempéraments  des  saisons;  37.  — 
Des  jours  ;  38. —  Des  humeurs  et  des  mé¬ 
dicaments;  30.  — Du  tempérament  san- 
guih  ;  46.  —  Des  tempéraments  phlegma- 
tique,  cholérique  et  mélancholique;  47. 
— Des  changements  de  tempérament  ;  49. 
—  Tempérament  des  méridionaux  et  des 
septentrionaux  ;  50.  —  Des  orientaux  et 
des  occidentaux;  5i. —  Des  habitants  des 
montagnes  et  des  plaines; 52. —  Influence 
du  régime  et  de  la  profession  sur  le  tem¬ 
pérament;  61.  —  Des'âliments  qui  con¬ 
viennent  aux  divers  tempéraments  ;  66. — 
Quelle  sorte  d’exercice  convient  aux  di¬ 
vers  tempéraments;  71.  Indications 
résullântdu  tempérament;  85.  —  Teiü- 
péraméht  des  muscles  de  l’épigdsire;  130. 
—Dü péritoine;  l34.— DU  ventricuife;  i37. 
— Des  iniestins  j  l4i.— Düfoie;  144.— De 
la  vessie  du  fiel  ;  145.  —  De  lâ  rate  ;  146. 
—  De  la  veine-porté;  147.  —  Des  reihs; 
153.  —  Des  vaisseaux  spermatiques  ;  i54. 
—  Des  testicules;  155.  —  Des pâtâsiatès, 

.  et  des  vaisseaux  éjaculatoires  ;  157.—  Des 
prostates;  158.  —  Des  uretères;  l59.  — 
De  la  verge  ;  162.  —  Dé  la  mdtrtCe;  165. 
—  Des  tuniques  qui  cOhtienhent  l’enfant 
dans  le  sein  de  lâ  mère;  172.  —  Des 
mamelles;  178.  — De  la  plèvre  et  du  mé- 
diaslin;  183.  —  Des  poumohs;  186.— 
Du  péricarde,  188,  —  Du  cteur;  190. 
—  De  la  trâchèe-a Itère;  200.  —  Del’œso- 
phâge;  202.  —  Dücérveau;  213.—  Du 
nez  ;  243.—  Delà  lâhgüe;  253.—  Influence 
du  terapéramént  sur  le  traitement  des 
plaies  par  harqüèbuses  ;  II,  161.  — Sur 
les  ravages  de  la  vérole;  II,  533.  —  Sym- . 
pathie  euire  le  tempérament  générai  et  les 
qualités  de  la  semence  ;  Il ,  638. 

Température.  Son  tüfluehce  sur  les  dou¬ 
leurs  des  goutteux;  lll,  221.  —  Sür  la 
production  de  la  lèpre  ;  lll,  272.—  Sur  ie 
développement  dë  la  rage;  III,  304. 

Tempes.  Cè  que  c’ést  ;  204.  —  Dahger  d’y  ap¬ 
pliquer  le  trépan  ;  Il ,  68. 

Temps.  Voyez  Menstrues. 

Tenailles.  Figurés  des  tenailles  capitales 
incisives ,  dites  bec  de  perroquet;  Il ,  16, 
—  Figures  des  tenailles  à  séton  ;  II,  81.— 
—  Figure  d’une  tenaille  incisive  pour 
côuper  les  os  fracturés  ;  Il ,  151.  —  Figu¬ 
res  de  deüx  tenailles  incisives  pour  l'àin- 
putatioii des  doigts;  II,  457. — Figurede 
tenailles  en  bec  de  canne  fcourbé  pOur 
l’extraction  de  lapierlé;  II,  484. —  FIgürc 
de  tenailles  incisives  poUr  Couper  tes  os 
d’un  enfant  mort  dans  le  sein  de  sa  nière; 
II,  704.  —  Figure  de  tenailles  pour  è\- 


TABLE 


traire  un  enfant  mort  du  ventre  de  sa  mère} 

TilAJcim^Rüliture  du  tendon  d’Achille}  II , 

1 10.  —  Suture  des  tendons  ;  III,  42. 

264. 

Tfiüwj’  FIgüMs  lie  deux  tenons  propres  aux 
sutures  des  plaies  de  la  vessie }  II,  494. 
Tentes.  Leurrs  inèonvénients  dans  le  Iraite- 
W#t'aéS'  plià1éS  }‘436.— Figure  d’une  tente 
'  dte^l'rtn’fe'  «iinrflée ,  de  -figure  plate ,  pour 
donner  issfle  àMa  sanie' retenue 'entre' le 
otflne  etlaidure-mère}  il,  6^3.— Figure  d’une 
lente  canulée  pour  les  plaies  du  nez  ;  II , 
8V.  —  Leur  trèp  long  s^our  dans  les  plaies  ' 
«<ïMhdra»'fait  dégénérer  ces  plaies  en  fis^ 
'luie^:  îl,  68. -^Figures  de  tentes  canulées 
avéë  leu'rs  liens  et  éponges  pour  les  fistules 
-'li!n’tliorax;  IIl*I02.-i-Sur  l’emploi  des  ten- 
'iteëdhns  le  iraliementdes  plaies  par  har- 
(juèbüées  ;  II,  159,  '  <  ^ 

TÉftÉBEiSTitinE.Son  efTicacité  dans  leschaudes- 
pisses';'ir.  561-,  —  Manière  de  faire  l’huile 
de  térébenthine  ;  III,  630, 

Tkretes  ;  III ,  !264‘.  ’ 

Terre,  ses  ’  qualités  premières  }  32, —  Ses 
qualités  secondes  -,  33.  —  Actions  des  va¬ 
peurs  qui  s’exhalent  de  la  terre  sur  les 
qualités  de  l’dir*;  III,  357.  — Présages  de 
la  peste  tirés  de  l’exhalaison  des  vapeurs 
terrestres;  III,  3641  —  Médicaments  tirés 
de  la  terre  ;  III ,  622.  — Espèces  de  terres 
employées  en  médecine  ;  III,  635. 
Tesseramd  (Claude  de).  Emprunts  que  lui  a 
,f!iUsA.«  Paré;  111,2. 

Testicules:  Substance,  quantité  et  figure 
des  testioùlês  ;  154.  —  Composition  ,  nom- 
bré;  situation,  connexion,  lemoérament 
des  testicules';'  155.  —Action  ;  156. —  En 
qné^i  ceux  dé  la*  femme  diffèrent  de  ceux 
de  l’hornWie ,  163  ;  II,  636.— Leur  influence 
sur  la  nature  de  l’homme  et  de  l’animal  ; 
414. — Plaies  des  testicules  ;  II;  109. — S’il 


"vëloppement  tardif  des  testicules;  III, 

'18,20..'  .  )  I  . 

Testudo.  Ce  que  c’est  ;  82  ,  348, 

Tétanos.  Ce  que  c’èSt  ;  443. 

TÊirE;'Lé  froid  est  funeste  aux  plaies  de  lèld; 
63.  —  Description  générale  de  la  tèie  ; 
203.  Ailatomie  du  cuir  chevelu  et  du 
'  périerâne  ;  205,  —  Des  sutures  ;  206. — ^  Du 
crâne  ;  207. . — De  la  dure  -  mère  ;  211.  — 

•  De  la  pie^naère  et  du  cerveau  ;  212.  —  Des 
-  teouvemenls  de  la  tête;  263.  —  Figure 
d’une  scie  propre  à  couper  les  os  de  la 
'  ■  tête  ;  II ,  14.  ’ — Pronostic  des  plaies  de 
tête';  II,  26 ,.31',  33.  — Plaies  de  tête  sui¬ 
vies  d’abcès  du  foie  ;  II ,  32.  —  Soins  gé- 
'  néraux  à  donner  aux  plaies  de  tête  ;  II , 
33; —  Régénération  de  la  chair  à  la  suite 
des  plaies  de  tête  ;  II ,  43.  —  Altération 
des  os  de  la  tête;  II,  65.  — Danger  de  trop 
serrer  la  tête;  II,  292.  —  Pronostic  des 
luxations  de  la  tête  ;  luxation  de  la  tête 
i'Mtee'Iâ  iiremicre  vertèbre  du  cou;  II, 
361.  —  Où  doit  être  faite  la  saignée  pour, 


les  maux  de  tête  ;  II,  520,  —  Formftttôn 
de  la  tête  du  fœtus:  II,  650,  —  Figure 
d’une  fille  à  deux  têtes;  III,  5.  —  Fi¬ 
gure  d’un  enfant  ayant  deux  têtes ,  deux 
bras  et  quatre  jimbes;  III  ,  8.  — Figure 
de  deux  jumeaux  n’ayant  qu’une  tête;  III, 

9.  —  Figure  d’un  monstre  ayant  deux  tê¬ 
tes,  l’une  de  mâle  et  l’antre  de  femelle  ; 
111,  11.  —  Figure  d’un  monstfe  ayant'  «ne 
tête  au  milieu  du  ventre;  111 ,  12.  —  Fi¬ 
gure  d’un  monstre  ayant  deux  têtes  et  un 
seul  bras  ;  III,  21.  —  Figure  d’ùn  monstre 
sans  tète  ;  III,  22.  —  Figure  d’un  agneau  4 
trois  têtes;  III,  45. —  Prétendu  rèmède 
contre  le  mal  de  tête;  III,  65.  — De  la 
douleur  de  tête  des  fébricitants  ;  III,  184. 
—  Douleurs de  télé  des  pestiférés;  causes 
et  traitement  ;  III,  418, 

Tétine.  Figure  d'un  instrument  nommé  té¬ 
tine  ,  à  l’aide  duquel  «ne  femme  peut  se 
débarrasser  elle-même  de  son  lait  ;  11, 710. 
Texte.  Soins  pris  pour  la  pureté  du  texte  de 
cette  édition  ;  Int.,  vu  ;  III ,  II. 

Thaddæus  Dünus.  Moyen  indiqué  par  lui 
pour  prévenir  les  gerçures  du  mamelon  ; 

II, 69.3. 

Thanacth.  Description  de  la  bête  thanacth  ; 

III.  786. 

Théodoric.  Circonstances  singulières  de  son 
histoire  ;  Int.,  xxxvii,  —  A  beaucoup  em¬ 
prunté  à  Brunus  ;  Int.,  xxxvm. — Comment 
il  riposte  à  Roland  et  à  Roger  apprécia¬ 
tion  de  Guy  de  Chauliac;  Int.,  xxxix.— 
Est  cité  par  Lanfranc;  Inl.,  xi.vi. 
Thériaque,  Description  de  l’eau  Ihériacalc; 
II ,  599  ;  III ,  .368.  —  Ses  propriétés  ;  II  , 
600  ;  III,  368.  —  Eflicacilé  de  la  thériaque 
contre  les  morsures  et  piqûres  d'animaux 
venimeux  :  III ,  301, 311,  314,  320. — C.oii- 
pable  stratagème  des  vendeurs  de  théria¬ 
que  ;  III,  319.  —  Kflicai  iié  de  la  thériaiquc 
contre  la  peste  ;  III,  368,  370.— Ses  vertûs 
et  son  administration  ;  III,  400. 

Thierry  de  Héry.  Ses  travaux  ;  son  livre  sir 
la  maladie  vénérienne;  Int.,  cclxix.i— 
Indication  des  emprunts  que  lui  a  faits 
A. Paré  dans  son  livre  de  la  grosse  vérole; 
II,  526  à  579,  597.  —  Ses  campagnes  én 
Italie;  III,  XIV.  ; 

Thomas  de  Sarzanne.  Retrouve  Celse  vers  lie 
milieu  du  xv'  siècle  ;  Int.,  xix ,  xciii. 
Thorax.  Définition  du  thorax  ;  174.  — Sa  di¬ 
vision  en  trois  parties  ;  175.— Parties  con¬ 
tenantes  du  thorax  ;  177.  —  Parties  conte¬ 
nues  ;  183.  —  Muscles  du  thorax  ;  266.  — 
Signes  des  plaies  du  thorax  ;  II,  94.  —  Si¬ 
gnes  d’un  épanchement  de  sang  dans  le 
thorax  ;  H,  90.  — Cure  des  plaies  du  tho¬ 
rax  ;  II,  lOü,  —  Signes  des  plaies  péné¬ 
trantes  du  thorax  ;  111,  653. 

T'erce  (Fièvre);  111,  116,  117,  1.30,  136, 

Thymus.  Description;  260,  359;  II,  786, 
'^87.  —  Traitement  ;  3.59  ;  II ,  788. 
riiYRoliuE.  Du  cartilage  thyroïde  ;  256. 
Tiraboschi.  Ce  qu’il  dit  sur  la  culture  de  ta 
médecine  en  Occident  avant  le  xi“  siècle  ; 


ANAILYTIQUE. 


875 


tot.»  xiï.  Ce  qu’il  dit  de  Léonard  de 

Berlapagha;  IntvLxxs. 

TiftE-BALr.K.  Figures  de  divers  tire-balles;  II, 
Tire-balles  décrits  par 
Gersdorf  ;  III  ,  vu, 

lUw-FOND.  Figure  d’un  tirerrond’pour  relever 
les ,os, du  crâne;  II,  12.-,-  Figure  d’un  li- 
refond  à  trois  branches;  II ,  âS.^Figure 

■  «’undiie-fond  pour  l’exiraction  des  balles; 

II ,  150.— !  Figure  de  deux  lire-fonds  pro- 

.1  près  a  comminuer  une  pierre  dans  le  con¬ 
duit  de  Ja  verge;  II,  474. 

Toilk.  Toile  Gautier  pour  appliquer  sur  le 
ventre  des  nouvelles  accouchées;  II,  708. 
-^Toilepour  lenir  le  teint  frais  ;  III,  604. 

Tolède.'  Ecole  de  Tolède  ;  Int.,  xxvi. 

Tolït  (  Piefre).  Ses  traductions  de  Paul 
d’Egine  et  de  Galien;  Int.,  cexxxvu. 

Tonnehre.!  Théorie  du  tonnerre;  II,  124, 
135,.  — Comparaison  du  tonnerre  et  du 
canon  ,  II ,  124 ,  136  ,  177.  —  Prétendus 
préservatifs  du  .tonnerre;  II ,  124.  —  Feu 
du  tonnerre;:!! ,  202.  —  Traitement  des 
brûlures  faites  par  le  tonnerre;  II,  210. 
—  Action  du  tonnerre  sur  l’économie  ; 

III ,  295.  —  Son  influence  sur  le  dévelop- 
menl  delà  peste';  HI;  360.  Puissance 
merveilleuse  du  tonnerre;  III,  369. 

Tonsilles.  Description  des  tonsilles  ;  254. 

Tophes.  Traitement  des  tophes  venant  du 
virus  vérolique  ;  II,  769. — Des  tophes  qui 
vieqnent  aux  jointures  des  goutteux  et  de 
leur  curation  ;  III,  247.  Voy.  iVreads  et 
Nodus. 

Topiques  propres  au  traitement  des  plaies 
en  général;  433.  —  Contre  la  goutte  cau¬ 
sée  de  piiuite  ;III,235.— Gonire  la  goutte 
provenant  d’humeur  cholérique;  111,241. 

— *■  Contre  la  goutte  sciatique  ;  111,2.63. 

Torches.  Description  et  usage  des  torches  ; 

:  IF,  288. 

Torpille.  Son  action  stupéfiante  ;  III .  295 , 
318,  754. 

Tohtose.  Ecole  de  Tortose  ;  Int.,  xxviii. 

Tortues.  Nous  ont  appris  les  propriétés  de 
la  sarielle  ;  III,  736.  —  Monstre  d’Afrique 
semblable  à  une  tortue;  III ,  787. 

Toücam.  Description  du  toucan  ;  III ,  783. 

Toucher;  67. 

Toulouse.  Université  de  Toulouse;  Int., 
xxvm. 

Tourterelles.  Fidélité  des  tourterelles  ;  III , 


Toux.  Est  une  des  causes  des  chutes  de  la 
matrice  ;  II  ,  739. —  Prétendu  remède  con¬ 
tre  la  toux;  III,  65.  —  Causes  et  traite¬ 
ment  des  toux  symptomatiques  de  la  fiè- 
Yrfl;III,  194. 

Trachée-artère,  Anatomie  de  la  trachée-ar¬ 
tère;  200.  —  Le  larynx  n’est  autre  chose 
que  l’extrémité  de  la  trachée-artère  ;  255. 
—  Pronostic  et  traitement  des  plaies  de  la 
trachée-artère;  II,  90.  —  Ulcères  de  la 
trachée-artère;  II,  264.  —  Corps  étran¬ 
gers  dans  la  trachée-artère  et  moyens  de 
; ,  les  extraire  ;  II ,  443.  —  Signes  de  la  sec- 
•'llon  de  la  trachée-artère;  111 , 653. 


Trachblaora  ;  III  ,  208.  . 

Trachéotomie.  Application  delà  trachéoto¬ 
mie  à  l’exlraclion  des  corps  étrangers;  UI,' 
443. 

Traductions.  Énumération  des  traductions 
d’A.  Paré ,  Int.  cccxxviii ,  valeur  de  ces 
traductions,  III,  11. 

Traouoma.  Ce  que  c’est;  II ,  416. 

Trancuées.  Remèdes  contre  les  tranchées  ; 
II ,  692,  708.  —  Causes  des  tranchées  ijes 
nouvelles  accouchées  ;  II,  709. 

Transpiration.  Sur  la  transpiration  insensi¬ 
ble  ;  II,  662  ;  III,  454. 

Transversaire  (muscle);  264. 

Travail.  Influence  du  travail  sur  la  fécon¬ 
dité;  H,  734.  —  Influence  d’un  travail 
exagéré  sur  la  menstruation  ;  U,  1164. 

Tremblements  de  terre.  Théorie  des  trem¬ 
blements  de  terre;  II,  137.  — Relation  de 
divers  tremblements  de  terre;  III,  791. 

Trempe.  Sur  latrernpedes  Instruments;  389. 

Trépan.  Précautions  etconnaissances qu’exi¬ 
ge  l’opération  ;  209.  21 1  ;  II ,  54.  —  Figure 
d’unirépan  exfoliatif;II ,  14,  585. —  Avis 
sur  le  maniement  de  cet  instrument  ;  II , 
16,  54.  —  Causes  pour  lesquelles  on  tré¬ 
pane  les  fractures  des  os  de  la  tête;  II,  50. 
—  Doctrine  de  Nicolas  de  Florence,  Pierre 
d’Argelata  et  Bérenger  de  Carpi  sur  l'o¬ 
pération  du  trépan  ;  11,51.  —  Description 
des  trépans;  détails  historiques  sur  cet 
instrument;  figure  de  la  trépane  démon¬ 
tée  ;  II ,  65.  —  Figure  de  la  trépane  mon¬ 
tée,  II,  66.  —  Façons  de  procéder;  II  , 
57.  —  Endroits  où  ii  ne  faut  point  appli¬ 
quer  le  trépan  ;  II ,  6i.  —  Figures  de  tré¬ 
pans  perforalifs  triangulaire  ,  quadran- 
gulaire  et  sexangulaire;  II ,  687. 

Tressaillements.  Cause  des  tressaillements 
des  membres  fracturés  ;  II,  336. 

Triacleurs  ;  Int.,  clxxi. 

Tribades;  III,  18. 

Trichiasis.  Ce  que  c’est  ;  II,  416. 

Tristesse.  Ses  effets  ;  77.  —  Théorie  de  la 
tristesse;  11,661.  —  Influence  de  la  tris¬ 
tesse  sur  la  menstruation  ;  II,  764.  —  Sur 
la  fièvre;  III,  85. 

Triton.  Ce  que  c’est;  III,  770. 

Trocart.  Date  de  l’invention  de  cet  instru¬ 
ment;  401. 

Tbochisques  pour  les  ulcères  des  oreilles  ; 
II,  263.  —  Pour  les  ulcères  des  reins  ;  II , 
266,  509.  —  Pour  les  maux  de  dents  ;  If, 
446.  —  Pour  les  ulcères  de  la  vessie;  II, 
509.  —  Pour  les  dartres  ;  H,  598.— Contre 
la  peste;  III,  402,  415. 

Trotula  ;  Int.,  XXI,  xxn.  —  Différence  entre 
les  imprimés  et  les  manuscrits;  Troiula 
major  et  mwor;fe  que  contiennent  ces 
deux  traités  ;  date  probable  de  la  vie  de 
leur  auteur;  Int.,  xxiii.  —  Tout  ce  que  ce 
livre  renferme  de  bon  retrouvé  parGruner 
dans  Ali  Abbas;  Hippocrate,  Galien  et 
Cléopâtre  y  sont  mis  à  contribution  ; 
Int.,  XXIV. 

Trousse-galant;  III,  134,  351 .  — Ses  symp¬ 
tômes  ;  III,  363,  423. 


TrüIK  MARINE  ;  III,  772.  ,  .....V.  I 

TükÉORS.  Comment  elles  étalent  enrisAgées 
par  t^ai'acélse;  Irit.,  ccxviu.  —  t)es  lu- 
meurs  conlre  nature  en  général;  319. —  | 
table  des  turnéurs  conlre  nature;  cati- 
ses  des  tumeurs  eh  général;  320,  326. 
—  Signes  généraux  ;  321.  —  l»eonosiic  gé¬ 
néral;  curé  générale;  .324.  —  Tumeurs 
faites  de  Cholèie;  336.  —  Tumeurs  froi¬ 
des;  34l.  —  Caiisès,  carâclères  et  trai¬ 
tement  des  tumeurs  venteuses  elaqüeuses; 
344.  —  Tühieurs  engendrées  de  itiêlan- 
cholie  ;  360.  —  Des  tümeurs  contre  nature 
en  particulier;  376.  —  Tumeurs  dü  fonde¬ 
ment;  419.  —  Des  genoux;  421.  — Des- 
cHption,  proiloslic  et  traitement  desbu- 
boriS;  III,  427. 

TtjüiQüÉ.  De  la  tùniqüe  cohimüne  des  mus¬ 
cles;  l2j. — Tuniques  de  la  niatrice;  165. 
—  Tuniques  qui  conlienHent  rettfani  au 
ventre  dé  laihèré;  i69.— l  eur  substance, 
dimension,  forme,  cômposilioh,hombre; 
170. 

TuRBlTir.  Procédé  gbür  extraire  Tessehfce  du 
turbllh;  ili,  629. 

Turin.  Voyage  d’A.  Paré  â  Turiri  ;  lII,  689. 

TymPanite.  Ce  que  c'est;  394.  Tÿmpanite 
ulérine-,  II,  727,  766. —  Causes  et  traite¬ 
ment;  II,  766,  792. 


ü 


Ubsrtin  dé  Carraré  appelle  dans  efetté  ville 
Gentilis  detbligno;  Int.,  XLVii. 

ÜLCÈàfes.  Comment  envisagés  par  Paracèlse; 
Int.,  ccxvi. —  Définition,  causes  internés; 
II ,  40.  —  Cadses  externes  ;  II,  4 1 . — Table 
des  dilîérences  des  ulcères  ;  il ,  242.  —Ta¬ 
ble  de  lëürs  divers  excréments  ;  Il ,  243.— 
Signes  et  pronostic  dés  ulcères  ;  Il ,  245. 
—Traitement  de  Tulcèré  simple;  i.t,  218. 
—  De  ruicère  intempêré;  —  de  Tiil- 
cère  doüi.oureux;  H,  252.  —  Dé  Tülcêre 
Ctirtipliqué  d’eXCroissancè  de  chair;  lùid. 
-  De  1  ulcère  Vérmln'éux  et  putride;  II, 
253.  — De  l'ulcère  sordide;  II,  254.— 
Des  ulcères  Virulents,  corrodants,  cacoé- 
thes,  et  fhirohiens  ou  phagédéhiques  ;  Ü, 
256.  — Quand  il  faut  panser  ces  ulcérés; 
II  ,  257. —  ÜU  bandage  des  ülcèréS;  II, 
258. —ulcérés  des  yeUx,  II,  259. —  Du 
nez  ;  ü,  280.  be  la  bouche  ;  Il ,  26i.  — 
Des  orfeilles;  il,  2lS3.  —  De  la  trachèe-ar- 
têrc ,  dé  Toesophage,  de  Testomac  ;  II,  264. 
—  Des  intestins,  des  reins  et  de  là  vfessie; 
II,  265.*— De  la  matrice;  II,  266.— Symp¬ 
tômes  des  ulç’ères  des  reins  et  de  la  vessie  ; 
Il  ,  506,  -  Pronostic  de  Cés  ulcères  ;  II , 
507.  —  PronosUc  dés  ulcères  vénériens  de 
la  verge;  H,  533. -Traitement  des  ulcè¬ 
res  vénériens  de  la  bouche;  Il ,  543. — 
Traitement  des  ulcères  véUérléns  de  la 
.  Vergé;  II,  552. —  Les  ulcères  des  pOumons 
rendent  l’haleine  fétide  ;  II,  600.  —  Signes 
;  llidlralfeurs  des  ulcères  de  la  matrice  j  il, 


778.— Simülallon  d’üh  üleère  à  la  jambe  ; 

III ,  47.  —  Il  faut  sè  garder  de  fermer  les 
ulcères  en  temps  de  peste;  111,  375. — 
Emploi  de  l'antimoine  dans  le  traitement 
des  ulcères;  III ,  467.  ^ 

ÜLETiV.  Histoire  et  description  de  Tulelif; 
III,  503. 

tlNGtuA.  Définition;  II,  47,  429.  — Causes  , 
signes,  pronostic,  traitement;  II,  429. 
ÜNICORNIS;  III ,  492. 

Université.  Origine  des  universités;  Int., 
xxvni. — Intervention  de  l’Université  dans 
les  querelles  des  barbiers  et  des  chirur¬ 
giens:  Int.,  CXL,  CXLIV. 

Urbain  V.  S’attache  Guy  de  Chauliac  ;  Int. , 
Lxiv.  —  Quitte  pour  trois  ans  le  séjour 
d’Avignon  ;  Int.,  lxx. 

Uretères.  Substance,  quantité,  figure,  com¬ 
position  ,  nombre ,  situation ,  connexion , 
tempérament  et  fonctions  des  uretères  ; 
159. —  Signes  des  lésions  des  uretères;  H, 
105;  111,  654.  —  Moyens  pour  faire  des¬ 
cendre  un  calcul  engagé  dans  un  des  ure¬ 
tères  ;  II .  470. 

Urètre.  Notions  les  plus  anciennes  nue  nous 
ayons  sur  les  rélrécUsemenls  de  l’urèlre  ; 
Iht.,  cLxxx;  IH,  V.  —  Rétrécissements 
de  Turèlre;  II,  564.  — Traitement;  II; 
566. 

Urine  ;  44,  73.  — Suppression  de  l’urine 
dans  lès  luxations  de  la  hanche  faites  en 
devant  ;  II ,  391.  —  ÀspeCt  de  l’urine  des 
calculeux;  Il ,  462.  —  Rétention  d’urine 
par  causes  intérieures  ;  II,  497.  —  Du  sang 
et  du  pus  qui  peuvent  être  évacués  par  les 
urines;  II,  498.  — Signes  auxquels  on  re¬ 
connaît  d’où  ils  viennent  ;  II  ,  499  ,  500 , 
502,  506.— Vomissement  d’urine;  II,  503, 
505.  — Causes  extérieures  des  rétentions 
d'urine;  pronostic;  II,  504.  — Curation 
des  urines  sanguinolentes  et  purulentes  ; 
il ,  506.  —Traitement  de  la  rétention  d’u¬ 
rine;  II ,  507; —  Exemple  de  rétention  d’u¬ 
rine  engéndrée  par  une  chaude-pisse  ;  II, 
559.  —  ÜCs  réientions  d’urine  causées  par 
les  carnosilés  de  la  verge  ;  II  ,  5G5.-y  Ins¬ 
trument  pour  atténuer  l’incommodité  de 
l’incbhtmence  d’urine  ;  II,  6l2.  —  Réten¬ 
tion  d’urine  résuliant  d’un  abus  des  plai¬ 
sirs  charnels;  II,  636.  —  Quand  et  par  où 
le  fœlus  commence  à  uriner  :  U  ,  663.  — 
Etat  (le  l’urihe ,  symptômes  de  fièvre  ;  lit, 
80.  —  Caractères  et  traitement  de  l’ischu- 
rie  et  du  flux  excessif  d’urine  ;  llI,  202.— 
Cftraclèjes  de  l’urine  des  lépreux  ;  III , 
278.  —  Emploi  de  l’urine  dans  le  panse¬ 
ment  des  morsures  d’animaux  enragés; 
III ,  310.  —  Moyen  de  provoquer  Téva- 
cùalion  de  l’urine;  Ut,  447. 

UvEE.  Dcscripiion  de  Tnvée;  238.  — Enu- 
méiélioh  des  maladies  de  l’uvée  ;  II ,  418. 
UvuLE;  255.  —  be  la  Inmeur,  iiinainmaiion 
et  relaxation  de  l’iiVule;  liailement  rni'- 
dlc  il  ;  excision  ;  ligature;  384.  —  Cautéri¬ 
sation  ;  385. 


ANALYTIQUE. 


V 

Vaisseabx.  Substance;  quantité,  figure  , 
composition.,  nombre,  situation  ,  tertipé- 
rameni,  utilité  des  vaisseaux  spermati¬ 
ques;  154.  —  Eu  quoi  ceux  de  la  femme 
différent  de  ceux  de  i’homme  ;  1h2.  — 
Substance,  quantité,  figure»  composition, 
tempérament ,  situation ,  nombre ,  action 
des  vaisseaux  éjaculatoires  j  167;  —  En 
quoi  les  vaisseaux  éjaculatoires  des 
femmes  diffèrent  de  ceux  des  hommes; 
163; 

Valence.  Université  de  Valence;  Int., 
xxvni.,  . 

Valgi.  Quels  sontceuxque  l’on  appelleainsi; 
U,  613.  —  Moyens  dé  remédier  à  leur  in¬ 
firmité;  II,  614. 

Valvules  du  cœur;  192. 

VAfEURS;  Action  des  vapeurs  qui  s’exhalent 
des  corps  en  putréfaction  Sur  l’air  ;  III , 
Sb&.—idefn  de  belles  qui  s’élèvent  des 
eaux  dormantes  oü  de  la  terre;  lli  ,  357. 
—  Action  dès  vapeurs  terrestres  sur  les 
.  végétaux  et  les  animaux;  III,  464,. 

VA8I.  Quels  sont  ceux  que  l’on  appelle  ainsi; 
i.i,  613.  —  Moyens  de  remédier  a  leur  in¬ 
firmité  ;  tl,  6l4. 

Varices.  Définition,  causes,  signes;  11,268. 
—  Incision;  11,269.—  Varices  des  pau¬ 
pières  ;  II,  416. 

Varicocèle;  Traitement  des  varicocèles 
selon  Arculanus;  Int. ,  xci. 

Vase.  Figure  d’un  vase  de  verre  pour  faire 
cuire  au  bain-marie;  III,  399.  —  Formes 
et  matières  des  vases  à  distiller;  III,  616 , 
617,  —  Enumération  des  vases  servant  à 
distiller; III,  638. 

VEAuayantla  moitiédu corps  d’un  homme; 
ni ,  45;  —  Veau  marin  ;  III,  772. 

Végétaux.  Action  des  vapeurs  terrestres  sur 
les  végétaux  ;  III»  364. 

Veilles.  Inconvénients  des  veilles  prolon¬ 
gées  ;  73  ;  III,  376.  —  Action  des  veilles 
sur  l’économie  j  II,  35. 

Veiîses.  Ce  que  c’est  qu’une  veine;  128.  — 
Toutes  les  veines  mésaraïques  viennent 
du  foie  ;  142.  —  Substance,  volume,  com¬ 
position  ,  connexion  ,  tempérament  et  di¬ 
vision  de  la  veine  porte;  147.  —  Origine 
de  la  veine  cave  descendante  et  sa  divi¬ 
sion  en  veines  adipeuses,  rénales  ou  émul- 
gentes;  151. — Spètmatiques,  lombaires  et 
iliaques  ;  division  des  iliaques  en  muscu¬ 
leuses,  sacrées,  hypogastriques,  épigas¬ 
triques  et  honteuses;  152.  —Veines  de  la 
matrice;  194.  —  Distribution  de  la  veine 
artérielle;  193  -Distribution  de  la  veine 
cave  descendante;  164.  —  Subdivision  en 
veines  diaphragmatiques;  coronales  ,  ar¬ 
térielles,  azygis,  intercostales,  mam- 
millairésj  cervicale;  195.  —  Musculeuse, 
thoracique,  axillaire,  humérale  ,  jugu¬ 
laire  ;  196. —  Veine  Recii',  veine  Puppis  ; 
197.  —  Veines  de  la  langue  ;  253.  —  Dis- 
Iribulion  de  la  veine  céphalique  ;  272.  — 
Distribution  de  la  veine  axillaire;  273.  — 


Distribution  dé  la  veiftC  crürttle  ;  289.  — 
Pronostic  des  plaies  des  veines;  433.  — 
Pronostic  des  plaies  desveines  jugulâirés; 

II ,  90.  Traitémènl  ;  II,  9h  —  Signes 
des  blessures  de  la  veine  cave  ;  II  ;  96  ; 

III,  654: 

Venceslas  (roi  de  Bohème);  Son  médecin 
Albiciul;  Int.  ,  xxi; 

Venins,  fies  plaies  envenimées;  II,  189.  — 
Signes  rie  la  qualité  des  venins;  II,  l93. 
—  Reiitèdes  contre  la  morsure  des  bêtes 
venimeuses  ;  II ,  205,  —  Signes  lies 
gangrènes  résultant  des  .venins;  II,  216. 
— G’esl  aux  venins  de  plusieurs  animaux 
qu’il  fîut  attribuer  la  douleur  quécausent 
leurs  piqûres;  III,  210;  —  Objets  que 
l’auteurs’estproposésen  é.crivantson  traité 
des  venins;  lll,  283.  —  Définition  ,  modè 
d’actijtn  ,  origine;  III,  285; — Raison  de  la 
rapidité  avec  laquelle  les  poisons  agissent; 
Illj  286;  —  S’il  est  possible  qu’un  poison 
donne  la  mbrt  dans  un  délai  fixe;  III, 
287.~La  chair  des  animaux  qui  mangent 
des  bêtes  venimeuses  esi-ellé  nuisible? 
III,  288.  Signes  généraux  d’empoisëh- 
nernent  ;  ill,  289.  —  Signes  dés  venins 
chauds;  III;  2:0;  —  Signés  des  venins 
froids;  lit,  290,  291. Dès  venins  secs ét 
des  venins  humides;  lit,  291,  —  Absence 
de  signes  certains  des  Venins  qui  opèrent 
par  propriétés  occultes;  il  n’est  pas  vrai 
que  le  venin  des  bêtes  venimeuses  soit 
froid;  111,292.  —  Précautionsà  prendre 
confre l’empoisonnement,  et  premiers  re¬ 
mèdes  à  administrer;  lil,  293.  — Des  ve  - 
nips  en,  pariiculier;  de  la  corruption  de 
l’air  ;  iil,  295.  —  Pronostic  des  venins  en 
énéral  ;  III,  297.  —  Pronostic  du  vehin 
es  bêles  ;  III;  298.  —  Cure  des  morsures 
etpiqùres  des  bêtes  veniiiieuses  ;  lit,  300. 
Traitement  général  >  III,  303.  —  Régime 
propre  au  traitement  des  rriorsurCs  de 
cblens  enragés  et  autres  animaux  veni¬ 
meux;  III;  312. —  Où  est  placé  le  venin 
des  Vipères;  III,  313.  —  Acèidents  qu’il 
cause  ;  remèdes  ;  III,  314.  —  Action  du 
venin  de  l’aspic  ;  III,  3l9;  Violence  du 
venin  du  lièvre  marin-,  III,  333.  — Plab- 
tes  vénéneuses;  III,  334.  —  Métaux  èt 
minéraux  vénéneux  ;  III  ;  342. 

Veni'osiïés,  Des  ventosités  qui  s’engendréht 
dans  la  matHce;  II,  766.— Des  ventosités 
qui  accompagnent  lès  douleurs  arthriti¬ 
ques,  et  de  leurs  remèdes;  III,  249.  Voyez 

Ventouses.  Inconvénients  dé  leur  applica¬ 
tion  pour  le  redressement  des  côtes;  II, 
313. —  Emploi  des  ventouses  contre  lés 
coliques  venteuses;  II,  5l8. —  Définition, 
manière  de  lesappliquer;  II,  522. —  Leür 
objet,  lieux  ou  bu  les  applique;  figure 
d’une  ventouse  ;  II,  523. — Applicalibn  des 
ventouses  prtur  détourner  le  Uit  des  ma¬ 
melles  ;  II,  710  —  Emploi  des  ventouses 
pour  léduire  la  matrice  tombée;  II,  740, 
743.  —  Pour  arrêter  le  flux  menstruel 
excessif;  II,  773.  —  Leur  emploi  dans  le 


TABLE 


tWUenient  des  fièvres  ;  III,  86.  —  Contre 
la  morsure  des  bêtes  venimmses;  III, 
,302. 

VkNTRK.  Du  ventre  inférieur ,  II  ,  104.— 
Danger  de  trop  serrer  le  vende  pendant 
,,  là  grossesse;  II,  293. — Figure  d’un  homme 
du  ventre  duquei  sortait  un  autre  homme; 

,  III,  7.  —  Figure  d’un  monstre  aianl  une 
tête  au  milieu  du  vende  ;  III,  12, —  Corps 
étrangers  de  ventre;  111,28.  —  Douleur 
dé  ventre  des  fébricitiinls  ;  III,  186. — 
Flux  de  ventre  des  fiévreux,  III,  200.  — 
Ses  caraaères ,  causes,  et  traitement; 

.  cause  et  traitement  de  la  dureté  du  ventre 
,  des  fiévreux;  III,  201.  —  Moyens  pour 
provoquer  le  flux  de  ventre;  III,  449.— 
Moyens  pour  l’arrêter  ;  III,  461. 
Ventricule.  Substance,  quantité  ,  figure  , 
nombre  et  connexion  du  ventricule;  136. 

^  — Tempérament  du  ventricule;  ses  deux 
orifices;  137.  —  Anatomie  des  ventricules 
.  du  cœur;  191.  — Description  des  ventri¬ 
cules  du  cerveau  ;  214. 

Vents.  Action  des  vents  sur  la  santé  de 
l’homme;  64;  II,  139.  —  Qualités  des 
vents;  III,  366 

Verdüc.  Son  silence  sur  les  fanons;  II ,  289. 
VÉRÉcoNDiE.  Théorie  de  cette  émotion;  II, 
661. 

Verge.  Extraction  des  corps  étrangers  de  la 
verge; 28.  — Substance,  quantité,  figure, 
composition  delà  yerge;  161.  — Nombre, 
situation,  connexion,  tempérament,  uti¬ 
lité  de  la  verge;  du  gland;  du  prépuce; 
162. —  Plaies  de  la  verge;  II,  109. — 
Section  du  frein  de  la  verge;  11,460. — 
Moyens  pour  expulser  les  pierres  demeu¬ 
rées  au  conduit  de  la  verge;  II,  473.  — 
Autre  moyen  d’extraire  une  pierre  engagée 
dans  le  conduit  de  la  verge  en  incisant  ce 
;  conduit;  II,  474./ — Manière  de  traiter  la 
plaie  résultant  dé  cePe  incision;  II,  476. 
—  Pronostic  des  ulcères  vénériens  de  la 
verge;  II,  633.  —  Traitement  des  ulcères 
vénériens  de  la  verge;  II,  662.  — Figure 
d’une  canule  pour  remplacer  la  verge 
perdue,  II,  613.  —  Fonctions  de  la  verge 
dans  le  coït;  U,  636.  —  Imperforation  de 
la  verge;  II,  678. —  Influence  de  la  forme 
de  la  verge  sur  la  stérilité;  II,  731.— 
Verrues  de  la  verge;  II,  789.  — Dévelop¬ 
pement  tardif  de  la  verge;  III,  18  à  20.— 
Histoire  d’une  espèce  de  cloporte  rendu 
par  la  verge  III,  36. 

Verminatio;  83. 

Vernet  (Pierre).  Ses  traductions  d’Hippo¬ 
crate  ,  Int.,  ccxxxvii. 

Vkrolk.  Noms  divers  de  cette  maladie  ;  sa 
définit  on;  ses  effets;  II,  627.  —  Ses  causes; 
II,  628. —  Modes  de  transmission;  II, 
528,  629.  —  En  quelle  humeur  est  enra¬ 
ciné  le  virus  vérolique;  H ,  630.  — Signes 
de  la  vérole  ré'-ente  et  de  la  vérole  in¬ 
vétérée;  II,  631.  —  Pronostic;  II,  .>,32. 
—  Adoucissement  de  la  vérole;  II,  633. 
,  — Connaissances  nécessaires  au  chirur¬ 
gien  qui  veut  traiter  la  vérole;  II,  534. 


—  Inconvénients  des  purgations  et  de 
la  saignée  au  début  de  la  vérole  ;  trai¬ 
tement  parla  décoction  de  gaiac;  II, 
535, ,w- Vertus  du  bois  de  gaiac;  11,636. 

—  Manière  de  préparer  la  décoction  ;  II , 
537. —  Précautions  qui  doivent  précéder, 
accompagner  et  suivre  i’administration  de 
celte  décoction;  II,  638.  — Régime  à  ob¬ 
server  pendant  celte  médication  ;  II ,  639. 

—  Traitement  par  les  frictions;  II,  640. 
Choix,  préparation  et  mixtion  du  vif- 
argent  pour  les  frictions  ;  II ,  641.  —  Ma¬ 
niéré  de  les  exécuter  ;  II ,  643 , 644  et  suit. 

—  Traitement  par  les  emplâtres;  II,  647. 

—  Effets  des  emplâtres;  II,  648,  649. — 

Où,  comment  et  pendantcombien  de  temps 

ils  doivent  être  appiiqués  ;  II ,  648.  —  Trai¬ 
tement  par  les  parfums;  accidents  qui  en 
résultent;  dans  quels  cas  il  faut  y  avoir  re¬ 
cours  ;  II ,  661  —  Mode  d’administration  ; 
éléments  principaux;  formules;  II,  662. 

—  Traiiement  des  ulcères  de  la  verge; 

II,  662.  —  Symptômes  primitifs,  se¬ 
condaires  et  tertiaires  de  la  vérole;  II, 
663;  III,  426.  — En  quoi  la  gonorrhée 
diffère  de  la  chaude-pisse;  11,  666.  —  Dé¬ 
finitions  du  priapisme  et  du  satyriasis  ;  II, 
666. —  Leur  traitement;  division  de  la 
chaude-pisse  en  trois  espèces  ;  Il ,  667.  — 
Cure  de  la  gonorrhée;  II,  660.  —  Cure 
générale  de  la  chaude-pisse;  II,  661. — 
Cure  particulière  ;  II ,  662.  —  Des  carno- 
si'és  qui  s’engendrent  au  conduit  de 
l’urine  après  quelques  chaudes-pisses  ;  II, 
664.  — Signes  de  ces  carnosités;  H,  665. 

—  Pronostic  et  cure  générale  des  carnosi¬ 
tés  ;  II,  666.  —  Cure  particulière  ;  II ,  .667, 
569. — Remèdes  propres  à  cicatriser  les 
ulcères  après  l’ablation  des  carnosités  ;  If, 
576.  —  Des  bubons  ou  poulains;  leurs 
causes  et  traitement;  II,  678.  —  Des  exos¬ 
toses,  lophes  ou  nodus  venant  du  virus 
vérolique;  II,  679.  —  Causes,  pronostic, 
signes  et  traitement  des  dartres  ou  scis¬ 
sures  serpigineuses  ;  11,  597.  —  De  la  vé¬ 
role  qui  vient  aux  petits  enfants  ;  II,  698. 

■ — Composition  et  vertus  de  l’eau  ihéria- 
cale  contre  la  vérole  ;  II,  599,  600. 

VÉROLE  (petite).  Description  de  la  petite 
vérole  ;  en  quoi  elle  diffère  de  la  rougeole: 

III,  267.  —  Pronostic  ;  III,  268.  —  Traite¬ 
ment;  III,  269.—  Moyens  de  préserver 
des  ravages  de  la  petite  vérole  les  yeux; 
Ilf ,  261,263.  —  Le  nez,  la  gorge  et  les 
poumons  ;  III,  262,  263.  —  De  la  suppura¬ 
tion  des  boutons;  111,262.  — De  la  dé¬ 
mangeaison  consécutive  et  des  moyens  de 
faire  disparaître  les  cicatrices;  III,  263. 

VÉRON.  ORil  Véron  ;  H,  4 19. 

Verrues., Cinq  sortes  de  vei  rues,  et  leur  trai¬ 
tement;  367. — Verrues  qui  viennent  au 
col  de  la  matrice;  H,  786,  787.  —  Variétés; 
pronostic  ;  traitement  ;  II,  787.  —  Verrues 
des  pieds  et  des  mains;  verrues  de  lu 
verge  ;  II,  789. 

Vers.  Moyen  pour  faire  mourir  les  vers  des 
deiils;  II,  ifà).  —  Remèdes  contre  les  vers 


des  intestins  J  II,  516,  692.  —  Histoire  de 
vers  engendrés  dans  le  nez  ;  III,  35.  —  Ver 
engendré  dans  l’estomac  d’un  homme: 
Idem  dans  les  intestins  d’une  femme; 
lu,  37.  —  Vers  engendrés  dans  l’es- 
lomac;  III,  41.  — Théorie  de  la  forma¬ 
tion  des  ycrs  des  intestins;  leurs  trois 
variétés  ;  III ,  264.  —  Lieux  auxquels  ils 
s  engendrent;  signes  pour  reconnaître  ces 
lieux;  III,  265.  —  Pronostic  tiré  de  l’as¬ 
pect  des  vers  ;  III,  266.  —  Cure;  III,  267. 
maladies  qui  compliquent  les  vers  ; 

Versa  SOIE;  III,  744. 

Vmt-ke-gris.  Son  action  sur  l’économie 
humaine  ;  contre-poison;  III,  342. 

VERTEBRES.  Description  des  sept  vertèbres 
du  col  ;  259.  —  Vertèbres  du  métaphrène 
et  des  lombes;  265.  —  Danger  de  trop 
serrer  les  vertèbres  du  dos;  11,292. — 
Fractures  des  vertèbres;  leur  pronostic  et 
leur  cure;  II,  315.  —  Luxation  des  vertè¬ 
bres  du  cou;  II,  361.  — Signes  et  causes 
des  luxations  des  vertèbres  du  dos  ;  II, 
362.  —  Pronostic;  II,  363.  —  Luxations 
des  vertèbres  résultant  de  cause  interne; 
II,  364.  —  Pronostic  de  ces  luxations;  II, 
365.  —  Les  luxations  des  vertèbres  lom¬ 
baires  peuvent  occasionner  des  rétentions 
d’urine;  II,  5ü4.  —  Pronostic  des  enfon- 
çures  des  vertèbres  dorsales  ;  III,  657. 

Vebtex.  Ce  que  c’est  ;  204. 

Vertioo.  Définition;  II,  409.—  Causes, 
signes  et  cure;  II,  410. 

Vesale.  Sa  vie;  ses  travaux;  Int.,  cclxv. — 
Emprunts  que  lui  a  faits  Paré;  15. — 
Baume  décrit  par  Vésale;  III,  632. 

VÉstcATOtRES.  Leuremplui  dans  l’hydropisie; 
397.  —  Contre  les  maux  de  dénis  ;  II,  448. 
—  Dans  le  traitement  des  fièvres;  111,  86. 
—  Dans  celui  des  gouttes  causées  de  pi¬ 
tuite  ;  III ,  239.  —  Contre  la  goutte  scia¬ 
tique  ;  111,254.  —  Différentes  manières  de 
faire  un  vésicatoire;  III,  428.  — Défini¬ 
tion  ;  ingrédients  ;  III ,  584.  —  Exemple; 
usage  ;  manière  de  les  appliquer;  III,  585. 

Vessie.  Substance  delà  vessie;  159. — Quan¬ 
tité,  figure,  composition,  nombre,  situa¬ 
tion,  action  et  usage  de  la  vessie;  160. — 
Du  Col  de  la  vessie  ;  160,  1 61 .  —  Signes  et 
pronostic  des  lésions  de  la  vessie;  433  ;  II, 
105;III,  664. — Traitement;  109. — Ulcères 
,  delà  vessie;  II,  265. — Symptôrnesaccusant 
la  présence  d’un  calcul  dans  là  vessie  ;  II, 
462.  —  Caractères  des  pierres  vésicales; 
U,  465.  —  Moyens  pour  expulser  les  pier- 
,  res  descendues  dans  la  vessie  ;  II,  472.  — 
Moyens  pour  expulser  les  pierres  demeu¬ 
rées  au  col  de  la  vessie;  II,  473.  —  Ma¬ 
nière  d’extraire  par  incision  les  pierres 
de  la  vessie  des  enfants  rnàles;  11,  475. — 
Traitement  des  fistules  de  la  vessie  ;  II, 
493.  —  S/mptômes  des  ulcères  de  la  ves¬ 
sie;  IL  606.—  Pronostic;  II,  507.  — Corps 
étrangers  de  la  vessie;  III,  29, —  Cas 
d’extraction  de  pierres  de  ia  vessie  ;  III , 
29,30. 


AMALYTÏQUE. 

ViANEo.  Détails  sur  cette  famille  d’empiri¬ 
ques;  Int.,  ci.  .  (T,. 

ViART  (Claude);  Int.,  c.;  III,  xt" 

Viatique.  Ouvrage  arabe  traduit  par  diinr 
stantin  ;  Int.,  XXV.  '  ' 

ViDUs  ViDius.Sa  traduction  ét  sés  fcôThtrièn- 
taires  d’Hippocrate  ;  Int.,  ccxxxix.’  -^.Ses 
leçons  au  collège  de  France  ;  Dit.,  c'éAV 
Vie.  Le  cœur  est  le  principe  de  la  vie:  T88. 
—  Différence  du  poids  d’uh  boiiime  tifén- 
dant  ou  après  sa  vie;  II,  696.')^  A  qiioi 
la  vie  a  été  comparée;, III,  463.  '  , 

Vieillards.  Leur  caractère,  leur  tèihpéi'a- 
ment;  37.  —  Quels  sont  les  aliments  qui 
leur  conviennent;  69.  —  Pourquoi  la 
pierre  s’engendre  le  plus  souvent  aux  mns 
chez  les  vieillards;  II,  465.  —  Causes  des 
rétentions  et  des  iiicontinerices  d’iinnes 
propres  aux  vieillards  ;  H,  498.  —  Quand 
il  faut  saigner  les  vieillards  ;  II,  Wbi  — 
La  goutte  est  incurable  chez  les  vieillards; 
111,221. 

Vierges.  Par  où  fluènt  les  menstrues  aux 
vierges;  II,  772. 

Vif-argent.  Emploi  du  vif-argent  dans  le 
traitement  des  parotides;  380.  —  Dans  le 
traitement  des  ulcères;  II,  253,  255.  — Le 
vif-argent  est  l’alexitère  des  maux  véné.T 
riens;  II  262,  528,  542;  III,  347.  — Etiî- 
ploi  du  vif-argent  dans  le  traitement  dç  Jta 
teigne;  II, 408. — Dans  cèlui  de  ia  coliqùè; 

II,  519. — Sa  supérioritésur  le  buis  de  gaïac 
dans  le  traitement  de  la  vérole;  II,  636. 
—  Origine  de  ce  nom ,  opinions  conlra- 
dicloires  des  anciens  sur  le  vif  argent;  ses 
caractères  et  propriétés  ;  III,  344,  346. — 
Innocuité  du  vif-argent  pris  à  l’inlérieur; 

III ,  345  ,  346.  —  Son  efficacité  contre  la 

rogne  ;  son  action  stir  les  nerfs  ;  est  mortel 
à  la  vermine  ;  deux  espèces  de  vi  t-àr'g|nt  ; 
III,  348,  — Çaràç^ères  de  éè^  espèçes  f  lll, 
349.— Choix,  prèparàtion'et  niixtidniluVif- 
argent  employé  dans  les  friclîOns  contre 
la  vérole;  III,  541.-^ Son  emploi  rend 
l’haleinefétidp;  II,  600.  ,  ' 

ViGO  (Jean  de).  Ce  qu’on  sait  sur  sa  vie  ;  Int., 
CLxxv;  III,  vt.— Idée  générale  de  sa  Prac- 
tioa  copiosa  ;  Int.,  cLxxvi.  —  Succès  jiro- 
digieux  de  ce  livre;  Int.,  clxxvii.  —  Va¬ 
leur  réelle  de  ce  livre;  Int.,  cLxxvm. — 
Erudition  de  Jean  de  Vigo;  faits  èt  Vues 
qui  lui  appariiennent  ;  Iqt,,  CLxxix.  — 
—  Motifs  qui  lui  firent  composer  son  Com¬ 
pendium;  Int.,  cLXxxi.  —  Epoque  probable 
de  sa  mort;  Int.,  CLXxxn.  — Traduit  par 
Nicolas  Godin  ;  Int. ,  ccxxxvu.  —  Précaq- 
tions  qu’il  indique  pour  l’incision  des  ab¬ 
cès  ;  335.  — Son  silence  sur  la  paracentèse 
abdominale,  401.  —  Emplâtre  tnereufiel 
de  Vigo;  U,  542. —  Son  mode  d’extirpa¬ 
tion  du  cancer  avec  l’instrument  tranchant 
et  le  fer  rouge  se  retrouve  dans  Gilbert; 
ni,  vu. 

Villes.  Influence  funeste  de  la  peste  sur 
leur  prospérité  ;  III,  458,  459, 

Vin.  Sur  l’usage  du  vin  dans  Iç  traitement 
l  des  fièvre»  i  lU,  127. —  Dan»  quel»  ca» 


table  ^IfALTTIQUE. 


878 

il  est  permis  am  pestiférés;  ^1,  402. — 
Aclion  de  la  vapeur  du  v}n  nouveau  sur 
l’économie  ;  111,  664. 

Vinaigre.  Esi  l’antidote  des  poisons  chauds 
et  froids;  III,  674.  —  Manière  de  distiller 
le  vinaigre;  III, 623.  —  Vertus  conserva¬ 
trices  du  vinaigre ,  111,  673. 

VioL.Peut  causer  un  ulcère  à  la  matrice  ,-11, 

266.  I 

■  Vipère.  Morsure  de  la  vipère;  III,  313.  — 
Accidents  qu’elle  cause;  III,  314.  —  Jle- 
mèdes;  II,  205;III,  314. 

Virginité.  Flux  du  sang,  indice  trompeur  qe 
virginité;  moyens  employés  par  certaines 
femmes  pour  foire  croire  à  leur  virginité; 
II,  749,  — Rapports  sur  la  quesiion  de  sa¬ 
voir  si  une  fllie  est  vierge;  III,  666,— ^ Im¬ 
possibilité  de  prononcer  sur  la  question  de 
virginité;  III,  667. 

Virilité,  Quel  est  le  tempérament  de  cet 
âge  ;  36. 

Virus.  En  quelle  humeur  est  enraciné  le  vi¬ 
rus  vérolique;  11,  230,  —  Transmission  (Je 
ce  virus  dè  la  nourrice  à  l’enfant  et  réci¬ 
proquement;  II,  629.  —  Traitoinenl  des 
nodus  venant  de  ce  virus  ;  II ,  759.  —  Sur 
le  virus  arthritique;  III,  209  et  suiv. — 
Qualités  du  virus  rabique;  IIl,  308. 

Visage.  Onguent  pour  les  brûlures  du  vi¬ 
sage  ;  II,  206.  —  La  couleur  du  visage  in¬ 
dique  la  température  des  humeurs  ;  III, 
603. 

Vision.  Théorie  de  la  vision;  240,  241,  242. 
Vitriol.  Émploi  de  l’huile  de  vitriol  pour  la 
teigne  ;  II ,  4(18.  —  Manière  de  faire 
l’huile  de  vitriol  ;  III,  633. 

Vive.  Description,  accidents  résultant  de  sa 
piqûre,  et  remèdes  ;  III,  331. 

Vocations.  Théorie  des  vocations  ;  II,  653. 
Voix.  Comment  elle  se  forme;  186,  —  Nerfs 
de  la  voix  selon  Galien  ;  198. —  ' 

cède  la  diversité  des  voix;  2.66. 
teres  de  la  voix  des  lépreux  ;  III ,  276.  — 
Aptitude  de  certains  animaux  à  imiter  la 
voix  de  l’homme;  lll,  769. 

Voleurs.  Leurs  ruses  en  temps  de  peste; 
III,  378,  468. 

VoLVüLUS.  Ce  que  c’est;  613. 

Vomissement,  Causes  du  vomissement  bi¬ 
lieux  consécutif  des  fractures  du  crâne  ; 
24.  —  Vomissement  d’ùrines  et  de  matiè¬ 
res  fécales  ;  II,  603,  6o5.  —  Vomissement 
cause  d’avortement;  II,  714.—  Considéré 
comme  moyen  de  retirer  la  matrice;  II, 
744,  —  Manière  de  provoquer  le  vomisse¬ 
ment  ;  II,  769  ;  III,  444.  —  Causes  et  trai¬ 
tement  du  vomissement  comme  symptôme 
des  pâles  couleurs  ;  II,  781.  —  Prétendus 
remedes  contre  les  vomissements;  III,  66, 
—  Causes  des  Vomissements  des  fiévreux  ; 
III,  197.  —  Remèdes  ;  III,  198.  —  Du  vo¬ 
missement  dans  le  traitement  des  gout¬ 
tes;  111,  224,262. 


Vomitifs;  III,  132,  166,  444. 

Vossius.  Ce  qu’il  dit  du  Regimtn  taniuttu  ; 

Int.,  XX.  .  ,  . , 

VuB  ;  67.  —  De  quel  secours  elle  est  nu  chi¬ 
rurgien  ;  03.  —  rrincipal  sens  de  Vani- 
I  maf;  236.  Eblouissement  de  la  vue; 
III,  191.  —  Cécité  ré.'Ulianl  de  la  petite 
vérole  et  de  la  rougeole  ;  111,  260. 
Vuiuangs;73  , 

Vulve.  Figure  d’un  monstre  ayant  deux  vul¬ 
ves,  quatre  bras  et  quatre  pieds  ;  |II,  18. 
’VVisHMAt),  Son  silence  sur  le*  fanons;  II, 
289. 

WisiGOTHS.  Privilèges  que  leurs  lois  assu¬ 
raient  aux  médepins  ;  pénalité  qu  elles  leur 
infligeaient;  Int., ifvii. 

Woop  (A.).  Ce  qu’il  pous  apprend  sur  Jean 
de  Gaddesden  ;  Int.,  lui. 

WuRTî  (Félix)  ;  Int.,  çpLxxxv.  —  Sa  doctrine 
sur  le  traitement  des  plaies  pénétrantes  de 
poitrine  ;  II,  07. 


XÉROPHTHALMIE.  CC  QUO  C'Clt  ;  U,  416, 


Yeux.  Traité  des  maladies  des  yeux  ,  de 
Bienvepu;  Int.,  Lxvin. —  Extraction  des 
corps  étrangers  des  yeux  ;  26.  —  Descrip¬ 
tion  des  yeux  ;  236.  —  Des  mu.-cles  des 
yeux  ;  236.  —  Des  tuniques  de  l’œil  ;  237. 
—  Des  humeurs  contenues  en  l'œil;  239. 
—  Des  veines  des  yeux  ;  242.—  Sympathie 
des  deux  yeux;  II,  79.— Ulcères  des  yeux; 

II,  259,  —  Maladies  des  yeux  ;  II,  413.  — 
Maladies affeclant  l’œil  eiUier;  II.  414. — 
Les  paupières;  II,  416.— Les  membranes, 
la  cornee  ,11,417.  —  L’uvée ,  la  prunelle , 
les  humeurs;  il,  4l8.  —  Les  angles,  le 
nerf  optique  ;  II,  419.  —  Figures  d’yeux  ar- 
llficiels  ;  II,  603, 604,— Moyens  de  les  adap¬ 
ter  ;  du  strabisme  et  des  moyens  de  le  cor¬ 
riger;  II ,  604  —  Moyens  de  préserver  le* 
yeux  des  ravages  de  ia  petite  vérole  ;  III, 
261 ,  263.— Eial  des  yeux  chez  les  lépreux  » 

III,  276.  — Emploi  de  l’antimoine  dan»  le 
traitement  des  maladies  des  yeux;  III, 
467.—  Prétendus  remèdes  contre  les  maux 
d’yeux;  traitement  des  contusions  des 
yeux;  III ,  486.  —  Cas  de  plaie  grave  de 
l’œii  avec  çontusion  suivie  de  guérison: 
III,  488.  —  Emploi  de  l’artériotomie  dans 
les  fluxions  invétérées  des  yeux;  lll,  684. 


ZiRBus;  186.  —  Hargne  zirbale;  404.  — 
Causes ,  signes  et  traitement  de  la  hargne 
zirbale;  414. 

Zodiaque.  Signes  du  zodiaque»  lil,  T96, 
ZoomvTKS  ;  lll,  769. 


flN  l)«  tA  TAptE  ANALYTIQUE 

M  SU  TBOISIBME  BT  SEBNIBB  VOLUHI.